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2 avril 2025
Opinions
par Thierno Guèye
APPEL À LA DÉSOBÉISSANCE SYNDICALE
EXCLUSIF SENEPLUS - De quelle légitimité peuvent se prévaloir ces leaders syndicaux pour nous inviter à suivre des mots d’ordre de grève dans le contexte manifeste de crise actuel dont la gravité est sans précédent ?
Alors que notre pays est à l'agonie, ceux qui devaient se retrousser les manches et se serrer la ceinture pour le tirer d'affaire ont pris la décision ferme de l'achever, malgré le diagnostic sans appel de ses médecins.
Dans le contexte critique actuel, qu’aucun leader syndical, quel que soit son bord, n’ait l’outrecuidance de nous demander de faire grève après le carnage financier que vient de subir le Sénégal sous le régime de Macky Sall et la profonde crise démocratique que nous venons de traverser.
Notre conviction profonde est que l’ex-président avait un plan machiavélique de déstabilisation du Sénégal en vue de confisquer le pouvoir en dépit de la lettre et de l’esprit de la Constitution. À cette fin, la manipulation éhontée des syndicats ne fut qu'un volet, après l'achat d'armes dissimulées à hauteur de plusieurs dizaines de milliards, si l'on en croit les révélations du quotidien Yoor-Yoor (26 janvier 2023, N° 00061) et d’autres organes de presse de la place à ce sujet. À cela s’ajoute la corruption de fonctionnaires partisans nommés à des postes stratégiques dans les appareils exécutifs et judiciaires. L’ex-président Sall est certes parti, mais les effets de son projet funeste continuent à nous hanter tout en faisant des ravages dans tous les secteurs de la vie socio-économique. Si nous ne sommes pas vigilants, il réussira à déstabiliser notre pays en tirant les ficelles de l'extérieur. Seuls notre loyauté au Sénégal et notre engagement pour sa libération permettront de déjouer ce plan machiavélique et hautement criminel. Notre pays va mal ! Notre pays est au bord du gouffre ! Nul ne saurait l'ignorer.
Alors que nous venons d’apprendre que notre pays, après avoir subi des assauts d’une violence inouïe de la part de Macky Sall et ses acolytes, est au bord de la banqueroute, des camarades syndicalistes se permettent d’inviter nos collègues à la grève, comme si le rapport de la Cour des comptes et ceux des autres corps de contrôle n’avaient jamais existé. C’est à se demander si ces agitateurs sont des Sénégalais et s’ils sont au courant des jours sombres que notre pays est en train de traverser.
De quelle légitimité peuvent se prévaloir ces leaders syndicaux pour nous inviter à suivre des mots d’ordre de grève dans le contexte manifeste de crise actuel dont la gravité est sans précédent ?
Ces leaders syndicaux restés bruyamment silencieux quand le peuple avait besoin de les entendre sur les injustices et les exactions qu’il subissait. Ces syndicats universitaires qui ont fait preuve de lâcheté, de fourberie et de déloyauté vis-à-vis de nos collègues et de nos étudiants. Où étaient-ils lorsque l’ex-Recteur Amadou Aly Mbaye et ses acolytes au sein de l’université de Dakar ont pris la décision ignoble de fermer l’université Cheikh Anta Diop pendant l’équivalent d’une année scolaire pour des raisons politiques ? Où étaient-ils lorsque la plupart des organisations de la société civile rejoignaient le F24 pour défendre la démocratie et sauver notre pays des griffes des prédateurs criminels qui l’avaient pris en otage ?
Ces leaders syndicaux, après leur silence infâme lors des évènements qui se sont produits de 2021 à 2024, ont subitement retrouvé un « courage » après l’heure et une « combattivité » sans adversaire dans un contexte où tout danger est écarté et la page des exactions du régime de Macky Sall est définitivement tournée. Leur lâcheté et leur mauvaise foi nous sont insupportables !
Notre exaspération face à l’inertie de nos syndicats était telle que des collègues du Sudes de la Fastef alliés à d’autres camarades du Sudes et du Saes, après avoir interpellé nos secrétaires généraux respectifs en vain, avaient commencé à entreprendre des démarches, et s’étaient même réunis pour créer un troisième syndicat dissident, dans le but de déjouer l’inaction complice de nos centrales respectives. Malheureusement, cette initiative n’avait pas abouti, mais nous invitons les camarades qui avaient été à l’origine de cette idée à se joindre à nous afin de la relancer, en vue de nous sortir des manipulations récurrentes de ces vampires du syndicalisme, collabos du régime déchu, mercenaires et porte-étendards de la nouvelle opposition, qui ne vivent que du sang et de la sueur de leurs pauvres collègues. Quelle infamie !
Nous espérons que cette initiative aboutisse enfin, en vue de contrecarrer les manipulations grossières et antipatriotiques de nos leaders syndicaux actuels. En effet, ces derniers ne peuvent plus nous représenter légitimement, en aucune façon, particulièrement après leur posture dans ce contexte de crise sans précédent qui malmène les fondements mêmes de notre Nation.
Dans les circonstances actuelles, que personne ne compte sur nous pour servir des intérêts occultes qui ne sont pas ceux de notre peuple meurtri, fussent-ils ceux de nos corporations. Les revendications agitées actuellement, quelle que soit leur légitimité, ne sauraient justifier les actions radicales auxquelles nous convient ces sombres syndicalistes, lâches, politiciens encagoulés (mais démasqués) et manipulateurs (mais démasqués). Nous désavouons leurs stratégies de la terre brûlée !
Le Sénégal a besoin de nous et de notre loyauté inconditionnelle. Que ceux qui veulent participer au salut de notre pays se lèvent et combattent fermement ces leaders malavisés, quelle que soit leur corporation, pour mettre fin à cette imposture cynique qui n’a que trop duré !
La désobéissance syndicale et la mobilisation pour le Sénégal, voilà ce à quoi nous appelons tous les citoyens soucieux de l’avenir de ce pays afin que le jub, jubal, jubbanti ne soit pas qu’un vulgaire slogan désubstantialisé, afin que le jub, jubal, jubbanti ne soit pas qu'une simple profession de foi, afin que le jub, jubal, jubbanti deviennent le nouveau visage tant attendu du Sénégal.
Dr Thierno Guèye est Enseignant-chercheur/Formateur à l’Ucad, Syndicaliste .
par Thierno Alassane Sall
PASTEF OPTE POUR LA MAGOUILLE
Le Bureau de l’Assemblée, agissant exclusivement dans l’intérêt de Pastef, vient d’annoncer aux Sénégalais que les crimes commis entre 2021 et 2024 ne seront pas jugés parce que cela coûterait trop cher à l’État du Sénégal
Je viens d’apprendre que le Bureau de l’Assemblée nationale a déclaré irrecevable notre proposition de loi portant abrogation de l’amnistie de 2024, au motif que son adoption aurait un impact budgétaire. Pastef s’agrippe au « coût financier » pour refuser que justice soit rendue et que toute la lumière soit faite.
D’emblée, dans leur précipitation à s’engouffrer dans cette forfaiture, les députés de Pastef membres du bureau ont littéralement violé la procédure législative prévue à l’article 60 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Selon cette disposition, après réception des projets et propositions de loi, le président de l’Assemblée nationale doit en donner connaissance à l’Assemblée, qui en constate le dépôt. Les Sénégalais peuvent eux-mêmes constater que ma proposition de loi n’a jamais été présentée devant l’Assemblée nationale. Le président de cette institution, dans une posture politicienne, a choisi de suivre une procédure qui lui est propre, en violant la loi pour satisfaire des intérêts purement partisans.
S’agissant de la déclaration d’irrecevabilité de ma proposition de loi abrogeant la loi d’amnistie, le régime Pastef s’inscrit une fois de plus dans une logique de banditisme d’État. Pour justifier cette décision, les députés de Pastef invoquent l’article 82, alinéa 2 de la Constitution, qui dispose que : « Les propositions et amendements formulés par les députés ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence, soit la diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique, à moins que ces propositions ou amendements ne soient assortis de propositions de recettes compensatrices. »
Le Bureau de l’Assemblée nationale, agissant exclusivement dans l’intérêt de Pastef, vient donc d’annoncer aux Sénégalais que les crimes odieux commis dans notre pays entre 2021 et 2024 ne seront pas jugés parce que cela coûterait trop cher à l’État du Sénégal. C’est là l’usage le plus absurde du principe d’irrecevabilité financière jamais vu. Une absurdité comparable à celle qui consisterait à opposer ce même principe à une proposition de loi abrogeant la peine de mort, sous prétexte que l’incarcération des condamnés coûterait plus cher à l’État que leur exécution.
Le régime Pastef est tellement prévisible que nous savions qu’il s’accrocherait aux motifs d’irrecevabilité pour refuser l’abrogation de la loi d’amnistie. C’est pourquoi nous avions accompagné notre proposition de loi d’une note sur l’irrecevabilité financière, comme en atteste la lettre de transmission visée par le Secrétariat de l’Assemblée nationale. Dans cette note, nous rappelions que l’abrogation de l’amnistie ne diminuerait en rien les ressources publiques et n’entraînerait ni création ni aggravation d’une charge publique. Le Bureau de l’Assemblée nationale, verrouillé par Pastef, semble ignorer le sens même de cette disposition.
L’adoption de l’abrogation de l’amnistie n’aurait qu’une seule conséquence : la possibilité de juger les faits visés devant les juridictions sénégalaises. Nous avons soutenu qu’il n’y aurait aucune incidence financière majeure, car le Sénégal dispose déjà d’un budget dédié au bon fonctionnement de la justice. Et même si une incidence budgétaire existait, rien ne saurait justifier que la lumière ne soit pas faite sur ces crimes qui ont endeuillé notre pays.
Après leur agitation flagrante à la suite du dépôt de notre proposition de loi, le régime Pastef vient donc de confirmer aux Sénégalais qu’il refuse catégoriquement l’abrogation totale de la loi d’amnistie. Pastef/Jaay Doole opte donc, officiellement, pour la magouille et l’injustice, au vu et au su de tous.
Nous vous donnons rendez-vous ce jeudi lors d’une conférence de presse, pour de nouvelles révélations.
Par Thierno Ndiaye
REPENSER L'ACCES A LA TERRE
L’urbanisme social1, réflexion visant à créer des espaces urbains inclusifs et équitables, se heurte aujourd’hui à un défi majeur : la disponibilité foncière. Dans un contexte de croissance démographique et d’étalement urbain...
L’urbanisme social1, réflexion visant à créer des espaces urbains inclusifs et équitables, se heurte aujourd’hui à un défi majeur : la disponibilité foncière. Dans un contexte de croissance démographique et d’étalement urbain, la question de l’accès à la terre2 devient un enjeu central pour la conception urbaine. La rareté des terrains disponibles en ville, couplée à la spéculation immobilière et la dépossession foncière, complique la mise en œuvre de projets sociaux et durables.
L’urbanisme social vise donc d’un point de vue anthropologique3, à concevoir et à transformer les espaces urbains en tenant compte des dynamiques sociales, culturelles et symboliques qui structurent les communautés humaines. Il s’agit d’une approche qui place les usagers et leurs pratiques quotidiennes au cœur de la réflexion urbanistique, en reconnaissant que l’espace urbain n’est pas seulement un cadre physique, mais aussi un produit social et culturel.
Les résultats de l’enseignante chercheuse Françoise Navez-Bouchanine4 sur les pratiques habitantes et les représentations de l’espace mettent en évidence la nécessité d’une approche anthropologique, pour comprendre les besoins et les aspirations des populations. L’urbanisme social, ainsi envisagé, devient un outil de rationalisation plus adapté aux réalités sociales.
De plus, comme le montre Henri Lefebvre5, l’espace urbain est le résultat d’interactions complexes entre les individus, les groupes sociaux et les institutions. Il est à la fois un lieu de conflits, de négociations, de cohabitation, d’identité et d’appartenance. Et donc, ces engrenages devront davantage être prisent en compte pour freiner la dépossession souvent capitaliste.
