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27 novembre 2024
Opinions
Par Pape Bocar DIALLO
PSE VS PROJET SENEGAL 2050, L’ETERNEL RECOMMENCEMENT ?
L’évaluation des politiques publiques au-delà de son caractère stratégique, permet d’avoir une méthode d’action, «the one best way» qui assure une bonne continuation de l’action publique quel que soit le régime en place.
Lundi 14 octobre dernier, le nouveau régime a finalement présenté le «bébé» tant attendu par le peuple Sénégalais. Ce projet Vision Sénégal 2050 serait le remplaçant du PSE (Plan Sénégal Émergent) du président Macky Sall. Il est celui qui «enterre» définitivement la vision 2035 de l’ancien régime. Nous pouvons donc nous réjouir qu’en fin, nous avons un nouveau référentiel des politiques publiques, et désormais, nous pouvons le critiquer, l’amender ou émettre nos observations de citoyen soucieux de la bonne marche de notre cher pays.
Pour ma part, je ne m’attarderai pas sur une comparaison PSE/Vision Sénégal 2050. Point besoin de longue dissertation pour relever les similitudes entre ces 2 projets ou visions. D’ailleurs, ils ont le même géniteur. S’ils ne sont pas de même « mère », nous osons dire, sans risque de nous faire confondre, que ces 2 projets sont de même « père », Monsieur Victor Ndiaye du cabinet Performances Group. D’ailleurs, c’est assez frappant d’entendre les mêmes éléments de langages, aux mots près, lors de la présentation du projet à Diamniadio. Un autre point commun, PSE et Vision Sénégal 2050 ont suivi la même logique d’élaboration. Ces projets ont été concoctés suivant la méthode obsolète «top down» (du sommet vers le bas) alors qu’il aurait fallu se mettre dans une dynamique plus démocratique et participative, en adoption la démarche «bottom up», c’est-à-dire du bas vers le haut, avec une réelle prise en compte des avis des destinataires des politiques publiques. La coconstruction. C’est la clé de réussite des politiques publiques, associer les citoyens dans l’élaboration au lieu de chercher de faire leur bonheur sans eux.
C’est dire à quel point la similitude est évidente.
Aussi, je relève qu’il est temps pour nos politiques de sortir de cette opposition stérile et vindicative, et s’inscrire dans une démarche plus inclusive, surtout lorsqu’il s’agit de parler de l’avenir de notre pays. Parce que, si nous nous étions mis dans une posture de continuité de l’État et dans une démarche d’évaluation des politiques publiques, peut-être que nous arriverions à nous mettre d’accord autour de l’essentiel, notamment en matière de prise en charge des besoins de nos compatriotes et du développement de ce pays. Tout ne saurait être négatif dans le PSE, il en est d’ailleurs de même pour les programmes qui l’ont précédé
Parlons d’ailleurs de l’évaluation des politiques publiques.
Les politiques publiques sont considérées comme un ensemble d’actions coordonnées mises en place, avec pour objectif d’obtenir une modification ou une évolution d’une situation donnée (par ex : le chômage de masse de la jeunesse, l’iniquité territoriale…). Elles doivent donc jouer un rôle de redistribution, notamment lorsque l’égalité des chances n’est pas assurée initialement. Pour ce faire, des objectifs sont fixés et des moyens sont mis en place par les pouvoirs publics afin de les atteindre.
Au regard des éléments cités plus haut, il va de soi que l’évaluation des politiques publiques, qui consiste à une démarche ayant pour objet de juger (de la valeur) de l’efficacité, de l’efficience et de la pertinence des programmes publics, doit être intégrée dans notre façon de faire dans le cadre de l’action publique. C’est une démarche de bonne gouvernance (optimisation des dépenses publiques, mise en place de nouvelles formes de gouvernance…).
Par conséquent, si le précédent régime s’était sincèrement inscrit dans cette démarche et que les actuels tenants du pouvoir avaient fait preuve de dépassement, nous ne nous serions pas installés dans la polémique, cherchant à savoir si Vision Sénégal 2050 était oui ou non un plagiat du PSE. Nous devons dépasser ce genre de débat pour les seuls intérêts du Sénégal. Nous ne pouvons pas perdre du temps dans des joutes verbales stériles, alors que de nombreux défis (sécuritaire, chômage, autosuffisance et souverainement alimentaire, changement climatique…) nous attendent au tournant. Dans un temps troublé où chaque nation se recroqueville, dans un système d’échanges sous domination néolibérale, une compétition économique de plus en plus féroce, nous ne devrions pas nous distraire. Il nous faut avoir le sens des priorités. C’est pourquoi, je me permets de suggérer aux nouvelles autorités de rapidement mettre en place un dispositif d’évaluation des politiques. Plus encore, la future assemblée nationale qui sortira des élections législatives du 17 novembre prochain, devra pleinement assumer ses pouvoirs d’évaluation des politiques publiques.
C’est cette démarche qui permettra aussi de rendre compte de l’utilisation de l’argent public. L’évaluation des politiques publiques au-delà de son caractère stratégique, permet d’avoir une méthode d’action, «the one best way» qui assure une bonne continuation de l’action publique quel que soit le régime en place. Également, elle nous permet d’éviter cet éternel recommencement qui voudrait qu’un nouveau régime arrivant balaie tout du précédent, sans discernement
par Ibrahima Élimane Kane
DRAGUER LE FLEUVE
L’OMVS perd l’équilibre écologique. Diama et Manantali ne font pas barrage, désarmés, inondent la tine du général. L’omerta est d’Or. L’alerte jaune est frappée Sec. Une calamité prévue confond le duo
insuffle une saine synergie. Une salvatrice riposte s’organise.
qui optimise l’Anacim,
prévient les dégâts structurels ,
résoud les difficultés conjoncturelles.
La mode emporte le succès.
En l’honneur du Japon,
le Petit Prince brûle de l’encens ,
suscite un engouement passager.
En matière de gestion des catastrophes,
l’expérience nippone inspire.
Il est temps d’agir.
par kRISTIAN LAUBJERG
LE MYTHE DE LA DÉCOLONISATION
Il vaut la peine de spéculer sur la façon dont le développement aurait pu progresser et apporter du bien-être aux populations d'Afrique de l'Ouest si la France n'avait pas interféré avec les véritables intérêts nationaux de ces anciennes colonies
Comment la France maintient ses anciennes colonies africaines piégées dans une servitude éternelle
« La France sans l'Afrique, c'est comme un véhicule sans carburant. »[1]
L'histoire prédominante de la France concernant l'Afrique s'affiche dans ses efforts inlassables pour défendre les intérêts de l'Afrique au Conseil de sécurité de l'ONU ; il s'agit de la France qui promeut la civilisation parmi les tribus primitives d'Afrique dans le contexte d'une culture européenne supérieure, promouvant la démocratie et les droits de l'homme. Le discours de Nicolas Sarkozy devant des étudiants sénégalais en 2007 suggère que cette perception est encore forte. Il a conclu ses déclarations à la génération des futurs dirigeants du Sénégal en déclarant que l'Afrique ne s'est pas encore développée ni entrée dans l'histoire, montrant ainsi son ignorance du patrimoine culturel de l'Afrique.
Nous entendons rarement les nombreux récits de dirigeants assassinés qui ont donné la priorité au bien-être et au développement de leur peuple et de leur nation plutôt qu'à la France. Jamais on n'entend parler de la manipulation des campagnes électorales en faveur des candidats pro-français, et rarement on entend parler du carcan du système monétaire mis en place par la France pour maintenir ses anciennes colonies dans une servitude éternelle. Le colonialisme a surtout été présenté comme un acte humanitaire commis par des Européens civilisés et cultivés, alors que le fait est que des nations entières ont été déchirées par le colonialisme, poursuivant ainsi la destruction de l'Afrique qui a commencé avec l'asservissement des Africains des siècles plus tôt. Ce que l'esclavage et le colonialisme n'ont pas détruit est aujourd'hui la cible de l'impact économique puissant des économies occidentales promues au nom d'une idéologie néolibérale par les institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, et les agences d'aide bilatérale.
En dehors de l'Afrique, la France a l'image d'une nation qui défend le meilleur de la civilisation humaine, en particulier dans les arts, y compris la littérature, la cuisine, la mode, le vin et la philosophie. La France est également fortement associée à l'élaboration de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Elle se vante d'être le berceau de la démocratie et expose les valeurs fondamentales de la démocratie dans sa devise nationale : liberté, égalité et fraternité. C'est l'une des destinations touristiques les plus populaires au monde. Mais rares sont les visiteurs de ce pays attrayant qui connaissent l'oppression et l'exploitation continues de ses anciennes colonies africaines par la France et, dans de nombreux cas, sa neutralisation d'individus perçus comme une menace pour les intérêts français.
Contexte
L'exploitation européenne de l'Afrique a commencé dès le XVIe siècle, lorsque les Africains réduits en esclavage ont commencé à arriver dans les Amériques. Depuis lors, il y a eu de nombreux récits de rébellion contre les commerçants et les propriétaires de plantations européens. Ces rébellions, qui témoignent de la résilience et de la volonté des Africains à déterminer leur destin, se sont souvent poursuivies sur le sol africain lorsque les dirigeants locaux se sont sentis menacés par les envahisseurs européens. L'assujettissement de l'Afrique par l'Europe ne s'est pas arrêté à l'asservissement de son peuple. Il s'est étendu à l'extraction des ressources naturelles telles que le sucre, le café, l'huile de coton, le pétrole, le cuivre, le chrome, le platine, le tabac, l'or et l'uranium. L'industrialisation des pays européens dépendait en grande partie du raffinage des matières premières importées d'Afrique.
Jusqu'à la fin du 19ème siècle, l'Afrique était à la portée de tout le monde sur le principe du premier arrivé, premier servi. Les puissances européennes ont convenu que diviser l'Afrique entre elles serait une meilleure solution. La conférence de Berlin en 1884, un événement charnière qui a eu un impact significatif sur l'Afrique, a facilité la colonisation de l'Afrique et a ouvert la voie à l'exploitation extensive de ses vastes ressources. Quatorze pays ont participé à la conférence. Les grands « gagnants » ont été la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Portugal. Les États-Unis y ont participé, ainsi que plusieurs petits pays européens, comme le Danemark et les Pays-Bas. Les frontières ont été définies sans tenir compte des caractéristiques nationales et ethniques, provoquant ainsi des frictions et des guerres qui se poursuivent jusqu'à ce jour.
La France prend possession de la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale. Dans le même temps, l'Angleterre a colonisé les pays d'Afrique de l'Est et australe, le Nigeria et le Ghana en Afrique de l'Ouest. L'Allemagne prend le contrôle de la Tanzanie, du Togo, du Cameroun et de la Namibie, tandis que le Portugal prend le contrôle du Mozambique, de l'Angola, de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert.
