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27 novembre 2024
Opinions
par Oumar Mbaye
KHALIFA ABABACAR SALL, LE SOUFFLE DÉMOCRATIQUE DONT LE SÉNÉGAL AVAIT BESOIN
En prenant le risque de s’adresser directement au peuple sénégalais mercredi 3 janvier à travers les plateaux de la 2stv, le candidat à la présidentielle montre la voie
Le rendez-vous est donné sur la 2stv, première chaîne de télévision privée du Sénégal. Nous y retrouvons le candidat Khalifa Ababacar Sall, entouré des citoyens, qui se soumet volontiers aux interrogations des journalistes et d’un jury inclusif (Nina Penda Faye, journaliste pour les questions sociales et liées à l’égalité de genre, Sobel Ngom, Entrepreneur social pour les questions liées à la Jeunesse et l’Education, Moundiaye Cissé, sur l’Etat de droit et les institutions, Souleymane Niang, sur les sujets économiques).
Ailleurs, l’exercice paraîtrait presque banal tant les acquis démocratiques sont ancrés. Ce soir du mercredi 3 janvier, sur ce plateau à l’air libre, l’innovation est pourtant majeure au Sénégal : pour la première fois, un candidat à la présidentielle accepte de se confronter en transmission directe sur les plateformes TV & internet, à des représentants du peuple du l’élira, sur les axes stratégiques de son programme articulé autour du triptyque : l’Humain, l’Eau et la Terre. Le candidat s’est montré à l’aise sur les sujets économiques, sociaux y compris de genre, sur l’industrialisation, la dette souveraine, la jeunesse, le coût de la vie, comme sur la création d’emplois. Mais un autre constat retient tout particulièrement notre attention : le caractère inédit de l’émission.
Dans un pays où la scène politique est dominée par une instrumentalisation de la justice, un acharnement des dépositaires du pouvoir sur tout candidat susceptible de menacer leurs privilèges et des querelles de chapelle qui détournent de l’essentiel que sont la dignité des Sénégalais et la soutenabilité de la vie dans le pays, Khalifa Ababacar Sall a choisi d’élever de plusieurs niveaux le débat politique et la méthode du discours électoral.
En prenant le risque colossal de s’adresser directement au peuple sénégalais, de se soumettre à son jugement non pas sur des promesses creuses mais un programme solidement bâti et enrichi grâce à la tournée Mottali Yéene dans le Sénégal des profondeurs, le candidat à la présidentielle montre la voie.
Tant par ce nouvel exercice qu’en insistant sur son intention de garantir aux populations et aux collectivités territoriales une réelle capacité à agir, Khalifa Ababacar Sall jette les bases d’une vision qui place l’humain au cœur des politiques publiques. Surtout, et la précision est importante, le candidat donne le ton de la campagne électorale à venir, impose sa posture présidentielle et s’affirme comme une véritable alternative. De quoi inspirer les autres candidats et rehausser la qualité du débat démocratique que tous les Sénégalais sont en droit d’attendre.
par Ndiouga Sakho
PROFIL D’UN PRESIDENT
Que toutes celles et ceux qui aspirent à diriger les 18 millions de Sénégalais me pardonnent, je les respecte en leurs rangs et qualités, mais nombre d’entre eux respectent-ils les sénégalais ?
Que toutes celles et ceux qui aspirent à diriger les 18 millions de Sénégalais me pardonnent, je les respecte en leurs rangs et qualités, mais nombre d’entre eux respectent-ils les sénégalais ? A travers de grands renforts médiatiques, les «présidentiables» s’en donnent à cœur joie : c’est la «société du spectacle et le situationnisme à son apogée» comme disait Guy Debord ! Pour la première fois dans l’histoire de notre jeune nation, on assiste à un spectacle désolant, lié à une floraison de candidats (qui se croient tous, investis d’une mission divine !) au poste le plus éminent de ce pays et dont les critères exigent un certain nombre de prérequis, si l’on se fie aux différentes formes de légitimité (historique, traditionnelle, légale, rationnelle et charismatique).
Pour la première fois au Sénégal, 266 personnes ont cru devoir solliciter les suffrages des citoyens dont 93 d’entre eux se croient déjà, confortablement installés sur le fauteuil présidentiel. Beaucoup d’entre eux prétendent (sans sourciller !) surpasser le leadership de Senghor, de Wade, de Diouf et de Sall ! Alors qu’ils n’ont ni leur profil, ni leur expérience, ni leur éloquence, ni leur parcours, encore moins, leur intelligence et leur charisme. Si ces critères sont nécessaires, c’est parce que :
- Être Président, c’est d’abord, avoir la stature et la notoriété qui dépassent son quartier, sa ville, sa région, son pays, pour pouvoir représenter le Sénégal et avoir la crédibilité de porter sa voix, là où se décident les affaires du monde ;
- Être Président, c’est être préparé à la fonction d’assumer les principales missions régaliennes de l’État (Sécurité, Justice, Affaires étrangères, Économie et Finance) ;
- Être Président, c’est avoir la vision, l’autorité, l’expérience, le leadership et la compétence de pouvoir réconcilier le pays avec lui-même et rétablir l’autorité de l’État ;
- Être Président, c’est comprendre les enjeux géostratégiques mondiaux liés à l’histoire, à la culture, à la géographie, à la sécurité, à l’économie, à la finance et aux nouvelles technologies ;
- Être Président, C’est être à même de pouvoir dialoguer avec les grands de ce monde dans les grands fora internationaux ;
- Être Président, C’est encore et surtout, avoir la volonté, la capacité et les qualités morales pour manager une équipe, pour agir et répondre aux exigences de justice sociale, de progrès économique, de cohésion nationale et pour rétablir l’espoir auprès des composantes les plus dynamiques et les couches les plus vulnérables de notre pays ;
- Être Président, c’est être capable enfin, de trouver les voies et moyens de rétablir les fondamentaux de notre économie, de corriger les disparités sociales et d’installer définitivement le Sénégal au rang des pays émergents, où il fait bon vivre !
Le Sénégal se trouve à la croisée des chemins ; Compte tenu de ce qui précède, comment serat-il possible d’organiser une élection présidentielle, si par extraordinaire, un grand nombre de prétendants passait l’étape du Conseil Constitutionnel ?
Comment les électeurs pourront ils se retrouver dans ce «désordre organisé» ?
Force est de constater que la question du «filtre» du parrainage citoyen, souventes fois contesté, ne suffit plus à arrêter cette «hémorragie» électorale ! Car, au-delà des qualités personnelles du leader, Il va falloir monter d’un cran et «corser» davantage les conditions, car si l’on y prend garde, le pays risque de se retrouver avec un «Président bou todjoul fenneu !».
Au demeurant, n’est-il pas nécessaire, demain, d’accroître la part du parrainage citoyen (2% du corps électoral) et de le combiner avec l’obligation de présenter la signature de cent élus locaux (départementaux et municipaux) et d’au moins cinq députés ?
