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27 novembre 2024
Opinions
par Yoro Dia
LE SÉNÉGAL ENTRE CONTINUITÉ ÉTATIQUE ET PERSPECTIVE HISTORIQUE
Dans un pays où l’opposition peut gagner la mairie de la capitale, où la majorité parlementaire ne repose que sur un député de plus, perdre son temps sur la question de la transparence électorale relève de l’anachronisme
Dans l’histoire de l’art, il arrive qu’un tableau résume mieux une période historique que tous les historiens et autres politologues, sociologues ou journalistes. Les artistes ont cette capacité et cette facilité à saisir et à graver instantanément l’Histoire. Qui mieux que le peintre préromantique Antoine-Jean Gros, avec son tableau de Bonaparte sur le pont d’Arcole, a saisi la vision et l’ambition de Napoléon ? Dans ce tableau, on voit déjà Napoléon poindre derrière le Général Bonaparte. On sent nettement comment du Général Bonaparte jaillirait Napoléon, avec la détermination et l’ambition contenues dans un regard. Il en est de même du tableau de Kehinde Wiley sur le Président Macky Sall. Ce tableau résume parfaitement les 12 ans de Macky Sall mieux que tous les livres et analyses de politologues, sociologues et journalistes. Aujourd’hui l’émergence est à portée de main et le tableau de Kehinde Wiley l’illustre mieux que tous les discours.
Le président Sall y est dans la même posture que Moïse après la traversée de la Mer Rouge. Comme Moïse, il n’atteindra pas la Terre Promise, mais il a fait le plus difficile en montrant la voie et en guidant son Peuple jusqu’à ce que la terre promise soit visible. Aujourd’hui, la terre promise de l’émergence est visible et à portée de regard et de main. Le Sénégal devait l’atteindre en 2035, mais à l’époque nous n’avions pas le pétrole et le gaz. Avec ces ressources, les délais pourraient être réduits, avec le pétrole qui est non seulement une bénédiction, mais un accélérateur d’émergence. L’enjeu de la présidentielle doit porter sur comment accélérer notre marche vers l’émergence en nous libérant enfin de la démocratie de Sisyphe (notre propension à toujours revenir sur les règles du jeu, cet éternel recommencement, et à réduire le débat politique à la simple question électorale). Il est temps de fermer la page de cette démocratie de Sisyphe, ouverte depuis les élections de 1983 et qui ne profite aujourd’hui qu’aux rentiers de la tension.
Dans un pays où l’opposition peut gagner la mairie de la capitale, où un membre de la Société civile peut conquérir une grande ville comme Kaolack, où une ville aussi symbolique que Ziguinchor est entre les mains de l’opposition et enfin, où la majorité parlementaire ne repose que sur un député de plus, perdre son temps sur la question de la transparence électorale relève de l’anachronisme. Nous allons avoir l’élection la plus ouverte de notre histoire et la plus inclusive avec 20 candidats. La démocratie étant la compétition des réponses que les citoyens se posent, cette Présidentielle est l’occasion de sortir de la démocratie de Sisyphe et de poser enfin les vrais débats.
Notre pays a été un îlot de démocratie dans un océan de dictatures et de partis uniques, des indépendances jusqu’aux conférences nationales et à la Conférence de la Baule ; aujourd’hui nous sommes redevenus un îlot de stabilité dans un océan de turbulences de coups d’Etat et de djihadisme. Le terrorisme et le djihadisme sont à nos frontières. Il serait bon qu’on sache ce que pensent les candidats de ces questions essentielles. Quelles sont leurs idées sur la défense nationale, la sécurité nationale, nos rapports avec nos voisins. Il serait bon qu’on sache l’opinion économique des candidats sur le Pse, devenu la matrice des politiques publiques depuis 2014. En cas d’alternance, quelle serait l’alternative ? Quelles solutions préconisent les candidats pour l’école publique, pour l’université, pour une paix définitive en Casamance ? Voilà autant de questions qui devraient être au cœur de cette élection.
Quand on interroge l’histoire électorale du Sénégal depuis l’Indépendance, on a l’impression que notre pays est à la quête d’institutions parfaites ; d’où les éternels changements, pour ne pas dire l’éternel retour à la question électorale, qui est la phase infantile de la démocratie. Notre démocratie a besoin d’un nouvel horizon, d’ouvrir une nouvelle page. Ce nouvel horizon est économique et devrait être au centre du débat électoral malheureusement cannibalisé par la question des règles du jeu. Des institutions parfaites n’ont jamais existé nulle part. Elles le deviennent avec le temps. Elles sont comme du bon vin. Et l’histoire montre qu’il n’y a pas de lien dialectique entre réforme politique, modernité des institutions et efficacité économique. La France a été le pays de l’une des plus grandes révolutions au monde, que Hegel qualifia de «superbe lever de soleil», mais ce sera l’Angleterre, avec ses institutions «archaïques» vieilles de cinq siècles, qui sera à l’origine de la révolution industrielle, comme le Japon le sera pour la révolution technologique avec des institutions qui remontent à l’ère du Meiji (1868).
Aujourd’hui, les Etats-Unis, le pays de Google, Facebook, de Twitter, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus moderne, ont pourtant un des systèmes électoraux les plus archaïques, avec des règles qui remontent au 18e siècle mais auxquelles tout le monde s’adapte. Lors de la dernière élection en 2020, le vote postal était au centre de tous les débats au pays de Google. C’est ce qu’il nous faut dans notre pays, en laissant à nos institutions le temps de la maturation.
Immédiatement après la présidentielle, les rentiers de la tension électorale vont encore proposer la création de nouvelles institutions et de nouvelles règles, alors que le bon sens politique et historique recommande de corriger quelques failles pour rendre le système plus performant. Notre vieille démocratie a su tenir le choc de l’intermède de l’insurrection de l’ex-Pastef, parce que nous avons la chance d’avoir un Etat qui, comme le roseau, peut plier mais ne rompt pas. Cet avantage comparatif du Sénégal qu’est son Etat, nous le devons à plusieurs générations de présidents de la République, mais aussi à des générations de fonctionnaires qui l’ont renforcé. C’est pourquoi le Président Sall a été très inspiré de rendre hommage à ses prédécesseurs lors de son dernier discours à la Nation, insistant ainsi sur la continuité étatique. Les présidents passent, les régimes passent, mais l’Etat demeure. Léopold Sédar Senghor a posé les jalons de la Nation solide en faisant du Sénégal l’une des rares sociétés «désethnicisées» et détribalisées en Afrique.
Le président Diouf a consacré essentiellement ses 20 ans à renforcer un Etat dont on a découvert les vertus de la solidité avec l’ouragan populiste faite de brutalité et de vulgarité, mais qui grâce à la robustesse de notre Etat, n’aura été qu’un intermède tragique. Aujourd’hui le Droit a repris sa place et a remplacé les cocktails avec le retour à la judiciarisation des conflits politiques, qui est un critère de l’Etat de Droit. Et celui-ci ne saurait accepter qu’on puisse exprimer ses idées avec les cocktails Molotov sur les bus et l’incendie de l’Université. C’est pourquoi il n’y a pas de prisonniers politiques au Sénégal, sauf à admettre que balancer des cocktails Molotov sur des bus, sur des maisons ou à l’université soit une idée politique. Appeler à l’insurrection et à renverser un pouvoir démocratique élu n’est pas de l’opposition légale, et n’est ni acceptable ni tolérable.
Abdoulaye Wade, grâce son opposition légale contraire à celle insurrectionnelle, a fait avancer les libertés publiques et fait faire à notre démocratie un bond qualitatif avec l’alternance politique. De Senghor à Wade, nous avons ainsi un cycle politique et historique. Wade est ainsi le dernier des anciens et ferme le long «cycle senghorien» comme disait Pathé Diagne. Si Wade est le dernier des anciens, Macky Sall est le premier des modernes, et la modernité politique aujourd’hui ne peut signifier le fait de discuter du sexe des anges comme les règles du jeu électoral, mais c’est d’aller vers l’émergence comme la Malaisie, les Emirats, Singapour. Ce débat est le seul qui vaille, et il doit être au cœur de la présidentielle.
