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12 avril 2025
Opinions
Par Fadel DIA
PAS EN MON NOM
Nous ne pouvons pas brandir la Téranga d’une main et de l’autre pointer un doigt accusateur contre les étrangers vivant chez nous. Sauf à offrir en victimes expiatoire nos compatriotes devenus boucs émissaires pour Le Pen et Zemmour
Au plus fort des fanfaronnades et des élucubrations de Donald Trump, quand le président américain insultait et menaçait les élites et les minorités de son pays, les Etats pauvres d’Afrique et même ses alliés européens, une partie de l’opinion américaine, intellectuels, artistes, hommes et femmes politiques, défenseurs des droits de l’Homme, avaient répondu à ses dérives verbales par ce slogan devenu vite populaire : «Pas en mon nom !»
C’était une façon de se désolidariser de Trump, de dire qu’il ne parlait qu’en son seul nom et que ses prises de position n’engageaient pas l’ensemble du peuple américain.
C’est une habitude que nous devrions prendre chaque fois qu’un de nos concitoyens s’érige en imprécateur et prétend s’exprimer au nom du « peuple ». L’énergumène qui profère des insanités sur une composante ethnique bien ciblée et à travers des réseaux sociaux complaisants qu’il a transformés en Radio des mille Collines, n’est heureusement pas président de la République et n’a même aucune légitimité à s’exprimer au nom des Sénégalais. Il n’en reste pas moins que ses propos sont dangereux pour de multiples raisons et que quand on ouvre la boite de Pandore on ouvre la porte à tous les démons. Ce sont des propos dangereux parce qu’il donne à croire qu’ils participent à notre nécessaire reconquête nationale et qu’ils s’inscrivent dans les changements promis par les nouveaux dirigeants du pays. Parce qu’il remet en cause ce que Senghor avait appelé « notre commun vouloir de vie commune » et qu’il sape les fondamentaux de notre héritage historique. Parce que ce sont les propos d’un ignorant et que l’ignorance, qui est le pire défaut des hommes, est toujours source de violence et de désordre.
S’il avait fait l’effort de consulter nos archives, et c’est sans doute trop lui demander, fait l’analyse de ce que les Congolais appellent « bisso na bisso », le « nous en nous-mêmes »,il aurait appris que ce qui a fait la différence entre notre pays et plusieurs autres pays africains quand les Européens nous ont imposé des frontières artificielles, c’est que depuis près de trois siécles, des hommes et des femmes issus du patchwork culturel et ethnique de ce qui deviendra le Sénégal ont appris non seulement à vivre ensemble, mais aussi se sont alliés pour combattre les mêmes périls, sans qu’aucun d’entre eux n’ait été sommé de renier ses origines. Cela avait commencé à Saint-Louis et l’un des premiers recensements de la population de la vieille cité, sans doute l’un des premiers recensements nominatifs réalisé au sud du Sahara, y révèle l’existence, au milieu du XVIIIe siècle, d’un incroyable melting pot où se côtoient des gens issus de toutes les ethnies, des Fall, des Diaw, mais aussi des Gomis et des Sène venus du sud, des Anne et des Kane venus de l’est, et même des Sidibé venus de plus loin encore. Plus tard, vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe, quand Saint-Louis était au faîte de sa gloire, capitale de l’AOF ou principale métropole du Sénégal, elle a compté un maire puis président du Conseil Colonial né Diarra, un cadi Anne et au sein de sa jeunesse dorée, celle qui se battait pour l’émergence d’un « Jeune Sénégal », certains des premiers rôles étaient tenus par des hommes qui avaient pour patronymes Diouf (Ngalandou) ou Traoré (Thiécouta). Saint-Louis fut la première cité sénégalaise à abriter, à quelques centaines de mètres l’une de l’autre, une église et une mosquée, toutes en dur, toujours debout, la première aura bientôt deux siècles et la seconde a près de cent soixante-dix ans.
C’est toute cette histoire qui explique que, dans les années précédant notre indépendance, les Sénégalais aient préféré donner la majorité de leurs voix à Senghor, sérère et chrétien, plutôt qu’à Lamine Guèye, wolof et musulman.
L’énergumène qui déverse ses injures contre ceux qu’il appelle « Peuls Fouta », appellation absurde car il n’y a pas qu’un Fouta, ignore aussi, et c’est impardonnable parce qu’il s’agit cette fois d’actualité, que les Sénégalais ont des semelles de vent, qu’ils ont toujours été de grands voyageurs devant l’Eternel et que, pour ne nous en tenir qu’au continent africain il n’y a pas, de Johannesburg à Casablanca,, une seule grande métropole qui n’ait pas sa colonie sénégalaise. Depuis des siècles des gens partis des territoires qui composent le Sénégal d’aujourd’hui sillonnent le monde, à la recherche de la gloire de la richesse ou du mieux-être. Certains d’entre eux avaient réussi à créer des royaumes et des empires à des milliers de kilomètres de leur lieu de naissance, d’autres plus modestes, ont enseigné la bijouterie en filigrane aux Djiboutiens, fait gouter au monde le ceebu jenn quand il n’était pas encore inscrit au patrimoine de l’Unesco, servi de courtiers à Bangkok, participé à l’exploitation de mines d’or ou de pierres précieuses au Congo, à Madagascar ou au Mozambique. Des Sénégalais sont présents dans les souks d’Istanbul, sur les chantiers de Tokyo, ils exercent des métiers à risques sur les plages d’Italie et sur les places de Montmartre, ou se livrent à des activités moins avouables à Manhattan. Avant de découvrir la route du Nicaragua, ils étaient présents en Argentine et au Brésil et comme on ne prête qu’aux riches, un quartier de Harlem porte le nom de Little Sénégal. Il n’est pas exclu qu’il y ait un jour en Chine un « ToubaGuangzhou », si ce n’est déjà fait !
Rappelons enfin que des hommes et femmes, issus de pères sénégalais et musulmans, ont exercé ou exercent d’éminentes responsabilités dans leurs pays d’adoption : vice-président de la République Démocratique du Congo, membre du staff des campagnes électorales de Barak Obama, chef du plus vieux parti politique de Cote d’Ivoire et, à trois reprises au cours des vingt dernières années, ministres de la République française! C’est l’honneur du Sénégal que son premier président ne se soit jamais adressé à la Nation, dans les grandes occasions, sans saluer « les hôtes étrangers qui vivent parmi nous ». La question que nous devrions nous poser ce n’est donc pas de savoir s’il faut expulser ces hôtes, dont certains sont devenus des citoyens à part entière, mais de nous demander à quoi nous devons ce privilège que jamais des Sénégalais n’ont été victimes d’expulsions massives et ciblées dans les pays qui les avaient accueillis et où ils ont fait leurs trous. Nous ne pouvons pas brandir la Téranga d’une main et de l’autre pointer un doigt accusateur contre les étrangers qui vivent chez nous, sauf si on veut offrir en victimes expiatoire nos compatriotes devenus les boucs émissaires sur lesquels Marion Le Pen et Éric Zemmour font reposer tous les malheurs de la France! C’est tout à l’honneur de notre pays que d’avoir toujours su accueillir avec bienveillance des hommes et des femmes fuyant l’injustice, la misère ou la guerre, et même d’avoir offert l’asile à d’autres, moins humbles, aux motifs plus contestables, parmi lesquels deux ont trouvé la paix dans ses cimetières…
Ceux qui distillent la haine et propagent des mensonges et des affabulations doivent d’abord être traduits devant la justice et, pour le moins, bannis des médias. Mais cela ne doit pas empêcher les Sénégalais, citoyens ordinaires ou hommes et femmes qui ont une parcelle de pouvoir, religieux, politique, coutumier, de clamer haut et fort qu’ils ne parlent pas en leur nom. Enfin, il est important que les nouvelles autorités qui nous gouvernent ne commettent pas l’erreur commise par leur prédécesseur qui avait manqué à ses responsabilités de « Gardien de la Constitution » en ne démettant pas de ses fonctions ministérielles un maire qui avait tenté de mettre à mal la cohésion nationale. Il est nécessaire et urgent qu’elles rappellent à tous ceux qui comme l’énergumène dont il est question ici se font une interprétation personnelle des « changements systémiques » qu’elles ont promis, que ceux-ci ne consistent pas seulement à nous défaire de nos mauvaises habitudes mais qu’elles visent aussi à préserver nos vraies valeurs. Parmi celles-ci il y a ce que nous appelons couramment « Téranga », pas celle qui n’est que paroles doucereuses et falbalas, mais celle qui est expression de générosité, de tolérance et de respect de l’autre et qui est une richesse plus précieuse et plus durable que l’or de Kédougou ou le pétrole de Sangomar qui font saliver tant de Sénégalais !
Par La « Collectivité de Ouakam »
CONSPIRATION FONCIERE A OUAKAM : LA COLLECTIVITE SONNE L'ALARME
La collectivité est prête à tout sacrifice pour préserver le legs de leurs ancêtres !
La « Collectivité de Ouakam » |
Publication 18/05/2024
La Collectivité de Ouakam, sous la direction de ses éminents membres : le saltigué BadouLaye Ndoye, Président du conseil des notables, Pr Babacar Gueye éminent juriste constitutionnaliste, Agrégé de droit public et de science politique, Vice-Président du Conseil des Notables, et Blaise Diagne Président des Freys, également président de la commission des Finances de la collectivité, a rencontré la presse à Dakar le samedi 4 mai. L'objectif principal de cette rencontre était de dénoncer une conspiration interne, mettant en péril le précieux patrimoine foncier de la collectivité, notamment le titre foncier emblématique, le TF 5007 DG, désormais rebaptisé 1751 NGA (Ngor-Almadies). Cette rencontre a été également l’occasion de retracer l'histoire et l'organisation de la collectivité, tout en mettant en lumière les défis actuels, la résilience de la communauté et ses efforts pour protéger son héritage ancestral devant les tribunaux.
