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2 avril 2025
Opinions
PAR Djibril Ndiogou Mbaye
L’EUROPE CLOUEE AU PILORI, L’UKRAINE ET ZELINSKI VOUÉS AUX GÉMONIES ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Vieux Continent vient de se rendre compte d’une erreur capitale : celle de ne s’être concentrée que sur l’Europe économique et de n’avoir pas initié plus tôt, l’Europe de la défense
Le monde est sûrement dans une phase transitoire. Il vit des moments aussi difficiles qu’incertains, qui vont aboutir à un nouvel organigramme dans les relations internationales. Rien ne sera plus jamais comme avant.
Ce processus commencé depuis longtemps, est aujourd’hui bousculé par les conséquences d’un mal profond et planétaire, porté par une seule force obscure, réincarnée en l’homme le plus puissant du monde. Il vient accélérer la recomposition géopolitique, géostratégique et économique du monde.
À lui seul, cet homme représente la pire des choses qui soit arrivée à l’humanité depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Vous avez bien lu « deuxième » et pas « seconde », parce que la troisième guerre mondiale a déjà commencé.
Trump: Malum ex machina
Vous pouvez parfaitement vous fier à ce néologisme barbare de mon cru, il dépeint le caractère de la bête politique (au sens péjoratif de l’expression) qu’est Donald Trump. Il est comme qui dirait, un mal, une calamité sortie de la machine pour déstabiliser le monde. Tout l’opposé du « deus ex machina ».
À la chute des valeurs morales, constatée dans toutes les sociétés contemporaines, correspond l’émergence d’une classe politique décomplexée qui promeut et accompagne la consécration des idéaux autrefois indéfendables, parce que considérés comme immoraux, amoraux, violents et injustes.
L’avènement de Trump, et les multiples mesures contestables et contestées à travers le monde, qu’il s’empresse de mettre en place en sont les exemples les plus frappants.
Lui qui a accès au renseignement le plus pointu, est certainement au courant de cette décrépitude des valeurs sur lesquelles il a d’ailleurs surfé pour accéder une seconde fois à la tête de la première puissance mondiale. Le monde et les relations internationales n’en sortiront pas indemnes.
Populiste à souhait, il est maître dans l’art de « vaincre sans avoir raison ». Pour cela, il n’hésite pas à dire des contre-vérités, donner de faux chiffres, mener une politique débridée et « épileptique » , en abusant de la naïveté et de l’inculture d’une grande partie de son électorat.
Il sait que les grandes civilisations sont menacés dans leur suprématie et leur existence pour certaines. Il fait tout pour sauver la peau de l’Amérique, quelqu’injustes que puissent être ses décisions. Il n’a pas de scrupule et s’est entouré de jeunes loups de sa trempe, avec un seul objectif assumé : L’Amérique d’abord par tous les moyens.
C’est un businessman sans affect qui déroule en fast-track et de façon désordonnée (du moins en apparence) des décrets et décisions divers pour sanctionner, interrompre, autoriser ou encourager.
La malchance ou la chance est que Donald est intelligent et, parait-il, « logique » selon Macron. Ayant réussi dans les affaires, il est convaincu d’être doté d’une intelligence supérieure et d’un flair politique sans égal.
Sa réélection presque facile, en battant tous les records a conforté ses certitudes.
A vrai dire, il n’est pas le seul coupable. Mais il arrive à point pour exacerber les hostilités et accélérer les événements car il sait qu’il n’a pas beaucoup de temps. Toutes ses violentes saillies, d’apparence anarchiques et décousues, sont en réalité les maillons d’une chaîne de décisions bien planifiées, qui doivent conduire à une plus grande suprématie américaine au crépuscule de son second mandat.
Avec la « pause » sur l’aide militaire à l’Ukraine, les USA viennent de faire un grand bond dans l’ignominie, l’abjection et la lâcheté, pour rappeler au monde entier qu’il est capable, après sa co-responsabilité dans les dizaines de milliers de morts palestiniens, de danser également, sur des cadavres ukrainiens, après les avoir livrés sans défense, à l’armée russe.
Rien ne l’arrêtera. Il est décidé à continuer son hold-up des terres rares de l’ukraine pour s’accaparer indûment des minerais critiques et autres ressources naturelles dont il a besoin pour approvisionner les industries de pointe de son pays, dans la production des technologies nouvelles comme l’intelligence artificielle et s’affranchir de la dépendance vis à vis de la Chine, devenue son challenger direct.
Donald Trump est pragmatique et cela lui suffit. Il n’a pas besoin De s’encombrer d’empathie ou de sentiments humains. Il est un robot-président qui s’est auto-programmé un logiciel d’optimisation de richesses à tout prix. Il n’a ni amis, ni alliés. Tout au plus, il peut avoir des partenaires conjoncturels, sur une ou des questions factuelles. Et c’est tout ! L’Europe, comme l’Afrique, est en train de l’apprendre à ses dépens. Elle organise sa riposte.
L’Europe poussée, à son corps défendant, a assumer son propre destin militaire
Le comportement arrogant et égocentrique de Trump et le violent clash avec Zelinski ont eu, au moins un avantage. C’est de faire se resserrer les rangs des Européens en leur apprenant, à leur dépens, qu’on ne délégue pas sa sécurité, de surcroît à un allié impérialiste et capitaliste. Ces derniers termes, qui résonnaient désuets, tellement on ne les rencontrait plus que dans les manuels d’histoire, ont été remis au goût du jour par les deux plus grandes puissances militaires.
Pour Trump, les choses peuvent ne pas se dérouler comme lui et ses équipes l’ont prévu. car si on souhaite garder quelqu’un sous sa domination, on ne doit pas le pousser a rechercher les moyens de s’en affranchir.
Un pouvoir n’existe que dans sa reconnaissance et l’Amérique risque de perdre celle de l’Europe et incidemment sa position de « god-father », de parrain.
En méprisant ses alliés historiques européens, Trump a commis un crime de lèse majesté. En se réunissant à Bruxelles ce 6 mars, l’Europe manœuvre pour continuer à exister et garantir elle-même sa propre sécurité. Elle se prépare un avenir d’affranchie.
La prémonition de De Gaulle vient de se réaliser, les États-Unis ne sont pas les alliés fidèles que l’on pense : « un jour, les Etats-Unis quitteront le Vieux Continent. Celui-ci doit devenir adulte, sauf à céder sur ce qui lui est cher – inviolabilité des frontières, non-recours à la force, appui aux démocraties libérales naissantes ».
Ils viennent de se rendre compte que ni les Nations Unies, ni l’organisation mondiale du commerce, ni la Cour internationale de justice, ni le comité des droits de l’homme, ni les conclusions des conférences d’après guerre, ni les règles strictes de l’OTAN ne seront un paravent à la soif d’hégémonie économique de Donald Trump, qui ne cesse de les piétiner.
Il vient de les jeter en pâture au très vindicatif et ambitieux Poutine qui rêve du retour sur la scène internationale et surtout de la grande Russie. Or la grande Russie s’arrête aux portes de l’Europe unifiée, qui craint désormais pour sa sécurité. Celle-ci est devenue tellement hypothétique avec le désengagement tous azimuts des USA, mais aussi et surtout son intention de sacrifier le destin de l’Ukraine sur l’autel de ses ambitions économiques et politiques, que c’est l’urgence absolue pour l’Europe de trouver un parapluie nucléaire. «On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même ».
La décision de l’Europe, sous l’égide du président français, d’ouvrir la discussion sur la nécessité d’une défense par et pour l’Europe, en dit long sur les états d’âme des Européens et leur désillusion vis-à-vis des États-Unis, leur allié majeur dans l’OTAN, qui n’en est plus un.
En fait, l’Europe vient de se rendre compte d’une erreur capitale : celle de ne s’être concentrée que sur l’Europe économique et de n’avoir pas initié plus tôt, l’Europe de la défense.
La France incarne la fierté européenne. Il pousse au sursaut, mais tous les protagonistes ne sont pas réceptifs. Certains, comme Victor Orban de la Hongrie, font la sourde oreille pour cause d’intérêts économiques trop imbriqués, pour ne pas dire dépendants des USA et de la Russie. Pendant ce temps, l’Ukraine perd chaque jour des centaines d’hommes et du terrain et risque de perdre la guerre, si la situation perdure .
Zelinski et l’Ukraine voués aux gémonies ?
Zelinski a fini par se coucher par terre finalement, en présentant ses plates excuses à ceux qui ont essayé de l’humilier dans le bureau ovale, plus pour sauver son peuple et son armée d’une déconfiture certaine et sans précédent que par faiblesse.
Sacrifier un peu de sa dignité et de sa fierté, pour que survive ses intérêts vitaux, sa population ou sa patrie est parfois un exercice auquel pourrait être contraint un chef d’Etat d’un pays faible ou pauvre.
Avec le retrait de l’aide américaine, l’Ukraine risque de perdre les moyens de se défendre aussi bien dans les tranchées que dans les airs et en mer, sans le précieux et très nécessaire renseignement militaire américain.
En effet, sans l’aide américaine, l’Ukraine est condamné à court, terme à négocier en position de faiblesse et à très moyen terme, à une défaite certaine. En attendant, il enterre ses enfants, de plus en plus nombreux à mourir sur le front et des civils dans les bombardements plus récurrents des villes.
Mais l’Ukraine peut, certainement compter sur l’aide et le soutien de l’Europe.
Les Européens n’interviennent cependant pas seulement pour des raisons humanitaires ou religieuses ou pour sauver les pauvres âmes ukrainiennes en souffrance. Elle intervient surtout pour un souci réaliste et géostratégique: la peur qu’a l’avenir, la Russie, puissance impérialiste, ne continue son expansion vers la Pologne, la moldavie et d’autres pays membres de l’OTAN. Ce qui rapprocherait les batteries de missiles russes à portée immédiate des pays européens.
On se rend compte que le monde est entré dans une phase où la force militaire est redevenue le langage économique le plus parlé par les grandes puissances pour « négocier » les questions économiques. Elles ont décidé de piétiner le droit et les codes diplomatiques pour coloniser, de gré ou de force, les ressources et les territoires de leurs voisins et au delà.
La loi de la jungle remplace celle des hommes pour la survie économique.
On assiste à une sorte de débandade des grandes puissances qui n’hésitent plus à se lancer dans des campagnes d’annexion des terres riches ou utiles à leur sécurité ou à leur développement économique, au mépris des règles de droit international et des codes diplomatiques qui assuraient jusqu’ici la justice et la paix entre les peuples.
Tous ces bouleversements augurent d’une redistribution des cartes et d’un avenir difficile auquel est promis l’humanité et surtout les États les plus faibles.
LETTRE collective AU SG DES NATIONS UNIES
DE LA PERSÉCUTION DES TUTSI CONGOLAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Le conflit de l'Est de la RDC ira en s'aggravant tant que la question de la nationalité des Banyarwanda du Congo ne sera pas résolue. Aucun groupe humain ne peut accepter indéfiniment la négation de son être
La situation dans l'est de la RDC occupe régulièrement la une des journaux et attire l'attention des dirigeants politiques. Des écrivains, artistes, hommes d'État, journalistes, représentants religieux, survivants de génocide, chercheurs et universitaires provenant des quatre coins du globe ont pris la décision de dénoncer le silence entourant la persécution des Tutsis congolais. Plus de 400 signataires, originaires de plus de 50 pays, ont pris la décision d'envoyer une lettre au Secrétaire général des Nations Unies. Parmi ces éminentes personnalités, on trouve des scientifiques tels que le professeur indien Bibhuran Nayak, récipiendaire d'une médaille d'or en sciences géologiques, le professeur brésilien Carlos F.O. Graeff, le professeur Josias Semujanga, membre de la Société royale du Canada, Jean-Pierre Karegeye, Directeur du Centre pluridisciplinaire sur le génocide. On y retrouve également la présidente de l'université américaine de Bulgarie, Dr Margee Ensign, des historiens spécialisés dans la région des Grands Lacs, tels que Vincent Duclert et Jean-Pierre Chrétien.
Plusieurs écrivains de renom tels que Boubacar Boris Diop, lauréat du Prix international de littérature Neustadt 2022, Gaël Faye, lauréat du Prix Renaudot 2024, Dominique Célis, ainsi des survivantes et autrices comme Yolande Mukagasana, Esther Mujawayo et Félicité Lyamukuru, ont signé la lettre.
De nombreuses associations représentant les victimes, établies en RDC, au Rwanda, au Burundi, aux États-Unis, au Canada, en France, en Belgique, en Papouasie-Nouvelle-Guinée (Océanie), ont décidé de faire entendre leur voix. C’est aussi le cas de nombreux hommes d'État, en fonction ou en retraite, qui appellent aussi à chercher et trouver une paix durable. Parmi eux, le professeur Charles Murigande, ancien recteur de l'Université du Rwanda et ancien ministre des Affaires étrangères et ambassadeur, le sénateur belge, Dr. Alain Destexhe.
Les signataires considèrent que le conflit dans la région orientale du Congo a été réduit à une unique narration : celle de la menace de fragmentation de l'État et de l'exploitation de ses ressources. Le monde demeure largement indifférent à l'exclusion des Tutsi congolais, tandis que l'incitation à leur extermination est soutenue par certains acteurs politiques congolais. Les signataires de la lettre sollicitent l'intervention de l'ONU afin de prévenir un génocide analogue à celui des Tutsis au Rwanda en 1994, compte tenu de la situation alarmante. Ils soutiennent une perspective holistique de la crise en procédant à un réexamen de ses causes profondes.
En résumé, les signataires estiment que les Nations Unies se doit d'intervenir avec célérité pour garantir la protection des Tutsi congolais ainsi que d'autres communautés menacées. À cet égard, il présente huit recommandations en vue d'établir une paix durable.
