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30 novembre 2024
Opinions
PAR Ciré Clédor Ly
INFORMATION ET CLARIFICATION SUR LE PROCÈS SONKO VS ÉTAT DU SÉNÉGAL DEVANT LA COUR SUPRÊME
Afin d'éviter toute confusion et pour rassurer les citoyens sénégalais résidant dans le pays ou à l'étranger, il importe de clarifier l'objectif visé par cette saisine de la Cour suprême
Le juge des référés de la Chambre Administrative de la Cour Suprême a été saisi d’un recours dont l'objectif n’était pas de le faire statuer sur la légalité ou la légitimité de la radiation d’office du président Ousmane Sonko des listes électorales. Ceci relève en effet de la compétence exclusive du tribunal d’instance de Ziguinchor, déjà saisi du dossier et devant statuer sous 6 jours.
Le recours ne visait pas non plus à obtenir une décision concernant la participation ou l’élimination de M. Sonko en tant que candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Cette responsabilité incombe exclusivement au Conseil constitutionnel.
Afin d'éviter toute confusion et pour rassurer les citoyens sénégalais résidant dans le pays ou à l'étranger, déterminés à ne pas laisser l’administration organiser une élection ne respectant pas les exigences de loyauté, de légalité constitutionnelle et le respect des Droits et libertés fondamentaux, il importe de clarifier l'objectif visé par cette saisine de la Cour suprême.
L’objectif était que la Cour suprême reconnaisse l'urgence de délivrer les fiches de parrainages à un potentiel candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Ceci afin de préserver l'égalité des citoyens souhaitant déposer leurs candidatures auprès du Conseil constitutionnel pour l’élection présidentielle à venir.
Le but recherché était d'obtenir une ordonnance du juge des référés pour la délivrance des fiches de parrainage à M. Sonko par le ministère de l’Intérieur et ses services. Ces derniers, en tant que simples délégataires de la puissance publique, n’ont pas l’autorisation légale de refuser la délivrance de ces fiches à un candidat.
Madame l’avocate générale Mareme Diop Gueye, représentante de la société à cette audience, a souligné que le comportement des services du ministère de l’Intérieur s'apparentait à des voies de fait et constituait une grave illégalité, violant les droits fondamentaux de M. Sonko. Elle a donc conseillé la délivrance des fiches de parrainages demandées par ce dernier.
Cependant, l’Etat du Sénégal, s'engageant dans un discours incertain, n’a pas convaincu . le juge des référés a, sans hésitation, lu une décision dont la construction juridique et intellectuelle semble, à mon avis, incompatible avec la conclusion de refuser la demande de M. Sonko.
Il est crucial que l’opinion publique, tant nationale qu’internationale, comprenne que cette décision ne fait que retarder la délivrance des fiches de parrainages à M. Sonko. Cela n’a aucune incidence sur sa candidature ; il demeure électeur et éligible en vertu de la loi. Par ailleurs, le tribunal compétent est saisi pour contester la légalité de la radiation d’office, et ce n’est pas la prérogative des services du ministère de l’Intérieur.
De plus, la CEDEAO est saisie d’une demande de référé. Sa décision, attendue sous l’angle de la violation des droits politiques de M. Sonko, est d'autant plus cruciale qu'il n’a pas accepté sa condamnation, annulant ainsi le jugement par contumace. Le procureur de la République est également saisi d’une demande d’enrôlement du dossier.
M. Sonko conserve ainsi ses droits politiques et le droit de se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024. La question demeure : la violence d'un État, apparemment sans limite, peut-elle vaincre la volonté tenace et déterminée du peuple ?
Au Sénégal, il existe des individus qui ne se soumettent qu'à l’autorité de la loi, servant celle-ci sans céder aux tentations déviantes. Leur vie a du sens et mérite respect et reconnaissance pour les générations futures.
Maître Ciré Clédor Ly est membre du collectif de la défense de M. Ousmane Sonko."
par Oumy Ndour
NON À LA HAUSSE ABUSIVE DES FACTURES D'ÉLECTRICITÉ
Nous ne pouvons pas accepter que certaines factures passent du simple au double, au quintuple, voire décuplent sans aucune explication. Il faut arrêter la SENELEC dans sa volonté manifeste de faire des populations leurs vaches à lait
Ces dernières semaines, beaucoup de Sénégalais ont reçu des factures d'électricité ayant connu une hausse brutale et excessive que la seule période de forte chaleur ne saurait justifier.
De nombreux clients de la SENELEC (Société Nationale d'Électricité) ont partagé sur les réseaux sociaux les preuves de cette hausse injustifiée de leurs factures. Ils ont ainsi pu démontrer que le problème concernait presque tout le monde: les abonnés du prépayé comme ceux détenteurs de compteurs classiques. De Dakar à Tambacounda en passant par plusieurs autres régions, le constat est le même. Malgré leurs récriminations, aucune réponse cohérente ou convaincante n'a été fournie par la SENELEC qui s'enferme dans un mutisme dédaigneux ou leur sert des réponses standard que leurs Community Managers sont chargés de distiller sur les réseaux sociaux.
Nous abonnés de la SENELEC, subissons depuis trop longtemps les dérives de cette société nationale (délestages, électricité instable entraînant des dommages irréversibles sur le matériel électrique, hausse injustifiée de factures, service client défaillant, etc).
Nous comprenons aisément que la conjoncture mondiale exige que les prix de certains biens et services soient réajustés. Nous ne pouvons toutefois pas accepter que certaines factures passent du simple au double, au quintuple, voire décuplent sans aucune explication. Il faut arrêter la SENELEC dans sa volonté manifeste de faire des populations leurs vaches à lait.