Ne sera-t-il pas nécessaire de renforcer la part «censitaire» en relevant aussi la caution à cent millions de francs CFA et d’exiger en même temps, le versement d’un forfait de dix millions non remboursable, au moment du retrait des fiches de parrainage ?
Vous excuserez mon impertinence, mais par moment, j’ai pensé à «la dictée de Pivot» et à un test de culture générale ! Car diriger un pays, ce n’est pas diriger une entreprise, un business, une municipalité ! Et la République n’est pas un « louma » où chacun cherche à tirer le maximum de gains, selon ses capacités à valoriser ou à faire scintiller son bibelot ou sa brocante ! On peut prétendre à occuper le poste de Président dans toutes sortes d’organisations, mais la fonction et les responsabilités d’un Président de la République sont trop sérieuses pour que n’importe qui puisse songer à le devenir sans véritablement faire ses preuves. A moins que, certains «présidentiables» misent sur des alliances futures pour «négocier» une présidence d’institution, un poste de ministre ou de simple député !
En attendant l’organisation d’un référendum «salutaire» pour revisiter en profondeur le profil de candidat à la haute fonction publique, prions DIEU SWT pour qu’au-delà du «filtre constitutionnel», le choix du peuple souverain soit bien guidé par la Lumière Divine, pour que le meilleur pour le Sénégal, soit choisi, au détriment de tous les marchands d’illusions !
Par Sankoun FATY
LE POUVOIR ETATIQUE NE PEUT SERVIR A GARANTIR L’IMPUNITE
On a l’habitude de dénoncer ce qu’on appelle «une justice à double vitesse» et de «Kumba am ndey, Kumba amul ndey» qui renvoient tous deux à une situation de traitement inégalitaire, injuste, des cas d’infraction aux lois pénales.
On a l’habitude de dénoncer ce qu’on appelle «une justice à double vitesse» et de «Kumba am ndey, Kumba amul ndey» qui renvoient tous deux à une situation de traitement inégalitaire, injuste, des cas d’infraction aux lois pénales. Ce dont on parle moins et qui est plus évident encore, est qu’il ne s’agit que de cas impliquant des personnalités politiques ou agissant dans la scène politique. Il n’est pas question de la seule justice, bien que ‘’principale accusée’’, mais aussi les deux autres sièges du pouvoir étatique que sont l’Exécutif et de Législatif.
La notion d’Etat de droit renvoie à l’idée de rapports entre les institutions étatiques et le droit, tenant en compte celui entre chacune d’elles et les citoyens. «Nul n’est au-dessus des lois» est la formule courante qui s’entend comme la soumission de toute personne à l’autorité de la loi. L’Etat de droit se caractérise donc par la primauté du droit dans l’organisation et le fonctionnement des institutions à travers la constitution, norme supérieure autour de laquelle s’articulent et se conforment toutes les autres normes juridiques qui encadrent la vie de la nation. C’est ce que Carré de Malberg exprime ainsi : «L’esprit de l’État de droit veut que la Constitution détermine supérieurement et garantisse aux citoyens ceux des droits individuels qui doivent demeurer au-dessus des atteintes du législateur.» En définitive, le respect de la règle de droit permet d’assurer une harmonieuse coexistence entre les institutions et de garantir la sécurité juridique des citoyens et non citoyens vivant sur le territoire national.
Cet idéal d’égalité des citoyens est quelques fois mis à mal à l’observation des événements se passant sous nos yeux : le député Bougazely, arrêté en flagrant délit de faux monnayage, est en liberté, même sous contrôle judiciaire, alors que deux autres parlementaires, ont été jugés, condamnés et emprisonnés et ont purgé des peines que leur avait infligées le juge correctionnel dans une affaire de trafic de passeports diplomatiques. De même, le dossier du Festival mondial des arts nègres (FESMAN) de l’inspection générale d’Etat (IGE) mettant en cause la gestion de Sindiély Wade, fille de l’ancien président de la République, coordonnatrice en 2010 de cet événement culturel de dimension mondiale, que le Chef de l’Etat a déclaré garder « sous le coude » pour des raisons sociales liées aux poursuites en cours alors, contre son frère Karim et en considération de l’âge avancé de leur père. Même si la loi reconnait au chef de l’Etat, les prérogatives de donner aux dossiers de l’IGE sur le fonctionnement de l’administration d’Etat dont il est le « chef suprême », la suite qu’il lui semble appropriée, on peut valablement donner raison à ceux qui ont dénoncé ce traitement jugé discriminatoire par rapport au dossier de ce même corps de contrôle sur la gestion des caisses d’avance de la Mairie de Dakar par M. Khalifa Sall et ses collaborateurs.
Si, à plus ou moins bonne raison, ces faits sont dénoncés comme étant des dysfonctionnements de l’appareil étatique dans le respect du principe d’égalité des citoyens devant la loi, la même logique d’indignation au niveau de l’opinion publique doit être de mise dans tous les cas de poursuites judiciaires contre les hommes politiques (comme toujours). Bien au contraire, sous le charme du discours politique usant et abusant de ce j’ai appelé dans une autre contribution «la recette de la victimisation », l’opinion de bon nombre de Sénégalais est détournée des véritables causes des déboires, essentiellement d’actes criminels perpétrés par ces hommes politiques, vers la «machine judiciaire» présentée comme étant pilotée par l’adversaire politique au pouvoir. Le discours de la victimisation en politique est bien connu en communication, sociologie et sciences politiques. De nombreux travaux y ont été consacrés notamment par Patrick Charaudeau («De l’état victimaire au discours de victimisation : Cartographie d’un territoire discursif", revue en ligne Argumentation et Analyse du Discours (AAD), Grinshpun Yana ( ‘’La fabrique des discours propagandistes contemporains. Comment et pourquoi ça marche ? ‘’Le Harmattan, coll. Quête de sens- 2023,256 p)
Morceau choisi chez Charaudeau «Tout discours politique cherche à s’attirer les faveurs de l’opinion en mettant en exergue le désordre social, en en stigmatisant les causes, et en dénonçant les responsables. Le discours populiste s’inscrit dans cette même stratégie discursive en décrivant la victimisation du peuple, en diabolisant les causes, en faisant des responsables, des coupables. Et pour ce faire, il joue sur la topique de la peur en ses divers aspects, visant à créer des frustrations et à orienter la violence qui pourrait s’ensuivre contre l’ennemi et les coupables, stratégie discursive qui peut être résumée dans la fameuse formule de Jean-Marie Le Pen «Un million d’immigrés, un million de chômeurs». Tous les spécialistes dans ces domaines notamment ces juristes recouverts de leur toge de Professeur ou de «chercheur» qu’on entend régulièrement à travers les médias, connaissent sans doute cette «musique». Au lieu d’ajouter une couche de polémique dans le débat politique, ils feraient œuvres utiles à éclairer (dans la crainte de Dieu), les citoyens afin de les capaciter à résister «aux chants des Sirènes» politiques qui n’ont d’autres buts que, comme dans la mythologie grecque, de capter leur attention et captiver leur conscience et leur opinion à dessein jamais totalement décliné.
