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26 novembre 2024
Opinions
Par Madiambal DIAGNE
JE REFUSE DE CROIRE QUE MACKY SALL VOUDRAIT GARDER LE POUVOIR
Pour la première fois, la majorité parlementaire du camp de Macky Sall s’allie officiellement avec le Pds, et à quelle fin ? Une action, sorte de collusion, destinée à jeter le discrédit sur le Conseil constitutionnel
Le Président Macky Sall indique que le calendrier électoral sera rigoureusement respecté et que le premier tour de l’élection présidentielle se déroulera normalement le 25 février 2024. Il l’avait confié en privé à des proches et à de hautes autorités religieuses, qui devenaient sceptiques quant à l’intention du pouvoir de respecter ledit calendrier. Il faut avouer que l’on n’avait pas manqué d’être choqué par la remarque narquoise d’un chef religieux, qui se demandait si on pouvait croire encore aux assurances données par le président de la République sur cette question. Mais Macky Sall a été amené à le redire en public, le 26 janvier 2024, à l’occasion de la Ziarra annuelle de la famille omarienne. On peut le croire sur parole, car sa posture et son statut ne devraient pas l’autoriser à agir autrement. Aussi, toute autre démarche de sa part équivaudrait à détruire de ses propres mains tout ce qu’il a construit durant son magistère et véritablement, il pâlirait devant l’œuvre de ses prédécesseurs. En effet, il a hérité d’un Sénégal avec des institutions démocratiques qui fonctionnent et une stabilité que lui envie toute l’Afrique. Le moins qu’on attendrait de lui est qu’il transmette le pouvoir à un successeur, dans les mêmes conditions de paix et de légalité républicaine et démocratique.
Karim Wade allume un feu qui ne le brûlera pas
La décision du Conseil constitutionnel rejetant la candidature de Karim Meïssa Wade à l’élection présidentielle a poussé le Parti démocratique sénégalais (Pds) et son leader charismatique et historique, Abdoulaye Wade, à rejouer la seule musique qu’ils savent jouer, c’est-à-dire celle des attaques, des accusations, des invectives et des menaces contre les institutions de la République et singulièrement les magistrats. Opposants, Abdoulaye Wade et ses camarades avaient acculé des membres du Conseil constitutionnel jusqu’à ce que son président, Kéba Mbaye, démissionne en plein processus électoral. Son vice-président, Babacar Sèye, a été victime des balles tueuses de la bande à Amadou Clédor Sène. Abdoulaye Wade, devenu président de la République, s’empressa de les libérer pour ensuite faire adopter une loi d’amnistie pour effacer leur crime. Cette même bande avait criblé de balles le domicile du juge Youssoupha Ndiaye, qui avait remplacé Kéba Mbaye. Durant tout son magistère, le Président Abdoulaye Wade n’a eu de cesse de pourfendre le Conseil constitutionnel et ses membres, qu’il aura pourtant nommés, chaque fois qu’ils ont eu l’outrecuidance de s’éloigner de ses volontés. En cherchant à jeter l’opprobre sur le Conseil constitutionnel dont la dissolution est exigée par son parti, avec la conséquence qui sera fatalement un brutal coup d’arrêt au processus électoral, Karim Wade parle de corde dans la maison d’un pendu. Il a certes de qui tenir, mais force est de dire qu’il joue un rôle bien trop facile. En effet, il ne lui arrivera rien de fâcheux, si le feu prend au Sénégal du fait de son initiative. Des Sénégalais pourront en mourir, le pays pourra être à feu et à sang, mais le déluge ne le rattraperait pas jusqu’à son exil doré de Doha.
Ce qui accuse Macky Sall
Un groupe de candidats recalés avait demandé le report de l’élection présidentielle et s’était fendu d’une missive hérétique adressée au chef de l’Etat pour lui demander d’intervenir dans le processus électoral.Contre toute attente, lePrésident Sall les recevra en audience, pouvant donner l’impression de son intrusion illégale dans les attributions du Conseil constitutionnel. L’audience tourna court et dans un communiqué, la présidence de la République a tenu à réaffirmer le respect du calendrier électoral et a restauré le rôle et les attributions souveraines du Conseil constitutionnel. Les apparences sont sauves. Abdoulaye Wade, qui place toujours son fils Karim au-dessus de tout et de tout le monde, avait demandé la dissolution du Conseil constitutionnel qui a osé refuser la candidature de son héritier. Cet appel était inaudible. Mais le Pds a surenchéri en saisissant le 24 janvier 2024, l’Assemblée nationale d’une demande de mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire sur de supposés faits de corruption au Conseil constitutionnel. Le Pds ne dit pas encore qui a corrompu qui et comment, mais fait savoir partout qu’il détiendrait des preuves accablantes. Dans une procédure d’une rapidité vertigineuse, l’Assemblée nationale pose chaque jour un acte avec une cadence inouïe. Le Bureau de l’institution a été réuni instamment le jeudi 25 janvier 2024 pour donner une suite à la demande de mise en place de la Commission d’enquête. La Conférence des présidents se réunit le 26 janvier 2024 pour jouer sa partition et fait inscrire à l’agenda de la Commission des lois, cette demande en l’invitant à se réunir le premier jour ouvrable suivant, à savoir le lundi 29 janvier 2024. Des députés croient savoir que l’affaire sera inscrite à l’ordre du jour de la séance plénière prévue pour le mardi 30 janvier 2024 pour son adoption. Le Bureau de l’Assemblée nationale, encore moins la Conférence des présidents, n’a encore vu les fameuses preuves. Quelques journalistes triés sur le volet ont été appelés à écouter quelques extraits sonores de conversations ou à lire des bouts de courriels échangés. Assez léger me direz-vous, encore que la propension qui a cours au Sénégal, ces dernières années, de violer publiquement l’intimité et la vie privée des personnes sur les réseaux sociaux, n’est pas encore de mise dans le cas d’espèce. On peut bien présumer que si des preuves irréfutables existaient, elles seraient déjà sur la place publique pour alimenter les discussions dans les chaumières. La classe politique ne nous a pas habitués à autant de retenue et de pudeur !
De quoi le Conseil constitutionnel serait-il coupable ? D’avoir strictement dit le Droit dans le cas Karim Wade. C’est-à-dire de refuser à un candidat qui a fait une fausse déclaration dans son dossier, de pouvoir revenir pour régulariser sa candidature avec une pièce justifiant postérieurement un état ou une situation. Le Conseil constitutionnel aurait d’ailleurs pu demander au Parquet d’ouvrir des poursuites pénales comme il a eu à le faire avec un autre candidat qui avait présenté une fausse liste de députés dans son dossier de parrainage.
Le parti présidentiel, l’Alliance pour la République (Apr), a sorti un communiqué pour s’associer à l’initiative du Pds. Le crime est signé. Seulement, aucun calcul politicien ne devrait autoriser un tel acte. Pour la première fois, la majorité parlementaire du camp de Macky Sall s’allie officiellement avec le Pds, et à quelle fin ? Une action, sorte de collusion, destinée à jeter le discrédit sur le Conseil constitutionnel, une institution de la République, et entacher l’honorabilité de ses membres qui ont tous été nommés par Macky Sall lui-même. Sacrilège ! Il apparaît surréaliste que le régime politique qui avait fait condamner Karim Wade pour prévarication de ressources publiques et l’a accablé jusqu’à le pousser à l’exil, se réveille un beau matin, sans la moindre explication ou repentir ni contrition, pour l’absoudre de tout et chercher à pactiser avec lui. Peut-on s’imaginer que les magistrats ne feront pas bloc autour de leurs collègues ? Il aura sur les bras un lourd contentieux qu’aucun chef d’Etat n’a jamais eu avec la Magistrature de son pays.