De Senghor à Macky Sall, nous avons une continuité étatique, mais maintenant il nous faut une autre perspective historique qui est l’émergence, cette nouvelle frontière que nous devons conquérir, ce nouvel horizon que nous devons atteindre en faisant confiance à nos institutions tout en étant vigilant car le Président a raison de nous rappeler la fragilité des démocraties. Il ne faut jamais oublier que la Grèce, la Patrie de la démocratie, a connu la dictature des colonels jusqu’en 1974, des siècles après celle de 30 tyrans qui détruisirent la démocratie en 404 avant JC. L’Allemagne, le pays de la pensée, le pays de Goethe, Schiller, de Kant, de Fichte, de Hegel…, est tombée entre les mains des barbares nazis à cause de la faiblesse et de la myopie politique, et du manque de courage des dirigeants de la République de Weimar. L’Allemagne entraînera dans sa chute dans la barbarie l’Autriche, qui était le phare culturel de l’Europe à l’époque, entraînant ainsi le suicide du grand écrivain Stephan Zweig, qui ne pouvait supporter le triomphe de la barbarie à Vienne et la disparition du «monde d’hier» fait de débats civilisés et de concurrence dans le raffinement culturel et esthétique. Le pays de Senghor a aussi failli sombrer comme celui de Goethe.
Si beaucoup d’intellectuels ont commis la même erreur coupable que Heidegger qui a soutenu les nazis, l’Etat du Sénégal n’a pas commis la même erreur que la République de Weimar. Au-delà des infrastructures, de la croissance, de la Coupe d’Afrique, l’histoire retiendra aussi de Macky Sall, le sauvetage de la République, à l’image d’un Lincoln qui a sauvé les Etats-Unis de la sécession. Aujourd’hui, le Sénégal est soulagé d’avoir retrouvé son «monde d’hier», comme aurait dit Zweig, avec la fin définitive de l’intermède Pastef. Nous avons eu plus de 260 candidats, qui ont sillonné le pays pendant des mois pour chercher des parrainages sans aucun incident majeur. Sur les plus de 260 candidats, 20 ont été validés par le Conseil constitutionnel. Cette étape ultime a été précédée par la judiciarisation des conflits électoraux, qui a permis de montrer l’indépendance de la Justice et des magistrats. Loin d’être «clochardisés», ils sont au cœur de notre démocratie, car la Justice est le seul service de l’Etat qui porte le nom d’une vertu. Ce long bras de fer entre les avocats de Sonko et l’Etat du Sénégal, et la longue guérilla des procédures, a montré toute l’indépendance de la Justice, que reconnaissent même aujourd’hui ceux qui traitaient les magistrats de clochards et les menaçaient.
Le Sénégal a retrouvé son «monde d’hier» ; ses valeurs avec le débat d’idées et non plus celui des cocktails Molotov, avec des conflits qui se règlent devant les tribunaux et des polémiques quotidiennes dans les médias. L’Etat est debout, la République sauvée et une vitalité démocratique retrouvée. La campagne va s’ouvrir dans quelques jours et les Sénégalais choisiront librement comme d’habitude leur Président. Ce ne sera point un miracle, ni une prouesse, mais une banalité démocratique pour l’une des plus vieilles démocraties du continent, au plus grand regret des rentiers de la tension, théoriciens, promoteurs et apôtres de la chimérique guerre civile entre des partisans de changement anticonstitutionnel et des régimes de transition. Ils rêvent de mettre fin à l’exception sénégalaise, un des rares pays africains à n’avoir jamais connu de rupture anticonstitutionnelle.
Avec l’intermède de l’insurrection géré dans le cadre de l’Etat de Droit, le Sénégal a tenu son rang, comme le reconnaissent la Cour de justice de la Cedeao et le Haut-commissariat des droits de l’Homme. Ce dernier organe a invité le Président Sall pour le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Ces deux évènements sont les meilleures réponses à la campagne de manipulation nationale et internationale dont l’objectif est la négation du Sénégal et son statut d’exception. En désespoir de cause, la dernière manipulation consiste, face à la flagrance du bilan, à vouloir opposer bilan matériel et bilan immatériel. Ce qui n’a aucun sens.
Dans un article en date du 17 avril 2023, je rappelais que quand on parle du bilan du président Sall, on pense automatiquement et naturellement au Ter, au Brt, aux ponts, aux autoroutes, aux stades, aux hôpitaux… Le bilan est tellement flagrant qu’on en oublie l’essentiel : l’esprit qui le sous-tend. Cet esprit que Alain Peyrefitte appelle le «tiers facteur immatériel», à côté du capital et travail. Ce tiers facteur immatériel qui permet d’expliquer les miracles économiques malgré un «désavantage initial», comme les Pays Bas qui, au XVIème siècle, transcendent le déterminisme géographique pour se lancer à la conquête du monde (le siècle d’or), puis l’Angleterre au XVIIIème (une petite île devenue la seule thalassocratie de l’histoire), ou le Japon et l’Allemagne, complètement détruits après la Deuxième guerre mondiale et qui vont ressusciter économiquement, et Singapour (un ancien entrepôt de la Marine britannique sur la route des Indes). Pour Peyrefitte, «le tiers facteur immatériel est un signe qualitatif et invisible qui valorise ou inhibe, féconde ou stérilise les deux premiers facteurs matériels, visibles qualitatifs du capital et du travail».
Le bilan immatériel de Macky Sall est aussi dans ce «tiers facteur immatériel» qui a permis d’ouvrir la boîte de Pandore de l’univers des possibles. C’est ce qui explique qu’en 12 ans que le Sénégal est en train de passer de l’indigence à l’émergence, de gagner la Coupe d’Afrique, d’avoir des centaines de km d’autoroutes et d’avoir réglé les 3 problèmes qu’on croyait insolubles : le pont de Farafegny, la paix en Casamance et la question de l’énergie. Face à un tel bilan matériel et immatériel, la manipulation reste la seule arme des partisans du projet de négation du Sénégal. La manipulation va continuer aussi bien au niveau national qu’international, car pour les partisans de la négation du Sénégal, elle n’est plus seulement un instrument, mais est devenue l’essence du projet, si elle n’a pas toujours été le projet.
Texte Collectif
À L'ATTENTION DES CANDIDATS À LA PRÉSIDENTIELLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Invitation à une rencontre pour définir les principes d'une coexistence apaisée. Un Pacte National inspiré des Assises et des recommandations de la CNRI sera élaboré pour une mise en œuvre dans les 200 jours après le scrutin
À l’attention des candidats à l’élection présidentielle de février 2024
Nous, membres actifs de divers mouvements citoyens, sommes unis par notre engagement pour l'application des conclusions des Assises Nationales et des recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI).
Face aux récents défis posés à notre démocratie, notamment les controverses liées aux modalités de parrainage préfigurant des contentieux électoraux, l'élimination contestable de candidats limitant le choix des électeurs, les violations des droits civiques entraînant des protestations réprimées violemment, et les nombreuses arrestations contrevenant à la liberté d'expression, nous sommes plus que jamais convaincus de la nécessité de rectifier le cours dangereux des douze dernières années durant lesquelles les conclusions des Assises Nationales n’ont pas été appliquées.
L'élection présidentielle de 2024 est une occasion cruciale de changer cette trajectoire. Nous devons collectivement saisir cette opportunité pour orienter notre pays vers une société inclusive, pacifique et libre.
Dans cette perspective, nous appelons tous les candidats, quelles que soient leurs affiliations politiques ou idéologiques, à saisir cette chance. Car, au-delà des projets spécifiques de chacun, nous croyons fermement que tous partagent les principes républicains et démocratiques essentiels à notre coexistence harmonieuse, y compris :
Le plein exercice des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels de chaque citoyen.