Après la création des Nations Unies à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les mouvements d'indépendance ont balayé l'Afrique. Les élites africaines éduquées ont facilité la diffusion d'idées sur le droit à l'indépendance nationale, libre de l'exploitation et du contrôle des puissances coloniales européennes. Ainsi, dans les années 1960, la plupart des colonies africaines sont devenues nominalement indépendantes, à l'exception de celles gouvernées par le Portugal, qui a obtenu son indépendance au milieu des années 1970 lorsque la dictature de Salazar au Portugal a pris fin en 1974. Avec sa défaite dans deux guerres mondiales, l'Allemagne a perdu ses colonies à la fin de la Première Guerre mondiale. La Société des Nations a transféré la responsabilité de ces anciennes colonies allemandes à d'autres puissances européennes, à l'exception du Sud-Ouest africain (Namibie), qui a été remis au pouvoir par la population de la minorité blanche de l'Union d'Afrique du Sud.
Dans de nombreux cas, en particulier dans les territoires sous domination française, la décolonisation a évolué vers un état permanent de néocolonialisme. Depuis 2021, cela s'est traduit par des coups d'État militaires dans les trois pays d'Afrique de l'Ouest que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, où les nouveaux dirigeants, avec un soutien important des populations, ont exigé une rupture totale de l'influence néocoloniale de la France, qui ont formé depuis septembre 2023 une Alliance des États du Sahel (ASS). L'ancien président sud-africain Thabo Mbeki qualifie les putschistes de patriotes africains luttant contre le néocolonialisme français. Les trois pays rebelles à l'ingérence française dans les affaires des pays souverains ont été rejoints par le Sénégal en mars 2024, lorsque le Parti Pastef.[2], qui s'était jusque-là opposé au président soutenu par la France, a accédé à la présidence. Pastef a mené la campagne électorale en exigeant la renégociation de tous les contrats conclus avec la France et ses entreprises transnationales et la mise en place d'un système monétaire national, rompant ainsi avec celui mis en place par la France, lorsque les territoires étaient encore des dépendances de la France.
Notre argument
Dans cet essai, c'est un point significatif de notre argumentation que la France n'a jamais accordé d'indépendance réelle à ses anciens territoires africains. Les observations sur les efforts de la France pour décoloniser les territoires africains au cours des 60 dernières années suggèrent que Paris, avec le soutien de ses alliés occidentaux et agissant souvent comme un instrument pour les intérêts occidentaux, continuera son opposition à tout gouvernement africain qui accorde plus d'attention au bien-être de son peuple et aux intérêts nationaux qu'à la coopération avec la France telle que définie par les accords de coopération signés au moment de l'octroi du statut d'indépendance. Le statut international de la France et les gains financiers de ses entreprises transnationales dépendent du maintien du contrôle de ses anciens territoires africains. La France s'appuie également sur ses anciens territoires pour justifier son adhésion permanente au Conseil de sécurité, où l'Occident considère la France comme l'ambassadrice de l'Afrique.
Fini le temps où la France, impunément, assassinait impunément des dirigeants nationalistes et entreprenait des interventions militaires pour assurer son autorité. Aujourd'hui, nous remarquons une tendance croissante de la France à changer sa stratégie de contrôle, passant d'une ingérence ouverte dans les élections, de l'élimination des dirigeants nationalistes et des interventions militaires à une exploitation plus subtile de ces pays par son contrôle du système monétaire. Par le biais d'accords avec l'ensemble des pays du CFA, la France contrôle l'ensemble des liens financiers entre les pays du CFA et l'extérieur.
Au cours des soixante dernières années, depuis que l'indépendance a été accordée aux colonies africaines, nous avons remarqué peu d'amélioration dans leur développement. La principale différence est que pendant la domination coloniale, ces pays étaient dirigés par des représentants du gouvernement français, mais aujourd'hui, les élites nationales ont pris le relais en tant qu'agents de la domination et de l'exploitation étrangères.
Des rêves de coopération panafricaine à la dépendance néocoloniale
L'indépendance des colonies africaines est rarement venue de soi. La résistance armée, en particulier en Afrique occidentale française, a souvent précédé l'octroi de la souveraineté nationale. L'indépendance comportait l'attente et la promesse de l'autonomie politique et économique, de l'autosuffisance et de l'africanisation des affaires, du panafricanisme et du non-alignement. Malgré cela, la France a souvent réussi à faire gouverner ces nouvelles nations par ses candidats malgré une résistance intense et généralisée organisée par des groupes d'opposition. Le Cameroun illustre bien la difficulté de la transition vers l'indépendance nationale. Ruben Um Nyobé a été tué dans la brousse par l'armée française en 1958. La lutte pour une véritable autonomie s'est poursuivie au Cameroun tout au long des années 1960 contre un gouvernement considéré comme une marionnette de la France. Le dernier chef de l'opposition a été condamné et exécuté en 1971.
Les puissances coloniales des pays d'Europe occidentale ont justifié leur conquête et leur domination des pays africains par leur impact « civilisateur » sur les sociétés africaines primitives. L'impact civilisateur était destiné à justifier leur massacre et leur assujettissement pour les rendre conformes aux valeurs occidentales, prétendant soutenir le bon ordre, la liberté, l'égalité et la justice. Les avantages pour l'Europe de l'exploitation des ressources naturelles de l'Afrique ont été rarement mentionnés, bien qu'ils aient joué un rôle très important dans le contrôle continu de la France sur les anciennes colonies. Les atrocités commises sous l'égide de la culture et de la civilisation européennes ont été soigneusement documentées au cours des nombreux siècles où l'Europe a gouverné le monde, imposant son ordre de patriarcat misogyne, d'esclavage et de racisme, de colonialisme, d'intolérance religieuse, de répression de la pensée et de destruction de l'environnement au service de l'exploitation économique.[3].
Mise en œuvre des politiques de décolonisation de la France
Dès le début de la présidence du général Charles de Gaulle en 1958, il est devenu évident qu'il pensait que la France n'avait rien à gagner à accorder l'indépendance à ses colonies en Afrique et ailleurs. Le continent africain constitue un fournisseur indispensable de ressources naturelles pour les industries manufacturières en France. Au début des années 1980, les importations de minéraux critiques d'Afrique vers la France se répartissaient comme suit : Uranium 100 % (Gabon et Niger), 90 % de bauxite (Guinée), 76 % de manganèse (Gabon et Afrique du Sud), 59 % de cobalt (Zaïre, Zambie), 57 % de cuivre (Zaïre et Zambie), Phosphate 56 % (Maroc et Togo). Par ailleurs, 70 % de l'essence est extraite dans le monde par Total en Angola, au Cameroun, au Congo et au Gabon. Il n'est donc pas étonnant que le président de Gaulle ait choisi comme principal conseiller pour les affaires africaines une personne qui ne s'est pas abstenue de commettre des assassinats pour promouvoir les intérêts économiques et politiques de la France. L'homme chargé d'assurer la domination continue de la France sur l'avenir de ses anciennes colonies était Jacques Foccart. Sous sa supervision directe, on estime que la France, de la manière la plus brutale et la plus inhumaine, a été directement responsable de l'assassinat de sept dirigeants sur un total de seize. La principale préoccupation de Foccart était d'assurer des ressources pour les sociétés transnationales françaises. Il a développé des contacts personnels avec tous les présidents africains des anciennes colonies françaises. Il a su manipuler quelques-uns d'entre eux – comme les présidents du Gabon et de la Côte d'Ivoire – pour servir d'intermédiaires avec leurs collègues présidentiels dans l'intérêt de la France. Celle-ci est devenue connue sous le nom de Françafrique, qui est définie comme la sphère d'influence de la France sur ses anciennes colonies d'Afrique subsaharienne. De cette manière, la Françafrique est devenue un instrument dans la mafia des affaires française et son exploitation des ressources naturelles de l'Afrique. Pendant près de 40 ans, jusqu'à sa mort en 1997, Jacques Foccart a eu une influence directe sur la politique de la France dans ses territoires africains. Son impact se fait encore sentir aujourd'hui.
En examinant l'approche de la France pour rester au pouvoir, nous pouvons détecter plusieurs procédures qui se chevauchent parmi les mesures privilégiées par Foccart pour assurer son leadership. La première serait d'influencer le choix du chef de l'État et des individus aux postes clés du gouvernement.[4]. Si la France ne parvenait pas à obtenir le soutien populaire pour son choix de leadership, elle avait recours à un contre-plan, consistant souvent en un complot visant à éliminer le dirigeant national concerné. Un tel complot était exécuté dans le plus grand secret et de préférence présenté comme résultat de conflits locaux, comme ce fut le cas lorsque Thomas Sankara du Burkina Faso a été tué par son « ami » et compagnon d'armes, Blaise Campaoré, en 1987. Dans quelques cas, Focccart n'a pas réussi à obtenir l'approbation présidentielle pour ses plans visant à éliminer un président déloyal. C'est ce qui s'est passé avec le président Touré en Guinée après qu'il ait demandé à la population guinéenne si elle souhaitait conclure un accord de coopération avec la France. Le résultat du référendum a été un rejet clair de la proposition. Touré développa alors un système monétaire national. Foccart a d'abord conseillé au président de Gaulle de le tuer, mais de Gaulle a eu une autre idée, ce fût de mettre le pays à genoux. La France a imprimé des millions de faux billets du jour au lendemain et en a inondé la Guinée.
L'impact a été catastrophique et se fait encore sentir aujourd'hui en Guinée. La réaction de la France a servi d'avertissement aux autres pays en quête de souveraineté nationale. Sékou Touré jouissait d'une reconnaissance positive parmi les dirigeants africains. Le président du Togo, Sylvanus Olympio, l'a désigné comme l'un de ses principaux conseillers. Olympio n'a pas vécu assez longtemps pour le regretter. Il a été tué et éliminé devant l'ambassade des États-Unis à Lomé.
Accords de coopération et de défense avec les anciennes colonies africaines
Avant d'obtenir l'indépendance, Foccart exigeait que tous les pays signent un accord de coopération couvrant les questions culturelles, économiques et de défense. Au début de 1957, la France conçoit la création d'une organisation qui assurerait la gouvernance française des régions africaines. Le rêve d'établir un Sahara français a subi un coup final avec l'issue de la guerre d'Algérie en 1962, qui a conduit à l'indépendance de l'Algérie.
Sur la base des expériences de l'Algérie et de la Guinée, la France n'accorderait son indépendance qu'après avoir signé des accords de coopération et de défense garantissant un accès continu aux ressources naturelles essentielles. Lors de l'indépendance dans les années 1960, la France a conclu des accords de défense et de coopération avec 23 anciennes colonies. La formation des armées nationales a permis à la France de réduire sa présence militaire de 30 000 soldats dans les années 1960 à 15 000 dans les années 1980. De 1945 à 2005, la France a mené plus de 130 interventions militaires en Afrique, la plupart dans ses anciennes colonies. Depuis l'indépendance de ses colonies dans les années 1960, la France est intervenue militairement plus de 50 fois sur le continent.
