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28 novembre 2024
Opinions
par Nioxor Tine
UN CANDIDAT-FANTÔME POUR UNE NON-ÉLECTION
Jamais candidat n’aura bénéficié de conditions aussi exécrables pour aborder une compétition électorale. Amadou Bâ risque de subir la pesante contrainte du coaching de l’actuel président, devenu minoritaire
L’autocrate-marionnettiste a enfin choisi, bien malgré lui, son pantin, en la personne de son Premier ministre, le candidat non pas le plus consensuel, mais dont la contestation entraînera le moins de dégâts possible. Sa position de primus inter pares, même si elle ne correspond pas à grand-chose, dans un régime où c’est le président qui définit la politique de la nation, le faisait quand même sortir du lot.
C’est pour cela que sa désignation pourrait convenir à l’énorme clientèle politicienne de Benno Bokk Yakaar, avide de stabilité voire de stagnation et qui englobe des secteurs divers et variés (bourgeoisie bureaucratique, franges de la classe maraboutique, certains hauts officiers des FDS, hommes d’affaires bénéficiant de marchés de complaisance, syndicalistes affairistes, opérateurs politiques …).
Un accouchement laborieux
L’accouchement aura été long et difficile. En jargon médical, on parlerait de grossesse prolongée, d’autant plus préjudiciable à la viabilité et à la vitalité du nouveau-né, que le placenta n’arrive plus à maintenir un terrain propice à la grossesse. Il est vrai, que jamais candidat n’aura bénéficié de conditions aussi exécrables pour aborder une compétition électorale aussi cruciale que celle présidentielle, prévue le 25 février 2024.
Disposant de très peu de temps, contesté par plusieurs secteurs de la coalition présidentielle, dont un des responsables les plus en vue, vient de désavouer le choix fait sur sa personne en claquant bruyamment la porte, M. Amadou Bâ risque de subir la pesante contrainte du coaching de l’actuel président, devenu minoritaire, au moins depuis les dernières législatives du 31 juillet 2022. Le bon sens aurait voulu, en effet, que pour requinquer une majorité en berne, la stratégie communicationnelle de Benno Bokk Yakaar puisse, tout en continuant à amplifier exagérément le bilan matériel de leur régime, se démarquer des aspects les plus controversés de la politique jusque-là mise en œuvre par le président Sall. Il s’agit surtout de cette gestion tyrannique, teintée de gabegie, de népotisme et de clientélisme politicien, contre laquelle des candidats issus de la majorité sortante pourraient, (à l’exemple d’Aminata Touré), se dresser.
Une victoire quasi-impossible
C’est ce qui explique que les observateurs politiques soient très dubitatifs sur l’éventualité d’une victoire du candidat du camp présidentiel au premier tour. La bonne question à se poser serait plutôt de se demander si l’un quelconque des candidats issus de l’actuelle méga-coalition au pouvoir va se qualifier au deuxième tour de la prochaine présidentielle.
L’usure du pouvoir aidant, avec en arrière-plan le spectre du duo Issoufou-Bazoum, dont on est en train de vivre l’épilogue tragique, sans d’ailleurs en maîtriser tous les tenants et aboutissants, tout semble militer pour une défaite mémorable et salutaire de l’actuelle équipe au pouvoir.
C’est précisément pour cette raison que le gouvernement de combat contre la démocratie, avec comme têtes de pont, les ministres de l’Intérieur, de la Justice et de la Communication s’est fixé comme objectif politique prioritaire, la confiscation du suffrage populaire pour barrer la route à une véritable alternative sociopolitique en 2024, dans notre pays.
Pour ceux qui n’ont pas encore compris, l’élection présidentielle du 25 février prochain est en train de se jouer sous nos yeux et son issue dépendra de la vigilance des partis dits d’opposition.
Une « dictature honteuse »
Or, force est de reconnaître que devant cette détermination sans faille du pouvoir de Macky Sall à briser les ressorts démocratiques de notre nation, sous prétexte de lutter contre un terrorisme encore hypothétique, la classe politique a abdiqué ses responsabilités, permettant la mise en place, dans les faits d’une sorte de « dictature honteuse ».
Cela signifie, en clair, que les entorses gravissimes aux normes de l’Etat de droit observées dès l’accession du président Macky Sall au pouvoir en 2012 et aggravées depuis les émeutes de février – mars 2021 sont, à défaut d’être ouvertement cautionnées, tout au moins tolérées par la plupart des partis politiques, dont certains ne sont pas loin de penser qu’il ne s’agit là que d’une incompatibilité d’humeur entre le président sortant et son turbulent opposant en chef.
Certains sont même allés, pour atteindre leurs objectifs politiciens étroits, jusqu’à fermer les yeux sur les atteintes aux droits et libertés, donnant ainsi des gages de docilité et de bonne conduite républicaine, pourvu qu’ils soient conviés au banquet électoral.
Quant aux nouvelles forces politiques, qui sont en train de prendre possession des espaces politiques laissés libres par une gauche vieillissante et épuisée, leurs discours contre la mal-gouvernance, la corruption et l’inféodation aux puissances occidentales font d’autant plus sens qu’elles s’adressent à une jeunesse désespérée, devant la faillite des politiques publiques mises en œuvre par des régimes d’obédience françafricaine.
Néanmoins elles font souvent preuve de naïveté, quand elles prétendent s’inscrire dans le respect des normes républicaines, même quand il apparait évident qu’elles sont bafouées quotidiennement par les politiciens du Benno-APR.
Le hiatus de plus en plus insoutenable entre les besoins croissants de notre jeunesse et notre faible niveau de développement économique entravé par la domination de puissances étrangères est porteur de tragédies indicibles et d’aventures les plus folles. Émigration clandestine, djihadisme, violences politiques pouvant aller jusqu’à des putschs militaires sont autant de signes de désespérance, qui ont fini de discréditer la démocratie représentative bourgeoise. A cet égard, la succession de coups d’état dans la sous-région et au Gabon, accueillis avec bienveillance par les opinions publiques africaines est révélatrice d’une grande aspiration au changement, qu’il est illusoire de vouloir stopper avec des tripatouillages électoraux, encore moins par l’éviction arbitraire de nouveaux candidats porteurs de visions de rupture.
Priorité a la sauvegarde de la démocratie
A l’aune de ces enjeux, le comportement des acteurs politiques de notre pays frise le ridicule.
Avant de se lancer dans des annonces de candidatures tous azimuts, la moindre des choses serait de s’approprier de la plateforme des Forces Vives – F24 et de s’unir pour revendiquer avec plus de fermeté certains points, qui peuvent et doivent être considérés comme des préalables à la tenue des prochaines présidentielles.
Il s’agit notamment l’arrêt de l’instrumentalisation de la Justice, permettant d’envoyer des centaines de citoyens innocents en prison, ce qui passe par le strict respect des droits et libertés (d’expression, de manifestation…) et de refuser d’enquêter sur les bavures policières et les crimes économiques. Il y a aussi la tenue d’élections libres, transparentes et inclusives, ce qui passe par la suppression pure et simple de la loi sur le parrainage citoyen et l’abrogation de certains articles du code électoral portant sur l’inégibilité de certains candidats.
Accepter de participer à la prochaine élection sans avoir réglé ces questions équivaudrait de fait à entériner le coup de force électoral en cours, sous l’œil inexplicablement bienveillant de certains secteurs de la Justice et des forces de défense et de sécurité.
Par ailleurs, après deux alternances ratées, qui n’auront finalement été que de grands moments de déménagements, de transhumance, de détournement d’objectifs politiques et de reniement, il est temps de corriger cette énorme tare de notre système politique qu’est l’hyper-présidentialisme.
Cette « dé-présidentialisation » de nos mœurs politiques passe par le renforcement de la démocratie interne au sein de la plupart des partis et organisations de masse (syndicats, dahiras, mbootay et autres ASC…), caporalisés par leurs initiateurs. Elle suppose également de transférer la fonction d’impulsion de la vie politique jusque-là dévolue au président de la République au Parlement, en revoyant, bien entendu, les conditions d’élection des députés, qui font la part trop belle au scrutin majoritaire, renforçant aussi bien les pouvoirs exorbitants du Président, que sa mainmise sur le pouvoir législatif.
Les douze longues années du règne sans partage du président Macky Sall, dans un contexte de découverte de nouvelles richesses pétrolières et gazières, l’ont amené à caresser le rêve loufoque d’instaurer un projet autocratique, auquel il n’a d’ailleurs pas encore renoncé. Le laps de temps écoulé depuis février – mars 2021 a également fini par édifier tous les démocrates sincères sur les dangers de basculement vers un leadership autoritaire, en usant d’une propagande goebbelsienne, du culte de la personnalité, de l’attrait pour certaines franges des couches moyennes pour la sécurité, l’ordre et la discipline et de la fascination pour l’homme « fort » providentiel. De fait, on a assisté à des évènements, qu’on n’aurait jamais cru possibles dans notre pays, rappelant des dictatures sud-américaines ou d’Afrique centrale.
Tant et si bien que rien ne garantit la sincérité d’un scrutin présidentiel géré par deux personnalités qui ont largement fait la preuve de leurs compétences indéniables dans l’instauration d’un régime dictatorial.
