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27 novembre 2024
Opinions
DÉCLARATION SUR L’HORREUR !
Le Sénégal n’est pas un jouet qui doit être entre des mains de gens qui font du «ngaralé». Quand on est poursuivi par la justice sénégalaise, on est Français ou Américain.
Le Sénégal n’est pas un jouet qui doit être entre des mains de gens qui font du «ngaralé». Quand on est poursuivi par la justice sénégalaise, on est Français ou Américain.
Quand on veut être candidat, on est Sénégalais. Bi ou double nationalité, pour diriger notre pays, nous devons l’aimer et ne jamais le comparer à un autre.
C’est l’avenir du pays et des risques de haute trahison qui sont en jeu.
La législation doit être corsée sur ce point avec un contrôle a priori. Et non juste une confiance aveugle à une «déclaration sur l’honneur». Pour éviter l’horreur.
Par Denis NDOUR
L’OBSTACLE AU LIBRE CHOIX RISQUE DE REMETTRE EN CAUSE LE DROIT DE VOTE DE CERTAINS CITOYENS SENEGALAIS A LA PRESIDENTIELLE DE 2024
Le processus du parrainage comme filtre pour réduire la pléthore de candidats à la candidature a soulevé un grand débat sur la pertinence et la fiabilité en tant qu’instrument électoral de régulation sur les critères de recevabilité de candidature.
Le processus du parrainage comme filtre pour réduire la pléthore de candidats à la candidature a soulevé un grand débat sur la pertinence et la fiabilité en tant qu’instrument électoral de régulation sur les critères de recevabilité de candidature.
En effet, cette situation était prévisible dans la mesure où les réformes sur le parrainage n’ont pas été faites en profondeur mais plutôt, elles ont été réalisées de façon superficielle, pour ne pas dire politicienne.
Pour rappel, dans son arrêt de 32 pages rendu le 28 avril, la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) porte un coup sévère au Code électoral sénégalais, qui avait consacré, en février 2019, la réélection du Président Macky Sall dès le premier tour, au milieu d’un désert de candidatures concurrentes. «La Cour décide que les formations politiques et les citoyens du Sénégal qui ne peuvent se présenter aux élections du fait de la modification de la loi électorale [en 2018] doivent être rétablis dans leurs droits par la suppression du système de parrainage, qui constitue un véritable obstacle à la liberté et au secret de l’exercice du droit de vote, d’une part, et une sérieuse atteinte au droit de participer aux élections en tant que candidat, d’autre part.»
En outre, si nous sommes d’accord qu’il n’y a pas de liberté sans lois, alors nous considérons aussi que les lois morales ou juridiques non seulement n’excluent pas la notion de liberté, mais sont en outre nécessaires pour qu’advienne une liberté authentique.
Or dans ce processus de parrainage le libre choix du citoyen est compromis dans la mesure où n’importe quel citoyen, à cause d’un tirage au sort, peut voir son candidat se retrouver en dernière position, donc avec moins de chance de passer à ce test de parrainage. A cette situation anti-démocratique, il faut ajouter le fait que le candidat ne puisse changer de type de parrainage en cas de premier rejet. Par conséquent, le citoyen, dans ce cas de figure, risque de ne pas voter puisque le système a limité ses choix, cela constitue une violation du droit de vote. Nous rappelons que voter est un droit, c’est un acte citoyen qui permet de choisir son (sa) ou ses représentants à l’occasion d’un scrutin. Au sein d’une démocratie, ce droit fondamental de participation permet d’exercer sa citoyenneté en participant à l’élection de son (sa) ou ses représentants.
L’inhérence des élections à la démocratie est du reste clairement affirmée par la Déclaration universelle des droits de l’Homme : «La volonté du Peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes, libres, transparentes, inclusives qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure assurant la liberté du vote.»
Selon certains penseurs modernes du gouvernement représentatif, la désignation des gouvernants par une élection avait un caractère aristocratique : elle était destinée à sélectionner les meilleurs pour gouverner. C’est ainsi que, au début du XIXème siècle, François Guizot pouvait encore écrire : «Le but de l’élection est évidemment d’envoyer au centre de l’Etat les hommes les plus capables et les plus accrédités du pays ; c’est une manière de découvrir, mais aussi de constituer la véritable et la légitime aristocratie.» L’ère de cette aristocratie est dépassée certes, mais dans une vraie démocratie, la légitimité reste fondamentale. Qui doit posséder le pouvoir de prendre les décisions politiques au nom du «dèmos», le pouvoir de gouverner ? Comment désigner et contrôler ceux qui auront ce pouvoir ? Nous sommes XVIII millions, mais combien de Sénégalais auront le privilège de choisir le prochain président de la République ?
Même si Alexis de Tocqueville soulignait que l’égalité politique est au cœur de la démocratie et implique le suffrage universel. Il faut reconnaître aussi que la démocratie suppose avant toute chose des élections libres, mais de plus en plus cela paraît cependant remis en question, c’est pourquoi on parle de «la crise de la représentation». Celle-ci est avant tout une crise de la force légitimant l’élection.
Aujourd’hui, nous nous rendons compte que de plus en plus, l’élection au suffrage universel n’est plus vraiment inclusive, non pas seulement à cause de subterfuges politico-judiciaires pouvant retenir des candidats, mais encore trois autres raisons sont souvent avancées : a) de facto, la participation électorale est socialement biaisée : les citoyens plus scolarisés et issus de milieux plus favorisés votent davantage que ceux qui sont moins scolarisés et issus de milieux moins favorisés ; b) le même biais social affecte, de manière encore plus marquée, l’accès aux mandats politiques : la grande majorité des élus ont un niveau de revenu et un niveau d’études supérieurs à la moyenne des citoyens ; ils ont souvent fréquenté les mêmes écoles, les mêmes cercles et sont parfois issus des mêmes familles ; c) enfin, la dynamique électorale conduit à une professionnalisation de la politique, à la constitution d’une «classe politique» dotée d’un certain pouvoir social et dont les intérêts et le mode de vie se distinguent de ceux du reste de la population.