Les Sénégalais, on le sait, ont en général ‘’mordu à l’appât’’ du discours de victimisation. On se rappelle des cas de feu Djibo Leyti Ka et Moustapha Niasse face au régime du Parti Socialiste, de celui du Macky Sall face au régime du Président Abdoulaye Wade et aussi de Karim Wade et Khalifa Sall face au régime du Président Macky Sall. Mais celui qui a le plus «crevé l’écran», le «champion toutes catégories», est incontestablement Ousmane Sonko qui, condamné pour des affaires de mœurs et de diffamation (toujours pendantes), sous poursuites pour diverses autres infractions contre la sureté de l’Etat, gagne, malgré tout, en popularité sur la base d’une communication populiste et de victimisation bien orchestrée, assaisonnée par une certaine société civile et des intellectuels déroutants de leur crédo scientifique et de sagesse mais également par les maladresses de certains agents de l’Etat.
. Il est important de noter que les cas énumérés ci-dessus, se distinguent en deux catégories en tenant compte de la nature du fondement du discours victimaire. En effet, si les trois premiers cas (Djibo Leyti Ka, Moustapha Niasse et Macky Sall) partent d’un différend politique au sein du parti auquel ils appartenaient, les trois derniers (Karim Wade, Khalifa Sall et Ousmane Sonko) par contre, sont concernés dans la commission de graves infractions à la loi pénale. Tous les trois ont été jugés et condamnés au pénal même si le cas Sonko est encore pendant devant la justice. Tous trois aspirent aujourd’- hui à être Présidents de la république du Sénégal. Terrible paradoxe ! Paradoxe parce que nul ne peut rejeter l’idée selon laquelle le pouvoir étatique ne peut servir de rempart contre l’action judiciaire et de garantie à l’impunité. Pourtant, des intellectuels, des acteurs de la société civile en plus de bon nombre de Sénégalais lambda, sont prêts à dresser une ‘’carapace blindée’’ autour de leur personne contre la justice de la République, en les plaçant à la tête de l’Etat.
Qu’on ne se cache surtout pas derrière un petit doigt accusateur de vols et autres enrichissements illicites à l’endroit des tenants du pouvoir actuel dans les discours politiques comme le décrit si bien Charaudeau, pour justifier une garantie d’impunité de ces personnes mises en cause par la justice de la République. Il est inimaginable en Europe, aux Etats Unis et dans toutes les grandes démocraties, de voir des personnes dans cette situation, prétendre à la moindre fonction publique. On sait ce qui est arrivé à Dominique StraussKahn et François Fillon en France. Il y a juste quelques jours, la Cour suprême du Colorado a fait sensation en déclarant M. Trump inéligible à la présidentielle américaine de 2024 en raison de ses agissements lors de l’assaut du Capitole. IL en est de même pour l’Etat du Maine. Même si la décision ne concerne, pour le moment, que ces deux Etats, elle est symbolique de la noblesse qui caractérise la fonction de Chef d’Etat et démontre à quel point elle est loin d’être une sinécure qui semble être le leitmotiv dans cette pléthore de candidatures à son exercice.
Qu’on ne s’y trompe pas, la majorité silencieuse des Sénégalais, sait parfaitement faire la part des choses et décider lucidement. Avant, il reviendra au Conseil constitutionnel de décider, lesquels de la centaine environ de candidatures seront en définitive soumises au suffrage des Sénégalais. A ce niveau, comme l’a dit Palouki Massina dans un article intitulé ‘’Le juge constitutionnel africain francophone : entre politique et droit’’ publié dans Revue française de droit constitutionnel 2017/3 (N° 111), pages 641 à 670, en faisant remarquer que «Les décisions du juge constitutionnel africain favorables au politique (l’intérêt collectif), bénéficient généralement de plus de publicité que celles favorables au juridique (libertés individuelles). Parce que dans la concurrence permanente que se livrent les deux notions, le néolibéralisme a fait revenir le paradigme juridique au premier plan pour soumettre le politique. Dès lors, toute décision défavorable au droit est décriée et considérée comme illégitime. Or, les deux types de décisions peuvent contribuer à l’affirmation de l’État de droit.» Vu sous cet angle et se fondant sur le large pouvoir d’investigation que lui reconnait l’article 14 alinéa 5 de la loi organique n°2016-23 du 14 juillet 2016, le Conseil constitutionnel pourrait en toute logique, rejeter ces trois candidatures conformément à «l’esprit général de la constitution» plusieurs fois évoqué dans ses décisions. L’entente politique qui a abouti à la modification du code électoral permettant aux condamnés graciés de conserver leur droit de vote et d’être élu, ne lie en rien le juge constitutionnel, dernier rempart de l’Etat de droit. Le Sénégal est à un tournant important de son avenir institutionnel : pour la première fois de son histoire, le président sortant n’est pas candidat à sa propre succession, le pays est dans l’œil du cyclone djihadiste qui a fini de déstabiliser ses voisins et le pays s’apprête à entrer dans le cercle restreint des puissances pétrolières et gazières aiguisant les appétits de forces occultes et mercantilistes. Dès lors, ‘’ les sept sages’’ seront, comme toujours (c’est notre conviction profonde), dans «l’affirmation de l’Etat de droit» et tous doivent accepter leur décision en disant comme les Chrétiens, surtout en ces temps de Noel et de Saint Sylvestre, ‘’ Ainsi soit-il. Amen ‘’
Sankoun FATY
Colonel de Gendarmerie à la retraite Juriste-consultant,
SONKO GARDE LE MORAL AU PLUS HAUT ET UN ESPRIT ENCORE PLUS ALERTE
En ma qualité de mandataire et de représentant du candidat Monsieur Ousmane Sonko, j’ai déposé un dossier complet qui satisfait à toutes les exigences de la loi et est conforme à la jurisprudence du Conseil Constitutionnel
En ma qualité de mandataire et de représentant du candidat Monsieur Ousmane Sonko, j’ai déposé un dossier complet qui satisfait à toutes les exigences de la loi et est conforme à la jurisprudence du Conseil Constitutionnel. Cependant, j’ai été surpris de m’entendre dire, en présence du technicien qui m’accompagnait, que le dossier serait incomplet.
Je n’ai pu arracher aucune précision sur cette incomplétude, la réponse du président de la commission de parrainage étant que cette dernière aurait reçu toutes les pièces et correspondances déposées et que je recevrais signification de la décision, ce que je trouve inadmissible et incompréhensible, parce que s’il y a eu une vérification du dossier déposé sans la présence du représentant du candidat, c’est une violation de la loi électorale et un recours sera déposé lorsque la décision et les motifs de l’invalidation de la candidature me seront notifiés.
En ma qualité de mandataire, je précise que mon mandant garde toujours ses droits civiques, reste électeur et éligible parce que la condamnation dans l’affaire Adji Sarr est tombée dans la trappe et celle dans l’affaire Mame Mbaye Kane Niang ne le prive d’aucun droit. Mon mandant Monsieur Ousmane Sonko garde le moral au plus haut et un esprit encore plus alerte.