Ces réflexions invitent à repenser les mécanismes d’acquisition et de répartition des terres pour favoriser un urbanisme plus juste et accessible.
En ce sens cet article explore les défis liés à la déficience conceptuelle, à une dépossession flagrante et a une nécessaire reconceptualisation.
La Terre : une déficience conceptuelle
¨La terre appartient à peu de gens qui y vivent aujourd’hui, à beaucoup de gens qui y ont vécu hier et à d’innombrable gens qui vont y vivre demain¨ n’est-ce pas là une piste de réflexion pour repenser fondamentalement notre conception sociale du foncier ?
La terre, en tant que ressource fondamentale, a joué un rôle central dans l’évolution des sociétés humaines. Loin d’être un simple support physique, elle constitue un espace6 chargé de significations culturelles, sociales et symboliques. Une approche anthropologique permet de comprendre comment les relations des humains à la terre ont façonné leurs modes de vie, leurs organisations sociales et leurs systèmes de valeurs.
Dans de nombreuses sociétés, la terre est bien plus qu’un espace de production : elle est le fondement des identités collectives. Pour exemple, Claude Lévi-Strauss7, décrit comment les peuples autochtones d’Amazonie entretiennent une relation intime avec leur territoire, perçu comme une entité vivante et sacrée. Cette conception holistique de la terre contraste avec la vision utilitariste des sociétés industrialisées.
La conception africaine de la terre est également marquée par une forte dimension communautaire. Contrairement à la notion occidentale de propriété privée, la terre est souvent considérée comme un bien collectif, géré au profit de la communauté et des générations futures. Ce principe est bien illustré par le concept de Ubuntu, qui met l’accent sur l’interdépendance et la solidarité entre les membres d’une communauté.
Le philosophe Paulin Hountondji8 souligne dans ces travaux que cette gestion communautaire de la terre repose sur des systèmes coutumiers complexes, où les chefs de terre (appelés LAMANE dans la tradition sénégalaise) ou les conseils de village jouent un rôle central dans l’attribution et la régulation des droits fonciers. Ces systèmes, bien que souvent informels, ont permis de maintenir un équilibre entre les besoins des individus et ceux de la collectivité. D’ailleurs au Sénégal la réforme foncière la plus audacieuse a été initié au temps du royaume du Baol, appelé ¨réforme foncière du Teigne¨ Thiendella Ndiaye. Ce dernier va mettre fin à des expropriations et accaparement des autres lamanes avec violence pour redistribuer de manière équitable les terres du Baol donnant naissance à des villages comme Djack, Ngoundiane…
Aujourd’hui ce qu’on constate est qu’à cause de la globalisation et de l’exploitation intensive, le rôle premier de la terre qui doit être d’assurer la survie existentielle des peuples est menacée.
Au Sénégal les communes lébous9 (Ouakam, Ngor, Yoff) à Dakar ont tous été dépouillées de l’essentielle de leur terre par appartenance communautaire pour les octroyé très souvent à des privilégiés sociaux. Alors que ces communautés traditionnellement très organisées avec des mécanismes sophistiqués ont vu brutalement leur mode d’organisation être remplacé par un autre système de propriété totalement extérieur. Donnant ainsi l’exclusivité absolue de la propriété foncière à des organisations extérieures totalement inégalitaire créant ainsi des défavorisés, que Levebvre10 vas appeler le précariat social pour remplacer traditionnellement le prolétariat. Ce précariat va ainsi encourager une occupation désagencée de nos espaces communes en ville. En 2024 le docteur Ibrahima Malick Thoune avait écrit un article11 critiquant la bordelisation de nos villes. La décomposition des mécanismes sociale, sur la distribution de la terre vas donc accroitre les inégalités sociales créant des groupes d’intérêts (Administrateurs, hauts cadres de l’Etat, Multinational, religieux, chef coutiers…) autour du foncier. De même la quasi inaccessibilité au foncier pour la plupart des communautaires et des résidents faisant du logement social un réel défi non pas structurel mais foncier. Au Sénégal c’est devenu banal qu’un individu dispose de plusieurs domiciles dans un même quartier ou commune tandis que la plupart des gens n’ont pas les possibilités de se payer un terrain. Le massacre foncier de Mbour-412 doit tous nous interpeller sur les politiques foncières. La révélation expose une chose dans le fond, comment une minorité s’accapare des biens de tous dans une politique de marché.
Cette politique de marché nous aura montré par dépossession comment la communauté autochtone de Ndingler13 va être privé et sa condition d’existence sociale et de survie. Ce cas expose comment par la politique de l’exclusivité absolue sur la terre, les zones rurales sont autant exposées que les zones urbaines.
Nos Etats doivent reconceptualiser la terre au service du social, de la vie et de la continuité. La considération juridique du foncier actuelle est un scandale qui a suffisamment montré ces limites. En 2024 un promotionnaire Hugues Alexandre avait fait un article13 sur la question des litiges foncier au Sénégal, qui est exemple de la limite juridique du foncier.
Pourquoi un natif d’une communauté, d’un Etat ou pays donné devrait payer pour acheter la portion de terre qui devra lui servir de domicile ?
Rien n’explique une telle absurdité si ce n’est pour des raisons capitaliste. Le droit à la terre devrait être une obligation sociale et non une question de moyen. Je pense d’ailleurs qu’il est impossible de régler au Sénégal la question des logements sociaux15 tant que le foncier n’est pas réglé, dans le sens d’en faire bien de tous dont le monopole commercial ne reviendrai qu’a l’Etat. Dans le cas contraire, cette considération capitalistique du foncier va faire accroitre la dépossession.
LA Terre : Capital, une dépossession flagrante
¨En réalité si vous ne comprenez pas la notion de capital, vous ne connaissez pas la valeur de la terre¨
Karl Marx16 nous explique que la terre n’est pas simplement un bien physique ou un facteur de production, mais un élément clé des rapports sociaux de production. Ainsi il met en lumière les dynamiques de pouvoir, d’exploitation et de lutte des classes qui se nouent autour de la propriété et de l’usage de la terre.
Pour lui, la terre est avant tout un moyen de production17, au même titre que les machines, les outils ou les infrastructures. Elle est essentielle à la production agricole, minière, immobilière et industrielle, et donc à la reproduction18. Cependant, contrairement aux autres moyens de production, la terre possède une caractéristique unique : elle n’est pas le produit du travail humain. Elle est une ressource naturelle, un don de la nature, mais son accès et son utilisation sont déterminés par les rapports sociaux. Il distingue la terre en tant que ressource naturelle de la terre en tant que propriété. Sous le capitalisme, la terre est privatisée et devient une marchandise, soumise aux lois du marché. Autrement dit, Marx nous révèle deux (2) fonctions centrales de la terre, sa fonction naturelle d’assurer la survie et sa fonction de moyen de production privatisée avec la conception du capitalisme.
Au Sénégal, le cas Ndingler illustre comment la dépossession foncière est légitimée avec une instrumentalisation du droit Sénégalais. Dans son article qui date de 2023 OpenEdition Journal19 a fait une exposition approfondie du scandale de Ndingler. Ce cas nous montre comment trois cents (300) ha situés dans le village de Djilakh vont être octroyé au plus grand firme de production de poulets et d’œuf du pays SEDIMA. Babacar Ngom va ainsi appliquer une des principes les plus efficace du capitalisme de production, la dépossession foncière. Imaginez-vous 300 ha utilisé par des populations communautaires pour habiter et cultiver se retrouve légalement entre les mains d’une seule personne. La violence de la dépossession foncière est cynique, elle prive un besoin non seulement essentiel pour la survie et aussi pour la production a tout une communauté, pour l’octroyé à une seule personne généralement.
Mais faisons l’historique de Ndingler, Babacar Ngom a été titré par délibération communale en Décembre 2012 et par titre foncier matricule 2247/MB en 2019. Alors que la communauté autochtone de Ndingler a au moins vécu sur ces terres par continuité générationnelle au moins 100 ans. Et c’est là, la violence de la dépossession capitaliste, elle ne vous arrache pas que votre moyen de survie, d’être, de production, de travail. Mais elle vous arrache votre histoire, votre passé, votre culture, votre tradition en deux mots VOTRE TOUT.
Au Sénégal on l’appelle le vieux de Ndingler20, lors d’une conférence de presse il dira ¨nous nous sommes toujours opposés à ce projet. Un jour, vers 2016, Babacar Ngom accompagné de son fils et du chroniqueur de lutte Khadim Samb étaient venus ici, c’était une matinée. Ils nous ont promis de l’électricité, de l’eau et la construction d’une route pour désenclaver notre localité ainsi que de l’emploi pour lutter contre la pauvreté si nous acceptons la réalisation du projet¨
Ces propos révèlent la vulnérabilité sur laquelle s’appuis généralement le système capitaliste, renforcé par des politiques libérales favorisant la dépossession foncière. Très souvent c’est cela les promesses, une amélioration des conditions de vie, un bon marché de travail, et de l’empois.
Mais en vrai ceux sont nos Etats qui montrent leurs limites (surtout juridique) et leur échec dans la conception de ce qu’on appelle urbanisme social. La considération du foncier comme un marché privé et l’absence de cadre juridique forte qui place le communautaire au cœur du foncier est en effet le plus grand défi en milieu rural. La privatisation de terre rurale est une limite assez visible pour la réformer. Car non seulement elle crée une possibilité légale de dépossession foncière, mais aussi encourage la corruption foncière. Il nous faut aussi définir c’est quoi une zone rurale, non pas par disposition géographique ni que démographique, mais par utilité de production agricole et industrielle. Cela permettra de donner un sens à la ville rurale et de verrouiller avec toute possibilité de modernité les structures communautaires rurales. Il y’a deux (2) semaines le Burkina a voté une loi interdisant l’achat de terres rurales à tous étrangers, une loi que peu de gens ont bien compris le sens et la portée. Une bonne initiative qui vise à protéger les zones rurales de la dépossession du capitalisme des multinationales. Mais cela est insuffisant, il faut aller plus loin pour la protection des communautés rurales, par exemple, limité la superficie pour les non résident avec une utilité agricole ou industrielle. Sinon deux (2) dangers nous guettes la dépossession par les multinationales étrangers et l’accélération de la vulnérabilité des communautés autochtones.
Ainsi, le procédé le plus visible et le plus efficace du capitalisme est la dépossession foncière des communautés locales ou paysannes. Les processus d'accaparement des terres, souvent légitimés par des lois favorisant les intérêts privés, privent les paysans, les peuples autochtones et les travailleurs ruraux de leur accès aux ressources naturelles. Cette dépossession entraîne une exclusion sociale et économique, poussant de nombreuses personnes vers la pauvreté et la marginalisation. Au Sénégal 80% des travailleur ruraux sont des femmes alors que ces dernières ne détiennent que 2% des propriétés foncières. Cela pour dire que ce qui travaillent la terre n’en ont pas accès alors qu’elles sont les vraies créatrices du profit suivant la production. Tout ceci n’est qu’injustice, mais aussi une mauvaise politique urbanistique. L’enseignante marocaine Mme Navez-Bouchanine n’a cessé de nous exhorter de rétablir le pont entre les réalités et la technique.
David Harvey21, explique de par le concept d'accumulation par dépossession comment le capitalisme s'approprie les terres et les ressources communes, souvent par la force ou par des réformes légales donc juridique. Ce processus déstructure les communautés locales et renforce les inégalités sociales.
Pour comprendre ce que dit David Harvey dans le ¨nouvel impérialisme¨ il faut analyser deux (2) cas, celui d’ERAMET a Lompoul et de TERANGA GOLD à Sabodala.