M. António Guterres
Secrétaire Général des Nations Unies
Siège des Nations Unies
New York, NY, 10017
405 East 42nd Street,
New York, NY, 10017, USA.
Monsieur le Secrétaire général,
Nous, écrivains, artistes, journalistes, avocats, religieux, membres de la société civile, chercheurs et professeurs des universités d’Afrique, d’Amérique du Nord, d’Amérique Latine, des Caraïbes, d’Europe, du Moyen Orient et d’Asie unissons nos voix pour exhorter respectueusement l'Organisation des Nations Unies à ne pas répéter les mêmes tragiques erreurs d'appréciation que lors du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994. Des graves événements de l'Est du Congo plongeant leurs racines dans l'histoire, n'émerge qu'un récit unique : le risque de balkanisation du Congo et l’exploitation de ses richesses. On passe ainsi sous silence l’exclusion des Tutsi congolais dont l'extermination est de plus en plus ouvertement évoquée par certains acteurs politiques. Cette guerre, aussi abominable soit-elle, ne saurait être réduite à une seule de ses causes. Elle résulte plutôt d'un mélange explosif de tensions sociales et économiques qui se sont progressivement cristallisées en une crise identitaire et en conflit armé.
Il est impératif de conclure un cessez-le-feu immédiat afin de préserver des vies humaines et d’ouvrir la voie à une solution négociée. Le meilleur moyen d'y parvenir n'est certainement pas de répéter l'accusation particulièrement simpliste selon laquelle le Rwanda soutiendrait le Mouvement du 23 mars (M23) dans le seul but d'exploiter les ressources naturelles du Kivu. Cette interprétation univoque, largement relayée par les médias, choisit d'ignorer les atrocités épouvantables commises au grand jour contre les Tutsi congolais tués, mutilés et parfois dévorés par leurs bourreaux. Elle exacerbe en outre les tensions et alimente les discours de haine. L'actuelle escalade militaire en est du reste une conséquence directe.
Nous vous invitons par la présente à privilégier la recherche d'une solution durable prenant en compte les causes profondes de ce conflit. Telle est à nos yeux la démarche adéquate pour assurer, à travers la stabilité de la région des Grands Lacs, la sécurité et le bien-être de millions d'hommes et de femmes ne demandant qu'à vivre dans la tranquillité.
Nous jugeons tout aussi important de bien identifier les principales forces présentes sur le terrain ainsi que leurs objectifs et leur philosophie politique. Le M23 fait face à l'armée congolaise, appuyée par les FDLR, désignées comme une entité terroriste en raison de leur idéologie génocidaire qui est aussi celle des Wazalendo, composés de plus de deux cents autres groupes armés. Outre des mercenaires européens et les forces des Nations Unies, le Burundi, l'Afrique du Sud, la Tanzanie et le Malawi entre autres pays se battent aux côtés de l’armée congolaise. En plus d'exploiter les ressources naturelles du Congo et de semer la terreur par des viols massifs et des tueries brutales, les groupes armés FDLR et Wazalendo organisent le recrutement forcé d'enfants-soldats. Quant à la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), elle s'est malheureusement éloignée de son objectif de maintien de la paix en s'associant étroitement à ces groupes armés entretenus par le gouvernement de Kinshasa.
Monsieur le Secrétaire général,
Ce conflit résulte en grande partie du défaut d'intégration de populations regroupées malgré elles au sein de nouvelles configurations frontalières établies par les autorités coloniales. Il est également motivé par le refus de prendre en compte des mouvements migratoires dans la période ayant précédé et suivi les indépendances africaines. Une autre de ses causes est la restriction de la citoyenneté à des critères ethniques et physiologiques. Il est aisé de comprendre que les épreuves subies par les populations tutsi du Congo ont laissé des séquelles dans leur psychisme.
Depuis trois décennies, des centaines de milliers d'entre eux sont condamnés à une vie précaire dans des camps de réfugiés au Burundi, en Ouganda, au Kenya et au Rwanda s'ils n'ont pas trouvé refuge dans plusieurs pays occidentaux. Face à l’indifférence ou à la complicité de l'état congolais, certains d'entre eux ont pris les armes pour assurer leur propre défense. C'est dire que ce conflit ira en s'aggravant tant que la question de la nationalité des Banyarwanda du Congo ne sera pas résolue. Aucun groupe humain ne peut accepter indéfiniment la négation de son être même et, sauf votre respect, les résolutions de l'ONU sont bien dérisoires face à un tel dilemme existentiel.
Nous nous permettons aussi de vous faire remarquer que la tragédie vécue par les Banyamulenge, Tutsi du Sud-Kivu, ne correspond en aucun cas à la fable simpliste que l'on cherche à imposer au monde. Le M23 est en effet né et évolue en dehors des territoires traditionnels des Banyamulenge, dans des zones où les ressources minières sont négligeables. Pourtant les Banyamulenge subissent depuis plus de sept ans, sur la base de cette fausse assomption, les attaques des forces armées congolaises (FARDC) et de diverses milices ethniques telles que les MaiMai.
Au Nord-Kivu, les génocidaires FDLR ont vu leurs rangs grossir dans les zones qu'elles contrôlaient avant d'en être délogées par le M23. Elles s'y étaient livrées pendant longtemps et en toute impunité à toutes sortes d'exactions. L'Etat congolais, au lieu de réagir, les laissait au contraire exploiter les minerais et le bois revendus sur le marché mondial avec la complicité de certains politiciens. De plus, elles percevaient des taxes dans les régions sous leur contrôle. Cette situation a contraint de nombreux Tutsi à chercher refuge dans les pays voisins.
Monsieur le Secrétaire général,
L’étude approfondie de l’histoire complète de la région démontre que l'émergence du M23 n’est pas la cause, mais bien la conséquence de la privation systématique des droits humains des Banyarwanda et des Tutsi en République Démocratique du Congo, faisant d’eux des citoyens de seconde zone interdits de participer pleinement à la société civile.
Julius Nyerere savait donc de quoi il parlait lors qu'il a mis en exergue en 1996 l'indissociabilité des habitants de cette partie de l'Afrique : « (…) il est inutile, disait-il, de respecter les frontières sans respecter les individus qui se trouvent à l'intérieur de ces frontières (…) Par conséquent, en abordant la question du respect de la frontière établie entre l'Allemagne et la Belgique, il est essentiel d'envisager également le respect des populations concernées par cette division.»
On peut déduire de tout cela que l'émergence du M23 n’est pas la cause, mais bien la conséquence de la question des Banyarwanda et des Tutsi en République Démocratique du Congo.
Permettez-nous de soumettre à votre réflexion les faits particulièrement significatifs que voici :
· Trois ans après l'indépendance du Congo (1960), le Nord-Kivu a vécu une période de troubles connue sous le nom de Guerre de Kanyarwanda. Le leader Nande, Denis Paluku a proclamé la souveraineté du Nord-Kivu contre Kinshasa. Ses collègues rwandophones se sont opposés à lui et prôné l'unité du Congo. En réaction, Paluku avait décidé d'envoyer une expédition punitive dans le Masisi. Les Tutsi y étaient arrêtés et exécutés à Kiroshe. En ce temps-là, le M23 n'existait pas.
· Dans les années 80, des étudiants tutsi ont été molestés sur le campus de Kinshasa aux cris de : "Vive la nationalité zaïroise ! A mort les usurpateurs de notrenationalité !". Un tract appelait aussi à "éradiquer partout et dans leur intégralité ces serpents (les étudiants Tutsi) qui veulent nous mordre". On pouvait également y lire ceci : « Tous les écrits reconnaissent que les Tutsi se trouvant au Zaïre, sont des immigrants et partant ne doivent pas bénéficier des mêmes droits que les fils authentiquesde ce pays. » En ce temps-là, le M23 n'existait pas.
· En 1991, les Tutsi congolais ont été interdits de participation à la Conférence Nationale Souveraine, sous prétexte qu'ils n'étaient pas "zaïrois". En ce temps-là, le M23 n'existait pas.
· Pendant la Deuxième République, surtout à partir des années 80, les Tutsi rwandophones avaient la possibilité d’être électeurs sans pour autant être éligibles. En ce temps-là, le M23 n'existait pas.
· La Constitution de la République démocratique du Congo a été modifiée à plus de sept reprises, chaque révision étant associée à la question des Rwandophones. En ce temps-là, le M23 n'existait pas.
Il est clair à nos yeux que la communauté internationale commet une erreur aux effets potentiellement dévastateurs en s'imaginant que l'élimination d'un seul groupe rebelle et l'imposition de sanctions contre le Rwanda suffiront pour restaurer la paix dans l'Est du Congo.
Monsieur le Secrétaire général,
S'il est une leçon à tirer de ce conflit, c'est que la coopération entre l'État congolais, la Monusco, les Wazalendo et les FDLR a contribué à accroître la militarisation de la région et à attiser la haine envers les Tutsi de la RDC et du Rwanda.
Une telle alliance militaire et idéologique entretient une sorte de guerre perpétuelle et éloigne chaque jour un peu plus la paix que votre organisation a pour mission de promouvoir. C'est ce qu'avait bien compris l’ancien président sud africain, Thabo Mbeki, quand il alertait sur le danger d'un conflit de longue durée en ces termes: « Si le gouvernement congolais ne protège pas les Tutsi congolais, alors le M23 continuera d'exister, car ils auront des armes pour se défendre. »
Selon nous, pour une paix et une sécurité durables dans la région des Grands Lacs, il est nécessaire :
· De réexaminer le rôle et la nécessité de la MONUSCO aujourd’hui
· De réexaminer les causes et les conséquences de la faillite des Nations Unies dans la prévention et la lutte contre le génocide des Tutsi, et la possibilité d’un génocide contre les Tutsi congolais à la lumière de la Convention de Genève , des rapports de l’Union africaine ainsi que ceux de Duclert et de Muse
· de prendre au sérieux les préoccupations sécuritaires du Rwanda en neutralisant les FDLR et leur idéologie génocidaire qui gangrène depuis 1994 toutes les anciennes colonies belges ;
· de passer en revue les nombreux accords entre le gouvernement congolais et le M23 en vue de déterminer ce qui a empêché leur application ;
· d’arrêter et décourager tout appui militaire au gouvernement congolais tant que ce dernier continuera à faire appel à des génocidaires, à des mercenaires et à des milices dont le programme politique se limite à l'extermination des Tutsi ;
· de désigner un ou une représentante des Nations Unies crédible aux yeux des deux parties. Son rôle de médiation viserait à promouvoir la paix en impliquant les communautés locales ;
· de réaffirmer le double principe de l’intangibilité des frontières congolaises et du droit inaliénable des communautés tutsi ou rwandophones de vivre en toute sécurité, sur leur terre natale et ailleurs au Congo;
· de garantir la sécurité des minorités en encourageant une éducation aux valeurs favorisant la compréhension de l'identité congolaise à travers le prisme de l’individu-citoyen plutôt que de l’appartenance à une tribu/ethnie.
· de mettre en place une Commission internationale neutre chargée d'enquêter sur les contrats miniers ainsi que sur les pratiques liées à l’exploration, à l’exploitation, à la commercialisation et au financement de l’économie des minerais, des terres rares et des exploitations agricoles et forestières dans toute la République Démocratique du Congo ;
· d’encourager les initiatives de paix initiées par des institutions religieuses telles la Conférence Nationale du Congo (CENCO) en collaboration avec l’Eglise du Christ au Congo (ECC) et récemment celles de l’Association des Conférences Episcopales de l’Afrique Centrale (ACEAC)
Monsieur le Secrétaire général,
Nous attendons de vous que vous preniez, à l’inverse de celui qui occupait vos fonctions en 1994, la mesure des périls qui menacent des populations civiles sans défense et dont le seul tort est d’être ce qu’elles sont : des Tutsi. Nous pensons qu’il est urgent de procéder à une analyse moins tendancieuse et étriquée de la situation du Kivu, préalable nécessaire à toute solution durable. Nous ne saurions trop insister sur le fait que la focalisation exclusive sur le M23 et le Rwanda est suspecte et encourage les discours venimeux chez les extrémistes de plus en plus hardis qui trouvent dans les médias sociaux un moyen efficace de populariser leur idéologie de haine.
Le génocide de 1994 au Rwanda est encore dans toutes les mémoires. L'ONU a certes présenté ses excuses aux victimes du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda mais tout porte à craindre que trente-deux ans plus tard elle se verra hélas contrainte de présenter ses excuses aux victimes du génocide perpétré contre les Tutsi au Congo.
Nous vous invitons à prendre vos responsabilités face aux menaces sur lesquelles nous avons tenu à attirer votre attention. Il n’en va pas seulement du destin des populations des Grands Lacs et de leur besoin de sécurité. Il en va aussi de la crédibilité des Nations Unies et de l’honneur de l’humanité.