Au moment où des tentations totalitaires se font de plus en plus précises dans l’espace politique sénégalais, tout doit être entrepris, pour arriver à une unité des forces vives de la N-nation, en vue de remettre notre vie démocratique à l’endroit, ce qui suppose de reléguer à l’arrière-plan les préoccupations bassement électoralistes et les plans de carrière personnels.
En portant son choix sur la personne du Premier ministre, le président Macky Sall fait preuve de perspicacité. De par son parcours, Amadou Ba dépassait d’une tête tous les aspirants à la candidature de Benno
C’est avec beaucoup d’intérêt et de passion que la majorité des Sénégalais attendaient cette décision du leader qui a porté la barre très haut durant ces dernières années d’un développement accéléré de notre pays.
En portant son choix sur la personne du Premier ministre Amadou Ba, le président Macky Sall fait preuve de perspicacité et sens du leadership dans le management des hommes, couronnant son magistère du sceau de l’objectivité.
Les partisans et sans partis, indépendants et indécis perçoivent le choix porté sur la candidature de l’actuel Premier ministre comme étant une volonté de poursuivre une politique des résultats et pour approfondir la démocratie dans une double exigence de préserver la stabilité et la paix.
En vérité, de par son parcours, Amadou Ba dépassait d’une tête tous les aspirants à la candidature de Benno.
En politique, tout choix fait apporte son lot de récriminations et frustrations, allant des plus légitimes aux plus farfelues. Mais le plus important étant de rallier toutes les forces significatives par une démarche consensuelle, inclusive en vue de gagner la bataille électorale qui n’est pas une fin mais un moyen de consolidation des acquis pour préserver notre pays de toutes les menaces qui planent dans notre sous-région.
La victoire au premier tour est à portée de main, même si dans une démocratie majeure comme la nôtre, rien n’est gagné d’avance car tout repose sur les humeurs et les pulsions d’intelligence ponctuelle d’un électorat très jeune et souvent séduit par les discours des démagogues et populistes.
Ce n’est pas l’intelligence et l’expérience du terrain qui feront défaut à la Coalition la plus durable au Sénégal. Ce sur quoi devrait porter l’élaboration d’une stratégie électorale performante, c’est la consolidation de la cohésion dans la coalition ; mais d’abord au sein de l’APR fortement gangrenée par une irruption des ambitions spontanées et surdimensionnées.
La théorie d’une authenticité murmurée devra se muer en une force de solidarité globale car la voix authentique est celle du président Macky Sall. L’ébranlement de la machine BEnno en face des ronflements multiples d’une opposition Tassaro peut conduire à une victoire aisée si et seulement si le maillage du pays est accompagné par une coordination et mobilisation qui ne laisse aucune place aux initiatives parallèles et querelles fraternelles.
Une offre nouvelle de renforcement de la vision du président Macky Sall qui est de résultat palpable peut booster les énergies et porter la victoire éclatante du Premier ministre Amadou Ba qui ira à la rencontre du peuple sénégalais.
Les figures promptes à envahir les plateaux de télé doivent également se plier à une certaine discipline pour ne pas rendre confus les offres nouvelles ancrées sur le Plan Sénégal Émergent.
Pour qu’au soir du scrutin présidentiel de 2024, le Sénégal sorte radieux par la volonté de Dieu le génie des citoyens, élargissons les rangs et renforçons les solidarités.
par Assane GUÈYE
PÉNURIE DE PRÉSIDENTIABLES
Le régiment de candidats n’est pas un problème de riche. C’est une indigence. Les multiples déclarations rappellent la pléthore anarchisante de partis politiques et autres mouvements.
Le régiment de candidats n’est pas un problème de riche. C’est une indigence. Les multiples déclarations rappellent la pléthore anarchisante de partis politiques et autres mouvements. En se déclarant d’abord avec tant de désinvolture, on se prive de haute voltige. Après avoir fini de se déclarer sans illusion, on se rend vite compte de l’absence d’euphorie qui est, en vérité, un manque de magnétisme.
Chaque jour avec son lot de cacophonie. Quand tout le monde parle, personne n’est audible. La plupart de ceux qui rêvent de destin d’exception ne font finalement que se banaliser. Le monde banal vient du fait que les monstres sacrés ont été balayés par les symboles d’amateurisme. L’amateur ameute plus qu’il ne fait aimer la chose politique. Bonjour tristesse, chantait la diva.
L’originalité est en voie d’extinction. La rareté des génies en politique ne signifie pas leur totale disparition. Il reste des spécimens. Mais ce qui les spécifie, c’est qu’ils se perdent beaucoup en chemin. Ils se présentent comme des gens de mille chemins, de mille facettes. Le miracle est qu’ils atteignent un jour le graal en raison d’une grande versatilité. Ne restera plus que la retraite politique après s’être illusionnés et avoir passé son temps à franchir le rubicon.
Celui qui vient à l’esprit, c’est Idrissa Seck, incontestablement taillé pour le poste. Mais dont on se demande par quelle alchimie il va composter pour la fonction suprême. Il est un cas d’école parmi quelques rares autres qui ont une aura de chef. N’est pas chef d’Etat qui veut. Particulièrement dans le contexte national et international en rupture d’équilibre. Qui a vraiment les épaules pour mitiger nos galères dans ce Sénégal ? Quelle vision pour apaiser la jeunesse hurlant de désespoir ? Quelle autorité naturelle pour réparer les comportements et lancer le chantier de la reconversion des mentalités ? Il n’y en a pas des masses dans le capharnaüm des ambitions si souvent démesurées.
Présidentiabilité versus éligibilité
Un grand poète et écrivain portugais du nom de Pessoa a fait une ode au travail bien fait : « Ce que tu fais, fais-le suprêmement ». La magistrature suprême n’est pas une simple affaire dans l’air du temps. C’est un costume de bonne coupe. Aucun parasite ne saura abimer la tenue d’apparat ni entacher la cour d’honneur. Ni l’une ni l’autre ne siéent ni au faussaire ni au cleptomane dépourvus du sens du service encore moins de la servitude à son peuple. La prédestination à un grand avenir, c’est une toute autre galaxie. Le style se le dispute au magnétisme. La fonction suprême exige un visage avenant épris de paix. Un type compétent à même de soutenir la féroce compétition du monde. Il est aussi sage qu’expérimenté pour qu’il ne se perde pas dans le labyrinthe de l’Etat ». « La sagesse est fille de l’expérience », enseigne le peintre italien Léonard de Vinci. Mais évitons de tout peindre en noir. Ceux qui s’engagent ont du courage. Ils vont d’abord recevoir des coups. En politique, tous les coups sont permis. Ce dont il faut s’inquiéter est le fait de mettre sur le même plan éligibilité et présidentiabilité. Ce qui n’a rien à voir.
Par Mame Diarra SOW
IL FAUT LIBERER L’OPPOSANT OUSMANE SONKO
Ce ne serait ni laxisme judiciaire ni impunité. Juste par devoir républicain et humaniste
Ce ne serait ni laxisme judiciaire ni impunité. Juste par devoir républicain et humaniste
Monsieur le Président,
Permettez-moi de me joindre à la longue liste de sollicitations et d’alertes, de cris de cœur et cris d’alarme, d’appels au secours et d’appels à la paix d’ici et d’ailleurs pour la libération de l’opposant politique Ousmane Sonko et tous les prisonniers affiliés pour l’intérêt du Sénégal au-dessus de tous et de tout. La libération de cet opposant entre la vie et la mort, une question urgente qui en fait une demande nationale qui s’inscrit dans la tradition de démocratie humaniste de paix du Sénégal. Rare sont ceux qui n’en parlent pas. Nombreux sont ceux qui sont préoccupés par le sort humain de ces dits détenus d’opinion tragiquement emprisonnés car de facto entre la vie et la mort.
Monsieur le Président,
Mon opinion est qu’il serait convenable et souhaitable de faire libérer le détenu Ousmane Sonko et consorts. Tout en étant d’emblée reconnaissant pour la libération récente de certains d’entre eux. Ce qui nous donne une raison d’espérer.
Monsieur le Président,
l’heure est grave, beaucoup de clivages sur ces détentions, beaucoup de chagrin pour leurs familles biologiques et beaucoup de souffrances pour notre vivre ensemble assez crispé. Un temps gris et maussade. Un climat délétère. La menace d’une catastrophe pour des hommes et des femmes entre la vie et la mort est bien réelle. Et si l’impensable arrivait ? Et si l’irréparable se produisait ? Ce serait l’erreur fatale. Ce serait la tache indélébile pour l’histoire. La cruauté de cette situation tragique doit être dite et déplorée de cette manière crue et brute. En se référant à la pensée d’Albert Camus « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ».
Monsieur le Président,
ma conviction est que par devoir républicain et humaniste, en votre qualité de Chef de l’Etat et 1er magistrat de l’Etat nonobstant le respect de la séparation des pouvoirs(exécutif, parlementaire et judiciaire) et en votre qualité de Père de la nation, vous avez Autorité à répondre à cette demande de faire libérer l’opposant politique Sonko et tant d’autres au nom de la paix sociale et de la tradition humaniste sénégalaise.
Faites que Mr Sonko puisse au plus possible respirer à l’air libre en pleins poumons.
Faites qu’il puisse retrouver sa pleine santé et son intégrité physique. Et pourquoi pas une libération assortie d’une prise en charge médicale pleine et entière en vous rappelant au bon souvenir du Président Wade prenant en charge les frais médicaux de ses opposants. Cette libération s’impose quoique cela vous coute. Quel que soit le prix politique.