Nous exigeons ainsi que les factures du dernier bimestre ayant subi une hausse injustifiée soient revues dans leur totalité et non au cas par cas, comme semble vouloir le faire la SENELEC. Exigeons la fin des factures estimées et une tarification plus transparente de l'électricité au Sénégal.
Pour mettre un terme à tous ces manquements, nous vous demandons de bien vouloir, s'il vous plaît, signer cette pétition et de la partager massivement. Elle sera déposée à la direction générale de la SENELEC et à la Médiature de la République.
Le putsch conduit du général Tchiani confirme l’idée que n’importe quel individu en treillis pourrait désormais, sur la base d’appréciations personnelles, pointer son arme sur le représentant légitime d’un État pour en exiger la destitution
S’exprimant le 30 septembre dernier sur une chaîne de télévision nationale, le chef de la junte nigérienne, le général Abdourahamane Tchiani, a une fois encore tenté de justifier le coup d’Etat perpétré deux mois plus tôt. Loin de convaincre tous ceux qui condamnent l’action des putschistes de Niamey, cet exercice a confirmé l’isolement du pays sur la scène régionale.
Pour la première fois depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023 contre le président Mohamed Bazoum, élu en 2021, le général AbdourahamaneTchiani, président autoproclamé du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP),s’est prêté à l’exercice d’un entretien télévisé sur Télé Sahel. Plus exactement, deux entretiens diffusés le 30 septembre dernier, en langues haussa et zarma. Une fois encore, le chef de la junte a tenté d’expliciter les « raisons » d’un putsch qu’une partie de l’opinion africaine continue de considérer comme « le plus indéfendable et absurde » de tous ceux qui bouleversent depuis 2020 l’espace Cédéao(Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest). Il faut rappeler que les premières tentatives de justification de ce qui ressemblait initialement à un règlement de comptes personnels entre des officiers d’une garde présidentielle et le chef de l’exécutif, ne résistaient pas à l’épreuve du bon sens. Deux mois après le putsch, ce sont pourtant les mêmes motifs que le général Tchiani s’est appliqué à avancer à la télévision, dans l’espoir, peut-être, d’une inflexion de la position de la Cédéao qui, selon lui, « n'a même pas cherché à connaître les raisons du coup d'Etat… »
« Le coup d’Etat de trop »
Il est vrai que si les coups d’Etat survenus précédemment au Mali, au Burkina Faso et en Guinée ont su bénéficier d’une tacite concessionde « circonstances atténuantes », l’opération menée par les militaires de Niamey continue d’être considérée comme « le coup de trop » par les responsables de la communauté régionale. En effet, au regard des circonstances, le coup d’Etat conduit par le général Tchiani, chef de la garde présidentielle, confirme, aux confins de la caricature, l’idée que n’importe quel individu en treillis pourrait désormais et en tout lieu, sur la base d’appréciations personnelles, voire subjectives, pointer son arme sur le représentant légal et légitime d’un État pour en exiger la destitution. Une telle logique consacrerait unebanalisation des anomalies, une négation de la notion même de l’Etat et de sa sacralité.
Lors des interviews du 30 septembre dernier à Télé sahel, le chef de la junte nigérienne s’est donc efforcé à rappeler que son putsch sanctionnait les lacunes de la lutte contre les groupes terroristes. Occultant ainsi, grossièrement, la responsabilité cardinale de l’armée dans cette guerre. Sans compter que, peu avant son coup d’Etat, le même général associait sa voix à celles de tous ceux qui soulignaient les remarquables avancées du Niger dans la lutte contre le terrorisme, sous la houlette du président Mohamed Bazoum. Aujourd’hui, le généralaffirme qu’il a fallu « prendre des mesures pour éviter que le pays ne disparaisse, parce que les gens au pouvoir n’écoutaient pas leurs conseillers militaires ». Le coup d’Etat était aussi destiné, selon le général Tchiani, à « mettre fin à la mal gouvernance et à la dilapidation des deniers publics » par les dirigeants sous la présidence de Mohamed Bazoum. Difficile de plaider la cause d’un putschsur la base de tels soupçons dont l’appréciation est en principe soumise à la Justice et a fortiori auverdict des électeurs dans un Etat normalement constitué.
Par ailleurs, on pourrait y voir une inversion de la réalité, quand l’on sait que la lutte contre la corruption était devenue l’un des principaux objectifs du président Bazoum. Parmi les personnalités visées, le général Tchiani et certains de ses proches qui, au fil des années, se sont constitué un patrimoine particulièrement conséquent, jusqu’ici conservé à l’abri de tout soupçon. Toujours sur Télé Sahel, le général s’est étendu sur le turbulent chapitre des relations de son pays avec la France, au lendemain du départ forcé de l’ambassadeur Sylvain Itté, alors que se prépare le retrait des soldats français du Niger. Selon Abdourahamane Tchiani, « non seulement les Français n'ont pas chassé les terroristes mais les terroristes sont de plus en plus nombreux ».
La fabrique de fictions
Il est à tout le moins surprenant d’entendre ainsi le chef de la junte attribuer aux soldats français – placés sous commandement nigérien – l’exclusivité de la tâche et de la responsabilité de la lutte contre le terrorisme au Niger, tout en présentant avec une sidérante légèreté la France comme un « multiplicateur » de terroristes. Il semble que ce « modèle oratoire » ait été prestement emprunté à la junte voisine du Mali qui avait accusé en 2022, sans jamais en avoir apporté les preuves, la France d’armer, voire de générer des terroristes. Il faut bien constater que la junte nigérienne a elle aussi adopté cette fabrique de fictions devenue une marque identitaire des néo-putschistes du Sahel… Toutefois, le général Tchiani n’exclut pas une « reprise de notre coopération avec la France, etc'est le peuple souverain qui va dicter ces relations futures avec la France ». En attendant, il indique que son pays peut désormais compter sur de « nouveaux amis », sans plus de précision. Pour l’heure, les seuls alliés reconnus du Niger sont le Mali et le Burkina Faso, les trois pays ayant récemment scellé l’Alliance des Etats du Sahel (AES), une coalition de putschistes aux allures d’une entité dissidente ou d’un « front du refus » au sein de l’espace Cédéao.