Par ailleurs, une réflexion sur la légitimité démocratique ne peut en effet se focaliser exclusivement sur les conditions d’un rapport dialogique entre citoyens au sein d’un espace public ou d’une instance de délibération. Elle doit aussi penser à la phase consensuelle du processus qui constitue une base de confiance entre les acteurs. C’est pourquoi nous devons aujourd’hui nous assurer durant la prochaine élection que notre futur Président ne souffre d’aucune légitimité et qu’il soit crédible aux yeux des Sénégalais pour conduire en toute sérénité les destinées de notre cher pays. Pour ce faire, le Conseil Constitutionnel a un grand rôle à jouer pour que le droit soit objectivement lu, tous les recours traités selon les délais du Code électoral et que toutes ses décisions pour le reste du processus ne puissent souffrir d’aucune ambiguïté juridique. Il faut le rappeler, les juges constitutionnels, qui ont pourtant des pouvoirs importants, ne sont pas élus. On peut néanmoins admettre qu’ils sont démocratiquement autorisés à exercer les pouvoirs que leur donne la Constitution en vertu du fait que les citoyens adhèrent à celle-ci, même si ce consentement est implicite. Mais aussi que tous les acteurs acceptent le fair-play après avoir épuisé tous les éventuels contentieux électoraux. Que la campagne électorale se fasse à travers la non-violence et qu’un véritable débat programmatique s’installe au détriment des invectives et attaques personnelles.
Dans une perspective de période postélectorale il nous faut une innovation démocratique qui traduise une volonté de mettre la participation directe des citoyens au cœur de l’élaboration des politiques, de dépasser ainsi les insuffisances de la démocratie électorale.
Ainsi la présence de partis politiques est essentielle au déploiement des vertus de l’élection en tenant en compte :
– Le consentement des citoyens à être gouvernés ; – L’inclusion égalitaire des citoyens dans le processus de décision ;
– Le contrôle et la contestation des décisions et des décideurs par les citoyens ; – Les qualités épistémiques du processus de décision. Il nous faut une transition pour une refondation nationale basée sur des consensus forts comme les conclusions des Assises nationales et celles de la Cnri. Enfin, une procédure de vote est démocratique si elle est inclusive c’est-à-dire : si elle assure à tous les citoyens, quelle que soit leur origine sociale, une possibilité égale de prendre part, directement ou indirectement, à la formation de la décision politique.
LA VALEUR JURIDIQUE SUPERFÉTATOIRE DE L’ATTESTATION DE LA CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Conseil constitutionnel n’ignore pas que l’attestation accompagne simplement la quittance. La confirmation, l’attestation, n’apporte rien à la règle, le dépôt d’une caution notamment
Sidy Alpha Ndiaye et Salif Sané |
Publication 16/01/2024
De la recevabilité de la candidature de Monsieur Ousmane Sonko
L’élection présidentielle, par le respect scrupuleux des règles électorales, participe à la consolidation de la paix sociale et unifie la nation autour du choix d’un leader légitime.
Le constituant sénégalais et le législateur, par le biais du Code électoral, ont érigé les conditions d’une élection libre, transparente, loyale et inclusive. Le processus électoral fait intervenir des organes habilités à jouer séparément des fonctions. Le Conseil constitutionnel apparaît en dernier ressort comme le gardien suprême de la l’intégrité du scrutin. En tant que garant du fonctionnement normal des institutions, le Conseil constitutionnel contrôle la validité des actes de candidature et des résultats issus du scrutin.
L’invalidation d’une candidature, en ce qu’elle prive un citoyen de son droit fondamental à participer à l’expression du suffrage universel et une masse d’électeurs d’un choix libre, doit répondre à une exigence de motivation. L’exigence de motivation transporte un objectif de compréhension et de découverte du raisonnement du juge. Elle renforce la légitimité dans le cadre d’une démocratie constitutionnelle. Dans sa décision du 12 janvier 2024, le Conseil constitutionnel a semblé méconnaitre cette obligation de motivation qui est une garantie fondamentale des droits de la défense en occultant les causes de la non présence de l’Attestation délivrée par la Caisse des dépôts et Consignations dans le dossier de candidature de Monsieur Ousmane Sonko. Or, aux termes de l’article 24 de la loi organique sur le Conseil constitutionnel du Sénégal, « le Conseil constitutionnel rend, en toute matière, des décisions motivées ». En excipant l’absence de l’Attestation dans le dossier du candidat susmentionné, le Conseil constitutionnel reconnait, par ricochet, que celui-ci jouit de tous ses droits civils et politiques et que le défaut de présentation du modèle de fiches de parrainages, arbitrairement confisqué par la Direction Générale des Élections compte non tenu de deux décisions de justice immédiatement exécutoires, n’est pas un obstacle dirimant à la recevabilité de la candidature de Monsieur Ousmane Sonko. En ne convoquant ni l’inéligibilité du candidat ni la présence de l’archétype de la fiche, le Conseil constitutionnel construit un raisonnement visant à admettre la recevabilité de la candidature de Monsieur Ousmane Sonko. Il ne motive superficiellement l’irrecevabilité de la candidature que par le défaut de présentation d’une attestation volontairement confisquée par l’Administration électorale. Confirmer cette jurisprudence acterait le décentrement des fonctions électorales du juge constitutionnel à la CDC qui, en fonction du bon vouloir de son directeur, déciderait des candidatures à l’élection présidentielle, de les retrancher, ou de chercher à les avantager. Le directeur de la CDC serait en même temps juge électoral ! Il deviendrait de facto le 8ème juge constitutionnel par une exorbitance administrative inconsidérée. Et le Conseil constitutionnel, refusant la recherche de la causalité du manquement, accepterait que le comportement réfractaire de certains agents de l’Administration primerait sur la justice constitutionnelle. La fin de l’imperium du juge constitutionnel serait concomitante à l’exaltation, voulue par le Conseil constitutionnel, d’une Administration-juge. L’invalidation de la candidature d’un opposant ne vaut pas la peine de ruiner les fondations déjà évanescentes d’un État de droit.
L’argument de l’absence de l’attestation de la CDC, fondement juridique de l’invalidation de la candidature de Monsieur Ousmane Sonko, ne résiste pas à la rigueur juridique. En l’espèce, une absence de motivation ou une motivation lacunaire et expéditive renseigne sur une décision non-fondée en Droit.
De 1993 à 2019, le Conseil constitutionnel du Sénégal a toujours procédé à la motivation suffisante sur la recevabilité ou le rejet des candidatures au regard de toutes les conditions posées par la Constitution et le Code électoral. En 1993, avec 9 candidats, le Conseil rendit 21 Considérants. En 2000, il proposa 13 Considérants avec 9 candidats. En 2007, il produisit 19 Considérants avec 16 candidats. En 2012, avec 17 candidats, le Conseil fit 25 Considérants. En 2019, avec la modification du code électoral pour insérer l’éligibilité dans les conditions pour être candidat, le Conseil constitutionnel écrivit 127 Considérants pour 27 candidats. Des développements substantiels sur les candidatures de Messieurs Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade marquèrent de leur empreinte la décision du 20 janvier 2019.