Oseront-ils franchir le Rubicon pour recourir à l’article 52 de la Constitution et donner des pouvoirs exceptionnels au président de la République ?
Tout cela procèderait-il d’un plan ourdi pour maintenir Macky Sall au pouvoir ? Le cas échéant, rester au pouvoir sans aucune base légale, à la fin de son mandat constitutionnel, équivaudrait à un coup d’Etat institutionnel. Je ne vois pas Macky Sall s’engager dans une voie aussi dangereuse pour lui-même et pour la Nation. Il créerait les conditions favorisant de graves troubles politiques. On sait qu’il est si fier et a une haute estime de soi pour finir comme certains de ses pairs africains. Aussi avait-il expliqué tenir tant à sa parole donnée, jusqu’à renoncer à une candidature pourtant parfaitementlégale pour la Présidentielle de 2024. Franchement, il ne peut pas renoncer à une possibilité légale pour se risquer à emprunter des chemins de traverse et se voir accusé d’être un vulgaire putschiste. Macky Sall sait aussi que ses courtisans qui l’enjoignent, au vu et au su de tout le monde, à garder le pouvoir, ne l’aiment pas tant pour l’avoir déjà insulté publiquement quand ils étaient en disgrâce ou en désaccord avec lui. Dans un tel schéma, Macky Sall sera l’unique perdant et compromettra toute son aura et le bel avenir qui s’ouvre devant lui à son départ du pouvoir. Il est assez intelligent pour ne pas se laisser embarquer dans une telle folie. Au demeurant, l’accusation contre des juges du Conseil constitutionnel pourrait les pousser à démissionner, mais le cas échéant, l’institution ne continuerait pas moins de délibérer valablement, encore que le président de la République aurait la latitude de nommer, dans la minute qui suivra, des juges pour les remplacer. Pour ma part, je supplie ces juges de rester stoïques et de demeurer à leurs postes pour ne pas faire le jeu de leurs pourfendeurs. Aussi devraient-ils refuser de répondre aux éventuelles convocations de cette Commission d’enquête parlementaire. Les conjurés ne pourront ainsi rien attendre de cette Commission d’enquête autrement que de jeter en pâture des magistrats. Qu’ils sont bien bavards ces conjurés ! C’est ainsi qu’on sait qu’ils entendent créer, par ce moyen, un conflit artificiel entre le Conseil constitutionnel et l’Assemblée nationale. Mais on oublie qu’il appartient au Conseil constitutionnel de juger des conflits entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. En d’autres termes, le Conseil constitutionnel ne peut être en conflit avec aucun autre pouvoir. L’institution continuerait d’ignorer royalement la Commission d’enquête parlezentaire qui violerait le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs. Il ne faudra pas non plus aller vite en besogne, car on ne saurait préjuger du vote final. Qui pourrait être assuré que la totalité des députés de Benno bokk yaaakar (Bby) vont voter aveuglément avec le Pds ? Quelle sera l’attitude des députés de l’opposition comme ceux de l’ex-Pastef, du Pur, de Taxawu Senegaal ou des députés non inscrits ? Et le plus absurde est que la demande du Pds est portée par des membres de l’Apr, qui sont assez connus pour manifester une hostilité ouverte à l’endroit du Premier ministre Amadou Ba, candidat désigné par Macky Sall. On sait aussi qu’ils se feront un plaisir à mieux lui savonner la planche, en cherchant à l’humilier et l’accuser d’avoir corrompu les magistrats. Le Premier ministre sera le premier client à être entendu par la Commission d’enquête. A sa place, je ne répondrais pas à leur convocation, car l’Assemblée nationale n’a pas compétence pour enquêter sur des faits délictuels relevant exclusivement de la compétence du judiciaire. En sa qualité de Premier ministre, il ne doit pas participer à saper les fondements de l’Etat de Droit et de la séparation des pouvoirs.
Les candidats Khalifa Sall, Idrissa Seck, Mohammed Dionne et autres, gardent-ils le silence parce que l’opération pourrait affaiblir Amadou Ba ?
La mise en place de la Commission d’enquête ne pourra certainement pas être un acte suffisant pour invoquer le blocage des institutions ou une situation devant autoriser le recours à l’article 52 de la Constitution, pour donner les pleins pouvoirs au président de la République. Dans le texte de la Constitution du Sénégal, on lit : «Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité du territoire national ou l’exécution des engagements internationaux sont menacées d’une manière grave et immédiate, et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ou des institutions est interrompu, le président de la République dispose de pouvoirs exceptionnels.Il peut, après en avoir informé la Nation par un message, prendre toute mesure tendant à rétablir le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions, et à assurer la sauvegarde de la Nation (...).» Les «pleins pouvoirs» autoriseront-ils à reporter l’élection présidentielle ou à dissoudre le Conseil constitutionnel et créer une situation d’exception sur une année par exemple, comme l’a déjà précisément indiqué le Pds ? On a connu la spirale du report des élections en Côte d’Ivoire où, à force de reports répétés, d’une année à une autre, le Président Gbagbo avait obtenu «un mandat cadeau». Seulement, on sait comment l’histoire s’était tristement terminée. On ne soulignera jamais assez le jeu d’apprentis-sorciers assis sur des barils de poudre et s’amusant avec du feu. Jusqu’où tout cela pourra-t-il mener ? A l’autodafé du Conseil constitutionnel comme cela avait été le cas avec le Reichstag en Allemagne ? Il est de la responsabilité du Président Macky Sall de mettre un terme à ces graves périls qui guettent la Nation. Il en a les moyens, il lui suffira simplement de tenir un langage clair, sans ambiguïté aucune, à son camp, pour dire qu’il ne saurait cautionner des pratiques aux antipodes de la légalité. Abdoulaye Wade n’avait pas pu le réussir en 2012 pour garder le pouvoir par le truchement de l’offre d’un rabiot de deux ans préconisé par l’ancien Président nigérian Olesegun Obassanjo et le «droit-de-l’hommiste» Alioune Tine. Justement, cela n’avait pas pu se faire parce que Macky Sall s’y était farouchement opposé. (Voir notre chronique du 22 janvier 2024).
Macky Sall peut-il préférer Karim Wade à Amadou Ba ?
La question reste entière : Macky Sall sera-t-il à la hauteur de son rôle constitutionnel, celui de garant des institutions ? Il s’est engagé à préserver la paix civile et l’ordre républicain, et à rendre le pouvoir à l’issue d’une élection démocratique et transparente. S’il s’est exclu lui-même, de son plein gré, de la compétition électorale, contre l’avis de nombre de ses proches, on ne peut pas le croire possédé par un quelconque démon pour chercher à tordre le cou à la légalité et risquer ainsi de s’éclabousser pour chercher à donner le pouvoir à un autre.