Quels sont les fondements et les mécanismes de gouvernance de la société Lébou, en particulier dans le village de Ouakam, et comment ceux-ci contribuent-ils à maintenir son identité et son fonctionnement démocratique ?
Réponse de Badoulaye NDOYE :
L'histoire de la société lébou, en particulier du village de Ouakam, remonte à leur arrivée à Dakar et à Mbokheekh, puis à leur dispersion en différents peuplements à l'intérieur de la Presqu'île, formant ainsi les villages de Yoff, Ouakam, Ngor, etc. L'organisation de la collectivité repose sur un pouvoir exécutif bicéphale et un pouvoir législatif bicaméral, avec un parlement composé de deux chambres, une assemblée des Diambours et un conseil des Freys. Cette structuration, loin d'être centraliste, est plutôt de type parlementaire populaire, avec une représentation exhaustive de toutes les couches de la population et de toutes les générations.
À Ouakam, la structure culturelle et coutumière, comprend sept Penc (quartiers), chacun représenté par cinq notables appelés Diambours. Au total, 35 notables âgés de 70 ans ou plus, complétés par les ndombous tanka (jaraaf, Ndeye ndiambour, Ndeye djirew, saltigué et farba) représentent l’Assemblée des Diambours. Ces derniers agissent comme une instance législative, appelée le collège des sages.
Les ndombous tanka sont désignés selon la lignée. Cependant pour le choix du JARAAF qui est le chef du village, une procédure spécifique doit être respectée.
Les Freys, une deuxième chambre composée de personnes âgées de 40 à 70 ans, mettent en œuvre les directives des Diambours, ils constituent les forces vives de la collectivité gérant entre autres, le patrimoine foncier et les comptes bancaires. Cette instance compte 70 Freys, issus des 7 Penc, choisissant en leur sein, un Président, un Bureau et des commissions de travail. Leur expertise est sollicitée par les autorités exécutives pour tous les aspects de la vie communautaire. Les Freys agissent également comme une police communale, participent à la sécurité publique en collaboration avec le mouvement des jeunes et se réunissent au moins une fois par mois pour gérer les affaires courantes de la collectivité.
Les décisions concernant les biens communs, tels que les titres fonciers, se prennent avec l'accord des Pencs, qui désignent des commissions dans les quartiers pour faire des propositions au conseil des Notables chargé d'entériner les décisions.
A l’âge de 70 ans, les Freys peuvent rejoindre l'assemblée des Diambours s’ils sont désignés par leur quartier.
Il est également important de souligner que la collectivité s’occupe d'autres secteurs tels que l'environnement, la santé, l'éducation et le sport.
Cette organisation sociopolitique, qualifiée de "démocratie consensuelle", est un héritage de leurs ancêtres et reste encore d’actualité malgré certaines tentatives pour la perturber. Elle coexiste harmonieusement avec les autorités civiles, l'État et les administrations municipales de la ville et de l'arrondissement.
En quelle année la Collectivité de Ouakam a-t-elle procédé à la régularisation de son statut juridique, adoptant ainsi le format d'une association de type loi 1901, conformément à la législation sénégalaise ?
Réponse du professeur Babacar GUEYE :
La « Collectivité de Ouakam », personne morale déclarée tardivement au ministère de l’Intérieur le 10 août 2011, a été immatriculée sous forme d’une association de type loi 1901, en application de la loi Nº 66-70 du 13 juillet 1966, pour se conformer à la législation sénégalaise au sein du ministère de l’Intérieur sous le récépissé numéro 0148. Cette régularisation s’est faite sous le règne du Jaraaf Seybatou Gueye, greffier à la retraite, donnant ainsi à la collectivité une organisation dotée d’un bureau et des organes fonctionnels sous le régime du Code des obligations civiles et commerciales (CCOC).
Qui est considéré comme le successeur légitime du Jaraaf Seybatou Gueye à la tête de la Collectivité de Ouakam, malgré l'émergence de plusieurs prétendants autoproclamés ?
Réponse de Badoulaye NDOYE
Après la disparition du Jaraaf Seybatou Gueye, plusieurs prétendants autoproclamés au titre (trois au total) ont émergé, s'ajoutant à celui du successeur officiel du Jaraaf Seybatou, à savoir Oumar Samba Gueye. Ce dernier demeure, le seul jaraaf légitime du fait de sa lignée et de son mode de désignation, doublé d’une reconnaissance écrite de l’état du Sénégal sous la signature du premier ministre d’alors Abdoul Mbaye enjoignant aux services de l’état de lui apporter assistance et soutien dans sa mission.
Comment la communauté Ouakamoise a-t-elle sécurisé ses terres au cours du siècle dernier et quelles sont les menaces actuelles sur son patrimoine foncier ?
Réponse de Blaise DIAGNE :
Nos ancêtres ouakamois ont très tôt compris l’importance de sécuriser légalement les terres de leur village OUAKAM.
Déjà en 1901, conscients de l'importance de protéger juridiquement leurs territoires, les habitants du village de Ouakam ont décidé de les faire enregistrer chez le notaire Me Georges Paterson. Ainsi 47 hectares constituant le domaine foncier d’une partie du village ont été enregistrés au nom du chef de village de l'époque, M. Alieu Gueye. Il est à noter qu'à cette époque, les titres fonciers n'existaient pas encore.
Plus tard, en 1948, les représentants du village ont procédé à l'inscription de leurs terres dans le nouveau Registre foncier. Cette inscription a été possible grâce à l'intégrité et à la conscience religieuse du fils de M. Alieu Gueye, après le décès de ce dernier. Ce fils a témoigné que les terres en question appartenaient à toute la collectivité de Ouakam, qui les avait enregistrées au nom de son défunt père. Ainsi, 35 hectares ont été immatriculés au nom de la « Collectivité de Ouakam ». Il est important de souligner que ces terres ont toujours été indivises, ce qui signifie qu'un consensus est nécessaire pour leur aliénation ou leur utilisation. Le patrimoine de la « Collectivité de Ouakam » constitue un héritage précieux, forgé à travers de nombreuses luttes et sacrifices des ancêtres ouakamois.
Acquis après des batailles juridiques menées avant même l'indépendance, ce patrimoine foncier incarne l'identité et la fierté de cette communauté. Les titres fonciers, notamment le TF 5007 devenu 1751 NGA et le titre 6869, sont des biens indivis qui témoignent de la solidarité et de l'unité de la collectivité.
Cependant, ce patrimoine est aujourd'hui menacé par des actes frauduleux perpétrés par une dissidence interne, mettant en danger l'intégrité et la pérennité de la communauté ouakamoise.
Le TF 5007 DG était à l'origine composé d’une carrière de basalte exploitée par des entrepreneurs et des champs de cultures. Les habitants de Ouakam l’avaient fait immatriculer pour sécuriser cette ressource minière et agricole.
Il est important de souligner qu'entre 1948, date de son immatriculation, et 2007, aucune transaction n'a eu lieu sur ce titre foncier TF 5007 DG. L'exploitation de la carrière a généré des revenus considérables pour la Collectivité au fil des années, ces revenus étant conservés sous forme de dépôts à terme et générant des intérêts significatifs. En 2007-2008, deux hectares ont été cédés à l'État pour cause d'utilité publique dans le cadre des préparatifs du sommet de l'OCI. Ces deux hectares ont permis de faire passer le prolongement de la corniche à l’intérieur du titre foncier TF 5007 DG devenu 1751 NGA en face de ce qui sera le monument de la renaissance.
Aujourd’hui cette dissidence interne, en complicité avec une partie de l’Administration des impôts et domaines par ses manœuvres a pu faire main basse sur 1.300.000.000 FCFA sur une indemnité globale attendu de 3.059.250.000 FCFA en vertu du décret numéro 2006-634 du 14 juillet 2006.
Youssou Ndoye, un des trois Jaraaf prétendants autoproclamés, animateur principal de la dissidence interne et sa bande ont négocié l’acte d’acquiescement avec un courtier connu du nom de Al Housseynou Malick HANN de la SUARL ISMAILA habitué à faire des transactions avec la DGID et le trésor public.
Quelles sont les actions entreprises par la collectivité de Ouakam pour contrer la dissidence interne et protéger son patrimoine collectif face aux manœuvres frauduleuses ?
Réponse de Blaise DIAGNE :
Avec l’apparition de Jaraafs autoproclamés, des membres de la dissidence ont tenté de s'approprier illégalement le patrimoine collectif en orchestrant des manœuvres frauduleuses, telles qu’une dation en paiement et la falsification de documents officiels.
Ces agissements délictueux ont défié la légalité et la légitimité des représentants légaux et légitimes. Ils ont ainsi entaché la cohésion et la solidarité qui ont toujours caractérisées notre collectivité.
Cependant malgré les obstacles et les défis rencontrés, la collectivité est restée déterminée à défendre son patrimoine et à restaurer l'intégrité de sa communauté, dans le respect de ses valeurs et de son héritage ancestral.
La collectivité de Ouakam eu à adresser des courriers à toutes les administrations concernées et elle a eu à entreprendre plusieurs actions en justice.
Face aux ventes illégales de parcelles sur son territoire et à la présumée complicité de certaines autorités et de certains acteurs judiciaires, quelles initiatives la collectivité de Ouakam a-t-elle menées ou envisage-t-elle de mener pour contrer ces transactions ?
