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22 novembre 2024
Opinions
PAR CHARLES ABUGRE & NDONGO SAMBA SYLLA
LE G20 DOIT SE PENCHER SÉRIEUSEMENT SUR LA CRISE DE LA DETTE ET DU DÉVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE
"Lorsque les gouvernements n'ont pas fait défaut sur leur dette extérieure, le service de la dette extérieure atteint des niveaux socialement insoutenables, car il dépasse souvent les dépenses publiques en matière de santé ou d'éducation."
2024 est une année symbolique à bien des égards pour les partisans d'une réforme économique mondiale. Elle marque le 80e anniversaire du système de Bretton Woods et le 50e anniversaire de l’agenda du Nouvel ordre économique international des Nations unies. Le sommet du G20 des 18 et 19 novembre, organisé par le Brésil, est tout aussi important. Après avoir obtenu le statut de membre permanent l'année dernière, l'Union africaine (UA) représentera le continent aux côtés de l'Afrique du Sud.
A l’instar des autres régions du Sud global, l'Afrique est confrontée à un certain nombre de chocs externes qui nécessitent une réponse multilatérale efficace qui a fait défaut jusqu'à présent. Les développements induits par les prêts agressifs de créanciers privés avides de rendements élevés, la pandémie de covid 19 et deux guerres majeures - l'une en Europe et l'autre au Moyen-Orient - ont plongé la plupart des pays du continent dans une crise d'endettement et de développement.
Lorsque les gouvernements n'ont pas fait défaut sur leur dette extérieure, le service de la dette extérieure atteint des niveaux socialement insoutenables, car il dépasse souvent les dépenses publiques en matière de santé ou d'éducation. Cette situation met non seulement en péril les efforts de développement déployés par les pays africains au cours des deux dernières décennies, mais elle retarde également les investissements urgents qui doivent être réalisés en termes d'adaptation aux - et d'atténuation des - effets déjà visibles des changements climatiques.
La récurrence des crises de la dette sur le continent n'est pas un hasard. C'est malheureusement une conséquence quasi inéluctable du fonctionnement du système monétaire et financier international.
Pour stimuler leur développement économique, les pays à revenu faible et moyen doivent avoir accès à des importations essentielles - machines, équipements, technologies, etc. - qu'ils doivent généralement acheter en devises fortes. En principe, dans une perspective développementaliste, la plupart d'entre eux devraient être des importateurs nets. Cependant, ces déficits commerciaux développementalistes, tels qu'ils ont été observés dans un pays comme la Corée du Sud au cours de son industrialisation, doivent ultimement être financés en augmentant la capacité à exporter et/ou en attirant des financements étrangers - aide, dette, investissements directs étrangers.
Les pays africains sont principalement des producteurs de matières premières et, en tant que tels, ils sont généralement handicapés par la volatilité des prix des matières premières. Ils souffrent également de la faiblesse des revenus associés à ces exportations en raison d'un système fiscal mondial asymétrique qui permet aux multinationales de rapatrier légalement des niveaux considérables de bénéfices et de dividendes et d'accroître davantage l'hémorragie financière subie par le continent par l'évasion et la fraude fiscales, la fausse facturation des échanges et d'autres pratiques frauduleuses.
Si les pays africains parvenaient à conserver au niveau national une part plus importante de leurs recettes d'exportation, ils pourraient se trouver dans une situation où leurs besoins de financement extérieur seraient réduits. Mais ce n'est souvent pas le cas. Pour ne rien arranger, ils souffrent d'une offre insuffisante de financement en devises étrangères destiné au développement. Avec le tarissement des financements concessionnels, les pays africains sont davantage exposés d’une part à des financements privés étrangers avec des coûts rendus encore plus élevés par le pouvoir incontrôlé des agences de notation et d’autre part à un modèle d'ajustement défavorable sous les auspices du FMI auquel ils sont soumis.
Dans un système mondial équitable, les pays en développement devraient être en mesure d'enregistrer des déficits de leur balance commerciale et de leur balance courante à travers un financement adéquat et de mécanismes de soutien des taux de change. Comme ces instruments multilatéraux sont soit absents, soit déficients, les pays en développement sont généralement punis par les politiques du FMI et de la Banque mondiale lorsqu'ils sont confrontés à une crise de la dette.
En effet, le FMI interprète à tort les déficits développementalistes comme des exemples de laxisme fiscal. C'est pourquoi il impose des politiques d'austérité aux pays débiteurs - à savoir des excédents primaires préjudiciables qui anéantissent leurs perspectives de croissance - et conditionne son aide à des politiques telles que la libéralisation du compte de capital, une mesure qui entraîne une volatilité financière accrue et des sorties nettes de capitaux. Quant à la Banque mondiale, elle encourage généralement la privatisation, notamment celle des secteurs qui génèrent des revenus en devises.
Le résultat est que les pays débiteurs, au lieu d'être aidés à émerger des crises en position de force, sont pénalisés à court terme par une croissance économique plus faible et un appauvrissement massif, et à moyen et long termes par un affaiblissement de leur capacité à générer des revenus d’exportation.
En d'autres termes, lorsque les vivent une crise de dette, le mieux qu'ils puissent attendre des institutions de Bretton Woods est un cautère sur une jambe de bois, ce qui signifie que leur capacité à engranger des revenus extérieurs est encore plus compromise, ce qui les rend plus vulnérables à de futures crises de la dette. De nombreux pays africains, au moins depuis les années 1980, en ont fait l’expérience. La Zambie est un cas paradigmatique.
La dette publique extérieure de la Zambie a été significativement annulée, passant de 128 % du RNB en 2000 à 7,4 % du RNB en 2006. Cependant, en 2020, son gouvernement a été contraint de faire défaut. Trois facteurs ont été à l'œuvre.
Tout d'abord, le pays n'a pas profité du boom des matières premières pour accumuler des devises, les multinationales s'étant accaparé la majeure partie des recettes d'exportation. Deuxièmement, le pays a émis des eurobonds coûteux pour financer son développement et faire face aux chocs climatiques. Troisièmement, comme les financements en devises ont été investis dans des projets d'infrastructure qui n'ont pas stimulé sa capacité d'exportation, sa solvabilité extérieure s'est rapidement détériorée. La pandémie de covid-19 a accéléré l'entrée dans une crise de dette qui devait se produire un jour ou l'autre. Malheureusement, le processus de restructuration de la dette de la Zambie sous l'égide du FMI a été long, inadéquat et ne s'est pas attaqué aux causes profondes.
La communauté internationale du développement devrait se rendre compte que la situation de la dette extérieure de la plupart des gouvernements africains n'est tout simplement pas viable pour leurs populations et l'environnement. Une aide urgente est nécessaire sous la forme d'une annulation rapide et significative de leur dette extérieure. Nous savons tous qu'il ne s'agit pas d'une question de capacité financière pour les pays les plus riches, mais plutôt de volonté politique.
Au-delà de l'allégement des dettes, la réalisation des objectifs en matière de développement et de climat nécessitera des financements extérieurs adéquats : (i) des liquidités à court terme pour faire face aux chocs négatifs tels que la détérioration des termes de l'échange, les événements climatiques, etc. (ii) des financements en devises étrangères à long terme abordables – afin de s’assurer que le service de la dette ne représente pas une lourde charge eu égard à la capacité nationale à générer des recettes extérieures ; (iii) des dons et des transferts de technologie pour faire face aux problèmes climatiques et environnementaux, en lieu et place des prêts.
Enfin, il est impératif de soumettre l'analyse de la viabilité de la dette du FMI à une plus grande transparence et à un suivi plus rigoureux. Des millions de vies à travers le monde dépendent de cette analyse politique plutôt que technique.
La réunion du G20 aura rendu un grand service à l'Afrique et au monde si elle inclut et reflète ces préoccupations et priorités que l'Afrique partage avec la plupart des pays du Sud.
Par Moustapha DIAKHATE
LES CHEVAUX DE TROIE DE MARIANNE…
Etablissements de commerce, banques, assurances, port, aéroport, produits pétroliers, industries et services, la métropole contrôlait et dominait, l’arrimage et la garantie du Fcfa permettait un flux unidirectionnel des ex-colonies à la France
En 1962, juste après la conspiration pour écarter et neutraliser le Président du Conseil et Chef du gouvernement, Mamadou Dia, la France contrôlait presque 80% de l’économie du Sénégal, alors agraire et primaire… Etablissements de commerce, banques, assurances, port, aéroport, produits pétroliers, industries et services, la métropole contrôlait et dominait, l’arrimage et la garantie du Fcfa permettait un flux unidirectionnel des ex-colonies à la France.
