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28 novembre 2024
Opinions
par Alain Foka
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DE LA LÉGITIMITÉ DES INSTANCES COMMUNAUTAIRES OUEST-AFRICAINES
Les institutions sous régionales que sont la CEDEAO, l'UEMOA, et la BCEAO, ont elles juridiquement le droit de saisir les avoirs du Niger, de bloquer ses approvisionnements terrestres, et d’envisager une opération militaire contre lui ?
Les institutions sous régionales que sont la CEDEAO, l'UEMOA, et la BCEAO, ont elles juridiquement le droit de saisir les avoirs du Niger, de bloquer ses approvisionnements terrestres, et d’envisager une opération militaire contre lui ? Ne violent-elles pas de façon flagrante leurs propres textes ? Survivront-elles à ces décisions qui plombent l’intégration ? Et si le Mali, le Burkina Faso, le Niger en profitaient pour les quitter et créer leur groupe avec la Guinée ?
par Madieye Mbodj
SONKO ET LES CANDIDATS DU SYSTÈME
Amadou Ba constitue, quant au fond, à la fois le candidat de la France de Macron et celui du 3ème mandat esquivé par un Macky Sall, contraint et forcé par la pression populaire, de « renoncer » à son propre rêve
L’Etat Sall/APR/BBY se révèle de plus en plus ouvertement non seulement comme l’illustration d’un régime en fin de règne, mais aussi et surtout comme l’instrument d’un pouvoir à la fois néocolonial, sans fi ni loi, une coterie et un clan sans scrupule aucun pour le respect de la démocratie et de l’état de droit véritables. Contre le parti Pastef et son leader le président Ousmane Sonko, ce régime a exercé une violence d’Etat dictatoriale, haineuse et sans bornes, en parfaite contradiction avec ses propres lois.
Quel est en effet cet ‘’Etat fort’’, cette « démocratie solide » qui viole sa propre Constitution, y compris les instruments internationaux qui en sont parties intégrantes, fait fi ostensiblement du « devoir imprescriptible » et du « droit sacré » du peuple à la résistance ? Récemment, Macky Sall a déclaré à l’étranger avoir dissout Pastef pour liaisons connues avec des forces occultes islamistes et terroristes, appels répétés à l’insurrection et non-respect de la loi ! De qui se moque-t-on et qui croit-on pouvoir tromper avec ces accusations grossièrement montées de toutes pièces et régulièrement distillées par certains médias aux ordres, dans le pays comme à travers les réseaux de la Françafrique ?
Pour sa part, le parti Pastef a déjà entrepris d’attaquer cette décision inique, et d’autres forfaitures de ce genre, devant la Cour de Justice de la CEDEAO ainsi que devant les juridictions nationales compétentes. En réalité, personne n’est dupe : barrer la route à Ousmane Sonko à tout prix, désorganiser et démanteler du sommet à la base le parti qu’il dirige en vue de l’effacer du champ politique, tel est l’objectif constant du Macky. Mais peut-on réellement dissoudre une vision, un espoir, un projet porté par des millions de patriotes au Sénégal, en Afrique et dans la diaspora ?
Dans un contexte de transformation positive des consciences populaires et citoyennes, se démarquant progressivement des différentes formes d’aliénation, de dépendance, d’hégémonisme et de servitude volontaire dans la sous-région, comme présentement, à divers degrés, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, et dans une moindre mesure au Gabon ou en Guinée, il s’avère plus nécessaire encore de continuer, avec audace et esprit de suite, à construire le parti unitaire panafricain de l’alternative souveraine, en tant qu’instrument approprié pour défaire la Françafrique au Sénégal, dans la sous-région et plus largement sur le continent tout entier. Me Ngagne Demba Touré, dirigeant de la Jeunesse Patriotique du Sénégal (JPS) n’a pas hésité à monter au créneau en préférant s’exiler depuis la mi-août pour continuer de maintenir le flambeau à partir de ce que l’on pourrait considérer comme « une section extérieure de la résistance ». Fait significatif, il a été rejoint dans son exil forcé au Mali, il y a quelques semaines, par notre compatriote Ibrahima Sall qui, en sa qualité de président de l’Association pour le Soutien et la Réinsertion des Détenus (ASRED), a fait l’objet de menaces de mort et d’agression barbare contre son domicile, tout simplement pour avoir dénoncé, preuves à l’appui, les conditions inhumaines et exécrables prévalant dans les prisons sénégalaises !
L’expérience du PAI ou du PRA, et plus encore la création en 1946 du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) avec ses Sections territoriales dans chacun des pays d’implantation, traçaient une voie de construction et d’édification de ce parti unitaire panafricain évoqué ci-dessus. Cette même vision est présente dans la dénomination de PASTEF : Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité ; message reçu cinq sur cinq par le militant comorien membre du pool d‘avocats d’Ousmane Sonko, Me Said Larifou, qui donnait récemment des informations sur la transformation du nom de son parti, passant de RIDJA à PACTEF (Patriotes Africains des Comores pour le Travail , l’Ethique et la Fraternité ), en solidarité avec le dirigeant panafricain sénégalais Ousmane Sonko. Initiative prolongée tout récemment par l’annonce de la campagne PASTEF AFRICA, lancée par une quinzaine d’organisations progressistes et panafricanistes originaires de 15 pays dont le Burkina, les Comores, le Congo, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Guinée Equatoriale, le Mali, le Niger, et il ne s’agit là que des débuts d’une initiative à poursuivre, à renforcer et à améliorer.
La résistance populaire diversifiée : face à un régime d’exception et de terreur blanche, les acteurs politiques, les masses populaires, la jeunesse patriotique en tête, loin de baisser les bras, se sont mis à expérimenter ou à développer diverses formes de lutte : grève de la faim des détenus politiques à l’exemple des 34 jours de diète forcée subie par Ousmane Sonko; promotion de la résistance digitale ; jonction des Forces vives et implication des familles de détenus dans le cadre de l’initiative Chemin de la Libération, relayée par le F24; présence significative et sans précédent des intellectuels du Sénégal, d’Afrique, de la diaspora et du monde dans les actions de dénonciation et surtout dans le débat d’idées et les prises de position publique, sans oublier le rôle important assumé par les Doomi daara, les Magi Pastef ou les Jigeeni Pastef, ainsi que les apports exceptionnels de la diaspora, notamment celle d’Europe et d’Amérique du Nord. L’innovation majeure est sans conteste le phénomène de la « sonkorisation » : l’attachement à Sonko et au projet qu’il incarne a su être exprimé par les jeunes sous des formes vivantes et variées.
A titre d’exemple, « Sonko namm naa la ! » retentit comme un hymne ingénieux, politiquement et culturellement puissant qui envahit progressivement l’espace public, révolutionnant la résistance, tel ce spectre qui perturbe les plans et la quiétude du tyran.
Face aux candidats du système, parachever la préparation de la présidentielle de février 2024 : après plusieurs mois d’attente devant l’équation insoluble de la désignation d’un candidat consensuel, l’Etat-Parti APR/BBY a utilisé, de façon impudique encore une fois, les locaux du Palais de la présidence de la République et les ondes de la radiotélévision publique nationale, la RTS, pour retransmettre en direct son choix porté sur la personne d’Amadou BA ; désignation immédiatement suivie de désapprobations diverses et même de démissions, vraies ou feintes, avec en la circonstance, la montée sur la scène de politiciens opportunistes, adeptes ‘’anciens’’ ou ‘’nouveaux’ de ‘’paacoo réew’’ et de ‘’gauche plurielle’’, qui ont servi de haut-parleurs à Macky Sall pour la lecture de la déclaration et de la Motion officialisant la candidature d’Amadou Ba à la présidentielle de février 2024 ! De fait, tous les micmacs déployés jusqu’ici témoignent à l’évidence de la peur, de la part des tenants du pouvoir, d’affronter Ousmane Sonko et Pastef sur le terrain de la compétition électorale démocratique !
Ousmane Sonko reste bel et bien électeur et éligible. Par ailleurs, la plus que désastreuse situation sociale du pays ne milite guère en faveur des candidats, officiels ou officieux, du pouvoir en place, avec les affres de la vie chère, du chômage endémique des jeunes, de la pauvreté et de la misère sociale galopantes, des vagues meurtrières des migrations dites irrégulières-dramatique symbole de l’échec de toute une politique- sans oublier les spoliations foncières récurrentes, les injustices et inégalités sociales insolentes, les scandales multiples à milliards nés de la ‘’gestion sombre et vicieuse’’ des ressources nationales, autant de méfaits entre autres, dont est pavé le bilan ‘’élogieux’’ du régime Sall. Le double meurtre par balles réelles commis tout récemment à Khossanto dans la région aurifère de Kédougou, avec son cortège de blessés graves et d’arrestations, illustre encore une fois la banalisation de la répression sauvage qui sévit dans le Sénégal de Macky Sall. Répression qui n’épargne même pas ces braves fils des communautés à la base dont le seul tort est de demander aux autorités de se conformer aux exigences de la loi sur le contenu local pour augmenter la création d'emplois locaux dans la chaîne de valeur de l’exploitation des ressources minières et extractives. Répression sauvage, crimes et meurtres répétés, dans une impunité parfaitement complice, sans enquêtes sérieuses et sans suite, passé le temps de l‘émotion ! Signes évidents d’un régime en fin de règne entrain de tirer ses dernières cartouches.
Le candidat Amadou Ba est d’ores et déjà adoubé par les milieux de la Françafrique à l’exemple des journaux Jeune Afrique et Le Monde ou de l’avocat Robert Bourgi. En lieu et place du mode désuet, brutal et meurtrier à la Alassane Ouattara ou Alpha Condé, le modèle Issoufou-Bazoum semble à présent prendre le relais. Sous cet éclairage, Amadou Ba constitue, quant au fond, à la fois le candidat de la France de Macron et celui du 3ème mandat esquivé par un Macky Sall, contraint et forcé par la pression populaire, de « renoncer » à son propre rêve. Les candidats du système, officiels ou officieux, ceux exposés à visage découvert ou ceux s’abritant derrière des masques de candidatures de rébellion dans les rangs ou à la périphérie de BBY, s’estiment sans doute plus intelligents que l’ensemble des citoyens électeurs réunis, qui sont pourtant depuis longtemps largement édifiés sur les ignominies, dérives et autres désastres de la gestion sombre et vicieuse du régime sortant. Les candidats de la continuité, les candidats du système, auraient-ils oublié que « le bilan élogieux et sans précédent des 12 ans de Macky Sall à la tête du pays » a servi de principal support et référence aux candidats de BBY tout au long des élections locales puis législatives de janvier et juillet 2022, à l’occasion desquelles ils ont largement mordu la poussière ? À n’en pas douter, l’addition sera plus salée encore lors de la présidentielle prochaine.