Réponse du professeur Babacar GUEYE :
En 2018, une partie des terres, notamment 8 753 M2, a été cédée en dation en paiement à un entrepreneur du nom d'Issa Gassama, en échange de soi-disant travaux de terrassement jamais effectués. Cette transaction s'est déroulée de manière suspecte, à travers la déclaration de perte du titre foncier (FAUSSE) et la publication d'avis de perte dans le Journal Officiel pour pouvoir mener discrètement cette opération. En conséquence, une portion du titre foncier a été cédée à l'entrepreneur, malgré le caractère indivis du titre depuis 1948.
Cette situation a été contestée par la collectivité de Ouakam qui a obtenu une injonction du juge pour inscrire une prénotation sur la partie cédée et sur le titre foncier global. La bataille judiciaire est toujours en cours.
Toutefois le jaraaf autoproclamé Youssou NDOYE et son groupe auraient continué à morceler et à vendre à des prix variant entre 20 et 50 millions l’unité grâce à la complicité d’agents de l’administration et de la notaire Ndèye Lika BA
Une plainte de la collectivité avec comme avocat maitre Bamba CISSE a valu à Youssou NDOYE une inculpation et une mise sous contrôle judiciaire. Ce dossier est toujours pendant en justice malgré plusieurs relances.
Avez-vous une estimation des ventes illégales de parcelles ?
Réponse du professeur Babacar GUEYE
Nous pouvons estimer cela à 2.760.000.000 FCFA au minimum sur la base de 20 millions par parcelle plus une participation de 1.200.000 en guise de frais de bornage pour obtenir le permis d’occuper une parcelle sur le TF 1751.
Les paiements étaient effectués toujours en deux phases :
• 130 personnes ont versé dans le compte ouvert à la BICIS sous le numéro 06324 079667 000 83 intitulé conseil supérieur de la collectivité lébou de Ouakam chacun 1.200.000 FCFA. Cet organe est inconnu de la collectivité de Ouakam. Ces sommes ne sont jamais entrées dans les comptes officiels ouverts auprès de SGBS, PAMECAS et CMS.
• Ainsi une somme que nous pouvons estimer à 2.600.000.000 a été soustraite du patrimoine de notre collectivité.
Avec cette somme Ouakam aurait pu achever les travaux de sa grande mosquée dont les travaux sont toujours au niveau des gros œuvres. Cette dernière jadis exceptionnelle de par son architecture a toujours était la fierté de ouakam et nous a valu la visite de Elhadj Malick SY khalife général des tidianes.
La liste des acquéreurs et leurs prêtes noms est disponible. Parmi eux figurent d’anciens ministres, dignitaires, magistrats, préfets, hauts fonctionnaires de l’état central, au détriment de pauvres populations de Ouakam privées de tout :
• Défaut d’assainissement de leur village ;
• Défaut de lotissement ;
• Privation de zone d’extension de leur village
• Implantation dans leur zone d’extension naturelle de nouvelles cités : cité assemblée nationale 1 et 2, cité Magistrats, cité ASECNA 1 et 2, cités des Enseignants du supérieur, cité Cheick Amar, cité Mbackiyou Faye, comme si les populations de Ouakam étaient des citoyens de seconde zone.
Y a-t-il encore une justice dans ce pays pour qu’une prénotation inscrite depuis 3/06/2020 soit levée à la veille des élections le 18 mars 2024 alors que tous les recours ne sont pas épuisés (actuellement en cassation) pour permettre à la notaire de faire des actes de disposition et au conservateur de délivrer des droits réels sur notre titre 5007 aux prête-noms des acquéreurs blanchisseurs d’argent ?
La collectivité de Ouakam (primo occupant) a-t-elle bénéficié des terres pour l’extension du village après le déclassement des terres de l’aéroport LSS ?
Sur les 800 hectares de l’aéroport scandaleusement partagés, accaparés par le régime Abdoulaye Wade et Macky Sall, la collectivité de ouakam n’a pas bénéficié d’un seul mètre carré pour son extension. L’ancien maire de ouakam Samba Bathily Diallo avait initié en rapport avec les impôts et domaines plusieurs lotissements sous prétexte de l’extension du village. Les parcelles se sont retrouvées sur le marché de l’immobilier vendu au profit d’inconnus à la faveur des fameux baux ouvert pour faciliter la spoliation.
Le rapport 2010 de la cour des comptes a expliqué clairement comment 350 parcelles ont été attribuées en cachette à la famille du maire Samba Bathily DIALLO (fils, sœurs, frères et neveux) et à des autorités.
L’extrait ci-après du rapport explique bien le carnage :
« Au total, deux cent cinquante et une (251) personnes ont été attributaires de
parcelles au lieu de deux cent quarante trois (243) arrêtées dans le procès-verbal
de la commission. Par ailleurs, le procès verbal ne précise pas la destination des
trois cent cinquante (350) parcelles restantes.
L’analyse de la liste des attributaires révèle que la proche parenté du Maire a été
Généreusement servie. Il en est ainsi des onze (11) attributaires des parcelles 68,
21, 24, 169, 190, 202 203, 266, 268, 35 et 6 qui sont respectivement fils, sœurs,
Frères et neveux du Maire. »
Une bonne partie des immeubles en face du phare des mamelles dont la Tour des Mamelles du haut de ses 16 étages et un immeuble attribué à un haut magistrat proviennent de ce lotissement du Maire Samba Bathily Diallo, Maire Beno Bok Yakar sortant.
Pouvez-vous nous décrire comment la dation en paiement, initiée selon vous par certains membres de la branche dissidente, s'est déroulée ?
Réponse de Blaise DIAGNE :
La dation en paiement, entreprise par certains membres de la branche dissidente, a été entachée de graves irrégularités. Premièrement, elle a été effectuée sans contrat autorisé lors d'une assemblée générale extraordinaire, en violation des dispositions du code des obligations civiles et commerciales COCC. Le contrat avec l’entreprise de Mactar Gassama a été signé par Youssou Ndoye seul et sans autorisation préalable, elle est datée du 9 janvier 2012, donc bien avant la dation en paiement qui est signée le 07 juin 2018 De plus, cette dation a été encore plus problématique pour plusieurs raisons. Tout d'abord, le titre foncier concerné était toujours en situation d'indivision lors de sa mise en œuvre, ce qui le rendait indisponible. En outre, des éléments de faux ont été découverts, incluant une fausse comparution du Jaraaf officiel avec une imitation de son cachet et de sa signature, le tout orchestré avec la complicité de l’office notarial Ndèye Lika BA. Pour aggraver les choses, une copie du titre foncier a été produite après une déclaration fictive de perte du duplicata, une manœuvre réalisée sans la connaissance des détenteurs légitimes des documents.
Pourriez-vous décrire la méthode utilisée pour mettre fin à l'indivision ?
Réponse du professeur Babacar GUEYE :
La levée de l’indivision a été réalisée de manière tout aussi frauduleuse, avec la production d'un faux procès-verbal d’une assemblée générale d’un conseil des notables. Ces faux documents ont été habilement conçus avec imitation des signatures des membres légitimes de la collectivité, dans le but de donner une apparence de légitimité à des actions illégales. De plus, la notaire a authentifié ces faux, contribuant ainsi à renforcer l'impression de légalité autour de ces actes frauduleux.
Très remontée contre l’État central, la collectivité ne peut comprendre comment son bien privé, patrimoine hérité de ses ancêtres qui ont eu l’intelligence d’y inscrire une charge d’indivision, leur a été retiré par une bande de malfaiteurs en complicité avec l’administration, la justice et la notaire Ndeye Lika BA, malgré toutes les preuves de faux, et autres violations des lois et règlements de ce pays.
Pourriez-vous nous fournir des éclaircissements sur l'autorisation de lotissement sur le titre indivis ?
Réponse de Blaise DIAGNE :
L’autorisation de lotissement acquise par fraude est un autre exemple flagrant de l’abus de pouvoir et de la manipulation de la loi. Malgré les multiples mises en garde et les alertes émises par différents acteurs, le Ministre de l'Urbanisme de l'époque Abdou Karim FOFANA passant outre la prudence de ses prédécesseurs sur ce dossier vu sa complexité a choisi d'ignorer les procédures.
En effet, aucune personne sur le titre 1751 n’est détenteur de titre de propriété, mais plutôt d’une autorisation d’utiliser une surface pour une période de 20 ans. Après ces 20 années le bénéficiaire pourra demander un titre individuel à la collectivité avec un versement de 90.000 FCFA par mètre carré. L’acte sous seing privé signé par tous les attributaires et la collectivité propriétaire du titre faisant office de loi entre eux.
Les premières attributions de permis d’occupés ont concerné le titre 6869 pour environs 120 parcelles conformément à la procédure d’attribution validée par les représentants des quartiers.
Sur ce titre aucune contestation n’est notée.
La deuxième attribution a concerné le TF 1751 NGA pour 750 parcelles validés par la commission des quartiers.
Dès lors aucun titre individuel ne peut être délivré avant avril 2026.
Ainsi il est clair que le Ministre Abdou Karim FOFANA s’était immiscé dans un conflit familial sur un patrimoine privé. Dans quel but ?
Pourquoi vouloir à tout prix octroyer des titres individuels sur un patrimoine indivis par le billet d’un lotissement du TF 1751 et ignorer le 6869 sous prétexte de régulariser une situation que monsieur FOFANA qualifiait d’anormale. Quid alors du titre de la ville de TOUBA ou des constructions à milliards sont érigés sans aucun titre de propriété. Pourquoi deux poids deux mesures en matière de régularisation urbaine ? Qui détient un titre individuel dans la ville de TOUBA (Titre foncier, bail de l’état du Sénégal) ?