Les signataires,
Voici la liste complète des signataires avec leurs noms, professions, villes et pays :
1. **Dr. Jean-Pierre Karegeye** - Director, Interdisciplinary Genocide Studies Center - Boston, USA
2. **Dr. Josias Samujanga** - Professor, University of Montreal - Montreal, Canada
3. **Gael Faye** - Singer, Writer, Prix Renaudot - Paris/Kigali, France/Rwanda
4. **Boubacar Boris Diop** - Writer, Neustadt International Prize for Literature in 2022 - Dakar, Senegal
5. **Dr. Vincent Duclert** - Historian, Senior Research Scientist, EHESS-CNRS - Paris, France
6. **Dr. Ali Chibani** - Writer and journalist - Paris, France
7. **Dr. Wajiha Raza Rizvi** - Senior Research & Policy Specialist, Educationalist, Filmmaker - Lahore, Pakistan
8. **Madeleine Mukamabano** - Journalist - Paris, France
9. **Dr. Karolyn M. Byerly** - Academic, researcher, activist, editor - Washington, USA
10. **Ms. Sumaira Latif** - Journalist DW-Urdu Service/Filmmaker - Lahore, Pakistan
11. **Mr. Khalid Hussain** - Cartoonist, Illustrator, Artist - Lahore, Pakistan
12. **Amadou Bator Dieng** - Engineer - Dakar, Senegal
13. **Djomo Clorore** - Engineer - Garches, France
14. **Jean-Paul Gaffiot** - Historian, Université Cheikh Anta Diop - Paris, France
15. **Dr. Abderahmane Ngayde** - Sociologist, City University of New York - Dakar, Senegal
16. **Jessica Mwiza** - Musician, Cineast - New York, Rwanda
17. **Macky Madiba Sylla** - Engineer - Switzerland
18. **Omar Fall** - Cineast - Paris, France
19. **Pape Altoune Dieng** - Painter, author of works of memory on the genocide against the Tutsi of Rwanda - Dakar, Senegal
20. **Bruce Clarke** - Professor, activist - Paris, France
21. **Dr. Juan Montero Gomez** - Professor of Literature - Spain
22. **Dr. Martin-Suarez** - MonAbelatca - Tenerife, Spain
23. **Mahrouka Gasmi** - Writer, genocide Survivor - Tunis, Tunisia
24. **Yolande Mukagasana** - Researcher in Critical Discourse and Conflict Analysis - Kigali, Rwanda
25. **Dr. Bojana Coulibaly** - Professor of Engineering, San Carlos University - Boston, USA
26. **Dr. Flor de Mayo Gonzalez** - Senior Lecturer, School of Law, University of Rwanda - Guatemala
27. **Dr. Alphonse Murefu** - École de journalisme - Kigali, Rwanda
28. **Dr. Adama Togola** - Research Specialist, Michigan State University - Bamako, Mali
29. **Dr. Jean Kayitsinga** - Development Consultant & Practitioner - East Lansing, USA
30. **Ms. Tahira Habib** - Resident Physician, Mobile Infirmary Hospital - Lahore, Pakistan
31. **Dr. Maryam Mohsin** - Sr. Educational Policy Advisor - Mobile, AL, USA
32. **Dr. Worku Negash** - Retired Professor, Alabama A & M University - Addis Ababa, Ethiopia
33. **Dr. Gatsinzi Basaninyenzi** - Artist - Alabama, USA
34. **Dalita Boitaud** - Visiting Faculty, Canadian University Dubai - Uzest, France
35. **Ms. Faiza Rafique** - Dubai, UAE
36. **Dr. Ambirish Saxena** - University of South Asia - Delhi, India
37. **Dr. Waseem Anwar** - Professor & Director, International Centre for Pakistani Writing in English, Kinnaird College for Women - Lahore, Pakistan
38. **Dr. Muhammad Zahid Bilal** - Associate Professor, Head, Department of Media & Communication Studies, University of Okara - Okara, Pakistan
39. **Dr. Taimoor Hassan** - Professor, University of Central Punjab - Lahore, Pakistan
40. **Dr. Eni Maryani** - Professor, Faculty of Communication Sciences, Universitas Padjadjaran - Bandung, Indonesia
41. **Dr. Veronica Yepez-Beyes** - Professor of Communication, Pontificia Universidad Católica del Ecuador - Quito, Ecuador
42. **Dr. Zara Masood** - Assistant Professor, Forman Christian College - Lahore, Pakistan
43. **Mr. Wasif Karim** - Telecommunication Industry / Sector - Islamabad, Pakistan
44. **Mahwa Aloys** - Researcher, Peace Ambassador and John Lewis Fellow - Goma, DRC
45. **Mr. Rehan Tayyab** - Criminologist - Faisalabad, Pakistan
46. **Tuza Oxygène** - Chercheur en géopolitique - Rotterdam, Pays-Bas
47. **Dominique Celis** - Autrice, écrivaine et professeur de philosophie - Kigali, Rwanda
48. **Dr. Marie-Josée Gicali** - Autrice - Montréal, Canada
49. **Aymeric Givord** - Membre du CPCR et du CA d’Ibuka France - Paris, France
50. **Romain Poncet** - Enseignant en histoire, membre d’Ibuka France - Paris, France
51. **Dr. Surafel Tilahun** - Professor and Head of the HPC and Big Data Analytics Centre of Excellence, Addis Ababa Science and Technology University - Addis Ababa, Ethiopia
52. **MPINGANZIMA-CATTIER Immaculée** - Fonctionnaire - France
53. **Jean-Claude Ngabonziza** - Journaliste - Gatineau, Canada
54. **Nkusi R.** - Developer (I.T.) - Bruxelles, Belgique
55. **Dr. Yoporkea Somet** - Professor, University of Technology - Nairobi, Kenya
56. **Dr. Samba Gadjigo** - Professor, Holyoke College - Massachusetts, USA
57. **Dr. Etienne Musonera** - Professor of Marketing, Mercer University, Atlanta - Atlanta, USA
58. **Immaculée Rukamba** - Retired - Brussels, Belgium
59. **Chantal Mutamuriza** - Human rights Defender - Geneva, Switzerland
60. **Dr. Hélène Dumas** - Historienne, spécialiste du génocide des Tutsi - Paris, France
61. **Innocent Muñozí** - Journaliste, directeur de la Radio TV Renaissance - Burundi
62. **Nestor Bidadanure** - Écrivain et philosophe - Burundi
63. **Dr. Waqas A. Khan** - Advisor (Forests), Minister of Education, Punjab - Changa Manga, Pakistan
64. **Dr. Jean-Berchmans Niakirutimana** - Associate Professor, Arts, Brock University - Saint Catherines, Canada
65. **Dr. Richard Ndayidgamiye** - Lecturer, Arts, Brock University - Saint Catherines, Canada
66. **Dr. Emmanuel Nkururizza** - Educator, researcher, activist, University of Calgary - Toronto, Canada
67. **Dr. Regine Uwibereyeho King** - Calgary, Canada
68. **Dr. Pierre Canisius Kamarzi** - Professor, Education, Université de Montréal - Montréal, Canada
69. **Dr. Nshimiyimana, Eugène** - Associate Professor, Arts, McMaster University - Hamilton, Canada
70. **Henri Boyi** - Senior Lecturer, Arts, Western University - London, Canada
71. **Christian C. Rukimbira, Ing** - Ingénieur de projets, WSP Canada inc. - Montréal, Canada
72. **Jose Brito** - Ancien Diplomate - Praia, Cap Vert
73. **Mr. Asad Khalid** - Artist, Designer, Arimatron Film - Lahore, Pakistan
74. **Dr. Jean B Niakirutimana** - Associate Professor, Brock University - St. Catharines, ON, Canada
75. **Thérèse GASENGAYIRE** - Assistante Sociale - Paris, France
76. **Dr. Aurelia Kalisky** - Researcher, Centre Marc Bloch, Berlin - Berlin, Germany
77. **Annick Kayitesi-Jozan** - Writer, Psychologist, Genocide Survivor - Paris, France
78. **Dr. Jean-Marie Vianney Rurangwa** - Novelist, playwright - Deventer, Netherlands
79. **Eric Perreault** - Fonctionnaire Gouv du Canada (retraité) - Gatineau, Canada
80. **Charles Butera** - Writer - Genocide survivor - Hamilton, Canada
81. **Richard Glasgara** - Lawyer - Paris, France
82. **Remy Kayibanda** - Logistics - Michigan, USA
83. **Stéphane Audoin-Rouzeau** - Historien et directeur d'études de l'EHESS - Paris, France
84. **Jacques Morel** - Writer - Paris, France
85. **Dr. Mahamadou Lamine Sagna** - Professor, Social Science & Policy Studies, Worcester Polytechnic Institute - Worcester, USA
86. **Henriette Mutegwaraba** - Writer, Genocide Survivor - Houston, USA
87. **Gerardine Umulisa** - Conflict Management Specialist/Canadian Federal Gov. Genocide survivor - Ottawa, Canada
88. **Dr. Etienne Musonera** - Professor of Marketing, Mercer University - Atlanta, Georgia, USA
89. **Jean-Luc Galabert** - Consultant en projet de développement - Nyamata, Rwanda
90. **Dr. Caesar Rowland Aperitik** - University of Calgary, AB, Canada - Calgary, Canada
91. **Norbert Munyarusisiro** - Expert in Community Development - Calgary, Canada
92. **Irais Fuentes Arzate** - Professor, National Autonomous University of Mexico - Mexico City, Mexico
93. **Mr. Diishad Rao** - Textile Designer, Researcher, Archivist, Academic - Lahore, Pakistan
94. **Dr. Andrew F. Rusatsi SJ** - Prof of Biblical Exegesis and Peace Studies - Nairobi - Juba, Kenya - South Sudan
95. **Joseph Uwagaba** - Adjunct Professor/ VUZA Poland - Warsaw, Poland
96. **Christian Musana** - Banker - Nienburg, Germany
97. **Dr. Suchismita Pattanaik** - Researcher and Policy Specialist - Bhubaneswar, India
98. **SAMBO Armel** - Professor, History, The University of Maroua - Maroua, Cameroon
99. **Célestin Essoh** - Consultant en informatique - Paris, France
100. **Katherine Hughes Fratesh** - Associate Director, Field Initiatives - Please ADD, Please ADD
101. **Placide TUYUMVIRE** - Please ADD, Please ADD
102. **Bruno Gouleux** - Consultant - Kigali, Rwanda
103. **MUGENZI PATRICK** - Senior Economist, Central Bank - Kigali, Rwanda
104. **Jeanine Munyeshuli** - Economist - Geneva, Switzerland
105. **Aline Muhongayire** - Accountant - Calgary, Canada
106. **Dr. Virginie Brinker** - Enseignante-Chercheure, Université Bourgogne - Dijon, France
107. **Mr. M. Farooq** - Television Producer - Lahore, Pakistan
108. **Mr. Raza Ahmed** - Freelance Journalist - Lahore, Pakistan
109. **Ms. Asma Omar** - Freelance Journalist - Lahore, Pakistan
110. **DABIRE Soviet Aristide** - Attaché d'administration scolaire et universitaire - Dano, Burkina Faso
111. **Dr. Wandia NJOYA** - Associate professor, Daystar University - Nairobi, Kenya
112. **Antoine Mugesera** - Écrivain, Ex-Président de Tiouka, Ex-sénateur - Kigali, Rwanda
113. **Sheba Hakiza** - Treasurer, USRCA, President Pinnacle Planning Associates LLC - Maryland, USA
114. **Emmanuel Ganza** - Senior Pastor Of the House of Grace Church - New York, USA
115. **Rebecca Kalissa** - Educator - Boston, USA
116. **Tom Nataliro** - Advisor and Researcher in Interdisciplinary Genocide Studies Center - Kigali, Rwanda
117. **Alba Purroy** - Peace & Development Consultant / Gender Perspective - Caracas, Venezuela
118. **Racheal Nikuze** - Health Policy & Advocacy - Boston, USA
119. **Dr. BUCAGU Maurice** - Medical Doctor - Please ADD, Please ADD
120. **Mary Balikungeri** - Peace and Development - Please ADD, Please ADD
121. **Claire Rwiyereka** - Health Development & Performance - Kigali, Rwanda
122. **Sandrine Ricci** - Chercheuse et chargée de cours (Université du Québec à Montréal) - Montréal, Canada
123. **Delice Kumbuka** - Please ADD, Please ADD
124. **Antoine Rudasigwa** - Please ADD, Senegal
125. **Esperance Nasezero** - Please ADD, Please ADD
126. **Yehoyada Mbangukira** - Président de la communauté mandalée des États-Unis - California, USA
127. **Jean Baptiste Sibomana** - Business analyst - Johnston, USA
128. **Dirk Deprez** - Lawyer - Brussels, Belgium
129. **Lucas Perla** - Sociologist, professor - Bogotá, Colombia
130. **Donatha Musanabagamwa** - Please ADD, Bondurant, USA
131. **Jacqueline Uwamwiza** - Economist - Dakar, Senegal
132. **Philominna Uwamaliya Thiam** - Pédiatre - Dakar, Senegal
133. **Alexia Nitsuti Muhtre** - Economist - Londres, UK
134. **Yasmine Thiam** - Account - Dakar, Senegal
135. **Andrew Gombaniro** - Economist - Please ADD, Please ADD
136. **Dr. Carlos F.O. Graeff** - Professor, Materials Science, Universidade Estadual Paulista - Bauru, Brazil
137. **Habib Thiam** - Environnementaliste - Dakar, Senegal
138. **MUKANSONERA PASCASIE** - Anthropologue - Kigali, Rwanda
139. **Alhanase Karayenga** - Journaliste Burundais - Cluny, France
140. **Illuminée Mukantaganzwa** - Economist - Dakar, Senegal
141. **Kabano S. Isabelle** - Artiste - Comédienne Rwanda - Kigali, Rwanda