Surtout, pour conjurer tout risque de noircir l’image du Sénégal dans sa légendaire exemplarité démocratique ou d’obscurcir l’exception démocratique sénégalaise par ricochet la Votre.
Monsieur le Président,
A votre tour d’être convaincu de ce sinistre état de fait.
La remise en liberté de l’opposant politique et consorts est plus qu’une nécessité. Elle s’impose par devoir républicain et humanisme pour l’histoire.
Par devoir de réalisme et de cohérence, par Amour pour vos compatriotes Vous qui avez le « Sénégal au Cœur » et surtout pour la grande histoire de notre glorieuse nation et par ricochet la Votre, Vous qui présidez aux destinées du peuple sénégalais.
Par devoir de réalisme et de cohérence, ma conviction est que la tragédie humaine de l’opposant politique entre la vie et la mort aujourd’hui est puissamment corrélée à votre postérité glorieuse de l’homme d’Etat pour demain. Cette funeste situation telle que décrite aujourd’hui dans les prisons et les centres hospitaliers dédiés est fortement reliée à ceque l’histoire retiendra de votre gouvernance. Ma crainte est que cette situation d’hommes et de femmes dont les états de santé sont préoccupants risque de ternir et d’anéantir votre mission d’Homme d’Etat dévoué à la cause du Sénégal et de l’Afrique dans le monde. Une situation triste qui risque de compromettre le couronnement d’une vie d’homme d’Etat éminemment dédiée à servir. Alors que vous devriez poursuivre votre vocation de serviteur pour le rayonnement du Sénégal et la fierté de l’Afrique dans le monde.
Monsieur le Président,
Ainsi, ne laissez pas des taches indélébiles noircir le tableau. Refusez que des pages sombres soient écrites dans votre chapitre de l’histoire du Sénégal. Refusez que l’histoire assimile la prison de REBEUSS, PAVIILON SPECIAL LE DANTEC OU PRINCIPAL AU CAMP BOIREAU.
Refusez que l’histoire classe le CAMP PENAL DE DAKAR et le CAMP BOIREAU DE CONAKRY dans la même funeste catégorie.
Refusez que des martyrs soient acteurs de votre séquence historique.
Pas de résurgence tragique en nous rappelant l’histoire de cette prison considérée comme le Goulag africain le plus tristement célèbre, aujourd’hui vestige de la période de terreur du Président Sékou TOURE avec son lot d’arrestations. Et bien paradoxalement, comment comprendre de telles dérives sous le sceau de l’homme du NON triomphal du 28 Septembre face au Général de Gaulle. Ceci pour nous rappeler la belle pensée Du philosophe allemand NIETZSCHE « L’enfer est pavé de bonnes intentions et le diable se cache dans les détails ».
Monsieur le Président,
Et surtout, soyez sourd aux murmures des conseillers laudateurs. Et ceux qui crient urbi et orbi « force reste à la loi », « nervis intellectuels » « société civile partisane » etc… N’écoutez point les chuchotements des collaborateurs flatteurs à fortiori les conseils des visiteurs du soir. Tous plus royalistes que le roi et qui marchent au gré du vent de leurs prébendes. IL vous appartient de prendre seul vos responsabilités devant le tribunal de l’histoire. Surtout que votre trajectoire républicaine mérite plus et mieux. D’abord parce que Vous êtes entré dans l’histoire de la République en majesté accédant à la magistrature suprême en 2012 avec une solide légitimité réitérée en 2019, vous n’avez d’autre issue que d’en sortir en royauté. Ensuite pour une vie entièrement dédiée à la conquête et à l’exercice du pouvoir dans un registre éminemment républicain, il serait encore une fois souhaitable de continuer à mettre cette expérience autrement et ailleurs au service du Sénégal et de l’Afrique.
Monsieur le Président,
Par devoir républicain et humaniste, il serait admirable de répondre à cette grande attente : la libération massive de l’opposant O. SONKO et consorts.
Puisque par un soir du 03 Juillet, dans un discours retentissant attendu de tous et entendu partout « après avoir longuement et murement réfléchi » vous avez décidé de ne pas être candidat aux élections du 24 février 2024 pour un 3ème mandat face à l’enjeu de stabilité et de paix sociale. Privilégiant le Sénégal au-dessus de tout et de tous.
A priori, vous avez voulu sacraliser le respect de la parole donnée et préserver votre dignité intuiti personae et votre grandeur d’homme d’Etat. « Je fais ce que je dis ».
A fortiori, vous avez puissamment pris en compte la sauvegarde du modèle républicain et l’exception démocratique sénégalais à l’instar de vos prédécesseurs les Présidents SENGHOR, DIOUF et WADE.
Et ce fut un discours beau, lumineux, fleuri, plein de fraicheur. Qui est venu éclaircir les nuages amoncelés au-dessus du Sénégal et faire baisser la température.
Un discours qui a mis en joie le peuple sénégalais. Tous ont applaudi. En atteste cette foule chantant et dansant devant les grilles du Palais Présidentiel sur l’Avenue Léopold Sédar Senghor. Et hurlant leur bonheur comme si c’était un discours de victoire électorale. Cela se comprend car c’est ce qui était attendu.
Après un long moment de réflexion marqué par de nombreuses polémiques et moult spéculations sur le 3ème mandat. Une attente des partisans et des opposants, des Sénégalais et des étrangers. Et ce fut le grand soir pour les uns et la déflagration pour les autres selon.
In fine, le discours du 03 Juillet demeure anthologique et l’annonce s’y référent a été unanimement magnifiée par tous et partout. Et à partir de ce moment vous avez emprunté le chemin du Panthéon des grandes figures historiques qui font la fierté de l’Afrique.
Toutefois ce n’est que le début du chemin, le début du commencement. Le chemin ne sera pas un long fleuve tranquille. Il sera parsemé d’embuches et Vous avez devoir à l’atteindre. Donc nul besoin de s’encombrer de situations carcérales tragiques.
Surtout que dans un Etat de droit, l’on dit que compte tenu de la règle de présomption d’innocence jusqu’à l’étape finale de l’autorité de la chose jugée ; la détention est l’exception et la liberté provisoire est le principe. Alors pourquoi tant de souffrances ?
Vous avez pleinement et brillamment joué votre partition. L’on vous exhorte à fermer ce cycle en belle symphonie.
Par devoir républicain et humaniste, Vous êtes le Père de la nation sénégalaise soucieux de la famille républicaine, attentif à votre peuple. Vous avez un devoir d’empathie et de compassion. Et c’est à juste raison que les dignes épouses de l’opposant Sonko bien dans leur rôle vous ont respectueusement sollicité pour la mise en liberté de leur époux.
Monsieur le Président,
L’on reste convaincu que par devoir républicain et humaniste leur demande sera satisfaite. Chaque jour qui passe est de trop alors que l’enjeu crucial est de fermer votre chapitre de ce cycle historique triomphalement vous exonérant de tout martyre. Et vous attelant à passer le témoin paisiblement avec l’impératif de salubrité publique, de paix et de concorde nationale.
Au demeurant condition première pour des élections libres transparentes et inclusives qui seules vous permettront de transmettre le témoin à un autre sénégalais qui serait dépositaire de la confiance du peuple souverain.
Votre dernière marche pour couronner votre titre de Président d’anthologie c’est de privilégier la restauration d’un Sénégal uni et réconcilié avant tout rendez-vous républicain. Libérer les détenus, organiser des élections libres transparentes et surtout inclusives. Autre alerte sur ce point essentiel. Ni juridisme, ni interprétation juridique stricto sensu, ni démagogie républicaine. Il conviendrait de poursuivre le dialogue, de l’amplifier avec toutes les forces vives de la nation y compris l’opposant Ousmane SONKO pour conjurer tout risque de contestation post-électorale, tout risque d’instabilité et par ricochet d’insécurité voir de chaos.
La fragilité des pays frères découlant de ce genre de situation et les bouleversements de l’ordre constitutionnel des pays frères découlant de tissus socio-politiques fragiles sont assez édifiants. Que toutes les conditions soient réunies et que le temps requis soit consacré avant tout rendez-vous républicain.
Monsieur le Président,
C’est votre seule et entière responsabilité. La poursuite de ce dialogue n’est ni un choix, ni une option, c’est une nécessite première. Le compromis dynamique vanté par le Président SENGHOR est l’ADN de notre République.
Donc certes, vous avez peut-être hâte de passer le témoin avec votre émouvant discours d’adieu républicain de Touba. Toutefois vous avez devoir à nous présider dans l’intérêt général jusqu’à la dernière seconde. Ne sacrifiez nullement le destin du Sénégal et des Sénégalais sur l’autel des ambitions politiques personnelles et de la démagogie.
Si je vous ai écrit cette si longue lettre en pensant à la célèbre défunte écrivaine Mariama BA c’est pour vous exhorter à finir votre chapitre dans la tradition démocratique sénégalaise. Et de refuser toute tâche qui pourrait entacher et rendre minuscule votre œuvre. Et d’écrire en majuscule et en lettre d’or votre séquence historique avec des perspectives d’avenir pour le rayonnement du Sénégal et de l’Afrique dans le monde.
