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7 mars 2025
Opinions
Par Mor Ndiaye MBAYE
LE CONTROLE DE LA PRODUCTION A L’AUNE DU FIRST OIL/FIRST GAZ
Dans le cadre de l’exploitation des champs pétroliers, il est essentiel, dès le début, de mettre en place des systèmes de contrôle de production efficaces afin de maximiser les rendements et assurer la sécurité des opérations.
Le Sénégal est entré dans l’ère de la production de pétrole et de gaz avec les démarrages presque simultanés des champs de Sangomar pour le pétrole et de Gta pour le gaz que nous partageons avec la Mauritanie. En cette période cruciale devant marquer le début d’une transformation profonde de notre économie du fait de l’importance des ressources budgétaires attendues, la maximisation du contenu local et le contrôle autonome de la production constituent un impératif auquel les autorités devraient très rapidement se focaliser.
Dans le cadre de l’exploitation des champs pétroliers, il est essentiel, dès le début, de mettre en place des systèmes de contrôle de production efficaces afin de maximiser les rendements et assurer la sécurité des opérations. Ce processus permet de surveiller en temps réel les paramètres de production, de détecter les éventuels problèmes et de prendre des mesures correctives. Il s’agit d’une étape cruciale pour garantir la rentabilité et la durabilité des activités pétrolières, mais aussi et surtout la sincérité des chiffres. Il en va de même pour assurer l’efficacité opérationnelle, la sécurité des travailleurs et la protection de l’environnement. Il importe dès lors de voir comment un contrôle efficace de la production peut influencer la rentabilité et la durabilité des activités pétrolières.
Les opérateurs disposent de systèmes éprouvés de contrôle de la production et des divers paramètres liés au produit et mettent à la disposition des membres de la Joint-venture et de l’Etat, des rapports périodiques de production, mais un Etat avisé ne devrait pas se contenter d’un système déclaratif.
Nos représentants, investis de cette mission de contrôle, que sont Petrosen et la Direction des hydrocarbures ont certes la possibilité de placer des agents sur les plateformes pour prélever eux-mêmes les données à partir des compteurs et ainsi pouvoir les comparer avec les rapports fournis, mais cela n’est pas comparable avec le fait de disposer d’outils, j’allais dire d’un système personnel, de contrôle propre à l’Etat qui prélèvent les données depuis les têtes de puits et les autres compteurs installés à différents endroits du Fpso (usine flottante de production et de stockage).
Quand bien même les outils de mesure sont calibrés et certifiés par des organismes mondialement reconnus, ils doivent périodiquement être soumis à des tests de métrologie qui vérifient leur fiabilité. Il s’y ajoute que les données produites sont reprises par de puissants systèmes informatiques conçus pour en faire les traitements souhaités et restituer les informations produites.
Les fondements du contrôle de la production
Le contrôle de la production renvoie à l’ensemble des processus visant à superviser, réguler et optimiser l’extraction du pétrole sur les champs pétroliers. Cela inclut la surveillance des débits de production et leur régulation, la gestion des pressions dans les puits, ainsi que la mise en place de stratégies pour maximiser l’efficacité des opérations. Il est essentiel pour garantir l’efficacité et la sécurité des opérations. Sans un contrôle adéquat, il y aurait des risques de défaillance des équipements et d’accidents. Il vise ainsi des objectifs multiples allant de l’optimisation des rendements à la réduction des risques opérationnels. En effet, en régulant la production, on peut mieux prévenir les ruptures d’équipements, assurer la sécurité des travailleurs et minimiser les pertes de production. Les enjeux sont donc très importants, car un contrôle inadéquat pourrait avoir des conséquences graves pour l’ensemble du processus d’extraction du pétrole.
Les principes et les outils du contrôle de la production
Comme tout process, le contrôle de production repose sur des principes et des outils. Il s’agit des différentes méthodes et technologies utilisées pour surveiller et réguler la production de manière efficace et efficiente, afin de garantir un processus de production optimal. Parmi ceux-ci, la régulation de la pression et de la température occupe une place prépondérante.
Les méthodes de contrôle de la production sont variées et jouent un rôle crucial dans la gestion des opérations sur les champs pétroliers. La surveillance en temps réel, les capteurs avancés et les systèmes de régulation permettent de garantir une production de pétrole stable et fiable.
Les technologies avancées
L’utilisation des technologies avancées joue un rôle crucial dans l’optimisation des opérations et la maximisation du rendement. Ces dernières permettent de surveiller en temps réel les paramètres de production, d’anticiper les problèmes potentiels et de prendre des décisions éclairées.
Les systèmes de surveillance en temps réel fournissent une visibilité instantanée sur les opérations de production. Ils permettent de collecter, d’analyser et d’interpréter les données en temps réel, ce qui est essentiel pour détecter les fluctuations et les anomalies dans le processus de production. Grâce à ces systèmes, l’Etat est à mesure de faire une injonction aux opérateurs de réagir rapidement aux changements et prendre des mesures correctives, contribuant ainsi à une production plus stable et cohérente.
Il en va de même de l’utilisation de l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique qui transforment le contrôle de la production en permettant aux systèmes de s’adapter et d’apprendre des modèles de production. Grâce aux modèles prédictifs qui intègrent des systèmes experts, ces technologies permettent de prévoir des résultats, des événements, des comportements des puits ou des tendances de production, par l’analyse de données et l’utilisation d’algorithmes évolués d’apprentissage.
Ces technologies permettent d’analyser de vastes ensembles de données, des big data, pour identifier des schémas et des tendances qui échappent souvent à l’œil humain. Elles permettent de prédire les pannes, optimiser les processus de production et minimiser les pertes tout en maximisant la production et réduisant les coûts opérationnels.
Les défis du contrôle de la production
La gestion des risques et des incidents constitue l’un des principaux défis du contrôle de la production sur les champs pétroliers. Il est essentiel de développer des stratégies solides pour anticiper et gérer les risques liés aux opérations de production, afin de garantir la sécurité des travailleurs et la protection de l’environnement. Cela implique la mise en place de mesures préventives, la formation du personnel, ainsi qu’une gestion efficace des situations d’urgence. En outre, la collaboration avec les autorités chargées de la réglementation est cruciale pour assurer la conformité aux normes et réglementations en matière de sécurité et de protection de l’environnement.
Gestion des risques et des incidents
Dans le cadre du contrôle de la production sur les champs pétroliers, la gestion des risques et des incidents revêt une importance capitale. Il est nécessaire de mettre en place des protocoles et des processus rigoureux pour évaluer, prévenir et gérer les risques potentiels liés aux opérations de production. Cela implique la mise en œuvre de programmes de sécurité, la formation du personnel, ainsi que la surveillance continue des installations. De plus, il est essentiel d’établir des plans d’intervention d’urgence pour faire face aux incidents éventuels et limiter leur impact sur l’environnement et les personnes impliquées.
Les questions environnementales
La durabilité et l’impact environnemental doivent être au cœur des préoccupations en matière de contrôle de la production sur les champs pétroliers. Il est essentiel de trouver un équilibre entre les impératifs de production et la préservation de l’environnement. Cela implique l’adoption de technologies et de pratiques respectueuses de l’environnement, telles que la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la gestion responsable de l’eau et des déchets, ainsi que la remise en état des sites après l’exploitation. Parallèlement, il est important de s’engager dans une démarche d’amélioration continue pour minimiser l’empreinte environnementale des activités de production.