Par Dr Yaya KANE DIALLO
PLUS DE 14 ANS D’EXPLOITATION, LES POPULATIONS IMPACTEES DE NDENDORY, DE HAMMADI OUNARE ET D’ORKADIERE LAISSEES EN RADE, INFECTEES ET APPAUVRIES
Selon le rapport Itie 2022, la Somiva qui exploitation de la mine de phosphates naturels de Ndenndory, a fait un chiffre d’affaires de 56 442 979 011 F Cfa avec 549 556 tonnes de phosphates exploitées, mais les populations impactées n’ont rien vu...
La parution du rapport Itie 2022 devrait mettre le feu aux poudres en révélant la boîte de Pandore que constitue l’exploitation de la mine de phosphates naturels de Ndenndory (région de Matam), alors que la question des indemnisations et des impasses de l’année 2022 n’est toujours pas réglée. Ce rapport fait mention notamment du chiffre d’affaires de l’année 2022 de la Somiva, société exploitante des phosphates de Ndenndory depuis l’année 2011 et dont le permis d’exploitation se poursuit jusqu’en 2036. En effet, selon ce rapport, la Somiva a fait un chiffre d’affaires de 56 442 979 011 F Cfa avec 549 556 tonnes de phosphates exploitées en 2022.
Un chiffre d’affaires en milliards chaque année, mais les populations impactées n’ont rien vu de ces retombées. Au contraire, les populations impactées souffrent de chômage, de manque de formation professionnelle, de nouvelles maladies pulmonaires, de dépossession de leurs terres cultivables, de la pollution, d’appauvrissement de l’environnement et la perte de bétails.
Aucune infrastructure, ni aucun plan social et environnemental de développement local n’a été mis en place depuis le début de l’exploitation de la mine d’abord par la Serpm-Sa de Cheikh Amar en 2010, suivie par la Somiva. Aucune de ces deux sociétés exploitantes n’a jamais respecté ses obligations, et l’Etat du Sénégal, en les laissant faire, se rend complice de ces manquements.
Devant cette situation scandaleuse des laissés-pourcompte, les populations de Ndenndory, constituées en association des populations impactées de la mine de phosphates de Ndenndory dénommée «Njolten hujjaaji men», par la voix de son président Dr Yaya Kane Diallo, haussent la voix pour dénoncer cette situation et pour demander à ce que toutes les parties prenantes, à savoir les sociétés exploitantes, en l’occurrence la Somiva, et l’Etat du Sénégal, respectent leurs engagements vis-à-vis des populations et des collectivités territoriales impactées conformément à la Constitution du Sénégal du 22 janvier 2001.
L’article 25-1 de la Constitution dispose que «les ressources naturelles appartiennent au Peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie. L’exploitation et la gestion des ressources doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables».
Toujours selon le rapport Itie 2022, la Société minière de la vallée du fleuve (Somiva) a déclaré s’être acquittée de ses taxes pour l’exercice de l’année 2022 à hauteur d’1 523 964 126 F Cfa. Alors que l’Etat du Sénégal a, quant à lui, déclaré un montant nettement plus élevé d’1 781 756 448 F Cfa, soit une différence nette de 257 792 556 F Cfa. Ce n’est pas du tout transparent !
Ces déclarations ont toutes deux fait l’objet d’un ajustement, passant respectivement à 1 821 939 682 F Cfa pour la Somiva et à 1 822 148 950 F Cfa pour celle de l’Etat du Sénégal, soit une différence réduite après ajustement de 180 002 F Cfa. Il faut plus de transparence !
Or, conformément aux dispositions du Code minier, chaque société exploitante doit verser au minimum 0.5% de son chiffre d’affaires au titre de la redevance minière à la collectivité d’accueil.
Ainsi, le montant retenu pour chaque année d’exercice devra alimenter :
Un Fonds d’appui au secteur minier à hauteur de 20% de ses recettes ;
Un Fonds d’appui au développement local ;
Un Fonds de péréquation et d’appui aux collectivités territoriales dont la quote-part est fixée également à 20% de ses recettes
En outre, chaque société exploitante doit assumer pleinement sa Responsabilité sociétale et environnementale (Rse), et procéder à la réhabilitation des sites miniers et carrières après exploitation. Mais, pour ce faire, chaque société exploitante devait mettre en place dès le début de son activité d’exploitation, un Plan de développement local (Pdl) et un Plan de gestion environnemental (Pge). Rien de tout ça n’a été fait ni respecté par les sociétés exploitantes.
Nous invitons les sociétés exploitantes, notamment la Somiva et la Serpm Sa, à :
Régulariser leurs situations par rapport aux redevances minières dues aux collectivités locales pour chaque année d’exercice depuis l’année 2011 pour la Somiva et de 2010 à 2021 pour la Serpm Sa ;
Procéder à l’indemnisation des terres occupées et exploitées conformément aux dispositions du Code minier ;
Verser une indemnité de trois milliards (3 000 000 000) F Cfa aux trois villages impactés des communes de Ndenndory, d’Ounare et d’Orkadiere.
Si par extraordinaire ces sociétés avaient versé toutes les redevances minières dues à l’Etat du Sénégal, il appartient alors à l’Etat du Sénégal de reverser de manière effective ces redevances minières acquittées aux collectivités locales.
Aussi, nous demandons à l’Etat du Sénégal et aux autorités compétentes de :
Régulariser ses états de reversement des redevances minières dues aux collectivités locales de Ndenndory, Ounare et Orkadiere pour chaque année d’exercice d’exploitation depuis l’année 2010 ;
Construire un hôpital de niveau 2 pour le traitement et le suivi des malades infectés ;
Octroyer une Couverture maladie universelle à toutes les populations impactées ;
Installer une usine de transformation et de production sur place ;
Garantir la formation professionnelle en créant un centre de formation professionnelle et promouvoir l’employabilité des jeunes et des femmes
Dr Yaya KANE DIALLO
Président de l’Association des populations impactées de la mine de phosphates de Ndenndory «Njolten hujjaaji men»
Par Saliou Yatt
EDUCATION, LES BONNES NOTES DE SINGAPOUR
Les résultats de l’enquête Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) 2022, publié en décembre dernier, ont encore confirmé Singapour comme «pays modèle» en matière d’éducation.
Les résultats de l’enquête Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) 2022, publié en décembre dernier, ont encore confirmé Singapour comme «pays modèle» en matière d’éducation. Pour rappel, Pisa évalue, tous les trois ans, les performances scolaires des élèves âgés de 15 ans dans trois domaines-clés : la compréhension de l’écrit, la culture mathématique et la culture scientifique, pour déterminer leur «capacité à résoudre des problèmes complexes, à penser de manière critique et à communiquer de façon efficace». Pour 2022, environ 700 000 élèves issus de 81 systèmes éducatifs de pays membres ou non de l’Ocde ont pris part à l’évaluation. A noter aussi la participation de pays africains tels que l’Egypte, le Ghana ou encore le Maroc.