Encore une fois, je ne le crois pas si décevant, en se montrant capable d’une telle forfaiture. Je sais également qu’il ne peut pas préférer Karim Wade à Amadou Ba. Alors, je reste à Abidjan pour encourager l’équipe nationale de football, engagée dans la Coupe d’Afrique des nations, et encore avoir des raisons d’être toujours fier de mon beau pays, le Sénégal.
par Abdoul Mbaye
QUEL DÉSASTRE !
Comment le Conseil constitutionnel peut-il accepter de confier à un des candidats en compétition le contrôle du respect de la condition essentielle pour pouvoir être candidat, fut-ce par le biais d’agents obéissant à ses ordres ?
La décision n°2/E/2024 du 20 janvier 2024, rendue par le Conseil constitutionnel du Sénégal, établit la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Elle entachera longtemps l’histoire judiciaire de notre pays. Elle est en effet le résultat manifeste d’incompétences et d’erreurs aisément perceptibles par tout citoyen, tout observateur étranger, au fait ou non de la science juridique.
Commençons par rappeler que le système de parrainage citoyen sénégalais (SPCS dans la suite du texte) est une incongruité imposée par le président de la République préparant sa réélection en 2019. Elle fut mise en pratique tout en étant impossible à appliquer.
De l’incompétence du Conseil Constitutionnel à pouvoir contrôler le parrainage SPCS
En l’introduisant comme condition à respecter par tout candidat à l’élection présidentielle, l’article 29 de notre Constitution définit le parrainage comme « la signature » d’un électeur. Ce faisant le parrainage est impossible à reconnaître et à contrôler par le Conseil constitutionnel qui en a la responsabilité. Il lui est en effet impossible de vérifier des millions de signatures en quelques jours.
Dans un pays subissant la toute-puissance du chef de l’État, le juge constitutionnel de 2018 (date de la réforme constitutionnelle contestée par l‘opposition dont les manifestations ont été réprimées avec la plus grande violence) n’a pas eu le courage de souligner cette impossibilité.
Face à cette incompétence de fait à pouvoir contrôler et valider lui-même les parrainages, le Conseil constitutionnel s’est déchargé de cette tâche au profit de fonctionnaires de l’État. L’impossibilité du contrôle demeurant, il leur a été nécessaire d’abandonner le parrainage défini comme « signature », de violer la Constitution, et de l’apprécier sous la forme d’une saisie, à la fois sur un formulaire papier et sur une feuille Excel, de plusieurs données figurant sur les cartes d’identité et d’électeurs. Seule la feuille Excel peut être contrôlée.
De l’incompétence des fonctionnaires en charge du contrôle des parrainages
L’indépendance supposée du juge constitutionnel est une donnée fondamentale de son choix comme juge des élections. Le contrôle du respect des conditions pour pouvoir être candidat à l’élection présidentielle lui est confié à ce titre ; parmi elles la contrainte du nombre de parrains valides. Lorsqu’il s’en décharge au profit de fonctionnaires de l’administration, l’indépendance disparaît. Le fonctionnaire est en effet aux ordres de sa hiérarchie directe. En particulier lorsque le président de la République sortant est candidat ou lorsqu’il propose et soutient un candidat de surcroît Premier ministre et donc chef de l’Administration à laquelle les fonctionnaires sollicités appartiennent.
Comment le Conseil constitutionnel peut-il accepter de confier à un des candidats en compétition le contrôle du respect de la condition essentielle pour pouvoir être candidat, fut-ce par le biais d’agents obéissant à ses ordres ?
Par délégation de ses pouvoirs, le Conseil constitutionnel transforme ainsi l’une des parties, l’un des candidats, en juge constitutionnel chargé du tri des candidats. On ne peut donc s’étonner de toutes ces anomalies constatées dans le cadre du processus de contrôle mis en place. On peut relever parmi elles :
• Le chargement, dans l’ordinateur du préposé, du contenu de la clé USB exigée au candidat avant sa mise sous l’enveloppe scellée qui sera ouverte au moment du contrôle prétendu contradictoire en présence de la Commission présidée par le président du Conseil constitutionnel. C’est pourtant le contenu de la clé qui doit être préservé et non la clé elle-même ;
• Le rejet de parrainages sur la base de fautes d’orthographe sur les noms et prénoms alors que l’erreur matérielle se trouve dans ceux utilisés en référence. Le plus cocasse étant que les erreurs du fichier utilisé comme référence sont souvent absentes du fichier électoral rendu disponible et accessible en 2022 ;
• L’ajout manifeste et systématique de caractères sur les saisies opérées par des candidats ;
• L’impossibilité soudaine de lire une clé USB dont le contenu a pourtant été « visité » au moment du dépôt de la même clé entre les mains du préposé ;
• L’impossibilité de contrôler les rejets dont le candidat est informé par rapport aux fiches papier remises puisqu’elles ne sont pas rendues de nouveau disponibles.
• Etc.
De l’illégalité du double parrainage à sa légalité décidée par le Conseil constitutionnel
L’article 19 de notre Constitution dispose : « Un électeur ne peut parrainer qu’un candidat ». Les articles L57 et L91 du Code électoral précisent le double ou triple parrainage comme un délit en matière électorale, et rendent son auteur passible de peines d’emprisonnement et d’amende. Dès lors comment peut-on retenir comme valide le parrainage délivré hors la loi ? c’est pourtant le cas au Sénégal. Le Conseil constitutionnel fait bénéficier le parrainage en doublon, et donc illégal selon la loi, au premier candidat qui le présente. Il ne cesse d’être valable que pour les autres. Le respect de la loi devrait pourtant conduire à son rejet quel qu’en soit le bénéficiaire, parce que délivré de manière délictuelle. Une analogie pourrait être tentée entre un recel accepté légal selon son premier rang dans une suite de recels.
De l’injustice du tirage au sort devenu critère de sélection des candidats
La validité reconnue au premier parrainage présenté, même s’il est découvert plus tard en doublon illégal, crée le problème de l’organisation du constat de l’antériorité du parrainage concerné. Seule la bousculade et le crêpage de chignons avaient départagé les mandataires des candidats lors de l’élection présidentielle de 2019. Le premier venu dû être conduit au poste de police pour que sa place revint au mandataire du président sortant.
Le dispositif a été amélioré ; la force a cédé la place au tirage au sort, sans mettre fin à la terrible injustice suivante : le premier sorti de l’urne ne perd aucun parrainage illégal en doublon, les pertes par les suivants sont de plus en plus nombreuses. Dans mon cas précis, sorti premier au tirage au sort, j’aurais été retenu candidat; en 61ème position, je n’ai pu l’être.
Cette grave injustice fait du Sénégal la seule démocratie au monde où les candidats à l’élection présidentielle sont choisis après un mécanisme de tirage au sort.
De l’erreur sur la binationalité du candidat Karim Wade
Les sept juges du Conseil constitutionnel ont signé leur décision le 20 janvier 2024. Ils ont rejeté la candidature du candidat Karim Wade en raison d’une déclaration sur l’honneur déposée en décembre 2023 par laquelle il attestait être exclusivement de nationalité sénégalaise.
Un décret français prouve que le 16 janvier 2024, Karim Wade a perdu sa nationalité française par renonciation (sollicitée donc avant cette date). La date de ce décret est antérieure à la décision rendue par le Conseil constitutionnel.
