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2 avril 2025
Opinions
par Adama Dieng
MARIE JOSÉ CRESPIN, L'INTÉGRITÉ PLUTÔT QUE LES HONNEURS
Elle ne courait pas derrière les honneurs. Une perle rare dont l'éclat continuera à briller sur la terre du Sénégal. Une perle qui était passionnée par les perles. Elle n'était pas attirée par l'or
Depuis Abu Dhabi, alors qu'il était 4 h du matin à Dakar, j'ai été effondré en ouvrant le journal. Marie José était une amie intime. Récemment, à mon retour de Nouakchott, je disais à Dior Fall que je ne cessais de penser à Marie José et qu'à mon retour des Émirats arabes unis, je me rendrais à l'île de Gorée pour la revoir.
Allah, Le Tout Puissant, en a décidé autrement. Marie José s'en est allée sans que je la revoie ici-bas. Que les jardins du Paradis soient sa demeure éternelle. Mon cher Cherif Salif, je confirme ton témoignage. Elle était une femme merveilleuse, une juge d'une intégrité sans faille. Je l'avais associée aux travaux du Centre pour l'indépendance des magistrats et des avocats (CIMA) en qualité de membre du Conseil consultatif. Le CIMA était une structure créée au sein de la Commission internationale de juristes à Genève à l'époque où j'en étais le Secrétaire général.
Je me souviens de lui avoir demandé d'accepter d'être présidente de la Cour de cassation et Wade était disposé. Mais cela n'intéressait pas Marie-José. Elle me dira que même l'ambassadeur de France avait aussi tenté de la convaincre, mais en vain. Elle avait fait son choix. Elle ne courait pas derrière les honneurs. Une perle rare dont l'éclat continuera à briller sur la terre du Sénégal. Une perle qui était passionnée par les perles. Elle n'était pas attirée par l'or, ce métal qu'elle associait avec les pires horreurs qui ont marqué l'histoire de l'humanité.
Que Dieu lui accorde une place au Paradis.
Par Moustapha SÈNE
L’OR FANTASME D’UN « FAR EAST » SI PROCHE
Au bout d’une longue randonnée à travers la forêt, Mako surgit comme pour annoncer le bout d’un monde et le début d’un autre. Premier établissement humain à la sortie du Parc national de Niokolo Koba sur l’axe Dialacoto-Kédougou
Au bout d’une longue randonnée à travers la forêt, Mako surgit comme pour annoncer le bout d’un monde et le début d’un autre. Premier établissement humain à la sortie du Parc national de Niokolo Koba sur l’axe Dialacoto-Kédougou, Mako c’est d’abord la promesse incertaine de ce « Far-East », (l’Orient lointain) du pays rêvé de l’or.
La ronde sempiternelle des « jakarta », ces engins motorisés à deux roues flambant neufs que chevauchent, souvent à deux ou à trois, des hommes et femmes pratiquement en guenilles et aux visages enduits de boue. C’est un signe que l’observateur averti sait décrypter. Le signe de la proximité des premiers signes d’orpaillage traditionnels. C’est-à-dire de l’exploitation artisanale de l’or avec les techniques de l’époque de l’Empereur Kankang Muusa qui est pratiquée depuis la nuit des temps. Mais qui, depuis quelques années, a connu une inédite ampleur à la faveur de l’effervescence née de la clameur entretenue sur les découvertes par les grandes compagnies mondiales venues prospecter sur le site.
Lequel abriterait des gisements importants d’or en dormance dans les falaises et les entrailles des collines qui ramifient les contreforts du Fouta Djallon. Avant Mako, plusieurs centaines de kilomètres avaient été auparavant avalés dans l’absolu silence et la luxuriance des bosquets et forêts de la réserve de faune et de flore classée patrimoine mondial de l’Unesco : « Le PNNK en tant qu’aménagement renfermerait 80% des galeries forestières du pays, au moins 1500 espèces de plantes à fleurs, soit plus de 62% des espèces de plantes à fleurs du Sénégal, et plus de 120 familles ; la richesse de la zone repose également sur la faune, une importante faune soudanienne avec différentes espèces emblématiques (lion, élan de derby, koba…) essentiellement concentrées dans la Zone d’intérêt cynégétique de la Falémé et le Parc national du Niokolo Koba (813.000ha) », selon des sources officielles exploitées par les chercheurs du Laboratoire d’analyse des transformations économiques et sociales-Lartes de l’Ifan).
La question de la gouvernance minière dans cette partie du pays devra nécessairement tenir compte de cette dimension, mais aussi des potentialités biologiques qui, selon la recherche conduite par Lartes, « sont cependant fragilisées par plusieurs facteurs : dégradation des terres, feux de brousse, braconnage, défrichement excessif, faiblesse du dispositif de surveillance de ressources forestières, faiblesse de la capacité des collectivités locales et les opérations minières ». L’or qui attire sur la terre de leurs ancêtres est source d’inquiétude pour beaucoup de ces habitants des villages de ce terroir aux noms si chargés de leur symbolisme d’abondance et de quiétude que polarise Kédougou et dont principalement Sobadala dans la Commune rurale de Khossanto. Cette région qui couvre une superficie de 16.800 Km² a vu sa population évoluer, entre 1988 et 2000 de 5711 à 7821 habitants avant de quadrupler quasiment (245.288 habitants selon le dernier recensement Ansd/Rgp H5-2023).
Leur problème vient de l’implantation dans ces zones de ces nombreuses compagnies qui prospectent ou qui exploitent l’or. Mais aussi et principalement de l’insécurité née de la ruée vers ces sites d’orpailleurs traditionnels allochtones et d’autres individus, pas toujours très délicats, attirés là par l’appât du gain facile. Aux impacts négatifs visibles et vécus dans leur chair par les populations locales, occasionnés par les pollutions et nuisances de toutes sortes, il faut ajouter d’autres. Moins tangibles et plus pernicieux ceux-là. Car s’agissant de dommages insidieux qui sapent les valeurs socles des cultures du terroir. Et entament dangereusement le tissu social qui doit désormais compter avec tous les travers, qu’au plan des mœurs, induisent, de façon brutale, les bouleversements démographiques et culturels consécutifs aux implantations industrielles et minières auxquels il faut ajouter la question cruciale de la perte du patrimoine foncier et des conséquences écologiques multiples qu’entraînent les exploitations et prospections minières.
Par Oumar FÉDIOR
TRANSPORTER LE GAZODUC EN TOUTE SÉCURITÉ
Après les découvertes de gaz, le Sénégal s’attelle maintenant au transport du produit. Il s’agit d’un canal long de 400 km. Cette infrastructure est appelée gazoduc.. Il peut être construit et enfoui dans le sol, sous l’eau ou être installé à l’air libre
Après les découvertes de gaz, le Sénégal s’attelle maintenant au transport du produit. Il s’agit d’un canal long de 400 km. Cette infrastructure est appelée gazoduc. Il s’agit d’une canalisation en acier servant à transporter le gaz sous pression sur de longues distances, des zones d’extraction aux zones de consommation. Il peut être construit et enfoui dans le sol, sous l’eau ou être installé à l’air libre.
Le pipeline, quant à lui, désigne un ouvrage destiné à transporter des matières fluides comme de l’eau ou du pétrole. Le gazoduc est donc un type de pipeline qui ne transporte que du gaz. On parle ainsi d’aqueduc pour l’eau et d’oléoduc pour le pétrole. Ce projet confié au Réseau gazier du Sénégal (Rgs), une entreprise détenue par le Fonsis, Senelec et Petrosen, va coûter plus de 650 milliards de FCfa. À terme, il s’agira d’interconnecter des champs gaziers de Gta, Sangomar et Yakaar Teranga aux centrales de Mboro, Cap des biches… Sur le terrain, le réseau gazier du Sénégal s’est ligué avec l’Apix pour « faciliter la libération et la sécurisation des emprises des segments du projet de réseau de gazoducs du Sénégal avant le démarrage des travaux de construction ».