Pour l’élection présidentielle du 25 février 2024, le Conseil constitutionnel ne consacre que 27 considérants pour répondre à la situation juridique de 93 candidats. La candidature de Monsieur Ousmane Sonko a été laconiquement écartée sur le fondement de l’incomplétude de son dossier alors même que la faute, assimilable à une défaillance administrative, est entièrement imputable à l’Administration. La jurisprudence constante du Conseil constitutionnel est de se prononcer sur la valeur juridique des pièces justificatives fournies par le candidat. Le Conseil constitutionnel s’abstient de rechercher la cause du manquement de l’attestation de la CDC et, ce faisant, refuse, contrairement à sa jurisprudence constante, de sanctionner le refus de l’Administration électorale de fournir la pièce demandée alors même qu’elle a délivré une quittance en bonne et due forme et que ledit chèque a été encaissé. Monsieur Ousmane Sonko dispose bien d’une quittance de dépôt du cautionnement requis. Dire que la quittance comporte une valeur juridique probatoire est un truisme. En effet, il s’agit d’un écrit remis au débiteur par lequel le créancier reconnaît avoir reçu le montant de sa créance. Partant, l’attestation signée par le Directeur de la CDC vise uniquement la confirmation du versement. Elle n’a, per se, aucune valeur juridique si ce n’est la vocation minimale de confirmation administrative d’un versement dont la preuve est administrée au Conseil constitutionnel. Ce juridisme n’est pas de nature à priver un candidat de son droit au suffrage surtout lorsqu’il est avéré, par exploit d’huissier, que le manquement relève de la faute de l’Administration d’autant plus que toutes les « diligences utiles » furent accomplies par le candidat. Le Conseil constitutionnel n’ignore pas que l’attestation accompagne simplement la quittance. La confirmation, l’attestation, n’apporte rien à la règle, le dépôt d’une caution notamment. L’acte principal reste la quittance de la CDC. L’attestation ne constitue que l’accessoire. Elle doit suivre le principal. Au surplus, le refus de l’Administration de délivrer l’attestation a fait l’objet d’un procès-verbal d’huissier. Ce dernier est un acte authentique disposant d’une importante force probante. Il fait foi jusqu'à inscription de faux. Lorsque le mandataire, sur le fondement d’une injonction de réintégration sur les listes électorales du candidat représenté, a commis toutes les diligences nécessaires auprès des autorités administratives compétentes, le Conseil constitutionnel doit rechercher l’imputabilité du manquement. Rien ne l’empêche de mettre en œuvre son pouvoir d’investigation qui lui permettrait de recueillir des informations précises sur le versement de la caution et l’origine du manquement sur le fondement de l’article L 125 du Code électoral. Dans des faits similaires, le Conseil constitutionnel concluait à « une défaillance de l'administration pour laquelle (un) parti ne doit pas être pénalisé ». Pour le juge constitutionnel, « il y a lieu de constater que la preuve est établie que le cautionnement était disponible et a été présenté au Ministère de l’Intérieur avant l'heure légale de clôture » (Conseil Constitutionnel, Décision n°/E/3/98 du 15 avril 1998, affaire Insa Sangare). Arborant les habits d’un juge constitutionnel, l’Administration électorale justifie illégalement son refus de délivrer l’attestation par l’inéligibilité de Monsieur Ousmane Sonko à rebours de deux décisions de justice qui ont réaffirmé la qualité d’électeur du candidat lésé. Il est de droit constant que le fait du tiers est une cause exonératoire de responsabilité.
Il est important de rappeler que le candidat Ousmane Sonko garde toujours, en dépit de sa condamnation dans l’affaire Mame Mbaye Niang, la totalité de ses droits civils et politiques. Aucun acte administratif de radiation, juridiquement contestable devant le Tribunal d’Instance, ne lui est, à ce jour, notifié. Une décision de radiation doit, en vertu de l’article L.40 du Code électoral, être motivée et notifiée à la personne concernée.
En définitive, le défaut d’une attestation de cautionnement qui fait suite à un refus par l’Administration d’exécuter une décision de justice ne saurait constituer un motif de rejet d’une candidature. Accepter une telle forfaiture serait un précédent dangereux pour la démocratie et l’État de droit. Par l’absurde, un maire pourrait tout aussi bien refuser de remettre à un concurrent un extrait de son acte de naissance et le priver du droit de participer à des élections.
Il sera attendu du juge constitutionnel qu’il ne se dépossède pas de ses attributions de juge électoral au profit de l’Administration. La fin de la figure du juge-administrateur ne doit aucunement préfigurer l’aporie d’un administrateur-juge.
Prenons le Droit au sérieux !
Sidy Alpha Ndiaye est professeur agrégé de droit public, Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Salif Sané, Maitre de conférences de droit public, Université Gaston Berger de Saint-Louis.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
MAIS QUI DONC A PEUR D’UNE CANDIDATURE DE KARIM WADE ?
Devrait-il payer pour le fait d’être né d’une mère française ? Pour avoir vu ce que le concept d’ivoirité a coûté à la Côte d’Ivoire, il convient de s’opposer aux prophètes de malheur qui veulent promouvoir l’exclusion et la xénophobie dans notre pays
Car ce que les Sénégalais attendent de la prochaine campagne électorale, c’est que les candidats leur exposent des programmes argumentés, convaincants et réalisables et aussi qu’ils leur disent clairement où et comment est ce qu’ils veulent conduire la barque Sénégal au cours des cinq prochaines années. Ce étant bien entendu qu’il ne saurait y avoir de démiurge ni de sauveur suprême encore moins de faiseurs de miracles.