142. **Enrique Pelaez** - Demographer - Cordoba, Argentina
143. **Esperance Nasezerano** - Congolese Living abroad, Sud-Kivu native, A Manzanafenge survivor of the Gaturnia refugee camp genocide - Atlanta, USA
144. **Charles Domingue** - Cinéaste - Saint-Hilaire, Canada
145. **Innocent Niezhyayo** - Avocat et coordinateur du collectif des avocats et de victimes Banyamulenge, Hema et Tutsi du Nord Kivu - Hull, UK
146. **Odette Rwubuzizi** - Présidente Isoko Canada (Ass. des congolais d'ethnie Tutsi) - Toutes les provinces, Canada
147. **Rosine Gasirabo** - Retired - Obidos, Born Sucesso, Portugal
148. **Theophile Rwigimba** - Enseignant - Milton, Canada
149. **Patrick Ndahiriwe** - Coordinator - DRC Refugee Return Initiative (Organisation Sans but lucratif - Canada Office) - Ottawa, Canada
150. **DRC Refugee Return Initiative** - Organisation Sans but lucratif - USA Office - Washington, USA
151. **Noelline Mugisha** - Aide enseignante - Hamilton, Canada
152. **Dr. Jean Kamanzi** - Consultant, FAO - Gatineau, Canada
153. **Georges Ruàgengwa** - Real Estates Manager - Kigali, Rwanda
154. **Dr. Jean Bosco SHEMA** - Enseignant - Huye, Rwanda
155. **Musinga Bandora** - Ambassador (retired) - Dar es Salaam, Tanzania
156. **Pierre Canisius Kamanzi** - Professor, University of Montreal - Montreal, Canada
157. **Jackson Mukiza K.** - Librarian - Please ADD, Please ADD
158. **Olivier Byabagabo (PhD Cand)** - Coordinator of Legacy of Peace Impact - Bulare, Rwanda
159. **Muhvara Bachoba Joseph** - Misericorde ASBL - Sydney, Australie
160. **Barra Hart** - Author, Musician, Pan-Africanist - Abuja, Nigeria
161. **Jeanine Imtura** - Student at Northwest University - Washington State, USA
162. **Patrick Mbonyimtura** - Economist - Kigali, Rwanda
163. **Patrick Seminungu** - Accountant - Washington State, USA
164. **Jules Sebahizi Makura (PhD candidate)** - Governance expert and consultant - Please ADD, Please ADD
165. **BAHATI RUZIBIZA DANIEL** - Civil Aviation Engineer/ATM/Air Traffic Management) - Maine State, USA
166. **Cecil Halkey** - Civil Society Organisation/ Never Again Rwanda - Kigali, Rwanda
167. **Deo MUVUNYI** - Engineer - Kigali, Rwanda
168. **Peter MUJUI** - HR Personnel - Kigali, Rwanda
169. **Dr. Bucagu Maurice** - Medical Doctor - Please ADD, Please ADD
170. **Matabishi Lyjane** - Artist - Torino, Italy
171. **Musoni Oswald** - Catholic Priest Diocese of Goma /DRC - Goma, DRC
172. **NKAKA Jean** - Civil society - Kigali, Rwanda
173. **James Kiru Korneroj** - Community Development Specialist at Community Good Inc. - Port Moresby, Papua New174. NKAKA Jean - Société civile - Kigali - Rwanda
175. James Kinu Komengi - Spécialiste en développement communautaire chez Community Good Inc. - Port Moresby - Papouasie-Nouvelle-Guinée
176. Dr. Bibhuranjan Nayak - Scientifique en chef - Bhubaneswar - Inde
177. Amit Ratanlal Matta - Banquier - Mumbai - Inde
178. Mr. Jack-Abby - Coordonnateur humanitaire - [Ville non précisée] - [Pays non précisé]
179. Dr AKERE Orimisan - Opérateur d'entreprise - Lagos - Nigeria
180. Nathan Mwesigye Byamukama - Chercheur - Kampala - Ouganda
182. Aline Mwamikazi - [Informations manquantes]
183. Dr. Reyna Avila - Pharmacienne - Mexico City - Mexique
184. Dr. Jessie Heather - Médecin - Roseau - Dominique
185. Abg.Edward Ramos - Avocat - Caracas - Venezuela
186. Abg. Reinaldo Ramos - Avocat - Caracas - Venezuela
187. Abg.Eleades Magaly Cedres - Avocat - Caracas - Venezuela
188. Abg. Karina Peña - Avocate - Caracas - Venezuela
189. Amit Matta - Chef d'entreprise - Pune - Inde
190. Philippe Rwinkusi - Comptabilité - Washington - USA
191. Dr. Serigne Sèye - Enseignant-Chercheur, Université Cheikh Anta Diop - Dakar - Sénégal
192. Dr. Sébastien Caquard - Professeur, Université Concordia (Canada) - Montréal - Canada
193. Steven Karake - Professeur d'économie - Vancouver - Canada
194. Dr Benjamin Franklin - Consultant à Water for people - Vancouver - Canada
195. AIsha Dème - Consultante projets culturels, auteure, curatrice indépendante - Dakar - Sénégal
196. Dr. Aloys Tegera Buseyi - Anthropologue - Goma - RD Congo
197. Dr. Abdarajmane Ngaidé - Historien, Université de Cheikh Anta Diop - Dakar - Sénégal
198. Esther Mujawayo - Écrivaine, Traumathérapeute - Essen - Allemagne
199. Catalina Sagarra - Professeure associée, éditrice du journal électronique GenObs - Peterborough - Canada
200. Prof Felicien Karege - Professeur émérite, Université du Rwanda - Kigali - Rwanda
201. Kazinguvu Ruboneka - Président du collectif des communautés Banyamulenge/ Gakondo - Edmonton - Canada
202. Dr. Rangira Béa Gallimore - Professeure émérite - Columbia, Mo - USA
203. Teddy Mazina - Photographe, Artiste - Bruxelles - Belgique
204. Manirarora Annoncee - Ancien membre du Parlement du Rwanda - Kigali - Rwanda
205. Philippe Olle-Laprune - Éditeur écrivain - Mexico city - Mexique
206. Dr. Aimable Twagilimana - Professeur distingué, Buffalo State University SUNY - Buffalo - USA
207. Dr Jean Mukimbiri - Médiateur - [Ville non précisée] - [Pays non précisé]
208. Musoni Damas - Fonctionnaire public et activiste des droits de l'homme - Kigali - Rwanda
209. Evode Kalima - Ancien membre du Parlement et consultant de la société civile - Huye - Rwanda
210. Adélaïde Mukantabana - Écrivaine, survivante du génocide - Dordogne - France
211. Mr. Eric Nsengumukiza - Théologien - Vienne - Autriche
212. Sylvie Amizero - Ressources humaines - Ottawa - Canada
213. Claude Ndahiriwe - Journaliste - Kigali - Rwanda
214. Théophila Nyirahonora - [Profession non précisée] - Kigali - Rwanda
215. Prof. Charles Murigande - Fonctionnaire civil à la retraite - Kigali - Rwanda
216. Mukarumongi Dafroza - Ingénieure retraitée/Co-fondatrice CPCR - Reims - France
217. Alain Gauthier - Président CPCR - Reims - France
218. Murigande Jacques Mighty Popo - Directeur principal, Rwanda School of Creative Arts and Music - Kigali - Rwanda
219. Amadou Bator Dieng - Journaliste, fondateur du site Kirinapost - Dakar - Sénégal
220. Agnès Gumira - Retraitée des Nations Unies - Dakar - Sénégal
221. Denyse Gashugi - Sociologue - Dakar - Sénégal
222. Safari Philemon - Économiste - Kigali - Rwanda
223. Dr. Vincent Rusanganwa - Chercheur, Université d'Umeå - Umeå - Suède
224. Dr Rene BEYNIS - Médecin - Dakar - Sénégal
225. Edith Joyce Beynis - Juriste - Dakar - Sénégal
226. Uwamaliya Condo - Historien/Éducateur - Anvers - Belgique
227. Kalisa Callixte - [Informations manquantes]
228. François MURASHI - Expert en aviation - Dakar - Sénégal
229. Dr Innocent NIZEYIMANA - Bioinformaticien - Dakar - Sénégal
230. Espérance Brossard - Comptable - Niort - France
231. JeanPaul Brossard - Retraité - Niort - France
232. Ndoli Didas - Expert en télécommunications - Kigali - Rwanda
233. Theobald Habiyaremye - Fonctionnaire civil et survivant du génocide - Kigali - Rwanda
234. UWASE BUKURU Christiane - Sociologue - Kigali - Rwanda
235. Dr. Kenedid Hassan - Sociologue - Hargeisa - Somaliland
236. Clementine Murekatete - Consultante en affaires - Kigali - Rwanda
237. Eugène Gumira - Artiste plasticien - Montréal - Canada
238. Charles Mugiraneza - Retraité - Terrebonne - Canada
239. Ngarambe J.D - Résident - Sacramento - USA
240. Nsinga Buki Longin - Trader - Kigali - Rwanda
241. Enrique Teran - Professeur de médecine/Chercheur biomédical - Quito - Équateur
242. Kabano Niwese Sophie - Avocate - Kigali - Rwanda
243. Olivier Uwineza Bahizi - Professionnel de l'information en bibliothèque et archives - Michigan - USA
244. Safari Munyarugendo - Président ISOKO USA - Nashville - USA
245. Kenny Nkundwa - Artiste - Montréal - Canada
246. Hamama Tul Bushra - Artiste, Designer - Olathe - USA
247. Idra Rwafonyo Muhire - Membre Isoko USA - Kentucky - USA
248. Arsene Rutaganya - Membre Isoko Canada - Edmonton - Canada
249. Marie Vandenabeele - Financier - Huy - Belgique
250. Pr Ndayizeye Longin - Spécialiste en santé publique - Kigali - Rwanda
251. Pr Ndayizeye Longin - Ancien membre du Parlement et pharmacien - Kigali - Rwanda
252. Antoine Somayire - [Informations manquantes] - Kigali - Rwanda
253. Emmanuel Nzitatira - Fonctionnaire civil retraité - Kigali - Rwanda
254. Georges Kaneza - Membre Isoko Europe - Halle - Belgique
255. Gilbert RWAMPUNGU GUMIRA - [Informations manquantes]
256. Dr Liberata Gahongayire - Historienne - Kigali - Rwanda
257. Dr Charles Muhizi - Enseignant - Huye - Rwanda
258. Dr. Nima Jerrit John - Professeur associé - Mumbai - Inde
259. NSENGIMANA Jason - Retraité - Kigali - Rwanda
260. Amb.Valens MUNYABAGISHA - Diplomate à la retraite et ancien sénateur, consultant indépendant - Kigali - Rwanda
261. Dr Muhakanyi NSANZE - Psychiatre - Waterloo - Belgique
262. Bahati william - Homme d'affaires - Kigali - Rwanda
263. Dr Munyakayanza Jean Francois - Historien, Président de l'Association du personnel universitaire retraité (RUSA) - Kigali - Rwanda
264. Arunima Mukherjee - Éducatrice - [Ville non précisée] - Inde
265. Shubham Mishra - Académique, chercheur - Delhi - Inde
266. Kate Ramil - Militante pour la paix durable - Manille - Philippines
267. Constantin Muco - REAP - Kigali - Rwanda
268. Charles Karangwa - Consultant en recherche - Kigali - Rwanda
269. Adut Lillian - Étudiante - Ifrane - Maroc
270. Amb. Dr. François X Ngarambe - Ancien ambassadeur du Rwanda - Kigali - Rwanda
271. Imani Smith - Étudiante - Austin - USA
272. Dr Jean Claude - Médecin - Kigali - Rwanda
273. Dr. David Kamugundu - Médecin/Médecin-conseil en santé publique - Kigali - Rwanda
274. Dr. Hannah Mweru Mugambi - Professeure d'anglais et de littérature, Université Akhawayn - Ifrane - Maroc
275. Nsengiyumva Yvan Christian - Ingénieur mécanicien - Kigali - Rwanda
276. Rev. Karen Thomas Smith - Aumônier, Université Akhawayn, Présidente de l'Église évangélique au Maroc - Ifrane - Maroc
277. Valens Shyirambere - Écrivain - Kigali - Rwanda
278. Dr Ritwik Ghosh - Éducateur, praticien - Delhi - Inde
279. Nyirashema Claire - Infirmière retraitée - Bruxelles - Belgique
280. Adele Kibasumba - Fondatrice, Amahoro Peace Association - New York - USA
281. Me. Gatete Nyiringabo R. - Chercheur principal, Institut d'analyse et de recherche sur les politiques (IPAR) - Kigali - Rwanda
282. Ndayambaje Theogene - Fonctionnaire civil - Kigali - Rwanda
283. Fred Mufulukye - Analyste politique - Kigali - Rwanda
284. Yrsa Rustman - Étudiante en paix et développement - Uppsala - Suède
285. Michael Egan - Historien, Université McMaster - Hamilton - Canada
286. Emmanuel Mungwarakarama - RCA Montréal - Québec - Canada
287. Nipunika Sarkar - Éducatrice - Delhi - Inde
288. Pacifique Nyaminege - Université d'État de Dakota du Nord - DAKOTA - USA
289. Mr.Gentil Misigaro - Artiste et militant - Calgary - Canada
290. Ishimwe Clement - Producteur de musique - Kigali - Rwanda
291. Ally Soudy Uwizeye - Journaliste - Seattle - USA
292. Toussaint Ruboneka - Management - Kigali - Rwanda
293. Ashish Chatterjee - Éducateur (Médias) - Delhi - Inde
294. Tultul Chatterjee - Académique, chercheur, Musique classique - Delhi - Inde
295. Musicworx - Musique, Médias - [Ville non précisée] - Inde
296. Nel ngabo - Artiste/Musicien - Kigali - Rwanda
297. Dr Mugisha Stephen - Homme d'affaires - Kigali - Rwanda
298. Willy Gakunzi - Auteur, Expert en matière de risques et de rapports réglementaires - Toronto - Canada
299. Ignace MUSANGAMFURA - Secteur privé - Kigali - Rwanda
300. Serge Mushinzimana - Président RCA Ottawa-Gatineau - Ottawa - Canada
301. Didier Kayumba - Membre, RCA Ottawa-Gatineau - Ottawa - Canada