Après 60 ans d’indépendance, le capitalisme néo-colonial qui fait main basse sur notre pays s’est consolidé, voire même étendu, il est soutenu et entretenu par une élite politique et économique installée aux affaires, formée à l’école et aux universités françaises qui pérennisent la tutelle de Paris dans tous les pays de l’Aof, avec Dakar et Abidjan en têtes de pont.
Entretemps, pour mieux brouiller les esprits, le Conseil des investisseurs français au Sénégal -le fameux Cifas- de loin le lobby d’affaires le plus puissant du Sénégal, contrôle 60% du Pib avec la plus grande entreprise du pays Total Sénégal comme membre, s’est mué en Conseil des investisseurs européens au Sénégal ou Cies. Désormais, il faut travailler en rangs serrés en y allant avec les alliés au sein de l’Ue. Le Cies pèse 5 fois le Cnp et la Cnes tous réunis… Même la Css et Eiffage Sénégal en sont membres. Que pèse la Chambre de commerce et d’industrie de Dakar devant le Cies ?
Total Sénégal, avec un chiffre d’affaires de 500 milliards de F Cfa, la Compagnie sucrière sénégalaise avec 110 milliards de chiffre et Eiffage Sénégal, dopé par les méga-chantiers du pétrole, du gaz et de l’électricité, frôle 400 milliards de F Cfa. Tous membres éminents du Cies. Où est le capitalisme endogène ou le patronat local ?
Pour les besoins de mise en œuvre du Ter et du Brt, Paris est mieux et plus servi que tout le monde, les rames, locomotives, et wagons du Ter et le circuit électrique, guidage et l’exploitation sont facturés à 1 milliard d’euros avec la majorité dans les sociétés d’exploitation du train de 35 km qui revient par endettement à presque 800 milliards.
Meridiam lui, avec le Brt, a fourni avec notre garantie et lettre de crédit -le candidat Bby et ex-ministre des Finances fut trop généreux à leur endroit- les bus et technologies d’exploitation, soit 70% des recettes du Brt.
Mais aujourd’hui, c’est un nouveau visage de ce capitalisme envahissant qui prend forme avec de nouveaux relais. Trois sociétés de négoce et montage financier, en effet Ellipse project, Matière S.A et Teranga Sureté ne sont des entreprises classiques. Ce sont d’abord des courtiers et négociants de haut vol qui s’appuient sur la signature de nos pays, lèvent des fonds et lignes de crédit dans les banques françaises en Afrique où nos Etats gardent leur peu d’épargne, avec la lettre de garantie de nos ministres, financent les équipements et infrastructures avec souvent les entreprises chinoises, turques ou marocaines. Pour contourner nos législations sur les marchés publics, ils s’arrangent dans un pays comme le Sénégal à affaiblir les institutions en y installant des Dg au mandat illimix -donc illégal- qui trouvent les pirouettes juridiques pour leur permettre d’opérer. L’essentiel est de nous narguer tout en gardant leur maroquin en sacrifiant l’intérêt du Sénégal.
Ainsi, ce trio au Sénégal, construit autoponts, hôpitaux et fournit technologie aéroportuaire pour au moins de 2000 milliards par année à travers des contrats et autour de clauses que personne ne peut pénétrer, même notre administration des impôts. Hormis les expatriés, ces trois entreprises n’emploient pas plus de 100 personnes et n’ont pas pignon sur rue, à Dakar en tout cas.
C’est ce schéma illégal et opaque qu’Envol Immobilier, avec d’ex-cadres de la Banque mondiale et de l’Apix, a dupliqué pour les sphères de Diamnadio. Pour leurs projets, c’est une banque burkinabè qui lève les fonds et assure le financement.
C’est donc un endettement à très haute fréquence pour nos Etats où un hôpital, un autopont, un stade, un building pour l’administration ou les Nations unies est surfacturé à hauteur de 600% car supportant le prêt et les services de ces prêts et bien sûr les marges et profits pour eux et leurs affidés à Paris et Dakar. Un vrai schéma de blanchiment et de transfert illicite, avec bien sûr la complicité de notre Banque centrale.
Avec ce modus operandi, notre secteur du Btp a perdu 18 000 milliards de chiffre d’affaires et presque 750 000 postes de travail sur la période 2012 à 2024 tant Français, Chinois, Turcs, Indiens, Marocains, Tunisiens et même Ivoiriens sont venus s’arroger des parts de marché de travaux et fournitures qui revenaient de droit aux entreprises authentiquement sénégalaises avec surtout une main d’œuvre locale. C’est toujours le prétexte de l’endettement adossé à un pays tiers avec bien sûr la garantie de notre trésor public peu adamant pour les étrangers.
Ces chevaux de Troie du capitalisme rampant parisien : Ellipse, Matière et Teranga sûreté dérouleront à coup sûr le tapis à notre Président à Paris. Espérons seulement que, comme à son habitude, Son Excellence BDF puisse leur rétorquer que désormais les paradigmes ont changé : Senegal comes first…
Ceux qui nous font croire que Paris s’intéresse plus à l’Angola, l’Egypte, le Nigeria, l’Afrique du Sud, etc. L’Elysée lui piaffe d’impatience de recevoir BDF. Nos politiciens dont cet ex-parlementaire chômeur, n’ont pas le niveau pour comprendre la mutation en cours dans les relations complexes franco-africaines, surtout dans ses aspects financiers et commerciaux. Si nos pays n’ont plus d’intérêt pour Paris, que le Trésor français lâche la bride monétaire et nos avoirs en or.
Par Assane NIANG
DANS L’IVRESSE D’UN VRAI PLEBISCITE…
Le dimanche 17 novembre 2024, le Peuple a confirmé sa réelle intention de tourner les pages libérales, socialistes et progressistes nanties de plus d’un demi-siècle de règne sur les parchemins de la voie démocratique de l’exception sénégalaise.
En démocratie, les élections constituent le mode par excellence d’accession au pouvoir. Elles donnent au Peuple son entière souveraineté à apprécier ou à sanctionner l’instance suprême dans la gestion des affaires publiques. Cette expression avouée du Peuple souverain empêche la sclérose au niveau des fonctions dirigeantes.
Le dimanche 17 novembre 2024, le Peuple a confirmé sa réelle intention de tourner les pages libérales, socialistes et progressistes nanties de plus d’un demi-siècle de règne sur les parchemins de la voie démocratique de l’exception sénégalaise.
Cet enchevêtrement de pensées libérales et socialistes sur le stimulus politique du pays de Senghor, Wade, Diouf et Sall a fini sa course sur le piédestal d’une nouvelle vision politique de gauche fondée en 2014 par Ousmane Sonko. Ce parti d’opposition jusqu’en 2024, connu pour ses courageuses positions souverainistes a, de la plus belle manière, vu sa position politique réaffirmée et adoptée par la majorité de l’électorat sénégalais.
Ce plébiscite successif et affirmé du Peuple donne blanc-seing aux «Patriotes» d’entamer une course libre et sans entrave sur une meilleure trajectoire vers l’horizon 2050 par l’embellissement de la situation économique, la baisse de l’inflation et du taux de chômage, l’amélioration de la qualité des institutions, etc.
Nous ne pouvons pas faire de prédiction systématique, mais avons pu établir qu’en moyenne, voter pour le changement améliore généralement la situation d’un pays ! En effet, le changement d’équipe des institutions nationales permet de redonner confiance aux citoyens.
Cette belle transition politique contribue à renforcer la perception de vivre dans une Nation ouverte aux changements et aspirant à une belle vitalité démocratique.
Les nouveaux leaders (Pastef) bénéficient d’une popularité plus forte. Néanmoins, il faudra arpenter courageusement les rampes des escaliers de la tortue, après cette transition pour observer ces effets progressivement. Il semble donc que ce soit l’amélioration de la trajectoire du pays qui redonne confiance aux citoyens plus que l’inverse.