ERAMET une entreprise Française dans le domaine minier, qui entre dépossession des terres, destruction de l’environnement, épuisement des ressources en eaux quoi d’autre pour parler de scandale sur la terre. Après avoir saccagé les terres de Diogo au nom de la production, aujourd’hui ERAMET à travers son filiale GCO est en train de détruire, d’exclure tout une communauté a Lompoul. En janvier 2025 le journal les reporterre21 a fait un article sur le cas ERAMET. Elle seule, à une concession de 445 000 ha sur une longueur de 100 Km de littoral. En observant le cas de GCO a Lompoul on se rend compte de la destruction du désert historique et culturel, de la dépossession des terres agricoles et d’habitat, du transfert des communautés rurales vers d’autres terres inconnues et du saccage de l’environnement. Car GCO épuise 80% des nappes d’eau dans toute la zone. Tout ceci dans l’exclusion total des populations autochtones dans la répartition des profits. Ainsi GCO expose doublement les populations de Lompoul. Non seulement en faisant accroitre leur vulnérabilité, mais aussi à un déséquilibre environnemental condamnant totalement les zones rurales concernées.
Mais en matière d’accaparement par dépossession minière, le groupe TERANGA GOLD OPERATION (TGO) à Sabodala est l’exemple le plus parlant. En 2016 des révoltes populaires vont conduire à la médiation d’une des plus grandes mines du Sénégal. Les populations de Sabodala sont tous exposées dans l’ensemble de ce qui fait leur existence à être déplacé. Les villages, les champs, les commerces jusqu’au cimetière doivent tous être délocalisés pour la production. Un article de la maison des reporters23 à la date va exposer l’une des plus grandes séquestrations foncières du Sénégal. Mais une déclaration d’un communautaire a attiré mon attention, il dit ¨95% des terres fertiles pour l’agriculture dans cette zone sont occupées par les sociétés minières. Les gens n’ont pas de quoi vivre¨. La dépossession qu’a fait TGO est cynique, mais vous n’êtes pas encore surpris non, car l’accaparement foncier de TGO au cours des dernières années est encore plus choquant. Saviez-vous que TGO fait dix (10) fois la superficie de Dakar, oui je dis bien 10 fois. Car après leur dernière concession en 2020 TGO détient à lui seul 5 850 Km². Cela nous permet de comprendre le cri des communautaires lorsqu’ils disent que 95% des terre agricole sont accaparées par les sociétés minières. Et le plus souvent quand ces populations se révoltent, ils sont violemment réprimés par les forces publiques, dés fois même jusqu’à mort d’hommes.
Je n’essaie pas de dire qu’il ne faut pas exploiter les ressources tel que minières. Non, mais il est impératif de placer les communautés au cœur des exploitations, car ils sont le début et la fin. Ces populations dépossédées de leur terre naturelle de survie et de travail sont cela qui vont migrer dans les villes surtout les capitales ou la politique foncière est encore plus violente, pour se trouver du travail. Les communautés doivent donc être les moteurs de toutes politiques de production dans les zones rurales. Il ne s’agit donc pas de les employer, mais de les intégrer dans la gestion des exploitations minières, avec une répartition équitable des profits et une gestion concertée de la terre. En ce sens, il faut adopter d’autre formes d’approche conceptuel avec les communautés.
La Terre : une nécessaire reconceptualisation collective en zone rurale et urbaine
Il est bien possible de mettre en place ce que j’appelle ici le conseil communautaire, dans le but d’intégrer dans la gestion des terres, la répartition des profits, et les décisions d’entreprise les communautés autochtones. La nouvelle forme politique appelée ¨El communard¨24 noté dans les pays d’Amérique latine ou la révolution Bolivar est passé (Bolivie, Cuba, Venezuela) montre que c’est bien possible de faire une construction communautaire de la terre en fonction des besoins (agricoles, infrastructurel, industriel…) et de la disponibilité.
Le conseil communautaire est une piste de solution en milieu rural qui consiste à organiser les communautés comme des institutions locales. Le but est de donner le pouvoir de la gestion des terres aux communautés autochtones. Ainsi il sera impossible pour qui que ce soit de vendre des terres. Le conseil lui-même ne pourra vendre les terres, mais la mission de la gestion lui reviendra, dans l’utilisation des terres et de sa distribution. Ainsi, il va falloir pour tout entrepreneur motiver son besoin foncier par un projet agricole et/ou industriel inclusif. Validé par le conseil communautaire, l’octroi ne fait nullement de lui le propriétaire de la terre. Car au moment où le projet prend fin les terres seront d’office récupérées par les communautés. Cela permettra de lutter contre la dépossession des terres comme à Ndingler. En zone rurale minière le conseil communautaire aura deux (2) rôles à jouer au-delà de la gestion des terres. La répartition équitable des profits, qui consiste pour l’entreprise minière en guise de compensation d’octroyer entre 15% et 20% de son chiffre d’affaire net au conseil communautaire qui se chargera de la répartition. Aussi de participer aux décisions des entreprises sur la terre. Pour une planification des zones d’exploitation, et une meilleure prise en compte des besoins de terre pour l’agriculture des populations autochtones. Avec ce modèle l’Etat pourra décentraliser la gestion du foncier au niveau des conseils, avec une interdiction de commercialiser les terres et de définir ce que j’ai appelé ici ville rurale quelque soit le niveau de modernité.
Dans les villes urbaines où la densité démographique est très élevée il faut concevoir le foncier collectif a l’exemple du model ¨EL communard¨. Cela permettra d’arrêter l’accaparement foncier de par les spéculations immobilières. Le foncier collectif permettra dans des zones comme les communes lébous d’établir des terres collectives pour la communauté. Non pas pour faire une distribution foncière, mais de concevoir des projets immobiliers social avec des immeubles à plusieurs appartements pour ces communautés. Le foncier dans ce sens n’appartiendra à aucun individu, mais sera un bien collectif dont ¨la communard lébous¨ se chargera de la distribution équitable des appartements via un projet immobilier adapté. Avec le modèle communard l’Etat pourra assurer une politique foncière pour tous avec l’établissement de foncier collectif, mais aussi en planifiant le foncier d’habitat dans chaque région. Cela permettra dans le cours, moyen et long terme de mettre à disposition dans les régions des zones d’habitats gratuitement.
Enfin l’Etat doit revoir son cadre juridique et urbanistique, établir des conditions de ruralité et faire du commerce foncier un monopole exclusif de l’Etat dans le but de l’abolir.
Dans cet article j’ai exploré l’urbanisme social dans un but, la reconsidération du foncier au profit des communautés, de la conception anticapitaliste et des limites du cadre juridique néolibérale. Il s’agit donc, de stopper la dépossession capitaliste et de faciliter la propriété aux communautaires.
Il est essentiel de repenser aujourd’hui humainement la question de la propriété foncière, de ne pas en faire une exclusivité individuelle mais un bien collectif enfin.
Par Baba DIENG
MATAR EN AVAIT MARRE DE NOS TARES !
Ce qu’il convient désormais d’appeler «l’affaire Matar» n’a pas encore fini de susciter des émotions et des initiatives. Chacun, à sa manière, a essayé de comprendre ce qui est arrivé à cet ange pour qu’il passe à l’acte fatidique
Ce qu’il convient désormais d’appeler «l’affaire Matar» n’a pas encore fini de susciter des émotions et des initiatives. Chacun, à sa manière, a essayé de comprendre ce qui est arrivé à cet ange pour qu’il passe à l’acte fatidique. La Commission sociale de l’Université, dans le cadre de la «Semaine de l’étudiant», a initié une série de discussions au sujet de la santé mentale de l’étudiant. Subitement et temporairement, le bien-être psychologique de celui-ci est devenu une préoccupation nationale. Ses camarades étudiants, eux, ses principaux bourreaux, ont inondé l’espace universitaire de larmes…
Les faits sont dramatiques : un jeune étudiant, Matar Diagne, déshumanisé par sa société, a décidé d’écourter sa vie. Il a été retrouvé mort, pendu, dans sa chambre universitaire. Une véritable tragédie. Nous l’avons encouragé, sans peut-être le savoir, à éteindre ses feux, ses énergies, à ranger prématurément sa belle plume. Un roman à publier est sorti de son imagination.
A l’Université Gaston Berger (Ugb), où j’ai passé trois belles années, je n’ai pas eu la chance de le connaître. Il lui arrivait, de manière sporadique, sur Facebook, de commenter certains de mes textes. En dehors de ces échanges virtuels, je n’ai pas eu à le côtoyer, à entrer dans l’intimité de sa grande souffrance. Comme il s’est décrit dans sa dernière bafouille, il était très réservé, préférant vivre à l’abri du danger que ses semblables - ou non-semblables- ont toujours représenté pour lui. Il se méfiait de l’homme ou, précisément, du Sénégalais. De l’étudiant et ses guindailles.
Il a fallu que cet étudiant se donne la mort dans la détresse absolue, comme un condamné à mort selon certaines pratiques judiciaires, pour que nous simulions de regarder nos tares, de nous adonner à une introspection. Au fond, qu’est-ce que Matar nous reproche ? Notre indifférence. Notre inimitié. Notre descente en inhumanité. Notre incapacité à faire preuve de sollicitude, à écouter les gens sans les juger, à aimer, surtout aimer. Notre tendance à détruire, par la parole, ceux qui nous sont très proches pourtant… Ces tares, nous les célébrons au plus profond de nos existences. Elles sont profondément sénégalaises.
Introspection ? Nous avons fait mine quand même, comme toujours. Sauf que c’est une «grande comédie nationale» -j’emprunte cette expression à l’écrivain Elgas, dans la belle préface qu’il a faite de L’écume du temps (L’Harmattan, 2020) du regretté Ibrahima Hanedans laquelle chacun tâche de jouer son rôle pour duper les autres, pour se duper, pour tenir son rang. Notre société se dit pieuse, porteuse en son sein de grandes valeurs et, pourtant, elle n’hésite pas, pour diverses raisons, à cibler et à exclure certaines parties d’elle-même. Ces mécanismes d’exclusion ont fait que plusieurs de nos concitoyens, surtout les jeunes, sont dans une situation de déréliction extrême. Nos «régimes de vérité» (Michel Foucault) sont violents, impitoyables.
Notre société est de plus en plus déliée, fragmentée.Il n’y a presque plus d’espaces de discussion et d’écoute, où les gens viennent s’interroger sur le vacuum de leur existence, sans être traduits devant nos tribunaux, ceux des réseaux dits sociaux, pour être jugés et condamnés sans appel. Matar s’est confessé. Et ses confessions ont été exposées sur la place publique. Il a donc décidé de vivre avec ses hantises, qui ont fini par avoir raison sur lui.
A partir des années 1980, avec tout ce que l’on sait de la crise économique de cette époque, la fabrique de l’homme total a cessé d’être au centre de nos politiques publiques. L’on a mis dans la tête du Sénégalais qu’il n’a pas droit aux œuvres de l’esprit comme la lecture, l’art, le cinéma, etc. Et qu’il ne doit avoir qu’une seule préoccupation quotidienne : trimer pour agglutiner des vivres, pour survivre… Tout est mécanique, mercantiliste, inhumain.
Un «semeur d’hommes» comme le poète-Président Léopold Sédar Senghor, le plus illustre des Sénégalais, construisait ce pays par le truchement de la Culture. Les dirigeants qui se sont succédé après l’Immortel ont choisi de privilégier les infrastructures, et non l’homme, dans leurs investissements. Notre indigence intellectuelle -qui est la suite logique de ce choix politique consistant à vouloir construire un pays en dehors de son substrat culturel- a fait que nous commençons à perdre l’art de vivre ensemble, de faire communauté, de monter en humanité.
La souffrance fatale de Matar est aussi celle de plusieurs jeunes exclus, sans même être écoutés, compris, aimés. Avec les chambardements de notre société inhérents à l’ouverture au monde de celle-ci, il y a eu une dégénérescence progressive de nos liens sociaux. Ceuxci doivent être régénérés. La «régénération du lien social» dont parlent Gaël Giraud et Felwine Sarr, dans L’Economie à venir (Les liens qui libèrent, 2021), est une nécessité impérieuse pour reconstruire notre contexture sociale. C’est en produisant de nouvelles utopies que nous arriverons à féconder les inépuisables possibles de notre communauté.