La situation économique du pays est à ce point catastrophique — malgré ce qu’on fait dire aux statistiques ! —, l’endettement extérieur et intérieur tellement abyssal, les TPE-PME-PMI se trouvent dans une tourmente telle et l’industrie est à ce point comateuse — n’en jetons plus! —, la cohésion sociale aussi est si déchirée, si en lambeaux, qu’il faut que les divers candidats nous expliquent comment ils comptent nous sortir de cette situation de quasi-faillite de notre pays. Une situation que masquent à peine les réalisations de prestige et tape-à-l’œil inaugurées en grande pompe ces jours-ci. Ne parlons pas du chômage à ce point massif et du désespoir si profond qu’il pousse des milliers de jeunes Sénégalais à prendre les pirogues de la mort, à emprunter le désert du Sahara ou s’envoler vers le Nicaragua en espérant pouvoir, à compter du pays des sandinistes, rejoindre les Etats-Unis d’Amérique. Quant à la situation de nos universités, il suffit d’évoquer la fermeture de la principale d’entre elle depuis plusieurs mois et sans perspective claire de réouverture pour une reprise des cours en présentiel pour se rendre compte de la désastreuse situation de notre enseignement supérieur. Or comment, justement, préparer notre pays à entrer dans le monde de demain marqué par l’Intelligence artificielle et qui commence en réalité dès aujourd’hui ? Et puis il y a cette démographie galopante et débridée qui rend vains tous les efforts de développement, faisant que les importants investissements consentis dans les secteurs de l’éducation et de la santé constituent une goutte d’eau dans la mer de besoins chaque année plus importants. Deux secteurs — mais pas seulement eux — qui constituent de véritables tonneaux des Danaïdes tellement nous faisons des enfants (qui le plus souvent ne reçoivent aucun enseignement) sans que quiconque ose aborder ce sujet tabou. Bien entendu, il s’agit juste de donner une idée de l’ampleur et de la complexité des problèmes auxquels le Sénégal est confrontés car il ne s’agit pas dans le cadre de ce présent papier de les énumérer tous.
Le Sénégal a besoin d’un capitaine expérimenté à la barre !
Face à une situation aussi compliquée et des défis aussi pressants, il est évident qu’on aura besoin d’un capitaine expérimenté à la barre, un capitaine qui sache mener la barque Sénégal à travers les flots d’une mer déchaînée et sans fracasser le frêle esquif sur les rochers. Ou, tout simplement, sans qu’il se renverse. D’où l’importance des programmes des candidats au-delà des attaques ad hominem auxquelles nous avons eu droit jusqu’à présent.
C’est justement sur ce terrain des programmes que nous attendons les candidats dont les dossiers seront validés par le Conseil constitutionnel et non sur des attaques qui risquent de nous divertir, de nous détourner de l’essentiel voire d’exclure des candidats qui ont incontestablement une valeur ajoutée à apporter à ces débats en termes d’expertise, d’expérience, de vécu, de relations.
Toutes choses qui nous font dire que le débat sur la nationalité française de Karim Wade est non seulement nauséabond mais encore inopportun. Le fils de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, né français de par sa mère, a accompli toutes les formalités prescrites pour renoncer à cette nationalité histoire de se conformer à la Constitution sénégalaise. Et il a reçu de l’administration française un courrier attestant ou prenant acte de cette renonciation. A partir de ce moment, peut-il être tenu pour responsable des carences de l’administration française qui n’aurait pas tiré les conséquences de cette renonciation en le radiant des listes électorales ? La réponse est non, bien sûr. De la même manière qu’il est arrive au Sénégal que des personnes condamnées à des peines privatives de droits civiques continuent à figurer dans les registres électoraux — ce n’est pas tout le monde qui se voit radier en mode fast-track des listes électorales comme Ousmane Sonko ! —, l’administration française aussi peut faire preuve de négligences qui, dans le cas d’espèce, ne sauraient être imputées à KMW. Tout le monde a vu le grand courage dont l’ancien ministre « du Ciel et de la Terre » a fait montre lorsqu’il a été convoqué par la justice sénégalaise, plus précisément la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Se trouvant alors à l’étranger, il était rentré pour faire face aux accusations dont il était l’objet. Condamné à l’issue d’un procès stalinien par un tribunal d’exception à six ans de prison ferme et 138 milliards de francs d’amende, c’est avec stoïcisme qu’il a purgé la moitié de sa peine. Pour avoir eu l’occasion de lui rendre visite à deux reprises à la prison de Rebeuss, j’ai pu me rendre compte par moi-même de l’endurance dont il avait fait montre à cette occasion. Pendant toutes ces épreuves, Karim Wade s’est défendu crânement sans bénéficier de l’assistance consulaire française ! Or, pour moins que ça, des ressortissants français ayant maille à partir avec la justice d’autres pays ont eu à bénéficier de l’assistance de leurs autorités consulaires. Au vrai, nul plus que lui n’a subi dans sa chair l’acharnement du régime en place. Il est celui qui a le plus duré en prison — en plus d’être exilé à l’issue de son séjour carcéral — suivi de Khalifa Ababacar Sall étant donné que, pour Ousmane Sonko, autre grand persécuté, on souhaite que son emprisonnement prenne fin au plus tard le 05 avril prochain.
Karim Wade devrait-il payer pour le fait d’être né d’une mère française ? Assurément non ! Pour avoir vu ce que le concept d’ « ivoirité » a coûté à la Côte d’Ivoire, il convient de s’opposer aux prophètes de malheur qui veulent promouvoir l’exclusion et la xénophobie dans notre cher pays. Au contraire, et encore une fois, le Sénégal a besoin de l’apport de tous ses fils — surtout ceux d’entre eux qui ont acquis une expertise à l’international — pour sortir de sa désastreuse situation et se construire. Quoi — pour ne parler que de la seule France et pour autant qu’ils aient des ambitions présidentielles — devrait-on renoncer aux apports de l’actuel président de la Fédération française de football, de l’ancien ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye, des anciennes ministres Rama Yade et Sibeth Ndiaye (j’ai vu cette dernière jouant gamine dans le salon de mon « grand » Fara Ndiaye et de son épouse Mireille qui m’adorait) — pour ne citer que ceux-là ?
La compétition mondiale est tellement acharnée et féroce que les pays ont besoin des meilleurs de leurs enfants, où qu’ils se trouvent, pour espérer s’en sortir. A l’exemple de l’équipe nationale de football composée de professionnels évoluant dans les championnats les plus relevés, nous avons besoin au niveau de l’Etat des Sénégalais expatriés, l’essentiel étant que, pour ceux d’entre eux qui voudraient briguer la magistrature suprême de ce pays, ils renoncent à leurs éventuelles autres nationalités pour se conformer à la Constitution.
Banquier international ayant fait ses preuves sur la place de Londres— et aujourd’hui dans le Golfe persique où son expertise a fini de convaincre ! — ayant été un excellent ministre, quoi que puissent en dire ses détracteurs, meneur d’hommes, moderne ayant une vision des problèmes du monde contemporain et des moyens de les résoudre, ayant appris de ses erreurs (mais qui n’en a jamais commis ?) durant sa longue traversée du désert, persécuté jusqu’au martyre par le régime en place, doté d’un programme qu’il serait intéressant de faire découvrir aux Sénégalais, Karim Meïssa Wade aura assurément sa place durant la prochaine élection présidentielle et pourrait contribuer à relever le niveau des débats durant la campagne électorale. L’acceptation de sa candidature est donc plus que souhaitable, une exigence !