En plus d’améliorer l’accès à l’énergie, le projet qui va substituer le fuel et le charbon par du gaz naturel dans les centrales électriques, est une réponse aux enjeux d’une énergie propre et à moindre coût. Les prévisions font état d’une diminution estimée à 30 millions de tonnes d’ici 2050. Gas-to-Power Fort de ses découvertes en gaz, le Sénégal veut désormais l’utiliser pour la production d’électricité. D’où le projet « Gas To Power ». L’objectif final est de parvenir à une électricité suffisante et à des coûts raisonnables. En termes plus simples, il s’agit d’alimenter la Senelec en gaz pour réduire l’utilisation du fuel et baisser ses coûts de production. Pour rappel, le prix de l’électricité au Sénégal est parmi les plus chers de l’Afrique de l’Ouest. Une cherté qui a fini d’étouffer plusieurs petites industries.
Avec le gas-to-power, de la cimenterie à l’industrie légère, l’agrobusiness, les transports, plusieurs secteurs verront une grosse épine ôtée de leur pied. À ce défi s’ajoute celui de l’électrification. D’après les chiffres de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser), sur les 23.000 localités rurales qui existent au niveau national, seulement 7 273 sont électrifiées pour le moment. Actuellement, 5.663 autres localités rurales sont en cours d’électrification, mais 8.457 demeurent non électrifiées. Le taux d’électrification rurale se situe à 65,67 %, tandis que le taux d’accès à l’électricité dans l’ensemble du pays est de 86 %, a récemment révélé le Dg, Jean Michel Séne.
À rappeler qu’avec la livraison de la première cargaison de gaz naturel liquéfié, le Sénégal est entré dans la phase active de l’exploitation du gaz. Le projet est partagé entre l’opérateur BP, qui détient la majorité des parts, en collaboration avec Kosmos Energy, la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen) et la Société mauritanienne des hydrocarbures et de patrimoine minier. En termes de capacité de production, le gisement de Gta devrait atteindre une production annuelle de 2,5 millions de tonnes de gaz, avec une prévision d’augmentation à 10 millions de tonnes..
Par Malick CISS
L’AFRIQUE, LE PARADOXE DU RICHE PAUVRE
Les conflits en Afrique nous rappellent toujours la vulnérabilité de nos États et le sort peu enviable de millions d’Africains victimes collatérales des convoitises autour des ressources naturelles. Le dernier en date, c’est la guerre au Kivu en Rdc
Les conflits en Afrique nous rappellent toujours la vulnérabilité de nos États et le sort peu enviable de millions d’Africains victimes collatérales des convoitises autour des ressources naturelles. Le dernier en date, c’est la guerre au Kivu en République démocratique du Congo (Rdc).
Certainement et paradoxalement, les milliers de déplacés des guerres, les victimes d’exactions de toutes sortes auraient souhaité que leurs sous-sols soient aussi stériles que le Sahara. Outre le drame humanitaire qu’ils engendrent, les conflits armés ont coûté à l’Afrique, de 1990 à 2005, la somme de 284 milliards de dollars, soit l’équivalent de l’aide financière reçue durant cette période (rapport de trois Ong dont Oxfam intitulé « Les milliards manquants de l’Afrique… », 2007). Le contraste entre cette opulence en ressources et la pauvreté ambiante alimente les thèses selon lesquelles le continent serait maudit.
Selon la Banque africaine de développement (Bad), les ressources naturelles du continent sont évaluées à 6500 milliards de dollars, 65 % des terres arables non cultivées de la planète, une population jeune et dynamique. Selon le cabinet d’études McKinsey Global Institute, elle abrite 10% des réserves mondiales de pétrole, 40% d’or, 80% du chrome et 90% du groupe des métaux du platine… Donc « l’Afrique n’a aucune excuse d’être pauvre », concluait le président de la Bad, Akinwumi Adesina. Même si des progrès ont été notés des indépendances à nos jours, avec des millions d’individus sortis de la pauvreté et des taux de croissance à l’inclusivité relative (0,246 selon la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique), force est de reconnaître qu’elle a accusé du retard, comparé à son potentiel.
À l’aube des indépendances, les puissances colonisatrices voyaient d’un mauvais œil les aspirations à la souveraineté internationale, synonyme de perte de l’accès aux ressources naturelles et aux débouchés pour écouler leur production. Et ceci explique l’importance géostratégique de l’Afrique, où il fallait pré-positionner des troupes pour mieux contrôler nos pays et leurs dirigeants, et par ricochet leurs richesses. Ceci au détriment des populations engluées dans la pauvreté. Mais sur le banc des accusés, on ne saurait convoquer seulement les Occidentaux. Les élites politico-intellectuelles, notamment les premiers dirigeants, ont engagé leur responsabilité en perpétuant, en quelque sorte, le pacte colonial dans la gestion des affaires.
La trahison des élites est illustrée par la corruption, les détournements, le bradage des ressources, le tribalisme, les guerres qui accentuent la paupérisation de la population. À l’avènement des indépendances, l’Afrique, au lieu de tracer et de suivre sa propre voie, est restée dans le modèle occidental. Avec la suprématie des institutions financières internationales (Fmi et Banque mondiale) créées par et pour ce même Occident, plus préoccupé à conserver sa prédominance, le continent a mal négocié son intégration à l’économie mondiale. Il a confié son sort aux autres à travers les Programmes d’ajustement structurel, l’endettement à outrance, la forte dépendance à l’aide publique au développement, etc.
Au lieu de procéder à la transformation de ses matières premières pour générer davantage de richesses et d’emplois. Cette fragilité de nos économies et l’inefficacité de nos politiques sociales expliquent les cris d’orfraie depuis que le président américain Donald Trump a gelé l’aide de son pays pour 90 jours. Le même schéma de dépendance a été, plus ou moins, reconduit dans les politiques de diversification des partenaires avec l’arrivée des pays dits émergents. Un article du chercheur Yves Alexandre Chouala, intitulé « L’Afrique dans le nouveau partenariat international : enjeux de civilisation et de puissance », campe bien le débat.
« Le discours idéologico-politique de la « Renaissance » nourrit en toile de fond le principe tout aussi éminemment politique de la responsabilité de l’Afrique face à elle-même et face au monde : « (…) le développement est un processus de responsabilisation et d’autosuffisance […]. Nous déterminerons notre propre destinée et nous ferons appel au reste du monde pour compléter nos efforts », dit-il. Une posture proactive est attendue pour tirer profit du contexte de compétition entre pays occidentaux et émergents, qui se joue sur le continent.
lettre d'amérique, par rama yade
LA FIN DE L’USAID, UN NOUVEAU DEPART POUR L’AFRIQUE
Au fond, les Africains n’auraient pas dû attendre que Donald Trump coupe les vivres humanitaires. Ils auraient dû prendre les devants et réorienter leurs partenariats extérieurs sur des bases plus saines
C’est fait. L’Agence américaine pour le développement international (Usaid) n’existe plus. Ici, à Washington, on a même aperçu, sur Pennsylvania Avenue, des hommes couvrir de noir le nom de l’institution. C’est la conséquence du décret signé par le Président Donald Trump le 21 janvier 2025 et exigeant, sauf pour «l’assistance militaire à destination de l’Egypte et d’Israël», «une pause de 90 jours pendant laquelle l’efficacité des programmes et leur cohérence avec la politique étrangère des Etats-Unis vont être évaluées». Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a toutefois précisé, le 28 janvier, que cette suspension ne concernait pas l’aide alimentaire d’urgence.
«Thank you for your service»
Pas de long processus législatif, pas de débat au Congrès, pas de grève des personnels. C’est par un simple email se terminant par «Merci pour votre service» qu’ont été mis en congé 10 000 personnels dont deux tiers basés à l’étranger, priés de rentrer à Washington. Des élus démocrates comme Ilhan Omar ou Jamie Raskin ont bien tenté des manifestations devant le siège d’Usaid, il était trop tard. Ils avaient laissé passer le week-end. Tous les ordinateurs ont été emportés par le Doge, le nouveau bureau anti-gaspillage dirigé par Elon Musk.