Sonko et la présidentielle de 2024 : la nouvelle coalition Sonko président sera portée à coup sûr par le peuple des citoyens patriotes, s’appuyant sur le dispositif, le potentiel politique, humain, électoral et organisationnel construits ou suscités par Ousmane Sonko. Cette Coalition assurera en toute légalité le déploiement du Projet incarné par Ousmane Sonko, avec le recours, selon les besoins, aux différents types de parrainages prévus par la loi, afin de faire face efficacement à tous les cas de figure possibles. Loin de toute diversion ou cible-leurre, le message sera centré sur les Solutions aptes à répondre correctement aux préoccupations essentielles des masses sénégalaises et africaines, la jeunesse en tête. Il convient ici de saluer le travail remarquable abattu avec courage par le journaliste patriote Pape Alé Niang à travers sa chaîne Dakar Matin.
Poursuivre la bataille pour un processus électoral démocratique, transparent et libre : convaincus que seul un tel processus est gage de paix civile et de stabilité nationale, l’ensemble des démocrates et patriotes de notre pays se doivent de continuer à se battre pour la libération de tous les détenus politiques, ainsi que pour des élections démocratiques, inclusives, régulières, libres et transparentes, sous l’égide d’un organisme réellement autonome, non partisan et non inféodé. Dans ce cadre, comme n’a cessé d’alerter notre compatriote Ndiaga Gueye de l’ASUTIC, il urge d’obstruer les diverses voies et stratégies de fraudes en amont du vote, notamment le contrôle quasi exclusif du pouvoir sur le fichier électoral, le monopole de la délimitation ou de la modification de la carte électorale, l’exclusion à l’avance de près de 2 millions de jeunes primo-votants, le système nébuleux de contrôle du parrainage, le mode censitaire de cautionnement, entre autres pratiques déjà largement expérimentées antérieurement., sans oublier la mainmise des ministres APR de l’Intérieur et de la Justice, Félix Antoine Dion et Ismaïla Madior Fall, sur l’ensemble du processus électoral. Ni Macky Sall lui-même ni aucun de ses candidats officiels ou officieux ne peut, dans la situation actuelle du Sénégal, gagner une élection présidentielle régulière, à fortiori au 1er tour comme ils s’emploient à le marteler dans l’esprit de nos compatriotes.
En vérité, ils ne peuvent miser que sur la fraude pour « vaincre » et sur la violence d’Etat combinée des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire pour « convaincre », suivant la vieille recette du Prince de Machiavel : « Qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent » ! La nécessité s’impose alors de mettre d’ores et déjà en place, à l’exemple de l’ancien FRTE, un large front national anti-fraudes. Comme on le voit, l’irruption de Pastef sur la scène politique sénégalaise et africaine, l’influence et l’impact du leadership du président Ousmane Sonko sur les formes de conscience et les comportements de la jeunesse africaine, autorisent à penser que désormais, rien ne sera plus comme avant en Afrique dans la marche du combat populaire pour la souveraineté, la justice, l’émancipation, la désaliénation, la liberté, la démocratie, la dignité et le progrès social. Cet acquis est en soi l’amorce d’une révolution, et en ce sens, il constitue une première victoire. Naturellement, faire focus sur 2024, c’est aussi avoir l’intelligence et la capacité de mettre pleinement à profit, outre le coefficient personnel du candidat du peuple, les différentes facettes du projet incarné par Ousmane Sonko, afin d’en faire l’instrument incontournable de la transformation sociale qu’attend notre peuple depuis si longtemps.
C’est aussi et surtout être capables de faire face victorieusement à routes les situations possibles, avant, pendant et après le scrutin du 25 février 2024 : « on gagne, ou on gagne » ! Ou le respect des conditions d’une élection démocratique, régulière, inclusive et transparente permet l’expression pacifique de la volonté populaire, ou la confiscation et le piétinement du suffrage universel libre, égal et direct, stimule la résistance populaire légitime pour le triomphe de la justice et de la vérité des urnes. Mobilisation maximale pour le parrainage citoyen ! Mobilisation maximale pour massivement retirer les cartes d’électeur, aller voter le jour J, assurer le contrôle vigilant du scrutin et sécuriser la victoire du peuple ! Seule la lutte libère et force restera au peuple pour l’avènement de l’alternative souveraine de rupture, la république sociale et citoyenne de démocratie nouvelle. Oui Excellence Monsieur le président sortant, si Ousmane Sonko l’emporte, « ce sera la catastrophe » pour le système et tous ses suppôts, mais la libération et l’espoir pour tout un pays et tout un continent !
Madieye Mbodj est Professeur de Lettres à la retraite.
EXCLUSIF SENEPLUS - Il ne suffit pas d’être « jeune » pour rénover la vie politique. Les 59 initiateurs de « Sursaut citoyen » en ont bien conscience. Je suis prêt à les rencontrer pour leur exposer ma vision et mon programme démocratiques et républicains
Né avant « Sursaut citoyen », Pacte institutionnel (PI) inspira la « force de réflexion et d’action progressiste » initiée par 59 « grands noms de l’intelligentsia sénégalaise ».
Pacte institutionnel (PI) est un mouvement politique de défense des institutions de la République du Sénégal et de la démocratie sénégalaise.
Le symbole de Pacte institutionnel (PI) est la lettre pi de l’alphabet grec, représentant le nombre univers égal à 3,14. Un des usages les plus élémentaires du nombre univers pi est le calcul de la circonférence d’un cercle égale au produit de pi par le diamètre du cercle. Le choix de pi comme symbole du mouvement s’explique par l’arrimage à la science et à la technique de Pacte institutionnel à travers ses statuts, sa vision, son programme et son action au niveau local, national, africain et mondial.
Pacte institutionnel est fondé par monsieur Abdoul Aziz Diop. Ingénieur pétrolier, environnementaliste, politologue et lexicométricien, M. Diop est ancien porte-parole du Mouvement du 23 juin (M23), ancien membre du Secrétariat exécutif national de l’Alliance Pour la République (APR) et ancien conseiller spécial à la Présidence de la République du Sénégal (juillet 2012-juillet 2023). Abdoul Aziz Diop totalise un quart de siècle d’expérience politique et professionnelle également réparti entre l’opposition (2000-2012) et le pouvoir (2012-2023).
Pacte institutionnel veut contribuer significativement au retour de la confiance au Sénégal dans tous les domaines (politique, économique, social, culturel, etc.). Pour ce faire, Pacte institutionnel appelle les citoyennes et les citoyens sénégalais à respecter les institutions (réformées en profondeur) de la République du Sénégal, garantes de la cohésion nationale, à se conformer aux principes de la démocratie et de la souveraineté nationale pour faire barrage aux pulsions putschistes et au terrorisme considéré comme le stade suprême de la violence en politique.
Pacte institutionnel s’oppose farouchement aux appels à l’insurrection et invite les responsables politiques et les militants de tous les partis et coalitions de partis au dialogue politique et à la participation au débat démocratique à travers les canaux bien connus (radio, télévision, presse écrite, Internet). Pacte institutionnel considère que la conquête du pouvoir et son exercice passent par le débat démocratique dont les citoyennes et les citoyens sénégalais reconnaissent les vertus supérieures dans la conquête, l’exercice et la conservation du pouvoir au niveau local et national.
Pacte institutionnel participera s’il plaît à Dieu à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Il y sera représenté par son fondateur monsieur Abdoul Aziz Diop qui sera investi comme candidat unique de Pacte institutionnel pour présenter au pays sa vision et son programme.
M. DIOP invite d’ores et déjà tous les candidats déclarés au débat démocratique considéré comme le seul moyen de remporter le scrutin du 25 février 2024 et de gouverner le Sénégal dans la paix et la sécurité des biens et des personnes sur toute l’étendue du territoire national.
Le candidat de Pacte institutionnel, monsieur Abdoul Aziz Diop, s’engage à relever durablement le défi de l’emploi des jeunes deux ans et demi après son accession à la magistrature suprême. À cet effet, le candidat propose à ses concitoyennes et à ses concitoyens l’appropriation de son slogan de campagne dont le libellé est :
Le plein emploi dès 2027
L’adhésion à Pacte institutionnel signifie la participation au niveau local et national à la mobilisation générale pour le plein emploi et le développement rapide du Sénégal à l’horizon 2035 en s’appuyant sur les deux séquences politiques et démocratiques :
- 2024-2029 ;
- 2029-2034.
C’est en s’appuyant sur l’accord politique que Pacte institutionnel noue les alliances sans lesquelles l’équilibre auquel le système politique sénégalais a permis d’aboutir, malgré le très grand nombre de partis politiques, de coalitions de partis et de mouvements politiques, est rompu.
De l’accord politique
L’accord politique est la forme la plus moderne de compagnonnage politique. Sur un peu moins d'une trentaine de gouvernements autrichiens formés depuis 1945, 17 cabinets doivent leur stabilité à une grande coalition (rouge-bleue) dominée par Ies sociaux-démocrates du SPÖ et les conservateurs du Parti populaire autrichien (ÖVP). Par ce compromis, l'Autriche semble avoir définitivement tourné la page des épisodes douloureux, de 1927 et de 1934 (année de la guerre civile), marqués par des affrontements sanglants entre les deux camps. Aujourd'hui, les 9 États de la fédération autrichienne utilisent le système du proporz (accord politique original) qui permet aux deux principales formations politiques arrivées en tête aux élections de gouverner ensemble. Il en est de même de l’Allemagne qui, tirant les leçons du renversement de la République de Weimar (1918-1933) opta pour la formation d’une grande coalition généralement scellée, suivant un accord politique, entre sociaux-démocrates et démocrates chrétiens pour gouverner la troisième puissance économique du monde si aucune formation politique ne domine seule le Bundestag.