Que Vive la République.
Que vive le SENEGAL.
Par Abdoul Aly KANE
LA CRISE FINANCIERE MONDIALE EN PERSPECTIVE ET LA QUETE D’UNE NOUVELLE SOUVERAINETE MONETAIRE EN AFRIQUE
Le propos de l’ancien sherpa du Président Mitterrand est, en quelques mots, le suivant : « Une immense crise financière menace. A moins d’agir vite, elle frappera probablement au cours de l’été 2023 ».
Un article de Jacques Attali paru en mai dernier sur la nouvelle crise financière mondiale à venir et des écrits de nombreux spécialistes de la question et des tendances monétaires centrifuges par rapport au Franc CFA, doivent sonner l’alerte sur l’urgence de traiter de ces questions forcément liées au contexte géostratégique actuel.
Le propos de l’ancien sherpa du Président Mitterrand est, en quelques mots, le suivant : « Une immense crise financière menace. A moins d’agir vite, elle frappera probablement au cours de l’été 2023 ».
La situation mondiale ne tient aujourd’hui que par la force du dollar, lui-même légitimé parla puissance économique, militaire et politique des Etats-Unis d’Amérique qui restent le premier refuge des capitaux du monde.
Or les USA sont aujourd’hui menacés par une très grave crise budgétaire, financière, climatique et politique, sur un fond d’endettement public qui fait 120 % du PIB américain ».
Le contexte et causes de cette crise sont identifiés comme suit :
«Aux USA et en Europe, le COVID a nécessité la sollicitation excessive de la planche à billets pour préserver les emplois et l’économie « quoi qu’il en coûte »
La guerre en Ukraine a déclenché des dépenses massives d’armements en faveur de ce pays pesant sur la trésorerie des Etats engagés et de leurs alliés, et remis en cause la mondialisation financière parle biais des sanctions infligées à la Russie.
Une crise bancaire s’est déclenchée au niveau de la Silicon Valley Bank, aux Usa, prolongée en Europe par la faillite du « Crédit Suisse » vite absorbée par l’Union des Banques Suisses (UBS).
La cause de la faillite de la Silicon Valley Bank est connue.
Les obligations qu’elles a souscrites, à une époque où les taux d’intérêts étaient bas (1ou 2% et même parfois proches de 0%), ont vu leur valeur de marché baisser du fait que la FED avait procédé à de nouvelles émissions d’obligations à des taux plus élevés(3, 4, 5%) dans le cadre de la lutte contre l’inflation. Les achats des obligations anciennes ont donc baissé du fait que les nouveaux souscripteurs avaient une préférence pour les nouvelles, plus fortement rémunérées.
Ne pouvant attendre leur recouvrement à date échue, faute de trésorerie disponible pour faire face aux demandes de retraits de ses déposants (start up), la Silicon Valley Bank vendit son stock d’obligations à un coût inférieur à leur valeur comptable, déclenchant par ce fait des pertes d’exploitation alimentant à leur tour des rumeurs de cessation de paiement.
Les pertes comptables étant supérieures aux fonds propres, et les demandes de retraits de dépôts supérieures au disponible, la Silicon Valley Bank fût déclarée en faillite parles autorités monétaires après un « bank run » dévastateur.
La faillite a ainsi tiré son origine d’une remontée trop forte des taux de la FED, et des demandes de retraits trop fortes des clients paniqués de la Silicon Valley Bank
L’endettement des Etats européens et américains constitue la toile de fond des crises financières. Les déficits budgétaires sont tellement importants que les Banques centrales sont obligées de racheter les bons du Trésor émis par les Etats pour leur redonner de la liquidité afin d’éviter qu’ils s’adressent aux marchés financiers à des taux d’intérêts aggravant leur endettement.
Le partage d’une même zone monétaire en Europe est également une donnée du problème de la crise dans ce continent avec une zone euro à deux vitesses : celle des pays endettés tirant avantage de taux d’intérêts bas pour optimiser leur endettement sur les marchés financiers, et celle des pays préférant la stabilité de la monnaie synonyme de maîtrise de l’inflation au niveau statutaire de 2 % via la remontée des taux directeurs, donc des taux d’intérêts.
L’euro fort est une entrave monétaire pour certains pays européens comme la France et explique leur important déficit commercial vis à vis de la Chine.
Au regard de sa valeur actuelle — comparativement à l’ancien deutschemark plus fort — l’euro est en revanche un atout commercial pour l’Allemagne.
Cette zone euro à deux vitesses doit servir d’expérience aux pays africains en matière d’union monétaire.
Evoquant le cas de l’Afrique, justement, Attali s’exprime très clairement : « Les colonisateurs ont développé beaucoup les régions côtières pour exporter les produits bruts vers le reste du monde et pas pour développer l’énorme marché interne qui supposerait des trains, des routes, des infrastructures intra-africaines qui sont clairement ce qui manque aujourd’hui ».
Poursuivant de plus belle, l’économiste affirme : « C’est très inquiétant, surtout quand les termes de l’échange ne sont pas bons. On le voit dans beaucoup de pays africains, le cours des matières premières, en particulier agricoles, n’est pas bon parce qu’ils n’ont pas obtenu la capacité de transformer ces matières premières sur place et que la transformation se fait ailleurs. Quand vous produisez des noix de cajou ou du cacao et que vous ne pouvez pas ou n’avez pas le droit de les transformer sur place, vous perdez l’essentiel de la valeur ajoutée de vos propres produits. Cela parla décision unilatérale des multinationales ».
Cela se passe de commentaires
Concernant toujours l’Afrique, voici une voix autorisée qui résume le modèle économique qui lui a été imposé à l’Afrique depuis la seconde guerre mondiale, date de la dernière restructuration d’envergure de l’ordre économique mondial, modèle à l’origine de la pauvreté et de l’endettement perpétuel.
Insérée dans le commerce mondial pour une part infime (5%) masquant en réalité la valeur réelle des biens exportés du fait du diktat des marchés boursiers, l’Afrique n’en subit pas moins les impacts de ces crises tout particulièrement via l’inflation et l’aggravation du poids de la dette dans les budgets nationaux.
Les banques en tant qu’intermédiaires agréés des acteurs économiques (importateurs et exportateurs), et principaux animateurs des marchés financiers, sont au centre de ces crises cycliques.
Cette crise majeure annoncée interviendrait alors dans un contexte géopolitique gros de changements inédits dans l’organisation de l’économie mondiale, dont le fait déclencheur est le conflit géostratégique Ukraine/Russie avec comme conséquences les sanctions économiques contre la Russie et l’apparition des BRICS comme un nouveau pôle économique mondial.
Le partenariat économique et militaire avec la France remis en cause par des coups d’Etat
Le conflit sus évoqué a trouvé un écho en Afrique, continent en proie à des coups d’Etat remettant en cause les pouvoirs en place mais également dénonçant le politique de la France accusée d’avoir entretenu une politique de coopération économique et monétaire sans rapport avec les besoins de développement des Etats relevant de son « pré carré ».
A ce titre, et après celui du Mali, le coup d’Etat survenu au Niger nous paraît être le plus clivant en termes de remise en question du partenariat économique et militaire avec la France.
A y voir de près, les sanctions contre le Niger sont de l’ordre de celles prises contre la Russie du fait de l’attaque perpétrée contre l’Ukraine, à savoir : le gel des avoirs financiers et monétaires du Niger à la BCEAO et auprès des autres banques commerciales de l’Uemoa, la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les banques du Niger et celles des pays de l’Uemoa, et celle de toute assistance financière de la BOAD jusqu’à retour de l’ordre constitutionnel antérieur.
La différence est que la Russie ne fait pas partie de la zone euro ni de l’Union Européenne, alors que le Niger est partie intégrante de la CEDEAO et de l’UEMOA.
La levée de ces sanctions contre ce pays sahélien dépendra-t-elle du retour à l’ordre constitutionnel c’est-à-dire la réinstallation au pouvoir du président Bazoum ? Au cas où cela ne se ferait pas, l’UEMOA serait-elle prête à prendre le risque d’une sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger hors de la CEDEAO et de l’UEMOA puisque ces Etats sont alliés dans cette crise avec le Niger ?
Ces questions sont d’actualité dans la mesure où le Premier ministre burkinabé, Apollinaire Kyelem de Tambela, a tenu, lors de la conférence de Ouagadougou, les propos suivants : “Les richesses de notre pays sont essentiellement constituées de minerais et de produits agricoles […]. Ce sont des matières premières dont nous ne maîtrisons pas les cours mondiaux. Les prix sontfixés à Paris, Londres et New York. Ils évoluent à la hausse ou à la baisse selon les caprices du marché. Dans ces conditions, il est difficile d’avoir une monnaie stable basée sur ces matières premières, à moins de trouver d’autres garanties. C’est pourquoi nous devrions envisager une alternative sérieuse au CFA”.
Les pouvoirs militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger pourraient-ils être amenés à envisager la création d’une monnaie commune éventuellement liée aux devises des BRICS ?
Si l’on se réfère à la tentation de la République Centrafricaine de passer aux crypto monnaies, il faudrait fortement envisager cette hypothèse si les sanctions contre le Niger ne sont pas levées.
En définitive, une idée reçue semble devoir être relativisée à l’épreuve des faits : Avoir une monnaie en commun conduirait à un développement économique harmonieux des pays concernés.