L'égalité et la justice équitable pour tous.
La sacralisation du bien public au service de l'intérêt général.
Une gouvernance responsable à tous les niveaux publics.
Le respect rigoureux de l'État de droit, avec une séparation et un équilibre des pouvoirs.
Une régulation équitable et transparente des sphères politique, électorale et économique.
La promotion d'une démocratie participative centrée sur le citoyen.
Une administration publique compétente, impartiale et dédiée au bien commun.
Une décentralisation effective pour une meilleure responsabilité locale.
Une gestion rationnelle et responsable des ressources naturelles.
La lutte contre la corruption, le détournement de fonds publics, et les infractions associées.
La rencontre est prévue ce jeudi 25 janvier 2024 à 15h précises à la salle de l'Harmattan, à l’entrée de la VDN. Cette rencontre publique ouverte à la presse sera animée par Mamadou Lamine Loum, modérateur des travaux des Assises nationales et ancien Premier ministre et modérée par Dior Fall Sow, membre fondatrice de Sursaut citoyen, ancienne Procureur de la République.
Votre engagement pour la démocratie et la paix de notre pays nous laisse confiants quant à l'importance que vous accorderez à cet événement. C’est avec un profond plaisir que nous vous y accueillerons.
Veuillez croire, cher compatriote, en l'expression de nos salutations les plus distinguées.
Pour la Coalition,
Paul Dominique Corréa, président de Présence chrétienne
Thiaba Camara Sy, présidente de Demain Sénégal
Mamadou Ndoye, coordinateur de Sursaut citoyen
Par Mamadou Oumar NDIAYE
LE PRÉSIDENT WADE POIGNARDÉ UNE DEUXIÈME FOIS
Le rejet de la candidature de Karim Wade est un scandale qui a pour effet de « constitutionnaliser » l’existence de deux catégories de Sénégalais: ceux de souche nés de père et de mère sénégalais et ceux « douteux » dont l’un des parents a une nationalité
Pour parodier le titre du film américain de Bob Rafelson intitulé « Le facteur sonne toujours deux fois », on peut dire que notre glorieux Conseil constitutionnel aussi sévit toujours deux fois. Et comme d’habitude, au détriment de l’opposition. La première fois, c’était en 2022 lorsque, sur la base d’arguments plus que spécieux, il avait disqualifié la liste des candidats titulaires de la coalition Yewwi Askan Wi aux élections législatives de cette année-là avant, dans sa grande mansuétude, de valider celle des suppléants. Lesquels, on l’a vu, avaient réussi à faire jeu égal avec les candidats du pouvoir qui, à un député près, avaient failli perdre leur majorité à l’Assemblée nationale !
Rebelote le weekend dernier. Cette fois-ci aussi, les prétendus « sept sages » ont réussi le tour de force d’éliminer de l’élection présidentielle les deux plus sérieux candidats de l’opposition à savoir Ousmane Sonko, chef incontesté de celle-là, et Karim Meïssa Wade, un poids lourd qui aurait pu lui aussi donner du fil à retordre à Amadou Ba, le porte-étendard de Benno Bokk Yaakar (BBY) à cette mère des batailles électorales.
Dans l’un et l’autre cas, les prétendus « sages » n’ont pas cherché loin et ont usé de raisonnements de café du commerce — pour ne pas dire de grand’place — pour invalider ces deux candidats sans autre forme de procès. S’agissant du leader de Pastef, son dossier avait été déclaré irrecevable dès l’étape du contrôle des parrainages au motif qu’il y manquait deux documents essentiels à savoir la fiche de parrainages et l’attestation de dépôt de sa caution.
Deux documents que la Direction générale des Elections (DGE), pour le premier, et la Caisse des Dépôts et Consignations(CDC), pour le second, avaient refusé de délivrer au mandataire du candidat emprisonné ! Plutôt que de créer du droit, ce qu’on attend entre autres d’un Conseil constitutionnel, et de décider que la non-production de ces documents ne relevait pas de la volonté d’Ousmane Sonko mais bel et bien d’un refus délibéré de l’Administration, malgré des décisions de justice pour ce qui est des fiches de parrainage, avant d’en tirer les conséquences, nos vrais sages ont préféré choisir de ne pas accepter le dossier d’Ousmane Sonko et valider sa candidature à la présidentielle.
Mais attention : suite au recours introduit par l’avocat du leader de Pastef, le Conseil constitutionnel a finalement jugé que bon, même en admettant que les pièces manquantes ne relevaient pas de son fait, il avait quand même été condamné à une peine ferme de six mois pour diffamation. A l’issue de la procédure de diffamation la plus rapide de l’histoire du Sénégal puisque la Cour suprême avait rendu la condamnation définitive pile poil le jour où devaient être déposés les dossiers de candidature au Conseil constitutionnel ! Si ce n’est pas téléphoné ça… Mais il n’y avait pas là de quoi émouvoir le président Badio Camara et les autres membres du Conseil. Et comme en 2022, pour se donner bonne conscience, ils ont autorisé les plans B, c’est-à-dire les remplaçants, à se présenter.
Le Conseil constitutionnel valide l’existence de citoyens « douteux »
Mais le plus scandaleux se trouve dans la disqualification de Karim Wade au motif qu’au moment où il déposait sa candidature, il avait encore la nationalité française, c’est-à-dire celle que sa mère lui a donnée. Or, le porte-drapeau du Parti démocratique sénégalais (Pds) avait bel et bien formulé son intention de renoncer à cette seconde nationalité depuis octobre dernier. Plutôt, il avait renouvelé sa déclaration de perte de nationalité puisque depuis 2018 il avait renoncé à cette nationalité française. Mieux, au moment où le Conseil constitutionnel statuait sur son dossier, le décret actant cette renonciation était déjà publié dans le journal officiel de la République française !
Mais là aussi, du moment que l’élimination de Karim Wade arrangeait les affaires du candidat du pouvoir, le Conseil constitutionnel a jeté à la poubelle son dossier avec des arguments plus que légers. En réalité, le rejet de la candidature de Karim Wade est un scandale qui a pour effet de « constitutionnaliser » l’existence de deux catégories de Sénégalais: ceux de souche nés de père et de mère sénégalais et ceux « douteux » dont l’un des parents a une nationalité étrangère. C’est cette catégorisation de citoyens qui avait mis le feu aux poudres en Côte d’Ivoire et y avait déclenché une guerre civile qui avait duré dix ans.
Sur les bords de la lagune Ebrié, des intellectuels du genre de ceux qui ont introduit un recours contre l’ancien ministre « du Ciel et de la Terre » avaient inventé un concept dangereux, celui d’ « ivoirité », qui disait en gros que, pour briguer la présidence du pays, il fallait être de père ivoirien et de mère ivoirienne et non être de père ou de mère ivoirienne. Ce débat entre « ou » et « et » avait embrasé le pays. A suivre le raisonnement flemmard de nos braves apparatchiks du Conseil constitutionnel, Karim Wade serait un citoyen « douteux » et de seconde catégorie. Et ne mériterait donc pas de briguer la magistrature suprême du Sénégal.
Le « Sopi » interdit de présidentielle !