Matar en avait marre de nos tares, de nos inimitiés, de nos hypocrisies. Son acte, fût-il malheureux, est posé à dessein : inviter ses compatriotes à entamer un réel travail d’humanisation de leurs rapports avec leurs prochains – au sens que la morale chrétienne donne à ce vocable : l’amour de l’Autre. C’est à souhaiter que cette invite ne soit pas renvoyée aux calendes sénégalaises.
lettre d'amérique, par rama yade
L’UNION AFRICAINE A BESOIN D’EFFICACITE, D’INDEPENDANCE ET D’AUDACE
Après la désignation de Ali Mahamoud Youssouf à la tête de la Commission de l’Union africaine, il faudra toute l’expérience de celui qui fut ministre des Affaires étrangères de Djibouti pendant vingt ans, pour faire mieux, beaucoup mieux que Faki
Après la désignation de Ali Mahamoud Youssouf à la tête de la Commission de l’Union africaine le 15 février, il faudra toute l’expérience de celui qui fut ministre des Affaires étrangères de Djibouti pendant vingt ans, pour faire mieux, beaucoup mieux que le Tchadien Moussa Faki Mahamat.
Ce dernier laisse à son successeur la lucidité d’une ultime missive adressée, le 30 septembre, aux chefs d’Etat africains, déplorant «déficiences» et «inactions», selon les termes relevés par Jeune Afrique. Dans la période de changements historiques initiée par la Présidence Trump, la feuille de route de Youssouf devrait se décliner autour de trois mots : efficacité, indépendance et audace.
Efficacité. Le 38e sommet de l’Union africaine, qui a vu l’élection de Youssouf, a été, sans surprise, tant les conflits sont persistants en Afrique, parasité par l’annonce de la prise de Bukavu par le M23 en Republique démocratique du Congo (Rdc). En 2025, aux côtés de l’Angolais João Lourenço, nouveau président de l’Union africaine, le président de la Commission aura fort à faire sur le front sécuritaire, de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel au fragile cessez-le-feu en Ethiopie, du génocide au Soudan à la crise libyenne, en passant par la Rdc donc. Et, déjà, la tâche semble titanesque alors que les discussions sur le rôle et les moyens du Conseil de paix et de sécurité (Cps) restent encore en souffrance, bien que les Etats en avaient approuvé la reforme en… 2019. L’Afrique a trop à faire avec le doublement de sa population dans les vingt ans à venir, pour que ses dirigeants s’épuisent à tenter d’éteindre des incendies ici ou là.
Indépendance. Alors que l’Union africaine a gagné, en 2023, un siège permanent au sein du G20, c’est l’Afrique du Sud qui préside l’enceinte en 2025, renforçant la voix, sinon le poids, de l’Afrique sur la scène internationale. Avec l’ambition supplémentaire de gagner deux sièges permanents au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, il n’est pas sain que l’Union africaine soit financée aux deux tiers par des non-Africains. Il faudra aussi dépasser les divisions internes, parler d’une seule voix au sein de cette enceinte, que les Etats-Unis de Trump ont décidé de boycotter prenant prétexte de la «loi de confiscation des terres» dont seraient victimes les Afrikaners en Afrique du Sud.
Le gel de l’aide internationale par l’Administration Trump ne doit pas effrayer les dirigeants de l’Union africaine : la fin de l’Usaid peut être un nouveau départ pour les Africains qui n’ont pas à éternellement dépendre de la (fausse) charité internationale et doivent, comme toutes les nations (vraiment) souveraines, prendre en charge par eux-mêmes des questions aussi stratégiques que la santé de leur citoyens, l’éducation de leurs filles et la sécurité de leurs territoires. Sur le plan commercial, à l’attentisme quant au devenir des outils commerciaux américains comme Development Finance Corporation ou African Growth and Opportunity Act dont la survie ne laisse guère d’espoirs à cette heure, doit se substituer une politique commerciale fondée sur la diversification des partenariats, déjà en cours, l’accélération des échanges commerciaux intra-africains (qui s’établissent à un niveau toujours inferieur à 20% des échanges totaux alors qu’il s’élève à plus de 60% entre pays européens), l’introduction de monnaies locales (la création de la monnaie Eco ne cesse d’être repoussée aux calendes grecques), la transformation industrielle locale et la formation d’une génération de scientifiques et d’ingénieurs sans qui ces ambitions n’ont aucune chance de voir le jour.
Audace. C’est ce sentiment d’urgence qui doit guider le nouveau président de la Commission africaine. L’histoire est entrée dans une phase vertigineuse d’accélération. C’est le moment du grand bond en avant, ou si l’on préfère, du leapfrog, pour les nations qui sauront capturer ce tournant. Qui aurait cru que les Etats-Unis rejetteraient, aux côtés des Russes, une résolution de l’Onu en faveur de l’Ukraine, comme cela s’est produit ce 24 février à New York ? Qu’ils plaideraient pour le retour d’une Russie, pourtant sous sanction depuis trois ans, au sein du G7 ? Qu’ils annonceraient la reprise «de partenariats économiques vraiment uniques et aussi potentiellement historiques» avec la Russie, selon le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio lors du Sommet de Riyad le 18 février dernier. La volatilité et l’imprévisibilité de l’époque peuvent être une chance pour les audacieux. Dans un tel contexte, tout immobilisme africain serait une faute historique.
Les Africains ne devraient même plus autoriser ces interminables conférences sur la dette africaine. Ce n’est pas l’Afrique qui est endettée. C’est le monde qui est endetté à son égard : chaque année, ce dernier contracte une dette de cinquante-cinq milliards de dollars envers le continent africain et cette dette correspond à la valeur du service d’absorption de carbone fourni par le bassin du Congo, le plus grand puits de carbone au monde.
Au lieu de cela, l’audace consisterait, pour l’Union africaine, à doter l’Afrique d’une Constitution ainsi que d’un vrai parlement continental, et ses citoyens d’un passeport africain. Sur le plan militaire, l’audace supposerait de créer une armée commune pour pacifier le territoire. Sur le plan énergétique, le lancement d’une banque verte africaine permettrait de garantir les financements souverains nécessaires sur le front du changement climatique.
Efficacité. Indépendance. Audace. Tels sont les termes pour que l’Union africaine soit à la hauteur des enjeux historiques qui se sont ouverts.
Rama Yade est Directrice d'Afrique Atlantic Council.
Par Cheikh Niang,
ET SI LES ÉTATS-UNIS SE DESENGAGEAIENT DE L’ONU ?
L’introduction du projet de loi « Disengaging Entirely from the United Nations Debacle (DEFUND Act) » par le sénateur américain Mike Lee relance un débat complexe sur le rôle des États-Unis dans la gouvernance mondiale.
L’introduction du projet de loi « Disengaging Entirely from the United Nations Debacle (DEFUND Act) » par le sénateur américain Mike Lee relance un débat complexe sur le rôle des États-Unis dans la gouvernance mondiale. Ce texte législatif propose un retrait complet des États-Unis de l’Organisation des Nations Unies (ONU), invoquant des questions de souveraineté nationale, de responsabilité budgétaire et de partialité présumée au sein de l’organisation. Le « DEFUND Act » traduit un sentiment croissant parmi certains décideurs politiques américains selon lequel l’ONU ne sert plus les intérêts des États-Unis. Mais à quoi ressemblerait un monde privé de l’influence américaine à l’ONU ? Cela conduirait-il à un ordre mondial plus équilibré ou affaiblirait-il la coopération internationale ? Cette réflexion explore les implications, les défis et les opportunités liés à une ONU sans les États-Unis et, in fine, examine la capacité du monde à naviguer dans un système multilatéral dépourvu de son acteur le plus influent.
Depuis sa création en 1945, l’ONU a été profondément marquée par l’influence américaine. Comme l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, les États-Unis ont façonné des décisions internationales majeures en matière de paix et de sécurité, utilisant leur droit de veto pour protéger leurs intérêts nationaux et ceux de leurs alliés. De plus, les États-Unis sont le plus grand contributeur financier de l’ONU, fournissant environ 22 % du budget ordinaire et 25 % du budget des opérations de maintien de la paix. Cette influence financière confère aux États-Unis un levier considérable sur l’agenda de l’organisation, allant de l’aide humanitaire au développement international. Comme le rappelait l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan : « Quand les ÉtatsUnis ne s’engagent pas, le monde entier en souffre. »
Au-delà de l’aspect financier, le leadership américain a été déterminant dans des initiatives clés de l’ONU, notamment en matière de droits de l’homme, de santé et de sécurité. Les États-Unis ont joué un rôle essentiel dans l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la création de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le déploiement de missions de maintien de la paix dans le monde entier. Leur diplomatie a également été influente dans l’imposition de sanctions contre des États dits « voyous » et dans la médiation de conflits internationaux. En ce sens, par la force des choses, l’ONU est devenue, pour reprendre les termes de l’historien américain Paul Kennedy, « l’instrument par lequel l’Amérique exporte sa vision de l’ordre mondial »
Cependant, ce rôle n’est pas sans controverse. Certains critiques estiment que la domination américaine a parfois conduit à une politisation des normes internationales et à un double standard, notamment en matière de droits de l’homme et de recours à la force. De plus, les États-Unis ont souvent adopté une approche sélective, soutenant les initiatives qui servent leurs intérêts tout en ignorant d’autres priorités. Cette approche a contribué à la perception d’un parti pris qui mine la crédibilité de l’ONU en tant qu’arbitre neutre sur des questions mondiales.
Les partisans du « DEFUND Act » estiment que l’implication continue des ÉtatsUnis à l’ONU porte atteinte à la souveraineté nationale et pèse sur le contribuable américain. Selon eux, l’organisation mondiale a dévié de sa mission première de promotion de la paix et de la sécurité, devenant plutôt une tribune pour l’antiaméricanisme et un forum où des régimes non démocratiques exercent une influence excessive.
Ils avancent également que l’Assemblée générale de l’ONU accorde des droits de vote égaux à tous les États membres, indépendamment de leur taille démographique ou système politique. Cela signifie que certains États, petits et/ou autoritaires, disposent du même pouvoir de vote que de grandes démocraties. Pire, ces États ont tendance à faire preuve d’ostracisme et d’hostilité à l’égard des États-Unis et de leurs alliés, notamment Israël.
Enfin, ils estiment que l’ONU porte atteinte à la souveraineté américaine en imposant des normes internationales qui contredisent les valeurs ou les intérêts des États-Unis. Selon eux, certaines résolutions de l’ONU sur le changement climatique et les droits de l’homme constituent une ingérence dans la politique intérieure américaine.
Tout compte fait, une certitude demeure : un retrait des États-Unis provoquerait une crise financière immédiate à l’ONU. Cette dernière ferait face à un déficit de financement affectant les missions de paix, l’aide humanitaire et les programmes de développement, impactant particulièrement les populations vulnérables dans les zones de conflit et les pays en développement.
En l’absence de leadership américain, d’autres puissances mondiales – au premier rang desquelles la Chine et la Russie – combleraient le vide. La Chine, en particulier, a déjà renforcé son influence au sein du système onusien. Un retrait américain accélérerait cette dynamique, offrant à Beijing l’opportunité de façonner les normes internationales avec davantage d’assurance
Il convient de noter qu’un tel scénario ne serait pas sans conséquences pour les ÉtatsUnis eux-mêmes. En renonçant à leur leadership onusien, ils risqueraient, à terme, une marginalisation progressive sur la scène internationale, perdant leur capacité à influencer les règles du jeu global. Outre la perte d’influence politique et diplomatique, ils pourraient voir leur monnaie, le dollar, perdre son statut de devise dominante dans les transactions internationales. L’hégémonie du dollar repose en grande partie sur le rôle prééminent des États-Unis dans les institutions multilatérales. Un retrait affaiblirait cette position stratégique, ouvrant la voie à des alternatives comme le yuan chinois. En renonçant à leur rôle central à l’ONU, les États-Unis céderaient ipso facto le terrain aux puissances émergentes, perdant leur capacité à façonner l’agenda international.