En un claquement de doigts, l’Usaid, le plus grand pourvoyeur d’aide au développement dans le monde depuis sa création en 1961, sous la présidence Kennedy, a été fermée. La célérité de ce démantèlement est un démenti féroce à tous les gouvernements incapables d’agir vite. Quand on veut, manifestement on peut, seraient tentés de penser certains électeurs.
L’Amérique d’abord
On se gardera bien de relever les raisons propres aux Etats-Unis qui ont amené la nouvelle administration à sceller le sort de l’Usaid. Le nouvel homme fort de Washington cherche à réaliser 1000 milliards de dollars d’économies sur le fonctionnement de l’Etat fédéral. De plus, pour Elon Musk, l’Usaid, que ce dernier a qualifiée d’ «organisation criminelle», poursuivait des objectifs qui ne correspondent plus aux priorités de la nouvelle administration, «l’Amérique d’abord». On a ainsi vu la nouvelle porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leawitt, scandalisée, tendre des feuilles où manifestement figuraient des actions financées par l’Usaid comme «1,5 million de dollars pour faire progresser Dei [Diversité, Equité, Inclusion est un programme honni des trumpistes, garantissant une meilleure représentation des minorités sexuelles et ethniques] sur les lieux de travail en Serbie ; 70 000 pour la production d’une comédie musicale Dei en Irlande ; 47 000 pour un opéra transgenre en Colombie, 32 000 pour une bande dessinée transgenre au Pérou». Après tout, il n’y a rien de choquant pour un président élu d’appliquer le programme pour lequel il a été élu et de définir ses propres priorités. On ne voit pas non plus pourquoi les administrations devraient échapper à une évaluation de leurs missions. Toutes ces actions sont légitimes si elles se font dans le respect de la loi. Et c’est la question qui agite ceux qui résistent à la déferlante Maga. On ne se prononcera pas non plus sur les conséquences de cette fermeture sur la politique étrangère américaine, les analystes de DC rivalisant de prédictions sur la manière dont cette fermeture avantagera - ou non - la Chine et la Russie pour combler le vide ainsi laissé. Sans doute les décideurs de Washington y ont pensé.
L’Afrique, première victime ?
En revanche, si l’aide à la sécurité à l’Ukraine ou la formation des écolières sous régime taliban ont cessé, tous sont unanimes pour affirmer que l’Afrique, qui est notre principale préoccupation ici, sera la première victime de l’effondrement de l’Usaid. Les pays africains reçoivent en effet un quart de l’aide globale américaine, l’Usaid comprise, soit près de 18 milliards de dollars. En dehors de l’Egypte, les principaux bénéficiaires africains sont : l’Ethiopie, la Somalie, le Nigeria et la RDC. C’est surtout en matière d’aide d’urgence et de santé, avec le Plan présidentiel d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (Pepfar), que l’émotion a été vive, poussant l’administration à suspendre le décret pour les aides médicales vitales.
Et de citer le bilan de l’organisation. Au cours de l’exercice 2023, les Etats-Unis ont déboursé 72 milliards de dollars d’aide en faveur d’une centaine de pays, dans des domaines aussi divers que la santé des femmes dans les zones de conflit, l’accès à l’eau potable, en passant par les traitements contre le Vih/sida, la sécurité énergétique et la lutte contre la corruption. Il se dit que les programmes de lutte contre le sida et le paludisme ont permis d’éviter 200 000 morts par an dans les pays pauvres. Du Soudan à la Rdc, des centaines de millions de dollars de nourriture et de médicaments, déjà livrés par des entreprises américaines, se trouvent dans les ports, en raison de la fermeture soudaine de l’agence.
Et alors ?
Sur des questions aussi fondamentales, l’Afrique n’aurait jamais dû dépendre d’un agenda étranger, américain ou autre. L’éducation des filles, la santé, l’Armée, ce sont des domaines stratégiques qui devraient relever du domaine régalien des nations, même africaines. D’ailleurs, pour tous les Etats engagés sur la scène internationale, l’aide au développement procède toujours plus d’une démonstration d’influence, de pouvoir que de la générosité. Surtout, elle n’a jamais sorti aucun pays du sous-développement. Régulièrement, les Ong déplorent que l’aide au développement déployée par les pays riches reste inferieure aux recommandations des Nations unies. Plutôt que d’accroître la dépendance africaine à des aides inefficaces, tous ces efforts auraient été mieux employés s’ils avaient été consacrés à des politiques bien plus décisives comme le renforcement du commerce entre économies africaines (désespérément en deçà de 15% quand il s’élève au-delà de 90% entre les économies européennes), l’introduction de monnaies souveraines (l’éco n’a toujours pas vu le jour malgré les annonces tonitruantes) ou encore la transformation industrielle locale des ressources, la formation d’ingénieurs et de scientifiques.
Proposer un deal à Donald Trump
Au fond, les Africains n’auraient pas dû attendre que Donald Trump coupe les vivres humanitaires. Ils auraient dû prendre les devants et réorienter leurs partenariats extérieurs sur des bases plus saines. Le même souci d’efficacité et la politique du «America first» qui animent les Etats-Unis, devraient animer les Africains. Avec son «Ghana beyond aid», le Ghana avait bien essayé sous la présidence de Nana Akufo-Addo, mais c’est le Botswana qui y est parvenu avec davantage de succès, transformant localement son diamant pour mettre en place une stratégie de croissance réussie. Plutôt que de se battre pour le maintien de ces «aides au développement», les Africains devraient profiter de la fin de l’Usaid pour, au minimum, accompagner et élargir la demande américaine d’évaluation à tous les dispositifs d’aide et, au mieux, proposer un nouveau partenariat aux Occidentaux, fait d’investissements directs et de commerce plus juste. Après tout, les économies africaines ont des atouts et des ressources dont peu d’Etats dans le monde disposent à grande échelle. On peut parier que le «dealmaker» ou «négociateur», qu’est Donald Trump, ne sera pas insensible à cette approche.
Rama Yade est Directrice Afrique Atlantic Council.
Par Tamsir SYLLA
CHEIKH ANTA DIOP, BEL ET BIEN VIVANT, ENCORE UN DES NOTRES
Le professeur Diop, en vue d’aboutir au profilage de l’identité noire et à la réalisation de l’unité africaine dans le nouveau contexte des mutations à venir et ruptures à consentir, brandit son argument favori, à savoir la Conscience Historique.
A première vue, l’intitulé, plus qu’une gageure, semble audacieux, voire prétentieux. A pas de charge, il sied au plus vite de rassurer, convaincre dès l’entame du propos. Ce titre au fronton ainsi que le texte à venir vont bien se conformer à ce profil antinomique de la pensée ambiante universitaire et universelle de son vivant. Cheikh Anta Diop, bel et bien vivant, encore un des nôtres commence d’abord par prendre à contre-pied la classique méthodologie historique enseignée aux apprenants. Notre approche d’aujourd’hui, comme seule l’œuvre de Cheikh Anta peut se le permettre, ne part pas du passé ; pour arpenter les paliers vers le sommet du présent ; plutôt le sens contraire ; décrypter les angoisses de notre présent à la loupe des diagnostics et thérapies préconisés par Cheikh afin de se convaincre de la véracité de l’enseignement d’un autre érudit de la pensée africaine, lui aussi un Diop, de son prénom Birago, soulignant, nous concernant, que Cheikh Anta est bel et bien parmi nous ; et continue même de peser sur bon nombre de nos justes opinions futuristes à prendre.