Par Abdoulaye THIAM
LAMINE CAMARA, LA RELEVE EST DEJA LA !
Quel culot ! Alors que tout le stade Charles Konan Bany attendait la coqueluche du football africain, Sadio Mané, c'est le jeune Lamine Camara qui est venu ravir la vedette à tout le monde.
Quel culot ! Alors que tout le stade Charles Konan Bany attendait la coqueluche du football africain, Sadio Mané, c'est le jeune Lamine Camara qui est venu ravir la vedette à tout le monde. Titularisé à la place de Idrissa Gana Gueye, le meilleur jeune joueur de l'année 2023 de la Confédération africaine de football (CAF), a confirmé cette phrase devenue culte que Pierre Corneille avait fait dire à Rodrigue, dans Le Cid: "Je suis jeune, mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années". A 20 ans, l'enfant de Diouloulou a remporté la Coupe d'Afrique des Nations U-20 avec, à la clé, le titre de MVP, confirmé le 8 décembre à Marrakech par la CAF.
Hier, lundi 15 janvier, au stade Charles Konan Banny de Yamousoukro, le sociétaire du Fc Metz (Ligue 1, France), a confirmé son talent. En véritable sentinelle, il a ébloui les observateurs par sa qualité de passes, sa capacité d'anticipation et de récupération, sa vista dans le jeu et surtout son insouciance. Il était tout simplement phénoménal. Généreux dans l'effort, il ne s'est pas non plus poser de question quand il a fallu prendre ses responsabilités face au gardien de but de la Gambie, Boubacar Gaye.
Du grand art. Premier match en phase finale de coupe d'Afrique, déjà deux somptueux buts. D'abord un tir croisé (52ème minute). Et surtout le deuxième, d'un enroulé venu d'ailleurs (86eme minute) imparable, et qui a fait exploser tout un stade. Idrissa Gana Gueye qui était confortablement assis sur le blanc sait que la relève est assurée. Quant aux adversaires, ils se posent déjà des questions. Quand Sadio Mané s'éclipse comme ce fut le cas hier, désormais, il y a quelqu'un qui sait garder la maison. Homme du match, le jeune Camara a déjà marqué les esprits. Journalistes et observateurs s'interrogent sur son parcours. Mais lui, refuse de s'enflammer. "Je suis heureux de côtoyer des joueurs comme Sadio Mané et autres Kalidou Koulibaly. Je garde les pieds sur terre", dira-t-il en zone mixte.
Rendez-vous est donc pris avec les Lions indomptables du Cameroun tenus en échec par le Syli national (1-1), le 19 janvier prochain, avant l'autre derby sous-régional face à la Guinée, le 23 janvier sur la même pelouse du stade Charles Konan Banny.
par Ibrahima Anne
SYSTÈME DE PARRAINAGE, L’HEURE DES COMPTES
"Le traumatisme né de la floraison de listes en 2017 était tel que l’instauration d’un filtre était quasiment devenue une demande sociale. Les partis politiques, participants au dialogue politique, avaient convenu du parrainage comme tamis nécessaire..."
Le traumatisme né de la floraison de listes en 2017 était tel que l’instauration d’un filtre était quasiment devenue une demande sociale. Les partis politiques, participants au dialogue politique, avaient convenu du parrainage comme tamis nécessaire en vue de rationaliser la participation aux élections. Telles étaient, en tout cas, les intentions de départ. A l’arrivée, malheureusement, force est de constater que ce parrainage dont le second contrôle s’est achevé, cette semaine, a été une occasion de rigoler, n’eut été le sérieux du sujet : le processus de présélection de celui qui nous dirigera pendant les cinq prochaines années.
La démocratie, dit-on, est le moins mauvais des systèmes politiques. Le parrainage pourrait, par analogie, être considéré comme le moins mauvais des filtres de sélection. Sauf que son usage nous a donné à voir et constater ce qui, en temps normal, devrait se jouer au Grand Théâtre. Des candidats à la candidature, naturellement parrains de leur propre candidature, ont été surpris de s’entendre dire que le fichier électoral dont dispose le Conseil constitutionnel ignore jusqu’à leur existence. C’est le cas, par exemple, du Pr Mary Teuw Niane. Le candidat recalé révèle que, après investigations, lui et son équipe se sont rendu compte qu’il fait partie des «28 887 parrains non identifiés au fichier général des électeurs».
L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur jure, la main sur le cœur, qu’ «il n’y a [pourtant] pas d’erreur» sur ses données reportées. Une incongruité parmi tant d’autres. En effet, tout comme Mary Teuw Niane, Mohamed Ben Diop, candidat issu de la Diaspora, est tombé des nues quand il s’est vu notifier qu’il était impossible, pour la commission de contrôle des parrainages, de l’identifier.
Et que dire de ce candidat qui a déposé une liste de parrains de faux députés ? Dans un pays où, pendant toute une journée, un citoyen lambda s’est prévalu du titre de député pour siéger dans l’hémicycle, on est presque dans l’ordre du paranormal, me dira-t-on.
Ces cas, celui de la Pouponnière «Keur Yeurmandé» et tant d’autres, sont, hélas, le reflet de ce que nous sommes : une société de frime où le paraître justifie tous les excès. Conséquence : culture du faux à tous les étages.
La comédie vire au tragique quand un ancien ministre de l’Intérieur, lui-même victime des ravages du parrainage, commence à douter de la fiabilité du fichier qu’il avait sous sa responsabilité, en 2019. «J’ai été ministre de l’Intérieur du Sénégal, c’est moi qui ai organisé les élections de 2019, donc je sais bien de quoi je parle. C’est normal qu’on se pose des questions parce que quand quelqu’un a sa carte d’électeur, régulièrement inscrit, il n’a jamais changé de bureau de vote, rien ne peut justifier qu’il ne soit pas dans le fichier électoral», déclare Aly Ngouille Ndiaye.