Aux Etats-Unis, le parti qui gagne la Maison blanche siège en général majoritairement au Congrès la même année, et perd presque systématiquement les élections de mi-mandat qui suivent. On explique souvent ce phénomène par le fait que tous les quatre ans, les électeurs choisissent le parti qu’ils préfèrent lorsqu’ils votent pour la Présidence et pour la Chambre, ne sachant pas qui sera à la Maison blanche pour les quatre années à venir.
Deux ans plus tard, lors des élections de mi-mandat, les électeurs les plus démocrates et les plus républicains votent pour leur camp, et beaucoup d’électeurs modérés décident de voter contre le parti à la Maison blanche parce qu’ils sont déçus du Président en place, ou pour assurer un équilibre entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif dans les deux années suivantes.
Cette alternance qui accompagne les élections de mi-mandat ne représente donc pas un basculement de fond, mais est davantage une force modératrice.
En effet…
L’alternance politique est un couteau à double tranchant. Elire régulièrement de nouveaux dirigeants peut en théorie donner le pouvoir à des hommes et des femmes moins expérimentés, déstabiliser les administrations qui doivent renouveler leur personnel, et générer de l’incertitude sur les politiques qui seront menées.
Mais sans cette alternance, les institutions peuvent aussi se scléroser : des responsables politiques en place depuis longtemps ont moins intérêt à mener des réformes importantes, car leur réputation n’est plus à faire car ils sont dans leur dernier mandat. Ils peuvent aussi simplement avoir perdu une partie de leur motivation initiale ! Nous avons bien connu au Sénégal, dans les années 2000, ce phénomène d’usure du pouvoir.
Ce plébiscite «pastéfien» a mis fin aux dernières jouissances «inamovibles de la République», pour caricaturer le politologue français, Chloé Morin.
Dans l’ensemble, nous sommes plus optimistes sur l’avenir de la démocratie sénégalaise, à l’heure où la confiance en les institutions démocratiques s’érode dans la sous-région et de nombreux africains sont tentés de se vouer au totalitarisme militaire ou populiste de leurs leaders sans que cela ne soit une réelle adhésion patriotique.
Assane NIANG Expert en Communication institutionnelle
Par Mohamed GUEYE
5 ANS POUR TENIR LES PROMESSES
Les élections législatives, commencées dans le tumulte, ont pris fin le dimanche dernier dans le calme et la tranquillité. Pastef, avec Ousmane Sonko, a raflé une très grande portion de députés, ne laissant que la portion congrue à ses adversaires.
Les élections législatives, commencées dans le tumulte, ont pris fin le dimanche dernier dans le calme et la tranquillité. Pastef, avec Ousmane Sonko, a raflé une très grande portion de députés, ne laissant que la portion congrue à ses adversaires. Une chose dont il faut également se féliciter, c’est que depuis 2000, les quelques légères incohérences que l’on note au cours des scrutins, n’ont jamais plus produit de contestation profonde, tendant à remettre en cause la sincérité du vote. C’est dire que les Sénégalais dans leur majorité, ont atteint une grande maturité, et surtout, font leur choix en toute connaissance de cause.
Et surtout, les Sénégalais apprennent tous les jours à faire confiance à notre système démocratique. Si des leaders politiques contestent parfois de manière véhémente la victoire de leurs adversaires, ils se rendent souvent, très rapidement compte, que le Peuple souverain n’a pas l’intention de les suivre sur ce terrain. Car en vérité, ledit Peuple attend dorénavant leurs prouesses sur d’autres terrains. De manière concrète, après son triomphe du week-end, le Peuple attend de Ousmane Sonko, qu’il utilise les clés qui lui ont été confiées, pour ouvrir les bonnes portes.
On a suffisamment dit que le changement tant attendu depuis 8 mois, se fait toujours attendre. Les électeurs ont voulu exprimer leur confiance en ceux qu’ils croient à même de les sortir de la situation pénible dans laquelle le pays se trouve. Depuis plus d’un an, la situation économique se dégrade ; mais l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye semble avoir exacerbé la situation.
Les dirigeants actuels avaient voulu faire croire aux citoyens que Macky Sall et ses orientations politiques étaient responsables du marasme dans lequel se trouvait le pays. Ils n’ont pas voulu croire que, malgré les détournements et la prévarication, la somme de 1000 milliards de francs Cfa que Macky Sall avait injectée dans la résistance aux effets économiques du Covid-19, avait permis au pays de mieux résister que beaucoup d’autres dans le monde. Même les travaux d’infrastructures entrepris durant le magistère de l’ancien Président, ont été dépeints par ses détracteurs comme étant des moyens faciles de détournement de fonds publics. Tout cela a eu pour conséquence, selon eux, un chômage quasi-endémique, et un nombre de plus en plus croissant de tentatives de migration à travers des pirogues se dirigeant vers les îles espagnoles des Canaries, perçues comme le nouvel eldorado.
Leur déclaration la plus déterminante, a été qu’il suffisait qu’ils arrivent au pouvoir pour que les choses commencent à changer, et que la situation du pays s’améliore. Les Sénégalais les ont d’abord attendus sur les prix de certains produits alimentaires, et sur le loyer, comme ils ont promis. Les promesses n’ont pas été faciles à tenir. Non seulement les produits alimentaires n’ont pas baissé autant que l’espéraient les consommateurs, mais surtout, les baisses de prix n’ont pas duré et quasiment tous les produits de consommation courante ont repris l’ascenseur.
L’Etat a voulu forcer les choses et contraint les distributeurs à bloquer les coûts, ce qui a eu pour conséquence, la raréfaction de certains produits. Certains producteurs eux, ont commencé à tirer la langue, tellement ils vivent difficilement la pression que leur impose l’Etat de vendre quasiment à perte. Les meuniers, les sucriers, ainsi que d’autres transformateurs, étouffent autant de ne pouvoir répercuter la vérité des prix sur leurs productions, alors que l’Etat ne leur offre aucune compensation. En début d’année, les minotiers avaient été mis en demeure de baisser le prix de la farine à 15 200, au lieu de 19 200 francs Cfa, pour éviter une augmentation du prix du pain. Forcés de se soumettre, ces industriels constatent que la levée des droits de douane couvre à peine leurs charges.
Mais eux au moins, ils n’en sont pas encore arrivés à licencier du personnel, comme le secteur des Btp. Les entreprises du secteur ont les premiers senti le souffle des mesures de suspension des constructions décidées par l’Etat. A ce jour, plusieurs chantiers sont à l’arrêt, parce que le gouvernement vérifie encore la validité de certains titres de propriété sur certains sites sur le territoire national. Par ailleurs, ceux qui avaient contracté avec l’Etat sous l’ancien régime, ne parviennent toujours pas à rentrer dans leurs fonds. Les organisations patronales parlent de plus de 300 milliards de Cfa dus aux entreprises du secteur. D’autres, en privé, parlent de près de 500 milliards, et certains ont mis leurs travailleurs en chômage technique. Les perspectives dans le secteur sont sombres.
C’est dans ces circonstances que Madiambal Diagne, ancien Administrateur général du Groupe Avenir communication, révèle que le Sénégal s’est retrouvé en défaut de paiement de la dette extérieure, le 15 novembre dernier. M. Diagne ajoute dans son post sur Twitter, que le ministre des Finances a pu payer une partie des 130 milliards et négocier un différé pour un mois. Une situation tellement inédite qu’elle envoie un message inquiétant. Depuis son indépendance, le Sénégal a toujours veillé à respecter deux choses, en matière de finances publiques, le paiement de la dette extérieure, et le versement des salaires dans la Fonction publique. Si l’on en arrive à avoir des problèmes à honorer l’une de ces échéances, quelle garantie avons-nous de pouvoir respecter l’autre ? Cette situation se présente au moment où les pouvoirs publics ont des difficultés à faire face à d’autres échéances. Malgré une abondante pluviométrie, la campagne agricole ne se présente pas sous de bons auspices. L’arachide que l’on voulait interdire à l’exportation, va finalement pouvoir être vendue à l’extérieur, faute d’ être transformée sur place. La production de riz ne sera pas non plus aussi importante que l’on a pensé, au moment où les horticulteurs de la Vallée se demandent si le moment est encore opportun pour se lancer dans des investissements importants.