La puissance terrorisatrice de la France
Tout dirigeant africain qui s'est montré plus intéressé par le développement de son pays plutôt que par le soutien aux politiques néocoloniales de la France a commis une grave erreur et s'est placé dans la ligne de mire des programmes d'élimination de Foccart. Il ne fait guère de doute que le succès de la stratégie Foccart repose sur la peur et la terreur. Foccart avait un pouvoir énorme et exécutait parfois des décisions sans demander l'approbation présidentielle préalable, comme dans le cas de Mamadou Dia, le chef du premier gouvernement indépendant au Sénégal. La France pensait qu'il était plus intéressé par le développement des zones rurales et le renforcement de la coopération du Sénégal avec d'autres pays africains. Le président français de la Chambre de commerce de Dakar a conseillé à Mamadou Dia de limiter tous ses discours sur le socialisme africain aux masses rurales appauvries et de céder les zones les plus rentables au secteur privé géré par les entreprises françaises. D'accord avec le président Senghor, Mamadou Dia a été accusé d'un coup d'État. Pour contrer toute résistance de Mamadou Dia, Foccart alerte les parachutistes français sur les bases sénégalaises. Des mesures similaires ont été prises au Gabon lorsque l'armée a tenté de renverser le président Mba.
Foccart a fait intervenir l'armée française parce que le président Mba était loyal aux intérêts de la France. En 1963, il fait tuer le président togolais Sylvanus Olympio. Tout en plaidant pour des liens plus forts avec le monde anglophone, en particulier avec le Royaume-Uni, les États-Unis et le Nigeria, Olympio a fait plusieurs efforts pour renforcer les forces anticoloniales entre les pays africains. En tant que Premier ministre du Togo, il a été une épine dans le pied des Français lorsqu'il a nommé Sékou Touré, de Guinée, conseiller spécial de son gouvernement. Foccart a bloqué la grâce du président Pompidou à l'égard du chef de l'opposition camerounaise Ernest Ouandié, condamné à mort et exécuté en 1971. En 1987, Foccart a orchestré l'assassinat de Thomas Sankara, le président populaire du Burkina Faso. La décision de le faire tuer aurait été prise lors de la visite du président Mitterrand en 1986. Lors d'un dîner officiel, Sankara a critiqué la France pour sa collaboration avec l'Afrique du Sud de l'apartheid. Son discours est devenu le dernier clou dans son cercueil lorsque les services de renseignement français, en collaboration avec la CIA, ont décidé de se débarrasser de Sankara. En 1994, Foccart organise la réhabilitation de Mobutu, qui, depuis l'assassinat de Patrice Lumumba, avait maintenu le Congo dans une pauvreté abjecte alors que sa richesse personnelle équivalait à plusieurs décennies d'aide financière à son pays.
On espérait que la néo-colonisation de ses anciens territoires africains aurait pris fin à la mort de Foccart en 1997. Mais cela n'a pas été le cas. La France a continué ses crimes contre les intérêts et le bien-être de populations entières de ses anciennes colonies. Sa dernière intervention militaire a eu lieu en Côte d'Ivoire en 2011, lorsque l'armée a ouvert la voie au candidat à la présidence française.
CFA : L'arme invisible
L'héritage du général de Gaulle pèse lourdement sur les efforts de la France pour adapter ses procédures de décolonisation aux évolutions de l'environnement politique. Heureusement pour la France, elle dispose encore d'un atout puissant, à savoir celui du CFA - Communauté Financière Africaine. De plus, cette carte est pratiquement impossible à tracer pour ses utilisateurs et ne laisse aucun lien entre ses victimes et la cause de leur misère. Le CFA s'est avéré être une arme aussi efficace que toutes les tentatives précédentes de contrôle des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale. Par conséquent, la monnaie CFA a été ciblée par les dirigeants nationaux et les économistes panafricains. La question de la monnaie nationale a également fait son entrée dans la récente campagne présidentielle d'Ousmane Sonko du parti Pastef. Initialement, le CFA a été promu sous le slogan de promouvoir la stabilité économique et sociale dans les anciennes colonies, alors que la réalité est que le CFA continue de maintenir ces pays dans une pauvreté servile et sans aucun moyen disponible pour le développement des industries locales, laissant tous les bénéfices à l'État français et à ses entreprises privées, telles que Bolloré, Total, Areva, Bouygues, Auchan et bien d'autres. Un examen mondial des économies suggère que pratiquement aucun pays n'a progressé économiquement avec son système monétaire contrôlé par une puissance étrangère. C'est le cas du CFA mis en place par le ministre français des Finances en décembre 1945 pour renforcer la faiblesse du franc d'après-guerre. Contrairement à la réalité, la France a introduit le CFA avec la raison de sa garantie en l'arrimant au franc français. Même les experts tiennent pour acquis l'idée que les deux banques centrales CFA de Dakar et de Yaonde émettent le franc CFA et bénéficient d'une « garantie illimitée » du Trésor français. Dans une publication récente, un économiste sénégalais bien connu affirme que cette « soi-disant « garantie » est un mythe commode qui légitime l'ingérence continue du gouvernement français dans les affaires économiques et monétaires des pays africains dans l'ère postindépendance[5] ».
L'accord monétaire avec ses anciens territoires africains permet à la France de contrôler toutes les importations et exportations. Cet accord donne à la France le contrôle total des économies de ses anciennes colonies. Les bénéficiaires de ce système sont, en premier lieu, les entreprises françaises. Les réserves de devises étrangères appartenant aux pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre sont détenues à la Banque de France. La quantité de principe détenue par ces pays était estimée à 36,5 tonnes en 2017[6]. Les prêts obtenus en CFA pour financer des projets, comme le développement d'infrastructures, favorisent les multinationales françaises opérant sur le continent au détriment du développement des entreprises locales.
Le gouvernement français est représenté dans les conseils d'administration des deux banques centrales CFA pour l'Afrique de l'Ouest et centrale avec un droit de veto, ce qui permet à la France d'utiliser la monnaie CFA comme une arme. Cela se fait en instaurant un embargo financier : restreindre l'accès du gouvernement dissident à ses comptes bancaires à la banque centrale ou arrêter le refinancement du système bancaire national et des opérations financières avec le monde extérieur. La France a utilisé ce pouvoir efficacement pendant la guerre civile en Côte d'Ivoire, lorsque le président Gbagbo a été chassé du pouvoir. Le Trésor français a empêché la Côte d'Ivoire d'utiliser le compte d'opérations.
Lorsque cela n'a pas suffi à empêcher le président Gbagbo de faire avancer les plans de développement d'une monnaie nationale, la France est intervenue militairement pour placer le candidat préféré de la France à la tête du pouvoir. L'armée française a fait arrêter le président Laurent Gbagbo en avril 2011, puis l'a traduit devant la Cour pénale internationale de La Haye en 2011. Gbagbo était devenu trop proche du colonel Kadhafi de Libye, notamment avec les projets de développement d'un système monétaire alternatif au CFA. À la demande de la France, les forces de l'OTAN ont fait tuer le président Kadhafi moins de six mois plus tard, en octobre 2011. La France a éliminé deux menaces importantes qui pourraient entraver son utilisation continue de la monnaie CFA, maintenant ainsi la domination néocoloniale des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale. Plus récemment, la France a utilisé le potentiel militaire de la monnaie CFA au début de l'année 2022 avec le gouvernement militaire du Mali.
Le développement humain dans les anciennes colonies françaises
Il faut s'attendre à ce que les accords de coopération avec un pays industriel européen avancé comme la France ait eu une incidence positive substantielle sur tout pays partenaire africain. Plus de 60 ans de tutelle française et de contrôle néocolonial continu auraient dû avoir un impact positif sur les pays partenaires, les faisant arriver à un niveau de développement humain plus élevé que les autres pays africains sans un tel accord.
Cependant, un coup d'œil aux statistiques du rapport sur l'indice de développement humain préparé par les Nations Unies montre que c'est loin d'être le cas. Pendant des années, l'ONU a appliqué une mesure sommaire du développement humain. L'indice de développement humain a été créé pour souligner que les personnes et leurs capacités devraient être le critère ultime d'évaluation du développement d'un pays, et non pas seulement la croissance économique. Le dernier classement publié en 2024 montre que les pays sur lesquels se concentre cet essai se classent parmi les plus pauvres du monde.
Alors que la France occupe la 28e place, le Niger, qui satisfait les besoins de la France en uranium, est classé 189e, à seulement quatre places de la dernière place occupée par la Somalie, qui connaît des années de guerre civile. Le Gabon, qui est à la base des plus grandes entreprises d'exploration pétrolière de France, occupe un nombre modeste, 124, tandis que le Mali et le Burkina Faso se classent respectivement 188e et 185e. Le Sénégal, qui a connu une période de relative stabilité depuis son accession à l'indépendance, n'est classé qu'à la 169e place.
Il est ironique et tragique que la France, qui se vante d'être à l'origine de la revendication d'un monde meilleur et plus égalitaire par ses actes d'activités néocoloniales, ait contribué à la pauvreté généralisée et à l'aggravation des inégalités mondiales.
Que serait l'Afrique aujourd'hui sans la France ?
Il vaut la peine de spéculer sur la façon dont le développement aurait pu progresser et apporter du bien-être aux populations d'Afrique de l'Ouest si la France n'avait pas interféré avec les véritables intérêts nationaux de ces anciennes colonies. Une question similaire pourrait être posée partout où une puissance coloniale a imposé sa volonté. Que serait-il arrivé à la RDC, anciennement le Congo, si Lumumba n'avait pas été tué par les Belges en connivence avec la CIA en 1961, quelques mois seulement après l'indépendance ? Quel cours l'histoire aurait-elle pu prendre si Mamadou Dia, au Sénégal, avait pu poursuivre son œuvre, et comment le Burkina Faso aurait-il pu se développer si Thomas Sankara n'avait pas été éliminé en 1987 ? Bien que la France se soit immiscée dans les intérêts nationaux de ces chefs d'État et les aspirations de leurs populations respectives, leur pensée et leurs actions ont effectivement influencé les générations futures de dirigeants.