L’expérience européenne montre une zone euro divisée sur les objectifs de stabilité de la monnaie via des taux directeurs forts de la BCE, dans le souci de préserver la valeur de la monnaie, et des objectifs d’équilibre budgétaire basés sur une politique de taux directeurs bas, et par conséquent de taux d’intérêts négatifs voire voisins de 0 (comme on a pu l’observer dans un passé récent) dans le but d’éviter des charges financières supplémentaires pratiqués sur les marchés obligataires.
Aussi, on peut constater des opinions différentes sur la zone euro et son efficacité. Après le Brexit de la Grande Bretagne, certains souhaitent le « Frexit » en France, et d’autres subodorent une orientation de l’Italie vers les BRICS.
L’euro est considérée par de nombreux économistes comme une entrave monétaire qui explique l’important déficit commercial des pays européens comme la France vis à vis de la Chine.
En revanche, l’un des avantages de la monnaie commune est de permettre une gestion en commun des réserves de changes (comme par exemple en UEMOA) essentielles pour l’importation de marchandises et de biens libellés en devises. La solidarité qu’elle induit permet de prémunir les pays à faible capacité exportatrice contre l’incapacité d’acheter sur le marché international via leurs propres devises.
De ce point de vue les recettes d’exportation de la Côte d’Ivoire, rapatriées à la BCEAO, contribuent grandement à la capacité d’importation des pays de la zone.
La création de monnaies nationales autonomes souvent évoquée se heurte à cette question des réserves de changes qui conditionnent les capacités d’importation, dans une configuration où les marchés intérieurs sont étroits (pas comme la Chine dont le marché intérieur est propice à l’établissement d’une monnaie nationale) et où le commerce intra zone est faible.
Par conséquent, une monnaie commune sans flexibilité peut nuire à des pays à forte capacité d’exportation sur le marché international.
En revanche un pays à monnaie nationale, ne comptant donc que sur ses propres réserves de change, peut se heurter, en cas d’insuffisance de ces réserves, a des difficultés d’importation de biens de consommation et d’équipements.
On a pu observer par le passé que des pays se trouvant dans cette configuration étaient obligés de dégager des priorités pour l’accès à ces réserves de change afin de pouvoir importer.
L’insuffisance des réserves de change renvoie à la faiblesse des revenus tirés de l’exportation des matières premières africaines sans transformation, car, en économie parfaite, les recettes d’exportation doivent pouvoir générer des devises permettant aux importateurs d’ouvrir des lettres de crédit via les intermédiaires agréés que sont les banques commerciales.
Aussi, le débat monnaies nationales vs monnaie commune doit permettre de régler les questions de complémentarité et de renforcement du commerce intra zone, de la compétitivité face aux exportations asiatiques, de la disponibilité de réserves de change pour préserver les capacités nationales d’importation.
Concernant la crise financière à venir, nous sommes peu surpris par les alertes au regard de son déclenchement périodique depuis 1973, date de la création du pétrodollar et de l’abandon de la conversion fixe de la devise américaine en or (35 dollars l’once d’or), et du développement des produits dérivés en parallèle à l’activité réelle.
Cela nous vaut le concept de bulle financière dont l’essence est d’éclater
Narendra Modi
MENER LE G20 AU BOUT DU CHEMIN, SANS LAISSER PERSONNE DE COTE
« Vasudhaiv« Vasudhaa Kutumbakam »- ces deux mots désignent une philosophie profonde. Ils signifient « le monde est une seule famille ». Il s’agit d’une vision globale qui nous encourage à progresser en tant que famille universelle, au-delà des frontières
« Vasudhaiva Kutumbakam »- ces deux mots désignent une philosophie profonde. Ils signifient « le monde est une seule famille ». Il s’agit d’une vision globale qui nous encourage à progresser en tant que famille universelle, au-delà des frontières, des langues et des idéologies. Au cours de la présidence de l’Inde au G20, cela s’est traduit par un appel à un progrès centré sur l’homme. En tant que « One Earth », nous nous réunissons pour nourrir notre planète. En tant qu’une seule famille, nous nous soutenons mutuellement dans la poursuite de la croissance. Et nous avançons ensemble vers un avenir commun – un seul avenir – qui est une vérité indéniable en ces temps d’interconnexion.
L’ordre mondial post-pandémique est très différent du monde qui l’a précédé. Il y a trois changements importants.
Premièrement, on prend de plus en plus conscience de la nécessité de passer d’une vision du monde centrée sur le PIB à une vision centrée sur l’être humain.
Deuxièmement, le monde reconnaît l’importance de la résilience et de la fiabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Troisièmement, il y a un appel collectif pour stimuler le multilatéralisme à travers la réforme des institutions mondiales.
Notre présidence du G20 a joué un rôle de catalyseur dans ces changements.
En décembre 2022, lorsque nous avons succédé l’Indonésie à la présidence, j’avais écrit que le G20 devait déclencher un changement de mentalité. Ce changement était particulièrement nécessaire dans le contexte de l’intégration des aspirations marginalisées des pays en développement, du Sud et de l’Afrique.
Le sommet « Voice of Global South » en janvier 2023, auquel ont participé 125 pays, a été l’une des principales initiatives de notre présidence. Il s’agissait d’un exercice important pour recueillir les contributions et les idées des pays du Sud. En outre, notre présidence a non seulement vu la participation la plus importante jamais enregistrée de la part des pays africains, mais elle a également poussé à l’inclusion de l’Union africaine en tant que membre permanent du G20.
Un monde interconnecté signifie que nos défis dans tous les domaines sont liés. Nous sommes à mi-parcours de l’Agenda 2030 et nombreux sont ceux qui constatent avec inquiétude que les progrès en matière d’ODD ne sont pas au rendez-vous. Le plan d’action 2023 du G20 sur l’accélération des progrès en matière d’ODD sera le fer de lance de l’orientation future du G20 vers la mise en œuvre des ODD.
En Inde, vivre en harmonie avec la nature est une norme depuis les temps anciens et nous avons contribué à l’action climatique même à l’époque moderne.
De nombreux pays du Sud se trouvent à différents stades de développement et l’action climatique doit être une démarche complémentaire.Les ambitions en matière d’action climatique doivent s’accompagner de mesures relatives au financement, changement climatique et au transfert de technologies.
Nous pensons qu’il est nécessaire de passer d’une attitude purement restrictive de ce qui ne doit pas être fait à une attitude plus constructive axée sur ce qui peut être fait pour lutter contre le changement climatique.
Les principes de haut niveau de Chennai pour une économie bleue durable et résiliente mettent l’accent sur la préservation de la santé de nos océans.
Un écosystème mondial pour l’hydrogène propre et vert émergera de notre présidence, ainsi qu’un centre d’innovation pour l’hydrogène vert.
En 2015, nous avons lancé l’Alliance solaire internationale. Aujourd’hui, grâce à l’Alliance mondiale pour les biocarburants, nous aiderons le monde à réaliser des transitions énergétiques en phase avec les avantages d’une économie circulaire.
Démocratiser l’action climatique est le meilleur moyen de donner de l’élan au mouvement. Tout comme les individus prennent des décisions quotidienne pour s assurer une bonne santé à long terme, ils peuvent prendre des décisions concernant leur mode de vie en fonction de l’impact sur la santé à long terme de la planète. Tout comme le yoga est devenu un mouvement de masse mondial pour le bien-être, nous avons également donné un coup de pouce au monde avec des modes de vie pour un environnement durable.
En raison de l’impact du changement climatique, il sera crucial de garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Le mil, ou Shree Anna, peut y contribuer tout en favorisant une agriculture intelligente face au climat. À l’occasion de l’Année internationale du mil, nous avons apporté ce condiment sur les tables du monde entier. Les principes de haut niveau du Deccan sur la sécurité alimentaire et la nutrition sont également utiles dans ce sens.
La technologie est un facteur de transformation, mais il faut aussi la rendre accessible à tous. Par le passé, les avancées technologiques n’ont pas profité de manière équitable à toutes les couches de la société. Ces dernières années, l’Inde a montré comment la technologie doit être utilisée pour réduire les inégalités au lieu de les creuser.
Par exemple, les milliards de personnes dans le monde qui ne sont pas bancarisées ou qui n’ont pas d’identité numérique peuvent être intégrées financièrement grâce à l’infrastructure publique numérique (IPN). Les solutions que nous avons élaborées à l’aide de l’IPN sont désormais reconnues à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, par l’intermédiaire du G20, nous allons aider les pays en développement à adapter, à mettre en place et à développer l’IAP afin de libérer le pouvoir de la croissance inclusive.
Ce n’est pas un hasard si l’Inde est la grande économie qui connaît la croissance la plus rapide. Nos solutions simples, évolutives et durables ont permis aux personnes vulnérables et marginalisées de diriger notre développement. De l’espace sportif, de l’économie à l’entrepreneuriat, les femmes indiennes ont pris la tête de divers secteurs. Elles ont fait passer le récit du développement des femmes à un développement mené par les femmes. Notre présidence du G20 s’efforce de combler le fossé numérique entre les sexes, de réduire les écarts de participation au marché du travail et de permettre aux femmes de jouer un rôle plus important dans le leadership et la prise de décision.