Conclusion
Comme on le voit, le contrôle de la production sur les champs pétroliers est un élément crucial pour assurer l’efficacité et la rentabilité des opérations. Il permet de maintenir une production optimale tout en minimisant les risques et en assurant la durabilité environnementale. Les avancées technologiques, telles que les systèmes de surveillance en temps réel et l’intelligence artificielle, offrent des solutions innovantes pour relever les défis liés au contrôle de la production.
En outre, il assure à l’Etat la possibilité d’obtenir des données fiables, exactement les mêmes que celles que prélèvent les opérateurs à la source et ainsi pouvoir valablement challenger ces derniers sur la détermination des parts de production, entre autres aspects hautement stratégiques.
Le partage de production dans les projets en cours étant basé sur un modèle en cinq tranches utilisant des intervalles de production journalière dont chacune détermine la part de l’Etat et celle des opérateurs. Ces parts de production qui reviennent à l’Etat et celles qui reviennent aux opérateurs évoluent généralement en parts de 5 points de pourcentage de la cagnotte à se partager. Cela signifie en d’autres termes que, pour une petite variation d’un baril de la production journalière sur les bornes supérieures des intervalles, l’Etat gagne ou perd 5% dans le partage de production. Dit autrement sur Sangomar, la production déclarée est de 100 000 barils par jour, si on produisait 101 000 barils/jour, les parts de l’Etat augmenteraient de 5%. L’Opérateur a-t-il intérêt à rajouter ce baril ? L’Etat doit-il rester muet sur cette question quand on peut supposer que qui peut produire 100 000/jour devrait pouvoir raisonnablement faire 101 000 ?
Voici entres autres questions qui mériteraient une prise en charge diligente au lieu de se focaliser sur une dénonciation des contrats qui mèneraient inéluctablement vers une impasse désastreuse pour notre industrie pétrolière et partant pour l’image de notre pays.
En définitive, une approche proactive, intégrée, lucide et responsable est essentielle pour garantir le succès à long terme dans ce domaine.
Par Mohamed GUEYE
FAIRE ÉMERGER DES CAPITAINES NATIONAUX
Le recyclage des anciens programmes sous de nouvelles appellations ne suffira pas à relancer l'économie sénégalaise. De la Sonatel aux ressources pétrolières et gazières, le pays continue de voir ses richesses contrôlées par des intérêts étrangers
Même en faisant dans le déni incantatoire, les autorités de ce pays sont obligées de se rendre compte que le coût des produits de première nécessité ne baisse pas, et que le moral de la population de manière globale n’est pas à l’enthousiasme. Il ne s’agit pour autant pas de se contenter de remarquer que les choses ne bougent pas, ou que les promesses d’avant les élections n’ont pas encore vu un début d’exécution – sauf en ce qui concerne la fameuse «reddition des comptes», clone hideuse la Crei avec ses poursuites à l’emporte-pièce qui, on s’en est rendu compte après, n’ont visé qu’une seule personne.
Ce qui intéresse les Sénégalais actuellement, et nos autorités en tête, c’est de permettre aux jeunes Sénégalais de trouver un emploi, et de pouvoir se prendre en charge. Après avoir fait le constat d que le programme «Xeyu ndaw nyi» n’a pas rempli toutes ses missions, malgré les millions qui y ont été placés, le Président Diomaye Faye a décidé de le remplacer par «L’Emploi des jeunes». Un joli coup de sabot à la promotion des langues nationales. Mais passons. Qu’est-ce qui fera marcher l’Emploi des jeunes mieux que «Xeyu Ndaw nyi» ? Même les partisans de Pastef sont pressés de le savoir.
Jusqu’à présent, comme avec le Référentiel «Vision 2050», l’opinion a le sentiment que les idées et les projets de Macky Sall sont réchauffés et servis sous une autre appellation, alors que le fond reste le même. Or, si l’on se dit que ces fameux projets n’ont pas permis de croître le nombre d’emplois dans le secteur non étatique, il faudrait peut-être changer de méthode.
Il a pu être reproché beaucoup de choses à Abdoulaye Wade dans sa gouvernance. Et à juste titre. Néanmoins, personne ne peut effacer les efforts qu’il a accomplis pour garder les bijoux de la famille, au sein de la famille. Déjà, dès son arrivée au pouvoir, et contre l’avis des partenaires techniques et financiers, il n’a pas hésité à saboter le processus de privatisation de la Senelec. Le consortium Elyo-Hydro Quebec, qui prenait déjà ses quartiers dans l’entreprise, a été contraint de faire ses bagages. Le Sénégal y a laissé quelques plumes sans doute. Mais quand on regarde où nous en sommes, surtout par rapport à certains pays africains qui se sont confiés à ces entreprises étrangères, on ne peut quelque part, que se féliciter de la clairvoyance de notre ancien Président.
Les usagers du bateau Aline Sitoé Diatta qui se rendent en Casamance, ont pu se rendre compte avec le temps, que le consortium sénégalais qui gère le navire ne s’en tire pas trop mal. Il s’en tire d’ailleurs si bien qu’il a pu, avec l’appui de l’Etat, ajouter deux navires de transport de marchandises, à celui offert par la Coopération allemande pour uniquement transporter des passagers. La valeur de l’expertise nationale a pu se faire apprécier dans le secteur de l’hôtellerie également, avec la cession de l’hôtel King Fahd Palace au groupe dirigé par Mamadou Racine Sy. Comme avec le navire reliant Dakar à la Casamance, le président Abdoulaye Wade n’avait nullement jugé bon de consulter les anciens gestionnaires de l’hôtel pour décider de reprendre le patrimoine de l’Etat et le confier à des privés nationaux. Plus de 15 ans après ces décisions hardies du chef de l’Etat de l’époque, le Sénégal n’a toujours pas eu à se plaindre de cette gestion. Ces entrepreneurs montrent qu’avec l’appui de la puissance publique, ils sont en mesure de créer des emplois, de produire de la valeur ajoutée et de contribuer à la croissance du Pib. Il y a donc lieu d’étendre leurs expériences à d’autres pans de l’économie nationale.
Tout le monde se vante de la découverte au Sénégal, du pétrole et du gaz. Des rêveurs agitent parfois l’idée saugrenue de se débarrasser des étrangers qui exploitent ces gisements qu’ils ont pu extraire des profondeurs par leur savoir-faire et par leurs moyens financiers. Il y a pourtant des secteurs connexes où l’expertise nationale peut montrer ses pleines capacités et permettre au pays de tirer d’énormes profits de ses ressources gazières et pétrolières. Ce serait assez impardonnable que les autorités politiques regardent le capital étranger accaparer les retombées du «contenu local» dans ce secteur.
C’est d’ailleurs ce que disait il y a quelques années, un dirigeant de confédération patronale sénégalaise. Ce chef d’entreprise se plaignait que l’Etat n’associe que très rarement les investisseurs nationaux dans le capital des grandes entreprises sénégalaises, ou qu’il les écarte des appels d’offres concernant des marchés publics d’envergure. Depuis les années qu’ils crient maintenant pour réclamer le «Patriotisme économique», un régime qui met son patriotisme en bandoulière ne devrait pas ignorer leurs cris. Mieux, il devrait mettre en place un cadre dans lequel devraient pouvoir s’épanouir dans tout leur potentiel, les idées d’innovations sénégalaises.