L’accord politique assainit les mœurs politiques… C’est une forme indépassable de rénovation politique dans une démocratie. Il peut être un acte notarié signé par les parties concernées et à l’application duquel aucune des parties ne déroge en cas de victoire aux élections. Benno Bokk Yaakaar doit sa longévité à la variante travestie de l’accord politique. On y adopte tout et n’importe quoi sans débat démocratique interne.
Il ne suffit pas d’être « jeune » pour rénover la vie politique par le truchement d’accords politiques irréprochables. Les 59 initiateurs de « Sursaut citoyen » en ont bien conscience. C’est la raison pour laquelle je suis prêt à les rencontrer pour leur exposer de vive voix ma vision et mon programme démocratiques et républicains. Pour un pacte institutionnel et le « sursaut citoyen » qu’ils appellent de leurs vœux.
Fondateur de Pacte républicain (PI), Abdoul Aziz Diop est candidat déclarée à l’élection présidentielle du 25 février 2924.
par Ibou Fall
LE PARFAIT CÉLIBATAIRE AU PALAIS
Il manque à tout ce beau monde de la politicaille, ce supplément d’âme qui permet de regarder bien au-delà de son seul nombril, que l’on appelle en langage simple, la générosité
Tout le mal qu’on peut souhaiter à notre inestimable République, est qu’au moment de remettre les clés de la maison à son successeur, le Président Macky Sall se tienne devant celui que l’on a de moins mauvais sous nos cieux. Certes, au regard des ambitions qui entrent en ébullition ces derniers temps, j’avoue paniquer légèrement. Cette faune en train de revendiquer le droit de briguer nos suffrages ne relève pas du particulièrement brillant. A n’en pas douter, ce n’est pas franchement le gratin du gotha qui s’agite : ça manque de classe, de sourcil, de bouteille.
Ça confine plutôt à la racaille recyclée en mal de reconnaissance, au gagne-petit qui s’imagine la cervelle trop grosse, au rigolo qui se voit le minois trop irrésistible, au souffre-douleur enragé qui tient à solder ses comptes avec la planète.
Il manque à tout ce beau monde de la politicaille, ce supplément d’âme qui permet de regarder bien au-delà de son seul nombril, que l’on appelle en langage simple, la générosité. Cet altruisme qui vous vient du troisième œil, celui de l’esprit, et scrute l’infiniment petit de l’humain pour mesurer au nanomètre la détresse des nôtres. Ce regard qui voit le tressaillement des ventres affamés, la misère de l’analphabétisme et de l’inculture, les frissons des âmes oisives qui errent dans leur désœuvrement ; il pèse à vue le désarroi de ces pauvres hères en quête du gourou triomphateur de l’ennui, des vanités de l’existence, et donne une sorte de sens à leurs vies, qui leur évite d’embarquer dans un rafiot pour Barcelone par la magie d’une mer démontée.
Restons optimistes et osons croire que nous faisons le bon choix à la prochaine Présidentielle…
Et donc, le voilà, notre élu : un viscéral serviteur de l’Etat dont il connaît les ressorts, les cadavres secrets et l’âme. Port altier, démarche chaloupée, geste large, sourire ravageur et timbre cristallin, il nous promet la lune et, dans l’euphorie, nous y croyons.
Ce ne sera pas une première…
Seulement voilà, Son Excellence nage béatement dans le célibat. Ni veuf, ni impuissant, ni pédé : juste divorcé. Mauvaise pioche, erreur de jeunesse chèrement payée. Bref, la question de la Première Dame se pose avec plus d’acuité que sous les régimes précédents, durant lesquels chacun de nos despotes éclairés est sous la vigilante surveillance de sa sourcilleuse légitime. Même pas moyen de prendre, euh, un bol d’air durant les pauses…
Là, il faut manœuvrer, car un quinquennat sans Première Dame n’en est pas vraiment un.
Ça peut se jouer très serré car la concurrence se révèlerait rude. Mais la loi de la nature tranche net : la favorite est la sainte des saintes, Adjaratou, sa mère. Celle qui ne doute pas une seconde qu’aucune femme sur terre ne mérite son rejeton, comprenez la perfection faite humain. Elle a l’art, confinant au génie, lorsqu’il s’agit de pourrir la vie de toutes les vulgaires aventurières qui roulent des yeux et des hanches devant son demi-dieu.
C’est bien simple : elle trouve Monsieur l’incarnation de son Adn, beaucoup plus épanoui depuis son divorce.
Le hic : elle est un peu défraîchie pour accueillir au bras de son chérubin de Président, les chefs d’Etat qui viendront du monde entier se prosterner aux pieds de sa créature personnelle. Avec vingt ans de moins au compteur, le débat ne se poserait pas… Mais là, elle va devoir déléguer.
Il n’empêche, le futur Premier ministre, s’il veut durer, a intérêt à manier avec dextérité le superlatif quand il parle du Président à Adjaratou la Mère. Il lui en faudra, du vocabulaire… Qualité indispensable : les nerfs assez solides pour encaisser sans frémir les caprices d’une mégère acariâtre, sénescente, bipolaire. La totale…
S’il se cultive dans la science des étoffes en vogue, genre «Pirkheu», ou classiques, telles la dentelle de Calais, la soie, à la rigueur, le Jacquard, et qu’il hume les bonnes opportunités pour lui en offrir par malles remplies, c’est un plus. Penser à envoyer un lourd sautoir en or de vingt-deux carats peut sauver tout autant une carrière compromise.
S’il peut éviter de dire du bien de son défunt ex-mari, feu le papa du Président, qui la cocufie avant de la larguer pour plus jeune et plus apprêtée au temps des vaches maigres, ce sera un plus. Dans la réussite de Son Excellence le Fils à Maman, comme on dit, il vaut mieux privilégier «liguéy’ou ndèye» plutôt que «barké bâye».
Précision : si, par inadvertance, vous prononcez le nom de la «badieune» présidentielle, l’infernale «ndieuké» du temps des moutons rachitiques, qui lui en a fait baver de toutes sortes, ce n’est même plus votre carrière qui serait compromise mais votre vie, tout court. Il est de fatales erreurs que l’on regrette à jamais.
Ben non, Madame la Mère du Président n’est pas féministe pour un sou, elle a juste la rancune tenace.
Passons donc aux questions essentielles : à qui va-t-elle déléguer ses pouvoirs de Première Dame, Adjaratou Madame la Sainte Mère de Son Excellence le Fils Prodige ?
Faudra tous nous habituer aux formules alambiquées pour la nommer… A n’en pas douter, ce sera immanquablement à l’une de ses filles, les inévitables sœurs de Monsieur le Président, les ex-insupportables «ndieuké» à la traîtresse, les «badieune» à sa progéniture. Ça aurait pu être pire : elles ne sont que trois… Pause pipi.
L’aînée est exclue d’avance. Son amour irrationnel pour son traître de père et sa famille risque de ramener le clan paternel aux affaires. Madame la Sainte Mère de Son Excellence préfère un coup d’Etat mené par un caporal analphabète, plutôt que de partager le pouvoir avec l’ennemi.
La deuxième, la lumineuse salope, entremetteuse par vocation, passerait son temps à introduire dans le lit de Son Excellence, un échantillon de tout ce que le monde interlope des baisodromes recèle : les grandes, les grosses, les maigrichonnes, les naines, les claires, les sombres, les transsexuelles et même les «timpi-tampa»…
La troisième, la «thiât», pour laquelle l’argent est l’aphrodisiaque par excellence, passerait son temps à marchander les audiences officielles et les rendez-vous nocturnes.
En un mot comme en cent, si d’aventure Son Excellence souffrait d’un mal de dos inconvenant, ça ne pourrait vraiment compter sur personne autour de son auguste personne. Je lui recommanderais volontiers «Sweet Beauté», mais la maison n’est plus.
Chienne de République !
Par Abdoul Aly KANE
PRESIDENTIELLE DE 2024, LES INCERTITUDES D’UN SCRUTIN
A quelque quatre mois d’élections cruciales pour le pays, l’incertitude plane sur la participation des personnalités longtemps présentées comme des figures majeures de la politique du Sénégal.
A quelque quatre mois d’élections cruciales pour le pays, l’incertitude plane sur la participation des personnalités longtemps présentées comme des figures majeures de la politique du Sénégal. Les candidatures d’Ousmane Sonko, de Karim Wade, de Khalifa Sall ne sont pas encore officielles. Elles butent encore sur des questions d’ordre administratif et judiciaire.
Cette incertitude met en ébullition la marmite politique du pays. Macky Sall, ayant renoncé à une nouvelle candidature, a choisi en sa qualité de président de l’APR le Premier ministre Amadou Ba comme candidat à l’élection présidentielle de février 2024, choix entériné par la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Au regard de la longue réflexion sur le profil à retenir, il est permis de penser que la marge de manœuvre de Macky Sall est très étroite
Quels critères devait bien remplir le candidat pour être retenu ? Quelles cases devait-il cocher ?
Avait-il en tête de continuer à « diriger » à l’image des duos « Poutine/Medvedev » ou « Issoufou/Bazoum » comme certains l’ont subodoré ? Ahidjo avait tenté le coup en s’accrochant au parti après avoir installé Paul Biya comme successeur. Il a fini exilé et enterré au Sénégal.
Senghor avait, semble-t-il, la même idée de conservation de son rôle dans le PS et, selon la presse de l’époque, il aurait conseillé au Président Abdou Diouf de prendre Moustapha Niasse comme Premier ministre. Son successeur avait non seulement choisit Habib Thiam comme chef du gouvernement mais encore avait entrepris ce qu’on appela à l’époque la « désenghorisation » caractérisée par l’effacement de toute trace dans les médiats du premier président de la République du Sénégal.