Dans tout cet environnement économique et social, les partenaires techniques et financiers veulent y voir clair, alors que la Vision 2050, qui cherche à se démarquer du Pse, tarde encore à se mettre en œuvre. Le Fmi attend l’audit des finances publiques lancé par la Cour des comptes, pour étudier un nouveau programme avec l’Etat. Le secteur des hydrocarbures, échaudé par les audits sur les contrats passés sous Macky Sall, a arrêté ses machines. Même Woodside n’est pas sûr de poursuivre son exploitation de Sangomar.
Sonko a souligné que le Peuple sénégalais sera le premier bénéficiaire des richesses de son sol et de son sous-sol, et même de son littoral marin. Le gouvernement et ses thuriféraires tentent de transformer en victoire la décision de la Commission européenne de ne pas renégocier un autre contrat sur les licences de pêche. Le temps dira qui aura eu raison. En attendant, les citoyens sénégalais, frappés par le chômage et la précarité, n’ont pas beaucoup de temps à attendre. Et le Premier ministre le sait. Il n’a que 5 ans pour tenir ses promesses.
par Ousseynou Touré
LES TERRITOIRES AU BON ENDROIT
Le nuage des mots issu de l’Agenda national de Transformation et des documents opérationnels y afférents, renvoie, avec une forte occurrence, à des termes « territoire », « Pôle-territoires » et dévoile plusieurs considérations pratiques.
Jusque-là, aucun document de référence de notre pays n’avait accordé autant d’importance aux territoires. Avec l’Agenda national de Transformation (ANT) et ses documents opérationnels décennal et quinquennal (Masterplan et Stratégie nationale de Développement (SND)), il y a bien lieu de prendre en considération le message, à nous transmis, par les plus Hautes Autorités. Ni plus, ni moins, mieux réaligner les politiques sectorielles aux ambitions territoriales énoncées dans le nouveau modèle de développement du Sénégal. Signe de rupture ou volonté de repenser autrement le développement ? Une première à analyser et à mettre sur le divan, pour un mieux-être des citoyens.
Le nuage des mots issu de l’Agenda national de Transformation et des documents opérationnels y afférents, renvoie, avec une forte occurrence, à des termes « territoire », « Pôle-territoires » et dévoile plusieurs considérations pratiques.
Allons-nous vers une ère de territorialisation des politiques publiques avec une séquence temporelle chargée d’innovations ? Cette question mérite d’être posée d’autant que les protagonistes territoriaux se sont trop longtemps accommodés d’une décentralisation administrative bien trempée. Avec son lot de corollaire, une relation normative entretenue avec les Autorités administratives, caractérisée par un contrôle de légalité, pour mieux marquer leur territoire. Les espaces d’expression et de « challenge » trop souvent régulés, les besoins et attentes des communautés de base portés par une société civile plus ou moins suivie, et les implications territoriales des élus locaux souvent timorées. Autant de raisons parmi tant d’autres qui font que notre questionnement fait sens. En l’espèce, une clarification s’impose en termes de concept. Il ne faut surtout pas confondre, comme c’est souvent le cas, une politique publique territorialisée et une territorialisation des politiques publiques.
Politique publique territorialisée, quel sens ?
Ce sont les acteurs au niveau national qui conçoivent, mettent en œuvre et associent les acteurs des territoires. Entre le niveau national et celui territorial, il y a un « effet miroir », avec une transposition presque à l’identique des méthodes et outils de travail. Dès lors, les services techniques déconcentrés agissent en parfait respect des lignes de conduite édictées depuis le niveau national. Ce cas de figure qui était jusque-là en vigueur, reste marqué par une insuffisance d’innovations et une rareté de créativité. En conséquence, les acteurs techniques étatiques évoluant au niveau des territoires mettent en œuvre les instructions et recommandations, dont le mode d’élaboration, souvent, les échappe. En cas de défaillance, ce serait une erreur partagée, avec une marge de responsabilité qui est souvent circonscrite.
C’est un statut quo ambiant qui caractérise cette option de développement. Les conflits de gouvernance administrative sont peu fréquents et au cas où ils adviendraient, les modes de traitement des litiges sont loin d’être alternatifs, mais suivent un processus procédural stabilisé et maîtrisé. A l’analyse, ce cas de figure peut bien se mouvoir dans une déconcentration plus responsabilisante, pour paraphraser Odilon Barrot, (premier vice-président du Conseil d’État sous la IIIe République française), s’adressant aux préfets, bénéficiaires traditionnels de la déconcentration, « c’est le même marteau qui frappe ; seulement on en a raccourci le manche ».
En pratique, quelques errements
En guise d’exemple, l’on peut convoquer la matière relative à la planification territoriale, où les « copier-coller » sont érigés en règle dans leur conception. Les mêmes documents peuvent s’appliquer d’une collectivité territoriale à l’autre, sans coup férir. Aussi, tutti quanti, les budgets de plusieurs collectivités territoriales sont systématiquement reconduits, sans un effort d’ingéniosité dans les postes de recettes à mobiliser. En outre, la mise en place des pôles-emplois, au niveau des départements n’a pas fait l’écho d’un traitement territorial depuis la commune jusqu’au département. Le résultat est connu. L’appropriation est faible. Le même constat est noté avec la DER, dans ses modes de financement de proximité. Il y a lieu de repenser l’approche de l’action territoriale souvent trop superficiellement adressée.
Sans aucun doute, le domaine de « compétence fléchée » de la santé est le plus exacerbé au niveau territorial. La mise en œuvre de la politique publique territorialisée de la santé ne prend pas en considération les aspects liés à l’étendue et à l’ampleur des attributions, l’opérationnalité des comités de santé et l’appropriation de la carte sanitaire par les exécutifs locaux, etc…. Cette logique implacable de gestion des domaines de « compétence fléchée » par nos Collectivités territoriales doit faire l’objet d’une révision en profondeur. Ici, la collectivité subit puisqu’elle n’agit. Dans la chaîne des parties prenantes, il y a manifestement une insuffisante appropriation du rôle de la collectivité territoriale dans ce cas de figure.
A l’inverse, la territorialisation des politiques publiques, pourquoi ?
Il faut l’avouer, la forme de politique publique territorialisée ci-dessus évoquée ne met pas trop à l’aise les tenants d’une approche alternative disruptive, souvent porteuse de renouvellement et d’innovations. C’est là où gît toute la pertinence de la proposition faite dans le second cas qui est la territorialisation des politiques publiques. Ce qui nous est proposé dans les documents stratégiques, s’annonce comme un vrai ancrage d’une décentralisation technique.
Cette dernière est plutôt complexe avec un jeu d’acteurs et de parties prenantes plus denses et une utilisation d’outils et de techniques administratives plus conséquentes ; et naturellement, les litiges et interprétations voire délimitation des frontières des pratiques entre acteurs deviendront plus fréquents. Or donc, il faudra alors s’y préparer intensément et conséquemment. Ici, le territoire est au-devant, agit et contrôle son action sous la nouvelle modalité d’un État arborant les fonctions de régulation.
Un changement d’angle d’intervention est en vue. Cette option de développement consiste en une (re)localisation des politiques publiques au niveau des territoires, y compris les fonctions de conception, de mise en œuvre et réédition des comptes. Dans la même séquence, l’État régulateur aménage des espaces de suivi, de contrôle et d’évaluation. Par exemple, la gouvernance des pôles-territoires devrait-elle être évaluée suivant des critères consensuellement admis.
Assurément, de nouveaux outils devront voir le jour. Cette option de développement devrait s’adosser sur des outils de pilotage éprouvés similaires à ceux de la gestion de projets/programme. (manuel de procédures, de mise en œuvre des opérations, de gestion des ressources, de suivi-évaluation, de performance, de mesure des rendements, des outils de communication et de marketing territorial).
Un intéressant jeu territorial
Les nouvelles Autorités ont proposé plusieurs scénarii de développement. Celui territorial est assez explicite. A examiner les contours de l’ANT et des documents opérationnels, particulièrement l’objectif global, aucun doute n’est permis. Le jeu de la territorialisation démarre par une focalisation assez intéressante entre un droit au mieux-être et un besoin économique. Dès lors, il s’agit d’un face à face entre des « citoyens à satisfaire » engagés et une « souveraineté économique » à rechercher. Le cadre d’intervention de ce jeu territorial, serait porté par des « territoires responsabilisés » qui vont désormais accueillir la seule compétition proposée, c’est-à-dire « le développement endogène ».