On notera qu’au cours de ces entretiens télévisés, le général Tchiani n’a pas jugé utile de revenir sur l’accusation de « haute trahison » émise à l’encontre du président Bazoum le 15 août 2023. Une accusation effarante de la part d’auteurs d’un coup d’Etat – délit majeur, s’il en est – qui continuent à ce jour d’infliger au dirigeant nigérien un intolérable régime de séquestration. Le chef de la junte aura aussi évité les virulentes diatribes envers la Cédéao qui, après avoir annoncé l’option d’une intervention militaire dans le but de rétablir l’ordre constitutionnel à Niamey, fut, en août dernier, accusée de « préparer laguerre contre le peuple nigérien ». A présent, la junte se montre déterminée à instaurer une période de transition d’une durée de « trois ans, au plus ». Une transition informelle qu’aucune instance régionale et internationale ne semble disposée à reconnaître. A cet égard, le général Tchiani a tout de même jugé nécessaire de préciser que « nous n'avons pas le droit de passer cinq années au pouvoir, il faut être élu pour cela ».
Le bruit des bottes et la fureur des discours
Comment se déroulera cette transition ? Une fois passé le cap des arguments fallacieux, comment tenir les promesses des lendemains radieux et vertueux aux foules galvanisées par les slogans et les incantations opportunément inspirés des stratégies communicationnelles précédemment endossées par les putschistes du Mali et du Burkina Faso, et bruyamment promues par les activistes russolâtres de la place ? Au terme des agitations post-putschs, au Niger comme ailleurs, le projet politique des hommes en treillis qui se sont se sont emparés du pouvoir d’Etat, pourrait se réduire au bruit des bottes, à la fureur des discours, au vertige des impostures et des mensonges…
Tout en malmenant sans vergogne les concepts de souverainisme et de panafricanisme pour justifier un coup d’Etat, et en promettant d’apporter toutes les solutions de la Terre aux attentes légitimes despopulations, la junte nigérienne impose la loi des armes, convaincue d’avoir anéanti la menace d’une intervention armée de la Cédéao. Mais alors que cette dernière refuse toujours d’entériner ce « coup d’Etat de trop », le Niger s’installe peu à peu dans sa nouvelle situation de pays « paria » de la sous-région. Restée lettre morte, cette « exhortation » adressée aux militaires nigériens le 24 août dernier par la Commission de l’Union africaine « à placer les intérêts suprêmes du Niger au-dessus de tout, à retourner sans condition dans les casernes et se soumettre aux autorités civiles conformément à la Constitution. » Deux mois après le coup d’Etat « le plus injustifiable », et alors que l’on signale une alarmante dégradation de la situation sécuritaire dans le pays, à quoi ressemble la scène de crime ? À un invraisemblable gâchis.
LAMB PRÉSIDENTIEL
Comme lamb, cette élection présidentielle ! Pour les lutteurs passés à la Dge, il ne manque que des spots de parrainage. Beaucoup d’entre eux le sont, comme on dit, « sous le parrainage », soit du président, soit de Sonko avec ses nombreux candidats.
Comme lamb, cette élection présidentielle ! Pour les lutteurs passés à la Dge, il ne manque que des spots de parrainage. Beaucoup d’entre eux le sont, comme on dit, « sous le parrainage », soit du président, soit de Sonko avec ses nombreux candidats. Autrement, on dira : « kouko nguemb », comme qui l’a parrainé ? C’est que ce mortal... combat requiert biceps, « gal-gal » et « caxabal ». Ceux qui ne sont pas passés au « mbapatt » des Locales ou des Législatives ont peu de chance. Pour être le « roi des arènes » le 25 février, il faudra aussi beaucoup « safara ».
par Moussa Sylla
QU’EST-CE QUE LA CONFORMITÉ BANCAIRE ET QUELLE EST SON IMPORTANCE ?
Aujourd’hui, une banque est tenue de se conformer aux règles et d’agir avec éthique et déontologie. Pour cela, la conformité est un bien nécessaire ; elle apporte une grande valeur ajoutée à une banque qui lui accorde de l’importance
Les banques évoluent dans un secteur d’activité réglementé. Ainsi, elles sont assujetties à des normes (lois, circulaires, règlements, instructions) qu’elles doivent respecter.
Les banques au Sénégal et dans la zone UMOA doivent tout d’abord obtenir un agrément avant de pouvoir exercer.
Après avoir obtenu leur agrément, les banques doivent respecter un certain nombre de réglementations, comme nous l’avons écrit plus haut. Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, elles font partie des personnes assujetties. Dès lors, elles doivent mettre en place un dispositif de lutte contre ces deux fléaux, en connaissant leur clientèle (KYC), en surveillant leurs transactions, en filtrant les personnes qui effectuent des transactions dans leurs livres, et en déclarant à la CENTIF toutes les opérations en espèces égales ou supérieures à 15 millions de francs CFA et les transactions suspectes…
Toutefois, les banques ne sont pas les seules personnes assujetties à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ; celle-ci doit être un effort collectif. Sinon, nous en pâtissons tous.
Il y a un fort soupçon que le boom immobilier que connaît le Sénégal est dû au blanchiment de capitaux. Si les notaires, les agents immobiliers ne jouent pas aussi leur rôle pour combattre le blanchiment de capitaux, le Sénégal y sera toujours en proie, et les classes moyennes continueront d’éprouver de grandes difficultés pour se procurer un logement.