Le bon sens ne peut que retenir ceci : au moment de la signature de la décision, Karim Wade est de nationalité exclusivement sénégalaise. Peut-on oser imaginer que notre Conseil constitutionnel doive privilégier la référence à une déclaration retenue inexacte à la lecture de notre Constitution (Art.28) dont ils sont les véritables gardiens ? qu’est donc devenue notre Constitution si nos juges constitutionnels en retiennent une telle appréciation ?
Et la déclaration dont il est question ne serait fausse que parce que la renonciation déjà effective à sa nationalité française n’avait pas encore donné lieu à la signature d’un décret tardant dans les circuits administratifs !
Retenons que si le Sénégal a pu en arriver à ce niveau de déni de droit et de justice, c’est parce que le SPCS n’a été inventé que dans le but d’organiser des élections non inclusives dont sont écartés des concurrents susceptibles d’être gênants. La condamnation du SPCS par la Cour de Justice de la CEDEAO (Arrêt N°ECW/CCJ/JUD/10/21 du 28 avril 2021) n’a pas conduit l’État du Sénégal à respecter son statut d’État de droit. Il a maintenu le SPCS malgré la sévérité de cette condamnation dont il n’est pas inutile de rappeler les termes : « Dit que .. le Code électoral sénégalais, tel que modifié par la loi n°2018-22 du 04 février 2018 viole le droit de libre participation aux élections ; Ordonne en conséquence à l’État du Sénégal de lever tous les obstacles à une libre participation aux élections consécutifs à cette modification par la suppression du système de parrainage électoral ; lui impartit un délai de six (6) mois à compter de la notification qui lui en sera faite pour soumettre à la Cour un rapport concernant l’exécution de la présente décision ».
L’espoir de la restauration d’un processus électoral libre et démocratique doit être porté par la prochaine alternance politique sénégalaise. Elle est devenue indispensable pour la sauvegarde de la paix et de la stabilité de notre cher Sénégal.
Abdoul Mbaye est ancien Premier ministre, président de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT), membre de l’Alliance SENEGAL2024.
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
LA RÉPUBLIQUE CONTRE LA DÉMOCRATIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Alors que les Assises demandaient vainement que président et chef de parti soient dissociés, Macky Sall amplifie au contraire la fusion en se positionnant comme directeur de campagne de son Premier ministre
D’après certains journaux (PressAfrik, Senenews et Les Échos du 18 janvier 2024), Macky Sall aurait signé « une note le 14 janvier dernier ès qualité de président de la coalition Benno Bokk Yakaar, pour demander aux uns et aux autres de mettre en place leurs comités électoraux avant le 28 janvier prochain ». « Après l’étape du choix de son candidat, la coalition Benno Bokk Yakaar poursuit sa marche vers l’échéance de l’élection présidentielle du dimanche 25 février 2024 », aurait écrit Macky Sall.
Macky Sall s’érige donc de facto en directeur de campagne du candidat Amadou Ba. « Un directeur de campagne est une personne chargée d'organiser et de conduire une campagne électorale. À la tête de l'équipe de campagne, il s'occupe de mobiliser tous les moyens nécessaires en faveur de son candidat. » (Wikipedia)
Le président de la République, lui, est censé être, constitutionnellement, le garant du fonctionnement impartial de nos institutions. En période d’élections, ces institutions sont supposées être équidistantes des candidats. Mais ce président nous a habitués à se situer au dessus de la loi .Ce qui m’amène d’ailleurs à penser qu’au fond, il ne comprend pas ce que « État de droit » veut dire ou alors il le viole en toute connaissance de cause en « fonction des circonstances » (dixit Macky Sall)
Pourtant, il nous a bien affirmé être l’auteur de notre Constitution de 2016. Mais la loi, c’est lui. La République c’est lui. Les complots et la triche, c’est aussi lui.
Macky Sall en tant qu’incarnation de la République nous a solennellement promis des élections “libres transparentes inclusives et démocratiques”. Ce qui implique que tous les concurrents vont pouvoir competir de manière équitable. Mais au contraire, il s’est acharné depuis trois ans à éliminer Ousmane Sonko en instrumentalisant les institutions de la République.
Comment peut-il garantir que la Constitution sera respectée s’il se retrouve directeur de campagne d’un des candidats ? Ne va-t-il pas privilégier le « parti avant la patrie » ? Va-t-il respecter les décisions de la Cour constitutionnelle ou ourdir un nouveau complot visant à discréditer la Cour et dans la foulée reporter l’élection en complicité avec le PDS ? Va-t-il nous épargner les fraudes avant pendant et après l’élection et nous assurer de la disponibilité d’un fichier électoral sincère et fiable, tout en tenant le scrutin à date échue ?
Nous connaissons déjà la réponse qui s’inscrit dans la trahison systématique de son serment et de tout un chapelet de mesquineries qu’il continuera à dérouler jusqu’à la fin.
Un président directeur de campagne et son candidat Premier ministre constituent un duo qui contrôle les administrations centrales et territoriales y compris la gestion des élections. Ce duo contrôle aussi toutes les forces censées sécuriser le scrutin. Il contrôle également les finances de l’État et les fonds politiques, en plus de la diplomatie, du narratif à l’international et des médias nationaux.
Une présidence et un gouvernement entièrement soudés pour faire gagner l’APR au travers du directeur de campagne de l’APR. C’est tout simplement obscène. C’est la République contre la démocratie (aussi Imparfaite que soit cette dernière).
Alors que les Assises demandaient vainement que président de la République et chef de parti soient dissociés, voilà que Macky Sall amplifie au contraire la fusion en se positionnant comme directeur de campagne de son Premier ministre.
Macky Sall vise bien évidemment à enferrer Amadou Bâ dans une double obligation de reconnaissance : (1) pour l’avoir imposé à son parti comme candidat, (2) pour lui avoir éventuellement fait gagner l’élection. Ce qui permettra de lui imposer un dispositif ou Macky Sall en tant que chef de parti maintient le président sous son autorité.
En effet, le 21 décembre dernier l’APR, lors de son congrès d'investiture a non seulement désigné Amadou Ba comme candidat mais a aussi consacré le
président Macky Sall à la tête du parti. Amadou Ba s’il venait, contre toute attente, à être être élu (et c’est là un grand SI) serait donc le premier président non pourvu du statut de chef de parti. L’exécutif serait de fait transféré de la présidence du pays à la présidence du parti.
Un troisième mandat qui nous revient par « la fenêtre » ? C’est tout simplement honteux. Ainsi, la République vide la démocratie de son contenu en privant arbitrairement l’électeur du libre choix de son candidat et de son président en manipulant l’élection de manière cynique.
La République persécute. La République triche. La République se déshonore.
Donc si nous voulons préserver et approfondir notre démocratie, il nous faudra impérativement changer de République. Faisons donc triompher la démocratie dès le 25 février en se débarrassant du duo Amadou Ba et Macky Sall.
Tous ces plans ? Un château de sable qui ne résistera pas à la bourrasque annoncée. Oui, dégageons les dès le premier tour.
Ni report ni chaos !
Personnellement, mon choix se portera sur Diomaye. Nous danserons avec lui de la prison au palais !