Aujourd’hui, il n’est plus normal que les Français puissent encore contrôler le fleuron des Télécoms au Sénégal, au point d’entraver sa volonté d’expansion dans d’autres pays. Si l’essentiel du corps dirigeant est essentiel, le pouvoir de décision à la Sonatel, niche toujours à Paris. Il devrait être possible, pour ceux qui prônent le «patriotisme économique», de mettre gentiment à la porte une entreprise qui a pu très largement récupérer ses billes depuis 1997 quand elle est arrivée. Depuis ces années, malgré toutes ses performances, cette société n’a pu développer des emplois dans ce pays, ni permis un développement de start-ups dans son secteur, parce qu’elle les a toujours traitées en concurrentes.
On peut aussi éviter la critique facile qui voudrait que les nationaux ne cherchent qu’à s’engouffrer dans des secteurs mis en valeur par des étrangers. Il y a des secteurs où l’Etat gaspille chaque année des milliards de francs, avec de très faibles retombées pour l’économie nationale. Celui du mobilier national en fait partie. Si l’Etat organisait le secteur, il trouverait des entrepreneurs qui pourraient équiper tous les services de l’Etat avec des produits faits au Sénégal, et qui feraient la fierté du «Consommer local», en permettant d’aider à rééquilibrer la balance commerciale du pays. Tous les pays que nous appelons développés sont passés par ces phases
Aujourd’hui, le Sénégal a les moyens de tenir la dragée haute aux étrangers dans certains domaines. Il suffit d’une ferme volonté politique pour changer les choses. Dans tous les domaines de la production, le pays pourrait trouver des chefs d’entreprise qui soient en mesure de développer le secteur. Et l’Etat ne devrait pas avoir des scrupules à appuyer des entrepreneurs de ce genre. De nombreux pays, comme le Japon, la Corée, la France et même les Etats-Unis d’Amérique, ne se sont jamais gênés pour recourir à des pratiques ce genre. Des pays émergents comme la Turquie s’y adonnent.
Et il y a des mécanismes qui permettent d’éviter que les entrepreneurs ainsi soutenus pervertissent le système en se servant des facilités offertes par l’Etat pour leur seul bénéfice exclusif. Les dirigeants du géant Samsung en Corée, ont été sanctionnés dans leur pays pour des abus de biens sociaux, entre autres. Les dirigeants coréens n’ont jamais oublié que cette entreprise a pu naître grâce à la sollicitude des pouvoirs publics. Et ils le font comprendre à qui de droit en cas de besoin.
Le Nigeria a entamé, depuis quelques années, de faire la promotion de ses «champions économiques» nationaux. Ce qui lui a permis de créer des géants de la nature de Dangote, dans l’industrie et l’agriculture, de Tony Elumelu dans la banque, entre autres. Il a suffi aux dirigeants de mettre en place un cadre qui permette à ces petits entrepreneurs de devenir de grands capitaines. Le Nigéria fonctionne à son rythme et à sa manière. Le Sénégal pourrait s’inspirer de son modèle, et l’adapter à son savoir-faire.
Par Samba Oumar FALL
QUAND L’ARGENT APPELLE L’ARGENT…
Le plus important dans la vie, ce n’est pas d’accumuler des fortunes colossales, mais d’utiliser cette fortune pour le bien de tous. Parfois, il faut savoir vivre de peu tout en pensant aux plus pauvres que soi.
Dimanche dernier, la Rts 2 a passé un vieux tube de l’auteur, compositeur et arrangeur congolais Yvon Bemba Bingui, plus connu sous le nom de Pamelo Mounka. La chanson « L’argent appelle l’argent » était en vogue au début des années 80 et avait connu un succès à l’échelle mondiale.
Un de mes cousins soldats, après sa sortie du gnouf (il avait été jeté au cachot pour avoir insulté un officier), avait déserté de l’Armée pour émigrer au Congo. De son périple, il n’avait ramené pour toute fortune que des cassettes de musiciens congolais dont celle de Pamelo Mounka. Et à longueur de journée, il nous rabâchait avec cette chanson et ses refrains « Mbongo ekobenga mbongo » (l’argent appelle l’argent). « On ne prête qu’aux riches ; jamais vu un riche prêter de l’argent à un pauvre », fredonnait le défunt artiste.
Depuis toujours, l’argent appelle l’argent. Plus on en gagne, plus on en veut encore et encore. Quand on devient millionnaire, on rêve de devenir milliardaire. Ces dernières années, de nouveaux riches ont, comme par enchantement, envahi notre pays. Les milliardaires n’ont jamais été aussi nombreux et rares sont parmi eux ceux dont la fortune s’inscrit dans une longue histoire de famille. D’aucuns ont accumulé des richesses de manière exponentielle, baignent dans l’opulence, possèdent des comptes bancaires bien fournis, de somptueuses villas, des appartements à l’étranger, de rutilantes bagnoles, de sociétés, de jets privés. Ils n’ont aucun souci et subviennent à tous leurs besoins, sans avoir à trimer sous le chaud soleil. La politique est devenue l’un des chemins les plus rapides pour accéder à des postes juteux et stratégiques, mais aussi pour s’enrichir en un clin d’œil.
Elle attire un nombre impressionnant de cadres soucieux du développement de leur cité, mais aussi des opportunistes à la recherche de gloire et de richesse. Ces derniers, une fois qu’ils se voient confier des postes à responsabilités, n’hésitent pas à s’en mettre plein les poches sans passer par quatre chemins. Dans un pays où la pauvreté écrase plus de la moitié de la population, la politique a enrichi beaucoup d’arrivistes qui se sont retrouvés du jour au lendemain aussi riches que Crésus. Mais peut-on devenir milliardaire simplement pour avoir été ministre, directeur de société, député, maire ou ami du président ? La Loi n’interdit à personne d’être riche. Ce qui est interdit, c’est de le faire avec des moyens peu moraux. Et le hic est que quand on demande à un néo-milliardaire de justifier l’origine de sa fortune, ses partisans crient au scandale, à la cabale.
Pourtant, sous d’autres cieux, ils sont légion ces hauts responsables mis en examen pour corruption, trafic d’influence, faux et usage de faux, blanchiment d’argent, détournement de deniers publics ou enrichissement illicite. D’anciens chefs d’État, de gouvernement, ministres en ont aussi eu pour leurs grades. Au Sénégal, l’enrichissement illicite relève du droit pénal commun. C’est un délit bien inséré dans le Code pénal. Il n’y a rien d’alarmant ni de dégradant de poursuivre un délinquant économique, fut-il ancien ministre, haut fonctionnaire de l’État… Quand l’argent appelle l’argent, on doit être en mesure de justifier la licéité de ses avoirs. C’est pourquoi la traque des biens mal acquis est un combat pour l’éthique et la bonne gouvernance.