Cela est également valable pour la corruption qui fait partie des infractions sous-jacentes du blanchiment de capitaux. Un pays qui connaît une forte corruption est un pays très vulnérable face au blanchiment de capitaux. Si le Sénégal ne combat pas avec force la corruption, il sera utopique de penser qu’il pourra éradiquer le blanchiment de capitaux.
Les banques doivent également respecter les réglementations relatives au dispositif prudentiel, faire preuve de loyauté envers leurs clients en leur vendant des produits et services adaptés à leurs besoins, et procéder, avant d’exécuter un transfert à l’étranger, à des vérifications telles que requises par la Réglementation sur les relations financières extérieures de l’Union…
Si elles ne respectent pas toutes ces réglementations, les banques s’exposent à des sanctions financières et disciplinaires de la part de la Commission bancaire, qui est leur organe régulateur. À l’échelle mondiale, les sanctions peuvent être très dures ; récemment, une banque allemande, Deutsche Bank, a été sanctionnée d’un montant de 186 millions de dollars par le régulateur américain pour non-respect du dispositif réglementaire de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Dans la zone UMOA, depuis juin 2022, des banques ont été sanctionnées de montants allant jusqu’à 300 millions de francs CFA pour non-respect de diverses réglementations qui leur sont applicables.
Les sanctions ont un impact important, parce qu’elles entraînent la mauvaise réputation d’une banque, ce qui peut faire fuir ses clients ou pousser ses correspondants bancaires à cesser toute relation avec elle. Dans la zone UMOA, les sanctions sont pour le moment anonymes, mais cela changera certainement dans le futur. À l’échelle internationale, le nom de la banque sanctionnée est publié, et tous les grands médias en parlent, nuisant à son image et à sa réputation.
Le rôle de la conformité est de s’assurer que toutes les réglementations qui sont applicables à une banque sont respectées, en son sein. Pour cela, la fonction conformité ou compliance doit identifier toutes les normes qui régissent une banque, les diffuser à l’ensemble du personnel et établir des contrôles pour s’assurer de leur respect. Par ailleurs, elle doit former et sensibiliser l’ensemble du personnel sur le respect des règles. Pour assurer son indépendance, elle doit rendre compte au Conseil d’administration et ne doit pas exercer des fonctions opérationnelles ou génératrices de revenus pour éviter tout conflit d’intérêts.
Les banques sont tenues de disposer « d’une fonction conformité permanente » dans la zone UMOA, selon la circulaire 05/2017/CB/C. C’est une chose d’en disposer d’une, c’en est une autre que ses avis soient sollicités et écoutés. Certaines entreprises mettent en place une fonction conformité cosmétique, parce que la réglementation le leur exige. Cependant, elles n’écoutent pas l’avis de la fonction conformité, et même, le marginalisent. Aussi dit-on que la conformité commence par le sommet, le Conseil d’administration et la Direction générale d’une entreprise, ce que les Anglo-Saxons appellent le « tone from the top », ou le ton donné par le sommet.
Les dirigeants d’une banque doivent montrer, à travers leurs mots et leurs actes, que la conformité est importante pour eux, qu’elle fait partie intégrante de l’entreprise. Pour cela, ils doivent lui octroyer des ressources humaines suffisantes et les ressources matérielles nécessaires afin qu’elle puisse être efficace dans ses tâches. La fonction conformité à elle seule ne peut faire respecter les règles dans une entreprise. Si elle n’a pas le soutien du top management, aussi volontaire et compétente soit-elle, elle sera inefficace.
C’est le sens des mots de Peter B. Driscoll, directeur de l’Office of Compliance Inspections and Examinations du Securities and Exchange Commission (SEC), le régulateur américain de la Bourse, dans un discours qu’il prononça le 19 novembre 2020, intitulé « The Role of CCO[1] – Empowered, Senior and With Authority :
« L’un des aspects les plus importants d’un programme de conformité efficace consiste à faire en sorte que le top management soutienne la Conformité et donne à son directeur les moyens d’accomplir son travail efficacement. Sans le soutien de la Direction générale, aucun directeur de la conformité, aussi diligent et compétent soit-il, ne peut être efficace (…)
La cause ou le blâme d’un problème ou d’un échec de conformité n’incombe généralement pas uniquement au directeur de la Conformité et peut ne pas être dû en totalité au directeur de la Conformité. »[2]
Dans notre livre La conformité bancaire au Sénégal et dans la zone UMOA, nous insistons sur l’importance que le top management doit accorder à la fonction conformité. Pourquoi ? Les travaux de Robert Cialdini, dans son livre Influence et manipulation, montrent que l’autorité fait partie des mécanismes de persuasion les plus efficaces. Les subalternes sont influencés par leurs supérieurs. Quand ces derniers montrent l’exemple, non pas juste par leurs mots, mais aussi par leurs actions, se diffusera, au sein d’une entreprise ou d’une banque, une culture de conformité. Cela entraînera que les règles y seront respectées, parce que cela fait partie de la culture d’entreprise.
À défaut, comme nous l’avons vu plus haut, une entreprise ou une banque sera sanctionnée, et si ces sanctions sont diffusées nommément, sa réputation sera ébranlée. La réputation fait partie des actifs les plus importants d’une entreprise.
Ce livre a été écrit pour aider les banques de la zone UMOA à se conformer à leurs obligations réglementaires. Il leur montre comment implanter un dispositif de conformité et comment l’appliquer. L’époque où une banque pouvait accepter n’importe quel dépôt sans demander des justificatifs sur la provenance des fonds et s’assurer de leur licéité est révolue, l’époque où elle pouvait vendre à sa clientèle des produits et services inadaptés à ses besoins est aussi révolue – les clients peuvent transmettre une réclamation à une banque, et celle-ci est tenue d’y répondre dans un délai d’un mois. Dans le cas contraire, ils peuvent saisir la Commission Bancaire à l’adresse web suivante : (https://www.cb-umoa.org/index.php/fr/reclamation).