Une décision aussi grave de conséquences est prise dans un pays où le poste stratégique de ministre de Finances a été occupé pendant des années par un homme qui travailla au FMI avec la nationalité mauritanienne, où le fils d’un chef d’état-major général de l’Armée nationale — le poste le plus sensible qui soit — effectuait son service militaire en France au moment où son papa commandait nos armées, où les fonctions les plus importantes et redoutables, à part celles de président de la République, ont été détenues par un binational franco-sénégalais(Jean Baptiste Collin), tout cela sans déranger grand-monde. Et voilà qu’on vient nous dire que le fils de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade qui se battit pour réintroduire le multipartisme dans notre pays après la fusion-absorption réalisée dans les années 60 par l’alors parti unique—pardon dominant —, l’Union progressiste sénégalaise (UPS) du président Léopold Sédar Senghor, Abdoulaye Wade aussi qui fit tomber les bastions du monolithisme syndical (Utls créée pour faire face à la Cnts), mais aussi du monopole étatique de l’information, qui réalisa la première alternance démocratique dans notre pays, que ce fils, Karim Wade, pourrait être lié au parti de l’étranger. C’est-à-dire rouler pour la France s’il était élu chef de l’Etat sénégalais. Comme s’il y avait besoin d’avoir un parent français pour être un agent de l’ancienne puissance coloniale… On se fout de notre gueule, assurément ! Dire que le fils d’Abdoulaye Wade ne peut pas être candidat à la présidentielle dans ce pays, c’est assurément planter un deuxième coup de poignard dans le dos du père du « Sopi » après avoir jeté ce fils adoré, qui a fini de prouver son patriotisme, en prison pendant plus de trois ans pour « enrichissement illicite ». Et l’avoir exilé pendant sept ans.
De par la volonté de sept sages désinvoltes, le Parti démocratique sénégalais(Pds), qui fut pendant longtemps la plus importante formation de l’opposition, qui accéda au pouvoir au bout de 27 années d’adversité face à la toute-puissante machine du Parti socialiste, qui dispose actuellement à l’Assemblée nationale de l’un des plus importants groupes parlementaires, qui a dirigé ce pays pendant 12 ans, ce parti qui fait partie du patrimoine de notre pays, est empêché de présenter un candidat à la mère des élections nationales. Pendant ce temps, c’est avec étonnement que l’on a vu des candidats totalement inconnus au bataillon et qui ne pourraient même pas remplir une cabine téléphonique avec leurs militants, réussir à passer les doigts dans le nez l ’épreuve du contrôle des parrainages au Conseil constitutionnel. Un Conseil dont le logiciel ressemblait à une roulette russe et qui, encore une fois, a validé des candidats insignifiants et éliminé d’autres qui étaient plus représentatifs. Une logique à laquelle le commun des Sénégalais n’a rien compris. Bref, le Conseil constitutionnel a foutu un bordel incroyable.
Et plutôt que de raccommoder le fragile tissu national, voilà qu’il contribue à en élargir la déchirure de par ses décisions irresponsables et dénuées de…sagesse. Le comble pour une institution supposée être composée de « sages » !Gageons qu’après avoir fait ce mauvais boulot, ses membres sont allés se laver les mains comme Ponce Pilate, ce procurateur romain qui, après avoir condamné Jésus Christ à mort, était allé se laver les mains en s’écriant: « je suis innocent du sang de ce juste ! » Ce faisant, ils inscrivent leurs actes dans la lignée de ces Conseils constitutionnels bouffons qui ont fleuri sur le continent et ont légitimé les décisions les plus improbables à commencer parle couronnement du défunt empereur centrafricain Jean-Bedel Bokassa ou encore, tiens, l’ivoirité. Et dire que toutes ces décisions qui favorisent outrageusement le candidat du pouvoir sont censées être prises en notre nom à tous!
Par Mamadou Ndiaye
MALAISE PAYSAN
Dans le nord du Sénégal, les riches terres s’assèchent. À perte de vue s’étend la jachère érigée presque en pratique courante sur de vastes espaces inexploités. Une telle immobilisation étonne dans un pays bien doté par la nature...
Dans le nord du Sénégal, les riches terres s’assèchent. À perte de vue s’étend la jachère érigée presque en pratique courante sur de vastes espaces inexploités. Une telle immobilisation étonne dans un pays bien doté par la nature pour mettre en valeur ces superficies qui s’usent faute d’être cultivées.
Que cache cette situation qui frise l’aberration ? Assiste-t-on à un mauvais état de conservation des sols ? Quels sont les obstacles sous-jacents à la production dans cette région qui peine à s’épanouir ?
Au lendemain de la crise sanitaire du Covid-19, le pays, secoué par les rétentions de produits, découvrait sa trop forte dépendance à l’extérieur pour ses approvisionnements en céréales.
Tout le monde s’accordait pour relancer la filière riz dans la vallée. De gros moyens furent dégagés à cette fin. La volonté politique s’affichait plus nettement en faveur d’une inversion des priorités : produire plus et à terme se soustraire aux importations massives.
Celles-ci érodent le pouvoir d’achat et ruinent les ressources produites localement. Conséquences : mévente, perte d’autonomie, accroissement de la dépense publique en guise de soutien (ou d’aide) à des paysans qui pourraient s’en passer si des ajustements s’opéraient en leur faveur.
Résumé ainsi, cela peut paraître convenu. Mais il y a mieux à faire : afficher une ferme résolution à placer les agriculteurs au cœur de la relance agricole. Après tout, rien ne pourrait se faire sans eux. Mieux, l’Etat, à son tour, devrait être moins envahissant tout en encourageant les initiatives à la base.
La possibilité de s’en sortir seul est tentante. En revanche, le sort commun (et très peu envié) des paysans devrait les inciter à privilégier des projets collectifs d’envergure pour des récoltes accrues susceptibles de leur procurer davantage de revenus.
Dans le département de Podor ou dans la région de Matam, les productions restent faibles. Le déficit céréalier, toujours chronique, expose les paysans à une non moins chronique précarité. Là gît une colère froide dont l’explosion reste imprévisible. La situation le long du « Dandé Mayo » devient préoccupante.
Pourquoi l’aménagement des terres attenantes au fleuve tarde à se massifier au profit des vrais acteurs agricoles dans ces contrées ? La Société d’aménagement, la Saed pour ne pas la nommer, ripoline son image et tente par des artifices surannés de démontrer que la région a de l’avenir. Elle a aussi un passé, non ! Depuis le temps qu’on en parle !
Ces projections soporifiques se heurtent toutefois à la dure réalité des faits : très peu de surfaces sont aménagées pour une demande d’exploitation en hausse constante. L’irrigation est aléatoire avec de fréquents arrêts qui hypothèquent les cultures adossées à un paralysant système de redevance.
Malgré les contreperformances, les paysans sont assujettis au paiement de taxes en contrepartie d’un service que n’assure pas toujours la Saed dont l’efficacité est remise en cause.
Chantée et vantée par tous les régimes qui se sont succédé, la mise en valeur de la vallée, se heurte à une série ininterrompue de contraintes : exacerbation des appétits fonciers, manque notoire de projets industriels, sous qualification des ouvriers agricoles, sourde rivalité des Etats de l’OMVS sur les dividendes supposés.
A ces facteurs s’ajoute le réchauffement climatique qui perturbe, s’il ne désarticule, des politiques, trop lentes à s’exécuter. Ces atermoiements sur de longues décennies amplifient le malaise paysan. Ils ne s’en sortent pas faute de modèle de développement pertinent et convaincant.
La tutelle écrasante de l’Etat se mêle de tout et empêche l’émergence d’un paysannat vaillant et épanoui. La route du succès n’est pas encore pavée de réussites dans le cœur battant de cette « Californie » du Sénégal. Et pour cause ! Il y a eu autant de politiques agricoles que de présidents à la tête de l’Etat.
Ainsi, l’absence de consensus sur une ambition nationale n’est pas étrangère à la déperdition de volontés. En outre le patrimoine foncier se dégrade alors même qu’il tarde à être judicieusement exploité.
Amers, les paysans ne savent plus à qui se fier. Dépourvus de moyens, s’ils sont maintenant privés de terre, leur raison de vivre perd tout son sens. Et tout le pays en pâtit puisque le riz et d’autres spéculations pouvaient être cultivés chez nous pour réduire la facture et résorber la fracture territoriale.
Le Nord, exploité à bon escient, a la capacité de nourrir notre pays dont la vocation est de mettre en cohérence les potentialités existantes pour assurer son équilibre. Toutes les prévisions soulignent cette embellie annoncée.