Samedi 06 janvier, c’est la Cena, chargée de la supervision et du contrôle des élections, qui se fend d’un communiqué qui jette un énième doute sur la fiabilité du fichier. Dans le document, signé de son Président, mais dépourvu de cachet – qu’elle finira par authentifier – la structure autonome «tient à informer les électrices et électeurs que la version actuelle du fichier électoral sur son site n’a pas encore été mise à jour en vue de l’élection présidentielle de 2024». Par conséquent, elle déconseille vivement l’utilisation des informations actuellement disponibles sur son site, qui se réfèrent aux élections législatives de 2022. «Ces données sont incomplètes et peuvent contenir des erreurs, notamment en ce qui concerne les lieux et bureaux de vote», ajoute-t-elle. Interdit de rire !
Et dire que c’est ce fichier sur lequel les acteurs peinent à accorder leurs violons qui servira de base de fiabilisation du processus électoral ! Même légal, un pouvoir issu de ce processus risque de souffrir, ab initio et jusqu’à la fin de son mandat, d’un déficit de légitimité.
par Thierno Alassane Sall
AU NOM DE LA CONSTITUTION ET DU PEUPLE
Si, comme les informations en notre possession tendent à le conforter, Karim Wade jouit encore de sa nationalité française, de graves questions se posent. Je déposerai demain un recours au Conseil constitutionnel
L'exigence d'une nationalité exclusivement sénégalaise pour les candidats à l'élection présidentielle repose sur des principes fondamentaux visant, entre autres, à garantir l'indépendance du président de la République vis-à-vis de toute puissance étrangère.
À travers la Constitution, le peuple a voulu, d'une part, que le président de la République du Sénégal, pays souverain et indépendant, ne soit sous l'autorité formelle d'aucun autre chef d'État en tant que citoyen d'un pays tiers. En d’autres termes, un président ne peut avoir à son tour un président.
D'autre part, que les dossiers ou autres moyens qu'un tel État étranger pourrait détenir contre le citoyen ne l'amènent à compromettre les intérêts du Sénégal. Plus généralement, il s'agit d'un principe élémentaire de précaution contre les conflits d’intérêts largement observé par toute entité sérieuse, que ce soit une société privée, une organisation internationale...
Par ailleurs, si, comme les informations en notre possession tendent à le conforter, M. Karim Wade jouit encore de sa nationalité française, de graves questions se posent.
Comment, en effet, peut-on accepter qu'un potentiel président de la République, dont le premier acte officiel serait de prêter serment de respecter et de faire respecter la Constitution, fonde son élection sur la violation de ladite Constitution ? Peut-on attendre de celui qui a bafoué la Loi fondamentale pour se faire élire de respecter les lois ordinaires ?
Élire qui a enfreint la Constitution comme président de la République, c'est-à-dire garant du respect de la Constitution, Chef suprême des Armées, ne peut que ruiner la confiance du peuple envers ses chefs et les institutions qu'ils dirigent.
Il est symptomatique de la déchéance morale et de la compromission politique qui frappent notre pays, de voir la loi du silence entourer le secret de polichinelle de la double nationalité de M. Karim Wade. Pour ma part, c'est un combat de principes que je mène comme ce fut le cas avec le troisième mandat sacrilège de Macky Sall.
Au nom de la Constitution et du peuple, fidèle aux valeurs que j'ai toujours défendues, je déposerai demain un recours au Conseil constitutionnel pour le respect des dispositions de notre charte fondamentale.
Thierno Alassane Sall est député à l'Assemblée nationale du sénégal, candidat à l'élection présidentielle, président du parti République des Valeurs/Réewum Ngor.
PAR Mamadou Diallo
LE MÉMORIAL DE GORÉE
Ce haut lieu, demeura porteur d’espérance pour tous ceux qui cheminent sur les bas-côtés et veulent refonder un bonheur à partir de l’oubli et du manque.
Ecoutant la voix de tes héros aux silhouettes noires
La voix de ceux qui ont franchi le silence
Contre les humiliations séculaires de leurs peuples
Déshabillant au grand jour
La horde des coupables
Leurs dieux d’enfer
Tu ne te tairas plus
Pour retenir l’Histoire
Pour ne pas oublier la Mémoire
Puisque tes yeux exigent
Ne plus voir l’Humanité
Repêcher les cadavres
Les morceaux de guerre
Les lambeaux de mort
Dans l’océan des larmes
Je te dis une prière ardente aux oreilles du vent
Ainsi, pour ce jour annoncier
Jaillit sous le soleil de la justice
La fraîcheur de l’égalité
Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes au cœur d’un témoignage. Il ne s’agit pas d’avoir le sens de l’engagement. Il s’agit d’être tout simplement sensible à la dimension historique des êtres et des choses pour construire ensemble un monde de justice, d’égalité et de fraternité.
Le Mémorial de Gorée, ce haut lieu, demeura porteur d’espérance pour tous ceux qui cheminent sur les bas-côtés et veulent refonder un bonheur à partir de l’oubli et du manque.
Le Mémorial dressé comme une immense tour allouera à l’oubli un supplément de chance pour qu’il redevienne mémoire vive, creuset de toutes les promesses humaines qui sauvegarderont en nous, ces mots :« plus jamais ça. »
Ce lieu, réalité des faits, reçu en plein visage comme un coup de gong an-nonciateur de nos propres hypocrisies, nos monstruosités, nos égoismes, notre défection face à l’autre est le témoignage explicite et vivant d’une expérience douloureuse vécue par des milliers de noirs dispersés à travers le Monde.
C’est pourquoi, nous devons résister à l’assaut de la barbarie toujours à l’affût sous mille déguisements.
Nous devons aussi regarder notre Histoire non de manière passive mais en travaillant à la transformer, se revendiquant Africain et humain à la fois, solidaire des diasporas de la souffrance.
La pertinence de ce lieu que nous propose le Sénégal est irrémédiablement l’Homme. L’Homme dans sa continuité historique, face à une responsabilité grave dont notre pays a accepté de se saisir, même à son insu.
D’un autre côté, les critiques des détracteurs du projet nous regardent droit dans les yeux. Ils s’interrogent : pourquoi et pour qui le projet ?
« Tristes sont les Esprits qui rapetissent leur Histoire
Qui rapetissent leur Mémoire » dixit le poète.
On imagine qu’ils s’étaient alarmés, comme nous, lorsque de belles âmes dans leur moment d’égarement ont osé : « La place de l’Europe » à côté de la Maison des Esclaves, et à Gorée, la douloureuse.
Autre lieu de mémoire. Gorée, île de sang et de larmes. Symbole de la déportation. Dernier rempart pour le voyage de non-retour
« Revit Gorée toujours » dans ta devise impérissable.
Le Sénégal, lui, fait partie de ces pays qui prennent position. Car incapable de se dérober aux yeux du monde.