Soixante ans se sont écoulés depuis que les idées politiques du premier Premier ministre du Sénégal, Mamadou Dia, l'ont amené sur une trajectoire de collision avec son président, Senghor, et la France. Sous l'influence de la pensée politique de Mamadou Dia, le capitaine Thomas Sankara devient président du Burkina Faso en 1983. Dia et Sankara ont grandement influencé les dirigeants actuels des quatre pays que sont le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Sénégal. Ces dirigeants expriment des relations plus étroites avec les cultures africaines qu'avec celle de la France gréco-romaine de Senghor. En tant que tels, ce sont des militants anticolonialistes. Tout comme Dia et Sankara ont recherché l'amitié et l'alliance avec le bloc soviétique et la Chine, les quatre pays cherchent à développer de nouveaux partenariats avec les gouvernements pour les aider à se libérer du piège de la France.
Compte tenu de ce contexte, il semble raisonnable de conclure que le développement souverain en Afrique de l'Ouest et du Centre a été stoppé pendant au moins un demi-siècle. Supposons que les pensées politiques de Mamadou Dia et de Sankara aient eu la chance de se développer et d'être mises en œuvre. Dans ce cas, on peut conclure sans risque de se tromper que bien des tragédies, comme en témoignent les taux élevés de mortalité infantile et maternelle ainsi que le pourcentage élevé de jeunes fuyant vers l'Europe, auraient été évitées. Les pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre auraient pu jouir d'un état de bien-être semblable à celui connu dans les pays européens.
Il est donc grand temps que les trois pays de l'ASS et le Sénégal, avec d'autres pays africains, redéfinissent leurs relations avec la France.
France - Dégagez !
Un mouvement populaire fondé par Guy Marius Sagna a contribué à sensibiliser le peuple sénégalais aux problèmes liés à sa dépendance continue vis-à-vis de la France. Sagna a fondé en 2017 un mouvement populaire nommé FRAPP.[7] Ce mouvement s'est rapidement étendu à l'ensemble du pays. Guy Marius Sagna a su mobiliser des centaines de milliers de sympathisants, en particulier des jeunes, sous le slogan « France, dégage ». Il ne fait guère de doute qu'il a contribué à fertiliser le terrain pour la victoire du Pastef d'Ousmane Sonko. Son mouvement a alimenté les promesses de campagne de Sonko d'une monnaie nationale et a probablement également contribué à renforcer le soutien aux changements de régime dans les trois pays de l'ASS. FRAPP a exigé la révision des codes miniers et des contrats avec les entreprises transnationales étrangères. Depuis la création de FRAPP, son fondateur, Guy Marius Sagna, a passé un temps disproportionné en prison sur ordre de l'ancien président Macky Sall. Aujourd'hui, il est membre de l'Assemblée nationale du Sénégal, représentant Pastef, le parti au pouvoir. Comme le nom du mouvement populaire de Sagna le suggère, la France n'est pas la seule à être visée. Il se concentre sur l'autonomie politique et le développement économique de l'Afrique et, en tant que tel, son mouvement est un véritable mouvement panafricain qui va au-delà du pays d'origine. Les slogans de FRAPP ont également résonné parmi les jeunes des trois pays de l'ASS. Par conséquent, les gouvernements militaires bénéficient d'un soutien populaire pour leurs programmes d'autonomie et de souveraineté.
La blessure de la décolonisation
Cet essai montre que le développement n'est pas encore arrivé dans les anciennes colonies françaises d'Afrique. Nous avons documenté une ligne directe entre le président guinéen Sékou Touré et le chef du premier gouvernement indépendant du Sénégal, Mamadou Dia, en passant par Thomas Sankara, jusqu'à la politique panafricaine d'Ousmane Sonko en solidarité avec les trois pays ayant formé l'Alliance des États du Sahel. Ce que ces dirigeants et d'autres avaient en commun, c'était leur souhait de promouvoir le bien-être des populations africaines en collaborant avec d'autres pays africains en partenariat avec cette partie de la communauté internationale, qui respecte le droit souverain de l'Afrique au développement national. De tels droits ne peuvent être exercés que lorsque les forces impériales institutionnalisées par les grandes entreprises transnationales et les organisations financières internationales, telles que la Banque mondiale et le FMI, ont été brisées.
En tant que seule ancienne puissance coloniale européenne, la France a d'énormes difficultés à aider ses anciennes colonies à obtenir leur souveraineté. Malgré sa devise nationale « Liberté, égalité, fraternité », les inégalités ont considérablement augmenté dans ses anciennes possessions en Afrique de l'Ouest et centrale, tant en termes de comparaison avec les pays développés qu'à l'intérieur des pays. Le combattant américain contre l'inégalité raciale, Malcolm X, a décrit l'impact de l'esclavage comme une blessure qui ne peut pas être guérie parce que « le couteau est toujours dans notre dos."[8]. La métaphore de l'esclavage de Malcolm X s'applique tout aussi bien aux victimes de la colonisation. Pour réparer le mal causé, le couteau doit être retiré et la plaie doit être cicatrisée. Cela s'est avéré impossible pour la France en raison de son manque de volonté politique et de l'influence des entreprises transnationales. Le système d'asservissement du passé a trouvé de nouvelles formes d'exploitation sous le patronage du capitalisme néolibéral commercialisé auprès des pays « indépendants » comme une démocratie enveloppée dans l'habit des droits de l'homme.
Le système capitaliste reste plus que jamais dépendant de l'exploitation du monde. Supposons que l'Afrique puisse exiger un prix équitable des ressources ; Le système implose. L'inégalité mondiale néocoloniale est une condition préalable au maintien du niveau de vie de l'Occident. Par conséquent, le capitalisme néolibéral n'accordera jamais la liberté aux nations africaines car cela entraînerait une perte de profit. La liberté, l'égalité et la justice fraternelle ne seront jamais données à l'Afrique puisque la richesse et le bien-être de l'Europe et de l'Occident dépendent de l'appauvrissement continu des masses africaines.
La seule solution est donc de faire comme les quatre pays d'Afrique de l'Ouest : exiger que la France se retire et coupe toutes les conditions à Paris, ce qui bloquerait leur développement souverain. Ces quatre pays ne sont pas seulement menacés par le bloc des pays occidentaux, mais aussi par leur jeune électorat. Nous pensons que la période électorale de cinq ans ne suffira pas à remplacer les structures coloniales établies au cours du siècle dernier, y compris plus de 60 ans de gouvernance néocoloniale, renforçant la dépendance vis-à-vis de la France et de l'Occident. Des mesures doivent être prises pour permettre aux pays africains de développer des structures économiques et politiques qui soutiennent des pays et des administrations souverains, mettant ainsi fin aux injustices commises depuis le début de l'esclavage. Le monde ne s'améliorera pas tout seul.
Kristian Laubjerg a passé la majeure partie de sa vie professionnelle dans le domaine du développement, d'abord pour l'Agence danoise de développement, puis pour l'UNICEF. En 2008, il a créé la première association de soins à domicile au Sénégal - Keur Baax -, qui fournit des soins aux personnes en perte d'autonomie. Il a obtenu un doctorat en psychologie sociale à l'Université de Copenhague en collaboration avec les Universités de Glasgow et de Dar es Salaam.
[1] Déclaration attribuée au président gabonais Oumar Bongo Ondimba dans une interview accordée à Antoine Glaser (citée from AfricaFrance, Quand les dirigeants africains deviennent les maîtres du jeu. Fayard 2014.).
[2] Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité.
[3] Pierre Vespirini : Que faire du passé. Article publié par New Left Review, n° 146 (2024)
[4] Fanny Pigeaud, Ndongo Samba Sylla: De la Démocratie en Françafrique. Une Histoire de l’Impérialisme électoral, La Découverte, 2024,
[5] Enjeux contemporains du commerce africain et du financement du commerce, CIAT Volume 8 • Numéro 1, décembre 2023
6 La « garantie » française de la convertibilité du franc CFA : aspects politiques et économiques d'un mythe, par Ndongo Samba Sylla.
7. Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla : la dernière monnaie coloniale de l'Afrique. L'histoire du franc CFA, 2020
[7] Le front révolutionnaire pour un panafricanisme populaire et anti-impérialiste.
[8] Le couteau est toujours dans notre dos : le lavage des réparations et les limites des campagnes de justice réparatrice par Kehinde Andrews, publié dans Développent and Change, 16 août 2024.
par l'éditorialiste de seneplus, Amadou Elimane Kane
UN HYMNE POUR UN NOUVEAU TYPE DE CITOYEN SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Il ne suffit pas de montrer du doigt l’élite politique qui n’honorerait pas les règles républicaines. C’est en chacun de nous que le cœur citoyen doit battre sans faiblir
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 17/10/2024
Incarner un nouveau type de Sénégalais, c’est bâtir une attitude comportementale juste qui soit en rupture avec un système obsolète qui ne produit que de l’immobilisme et un enfermement dénué de créativité.
Cette démarche de rupture doit s’accompagner d’une véritable prise de conscience de notre dimension sociale, culturelle et humaine. La civilisation africaine porte des valeurs de justice, de démocratie et d’unité qu’il convient aujourd’hui d’exploiter pour mener le développement continental. Il s’agit de remettre au centre l’ensemble des valeurs que nous portons dans notre patrimoine culturel, social et d’en faire un atout pour la croissance et la renaissance africaine. Ces richesses culturelles doivent nous aider à construire un nouveau type d’individus, des êtres conscients de leur potentiel, des hommes qui ne regardent plus seulement vers le passé, des hommes qui s’emparent de la science et des nouvelles technologies, des hommes qui croient aux valeurs panafricaines sans se replier, des hommes et des femmes responsables de leur destin. Il s’agit de mettre à terre certains comportements misérabilistes qui sont nos propres ennemis et nous empêchent de nous développer. Les Etats africains sont de jeunes États et nous avons beaucoup à construire pour enfin réaliser ce en quoi nous croyons depuis fort longtemps : l’indépendance économique, l’unité politique et culturelle, le développement par l’exploitation de nos richesses naturelles, la valorisation de notre patrimoine historique qui doivent nous servir à l’émergence de la dynamique de la renaissance africaine. Ces exigences doivent être au cœur de nos actions et cela passe aussi par un changement radical du fonctionnement de notre société et des individus qui la constituent.
Les leviers pour conduire la renaissance africaine sont nombreux et il en est un qui est essentiel pour la réussite de cette dynamique. Je veux parler de l’exercice de la citoyenneté qui concerne l’ensemble des citoyens d’une nation, d’une sous-région et au-delà de tout un continent.
Si l’on regarde la définition de la citoyenneté, c’est « la qualité de citoyen » d’un Etat ou d’un ensemble d’États, « qui s’ajoute à celle des citoyens de chaque pays membre ». La citoyenneté se définit aussi par l’appartenance à une communauté politique et par l’allégeance à un État. En 1236, dans la Charte du Mandé, la Charte de Kouroukan Fouga, par exemple, elle est liée à l’idée de respect de la vie humaine, de droit à la vie, de sécurité alimentaire, de paix sociale dans la diversité, les principes d’égalité, de justice cognitive, d’équité, de solidarité et de démocratie, et elle s’inscrit dans l’histoire de la construction de la nation. Dans une démocratie, chaque citoyen est détenteur d’une part de la souveraineté politique ; directement ou par ses représentants, il participe aux choix et aux décisions qui concernent l’intérêt général. Le citoyen est titulaire de droits et d’obligations, qui obéissent au principe d’égalité, indépendamment de ses appartenances particulières ou de ses convictions. Dans chaque État, la loi détermine les conditions qui définissent le statut de citoyen.