302. Mugisi Jean Claude - Informaticien - Kigali - Rwanda
303. Nsabimana Benjamin - Auteur - Kigali - Rwanda
304. Elvis Ruhanama - Journaliste - [Ville non précisée] - [Pays non précisé]
305. Dr. Wolfgang Reinhardt - Chercheur sur le génocide, conférencier, militant pour les survivants du génocide, pasteur et enseignant retraité - Kassel - Allemagne
306. Emmanuel Nyirimana - Spécialiste en informatique - Kigali - Rwanda
307. Dr Dan KARASIRA TUMUSIIME - [Profession non précisée] - Kigali - Rwanda
308. Rureshya Zawadi - Spécialiste en informatique - Maine USA - USA
309. NIZEYIMBABAZI Jean de Dieu - Directeur de l'unité Agriculture et Ressources naturelles [MSc] - District de BURERA - Rwanda
310. Nassira Munyabuliza - Divertissement - Oregon - USA
311. Adrien Misigaro - Artiste/Musicien - Washington - USA
312. Gashugi Rachel - Banquière - Metz - France
313. Thérèse Gumira - Retraitée - Genève - Suisse
314. Devota Gacendeli - Survivante du génocide - Kigali - Rwanda
315. Kaneza Patrick - Chef de la communauté abanyamulenge/Montréal - Montréal - Canada
316. Samuel Ntakirutimana - Ingénieur/Ind.M Formateur professionnel - Hannover - Allemagne
317. Innocent Mumararungu - Militant des droits de l'homme et humanitaire - Niamey - Niger
318. Liliane Iradukunda - Infirmière clinicienne - Montréal - Canada
319. Dr. Tim Gallimore - Ancien porte-parole du Procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) - Missouri - USA
320. Mberakurora Olivier - Avocat - Kigali - Rwanda
321. Clément KARANGIRA - Secteur privé - Kigali - Rwanda
322. UMUGIRANEZA Alain Fred - Artiste - Kigali - Rwanda
323. BISENGIMANA Charles - Officier des douanes - KIGALI - Rwanda
324. ESPOIR MUGUNGA - Pasteur - Edmonton - Canada
325. Carine Umutesi - [Informations manquantes]
326. Tom NDAYISHIMIYE - Étudiant en études globales et internationales à l'Université d'Indiana Indianapolis - Indiana - USA
327. Rachel Kirenga - KryptoVision - Los Angeles - USA
328. Diana Mwizerwa - [Profession non précisée] - Boston - USA
329. Monica kirenga - LACCD - LOS ANGELES - USA
330. Gicondo Ananias - Chercheur - Kigali - Rwanda
331. Dr. Sarvesh Dutt Tripathi - Éducation aux médias - Delhi - Inde
332. Erik Griswold - Étudiant en informatique et philosophie - Houston - USA
333. Jean-François Cahay - Ingénieur - Bruxelles - Belgique
334. Alain Kagabo Mitali - Spécialiste en informatique - North Bethesda - USA
335. Jimmy Makuza - Communauté Igisabo Minembwe - Ontario - Canada
336. Dushime R. Innocent - Juriste - Kigali - Rwanda
337. Dr. Nima Jerrit John - Professeur associé - Mumbai - Inde
338. Marcel Kabanda - Historien - Paris - France
339. Adolphe Musafiri - Ingénieur en fabrication - Washington DC - USA
340. AMANI BIRASA Raphael - Étudiant en droit international à l'Université de Wuhan - Wuhan/Chine - République populaire de Chine
341. Jean-Damascene Gasanabo - Chercheur - Sciences sociales - New York - USA
342. Dr. Alphonse Kayiranga - Professeur associé et chercheur à l'Académie chinoise des sciences - Wulumqi - République populaire de Chine
343. PhD Jean-Claude Aimé Kumuyange - Chercheur UQAM - Montréal - Canada
344. Michael Rurangwa Yohana - Militant environnemental - Bujumbura - Burundi
345. Marie Rwagasana - Retraitée - San Francisco - USA
347. Jean François Dupaquier - Écrivain - Paris - France
348. Immaculée Sinvura - [Profession non précisée] - Ottawa - Canada
349. Jean-Pierre Chretien - Historien - Bordeaux - France
350. Patricia Bandora - Architecte/Chercheuse - Daressalaam - Tanzanie
351. Dr. NSENGIYUMVA Emmanuel - Professeur de langues à l'Institut Catholique de Kabgayi - Kabgayi - Rwanda
352. Emmanuel NKUSI - Société civile - Kigali - Rwanda
353. Munyengabe Tharcisse - Étudiant en droit (ILPD) - Kigali - Rwanda
354. Dr Merard Mpabwanamaguru - Consultant en planification urbaine, enseignant universitaire et chercheur - Kigali - Rwanda
355. Solange Uwamahoro - Infirmière - Kigali - Rwanda
356. Dr Alain Destexhe, MD - Essayiste, ancien sénateur - Bruxelles - Belgique
357. Dr. Margee Ensign Présidente de l'Université américaine de Bulgarie - Blagoevgrad - Bulgarie
358. Laure de Vulpian - Journaliste - Auray - France
359. Dusabe Jean Marie Vianney - Homme d'affaires - Kigali - Rwanda
360. Mikky Moustapha - Économiste en finance et développement - Houston - USA
361. James NTAYOMBA - Doctorant/Chercheur - Nanjing - RPC
362. Enat Terefe - Infirmière - Beyrouth - Liban
363. CHANCE Pascal - Doctorant/Personnel de l'Institut polytechnique du Rwanda - Pékin - Chine
364. Alexia Mukazi - Retraitée, famille de victimes du génocide des Tutsi au Rwanda - Nyon - Suisse
365. Muringa Ndatabaye Félix - Indépendant - Kigali - Rwanda
366. Mugisha John Spencer - Finance Rwandair ltd - Kigali - Rwanda
367. Professor Nicki Hitchcott - Professeure de français et d'études africaines, Université de St Andrews - St Andrews - Écosse
368. Ina Van Looy - Directrice du Centre d'éducation à la citoyenneté du CCLJ - Bruxelles - Belgique
369. Dr Jacques Kiruhura - Médecin et résident en obstétrique et gynécologie - Kigali - Rwanda
370. Manirarora Annoncee - Ancien membre du Parlement du Rwanda - Kigali - Rwanda
371. John Kagarama - Développement commercial et services de conseil/BDF - Kigali - Rwanda
372. Dr Nkaka Raphael - Professeur associé d'histoire, Université du Rwanda - Huye - Rwanda
373. John Kanimba - Travailleur social - Edmonton - Canada
374. Dre Jacinthe Samuelson - Psychologue - Montréal - Canada
375. Félicité Lyamukuru - Survivante du génocide des Tutsi 1994, auteure de "L'Ouragan a frappé Nyundo", militante pour la transmission de la mémoire des victimes de génocide et l'éducation - Bruxelles - Belgique
376. Dr. Liza Lorenzetti - Professeure adjointe en travail social - Calgary - Canada
377. Dr. Manasvi Maheshwari - Enseignement supérieur - Études médiatiques - Delhi - Inde
378. Dr Manmeet Kaur - Professeure (Communication) - Delhi - Inde
379. Dr Pramod Pandey - Éducateur, DME - Delhi - Inde
380. Dr. Susmita Bala - Académique, chercheuse, médias et communication - Delhi - Inde
381. Prince Shadwal - Réalisateur, scénariste, producteur - Fiction/Documentaire Monteur et superviseur post-production - Mumbai - Inde
382. Ayushi Singh - Académique, chercheuse - Delhi - Inde
383. Ndagijimana Jean Baptiste - Enseignant retraité - Gisagara - Rwanda
384. Sylvine Umuhire - Analyste financière - Edmonton - Canada
385. Aaron Ledoux - Indépendant - Edmonton - Canada
386. Nshimiyimana Dawidi - Mécanicien - Byumba - Rwanda
387. Manzi Jacques Mutimura - [Profession non précisée] - Shawinigan - Canada
388. Dr. Charles M. Rutonesha - Avocat et consultant - Columbus, Ohio - USA
389. Victor Biakweli - Société civile Québec - [Ville non précisée] - Canada?
390. Umugwaneza Laetitia - Spécialiste en informatique - Kigali - Rwanda
391. Musabyimana Pierre Damien - Enseignant à l'Institut Catholique de Kabgayi - Kabgayi - Rwanda
392. Gerhard Reuther - Pasteur et responsable d'un projet éducatif au Rwanda - Ruhla - Allemagne
393. Kotek Joël - Professeur émérite des universités - Bruxelles - Belgique
394. Butera Fidele - Prothésiste et orthésiste à l'Hôpital orthopédique et spécialisé de Rilima - Kigali - Rwanda
395. NGARAMBE Sylvestre - Enseignant à l'Université de technologie et d'arts de Byumba - Byumba - Rwanda
396. Dr. Gasana Sebastien - Enseignant/Université de technologie et d'arts de Byumba - Kigali - Rwanda
397. Ntirurambirwa Damien - Indépendant - Huye - Rwanda
398. Nyamaswa Francois - [Informations manquantes] - Gisagara - Rwanda
399. Kazinierakis Alain - Professeur de photographie - Photographe - Bruxelles - Belgique
400. King NGABO - Artiste, chercheur et fondateur-directeur du Musée Ingabo - Kigali - Rwanda
401. Mr. Ganza K. Bertin - Écrivain panafricain et fondateur d'A.F.F.L.A.T.U.S - Kigali - Rwanda
402. NGABONZIZA Emmy - Consultant en finance et gestion - Kigali - Rwanda
403. Mukarubayiza Beatrice - Notaire privé - Dakar - Rwanda
404. Juliana Bidadanure - Professeure associée à l'Université de New York - New York - USA
405. Muzana Alice - Membre du Parlement du Rwanda - Kigali - Rwanda
406. Sebera Nyunga Antoine - Notaire privé-médiateur - [Ville non précisée] - [Pays non précisé]
407. Ben Arrous Michel - Géographe - Jérusalem/Bordeaux - Israël/France
408. Rose Gakumba - Responsable de la performance - Lexington, Kentucky - USA
409. Eric Karengera - Producteur créatif - fondateur du réseau musical afro-européen AFROGROOV - Kigali - Rwanda
410. Dr Christian Beynis - Professeur assistant en mathématiques/physique, Université Iona - New York - USA
411. Mvano jean Baptiste - Avocat - [Ville non précisée] - [Pays non précisé]
par Jean Pierre Corréa
NDEER EN ACTIONS, POUR QUE LE 8 MARS NE SOIT PAS UNE FOLKLORIQUE SAINT VALENTIN
Il serait temps que l’on parle d’autre chose que de parité et d’égalité, et qu’on exige enfin du respect pour ce genre qui est avant tout celui de nos mères, de nos sœurs et de nos filles
Il est à redouter qu’encore cette année, le 8 mars soit une nouvelle fois une occasion ratée de remettre au milieu du village, la problématique récurrente des « Droits de la Femme », que l’on se plaît à célébrer au Sénégal sous le vocable forcément réducteur de « Journée de la Femme », fêtée avec le folklore qui sied aux traditionnelles gaudrioles avec lesquelles nous savons si bien dérouler notre sens aiguisé du futile et du vaporeux. Même sous des auspices proclamés de « Ruptures », nous n’échapperons pas aux cérémonies bruyantes et dissipées durant lesquelles des femmes de toutes organisations, drivées par le convenu et inévitable ministère de la Femme, sapées dans un dress-code grégaire et désuet, vont faire assaut des discours habituels vantant et relatant d’exceptionnels parcours de femmes, qui servent d’arbres à cacher la forêt dense qui enveloppe les tourments et les drames que vivent souvent la majorité d’entre elles.
Dans l’expression de mon métier, je plante ça et là, quelques « marronniers », et le 8 mars en fait partie, sauf qu’il me semble plus pertinent de proclamer mon amour pour les femmes, la veille, c’est-à-dire le 7 mars, date qui depuis 2015 marque Talaatay Ndeer, référence à la dignité conquise de haute lutte par ces femmes qui ont illuminé le sens aigu de la rébellion des Sénégalais, et que l’Association Ndeer en Actions a choisi pour célébrer les Femmes, en pointant ces faiblesses sociétales, qui comme des « cailloux dans nos babouches », nous empêchent d’avancer avec hardiesse et élégance sur les chemins qui balisent nos aspirations égalitaires.
Les engagements intelligents et dynamiques ayant pour vertus de s’agréger, la directrice du laboratoire genre de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), le professeur Fatou Sow Sarr diffuse cette conviction et accentue le plaidoyer pour l’intégration dans le calendrier républicain de la date du 7 mars pour célébrer la journée de la femme sénégalaise. Si la date du 8 mars est retenue, depuis 1977, à l’échelle internationale, en référence à la lutte des femmes ouvrières, elle estime « qu’il est temps pour le Sénégal de célébrer ces « Linguères » qui se sont immolées le 7 mars 1820 pour sauver l’honneur de leur patrie, et de consacrer la date du 7 mars au temps de la réflexion pour revisiter l’histoire des femmes de Talaatay Ndeer et faire du 8 mars un moment des festivités. Il est vrai que le brouhaha des tamas peut ne pas être propice à l’expression porteuse de changements audacieux et…urgents.
Hom-Deff : cela ne s’invente pas !