PAR Nioxor Tine
UNITÉ AUTOUR D’UNE PLATEFORME POLITIQUE DE TRANSITION
Les combats pour une reprise du parrainage citoyen sont futiles. Il faut « dé-présidentialiser » notre système politique en adoptant un régime parlementaire, dans lequel, le Premier ministre élu par le Parlement détient la réalité du pouvoir
Le peuple sénégalais, dans sa majorité, s’attend à ce que, dans un mois, jour pour jour, le 26 février prochain, en milieu de matinée ou plus tôt, le président sortant donne un coup de fil de félicitations– certes contraint - à M. Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
Cela suffira-t-il pour mettre, fin à la gestion autocratique et bananière de l’État sénégalais, qui s’est aggravée, ces douze dernières années ? Autrement dit, allons-nous assister à une véritable alternative sociopolitique avec mise à terre du système néocolonial ou à une nouvelle alternance comme les deux premières, avec son lot de reniements et d’incertitudes ?
Un processus électoral chaotique
La publication de la liste tout à fait arbitraire des candidats définitivement retenus pour concourir, lors de la prochaine élection présidentielle n’a fait qu’enfoncer le clou dans la plaie du sinistre processus du parrainage citoyen, qui a raté son principal objectif, qui était de contribuer à la rationalisation du nombre de candidats.
En effet, il est passé de 14 en 2012, période d’avant-parrainage à 20, en cette année 2024, même si l’expérience a prouvé que c’est le président de la coalition au pouvoir, qui tire les ficelles dans les coulisses, selon qu’il souhaite avoir un électorat dispersé ou non. On se rappelle des 47 listes lors des législatives de 2017, dont la plupart avaient été parrainées par le président Macky Sall, phénomène, qui s’est reproduit pendant les locales de 2022, avec les exemples emblématiques de Kolda et Dakar.
Pour la présente présidentielle, où leur formation politique court le risque de ne pas figurer parmi les deux premiers concurrents, en termes de suffrages engrangés, les spin-doctors du Benno-APR semblent à nouveau miser sur la dispersion des voix et sur la mobilisation massive de toutes les forces terrifiées, non seulement par la perspective d’une véritable reddition des comptes, mais aussi par l’idée que notre pays puisse enfin sortir du giron de la Françafrique.
Outre cette défaillance du système de parrainage, quant à la réduction du nombre de candidats, qui constitue un aspect quantitatif, on a également pu observer une carence qualitative, car le filtre mal conçu a disqualifié plusieurs candidats reconnus dans l’arène politique, censés être représentatifs et en même temps confirmé des dilettantes en politique ayant le plein droit de participer à la gestion de la cité.
Il s’agit de certaines personnalités qui, malgré tout le respect, qui leur est dû, se sont surtout distingués dans des domaines aussi divers que variés (volaille, parasitologie, humanitaire) où il est vrai, ils font des prouesses…etc.
Nous en appelons solennellement à leur patriotisme et à leur esprit citoyen pour refuser de servir de faire-valoir au putsch électoral en cours et qui pourrait singer le scénario gabonais, c’est-à-dire la proclamation de résultats fantaisistes.
Au total, à l’ombre des tirages au sort et des mystères digitaux, évoquant, selon Abdourahmane Diouf, un putsch électronique, que même des initiés ont du mal à décrypter, les magistrats du Conseil constitutionnel, non avertis en la matière, s’appuyant sur des experts de l’ombre, ont scellé le sort de dizaines de citoyens aspirant à compétir pour la magistrature suprême.
Une élection dévoyée
Ainsi, on a assisté à l’éviction programmée, depuis belle lurette du candidat Ousmane Sonko, à l’encontre de qui, plusieurs procédures judiciaires, toutes aussi grotesques, les unes que les autres avaient été enclenchées (pseudo-viol, diffamation d’un présumé gangster à col blanc).
L’exclusion du patriote en chef, porteur de tant d’espoirs populaires, n’a pu avoir lieu, que parce que des magistrats « ripoux » se sont pliés en quatre pour satisfaire – en mode fast track – la commande politique du président de la Coalition Benno Bokk Yakaar, accélérant le temps de la Justice, si lent habituellement…
De la même manière, l’élimination de Karim Wade de la compétition électorale, même si elle peut se justifier légalement (pour parjure), n’est pas forcément pertinente (politiquement parlant) - d’autant qu’il a fini par renoncer à la nationalité française -, eu égard aux milliers d’électeurs « égarés », qui comptaient voter pour lui et au vu du rôle historique du PDS.
Avec une quarantaine de candidats spoliés, dont sept aux fichiers dits inexploitables, l’exclusion du PDS, l’ostracisme manifeste envers le leader du Pastef, maintenant reconnu comme le leader le plus représentatif de l’opposition sénégalaise, il est clair que le scrutin du 25 février prochain ne répond pas aux critères minimaux de validité. Il peut, quand même servir de rampe de lancement à une dynamique de transformation sociale.
C’est le lieu de saluer la clairvoyance du staff dirigeant du Pastef, qui a trouvé la parade, devant l’entêtement du président Macky Sall à vouloir écarter M. Ousmane Sonko du jeu politique, avec la complicité de certains magistrats, en le rendant inéligible. Ils ont contourné ce piège en optant pour une solution alternative (un ou plusieurs autres candidats), donnant ainsi une leçon de démocratie interne à plusieurs leaders politiques, sans programme ni projet, gérant leurs formations politiques comme un patrimoine personnel, pouvant même être hérité par leurs descendants fussent-ils incompétents et/ou maladroits.
Néanmoins, du fait des violations flagrantes des normes régissant le processus électoral, sans oublier un fichier piégé, avec surreprésentation des départements du Nord et un ostracisme marqué des primo-votants, on peut considérer que le vainqueur de cette mascarade électorale souffrira d’un déficit patent de légitimité. Il devra donc être considéré comme un intérimaire chargé de conduire une transition vers une nouvelle République à refonder de fond en comble.
Comme pour les pays de la sous-région ayant connu des coups d’Etat militaires, il faudra s’atteler à rétablir un ordre constitutionnel normal, après trois années de quasi-État d’exception depuis les émeutes de 2021 et un sabotage méthodique du processus électoral, s’apparentant à un putsch civil, reposant sur des manipulations électroniques et l’instrumentalisation des institutions (DGE, CENA, Cour suprême, Conseil constitutionnel).
Un gouvernement d’union nationale de transition
Notre conviction est que les combats pour une reprise du parrainage citoyen ou le report de l’élection présidentielle sont futiles et d’arrière-garde.
Il faut radicalement soigner la quasi-totalité de notre classe politique, qui souffre du syndrome d’hyper-présidentialisme caractérisé par une gestion autocratique de leurs partis (très souvent des coquilles vides) et cette obsession morbide à vouloir être candidat, même si on ne doit récolter que des scores lilliputiens avoisinant le zéro.
Il faut donc « dé-présidentialiser » notre système politique en adoptant carrément un régime parlementaire, dans lequel, le Premier ministre élu par le Parlement détient la réalité du pouvoir ou tout au moins rééquilibrer, en profondeur, les pouvoirs au sein et entre les différentes institutions.
C’est pourquoi, il faudra aller vers l’adoption d’un programme commun de refondation institutionnelle dans lequel pourraient se reconnaître la plupart des hommes politiques de notre pays.
En effet, la réalité montre clairement que le système hyper-présidentialiste, tel que mis en place par notre premier président après la crise de 1962, est antinomique avec un véritable pluralisme politique. Pire, il est synonyme de velléités hégémoniques, de clientélisme, de corruption, d’atteintes aux libertés et de fraudes électorales.