Ainsi, c’est bien un ensemble de valeurs qui unit une population, et plus largement ce qui rassemble les peuples au-delà des frontières géographiques. Chaque nation doit s’inspirer de son processus historique pour inscrire ses principes de citoyenneté et bâtir ses propres symboles qui permettent une unité et un comportement commun.
Être un bon citoyen, c’est faire respecter ses droits mais également observer ses devoirs de manière absolue. Autrement dit, c’est adopter une attitude comportementale qui est en adéquation avec les règles républicaines.
Le citoyen a le droit d’exprimer ses idées, de manifester contre une politique mise en œuvre, par exemple, mais il doit également faire preuve de civisme et de loyauté à l’égard de l’appareil public et ce dans les moindres détails de son existence.
Être un bon citoyen, c’est être capable de s’approprier la notion de citoyenneté au sens plein en s’alliant à une volonté politique républicaine et exemplaire.
L’esprit citoyen, c’est le respect de la chose publique, c’est le civisme à l’égard du bien commun, c’est partager l’espace construit d’une nation qui respecte un ensemble de valeurs défendues par tous.
Ainsi, nous sommes tous concernés par l’exercice de la citoyenneté dans chacun des actes de notre vie. Il ne suffit pas de montrer du doigt l’élite politique qui n’honorerait pas les règles républicaines. C’est en chacun de nous que le cœur citoyen doit battre sans faiblir.
Le Sénégalais d’aujourd’hui doit combattre autour de lui, et à l’intérieur de lui-même, la corruption, le népotisme, les attitudes miséreuses qui consistent à ne penser qu’à remplir son assiette personnelle alors que l’enjeu est celui d’un pays tout entier.
Il faut absolument sortir des fonctionnements misérabilistes qui déséquilibrent le développement. Sans la conduite de ces valeurs, le continent tout entier continuera sur le chemin de la famine, sur la terre des guerres et de la destruction.
L’exemple de la citoyenneté républicaine doit d’abord, bien entendu, s’inscrire dans la sphère des dirigeants politiques et économiques, c’est la condition sine qua non d’une nation saine.
Celui qui est en charge des affaires publiques doit aussi avoir à l’esprit qu’il est fondamental d’adopter une conduite irréprochable à l’égard du bien commun, l’espace rassemblé de la nation. Il doit combattre la corruption, le népotisme et garantir les droits et les devoirs de chacun. Celui qui est aux responsabilités et qui s’octroie une fortune considérable pour sa réussite personnelle, et qui s’étale dans un luxe injustement acquis, n’est pas un citoyen.
Celui qui détourne un centime des deniers publics condamne un citoyen à mourir devant l’hôpital. Il condamne un citoyen qui n’ira pas à l’école et qui demeurera analphabète toute sa vie. Celui qui détourne l’argent public condamne tout un peuple à la misère et à la mort.
Ainsi, nous devons combattre toutes les postures criminelles qui n’ont pas la priorité citoyenne dans la conduite politique et économique.
Mais il en va de même pour chaque Sénégalais. Le policier doit exercer son métier sans chercher à arrondir ses fins de mois en taxant injustement le contrevenant, pour encaisser de l’argent qui ne lui revient pas de droit. L’enseignant doit seulement se soucier de la réussite des jeunes qu’il a en charge sans tenter de faire des compromissions qui lui permettraient d’améliorer son train de vie. Le juge ne doit pas accepter des pots de vin pour construire sa villa s’il veut faire respecter la loi et seulement la loi. Le promoteur immobilier doit tenir ses engagements contractuels jusqu’au bout sans calculer comment il pourrait voler le contribuable ou encore alourdir malhonnêtement des charges inventées de toute pièce. L’agent public doit respecter son temps de service et observer le règlement lié à ses fonctions sans chercher, par de multiples combines, à augmenter son salaire illégalement.
Oui, les droits et les devoirs sont l’affaire de tous et sont les mêmes pour chaque citoyen. Il n’y a pas d’exception pour construire une belle nation, une république modèle.
Le Sénégalais d’aujourd’hui doit bien comprendre cela s’il veut que son pays soit un exemple de démocratie citoyenne.
L’apprentissage de la citoyenneté doit être au cœur de l’éducation. Tout comme les sciences, les langues ou l’histoire, la citoyenneté est une discipline à apprendre. L’éducation à la citoyenneté doit s’appuyer sur les programmes d’éducation civique qui doivent s’inscrire tout au long du cursus scolaire. L’appropriation de l’exercice de la citoyenneté pour les jeunes générations passe par une éducation forte et modèle. C’est le rôle des dirigeants politiques en charge de l’éducation nationale, c’est le rôle des recteurs, c’est le rôle des inspecteurs, c’est le rôle des parents et celui des enseignants. Transmettre les bases fondamentales de l’éducation à la citoyenneté, voilà le défi qu’il faut engager. Il s’agit ici de former de véritables citoyens et non pas des consommateurs dans un système défaillant et usurpé.
Ne craignons pas de nous élever dans des comportements qui nous honorent, avec force et courage. Il ne faudrait pas céder à la puissance de l’immédiateté et du plaisir personnel. Car comme dit le proverbe, à vaincre sans honneur, on triomphe sans gloire. Et c’est à nous de repenser notre système de valeurs.
Le nouveau Sénégalais est celui qui croit en lui-même et qui n’a pas besoin d’ourdir pour réussir. Il œuvre de manière collective en exploitant ses compétences et ce pas seulement pour des raisons personnelles et matérielles. Les possibilités aujourd’hui sont nombreuses. Beaucoup de Sénégalais sont honnêtes, compétents mais ils sont rongés par des méthodes corrompues qui ne les protègent pas, qui ne les défendent pas.
Aujourd’hui, tout réside dans le travail, dans la solidarité entre les uns les autres, dans la loyauté, dans la considération des valeurs communes, dans le civisme au quotidien, dans le ménagement à l’égard de l’espace public qui appartient à tous mais qui est construit par chacun d’entre nous.
Il faut en finir avec les démarches égocentriques, illégales et véreuses qui ne mènent qu’au chaos, à la luxure et à l’effondrement des valeurs et de l’éthique.
Le nouveau type de Sénégalais doit assumer son humanité. Il ne doit plus ressentir de complexe d’infériorité, les valeurs qu’il porte sont universelles, celles de construire un monde juste. La science, les éléments positifs de l’humanité, les nouvelles technologies appartiennent au monde, ils sont le résultat des êtres humains rassemblés. Il n’existe pas de frontières pour s’approprier ce qu’il y a de beau, ce qu’il y a d’équitable, ce qu’il y a de moral.
Le Sénégalais d’aujourd’hui doit œuvrer dans l’intérêt de son peuple, dans l’intérêt de la jeunesse et des générations à venir, dans l’intérêt de la nation, dans l’intérêt du schéma collectif et du vivre ensemble sous une bannière unitaire et légitime.
Notre pays est une grande nation qui porte des valeurs de justice, de fraternité et de solidarité, alors soyons fiers de ce que nous sommes et portons ensemble le bel espoir d’une république citoyenne.
Ainsi, on voit bien que l’exercice de la citoyenneté est l’affaire de tous. Elle est un élément fondateur de la construction de la dynamique de la renaissance africaine.
C’est une démarche qui doit s’engager au Sénégal mais aussi un peu partout sur le continent si l’on veut réussir le développement.
La renaissance Africaine qui exige l’exercice d’une citoyenneté intègre et debout, c’est l’assurance de la croissance continentale qui constituera un poids international et permettra un rayonnement africain sur le monde, rassuré par l’équité et la justice défendues par nos peuples.
Amadou Elimane Kane est enseignant et chercheur en sciences cognitives, poète écrivain.
Par Khady Gadiaga
UN REFERENTIEL POUR INSTAURER UNE COMMUNAUTE QUI S'INVENTE
Faire société, c’est apporter sa pierre au projet de restauration de notre souveraineté à l'instar d'un président et de son premier ministre qui veulent aller "chercher la croissance avec les dents", et qui rêvent d’indexer à leur bonheur personnel ...
Faire société, c’est apporter sa pierre au projet de restauration de notre souveraineté à l'instar d'un président et de son premier ministre qui veulent aller "chercher la croissance avec les dents", et qui rêvent d’indexer à leur bonheur personnel celui de leur pays. C'est dire que le Sénégal peut espérer enfin avec l'agenda du nouveau référentiel Sénégal 50, se positionner sur une véritable rampe de lancement !
Encore faudrait-il redonner du souffle à la politique et instaurer une communauté qui s’invente.
Les urgences foisonnent dans un État où tout est à refonder. Les chantiers de la souveraineté doivent comme préconisé dans le référentiel privilégier la révolution écologique et agricole : adapter l’appareil industriel à la conversion écologique, abandonner les projets pharaoniques, les constructions d'infrastructures budgétivores, et s'attaquer à cette lancinante demande sociale et instaurer de véritables politiques de jeunesse axées sur une éducation citoyenne et patriotique et une adéquation métiers/emplois..
On peut le faire tout de suite. Ce serait déjà énorme!
Se muer en État partenaire plus ouvert
La piste de refondation de l’État semble trouver la panacée dans celle d’un État partenaire plus ouvert au secteur privé national, à l'expertise de la décision privée. Une telle métamorphose des comportements politiques et des attitudes culturelles marquerait un approfondissement de la démocratie elle-même.
La classe détentrice du capital veut un périmètre étatique et responsabilités réduits quand ce nouveau régime anti-système et redistributeur veut un État à responsabilités accrues. Dans le premier cas, le moins d’État contribue à la déchirure sociale, au risque d’une explosion sociale. Dans le second cas, le plus d’État correcteur voit ses « marges » d’intervention se réduire face au pouvoir du marché et des autres États, et aussi en raison d’une tendance à la sclérose de l’action publique.
Le risque est alors le coma. En fait, dans les deux hypothèses l’Etat s’affaiblit, parce qu’enfermé dans une logique profonde de délégation des pouvoirs.
Fonder le lien politique dans une communauté transversale
Nous sommes habitués à une conception de l’Etat où le politique — c’est-à-dire les centres ministériels — prétend savoir de source sûre ce qui doit nous réunir et impose, en conséquence, sa vision et ses solutions, alors que des exemples proches, au Ghana ou au Cap-Vert, révèlent une conception plus humble du travail étatique dans une démocratie où la principale responsabilité du politique n’est pas d’imposer, mais de créer les conditions de reconnaissance du bien commun.