Une autre question complexe découlerait de ce retrait : celle du siège de l’ONU. Le quartier général de l’organisation étant situé à New York, une remise en question du siège deviendrait inévitable. Une telle décision transformerait la dynamique diplomatique mondiale et consoliderait l’ordre multipolaire en construction.
En fin de compte, la perspective d’une ONU sans les États-Unis pose des questions complexes sur les dynamiques de pouvoir, la coopération internationale et l’avenir du multilatéralisme. Que le monde soit prêt pour cette éventualité reste incertain. Mais il est évident que le système international doit s’adapter aux nouvelles réalités géopolitiques. La question cruciale n’est pas seulement de savoir si les États-Unis vont quitter l’ONU, mais comment la gouvernance mondiale peut évoluer pour relever les défis du XXIe siècle.
Dans tous les cas de figure, les chancelleries, notamment dans le Sud global et plus spécifiquement en Afrique, se trouvent face à l’impérieuse nécessité de réfléchir à divers scénarios pour anticiper la reconfiguration de l’ordre mondial. Comme le soulignait Boutros Boutros-Ghali, ancien Secrétaire général de l’ONU, « La diplomatie ne consiste pas seulement à parler, mais à écouter, à comprendre et à s’adapter. »
Cheikh Niang,
Ancien Ambassadeur aux États-Unis d’Amérique,
Ancien Représentant permanent auprès des Nations Unies
PAR Djibril Ndiogou Mbaye
QUAND ISRAËL ORGANISE LA DÉPORTATION DU PEUPLE PALESTINIEN
L’État hébreux vient d’inventer la déportation volontaire, pacifique, avec le fort pressentiment d’un voyage sans retour et des relents de nettoyage ethnique. Il faut s’indigner pour empêcher la réalisation de ce plan indigne de notre civilisation
Faire l’apologie de la déportation devant le plus éminent représentant du peuple juif, peut sembler surréaliste mais surtout d’une indécence indicible, pour ceux qui portent dans leur inconscient le souvenir des injustices subies par les juifs.
C’est pourtant le spectacle désolant auquel les téléspectateurs du monde entiers ont été les témoins impuissants et hébétés devant ce crachin jeté par M. Trump, sur l’illustre mémoire de tous les déportés, devant son « ami Ben » . Il venait ainsi , de donner son feu vert à l’annexion de Gaza et la déportation de force de sa population, devant M. Netanyahu, qui a accueilli l’annonce avec un large sourire que beaucoup ont pris d’abord pour un sourire de gêne ou de honte pour son parrain qui ose parler de corde chez un pendu, avant de déchanter le lendemain, avec les jubilations de son ministre de la Défense.
En effet, alors que la sortie du territoire de Gaza est interdite à ses habitants sauf pour raison médicale, voilà que le gouvernement israélien, par la voix de son ministre de la Défense Israël Katz, vient de donner l’ordre à Tsahal, son armée, "de préparer un plan pour permettre aux habitants de Gaza de partir volontairement".
Cette décision fait suite à la déclaration du président américain portant sur une déportation des palestiniens de Gaza de leur terre natale. Il s'agit de "permettre à tout habitant de Gaza qui le souhaite de partir vers n'importe quel endroit du monde qui accepte de l'accueillir", a-t-il détaillé. L’État d’Israël vient d’inventer la déportation volontaire, pacifique, avec le fort pressentiment d’un voyage sans retour et des relents de nettoyage ethnique.
Cette situation est le fruit d’une véritable contorsion ironique de l’Histoire.
Voilà enfin le vrai plan de Trump et Netanyahu, alliés pour le meilleur mais surtout pour le pire et le prix, quel qu’il puisse être. Annoncer un départ forcé avant de dérouler le vrai plan de départ volontaire pour amortir le choc émotionnel des gazaouis, l’indignation et l’incompréhension unanime du monde.
Une stratégie bien connue pour tenter de dédramatiser un drame a posteriori. Mais c’est inacceptable ! Et dans tous les cas de figure, une déportation ne peut être ni volontaire, ni pacifique. Surtout pas dans le cas en l’espèce ou le gouvernement israélien demande aux « damnés de la terre », qui portent la croix de l’humanité toute entière, de choisir entre la mort physique et la mort culturelle. La première est le lot quotidien de la population depuis des décennies, la seconde, une mort culturelle, est surement plus douloureuse.
Il est peu probable que les juifs soient majoritairement demandeurs de ce procédé injuste et criminel, qui rappelle à plusieurs égards, la déportation de leurs ascendants vers les camps nazis et leurs corollaires odieux d’humiliation et d’extermination. Imaginons un peu un retour dans l’histoire. Imaginons l’Allemagne nazi proposer aux juifs d’Europe de rester dans les camps de concentration ou bien de choisir un pays de leur choix…
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. La persécution honteuse des juifs à cause de leurs origines a conduit au départ de beaucoup d’entre eux vers l’Amérique et d’autres pays plus accueillants. Cette persécution des juifs avait entraîné un haro contre l’Allemagne-nazi, qui s’est amendée depuis lors, après sa mise au ban des États fréquentables.
Mais, malgré le « plus jamais ça » affirmé par le concert des nations, la leçon semble n’avoir pas été bien assimilée et paradoxalement par la victime d’alors. Ces persécutions basées sur l’origine des populations et leur territoire, semblent être l’un des moteurs de l’histoire. En effet, l’expansionnisme est la loi des grandes civilisations mais également celle des États naissants comme Israël.
La Palestine et sa population sont Les variables d’ajustement d’Israël
En pleine opération de Tsahal dans la bande de Gaza, l’ancien ministre de la Défense Moshé Yaalon a provoqué un tollé en Israël, en affirmant lors d’une interview télévisée que l’armée israélienne menait un « nettoyage ethnique » dans le territoire occupé .
Parmi les différentes formes de violences politiques exercées à l’encontre des populations, le nettoyage ethnique est particulièrement lié à la création d’États ou à leur évolution spatiale. La recherche de l’homogénéité ethnique engendre logiquement des processus de modification du peuplement par la violence. Ces processus peuvent être compris comme des formes d’ajustements structurels à la norme de l’État-nation homogène. Tous les continents sont concernés par ces processus depuis l’aube des temps, jusqu’à nos jours.
En Europe avec le massacre des Albanais par Slobodan Milosevic , La persécution des Kurdes par Saddam Hussein et la persécution des chrétiens et des yézidis en Irak et en Syrie. La crise qui touche encore les Rohingyas, ou encore en Afrique avec la tribut Nuer au Soudan du Sud. Enfin, la persécution des chrétiens, des musulmans et d’autres entités religieuses ou ethniques à travers le monde.
Israel, en tant que jeune État, grignotera goulûment le Territoire palestinien tant que les usa et la communauté internationale le laisseront faire. Plus sa population augmentera, plus Israël cherchera à repousser ses frontières à l’intérieur du Territoire palestinien. Pour anticiper sur les enjeux d’habitat voir de confort et de loisirs (projet de Gaza comme futur Côte d’Azur) mais aussi de ressources naturelles.
Aussi, le blanc seing de Trump est-il une aubaine qui va au delà des rêves Hégémoniques de l’Etat sioniste. C’est la raison pour laquelle, le ministère de la Défense s’est immédiatement mis au travail pour préparer l’annexion, tant rêvée du territoire gazaoui à travers la déportation, qu’elle dit vouloir « volontaire », de sa population.
Et Trump et Netanyahu inventèrent la déportation volontaire et pacifique
Une déportation ne peut être volontaire car elle n’est jamais choisie. Elle est toujours imposée. La puissance occupante instaure un dispositif dans lequel la population occupée doit choisir entre deux maux, en veillant à ce que le départ soit le choix le moins mauvais. L’autre alternative étant la mort pour ceux qui décideraient de rester braver les incursions intempestives de Tsahal et les bombardements meurtriers.
Une déportation n’est jamais pacifique un départ de sa terre natale n’est jamais volontaire. On assiste a la poursuite d’un nettoyage ethnique commencé depuis longtemps.Certaines sources non vérifiées évoquent un projet datant de 1899 déjà, avec comme but de modifier de façon durable le peuplement le Territoire palestinien en créant du « stress ethnique ». Partir, pour les habitants de Gaza, sera donc de répondre par l’affirmatif à un chantage cynique : la mort, la misère et l’humiliation ou l’exil forcé. C’est violent ! Car la violence est dans le fait de laisser derrière soi une partie de sa culture, son territoire et toute son histoire. La conséquence est terrible : perdre ses repères, son identité culturelle, ce qui peut causer des traumatismes graves dans le développement des individus.
Même l’émigration économique n’est pas pacifique. Quitter son territoire pour un autre , quelqu’en soit la raison est violent. Il n’est jamais vraiment volontaire . On se sent « obligé » de partir pour se créer un avenir meilleur.
Dans tous les cas, ils sont morts. Et la mort culturelle est même plus violente car la victime est déracinée, arrachée à sa terre natale en toute conscience. Il est vivant et souffre dans sa chair et sa dignité mais elle est morte. On est dans un nettoyage ethnique.
L’attachement que les palestiniens ou toute autre nation peut avoir pour son territoire n’est pas transposable à un autre territoire. La preuve est que les israéliens sont revenus à leur terre natale dès qu’ils en ont eu la possibilité.
Cette décision devait être gênante pour l’Etat israélien à cause de l’histoire récente de sa population vivant en Europe. Il est peu probable que le peuple juif soit majoritairement demandeur de ce procédé injuste et criminel qui est un clone, parfaitement superposable à leur propre histoire récente.
C’est une décision purement politique et politicienne, d’autorités en mal de solution efficiente pour faire taire les armes de la brigade Al Qassam, bras armé du Hamas et ses soutiens du Jihad Islamique, des rebelles Houthis du Yémen et du Hezbollah libanais. Elle est symptomatique de l’incapacité des autorités israéliennes a mettre en sécurité leur territoire national.
Des autorités muent parfois par des intérêts personnels et stratégiques politiques que seule cette situation de chaos maintient. Une situation qui cache derrière le voile terne de cette interminable guerre, les sournois desseins de nettoyage ethnique. Si les déportés d’Auschwitz ressuscitaient, ils renieraient leur descendance impliquée dans ce projet funeste.
C’est ce que semble confirmer le rescapé du camp de concentration d’Auschwitz Hajo Mayer ( 1824-1914) "Si nous devons véritablement demeurer des êtres humains, nous devons nous lever et qualifier les sionistes pour ce qu'ils sont : Des criminels nazis ». Où sont les « justes parmi les nations » ? Ceux qui ont défendu les juifs pendant la seconde guerre mondiale et qui ont été honorés ainsi par l’institut Yad Vashem par une médaille de « juste parmi les nations ». s’ils ressuscitaient aujourd’hui, ils se arrangeraient très certainement du côté du peuple de Palestine, en aidant des Gazaouis à échapper à l’ignominie d’un hoquet de l’histoire nazie.
Il faut défendre l’intégrité territoriale de Gaza pour que vive la Palestine. L’un des éléments constitutifs d’un État est le territoire. Il est très certainement le premier élément devant la population et une autorité publique organisée. Le Territoire palestinien est attaqué, colonisé de toute part. Si les habitants de Gaza acceptaient de partir, l’état palestinien amorcerait sa disparition à jamais.
Le risque de cette injustice est la consécration de groupes armées , classés par Israël et ses alliés en « groupes terroristes », en « armées de libération nationale » par les populations et les sympathisants de la cause palestinienne. En effet, les populations asservies les verront comme des groupe de libérateurs légitimement armés.
« L’Amérique ne participera pas »dit Trump mais Netanyahu a répondu qu’israél fera le job. Trump vient de lui refiler adroitement les risques de poursuites judiciaires internationales pour crime de guerre et crime contre l’humanité et toute la panoplie de chefs d’accusations potentielles.
Dans tous les cas nous assistons à la mise à mal du Droit et du Droit international, mais aussi la la remise en cause de tout le système qui était mis en place pour pacifier le monde, garantie la paix et harmoniser les relations internationales au lendemain de la conférence de Yalta.