Une telle démarche en histoire est rendue possible, voire même aisée, par le fait que les travaux de Diop demeurent d’une brûlante actualité. Autant l’Afrique noire s’enlise dans le précipice abyssal des difficultés les plus horribles, ayant pour noms apocalyptiques : l’instabilité politique endémique, l’effondrement socio-économique, l’exclusion des grandes sphères de décision, de récents bouleversements technoscientifiques et autres innovations de la Hyper Tech, ainsi que la marginalisation des grands axes de productions transformationnelles des produits finis, autant les découvertes et conclusions du savant de Thieytou continueront, n’en déplaise à nous ses enfants coupables de vouloir tourner hâtivement et inconsciemment cette page de notre glorieux héritage, de s’imposer à nous. Cheikh Anta est l’un des très rares penseurs de ce milieu du vingtième siècle, en y incluant ceux d’ici et d’ailleurs, dont les résultats de recherche continuent, très régulièrement, contre la volonté affichée de certaines plumes et voix faisant autorité, de refaire surface chaque fois que dans cette Afrique toujours en dégringolade, l’actualité médiatique remet, au gré de dramatiques circonstances, ses épineuses équations insolvables, se dressant sous forme de montagnes russes, tels des obstacles insurmontables par nos jeunes gouvernants. Autrement dit, nous n’avons nullement besoin d’ouvrir des pages d’histoire afin de faire connaître aux jeunes générations les héroïques prouesses savantes de la belle épopée investigatrice diopiste. Cheikh Anta ne se raconte pas. Il se vit.
Sur bien des questions préoccupant grandement notre présente universalité, Cheikh Anta a eu le mérite de se prononcer et à bien des égards tirer la sonnette d’alarme à un moment où peu de ses pairs chercheurs ont songé s’épancher sur de telles problématiques. En fait partie l’énigmatique question de la souveraineté. La souveraineté, nous y sommes. Ce concept, a lui seul, rapporté au continent noir, aurait pu suffire afin de voir Cheikh Anta Diop se dresser en chair et en os devant nous ; comme pour nous empêcher de continuer notre chemin sans pouvoir le contourner ; et a juste titre. Cette notion, plus que pantouflarde et ringarde de souveraineté ou plus perplexe encore de souverainisme, plus facile à clamer qu’à proclamer, pierre angulaire du Référentiel 2050des politiques publiques du nouveau régime politique sénégalais, à la tête duquel le Président Diomaye et son très charismatique numéro deux Sonko largement plébiscité par le Peuple, en même temps qu’elle fait refaire surface la pertinence du propos du professeur Diop, passée au crible des présentes et pressantes préoccupations des peuples africains, renseigne sur l’acuité non pas simplement de s’émouvoir de la justesse de ses écrits, mais enfin de franchir le pas vers une digne reconnaissance, passant indubitablement par une meilleure réappropriation, à travers les curricula scolaires et universitaires, ainsi qu’une exhaustive prise en compte des conclusions de ses travaux aux plus hautes sphères de décision.
Cette volonté de s’affranchir du joug colonial hier, d’être nous-mêmes aujourd’hui, en nous indignant contre toute forme d’oppression extérieure quelconque, est demeurée, linéairement dans le temps, la seule constante revendicative, certes sulfureuse mais judicieuse, ne faiblissant point, notamment auprès de la jeunesse et autres forces vives ; avant-gardistes du combat pour le progrès, notre développement tout court. La grande nouveauté concernant cette notion de souveraineté, ressuscitant Cheikh Anta Diop de sa lumineuse tombe rayonnante de bonheur intellectuel et refaisant de lui l’invité d’honneur, l’acteur posthume béni agissant sur les orientations de ses descendants, ne cessant de se glorifier de son génie prospectif et combat patriotique pour la libération, est que celle-ci n’est plus l’apanage de nos Etats dits aujourd’hui du Sud global. Chose à la fois paradoxale et même ubuesque est que dorénavant les géants de la planète, la Grande Bretagne, brexiteuse hier, la grande Amérique, ultra dominatrice du système monde d’aujourd’hui, voulant tout conquérir et enrôler respectivement aux deux siècles derniers, semblent dorénavant opter pour un divorce radical avec le reste du monde en décidant de se recroqueviller sur eux-mêmes. Le protectionnisme de Trump, sous le prisme du victorieux cri de guerre de son «America First» devant préfigurer le triomphe du «Make America Great Again», ainsi que la frénésie dévastatrice de l’arrivée au pouvoir de partis néofascistes ou néonazis en Occident et Orient ne sont que la pale consécration de ce destin irréversible et funeste de l’avenir commun de notre seule et même humanité, déroutée, mise à mal etin fine condamnée à se muer au famélique résultat du repli sur soi. Dommage que l’idéal universel tant sublimé et chanté par les apôtres concitoyens qui sont Léopold Sedar Senghor, Alioune Diop, et de nos jours le brillant philosophe sénégalais Souleymane Béchir Diagne, devra, visiblement, pour longtemps encore, prendre son mal en patience. L’œuvre de Cheikh Anta quant à elle, d’une brûlante actualité, reste cette bouée de sauvetage. A la lumière de ce qui précède, elle ne se raconte pas. Elle se vit. Les questions trop houleuses autour de la moribonde France-Afrique ou ce qui en reste, les cris forcenés sortis des entrailles de la poitrine d’une jeunesse ne sachant plus où donner de la tête sinon scandant à tue-tête France Dégage, la zone monétaire du franc Cfa décriée parce que symbolisant le surannépré-carré français, les bases militaires coloniales étrangères au Sud du Sahara sommées de déguerpir, les maladresses verbales indignes de leurs rangs des présidents français, de Sarkozy à Macron, à propos de l’Afrique, etc., toutes ces nouvelles donnes concourent à renchérir une languissante et plus que légitime doléance autour de la souveraineté. Sur ce terrain précis de la souveraineté, épine dorsale de l’édification de toute nation, et partant de sa future émergence, personne d’autre que Cheikh Anta n’avait aussi mieux vu en privilégiant abondamment dans ces recherches une thématique aussi impactante que cruciale sur notre commun devenir. La souveraineté présentement très en vogue est de nature multi-faciale et multidimensionnelle : souveraineté internationale (indépendance d’un Etat), économique (autosuffisance alimentaire ou sécurité alimentaire), souveraineté politique, militaire, culturelle (contre l’aliénation culturelle), etc., en un mot la meilleure définition de la souveraineté, pour faire simple, est de l’opposer à la dépendance, sous toutes ses variantes. Sur cette vaste étendue qu’est la souveraineté, comme c’est souvent le cas ailleurs, il y a Cheikh Anta sur le recto et les autres sur le verso. Aux antipodes de ces dits autres, cités plus haut, Cheikh Anta se distingue une nouvelle fois par la posture l’ayant amené à aborder la question de la souveraineté et plus généralement, par bien d’autres chefs-d’œuvre de son héritage plus que titanesque. Autrement dit, il ne s’agit pas, contrairement à ses congénères, d’un engagement, d’une volonté souvent assujettie à un statut, mais plutôt d’une rencontre fortuite sur le champ de l’investigation. Lui-même le répète à l’envi à travers des audio qu’il a laissés à la postérité.