En érigeant le Mémorial de Gorée, lieu hautement symbolique, il entreprend le difficile combat de réconcilier : la fraternité et la justice.
Mamadou Diallo est avocat au Barreau de Paris, Docteur en droit, auteur des Eclats du Temps (Poésie) et Bal d’Afrique (Théâtre)
PAR Madiambal Diagne
MACKY ET LA RÉVOLUTION DES TRANSPORTS
En une décennie, le visage de la capitale sénégalaise aura radicalement changé. Le président aura, dans une logique inclusive, tenté de donner au plus grand nombre des moyens adéquats de pouvoir se déplacer
Le Bus rapid transit (Brt) est désormais fonctionnel dans la capitale sénégalaise. Cet investissement de 400 milliards de francs Cfa a pour but d’aider dans la mobilité à Dakar, de faciliter sur un autre couloir les dessertes entre le centre-ville et la banlieue. C’est surtout une réalisation qui permettra à l’importante population de Dakar d’avoir des moyens de transport commodes avec une offre de services de qualité. Le Brt traverse les communes de Cambérène, Patte d’Oie, Grand-Yoff, Dieuppeul-Derklé, Sicap-Liberté, Mermoz-Sacré Cœur, Grand-Dakar, Point E-Amitié, FassColobane-Gueule Tapée, Médina et DakarPlateau. Le Brt va répondre aux besoins de mobilité d’une autre partie des populations de la banlieue de Dakar. On sait par exemple combien les populations de Colobane, Yarakh, Pikine, Thiaroye, Rufisque et Bargny peuvent se satisfaire des succès du Ter. Prochainement, l’ouverture du tronçon Diamniadio-Sebikhotane-Aéroport Blaise Diagne de Diass permettra de rallier l’aéroport à la gare de Dakar dans de parfaites conditions de transport. C’est dire que cet outil qu’est le Ter, pourtant tant décrié au moment de sa conception et de sa réalisation, a dépassé toutes les prévisions de nombre de voyageurs transportés. Son utilité économique et sociale ne se démontre plus. La liesse populaire qui a accompagné le Président Sall et sa délégation en dit long sur le satisfecit des usagers. Une sagesse en pays wolof dit que le Bon Dieu ne rétribue jamais des paroles vaines face à de vraies actions. La spontanéité des populations de Dakar, qui sont sorties remercier le Président Macky Sall tout le long du parcours du Brt, dit beaucoup sur une conscience et un esprit d’une majorité silencieuse qui apprécie la réalité des actions publiques et leur impact sur leur vécu quotidien. La gratitude des siens est la meilleure des rançons pour tout bâtisseur qui fait de la patience son viatique.
On peut dire ainsi que le Brt aidera à balayer plusieurs quartiers et aidera la métropole dakaroise à souffler. Il y aura certainement des essais et erreurs, quelques couacs, mais il faudrait avant tout inviter partout à une prise de conscience citoyenne de la vocation d’utilité publique qu’aura le Brt. Un tel outil doit être protégé à tout prix, il finira comme le Monument de la Renaissance africaine à être une marque constitutive de l’identité de Dakar. On ne pourra, ainsi que le Ter, les effacer de la carte postale de Dakar. Un journaliste, venu d’un département français d’Outre-mer pour prendre part aux dernières Assises de l’Union de la presse francophone à Dakar du 9 au 11 janvier 2024, ne pouvait taire dans son reportage, sa grande joie de voir l’ordre et la discipline qu’il a constatés dans l’exploitation du Ter. Il dit se plaire à montrer à ses compatriotes qu’en Afrique aussi, il existe de belles histoires à raconter.
Assurément, le Président Macky Sall aura réussi dans son action à la tête de ce pays, à mettre en place des infrastructures pour le transport, qui modifieront les habitudes de mobilité dans notre pays pour de bon. Le Train express régional (Ter) a été décrié à toutes les étapes de sa réalisation pour finir par être cet outil de grande utilité au service de milliers de Dakarois qui passaient de longues heures dans des embouteillages pour gagner leur lieu de travail le matin, ou pour rentrer chez eux, le soir venu
Dakar Dem Dikk (Ddd) a démarré le renforcement de sa flotte avec une mise en circulation de plus de 300 bus. Ces bus modernes et commodes épargnent à nombre de nos compatriotes de se déplacer dans des véhicules vétustes d’un autre âge, qu’un manque de rigueur dans la gestion et le suivi du transport de personnes garde encore sur nos routes. Avec le démarrage du Brt, un dispositif d’inter-opérabilité sera mis en place avec des lignes de rabattement et une mutualisation de certains réseaux pour garantir le plus d’offres aux usagers et en permettant la desserte des zones les plus éloignées des axes principaux du tracé.
On peut s’avouer heureux et satisfait de voir des offres de transport public mettant au centre les préoccupations des citoyens. Non seulement par la démocratisation des accès et surtout par sa plus large diffusion. Ddd a aussi engagé une politique hardie de transports interurbains et de transports en direction des pays limitrophes avec sa filiale Afrique Dem Dikk. Tout cela, est possible encore une fois, grâce à des routes de dernière génération. Le Sénégal sera l’un des seuls pays à pouvoir déclarer disposer de plus de 500 kilomètres d’autoroutes et plus de 2800 kilomètres de routes bitumées.
Sur un autre registre, le transport maritime de voyageurs s’est développé avec la desserte Dakar-Ziguinchor et la mise en service d’une nouvelle chaloupe sur la liaison Dakar-Gorée. Le transport de voyageurs par voie ferrée, qui n’existe pas dans les souvenirs des Sénégalais âgés de moins de trente ans, a repris du service. On se plaît à rappeler que le 23 décembre 2013, ils étaient sans doute assez moqueurs, quand je titrais dans une chronique «Ablaay Tëli, Maky Saxaar», pour dire que l’un des marqueurs du magistère du Président Macky Sall, outre les infrastructures routières, sera la réhabilitation et l’innovation dans le secteur des transports ferroviaires.
En une décennie, le visage de la capitale sénégalaise aura radicalement changé, l’architecte à la baguette a pour nom Macky Sall, il aura dans une logique inclusive tenté de donner au plus grand nombre des moyens adéquats de pouvoir se déplacer. C’est cela qu’on peut attendre de politiques publiques à destination des citoyens.