Pour l’Inde, la présidence du G20 n’est pas seulement une entreprise diplomatique de haut niveau. En tant que mère de la démocratie et modèle de diversité, nous avons ouvert les portes de cette expérience au monde entier.
Aujourd’hui, l’accomplissement de choses à grande échelle est une qualité associée à l’Inde. La présidence du G20 ne fait pas exception. Il s’agit désormais d’un mouvement dirigé par les citoyens.Plus de 200 réunions auront été organisées dans 60 villes indiennes à travers tout le pays, accueillant près de 100 000 délégués de 125 pays à la fin de notre mandat. Aucune présidence n’a jamais englobé une étendue géographique aussi vaste et diversifiée.
C’est une chose d’entendre parler de la démographie, de la démocratie, de la diversité et du développement de l’Inde par quelqu’un d’autre. C’est tout à fait différent d’en faire l’expérience directe. Je suis sûr que nos délégués au G20 en témoigneraient.
Notre présidence du G20 s’efforce de combler les fossés, de démanteler les barrières et de semer les graines de la collaboration qui nourrissent un monde où l’unité l’emporte sur la discorde, où la communauté de destin éclipse l’isolement. En tant que président du G20, nous nous sommes engagés à élargir la table mondiale, en veillant à ce que chaque voix soit entendue et à ce que chaque pays apporte sa contribution. Je suis convaincu que nous avons concrétisé notre engagement par des actions et des résultats.
DÉPART GAÏNDÉ, ARRIVÉE MOUSS
On n’en parle plus. Parce que le covid a disparu. Le Sénégal était parmi les meilleurs dans la gestion de la pandémie. Même pour la vaccination, on a «dosé» nos voisins comme la Gambie en lui offrant quelques doses de nos vaccins AstraZeneca, de Sinopharm
On n’en parle plus. Parce que le covid a disparu. Le Sénégal était parmi les meilleurs dans la gestion de la pandémie. Même pour la vaccination, on a « dosé » nos voisins comme la Gambie en lui offrant quelques doses de nos vaccins AstraZeneca, de Johnson & Johnson, Sinopharm...
Laakh jaay faute de preneurs. Dans cette campagne de vaccination, c’est du départ gaïndé arrivée mouss. C’est comme ce Rapport textuellement transmis au juge pour enquête sur la gestion du fonds force Covid. On n’a pas oublié les pyjamas.
Doudou Sall
LA CRAINTE DES COUPS D’ÉTAT EST LA PRINCIPALE SOURCE DES COUPS D’ÉTAT
Le taux de réussite des coups d’Etat en Afrique dans la dernière décennie est très élevé (plus de 75 % de réussite contre 59% entre 1950 et 1960) .
Le taux de réussite des coups d’Etat en Afrique dans la dernière décennie est très élevé (plus de 75 % de réussite contre 59% entre 1950 et 1960) . Sous ce regard, certains observateurs n’ont pas hésité à parler « d’âge d’or » pour les putschs dans ce continent.
L’objet de cette contribution est de démontrer qu’il faut plutôt parler de crépuscule d’une forme de gouvernance de la sécurité que la crainte des putschs a poussé les chefs d’Etat africains à adopter et dans laquelle le critère de « proximité » joue un rôle prépondérant.
La compréhension du concept de critère de « proximité », une analyse des récents coups survenus depuis 2020 et les enseignements à en tirer confirment cette hypothèse.
Le critère de « proximité »
Dans les choix stratégiques et opérationnels, la proximité est un critère incontournable.
Dans les pays sujets à des coups d’Etat, nous remarquons que pour se prémunir des coups d’Etat, ce critère est soit exclusif, soit prépondérant. Dans cette optique, l’opérationnalisation de ce concept est indissociable, d’une stratégie de concentration des pouvoirs en matière de sécurité entre les mains du chef de l’Etat, pour lui permettre de faire des choix discrétionnaires, généralement sous le prétexte du caractère sensible et régalien du domaine de la sécurité. Cette stratégie a pour conséquence un fonctionnement bancal des Forces de Défense et de Sécurité, caractérisé par un déséquilibre dans la distribution des ressources matérielles et immatérielles (équipements, avantages), au profit des hommes de confiance du Président et des unités qu’ils dirigent.
Nous remarquons que cette stratégie s’accommode mal des crises (politique, sécuritaire). Les hommes de confiance ont généralement tendance à profiter de leur position pour prendre le pouvoir.
Il en a été ainsi, de manière constante, dans la plupart des coups d’Etat observés en Afrique. Nous appuyons sur des coups survenus récemment depuis 2020 pour le démontrer. Il s’agit des coups observés au Mali, en Guinée, au Burkina Faso, au Niger et plus récemment du Gabon.
Le cas du Mali
Dans un contexte de quasi-faillite sécuritaire, les Forces spéciales ont joué un rôle déterminant dans les deux coups d’Etat intervenus en août 2020 et en mai 2021 au Mali et qui ont porté au pouvoir leur chef : le colonel Assimi Goita .
Le cas de la Guinée
Dans un contexte d’une crise politique liée à un troisième mandat contestée, la décision du Président Condé de créer en 2018 le groupement des forces spéciales (GFS) et de nommer le colonel Mamady Doumbouya a sa tête a joué un rôle important dans le coup d’Etat du 5 septembre 2021.
Le cas du Burkina
Dans un contexte de quasi-faillite sécuritaire, le capitaine Traoré, un « proche » du lieutenant-colonel Damiba avec lequel il avait fait le coup d’Etat de janvier 2022, a pu en Septembre de la même année, déchoir son ami et prendre le pouvoir.
Le cas du Niger
Dans un contexte politique calme, mais d’une précarité sécuritaire et économique avérée, la Garde présidentielle, avec à sa tête son chef, le Général Tchani a pris le pouvoir à l’insu des autres franges de l’Armée avec lesquelles il a négocié pour obtenir leur ralliement.
Le coup d’État au Gabon
Dans un contexte de crise post-électorale, le 30 aout dernier, le Général Brice Oligui Nguéma, le Chef de la Garde présidentielle, auparavant Aide de Camp du père du président déchu et directeur des services de renseignement de la garde présidentielle a également pris le pouvoir.
Les implications managériales
Sur le plan théorique et empirique, des enseignements pouvant servir d’implications managériales peuvent être tirés.
Sur le plan théorique, la récurrence des coups d’Etat, du fait de la gestion basée sur le critère de proximité s’explique par l’influence du leadership autocratique, du leadership relationnel et de la théorie de l’agent rationnel.
Le leadership autocratique, du fait de sa tendance à favoriser les pouvoirs étendus du chef sur le groupe par le contrôle des collaborateurs et l’absence de contrôle du chef justifie de manière idéale la stratégie basée sur la concentration des pouvoirs entre les mains du chef. Cependant, il est davantage adapté aux petites unités où le chef connait tous ses collaborateurs et peut les contrôler. Aussi, il s’accommode mal aux organisations complexes comme les institutions de sécurité, du fait de leur structuration organique et fonctionnelle à l’échelle nationale.
Le leadership relationnel est un courant du leadership contingent. Il préconise de tisser des relations différentes avec les collaborateurs en choisissant ceux avec qui nous pouvons entretenir des relations de proximité (familières) et ceux avec qui nous devons entretenir des relations plus neutres. Sous ce rapport, l’influence de cette théorie permet de comprendre les privilèges matérielles et immatériels dont peuvent bénéficier les « hommes de confiance » et leurs unités.
La théorie de l’agent rationnel soutient que les individus, dans des situations d’incertitude ou de conflit, ont tendance à effectuer l’action dont le résultat est optimal pour eux-mêmes. Sur ce plan, en cas de crise, les chefs d’Etats sont exposés. Leurs hommes de confiances, agissant comme des « agents rationnels » en profitent pour devenir leurs successeurs.
Sur le plan empirique, le critère de proximité pour freiner les coups d’Etat a montré ses limites. Les États africains ne peuvent plus faire l’économie de la modernisation du fonctionnement de leurs FDS. Celle-ci devrait passer par une plus grande place aux critères de mérite, d’équité et de compétence et de transparence dans le management des organisations de sécurité. À ce titre, le renforcement des droits et obligations de résultats dans ces organisations est un chantier sur lequel la réflexion doit être engagée. Dans les pays où les coups d’Etat n’existent plus, les critères de transparence, de mérite et d’équité sont prépondérants sur le critère de proximité.
Pour conclure cette contribution, nous pouvons dire que la crainte des coups d’Etat sont à l’origine de leur récurrence. Cependant, les coups d’Etat ne doivent pas être une fatalité pour l’Afrique. La modernisation du fonctionnement de ses institutions de sécurité mais également l’acceptation d’une remise en cause des styles de leadership dans ses institutions sont une voie incontournable. Cependant, si le culte du secret et la résistance au changement pour tout ce qui concerne l’organisation de la sécurité ne sont pas questionnés, il est fort à parier que les coups d’Etat en Afrique ont de beaux jours devant eux.
Par Pr Fatimata LY
«LA VIE ETAIT TENDRE ET LENTE» DE FADEL DIA*
«La vie était tendre et lente » est un vœu exaucé : je me suis toujours demandé qui, parmi les nombreux et talentueux écrivains de la FACE, allait enfin retracer la saga de la famille Alpha Ciré tant cette histoire méritait, à mon avis, d’être contée.