Petits et grands, les acteurs, présents sur le marché agricole, n’appréhendent pas de la même façon l’essor de la vallée nantie de 240 mille hectares de terres arables. Et pourtant l’activité ne manque pas.
La tomate existe. La pomme de terre aussi. De même que le fourrage, le maïs, le sorgho et le niébé. Toutes ces variétés peuvent être transformées. La maitrise de leur cycle de culture conditionne leur finalité industrielle. Il s’en suit un accroissement des tonnages, un suivi des filières, le développement de marché (entre offre et demande), la hausse des revenus, donc du pouvoir d’achat et une relative prospérité plus assise.
A leur tour, les banques guettent. Elles surveillent la conjoncture qu’elles décortiquent à l’aune de leur grille d’analyse. Convaincue de l’expansion en cours, la Banque agricole consolide et renforce sa présence sur les terres rurales. Dans son sillage, la BNDE s’installe avec des lignes de financement dédié à des secteurs agricoles identifiés et ciblés.
N’est-il pas temps dès lors, de changer d’approche en laissant émerger des « champions agricoles » ?
Le riz reçu de l’Asie, au titre de l’aide, est cultivé par des paysans soutenus et motivés. Devons-nous en être fiers alors que la jachère envahit nos terres sous de fallacieuses raisons ?
Ce paradoxe ne présage rien de bon. Car depuis l’indépendance, la question foncière coltine les dirigeants et angoisse les adeptes de la souveraineté alimentaire. Nul ne sait ce qui va se passer.
La guerre Ukraine-Russie entre dans une phase décisive. L’Europe qui soutenait Kiev, recule alors que les Etats-Unis renouent avec le facétieux « América first » pour davantage se recroqueviller. Victorieux dans deux primaires clés, Trump renait de ses cendres et inquiète Biden par ailleurs chahuté par Netanyahu.
Ce dernier croise les doigts, espérant une victoire en novembre du sulfureux milliardaire new yorkais. Porté par ces tensions vives, le monde retient son souffle. Chaque bloc compte sur ses forces pour résister au rouleau compresseur d’une crise mondiale qui se dessine.
La Chine n’a pas encore dit son dernier mot. Elle progresse en Afrique et gagne du terrain au détriment d’une Europe moribonde.
Ouvrons les yeux : le temps presse. A notre détriment…
LES CONJURES DU REPORT DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE
On ne dira jamais assez que si la folie gagnait les Sénégalais jusqu’à faire acter un report de l’élection présidentielle, les militaires par exemple seraient eux aussi bien en droit de nous imposer leurs volontés. Que Dieu en préserve le Sénégal !
Ils étaient presque trois cents à annoncer leur ambition de devenir président de la République du Sénégal en 2024. Vingt d’entre eux ont finalement été retenus dans la liste rendue publique par le Conseil constitutionnel, comme déclarés qualifiés pour la compétition électorale du 25 février prochain. C’est sans doute beaucoup, car jamais dans l’histoire politique du Sénégal, autant de candidats ne s’étaient alignés pour une élection présidentielle. Mais ce nombre pléthorique n’en est pas moins une bonne chose. On peut considérer que cette élection présidentielle est partie pour être la plus inclusive possible. Pour rappel, en 2019, seuls cinq candidats avaient été en lice, contre quatorze en 2012, quinze en 2007, huit en 2000, encore huit en 1993, quatre en 1988, cinq en 1983, deux en 1978. Un seul candidat, Léopold Sédar Senghor, sous le régime du parti unique, était en lice pour les présidentielles de 1973, 1968 et 1963. En 2024, en dépit du système de parrainage qui constitue un premier filtre permettant de recaler les candidats les plus farfelus, on aura quatre fois plus de candidats que lors de la dernière élection présidentielle. Plus que jamais, c’est la réponse définitive que le système du parrainage se révèle être absolument nécessaire pour réguler la compétition électorale et préserver le sérieux qui doit l’entourer.
Karim Wade et Ousmane Sonko, candidats sans illusions recalés
Tous les deux savaient parfaitement qu’ils ne sauraient et ne pourraient être candidats à cette élection présidentielle de 2024. Karim Meïssa Wade le sait si bien qu’il n’a pas daigné, depuis plus de sept ans, fouler le sol du pays qu’il prétendait diriger ; encore qu’à moins d’un mois du rendez-vous électoral, il continue à donner des consignes à travers les réseaux sociaux, annonçant son inéluctable retour. Je n’ai jamais pris de telles annonces au sérieux, considérant que c’était un simple jeu de dupes et que Karim Wade souhaitait, au fond de lui-même, être recalé pour pouvoir dire à ses soutiens qu’il avait voulu venir mais que la permission ne lui a pas été accordée. Franchement, si Karim Wade voulait être candidat, il se serait délesté depuis longtemps de sa nationalité française qui, fatalement, l’aurait empêché de participer à l’élection présidentielle. Mais attendre qu’un recours en invalidation contre sa candidature soit déposé, pour s’empresser de se faire confectionner un décret en mode «fast track», apparaît plus comme une pièce de théâtre ; d’autant plus qu’un tel décret est postérieur au dépôt des candidatures. On n’a pas besoin d’être un grand juriste pour savoir que si le Conseil constitutionnel avait accepté cette pièce tardive fournie par Karim Wade, que constitue le décret de renonciation à son allégeance à la République française, les sept «Sages» auraient dû alors autoriser tous les autres 40 candidats dont les dossiers avaient déjà été rejetés, à pouvoir les régulariser. La même question de double nationalité ne devrait plus se poser pour lui en 2029, si jamais Karim Wade n’aurait pas d’autres nationalités étrangères, comme espagnole et libanaise.
Ousmane Sonko s’était lui-même disqualifié pour ce qui concerne la fonction de président de la République, élu démocratiquement au suffrage universel, dès l’instant qu’il appelle de manière répétée à l’insurrection contre les institutions républicaines et surtout à faire un putsch militaire pour renverser le chef de l’Etat démocratiquement élu. Le Conseil constitutionnel aurait pu valablement se suffire simplement de ces déclarations pour rejeter sa candidature. Ousmane Sonko semble d’ailleurs en avoir eu bien conscience pour avoir désigné plusieurs candidats, représentant chacun un pôle particulier ou une obédience de son parti dissous, l’ex-Pastef. On ne le dira jamais assez, ce parti politique était apparu comme un conglomérat de forces et de pôles politiques divers, antagonistes et parfois même réfractaires les uns aux autres. Ousmane Sonko, comme tous les leaders populistes et démagogues, pouvait continuer de servir de figure de proue, pour fédérer tout le monde et promettre à chaque coterie ce qu’elle pouvait espérer ou attendre. La supercherie ne pouvait pas durer davantage.