Il pourrait lutter contre la délinquance économique et financière et aussi marquer la fin de l’impunité. Dans la sourate At-Takathur (la course aux richesses), Allah avertit pourtant les personnes qui consacrent leurs efforts à vouloir plus que ce que possèdent les autres, à surpasser les autres par la richesse. Mais, c’est comme si cette admonestation était tombée dans les oreilles de sourds. Dans un monde où avoir de majestueuses villas, de rutilantes voitures, de sulfureuses femmes, une stabilité financière est perçue comme la clé d’une vie heureuse, la course aux richesses continue de faire rage. Et tous les moyens sont bons pour être plein aux as et mener une vie de Pacha. Le plus important dans la vie, ce n’est pas d’accumuler des fortunes colossales, mais d’utiliser cette fortune pour le bien de tous. Parfois, il faut savoir vivre de peu tout en pensant aux plus pauvres que soi.
Par Matel BOCOUM
DES MOTS QUI FÂCHENT…
Masculinité positive, une expression qui fait encore sourire sous nos cieux. Cette trouvaille servirait, pour les plus sceptiques, de brèche pour homogénéiser l’univers. Pour certains esprits, les féministes sont encore passées par là
Masculinité positive, une expression qui fait encore sourire sous nos cieux. Cette trouvaille servirait, pour les plus sceptiques, de brèche pour homogénéiser l’univers. Pour certains esprits, les féministes sont encore passées par là.
Elles posent ainsi les germes d’une féminité ambiante. Non contente de vouloir destituer les hommes de leur titre de chef de famille, des militantes de la cause féminine chercheraient simplement à modifier les lois de la nature, à faire de la femme un homme et de l’homme une femme. Dire que ce concept est d’inspiration onusienne. Dans l’optique de lutter contre toutes sortes de violences basées sur le genre, le système des Nations unies a lancé cette idée.
Il n’est pas question, en fait, de titiller l’ego des hommes, mais de réveiller leur humanité, voire leur humanisme, de les rendre plus bienveillants, attentionnés, de faire d’eux des êtres pleins de compassion envers leurs proches fussent-ils des femmes, des enfants, de leur permettre de se départir de tout comportement d’agressivité. Nos hommes, dans plusieurs pays du monde, ont été formatés dans un esprit de compétition et de domination du « sexe faible ». Mais comme « les mots sont des fenêtres » pour paraphraser Marshall Rosenberg, en utilisant les termes appropriés, il est toujours possible de véhiculer son message sans heurter des consciences et de susciter l’adhésion d’un plus grand nombre de personnes à sa cause.
Si la communication visuelle est très parlante, les mots ont tout aussi leur sens pour inculquer des changements d’attitude. L’ouvrage de Rosenberg, offre, par exemple, des techniques pour améliorer les interactions sociales et maîtriser cet art de vivre dans la complémentarité. Il facilite aussi l’éclosion des attitudes positives et aide à gommer les attitudes négatives qui dominent certains esprits. Son approche est similaire à celle de la masculinisation positive. Au lieu de faire des hommes des mauviettes, il vise simplement à faire émerger ce qu’il y a de positif en chacun et à promouvoir des comportements basés sur l’amour, la bienveillance, l’attention, l’appréciation, tout le contraire de l’égocentrisme et de l’agressivité.
L’auteur Marshall Rosenberg livre des outils pour faciliter le vivre ensemble avec plus de sociabilité. Des mouvements de solidarité comme « he for she », (comprenez il pour elle) ont fait des émules. Il est porté par des hommes, qui ont convaincu des hommes et des garçons, les poussant à prendre parti pour les femmes et les jeunes filles en vue de contribuer au renforcement de l’harmonie sociale. Ce combat a d’ailleurs tout son sens si on se fie à des passages de l’ouvrage « Éclairages sur les féminismes » de Makhtar Diouf, qui met aussi en lumière des pratiques sociales reléguant les femmes en arrière-plan. Il révèle aussi la logique qui sous-tend la démarche des féministes et cette nécessité de savoir jouer sur les mots. « A l’école, les héros qui sont admirés sont toujours des hommes : Persée, Hercule, David, Achille, Napoléon ; pour ce qui est des femmes, en dehors de la seule Jeanne d’arc, on ne leur parle que des courtisanes » rappelle t-il.
Et d’ajouter « dans les romans qu’on leur fait lire, les aventuriers, les marins, les explorateurs, les musiciens, les généraux, les chefs d’Etat sont toujours des hommes auxquels le garçon cherche à s’identifier. Par contre, ce sont des modèles de passivité qui sont proposés à la fille : la belle au bois dormant, Cendrillon, Blanche neige, la femme ou la jeune fille, c’est toujours celle qui reçoit et subit : captive, enchainée, et qui attend d’être délivrée par son prince qui à cet effet combat et défait les dragons. »
Au fil des ans, les mouvements féminins ont tenu à amorcer des ruptures. Elles ont exigé la féminisation de certaines fonctions et grades. Elles se sont érigées contre la féminisation des métiers bas de gamme. Il était plus acceptable, par exemple, de parler d’institutrice, de boulangère, de cuisinière, de serveuse, de travailleuse, d’ouvrière, d’infirmière, de comédienne. Les métiers dits « haut de gamme », avec position de pouvoir, sont du genre masculin. C’est le cas des postes de ministre, député, sénateur, maire, médecin….. Comme quoi la bataille des mots n’est pas toujours vaine…
PAR SALLA GUEYE
PÉDAGOGIE DE LA PEUR
"Imaginez un peu : au lieu de papoter avec leurs enfants, les voilà qui les laissent se faire « éduquer » par un certain « Mawti », ce fameux tiktokeur en mode néo-sorcier, qui fait croire qu’il est l’ange de la mort !"
Le Sénégal, un pays magique… mais à force de vouloir faire de l’éducation, certains parents semblent confondre pédagogie et sorcellerie ! Imaginez un peu : au lieu de papoter avec leurs enfants, les voilà qui les laissent se faire « éduquer » par un certain « Mawti », ce fameux tiktokeur en mode néo-sorcier, qui fait croire qu’il est l’ange de la mort !
Rien de tel pour créer un climat de confiance familial, non ? Qui a eu l’idée de cette méthode sordide, vraiment ? Parce qu’évidemment, au lieu d’expliquer la vie, on préfère injecter de l’angoisse dans les cerveaux encore fragiles.
Et ce phénomène cartonne sur TikTok ! « Vive la pédagogie numérique ! » Finalement, c’est peut-être ça la vraie magie : transformer un enfant bien élevé en petit paranoïaque, et un parent en spectateur complice d’un drame psychologique… Mais qui a dit que l’éducation devait être ennuyeuse ? Je préfère encore retourner à l’époque où les enfants étaient éduqués à coup de claques et de fables !
par Amadou Sarr Diop
L’ETHNICITÉ S’INVITE AUX DÉBATS POLITIQUES
EXCLUSIF SENEPLUS - De Wade à Sonko, en passant par Macky, l'influence des appartenances ethniques dans les stratégies électorales pose question dans un pays où la stabilité s'est bâtie sur le dépassement des clivages identitaires
Avec l’affaire Farba Ngom, le syndrome de l’ethnicité s’invite de nouveau au débat politique. Au lieu de se voiler la face, la question mérite d’être abordée pour poser l'ampleur, en termes de signes précurseurs, d’un malaise social aux conséquences imprévisibles. La guerre des identités, par la politisation de l'ethnicité en contexte africain, a suffisamment fait d'effets dans beaucoup de pays confrontés aujourd’hui à des crises identitaires structurelles. Toujours dans cette stratégie d’ensauvagement des réseaux sociaux, sous fond de haine et de manipulation, l’argument ethno-identitaire émerge, de plus de plus, des querelles politiques au Sénégal.