Aujourd’hui, une banque est tenue de se conformer aux règles et d’agir avec éthique et déontologie. Pour cela, la conformité est un bien nécessaire ; elle apporte une grande valeur ajoutée à une banque qui lui accorde de l’importance.
Moussa Sylla est auteur du livre La conformité bancaire au Sénégal et dans la zone UMOA
Ce n’est pas la Corrida, mais on peut emprunter à Francis Cabrel son étonnement : « Est-ce que ce monde est sérieux ? ». Quand des imams, qui dirigent la prière se dirigent vers Nicaragua...
Ce n’est pas la Corrida, mais on peut emprunter à Francis Cabrel son étonnement : « Est-ce que ce monde est sérieux ? ». Quand des imams, qui dirigent la prière se dirigent vers Nicaragua... Quand l’appel du Nicaragua devient plus audible que l’appel des muezzins... Comme si la nouvelle direction de la prière, c’était cette voie qui mène aux Etats-Unis ! Le nouveau Penkou quoi. Qui donc pour faire les « khoutba » à cette jeunesse qui a perdu tout espoir ? A ce rythme, ça sera un pays sans foi ni loi. Est-ce que ce Sénégal est sérieux ?
ABDOULAYE DABO
LES LEÇONS D’UN FORCING
Le dossier Sénégal n’a pas pesé lourd sur la balance. Il s’est étiolé à l’image d’un préfabriqué monté à la va-vite en quête d’un forcing de dernière minute devant plus costaud, mieux conçu, et plus complet.
D’un côté, ceux qui se disent déçus. Ceux-là avaient juste fantasmé sur la fête, les retrouvailles, les grands moments d’émotions, bref la fête quoi. De l’autre, ceux qui connaissent les exigences et les rigueurs d’une candidature sérieusement préparée, tout le lobbying et toute la promotion que cela nécessite ne disent pas la même chose. Leurs craintes étaient bien fondées et ce qu’ils redoutaient à juste raison s’est produit. Parce que la réalité s’est démarquée du simple fantasme, même étant transformée en ambition une fois à l’épreuve de la compétition. Une réalité à laquelle le Sénégal a fait face avec le cuisant revers enregistré au Caire lors de l’attribution de l’organisation de la Can 2027.
Le dossier Sénégal n’a pas pesé lourd sur la balance. Il s’est étiolé à l’image d’un préfabriqué monté à la va-vite en quête d’un forcing de dernière minute devant plus costaud, mieux conçu, et plus complet. La légèreté du dossier Sénégal fait de projets et d’engagements de maquettes et d’images de chantiers n’a pas convaincu la Caf au moment de faire le choix final. La preuve, les résultats sont sans appel : 8 voix pour le trio Ouganda-Tanzanie-Kenya contre 4 pour le Sénégal. Un écart considérable qui pose beaucoup de questions. A-t-on seulement écouté le mouvement sportif qui vit quotidiennement le manque d’infrastructures sportives dans notre pays ? A-t-on réellement pris la pleine mesure de réalités de l’environnement du football sénégalais ? Certainement non. A moins de casser le thermomètre sans prendre la température et foncer tout droit vers le forcing qui, même revêtu de la tunique de champion et de plusieurs autres titres, ne saurait passer.
Un dossier de candidature engage un Etat
Obtenir l’organisation d’une phase finale de Can vous fixe des limites objectives. Ce statut vous confère respect et considération sur tout le continent pour tous les exploits réalisés mais l’obtention d’une Can peut vous balloter sur la vague du réalisme. Celui d’un dossier sérieux, concerté qui a tendu une oreille attentive au monde sportif. Les dirigeants ont-ils réellement évoqué tous les écueils qui pouvaient se dresser ? Ces monticules et crevasses et non transformer vos propres dos d’ânes à moins que l’approche dissimule autre chose. Un dossier de candidature engage un Etat dans sa diplomatie, sa stabilité, sa réputation et l’avis technique de l’ensemble de sa communauté sportive. Car à l’arrivée, c’est chercher à se transformer en showroom de tout un continent, une vitrine et une grosse caisse de résonance à la fois.
La Can et les autres compétitions nous ont appris les vertus et les valeurs du « Mankoo », cette opération n’a pas connu un caractère inclusif nécessaire à sa réussite. Nous étions juste convaincus de réussir mais pas convaincant pour séduire.
LA RENTRÉE ET L’ARDOISE
C’est parti. Les enseignants prennent leurs marques aujourd’hui. En attendant les élèves, qui s’occupent de fournitures, de frais d’inscription, de nouveaux habits, de nouvelles chaussures...
C’est parti. Les enseignants prennent leurs marques aujourd’hui. En attendant les élèves, qui s’occupent de fournitures, de frais d’inscription, de nouveaux habits, de nouvelles chaussures...
L’ouverture, c’est aussi la classe ! Tout un cahier de soucis pour les parents. Un livre d’exigences de l’administration. L’ardoise salée ! Surtout avec ce tableau noir... de gaspillage dans les cérémonies religieuses et familiales presque prioritaires. On retrouve les classes pléthoriques aussi. Mais bon, quand les candidats à la Présidentielle le sont...
À L’ORIGINE, UNE CONJONCTION DE CHOCS
Le fardeau de la dette devient de plus en plus insupportable pour l’Afrique. Selon le Fmi, 21 pays en Afrique subsaharienne sont soit en situation de surendettement ou en risque élevé de surendettement. Une situation « assez alarmante ».