Mimi Touré et compagnie s’essaient au putsch institutionnel
Le fait est trop grave pour qu’on le ravale à un banal débat de salons dakarois. Un groupe de candidats, qui n’ont pu satisfaire aux exigences du parrainage, se sont mis ensemble pour prôner l’arrêt du processus électoral et le report de l’élection présidentielle. Il va de soi qu’ils n’ont pour cela, aucun argument de droit ou de fait, sinon que leur égoïsme. Mais ils sont si prétentieux qu’ils apparaissent les plus incohérents possibles. Il y a moins d’un mois, quand des voix sorties de nulle part évoquaient l’idée d’un report de l’élection présidentielle, pour permettre un nouveau dialogue autour du processus électoral, Aminata Touré, Abdoul Mbaye, Bougane Guèye Dany et Abdourahmane Diouf étaient les plus en alerte pour s’insurger contre une telle hérésie. «Bëg bëré, bañ bëré» (l’affrontement aura lieu de gré ou de force), disaient-ils en chœur. Ce quarteron soupçonnait le camp du Président Macky Sall de chercher des subterfuges pour rester à la tête du pays. Les mêmes accusations avaient d’ailleurs été portées, pendant de longs mois et de façon insistante contre Macky Sall et son régime, jusqu’à ce que ce dernier s’obligeât à rappeler l’évidence du respect scrupuleux du calendrier électoral. Il apparaît alors curieux que ces personnes, farouchement opposées à toute idée velléitaire de toucher au calendrier électoral, veuillent désormais engager le Sénégal dans une aventure on ne peut plus périlleuse. Quelle légitimité donneraient-ils aux autorités de l’Etat qui resteraient en place, au-delà de la période de renouvellement du mandat du président de la République ? Diantre, pourquoi entonner subitement un discours qui risque de faire un précédent jamais connu au Sénégal, du report d’une élection présidentielle ? Ironie du sort, jamais le contexte de la publication de la liste des candidats qualifiés à l’élection présidentielle n’a été aussi calme et serein, qu’il ne l’est en ce mois de janvier 2024. Qui ne se rappelle pas des échauffourées et des morts enregistrés habituellement à ce stade du processus électoral ? Justement, en 2012, il y avait tellement de violences et de morts que l’ancien Président nigérian Olusegun Obasanjo, dépêché à Dakar, par la Cedeao pour travailler à calmer la situation de tensions politiques au Sénégal, avait préconisé le report de l’élection présidentielle en accordant un rabiot de deux ans au Président Abdoulaye Wade dont la candidature était fortement contestée. Aminata Touré ainsi que tout l’état-major politique du candidat Macky Sall avaient opposé un fin de non-recevoir ferme à une telle idée qu’ils considéraient comme «dangereuse, subversive et anti-démocratique».
Pour la petite histoire, Sidy Lamine Niasse, patron du Groupe de presse Walfadjri, était appelé à monter au créneau pour contrecarrer le funeste projet. Il a ainsi animé une conférence de presse fatale à cette idée, le 21 février 2012. Le texte liminaire, écrit par Abou Abel Thiam, avait été validé préalablement par Macky Sall, alors en tournée électorale, à l’étape de Guinguinéo. Macky Sall avait désigné Alioune Badara Cissé et Samba Diouldé Thiam pour le représenter à cette conférence de presse. Olusegun Obasanjo reprit alors immédiatement son avion pour retourner à Lagos et laisser les Sénégalais avec leurs «sénégalaiseries».
En tout état de cause, on ne dira jamais assez que si la folie gagnait les Sénégalais jusqu’à faire acter un report de l’élection présidentielle, les militaires par exemple seraient eux aussi bien en droit de nous imposer leurs volontés. Que Dieu en préserve le Sénégal ! En 2022, des violences politiques avaient endeuillé le pays et pourtant, l’idée de reporter les élections locales de janvier 2022 et des Législatives de juillet 2022 avait été battue en brèche par les mêmes acteurs qui aujourd’hui tiennent un autre discours. Au demeurant, si d’aventure, un Karim Wade ou quelques officines du camp présidentiel opposées à toute idée de devoir souffrir la candidature de Amadou Ba, ou encore même des candidats déjà qualifiés pour la Présidentielle finissent par être convaincus de joindre leurs voix à celles des théoriciens du report, cela ne devrait pas pour autant autoriser un saut aussi périlleux dans l’illégalité et le forfait démocratique. Encore une fois, cela ouvrirait la boîte de Pandore en ce qu’il ne serait qu’un coup d’Etat.
21-1= VIN
En classe ! Ce sera finalement un effectif de 20 candidats dont 2 dames. Le maitre du jeu, le Conseil constitutionnel, a fait un calcul ni mental ni sentimental. Les 7 «sages» ont décompté des bâtonnets : 21-1 = 20.
En classe ! Ce sera finalement un effectif de 20 candidats dont 2 dames. Le maitre du jeu, le Conseil constitutionnel, a fait un calcul ni mental ni sentimental. Les 7 «sages» ont décompté des bâtonnets : 21-1 = 20. Karim Wade a été le «mauvais élève». Il redouble la classe comme en 2019. Ce serait un «cartouchard» si c’était à l’université dans l’ancien système. Il ne reste qu’à savoir les œuvres au programme. Le vingt est tiré, il faut le boire. Avec modération.
Par Mame Abdoulaye TOUNKARA
HOMMAGE AU PROFESSEUR MOUHAMADOU MAWLOUD DIAKHATE (1957 – 2024)
Il est, dans la vie, à travers les âges, des personnes dont la disparition demeure une perte ô combien lourde pour notre communauté tant elles ont symbolisé l’utilité, de par leur profession, leur œuvre, leur parcours, et que sais-je ?
Il est, dans la vie, à travers les âges, des personnes dont la disparition demeure une perte ô combien lourde pour notre communauté tant elles ont symbolisé l’utilité, de par leur profession, leur œuvre, leur parcours, et que sais-je ? Le rappel à Dieu du Professeur Mouhamadou Mawloud DIAKHATE en est l’exemple patent. Cet éminent intellectuel aux qualités exceptionnelles, tire sa révérence, ce lundi 08 janvier 2024, après une journée de labeur où il préside une réunion au Haut Conseil des Collectivités Territoriales, jusqu’à 12 heures 20 minutes, avant de se retirer et honorer son dernier rendez-vous, l’inéluctable, celui d’avec la mort. Hélas, l’illustre enseignant nous quitte, sur la pointe des pieds.
«Oui oui », Professeur, ton tic, le « oui, oui », que tu répètes, je te parle d’outretombe, pour témoigner, par devoir, devant Dieu, toi et les hommes, de ce que fut ta vie, pour t’avoir côtoyé, comme tant d’autres, durant deux décennies, je dis sous l’angle de cette amitié, née dans les méandres de l’Alliance des Forces de Progrès, mon ex parti, le tien. Cette amitié, sincère, aux antipodes de celles sorties des limbes au forceps, comme c’est le cas, malheureusement, de nos jours ; je parle de cette amitié naturelle née de mes publications dans la presse de notre pays.
Loin de toute contingence, chevillé sur le libre esprit de l’intellectuel, mû que par le traitement du savoir, tu te prononces, sur le sujet dont ma modeste personne, a eu l’honneur de se faire lire par nos concitoyens. Impressionné que je suis par tes réactions, - je l’avoue -, parce qu’ignorant, à priori, ta profession d’universitaire, mais j’en fus heureux dès lors que j’en ai eu le cœur net. Ce fut une joie d’avoir enrichi mon cercle d’amitié, d’un éminent intellectuel aux qualités humaines remarquables, trempées de l’humilité du pratiquant d’arts martiaux.
Et je commence à connaitre ta personne. Celle du bon musulman, sérieux, honnête, debout sur la marche supérieure de l’escalier de la dignité ; droit et généreux, abhorrant toutes formes de triche. Qui sait prendre la parole partout, sans heurter qui que ce soit, mais en assénant des vérités basées sur des connaissances avérées, des idées claires, une analyse scientifique, rigoureuse, cimentées par la cohésion d’un intelligent. Comme savent le faire les sachants d’un certain rang. Cette pédagogie qui enseigne les attentifs si peu qu’ils aient la chance de partager avec des personnes de ta trempe.
Né en 1957, tu quittes ce bas-monde, soixante-six ans plus tard, le lundi 08 janvier 2024. Alors que 66 est la valeur numérique du nom de Dieu, « Allahou ». Tu déclines dans ton deuxième livre In memoriam : « À ma mère Yacine DIOP, Femme de Cœur, Femme d’Honneur ; À mon Père Bassirou DIAKHATÉ, Homme transcendant, Parangon de vertu, qui ont eu l’extrême élégance de partir quand j’eus le dos tourné ».
Ton érudition n’est pas usurpée en ce sens que tu es le petit-fils de Khaly Madiahaté Kala, cet érudit qui a enseigné le Coran au vénéré Serigne Touba, Cheikh Ahmadou Bamba MBACKÉ. Qui plus est, je comprends le pourquoi de ta connaissance du livre saint et des disciplines connexes.