Cette décision de ce ministre a permis de spolier les ayants droits légitimes au profit d'individus n'appartenant pas à la collectivité, entraînant ainsi un grave préjudice pour la communauté de Ouakam. En effet, la liste des attributaires officiels validée par les commissions des quartiers différe de celle soumise par la bande dissidente au ministère de l’urbanisme pour appuyer la demande d’autorisation de lotir. Face à toutes ces manœuvres frauduleuses, la collectivité de Ouakam a entrepris une série d'actions en justice pour défendre son patrimoine et ses droits légitimes. Toutefois, le chemin vers la justice est parsemé d'embûches, avec des décisions judiciaires parfois remises en question et des obstacles à surmonter.
La collectivité de Ouakam exprime son étonnement face au parti pris de l'administration en faveur du clan de Youssou Ndoye, malgré les preuves fournies. Les responsables de la collectivité soulignent également que la situation à Ouakam est d'une complexité remarquable, marquée par une série d'actes frauduleux et de manipulations juridiques visant à dépouiller la collectivité de son patrimoine ancestral.
Quelles actions la Collectivité de Ouakam suggère-t-elle pour arrêter les pratiques frauduleuses et protéger ses droits, notamment en demandant l'intervention de l'État et la restauration de la justice ?
Réponse Badoulaye NDOYE :
Nous lançons un appel pressant au Président BASSIROU DIOMAYE FAYE et à son premier ministre OUSMANE SONKO pour qu'ils interviennent rapidement afin de mettre fin à ces pratiques frauduleuses et garantir la préservation des droits légitimes de la « Collectivité de Ouakam ». Il est crucial que la justice soit rendue et que la vérité soit rétablie par le billet d’enquêtes (IGE, OFNAC,IGAJ) autour des opérations intervenues sur le titre foncier 1751 ex 5007 ( expropriation, non-paiement de l’indemnisation, cessions de biens indivis, dation inscrite sur un bien indivis, actes de dispositions) pour assurer un avenir durable à cette communauté et à son héritage culturel unique.
Nous sollicitons une intervention de l’état pour éviter une confrontation pouvant être incontrôlable au cas où les acquéreurs de terrains sur notre patrimoine indivis voudraient prendre possession de leurs supposé bien mal acquis !
La collectivité est prête à tout sacrifice pour préserver le legs de leurs ancêtres !
par Oumar Ndiaye
BASES MILITAIRES ÉTRANGÈRES : DÉCONSTRUIRE LES LIENS HÂTIFS À LA SOUVERAINETÉ
Loin de remettre en cause la souveraineté des États, les accords de défense répondent avant tout à un impératif de complémentarité stratégique sur les questions de sécurité régionale
Présence de bases militaires étrangères et absence de souveraineté
Pas de lien indéniable et incontestable
La présence de bases militaires d’un pays avec qui un accord de défense vous lie n’a aucune corrélation à une absence de souveraineté. Une politique de défense et de sécurité se base certes sur la souveraineté à qui il faut allier mutualité et complémentarité. Les enjeux sécuritaires et militaires sont tellement complexes qu’il faut les appréhender avec une vision globalisante et non réductrice.
La coopération militaire entre le Sénégal et la France remonte à plusieurs décennies et est compréhensible eu égard du passé entre nos pays. Rappeler que les premiers éléments de notre armée étaient des supplétifs de l’armée française à l’aube de l’indépendance en 1960. L’embryon d’une armée et la formation de nos premiers officiers se sont faits avec l’aide et l’appui de l’ancienne puissance colonisatrice qui, avec beaucoup de pays ayant des liens similaires, a signé des accords de défense qui ont maintenus des bases sur place. C’est le cas de la Côte d’Ivoire, du Gabon, de Djibouti, du Tchad, du Sénégal, entre autres. Ces accords de défense couvrent un ensemble de domaines comme la formation, les équipements, le partage de renseignements, le stationnement et autres facilités. C’est ainsi que l’armée française a accompagné la montée en puissance de la nôtre jusqu’à ce qu’elle puisse avoir une certaine autonomie, qui n’est pas certes stratégique, mais nous permettant d’avoir une armée professionnelle, formelle, respectable et responsable tant au niveau interne qu’à l’extérieur et cantonnée à ses missions principales.
Aujourd’hui il suffit de voir la formation de nos officiers, qu’elle soit continue, d’application, d’école de guerre, pour constater leur origine diversifiée et dense allant du Maroc, Mali, Nigéria, États Unis, Chine, Italie, Grande Bretagne, etc. Sans compter nos écoles militaires qui avec l’appui technique de la France, sont aujourd’hui des Écoles Nationales à Vocation Régionale selon le vocable usité. Il suffit de taper sur internet pour rechercher les bases américaines dans le monde pour voir dans la liste des pays aussi souverainistes et nationalistes que le nôtre qui accueillent des GI’s ou US Marine sur leur sol. Ces pays aussi développés que le nôtre ne seraient donc pas souverains parce qu’accueillant des bases militaires d’un pays étranger ? Le lien n’est ni indéniable ni incontestable. D’autant plus que le retrait progressif des soldats français en Afrique et particulièrement au Sénégal, était inscrit dans Le Livre blanc de Défense et de Sécurité nationale de la France depuis……2008, au moment où cette fièvre nationaliste et souverainiste avec ses accents populistes n’avait pas encore cette température hémorragique en Afrique et au Sahel. « Les moyens militaires de la France prépositionnés dans plusieurs pays étrangers doivent être cependant reconfigurés. La France n’a pas vocation à être militairement présente en permanence sur les mêmes bases. Elle doit être capable de redéployer et de concentrer rapidement son action pour agir efficacement. La France procédera donc à la conversion progressive de ses implantations anciennes en Afrique, en réorganisant ses moyens autour, à terme, de deux pôles à dominante logistique, de coopération et d’instruction, un pour chaque façade, atlantique et orientale, du continent, tout en préservant une capacité de prévention dans la zone sahélienne », lit-on dans cet ouvrage qui est le condensé de la programmation militaire de la France.
Ceci en concomitance et coïncidence avec l’option et la vision du président Abdoulaye Wade qui avait décidé que beaucoup d’emprises des Forces Françaises du Cap Vert (FFCV) d’alors reviennent à notre pays. Le camp Bel Air nous a été ainsi rétrocédé et il sert aujourd’hui d’École d’Application du Service de Santé des Armées, de même que les logements situés à Fann, actuel Ucad III, ceux en face de l’école de Police pour les familles des militaires.
Aujourd’hui, les Éléments Français du Sénégal (EFS), nouvelle appellation du dispositif de l’armée française au Sénégal, qui sont autour de 350 hommes et femmes sont implantés au quartier colonel Frédéric Geille à Ouakam et au quartier contre-amiral Protet (port militaire de Dakar). Ils disposent également d’une escale aérienne à l’aéroport militaire de Dakar-Senghor ; d’une station d’émission haute fréquence de la direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI) à Rufisque.
Donc pas « un tiers de la région de Dakar occupé par des garnisons étrangères » comme l’a affirmé le leader du Pastef, Ousmane Sonko, lors de sa conférence avec son homologue de La France Insoumise, Jean Luc Mélenchon, le jeudi 16 mai 2024, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Dans une réflexion publiée dans l’édition du journal Le Soleil, du 9 décembre 2023, je disais que : « Face à l’immensité des défis, surtout par l’apparition de la guerre de haute intensité en Europe avec le conflit russo-ukrainien et l’hybridité des conflits à venir, l’Otan s’est « ressuscitée » et se place comme étant la réponse idéale et vitale pour ses membres. Il doit être de même pour les pays ouest africains et aussi du Sahel qui doivent renforcer les alliances stratégiques existantes tout en insistant sur les solutions endogènes et les expériences réussies. Il est vrai que la sécurité est certes un domaine de souveraineté, mais il est indispensable de nouer des partenariats afin d’avoir une bonne complémentarité et mutualité pour bien l’assurer ». Il faut donc voir ce qui est réussi dans ce partenariat sécuritaire et militaire et voir comment améliorer les échecs et pas se contenter d’options et de visions réductrices….
Oumar Ndiaye est journaliste diplômé en Relations internationales et études de sécurité.
Le séjour dans l’opposition est une traversée du désert. Prêcher dans le désert est un peu facile. On y mange son pain noir en même temps que l’on broie du noir en noircissant le tableau de l’adversaire.
Le séjour dans l’opposition est une traversée du désert. Prêcher dans le désert est un peu facile. On y mange son pain noir en même temps que l’on broie du noir en noircissant le tableau de l’adversaire. Il y a du virtuel là-dedans. C’est différent de l’exercice du pouvoir qui est du pain béni en apparence. Mais c’est du réel. Sous le magistère de tel ou tel, on prétend pouvoir faire bouger les lignes avant de se faire bouger soi-même. Être en première ligne ou en pôle position ne fait pas de vous un magicien. La prestidigitation et les tours de magie n’opèrent pas. Promettre que tout allait recommencer à aller bien ou que même les vils prix seraient de retour est une simple démagogie. Il en faut plus. Une valeur ajoutée, un surcroît de pédagogie qui n’est pas de chercher à gagner du temps mais de prendre le temps de bien faire les choses. Éloigné des dossiers de la République, il est loisible à tout un chacun d’expliquer à qui veut l’entendre que l’Etat-providence peut resurgir comme par enchantement. Ça fait des décennies déjà que les socialistes ont théorisé le moins d’État, mieux d’État. Ça a le mérite d’être clair. Les temps difficiles sont devant nous. Rigueur et austérité devancent programmes et projets. Une fois au contact des dossiers politiques, géopolitiques et économiques et leurs dessous de cartes, on comprend vite qu’on n’a pas toutes les cartes en main ni assez de capacité d’action. L’héritage est à chaque fois plus lourd à porter. Les prédécesseurs n’ont pas fait le boulot. Ils ont laissé derrière eux colis piégé, cadeau empoisonné et champ de ruines. De plus, comme on est extravertis, tout ce qui provient d’ailleurs est à prendre ou à laisser. Le capitalisme dominant fait des affaires. Il a autre chose à faire que le sentimentalisme. Ceux qui avaient insinué qu’on peut raser gratis finissent par raser les murs.