En vérité, il s’agit d’amener les citoyens à se sentir à l’aise dans la mise en œuvre des politiques publiques. Cela inclut, au niveau des territoires responsabilisés, une libération des énergies, une autonomisation des terroirs et une implémentation d’une nouvelle citoyenneté, pourquoi pas, à travers la mise en place des budgets participatifs ou l’observatoire sur la citoyenneté et le civisme tels que prescrits par le référentiel du pays.
Nos ressources publiques d’abord
La mise en œuvre de cette compétition se base aussi sur une rupture. En lieu et place des prêts concessionnels, et autres formes de financement de nature à renchérir la dette publique et à grever notre déficit budgétaire, il est fortement recommandé de miser d’abord sur nos ressources publiques, avec une réorientation stratégique de la fonction budgétaire. Aussi, dans le jeu des parties prenantes, un nouvel acteur, le secteur privé occupe-t-il une place centrale. Là où les collectivités territoriales n’avaient pas pleinement exploité l’idée de collaborer avec le privé même si l’opportunité a toujours existé, il s’agit maintenant de se départir de toute frilosité et d’entrer en action dans un système de jeu offensif. Par exemple, la titrisation comme modalité financement des investissements pourrait être une innovation pour nos collectivités territoriales. C’est une modalité intéressante avec un allègement des charges du côté de la collectivité territoriale et une disponibilité des ressources dans l’immédiat.
Mais à vrai écrire, des réformes libératrices sont nécessaires et justement, elles ont été proposées. Cela inclut l’amélioration du cadre des affaires, la formalisation de l’économie, la lutte contre la corruption et la mise en place d’un régime fiscal incitatif.
Une instrumentation de la planification socio-économique et spatiale
Désormais, l’on devrait en finir avec les planifications approximatives. Les pôles-territoires, dans une démarche qualité, devront identifier leurs investissements structurants, avec en ligne de mire, un « delta rentabilité » positif. A ce niveau, une rupture doit être opérée. La planification ne va plus apparaître comme un instrument de prévisibilité seulement, mais plutôt comme un instrument de pilotage, et de guidance des choix des investissements structurants, mais surtout de mesure de performance. Ce sera un moment crucial dans la gouvernance des pôles-territoires.
Cette fois-ci, la planification se fera avec un nouvel ordre d’acteur, c’est à dire le secteur privé, en lui démontrant l’impératif d’une bonne et fine appropriation des enjeux et finalités de la territorialisation des politiques publiques. Cela lui facilitera, demain, l’établissement d’un choix motivé. Il s’en suivra naturellement une inversion de la charge de polarité de financement. Maintenant, c’est le territoire qui devrait inviter le niveau national, dans sa large diversité, à prendre part à l’identification, à la priorisation des investissements et surtout à leur financement. Toute la pertinence de l’ANT et de la SNT peut se lire dans la préconisation d’une co-collaboration dans l’élaboration des documents de planification des pôles territoires. C’est le premier niveau de maîtrise, par les territoires, des nouvelles options des plus Hautes Autorités.
Pour ce faire, il faudra préparer, ici et maintenant, les nouveaux outils de la planification (socio-économique et spatial) qui intègreront les objectifs de développement durable, misant essentiellement sur des investissements durables, résilients et (surtout) rentables pour le secteur privé.
Les compétences et le savoir-faire, moteurs de croissance du développement endogène
Dans l’objectif global poursuivi par la SND, il est noté une « viabilité et une compétitivité des territoires ». Le point d’attention réside ici dans l’établissement d’un lien étroit entre un bilan de compétences des acteurs territoriaux et la compétitivité des territoires. Dans l’absolu, seuls des acteurs territoriaux aux compétences variées et pointues, à l’ère de l’intelligence artificielle, seront à même de porter un conflit cognitif positif. Une spécialisation des compétences en fonction des pôles-territoires est à prévoir, avec l’établissement d’un plan de « compétence-pôle » très ciblé. Les compétences et les savoir-faire seront un levier de développement, et pour ne pas extrapoler, un des moteurs de croissance.
La tendance à la production des connaissances des acteurs des territoires (avec la parution d’ouvrages aux méthodes scientifiques rigoureuses, le positionnement des acteurs territoriaux dans les profils de poste au niveau national dans des structures appréciées), est très rassurante. C’est vrai, une hirondelle ne fait pas le printemps, mais il est annonciateur d’un message à décrypter. Il ne faut pas que cela constitue les rares arbres qui cachent la forêt. Non, il faut une massification des savoirs, des connaissances et des compétences, pour apporter de la valeur. Le nouvel ordre d’intervention sera dès lors le management par la valeur.
Des réformes, une réadaptation du cadre de la décentralisation
Le référentiel n’a pas ignoré les réformes. Autant les pratiques vont évoluer, autant elles se feront accompagnées de réformes. Celles-ci concernent, à la fois, la gouvernance territoriale, l’aménagement du territoire et les finances territoriales. Tout un vaste chantier, heureusement largement à la portée du ministère de l’Urbanisme, des collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires. Sa technostructure est suffisamment organisée pour apporter des vraies réponses inclusives et durables aux défis persistants. C’est ce que reflète, la démarche méthodologique qui est certes prudente, mais qui sera progressivement évolutive et invariablement robuste, en fonction des thématiques, des contextes et des finalités.
L’idée d’avoir une porte d’entrée qui superpose les « thématiques » avec le croisement « des expériences » à l’avantage de mieux identifier « les pratiques clandestines », qui ont parasité, de manière exogène, l’action de la réforme de l’Acte 3 de la décentralisation. Dès lors, une catharsis nationale devra être provoquée pour mobiliser les Sénégalais autour du ministère en charge des collectivités territoriales, afin de gagner le défi territorial, un des plus stratégique. Les réformes portant sur le cadre de la décentralisation ainsi que les déclinaisons territoriales devront faciliter aux départements ministériels, un alignement et une prise en compte des options stratégiques en termes d’investissements autour des pôles-territoires. Mais il est à surveiller la cohérence des propositions en fonction des spécificités des pôles-territoires.
Des préconisations opérationnelles
La porte d’entrée « territoire » dans l’ANT et la SND est certes correcte, donc au bon endroit, mais il faut se doter de soupape de sécurité, pour avoir un « effet centrifuge » renforcé sur les pôles-territoires. Cela voudrait dire que l’Etat devra :
valoriser la centralité du ministère en charge des Collectivités territoriales, par une mobilisation des différents départements sectoriels en une contribution en données et informations techniques, pour qu’il trace, de manière collaborative, les sillons de la territorialisation des politiques publiques, en vue d’un positionnement du statut, du dispositif de gouvernance y compris les profils requis, des outils de gestion et de déploiement des pôles-territoires ;
aligner la planification des investissements des départements sectoriels en fonction de la cohérence des prévisions d’investissements des pôles-territoires et non le contraire ; ou à tout le moins donner la parole aux territoires pour qu’ils s’expriment durant la déclinaison sectorielle de l’ANT ;
renforcer les dispositifs déconcentrés par un reprofilage du personnel pour une proximité de l’ingénierie requise et la fonctionnalité des pôles-territoires ; cela inclut une approche stratégique pour une gestion prévisionnelle des effectifs et des carrières, avec l’introduction de bonus, pour les pôles territoires frontaliers ;
instruire au niveau des différents départements ministériels, en relation avec le ministère en charge des collectivités territoriales, l’impératif de travailler sur une approche de conduite de changement incluant une fine démarche de stratégie de communication ;
miser sur l’élaboration des schémas économiques des pôle-territoires en vue d’une définition de la stratégie de gestion des filières porteuses et des options de contractualisation avec le secteur privé, pour une pleine exploitation de toutes les potentialités existantes ;
promouvoir la labélisation des pôle-territoires, dans l’ancrage d’une marque territoriale spécifique et dédiée, ceci grâce à une stratégie marketing offensive ;
actionner la réflexion sur le financement endogène des pôle-territoires responsabilisés, pour créer leur autonomie et leur compétitivité voire performance en vue d’une souveraineté économique ;
innover en lançant une étude sur l’établissement du produit intérieur territorial (autour du pôle-territoire), pour mieux agréger vers le produit intérieur brut au niveau national ; Cela aura l’avantage de connaître la contribution, dans des domaines précis de chaque pôle-territoire, à la souveraineté économique du Sénégal.