Le fardeau de la dette devient de plus en plus insupportable pour l’Afrique. Selon le Fmi, 21 pays en Afrique subsaharienne sont soit en situation de surendettement ou en risque élevé de surendettement. Une situation « assez alarmante ». Pour comprendre les enjeux de la nouvelle crise de la dette en Afrique, nous sommes allés à la rencontre de Daouda Sembène, Ceo d’AfriCatalyst, une société mondiale de conseil en développement basée à Dakar. Cet économiste qui a débuté sa carrière à la Banque mondiale est bien placé pour aborder cette question puisque durant sa carrière, il a notamment eu à siéger au Conseil d’administration du Fmi (il y a représenté 23 pays africains) et comme conseiller technique du Ministre de l’Économie et des Finances entre 2015 et 2016. M. Sembène a également été Ministre conseiller sur les questions économiques et financières à la Présidence de la République entre 2019 et 2020. Dans ce premier volet de notre entretien, il revient sur les causes de cette nouvelle crise de la dette en Afrique.
L’endettement est devenu un défi majeur pour beaucoup de pays africains. En effet, d’après le Fmi, 21 pays d’Afrique subsaharienne sont soit en situation de surendettement ou en risque élevé de surendettement ; « ce qui est quand même assez alarmant », constate l’économiste Daouda Sembène, Ceo d’AfriCatalyst, une société mondiale de conseil en développement basée à Dakar. En outre, beaucoup de pays allouent une partie importante de leurs ressources au service de la dette au détriment d’autres dépenses prioritaires, notamment l’éducation, la santé, le développement des infrastructures… « Donc, s’attaquer au problème de la dette est extrêmement important pour permettre à nos pays de pouvoir faire des avancées vers les objectifs de développement », explique-t-il.
Lors de la troisième édition de la Conférence africaine sur la dette et le développement (AfCodd III), qui s’est tenue du 30 août au 1er septembre 2023 à Dakar, décideurs politiques, du secteur privé et de la société civile ont souligné la nécessité de trouver des solutions qui puissent permettre d’alléger le fardeau de la dette en Afrique. « Un consensus s’est dégagé entre les participants pour que les solutions au surendettement puissent tenir compte de la dimension sociale et humaine. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on ne peut pas régler le problème de la dette sans penser à l’impact que cela a sur les populations, parce que si les pays africains doivent allouer plus de ressources au service de la dette au détriment des dépenses sociales, cela ne serait pas une solution soutenable et viable », précise M. Sembène.
La Covid-19 comme élément déclencheur
Revenant sur l’origine de la nouvelle crise de la dette en Afrique, l’économiste note que le problème a démarré bien avant la Covid-19 où on voyait les prémices d’un endettement accru dans beaucoup de pays en développement. « Lorsque la pandémie a démarré, plusieurs États ont essayé, à juste titre, de trouver des ressources nécessaires pour y faire face, et donc, ils se sont endettés. Cela a contribué à accélérer le taux d’endettement. Il faut souligner que ce n’était pas le propre des pays africains. Même dans les pays développés qui avaient plus de marge de manœuvre budgétaire, on a vu une augmentation significative du niveau de la dette », analyse le Ceo d’AfriCatalyst. La crise en Ukraine est venue s’ajouter à la pandémie, créant une pression inflationniste sans précédent. Ainsi, les autorités ont senti le besoin de mobiliser des fonds supplémentaires pour soutenir leurs populations ; ce qui a également contribué à la hausse des taux d’endettement.
Plus récemment, poursuit M. Sembène, il y a eu le resserrement de la politique monétaire dans beaucoup de pays avancés, y compris les États-Unis. Ceci a provoqué des répercussions importantes en termes d’accroissement des taux d’intérêt, contribuant à alourdir le fardeau de la dette africaine. « Les pays ont dû faire face, en un temps record, à une augmentation du service de la dette qui a été occasionnée par la hausse des taux d’intérêt consécutive au resserrement de la politique monétaire. Sans compter d’autres facteurs auxquels les pays africains sont confrontés, notamment la crise sécuritaire et le changement climatique. Tous ces facteurs ont amené les Gouvernements à s’endetter davantage pour y faire face », dit-il.
Un allègement de la dette africaine ?
Un allègement de la dette africaine est-il possible dans les conditions actuelles ? « Un allègement de la dette obéit à plusieurs motivations », d’après Daouda Sembène. Selon lui, il faut d’abord qu’il y ait le besoin. « L’architecture financière de la dette prévoit des mécanismes de traitement ou de restructuration de la dette, à travers notamment le Club de Paris. Malheureusement, la situation est devenue beaucoup plus compliquée à cause d’une diversification des créanciers. Avant, on avait essentiellement les créanciers bilatéraux et multilatéraux, et à chaque fois qu’il y avait une crise de la dette, comme dans les années 1980-1990, on allait au Club de Paris pour trouver une solution. Mais, depuis deux à trois décennies, il y a une multiplication de créanciers privés, mais aussi de nouveaux créanciers bilatéraux qui ne sont pas membres de ce Club comme la Chine », constate l’ancien membre du Conseil d’administration du Fmi. Ceci fait que lorsque des pays sont confrontés à des situations de surendettement, il est difficile à l’état actuel de trouver des mécanismes pour leur permettre de restructurer la dette. Toutefois, le G20 a mis en place le cadre commun de traitement de la dette auquel des pays comme le Tchad, l’Éthiopie, la Zambie et le Ghana ont demandé à avoir accès. Mais, le problème, souligne le Ceo d’AfriCatalyst, c’est que cela prend du temps pour que ces pays-là puissent bénéficier d’un allègement de leur dette dans le cadre de ce mécanisme. La question qui se pose actuellement, indique-t-il, c’est comment on peut peaufiner ce cadre pour qu’il soit mieux adapté à la restructuration de la dette pour les pays qui en ont besoin. Par ailleurs, précise notre interlocuteur, en plus des mécanismes multilatéraux pour faciliter la restructuration de la dette, il faut aussi des approches et des mécanismes pour éviter aux pays d’être confrontés à une crise de liquidité qui, très souvent, se transforme en une crise de solvabilité. Bref, « plus on agit en amont, moins on aura besoin d’agir en aval », conseille Daouda Sembène.