Les efforts budgétaires qu’impliquent ces promesses mirifiques sont au-dessus des forces. Y croire ou s’en ouvrir est crédulité et optimisme béat. Tous n’ont quand même pas mordu la poussière. Avec son détachement émotionnel sur les choses quand tout se dissipe, l’observateur préférable au chroniqueur donne rarement crédit aux éléphants blancs. De son côté, la critique acerbe casse du sucre sur le dos de celui qui promet monts et merveilles sans être prudent sur la faisabilité. La prudence est l’amie de la bienveillance. Le partisan demande dans ce cas à prendre son mal en patience que l’on soit pour ou contre. Trop de grains de sable ont grippé la machine. Les outils se mettront en place un à un. Tout baignera dans l’huile. L’espérance ne déçoit jamais. L’espoir ne prend fin qu’en enfer. La conjoncture est infernale. Tout le monde se perd en conjectures. Du malheur des autres, la mondialisation se nourrit. Pauvres de sentiments, les prophètes du malheur spéculent, font de la rétention et du dumping. La consommation est non seulement onéreuse mais elle est bourrée d’Ogm. Tout est question de quantité, de volumes. La qualité est disqualifiée. Double peine pour le consommateur qui creuse sa tombe avec ses propres dents. La forte demande dope les prix et pousse à des pratiques extravagantes en termes de profit. À quelle sauce ce pauvre consommateur sans défense sera-t-il mangé ? Sur le fil du rasoir, quelque âme compatissante lui file de bon gré la métaphore des bouches à nourrir de plus en plus nombreuses et la pièce montée qui a été démontée en pièces. Les convives autour de la table jouent des coudes et se bagarrent pour attraper un gâteau qui se rapetisse comme peau de chagrin.
Les ressources s’épuisent ici et ailleurs. L’abondance est aux abonnés absents. Les tarifs ont des griffes acérées. Qui a griffonné cette chose sordide ? «Qui ne travaille pas, ne mange pas». Avant nous, des humains sans humanité en étaient à ces considérations moyenâgeuses. Trouver les moyens car les carottes ne sont pas toutes cuites. C’est tout ce qui compte. Comment arrêter la dégradation des conditions de vie pour la majorité de nos concitoyens ? On n’a pas réponse à tout mais il y a quelque chose à tenter. Agir d’abord sur le train de vie de l’État. Lutter contre la gabegie. Distribuer du pouvoir d’achat. Réveiller la solidarité qui dort et faire autant que possible des économies, chacun en ce qui le concerne sans oublier de revenir aux choses simples, la sobriété heureuse. Il faut essayer tout ce qui est raisonnable pour alléger le fardeau et ne pas avoir peur de se tromper. Le sel de la vie est de se tromper. Revoir ses jugements d’hier n’est pas une faiblesse. C’est précisément une noblesse. Penda Mbaye qui inventa le riz au poisson n’avait pas cette intention au départ. Elle voulait servir la paella mais s’était trompée dans la préparation. Le résultat final fut si brillant et délicieux qu’on a fini par en faire le plat national, même si le goût n’est plus le même et qu’il est rempli d’arêtes par la crise. Goûter aux délices du pouvoir, ce n’est plus que de la gestion de crises. La magie n’opère plus nulle part. Ni fast-food ni le fast-track. Qui ralentira la cadence du coût de la vie ?
Par Guimba KONATE
DE LA REDDITION DES COMPTES…
On reste sidéré, scandalisé et choqué par les montants dissipés en jeu et les méthodes mafieuses utilisées pour VOLER, ENCORE VOLER, TOUJOURS VOLER …l’Etat et le Peuple !!!
Depuis l’installation du nouveau pouvoir aux commandes de notre pays, la déclassification et la publication des rapports des corps de contrôle habilités et qui étaient sous le coude de qui on sait ; il ne se passe pas de jour où on ne décrie, ne dévoile ou ne découvre des scandales de toutes sortes et dans tous les domaines de la vie économique, sociale, sanitaire, domaniale, etc. Les histoires de détournements de deniers publics, de spoliation des terres du domaine national ; de malversations financières et autres indélicatesses commises par des personnes responsables à des niveaux très élevés, sont légions. On reste sidéré, scandalisé et choqué par les montants dissipés en jeu et les méthodes mafieuses utilisées pour VOLER, ENCORE VOLER, TOUJOURS VOLER …l’Etat et le Peuple !!!
La question qui nous revient à l’esprit est de savoir : «qu’est-ce qui peut bien pousser un responsable d’une structure publique nationale à consacrer autant d’énergie, de malignité et de roublardise à siphonner l’argent du contribuable pour ses besoins personnels quand bien même il est déjà assez bien payé pour le travail qu’il est censé faire et les responsabilités qui lui sont dévolues ?» La question mérite vraiment d’être posée tellement la pratique du VOL est devenue quasiment une pathologie chez nos dirigeants de tous bords. Ainsi assistonsnous dégoûtés jusqu’à la nausée à des révélations scabreuses des «hauts faits d’armes» de nos dirigeants se livrant sans retenue, ni honte ni pudeur ni même une crainte révérencielle de leur conscience à leur jeu favori : le VOL, LA MAGOUILLE ET LE GASPILLAGE …TERRIBLE.
La palme du dégoût aurait été certainement décernée à cette vidéo devenue virale d’une journaliste, ADF pour ne pas la nommer, expliquant sans gène et même avec une certaine délectation, le modus operandi des voleurs de la République. A l’écouter, on découvre avec colère et stupéfaction les pratiques délictuelles qui ont cours au plus haut niveau pour se sucrer sur le dos de l’Etat et du peuple sans coup férir. Ainsi, au Sénégal, on se glorifie de ses propres turpitudes. L’ignominie aura atteint son sommet avec la citation nommément d’un ministre de la République qui serait complice de ces pratiques mafieuses, livrant ainsi à la vindicte publique un homme qui n’a eu que le malheur d’avoir eu affaire avec elle. Oh ! Le Pauvre, Il doit bien s’en mordre les doigts d’avoir connu une telle chipie qui n’aura pas hésité à le couvrir d’opprobre. INACCEPTABLE ET NAUSEEUX.
Sur ce chapitre, l’aveu étant la mère des preuves et devant un tel aveu public aussi salissant et dégradant pour la profession de journaliste, il urge pour le CORED de prendre toutes ses responsabilités pour, à l’instar de l’Armée, de la Magistrature et d’autres corps de métiers, prendre des sanctions sévères allant jusqu’à la radiation à l’encontre de leur consœur qui se gargarise aussi impudiquement de ses turpitudes qui sont autant de balafres à leur profession. Il y va de leur réputation et de l’honorabilité de leur corporation. Au regard de tous ces scandales dévoilés et dont la liste actuelle n’est qu’exhaustive, on voudrait nous faire accroire que toute reddition des comptes serait «une chasse aux sorcières»
Si tel est le cas, on va ASSUMER. Car les sorcières, il faut bien les chasser non ? Wala ? Il faudra donc absolument passer au peigne fin toutes les formes de turpitudes reconnues, rendre compte et faire rendre gorge à tous ces prédateurs qui s’en sont donné à cœur joie dans la dilapidation des ressources du pays dans tous les domaines concernés. Sans peur sans reproche sans violence inutile ni faiblesse coupable, tous les incriminés dûment reconnus coupables doivent payer le prix de leurs forfaitures en toute justice. Pour que nul n’en ignore et que chacun se le tienne pour dit : LES CRIMES CONTRE LE PEUPLE SE PAIENT TOUJOURS ET…CASH.
Pour l’heure, FOCUS au 3J : JUBB-JUBBENTII-JUBBEL. Pour une prise de conscience salutaire de tous nos dirigeants pour le respect de l’argent et des biens publics par un comportement responsable et patriotique dans leur utilisation.
20 MESURES POUR DIMINUER LA VIE CHERE AU SENEGAL ?
Les nouvelles autorités du Sénégal ont martelé leur volonté de s’attaquer à trois chantiers prioritaires à savoir l’emploi, la lutte contre la vie chère et la corruption
Les nouvelles autorités du Sénégal ont martelé leur volonté de s’attaquer à trois chantiers prioritaires à savoir l’emploi, la lutte contre la vie chère et la corruption. Après la première réflexion bouclée il y’a une semaine sur le premier thème, nous allons attaquer la seconde concernant la vie chère et ce, à quelques heures de la fête du premier Mai.
UNE INFLATION IMPORTÉE INCONTRÔLABLE ?