Au moment où le Pavillon national, Air Sénégal, va acquérir des avions pour assurer de façon constante les dessertes intérieures avec la réception d’aéroports régionaux à Saint-Louis, Ziguinchor, Sédhiou, Cap-Skiring, Ourossogui, Kaolack ou Tambacounda, le Sénégal confirme son option de révolutionner les transports. Dans le silence et avec méthode, Macky Sall aura conduit à bon port sa révolution des transports. Le Sénégal lui doit tous les remerciements
par Ibra Pouye
DANS LA TÊTE DE MACKY SALL
Le 25 février 2024 au soir, il se dit que ce peuple ayant vécu dans la terreur, jubilera et dansera le souss. En choisissant mon poulain pour ces joutes électorales, je me demande quelle est la personne qui m’a obligé à choisir Amadou Ba
Dans cette vie pardi, que me vaut cette parodie de justice qui m’attendra au fond de mon cachot infesté de cancrelats, de moustiques et de rats semblables à des moutons de Tabaski.
Woy aïe Ousmane S…! Que me vaut ce titre de texte tiré de mes nuits de songe. Des nuits de cauchemar depuis que j’ai annoncé à ce peuple que je dirige sous la torture, la déchirure et dans le sang, que j’ai renoncé à un 3e règne.
Le règne de Macky 1er, oups, le pouvoir à vie de son Excellence que je suis. Un pouvoir semé de troubles politiques et baignant dans le sang. Je me demande si c’est moi qui ai semé le chaos dans ce petit lilliputien que j’appelle ‘’beau petit pays’’. Ndoumbélane où règne ce pouvoir dynastique des Faye-Sall, seigneurs dans l’âme.
Dans cette vie, me répétait à l’envi mon grand-père ; il est d’un passé, d’un présent et d’un futur. Et quant au dernier, je ne cesse de crier Woy aïe Ousmane S ! J’aime son prénom mais je n’aime pas prononcer le nom de famille. Cela me fout des insomnies. Des cauchemars. Et seul dans ma tête, je vois défiler la vie de ce pays à travers soubresauts et tueries. Mais me demande qui m’a mis dans tous ces travers.
Marième, t’es où, viens à mon secours, je me sens si seul et la solitude est mon cachot de turpitudes et de regrets. Mon présent et qu’en-est-il de ce passé douloureux qu’on me colle à la peau ? Je ne suis pas un Bokassa, l’ogre de Berengo et encore moins un Idy-Amin Dada, ces fous d’une autre époque. Il est vrai que l’on m’a poussé à commettre l’irréparable. Des manifestations matées dans le sang et dans la douleur. Et il est vrai qu’une soixantaine de sénégalais ont été assassinés. Tués par balles.
Ô la maréchaussée du Gl Fall ! Et le summum de l’horreur, les deux gendarmes de ce beau sud dont l’un d’eux reste toujours introuvable. Et il se dit, je pèse mes propos, que son corps a été dissout dans de l’acide sulfurique assimilé à du pk de -10. Et non loin de ce charmant village lébou, Bargny.
Mon Dieu, cette belle contrée a perdu quatre de ses jeunes enfants durant les premières émeutes de cette belle aube du 1er juin 2023. Ils étaient jeunes et ont donné leur vie bêtement. Ousmane S…, ma langue me lâche, je n’arrive pas prononcer son nom et l’on me dit simplement de dire boy jola, grrr. Ce peuple du sud que j’ai martyrisé en le coupant du reste du monde. Ce peuple rebelle mérite ma punition, matéy ! Mais bon, nous sommes en Afrique et tout pouvoir a besoin de sang pour se maintenir au pouvoir. Kadhafi, Mobutu, Idi-Amin, le beau Blaise, Ali Bongo, Ado et tutti quanti. Mais là, je sens le pouvoir me filer entre les mains, je le vois de loin en loin se dégager de mon corps dodu, de ma grosse bedaine et de mon âme torturée.
Ô Allah, sauve-moi de cette souffrance atroce. Le 25 février 2024 au soir, il se dit que ce peuple ayant vécu dans la terreur, jubilera et dansera le souss. En choisissant mon poulain pour ces joutes électorales, je me demande quelle est la personne qui m’a obligé à choisir amadou Ba ; le surnaturel ou mon cher ami Emmanuel, ce français venu d’ailleurs ou mes amis occidentaux, le FMI et la Banque mondiale. Ces deux entités qui n’ont pas de qualificatif dans mon vocabulaire.
Amadou Ba, ce successeur que je connais très peu. Ce simple collaborateur qui ne sait pas mouiller le maillot et ne sait pas se mouiller, en vaudra-t-il un autre gatsa-gatsa ? Ce Bazoum sénégalais, mérite-t-il mes honneurs ? Un vrai bébé, un poussin. Il n’avance pas, ne recule pas et divise plus ma majorité présidentielle. Ô mon cher et ancien Premier ministre Boune Dione avec qui je levais le coude tous les soirs, m’en voudra-t-il ? Je l’ai sacrifié. Je jure par tous les dieux qu’Amadou Ba ne franchira même pas le premier tour.
Ô woy aïe Ousmane S…, sors de mon corps ! Du fond de son trou à rats, ce maestro déroule. Cette presse mange-mil que j’abhorre est acquise à sa noble cause. Même ma presse, celle du palais semble s’énamourer de cet homme à l’allure fière. Il ferait un bon président, oups, ma langue, tais-toi Macky ! Et quant à mon avenir, j’aurais aimé que ‘’beau petit pays’’ s’appelle désormais Macksall vu que mon nom y est partout placardé et même l’école où j’ai usé le fond de ma culotte. Resterai-je au Sénégal et fort heureusement que mon ami Macron me promet déjà un job, un machin fâcheux avec ses bureaux à Paris-la France. Ce cher ami oublie que je ne peux vivre à Paris et encore moins aux USA. Je pense poser mes valises à Dubaï ou dans le fin fond du Canada, ce lointain pays au froid extrême. Mais ma grande peur est le changement de régime. Peur d’atterrir dans un trou à rats et d’où je ne verrai plus mon cher chambellan Farba, mon griot à la richesse légendaire et n’ayant jamais créé une entreprise. Et ma pauvre Marième, mon amour, mes gosses et mon très proche entourage ?
Et cette peur bleue me faisant frémir, c’est enfin d’entendre la voix du juge suprême tonner ; accusé Macky Sall, le peuple et Dieu vous écoutent ; que dites-vous de ces chefs d’accusation ? Woy aïe Ousmane S. est mon malheur. Suant à grosses gouttes, versant de chaudes larmes, le regard perdu dans le décor d’une salle d’audience surchauffée de regards et de cris.