C'est un sujet qui interpelle citoyens ou gouvernants. L'enjeu est également de greffer l'expertise à la décision. L’ère de l’expertise doit donc aussi être celle de la divulgation et de la dissémination des informations.
Et l’implication des citoyens, aidés des experts dans les décisions collectives apparaît comme le moyen privilégié de créer une véritable
« société de la connaissance », où existe encore la politique, c’est-à-dire la maîtrise du cours des choses et le nécessaire impact positif sur la vie des bénéficiaires.
Ce n’est pas assez de critiquer son temps, écrivait Albert Camus, il faut encore essayer de lui donner une forme, et un avenir. »
L'Avenir se pense, l'avenir se prépare, l'avenir se prévoit, l'avenir s'anticipe, l'avenir s'oriente, l'avenir se voit, l'avenir se fonde. Le lien politique doit donc s’instaurer en relation avec les autres acteurs, dans une communauté transversale, autour d’un espace de visibilité, et se renforcer par un dialogue continu, à l’œuvre aussi bien dans la réflexion politique que dans la mise en pratique quotidienne des normes.
Par Jean LELONG, Remi HEMERYCK, Pedro DIOUF et Pierre THIAM,
LES PLANTES AFRICAINES «OUBLIEES» AU SERVICE D’UNE VIE ET D’UN AVENIR MEILLEURS
Selon la Fao, nous produisons suffisamment pour nourrir la population mondiale, mais 733 millions de personnes sont encore confrontées à la faim en raison «de conflits, de chocs climatiques répétés et de ralentissements économiques».
Jean LELONG, Remi HEMERYCK, Pedro DIOUFet Pierre THIAM, |
Publication 16/10/2024
La Communauté internationale, sous l’égide de la Fao, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, organise, ce 16 octobre, la Journée mondiale de l’alimentation. Cette année, le thème retenu est : «Le droit aux aliments au service d’une vie et d’un avenir meilleurs.»
Selon la Fao, nous produisons suffisamment pour nourrir la population mondiale, mais 733 millions de personnes sont encore confrontées à la faim en raison «de conflits, de chocs climatiques répétés et de ralentissements économiques». Les pays en développement dont ceux du Sahel, sont en premier lieu confrontés à ce défi, notamment les populations les plus vulnérables comme les femmes, les jeunes et les ménages agricoles. Sos Sahel et ses partenaires sont pleinement mobilisés pour l’atteinte de l’Objectif de développement durable numéro 2 qui vise à éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable. Les Objectifs de développement durable (Odd) sont les 17 priorités d’un développement économique et social soucieux de respecter les populations et la planète à l’horizon 2030. Ils ont été adoptés par 193 pays au sein de l’Onu, le 25 septembre 2015. Au Sahel, nous agissons pour la mise en place de systèmes agricoles durables, compatibles avec la fragilité de l’environnement naturel. Mais ce défi ne peut être relevé que dans le cadre de solutions endogènes, qui passent par des investissements massifs dans l’agriculture locale et la promotion du consommer local.
Convaincus de cette approche, nous travaillons à valoriser les plantes africaines «oubliées» et leur impact potentiel sur la sécurité alimentaire dans une Afrique en proie au défi majeur de la lutte contre la faim. En accord avec le 17e Objectif de développement durable de l’Onu, «Partenariats pour la réalisation des objectifs», nous mobilisons une diversité d’acteurs : producteurs, associations de consommateurs, chercheurs, journalistes, représentants étatiques, partenaires au développement et entreprises. Le partenariat est au cœur de notre action. En réunissant ces différentes parties prenantes, nous créons un espace de dialogue où les points de vue sont confrontés et débattus. Dans un schéma de co-construction, des solutions concrètes et innovantes sont pensées pour améliorer les pratiques agricoles dans la zone sahélienne, tirant parti de l’expertise et des perspectives uniques de chaque acteur.
Le défi est colossal, nous en sommes conscients. 32 millions parmi les 300 millions de personnes qui vivent en Afrique de l’Ouest sont en situation d’insécurité alimentaire. Parmi elles, 7 millions sont dans une situation d’urgence. Dans la région du Sahel, l’agriculture est la principale source de revenus pour plus de 90% de la population. Elle concentre en moyenne 70% des emplois et contribue pour 20% du Pib.
La montée des tensions dans certains pays de la bande sahélienne nous inquiète et nous oblige à agir. L’insécurité dans le Sahel et la guerre de retour sur le continent européen génèrent une hausse des prix des denrées et accroissent le niveau d’insécurité alimentaire des populations, souvent dépendantes des importations ou de l’aide internationale.
Des solutions locales existent, mais elles sont confrontées à des obstacles. L’un des plus importants est la marginalisation de nombreuses cultures, jadis largement cultivées, au profit de trois grandes céréales modernes : le blé, le riz et le maïs. Or, cellesci sont peu produites localement et leur importation a un impact conséquent sur les budgets des Etats et sur le pouvoir d’achat des ménages. Rien qu’au Sénégal, la somme d’1 milliard et demi de dollars est consacrée chaque année à l’importation de denrées alimentaires, ce qui a un impact sur la balance commerciale, l’équilibre des finances publiques et le pouvoir d’achat des ménages
Or, les espèces endogènes trop souvent «oubliées» sont généralement mieux adaptées aux conditions climatiques actuelles. Elles nécessitent moins de ressources en eau dans un contexte de rareté et de dérèglement climatique. Nous pouvons citer en exemple le fonio, appelé aussi la «graine de l’univers». Le fonio, céréale cultivée au Sahel, est particulièrement riche en magnésium et en fer, et sans gluten. De même que le mil et le sorgho, ainsi que de nombreux protéagineux, le fonio pourrait, s’il est valorisé, sortir des millions d’habitants de la dépendance du riz importé.
Pour renforcer la résilience des populations du Sahel, il nous faut accélérer l’accès à la sécurité et la souveraineté alimentaires. Il nous faut coopérer et agir en synergie pour obtenir un impact systémique. Aussi, nous avons lancé en 2024, l’Alliance des cultures africaines, une coalition dédiée à la promotion, à la valorisation et au développement des cultures marginalisées à fort potentiel sur le continent africain. L’un des porteurs du projet n’est autre que le chef sénégalais de renom Pierre Thiam, icône de la gastronomie africaine basée à New York. Il inclut dans sa cuisine depuis de nombreuses années ces plantes aux multiples bienfaits.
Notre volonté de mettre la lumière sur les plantes oubliées comme le fonio rejoint l’engagement des Etats à tout mettre en œuvre en vue de relever le défi de la sécurité et de la souveraineté alimentaires.
Dans notre engagement au quotidien, nous sommes conscients des limites en termes d’actions des Etats, car en Afrique tout est urgent. C’est pour cette raison que nous pensons que la solution pour la sécurité alimentaire sur le continent ne peut venir que des unités agricoles familiales dont la marge de progression est inestimable. Or, 80% des fermes en Afrique sont de petites exploitations. En Afrique de l’Ouest, l’agriculture familiale fournit entre 60 et 80% de la nourriture des ménages. Ces chiffres rendent plus que nécessaire l’accroissement des investissements vis-à-vis des exploitations familiales en vue de permettre de lutter efficacement contre la faim et la pauvreté. Nous pensons qu’il est nécessaire enfin de soutenir l’autonomisation économique et sociale des femmes car elles sont au cœur de la résilience des familles et des stratégies de développement endogène. Les chiffres officiels le confirment. Selon l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages au Sénégal en 2021 réalisée par l’Agence nationale de la statistique et la démographie du Sénégal (Ansd), «la pauvreté est moins répandue dans les foyers dirigés par des femmes comparativement à ceux dirigés par des hommes». Nous avons par exemple, à Dar Salam dans la région de Kédougou, lancé un projet dont 72% des producteurs formés sont des productrices qui se sont portées volontaires pour développer leurs compétences dans la filière du fonio.
Ce 16 octobre, en communion avec la Communauté internationale, nous lançons un appel solennel pour rejoindre ces efforts et ainsi préparer la sécurité et la souveraineté alimentaires des prochaines années au bénéfice des jeunes et des femmes d’Afrique. Nous invitons tous les acteurs à former des partenariats solides et innovants. Ensemble, nous pouvons relever le défi de l’autosuffisance dans le Sahel grâce aux plantes «oubliées», aux exploitations familiales et à toutes les énergies créatrices autour du consommer local.
Signataires
Jean LELONG, Président SOS SAHEL International France
Remi HEMERYCK, Délégué Général SOS SAHEL
Pedro DIOUF, Ambassadeur de SOS SAHEL
Pierre THIAM, Chef cuisinier, auteur, Vice-Président de SOS SAHEL
Par Alpha Ousmane AW
UN APPEL AU BON SENS
Les perspectives de développement du Sénégal - Le chemin vers un avenir radieux semble s'éclaircir avec l'instauration de la Vision 2050 et de la Stratégie nationale de développement 2025- 2029.
Le chemin vers un avenir radieux semble s'éclaircir avec l'instauration de la Vision 2050 et de la Stratégie nationale de développement 2025- 2029. Sous la direction du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, le gouvernement d'Ousmane Sonko affiche une volonté indéfectible de transformation pour faire face aux défis socioéconomiques pressants. Cette stratégie se distingue par son engagement envers l'amélioration du capital humain et l'équité sociale, en consacrant des investissements significatifs dans les secteurs de l'éducation et de la santé. Cette démarche est essentielle pour instaurer un développement inclusif. De plus, l'accent mis sur une gouvernance transparente et une intégration régionale renforcée témoigne d'une compréhension aiguë des dynamiques indispensables à un progrès durable..
Réforme du Secteur Parapublic : Une Priorité Impérative
Sur le plan de la gouvernance, la réforme du secteur parapublic doit devenir une priorité essentielle pour éradiquer la contre-performance des sociétés publiques et des organismes associés. La mauvaise gouvernance dans ce secteur représente sans conteste le talon d’Achille des précédents régimes, en particulier celui de Macky Sall. Pour surmonter cette faiblesse, une réforme en profondeur du secteur parapublic s’avère indispensable. Cela inclut le renforcement du système de management et l’instauration d’une approche holistique visant à améliorer l’efficacité, la transparence et la responsabilité. Voici quelques propositions qui pourraient transformer le paysage de la gouvernance au Sénégal. Il est essentiel de réviser et d’actualiser les lois régissant le secteur parapublic pour garantir leur conformité avec la loi d’orientation 2023-08 ainsi qu'avec les meilleures pratiques internationales. Cela passe par l’établissement de procédures de gouvernance claires et de décrets d’application favorisant la performance, incluant une séparation rigoureuse des responsabilités entre les conseils d’administration et la direction exécutive. Une telle démarche est un gage d’intégrité et de bonne gestion. La mise en place de systèmes d’audit indépendants et réguliers est fondamentale pour assurer une transparence tant financière qu’opérationnelle.