Les autorités politiques et monétaires devraient se rendre à l’évidence que l’inflation actuelle n’a pas une origine monétaire classique et n’est pas liée à une surchauffe de l’économie. Elle est due plutôt à un déficit de l’offre mondiale, à une augmentation du coût du fret maritime et au renchérissement du pétrole et du dollar. Sans oublier les conséquences de la guerre russo-ukrainienne sur les chaines de production. Dans une moindre mesure existent quelques stratégies spéculatives des acteurs. Étant fondamentalement d’origine extérieure, les mesures conventionnelles monétaires ainsi que les longues concertations nationales entre les gouvernements et le secteur privé avec comme objectifs d’appliquer des remèdes administratifs au problème pourraient s’apparenter à un coup d’épée dans l’eau. Ça, le gouvernement sénégalais devrait en être conscient. En revanche, un travail de fond, dans la durée est absolument nécessaire pour venir à bout de la problématique.
DES MESURES STRUCTURELLES CONSTITUENT APPAREMMENT LE SEUL ET UNIQUE REMÈDE
D’emblée, il convient de préciser que les pistes classiques du genre homologation des prix et renforcement du contrôle par le recrutement de volontaires pourraient globalement sembler inefficaces. S’agissant de l’homologation des prix, c’est une piste peu gérable sur des produits multiples. L’État Sénégalais qui manage plusieurs priorités en ce moment pourrait objectivement ne pas avoir le temps nécessaire pour gérer cette question et ce, dans un contexte de forte évolution des prix sur le marché international et de nouvelles tensions géopolitiques au MoyenOrient Orient. L’État n’a pas les moyens humains techniques et financiers de tout contrôler. Quant à la proposition relative à la création d’un corps de volontaire des consommateurs, sa faisabilité pourrait être limitée en tenant compte du nombre important de commerces en activité sans compter les risques possibles de corruption détectés souvent dans les missions de contrôle. Toutefois, dans certaines filières comme celle de la banane des mesures immédiates s’imposent. Comment expliquer en effet qu’un kilogramme de bananes acheté par les grossistes à 200 FCFA dans la région de Tambacounda soit revendu à Dakar à 1000 FCFA au détail. Les commerçants grossistes et détaillants devraient être d’avantage contrôlés. Ce n’est pas décent qu’ils gagnent plus que le producteur. Cela étant, le vrai remède à la hausse des prix devrait être d’origine structurelle.
LES 20 MESURES PROPOSÉES
1 Auditer les subventions pour s’assurer de leur pertinence économique en termes de bénéficiaires et de coûts supportés par la collectivité.
2 Mettre en place une stratégie de maîtrise des cours sur les marchés internationaux en ayant recours aux techniques de couverture du risque de change sur les marchés à terme d’instruments financiers,
3 Augmenter la production locale: agricole, maraîchère, élevage, aviculture, pisciculture et produits transformés
4 Explorer de nouveaux fournisseurs internationaux.
5 Interdire temporairement l’exportation de produits viviers produits localement comme le mil, le haricot, le maïs, le sorgho et ce pour renforcera la sécurité alimentaire et mieux anticiper les risques éventuels de famine
6 Promouvoir un changement de comportement structurel concernant les deux entités les plus concernées par le pouvoir d’achat à savoir l’Etat (économie de dépenses et réorientation des priorités économiques) et les ménages (sensibilisation à un changement de comportement en matière de consommation notamment alimentaire, énergétiques et hydraulique). Les modules d’économie familiale devraient être renforcés dans les écoles.
7 Auditer les sociétés d’eau et d’électricité pour s’assurer notamment de la pertinence de leur politique de management et de tarification
8 Au niveau de la santé, acheter en gros et de préférence de médicaments génériques, accélérer les actions de prévention et valorisation de la médecine traditionnelle.
9 Organiser dans chaque quartier des actions communautaires de surveillance des prix pratiqués par le commerce de détails.
10 Corriger notre dispositif monétaire relatif au franc CFA. Notre impuissance face à la hausse du coût des importations induite par la montée du dollar en est une illustration. Si les pays utilisateurs de cette monnaie avaient une maîtrise sur leur monnaie commune, ils auraient pu envisager une dévaluation compétitive.
11 Anticiper et contrecarrer de possibles ententes délictuelles entre opérateurs sur des marchés oligopolistiques comme la cimenterie ou les télécommunications
12 Créer sur toute l’étendue du territoire national des boutiques témoins capables de concurrencer le commerce de gros et de détail. Pour plus de célérité, ces boutiques pourraient être confiées à l’armée. Oui nous sommes dans une situation de guerre contre les prix excessifs.
13 Développer des politiques commerciales de contingentement caractérisées par une limitation forcée de certains produits d’importation comme le blé, et le riz.
14 Relever le taux d’allocation de la commande publique aux nationaux par augmenter leur pouvoir d’achat
15 Mener une politique minimum de protection en dépit des règles de l’OMC. Tous les grands pays se protègent par les barrières non tarifaires, les crédits à l’exportation, les subventions à l’agriculture, etc.
17 Asseoir des unités compétitives de transformation des matières premières locales.
18 Appliquer des mesures sectorielles de télétravail pour limiter les budgets de transport des ménages
19 Appliquer des prix de références révisables dans les commandes publiques
20 Inciter les banques centrales à abandonner l’option de resserrement monétaire
Magaye GAYE
Economiste International
Ancien Cadre de la BOAD et du FAGACE
par vieux savané
VIE ET MORT D’OMAR BLONDIN DIOP
Tel un journaliste ou plutôt un historien, Florian Bobin exhume les traces de vie de ce brillant intellectuel sénégalais, politiquement engagé, « rouge et expert » comme s’exprimait l’idéal de l’époque
Editions Jimsaan Dakar, 2024 286 pages Préface de Boubacar Boris Diop
«Omar est mort »! « Ils ont tué Omar »! Ces cris de rage et d’horreur échappent de la poitrine de ses deux frères cadets, Cheikh et Auguste, venus lui apporter ses affaires après que les visites ont été à nouveau autorisées. Dès que la nouvelle a pu trouer la chape de silence dans laquelle ses geôliers voulaient la contenir, parents, amis, anonymes, ont convergé vers la maison familiale de la Sicap Darabis. La jeunesse urbaine s’insurge devant l’infamie, occupe le macadam par vagues successives, érige des barricades de fortune, brûle des pneus, s’oppose violemment à la police qui riposte avec la lancée de grenades lacrymogènes. La tension est à son paroxysme. Tel un journaliste ou plutôt un historien, Florian Bobin exhume les traces de vie de Omar Blondin Diop, brillant intellectuel sénégalais, politiquement engagé, « rouge et expert » comme s’exprimait l’idéal de l’époque.
Nous replongeant dans cette atmosphère, l’auteur, jeune étudiant chercheur en histoire à l’Université Cheikh Anta Diop, déroule dans un style flamboyant, vivace, vivant, l’itinérance d’un « Enfant du siècle ». Personnage central de l’ouvrage, Omar Blondin, brillant élève promu à un bel avenir, aîné devant protéger ses frères et donner l’exemple, suivant les recommandations du « paterfamilias », aura fréquenté en France des lycées prestigieux : Montaigne. Louis-leGrand. Il réussit au prestigieux concours de l’Ecole Normale de Saint-Cloud en dépit des exclusions temporaires pour avoir récidivé des sorties sans autorisations. Il avait 19 ans.
La militance s’éveille, avec ses impondérables qui s’expriment dans la conflictualité. « Le voilà » lance-t-il à son père, de retour au Sénégal, en lui « confiant un chiffon logé dans sa poche, plié en quatre : son certificat d’admission à Normale Sup’ ». Amoureux des livres qu’il dévorait avec gourmandise, lui qui essayait de se frayer un chemin à travers la musique, le cinéma, se sentait en déphasage avec la France, pays dans lequel il avait grandement vécu. Il éprouvait le besoin d’étreindre fortement ses terres dakaroises, de s’enraciner dans sa culture locale. Mais cela rencontre le difficile métier de parents, beaucoup plus préoccupés par le devenir de leur progéniture. Et le voilà de nouveau à Paris, pour la rentrée universitaire. En même temps que les cours assez prenants, il refait le monde aux sons des Rolling Stones, Miles Davis, Pink Floyd, etc. « Gouailleur, dont le rire explosif secoue les murs, tournant tout le monde en dérision à commencer par lui-même, il joue avec les codes, s’en imprègne, les détourne ». Anti autoritaire, allergique à l’embrigadement, Omar se révèle un militant atypique qui « choisit les moments et les formes de sa présence ». Au cœur de la révolte estudiantine de Mai 68 à la Sorbonne, il avait conscience de « vivre une belle illusion, l’illusion de la révolution ». S’est posé ensuite l’impératif du retour au bercail où il débarque par bateau. Fini les chemises à fleurs, les pantalons à pattes d’éléphant. Bienvenue au col Mao, au Blue Jean, à l’Anango. Attiré par les Etats-unis, il va devoir retourner à Paris. Au moment des formalités de police à l’aéroport Bordeaux Mérignac, il apprend son expulsion du territoire français par le ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin.
« Une écharde dans la blessure »
Son père qui ne se fait pas à l’idée de voir son fils arrêter si brutalement ses études va jouer de ses relations pour faire annuler l’ordre d’expulsion. Et l’histoire va s’emballer, empruntant des chemins tortueux, suite à l’arrestation de ses deux frères, Diallo et Mohamed, qui se retrouvent dans les geôles senghoriennes au début de l’année 1971, pour avoir incendié le CCF (Centre culturel français). En vue de libérer « le groupe des incendiaires », avec des camarades, ils nourrissent le projet de prendre en otage l’Ambassadeur de France au Sénégal. Après la Syrie pour se former à la lutte armée auprès des combattants palestiniens du Fattah, l’Algérie pour nouer des contacts avec l’aile internationale du Black Panther Party que dirigeait Eldridge Cleaver, ils cherchent ensuite à se procurer des armes au Libéria et avec Paloma, ils seront arrêtés à Bamako et jugés à Dakar par un Tribunal Spécial.