Dette chinoise
Devenue le principal partenaire économique de l’Afrique, la Chine est souvent accusée par les Occidentaux d’exposer le continent au risque de surendettement. Ce que Pékin dément. Ce qui est constant, c’est que « la Chine est devenue le plus grand créancier bilatéral de l’Afrique », souligne Daouda Sembène, rappelant les nombreux prêts accordés aux pays africains, souvent à des taux concessionnels, dans le cadre de projets d’infrastructures. « La Chine est devenue une partie prenante importante des discussions liées à l’allègement de la dette des pays africains parce que l’idée qui sous-tend le cadre commun du traitement de la dette du G20, c’est de permettre un traitement équitable de tous les créanciers (bilatéraux, multilatéraux ou privés). Donc, toute solution au problème de la dette en Afrique devrait nécessairement inclure la Chine, mais aussi les créanciers privés », estime M. Sembène.
par Madiambal Diagne
ON N'EST JAMAIS TRAHI QUE PAR LES SIENS
Macky et Sonko vont se résigner à partager le même sort, on le devine cruel pour un homme politique, d’être condamné à rester en spectateur de combats épiques que se disputeront officiellement des candidats qui se seront plus ou moins imposés à eux
Macky Sall et Ousmane Sonko ont constitué les deux principales figures politiques du pays, depuis l’élection présidentielle de 2019. Le chef de l’Etat a été réélu de fort belle manière, mais la prouesse de son jeune farouche opposant, arrivé troisième à ce scrutin, laissait augurer un duel en perspective des joutes électorales suivantes. Ce fut le cas, d’autant que le candidat arrivé deuxième à cette élection, Idrissa Seck, avait fini par rallier à nouveau le camp de la majorité pour laisser ainsi la place de chef de l’opposition au leader du parti Pastef. Ce même parti sera la locomotive d’une coalition politique Yewwi askan wi (Yaw) qui a pesé sur le débat politique et a imposé un véritable rapport de forces à la majorité, notamment aux élections locales et législatives de 2022.
Mais le duel ultime ou le combat final, entre Macky Sall et Ousmane Sonko, qu’on présageait pour la Présidentielle prochaine dont le premier tour est prévu pour le 25 février 2024, n’aura pas lieu, du moins pas directement à travers les urnes. Tous les deux vont se résigner à partager le même sort, on le devine cruel pour un homme politique, d’être condamné à rester en spectateur de combats épiques que se disputeront officiellement des candidats qui se seront plus ou moins imposés à eux.
Macky Sall, un «canard boiteux»
L’histoire lui a donné raison d’avoir attendu jusqu’au dernier moment pour annoncer sa décision de ne pas être candidat à l’élection présidentielle de 2024. En effet, dès que l’annonce est faite, le 3 juillet 2023, qu’il confirme définitivement son engagement, de toujours, de ne pas demander un troisième mandat de président de la République du Sénégal en 2024, Macky Sall a observé des réactions qu’il devait être loin de s’imaginer. Des actes de rébellion ou de défiance ont été posés par nombre de ses collaborateurs qui, pourtant, lui montraient un zèle trop excessif pour être sincère. Assurément, aurait-il annoncé plus tôt sa décision de ne pas chercher à rempiler, qu’il n’aurait pas gouverné le Sénégal ces dernières années. C’est comme si désormais, tout le monde pouvait se permettre l’inobéissance, l’outrecuidance désinvolte, parce que simplement Macky Sall ne pourrait plus jouer de manière évidente sur le destin ou l’avenir des gens. Le plus tragique dans l’histoire est que ces comportements et attitudes ne sont observés que de la part de personnes qui mordent la main qui les aura nourries.
On observe en effet qu’elles ont toutes été «fabriquées» par le président Sall qui les aura sorties de l’anonymat. Franchement, quelle était l’épaisseur politique ou l’étoffe d’un Mahammed Dionne, d’un Abdoulaye Daouda Diallo, d’un Moustapha Diop, d’un Mame Boye Diao, avant de bénéficier d’un décret du Président Macky Sall ? Quels étaient les états de services dont ils pouvaient se prévaloir pour légitimer leurs positions dans l’appareil institutionnel de l’Etat ? Et même nommées à de hautes fonctions, ces différentes personnes n’ont point révélé de véritables compétences qui légitimeraient ou justifieraient a postériori les choix du chef de l’Etat. La surprise est que jamais aucune de ces personnes n’a eu auparavant à montrer du caractère devant le même Macky Sall, dans aucune situation politique ou administrative.
A la vérité, leurs qualités communes restaient l’obéissance aveugle, la platitude ou la veulerie. Sans doute que le chef voulait un personnel de cet acabit. Mais il le paie au prix fort car on observe que Moustapha Diop ne méritait point que Macky Sall se fasse autant violence pour présenter de plates excuses à des magistrats de la Cour des comptes, offensés par son ministre ; tout comme il devra réaliser s’être lourdement fourvoyé, s’il s’imaginait que le zèle que montrait Mahammed Dionne traduisait une volonté de rachat, de donner des gages pour ses trahisons et autres coups bas de 2008 !
Avec Mame Boye Diao, Macky Sall doit également avoir bien appris que les alertes, mises en garde ou objections formulées, pour l’amener à mieux mûrir sa décision avant de l’élever à certaines hautes fonctions, ne relevaient point d’un ostracisme coupable.