Dans le même ordre d’idées, le devenir des partis ou coalitions ayant exercé le pouvoir dans notre pays interroge. Ils peinent à survivre et à garder leur cohésion, quand ils perdent leur pouvoir. La plupart de leurs cadres transhument ou créent leurs propres organisations groupusculaires, contribuant ainsi à aggraver la pléthore de partis que connaît notre pays et à amplifier la cacophonie sur la scène politique.
Le parti socialiste disloqué, réduit à une peau de chagrin et le parti démocratique réduit à un clan familial doublé d’un fan’s club de Me Wade, en sont la meilleure illustration.
Les forces patriotiques devraient donc se regrouper autour d’une plateforme politique, embryon d’un futur gouvernement d’union nationale de transition, chargé d’organiser, dans les plus brefs délais, des élections législatives transparentes et inclusives ainsi qu’un référendum sur une nouvelle Constitution comme celle issue de la Commission nationale de réforme des Institutions.
Un programme de rupture sera discuté et adopté de manière consensuelle. Il sera en rapport, aussi bien avec la nécessité d’une refondation institutionnelle bien comprise, le respect des droits et libertés, qu’avec le parachèvement de nos souverainetés politique, économique, monétaire et culturelle.
L’impact économico-financier de l’octuple Ballon d’Or sur le football américain est déjà palpable, quelques mois seulement après son arrivée au club floridien de l’Inter Miami
1,02 milliard de dollars de valorisation, 127 millions de dollars générés… Les données de l’Inter Miami sont vertigineuses en ce début d’année, à en croire la dernière évaluation de Sportico, plateforme numérique spécialisée dans le sport business.
L’étude révélée mercredi 24 janvier 2024 témoigne d’un bond en avant financier considérable pour la franchise nord-américaine de football co-détenue par l’ancien international anglais devenu homme d’affaires, David Beckham.
Selon les auteurs, il s’agit des retombées de l’arrivée de Lionel Messi au sein de l’équipe basée en Floride. Le champion du monde argentin dont la signature a été officialisée pour deux ans et demi en juin 2023, a drainé les foules dans les stades à travers le pays de même que les sponsors vers la MLS.
Un effet d’entraînement
De quoi faire passer le club du 10e au 3e rang des plus précieux de la ligue, grâce notamment à une hausse de plus de 74% de sa valeur sur une année. Les revenus ont également augmenté de 43% sur la même période.
Plus impressionnant, l’effet Messi ne concerne pas seulement l’Inter Miami. La valorisation moyenne des 29 équipes composant le championnat a ainsi grimpé de 16% pour atteindre 678 millions de dollars en 2023. La MLS a quant à elle généré environ deux milliards de dollars, en hausse de 27%.
Selon Sportico, la montée des audiences s’est manifestée par un abonnement massif au MLS Pass (près de deux millions), le service de streaming d’Apple dédié à la diffusion des matchs de la Major League Soccer et dont Messi perçoit une partie non dévoilée des revenus dans le cadre de son contrat.
Un public à fidéliser
"Les clubs étaient déconcertés lorsque Jorge Mas (partenaire d’affaires de Beckham) s'est engagé à hauteur de 150 millions de dollars pour Messi sur deux ans et demi, incluant une participation au capital d'Inter Miami, mais son pari risqué s'est avéré fructueux", indique Sportico, alors que toutes les franchises s’activent pour capitaliser autant que possible sur la présence de Messi dans la ligue.
Cela passe par la construction ou la rénovation des infrastructures, dont les stades qui jouent un facteur décisif dans la valorisation des clubs. C’est d’autant plus crucial que les États-Unis co-organisent le Mondial 2026 avec le Canada et le Mexique.
La prochaine étape pour la MLS est de convertir ces nouveaux fans acquis grâce à Lionel Messi en un public fidèle.
par Mary Teuw Niane
NON À LA MISE À MORT DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL ET AU REPORT DES ÉLECTIONS
Le régime est complètement fâché avec la publication par le Conseil constitutionnel de la liste définitive des vingt candidats autorisés à concourir à l’élection présidentielle du 25 février 2024
Après les multiples rumeurs, les indiscrétions dans la presse, les phrases énigmatiques de politiciens en mission, les ballons de sonde lancés par des opposants en mission commandée, voici qu’arrivent l’heure de vérité et le coup de poker pour d’un coup ramasser la mise totale: discréditer et humilier le Conseil constitutionnel, le dissoudre et reporter sine die les élections.
En effet le régime est complètement fâché avec la publication par le Conseil constitutionnel de la liste définitive des vingt (20) candidats autorisés à concourir à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Les tenants du pouvoir savent que cette configuration conduira à la victoire inéluctable du candidat du Président Oumane Sonko (PROS) dès le premier tour.
Ces derniers temps la presse sénégalaise a laissé apparaître le dilemme du régime : arrêter le processus électoral ou bien attendre la victoire du candidat de PROS pour ensuite procéder à un coup d’État constitutionnel afin de l’empêcher d’exercer le pouvoir que le suffrage universel lui a valablement donné.
Sans aucun doute, l’expérience du Front islamique pour le Salut (FIS) algérien a été largement ausculté avec tous les risques que cela comporte.
En effet, en Algérie, après la victoire du Front islamique pour le Salut (FIS), pour l’empêcher de gouverner, il y eut un coup d’État militaire suivi d’une chasse aux sorcières qui a éradiqué ce parti.
Évidemment le pouvoir ne veut pas prendre le risque d’avoir un coup d’État qui ne peut être que dévastateur dans une zone sahélienne où les militaires sont entrain de remettre en cause la main mise politique française au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
C’est pourquoi il faut absolument arrêter le processus électoral.
Que faire disait Lénine ?
Le problème du pouvoir est triple.
Premièrement, une partie de la nomenclatura de l’APR, particulièrement celle proche de la Première Dame considère que le Président de la République a fait un mauvais choix de candidat en investissant le Premier Ministre Amadou Ba dont ils doutent de sa loyauté et de sa capacité à gagner les élections.
Certains d’ailleurs insinuent que si jamais il y avait un second tour, il pourrait même ne pas atteindre le score lui permettant d’y accéder.
C’est pourquoi ils sont aujourd’hui nombreux au sein de l’APR à soutenir ouvertement ou à attendre le moment opportun pour soutenir particulièrement le candidat Mouhamed Boun Abdallah Dionne ou même les candidats Aly NGouille Ndiaye et Mame Boye Diao.
Le discours constant du Ministre Mame Mbaye Niang n’est que l’expression de la lutte mortelle en cours au sein du pouvoir entre les pro-Amadou Ba et les anti-Amadou Ba.
La question est devenue vitale.
Comment assurer la survie du pouvoir de Macky Sall?
C’est sans doute la raison pour laquelle la guillotine du Président n’a pas osé, cette fois-ci, couper la tête de Mame Mbaye Niang. À moins que ce qui se sussure ne soit vraie que le Ministre exprimerait les états d’âme du clan de la Première Dame.
En tout état de cause le régime est aujourd’hui totalement divisé, qu’il n’a aucun espoir de garder le pouvoir si le processus électoral en cours aboutit à des élections libres et transparentes le 25 février 2024.
Le clan des anti-Amadou Ba rêve d’un report des élections pour lui permettre de remettre en cause cette candidature qui le dérange complètement.