En toutes hypothèses, et pour en revenir au Sénégal de cette fin 2023, ce parrainage d’Amadou Ba par Macky Sall a, pour le candidat de Benno qu’il est désormais, des effets contrastés. En effet, avoir l’onction du chef est un élément important de rassemblement de la coalition au pouvoir. En revanche, cette onction constitue un lest du fait qu’elle contraint le candidat à être solidaire du bilan des 12 années d’exercice du pouvoir du président Macky Sall, ce qui n’est pas forcément productif lorsqu’on veut se présenter comme un homme porteur d’espoir pour une jeunesse déboussolée
Le candidat Macky Sall avait pris le soin de « larguer les amarres » en quittant le bateau PDS pour créer son propre parti en 2008, autrement dit il avait disposé de quatre ans pour arriver à incarner le changement face à Abdoulaye Wade.
Cette façon de faire le rendit moins comptable du bilan de son ancien parti où il avait gravi tous les échelons ministériels pour culminer à la tête de l’Assemblée nationale.
Tel n’est pas le cas d’Amadou BA qui sera bien obligé d’assumer les points faibles de la gouvernance de son mentor durant la campagne
Par conséquent, le thème du changement de campagne sera difficile à mettre en avant dans son discours de campagne électorale
Une campagne qui ne sera donc pas exempte de contorsions et de défis. En effet, comment haranguer les jeunes sur le thème du changement sans égratigner le bilan du président Macky Sall en matière d’emplois ?
Comment parler de paix tout en gardant en prison près d’un millier de jeunes arrêtés durant les manifestations de 2021 et 2023 ? Comment faire la promotion la démocratie sénégalaise, dont l’image la plus forte est l’organisation d’élections inclusives, si Ousmane Sonko, l’incontestable leader de la jeunesse, est interdit de participation et de surcroît privé de liberté ?
Comment parler de liberté politique et de transparence démocratique lorsque les opposants rencontrent d’énormes difficultés de la part de l’administration territoriale pour se mouvoir à travers le pays ? (Par exemple, tournée de Malick Gackou parsemée d’interdictions).
Il faut également rajouter l’apparition de forces centrifuges en APR, qui portent atteinte à la cohésion du camp du pouvoir derrière le candidat choisi. Afin que nul n’en ignore, Mohamed Boun Abdallah Dionne vient de « republier » sa déclaration de candidature. « Oui je suis candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Oui je m’engage » a-t-il répété, comme pour rassurer que sa dernière entrevue avec le Président Macky Sall n’avait entamé en rien sa détermination à se présenter. Globalement, la déclaration donne le sentiment que le candidat Dionne n’assume pas l’héritage de son mentor sur plusieurs aspects. Mohamed Dionne parle de “refondation” et de “réajustement” dans les termes suivants : « Je m’engage pour une refondation et un réajustement des règles de la vie économique, politique et sociale sénégalaise sur des standards élevés à définir, à partir d’une vision commune de l’avenir ». Est-ce à dire qu’il faut tout revoir, tout rebâtir à partir de standards de qualité supérieure ? Des standards cette fois partagés par les forces vives du pays, contrairement au PSE dont l’élaboration a relevé du seul bon vouloir du Président Macky Sall ? “Je m’engage parce que la situation de tensions politique et sociale que nous vivons présentement au Sénégal exige un processus sincère d’apaisement et de réconciliation nationale” poursuit-il. Tout est dit. Pas besoin de s’appesantir outre mesure ! S’adressant à la jeunesse, il lui dit ceci : “Je m’engage pour un pacte nouveau qui réconcilie la République avec sa jeunesse, dont le malaise nécessite l’adoption urgente d’une nouvelle politique nationale de jeunesse. Désormais, donner un métier à chaque jeune Sénégalais et l’accompagner dans son aspiration légitime d’une vie meilleure dans le pays qui est le sien, doit être la sur-priorité des pouvoirs publics sénégalais. Notre ambition pour le Sénégal s’exprimera à travers une série de réformes et de projets nouveaux qui se déclineront en marqueurs forts dans le programme du Gouvernement que je mettrais en place au lendemain de notre victoire, en février 2024 », fin de citation. On peut donc conclure, au vu de cette déclaration, que le candidat Dionne annonce une rupture avec la politique de Macky Sall une fois élu
Venant de la part d’un vieux compagnon de Macky Sall (il fut son directeur de cabinet à la Primature), certains ont émis l’idée qu’une certaine connivence le liait à son ancien patron dans cette affaire.
D’autres attribuent cette sortie à l’ambition personnelle de Dionne qui ne se sent plus lié dès lors que Macky Sall a fait acte de non-candidature. L’avenir proche nous édifiera sur les non-dits d’une déclaration aussi tonitruante. La déclaration du candidat Amadou Ba est donc attendue, notamment pour ce qui concerne les changements qu’il compte apporter. Sa situation est plus délicate que celle de Mohamed Dionne bien que ce dernier n’ait jamais déclaré être encarté à l’APR, ce qui d’ailleurs lui confère une certaine virginité politique.
Amadou Ba a besoin du soutien de Macky Sall, secrétaire général de l’APR, pour rassembler au maximum son camp derrière sa candidature, même si être le représentant de la coalition au pouvoir BBY, donc un comptable du bilan global, devient un handicap au-delà.
En effet, on est contraint d’assumer un passif bilantiel mêlant usure du pouvoir, mal gouvernance, répression politique tous azimuts, pouvoir exécutif hypertrophié, utilisation inefficiente des ressources publiques etc.
De plus, si l’on se fie à la régression progressive des suffrages engrangés par la coalition au pouvoir au fil des consultations électorales, il est plus que probable que le rassemblement du camp tout entier derrière un candidat unique ne saurait suffire pour garantir la victoire en février 2024.
De plus, d’autres défections de ténors de l’APR sont notées ça et là.
Aly Ngouye Ndiaye et Mame Boye Diao ont décidé ouvertement de ne pas soutenir la candidature de l’actuel Premier ministre. On peut penser la même chose d’Abdoulaye Daouda Diallo, dont le soutien a été plus qu’inaudible, au point qu’il lui soit demandé plus de clarté dans le propos
Dès lors, faute de pouvoir mobiliser tout l’électorat, comment la coalition au pouvoir compte-t-elle gagner au 1er tour de la présidentielle de février prochain ? Imagine-t-on que l’élimination de Sonko du scrutin, voire de Karim et Khalifa Sall, pourrait-être une condition suffisante pour être victorieux ? À notre avis, croire en l’hypothèse selon laquelle les électeurs se rabattraient sur le candidat du régime actuel, faute d’adversaires crédibles dans le camp adverse, serait une erreur de jugement
L’aspiration au changement est telle que les combinaisons les plus savantes peuvent être trouvées dans l’opposition pour vaincre le régime actuel.
On a en souvenance les rocambolesques élections législatives de 2022 tant dans la formation des listes que dans le choix de participer au scrutin malgré l’élimination de la liste des titulaires de YEWWI ASKAN W
Notre conviction est que des élections présidentielles régulières en février 2024 auraient de grandes chances d’ouvrir une nouvelle alternance politique au Sénégal.
Il serait souhaitable qu’elles se tiennent sans violence ni manipulations pour ne pas avoir à revivre les évènements douloureux de mars 2021 et juin 2023
Ce qui s’est passé lors de ces évènements est une abomination. Ça a dérapé de partout. Le mot dérapage, utilisé à souhait, reflète candidement l’espoir qu’il ne saurait y avoir eu une intention réelle d’ôter la vie par balles à de jeunes manifestants.
Il faut déplorer à ce propos qu’il n’y ait pas eu d’explications officielles, pas de justification, ni de contrition et de regrets de la part de ceux-là qui ont fait usage d’armes léthales pour « neutraliser » des manifestants armés de pierres. Il n’y a pas eu non plus de drapeaux en berne, le tout étant mis au passif de ces mêmes manifestants.
Nous finirons en invoquant le très chahuté passage de Macky Sall à la 78ème Assemblée générale de l’ONU dont il faut tirer les leçons, tant elles sont dévastatrices pour l’image du président de la République et du Sénégal qui, jusque-là, passait pour un modèle de démocratie apaisée.
La mobilisation de la diaspora sénégalaise en Amérique a établi une réalité qu’il était bien difficile de cerner auparavant. Il est clairement apparu que le Sénégal, comme d’autres pays du monde d’ailleurs, est en réalité un quartier d’un village planétaire mondial, scruté dans ses moindres activités par des réseaux sociaux et autres outils de communication en perpétuelle évolution technologique, permettant de saisir et de traiter et de fournir en temps réel les informations écrites, sonores et visuelles aidant à appréhender les réalités les plus enfouies
En définitive, l’enjeu du scrutin de février 2024 va bien au-delà du choix d’un homme aux habits taillés par des dispositions constitutionnelles hyper présidentialistes pour diriger le pays.
Le peuple a sonné l’heure de la rupture. Excédé par la malgouvernance, il a décidé d’en finir avec la corruption sous toutes ses formes, les détournements de l’argent public ainsi que le gaspillage des ressources du pays par des ministres et autres dirigeants de sociétés publiques. Certains d’entre eux ayant été épinglés par les organes de contrôle ont échappé aux sanctions grâce au magnanime coude présidentiel.
La volonté de changement du peuple est d’autant plus ferme que les services de base essentiels se sont fortement dégradés (santé, éducation, factures eau électricité pesant sur les revenus et budgets alimentaires broyés par l’inflation).
Nul doute que le choix pour une rupture radicale dans l’art de gérer les biens de la cité sera fortement exprimé par des citoyens déterminés à en finir avec le régime actuel. Cela se fera selon le génie propre des Sénégalais qui sont maîtres dans l’art de « dégager » les régimes politiques qui ne correspondent plus à leurs attentes.
Par Mbisin Diagne
PATHE DIAGNE, SA JAAN WACC NA !
Mame Pathé, comme t’appelaient affectueusement tes sœurs, Pathé Diagne, Pathé Fari Diagne, Ptahramen, Pathé Lamine, Ptolémée, Tonton, Pap, Nijaay Paate, papa tout simplement pour nous.
Mame Pathé, comme t’appelaient affectueusement tes sœurs, Pathé Diagne, Pathé Fari Diagne, Ptahramen, Pathé Lamine, Ptolémée, Tonton, Pap, Nijaay Paate, papa tout simplement pour nous.