L’analyse des facteurs de cause à l’origine des guerres ethniques dans les pays en situation de conflictualité, renseigne sur l’impact des débats ethnicistes dans la genèse, la maturation et l’éclosion de conflits identitaires. L’ampleur des conflits ethniques en Afrique a aujourd'hui redonné vigueur aux thèses primordialistes sur l’irréductibilité et l’immuabilité des « ethnicités africaines, promptes à r-émeger dans certains discours politiques et médiatiques ».
La fabrique des identités de résistance contre un ordre politique à partir de l'ethnicisation des conflits politiques ont conduit à des dérives aux conséquences incalculables. Par l’artifice de la politisation du sentiment ethno-identitaire, l’Afrique est un continent exténué par des violences systématiques de toutes sortes. Un bref rappel des conséquences de ce mode opératoire dans certains pays devrait alerter pour sortir de cette dérive ethniciste.
Au demeurant, les crises qui ont secoué les régions des Grands Lacs trouvent leur explication en partie dans cette ethnicisation des crises politico-sociales. On peut évoquer, la guerre civile en Ouganda, les génocides au Rwanda et au Burundi, le conflit au Sud-Soudan et enfin les rébellions dans la province Orientale du Kivu. On se rappelle de l’effroyable génocide des Tutsis au Rwanda estimé à plus de 5,5 millions de morts. En deux journées, celle du 11 avril et la fin d’après-midi du 14 mai 1994, 50 000 Rwandais ont été tués à la machette par leurs voisins sur les collines de Nyamata. D’avril à juillet 1994, on a estimé entre 500 000 et un million de Rwandais tutsis victimes d’une extermination systématique perpétrée par des miliciens (les Interhamwe).
L'autre exemple est la situation post-électorale dramatique connue en Côte d’Ivoire avec l’introduction du concept « d’ivoirité » par Henri Konan Bédié. Durant les cinq mois de violence et de conflit armé qui ont marqué la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte d'Ivoire, 3 000 personnes ont été tuées.
Dans un article sur les enjeux géostratégiques de l’ethnicité, je soutenais que la symbolique des identités, comme élément de stratégie politique, a marqué les trajectoires de trois figures du champ politique sénégalais depuis 2000, à savoir Abdoulaye Wade, Macky Sall et Ousmane Sonko. Chacun s‘est servi de l’identité d’appartenance comme site de mobilisation politique. Par la mise en scène idéologique du clientélisme identitaire, chacun a construit des éléments de langage dans la communication de conquête ou de préservation du pouvoir. Il est vrai que l’exemplarité du Sénégal dont les premiers concepteurs de l'État postcolonial ont pris en considération le pluralisme ethnique dans le mode de gouvernance, en tenant compte des équilibres identitaires, peut être considérée comme un cas d’école. Une bonne gestion des différences ethniques, religieuses, voire confrériques, et leur présence équilibrée au niveau des sphères étatiques, ont préservé le Sénégal jusqu’ici de la guerre des identités ethniques et religieuses.
Le Sénégal a établi son unité et sa stabilité sur le socle de la diversité et de la pluralité des croyances et des valeurs de référence. De Senghor à Abdou Diouf, l’option pour la construction de l’État-nation a pris le dessus sur les appartenances identitaires. Il est établi que dans les années 1950, Senghor s’est certes appuyé sur la territorialisation des identités primaires, catégorisant les colonisés en citoyens français (ressortissants des quatre communes) et en indigènes (considérés comme des kaw-kaws, des citoyens du Sénégal de l'intérieur vivant en contexte rural). Mais, cette prépondérance des identités cristallisées autour du terroir, n’a pas connu une instrumentalisation identitariste. Durant ses mandatures, et ceci dans la continuité avec Abdou Diouf, les débats politiques ont été menés, en dépit de fortes adversités assumées, dans l’espace de la neutralité citoyenne, autour des enjeux programmatiques et des indicateurs de gouvernance. Les tempêtes de violence qui ont balayé, par moment, le paysage politique sénégalais, n’ont pas conduit à des dérives ethnicistes ou religieuses. On peut supposer que la qualité du personnel politique d’alors (formaté dans des partis politiques ayant érigé la formation idéologique des militants en priorité) y a beaucoup contribué.
A ce niveau, le Sénégal se distingue de la plupart des pays en Afrique qui ont connu la guerre des identités autour des enjeux de pouvoirs et de contrôle des ressources par des stratégies d’ethnicisation des polarités idéologiques et politiques.
Les mutations politiques amorcées à partir de 2000 sont révélatrices des influences ethno-identitaires au niveau de l’électorat dans certaines localités du Sénégal. C’est avec le président Wade qu’a véritablement commencé dans la stratégie électorale la mise en dividende politique des identités de proximité par l’instrumentalisation de son appartenance à la confrérie mouride. Son allégeance ostentatoire à cette confrérie a servi, par moment, de levier d’agitation, de mobilisation politique, dans les zones où les mourides sont représentatifs. Concernant le président Macky Sall, l’énonciation de la notion de « titres fonciers », un élément de langage fortement usité dans la communication politique de ses partisans, pour marquer la prédominance politique de sa coalition dans deux régions où son ethnie d'origine Hal pulaar et celle adoptive Sérère sont fortement présentes, est révélatrice du vote affectif et ethno-identitaire lié à sa double appartenance ethnique dans un contexte politique et électoral traversé par l’impensé du débat ethnique.
Les résultats enregistrés lors de l’élection présidentielle de 2019 dans le Fouta, berceau de son ethnie d’origine Hal pulaar (Matam 93,26 %, Podor 93,40%) et dans la région de Fatick (79,78%) majoritairement habitée par son ethnie d’adoption (sérères), révèlent l’impact des affects ethno-identitaires dans la mobilisation politique et électorale. Le phénomène Sonko n’est pas exempt de l’empreinte de l’ethno-identitaire, au regard des performances électorales de sa coalition politique dans sa région d’origine. Sonko s’est construit, en un temps record, une base politique dans la région naturelle de la Casamance marquée par le sentiment ethniciste et régionaliste fortement entretenu par la présence d’une rébellion en lutte contre l’État du Sénégal depuis plus de quatre décennies. Lors des deux dernières sélections locales (2020) et législatives (2022), l’alliance dirigée par Sonko réalise une percée politique inédite dans cette région du Sud. Sur les 30 communes que compte la région, la mouvance présidentielle Benno Bokk Yaakar n’a gagné que celle rurale de Boutoupa-Camaracounda. La forte mobilisation et la passion exprimée des populations du Sud lors du procès opposant Ousmane Sonko et la masseuse Adji Sarr, s’inscrivent dans cet ancrage symbolique des origines.
Ce détour sur ces trois figures politiques les plus emblématiques durant ces deux dernières décennies, vise à montrer combien sont fragiles en Afrique les équilibres ethniques. A chaque fois que des enjeux politiques et ceux liés à la prise ou à la conservation du pouvoir, atteignent un certain niveau de conflictualité, les rapports de force politiques peuvent faire vaciller les socles ethniques pour en faire des leviers de mobilisation partisane. L’impensé des discours sur l’ethnicité nous situe dans le rituel de la diversion idéologique des élites politiques africaines, à des fins de détournement des opinions de la pauvreté systémique à laquelle sont confrontées de larges couches sociales et, surtout, la jeunesse qui vit dans la précarité et qui est hantée par les incertitudes du lendemain.