Loin des célébrations festives organisées par toutes sortes d’associations et groupements féminins, souvent issus d’entreprises ou d’institutions, cette date du 7 mars est épinglée dans le calendrier national par une association dénommée Ndeer en Actions, au sein de laquelle, c’est à souligner, des hommes et des femmes défendent, animés par leurs convictions, les principes qui sous-tendent la quête d’un certain égalitarisme entre hommes et femmes pour faire rimer femmes et démocratie. C’est d’ailleurs une singulière particularité de Ndeer en Actions, que d’accueillir en son sein l’Association des Hommes pour la Défense des Droits des Femmes et des Filles, Hom-Deff, comme pour dire « l’homme fait », ça ne s’invente pas, tout en décernant des « Diplômes de Reconnaissance » chaque année à des hommes qui ont par leurs actes, contribué à faire avancer la cause des femmes et des jeunes filles.
Mame Binta Cissé incarne dans un enthousiasme entraînant Ndeer en Actions. MBC est politique, d’essence et de nature. Parce que son environnement a toujours été politique, dans son sens premier et le plus noble, celui rattaché à la racine « polis » qui évoque la cité et donc ses citoyens.
Mame Binta Cissé est conquérante, au sens où elle aborde les problématiques qui lui tiennent à cœur, avec le goût du combat, et l’objectif de la victoire, à travers les résolutions des problèmes.
Les cercles de femmes, n’ont plus de secrets pour cette dame de Rufisque qui a toujours mis un point d'honneur à participer ou organiser la journée internationale des femmes, créant en outre l'association « Ndeer en actions » en 2015, avec pour mission de faire du 7 mars une journée nationale des femmes commémorant Talaatay Ndeer.
En 2022, les réflexions portaient sur le comportement que devraient avoir les jeunes filles en milieu scolaire sur internet pour éviter les dérives et promouvoir l’égalité, en 2024 sur le rôle des hommes dans l’émancipation des jeunes filles et l’autonomisation des femmes en milieu urbain.
La session de réflexion de 2025, inspirée du principe qu’il faut « continuer le début et que ce n’est qu’un combat », proposait en ce mois de Ramadan un thème d’une grande acuité : « Femmes et Islam. Quelles réformes pour le Code de la Famille ? ».
Qu’il se soit agi de Madame Sophie Cissé, modératrice, ou d’Alassane Niang, spécialiste en Charia et législation islamique, ou d’El Hadj Mbaye Bassine, Imam de la Mosquée de Keury Souf, tous ont évoqué la Sacralité de la Femme en Islam, et précisé sa place de choix, que certains ont choisi justement de ne pas voir… Il est vrai que notre particularité, réside dans le fait que les Sénégalais, souvent, ne comprennent pas…ce qu’ils savent.
Les acquis ne sont jamais définitifs et requièrent pour être pérennes, vigilance, sagacité et…convictions citoyennes.
Alors, que ce soit le 7 ou le 8 mars, ce qui est en jeu n’a rien à voir avec « la Fête des Femmes », mais avec « Le Droit des Femmes », lequel dans ce monde où le masculinisme à la Trump et à la Poutine pousse à chahuter certaines avancées acquises de haute lutte, nécessite vision, élégance, combativité et convictions.
Des activistes et universitaires appellent à la révision du code de la famille au Sénégal. Il semble exister une unanimité sur la nécessité de réformer le code de la famille. Mais conservateurs et progressistes ne s'entendent pas sur comment réformer ni sur quoi réformer. Selon le présent code de la famille au Sénégal, qui a pris un peu de poussières, seul un homme peut être reconnu comme chef de famille, décidant de quasiment tout. De l'endroit où vit la famille, à comment ou quand établir des documents administratifs à ses enfants, l'homme est le chef suprême de la famille. Ces réticences racontent quelque chose qui ressemble à une forme de régression.
« Touches pas à mon voile » !
La plateforme nationale des femmes musulmanes "Ndeyi Askann Wi" a pris des positions fermes contre l’agenda du genre et les politiques qu’elles jugent contraires aux valeurs traditionnelles sénégalaises.
Face à ce qu’elles considèrent comme une « propagande déguisée », alternant les termes « violences faites aux femmes » et « violences basées sur le genre », les membres de la plateforme dénoncent une tentative de normalisation des idéologies qu’elles rejettent. Selon elles, ces concepts sont utilisés de manière intentionnelle pour créer des amalgames et faire passer des idées contraires aux normes morales et religieuses du Sénégal.
« Nous refusons la féminisation de la famille », ont-elles déclaré, rappelant que pour elles, la quintessence de la cellule familiale réside dans l’union entre un homme et une femme, conformément aux valeurs islamiques et humaines universelles.
La ministre de la Famille et des Solidarités a été directement interpellée, à la limite de la menace : « Si vous choisissez l’agenda du genre, nous n’hésiterons pas à vous faire face ».
C’est la grande force du patriarcat et de notre société sexiste, qui est de réussir à diviser l’humanité en deux moitiés, puis de morceler l’une des deux moitiés en plein de petits groupes pour être sûr que les choses ne changent pas. Diviser pour mieux régner, en somme, et cibler l’influence des lobbies féministes et des organisations internationales, accusées d’imposer des idéologies étrangères au Sénégal.
Chronique du viol ordinaire
S’il existe un domaine où il est plus indiqué d’être de Ndeer du 7 mars, plutôt que de la bamboula du 8 mars, c’est assurément celui du grand danger, et du grand mépris que notre société sexiste et patriarcale destine et inflige à nos jeunes filles, nos très jeunes filles, violées dans une indifférence coupable, par des tontons, des « édukateurs » ou des précepteurs religieux, sans véritables châtiments, malgré l’adoption de la loi criminalisant le viol et la pédophilie. Malgré ces mesures draconiennes, les viols, les uns plus odieux que les autres, font légion dans le pays.
L'Association des juristes sénégalaises (AJS) rapporte que "sur 331 victimes de viol recensées en 2022, 43% avaient entre 4 et 14 ans". Plus inquiétant encore, selon un rapport de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) cité par le journal du soir, le Centre de guidance infantile et familiale de Dakar a comptabilisé "97 cas de viols ou d'incestes sur mineures et 21 cas de viols suivis de grossesse, avec une moyenne d'âge de 11 ans" sur la seule période 2016-2017 dans la région de Dakar.
Face à ce drame, les nouvelles autorités sénégalaises, élues en mars, restent muettes. Malgré la signature du protocole de Maputo en 2004, qui prévoit l'autorisation de l'avortement dans les cas extrêmes, aucun gouvernement n'a osé légiférer sur la question, craignant les pressions religieuses.
Malgré tout ce pouvoir des hommes, il serait temps que l’on parle d’autre chose que de parité et d’égalité, et qu’on exige enfin du respect pour ce genre qui est avant tout celui de nos mères, de nos sœurs et de nos filles. Quel que soit le niveau de pouvoir des hommes qui détruisent l’avenir de ces jeunes filles, quels que soient la beauté d’une jeune fille et l’attrait de ses atours, il faut que les hommes du Sénégal sachent que : « Un HOMME ça s’empêche ». Et comment « ça s’empêche » ? En calmant sa braguette en pensant à sa mère, à sa sœur, à sa fille. Tout simplement.
Le 8 mars c’est tous les jours qu’il faut le célébrer en faisant du respect absolu des femmes, de leur liberté et de leur dignité un enjeu essentiel de civilisation. Le Professeur Fatou Sow nous enseigne que « Cela permettra de reconstituer l’histoire de nos sociétés traditionnelles, qui a été construite par des femmes. A travers cette approche, il sera possible de restaurer des valeurs qui sont nôtres et de booster l’estime de soi des femmes et leur obligation à participer à la construction du pays ».
Et surtout, cela nous éviterait de vivre comme des bêtes.
Par Baba DIOP
CHARCUTERIE
Le péché mignon de Ton’s, c’est la charcuterie, mais il insiste en appuyant bien, sur le mot Halal pour ne point créer de confusion, surtout en ce temps de Ramadan
Le péché mignon de Ton’s, c’est la charcuterie, mais il insiste en appuyant bien, sur le mot Halal pour ne point créer de confusion, surtout en ce temps de Ramadan. Son penchant pour la charcuterie, lui vient de sa vie d’étudiant au pays des Blancs, mais il ne faisait pas de différence entre Halal et non Halal. Il était dans le tout-venant : charcuterie italienne, charcuterie board, anglaise, corse et tutti quanti. Il ne faisait point mystère de son attrait pour la charcuterie de porc. Il adorait surtout : le jambon blanc, cuit ou sec, saucisson sec ou cru, boudin blanc, andouille, rillette et terrine. Ton’s connaissait du bout des doigts les différentes sortes de charcuteries. Rien qu’à l’odorat, il pouvait donner et le nom et le label du produit.
Mais une fois de retour au pays, Ton’s creusa un énorme trou et y enterra ce passé en claironnant urbi et orbi : « Il fallait que jeunesse se fasse ». Son futur se plaça dès lors sous le sceau de l’Islam. Il ouvrait et refermait les portes de la mosquée, après de bons et loyaux services à la Poste. En ce vendredi, après la prière de tisbar, il passa devant une charcuterie bien achalandée. Ton’s fit de la lèche vitrine devant la charcuterie, passant et repassant. Comme « cheytan dafa baré dolé », Ton’s saliva, resaliva. Il fouilla dans sa poche, se rendit compte que charité bien ordonnée commence par soi-même. Il avait tout donné aux mendiants. Subitement il se sentit vertigineux et s’écroula. Quand on vint lui prêter assistance, Ton’s désigna le rayon des saucissons et murmura : « socisson momay ximali » et une femme qui passait par là se contenta d’un « xalass ma waru » !
Par MMAH AÏSSATA BANGOURA
GERMAINE ACOGNY, REINE DE LA DANSE CONTEMPORAINE AFRICAINE
En ce 8 mars, Journée internationale des Droits des femmes, nous avons choisi de rendre hommage à la mère de la danse contemporaine africaine, Germaine Pentecôte Marie Salimata Iya Tunde Acogny
En ce 8 mars, Journée internationale des Droits des femmes, nous avons choisi de rendre hommage à la mère de la danse contemporaine africaine, Germaine Pentecôte Marie Salimata Iya Tunde Acogny.
De sa grand- mère Iya Tunde, prêtresse Yoruba dont elle porte le nom, elle sera inspirée par la gestuelle et la conviction que la spiritualité permet de surmonter les difficultés dans la vie d’un artiste. Elle ouvre son école en 1968 et avouera qu’à cette époque, elle était loin de penser être une grande artiste. Au moment où je l’ai connue dans les années 70, elle avait une réputation dans le monde des arts et nourrissait le désir de transmettre sa passion de la danse à ses élèves, en leur offrant la possibilité d’aller au plus profond de leur corps, d’accueillir la richesse et la diversité de leur patrimoine culturel. C’est ce qui va la mener en 1975 à la création des majorettes du Lycée John Kennedy à Dakar, avec une touche africaine perceptible dans le choix des pas de danse et la tenue vestimentaire. Pour le rythme elle a sollicité la collaboration du célèbre tambour-major Doudou Ndiaye Coumba Rose. Son passage en Casamance qui lui fait découvrir les danses traditionnelles de cette région va influencer sa créativité et l’inciter à inventer de nouveaux mouvements mixant danse africaine et européenne. Contrairement à ce qui se pratiquait à cette période au Sénégal, Germaine fait le choix d’enseigner la danse africaine et non la danse classique. Venu assister à un des cours qu’elle dispensait dans sa propre école fondée en 1968, Roger Garaudy, philosophe et ami de Léopold Sédar Senghor, fut si émerveillé qu’il lui dit : « ce que vous êtes en train de faire, c’est une technique ». Il confia ses impressions à Senghor, qui a son tour apprécia la qualité du travail et la méthode de Germaine.
Dans la préface de l’ouvrage de Germaine, « La danse africaine » paru en 1980, il écrit ceci : « Mme Acogny a parcouru le chemin inverse de Béjart. Elle est partie de la danse négro-africaine, des pas négro-africains, pour y intégrer ceux du ballet européen ».
Senghor qui avait un projet pour le développement des arts, souhaitait faire du Sénégal, « la Grèce de l’Afrique », selon son expression, mais il manquait la danse. Aussi, en 1975, a-t-il tenu à présenter et surtout à montrer le travail de Germaine à Maurice Béjart, estimant qu’il n’était pas suffisamment qualifié dans le domaine de la danse. « C’est extraordinaire » aurait dit Béjart, selon Senghor, pour qui, « la tradition doit être une vague qui vient, qui rejaillit, pour redonner vie à la contemporanéité ».
Ce message, Germaine l’a compris en créant sa propre technique, celle qui porte son nom et est enseignée à travers le monde. Elle confirme les propos de son critique : « J’ai pris l’essence des danses traditionnelles d’Afrique de l’Ouest et des danses que j’ai apprises en Europe, et j’ai créé ma propre technique ». La création de Mudra Afrique va lui donner un autre rayonnement. En effet lorsque Senghor et Béjart ont décidé de créer Mudra Afrique avec l’appui de l’Unesco et de la fondation Gulbenkian, elle était toute indiquée pour en assurer la direction accompagnée par Julien Jouga et Doudou Ndiaye coumba Rose. Mudra Afrique, une antenne de Mudra Bruxelles, ouvrit ses portes en 1977 et va proposer une formation artistique. Senghor décrit l’esprit de cette école en ces termes : « Il nous faut dans une entreprise plus délicate, parce que plus imaginante, intégrer, avec les pas, les valeurs des autres danses, pour en faire une danse nouvelle, négro africaine, mais sentie, goûtée par tous les hommes, de toutes les civilisations différentes, parce que participant de l’universel ». Et d’ajouter que c’est ce travail de création que Mme Acogny a commencé de faire.