En plein dans ses recherches, il bute sur l’origine commune des peuples noirs d’Afrique que le deuxième Congrès de Berlin de novembre 1884-février 1885 était parvenu à cloisonner dans de micro-Etats artificiels, aux structures chancelantes, faisant fi de toutes les données historiques, géomorphologiques et anthropologues propices à l’éclosion d’une future nation. Ses fructueuses découvertes concernant l’histoire des migrations des peuples primitifs noirs vers les vallées humides consécutives au dessèchement du Sahara vers -4000 ans, ainsi que leurs exodes ultérieurs vers les terres de leurs origines, vont lui mettre la puce à l’oreille. Grâce à une très bonne maîtrise de plusieurs disciplines telles la linguistique historique, la paléontologie, l’archéologie, l’histoire, il parvient à suggérer comme projet fédéral, une reconstruction et reconstitution de ces entités étatiques, en total émiettement politico-économique et déliquescence socio-culturelle, dans de grands ensembles à recloisonner. Les écrits de Cheikh Anta se démarquent totalement des autres. Il ne se satisfait pas de prôner seulement la réunification. Il en livre le process, la faisabilité. Il est le seul bien avant les indépendances, alors que nombre de ses contemporains se tiraillent sur l’opportunité ou non de l’indépendance, de se fédérer ou pas, à donner les outils et autres instruments d’exercice de cette souveraineté supranationale. Bien avant la naissance de la Communauté économique européenne en 1957, composée seulement de cinq Etats contre 27 en 2025, son ouvrage culte, la branche sur laquelle est assise l’ensemble de sa bibliographie, Nations nègres et Culture, milite ouvertement pour l’indépendance fédérale ; insistant résolument sur le fait que dans une Afrique fragmentée, la souveraineté finit par se diluer en une grotesque utopie. En 1960, il enfonce le clou à l’aide d’un ouvrage dont le titre plus qu’évocateur résume à lui seul l’attention qu’il porte à la question de la souveraineté, Les Fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire, l’une des belles alertes sur ses contemporains euphoriques oubliant incrédulement qu’ils sont en train de faire fausse route dans cette Afrique de la grande vague des indépendances, mais trompeusement concédées dans la balkanisation. Nous reviendrons sur cette publication dans l’autre article.
Le professeur Diop, en vue d’aboutir au profilage de l’identité noire et à la réalisation de l’unité africaine dans le nouveau contexte des mutations à venir et ruptures à consentir, brandit son argument favori, à savoir ce qu’il appelle la restauration de la Conscience Historique. Celle-ci est à incorporer dans notre quotidien, ainsi que dans les enseignements-apprentissages, partout dans l’ancien continent. Les Africains doivent être persuadés d’une commune appartenance linguistique, culturelle, géographique, historique nous enrôlant, nous tous, dans un futur destin. Cheikh Anta était en avance sur ses contemporains. Une quarantaine d’années après sa disparition, il l’est encore sur nous ses fils et bientôt petits fils. Nous pouvons néanmoins nous consoler de ne pas être les seuls.
Dans Nations nègres et culture, Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire, entre autres, il met en garde sur l’impérieuse nécessité d’asseoir l’unité politique en Afrique, comme préalable à l’unité économique, incontournable versune souveraineté digne de ce nom. Il a très tôt tiré la sonnette d’alarme à l’égard de l’Oua et plus tard de la Cedeao. Une unité économique ne peut faire l’économie d’une unité politique. Nous nous rendons compte qu’il s’agit, là aussi, du principal verrou que l’Europe, après près de sept décennies d’intégration et en dépit de moult avancées, ne parvient pas à faire sauter. L’absence d’une unité politique européenne met du plomb dans l’envol tant souhaité d’un vieux continent. Celui-ci marque le pas. Les vérités de Cheikh Anta semblent immuables en Afrique, et même auprès de nos maîtres. La régénérescence de la Conscience Historique, par laquelle nous bouclons cette sortie, est une donnée qui, s’implantant en Afrique, y retrouve un terreau plus que fertile. Ailleurs, dans beaucoup d’autres régions du monde, particulièrement en Occident, les historiens adoptent un profil bas en relatant à leurs apprenants leur passé ; si celui-ci, comme l’a toujours décrié le professeur Diop, n’est pas tout bonnement «falsifié».
A défaut de pouvoir transmettre à leurs héritiers une histoire authentique ponctuée de belles épopées civilisationnelles de la préhistoire, de l’antiquité ou encore du Moyen-âge, les approches négationnistes évoquent des allégations dites des théories complotistes, du grand remplacement jusqu’à la pseudo suprématie de la race blanche, frisant le ridicule. L’hydre déshumanisant dit le racisme avance désormais à visage découvert. Les néofascistes et néonazis voient leur audience populiste, toujours en croissance exponentielle, leur permettre de tout balayer sur leur passage. La conscience universelle, jamais ainsi autant mise à mal, tombe des nues. La philosophie, la sociologie, l’anthropologie et autres sciences sociales ont largement profilé l’humain que nous sommes devenus
Les technosciences jusqu’à la biologie ont talentueusement reconfiguré notre espace d’épanouissement matériel. Les autres sciences juridiques et économiques définissent notre milieu d’évolution institutionnel et veille sur sa correcte fonctionnalité. L’histoire, quant à elle et à l’aune des urgences en Afrique, ne peut plus se rassasier seulement du rétablissement du link entre hier et aujourd’hui. Elle permet de bâtir notre futur, hélas trop loin d’entrevoir le bout du tunnel.
Le seul combat de Cheikh Anta qui vaille, et il n’y en a pas deux, a consisté toute sa vie à écrire, prêcher de séminaire en colloque, de forum en symposium, d’interview en panel, regretter profondément, déplorer le fait que les Africains, parce que ne sachant pas qui ils sont, ne sauront jamais ce que nos aïeux, l’humanité tout entière, devraient être légitimement en droit d’attendre d’eux. Telle est la mission de ce concept de Conscience Historique, si chère au savant de Thieytou, et que notre ténébreux présent ne cesse de nous rappeler.
Tamsir SYLLA
Proviseur du Lycée de Thiaroye
par Abdoul Aziz Diop
PAR OÙ COMMENCER POUR LIRE CHEIKH ANTA DIOP
Pour qui souhaite s'initier à l'œuvre monumentale du savant sénégalais, "Les fondements économiques et culturels d'un État fédéral d'Afrique noire" représente une porte d'entrée privilégiée par sa dimension pédagogique exceptionnelle
Si, se souvenant, le 7 février de chaque année, de son rappel à Dieu pour célébrer sa mémoire, un.e jeune sénégalais.e me demandait par quel texte commencer pour parcourir l’œuvre monumentale du Professeur Cheikh Anta Diop (1923-1986), je lui recommanderais sans hésiter celui-ci : « Les fondements économiques et culturels d’un État fédéral d’Afrique noire. » (Édition revue et corrigée, Présence Africaine, 1974). C’est qu’à la lecture de l’introduction aux « fondements... », l’élève et l’étudiant.e gagnent rapidement en maturité au contact du savant sénégalais avant même d’avoir dévoré l’essai majeur de celui dont on associa le nom au Carbone 14 plutôt que de parler - ce qui aurait été plus juste -, de ses travaux en géochimie isotopique qui renvoient, entre autres, à l’effort de datation grâce auquel il consolida ses conclusions à l’attention de la communauté scientifique mondiale.
En voici un morceau et pas des moindres : « On croit pouvoir (...) suppléer à l’absence d’idées, de souffle, de perspectives révolutionnaires par un langage injurieux, extravagant et ténébreux, oubliant que la qualité essentielle du langage authentiquement révolutionnaire est la clarté démonstrative fondée sur l’objectivité des faits, leurs rapports dialectiques, et qui entraîne irrésistiblement la conviction du lecteur lucide (pp.5-6).»
Dans « Les fondements... », les éclairages de l’auteur sur la souveraineté énergétique et l’industrialisation de l’Afrique suffisent encore aujourd’hui à couper court aux pompeux discours souverainistes sur l’économie nationale et africaine pour passer définitivement à l’action avec esprit de suite.
Se voulant l’apôtre d’une « spécialisation industrielle des territoires » en lieu et place d’une « sorte d’autarcie industrielle », Cheikh Anta Diop circonscrit une zone industrielle tropicale regroupant le Sénégal, le Mali et le Niger. À la suite d’intéressants développements sur les énergies hydraulique, solaire, atomique et thermonucléaire, le Professeur ne désigna nommément son pays qu’en parlant de l’énergie éolienne. « Les éoliennes conviendraient merveilleusement dans une première phase pour l’irrigation du sol et l’abreuvage du bétail dans les régions appauvries et semi-désertiques du Sénégal, telles que le Ferlo, le Cayor, une partie du Baol et le Djambour. » Les alizés qui soufflent sur toute la côte occidentale de l’Afrique confortaient l’idée à une époque où le vent contribuait déjà à l’approvisionnement énergétique du Danemark à hauteur de 15 % du total des besoins de ce pays riche du Nord de l’Europe.