Au total et au vu de ce qui précède, nous pouvons bien confirmer que l’approche territoriale, en guise de rupture, semble être, pour une fois, au bon endroit. Tout le reste n’est qu’un défi de mise en œuvre. Nous devons tous nous y engager. Territorialement Vôtre….
Par A. K. DIARRA
PASTEF, LE CHOIX RAISONNABLE
La victoire de Pastef aux législatives de ce 17 novembre est belle. Elle est vraiment belle et rassurante pour la vitrine démocratique sénégalaise. Et en même temps, elle clôture la séquence senghorienne de près de 64 ans.
La victoire de Pastef aux législatives de ce 17 novembre est belle. Elle est vraiment belle et rassurante pour la vitrine démocratique sénégalaise. Et en même temps, elle clôture la séquence senghorienne de près de 64 ans. Des indépendances à nos jours. Diomaye et Sonko ont envoyé à la retraite des hommes politiques cette séquence première de notre indépendance.
En attendant que les constitutionnalistes s’épanchent sur l’avènement d’une nouvelle République, arrêtons-nous pour tirer les leçons de ce 17 novembre 2024. Seulement osons le dire, il est arrivé à un certain moment de la campagne électorale que la violence et les invectives fassent redouter le pire. Avant, pendant et après le scrutin. Et ce qui était dramatique, les empoignades ne se faisaient pas autour des problèmes des Sénégalais, des programmes et des visions des têtes de files des coalitions.
Le discours était nauséabond et souvent des attaques en-dessous de la ceinture. Ce, avec un lot de violences qui faisaient peur. Ils étaient tout simplement devenus fous, brutes et lamentables. Sur cette approche, celui qui méritait un coup de sabot était véritablement le leader de la coalition Samm Sa Kadd, Barthélémy Dias. L’homme a raté complètement sa campagne en surfant sur une approche de délations, de dénigrement en direction du leader de Pastef Ousmane Sonko. Pourtant, Barth avait une coalition de rêve supervisée voire une équipe de prestige ayant à sa tête un mentor respectable en la personne de Khalifa Sall.
Et également des hommes et des femmes politiquement ambitieux à l’image de Bougane Guèye Dany, Cheikh Tidiane Youm du Pur, Anta Babacar Ngom et Pape Djibril Fall. Cette coalition avait des atouts pour prendre date avec les Sénégalais et l’histoire. Seulement en laissant Barth être l’Alpha et l’Oméga de ladite coalition, l’approche ne fut pas payante puisqu’à l’arrivée, la sanction du peuple est sans équivoque. Samm Sa Kaddu et surtout les deux coalitions de Takku WALLU du président Macky Sall et Jamm ak Njarin du Premier ministre Amadou Ba ont été sanctionnées par les électeurs du fait qu’elles sont essentiellement issues du pouvoir à la gestion non sobre et non vertueuse.
Toutes les autres coalitions n’ont même pas vu venir les violents vents de l’Ouragan Pastef. Et pendant ce temps ou mauvais temps, Ousmane Sonko s’est évertué à démontrer ce pourquoi les Sénégalais doivent leur donner la majorité absolue ou écrasante pour gouverner pendant cinq (05) ans un pays dans la stabilité démocratique. Le discours du leader de Pastef a été poignant, mais surtout efficace puisqu’il s’est focalisé, durant toute la campagne, à mettre à nu la prévarication des ressources et la dilapidation des deniers publics par l’ancien régime du président Macky Sall.
A chaque jour de campagne et à chaque étape de son convoi, des révélations sur l’ampleur du carnage financier perpétré par Macky et ses acolytes font déchirer les membranes des haut-parleurs mobiles de Pastef. A vrai dire, si demain la quasi-totalité de ces hommes et femmes de Macky Sall sont jetés en prison, personne ne crierait au scandale ! Ou à la chasse aux sorcières dès lors que l’opinion électorale était déjà bien édifiée. C’est de la mauvaise foi que d’y penser. Endossant en bandoulière le projet de « Vision 2050 », le président de Pastef n’a pas manqué, à chaque étape et localité visitée au cours de la campagne, de dévoiler sa vision du développement de la localité ou zone d’accueil. Une manière de rassurer les citoyens de la volonté de l’Etat de prendre en compte leurs préoccupations. Seulement une telle possibilité ne pouvait se faire que dans un environnement où Pastef avait la totalité des pouvoirs de décisions communales. D’ailleurs le président Ousmane Sonko n’a jamais cessé de le rappeler, la seule voie de triomphe de la rupture systémique prônée au soir de la victoire du 24 mars dernier de Bassirou Diomaye Faye est de se doter d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale pour pouvoir mettre en place les réformes indispensables. Or à ce niveau, l’Assemblée nationale est incontournable. Un message qui a connu un écho favorable au soir du dimanche 17 novembre où les Sénégalais ont massivement voté Pastef. Et de fait, en donnant au projet Pastef la majorité requise. Un choix raisonnable parce que le contraire aurait étonné. Le peuple sénégalais est un peuple formidable et surtout cohérent globalement. Ousmane Sonko a eu alors droit, ce dimanche 17 novembre, à ce que les Sénégalais avaient offert autant à Me Wade lors des législatives de 2001 et à Macky Sall en 2012.
Pour la petite histoire, dans la foulée de la victoire d’Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle de 2000, la coalition « Sopi » formée par son parti, le Parti démocratique sénégalais, l’avait emporté avec une large majorité. On parlait de « vague bleue », en référence à la couleur fétiche du Pape du Sopi. La coalition Sopi, soutenue par la Ligue démocratique, avait obtenu 89 députés pour une Assemblée nationale composée d’alors de 120 députés. Macky Sall avait bénéficié du même choix raisonnable du peuple sénégalais lors des législatives de 2012.
L’ancien président de la République avait aussi obtenu une majorité écrasante avec la coalition naissante de Benno Bokk Yakaar de 119 sur 150 députés. Macky Sall n’avait pratiquement laissé que des miettes à l’opposition (21 députés) incarnée par son prédécesseur Me Abdoulaye Wade qui contesta en vain ces résultats. La roue de l’histoire a tourné inexorablement alors ! Elle ne s’est jamais arrêtée. Mais d’une nouvelle espérance portée par des Sénégalais sur un homme, Ousmane Sonko, qui, finalement, qu’on le veuille ou non, est « un don de Dieu » pour un peuple désabusé par un système qui prend ses racines de nos indépendances senghoriennes à Macky Sall en passant par des étapes de Diouf et Me Wade.
En réalité, les victoires de mars et de novembre 2024, consacrent la mort de ce système politique traversant notre pays de nos indépendances à nos jours et qui n’a favorisé qu’un système des compradores accaparant depuis 64 ans les ressources de ce pays à leur seul profit et au profit de leurs descendances, sont dessouffles nouveaux de grande espérance. Parce que finalement, 64 ans de gouvernance des anciens régimes n’ont abouti depuis qu’à la stagnation du Sénégal dans les bas-fonds du développement et de la pauvreté.
Depuis 64 ans, ce système des compradores s’est surtout appuyé sur la transhumance faisant que d’un régime à un autre, on retrouve les mêmes élites dirigeantes qui parviennent encore à faire main basse sur les ressources du pays.
Le Projet Pastef a, dès son avènement, permis de mettre fin définitivement à ce système de grande prévarication. La rupture systémique prônée par Ousmane Sonko a vite trouvé un écho au sein de la population majoritairement jeune qui a définitivement perdu espoir à l’endroit de l’ancien système jusqu’à oser affronter le péril dangereux et mortel de l’émigration irrégulière. Ces jeunes ont perdu tout rêve d’un avenir meilleur au Sénégal.
Cette jeune génération et les Pastéfiens et leurs sympathisants, qui ont porté au pouvoir le duo Diomaye Faye/Ousmane Sonko pour une nouvelle espérance, permettent désormais à la nouvelle équipe de s’asseoir sur de très solides bases politiques et institutionnelles.