Singapour a obtenu les meilleurs scores dans les trois domaines : lecture, mathématiques et sciences, et a fini de mettre tout le monde d’accord sur la qualité de son système éducatif. Déjà, sa méthode d’enseignement des mathématiques (du «concret» à «l’image», puis à «l’abstrait») est désormais adoptée par plus de 70 pays à travers le monde. La France, qui a vu le niveau de ses élèves en maths baisser, a annoncé, à travers son ministre de l’Education, qu’elle va à son tour adopter de «manière progressive», cette méthode singapourienne à partir du primaire. Quel est ce «secret» dit de Singapour ?
En lisant les publications et interviews sur «The Singapour miracle», il est impossible de ne pas arriver à la conclusion qui, pour moi, résume tout le succès de la «Cité-Etat» : à Singapour, l’éducation c’est du sérieux, un investissement ! Fait marquant, c’est l’importance qu’ils accordent à la qualité des enseignants. L’Etat a commencé d’abord par rendre le métier très enviable. Ce qui attire d’excellents candidats en termes de qualifications et surtout d’amour pour la profession. Aussi, en plus de la formation initiale et continue, des perspectives de carrière et de développement professionnels, l’enseignant singapourien bénéficie d’une reconnaissance particulière qui se traduit en bons salaires et en respect. L’Etat va jusqu’à mobiliser des moyens médiatiques pour que les enseignants jouissent de l’admiration et de la gratitude des citoyens. Histoire de recruter et de maintenir les meilleurs profils dans le système, et d’éviter le syndrome de la pénurie mondiale d’enseignants qui plombe l’éducation, jusqu’à la fermeture d’écoles, dans bien des pays occidentaux.
C’est ce que confirme Pak Tee, professeur à la National Institute of Education de l’Université de Nanyang, lors d’une interview publiée dans le journal El Pais. «Nous avons travaillé dur pour faire de l’enseignement une profession respectable. Les enseignants sont les architectes de la Nation, qui aident à construire notre pays.» «As a teacher, you won’t be rich, but you are going to live comfortably.» Il faut ici noter que, pour le Pisa, trois facteurs ont été déterminants dans la performance des élèves, parmi lesquels la valeur sociale des enseignants ainsi que leur niveau de rémunération.
Ainsi, de pays pauvre, Singapour est passé de Nation riche et enviée grâce à un système éducatif performant qui produit des ressources humaines de qualité. Le professeur Pak Tee le résume en ces termes : «Notre histoire commence en 1965, lorsque nous avons obtenu notre indépendance… Nous n’avions rien d’autre : pas de pétrole, pas d’agriculture, pas de bois, pas de caoutchouc. Nous n’avions que des ressources humaines, et l’éducation est le grand pilier de notre développement national.»
Une façon de rendre hommage aux enseignants du Sénégal, tout en leur souhaitant une très bonne année académique, pleine de succès ! A la promotion B2 anglais 2015 de la Fastef !
Par Kaccoor Bi
«UN CRIME PARFAIT !»
L’histoire retiendra que c’est à cause d’une banale affaire de « diffamation » — intentée par un ministre du pouvoir en place ! — qu’un candidat favori à une élection présidentielle a été empêché de se présenter.
Participera, ne participera pas. Nous voulons parler, bien entendu, de la candidature à la présidentielle de février prochain de celui qui se présente comme le cauchemar du pouvoir en place. Et qui hante les nuits du Chef.
L’homme à qui il ne voudrait pour rien au monde passer le pouvoir en avril prochain. Ce serait son plus grand échec. Il souffrirait toute sa vie de cet affront. Plutôt mourir! D’ailleurs, leur chanson préférée, c’est de dire partout qu’il ne participera pas, autrement dit « Du bokk ». Et c’est dit de façon jouissive.
N’étant pas juriste, mais amateur de nos « diongomas » et « driankés » si en chair, Kàccoor ne peut nullement interpréter le verdict rendu hier par la Cour suprême car ça dépasse ses compétences. Toujours est-il que c’était une commande politique. C’est fait sans fausse pudibonderie à travers une procédure très accélérée alors que d’autres affaires de diffamation sont dans les labyrinthes de notre justice depuis parfois plus de cinq ans rien qu’entre les tribunaux de première instance et les cours d’appel.
Et là, voilà qu’en mode fast-track ou ascenseur, cette affaire de « diffamation » a déjà bouclé tout le circuit, des juridictions de première instance à la Cour suprême ! Il fallait juger très vite l’empêcheur de conserver le pouvoir, tout faire pour lui ôter toutes prétentions à participer à une élection présidentielle dont il sortirait vainqueur sans aucune surprise.
Et malgré l’appel à la raison du Procureur général de la Cour Suprême, le juge a donné son verdict après minuit. Deux heures après l’heure convenue. Les débats ont dû être houleux. Et à une heure de crime, alors que les honnêtes gens dormaient, il a dit le droit selon les vœux du Chef. Un crime parfait qui privera pendant cinq ans le plus populaire opposant de l’histoire du Sénégal de son droit à participer à une élection présidentielle.
L’histoire retiendra que c’est à cause d’une banale affaire de « diffamation » — intentée par un ministre du pouvoir en place ! — qu’un candidat favori à une élection présidentielle a été empêché de se présenter.
L’affaire Prodac reste le plus grand scandale de la Gouvernance du Chef. Mieux, c’est consigné dans un livre écrit par un militant de la société civile. Et encore, le ministre des Finances d’alors et candidat du parti au pouvoir pour la prochaine présidentielle avait eu l’insigne honneur de reconnaitre les malversations dénoncées par l’opposant. Mettant mal à l’aise son collègue qui avait démissionné avant de revenir siéger en Conseil des ministres…
En tout cas, notre glorieuse justice a fait son boulot en condamnant à la peine qu’il fallait — et aussi dans les délais souhaitables — un dangereux prétendant dont l’élimination électorale était une question de vie ou de mort pour les gens du pouvoir en place.
Ont-ils réussi leur coup ? La réponse dans 50 jours !
TAMIS, LE BON GRAIN ET L’IVRAIE
À ce rythme, on demandera un tamis avec de grands trous. Parce que là, vraiment, même les bonnes graines risquent de rester. N’oublions pas de séparer le bon grain de l’ivraie.
À ce rythme, on demandera un tamis avec de grands trous. Parce que là, vraiment, même les bonnes graines risquent de rester. N’oublions pas de séparer le bon grain de l’ivraie. Ce qui fait marrer ce sont les statuts WhatsApp et posts sur Facebook et X avec « parrainage validé ». On dirait ces dames prêtes à partager « maria- ge validé » ou « nguenté validé ».
Par DJIBRIL GNINGUE
A PROPOS DE LA BATAILLE JURIDIQUE ENTRE L’ETAT DU SENEGAL ET OUSMANE SONKO
La tournure prise par la bataille juridique entre l’état du Sénégal et les avocats de Monsieur Ousmane Sonko autour de son éligibilité est en passe de devenir un véritable cas d’école.