Quand Cheikh écrivait dans les années 60 et 70, la région de Djander était propice à l’utilisation de l’énergie thermique des mers. Elle l’est sans doute encore aujourd’hui pour tirer le meilleur parti du principe de Carnot reposant sur la différence de température entre la surface et le fond de la mer. Celle-ci, bien en deçà de la température d’ébullition de l’eau, permet, après dégazage de l’eau de mer, de produire de la vapeur sous vide pour faire tourner les turbines d’une centrale thermique. Très tôt, Cheikh suggéra l’étude de la rentabilité d’usines marémotrices à l’embouchure du fleuve Sénégal. Il s’agit, en période de haute marée, de remplir d’eau des réservoirs d’accumulation qui joueraient le même rôle que les lacs de retenue des barrages en basse marée pour actionner des turbines.
L’étude de la possibilité d’équipement des estuaires du Sine-Saloum, de la Gambie et de la Casamance s’inscrivait dans le même ordre d’idée. Cheikh suggéra surtout la reprise de « l’étude et la construction du gigantesque barrage de Gouina, situé au Mali, en amont de Kayes ». Le projet visait l’irrigation de toute la haute vallée, la régulation du cours du fleuve Sénégal pour la navigation et la production d’une énorme quantité d’électricité industrielle. « L’interconnexion des lignes de haute tension collectant l’énergie produite par la cascade d’usines installées en amont du barrage (...) ne poserait aucun problème technique particulier de transport », réécrivait-il en 1974, quatorze ans après la parution de la première édition des « Fondements économiques et culturels d’un État fédéral d’Afrique Noire ».
Passant de l’énergie à l’industrialisation de la zone tropicale qu’il délimita, Cheikh Anta Diop insista beaucoup sur le textile jumelé avec l’industrie sœur des matières colorantes « tout naturellement destinée à recevoir, comme matière première, le charbon pauvre du Nigéria, qui donnerait, par distillation, les dérivés cycliques nécessaires pour l’impression des tissus ». Cheikh y voyait les premiers atouts d’une politique de plein emploi dont les retombées devraient pouvoir faire revivre des villes comme Saint-Louis « où, écrit-il, abonde une gracieuse main-d’œuvre féminine [toujours] inemployée ».
Le savant préconisa naturellement l’utilisation des ressources énergétiques de l’Afrique Noire pour transformer sur place les matières premières dont dispose le continent dans le but d’en faire - c’est l’expression qu’il utilisa -, un « paradis terrestre » prévenant, en bon précurseur, les atermoiements d’aujourd’hui.
Par Khady GADIAGA
MERCI OU GRATITUDE D'EXITER...
Être mère… une joie à nulle autre pareille, une expérience humaine et spirituelle qui bouleverse en profondeur. Preuve palpable de la grâce infinie de Dieu qui par le biais de l'enfantement nous ouvre une brèche dans l’économie de l’échange et de l’équité
Être mère… une joie à nulle autre pareille, une expérience humaine et spirituelle qui bouleverse en profondeur. Preuve palpable de la grâce infinie de Dieu qui par le biais de l'enfantement nous ouvre une brèche dans l’économie de l’échange et de l’équité, car elle fait place à l’imprévisible et au surcroît du don.
Tissé dès la grossesse, le lien maternel avec l’enfant n’en finit pas de se déployer tout au long de la vie. Les mères savent aimer d'un amour unique et indéfectible : écoute, présence, tendresse, attention, compréhension, sécurité affective… Elles donnent le meilleur d’elles-mêmes pour leurs enfants qui peuvent ainsi avancer confiants dans leur développement personnel.
Mais cet amour devra apprendre à se transformer pour laisser l’enfant devenir lui-même, fût-il différent de celui que sa mère avait rêvé… Il doit trouver sa juste expression pour que l’enfant puisse prendre son envol.
Nous prions souvent pour demander au Seigneur de nous venir en aide, mais pensons-nous suffisamment à lui dire merci ? Comme la gratuité, la gratitude dérive du terme latin gracia, « la grâce ».
L’action de grâce qui permet de montrer notre reconnaissance pour Ses grâces, pour le don de la vie et de sa perpétuation, pour les sacrements qui nous permettent de nous rapprocher toujours davantage de Lui.
Le fait que Dieu ait créé ce monde est une grâce. Toute apparition d’une existence, si fugace soit-elle, à la face du monde, est déjà une grâce. Et ce fut apparemment un plaisir pour Dieu que cela soit, puisqu’il dit que cela était bon. Notre réponse à ce plaisir de Dieu que cela soit, c’est d’abord et simplement notre plaisir d’exister.
La gratitude suppose une docilité, une réceptivité, et tout simplement la faculté de recevoir, plus importante peut-être, plus délicate, que la faculté de donner.
Dans la gratitude, l’amour ne procède pas du manque ou de l’insatisfaction, mais de la joie des dons reçus et partagés.
Il s’agit d’une joie humble qui sait reconnaître la valeur de la vie offerte. Une telle capacité à se réjouir des dons reçus n’est pas donnée à tout le monde. L’ingrat nie la valeur de ce qu’il reçoit sous prétexte qu’il ne reçoit jamais assez ou comme si tout lui était dû. Il demeure prisonnier de l’orgueilleux désir de ne rien devoir à personne et de se suffire à lui-même.
La gratitude n’invite pourtant pas à rendre la pareille, mais à faire fructifier ce qui nous est donné, en allant de l’avant vers une histoire nouvelle. Le don passe par soi, même si nous n’en sommes pas l’origine. C’est en lui que nous trouvons vie et jubilation.
De la reconnaissance du service rendu à la joie qui accompagne une présence attentive et aimante, la gratitude mène ainsi à « l’action de grâce », à la célébration du « grand mystère de la fécondité de la vie ».
À toi Mouhamed, qui a très tôt appris que vivre est la chose la plus ardue au monde car tu connais la voix de la souffrance, donc tu connais le vrai bonheur.
Tu connais la voix du désespoir, donc tu sais qu'il faut y croire. Tu connais la voix de la faiblesse, donc tu sais discerner tes forces. Tu connais la voix du mal de vivre, donc tu sais à quel point la vie est un cadeau. Puisses-tu donc en savourer chaque instant!
Sache que quand mon regard croise le tien, la seule certification, quand on pense à ce qu’on dit quand on dit merci, c’est celle de la présence et du don, du don habité de présence et qui se communique, contagieux.
Mon merci est dans la contagion du don ; du don pur, qui ne compte pas, se tient pour une évidence. Le regard prend la relève ou mieux encore le geste, le don qui se dépense ailleurs, autrement, le don répercuté, réinvesti par celui qui avait reçu.
Mon merci est au cœur d’une métamorphose. Tu existes dans ma vie, miracle absolu.
Pour cette nouvelle tranche de vie, je te souhaite des joies simples, des projets plein la tête, des rêves en pagaille, de l'amour sans compter...de belles perspectives et des horizons infinis.
Rues toi aux étoiles et hurle tous les soleils de ton âme. Clames ton bonheur à la symphonie de tes vingt sept printemps. Retrouve le courage de rêver, la confiance de réaliser pour continuer à espérer.
Pour soulager tes peurs, tes rancœurs et tes peines, je franchirai toutes ces mers les plus lointaines, découvrir tes limites et repousser les miennes.
Ton amour pour moi est aussi paisible qu’une respiration, aussi subtil que le son d’une flûte. Et de fait, serait-on à bout de force pour le dire, ce merci, l’exprimer d’une façon ou d’une autre, qu’une flamme danserait encore dans les regards. Et enfin te le redire telle une litanie : Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai jusqu’à ce que ma parole coupée en éteigne même l’écho…
Tu es mon seul poème, mon unique chant.
Par Cheikh DIOP
L’EVOLUTION DES RELATIONS PROFESSIONNELLES VERS UN AVENIR OBSCURE
Le sempiternel combat mené par le Travail contre le Capital pour la répartition juste et équitable des richesses générées par leur couple, connait beaucoup de tournures et de subterfuges depuis des siècles.