De plus, la publication de rapports annuels détaillés et accessibles au public renforcera la confiance des citoyens dans les institutions parapubliques. Le secteur parapublic doit investir dans des programmes de formation continue. Il est impératif de renforcer les moyens de la Direction du secteur parapublic, qui dans de nombreux pays modernes est érigée en direction générale. Ces programmes devraient être axés sur le management moderne, la gestion financière, et des pratiques de transparence, tout en permettant une meilleure compréhension des plans de développement stratégique et des contrats de performances. L'adoption de technologies modernes et la digitalisation des processus opérationnels sont essentielles pour améliorer l’efficacité et réduire les délais administratifs. L’utilisation de plateformes numériques pour la gestion des ressources et le suivi des performances doit être une priorité pour assurer un fonctionnement optimal.
Pour atteindre des performances optimales, il est crucial de réaliser des évaluations régulières des performances des entités parapubliques afin d’identifier les inefficacités. Les résultats de ces évaluations devraient conduire à une restructuration des organisations pour optimiser l’utilisation des ressources. Il est également important de définir des indicateurs de performance clés (KPI) pour chaque entité, avec un suivi régulier permettant d’évaluer les progrès et d’ajuster les stratégies en conséquence.
Enjeux à Surmonter :
Malgré ces propositions, il est essentiel de reconnaître les lacunes de cette stratégie. Le modèle économique actuel demeure fragile, s'appuyant sur des secteurs peu diversifiés. Il est impératif d'accélérer l'innovation technologique tout en intégrant le secteur informel dans le tissu économique officiel afin de favoriser une croissance robuste. L’engagement des jeunes et de la diaspora dans le développement économique est un aspect à renforcer ; des mécanismes clairs doivent être élaborés pour encourager leur participation active. De plus, une attention particulière à l’adaptation au changement climatique, notamment dans les domaines de l’agriculture et des infrastructures, est cruciale. Une amélioration de l'inclusion financière et des infrastructures de transport pourrait également rehausser l'impact de cette stratégie. Il est crucial de reconnaître les avancées significatives réalisées jusqu’à présent. Le leadership de Diomaye-Sonko a établi des fondations solides pour un avenir meilleur. Le Sénégal peut devenir une référence en matière de développement durable en Afrique de l'Ouest. Nous encourageons le gouvernement à persévérer sur cette voie et à travailler sans relâche pour bâtir un Sénégal prospère et équitable.
Pour maximiser l'impact de la Stratégie 2025-2029, certains domaines nécessitent une attention particulière :
1. Innovation Technologique : Élaborer un plan concret pour encourager l'innovation et la transformation numérique.
2. Intégration du Secteur Informel : Développer une stratégie d'intégration pour ce secteur clé de l'économie.
3. Engagement des Jeunes et de la Diaspora : Créer des mécanismes efficaces pour mobiliser ces groupes.
4. Adaptation au Changement Climatique : Mettre en place des mesures spécifiques pour faire face à ces défis.
5. Inclusion Financière : Prioriser l'amélioration de l'accès aux services financiers pour les populations marginalisées.
6. Mécanismes de Suivi et Évaluation : Établir un cadre clair pour le suivi des progrès et l'ajustement des politiques.
7. Infrastructure de Transport : Axer les efforts sur l'amélioration des infrastructures de transport pour favoriser le commerce et la mobilité.
En abordant ces enjeux, la stratégie de développement du Sénégal sera plus pertinente et efficace, ancrant davantage le pays sur la voie du progrès et de la prospérité.
Par Babacar GAYE
LA RONDE DES VAUTOURS
Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye, des rapaces jaillissent de tous les coins d’un ciel assombri par l’incompétence de leur maître qui se prend pour Zeus.
Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye, des rapaces jaillissent de tous les coins d’un ciel assombri par l’incompétence de leur maître qui se prend pour Zeus. Au lieu de trouver des solutions aux difficultés que vivent les Sénégalais, ils voltigent par-dessus la tête de ceux qu’ils prennent déjà pour des reliques politiques. Si, dans la mythologie grecque, ces oiseaux de mauvais augure ont eu raison de Prométhée, sauveur de l’humanité, leurs incarnations humaines, dans le contexte sénégalais, échoueront dans leur macabre tentation d’enfoncer leur bec maléfique dans la chair de la bienfaisance qu’ils convoitent avec appétit. Leurs diatribes n’expriment que méchanceté. De la logorrhée de Mimi Touré au crétinisme de Fadilou Keita, en passant par la sécheresse cérébrale d’El Malick Ndiaye, éclate au grand jour, une haine teintée d’ignorance. Leur discours fait de malignité, tourne autour de l’arrestation, du jugement et de l’emprisonnement du Président Macky Sall.
Je cite pêle-mêle :
«On l’a vu dans plusieurs pays, comme au Chili avec Pinochet. Ici, à côté de chez nous, l’ancien Président Moussa Dadis Camara fait face à la justice, justement, pour des exactions et des manifestations sanglantes. Le Sénégal ne devrait pas faire exception.»
«Macky Sall ne peut pas sortir par la grande porte après tout le mal qu’il a causé dans ce pays. Il a un dossier à la CPI… Je peux t’assurer qu’il rendra compte de ses actes. Nous avons les moyens de le faire payer, et il paiera.»
«Si Pastef dispose d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, nous allons installer la Haute Cour de la Justice (sic).»
Pour donner un semblant de crédibilité à leurs déclarations fantaisistes, ils évoquent, sans comprendre les mécanismes de sa mise en œuvre, les foudres de la Haute Cour de Justice. D’abord, «Haute Cour de la Justice», répétée plusieurs fois par l’inculte ministre des Transports, n’existe pas. L’appellation exacte est «La Haute Cour de Justice». Ensuite, Pastef ou tout autre parti politique n’est pas habilité à «installer la Haute Cour de Justice». C’est une prérogative constitutionnelle de l’Assemblée nationale. Enfin, comble de l’hérésie, El Malick pense que l’ancien procureur Alioune Ndao peut présider la Haute Cour de Justice s’il est élu député. Il ignore que la HCJ est présidée par un magistrat, en l’occurrence, le Président de la Cour Suprême.
Pour sa gouverne, la Haute Cour de Justice est un organe constitutionnel prévu à l’article 99 de la Constitution, dont les dispositions sont complétées par la loi organique portant sur le Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale. La loi organique N°2002-10 du 22 février 2002, qui détermine l’organisation de la Haute Cour de Justice et la procédure suivie devant elle, dispose en son article 2 : «La Haute Cour de Justice doit être installée au plus tard le mois qui suit le début d’une nouvelle législature». Par conséquent, il est superfétatoire d’annoncer que «le Pastef va installer la Haute Cour de Justice si ses députés sont majoritaires». Certes, la Constitution prévoit que «Le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison. Il ne peut être mis en accusation que par l’Assemblée nationale, statuant par un vote au scrutin secret, à la majorité des trois cinquièmes des membres qui la composent ; il est jugé par la Haute Cour de Justice.» (Article 101, alinéa premier)
Qu’en est-il alors de la haute trahison ?
La haute trahison désigne, dans le domaine de la justice, un crime qui met en danger la sûreté de l’État. Il s’agit d’une très grande déloyauté à l’égard de son État, de son chef d’État et du gouvernement. Ce crime est souvent associé à celui d’intelligence avec l’ennemi. Comme toute infraction pénale, la haute trahison, qui n’est définie nulle part dans le Code pénal, devrait résulter d’un triptyque incompressible : l’élément légal, l’élément matériel et l’élément moral. Or, quels seraient les faits constitutifs d’une infraction qualifiée de haute trahison par la loi que le Président Macky Sall aurait intentionnellement commis dans l’exercice de ses fonctions ? Je n’en connais pas. En effet, en remontant dans l’histoire de l’humanité, les cas les plus célèbres d’ouvertures de procès pour haute trahison ont concerné Charles Ier, Louis XVI et Marie-Antoinette, tous guillotinés après la Révolution. On peut citer également le Maréchal Pétain pour sa collusion avec Hitler, de nombreux généraux français, Pinochet, la veuve de Mao Zedong après la Révolution culturelle, ainsi que Mamadou Dia pour avoir empêché la tenue régulière d’une session de l’Assemblée nationale. Très récemment, le droit pénal international, instauré pour punir les génocidaires, a assimilé le crime contre l’humanité à la haute trahison. Saddam Hussein en a fait les frais pour ses exactions contre le peuple kurde et l’invasion du Koweït.
J’aimerais que ces parangons de l’inquisition à l’encontre de leurs adversaires politiques nous expliquent en quoi les actes posés par le Président Macky Sall, qui a usé de ses pouvoirs constitutionnels pour défendre l’État du Sénégal, sont assimilables à une haute trahison ou à des crimes contre l’humanité. C’est à ce débat de fond que je les invite. Dans l’histoire récente du Sénégal, quel homme politique s’est attaqué aux institutions de la République ? Qui a attenté à la sûreté de l’État ? Quel illuminé a appelé au meurtre du Chef de l’État et encouragé l’utilisation d’armes, comme des cocktails Molotov, contre les forces de défense et de sécurité ? C’est bien le théoricien du «mortal kombat» et du «gatsa gatsa» qui ont engendré la mort de plusieurs Sénégalais.
Cependant, il me serait difficile de fermer cette parenthèse sans donner ma lecture de ce regain de violence verbale à l’encontre de Macky Sall, dont je revendique une amitié critique. En effet, depuis que la Coalition Takku Wallu Senegaal a fait de Macky sa tête de liste, nous avons constaté une levée de boucliers, une montée d’adrénaline, et une profusion de menaces sur son intégrité physique et sa liberté. Ce n’est ni anodin ni gratuit. Ces dérapages langagiers trahissent un affolement général et une peur bleue d’un redoutable compétiteur qui n’a jamais perdu une élection.
Pour ceux qui restent attachés à nos valeurs traditionnelles et appréhendent certaines facettes de la personnalité de Macky Sall, il est facile de comprendre qu’un descendant des Sebbe Kolyaabés ne peut rendre les armes sans avoir combattu. Alors, laissons à Farba Ngom, qui est plus outillé et mieux indiqué, lui rappeler le célèbre triptyque «hulataa, doggataa et ñamataa gacce» que le griot Séwi Malal Layaan aimait chanter au son du Lagiya en l’honneur de Samba Gelaajo Jéegi, chaque fois que le légendaire héros de la bataille de Bilbassi devait affronter une épreuve.
Bienvenue Ceddo !