Ce sont les bases d’un nouvel ordre mondial qui semblent germer depuis le retour de Trump et l’amorce de sa politique populiste, souverainiste extrémiste décomplexée.
La sortie des USA du comité des droits de l’homme et les sanctions contre les magistrats de la CPI impliqués dans l’émission du mandat d’arrêt international contre Netanyahu, démontrent à plusieurs égards, la volonté de Trump d’affaiblir l’expression de la justice internationale,Afin de pouvoir légitimer sa posture de délinquant International.
C’est également un désaveu des autres puissances politiques et militaires et incidemment la consécration de son hyper-puissance au mépris de toutes les règles préétablies.
Le lundi 10 février. Au journaliste de la chaîne Fox News Bret Baier qui lui demande si les Palestiniens auraient « le droit au retour » dans le territoire ravagé par la guerre, Donald Trump a répondu : « Non, ils n’en auraient pas car ils auront des logements bien meilleurs ».
En d’autres termes, je parle de leur construire un endroit permanent parce que s’ils doivent revenir maintenant, il faudrait des années avant qu’ils puissent le faire, ce n’est pas habitable ». Un voyage sans retour qui nous rappelle le départ des esclaves d’Afrique vers les plantations …d’Amérique.
Mais plus grave encore est la vision sélective et la culture peu expansive de l’homme le plus puissant du monde qui pense que le territoire d’une nation se limite à une maison confortable. En réalité, il n’est pas aussi inculte qu’il n’y parait, c’est un chauvin et un souverainiste absolu pour qui il y’a deux types de citoyens : les américains et les autres. Et les premiers passent avant tous les autres.
Il faut s’indigner pour empêcher la réalisation de ce plan indigne de notre civilisation.
Initier et entretenir un front du refus
Il est plus que jamais nécessaire pour tous les pays épris de justice et de paix de s’ériger en bouclier contre ce projet plébiscité par deux États hors-la-loi, fussent-ils les plus puissants de la terre, qui veulent faire reculer le monde et ses acquis de paix et de justice. Il s’agit d’un front du refus d’une nouvelle déportation et d’un nouveau drame historique, fruit pourri promis par les fleurs d’un nouvel ordre mondial injuste.
La France a réaffirmé sa position de principe en refusant un nouveau crime contre la Palestine. Elle pourrait proclamer la reconnaissance de l’Etat de Palestine, déjà tardive, si elle voulait vraiment montrer sa bonne foi. La plupart des nations séreuses abondent pour l’instant dans le même sens. Pourvu que ça dure !
Il ne faudrait pas que les États qui pourraient empêcher la réalisation du projet de déportation sacrifient le destin du peuple palestinien sur le bûcher de leurs intérêts personnels, en répondant positivement à un chantage américain, en cette période de terrorisme économique tous azimut et violentes .
Un nouveau sommet arabe s’est tenu vendredi à Riyad réunissant le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avec les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le roi de Jordanie Abdallah II et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Cet événement a pour objectif principal de répondre à la proposition de Donald Trump concernant Gaza. Pour l’instant, ils semblent tous s’accorder sur l’intangibilité du droit des gazaouis à rester sur leur territoire. Concernant la réel construction de Gaza, il serait plus judicieux de régler d’abord la question de la reconnaissance définitive d’un État palestinien Sécurisé. Il ne faudrait pas que l’investissement de 53 milliards de dollars soit réduit en gravât et cendre par les bombes de Tsahal Et de son allié américain.
Ces faux-frères ont la lourde responsabilité historique de se montrer, une fois n’est pas coutume, à la hauteur des enjeux déterminants pour la Palestine et leur propre histoire et leur sécurité. Pour ne pas parler de leur dignité et de leur arabité.
Il faudrait une intransigeance internationale pour faire front contre les visées expansionnistes d’un état colonial et la légèreté intellectuelle et politique d’un président surpuissant, dont l’égoïsme et le nombrilisme n’ont d’égal que le mépris et l’irrespect qu’il nourrit à l’égard du reste du monde.
Plus jamais de shoa et d’Auschwitz et surtout pas sur la terre de Palestine.
Par GUEYE Mouhammad Al Amine et LAM Abdoulaye
APPROCHE ISLAMIQUE DE GESTION DE CRISE
La complexité de ce début de gouvernance rappelle, dans une certaine mesure, le règne du Khalif Omar Ibn Abdoul Aziz (717 à 720) communément appelé, à juste titre, le 5e Khalif.
Gueye Mouhammad Al Amine et Lal Abdoulaye |
Publication 25/02/2025
L’année 2024 a été un tournant majeur dans la vie politique au Sénégal. En effet, elle a été le point de départ d’un nouveau régime, «antisystème», incarné par sa jeunesse et son ambition de faire face à la corruption qui gangrène l’administration publique en particulier et la société sénégalaise en général.
Conformément à la loi n°2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques, le gouvernement du Sénégal a transmis à la Cour des comptes, pour audit, le rapport sur la situation des finances publiques sur la période de 2019 au 31 mars 2024. Les résultats de cet audit ont confirmé une situation alarmante des finances publiques et de leur gestion sous l’ancien régime, d’où la nécessité de mesures correctives urgentes.
Parallèlement, le front social demeure une épine qui transcende tous les secteurs et toutes les sensibilités. Cette situation nécessite de fortes mesures, coordonnées, efficaces et à même de régler durablement les maux visés, sans impacter fondamentalement le vécu des citoyens. D’où la complexité de ce début de gouvernance qui rappelle, dans une certaine mesure, le règne du Khalif Omar Ibn Abdoul Aziz (717 à 720) communément appelé, à juste titre, le 5e Khalif.
En effet, bien que son règne ne durât que moins de trois ans, il est reconnu, à travers le monde, les réformes sociales, politiques et religieuses du Khalif qui ont impacté toute la nation islamique de l’époque.
Pour rappel, Omar Ibn Abdoul Aziz avait hérité d’un Etat représenté dans les différentes contrées par des gouverneurs corrompus qui en ont dilapidé les ressources publiques. Confronté à une forte demande sociale et à des caisses vides, le Khalif eut recours aux mesures citées ci-contre :
Réduction drastique du train de vie de l’Etat ;
Réduction des privilèges des dirigeants et des membres de sa famille dont son épouse Fatima (fille ou sœur de précédents khalifs) ;
Instauration d’un dispositif pour lever les injustices subies par les populations par le passé (diwânoul mazâlim) ;
Nomination de technocrates (savants de l’islam ouverts à la gestion publique) à de hauts postes de responsabilité.
Pour un Etat d’obédience islamique, les 5 objectifs fondamentaux de la Sharia ont été le soubassement de ses réformes. En effet, ces principes qui visent à assurer le bien-être et l’harmonie au sein de la société musulmane sont basés sur la protection de cinq éléments essentiels de la vie humaine, à savoir :
La protection de la religion (liberté de pratique de la foi islamique, protection de la croyance et des rites religieux, promotion de la foi…) ;
La protection de la vie (préservation de la vie humaine, sécurité des individus…) ;
La protection de la propriété (la protection des biens matériels et financiers des individus, incluant l’interdiction du vol, de la fraude et des injustices économiques…) ;
La protection de la descendance (préservation de la famille, des mœurs et des relations légales entre hommes et femmes, protection des héritages…) ;
La protection de l’intellect (la préservation de la santé mentale et physique, protection contre les substances nuisibles pouvant altérer la capacité de raisonnement et la vie sociale).
De façon générale, l’objectif de l’islam en matière de gouvernance publique reste la préservation de la religion et l’administration de la société (cf. Imam Ali Ibn Mouhammad Ibn Habib Al Mawardy). L’histoire plutôt récente de l’Arabie saoudite, pays intégrant les principes de l’islam dans sa gestion publique, montre que des suspicions de dévaluation du riyal saoudien ont souvent perturbé la marche normale de son économie nationale. Il s’agit notamment de la crise pétrolière de 1986, la crise financière asiatique de 1997-1998, la chute des prix du pétrole en 2014-2016, la pandémie du Covid-19 (2020).
Durant ces périodes, les diverses contributions des investisseurs locaux, qu’ils soient privés ou publics, ont été cruciaux dans la gestion de la stabilité économique du pays et dans la réaction des populations face aux crises.
En guise d’illustration, différentes formes de contribution ont été notées lors de ces perturbations, notamment des mesures comme :
Le soutien à la liquidité et à la stabilité financière : en soutenant la demande d’actifs financiers locaux, en investissant dans les obligations d’Etat et en participant activement à l’achat de bons du Trésor, les investisseurs nationaux ont fortement contribué à maintenir la liquidité sur les marchés financiers saoudiens pendant la crise pétrolière de 2014-2016. Ces actions ont ainsi permis de compenser la réduction de la confiance des investisseurs étrangers dans l’économie saoudienne pendant ces périodes de turbulences.
La contribution aux programmes de diversification économique : dans le cadre de la mise en œuvre de la «Vision 2030», les entreprises privées saoudiennes et les groupes familiaux ont été les leviers stratégiques pour le financement des projets d’infrastructures. Ils ont également soutenu l’émergence de nouveaux secteurs comme la technologie, le divertissement et les énergies renouvelables, en augmentant leurs investissements dans ces domaines. Ces actions ont ainsi permis aux investisseurs nationaux de jouer un rôle-clé en soutenant l’initiative de diversification économique.
Le rôle dans les ajustements fiscaux et monétaires : les investisseurs nationaux ont été confrontés à des ajustements fiscaux avec l’introduction, en 2018, de la Tva. Bien que appréhendées comme difficiles, ces mesures, qui visaient à assurer la viabilité à long terme des finances publiques et de l’économie nationale, ont été acceptées et soutenues par les investisseurs nationaux, en perspective des avantages à long terme que la mesure pourrait offrir en termes de diversification économique. D’ailleurs, c’est ce qui les a même amenés à investir dans des projets privés ou dans des partenariats public-privé créés pour réduire le fardeau budgétaire de l’Etat.
Le rôle capital du secteur privé saoudien a même été noté dans des situations telles que les tensions géopolitiques et économiques (lors de la guerre du Yémen ou lors de la crise diplomatique avec le Qatar) où ils ont joué un rôle de stabilisateur en renforçant leur engagement dans des secteurs-clés de l’économie, comme le secteur financier et l’immobilier, afin de maintenir une certaine confiance dans les marchés locaux et ainsi aider à limiter la fuite des capitaux et soutenir la valeur des actifs nationaux.
Il est aussi important de rappeler les multiples situations où le Prophète Mouhammad, Paix et Bénédictions d’Allah sur lui, a initié des campagnes de levée de fonds. Il s’agissait de moments où le Prophète a demandé à ses compagnons de contribuer financièrement pour principalement soutenir des causes religieuses, humanitaires et sociales. Nous pouvons en noter :
Le financement de la mosquée de Médine lorsqu’il (Psl) sollicita des dons de la part de ses compagnons. A cet effet, certains ont même sacrifié leurs biens pour permettre la construction de ce lieu de culte.
L’affranchissement d’esclaves par l’opportunité offerte à certains d’entre eux de racheter leur liberté en payant une somme d’argent, soutenue par les dons des musulmans.
La campagne de la bataille de Tabouk qui est l’un des exemples les plus connus où le Prophète Mouhammad (Psl) a sollicité des contributions financières. En effet, en l’an 630, l’armée musulmane se préparait à une expédition contre les Romains, une mission coûteuse en raison de la longue distance et des ressources nécessaires. Le Prophète demanda à ses compagnons de faire des dons et des personnalités comme Abou Bakr (Ra) et Oumar Ibn Al Khattab (Ra) ont généreusement contribué, ce qui a permis de financer l’expédition.