Le sempiternel combat mené par le Travail contre le Capital pour la répartition juste et équitable des richesses générées par leur couple, connait beaucoup de tournures et de subterfuges depuis des siècles. De l’esclavage au salariat en passant par le travail forcé, le Capital ne démord jamais, il plie mais ne rompt pas, il change de fusil d’épaule, recule pour mieux sauter, trouve de nouveaux subterfuges et devient de plus en plus virulent.
En effet, il en a toujours été ainsi depuis les premières révolutions industrielles qui ont vu le jour avec la découverte de la machine à vapeur au XVIII siècle, suivies vers les années 1850 par l’invention de l’électricité, et dans la même lancée : l’avènement de l’industrie chimique, l’exploitation du pétrole et du gaz. Ces deux révolutions industrielles ont eu pour corolaires immédiats, entre autres fléaux en Afrique : l’esclavage et la colonisation.
L’esclavage, déportation massive de main d’œuvre servile, n’a eu d’autre mobile qu’accélérer le développement de l’industrie en expansion sur toute l’Europe, les Amériques et aux Caraïbes.
La colonisation quant à elle, action de prendre possession d’un territoire étranger dans le but d’en exploiter les ressources, n’est rien d’autre qu’une adaptation du Capital pour assouvir ses besoins indécrottables de gain vampirique. La colonisation des pays africains, en particulier ceux à fort potentiel de ressources est l’occasion pour les pays industrialisés d’accéder quasi gracieusement aux matières premières, aux capitaux et aux marchés des pays colonisés. L’esclavage comme la colonisation, ces pires calamités que l’humanité ait vécues, partagent l’objectif cynique du Capital de s’accaparer égoïstement des richesses produites par le couple (Capital - Travail) durant les deux premières révolutions industrielles.
Déterminés plus que jamais à atteindre leurs objectifs, les capitaines d’industries ont littéralement changé de méthodes durant la troisième révolution industrielle dite mondialisation, mais particulièrement durant la quatrième du genre, celle de nos jours, dénommée révolution 4.0 (quatre point zéro) connue aussi sous les noms de révolution digitale, virtuelle ou numérique.
Durant cette dernière, le Capital a troqué l’emploi de la force (esclavage et colonisation) à l’investissement intelligent dans l’innovation technologique guidée vers ses objectifs immuables, à savoir l’anéantissement de la force humaine de Travail, à défaut d’en disposer gracieusement. L’idéal pour l’humanité aurait été d’encourager le progrès technique orienté vers le progrès social
Les premières conséquences de la révolution digitale sont révélatrices du péril certain, si l’on n’y prend garde, de l’avenir du travail, la force humaine de travail étant de plus en plus robotisée, remplacée par des machines. Au même moment, on assiste à la mise à mort par injection létale du mouvement syndical.
En quoi faisant ? Jadis, pour construire un building de dix, vingt étages, il fallait au moins une centaine d’ouvriers et de manœuvres en plus d’une dizaine de spécialités en BTP. A présent, il suffit de trois à quatre ouvriers pour simplement manipuler des robots qui font tout le travail de construction de toute sorte en BTP. Ce, en un temps record. Tout le reliquat de la main d’œuvre humaine disparait.
Sur le plan de la finance, les banques et établissements financiers sont de plus en plus délocalisés dans nos smartphones. L’employé préposé aux décaissements et aux encaissements (transferts d’argent) n’a ni contrat de travail, ni salaire. L’opérateur qu’il représente lui rétrocède, à sa discrétion, un taux minimal sur les opérations effectuées journellement. Il n’a aucune possibilité de négocier ce taux, et ne veut prendre le risque de bouder ce poste tant convoité par des centaines voire des milliers de jeunes chômeurs. Dans le domaine de l’éducation, même scénario : l’intelligence au lieu d’être la production de professionnels enseignants férus, est en voie d’être artificialisée pour remplacer, à terme tout le système éducatif actuel et son personnel avec.
Au niveau du commerce, la digitalisation a franchi un grand pas. Nous n’en voulons pour preuve que les supermarchés, installés un peu partout à Dakar et dans toutes les villes du pays. Grouillant de monde d’antan, ils sont aujourd’hui réduits à une poignée d’employés et rattachés à de nombreux «tiak tiak» livreurs. Les clients restent chez eux, passent leurs commandes en ligne ou au téléphone et se font livrer par motos ( tiak tiak, au Sénégal), véhicules ou camions, selon la nature de la marchandise commandée
La réduction du personnel, et le télétravail, labels de la révolution industrielle 4.0, sont les armes fatales utilisées par la puissance financière, pour liquider inéluctablement le travail humain et le mouvement revendicatif, syndical en particulier. Comment en serait-Il autrement ? Le lieu de travail qui a toujours été et demeure le fondement et le ciment du mouvement syndical est en train d’être phagocyté par le télétravail. On sera ainsi des centaines, voire des milliers de travailleurs et collègues qui ne se connaissent pas, qui ne se voient jamais. Comment mener le syndicalisme et élaborer des plateformes revendicatives dans ce contexte ? Comment organiser une mobilisation de masse, déterminante pour l’acquisition de concessions du Capital ?
En attendant l’effet finale de la dose létale injectée à la force humaine du Travail, par la puissance de la finance, le Capital livre son dernier face à face avec le Travail. Pour se faire, il use de pas mal de subterfuges visant à endormir son vis-à-vis afin de s’épargner du soubresaut de riposte de celui-ci.
La stratégie conçue et mise en œuvre, consiste à réformer sournoisement les concepts de gestion de la force du Travail pour mieux nous (force du travail) endormir.
Après l’abolition de l’esclavage et du travail forcé, suivie de la décolonisation, le Capital passe au salariat. Au début de cette nouvelle phase, les formes d’organisation pour la gestion de la force du travail étaient dévolues à un « chef », appelé chef du personnel. Au fil du temps, le concept devient de plus en plus galvaudé et revêtfinalement une connotation qui suscite la bravade
Pour contourner cette situation embarrassante, afin de mieux anesthésier la force du Travail, les capitaines d’industries changent de concept et substituent au chef de personnel le Directeur des Ressources Humaines. Directeur pour plus de valeur, Ressources humaines pour nous (force du travail) faire croire d’être élevés au rang des ressources si chères au Capital.
Cette stratégie d’endormissement ne s’arrêtant pas en si bon chemin, avant de soupçonner que les conséquences désastreuses de l’évolution technologique (telle que conçue par la puissance de la finance) peuvent mettre en péril l’avenir du Travail, le Capital trouve une nouvelle astuce, le Directeur des Ressources Humaines devient alors Directeur du Capital Humain. C’est, selon eux, le top, comme pour nous dire : vous (Travail) êtes enfin au même niveau et avez la même valeur que nous (Capital).
Aujourd’hui, la phase pointue de l’infinie confrontation Capital / Travail, dépasse largement les deux antagonistes et met en lice d’autres acteurs représentants subtiles de chacun des deux camps.
Nous pouvons citer par exemples les partis politiques qui sont les terrains d’application des idéologies engendrées par cette lutte dont les deux pionnières mais aussi les principales sont le Capitalisme et le Socialisme : le capitalisme mu par l’accaparement des richesses produites par le fameux couple Capital/Travail, d’une part, de l’autre le Socialisme s’escrimant pour le partage juste et équitable de ces mêmes richesses.
Naturellement, les partis d’obédience respective, prolongent la confrontation dans un autre contexte pour la conquête du pouvoir politique, afin de défendre et de préserver leur camp une fois aux affaires.
Dans les mêmes conditions, d’autres étapes de cette bataille ont eu à impliquer l’élite intellectuelle engagée. On se rappelle la création de la première internationale ouvrière à Londres le 28 septembre 1868 avec l’encadrement de Karl Marx, auteur du manifeste de la première internationale ouvrière. L’objectif de ce parti politique créé par l’élite intellectuelle engagée, fut d’accompagner les luttes ouvrières à travers le monde, partout où le Capital sévit.