Guendal, mythique quartier de la ville de Rufisque, te voit intégrer le lycée Abdoulaye SADJI. Tu te sublimes au Concours Général, cérémonie solennelle de distinction des craks des classes de première et de Terminale de l’enseignement secondaire. Trois fois lauréat, en Sciences physiques, en Philosophie et en Sciences naturelles, et muni de ton baccalauréat de la série D, la bourse étrangère de l’État t’est accordée, mais, au regard de ton jeune âge, ton papa décide de ton inscription au département de Géographie, à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’université de Dakar, toi le scientifique, comme tu me l’as expliqué, un jour, chez moi.
Admis en licence 3, tu t’envoles pour la France, à Lyon, précisément, où tu soutiens une thèse de doctorat sous la supervision du Professeur Jacques BERTHEMOND, ton «Serigne » comme tu aimes à l’appeler, toi son « talibé », tel qu’il affectionne de te rendre la politesse. Un sujet encore si explicite sur ta spécialité Ecodynamique des milieux et effets d’impact potentiel du barrage de Diama dans le Delta du fleuve Sénégal
Enseignant chercheur, Maitre de conférences, puis Professeur titulaire des Universités, tu diriges à l’UGB les laboratoires LEïDI « Dynamique des Territoires et Développement » et codirige le Mixte International PATEO « Patrimoine et Territoires de l’eau » de l’Institut Français de Recherche pour le Développement (IRD). En outre, tu es élevé au prestigieux titre de Docteur Honoris causa par deux universités.
Aussi, tu as été membre des comités scientifiques du Plan National d’Aménagement et de Développement des Territoires, (PNADT- Horizon 2035) et du Schéma de Développement Economique Régional (SDER) de l’UEMO. Directeur de l’école de l’AFP, tu présides tous les comités scientifiques relatifs aux différentes cérémonies du parti, et, d’autorité, tu n’hésites, jamais, à m’y intégrer, sans mon aval, ce que je te concède, au vu de notre complicité intellectuelle. En outre, tu es membre du Comité scientifique du Magal de Touba. Et parmi de hautes personnalités, tu es choisi, Président du Conseil d’administration de la SDSN Sahel, l’initiative des Nations Unies pour un réseau de Solutions de Développement Durable ; suite à une rigoureuse sélection
Membre du Haut Conseil des Collectivités Territoriales, où tu présides les commissions « Dynamique des Pôles-Territoires » puis « Etudes, de la planification, du suivi et de l’évaluation des politiques de décentralisation », tu es admiré par le président Ousmane Tanor DIENG. Qui, souvent, t’invite à déjeuner, et échanger avec l’homme de savoir que tu es. Au point de t’interroger sur tes parcours tant tu l’as émerveillé. En dépit de son excellente plume tant chantée, il te confie la rédaction de ses discours, sachant la beauté de la tienne.
De la zawya El Hadj Malick SY de Dakar, à la maison mortuaire, en passant par le cimetière de Yoff, les témoignages disent long sur ta vie. Politesse, intelligence, humilité, sens de la vérité… sont les maitre-mots. Me revient à l’esprit la phrase que j’ai lancée au député-maire Santi Sène AGNE dans le cimetière ; « Un musulman est parti. ». « Tu as tout résumé. » : ajoute-t-il. « Ton ami est parti. » dixit mon frère Famara DIATTA
Celui du président Moustapha NIASSE, bien relayé par le HCCT Alioune DIOUCK, se focalise sur tes qualités et l’étroitesse de vos relations. Le maire Alioune NDOYE, premier à prendre la parole, devant la dépouille mortelle, parle de ta valeur intrinsèque, pour avoir travaillé avec toi, ancien maire. Ton oncle, venu de Rufisque dit ton sens de la parenté et le représentant du Recteur de l’UGB, de revenir sur le collègue émérite et vertueux. « Pourra-t-on le remplacer au HCCT ? » murmure un Haut Conseiller debout à mes côtés, en sortant du cimetière. La présidente du HCCT Aminata Mbengue NDIAYE, venue passer la journée, à la maison mortuaire, s’inscrit dans le même sillage des éloges funèbres à toi rendu.
Ton premier ouvrage : Aménagement du territoire au Sénégal – Principes, pratiques et devoirs pour le XXI eme siècle préfacé par le Professeur Jacques BERTHEMON, Paris, 2011 et le deuxième : Penser, Fabriquer, Gouverner les territoires - Le Sénégal à l’épreuve du développement territorial Dakar 2020, préfacé par Lat Soucabé MBOW, Professeur agrégé, édifient sur ton expertise. Quid de ta co- rédaction avec Marie Christine Cormier SALEM et Luc DESCROIX de l’ouvrage Sciences participatives et Gouvernance des patrimoines et territoires des deltas, IRD, Editions L’Harmattan, Paris, 2017
Toutefois, dans ton deuxième livre dont tu es venu m’offrir un exemplaire à domicile, tu griffonnes « À mon ami et frère Mame Abdoulaye TOUNKARA, pour nos convergences de vues et l’engagement pour le Sénégal, qui est le nôtre. Dakar, le 30 juin 2020. ». Et un autre que tu me remets, pour mon ami Massamba SARR, à qui je t’avais présenté. Tu me déconseilles mon départ du parti, m’enjoignant d’attendre une probable nomination pour t’épauler. La démission actée, tout triste, tu me certifies que le cas échéant, tu me chercherais partout pour me confier une responsabilité, car, dis-tu : « En France, ce sont des gens comme toi, qui font fonctionner les cabinets. ». Hélas. Tu m’apprends, aussi, qu’en deuxième année de lettres modernes, à l’UCAD, mes textes font l’objet d’enseignements par le professeur FALL dans une discipline intitulée « La stylistique ». Quelle générosité.
Professeur, voilà quelques mots que j’ai voulus dire à ton endroit, pour la postérité, afin d’enseigner aux générations futures le sens de ton combat pour le savoir que tu as honoré ; tu as défriché les champs du savoir ; tu as donné le savoir ; tu as porté haut l’étendard du savoir.
À Dieu Professeur !
Oui, oui, pour le Panthéon !
L’Histoire répètera ton nom, DIAKHATÉ
Ton obligé, Mame Abdoulaye TOUNKARA
Citoyen sénégalais
Par Abdoulaye THIAM
PLUS QU’UN MATCH DE FOOTBALL !
Demain mardi 23 janvier, les «Lions» du Sénégal vont affronter le Syli national de la Guinée. Un match aux allures d’une finale de la poule C pour la première place
Demain mardi 23 janvier, les «Lions» du Sénégal vont affronter le Syli national de la Guinée. Un match aux allures d’une finale de la poule C pour la première place devant permettre à l’équipe vainqueur de jouer les 8èmes de finale au stade Charles Konan Banny de Yamoussoukro. Il est donc d’une importance capitale pour les deux sélections qui y ont déjà installé leur base et qui comptent y rester. Kaba Diawara connu pour ses punchline contre le Sénégal et surtout à l’endroit de Aliou Cissé a déjà allumé la première mèche.
«Le match contre le Sénégal, ce sera la finale du groupe et un grand match. C’est un grand derby, et le derby ne se joue pas, il doit être gagné. Nous n’aborderons pas le match juste pour le jouer, mais nous visons la première place et nous nous efforçons de nous qualifier à la première place au niveau du groupe», a-t-il déclaré après la courte victoire (1-0) de son équipe face aux Scorpions de la Gambie.
Ce n’est pas une première pour le sélectionneur de la Guinée de tenir de tels propos pour pimenter les rencontres contre le Sénégal. Lors de la dernière édition au Cameroun, il avait aussi laissé entendre que les Lions étaient favorisés par l’arbitre pour avoir bénéficié d’un penalty à la 97ème minute contre les Warriors du Zimbabwe, en phase de poule à Bafoussam. «Le Sénégal, grande équipe ? Oui, mais qui est avantagé par l’arbitrage ? Nous ? On ne le sera pas», avait encore dit M. Diawara avant de se rétracter en annonçant que ses propos ont été sortis de leur contexte.