A la lumière de ces expériences et constatations, il convient de formuler des pistes de solutions pouvant permettre d’éradiquer les contraintes économiques et sociales auxquelles sont confrontés les Sénégalais et contenir le choc des éventuelles réformes. Dans ce cadre, il est attendu de :
L’Etat :
De faire preuve d’une bonne gouvernance dans toutes les situations, et en cas de manquement à ce principe, de se corriger immédiatement. Dans cette même dynamique, il est aussi attendu de l’Etat, de veiller à une bonne communication afin d’inculquer cette philosophie de bonne gouvernance dans toute la société ;
De réduire à son strict minimum le train de vie de l’Etat et les avantages non liés au travail des dirigeants et autres travailleurs de l’Administration ;
Maintenir la transparence dans la mobilisation et l’utilisation des deniers publics afin de garantir une confiance permanente des populations et autres partenaires socioéconomiques ;
Lever les injustices commises sur des personnes physiques et morales (arriérés de salaire non versés, services offerts et non rémunérés…) afin d’assurer les investisseurs sur les diligences quant au règlement d’éventuels litiges ;
Instaurer une stratégie de communication permettant à toutes les parties prenantes de comprendre aisément les réformes enclenchées et de contenir les éventuels chocs qui n’auraient pas pu être évités ;
Instaurer un système de «tawzif» en ciblant des personnalités fortunées et les amener à contribuer au financement de l’économie par diverses formes (mécénat, prise de parts sociales/actions, rachats…) ;
Mette en œuvre des campagnes de levée de fonds à visée sociale ou économique avec des contributions à la portée de tous les Sénégalais pour financer, entre autres, le social, le projet de réforme du transport, la relance des boutiques/magasins de référence… ;
Mettre en œuvre les initiatives ayant prouvé leur efficacité dans la prise en compte des besoins des populations et conformes aux valeurs et croyances islamiques (zakat, waqf, microfinance islamique, Sukuk…).
Les grandes entreprises privées, les groupes familiaux, les bienfaiteurs :
Soutenir les initiatives publiques visant à améliorer le bien-être collectif dans le moyen/long terme ;
Participer à la correction des initiatives ne contribuant pas, dans le moyen/long terme, au bien-être collectif ;
Promouvoir l’innovation technologique, la formalisation des initiatives économiques quelle que soit leur ampleur (micro, petite, moyenne, grande) ;
Privilégier l’investissement et éviter la thésaurisation. Les mécanismes proposés par la finance islamique sont à même de contribuer à accélérer les collaborations d’investissements privé-privé et privé-public.
Les populations prises individuellement :
Faire preuve de patience et de don de soi pour la Patrie et entretenir un esprit de succès collectif ;
Accepter un changement de comportement aussi bien en matière de consommation, d’épargne qu’en matière d’éthique, de relation et de savoir-être ;
Se réapproprier les valeurs islamiques qui ont, par le passé, été incarnées par nos prédécesseurs. Le Prophète Mouhammad n’a-t-il pas dit : «La religion, c’est la bonne conduite» (Rapporté par Al-Bukhari et Muslim).
Les indicateurs macroéconomiques ont certes leur importance, mais ils ne doivent pas guider notre gouvernance. Assurer une meilleure qualité de vie aux populations, garantir leur prospérité et plus subjectivement leur bonheur devraient guider la planification et la mise en œuvre des politiques publiques. L’islam, à travers l’histoire et le contexte, a su démontrer par des leaders bien avertis, que chaque crise, de quelque nature qu’elle soit, peut être contenue, résolue et dépassée, tout en gardant l’équilibre social sous-tendu par le bien-être des populations et la solidité de l’Etat dans tous ses déploiements.
L’histoire de Youssouf (Paix et salut sur lui) est un exemple parfait de planification économique et sociale prenant en compte aussi bien le court terme que le long terme. L’expérience du Khalif Oumar Ibn Al Khattab (Ra), en matière de reddition des comptes, et le comportement de Abou Houreyra (Ra) dans cette épreuve sont aussi, de nos jours, de pertinentes sources d’inspiration. Les avancées notées pendant l’âge d’or de l’islam (du 6e au 12e siècle) illustrent parfaitement qu’avec le savoir, la droiture et l’unité autour d’un idéal, Allah accompagnera toujours ses serviteurs vers le succès.
Le Sénégal est à une trajectoire de l’histoire où se bousculent opportunités de développement et tensions (sociales, géopolitiques internes et externes). Conscient de cet enjeu, chacun devrait pouvoir y apporter sa contribution afin d’accompagner les dirigeants du pays, quelle que soit leur appartenance politique, à le mener vers le progrès. Toutefois, il ne saurait point négliger la dimension spirituelle que toutes les parties prenantes devront incarner sincèrement par les invocations de réussite (pour soi, son prochain et pour toute la communauté), la confiance au Tout-Puissant et le contrôle permanant du Tout-Sachant.
Par Moustapha FALL
LANTERNES SUR LA PROFONDEUR DE LA PSYCHE HUMAINE
Si les canons et fusils tuent, les violences verbales, les calomnies sont plus à même de tuer silencieusement de belles âmes que n’importe quelle autre arme blanche
La nouvelle de la mort subite du jeune étudiant, en l’occurrence Mactar Diagne, tombe comme un couperet, renvoyant des ondes de choc presque partout au Sénégal, et plongeant le monde universitaire sénégalais dans une profonde tristesse. Sa mort lève non seulement un coin du voile sur la problématique de l’accompagnement médical dans nos services médicaux universitaires, mais elle pose aussi de façon crue la question existentielle des sodalités humaines dans nos sociétés africaines. Le fameux proverbe africain, «il faut tout un village pour élever un enfant», n’est plus d’actualité au point de céder dangereusement la place au proverbe moderne du «village planétaire des réseaux sociaux» où se dé-font des modèles de solidarités humaines de façade. Alors que les enquêtes ne nous révèlent pas encore les circonstances dans lesquelles cet étudiant a rendu l’âme, force est de constater que l’œuvre posthume que Mactar lègue aux Sénégalais, s’il en est bien l’auteur principal, est une mine d’or psychologique et psychiatrique d’où il faut puiser pour mieux sensibiliser les Sénégalais sur les dangers des maladies mentales.
Cela dit, loin d’être un expert dans les domaines de la psychologie ou de la psychiatrie, cette contribution se fixe comme objectif principal le simple besoin de partager nos réflexions et lectures personnelles sur les dangers des maladies mentales qui, somme toute, peuvent être des handicaps majeurs dans le processus du développement personnel, de la réussite académique et professionnelle, et dans bien d’autres domaines touchant à la vie de l’être et de son épanouissement en société.
Il s’agit d’abord, dans cette contribution, d’éplucher les récentes études faites sur le sujet des maladies mentales pour dissiper les nuages mythiques qui planent sur elles, pour enfin analyser quelques extraits du texte posthume du disparu dans l’espoir d’en tirer des leçons utiles pour nous-même et pour nos autorités étatiques.
La dépression mentale : entre réalité et mythe
Les maladies mentales sont nombreuses et varient selon les contextes socio-culturels et en fonction des dispositions physiologiques et héréditaires. Parmi les maladies mentales, nous pouvons citer les troubles d’anxiété sociale généralisée, la bipolarité et autres formes de dépression chronique et saisonnière. En revanche, d’après les récentes études sur le sujet, la dépression mentale chronique semble bien être celle qui touche le plus d’individus et peut mener au suicide.
De l’australien Sigmund Freud (1856-1939), en passant par Joseph Breur (1842-1925), aux récentes études menées par Kassin et.al (2020) sur la psychologie sociale, les questions liées à la dépression mentale ne cessent d’être l’objet de débats houleux dans les milieux académiques. Nombreuses aussi sont les récentes productions scientifiques qui démontrent que les dépressions font partie des maladies mentales les plus répandues et les plus invalidantes dans le monde.
Dans son fameux livre publié en 2012 (la dépression : 100 questions pour comprendre et guérir), Dr Ferreri nous apprend aisément que la dépression mentale va devenir la deuxième pathologie la plus invalidante en 2020, après les troubles cardiaques, juste avant les accidents de la route. Dans le contexte français où sont inscrits ses travaux, près de 20% des Français de 15 à 75 ans, soit 9 millions de personnes, ont vécu et vivraient une dépression au cours de leur vie (Ferreri, 2012). Tel un caméléon qui prend les couleurs du paysage qu’il traverse, la dépression mentale est souvent comprise en fonction du contexte de son évolution et des dispositions physiologiques et héréditaires de la personne atteinte par cette maladie. En d’autres termes, la dépression revêt plusieurs formes suivant les contextes et les cultures, et se manifeste ainsi de plusieurs manières chez la personne dépressive. Or, l’une des plus grandes difficultés auxquelles et les psychologues et les psychiatres sont souvent confrontés, c’est la grille de lecture médicale qu’il faudra poser pour mieux diagnostiquer la personne dépressive. En sus, les formes d’émotions générales qui se manifestent chez l’individu, notamment «les coups de blues, de mou, de spleen ou de déprime», peuvent davantage en compliquer le diagnostic. Malgré tout, la littérature médicale produite sur ce sujet au cours des années a pu maintenir deux types de dépressions mentales principales. Une dépression de type saisonnier, temporaire, de courte durée, 6 mois, qui dépend des saisons, des évènements de vie secouée par les crises comme la perte d’un être cher, la séparation dans les relations d’amour, la maladie, etc. Il y a aussi la dépression de type chronique qui dure plusieurs années ou toute une vie. Cette dépression de type chronique est à chercher dans les évènements douloureux vécus dans l’enfance comme l’abandon parental (mère ou père), l’exclusion sociale, qui laissent des blessures psychiques profondes non-cicatrisées causant des signes extérieurs comme l’isolement, le souci d’être incomplet, le sentiment dérangeant et permanent d’être insignifiant ou pas assez bien, et le manque total de confiance en soi.
A ces signes extérieurs de la dépression mentale, s’y greffent également le manque de sommeil récurrent (ou trop de sommeil), des réveils nocturnes fréquents souvent rythmés par une incapacité de retrouver le sommeil la nuit, un désintérêt total aux choses de la vie souvent causé par le manque de sérotonine et autres substances chimiques neuronales dans le cerveau. Autres symptômes peuvent être des pensées noires et négatives sur soi qui sont subséquemment projetées sur les autres individus de la société, l’envie de mettre un terme à sa vie pour cause de souffrance psychique très profonde. Le désir ardent d’avoir du pouvoir et du contrôle sur autrui, qui est certainement révélateur d’une faiblesse intérieure déguisée en force. La personne dépressive pourrait aussi manifester une irritation spontanée d’humeur sombre fluctuant d’un instant à l’autre, un désir de blesser et d’être dans une logique de confrontation argumentaire tous azimuts. Bref, l’expression «Wounded Walking», que les psychiatres américains utilisent pour designer les personnes bien portantes mais souffrant profondément à l’intérieur, n’en est pas moins certainement le terme qu’il faut pour exprimer de façon laconique la profondeur du mal que constitue la dépression mentale.
A la lumière de tous ses succès académiques, tout porte à croire que le défunt, Mactar Diagne, se portait très bien, mais il fut un autre «Wounded Walking», une personne dépressive souffrante qui vécut dans le silence de son propre monde.
La dépression mentale dans la société sénégalaise : une maladie latente de tous les dangers
Le tabou qui entoure la maladie mentale dans la société sénégalaise continue d’entretenir le flou et le déni autour des maladies mentales en général. Pas mal de personnes atteintes par ces maladies sont souvent prises en charge à la dernière phase dans l’évolution de leur maladie, où elles perdent le contrôle de la réalité de leurs êtres. Tabou et/ou ignorance du fonctionnement du cerveau, me demanderais-je !
De toutes les façons, la prise en charge des maladies mentales demeure toujours le ventre mou de la médicine sénégalaise alors que les suicides, les meurtres vont crescendo dans la société sénégalaise. Il y a certes du tabou car dans l’univers mental de certains Sénégalais, la personne ayant une dépression mentale aiguë est simplement ce malade mental vêtu en haillons, déambulant dans les rues et ruelles, entretenant un discours décousu et perdant tout contact avec la réalité du moment.