«La vie était tendre et lente » est un vœu exaucé : je me suis toujours demandé qui, parmi les nombreux et talentueux écrivains de la FACE, allait enfin retracer la saga de la famille Alpha Ciré tant cette histoire méritait, à mon avis, d’être contée. Plusieurs scenarii s’étaient dessinés et finalement…
Voilà pourquoi, à l’annonce de la parution de l’ouvrage de Mam Cheikh une joie incommensurable et un bonheur infini m’envahirent ; ma joie s’est mêlée au plaisir de la dégustation de ce récit que retraçait une plume puissante qui nous a toujours habituée à une écriture policée, fine et raffinée.
C’est un véritable délice ou régal, on se délecte véritablement tout au long de l’ouvrage ; de la page de couverture jusqu’ à la dernière page et on ne le referme qu’avec une seule envie, celle d’avoir le tome 2, puis le tome 3…
A la lecture du livre de Fadel Dia, une immense nostalgie nous envahit, nostalgie de ce Fouta que nous n’avons pas connu, maintes fois raconté par nos mères, pères, oncles et tantes grand parents et même aïeuls. Ce Fouta que nos parents ont tenté de reproduire en miniature dans l’espace urbain ici à Dakar, à Saint-Louis, Kaolack ou Thiès et autres grandes villes du pays.
Certes pour la génération née après les indépendances, la reconstitution du puzzle des personnages dans l’ouvrage pouvait s’avérer être un exercice difficile voire périlleux sans le secours des seniors et le recours à leur mémoire lointaine. Il est vrai que certains des faits relatés dans l’ouvrage sont familiers à la plupart des jeunes qui ont grandi sous le harnais des témoins de cette époque ; mais également d’autres faits que l’auteur a peut-être intentionnellement occultés. Il est vrai que tout ne se dit pas surtout de la part d’un homme dont le modus vivendi est celui adopté par les « taiseux ». Ceux-là même, qui « tournent la langue sept fois dans la bouche avant de décider de se taire » pour reprendre l’heureuse formule de l’éloquent Samba Ka.
Parmi ces histoires, celle de Mam Padhèle -dont j’avais entendu parler pour la première fois lors du rappel à Dieu de Saidou Nourou Ibrahima Wone prenait une autre tournure à la lecture du livre et j’ai mieux compris parallèle que Mam Assietou Daha tentait de faire à l’époque. Mam Padhèle si lointaine dans le temps puisque grand-mère de mon arrière-grand-mère et pourtant au souvenir encore vivace...
Quand on a été élevé par Sala Poulho puis vécu en proximité avec Badido Allah -petites filles de Marieme Cheikh dite Dédé Maodo, l’ainée d’une génération- certains des récits et certains personnages du livre nous sont plus ou moins familiers. Mais, sous la plume de Cheikh Fadel Dia, les histoires prennent une autre couleur et ont une autre saveur. Le narrateur utilise un style qui nous porte au cœur de l’action comme si nous avions nous-mêmes assisté au déroulement des différentes scènes racontées dans ce livre (Barka Ba, Mam Kany, Diouf… ).
Avec ce livre, nous avons beaucoup appris certes sur l’histoire de la famille Alpha Ciré, les peuls devenus « torobé » malgré leur résistance mais aussi et surtout celle des « foulbé », ces buveurs de lait à la voix nasillarde comme aimait à dire ironiquement une de mes tantes en parlant des « Nduetbhé ».
Les histoires de notre passé sont empreintes d’un profond humanisme (relation entre maitres et esclaves de case ou page pour parler comme Racine Aboubacry), d’une affection débordante (le hayyo, ode à l’amour) et d’une tendresse mesurée et discrète (entre frère et cousin germain) ; le tout enrobé dans un système de valeurs profondément enracinées dans l’inconscient collectif : sens élevé des responsabilités, droit d’ainesse, protection des couches vulnérables, solidarité, morale religieuse (scène de récitation de coran après guérison du grand- père de l’auteur).
Au total, en lisant ce récit de vie où l’auteur réussi la prouesse d’une autobiographie sans parler de lui, l’on est habité par divers sentiments et l’on passe :
• de l’émerveillement des contes de fées (les retrouvailles de Dieynaba Alpha avec sa famille),
• à la douceur (de l’environnement du fleuve, relations affectueuses),
• au suspense (l’auteur perdu à Dakar),
• à l’euphorie(la découverte de la pâtisserie Gentina),
• à l’hilarité (le «coolo» et l’aristocrate, le petit fils et son grand père marabout ),
• à la tristesse (le père qui perd son fils adulte, à l’âge des promesses),
• à la tendresse (la boulette de couscous chaud, scène qui m’a littéralement fait pleurer cadeaux de la coépouse juchée sur la vache pour un long voyage )
• au drame (décès de trois sœurs en couches et je comprends l’excès d’attention dont nous entourait nos mamans lors de nos grossesses et le soulagement à l’accouchement ainsi que les questions anxieuses « o dadhi » ? « o dandi » ? et les prières ferventes « yo niamde wadhehene » ! )
La famille Alpha Ciré est un monde à part, tentaculaire, qui phagocyte ou qui tente de phagocyter tous ses alliés qui fait face à l’altérité de la famille des « Nduetbhé » qui sans tambours ni trompettes assume tout simplement, tout doucement
La vie était tendre et douce et lente. Rythmée par la joie de vivre ; la vie suivait son cours, entrecoupée de drames. C’est l’histoire de la vie avec ses différents personnages chacun avec ses qualités et ses défauts mais pétris dans le même moule et mu par la même force au service de la préservation de « la continuité du lait » pour parler comme le regretté Hamidou DIA.
Ce livre est également une leçon de vie pour tout lecteur, l’on y apprend TOUT :
La sociologie (les régulateurs sociaux, l’organisation en castes de la société), l’anthropologie , la psychologie, la linguistique (locutions pulaar), la médecine (coma post traumatique, maladies génétiques), l’histoire (du Fouta-Toro sur près de deux siècles, de la colonisation) et la géographie (découpage administratif du Fouta), le vocabulaire et l’orthographe (acquisition de nouveaux mots, termes). L’éducation religieuse (la jurisprudence) et l’éducation formelle n’étaient pas en reste avec le portrait d’un des plus grands enseignant éducateur de son temps : Issa Mariéme Cheikh Hamidou Alpha Ciré Kane.
Ce livre est un éclairage pour tout membre de la famille Alpha Ciré et la famille Dia de Nduetbhé. En effet, il nous permet de mieux cerner la personnalité des différents personnages ainsi que leurs descendants (sans se risquer à la psychanalyse, là également le préfacier Abdoulaye Elimane Kane avait averti !). Les hal pulaar résume toute la génétique humaine en une phrase : « so nedho ne tague legnol fof diodjinthe ». On peut regretter dans ce livre, l’absence de certains personnages mythiques de la famille
Parmi les leçons apprises sur certains concepts à la lecture de cet ouvrage, nous noterons : l’approche genre, l’intergénérationnelle et la masculinité positive. Ces concepts que le monde moderne croit avoir inventé alors qu’ils étaient déjà en vogue dans le Fouta de nos aïeuls.
Concernant l’approche genre, la place centrale de la femme dans la vie sociale avec une répartition bien équilibrée des tâches est mise en exergue dans ce récit et la scène des femmes dans le fleuve est ici très éloquente (Peekaan).
Quant à l’inter-générationalité, elle permettait dans nos sociétes traditionnelles de prévenir les maladies neuro-dégénératives des seniors liées en partie à l’isolement social que notre génération croit compenser avec les biens matériels et les billets de banque.
Pour ce qui est de masculinité positive, l’auteur nous montre tout le respect et les attentions dont les hommes entouraient leurs mères, sœurs et épouses.
La lecture de cet ouvrage nous permet donc d’illustrer parfaitement ces concepts dans le quotidien de nos aïeuls et nous montre que nous n’avons rien à envier aux sociétés occidentales. « La vie était tendre et lente » est tout simplement délicieux et savoureux !
Dès lors : revisiter notre passé est un impératif pour le développement durable. Quand je referme le livre sur la dernière page une question me taraude l’esprit : comment une perle, un chef d’œuvre pareil a pu être imaginé pensé, construit, rédigé concocté par un « fou » !
Si Hamady Sala était encore parmi nous il aurait demandé à Samba Sala de rédiger une note de lecture qui aurait été forcément succulente sur ce livre majeur sur l’histoire de familles. Et bien sûr Samba Sala , présent aussi, se serait exécuté au nom du droit d’ainesse, au nom de l’affection fraternelle sans limite qui les unissait, au nom des liens de sang mais surtout de lait. Effectivement le « wadhi Kossam » était le glas de toute requête car cette injonction signifiait que contre vents et marées il fallait s’exécuter, il n’y avait plus aucune alternative.