La tournure prise par la bataille juridique entre l’état du Sénégal et les avocats de Monsieur Ousmane Sonko autour de son éligibilité est en passe de devenir un véritable cas d’école.
Les obstructions et Les refus opposés au mandataire de Monsieur Ousmane Sonko par l’administration en l’occurrence par la DGE et la CDC à la suite des décisions de justice du tribunal d’instance de Ziguinchor d’abord et ensuite du tribunal de grande instance de Dakar annulant la radiation de son candidat des listes électorales et ordonnant sa réintégration à constituer aux yeux de plusieurs observateurs et spécialistes un grave précédent de nature à remettre en cause les dispositions pourtant très claires du code électoral en matière de contentieux des inscriptions sur les listes électorales.
En effet depuis la non observation de la ´’notification écrite’ de l’acte de radiation édictée par le code électoral en son art. L.. 41 qui dispose que ‘’l’électeur qui a fait l’objet d’une radiation d’office pour d’autres causes que le décès reçoit de l’autorité administrative compétente notification écrite des motifs de la procédure intentée contre son inscription à sa dernière résidence connue’’ jusqu’au dernier acte de blocage de l’accès à la DGE et à la CDC opposé a son mandataire venu signifier la décision rendue par le tribunal hors classe de Dakar ordonnant comme le tribunal d’instance de Ziguinchor la réinscription de Ousmane Sonko sur les listes électorales force est de constater que le dans le contentieux opposant Monsieur Ousmane Sonko a l’Etat du Sénégal la procédure est frappée de nombreux et substantiels vices de procédure dont on peut se demander s’ils n’ont pas été commis à dessein ou par méconnaissance et le cas échéant comment ceci a été possible et à quelles fins.?
En tout cas quoi qu’il en soit il faut constater que la conséquence directe d’un tel acte devait simplement empêcher Monsieur Ousmane Sonko à la lumière de l’article L.41ducode électoral d’exercer son droit de recours et par voie de conséquence à perdre toute possibilité d’être remis sur les listes électorales et donc d’être éligible pour se présenter à la présidentielle dès lors que comme le précise bien cet article il n’aurait pas intenté de recours faute d’avoir reçu ou su contourner à temps le défaut de notification écrite ‘’ dans les cinq jours qui suivent devant le Président du tribunal d’instance ‘’
En tout état de cause pour une bonne partie de l’opinion cette opération ressemble fort bien à une tentative consistant à museler un candidat potentiel qui pourrait être gênant quand on sait qu’en lieu et place de cette notification un simple courrier lui a été servi pour lui signifier sa radiation; lequel a de surcroît été déposée à la sous préfecture du plateau en totale violation des dispositions du code électoral. car le voudrait- on qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Cette hypothèse est d’autant plus plausibles que le principal argument avancé par la DGE et la CDC pour ne pas délivrer â son mandataire les fiches de parrainage et lui permettre de déposer sa caution à la suite des deux décisions de justice repose curieusement sur l’absence du nom de Monsieur Sonko sur les listes électorales d’une part et l’inexistence d’une décision de justice définitive d’autre part.
Mais à ce moment là on peut alors fort légitimement se demander que valent donc de tels arguments devant la loi régissant l’organisation et le fonctionnement du processus électoral ?
Concernant L’argument relatif à l’absence du nom de Ousmane Sonko sur les listes électorales il faut se rendre à l’évidence pour constater qu’il est tout simplement anéanti par les décisions rendues par les tribunaux de Ziguinchor et de Dakar tel qu’on peut le constater du reste d’abord avec l’article L. 44 du code électoral qui dispose que ‘’la décision du Président du tribunal d’instance est rendue en dernier ressort. Elle peut être déférée en cassation devant la cour suprême ‘’Mais ensuite par l’article L.47 du code électoral qui pour prémunir le processus électoral des délais en vigueur au niveau de certaines juridictions indique très clairement que : ’’en tout état de cause compte tenu des délais en vigueur au niveau de certaines juridictions les décisions de justice rendues et transmises à l’autorité compétente ou au service de gestion du fichier électoral seront immédiatement prises en compte et traitées dans le sens prescrit nonobstant la clôture de la période de révision et du traitement des mouvements’’.
Il faut donc comprendre par là que sur le terrain du droit électoral le caractère non définitif d’une décision de justice ne saurait lui enlever sa force et sa valeur exécutoires en raison surtout des délais légaux incompressibles du calendrier électoral fixés par la constitution les lois et règlements.
Et c’est pourquoi la commission électorale nationale autonome en tant qu’organe de supervision et de contrôle du processus électoral gardienne du respect du cadre légal régissant les élections et garante de l’application du droit électoral saisie par le mandataire et les avocats de Monsieur Sonko usant de ses pouvoirs de rectification d’injonction de désaisissement et de substitution que lui confère le code électoral avait adressé une correspondance à la DGE pour lui demander de remettre Ousmane Sonko sur les listes électorales et de donner â son représentant les fiches de parrainage .
A partir de ce moment les termes du problème étant ainsi clairement posés l’attitude adoptée par de la DGE pour s’opposer à l’injonction de la CENA confortée en cela par le décret 2023-2152 du 03 novembre 2023 du Président de la République portant nomination des membres de la CENA ainsi que la décision incompréhensible de la cours suprême de renvoyer le recours de l’AJE à une autre juridiction au regard des prescriptions du code électoral avait fini de transférer le contentieux électoral opposant Monsieur Ousmane Sonko à l’Etat du Sénégal du terrain du droit électoral à celui du droit commun sur lequel non seulement les juridictions ne sont pas toujours tenues par les délais du calendrier électoral mais encore où les décisions de justice ne sont exécutoires que lorsqu’elles sont définitives.
Aussi est-il important de relever qu’au regard de l’alinéas 2 de l’art. L. 47 qui dispose que ‘’ le greffier adresse sans frais la requête accompagnée de toutes les autres pièces fournies par les parties au greffe de la cours suprême qui la transcrit sur son registre.’’ et de l’alinéa 3 qui précise que :´’La cours suprême porte aussitôt l’affaire à l’audience et statue sans frais le procureur général entendu.’’ il est clair qu’au lieu de renvoyer la cours suprême devait plutôt impérativement statuer.
Au total Au vu de tout ce charivari politico judiciaire L’heure est-elle peut-être venue pour le Sénégal à l’instar de certains pays devant une telle situation porteuse d’énormes risques de porter atteinte à l’intégrité et à la transparence du processus électoral et de remise cause des droits fondamentaux des candidats ou listes de candidats de revoir son système électoral fondé sur une justice électorale mixte pour aller vers la mise en place d’un tribunal électoral en tant qu’instance juridictionnelle autonome dotée du personnel et des moyens adéquats pour trancher les contentieux électoraux sur la base stricte des normes du droit électoral et du respect de la loi électorale aussi bien par les autorités administratives les partis politiques les candidats que les électeurs.