Deuxièmement, le Conseil constitutionnel a lâché une grosse bombe politique à fragmentation en publiant sa liste définitive des vingt (20) candidats.
Le Conseil constitutionnel a fâché définitivement le pouvoir.
Non seulement il n’a pas éliminé les indésirables mais il a commis un dégât collatéral en invalidant la candidature du Président Karim Wade ce qui aggrave considérablement la posture électorale du candidat du Président Macky Sall et de manière générale rend définitivement impossible une victoire du pouvoir.
Le Conseil constitutionnel a divisé les voix de la majorité en validant les candidatures de Mouhamed Boun Abdallah Dionne, Aly Ngouille Ndiaye et Mame Boye Diao ce qui réduit irrémédiablement les suffrages du candidat Amadou Ba.
Les dernières élections législatives ont montré combien les suffrages de BBY se sont comprimés.
Le Conseil constitutionnel en validant la candidature des indésirables, Diomaye Faye, Cheikh Tidiane Dièye et Habib Sy a donné à PROS la possibilité de désigner le candidat que les innommables proposent et de remporter haut la main la mise électorale le 25 février 2024.
Enfin, troisièmement, le Conseil constitutionnel en invalidant la candidature du Président Karim Wade a mis son électorat contestataire à la disposition de l’opposition radicale renforçant ainsi sa victoire dès le premier tour.
Il faut souligner que certaines franges du pouvoir, déboussolées par le risque de défaite de leur candidat, soupçonnent contre toute logique le Président Karim Wade d’être un possible plan B caché du Président Macky Sall.
En définitive, le Conseil constitutionnel est de fait devenu incontrôlable, insaisissable, totalement fou, alors que jusque là ses prises de décisions agréaient joyeusement le pouvoir.
Le Conseil constitutionnel en publiant sa liste définitive a-t-il seulement dit le droit?
Ou bien a-t-il voulu exprimé, dans un dernier sursaut d’orgueil, sa libération totale et définitive de l’étreinte du pouvoir ?
Dans tous les cas, le Conseil constitutionnel a posé volontairement ou involontairement un acte téméraire de défiance vis-à-vis du pouvoir.
Le pouvoir ne peut laisser passer cette situation.
Il faut trouver une manière subtile d’arrêter le processus électoral ainsi pouvoir reporter les élections.
Le pouvoir pourra alors prendre le temps nécessaire pour inverser la situation électorale comme en Guinée lors du second tour de l’élection présidentielle entre Alpha Condé et Cellou Dalin Diallo pour organiser le vote des citoyens à son profit.
Il ne faut surtout pas que l’idée de report vienne du pouvoir.
D’autres, de la société civile, des leaders se réclamant de l’opposition, des journalistes, des experts étrangers pourraient s’en charger.
Il y a encore plus subtil, saisir au vol les multiples errements du processus électoral brandis par un candidat ou des groupes de candidats lésés pour en faire l’arme fatale pour stopper le processus électoral.
Le pouvoir semble se diriger avec la probable mise en place de la Commission d’enquête parlementaire demandée par le PDS vers le discrédit, l’humiliation revancharde et la mise à mort volontaire ou forcée du Conseil constitutionnel.
Cette liquidation programmée, du fait du ralliement du groupe BBY, stoppera le processus électoral.
En effet, le pouvoir saisit cette requête légitime du PDS de création d’une commission d’enquête parlementaire pour en faire l’outil de mise à mort du Conseil constitutionnel.
Le Sénégal entrera alors définitivement dans l’ère de l’illégalité constitutionnelle, de la prolongation illégale du mandat présidentiel et qui sait, d’une nouvelle troisième candidature ?
Nous devons être vigilants, ce qui se passe, à quelques semaines du 25 février 2024, n’est pas anodin.
C’est une tentative délibérée du pouvoir de voler la victoire au peuple.
Nous devons de toutes nos forces refuser l’arrêt du processus électoral et le report des élections.
Non à la tentative de coup d’État institutionnel !
Je vous souhaite une excellente journée sous la protection divine. Juma Mubaarak.
NB: l’expression « le candidat désigné par PROS » désigne simplement le candidat des innommables.
PAR Thierno Alassane Sall
LA RÉPUBLIQUE DES DEALERS
Les dealers sont démasqués. Au lieu de dénoncer l’attitude méprisante de Karim Wade envers les Sénégalais, qui leur a menti éhontément, des politiciens de tous bords sortent du bois pour chercher à récupérer son électorat
Les dealers sont démasqués. Au lieu de dénoncer l’attitude méprisante de Karim Wade envers les Sénégalais, qui leur a menti éhontément, des politiciens de tous bords sortent du bois pour chercher à récupérer son électorat. Admettre la corruption de la Constitution est une honte ! Dans le même temps, d’autres se murent dans un silence complice devant ces manigances à ciel ouvert.
Pire, le président Macky Sall, son candidat Amadou Ba et le PDS veulent décrédibiliser les institutions, en mettant en place une commission d’enquête parlementaire, pour des calculs bassement politiques : s’emparer de l’électorat du PDS avec qui ils ont dealé dans leur dialogue faussement national.
Une commission parlementaire pour confondre deux magistrats, cela s’appelle du ciblage et du détournement de procédure. Il existe des mécanismes plus appropriés.
Pourquoi ils ont refusé de saisir le Parlement pour faire la lumière sur les 1000 milliards du fonds Covid ? Pourquoi il n’y a jamais eu d’enquête pour tous les faits extrêmement graves de prévarications documentés par les rapports de l’IGE et de la Cour des comptes ? Qu’ont-ils fait du rapport sur le contrat PetroTim ? Des vagues d’émeutes sanglantes, avec des dizaines de morts, ont secoué ces dernières années le pays, cela n’a nullement intéressé les groupes qui contrôlent l’Assemblée nationale. Le naufrage d’embarcations surchargées qui emportent tant de vies humaines au fond des océans n’a suscité aucun émoi.
Personne ne peut changer ce pays avec cette façon de faire de la politique. Un enseignement que les citoyens peuvent tirer de cet épisode : « politicien du mbokk ! »
Duñ leen bàyyi ngeen yàq Senegaal ! La République des Valeurs se dressera contre la République des dealers.
Thierno Alassane Sall
Candidat à l’élection présidentielle
Président du parti République des Valeurs/Réewum Ngor
LA RENCONTRE D’UN PROJET AVEC SON PEUPLE !
Coucou, revoilà Sonko. Le prisonnier s’est «évadé» virtuellement pour s’adresser à ses hommes. Un peu du «génie» de Njomborton avec ses Cd n°1, 2… Lui aussi sort des vidéos préenregistrées 1, 2… Le ou les plans définitifs ne sont pas encore décidés.
Coucou, revoilà Sonko. Le prisonnier s’est «évadé» virtuellement pour s’adresser à ses hommes. Un peu du «génie» de Njomborton avec ses Cd n°1, 2… Lui aussi sort des vidéos préenregistrées 1, 2… Le ou les plans définitifs ne sont pas encore décidés. Diomaye est tout de même un candidat qui peut bien prendre un double p (président-prisonnier). Ce sera pour l’ex-Pastef le démenti que l’élection présidentielle est la rencontre d’un homme avec son peuple. Mais plutôt la rencontre d’un «projet» avec son peuple.