Pour le Sénégal, rien n’est gagné, il faut faire preuve de vigilance. C’est par l'intelligence dans la gouvernance et le management de nos institutions et, surtout, du leadership transformationnel, qu’on peut induire un approfondissement de la démocratie par la prise en charge du quotidien des sénégalais. Les enjeux sont multiples pour les artisans de la troisième alternance, dont la mise en chantier des transformations systémiques promises constitue un impératif institué au regard de leurs engagements pour le triomphe du Grand soir tant rêvé par une jeunesse pressée.
Amadou Sarr Diop est sociologue, enseignant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop.
PAR FATIMATA LY
CODE DE LA PUBLICITÉ, 178 ARTICLES POUR PROTÉGER LES CONSOMMATEURS ?
"L’absence de règlementation de la médecine traditionnelle explique en partie la publicité à laquelle s’adonnent les tradipraticiens. Or la publicité des médicaments est interdite et ces plantes traditionnelles sont utilisées à visée thérapeutique."
Le 03 janvier 2025, un avant-projet de loi sur la réforme du code de la publicité a été présenté par le Ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique en présence des acteurs clés du secteur de la publicité. Cette réforme est à saluer si l’on sait que la loi sur la publicité qui date de 1983 est non seulement devenue obsolète mais n’a jamais été accompagnée d’un décret d’application. Le nouveau projet de loi a pour ambition de proposer 178 articles à la place 17 de l’ancien code. Ce projet nous rappelle une activité très importante du CNRA (Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel) piloté par Feu Babacar Touré qui avait organisé en août 2018 un atelier de partage et de concertation sur la publicité avec l’ensemble des acteurs du secteur de la publicité (annonceurs, agences, diffuseurs, consommateurs, institutions, collectivités locales). L’association A.I.I.D.A. (Association Internationale d’information sur la Dépigmentation) en tant qu’acteur de la société civile était invitée à prendre part à cette importante activité.
Publicité de produits dépigmentant et article 112 du nouveau code de la presse
L’association A.I.I.D.A avait alors fait des propositions relatives à la publicité des produits dépigmentant à visée cosmétique essentiellement dans les médias audio-visuels. Signalons qu’en avril 2015, l’association AIIDA avait, grâce à la facilitation de Feue l’honorable Mame Mbayang Dione Ba, organisé un atelier de sensibilisation des parlementaires de la 12ème législature par le biais de la commission santé présidée à l’époque par l’honorable Haoua Dia Thiam. Suite à cet atelier de formation des députés l’honorable Haoua Dia Thiam avait proposé l’introduction dans le nouveau code de la presse d’ un nouvel article (article 112) qui interdisait la publicité des produits dépigmentant à visée cosmétique dans les média audio-visuels.
Ce rappel vise à montrer le processus qui a abouti à l’interdiction de la publicité des produits dépigmentant essentiellement des médicaments détournés de leur usage : le propionate de clobetasol, l’hydroquinone et le glutathion.
Médicaments dermatologiques détournés de leur usage
Ces produits ne devraient être prescrits que par les médecins assermentés en particulier les dermatologues et pour des indications médicales précises conformément au code de déontologie médicale. En effet, l’ONMS (l’Ordre National des Médecins du Sénégal) dans son code de déontologie (Décret N°67-147 du 10 fevrier 1967) rappelle en ses articles 9 et 10 l’interdiction à un médecin d’exercer une autre activité incompatible avec la dignité professionnelle de nature à déconsidérer celle-ci notamment de toutes pratiques de charlatanisme.
Ce code rappelle également que « La médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce ». Sont spécialement interdits : « Tous procédés, directs ou indirects, de publicité ou de réclame » ; « Les manifestations spectaculaires touchant à la médecine et n’ayant pas exclusivement un but scientifique ou éducatif ».
Quid du code de déontologie des traditherapeutes ?
Si le code de déontologie réglementant l’exercice de la profession médicale est clairement établi tel n’est pas le cas pour l’exercice de la médecine traditionnelle bien que l’usage des plantes traditionnelles soit très courant dans notre pays. En effet, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) estime que 80% de la population africaine a recours aux plantes médicinales traditionnelles. Au Sénégal, des études effectuées en milieu hospitalier montrent que 40% des patients consultant en dermatologie ont recours en première intention à la pharmacopée traditionnelle avant de consulter à l’hôpital.
Le recours aux traitements traditionnels est favorisé par plusieurs facteurs dont l’origine géographique, le niveau et le type d’instruction. En outre, une publicité à outrance à laquelle s’adonnent certains tradipraticiens sur divers supports (réseaux sociaux, médias audio-visuels, affiches, réclame….) est un facteur d’incitation à la phytothérapie.
L’absence de règlementation de la médecine traditionnelle explique en partie la publicité à laquelle s’adonnent les tradipraticiens. Or la publicité des médicaments est interdite et ces plantes traditionnelles sont utilisées à visée thérapeutique.
L’utilisation des plantes traditionnelle n’est pas dénuée de dangers ; en pratique hospitalière courante les médecins en particulier les dermatologues et les néphrologues sont quotidiennement confrontés à des effets secondaires des médicaments traditionnels qui constituent des motifs fréquents d’hospitalisation. Les toxidermies (allergies cutanées) sévères, l’insuffisance rénale aigue et les hépatites constituent les principales complications de l’usage des plantes médicinales. Ces complications sont parfois mortelles, malheureusement le système de phytovigilance au Sénégal ne permet pas un enregistrement exhaustif des effets secondaires des plantes médicinales.
Rappelons que depuis 2017, il existe un projet de Loi pour règlementer l’exercice de la médecine traditionnelle au Sénégal, malheureusement cette loi n’est pas encore promulguée. Malgré les efforts des autorités sanitaires dans la reconnaissance de la médecine traditionnelle au Sénégal, il n’existe à ce jour aucun code de déontologie qui réglemente la pratique de la médecine traditionnelle au Senegal. Ce qui laisse une porte ouverte pour le charlatanisme et la publicité mensongère.
Autres produits nocifs à la santé et publicité
Toutefois, les plantes médicinales et les produits dépigmentant ne sont pas les seuls produits dont l’utilisation est associée à une morbi-mortalité importante et qui font l’objet de publicité.
Des produits alimentaires tel que l’huile, les bouillons culinaires et autres ingrédients non identifiés n’échappent pas à la publicité mensongère en dépit de ces réglementations existantes : article 9 de la loi 83-20 du 28 janvier 1983 et article 12 de la loi 2006-04 du 4 janvier 2006, portant création du Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel. Ce dernier exerce le contrôle par tous les moyens appropriés sur le contenu et les modalités de programmation des émissions publicitaires, diffusées par les médias audiovisuels publics comme privés. L’une des limites de cette législation est la publicité via les réseaux sociaux et les réseaux d’affichage hors des champs de compétence du CNRA.
L’espoir est-il permis pour une reforme en profondeur du secteur publicitaire ?
Cet avant-projet de loi sur la réforme du code de la publicité vient à son heure ; osons espérer que les consuméristes mais surtout le MSAS (Ministère de la Santé et de la Prévention) ainsi que les sociétés savantes joueront pleinement leur rôle dans l’assainissement du paysage publicitaire de notre pays.