Nonobstant ce tabou autour des maladies mentales, il faut remarquer qu’il y a aussi une forte dose d’ignorance sur le fonctionnement du cerveau humain. Les signes extérieurs d’une personne atteinte par la dépression mentale ne sont toujours pas visibles car la personne dépressive peut choisir de masquer sa souffrance par des rires. Et souvent ces rires, ce visage toujours souriant et radieux pourraient cacher les séquelles de blessures psychiques profondes qui se manifestent rarement en public mais surgissent par intermittence. Comme nous venons de l’indiquer ci-dessus, la manifestation extérieure corporelle de la souffrance mentale intérieure n’est pas toujours visible chez certaines personnes dépressives, mais une attention particulière à leurs comportements et leurs émotions fluctuantes peut révéler beaucoup de choses chez les personnes qui souffrent de dépression mentale.
De ce point de vue, en faisant référence à la personne atteinte par la dépression mentale, Eckhart Tolle identifie deux modes d’être : un être de souffrance latente et un être de souffrance active. Un être de souffrance latente peut être quatre-vingt-dix pour cent actif (Tolle, 2000). Autrement dit, une personne profondément malheureuse peut être active tout le temps. Ces personnes vivent presque entièrement de souffrance dans leur corps, tandis que d’autres personnes ne le ressentent même pas, sauf dans des situations où le corps de souffrance sort de son état latent par le simple fait d’une remarque déplacée, une pensée négative, bref un jugement quelconque sur leur personne. Ainsi, les propos du défunt Mactar sont-ils tout à fait en phase avec cette transition d’être de souffrance latente vers un être de souffrance active mettant fin à sa vie.
«[…] et ce qui est triste, c’est qu’il y a des personnes qui s’adonnent aux moqueries avec joie, sans mesurer les conséquences de leurs actes […]» (extrait de la lettre de Mactar Diagne, 11 février 2025).
Les propos ci-dessus de feu Mactar égrènent le chapelet de souffrances vécues, mais ils révèlent aussi sur le sujet qui crée lui-même le labyrinthe de son propre monde de réalité mentale dans lequel il a vécu seul, prisonnier et isolé du reste du monde, de la réalité des autres, traquant le moindre regard négatif de la société. Il est cependant plus facile de surveiller l’être de souffrance chez soi que chez les autres ; peut-être Mactar n’a-t-il pas pu apprendre cette leçon à temps.
Il est évident que nombreux sont les «Mactar vivants» qui restent aliénés par le regard de l’autre, se créant la souffrance mentale de vouloir agir sous les attentes de l’autre. Quelle souffrance sisyphéenne de vouloir toujours faire l’impossible, pour plaire, vivre heureux et agir aux dépens des «qu’en-dira-t- on» de la société ! La peur obsessionnelle d’être jugé et jaugé par les parents, par les amis et collègues est le début de tout le mal être qui peut faire sombrer la personne dans une dépression mentale profonde, avec de sérieuses conséquences de santé physique. A cette peur obsessionnelle, peut aussi s’y greffer le souci de grandeur que l’ego alimente par le mental pour toujours créer une démarche boulimique de gratification de l’ego dont la conséquence est un désir ardent de vouloir combler un trou vide de sentiment. Nombreux sont les Sénégalais qui courent après les biens matériels, l’argent, le succès et le pouvoir, la reconnaissance, une relation sociale pour se sentir validés, pour être plus complets. A leur grande surprise, même lorsqu’ils ont tout eu, ils constatent amèrement que ce vide est toujours présent. Bref, derrière le confort matériel se cache une souffrance mentale profonde que l’humilité et la foi seules peuvent combler. Telle une bougie qui se consume par la flamme pour répandre sa lumière, l’humilité se consume par l’ego pour répandre ses lumières de bonté naturelle, de pardon, de tolérance et de respect de la dignité humaine.
Quelles leçons faut-il en tirer ?
La mort de Mactar Diagne est une triste nouvelle, mais elle n’a pas été vaine. Au contraire, sa mort nous renvoie le miroir d’une société sénégalaise qui subit de profondes métamorphoses internes avec son lot de meurtres, de suicides et d’autres formes de violence verbale qui participent de façon significative à renforcer négativement le dispositif psychologique dont on ne tient pas souvent compte dans nos rapports sociaux. Si les canons et fusils tuent, les violences verbales, les calomnies sont plus à même de tuer silencieusement de belles âmes que n’importe quelle autre arme blanche : «la douleur physique, ce n’est rien, celle du cœur est infernale» dixit feu Mactar (texte posthume de Mactar Diagne, 11 fevrier 2025).
Il est temps donc qu’on suspende nos jugements sur les êtres le temps d’une découverte et que le dispositif psychologique soit bien pris en compte dans nos hôpitaux et services médicaux. La toute dernière phrase que le défunt laisse aux Sénégalais résume le mal profond dans la non-prise en compte du dispositif psychologique chez les personnes dépressives : «Peut-être ma mort ouvrira les yeux à certains étudiants et certaines familles. N’isolez personne, n’ignorez personne, ne vous moquez de personne, ne fuyez personne.
Rapprochez-vous des personnes qui s’isolent, parlez-leur et essayez de les comprendre sans les juger.»
En somme, il y a donc l’urgence pour les autorités étatiques de bien vouloir lancer, vaille-que-vaille, des campagnes saines de sensibilisation sur les maladies mentales au sein de toutes les communautés et dans toutes les langues nationales, encourager des études sur les filières de la psychologie et de la psychiatrie, et mettre à la disposition des hôpitaux et centres régionaux, des psychiatres et psychologues bien formés qui comprennent bien la psyché humaine. On n’a pas besoin d’être médecin pour savoir que le bon accueil des malades est le premier élément sur la chaîne des soins médicaux et dans la prise en charge des maladies en tous genres, surtout dans un Sénégal qui s’occidentalise de plus en plus.
Par Mohamed GUEYE
VIVEMENT L’ÈRE DES AFFAIRISMES PATRIOTIQUES !
Dans leur nouvelle croisade contre l’affairisme d’Etat, le Premier ministre et son gouvernement n’hésitent pas à priver des entreprises sénégalaises de marchés acquis bien avant le changement intervenu dans le pays le 2 avril 2024
Il y a une dizaine de jours, le Premier ministre, ouvrant le Forum des Pme, affirmait haut et fort que «l’affairisme d’Etat, c’est terminé» ! M. Ousmane Sonko a déclaré vouloir combattre les «pratiques qui ont longtemps eu cours dans ce pays, où une partie du secteur privé s’est enrichie grâce à des surfacturations sur des marchés attribués sans transparence, en entretenant des relations privilégiées avec les pouvoirs publics».
De l’autre côté, le chef du gouvernement a annoncé préparer un projet de loi sur le patriotisme économique, qui vise à protéger et promouvoir les entreprises nationales, «en garantissant les conditions équitables pour leur développement».
Quand on voit la situation générale des entreprises nationales de ce pays, on peut être assez surpris d’entendre un discours pareil sortir de la bouche de l’autorité la plus autorisée du pays. Rien que de par ses fonctions antérieures, Ousmane Sonko peut se prévaloir de bien connaître les entreprises de ce pays, ainsi que leur mode de fonctionnent. On se rappelle qu’étant encore fonctionnaire de la Direction générale des Impôts et domaines (Dgid), il s’est taillé une réputation de justicier de nos finances publiques en dénonçant les entreprises qui ne s’acquittaient pas de leur devoir civique de contribuables, ou qui trouvaient le moyen d’y échapper. Cela avait même fini par le faire radier de la Fonction publique.
Sur ce point-là, on peut donc se féliciter de l’entendre faire sa déclamation. On a plusieurs fois eu l’occasion de se rendre compte de l’effet néfaste de la corruption dans les marchés publics. Beaucoup de Sénégalais ont eu à déplorer l’état de certaines routes qui, à peine livrées, présentent des crevasses avant même les premières pluies. Plein de chefs d’entreprise ont vu des marchés leur passer sous le nez pour n’avoir pas su trouver la bonne combinaison afin d’ouvrir les portes d’accès auxdits marchés.
Néanmoins, si une loi destinée à la promotion du patriotisme économique peut s’avérer nécessaire, elle ne pourrait être efficiente que par la volonté de personnes chargées de sa mise en œuvre. Si des personnes couvertes du manteau élimé «d’hommes d’affaires» ont pu prospérer dans ce pays, en gagnant des marchés de tous ordres, on a par contre plus souvent noté les revendications d’entrepreneurs sénégalais qui ne comprenaient pas pourquoi ils n’étaient même pas reconnus lors d’appels d’offres sur certains marchés. A plusieurs reprises, le président du Cnp, Baïdy Agne, s’est plaint que l’Etat ne songe à son secteur privé que dans des secteurs où il y a plus de coups à prendre, pour l’oublier au profit de l’étranger quand il s’agit de marchés juteux. La preuve, au moment où on se félicite de l’exploitation du pétrole et du gaz, combien de sociétés sénégalaises ont-elles été agréées par les compagnies exploitant ces hydrocarbures, dans le cadre de leur «Local content» ? Pourtant, on se vante que la loi sur le Contenu local du Sénégal est l’une des plus élaborées. Que fait l’Etat pour veiller à son application réelle ?
Dans leur nouvelle croisade contre l’affairisme d’Etat, le Premier ministre et son gouvernement n’hésitent pas à priver des entreprises sénégalaises de marchés acquis bien avant le changement intervenu dans le pays le 2 avril 2024. On a le sentiment à les voir faire, que le postulat est que tout ce qui a pu prospérer avant l’arrivée au pouvoir du «Projet» ne pourrait qu’être malhonnête. Pourtant, quand Sonko a été radié de la Dgid, il a monté un cabinet d’affaires, qui a pu prospérer dans les conditions de l’époque, en dépit de sa casquette politique. Aurait-il été le seul Sénégalais honnête dans son domaine ?
Cela est d’autant plus difficile à croire quand on voit les personnalités qui gravitent autour de nos nouveaux dirigeants, dont certains ont été des piliers économiques des régimes passés. Tout le monde a entendu Pierre Goudiaby Atepa se féliciter d’avoir présenté en Chine, Aliou Sall, frère de Macky, à Franck Timis, qui cherchait alors un Sénégalais capable de représenter ses intérêts au Sénégal. A l’époque, Macky Sall n’était déjà plus au pouvoir, soit dit en passant.
L’architecte-ingénieur Atepa, Conseiller du président Wade, nous a « offert » le Monument de la Renaissance, qui a eu pour conséquence une dation en paiement de 50 milliards de Cfa, et le morcellement des terres de l’aéroport Léopold Sedar Senghor. Dans des conditions non encore vraiment élucidées à ce jour…
Le même Atepa est aujourd’hui un des plus proches membres de la sphère au pouvoir. Que ne lui-a-t-on pourtant pas reproché en ce qui concerne ses méthodes en affaires, de l’époque de Abdou Diouf jusqu’à Wade ?
De l’autre côté, dans la suspicion d’affairisme - surtout d’Etat -, des Sénégalais sont intimés de justifier leur patrimoine illico presto. Personne ne devrait trouver à redire à cela, si tout le monde était convaincu d’être logé à la même enseigne. Cela ne semble malheureusement pas encore le cas. Et surtout, au moment où le pays devrait bruire de projets d’investissements et de création d’emplois à la suite de l’exploitation de nos hydrocarbures, on a le sentiment de retomber aux pires périodes des programmes d’ajustement structurel chers à Abdou Diouf
La raison en est qu’au lieu d’envoyer un message rassurant et de permettre aux entrepreneurs de prendre des risques et d’investir, on donne l’impression de vouloir les brimer et les contraindre à aller chercher fortune ailleurs, ou à mettre leurs billets de banque dans des matelas. Le but est-il d’écarter ceux qui étaient là afin de faire de la place à des «investisseurs patriotes» ? Il n’y aurait rien de mal à cela, si ces gens permettaient réellement à l’économie de redémarrer et au pays de reprendre sa vitesse de croisière.