DJIBRIL GNINGUE
Directeur exécutif de la plateforme des acteurs de la société civile pour la transparence des élections-PACTE
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
LA RAISON DE L’ÉTAT NÉOCOLONIAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est difficilement acceptable de justifier au nom de la « raison d’État » que Sonko soit privé d’élection alors que jusqu’à ce jour il a inscrit son action politique dans les normes constitutionnelles sénégalaises
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 03/01/2024
Diverses explications ont été données à la stratégie désordonnée, parfois insolite et malheureusement toujours pathétique avec laquelle l’administration électorale et judiciaire sénégalaise tente depuis plusieurs mois d’empêcher le maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, d’être candidat au scrutin présidentiel du 24 février 2024. Sans trop nous appesantir sur les raisons invoquées au début pour lancer l’« entreprise de sabotage » et qui à notre avis relèvent du jeu classique de dénigrement du concurrent politique (caricature de ses affiliations idéologiques, accointances alléguées avec des sociétés secrètes, intentions inavouées, etc.), nous parlerons de la toute dernière : la « raison d’État ».
D’abord évoquée par des piliers médiatiques plus ou moins sérieux du pouvoir, elle a été reprise par le député-maire de Dakar, Barthélemy Dias, de la période « cul et chemise » avec le régime. Elle est devenue depuis quelques semaines un élément de langage du camp présidentiel. Cette trouvaille est une réponse au député Ayib Daffé, mandataire du candidat Ousmane Sonko qui a qualifié de « banditisme administratif » les refus réitérés de la Direction générale des élections (DGE) placées sous l’autorité du ministre de l’Intérieur de respecter les décisions de justice favorables à l’édile de Ziguinchor.
Qu’est-ce que la « raison d’État » ? En quoi est-elle une justification possible aux moyens utilisés par tout pouvoir pour s’affranchir des contraintes de l’État de droit ? Quelle est la nature de l’État sénégalais ? Quelles sont les circonstances de sa genèse et dans quelle trajectoire historique s’inscrit-il ?
Dans cet article, nous prenons le parti de défendre la thèse que l’élection à venir est susceptible de changer radicalement la trajectoire de l’État postcolonial sénégalais si Ousmane Sonko et les forces sociales qui le soutiennent en sortent vainqueurs. Plus l’échéance approchera et davantage les tenants du pouvoir soutenus en cela par la classe dominante et ses relais médiatiques prendront des libertés avec le droit et les traditions démocratiques sénégalaises.
L’État, la « raison d’État », le droit et la démocratie
Il ne s’agit pas ici de donner une définition de l’État, nous nous satisferons d’en souligner les aspects qui en font une réalité tangible. Il s’agit d’une organisation politique et administrative reconnue d’un point de vue juridique par une « communauté d’États » et qui préside aux destinées de sociétés d’individus implantées sur un territoire déterminé grâce à une bureaucratie et des capacités de coercition s’imposant à tous. Dans notre modernité, l’État a pour rôle de garantir la sécurité, le bien-être et le développement de ses citoyens. Partant de ces caractéristiques, il s’agit d’une nouveauté quand on prend en compte la longue histoire de ce territoire que nous désignons aujourd’hui sous le vocable Sénégal.
La notion de « raison d’État » est souvent utilisée pour désigner la justification de certaines actions ou politiques menées par un État au nom de ses intérêts supérieurs ou de sa sécurité nationale. Elle est invoquée lorsque des mesures exceptionnelles sont prises, même si elles vont à l’encontre de certains principes ou valeurs démocratiques. La plupart des historiens des idées font remonter à Machiavel, un théoricien italien de la politique i du XVIe siècle, le concept de « raison d’État ». Dans son fameux livre Le Prince, il soutient qu’il arrive que pour préserver la stabilité et la sécurité de l’État, que les dirigeants violent certains principes moraux. Dans le contexte moderne, la raison d’État est souvent invoquée pour justifier des actions telles que la surveillance de masse, la restriction des libertés individuelles, l’utilisation de la force militaire ou la manipulation dans les relations internationales. Par exemple, un gouvernement peut justifier la surveillance de ses citoyens au nom de la sécurité nationale, de la lutte contre le terrorisme, etc.
La démocratie repose sur l’idée que tous les citoyens ont des droits fondamentaux et une voix dans la prise de décision politique. Le droit joue un rôle essentiel dans la consolidation de la démocratie en garantissant l’égalité devant la loi, les libertés individuelles et collectives, ainsi que la justice sociale. Il limite également le pouvoir de l’État et des gouvernants en établissant des mécanismes de contrôle et de responsabilité. La question fondamentale est de savoir si la « raison d’État » peut coexister avec la démocratie. Quand on comprend que la « raison d’État » peut être utilisée comme un prétexte pour commettre des abus de pouvoir et violer les droits de l’homme. Plus graves, les actions menées au nom de la « raison d’État » peuvent en réalité affaiblir la sécurité et la stabilité à long terme, en sapant la confiance des citoyens et en alimentant le mécontentement populaire. Nous sommes de ceux qui pensent qu’utilisée en privilégiant l’intérêt général, la « raison d’État » est nécessaire pour garantir la sécurité et la stabilité d’une nation, et qu’elle peut être conciliée avec les principes démocratiques par des mécanismes de contrôle appropriés. Tout cela étant dit, il est difficilement acceptable de justifier au nom de la « raison d’État » qu’Ousmane Sonko soit privé d’élection alors que jusqu’à ce jour il a inscrit son action politique dans les normes constitutionnelles sénégalaises et la pléthore d’avocats qu’il a recrutés, montre que le droit, les cours et tribunaux sont des instruments de premier ordre dans sa quête du pouvoir présidentiel. Malgré ses réserves, pourquoi devons-nous prendre au sérieux l’énoncé des tenants du pouvoir et leurs relais ?
Le réel et la réalité
Les philosophes nous enseignent qu’il y a lieu de distinguer entre le réel et la réalité. Ils nous disent : « si le réel est bien ce qui est et, en tant que tel, un et absolu, la réalité en est la représentation, et même la reconstruction ». Au-delà de la réalité de l’État que nous avons énoncé plus haut, que se cache-t-il ? Karl Marx considère que derrière le voile de l’État neutre et au service de l’intérêt général, il y a quelque chose de moins reluisant. Pour lui, l’État est intrinsèquement lié à la classe dominante et ne peut pas être neutre ou impartial. Marx affirme que l’État agit en faveur de la classe dominante en protégeant ses intérêts économiques et en réprimant toute contestation ou révolte de la classe ouvrière. Pour Marx, l’État est un outil de coercition et de contrôle social, utilisé pour maintenir l’ordre et garantir la domination de la classe capitaliste.