L’un des défis majeurs réside dans la prévention de toutes ces pathologies liées aux comportements particulièrement la dépigmentation cosmétique volontaire (« Xessal », l’addiction à l’alcool et au tabac, les toxidermies, l’HTA, l’insuffisance rénale et hépatite médicamenteuse…).
Au-delà des media-audiovisuels il faudrait prendre en compte les réseaux d’affichage et les réseaux-sociaux (Tik-Tok, Facebook et Instagram) sur lesquels on trouve de nombreux cas d’école d’exercice illégal de la médecine et surtout de la dermatologie, de vente de produits nocifs à la santé. Le Sénégal pourrait-il, à l’instar de la Chine interdire certains réseaux sociaux dont les contenus sont nuisibles à la santé publique ?
PAR MAGAYE GAYE
RECRUTEMENT ET AVANCEMENT EN AFRIQUE, DANGER DU FAVORITISME
"Un cadre, recruté sur recommandation d’un ministre, a été promu chef de service après moins de deux ans dans l’entreprise. Pendant ce temps, des employés compétents, ayant cumulé 10 à 15 ans d’expérience, attendaient en vain des promotions."
L'Afrique doit repenser ses méthodes de recrutement et d'avancement de ses cadres.
Un mauvais recrutement, surtout à des postes clés, équivaut à installer une bombe à retardement au sein d’une entreprise. Cet agent, souvent improductif, devient rapidement un fardeau pour son organisation.
Le piège du recrutement émotionnel
On critique fréquemment les Africains pour leur approche émotionnelle lors des recrutements, tandis que les Américains, par exemple, privilégient une évaluation objective des compétences et de la valeur ajoutée potentielle des candidats.
En Afrique, le processus de recrutement reste largement influencé par le système francophone, centré sur les diplômes. Pourtant, un diplôme, aussi prestigieux soit-il, ne garantit pas l’efficacité, surtout dans un contexte où le système éducatif peine à répondre aux besoins des entreprises.
L’omniprésence du favoritisme
Le problème ne s’arrête pas aux diplômes. Trop souvent, la question décisive devient : « Qui vous a recommandé ? » Dans bien des cas, ces recommandations passent avant les compétences, biaisant totalement la valeur réelle des candidats.
Il faut également pointer du doigt les responsables politiques qui, fraîchement nommés à la tête d’entreprises publiques, s’empressent de recruter des militants de leur région ou de leur bord politique, sans se soucier de leur qualification.
Les quotas et les privilèges dans les institutions internationales
Des quotas par nationalité ou des règles archaïques, comme l’attribution systématique de certains postes à des pays spécifiques, freinent l’excellence. Pourquoi ne pas instaurer une rotation basée sur les compétences et non sur des critères géographiques ?
Un exemple frappant
J’ai été témoin d’une situation aberrante dans une organisation internationale.
Un cadre, recruté sur recommandation d’un ministre, a été promu chef de service après moins de deux ans dans l’entreprise. Pendant ce temps, des employés compétents, ayant cumulé 10 à 15 ans d’expérience, attendaient en vain des promotions.
Cette injustice avait déclenché une révolte inédite : distribution de tracts, dénonciations publiques et climat de travail délétère. Le dirigeant, dans une tentative d’apaiser la situation, avait tenu des propos troublants :
« Chers collaborateurs, la vie est un jeu de donnant-donnant. J’ai accepté la proposition du Ministre parce qu’il pouvait me rendre service ailleurs. »
La voie du progrès : compétence et mérite
Ces pratiques déresponsabilisantes, à l’origine de frustrations profondes, freinent l’émergence de véritables compétences en Afrique.
Pour assurer son développement, l’Afrique doit miser sur la compétence, le dévouement la loyauté et les résultats : valoriser ceux qui contribuent concrètement aux objectifs des organisations.
Mettre un terme au favoritisme dans les recrutements, c’est poser les bases d’une Afrique plus forte et plus compétitive.
PAR PAPA MALICK NDOUR
DIOMAYE, LA DETTE VOUS POSE PROBLÈME ?
"Vous manquez de marge budgétaire ? Cela fait dix ans que vous promettez d'élargir le champ budgétaire en vous attaquant aux exonérations fiscales. Je n'ai jamais été d'accord avec cette idée, mais puisque vous persistez à la proposer..."
Reforme de l'administration publique, il n'est pas question de se lamenter, il faut agir.
J'ai suivi ce matin la première édition de la Conférence des Administrateurs et Managers Publics (CAMP) présidée par le Chef de l'Etat. J'ai deux (2) commentaires à faire :
1. Vous manquez de marge budgétaire ? Cela fait dix ans que vous promettez d'élargir le champ budgétaire en vous attaquant aux exonérations fiscales. Je n'ai jamais été d'accord avec cette idée, mais puisque vous persistez à la proposer dans votre loi de finances, c’est simple à mettre en place : accélérez la réforme des codes des impôts et des douanes, sans oublier celui des investissements.
La dette est un problème ? Jusqu’à présent, vous n'avez fait qu'aggraver la situation. Votre remède, «Plus de dettes pour faire face à la dette», ne peut pas être la solution. Si la dette vous pose vraiment problème, restructurez-la. Utilisez vos «compétences», votre "intégrité", votre "crédibilité" et la confiance du peuple pour convaincre les créanciers du Sénégal à trouver les moyens d'alléger la charge annuelle de la dette. Cela ne devrait pas être insurmontable et vous donnera plus de marge dans vos lois de finances.
2. Le secteur parapublic est trop hypertrophié et redondant par rapport à l'administration centrale ? Vous nous l'avez répété pendant dix ans. Vous en êtes vraiment convaincu ?
Je n'en suis pas sûr sinon pourquoi vous n’êtes pas gêné de nous annoncer la création de l'Agence de centralisation des marchés public pour régler un problème dont la Direction du matériel et du Transit administratif (DMTA) peut être la solution ? Mais bon ! Passez à l’action. Plus de 75% des agences et directions du secteur parapublic ont été créées par décret; un décret suffit pour supprimer, fusionner ou dissoudre celles qui sont trop coûteuses. Pour cela, arrêtez vos nominations et donnez au Bureau des Organisations et Méthodes (BOM) un délai d'un mois, en collaboration avec la direction du secteur parapublic, pour vous proposer un plan de rationalisation que vous appliquerez rigoureusement. N'oubliez pas : plus vous nommez, plus il devient difficile de supprimer. En effet, la mise en œuvre de cette réforme est complexe et elle nécessite avant tout une volonté politique et la capacité de surmonter les résistances internes au sein de votre propre Parti (Pastef), où certaines figures établies sont déjà confortablement installées dans des directions que vous jugez désormais inutiles.
Ecoutons le President Nicolas Sarkozy, c'était le 14 janvier 2007 à villepinte, commune de la banlieue parisienne. Ecoutez le parler:
"Un président de la République ne doit pas être un spectateur de la situation, mais un acteur central qui porte des réformes ambitieuses. Le président doit incarner une vision claire, prendre des responsabilités sur des enjeux fondamentaux et ne pas se dérober face aux difficultés"
Bonne semaine à tous...Gatsa gatsa d'idée....