Soumis à un régime d’isolement total à Gorée, au cachot disciplinaire, Omar entame plusieurs grèves de la faim pour faire respecter ses droits et protester contre les brimades et les sévices dont il était victime. Mohamed qui se trouvait dans une autre cellule raconte les râles de son frère qui lui parvenaient alors qu’il agonisait à même le sol froid et humide de sa cellule après un violent coup à la nuque. Une exécution dénonce les parents. Un suicide réagit le gouvernement avec la publication d’un Livre Blanc. Certainement, un pan d’une histoire tragique qui dévoile une facette du régime de Senghor faite de brutalité, de cynisme. A l’image de Kédougou et Gorée. Deux lieux qui évoquent la torture morale et physique ainsi exercées.
« En vérité », comme le relève dans sa préface, l’immense écrivain Boubacar Boris Diop, « Omar survit dans nos mémoires comme cette « écharde dans la blessure » dont parle, à propos de l’Afrique, le poète David Diop, parti lui aussi à la fleur de l’âge ». Et « Cette si longue quête » rappelle que dans l’histoire politique du Sénégal, comme le souligne le préfacier , « Omar est bien la seule individualité qui ait, en elle-même, sans qu’on ne puisse jamais le relier à une structure formelle, une telle puissance d’évocation».
Porté par un éblouissant travail de documentation, d’entretiens compilés dans différents lieux, d’anecdotes inédites, le livre de Floran Bobin nous replonge dans une période insouciante, rebelle, généreuse et tragique, visitée par une irrépressible envie de transformer le monde, faire sauter les digues, déconstruire les traditions, les manières de faire et d’être, et tels des Dieux, façonner un homme et une femme nouveaux. Un monde nouveau.
Par Gaoussou GUEYE
LES ENJEUX DES NEGOCIATIONS DE L'ACCORD DE PECHE SENEGAL - UNION EUROPEENNE
Alors que le protocole de l'accord de pêche entre le Sénégal et l'Union européenne (UE) arrive à échéance en novembre 2024, les acteurs de la pêche artisanale maritime invite les autorités de tutelle à évaluer le protocole actuel
Alors que le protocole de l'accord de pêche entre le Sénégal et l'Union européenne (UE) arrive à échéance en novembre 2024, l’association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime (APRAPAM) du Sénégal invite les autorités de tutelle à évaluer le protocole actuel du point de vue de la pêche artisanale, afin que les préoccupations de ce secteur soient mieux prises en compte dans les futures négociations.
ACCES AUX RESSOURCES THONIERES :
A l’exception de deux chalutiers pêchant le merlu, tous les navires qui pêchent dans le cadre de cet APPD sont des thoniers : 28 thoniers senneurs, 10 thoniers canneurs et 5 palangriers (espagnols, français et portugais). Le thon est une espèce de poisson hautement migratoire qui voyage dans l’Atlantique, en haute mer, mais aussi dans les zones économiques exclusives (ZEE) des pays africains qui bordent l’Atlantique, dont le Sénégal. Ces espèces de thon sont gérées par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), qui est une organisation régionale de gestion des pêches (ORGP). Le rôle de la CICTA est de fixer des limites de capture pour une série d’espèces de thon, de répartir ces ressources par le biais de quotas entre ses membres qui ont un intérêt dans ces pêcheries, et de faire des recommandations pour la gestion durable d’autres espèces de thon sans émettre de quotas. Pour toutes les espèces, les pays membres qui souhaitent développer leurs pêcheries doivent soumettre un plan de développement durable à la CICTA. Les thonidés qui migrent dans les eaux sénégalaises à tout moment de l’année n’appartiennent pas au Sénégal. Pour les espèces qui sont gérées par des quotas, ils “appartiennent” aux pays qui ont reçu des quotas de la CICTA. Pour les autres, elles appartiennent aux pays qui les pêchent.
Dans le cadre de l’APPD entre l’UE et le Sénégal, les thonidés pêchés par les navires de l’UE sont le thon albacore, le listao, le thon obèse, l’espadon et le requin à peau bleue. Pour l’albacore et le listao, il n’existe pas de système de quotas à la CICTA. Comme le thon n’appartient pas au Sénégal, l’UE, dans le cadre de l’APPD, verse simplement une redevance au Sénégal pour accéder à ses eaux. Lire la suite ici.
PAS DE PLACE POUR LE MERLU :
Le merlu noir est une espèce démersale que le Sénégal partage avec le Maroc, la Mauritanie et la Gambie. Les données scientifiques disponibles indiquent une surexploitation de la ressource. Étant donné que ces ressources sont surexploitées et que les chalutiers merlutiers font concurrence à la pêche artisanale locale surtout sur les espèces constituant les captures accessoires, APRAPAM estime qu’il n’y a pas lieu de conserver l’accès au merlu dans un futur protocole.
APPUI SECTORIEL :
Certains projets financés par l’UE ne sont pas adaptés ou ne bénéficient pas à la pêche artisanale. De plus, il y a un manque de transparence dans les choix pour l’affectation et dans l’utilisation des fonds de l’appui sectoriel.
APRAPAM a demandé que des mécanismes transparents et participatifs soient mis en place pour assurer la transparence, la bonne utilisation et la reddition de comptes sur la façon dont l’appui sectoriel sera utilisé. Les impacts de cet appui sectoriel devraient également faire l’objet d’une évaluation.
L’étude récente sur les accords de pêche publiée par l’Union européenne souligne que la plupart des Accords de pêche contiennent aujourd’hui une clause enjoignant les parties à plus de transparence. Seule exception : l’accord avec le Sénégal, où une telle clause de transparence est totalement absente.
APRAPAM suggère que toute nouvelle proposition de protocole d’accord de pêche soit largement débattue au niveau du Parlement sénégalais, avec la participation des parties prenantes de la pêche artisanale sénégalaise, avant sa signature.
PRIORITES
APRAPAM estime que l’UE devrait soutenir la collecte de données scientifiques par le Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye (CRODT) surtout pour les espèces partagées de petits pélagiques, qui sont un filet de sécurité alimentaire pour la population. L’UE devrait continuer à encourager une gestion régionale de ces petits pélagiques, qui sont une source importante d’emplois, de revenus et de nutriments pour les populations de la côte ouest-africaine.
COMPARAISON AVEC D’AUTRES ACCORD
Mauritanie
L’accord UE-Sénégal n’est pas comparable avec l’Accord UE-Mauritanie. La Mauritanie a décrété avoir un surplus de ressources qui ne peuvent pas être pêchées parla pêche locale pour une série de stocks, comme les crevettes, les petits pélagiques, le merlu, le thon, etc. Seul le poulpe, grâce à la mobilisation de nos collègues de la pêche artisanale mauritanienne pour qui c’est le gagne-pain, a été retiré de l’accord.
Cet accès important à une variété de ressources appartenant à la Mauritanie explique la taille de la compensation financière payée par l’UE. L’accord avec le Sénégal permet essentiellement aux flottes européennes de pêcher les espèces hautement migratrices de thon lorsqu’elles passent dans les eaux sénégalaises. Ces flotets ne pêchent pas de ressources appartenant au Sénégal.
Du cadre de l’accord de pêche Maroc-Ue
Le Protocole mettant en œuvre l’accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable (APPD) entre l’Union européenne (UE) et le Royaume du Maroc prévoit des possibilités de pêche pour un maximum de 128 navires pour 6 pêcheries différentes de l’UE à la zone de pêche couverte par le présent Accord y compris les eaux adjacentes du territoire du Sahara occidental.
La contrepartie financière du Protocole 2019 - 2023, financée par le budget de l’UE, est fixée à 37 millions (Mio) d’euros par an la première année d’application et atteint 38 Mio d’euros en seconde année puis 42,4 Mio d’euros en 3 et 4 année.
Les négociations pour le renouvellement de l’accord de pêche Sénégal-UE sont une occasion importante d’aborder les préoccupations des professionnels de la pêche artisanale sénégalaise et de faire avancer des solutions durables et équitables. APRAPAM propose que ces négociations soient très bien préparées, avec la participation de tous les acteurs concernés. Elle espère qu’elles seront menées dans un esprit de partenariat gagnant-gagnant et de respect mutuel, et que l’accord qui en résultera sera bénéfique pour toutes les parties prenante
Par Gaoussou GUEYE
Président APRAPAM
par l'éditorialiste de seneplus, ada pouye
LE PAYSAGE MÉDIATIQUE ENTRE ÉBATS ET DÉBATS
EXCLUSIF SENEPLUS - La passation de service à la RTS, la nomination du nouveau DG du Soleil, autant de béquilles de la pire mascarade du service public de l’information au profit du pouvoir
On l’a déja dit. « Qui détient l’’information détient le pouvoir.» C’est l’alpha et l’Omega de la rhétorique servie par les détenteurs de pouvoirs pour monopoliser l’information par les pouvoirs notamment dans les situations de crise et de guerre. Cette rhétorique est aujourd’hui désuète. L’internet a desagregué les monopoles de la parole, des éléments de langage, de la production et de la diffusion de la pensée sociale.
La passation de service entre le DG sortant et le nouveau DG de la RTS, et la nomination du nouveau DG du quotidien Le Soleil, autant de béquilles de la pire mascarade du service public de l’information au profit du pouvoir en place. Elle ouvre de nouvelles perspectives dans la reconfiguration du paysage médiatique. N’en déplaise aux instances de contrôle et de régulation fantoches du paysage médiatique, le CNRA qui était si prompt à couper les signaux de transmission des chaines audiovisuelles.