Lénine tout en se réclamant de Marx, verra dans l’État une circonstance opportune pour les classes sous domination. Pour lui, la classe ouvrière devait renverser l’État bourgeois existant et mettre en place un nouvel État dirigé par les travailleurs eux-mêmes. Antonio Gramsci, un théoricien marxiste italien du XXe siècle, nous a permis de mieux comprendre le « réel » de l’État. Il a développé le concept de classe dominante dans le cadre de sa théorie de l’hégémonie. Selon Gramsci, la classe dominante ne se contente pas d’exercer son pouvoir économique, mais cherche également à maintenir sa domination en influençant et en contrôlant les institutions culturelles et politiques. La classe dominante, selon Gramsci, ne se limite pas à la bourgeoisie capitaliste, mais comprend également des éléments de la classe moyenne et des intellectuels. Gramsci affirme que la classe dominante maintient son pouvoir en créant un consensus culturel au sein de la société, en façonnant les idées, les valeurs et les croyances qui sont acceptées par tous. Cela se fait principalement par le biais de l’hégémonie culturelle, c’est-à-dire l’influence culturelle et idéologique exercée par la classe dominante sur les classes subalternes.
Gramsci soutient que la classe dominante utilise les institutions et les pratiques culturelles, telles que l’éducation, les médias, la religion, etc., pour promouvoir son idéologie et ses intérêts. Par exemple, les médias peuvent présenter une vision biaisée de la réalité qui favorise les intérêts de la classe dominante, tandis que l’éducation peut enseigner des valeurs qui renforcent la position de la classe dominante dans la société. L’objectif de la classe dominante, selon Gramsci, est de maintenir son pouvoir et de prévenir la prise de conscience de l’exploitation par les classes subalternes. Cela est réalisé en créant un consensus culturel qui fait accepter aux classes subalternes l’ordre social existant comme naturel et juste. Pour lutter contre la classe dominante, Gramsci préconise la construction d’une contre-hégémonie, c’est-à-dire le développement d’une nouvelle vision du monde et d’une nouvelle culture qui remet en question l’ordre établi. Tous ces éléments conceptuels nous aident à comprendre ce qui est en jeu au Sénégal, au Sahel et dans bien d’autres endroits en Afrique.
L’État sénégalais derrière le rideau
L’État sénégalais indépendant a été construit sur des institutions (parlement, armée, administration territoriale) mises en place par les régimes coloniaux et sur un principe de souveraineté sanctifié par la communauté des États déjà existants. Il est un legs de la colonisation française et s’inscrit dans une continuité historique où les remises en cause ont été fréquentes, mais très sévèrement réprimées. C’est une histoire très militarisée. La conquête coloniale française a été menée, que ce soit en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale ou à Madagascar, à travers des opérations violentes de « pacification » visant à détruire toute résistance. Dans les années qui ont précédé la décolonisation, la France a utilisé à nouveau la force militaire pour casser les mouvements et partis indépendantistes, comme au Cameroun (1955-1960) ou quelques années plus tôt à Madagascar (1947-1948), avant d’installer au pouvoir des dirigeants politiques qu’elle avait choisis. Au début des années 1960, à la domination impériale directe s’est substituée une relation sans équivalent ailleurs dans le monde, désignée par les vocables de « Françafrique », « État franco-africain », etc. À l’indépendance de ces territoires, en 1960, ce nouveau cadre permet de faire de l’Afrique francophone la sphère d’influence exclusive de la France. Sur le plan pratique, Paris met en place des dispositifs techniques, économiques, monétaires (franc CFA) culturels, etc. dans une logique affichée de coopération et d’aide au développement et pour mieux conserver son influence et son accès aux matières premières africaines. Le Sénégal contemporain est le produit de cette histoire. Sa spécificité : est d’être la vitrine démocratique du pré carré français. Il n’en reste pas moins un État néocolonial en ce sens qu’il continue de subir la domination et l’exploitation économique, monétaire politique ou culturelle de la part de la France.
Au Sénégal, les relations entre l’État colonial puis postcolonial et les sociétés relativement hétérogènes ont certes été problématiques. Elles ont pu se normaliser grâce à ce que le politiste Donal Cruise O’Brien (1941-2012) a appelé le « contrat social sénégalais » qui a été scellé sur la base de ce que l’historien sénégalais Mamadou Diouf nomme « le modèle islamo-wolof ». Dans ce cadre, les confréries musulmanes sénégalaises ont joué un rôle important dans ces relations, offrant un lien efficace entre l’État et la société. Dans ce contrat, le gouvernement récompense les élites en leur octroyant diverses formes de parrainage officiel, y compris des ressources matérielles.
En retour, les hommes de religion au Sénégal offrent surtout une protection à leurs disciples contre les abus des représentants de l’État. Sous le régime de Senghor, le contrat clientéliste entre l’État et les confréries a atteint son apogée. Par la suite, pour des raisons d’ordres économiques (ajustement structurel), l’urbanisation, la montée de l’individualisme, la montée des idées réformistes dans les confréries et dans l’islam de manière général, ce modèle s’est essoufflé. En même temps qu’agonise ce système d’alliance de la bourgeoisie politico-bureaucratique garante des intérêts de l’ancienne puissante coloniale et des élites issues des processus cooptation montaient les idées nationalistes qui expliquent dans le retard économique et social du pays par le maintien des liens d’assujettissement à la domination française.
Dans le même temps émergeait une bourgeoisie nationale ayant fait son « accumulation primitive » dans l’économie populaire encore appelée secteur informel et ayant des références idéologiques qui s’imposent comme des alternatives aux discours de la classe dominance actuelle. C’est l’alliance de ces forces qui est au cœur du dispositif de soutien à Ousmane Sonko. C’est une alliance qui ne cache pas son ambition de subvertir l’ordre établi. Elle a d’autant plus les coudées franches et des chances de gagner la bataille de l’hégémonie culturelle qu’en face le discours ne s’est pas renouvelé, n’offre aucune perspective de lendemains enchanteurs et se complait à annoncer l’apocalypse en cas de changement. Ils devraient lire Gaston Berger : « Demain est moins à découvrir qu’à inventer. »
En 2019, alors que beaucoup d’analystes considéraient sa candidature comme celle du témoignage, Ousmane Sonko avait mobilisé plus de 15 % du corps électoral en développant un thème de campagne considéré jusqu’alors comme un tabou : le franc CFA. Sa critique de la « mal gouvernance » avait également séduit une partie de l’électorat. Néanmoins, le vote en sa faveur avait été circonscrit à la diaspora d’Europe et d’Amérique, aux régions de Dakar et Ziguinchor et les centres urbains d’autres régions. Cinq ans plus tard, son potentiel électorat a évolué. En plus de celles évoquées plus haut, il a été rejoint par des forces sociales qui aspirent à l’hégémonie et qui remettent en cause le vieux contrat social sénégalais et sa figure tutélaire : la France. Dans un contexte sahélien de perte d’influence de la France, l’enjeu électoral sénégalais prend la forme d’une épreuve de survie pour l’État néocolonial. C’est sa « raison » qui est à l’œuvre dans tous les manquements au droit, à la démocratie et la justice. C’est ce qui rend compte de ce que Ayib Daffé appelle le « banditisme administratif ». Ce n’est pourtant qu’un… euphémisme.