Par Hamidou ANNE
LA FIN !
Qui aurait cru qu’au Sénégal, l’une des démocraties africaines les plus avancées, des ligues de savants se seraient constituées pour faire de l’insurrection un mode normal de conquête du pouvoir ?
Il m’est arrivé durant ces quatre dernières années de ne point pouvoir définir avec exactitude ce que je «touchais» des yeux, mais d’en entrevoir seulement le spectre, les ressorts et les lointaines filiations politiques et philosophiques. Mais à chaque fois, j’ai essayé de lire les faits politiques et sociaux à l’aune des valeurs qui me semblent en tous lieux devoir être défendues et sacralisées.
La raison, la liberté, la démocratie, dans le cadre des principes républicains, constituent pour moi des absolus à défendre et préserver. Qui aurait cru qu’au Sénégal, l’une des démocraties africaines les plus avancées, des ligues de savants se seraient constituées pour faire de l’insurrection un mode normal de conquête du pouvoir ? Une élite silencieuse quand l’université de Dakar est incendiée, mais qui multiplie les pétitions au service de la destruction de la démocratie et du vivre-ensemble est forcément malade de sa soumission aux privilèges dérisoires du petit monde politique et à la gloire douteuse des foules numériques. Je ne pensais pas un jour voir des meutes de manifestants radicalisés envahir le Capitole pour contester les résultats d’une Présidentielle américaine. Je n’imaginais pas que parmi les foules ayant investi la rue après la stupeur du 21 avril 2002 surgiront vingt-ans plus tard des millions d’électeurs du parti fondé par Jean-Marie Le Pen. Quand, à la fin des années 2000, je créais un compte sur les réseaux sociaux, j’étais loin d’imaginer que ces plateformes où se racontaient des blagues potaches voire graveleuses, seraient devenues les espaces privilégiés de dissémination de discours haineux et obscurantistes et de lutte contre la vérité au profit des opinions polarisées. Quand Donald Trump revient à la Maison Blanche pour purger ce qu’il restait de décence en politique, une oligarchie «techno-industrielle», jadis considérée comme gauchiste voire hippie, se soumet à son projet dont la finalité est de tuer la raison au profit des seuls affects dans la société. Je ne pensais pas qu’après ce qui s’est passé à Srebrenica, au Rwanda, au Darfour, on en serait à défendre dans les médias qu’une vie à Kfar Aza avait plus de valeur qu’une autre à Gaza. L’idée que les Sénégalais puissent se dire que la fonction présidentielle, exercée par Léopold Sédar Senghor, est si insignifiante désormais qu’ils peuvent y mettre n’importe qui, est curieuse puis terrifiante.
Quand on a la charge d’être un écrivain public au sens du 19ème siècle, le risque de l’assignation est le plus facile venant des lecteurs, qu’ils soient d’accord ou non avec ton propos. Kamel Daoud, qui a été des décennies durant chroniqueur au Quotidien d’Oran, alertait : «On sélectionne les phrases qui peuvent être retenues dans le procès de votre appartenance et de votre allégeance supposée.» Derrière mes titres et mes textes nombreux furent ceux qui ont conçu leurs réponses sur une supposée influence, voire pire, des commanditaires, car l’idée d’un homme libre agissant au nom et pour le compte de sa seule conscience leur est fatalement étrangère.
Cette chronique a cherché chaque semaine à poursuivre un objectif politique au long cours, inspiré par cette pensée de Faulkner relative au refus de céder à la tentation de la fin de l’homme. Je m’acharne à imaginer dans le sillage de la doctrine chrétienne de Mgr Théodore Adrien Sarr, pour l’homme, «un salut global», dans un complexe inquiétant où plus aucun repère ne semble tenir, où l’injonction à choisir son camp rythme le quotidien. Or, je pense qu’on peut haïr en même temps le gouvernement extrémiste de Netanyahu et le Hamas ; on peut critiquer l’impérialisme étasunien et ne céder à aucun éblouissement pour les autocraties latino-américaines ; on peut dans la même veine, critiquer en Afrique les coups d’Etat constitutionnels et les putschs militaires. Quand l’éloge de la nuance et de la complexité devient suspicion et que le degré de conviction se mesure à l’aune des décibels produits, je continue à croire qu’il est possible de tenir les deux bouts de l’engagement public et d’éviter ainsi le piège du manichéisme.
Mon ami écrivain américain Ta-Nehisi Coates, comparant l’apartheid des Palestiniens dans les Territoires occupés aux lois Jim Crow, martèle sur un ton grave mais évident : «I know this story.» Quand j’observe dans mon pays la tentation de détruire la démocratie par la soumission des médias, des syndicats et des partis, la volonté de revenir sur des acquis sociaux comme le droit de grève et la liberté d’expression, le choix de tout conflictualiser pour promouvoir la stigmatisation de l’autre et le refus de la différence, alors, comme Coates, je répète : «I know this story.» Je sais, par la fréquentation assidue des livres d’histoire, ce que les mêmes causes ont produit comme résultats ailleurs. Et je puis dire que la fin ne peut être heureuse. Mais s’y résoudre, quelque part, c’est trahir les miens et renoncer à honorer cet esprit profondément sénégalais, un mélange de panache et de tenue. La démocratie libérale et l’usage de la raison, la célébration des différences et la formation d’une commune humanité font l’objet de menaces de tous ordres. Sous nos yeux disparaissent la gauche progressiste et démocratique et la droite libérale et humaniste. Partout, on semble s’entendre sur un refus de la nuance au profit d’une confrontation morbide dont le socle commun est la tentation du pire
Le ciel de 2025 est plein de menaces sur la démocratie et la liberté. En Afrique, des souverainistes et des xénophobes ont confisqué l’idée panafricaniste pour la transformer en un outil de détestation de l’autre, notamment de la France. Des intellectuels et des politiques ont surfé sur la vague, au nom de l’opportunisme ou de la lâcheté
Dans le Sahel, paradent des putschistes et leurs admirateurs zélés, lançant des fatwas à quiconque a le malheur d’avoir une pensée différente, de croire encore à l’idée première de la démocratie, qui acte que le pouvoir s’acquiert par le biais du Peuple souverain. Je suis pris d’effroi devant l’immensité de la faille et la matérialité de l’effondrement
Quand le 15 octobre 2020, Mohamed Guèye -nous nous voyions pour la première fois- m’a proposé de tenir cette chronique dans les pages du journal, j’ai tout de suite accepté avant de… réfléchir. Jamais le soutien de la direction du journal et celui de la rédaction ne m’ont fait défaut, malgré les passions que ces textes ont parfois provoquées. J’ai caressé un temps la tentation de faire comme certaines de mes idoles. Claudio Magris, écrivain qui m’est cher, a été chroniqueur pendant cinquante ans au Corriere della Serra, le grand quotidien de centre droit italien. Ces textes lui permettaient, disait-il en 1967, d’écrire quand il était «aux prises avec des fureurs morales». Maureen Dowd entame sa trentième année de chroniqueuse au New York Times. Mais me référant à un poème de Cendrars «Quand tu aimes, il faut partir», «Traverses» prend ici donc fin.
Je m’engage désormais en politique pour poursuivre ma réflexion, en y adjoignant désormais l’action du terrain, au service des valeurs qui fondent ma vie : la république, la liberté, la démocratie et la laïcité.