Babacar GAYE
Leader de Mankoo Mucc
par Fatou Kassé-Sarr
LE XALAM2 ÉLECTRISE PARIS
Avec une énergie défiant le temps, les neuf musiciens ont offert une prestation mémorable, parcourant un répertoire riche et diversifié. Ce concert marque une étape importante dans leur tournée anniversaire, qui les mènera jusqu'à Dakar
55 ans de légende et une actualité toujours brûlante
Samedi 12 octobre, le Pan-Piper à Paris a vibré au rythme du Xalam2, groupe mythique de la musique africaine, pour un concert d’exception célébrant leurs 55 ans de carrière. Après une escale à Genève, la sortie de leur nouvel EP « Retour aux Sources », et une table ronde sur l’impact de leur musique, le groupe a offert une prestation mémorable à un public venu en nombre.
Dès les premières notes, la magie opère. Les neuf musiciens, incluant une section de cuivres, déploient une énergie scénique stupéfiante, démentant leur longévité. Le Xalam2, figurant dans le prestigieux classement des « Great Black Music » – mouvement célébrant l’excellence des musiques noires à travers le monde – prouve une fois de plus son statut de légende vivante.
Pendant près de deux heures, le groupe traverse son répertoire, chantant dans plusieurs langues africaines, affirmant ainsi sa dimension panafricaine. Ce qui frappe particulièrement, c’est la pertinence actuelle de leurs anciennes chansons. Des titres comme par exemple « Leeboon », « Walyane » ou « Nderane », abordant des thèmes tels que la place des femmes, l’immigration ou l’avenir incertain des jeunes africains, résonnent encore aujourd’hui avec une force prémonitoire. Ces paroles, écrites il y a des décennies, semblent avoir anticipé les défis contemporains, donnant à leur musique une dimension intemporelle et une actualité criante.
Le public, aussi diversifié que leur musique, unit générations et origines dans une ambiance chaleureuse, telle une grande famille rassemblée par la force de la musique du Xalam2. L’engagement social et politique du groupe, loin d’être un vestige du passé, continue donc de toucher et d’inspirer, prouvant que leur voix reste un outil puissant pour éveiller les consciences et promouvoir le changement.
Ce qui frappe également, c’est la capacité du groupe à se régénérer. De nouvelles générations de musiciens, biberonnées au son du Xalam2, apportent leur touche d’originalité, perpétuant ainsi le mythe et entrant à leur tour dans la légende. Cette fusion entre l’héritage musical et les nouvelles influences permet au groupe de rester pertinent et captivant pour un public multigénérationnel.
À la fin du concert, le public en redemande, preuve que l’énergie du Xalam2 n’a pas pris une ride. Chaque prestation laisse les spectateurs avec une envie irrépressible de replonger dans cette ambiance unique, où la musique transcende le simple divertissement pour devenir un vecteur de réflexion et de prise de conscience.
« Retour aux Sources » leur EP sorti le 21 juin 2024 est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes digitales.
La tournée anniversaire continue ! Prochain rendez-vous : Dakar, le 30 novembre 2024, pour une célébration qui s’annonce déjà mémorable. Le Xalam2 prouve une fois de plus que sa musique transcende le temps et les frontières, unissant les générations dans un même élan de joie, de partage, et d’engagement social.
Par Boubacar CAMARA
QUELLES RÉFORMES POUR LE SYSTÈME D’ENSEIGNEMENT SÉNÉGALAIS ?
Le spectacle désolant des enfants sillonnant les rues, le phénomène des enfants-travailleurs exposés à tous les dangers, la souffrance des enfants intelligents mais en situation d’échec en raison de pédagogies élitistes et expéditives
Le spectacle désolant des enfants sillonnant les rues, le phénomène des enfants-travailleurs exposés à tous les dangers, la souffrance des enfants intelligents mais en situation d’échec en raison de pédagogies élitistes et expéditives, l’exclusion quasi systématique des handicapés de la société, la détresse de jeunes obligés de choisir entre une hypothétique carrière sportive et les études, le taux d’analphabétisme élevé (54.6% d’après certains), le nombre étourdissant de diplômés-chômeurs, le coût de plus en plus élevé des études, le défaut de culture scientifique chez beaucoup, les ravages de la superstition, le succès que connaît le charlatanisme, la crédulité d’une partie de la population, l’ignorance des problèmes de l’heure, la légèreté éthique et le manque de professionnalisme criard d’acteurs détenant pourtant des diplômes élevés, l’inconscience de certains protagonistes de l’industrie culturelle, la faiblesse des élèves et des étudiants, le désintérêt des apprenants pour la lecture, le laisser-aller d’enseignants oubliant les règles les plus élémentaires d’une bonne pédagogie de la réussite, la vulnérabilité des jeunes face aux pièges tendus par le système postcolonial et le capitalisme, la position de nos établissements dans les classements mondiaux des universités, le rôle mineur de nos chercheurs, en raison de moyens dérisoires, dans la compétition scientifique internationale (comme si être de simples consommateurs était pour nous une fatalité) démontrent que notre système éducatif est dans une crise profonde.
Cette crise est aggravée par le fait qu’avec la disparition des penseurs de l’indépendance, représentés chez nous par le Président Léopold Sédar Senghor et le savant Cheikh Anta Diop, les grands débats intellectuels se sont fait rares s’ils n’ont pas purement et simplement disparu.
C’est comme si l’Afrique a renoncé aux grandes utopies se contentant de survivre et de reproduire aveuglément des référentiels insuffisamment interrogés. Un vent d’espoir se lève avec les nouvelles dynamiques politiques qui se font sentir, notamment au Sénégal avec une ambition souverainiste répondant aux aspirations de la population.
Pour ne pas rater ce virage nous proposons 20 axes de réflexions qui permettront d’agir sur le système, sachant que l’école et l’université (dans leurs formes aussi bien occidentales, arabes, chrétiennes et traditionnelles) sont les creusets qui permettent de doter le citoyen de moyens de s’orienter et de s’imposer dans un monde complexe où, malheureusement, le postcolonialisme est une réalité massive.
Une réforme profonde de l’enseignement devra :
1. Définir l’école et l’université (qui dispense des compétences fondamentales parmi lesquelles la capacité à traduire ces savoirs, savoir-être et savoir-faire dans le cadre professionnel par exemple),
2. Questionner les référentiels proposés par l’Occident, notamment le système LMD, dont les finalités sont floues (ne serait-ce pas une vaste fabrique de prolétaires voire de pronétaires ?),
3. Questionner la pertinence des systèmes d’enseignement afin de proposer des méthodes adaptées à nos réalités et au profil de nos apprenants,
4. Inculquer la double culture (humaniste et scientifique), et pour cela repenser les curricula,
5. Révolutionner les méthodes d’enseignement des sciences,
6. Repenser les programmes,
7. Intégrer la spiritualité parmi les thèmes abordés,
8. Sauver notre patrimoine culturel (avec des humanités numériques version sénégalaise),
9. Valoriser voire vendre notre culture,
10. Contribuer à l’élaboration de l’Union Africaine,
11. Organiser la communauté scientifique africaine (base d’indexation des revues, coopération inter-universitaire au plan régional, mobilité des apprenants, création de grandes écoles interafricaines, mutualisation des ressources humaines et des infrastructures…),
12. Mettre en place des maisons d’éditions universitaires et ce faisant un espace de réflexions scientifiques,
13. Rendre effectif l’école pour tous afin que la population soit autonome et armée dans un monde compétitif,
14. Parachever les dispositifs inclusifs pour les handicapés en développant leurs potentiels, en leur enseignant la dignité et en leur faisant bénéficiant d’une discrimination positive dans l’accès à des postes de travail,
15. Articuler sport et études (la pratique sportive, en plus d’être, pour nous, une capabilité , peut générer des retombées considérables en termes de santé publique et en termes économiques),
16. S’approprier les nouvelles technologies (internet, IA…). Développer des stratégies pour accéder à la souveraineté dans ce domaine,
17. Introduire nos langues nationales afin de les valoriser et surtout de combattre l’échec scolaire,
18. Mettre en place un cadrage qui permette d’avoir une recherche compétitive et prenant en charge nos besoins. Sans souveraineté scientifique et technologique il est illusoire d’espérer être réellement indépendants,
19. Vulgariser l’esprit scientifique,
20. Éduquer les masses : développer grâce à des stratégies éducatives maîtrisées chez chaque citoyen les valeurs telles que :
a. l’esprit critique, notamment vis-à-vis de la presse et de l’internet,
b. la confiance en soi,
c. l’intégrité ;
d. le patriotisme,
e. le professionnalisme,
f. l’esprit scientifique,
g. l’enracinement dans sa culture et son histoire,
h. l’ouverture à l’autre,
i. le respect de la femme,
j. le respect de l’enfant,
k. le respect des adultes,
l. le respect de l’environnement,
m. le respect des institutions,
n. le respect des minorités
o. le sens de la communauté.
p. l’esprit d’initiative.
Conclusion
La Nouvelle École Sénégalaise, tout en s’inscrivant dans les cadres organisationnels et politiques (UNESCO) internationaux doit permettre à nos sociétés de concevoir des réponses appropriées aux équations que nous pose notre environnement menaçant.
En ciblant des produits résolument modernes (maîtrisant les outils numériques voire en comprenant les enjeux technologiques, anthropologiques et politiques), enracinés dans leurs valeurs culturelles fondamentales, le Sénégal pourra disposer, dans un horizon très proche, de ressources humaines aptes à répondre aux défis du monde contemporain.
Les universitaires, décomplexés, conscients des exigences du travail scientifique et accompagnés par l’État sénégalais et les autres acteurs économiques, pourront donner forme à cette contribution au monde. Surtout que la jeunesse sénégalaise a montré, par sa lucidité et son ingéniosité politique ayant abouti à l’alternance dans laquelle nous sommes, que la balle est dans le camp des institutions.
L’intégration des activités sportives dans le système éducatif, la pratique d’activités extra-muros permettraient, par exemple, de contrecarrer les effets des smartphones et autres appareils. Il est, par ailleurs, évident qu’un travail sérieux doit être mené pour une appropriation de l’Intelligence Artificielle.
Le rôle de l’enseignant, essentiel (même si l’IA l’allègera considérablement) doit être clairement défini. L’un des défis pédagogique majeur est la lutte contre la paresse cognitive et les pratiques frauduleuses qui vont avec. En ce sens il faudra travailler à casser la logique de l’enseignement centré sur la performance du professeur et à augmenter le TPA (Travail Personnel de l’Apprenant). C’est cette inversion qui développera l’autonomie, la créativité et les compétences métacognitives du sujet apprenant. C’est ainsi qu’on pourra édifier une société intellectuelle composée d’individus émancipés, imprégnés des problématiques de leur époque et armés pour y vivre. Il s’agit donc de parachever l’œuvre des précurseurs.