Quelle chance de t’avoir eu dans nos vies ! Quelle bénédiction pour nous, tes enfants, Bunaama Faatim, Ngiseli Joor Ise, Penda Farimata, et moi Mbisin, pour tes neveux et nièces de tous bords que tu chérissais particulièrement, pour tes petits-enfants que tu couvais d’affection, tes sœurs et tes frères, n’en parlons pas, toute ta famille, la famille élargie, tes amis à qui tu vouais une loyauté infaillible, pour nous tous et toutes.
Tu ne te lassais jamais de combattre pour ce qui te tenait à cœur.
Ce que moi, ta fille aînée, je retiens, ce qui t’a toujours animé, motivé et porté, c’était la justice, la vérité, la Maat comme tu disais, la Maat bi tax « ñu wara maandu, loolu rekk mo am solo ». Tu n’as jamais cessé de nous répéter l’importance de l’intégrité et de l’adhésion à l’équité. Tu prônais l’égalité pour tous et toutes, qui que l’on soit, d’où que l’on vienne, quelles que soient notre origine sociale, notre confession, notre classe, notre guilde, notre couleur, notre sexe.
Nous ne devons pas te pleurer, Diagne Pathé. Nous devons célébrer ta vie exceptionnelle, ton engagement sans faille et ton esprit sans commune mesure, un esprit en perpétuelle ébullition. Je sais que tu n’as jamais aimé les honneurs, toi qui as pourtant dédié toute ta vie à ton pays, à ta nation, à ce continent, l’Afrique, enjeu de l’histoire.
Oui, tu étais un intellectuel hors pair dont le Sénégal, l’Afrique et le monde ne mesurent pas encore l’étendue de l’héritage que tu leur laisses.
Tu étais extrêmement généreux. Tu n’as jamais compris que l’on veuille accumuler des richesses. Tu étais simple. Tu ne trouvais aucun intérêt au luxe, roulant allègrement dans tes vieilles guimbardes.
Tu as toujours donné tout ce que tu avais, mais pas seulement matériellement. Tu étais aussi généreux de tes savoirs pluriels, comme le disent tes Jarbaat. Tu avais créé la librairie Sankoré, un lieu d’échanges culturels autour de livres et de disques, où se pressaient des gens de tout horizon, y compris l’intelligentsia africaine, les étudiants, en quête d’une bonne conversation ou de pièces nouvelles. Tu rêvais d’une nouvelle école sénégalaise, en créant le collège Tekruur à Hann.
Tu étais toujours prêt à mettre la lumière sur les autres, notamment avec les Éditions Sankoré, que ce soit en les publiant ou en organisant le fameux symposium sur l’œuvre de ton ami et frère, Cheikh Anta Diop.
Je ne sais même pas par où commencer quand je regarde ta bibliographie. Elle donne le tournis. Ton œuvre est immense : une pléthore d’ouvrages et d’articles, et même des pièces de théâtre et des épopées. Nous t’avons toujours connu, la plume à la main, te levant à trois heures du matin pour écrire, écrire jusqu’à la fin, même s’il te fallait écrire tes livres, en tapant avec deux doigts, lorsqu’est arrivé l’ordinateur.
Tant de sujets te tenaient à cœur.
Au lycée, tu faisais déjà de la résistance. Cette gifle magistrale infligée au censeur, ce n’était pas toi qui l’avais administrée, mais tu avais refusé de témoigner contre un de tes condisciples sénégalais. Cela t’avait valu d’être exclu du Lycée Faidherbe de SaintLouis. Tu avais été sanctionné, notamment en arabe, toi le fils de Rokhaya Tafsir Oumar Sall qui avait fondé une école coranique, à Saint-Louis, NdarGeej, Nder-sur-mer et de Ahmad Diagne, Imam, toi l’élève de Ahmed Dieng et de Astou Naar, toi le digne fils d’un Saint-Louis à l’Islam lettré, pour reprendre l’expression d’un de tes Jarbaat.
Pouvoir politique traditionnel en Afrique occidentale a ouvert bien des chemins à la recherche. En 1970, tu plaidais pour L’intégration économique de l’Afrique.
Tu as mené des batailles épiques pour les langues nationales, aux côtés d’Ousmane Sembène et d’Arame Fall, pour ne citer que ceux-là. Xam sa lakk, xam sa bopp, cette ambition t’a couté très cher, mais rien ne pouvait t’arrêter : ni les brimades, ni la censure, ni l’exclusion.
Le chemin n’a jamais été facile, mais c’est cela qui te faisait vivre. Tu avais un courage inégalé. Un jour, tu m’avais dit très sobrement, et j’espère que tu me permets de partager ceci : Man ak Cheikh Anta, li nu ñeme, ñi ko ñeme barewuñu
Tu étais un homme libre, libre de toute contrainte de quelque nature qu’elle soit.
Tu n’as jamais plié et encore moins devant une quelconque tentative d’intimidation, quelle qu’en ait été la violence ! La dernière agression physique, elle ne m’a pas été contée, je l’ai vécue et le souvenir reste vivace et effrayant. Je n’avais pas 8 ans.
Ce mémorial de Gorée-Almadies, sorti de ta tête pour reprendre l’expression d’un de tes proches collaborateurs de cette époque, tu l’avais voulu à la pointe la plus avancée du continent, face au corridor des libertés de Bakary II, ton mansa navigateur, à qui tu auras consacré deux ouvrages. Tu ne souhaitais surtout pas que ce mémorial soit « cantonné à un seul hommage aux millions d’Africains déportés contre leur gré, encore moins à un simple hommage à toutes les mémoires souffrantes de l’humanité ». Tu disais que le Mémorial de Gorée-Almadies avait une dimension historique et civilisationnelle tricontinentale. Cette pointe représentait pour toi le symbole d’une navigation transatlantique millénaire.
L’Afrique, tu l’aimais profondément et tu rêvais de son intégration, essentielle selon toi à son développement. Tu voulais la sortie du franc CFA pour nous libérer et libérer nos économies. Tu avais traduit Al Xuraan ci Wolof, pour que l’on en comprenne le sens. L’islam africain, disais-tu, s’était historiquement forgé tôt, en ses propres termes, dans l’espace subsaharien et ses empires souverains.
L’Égypte, je pense, et cela n’engage que moi, tu l’as toujours évitée par affection, respect et amitié pour Cheikh Anta Diop, et, très certainement aussi, par souci d’indépendance intellectuelle. Mais La Révolution Ramakushi et le réseau portuaire des mool mariniers lebu-wolof que tu mets en évidence t’y ramèneront inéluctablement.
Tu aurais pu enseigner à travers le monde, avoir une belle carrière dans les universités américaines les plus prestigieuses. Tu n’as jamais voulu rester au dehors. Tu revenais toujours chez toi, sur ta terrasse de Yoff, face à l’océan Atlantique, repensant le monde et surtout réécrivant, non seulement l’histoire de l’Afrique, mais également celles de l’Amérique précolombienne, un continent africain et de l’Humanité.
Pathé Diagne, on ne peut pas parler de toi sans parler de ton épouse, ta compagne de bataille, ta partenaire, ta relectrice préférée, ton amie, ta complice. Tu aurais été TOI de toute façon, avec ou sans elle, qui était chercheure comme toi. Mais tu n’aurais jamais accompli autant, si elle n’avait pas été à tes côtés. Et je dis bien à tes côtés et non derrière, comme le veut l’adage : derrière chaque grand homme, se cache une grande dame. Fat Sow, tu étais son socle. Jërëjëf, Sow Pullo Jeer
Papa, « danga masa rafet ci xare bi ». En 2017, tu me rappelais, lors d’une interview filmée, et c’était ton dernier mot, que ton message pour toutes ces générations actuelles et futures, c’était : « rafet ci xare bi, rafet ci xare bi, rafet ci xare bi ».
Diagne Babacar Marianne, Yerim Dieye, Coumba Gaye, Buri Wade, Sokhna Diop, Maram Xoor, Buur bu yaxul Mbiloor, Yalla na la Yalla yërëm, xare la Ajjana.
Repose en paix, papa ! Sa jaan wacc na.
Mbisin Diagne,
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MACKY SORT DU BOIS
Dissidence au sein de Bby, abandon de sa troisième candidature, dissolution du Pastef…Le président de la République, Macky Sall, en parle avec France 24 et à Radio France Internationale (RFI)
Le président de la République, Macky Sall, qui séjourne aux Etats-Unis pour les besoins de l’Assemblée générale des Nations-Unies, a accordé un entretien à France 24 et à Radio France Internationale (RFI). Face aux journalistes, il est revenu sur les dissidences au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby) après le choix du Premier ministre Amadou Ba comme candidat à l’élection présidentielle, l’abandon de sa troisième candidature et la dissolution de Pastef, entre autres sujets.
Interrogé sur le choix du Premier ministre, Amadou Ba, et les dissidences qu’il a occasionnées au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), Macky Sall, trouve qu’il n’a rien à se reprocher. « Je ne peux pas fracturer la coalition que j’ai mise en place et entretenue depuis douze ans. C’est la mienne parce que je reste le président de ladite coalition. Je reste le président de mon parti même si je ne suis pas candidat jusqu’à nouvel ordre. J’ai reçu mandat de la coalition de désigner mais j’ai voulu que ce choix soit collectif, qu’il soit discuté avec les différents acteurs ; ce qui a été le cas. J’ai consulté les différents acteurs. D’ailleurs, la plupart était de mon parti. C’est normal qu’il ait des résistances, mais au bout du compte, nous avons vu un processus d’alignement et d’acceptation ». Il espère toutefois que d’ici l’élection présidentielle, tous les malentendus seront levés. « Il y’a encore deux ou trois qui pensent qu’ils doivent être candidats, mais c’est leur liberté, c’est leur droit. Je pense qu’avant le dépôt des candidatures, il y’aura des discussions qui permettront finalement d’arriver à une convergence totale. L’essentiel a été abattu autour de cette candidature pour donner une chance à la majorité de l’emporter dès le premier tour ». Sur le poids électoral de son dauphin, Macky Sall se dit rassuré. « Amadou Ba est le choix d’une majorité. Son poids personnel va jouer, mais il part avec l’atout que les autres non pas. C’est d’avoir une majorité qui le soutient. C’est tout cela qu’il faut mettre sur la balance. Il a une majorité dernière lui. Il a le soutien du président. C’est un acteur politique. Tout cela mis sur la balance devrait l’aider à battre ses adversaires. C’est ma conviction qu’il gagnera ».