Alors qu’Aliou Cissé avait refusé de polémiquer, Me Augustin Senghor avait éteint le feu en mettant le curseur sur les relations fraternelles entre les deux pays qui selon lui, dépassent le football.
Toutefois, force est de reconnaître que ce discours «politiquement correctement» tranche d’avec la passion notée dans ce derby sous-régional. L’attitude de Kaba Diawara qui ne rate aucune occasion pour brocarder la sélection sénégalaise, pourrait être appréciée par le traumatisme qu’il a vécu à Alexandrie. Ce 3 février 2006, le Syli national affronte une sélection sénégalaise rescapée des phases de poule avec une victoire et deux défaites. Pis, dès l’entame du jeu, Kaba Diawara qui avait fini de bénéficier d’une nouvelle jurisprudence de la Fifa sur le changement de nationalité sportive, profite d’une offrande de Tony Mario Sylva pour ouvrir le score
Le réveil des Lions ne va pas tarder. Pape Bouba Diop, Mamadou Niang et Henri Camara vont envoyer le Sénégal dans le carré d’as. Même s’ils n’oublieront pas de sitôt le coup franc magistralement exécuté par Pascal Feindouno à la 92ème minute (3-2).
Par ailleurs, il faut remonter aux débuts des indépendances pour comprendre cette tenace rivalité entre sénégalais et guinéens qui a été exacerbée par leur premier Président. C’est même une lapalissade de dire que Léopold Sédar Senghor et Sékou Touré entretenaient des relations plus que tendues
Après les éliminatoires de la CAN 1965 remportées par le Sénégal devant la Guinée, Amsara 68 va marquer davantage les esprits. Suite à une victoire 4-1 à Dakar, les Lions se sont inclinés à Conakry face au Syli national gonflé à bloc par le Président Sékou Touré (3-0). Il fallait alors un match d’appui en terre neutre. Banjul (Gambie) est alors choisi pour abriter la rencontre. Mais, contre toute attente, le Syli surnom donné par Sékou Touré, demande à ce que le match se dispute finalement à Dakar. Selon plusieurs observateurs, le Président guinéen était dans la logique de raffermir ses liens avec son homologue sénégalais Léopold Sédar Senghor. Si les Lions l’ont emporté (2- 1), Sékou Touré avait réussi un coup diplomatique en pleine guerre froide.
La tension est baissée entre Diouf et Lassana Konté, avant de reprendre l’ascenseur sous Alpha Condé. On se souviendra encore de l’immixtion de l’ancien chef d’Etat guinéen dans la gestion de la fraude sur l’âge des jeunes joueurs guinéens à la CAN-17 «Tanzanie 2019». Ahmed Tidiane Keïta et Aboubacar Conté avaient été reconnus coupables de triche et «interdits d’exercer toute activité liée au football pour une période de deux (2) ans». Sud Quotidien qui, à l’époque avait l’exclusivité de la réunion du Conseil disciplinaire de la CAF, tenue le 12 mai 2019, avait relevé l’implication de Alpha Condé qui a même eu l’outrecuidance d’appeler le président de la CAF d’alors, Ahmad pour que la plainte déposée par la Fédération sénégalaise de football (FSF) ne puisse prospérer. Que nenni !
Selon plusieurs observateurs également, si la Guinée n’avait pas fait preuve d’orgueil en refusant la main tendue du Sénégal pour organiser conjointement la CAN 2025, elle n’allait pas être dessaisie. Mais le gouvernement de Condé avait très vite coupé l’élan du ministre sénégalais des Sports d’alors, Matar Bâ et du président de la Fédération sénégalaise de football, Me Augustin Senghor. La haine viscérale de Condé envers Macky Sall n’était pas étrangère à ce refus catégorique de Conakry.
DES «LIONS» CHEZ LE SYLI ET VICE ET VERSA
Si le derby Sénégal-Guinée a eu très souvent des relents politico-diplomatiques, il a aussi été marqué par des batailles de faux-frères. Les derniers ont été Souleymane Camara «Petit» Jules et Henri Camara. De parents d’origine guinéenne, ils ont été de très grands joueurs à affronter le Syli. Henri Camara sera même l’auteur du but KO à Alexandrie.
Mais que dire de Coty Koné dit Kamou ? Joueur de la Jean d’Arc de Dakar, il avait la foudre dans les pieds et avait opté pour le Sénégal, alors que son propre frère qui évoluait à Hafia de Conakry jouait pour le Syli national. Idem pour Lala Soumah que Dr Mamadou Koumé dans son encyclopédie qualifie de «duettiste» du Saloum. Il avait lui aussi pris part aux éliminatoires de la CAN 1972 remportées cette fois-ci par la Guinée. Sans occulter notre double ballon d’or, El Hadji Ousseynou Diouf, qui soutient lui-même que son père Poulo, est d’origine guinéenne. La liste est loin d’être exhaustive.
Le choix de Bouna Sarr pour Sénégal au détriment de la Guinée était le dernier cas qui a frustré Conakry. Il ne sera forcement pas le dernier. Parce qu’une rencontre Sénégal-Guinée est plus qu’un match de football !
par Amina Touré
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL A CONFIRMÉ LA VOLONTÉ DE MACKY SALL DE NOUS ÉCARTER INJUSTEMENT
Le candidat de BBY ne devra pas aller au second tour. Nous serons actifs dans l’élection à venir en soutenant le candidat capable d’incarner un changement véritable. Nous organiserons rapidement nos consultations internes pour choisir le bon candidat
Sans grande surprise, le Conseil Constitutionnel a confirmé la volonté du président Macky Sall de nous écarter injustement de l’élection présidentielle après nous avoir illégalement expulsé de l’Assemblée nationale.
Cette nouvelle forfaiture ne fait que renforcer notre volonté d’en finir définitivement avec son régime en contribuant à battre le candidat de Benno Bokk Yaakaar, Amadou Ba, qui ne devra pas aller au second tour.
Nous serons actifs dans l’élection à venir en soutenant le candidat capable d’incarner un changement véritable. Nous organiserons rapidement nos consultations internes pour choisir le bon candidat.
Je vous remercie tous pour votre soutien sans faille. Plus que jamais, restons engagés pour le Sénégal.
par Karim Wade
DANS TOUS LES CAS, JE PARTICIPERAI AU SCRUTIN DU 25 FÉVRIER
La récente décision du Conseil Constitutionnel est scandaleuse. J’ai décidé de saisir les juridictions internationales dont la Cour de justice de la CEDEAO pour défendre mon droit à la candidature à l'élection présidentielle
La récente décision du Conseil Constitutionnel est scandaleuse, c’est une atteinte flagrante à la démocratie.
Cette décision est fondée sur des prétextes fallacieux. Elle viole mon droit fondamental de participer à l'élection présidentielle du 25 février 2024, alors que j’ai depuis longtemps renoncé à ma nationalité française.
Cette nouvelle atteinte à mes droits de l’homme s'inscrit dans la continuité des nombreuses violations dont je suis victime depuis 12 ans : une détention arbitraire de plus de 3 ans à l’issue d’un procès inéquitable devant une cour d’exception, la CREI, et un exil forcé qui dure depuis 7 ans.
Face à ce nouveau complot judiciaire, j’ai décidé de saisir les juridictions internationales dont la Cour de justice de la CEDEAO pour défendre mon droit à la candidature à l'élection présidentielle de février 2024.
Dans tous les cas, je participerai d’une manière ou d’une autre au scrutin du 25 février. Je demande à nos militants, nos sympathisants, nos alliés et aux millions de sénégalais qui me soutiennent de rester mobilisés pour engager à mes côtés le combat contre l’injustice et pour la restauration de l’Etat de droit.