Il doit aussi avoir réalisé que pendant douze bonnes années de présence au niveau des plus hautes sphères de l’Etat, Abdoulaye Daouda Diallo trouvera difficilement à exhiber une prise de position publique pour défendre le régime de Macky Sall. Pourtant, à toutes ces personnes, Macky Sall aura donné tout ce qu’il pouvait leur offrir comme faveurs et avantages. Il ne manquera pas de réaliser enfin que la Convergence Avec Moustapha (Cam), initiée avec des groupements féminins, depuis le temps où ce dernier était ministre délégué à la Microfinance, poursuivait des objectifs politiques à long terme. Dire qu’on riait des ambitions présidentielles qu’on pouvait prêter à Moustapha Diop ! Le Président Sall, qui aura défendu et protégé plus que de raison ces différentes personnes, peut donc s’estimer être mal payé en retour. Mais qu’à cela ne tienne, il ne devra s’en vouloir qu’à lui-même ! Encore qu’il aura élevé toutes ces personnes à la dignité de présidentiable et leur aura offert une exposition médiatique, quand il leur a permis, dans une volonté d’inclusion, de se porter candidats à la candidature de la Coalition Benno bokk yaakaar.
L’histoire est encore plus suppliciante que tous ces rebelles à Macky Sall apparaissent bien riches et font un étalage bien indécent de telles fortunes et que chacun d’entre eux se mettrait dans une logique de l’utiliser, estimant certainement qu’elle pourrait lui permettre d’acheter un fauteuil de président de la République du Sénégal. Allez savoir quels étaient les états de leurs avoirs ou patrimoines avant qu’ils n’accèdent à de hautes fonctions dans l’appareil d’Etat, à la faveur de nominations décidées par Macky Sall ! «Il y a de ces services qu’on ne peut payer que par l’ingratitude», professa Dumas. Pour sa part, Aly Ngouille Ndiaye garde la décence de ne pas insulter Macky Sall. Sans doute que sa valeur intrinsèque ne l’y autorise pas encore.
Mais tout compte fait, le sort personnel de Macky Sall apparaît moins douloureux que celui de Ousmane Sonko qui, on le devine bien, doit être, du fond de sa cellule de prison, bourré de ressentiments et de frustrations. En effet, «mieux vaut être boiteux que toujours assis».
Ousmane Sonko, le supplice de réaliser qu’il n’était point si indispensable que cela !
Il paie sa folle fuite en avant et la naïveté de croire que sans lui le soleil ne se lèverait plus à l’Est du Sénégal. C’est une lapalissade de dire que Ousmane Sonko ne s’imaginait point que le pays ne serait pas à feu et à sang, comme du reste il en menaçait tout le Sénégal, au cas où il serait arrêté pour ses bravades et incartades. Il a épuisé tous les artifices, combines ou manœuvres, que sa situation n’aura pas changé. Il est cloîtré dans un cachot, encore qu’il pourrait s’estimer heureux ou privilégié d’être mieux traité que tout autre détenu au Sénégal, mais sans aucune perspective de libération dans un court terme. Tous ses alliés qui lui faisaient le serment, avec une sincérité touchante, de l’accompagner en prison, continuent de vaquer à leurs occupations, comme si de rien n’était. Pire, ils semblent même profiter de sa situation d’infortune pour chercher à lui ravir la vedette, lui voler son électorat. Ainsi rivalisent-ils d’impatience à laisser apparaître au grand jour leurs ambitions. Les candidatures à l’élection présidentielle de 2024, de Déthié fall, Khalifa Ababacar Sall, Aïda Mbodji, Habib Sy, Dame Mbodji, Aminata Touré et on en oublie, révèlent que tous ces alliés ont fini de conjuguer Ousmane Sonko au passé ; après que la dynamique de leur Coalition Yaw aura pourtant permis, à la plupart d’entre eux, d’obtenir des mandats électifs ou des positionnements politiques majeurs.
Mais c’est la course effrénée des militants du parti Pastef de souche, Birame Soulèye Diop, Abass Fall, Bassirou Diomaye Faye, Guy Marius Sagna, à se porter candidats, à la place de leur leader qui lui-même chercherait encore à l’être, qui doit rendre encore plus incrédule Ousmane Sonko. Tous ceux qui clamaient ne jamais envisager une candidature autre que celle de Ousmane Sonko à l’élection présidentielle, se mettent dans la course pour leurs propres comptes et ont tenu à retirer déjà les documents nécessaires à la collecte des parrainages.
Ousmane Sonko ne manque pas alors de vivre une tragédie personnelle, mais cette situation révèle un fait notoire que nous n’avons eu de cesse de souligner à travers ces colonnes. En effet, le parti Pastef reste constitué par un conglomérat d’obédiences, de courants ou d’intérêts les plus opposés ou les plus antagoniques possibles ; leur seul liant aura été que la personne de Ousmane Sonko pouvait être le bélier qui leur forcerait les portes du pouvoir. Ainsi y retrouve-t-on, côte à côte, des indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), des salafistes et autres islamistes assumés qui préconisent l’avènement d’un Etat théocratique au Sénégal, même au prix de la violence armée, des démocrates avérés, fourvoyés ou abusés, des révolutionnaires à la petite semaine, nourris et entretenus par des intérêts étrangers qui travaillent ouvertement à supplanter les alliés traditionnels du Sénégal que sont la France, l’Union européenne, les Etats-Unis d’Amérique et les pays musulmans dont la pratique religieuse est proche de celle de la majorité des Sénégalais et, enfin, une bande d’affairistes à tout crin, si pressés de dépecer la bête Sénégal et la dévorer à belles dents. «Ousmane Sonko avait pu constituer un parfait client pour tout ce beau monde. Il était un gros épouvantail dressé face au régime du Président Macky Sall. Les opposants de tout acabit trouvaient en lui la personne qui pouvait tout dire sans scrupules, comme mentir, calomnier, affabuler, et ainsi susciter l’aversion des populations et les braquer contre Macky Sall. La fin justifiant les moyens.»