Par Cheikh NIASS
SERIGNE MBOUP, UN NDONGO DAARA SUR LE CHEMIN DU PALAIS
Rien ne présageait son entrisme en politique. Ni son cursus, ni son parcours d’homme d’affaires. Né à Kaolack dans une famille religieuse, Serigne Mboup a passé l’essentiel de sa jeunesse dans l’apprentissage du Coran.
Rien ne présageait son entrisme en politique. Ni son cursus, ni son parcours d’homme d’affaires. Né à Kaolack dans une famille religieuse, Serigne Mboup a passé l’essentiel de sa jeunesse dans l’apprentissage du Coran. Sa destinée était de devenir maître coranique, profession qu’il n’exerça pas aussi longtemps, car étant très tôt rappelé aux côtés de son père, commerçant établi au marché Sandaga. De marchand ambulant à grossiste en passant par tablier, avec les épreuves, des coups bas, Serigne Mboup finit par faire rayonner l’héritage du doyen Bara Mboup, avec le Groupe Ccbm. Ce holding, qui enregistre au moins mille emplois directs et quatre mille indirects, a été construit à la sueur du front d’un self made man.
Parti de rien pour se hisser au sommet, après avoir arraché la mairie de Kaolack des mains de politiciens de métier, l’actuel président de l’Union nationale des chambres de commerce et d’industrie du Sénégal (Uncclas) rêve d’accéder à la magistrature suprême.
Une volonté projetée depuis longtemps par ce pur produit du système éducatif arabe. Si la réalisation de sa vision, c’est-à-dire diriger la destinée des Sénégalais à partir de 2024, est perçue comme un rêve utopique, elle n’en est pas pour autant impossible pour ce «Ndongo Daara». A force de se frotter aux luttes syndicales, et pour avoir présidé la Chambre de commerce de Kaolack et l’Union nationale des chambres de commerce et d’industrie du Sénégal (Uncclas), Serigne Mboup finit par choper le virus de la politique. Aujourd’hui, reconnu comme l’un des hommes d’affaires les plus influents du pays, le sieur Mboup évolue dans plusieurs secteurs d’activité, notamment dans l’automobile, l’immobilier, la grande distribution, l’agriculture …
A l’instar de feu Sidy Lamine Niass avec qui il a partagé nombre de visions, Serigne Mboup est également patron de presse. Ils partagent plusieurs casquettes, avec leurs profils de sortants de l’école coranique. Mais aussi le fait de côtoyer des intellectuels formés à l’école française, en l’occurrence des chefs d’Etat comme Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et d’autres présidents du monde notamment ceux des Usa, de la France, de la Chine… Ces rencontres ont été un grand apport dans leurs trajectoires, car ils ne nourrissent plus aucun complexe devant les grands du monde.
Cette transversalité dans le monde des affaires ayant connu un succès et son expérience acquise dans les rencontres semblent conforter Serigne Mboup dans son projet de devenir cinquième président de la République du Sénégal. «Ce que nous faisons dans nos entreprises est plus compliqué que le fait de gérer un Etat. Le travail de chef d’entreprise est plus difficile que celui du président de la République», a-t-il l’habitude de répondre à ses détracteurs.
Assane Gueye
PDS, PERTE DE SENS
«Un seul être vous manque et tout est dépeuplé». Cela se voit que le pape du sopi n’est plus en activité. Il a laissé un champ de ruines derrière lui. Le Parti démocratique sénégalais manquera une deuxième élection présidentielle de suite.
«Un seul être vous manque et tout est dépeuplé». Cela se voit que le pape du sopi n’est plus en activité. Il a laissé un champ de ruines derrière lui. Le Parti démocratique sénégalais manquera une deuxième élection présidentielle de suite. La «dévolution monarchique» non plus ne marche pas dans sa propre formation politique. Wade-fils a été d’abord frappé d’incapacité électorale. Aujourd’hui, il est disqualifié pour une histoire de double nationalité. Double peine pour lui. Le sort s’acharne. Mais il ne doit s’en prendre qu’à lui- même pour avoir procrastiné. Le connaissant bien pour avoir collaboré avec lui à l’Agence de l’Oci, puis au sein de plusieurs ministères, il avait impressionné pour sa proactivité. Il faisait les choses en temps et en heure. Il ne remettait jamais à demain ce qu’il pouvait faire aujourd’hui. Tout le temps mis à se débarrasser de sa qualité de citoyen Français est incompréhensible. C’est une faute. En matière d’élection présidentielle et dans la vie tout court, le diable est dans chaque détail. Il faut être monomaniaque. Karim Meissa Wade a été quelque peu négligeant. Mais ne lui jetons pas toutes les pierres de la terre. S’il était resté dans la course, personne n’aurait crié au scandale.
Karim devra encore prendre son mal en patience
La nationalité française dont il s’agit est innée chez lui. Il ne l’a pas acquise. Ça lui est tombé dessus. Un parent est un ami imposé. Les décisions du Conseil constitutionnel s’imposent aussi à tous. C’est une institution de la République qui doit forcer le respect. On doit se garder de la décrier. La seule remarque qu’on peut placer est que le conseil aurait aussi bien pu faire preuve de pédagogie en choisissant l’application bienveillante de la loi. Mais qui sommes-nous pour délivrer des leçons ? Les 7 «sages» sont les hommes de l’art. Que chacun reste donc à sa place. Si turpitude il y a, elle est à mettre sur le compte du Pds. Les conséquences de l’éviction du vieux parti de la course seront terribles. Il a affreusement perdu le pouvoir en 2012. Après l’avoir convoité 26 années durant, les libéraux n’en avaient pas fait grand-chose. La déwadisation a tout de suite commencé. La prison puis l’exil ont suivi. Démobilisés, désargentés, les compagnons fidèles de la première alternance ont longtemps espéré le retour d’un monde fini et celui du candidat virtuel avant de se fracasser sur la réalité. Leader naturel, beaucoup d’entregent et un carnet d’adresses hors du commun, Karim devra encore prendre son mal en patience et rentrer immédiatement s’il veut peser et réparer en même temps sa bévue. Ses soutiens qui ont déjà trop patienté le méritent. Le Pds aussi mérite de survivre même s’il est très fatigué. La présidence s’est éloignée. La résilience est la priorité.
Vingt candidats et candidats vains
Vingt candidats. C’est un triste record. Ce n’est pas la démocratie. C’est une anarchie. Le premier à devoir s’en inquiéter se trouve être le candidat du pouvoir. Tous les dissidents de la majorité sont aussi en lice. On voit mal com- ment Amadou Ba peut passer dès le premier tour. Pour le camp de la continuité, il est toujours trop risqué de compétir dans la confusion et la démesure. En vérité, on va au-devant d’une immense cacophonie. Le fait est que le Sénégal a fait le choix de la quantité au détriment de la qualité. Qualité de vie, qualité du débat, qualité des candidats, tout dégringole. C’est le propre d’un pays qui régresse sans progresser. Un pays sans grande discipline, sans émergence comportementale mais avec beaucoup de mauvaises pratiques et d’ambitions démesurées est difficile à gouverner et à développer. On se contente d’inaugurer les chrysanthèmes et de faire de la gestion de crises. Ce n’est pas du pessimisme mais de la lucidité. Mamadou Dia était le dernier des Mohicans. Aucun autre ne lui arrive à la cheville.