En 1979, Alioune Diop de la revue Présence africaine et Aimé Césaire vont visiter l’Institution qu’ils qualifient de « capitale du monde noir ».
La réalité humaine est faite de souffrances et de contradictions. Cette belle aventure prendra fin brutalement. Sa passion pour la danse la pousse à surmonter cette nouvelle difficulté et à ouvrir l’École des sables. Elle va créer sa compagnie « Jant Bi » avec laquelle elle va faire plusieurs tournées internationales. Depuis son premier solo Femme noire en 1972, plusieurs autres créations vont suivre, Yewwi, Thiouraye, Songho yakar etc, elle va travailler avec des chorégraphes et des metteurs en scène européens, africains, asiatiques dont Mikael Serre, Olivier Dubois, Salia Sanou, Kota Yamasaki.
L’École des sables va assurer le rayonnement de la culture et de la danse africaine. Cette visibilité va contribuer à pérenniser la tradition du Sénégal comme pays de culture, premier pays d’Afrique francophone à avoir une politique culturelle en accordant une place importante à la danse. Cette reconnaissance internationale, elle le doit à son travail. Germaine a travaillé, beaucoup travaillé et continue à le faire. Celle, que les danseurs appellent affectueusement MAMAN ne désarme pas. Il lui a fallu sans cesse démontrer que la danse s’apprend, et surtout que la danse est un métier et mérite respect et considération. Et à travers la danse, les artistes. Malgré tous ses succès, elle a dû surmonter des difficultés d’ordre financier pour faire fonctionner l’école au point de lancer des appels. Son exemple fait des émules dans le milieu de la danse. Nous lui devons la floraison de groupes de danse toutes techniques confondues. Elle a formé plusieurs générations de danseurs qui a leur tour, continuent d’exercer et d’encourager à la pratique.
Pour avoir bénéficié de son encadrement lorsque j’étais à Mudra Afrique, elle m’a influencée, elle reste une ainée et je suis très honorée aujourd’hui de lui rendre cet hommage.
Je voudrais lui exprimer toute ma reconnaissance à travers cet hommage, en y associant Helmut, son époux dont j’apprécie l’écoute, l’attention et la disponibilité pour le succès de la danse au Sénégal.
MMAH AÏSSATA BANGOURA
Docteur en Sociologie de l’Education. Spécialité Danse Institut Supérieur des Arts et des Cultures ISAC-UCAD
Honneurs et distinctions
En 1992, Germaine Acogny livre au monde le message de la journée internationale de la danse célébrée tous les ans, le 29 Avril.
En 2014, elle est classée parmi les « 50 personnalités africaines les plus influentes dans le monde », selon le Journal Magazine « Jeune Afrique ».
En 2019, elle reçoit le Prix d’excellence de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans la catégorie Arts et Lettres.
En 2021, lors de la Biennale de Venise, il lui sera décerné, le Lion d’or de la danse. Voici les termes par lesquels Le jury a salué son œuvre : « Sa contribution à la formation en danse et en chorégraphie des jeunes d'Afrique occidentale et la large diffusion de son travail ont fait d'elle l'une des voix indépendantes qui ont le plus influé sur l'art de la danse." Le Prix Nonino ‘’Maître de notre temps’’ 2025 lui a été récemment décerné.
Par Vieux SAVANE
LE POIDS DES MAUX
La violence faite aux femmes est justement dans cette manière de vouloir les confiner et les enfermer dans les représentations masculines.
Une tiktokeuse, vendeuse de produits cosmétiques, en ligne et au marché de Pikine, a été condamnée le 7 février dernier à 2 ans de prison dont six mois ferme, pour «mise en danger de la vie d’autrui, exercice illégal de la profession de pharmacien et administration de substances nuisibles à la santé publique». Elle proposait des suppositoires sous forme de boulettes qui avaient la capacité de transformer les candidates en Venus callipyges dotées d’une belle paire de fesses, galbées et charnues, à damner un saint.
Il est cependant interdit d’en rire puisque, dans le sillage des comprimés et autres sirops, tout est bon pour prendre du poids et développer de généreuses rondeurs conformes aux standards de beauté autochtones. Pour y arriver, elles se livrent à une course à la séduction qui n’est pas sans danger du fait de risques divers : problème cardiovasculaire, insuffisance hépatique, obésité, diabète, hypertension artérielle, etc. Tout cela pour plaire à leurs hommes au détriment de leur santé, empêtrées qu’elles, sont dans une sorte de relation marchande rythmée par une offre et une demande soumises aux critères de beauté masculine. La violence faite aux femmes est justement dans cette manière de vouloir les confiner et les enfermer dans les représentations masculines. Ainsi en est-il du fameux « Dieguene sopal waye buul woolou* » de Kocc Barma qui sous-entend que l’homme est préposé à toutes les audaces et la femme, à la soumission.
Au Sénégal mais comme partout ailleurs, ce rapport de domination perdure. En France, tout récemment la justice s’est saisie d’une affaire hors-norme opposant une femme, Gisèle Pellicot, plongée dans une soumission chimique par son mari Dominique Pellicot, pour la violer et la faire violer dix années durant à son domicile par des dizaines d’inconnus contactés sur Internet. Il a voulu a-t-il expliqué " soumettre une femme insoumise"
Cette femme de 74 ans, que son mari livrait à une cinquantaine d’inconnus après avoir anesthésié sa conscience est devenue une icône. Elle a estimé qu'elle n'avait pas à se cacher, ni à avoir honte encore moins à culpabiliser. La honte devant plutôt changer de camp, s’extirper du corps de la victime pour se dresser avec force et obliger le bourreau à rendre gorge. Pour ce faire, Gisèle Pellicot a tenu bon, droitement, debout, soutenue par ses deux fils et sa fille qui eux aussi ont fait face. Par son attitude empreinte de dignité et de courage, forçant ainsi l'admiration de l'opinion nationale et planétaire, elle a suscité une émotion mondiale comme en attestent les médias de tous les continents qui ont consacré des éléments à cette affaire
C’est dire que cette journée du 8 Mars doit nous faire réfléchir sur la condition des femmes et des hommes, sur l’égalité des droits et des devoirs. Surtout, lorsqu’une circulaire de service accorde aux employées femmes un réaménagement horaire en ce mois de Ramadan, en prenant toutefois le soin de préciser que c’est à titre exceptionnel et dérogatoire. Même à supposer que cette circulaire soit mue par une intention bienveillante, une telle mesure en dit long sur l’idée que l’on s’y fait du rapport hommes/femmes. Pour un pays qui a plutôt accompli d’énormes progrès dans sa volonté de lutter contre les inégalités entre hommes et femmes, vouloir confiner ces dernières dans un espace domestique perçu comme le lieu naturel de leur expression, qu’on le veuille ou non, fait désordre. Parce qu’elle revêt le visage d’une régression qui ne dit pas son nom, une telle mesure appelle par conséquent, à une vigilance soutenue pour que ne soient pas banalisés ces petits gestes qui se veulent empathiques ou sans grande signification, mais qui dans la réalité des faits sont discriminatoires puisqu’ils portent atteinte à l’égalité des droits entre les femmes et les femmes.
*Tombe amoureux, mais ne lui fait pas confiance
PAR NDÈYE AMY NDIAYE ET LUCIENNE KODOU NDIONE
L’OBJECTIFICATION DE LA FEMME SÉNÉGALAISE, UN FLÉAU PERSISTANT
Aujourd’hui plus que jamais l’obscurantisme misogyne prend de l’élan ! Il plane comme une épée de Damoclès sur de nombreux acquis
Ndèye Amy Ndiaye et Lucienne Kodou Ndione |
Publication 07/03/2025
Au Sénégal, la femme est de plus en plus réduite à un simple objet à travers les médias, la publicité, la mode et les normes sociales. Cette tendance, loin de s’estomper, s’amplifie et met en péril les acquis en matière de droits des femmes. Face à cette réalité, des voix s’élèvent pour dénoncer et lutter contre ce phénomène.
Le corps féminin tend à devenir, sous le regard de beaucoup de concitoyens , ni plus ni moins qu’un objet. Réduire la femme à un statut d’objet, ou considérer les parties de son corps comme des objets ou encore réduire son humanité féminine à ses seules caractéristiques sexuelles est devenue presque une normalité au Sénégal. Clairement, il s’agit là d’une objectification de la femme sénégalaise. Plus explicitement, nous faisons référence au fait que les femmes sont perçues, traitées ou représentées comme des objets plutôt que comme des individus autonomes, ayant leurs propres droits, sentiments et libertés. Cette objectification s’est amplifiée au cours des dernières années, parfois de manière ludique mais réelle.
L’amplification de ce phénomène a accentué les vulnérabilités des femmes dans notre pays. Elle a également surexposé les acquis en matière de droits des femmes à la censure moralisante d’une société où l’intolérance à l’égard de la diversité, de l’émancipation de la femme et de son autonomisation est devenue une gageure de virilité. Il faut dire que le politiquement correct sur la question des Droits des femmes au Sénégal s’est largement érodé. Sommes-nous devenus incultes, ignorants ou tout simplement fanatiques d’une perversité morale qui cherche par tous les moyens à cisailler l’humanité de la femme sénégalaise et la dignité qui va avec ? Aujourd’hui plus que jamais l’obscurantisme misogyne prend de l’élan ! Il plane comme une épée de Damoclès sur de nombreux acquis tel que la fameuse loi sur la parité politique, et emprunte de plus en plus des logiques maladroitement subtiles mais avec un effet déconsolidant avéré sur le statut social, économique et juridique de la femme sénégalaise.
En 2025, l'objectification de la femme sénégalaise résulte de la combinaison de facteurs culturels, sociaux et économiques et aussi politiques qui la réduisent à un rôle subordonné, souvent sans reconnaissance de son individualité ou de ses aspirations. Elle transparaît à travers :
Les représentations médiatiques et artistiques
Une tendance se dessine depuis quelques années dans les médias et même dans certaines formes d’art populaire où la femme sénégalaise est réduite à un rôle stéréotypé, souvent centré sur ses occupations familiales et sa sexualité. Médias et arts ont fini de nous imposer l’acceptation tacite de la normalité d’une image de la femme perçue exclusivement comme un symbole de la maternité, de la beauté physique, de la soumission, ou tout simplement un objet de décor. Ses émotions, aptitudes, et compétences dans la société ne sont mis en relief que de façon exceptionnelle. Les clips et les téléfilms sont par excellence la preuve de la déliquescence de la place allouée à la femme.
Objet de désir, simple outil à la merci des scénaristes et des réalisateurs(ces), elle ne doit son salut d’actrice ou d’héroïne qu’à son charme, sa féminité, sa soumission, voire son approbation envers la division binaire de la société marquée par la supériorité et la dominance absolue de l’homme. Évidemment, dans de rares émissions dédiées à cette cause, il arrive que ces rôles dynamiques soient furtivement abordés. Fort heureusement d’ailleurs !
Quid de la médiatisation à outrance de la polygamie et des cérémonies familiales qui fluidifient au rythme des sonorités de « Bongomans », la propagande d’un langage vulgaire, sexiste et sexuel, d’une rivalité puérile entre femmes, et qui démontrent, si besoin en est encore, la décadence de la société sénégalaise en général et la perte des valeurs nobles sociétales qui caractérisaient la femme sénégalaise (kersa, jom, goré) en particulier. Ce déferlement de sagacité n’épargne ni la dignité de la femme ni ses capacités cognitives, ses aptitudes à contribuer significativement aux défis de l’heure, aux priorités réelles sociétales, et pourtant nous nous en accommodons. Femmes comme hommes, nous les validons, les encourageons...
Et lorsque certaines s’en offusquent, l’école de la Justice Sociale, qui dénie toute présomption d’innocence à la femme et où le doute profite toujours à l’homme, s’agite bruyamment, toujours prompte à faire étalage de son intolérance, son addiction à la pensée unique. Elle les déclare coupables de subversion avant même qu’elles ne soient entendues, elle les fait condamner à perpétuité par le tribunal de l’éternité et fait tomber sur elles la malédiction et sur leur progéniture surtout lorsqu’elles sont des femmes mariées (Kou soor sa dieukeur, yakk sa dom. Liggeyou ndey agnou doom).
La sexualisation et l’instrumentalisation du corps féminin dans la publicité et la mode
Entendons-nous bien, la femme surtout sénégalaise détient un pouvoir naturel d’attraction, essentiel pour la publicité ou la mode. Cependant, il est opportun de relever qu’il existe aujourd’hui au Sénégal une instrumentalisation banalisée du corps féminin dans la publicité et la mode. Par la manière dont certaines industries exploitent l’image de la femme sénégalaise ce qui devait constituer une communication marketing de produits ou de services glisse souvent vers une objectification du corps féminin avec des conséquences aux multiples facettes.
Le développement anormal des produits de dépigmentation et des « médicaments »pour prise de masse malgré les risques encourus relève de ces conséquences et démontre, si besoin en était encore, l’amplitude de cette triste réalité. Et à ce niveau, il est important de souligner que les femmes participent elles-mêmes à leur propre entreprise d’objectification. La priorité donnée à l’apparence au détriment du savoir, de la santé ou de l’épanouissement loin d’être dans l’absolu une suggestion masculine et dans bien cas hélas un choix féminin, une vision féminine, un aspect du Mindset qui domine chez la grande majorité des femmes sénégalaises, y compris celles supposées « intellectuelles », si tant que l’expression ait encore aujourd’hui un sens dans ce pays.