UNE TROISIEME CANDIDATURE JURIDIQUEMENT VALABLE
Face aux journalistes de France 24 et de Radio France Internationale (RFI), le président de la République, Macky Sall, a trouvé que sa candidature pour un troisième mandat est permise par la loi. « D’abord, il est important de dire que j’ai le droit si c’était ma volonté. Juridiquement, rien ne m’empêchait de concourir pour un second quinquennat. On peut l’appeler un troisième mandat en fait. C’est un second quinquennat, juridiquement il n’y a pas de débat là-dessus », a-t-il dit. Le choix de ne pas se représenter n’est que personnel, ajoute-t-il. « Maintenant j’étais devant mes responsabilités à savoir si le jeu en valait la chandelle. D’une part, je l’avais dit parce que lors de la révision constitutionnelle et avant ma réélection en 2019, j’avais écrit un ouvrage dans lequel j’avais promis de faire un seul mandat de cinq ans. A partir de ce moment, le code d’honneur m’imposait de respecter ce choix surtout qu’il y’a une fausse polémique qui était entretenue ».
La décision de surseoir à sa candidature est à lier, explique-t-il, à son souhait de préserver la démocratie sénégalaise. « On me prêtait des intentions et sur la base de ces intentions, on a voulu peindre la démocratie sénégalaise en noir alors qu’il n’en était rien. Après avoir apprécié, j’ai estimé que la meilleure démarche était de ne pas tenter ce second quinquennat qui est de droit, mais ce n’est pas que c’est de droit que je dois le faire nécessairement surtout si ça doit coûter en vies humaines ou faire perdre au Sénégal sa légendaire démocratie ». Toutefois, le président de la République, Macky Sall, pense que les violentes manifestations ayant occasionné des morts ne sont pas le résultat de sa supposée candidature. « Les morts n’ont rien à avoir avec le troisième mandat. Elles sont la conséquence des appels à l’insurrection suite à des problèmes politico-juridiques. Il n’y a jamais eu de manifestations contre le troisième mandat qui a entrainé un seul mort, ça n’existe pas. Il ne faut pas qu’on mélange les sujets ».
SONKO ALLIE DES FORCES OCCULTES
Macky Sall n’a pas voulu par contre se prononcer sur l’incarcération du maire de Ziguinchor parce qu’estime-t-il, « le dossier est devant la justice ». Ce dont il est convaincu est l’alliance d’Ousmane Sonko à des forces occultes. Macky Sall trouve que cette relation n’est pas seulement une idée défendue par ses souteneurs mais, « des faits que tout le monde connait ». Pour lui, « le Sénégal a fait l’objet d’agressions par différentes forces obscures pensant pouvoir mettre la main sur le pays ». Ce qui est dit-il, « une grosse illusion car, le Sénégal est une démocratie solide et il veillera personnellement jusqu’à ce qu’il rende le pouvoir que le pays ne soit pas déstabilisé, quels que soient les auteurs et leurs complices. » Pour lui, les forces occultes sont « des islamistes, des politiques, en somme un conglomérat d’intérêts qui pensait mettre la main sur le Sénégal qui a échoué lamentablement ».
D’ores et déjà, il ne se fait aucun doute sur la bonne tenue de la prochaine élection. « La présidentielle de février 2024 sera inclusive et ouverte à tous ceux qui peuvent concourir et il appartiendra au Conseil constitutionnel de définir qui sera candidat ou non ». Le Pastef est dissout parce que, « les partis politiques ont des obligations ; ils ne peuvent pas appeler à l’insurrection à longueur de journée, poser des actes condamnables ». La loi est claire, dit-il, « quand un parti sort de son droit, il est dissout et ce n’est pas la première fois qu’un parti politique est dissout au Sénégal ».
par Mamadou Abdoulaye Sow
OBLIGATION DE DÉCLARATION DE PATRIMOINE À IMPOSER AUX MAGISTRATS DE L'ORDRE JUDICIAIRE
Le ministre de la Justice devrait avoir le courage de proposer la modification du statut des magistrats judiciaires en vue d’imposer à tous les magistrats exerçant une fonction juridictionnelle l’obligation de déposer une déclaration de leur patrimoine
« Un pouvoir judiciaire d’une intégrité incontestée est l’institution socle essentielle pour garantir le respect de la démocratie et la primauté du droit »[1]
La loi n° 2023-14 du 02 août 2023 modifiant la loi n° 65-61 du 21 juillet 1965 portant Code de procédure pénalea institué au Tribunal de Grande Instance hors classe et à la Cour d’appel de Dakar un Pool judiciaire financier (PJF) spécialisé dans la répression des crimes et délits économiques ou financiers, On espère que le PJF va jouer un rôle important « pour garantir la transparence et l’intégrité de la gestion des affaires publiques et le respect des principes de bonne gouvernance ». Mais pour assumer ce rôle, le PJF doit être indépendant, impartial et intègre.
« L’impartialité, c’est l’âme du juge », « c’est le courage du juge », « c’est la conscience du juge », « c’est le métier du juge », « c’est la rigueur intellectuelle du juge », « c’est l’honneur du juge » dixit Simone Rozès, alors premier président de la Cour de cassation en France [2].
Selon Jean-Etienne Pierrot, « l’intégrité est la principale vertu d’un magistrat » [3]. L’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime souligne que « dans le système judiciaire, l’intégrité est plus qu’une vertu, c’est une nécessité [4]». L’intégrité est, au même titre que l’impartialité, indissociable de la confiance placée par les citoyens dans leur justice.
« Être intègre, c’est n’être susceptible d’aucune influence, d’aucune pression, avoir la capacité, voir le courage de résister à toutes les pressions, l’intégrité est donc un marqueur de l’indépendance. L’intégrité suscite un dialogue avec sa conscience et donc la reconnaissance éventuelle de la menace et donc du risque qui peuvent prendre toutes les formes. L’intégrité va justifier certaines mesures dans certaines professions. Il en est ainsi …de la déclaration de patrimoine (pour les magistrats) …. » [5].
Au Sénégal, non seulement la loi n° 2014-17 du 2 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine, après près de dix ans d’application, n’a toujours pas fait l’objet d’une évaluation[6], mais elle omet divers agents exposés à des risques de corruption [7]. Dans cette catégorie figurent les juges du siège et les magistrats du parquet qui, à notre avis, devraient être soumis à l’obligation de transparence comme les magistrats de la Cour des comptes.
Rappelons que les responsables chargés des déclarations de patrimoine de seize pays d'Afrique de l’Ouest et Centrale ont tenu en 2014 à Dakar une conférence régionale pour examiner les politiques et les pratiques en vigueur en matière de déclarations de patrimoine dans leur région[8]. À l’issu de leurs travaux, ils ont émis diverses recommandations comme principes directeurs pour renforcer les dispositifs en matière de déclarations de patrimoine. Voici ce que dit la recommandation concernant les assujettis à la déclaration de patrimoine :
« Les personnes assujetties aux systèmes de déclarations de patrimoine devraient comprendre toutes les hautes autorités civiles et militaires, les agents publics ayant une responsabilité financière, les agents publics ayant un pouvoir de décision et les agents publics exposés à des risques de corruption, y compris les juges, les procureurs, les parlementaires, les élus et les autorités locales, les chefs d'entreprises publiques et parapubliques, les membres d'autorités de lutte contre la corruption, les cadres des forces de sécurité, les ordonnateurs, les comptables publics et tous les responsables des organisations bénéficiant des subventions significatives de l'Etat ».
Cette recommandation lance un message clair contre tout enrichissement illicite des personnes qui, par leur pouvoir de décision ou de gestion des deniers publics, sont exposés à des risques de corruption ou de détournement.
L’obligation de transparence en matière de déclaration de patrimoine existe chez les magistrats de la Cour des comptes
L’article 28 de la loi organique n° 2016-26 du 05 août 2016 portant statut des magistrats de la Cour des comptes dispose : « Tout magistrat de la Cour des comptes a l'obligation, préalablement à sa prestation de serment, de déclarer, par écrit et sur l'honneur, les biens meubles et immeubles entrant dans son patrimoine ainsi que ceux de son conjoint et de ses enfants mineurs »[9].
Comme l’a recommandé la Déclaration de Dakar en matière de déclarations de patrimoine, adoptée le 28 mai 2014, l’Exécutif et le Législatif devraient imposer aux juges et aux procureurs une déclaration de patrimoine familial avant et après l’exercice de leur fonction.
Le ministre de la Justice devrait avoir le courage de proposer la modification du statut des magistrats judiciaires en vue d’imposer à tous les magistrats exerçant une fonction juridictionnelle l’obligation de déposer une déclaration exhaustive, exacte et sincère de leur patrimoine familial à leur entrée et cessation de fonctions [10]. Seraient donc concernés aussi bien les magistrats du parquet que ceux du siège et, en particulier, les magistrats qui vont exercer au sein du PJF à savoir le Procureur de la République financier, le Procureur de la République financier adjoint et les substituts financiers et les juges d’instruction financiers.
La déclaration de situation patrimoniale en question devrait concerner le patrimoine familial. C’est-à-dire que le patrimoine à déclarer devrait inclure, en plus des biens de l’assujetti, les biens du (de la) conjoint(e) selon le régime matrimonial, des enfants mineurs et des enfants même majeurs, à charge du couple, pour éviter toute dissimulation du patrimoine au niveau de la famille (l’épouse/l’époux ou les enfants).
L’obligation de déposer une déclaration de patrimoine familial devrait être étendue aux hautes autorités militaires (Armées et Gendarmerie), aux cadres des forces de sécurité et à toutes les personnes qui gèrent des deniers publics selon des régimes comptables dérogeant de facto au droit commun de la comptabilité publique.
Déclarer son patrimoine est un devoir civique pour tout citoyen élu (le Président de la République est au premier chef concerné) ou nommé à une haute fonction publique.