L’histoire politique de notre pays raconte comment la colonisation du champ médiatique par les partis au pouvoir, a fait éclore des supports médiatiques clandestins sous forme de tract ou de journaux de partis. Les journaux And Sopi, Taxaw, Xarebi, Sopi ont été les principaux moyens de l’opposition pour contrer la pensée unique étatique et catalyser une déferlante de médias privés fondateurs (Cafard libéré, Promotion).
L’expérience de la gestion des médias sous le régime de Macky Sall nous a révélé à la fois, la dure réalité du supplice infligé au peuple par une propagande effrontée et son contraire : une productivité et une révulsion.
Plus jamais ça ! Plus jamais une mobilisation des supports médiatiques à travers une manufacture de manipulation de la production de la communication publique par le Bureau d’information (désinformation est plus exacte) du gouvernement.
Parallèlement à ce bureau de désinformation, ont vu le jour, un porte-parolat à plusieurs étages notamment au niveau de la présidence, celui du gouvernement et de l’APR, sans compter l’existence d’un ministre conseiller, chargé de la communication du président.
Des médias ont été également créés par des ministres, des Directeurs d’agence ou d’établissements publics ou des chefs de service pour amplifier l’emprise du pouvoir à travers une propagande préhistorique honteuse. Je passe sur les chroniqueurs du dimanche payés avec l’argent piqué dans les poches du citoyen. Je passe sur leur mauvaise foi répugnante. Je passe sur la modicité de leurs analyses.
Le monopole de l’information publique fait fi de l’existence des lois N 92-02 du 6 janvier 1992 portant création de la société nationale de radiotélévision sénégalaise modifiée par la loi 2000-07 du 10 janvier 2000, la loi 92-57 du 03 septembre 1992 relative au pluralisme de la radiotélévision : « L’école de Palo alto définit l’information comme le contenu de la communication tandis que la relation est la manière dont on doit entendre la communication ».
Imposer aux médias d’État l’exclusivité du traitement de l’information présidentielle, c’est faire preuve de cécité politique et d’ignorance du potentiel des nouveaux médias assujettis à la liberté d’accès et de diffusion. C’est ainsi que lors des crises politiques en Afrique, les signaux des données mobiles sont interrompus pour limiter les effets de la connectivité et du lien dans la communication sociale.
Les médias traditionnels, les réseaux sociaux, les web TV des activistes et des influenceurs de toutes sortes ont contourné le monopole médiatique pour diffuser des contre-messages du cartel du service public. Le paysage médiatique et des réseaux sociaux ont été un véritable champ de confrontation systémique. Les plateformes internet à travers les médias sociaux permettent de créer du contenu, de l’organiser, de le changer virtuellement ou le commenter et de le diffuser en temps réel.
Le plan bancal de domestication du service public de l’information a renforcé la capacite du Pastef à faire preuve de créativité et d’audace, en investissant les réseaux sociaux avec des formules qui épousent et parlent aux masses laborieuses, aux classes moyennes et aux élites révolutionnaires.
Des activistes les plus courus se sont relayés et élargi les champs de bataille de la connectivité. Les chroniqueurs indépendants ont investi massivement les TV du Web en utilisant le wolof accessible aux populations. Ils ont joué un rôle important dans la mobilisation citoyenne et dans cette continuité, dans la défaite finale.
Plus tu monopolises la communication publique, plus tu détournes l’opinion publique qui subit un seuil de saturation qui les oriente vers d’autres supports de communication. Le peuple est libre de sa télécommande et le zapping avec le smartphone a démocratisé la pratique du clic et du clap de fin du monopole des informations publiques.
Le paysage médiatique reflète les dynamiques sociales du moment et les contours de la sociologie politique. Les populations ont réinventé de nouvelles pratiques sociales du lien. Les nouveaux détenteurs du pouvoir doivent obligatoirement tirer les leçons et éviter de tomber dans le piège du tout communication unilatérale à travers les services publics de l’information et de la communication sociale. On ne communique pas de la même manière quand on passe du statut d’opposant unique au statut d’homme d’État. Le problème est plus complexe et il s’agit de gérer la communication publique autrement, en renforçant le pacte anti-système avec le peuple et réconcilier le peuple avec leurs services publics de l’information et de la communication. Faire de la politique et de l’information publique autrement, est-ce faire un publi-reportage avant le journal de 20h de la RTS sur la semaine du président Diomaye.
La RTS et le journal Le Soleil ne doivent plus être des officines du pouvoir. Il nous faut des services publics de l’information et de la communication portés sur le développement et non sur les éloges du prince de Diaganio. De nouveaux cahiers de charge des services publics de l’information et des radios-télévisions privées doivent être définis avec des indicateurs de performance évalués par des pairs et le grand public. A l’ère de la démocratie de la connexion, a-t-on toujours besoin d’un ministre de la Communication, gendarme du paysage médiatique ou d’un ministère de la Connectivité et du lien social ?
PAR DR IDRISSA DOUCOURE
GRAINES DE CHANGEMENT : L’AGRICULTURE, NOUVEAU FER DE LANCE DU DÉVELOPPEMENT AU SÉNÉGAL
Dans le contexte actuel de la mondialisation où l’agriculture est de plus en plus reconnue comme un levier crucial pour le développement durable, certains États africains ont pris les devants grâce à l’adoption de politiques agricoles ...
Dans le contexte actuel de la mondialisation, où l’agriculture est de plus en plus reconnue comme un levier crucial pour le développement durable, certains États africains ont pris les devants grâce à l’adoption de politiques agricoles à la fois innovantes et efficaces. Notamment, le Maroc et l’Afrique du Sud se sont illustrés en adoptant des politiques basées sur le modèle d’agrégation agricole, ce qui les positionne comme des références dans ce domaine. Leur expérience accumulée est d’une grande source d’inspiration pour le Sénégal, qui cherche à transformer son secteur agricole en un moteur essentiel de sa croissance économique.
Le Plan Maroc Vert, lancé en 2008, est un exemple éloquent de cette stratégie. Ce plan avait pour objectif de repositionner l’agriculture comme le principal moteur de la croissance économique nationale. Au cœur de ce plan se trouve l’agrégation agricole, une approche visant à structurer le secteur en regroupant les petites exploitations familiales et les grands producteurs autour de projets communs. Ces projets sont coordonnés par un agrégateur, qui joue le rôle d’intermédiaire entre les agriculteurs, les fournisseurs d’intrants, les institutions financières, les industriels et les marchés. Cette approche a permis une augmentation significative de la production agricole, avec une croissance de 15 à 25 %, tout en améliorant la qualité des produits et en facilitant l’accès des petites exploitations aux marchés.
En parallèle, en Afrique du Sud, la politique d’agrégation agricole est intégrée au Comprehensive Agricultural Support Programme (CASP), qui vise à offrir un soutien exhaustif aux agriculteurs. Ce programme met l’accent sur l’intégration des petites exploitations dans des chaînes de valeur agricoles élargies, leur permettant ainsi d’accéder plus facilement aux marchés, aux financements et aux technologies modernes. Cette stratégie a entraîné une augmentation de la productivité estimée à 10 %, tout en améliorant la résilience des petites exploitations face aux fluctuations du marché.
Ces modèles de réussite mettent en évidence l’importance vitale des petites exploitations dans l’économie agricole, en les intégrant dans des systèmes d’agrégation qui renforcent leur capacité de production, de transformation et de commercialisation. Les bénéfices sont considérables : amélioration de la sécurité alimentaire, création d’emplois en grand nombre, augmentation des revenus des agriculteurs, et une contribution significative à l’économie nationale.
Pour le Sénégal, l’adoption d’un modèle similaire nécessite une approche systémique, stratégique et bien structurée. Il est crucial d’identifier des leaders agri-producteurs qui ont les capacités et l’intérêt à soutenir les coopératives communales agricoles pour endosser le rôle d’agrégateurs. Il est également essentiel de s’inspirer des succès modestes déjà obtenus au Sénégal, comme les initiatives Baay Seddo ou le projet du sous-secteur de la banane à l’exportation. Ces pionniers pourraient servir de modèle et de catalyseur pour l’intégration des petites exploitations, qui représentent plus de 70 % de la production agricole du pays.
Le financement est un autre aspect crucial de cette transformation. Des modèles de financement innovants, tels que les contrats de production et le financement intégré, sont nécessaires pour fournir les ressources essentielles à cette transformation.
La généralisation des assurances agricoles et les récépissés d’entrepôt sont également des instruments qui peuvent offrir plus de sécurité aux institutions de financement.
Selon nos estimations, il est possible de relever la productivité et la compétitivité de l’agriculture du Sénégal de l’ordre de 165 %, comparativement à ses potentialités actuelles.
De plus, l’intégration avec le secteur de l’élevage pourrait générer des synergies bénéfiques, en créant des chaînes de valeur intégrées qui maximisent la valeur ajoutée de chaque segment.
En conclusion, le Sénégal se trouve à un tournant décisif. En s’inspirant des succès obtenus par le Maroc et l’Afrique du Sud, et en adaptant ces modèles à son propre contexte, le Sénégal a l’opportunité de révolutionner son secteur agricole. Cela nécessite un engagement ferme de la part de tous les acteurs concernés, une vision claire et une détermination inébranlable. Ensemble, il est possible de transformer les défis en opportunités et de garantir un avenir prospère pour l’agriculture sénégalaise.