Dans d’autres situations, cette entreprise d’objectification de la femme conforte des pratiques telles que les mariages forcés ou précoces dont on cherche de plus en plus à minorer la prévalence, tant les déclarations, initiatives et autres ont été nombreuses et que l’on voudrait bien trouver facilement une pointe de satisfaction pour tous ces efforts ! Tout n’a point été vain, bien sûr ! Mais soyons réalistes, le phénomène perdure . Mieux encore, il se réinvente avec parfois des subtilités pernicieuses que nous ne devons pas minimiser.
Les pratiques sociales, normes de genre et inégalités dans le domaine professionnel
Sur cet aspect, l'objectification des femmes s’adosse, dans certaines zones du Sénégal, à des normes de genre traditionnelles qui en facilitent l’effectivité. Parmi ces normes, la pression sociale et culturelle qui amène de nombreuses Sénégalaises à se conformer à des attentes très rigides en matière de comportement, d’apparence et de rôle familial, et avec un impact restrictif sur leur autonomie de volonté. Très souvent perçues principalement à travers le prisme de leur relation avec les hommes (comme épouses, mères ou filles), elles voient leur visibilité en tant qu'individus à part entière fortement limitée. Et lorsqu’à l’occasion de situations exceptionnelles, on leur accorde l’exclusivité de la faveur d’une demi-journée de travail la profondeur du mal ne se discute plus !
Dans le monde professionnel, les femmes sénégalaises font face, comme la plupart des femmes à travers le monde, à de nombreux obstacles liés à la fois à des stéréotypes sexistes et à des discriminations de genre. Elles sont cantonnées à des rôles traditionnels et subissent des retards dans la gestion de leur carrière. Elles ont des difficultés d’accès à des postes de responsabilité. Elles subissent une pression sociale qui peut les inciter à privilégier leur rôle domestique au détriment de leur carrière. Bien qu’elles soient assujetties au même régime d’avancement que les hommes (ce qui est normal), elles restent néanmoins limitées par la division genrée du travail et soumises aux mêmes normes sociales que celles de leurs aïeules, il y a des siècles.
Quid de l’évolution et les luttes pour les droits des femmes
Au Sénégal, des individualités et des synergies coconstruites, pour certaines, dans la diversité de genre s’élèvent de plus en plus contre cette objectification. Elles cherchent à donner aux femmes une voix, à les sortir des rôles stéréotypés et à leur accorder plus de pouvoir dans la société . Elles les sensibilisent également pour une prise de conscience de la réalité du phonème et de ses effets pervers sur la société sénégalaise, son développement et son avenir. Des femmes sénégalaises, ainsi que des hommes, militent activement pour le respect des droits fondamentaux des femmes, la lutte contre les violences faites aux femmes et pour une plus grande participation des femmes dans la vie politique et économique... C’est le lieu de magnifier cette implication masculine très souvent peu visible, mais bien réelle. Bravo Messieurs, l’humanisme n’a pas de genre, la conscience n’ont plus !
Malheureusement, les acquis de ces luttes ne sont souvent pas assez bien capitalisés (histoire de Ndatté Yalla, Alioune Sitoe Diatta, etc.). Écoutons les chansons des «bongomans», analysons les rôles alloués aux femmes dans les téléfilms, suivons les discussions pendant les heures de pause dans les bureaux, revenons vers les discussions des groupes WhatsApp, relisons les messages entre copains, suivons les nominations lors des conseils des ministres, discutons sans gants entre belles-familles, écoutons les points de vue des cadres supérieurs sur la question, etc. La réalité nous désenchante ; il urge de changer de paradigme. Les actions de promotion et de protection des droits des femmes devraient davantage s’orienter vers la femme elle-même. Celle-ci doit cultiver son estime de soi en développant son leadership, et placer son épanouissement , sa dignité et ses libertés au cœur de son action. Plus que jamais,
Les femmes sénégalaises devront être à l’avant-garde des combats qui les interpellent au premier rang. Mais avons-nous une masse critique apte à se sacrifier pour briser la glace?
PAR HABIB DEMBA FALL
SISYPHE DANS LA JUNGLE URBAINE
"J’ai vu pousser les immeubles et passer la poussière. Des espoirs en cendres, consumés par l’implacable loi de l’occupation de la voie publique. Des poussées d’émotions, vite balayées par la gomme du temps. Les mêmes recommencent."
J’ai vu pousser les immeubles et passer la poussière. Des espoirs en cendres, consumés par l’implacable loi de l’occupation de la voie publique. Des poussées d’émotions, vite balayées par la gomme du temps. Les mêmes recommencent.
Notre petit monde urbain renoue avec ses vieilles habitudes, pensant peut-être que la licence finira par avoir raison du censeur. Las, l’académie des comportements citoyens baissera la garde face aux hordes de routiers de l’incivisme. Il n’y aura plus de manuel du citoyen modèle parce que, comme lors des invasions, les grandes bibliothèques seront brûlées. Cruelles illusions ! La fameuse formule populaire reste inopérante à l’heure du civisme triomphant : « Mbedd mi mbeddu buur la ». Morceau d’inconséquence et d’inconscience. Rien d’autre que ça ! À ce dérapage sur la perception du bien public, répond une vérité nourrie à la sagesse républicaine : « Reew da ñu koy ligeey ». Ne cherchons pas loin. Trouvons des explications terre-à-terre dans les tares de notre quotidien.
Tout simplement, ce qui appartient à tout le monde n’appartient finalement à personne car personne n’en prendra soin. Dans ce pays, quelque part, les lieux de culte, les jardins publics, les plages, les routes, les esplanades d’édifices et les terrains de sport ont le même destin que les décharges d’ordures. Certains font les choses tellement en grand qu’une poubelle, à leurs yeux, est un terrain de jeux trop étroit. Aussi cynique que ça. Malheureusement, c’est à croire que la « désordrite », cette curieuse maladie du désordre, habite l’âme de notre monde urbain. Paradoxalement, un virus vers lequel courent les adeptes du chaos grossissant sans masque et gel hydroalcoolique. Les cas communautaires peuplent les rues. Ce serait si long de décliner leurs noms sur un bulletin rendant compte de la progression d’une épidémie !
Il faudra un registre sans bout pour nommer tous ces visages connus de nos rues, nos marchés, nos entreprises, nos plages, nos universités, nos structures de santé, etc. Voyez comment naissent et grandissent les petits « Parc Lambaye » devant nos maisons. Une petite table dans quelque coin ? Non, cela ne gêne vraiment personne au début ! C’est même sympa d’accorder un bout de paradis à un naufragé de la vie, n’est-ce pas ? À côté de la petite table presque brinquebalante, s’entassent ensuite divers objets, dans un timing étudié et faussement débonnaire. De la brocante au fil du temps avec des portes démontées d’une maison, des chargeurs de téléphone recyclés, des réchauds bricolés, des vélos lourdement chargés de points de soudure, des lampes de chevet qui ont plus besoin d’un spécialiste en tri d’ordures à leur chevet que d’un retour dans les ménages, des machines à café, des mixeurs de fruits ou légumes au goût de périmé, des lecteurs de disque crachant plus la poussière que le son envoûtant des musiques du monde, entre autres.
Après, ce seront les toitures usagées et les livres à l’heure où un la lecture tient plus de la bêtise pour snobs que du raffinement culturel. Le vendeur de café se joindra à la joyeuse troupe pour un chorus qui défie l’ordre des « messieurs et dames d’en haut », moralisateurs chahutés. En voilà un pied de nez pour le grade des pseudo-réparateurs de cette infirmité de la jungle urbaine ! Réguler l’installation sur la voie publique en zone urbaine est une opération comparable à l’œuvre de Sisyphe et de son rocher. Ça monte une fois, deux fois, trois fois, mille fois… Ça redescend du rocher une fois, deux fois, trois fois, mille fois… L’infatigable « manutentionnaire » n’en finit jamais avec sa corvée ! Les opérations de déguerpissement sont donc des serpents de mer. Un combat sans fin. La sensibilisation n’y fait rien. Le refrain reste immuable : « il faut laisser les gens travailler ». La conséquence directe est de laisser le bulldozer travailler. Les communiqués d’autorités administratives sont bien élaborés, alliant pédagogie et fermeté.
Ces textes ont le destin d’un message délivré dans une langue que le destinataire ne voudra jamais comprendre. En effet, ces communiqués restent souvent lettre morte dans l’esprit de beaucoup de destinataires de ce type de messages. Sur une artère de Dakar, l’ouverture d’un autopont a franchement amélioré la circulation. Il reste le stationnement anarchique qui prive les automobilistes de l’équivalent de deux voies de part et d’autre. Chacun pourra trouver des abus similaires dans son environnement. Un communiqué a été fait par une autorité administrative, avec un délai ferme. Il a été lu en boucle sur les radios et posté sur les réseaux sociaux. Plusieurs mois ont passé et l’occupation a persisté. M’enquérant de la situation, je me vois dire : « le Préfet avait fixé un délai, mais nous n’avons encore rien constaté qui nous prive de ce stationnement ». Les yeux de ces indolents chroniques ne s’ouvrent sur la réalité des abus que lorsque leur business ou leur bien quelconque cogne le bulldozer. Être un bon débrouillard dans la jungle urbaine, c’est aussi la stratégie du bord du gouffre. Aussi cynique que ça également.
PAR MANSOUR FAYE
DIOMAYE, VEUILLEZ APPELER MACKY À LA RESCOUSSE
Le Sénégal va mal. Le mal est partout et l’environnement économique qui est au plus bas, va de mal en pis.Toute cette situation peu enviable, est de la seule responsabilité de SAS «demi-dieu » qui a sacrifié ce pays sur l’autel de ses intérêts inavoués
Le Sénégal va mal. Le mal est partout et l’environnement économique qui est au plus bas, va de mal en pis.Toute cette situation peu enviable, est de la seule responsabilité de SAS «demi-dieu » qui a sacrifié ce pays sur l’autel de ses intérêts inavoués, de son ego surdimensionné et de son complexe ..., sans parler de son incompétence, de sa carence et de sa soif de vengeance injustifiée!!
Sa sortie ratée sur les finances publiques, qu’un semblant de rapport-commentaire de la Cour des Comptes a fini même par discréditer, va occasionner des conséquences désastreuses et dévastatrices sur le panier de la ménagère déjà mal en point..., voire exacerber la précarité du sénégalais lamda .
La dégradation progressive des Notes du Sénégal par les Agences de Notation risque de sonner le glas d'un pouvoir qui étrangle les populations.
En terme plus simple, il faut comprendre que cette situation artificiellement engendrée par l'incurie du pouvoir, limite la marge de manœuvre de l’Etat pour investir dans des projets sociaux tels que la santé et l’éducation ou des projets d’infrastructures!!!
Ce qui aura forcément un impact négatif sur la croissance du PIB et, par ricochet, sur la richesse produite, sur l’emploi , notamment celui des jeunes qui représentent 70% de la population.
Aussi, la baisse des obligations du Sénégal signifie que les investisseurs auront moins confiance en la capacité du Sénégal à rembourser sa dette. Par conséquent, il sera plus difficile et cher pour le pays, de lever des fonds sur les marchés régionaux et internationaux, car les taux d’intérêt vont augmenter sans parler de la spéculation potentiellement très élevée!!!
Alors là, le risque réel de voir le Sénégal relégué au rang des pays pauvres très endettés, est manifeste. Et la dévaluation du CFA, tant redoutée, frappe déjà à nos portes, à celles de toute l'UEMOA!!
Aujourd’hui, la seule Alternative qui s’offre à nous, est un signal fort, de la plus Haute Autorité qui doit sortir de sa torpeur et prendre conscience de ses responsabilités! C’est lui que les sénégalais ont élu quelque soit le mécanisme qui l’a investi. Son mentor de SAS « demi-dieu » a échoué, hélas, et ne se relèvera jamais.
Pour l’intérêt supérieur de la nation, Diomaye doit se séparer de lui et se tourner vers Macky Sall pour qu’il l’épaule et le conseille!! En 12 ans de pouvoir, ce dernier a su mettre ce pays sur les rampes de l’Émergence. Et cette marche doit progresser et non régresser! Macky Sall, qui a le Sénégal au cœur, ne refuserait certainement pas une main tendue pour sauver sa patrie, redorer le blason de notre diplomatie balbutiante et rétablir nos relations avec nos partenaires financiers.
Autrement, c’est son avenir, lui Diomaye, à la tête de ce pays qui risque d’être compromis et même menacé. « Lu léer laa Wax ». SAS « demi-dieu » doit être conjugué au passé…c’est une anomalie de l’Histoire!
par Baba Diop
LE PAQUET DE SUCRE
Finalement, Ton’s fut élu, Imam de la mosquée Robinet bagarre. Il était tout guilleret à l’annonce de la nouvelle.
Finalement, Ton’s fut élu, Imam de la mosquée Robinet bagarre. Il était tout guilleret à l’annonce de la nouvelle. Il avait, à l’oreille de Tata, glissé ces quelques mots : « Nos soucis d’argent sont terminés, les Adiya pleuvront non seulement les vendredis mais tous les jours, c’est désormais la règle » : donc poulet au kheud, poulet au ndogou et poulet au souper » Ton’s, d’une manière à peine voilée, avait soudoyé les récalcitrants qui se gaussaient de lui, criant haut et fort qu’il n’était pas la personne indiquée et que dans sa maison, c’était Tata qui portait le pantalon et lui la culotte.
Hier, c’était le grand jour, Ton’s sortit du fond de sa malle le boubou Thiawali hérité de son papa, qui le tenait de son grand-père, qui lui-même le tenait de son arrière-grand-père. Pour dire que la chaine de transmission avait sauté le siècle. Le boubou, pièce de musée, sentait fort la naphtaline. Ni le thiouray de Tata, ni l’eau de Cologne de Tons n’arriva à chasser l’odeur.