À ce sujet, citons l’exemple de la loi de la République du Bénin n° 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes. L’article 3 de ladite loi dispose : « Les hautes personnalités de l’Etat et les hauts fonctionnaires tels que définis par la loi n° 2010-05 fixant la liste des hauts fonctionnaires de l’Etat dont la nomination est faite par le Président de la République en conseil des ministres, (…), les membres des états-majors des armées, les directeurs généraux, les directeurs et cadres… de la police, de la gendarmerie (…), les présidents de tribunaux, juges, procureurs et greffiers (…) ont l’obligation de déclarer, à la prise et à la fin de service, leur patrimoine (…) ».
[1] Préface de C. G. Weeramantry, alors Président du Groupe sur l’intégrité de la magistrature, du document « Commentaires des Principes de Bangalore sur la déontologie judiciaire » de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, Vienne. Document consultable sur
[6] Selon le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, la Commission des Délégations est chargée de l’évaluation et du contrôle de l’exécution des lois ; une compétence non exercée.
[8]La Conférence s'était tenue du 26 au 28 mai 2014, sous le haut patronage de Monsieur Macky SALL, Président de la République du Sénégal. Elle était organisée par l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), en partenariat avec l'Office National pour la Lutte contre la Fraude et la Corruption du Sénégal (OFNAC), la Banque Mondiale (BM), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Centre d'Études et de Recherche-Action sur la Gouvernance (CERAG), Open Society Initiative for West Africa (OSIWA), le Programme Gouvernance et Paix de USAID au Sénégal (USAID/PGP) et l'Ambassade de France.
[9] Le même article précise : « Cette déclaration est déposée auprès du secrétaire général de la Cour des comptes. Elle doit rester strictement confidentielle, sauf en cas de nécessité de la loi.
Toute modification significative affectant ce patrimoine doit aussitôt faire l'objet d'une déclaration complémentaire dans les mêmes formes.
Le Premier Président de la Cour peut demander à l'Administration, qui est tenue d'y répondre, tout renseignement concernant le patrimoine de tout magistrat de la Cour des comptes.
La liste des biens meubles et immeubles devant figurer dans cette déclaration fait l'objet d'une ordonnance du Premier Président de la Cour, après avis de la conférence des présidents et du Procureur général. »
[10] La mise en place d’un tel dispositif nécessitera la révision de la loi organique n° 2017/10 du 17 janvier 2017 portant statut des magistrats de l’ordre judiciaire.
par Adama Dieng
LES ÉVÉNEMENTS AU SOUDAN SONT UNE CICATRICE POUR L'HUMANITÉ
Ce conflit déchirant remet en question la crédibilité de l'UA. Elle doit faire plus et de toute urgence pour refléter et réaliser les visions de ses fondateurs, mais aussi les attentes des Africains
À entendre les récits d'horreur provenant du Soudan, des réfugiés qui ont réussi à s'échapper ou des millions de personnes qui ont été déplacées de force à l'intérieur du pays, on ne peut que conclure que l'humanité est une fois de plus mise à l'épreuve. Nous manquons spectaculairement à nos devoirs envers le peuple soudanais, mais aussi envers ceux qui travaillent au service de la paix. Ce qui se passe actuellement au Soudan montre clairement que l'humanité n'a rien appris du Rwanda, du Kosovo et d'ailleurs.
Le déclenchement du conflit, le 15 avril, ne s'est pas produit dans le vide. Les signes étaient là ; il s'agissait simplement de savoir quand, et non pas si. Alors que le renversement en 2019 du dictateur de longue date, Omar al-Bashir, après des mois de manifestations populaires, avait apporté un répit à la population et un espoir pour l'avenir, les événements qui ont suivi la révolution ont laissé entrevoir un pays divisé.
Les élites n'étaient pas disposées à renoncer à leur position privilégiée au sommet. Elles étaient réfractaires à toute idée de responsabilité pour les crimes passés et sapaient la participation des civils à la détermination de l'avenir du pays.
Avec de tels signes, il était donc optimiste de penser que quelque chose de positif aurait pu sortir de ces individus qui avaient mis le Soudan à genoux et l'y avaient maintenu, tout en infligeant des souffrances et des humiliations au peuple soudanais. Il est tragique que le conflit se soit étendu de la capitale, Khartoum, aux régions rétives du pays, notamment au Darfour, qui a connu sa part de souffrance. Ce qui se passe au Soudan devrait être une source de honte, une cicatrice sur notre humanité collective
Après la Seconde Guerre mondiale, l'humanité s'est réunie pour établir la charte des Nations unies, s'engageant à respecter les valeurs communes d'égalité et de dignité de l'humanité. La création de la charte était fondée sur la nécessité de "préserver les générations futures du fléau de la guerre". Le Conseil de sécurité des Nations unies devrait et doit assumer cette responsabilité historique au Soudan.
Si la charte confère au Conseil la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales, elle l'invite également à agir conformément à l'objet et aux principes des Nations unies, qui incluent le respect des principes de justice et du droit international, la promotion et l'encouragement du respect des droits de l'homme et la coopération de bonne foi pour résoudre les problèmes internationaux de caractère humanitaire. Le Conseil de sécurité doit intervenir et engager le Soudan à mettre fin à ce conflit et à permettre un accès sans entrave à la région afin que la population puisse recevoir une aide humanitaire essentielle, notamment des médicaments et de la nourriture.
Le Conseil de sécurité doit réaffirmer sans équivoque aux belligérants soudanais que les responsables de violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international devront rendre des comptes. Ceux qui entravent délibérément l'accès à l'aide humanitaire vitale ou qui emploient des tactiques interdites pour atteindre des objectifs militaires devront rendre des comptes au peuple soudanais ou à la communauté internationale. Le Conseil devrait être un pare-feu fiable contre l'injustice.
Lorsque le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays (Al-Burhan a mené un coup d'État qui a évincé les dirigeants civils en 2021), s'adressera à l'Assemblée générale des Nations unies vendredi, le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, devrait saisir l'occasion pour le presser de placer les intérêts du peuple soudanais au-dessus de tout.
Il est également urgent de rappeler aux dirigeants africains que l'Union africaine, en vertu de son acte constitutif, dispose de l'un des mécanismes d'alerte précoce les plus développés pour prévenir les conflits, avec un cadre juridique qui permet aux États d'intervenir s'ils craignent la possibilité d'un génocide ou de crimes de guerre. Il est temps que ce mécanisme soit activé dans l'intérêt du peuple africain.
Des personnes sont assises sur un sol taché de sang, un homme est sous perfusion. Au premier plan, une femme portant une burqa
Les civils sont pris pour cible dans la ville de Khartoum déchirée par la guerre, alors que les pauvres et les personnes âgées restent pris au piège.
Ce conflit déchirant remet en question la crédibilité de l'UA. Elle doit faire plus et de toute urgence pour refléter et réaliser les visions de ses fondateurs, mais aussi les attentes des Africains, qui la considèrent de plus en plus comme le garant de la paix sur le continent.
Le monde a déjà connu le pire et je crois que nous avons appris quelque chose des tragédies passées pour nous aider à prendre les meilleures décisions dans l'intérêt de notre humanité collective. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit faire preuve, en actes et en paroles, d'un engagement sans équivoque à soutenir le peuple soudanais dans la reconstruction de son pays, sur la base de la paix, de la justice et de l'égalité des citoyens pour tous.
Ce qui se passe au Soudan devrait être une source de honte, une cicatrice sur notre humanité collective. J'implore la communauté internationale de faire davantage pour résoudre ce conflit tragique, qui a condamné des millions de personnes à la misère et au désespoir.
Adama Dieng est un expert sénégalais des droits de l'homme, conseiller spécial à la Cour pénale internationale, ancien Secrétaire général adjoint des Nations unies et conseiller spécial pour la prévention du génocide.
Par Kady BALDE et Bira SALL
LA PARENTALITÉ, OÙ SONT LES PÈRES ?
La parentalité, peut-on lire dans le site Wikipédia, est un néologisme datant de la fin du XXe siècle, issu de la sphère médico-psycho-sociale, pour définir la parenté, la fonction d’être parent dans ses aspects juridiques, politiques, socio-économiques
« Traiter de la façon d’élever et d’éduquer les enfants semble être la chose la plus importante et la plus difficile de toute la science humaine ». Montaigne, Essais
La Parentalité, peut-on lire dans le site Wikipédia, est un néologisme datant de la fin du XXe siècle, issu de la sphère médico-psycho-sociale, pour définir la parenté, la fonction d’être parent dans ses aspects juridiques, politiques, socio-économiques, culturels et institutionnels. La notion, rattachée à la famille, a évolué dans le temps et diffère en fonction des sociétés. La parentalité est un terme saturé de sens, de non- sens et de contresens, mais, on peut la définir, en général, malgré les nombreux enjeux théoriques et pratiques, comme les tâches quotidiennes que les parents ont à remplir auprès de l’enfant. Au moins sept domaines sont souvent énumérés consistant à engendrer, à élever, à instruire, à former, à éduquer et surtout le fait d’avoir des droits et des devoirs. Toutefois, « une simple liste de ces actes concrets ne suffit pas à rendre compte de la complexité de cet axe. Car au-delà d’une énumération se cachent des exigences normatives qui varient considérablement d’une société à l’autre ». (Selleet. C, 2000, p30).
N’empêche toutes les recherches menées par sociologues, psychologues et pédopsychiatres,
portent sur les indicateurs et risques liés au bien-être de l’enfant, dans des sociétés contemporaines où, ce dernier est devenu un acteur central, avec l’apparition d’un nouveau sentiment de l’enfance, avec la croissance de l’attention portée à son développement. Cette centration de l’enfant, rappelée par François de Singly, dans son ouvrage Le parent éducateur (2000), est réelle : nous sommes entrés dans l’ère de la « famille sentimentale et éducative ». Déjà, Philippe Ariès (1960) nommait la famille moderne, la famille éducative.
Aujourd’hui, réussir sa mission de parent, c’est apporter le meilleur à son enfant, lui donner tous les atouts pour réussir : Le « nouveau travail parental », selon François de Singly, consiste alors à apporter les moyens nécessaires à l’enfant pour réaliser ses apprentissages.
Dans sa pratique, la parentalité se définit, ainsi, par l’ensemble des actes de la vie quotidienne de l’enfant : alimentation, éducation, soins … Elle peut être déléguée, surtout dans nos sociétés, à tout membre de la parenté (ascendants, descendants, frères et sœurs, oncles et tantes, cousines et cousins), mais elle n’est jamais mieux assumée et assurée que lorsque les « père et mère » de l’enfant, ses parents au premier degré, comprennent et assument leurs responsabilités.