Désormais ayant toutes les cartes en mains, le duo n’a plus l’excuse d’avoir des mains liées. Il est attendu rapidement par une montée en puissance pour la prise en charge réelle des préoccupations des Sénégalais. Certes la gestion du pouvoir n’est pas facile surtout dans un contexte où il faut tout rebâtir sur un désastre financier, mais le peuple ne s’intéresse guère à ce qui est possible ou ce qui n’est pas possible. La seule préoccupation, c’est que les dirigeants puissent arriver à satisfaire ce quoi ils les ont été plébiscités en leur donnant la totalité du pouvoir. Alors la balle est désormais dans le camp du duo.
A. K. DIARRA
Par Kaccoor Bi - Le Temoin
LA POLITIQUE AUTREMENT
C’est à croire qu’il s’agissait d’un concours de superlatifs. A la différence des titres dithyrambiques de la presse écrite du lundi, des confrères étaient méconnaissables le jour du scrutin à la proclamation des résultats.
C’est à croire qu’il s’agissait d’un concours de superlatifs. A la différence des titres dithyrambiques de la presse écrite du lundi, des confrères étaient méconnaissables le jour du scrutin à la proclamation des résultats.
Ce n’était plus des journalistes sur un plateau, mais des « opposants » que le verdict des urnes avait subitement rendu affligeants. Peu glorieux pour la corporation ! Sur leur plateau où ils refaisaient les élections selon leurs propres grilles de lecture surannées, on sentait une rancune tenace envers une personne. Le même ressentiment qui consume le cœur de néo-opposants, vite rappelés à la réalité pour montrer leur insignifiance politique.
A ces néo-opposants, pendant que leur principal adversaire parlait des réalités du pays, eux, ils étaient là ergotés sur celui qu’ils ne veulent même pas voir en peinture avec souvent des attaques en dessous de la ceinture. Une haine qui pourrait bientôt les achever. Le même procédé depuis qu’Oscar Sierra a étrenné son costume de Premier ministre.
Cent jours après la passation du pouvoir entre l’ex- Chef et l’actuel, les arguments politiques ne se résumaient plus à une confrontation programmatique ou idéologique, mais à celui qui ferait le plus mal. La scène politique de ce charmant pays nous parait ainsi bien sordide avec des hommes qui s’engoncent dans une puérile et décevante irrévérence.
Galsen est loin de cette image qui lui conférait une terre de liberté où il fait bon vivre et où la démocratie est arrosée, irriguée par des idées et non par la force et la violence des arguments. Ce qui apparait comme un recul. L’image dégradante que certains médias présentent est à gommer. On offre une tribune à des personnes dont le seul raisonnement est de proférer des idioties. L’insulte à la bouche, ils mentent et dénigrent en se prévalant d’une liberté de presse.
Des réputations sont ainsi ternies par d’autoproclamés chroniqueurs qui pullulent dans nos médias locaux et qui sont pour la plupart d’une grande vacuité intellectuelle. Les vrais intellectuels qui auraient dû montrer le bon exemple, ne font pas mieux. Dans leurs écrits comme dans leurs paroles suintent une violence verbale et une diabolisations à outrance qui ne font pas honneur à leur statut. Des images peu reluisantes à effacer. Rapidement ! Nos enfants nous regardent.
PAR Cheikh Guèye
LE GRAND SAUT
Le pays entre dans une ère nouvelle où la jeunesse devra incarner le changement par son travail et son éthique. Les trois années à venir, libérées du cycle électoral, s'annoncent comme une période cruciale
Le silence du peuple qui choisit, les premiers résultats, les tendances lourdes, les félicitations et les célébrations marquées par l'humilité et la gravité devant le défi qui se présente devant le régime de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko.
Ils ne suffiront pas pour engager et réussir tous les changements attendus par le pays et sa jeunesse. Celle-ci doit constituer le moteur par sa mobilisation, sa détermination, son éducation, sa formation, son culte du travail, son sens de l'éthique.
On ne sera pas un pays développé du jour au lendemain. Cela prendra des dizaines d'années, mais des grands progrès peuvent être réalisés à moyen terme. Des conditions sine qua non : une cohésion sociale retrouvée, une pacification de l'espace politique, des réformes hardies dans le domaine de la gouvernance politique, un combat sans répit contre la gangrène de la corruption.
Trois ans de repos électoral ! Quel pied ! Tous, fermons là et travaillons nak !
Jub, Jubbal, Jubbanti, Juboo.
par Charles Faye
LA BELLE VICTOIRE EN POCHE, CAP SUR L’AVENIR
Selon les informations que nous détenons, Sonko ne restera pas longtemps à la primature. Il « attache une grande importance » à l’examen des projets de loi, l’évaluation des actions gouvernementales et le contrôle des politiques et finances publiques
Une longue époque a vécu, avec des contraintes des goulots d’étranglement imposés par l’impérialisme colonial, et la vaste corruption de ses élites. Et bien, elle n’est plus !
Occise qu’elle a été par une véritable bête politique, un homme d’une rare résilience, avec un mental d’acier, un militantisme sans borne, un ancrage dans ses certitudes, sacralisant l’ère nouvelle d’un Sénégal nouveau dans une Afrique consciente de ses richesses, de ses forces, de son envie enfin assumée de briller et d’en imposer, après avoir été la vache laitière des anciennes colonies.
Il faut voir les redressements fiscaux pleuvoir sur les opérateurs miniers au Mali pour s’en convaincre. Les Industries chimiques du Sénégal dont il se dit qu’elles ont payé la bagatelle de 181 milliards FCFA à titre de redevance à l’Etat du Sénégal en témoigne.
Ousmane Sonko, faiseur de président, de maires, de députés, enfin couronné par le peuple roi de l’Assemblée nationale s’il veut du perchoir, est celui par qui arrive la bérézina pour les « systémiques », enterrés du reste dans les basfonds de l’oubli populaire, ainsi que le changement tant attendu par les Sénégalais.
Arrivera-t-il à aller jusqu’au bout de son projet, celui d’un changement radical pour un Sénégal nouveau, on ne sait pas ! On le lui souhaite, pour nous tous mais aussi parce que rarement un leader politique aura autant fait chavirer raison et cœur, cristallisant autour de sa personne un élan populaire sans précédent.
Les Sénégalais qui se sont sentis d’ailleurs redevables vis-à-vis de celui qui a tout donné aux autres sans rien recevoir en retour le lui ont fait savoir dimanche. Les choses parlent d’elles-mêmes. Elles sont palpables et visibles. Faut-il en rajouter ?
Alors passons à ce qui vient et qui est capital. Le court, moyen et long terme. Car ces trois temps dans le mandat du président Diomaye est de loin ce que nous attendons le plus et notre souhait n’est rien d’autre que de voir ces trois temps bien remplis. Même si nous savons tous que l’exercice ne sera pas facile du fait d’antécédents défavorables ayant plongé le Sénégal dans une spirale de la dette et l’enfer du remboursement. Sans compter l’autre exercice coûteux consistant à aller chercher l’argent chipé aux contribuables et générations futures.
La majorité absolue des sièges de l’Assemblée nationale quasiment dans la poche, que va faire l’homme fort du pays « Borom Senegaal » ? Ira-t-il prendre la présidence de l’Assemblée nationale ou restera-t-il au building administratif ?
Selon les informations que nous détenons, Ousmane Sonko ne restera pas longtemps à la primature. il « attache une grande importance » à l’examen des projets de loi, l’évaluation des actions gouvernementales et le contrôle des politiques et finances publiques, selon un proche.
De plus, Sonko veut prendre de la distance pour ne pas déranger le Président Bassirou Dioamaye Faye, et il souhaite aussi un « renforcement du duo et la consolidation des décisions qui permettront au projet de se mettre en place et d’aller à l’horizon qu’il s’est fixé, c’est-à-dire en 2050 ».
L’exercice du pouvoir ces huit premiers mois semble avoir montré la voie à suivre, ce d’autant qu’il qui est au début d’une ère de changement qui ne saurait et ne devrait souffrir de crises au sommet de l’Etat, de dualité, de choc d’ambitions.
L’aspect politique interne réglé avec d’un autre côté une opposition qui va mettre du temps pour sortir de ce deuxième Knock out, il reste à faire face aux volets social et économique et c’est sur ces deux points que réside le gros de la difficulté.
Reuters ne s’y trompe pas en soutenant que la probable majorité absolue de Pastef à l’Assemblée nationale confronte le président Bassirou Diomaye Faye à un délicat exercice d’équilibriste entre les attentes populaires et les exigences du FMI, rapporte Reuters.