De même, lors de la deuxième révolution industrielle, animée des mêmes buts, cette autre élite intellectuelle, représentée notamment par les socialistes Jules Geste, Jean Jaurès, Léon Bloum, met sur pied la Section Française de Internationale Ouvrière (SFIO) avec l’appui déterminant de Friedrich Engels, venu de son Allemagne natale.
L’élite intellectuelle engagée n’a jamais été en reste, quand il s’est agi d’accompagner les luttes des masses laborieuses pour le progrès social. Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine qui a suscité et accompagné la révolution bolchévique aux cotés des masses ouvrières paysannes en est un modèle patent
A l’ère actuelle de la révolution 4.0, le niveau d’exacerbation du combat qui oppose le Capital au Travail est tel que son impact immédiat c’est une forte menace sur l’avenir du travail. Mieux, c’est la survie de l’humanité tout entière qui est en cause en ce moment. Aujourd’hui plus que jamais, il s’avère impérieux que la gouvernance de l’humanité trouve les dispositions idoines pour imposer un nouveau contrat social prenant en charge, entre autres exigences, la redistribution juste et équitable des richesses produites par les robots qui n’ont, aucun besoin vital et ne posent aucune revendication, qui plus est, exécutent à merveille les programmes prédéfinis.
L’atteinte des objectifs de ce nouveau contrat social conditionne la survie de l’espèce humaine et même animale. Au-delà du mouvement syndical et de l’ensemble du mouvement revendicatif organisé dans des cadres appropriés, l’implication, comme par le passé, de tous les militants du progrès social de quelque bord où ils se situent, est un impératif pour intégrer dans la gouvernance de l’humanité ce nouveau contrat social qui place l’homme au centre des préoccupations.
Sans cette union sacrée, inclusive, aucune autre alternative n’est possible pour éviter à l’humanité une fin du monde anticipée. J’ose croire que cette imminente et ultime catastrophe nous sera épargnée par miracle ou par l’éveil d’une conscience collective bien organisée.
Je ne saurais terminer ma contribution sur un sujet aussi préoccupant que les dérives et menaces que le système économique mondial fait peser sur l’humanité, sans faire appel aux positions de Joseph Stiglitz, le dernier des Mohicans de l’élite intellectuelle engagée. Il fut prix Nobel d'économie, ancien conseiller de Bill Clinton. Pour justifier sa démission en novembre 1999 du poste d'économiste en chef et de vice-président de la Banque mondiale il dira :"plutôt que d'être muselé, j'ai préféré partir "Dans ses nombreux ouvrages il n’a cessé d’alerter sur les dérives et avatars du système économique et financier mondial ultralibéral.
Je ne m’en réfère ici qu’à trois de ses ouvrages, «quand le Capital perd la tête», «la grande désillusion» et «le prix de l’inégalité». Il disait ceci dans la première cité : «aujourd'hui, la mondialisation, ça ne marche pas. Ça ne marche pas pour les pauvres du monde. Ça ne marche pas pour l'environnement. Ça ne marche pas pour la stabilité de l'économie mondiale».,.
Dans son ouvrage «le prix de l’inégalité» il nous enseigne : «face à la montée des indignations dans un contexte de crise financière mondiale, pourquoi le système économique actuel ne fonctionne plus pour la grande majorité de la population, pourquoi l'inégalité s'aggrave de façon considérable et quelles en sont les conséquences. L'inégalité a un prix, elle est à la fois la cause et la conséquence de la faillite du système politique et elle alimente, au sein du système économique, une instabilité et une inefficacité qui l'aggravent à leur tour. Un véritable cercle vicieux s'instaure, qui plonge les citoyens dans l'abîme et met à mal leur confiance dans la démocratie. Cette situation résulte d'une politique qui a modelé le marché afin qu'il avantage les plus riches».
Militants du progrès social de tous bords, unissons-nous.
LE DEPART DES ARMEES FRANÇAISES COUTERA 162 EMPLOIS A TEMPS PLEIN
A partir du 1er juillet 2025, le départ des armées françaises du mettra au chômage 162 Sénégalais membres du personnel des Eléments français au Sénégal (EFS). La demande de leur licenciement collectif a été introduite auprès de l’inspection ...
A partir du 1er juillet 2025, le départ des armées françaises du mettra au chômage 162 Sénégalais membres du personnel des Eléments français au Sénégal (EFS). La demande de leur licenciement collectif a été introduite auprès de l’inspection régionale du travail par le général de brigade Yves Aunis, chef des EFS dans un courrier publié sur les réseaux sociaux.
Dans la correspondance en date du 27 janvier 2025, le commandant des EFS justifie ce licenciement collectif par la décision du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye de nette « fin (à) toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal, dès 2025 ». Les sources invoquées sont « ses allocutions du 28 novembre 2024 et du 31 décembre 2024 ». Pour l’officier supérieur français, « cela inclut donc la fermeture des bases militaires françaises ».
Les 162 Sénégalais des EFS sont tous employés sous contrat à durée indéterminée (CDI) dont 12 délégués du personnel titulaires et suppléants, rapporte le courrier précité.
« Nous souhaitons bénéficier de votre accompagnement y compris pour les éventuelles autorisations nécessaires dans cette situation de force majeure qui s’impose aux EFS », écrit le général Aunis à l’inspecteur régional du travail.
Cette cohorte de potentiels nouveaux chômeurs devrait être élargie à plusieurs dizaines d'autres personnes travaillant indirectement avec les EFS et à des sous-traitants devenus clients des armées françaises au Sénégal, soulignent plusieurs sources citées par des médias.
Même si l'engagement de ces 162 Sénégalais avec les EFS est de nature privée, leur sort va interpeller le gouvernement sénégalais au plan social. A ce titre, des voies et moyens de les réintégrer tous ou en partie dans un tissu productif ou opérationnel pourraient être étudiés.
Bien avant leur arrivée au pouvoir en avril 2024, les autorités sénégalaises avaient fait part de leur volonté de promouvoir une nouvelle doctrine de coopération militaire dont l’architecture serait sous-tendue par l’absence de bases militaires étrangères sur le territoire national. Une option réaffirmée par le président Bassirou Diomaye - dans plusieurs médias français - le 30 novembre 2024, veille de la commémoration du 80e anniversaire du massacre des Tirailleurs sénégalais de Thiaroye.
Depuis, les autorités militaires des deux pays se sont rencontrés á plusieurs reprises à Dakar pour mettre en musique le départ des EFS. En janvier dernier, le général français Pascal Ianni, chef du commandement français pour l’Afrique (AFRICOM des Etats-Unis en version française), a séjourné dans la capitale sénégalaise à cet effet. En septembre 2025, le retrait militaire français du Sénégal devrait être pleinement effectif, selon des médias français.
Partie du Mali, du Niger et du Burkina Faso, pays de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (C-AES) avec qui elle s’est politiquement brouillée, mais aussi du Tchad, la France s’est par contre entendue avec la Côte d’Ivoire pour retirer ses forces militaires. C’est ainsi que les bases dont elle y disposait ont commencé à être libérées. Celle d'Abidjan passera sous commandement ivoirien le 20 février 2025 au cours d'une cérémonie qui sera présidée par les ministres de la Défense des deux pays, a rapporté l'AFP.
Auparavant, le 31 décembre 2024, le président ivoirien Alassane Ouattara avait lui-même annoncé la rétrocession du camp du 43e BIMA (Bataillon d'infanterie de marine) située dans la commune abidjanaise de Port-Bouët.
La base militaire de Libreville reste en activité avec les Eléments Français du Gabon (EFG). Elle devient ainsi pour Paris l’unique « Pôle opérationnel de coopération » après le départ des Eléments Français du Sénégal (EFS).
Toutefois, la plus grande base militaire de la France sur le continent n’est pas prête d’être lâchée : Djibouti et ses 1500 personnels militaires et civils.