Il est vrai que le métier de parent ne va plus de soi, aujourd’hui : Le sociologue Jean- Hugues Déchaux rappelle, d’ailleurs qu’être parent ne peut plus être vu comme un rôle qu’il suffit d’endosser mais davantage comme une activité à construire au quotidien, aux contours flous, au contenu multiforme (Jean Hugues Déchaux, 2009). Autrement dit, faute de disposer d’un corpus de règles suffisamment claires et légitimes, les adultes doivent concevoir leur travail parental sur un mode plus réflexif. Ce qui suppose donc un soutien, un encadrement… En témoigne, d’ailleurs, surtout en Europe, les nombreuses recherches sur l’éducation familiale devenue, même aujourd’hui, « une discipline de formation et de recherches universitaire, centrée sur les pratiques parentales d’éducation, de socialisation des enfants et les multiples interventions sociales concernant la famille dans ces diverses fonctions éducatives » (Durning.P, p167)
De nombreux défis éducatifs se posent dans nos sociétés contemporaines, dont celui d’éduquer nos enfants à un bon usage des écrans : mal informés, eux- mêmes accros, dépassés, les parents peinent souvent à éduquer à un usage raisonné des écrans. La technologie numérique fait partie intégrante de nos vies avec son lot de containtes et, ce de manière irréversible.
De l’engagement et de la souffrance des mères
L’engagement et la responsabilité des mamans pour le bien-être de leurs enfants ne souffrent d’aucun doute. En dehors de la maternité, supportée avec beaucoup de risques, au prix de la santé et de la vie même (on continue, surtout en Afrique, à mourir en donnant la vie), elles assument pleinement leurs responsabilités de mère de famille, d’épouse, de belle-sœur, de belle-fille…
Trop de responsabilités familiales pèsent sur les frêles épaules de femmes stoïques, qui s’imposent un silence. Un silence que doivent respecter ces dernières, surtout celles martytisées victimes de violences conjugales, pour préserver leur ménage, dans la douleur ; » le silence de toutes les épouses bafouées dans leur dignité par les frasques et les écarts du Sabador. Ce silence qui les ronge jusqu’à l’os, les fait vaciller à tout bout de champ. Ce silence si ardu à remonter. Le silence torture. Le silence misère. Le silence servitude. (Benga, 2000, p378.)
En sus, sans vraiment avoir le choix, elles sont engagées économiquement : les femmes, en Afrique, sont des agents économiques très dynamiques, plus que partout ailleurs dans le monde. Dans un document intitulé ‘‘Autonomiser les femmes africaines, plan d’actions’’, produit par le Groupe de la Banque Africaine de Développement ( BAD), on peut lire : Elles effectuent la majorité des activités agricoles, détiennent le tiers de l’ensemble des entreprises et représentent, dans certains pays, jusqu’à 70 % des employés. Au-delà de leurs activités génératrices de revenus, elles sont les principaux leviers de l’économie domestique et du bien-être familial, et jouent un rôle absolument indispensable.
S’investir dans la réussite, les études et le bonheur de leurs enfants tout le temps et sans relâche, est un impératif pour elles : à l’hôpital, on ne voit que des femmes accompagnantes d’enfants malades ; dans les transports, des enfants scotchés à elles ; bientôt la rentrée scolaire au Sénégal et elles seront nombreuses à accompagner seules leurs enfants à l’école. Les femmes, confiait une amie, sont « multi tâches ».. Beaucoup de pères, ajoutait-t-elle, ne font preuve que d’autorité et de répression parentales: « Pas de communication, pas de compréhension, pas de délicatesse pas d’ écoute et zéro présence. Parfois même je doute de leur amour filial… c’est peut être quelque chose qu’ils ont hérité du système patriarcal ancien. Raison pour laquelle les enfants sont parfois plus proches de leur mère… »
Beaucoup d’exemples sous nos yeux confortent l’idée que des hommes, des pères égoïstes, sont toujours aux abonnés absents, en tout cas, on les voit moins à côté des enfants en Afrique, contrairement á ce qu’on voit en Europe oú, même après un divorce la » co-parentalite »(Exercice conjoint des droits et des responsabilités de chacun des parents à l’égard de l’enfant, après une séparation…) est institutionnalisée, normée.
Egoïstes, parce que plus préoccupés par leur carrière professionnelle, à gravir les échelons, oubliant que leurs épouses ont aussi des ambitions légitimes qu’ils feignent d’ignorer ou souvent même s’y opposer. Ceux qui ont choisi la polygamie, empêtrés dans des difficultés financières, souffrant surtout d’épuisement émotionnelle du fait des conflits et des souffrances psychiques dans les familles polygames, oublient vraiment leurs responsabilités de père.
En Afrique ou en Europe, au Sénégal ou en France, à Dabo ou à Lyon, on pourrait se demander s’il n’y a pas une sorte d’hypocrisie sociale qui tolère plus un échec professionnel d’une Maman que d’un Papa. La Maman est culturellement désignée d’office, comme le parent le plus apte à s’occuper des enfants. De ce fait, il n’y a, dans la morale sociale, rien de choquant à ce qu’elle démissionne de son travail pour déménager et suivre le Papa qui a obtenu une mutation professionnelle avec une promotion. Elle est souvent le bouc émissaire tout indiqué lorsque les enfants déraillent ou échouent…
C’est dommage, mais La femme, pense-t-on encore, est éducatrice née. On l’accorde de grand coeur et on lui rappelle même á l’occasion, et assez sèchement, que c’est ça son rôle; qu’elle a tort d’en vouloir sortir et qu’elle sacrifie á des chimères un devoir réel dont l’accomplissement lui vaut le bonheur intime et la considération générale.
On n’a pas besoin d’être féministe pour croire que la parentalité est uniquement l’affaire des femmes sous nos cieux et que l’absence ou la disparition souvent prématurée d’une maman sont souvent lourdes de conséquences pour les enfants ; et, qu’avec le divorce, le lien social est fragilisé du fait, aussi, que l’éclatement des familles peut provoquer de l’exclusion et de la pauvreté, en particulier pour les femmes et les enfants.
Des contributions récentes de la psychologie du développement et de la psychologie cognitive ont démontré les conséquences négatives sur le développement psycho-affectif de l’enfant, en cas de séparation, divorce ou d’éloignement du ‘’parent gardien’’, qui se trouve être la maman. Certes les réactions peuvent ne pas être les mêmes lorsqu’on passe d’une société à l’autre, d’une famille à l’autre : certains enfants peuvent vivre la situation sans entraves, mais dans la plupart des cas on note, surtout chez « les enfants d’âge préscolaire des comportements régressifs, des sentiments de culpabilité, des troubles du langage, de l’anxiété et de la tristesse ; à l’âge scolaire, au contraire, ils vivent de l’insécurité, des conflits de loyauté et la peur d’abandon. Durant la préadolescence, ils manifestent de la colère envers les parents, un sentiment de honte et des troubles psychosomatiques. Enfin, au cours de l’adolescence, on remarque plus fréquemment des comportements « parentifiés », une tendance à l’indépendance précoce, des fugues, des comportements déviants, et des activités sexuelles précoces et intenses. Au niveau des jeunes adultes, on relève des difficultés relationnelles importantes ». (Malogoli Togliatti, Lavadera, Franci, in https://www.cairn.info/revue-cahiers-critiques-de-therapie-familiale-200...).
De l’engagement des pères pour une parentalité positive
Certes des pères engagés pour leur famille et disponibles pour les enfants, on en trouve beaucoup : des « goorgoorlus » s’efforcent par tous les moyens, sous nos cieux, de joindre les deux bouts pour faire plaisir à leurs épouses, à leurs enfants. De véritables pères qui ont tout donné au prix de leur santé, de leur vie. En France, par exemple, pour l’avoir constater de visu les papas :
sont de plus en plus adeptes du congé parental pour s’occuper des enfants,
tiennent les poussettes le matin pour déposer les enfants à l’école, à la crèche ou chez la nounou,
cuisinent le repas, donnent la douche, habillent les enfants
parfois même, ils coiffent mieux leurs filles que les mamans .
Vraisemblablement, pour reprendre, Wilhelm Busch, « devenir père n’est pas difficile, l’être l’est cependant« . Nous sommes loin de l’époque où le père n’était qu’un géniteur, un pourvoyeur invisible ou le chef de famille. Les nouveaux défis éducatifs, la précocité des enfants, les risques de perdition, les influences, les enjeux éducatifs du moment interpellent : nous vivons dans un monde d’incertitudes, angoissant pour tous et nous devons outiller nos enfants, les apprendre á naviguer dans un océan d’incertitudes, á faire face à l’inconnu, á l’imprévisible (Edgar Morin, 2020). Ce qui suppose de la part de tous les parents, ceux qui ont donné la vie ou fondé une famille, plus de vigilance, plus d’investissement, plus de présence.
Et le père joue un rôle important dans la parentalité positive (cette approche invite le parent á éduquer son enfant en le guidant, plutôt qu’á le contrôler), surtout celui de ménager á l’enfant une autre possibilité que celle d’être l’enfant de sa seule mère.
Avec plus de responsabilités assumées en tant que père, nous pourrions espérer un jour que chaque homme se rappelle de son père en se disant ou un en écrivant tel un poète : Mon père a été là : un père n’est pas seulement celui qui donne la vie, c’est celui qui donne l’amour aussi. Depuis ma plus tendre enfance, mon père est mon repère, mon étoile polaire et il est ma lumière qui s’allume lorsque ma route est sombre ; mon père, c’est le chemin qui me guide vers demain ; mon père est un homme bon, avec de vraies valeurs qu’il m’a inculquées. Mon père est mon meilleur ami, c’est mon confident et c’est plus qu’un père, c’est le grand frère que je peux aller voir du jour comme la nuit. Aujourd’hui adulte, je suis fier de mon père, des valeurs qu’il m’a inculquées, de la façon dont il m’a éduqué et je lui serais éternellement reconnaissant toute ma vie jusqu’à mon dernier souffle.