C’est vrai que la belle victoire de Pastef aux législatives offre au nouveau pouvoir des coudées franches pour mettre en œuvre son ambitieux programme sur 25 ans. Mais quand on sait que la dette du Sénégal est de 18 000 milliards FCFA, que l’Etat devra payer entre 1500 et 2000 milliards par an, soit un total de 10 000 milliards FCFA ou plus à payer de 2024 à 2029, on mesure mieux la tâche qui attend le nouveau pouvoir dont le premier défi sera d’ordre budgétaire qui plus est dans un contexte de crise fiscale.
En effet, le nombre de sociétés en difficultés ne se compte plus, en commençant par la nôtre confrontée au non-paiement de services exécutés. « Il faudra avoir le dos rond, ramer et attendre avec patience », soutient ce lundi un opérateur économique dans un échange informel.
La tâche s’annonce d’autant plus ardue pour le nouveau pouvoir que l’audit gouvernemental dont le Premier ministre a donné un avant-goût le 26 septembre 2024 révèle que la dette et le déficit budgétaire du Sénégal sont bien plus importants que ce qu’avait annoncé la précédente administration.
Les conséquences fâcheuses n’ont pas tardé d’ailleurs pour le Sénégal. Il y a eu d’abord la chute des obligations en dollars du pays annoncée le lendemain par Reuters, ensuite deux dégradations coup sur coup de la note du Sénégal et enfin la suspension du programme du FMI de 1,9 milliard de dollars convenu en juin 2023. Mais concernant cette dernière, l’institution de Breton Wodd pourrait revenir à de meilleurs sentiments.
« Nous considérons la majorité de Pastef comme un développement positif car elle ouvre la voie au président Faye et au Premier ministre Sonko pour commencer à travailler sur un budget 2025 globalement aligné sur les exigences du FMI », analyse lundi Leeuwner Esterhuysen, économiste principal chez Oxford Economics Africa.
Il reste tout de même que le nouveau pouvoir devra apporter des solutions aux demandes des ménages et entreprises quand bien même le Sénégal serait en mauvaise posture. Et c’est là que l’exercice s’annonce difficile. Certains cadres de Pastef demandent d’ailleurs au président Diomaye et à son Premier ministre de prendre le taureau par les cornes et dire à leurs compatriotes que des réformes sont inévitables et que certaines seront impopulaires.
Toutefois, les Sénégalais qui ont renouvelé leur confiance à Ousmane Sonko en lui octroyant ce qui ressemble à une majorité absolue à l’Assemblée nationale sont certainement aussi conscients des efforts et des sacrifices à faire.
C’est dans cette compréhension du peuple que le nouveau pouvoir peut puiser la légitimité pour annoncer les réformes inévitables.
En effet, la situation des finances publiques marquée par la montée du surendettement, impose des choix difficiles pour le gouvernement, en matière de financement des projets et de la gestion de la dette. Pour toutes ces raisons, le Président Diomaye Faye devrait tenir un langage de vérité au secteur privé en lui demandant de se regrouper autour d’une seule entité en vue d’améliorer l’environnement des affaires avec à la clé des réformes facilitant l’investissement et réduisant aussi les coûts opérationnels.
Cela dit, comme le fait savoir Reuters, la victoire législative de Pastef a déjà eu un impact positif sur les marchés, notamment l’augmentation ce lundi du prix de la dette souveraine du Sénégal là où la plupart des autres obligations des nations africaines perdaient du terrain. Le rendement de l’obligation en dollars 2033 sénégalaise a baissé d’environ 10 points de base à 9,28% vers 11h45 GMT.
En d’autres termes, ce sont les places d’affaires dans le monde qui se sont frottés les mains avec cette belle victoire qui replace le Sénégal dans le concert des destinations d’affaires privilégiées.
Le pays étant sortie de la zone grise du GAFI, il est à parier qu’il sera la meilleure destination d’affaires en 2025 en Afrique subsaharienne.
Le Sénégal d’Ousmane Sonko, pardon de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko, c’est désormais cela et qui plus est sans complexe vis-à-vis de qui que ce soit. Le Sénégal d’abord pour lui-même avec ses valeurs et ses convictions, rien d’importé de celles-ci, ensuite en bonne relation avec les voisins immédiats. Un discours à la Trump qui paie et qui a le mérite d’être made by Ousmane Sonko, El Phénoméno.
EXCLUSIF SENEPLUS - La Biennale transforme l'école ARUBA en un écrin où dialoguent les œuvres des maîtres disparus et contemporains. Les designers sénégalais y démontrent que l'art peut sublimer l'architecture
Ce samedi 16 novembre 2024, la Biennale de Dakar a connu un de ses plus forts moments et offert aux Dakarois et étrangers de passage, une de ses plus belles expositions dans un endroit qui a le mérite poser la problématique entre architecture, urbanisme et beaux-arts, dans toute son acuité, à savoir, l’école Supérieure d’architecture, d’urbanisme et des beaux-arts de Dakar, ARUBA.
Il s’est agi dans ce lieu d’une rare beauté d’exposer des grands maîtres de notre peinture, parfois disparus comme Félicité Kodjo, Amadou Sow, Ibrahima Kébé ou Souleymane Keïta, ou d’une grande actualité créatrice comme Abdoulaye Konaté, Soly Cissé, Serge Corréa, Moussa Traoré, Chalys Lèye, Birame Ndiaye ou d’accueillir un collectif de designers sénégalais dont les créations valorisent l’architecture, et posent avec talent l’idée d’urbanité, étincelle vivante de l’urbanisme s’il en est.
Les invités furent saisis de cette présence d’architectes et d’urbanistes de renom qui à l’instar de Sawalo Cissé, illustrent ce que fut cette célèbre école de Dakar d’architecture et des beaux-arts de l’époque Lods, symbole esthétique d’une certaine idée de Dakar, ville qui par la poétique de son nom et de son architecture inspira le titre d’un de ses plus beaux albums à John Coltrane.
L'art de l'architecte et celui de l'urbaniste sont ici étroitement liés ; aucun architecte ne peut ignorer tes contraintes urbanistiques de l'implantation du logement ; aucun urbaniste ne peut ignorer les contraintes spécifiques du logement qui permettent soit leurs groupements, soit leurs dispersions.
Cette exposition est vivante et vivace d’élégance et de poésie, et exprime par le choix même des exposants, ce que les concepteurs de ARUBA, amenés par Emile Diouf, Abib Diène, Chérif Diattara, Saabibou Diop ou Coly Faye, souhaitent inculquer à leurs étudiants : Une ville se pense. Tandis que la nôtre est à panser.
Faites un tour à ARUBA, vous en serez émerveillés par le talent de nos artistes exposés, et aussi part la collection privée des œuvres de Abib Diène et Emile Diouf entre autres, et vous serez conquis par cet environnement propice à la création et au travail d’urbanisme nécessaire au développement de nos villes, pour que la pensée qui y est diffusée nous éloigne de l’idée que nos architectes aujourd’hui soient rémunérés au kilo de béton.
ARUBA nouveau concept est le lieu où l'art et l'architecture entretiennent un lien étroit et complexe, tissant un dialogue continu au fil des époques. L'architecture, bien que souvent considérée comme une discipline scientifique pour sa part technique, est indéniablement un art dans sa dimension créative.
En visitant cette exposition, vous découvrirez que le programme d'architecture d’ARuBA-Sup est conçu pour former les futurs leaders du domaine, en leur offrant une solide base théorique et pratique, tout en mettant l’accent sur l’innovation, la durabilité, et l’expertise technique. Vous comprendrez alors qu’en mettant l'accent sur les concepts de durabilité, d'inclusion sociale et d'innovation, ARUBA offre une formation complète aux futurs urbanistes à la gestion des espaces urbains, au développement durable, et aux pratiques d’aménagement du territoire.
Parce que l'accent est mis sur la créativité, l'innovation et le façonnage des matériaux, il s‘agit de permettre aux étudiants de développer des compétences artistiques, techniques et pratiques appliquées à la conception architecturale et urbaine.
Vous qui rêvez encore de toutes les beautés de nos espaces urbains traversés par les talents de nos artistes et architectes urbanistes, faites un tour au Point E, Rue A angle Avenue Cheikh Anta Diop, vous serez réconciliés avec vos désirs d’urbanités et de civilités urbaines.