Merci infiniment Mam pour ce beau cadeau aux « Nduétbhé », aux « yirlabje » et pour la promotion du pulagu ! Et un Grand Bravo pour ta prouesse : écrire une autobiographie sans presque jamais parler de soi ne peut être qu’œuvre de Fou
Par El Hadji Ndary GUEYE
ATTENTION FUTURS CANDIDATS : LE TOURISMEUR
Le secteur du Tourisme, est dans une situation d’hypovitaminose. Il attend thérapeutes et thérapie
Le secteur du Tourisme, est dans une situation d’hypovitaminose. Il attend thérapeutes et thérapie
Au lendemain de la composition du premier gouvernement du président Abdoulaye Wade, je fis une contribution intitulée, « Gouvernement de partage du butin », à l’aune du bazar, des profils peu convaincants, mais surtout de la pléthore des nominations politiciennes, partisanes, sauf celle d’une dame Marie Tissa Mbengue, qui déclina l’offre d’entrer au gouvernement par honnêteté, estimant n’être pas à la hauteur de la charge à lui confiée. A la sortie de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck du gouvernement, l’on crut devoir avec l’équipe restante, organiser des fêtes recommencées sur le boulevard, surtout qu’à l’époque, le président Wade a tenu à son ancien Premier ministre, des propos malheureux : « A présent, nos ennuis d’argent sont terminés »
Les choses changèrent vite en agapes, en virée à travers le monde, en villas cossus à qui mieux mieux et cela m’inspira un néologisme « l’alternoce » très repris. En effet, pour les vainqueurs, c’était dans l’ordre des choses de prendre une sorte de revanche sur leur sort, leur tour d’alterner les privilèges.
Cette allégorie sur les comportements de politiciens au lendemain de chaque joute électorale, renseigne sur l’aspect exclusif du management du pays, réservé sans partage à la classe politique. Les vainqueurs estiment toujours qu’il y a un « butin » à se partager sur le dos de ceux qui sont chez eux et dans l’écrasante majorité, les meilleurs. Hélas, ce modus operandi exclusif, pour la bonne marche du pays, doit être considéré aujourd’hui, comme une attitude surannée, frustrante, éminemment injuste, devenue aujourd’hui insupportable aux yeux des populations qui estiment, n’être que du bétail électoral et pire des moins que rien quand les urnes sont rangées. Une pareille attitude de désinvolture, très snobinarde ne peut créer que colère surtout dans des pays pauvres comme le nôtre où aujourd’hui, il est facile de descendre dans la rue. Ainsi, on fait fi de manière générale, des profils, des compétences avérées, du « tout pour nous », jusqu’à ce tourisme qui nous intéresse dans cette contribution.
Ce secteur n’a jamais eu son homme dans l’absolue.
Un homme du sérail adoubé par les professionnels du secteur. Mais jusqu’ici, ce sont des outsiders, des gens loin de connaitre le b-a.-ba de ce secteur, des personnes qui viennent apprendre, en perpétuel rodage, la plupart, des fonctionnaires ou des politiciens dont le seul critère de nomination, est la proximité avec le Chef de l’État. Il est donc légitime de s’interroger sur l’impact du Gargantua-politicien, de ce prédateur pernicieux, de ce qu’il peut apporter, si ce n’est de la boulimie, de la condescendance, du mépris, de la suffisance qui parfois n’a d’égale que de l’insuffisance dans leur approche managériale du secteur. Et pour cause, l’on est protégé. L’état de sous-tourisme dans lequel, le pays est plongé vient de cet ostracisme, de l’aspect intouchable de sa personne, de cet esprit « I don’t care » vis-à-vis de « ceux qui savent » pour reprendre la formule du regretté Tidiane Aw cinéaste. Le recul de notre pays, jadis modèle offert à l’imitation, vient de cette colonisation du secteur par des rentiers, par les mêmes visages, des hommes de toujours en face du président de la République. C’est le portrait craché de ces soi-disant anges providentiels qui se sont plutôt servis du tourisme qu’ils ne l’ont servi.
Nous sommes aujourd’hui confrontés non sans émotion, au discours officiel du « tout baigne », à des spots sans effets majeurs à même de faire saliver, en lieu et place du factuel, où même les non-voyants peuvent sentir que c’est un recul notoire, avéré du flux touristique sous nos cieux. Nous voyions naguère la flopée d’hôtes-visiteurs dans chaque coin de rue de la ville. Aujourd’hui, c’est le mirage des touristes avec cette hérésie des « statistiques bonheur » pour faire croire au Chef de l’État que le job est fait.
Le Sénégal n’attire plus…
Le Sénégal, n’attire plus faute de stratégies de promotion, de package alléchant par manque d’ingéniosité et surtout du sens des affaires. Si le pèlerinage à la Mecque, est une obligation pour tout musulman qui en a les moyens, il n’empêche que l’Arabie Saoudite, en a fait un modèle de tourisme religieux à nul autre pareil, sans cesse amélioré. Aujourd’hui, la grande offensive géniale du royaume saoudien, en marge du Hajj, est présentement dans le sport avec le recrutement de sommités mondiales du football. Ce qui peut augurer d’un produit-culte, celui d’un couplage : Oumra plus une affiche alléchante d’une ou des rencontres de football. Cette illustration démontre, le peu d’ingéniosité du management de notre tourisme. Le Sénégal est à l’heure actuelle dans le gotha du football mondial avec des ténors sans pouvoir les utiliser comme vecteurs de promotion, quand en revanche, des joueurs de Premier league comme ceux d’Arsenal et récemment ceux du Paris Saint-Germain portent des maillots floqués « Visit Rwanda ». Des pays qui, il n’y a guère, venaient apprendre chez nous, à l’époque du Sénégal, première destination au sud du Sahara, font mieux que nous. Que l’on ne s’y méprenne, le tourisme est un business, une activité devenue technique au fil du temps, un secteur imbibé de géopolitique, paradoxalement drivé par des fonctionnaires, des politiciens qui n’y ont d’yeux que sur leurs carrières et les affaires du chef et non ce devoir républicain, cette envie irrépressible, responsable de servir l’État. Il y a assurément un management paradoxal du tourisme dans notre pays. II est en effet difficile de comprendre et d’admettre comment des concitoyens qui ont pignon sur rue, des professionnels qui ont investi lourdement dans le secteur, soient à la merci de politiciens, d’affairistes dans les coteries, qui n’ont investi aucun sou vaillant. Une gestion fauteuil, peinarde, le doigt dans le nez, sans risques pour leur poche au détriment des cadres du secteur qui ont mis leurs billes. L’échec du boom touristique vient en grande partie de cette mise à l’écart du « right man in the right place ». Aussi, l’autre cause du désamour pour le Sénégal, est dû à un environnement sale, à un décors hideux composé d’agresseurs, à une mendicité têtue, quasi incurable, et pire encore au manque notoire de loisirs. Où est donc la Téranga ?
Le Sénégal est synonyme de désert événementiel…
Le Sénégal est synonyme de désert événementiel, où rien de substantiel, de divin ne s’y passe. L’émerveillement est mort, comme est également mort le Lac Rose, sauf un certain festival de jazz prometteur à ses débuts, aujourd’hui entre des mains inexpertes. La mauvaise vente de la destination Sénégal, c’est encore le peu d’intérêt pour les ZIT (zones d’intérêt touristique), Gorée, l’île-mémoire, classée au patrimoine universel de l’Unesco, délaissée par les Américains qui préfèrent El Mina au Ghana. Quid des croisières éteintes aujourd’hui et de la pêche sportive, rangée dans le catalogue des souvenirs ? Et hélas, dans le bouquet de ceux qui font mieux que nous : le Cap-Vert, la Gambie en nette progression, la Côte d’Ivoire, sortie d’une guerre avec plus de trois mille morts, qui attirent. L’on veut bien se cacher derrière le covid et les troubles politico-sociaux pour justifier l’apathie envers le Sénégal. Que nenni, la France a connu elle aussi le covid avec plus de morts que nous, une année terrible de gilets jaunes et malgré tout, elle caracole. Elle est en ce moment en sur tourisme.
Nous devons être généreux et humbles entre nous, pour le pays face aux enjeux, pour l’emploi, cette demande sociale en constante hausse que le tourisme peut atténuer. Nous n’avons pas d’autres alternatives que de reprendre les choses de manière inclusive en inculquant d’abord une culture touristique et hôtelière dans le tissu social, plutôt qu’un « Taamu Sénégal », sorte de réponse à l’extraversion du Sénégalais lambda dont la propension marginale à consommer, en matière de tourisme est plus pour l’étranger. La massification, voire la démocratisation du tourisme est consubstantielle à son essor, à sa pérennité. Aussi revoyons la saisonnalité qui n’existe qu’ici et pas ailleurs, mais encore trouver la bonne formule pour un tourisme intérieur intégral. Osons l’avenir comme disait l’autre, développons un tourisme d’affaires, autre opportunité de créer des emplois. Faisons de Dakar, un hub d’affaires, davantage, avec sous peu, l’exploitation de nos ressources pétro-gazières.
Le tourismeurt
Futurs candidats à la présidentielle, le tourismeurt, nous n’avons plus ce flux d’antan, encore moins de coefficient de retour car « on n’attire pas les mouches avec du vinaigre ». Venez avec vos programmes, nous irons ensemble « boucher les trous de la jarre » comme disait Ghezzo, roi d’Abomey pour sauver ce secteur dont la bonne marche ne peut plus être l’affaire de politique, de népotisme et surtout de décisions promotionnelles prises dans l’intimité, dans l’inaccessibilité, loin des professionnels. Et pour la première fois dans l’histoire de notre pays, nous définirons de manière concertée : une Politique touristique nationale, servie par un Office du Tourisme et ses hommes.
El Hadji Ndary GUEYE
communicant - consultant en Ingénierie touristique