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28 novembre 2024
Opinions
PAR Boun Abdallah Dionne
JE SUIS CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE
Je m'engage pour une refondation et un réajustement des règles de la vie économique, politique et sociale sénégalaise sur des standards élevés à définir, à partir d’une vision commune de l’avenir
L'ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne sera bien candidat à l’élection présidentielle de 2024. Il l’a fait savoir dans une déclaration que nous publions in extenso.
"Mes chers compatriotes,
Je m'engage.
Comme vous le constaterez, je vous avais entretenu de la candidature de progrès et de développement que j'ai eu à porter dans le cadre de la Coalition Benno Bokk Yaakaar.
Mon engagement politique et mon parcours personnel auprès du président Macky Sall, depuis fort longtemps, m'inclinaient naturellement à la poursuite d'un tel combat au sein de la majorité présidentielle. Toutefois, comme lui-même l'a maintes fois réitéré, « nous sommes parce que le Sénégal est ». Ainsi, les intérêts supérieurs de notre pays devront toujours déterminer notre attitude, primant sur tout le reste. C’est pourquoi je m'engage.
Je m'engage pour une refondation et un réajustement des règles de la vie économique, politique et sociale sénégalaise sur des standards élevés à définir, à partir d’une vision commune de l’avenir. En tant que sénégalais, que voulons-nous devenir, ensemble ? Telle demeure la question fondamentale à laquelle nous avons encore à apporter la meilleure des réponses.
Je m'engage parce que la situation de tensions politique et sociale que nous vivons présentement au Sénégal, exige un processus sincère d’apaisement et de réconciliation nationale.
Je m'engage pour un pacte nouveau, qui réconcilie la République avec sa jeunesse, dont le malaise nécessite l'adoption urgente d'une nouvelle politique nationale de Jeunesse. Désormais, donner un métier à chaque jeune sénégalais et l’accompagner dans son aspiration légitime d’une vie meilleure dans le pays qui est le sien, doit être la sur-priorité des pouvoirs publics sénégalais.
Je m'engage parce qu'il nous faut de nouveaux moteurs de promotion d’une véritable souveraineté économique qui place, au cœur du processus national de création de richesses, les principales forces vives du pays : la femme sénégalaise, la jeunesse dans son ensemble, le secteur privé national, le monde du travail, la société civile et le monde rural.
Je m'engage enfin pour réconcilier davantage la République avec les corps sociaux intermédiaires de notre société afin de mieux soutenir la cohésion sociale de notre nation.
Nous atteindrons ces objectifs de rattrapage économique et social sur une période de cinq ans.
Notre ambition pour le Sénégal s’exprimera à travers une série de réformes et de projets nouveaux qui se déclineront en marqueurs forts dans le programme du gouvernement que je mettrais en place au lendemain de notre victoire, en février 2024.
Ces marqueurs concernent :
· une gouvernance institutionnelle plus déconcentrée et plus équilibrée qui garantit l'efficacité d'une coopération, dans le respect et l’indépendance, des différents pouvoirs de notre République ;
· une meilleure protection des libertés individuelles et publiques par une justice indépendante, gage de la réalisation de notre idéal démocratique et véritable gardienne de la légalité pour tous ;
· une plus grande souveraineté économique renforçant en même temps notre souveraineté politique et protégeant le peuple sénégalais contre la flambée des prix internationaux des denrées qui nous sont essentielles ;
· la rénovation du service public grâce à une administration résolument orientée vers les services à l'entreprise et des réformes qui facilitent l’entreprenariat en général, celui des jeunes en particulier ; l'objectif recherché étant de positionner le Sénégal comme le pays le plus attractif en Afrique subsaharienne au plan de la promotion d'un environnement favorable aux affaires ;
· une stratégie d’appropriation par le peuple de nos ressources naturelles, en particulier en ce qui concerne l'atout pétrolier et gazier du pays, grâce à la transformation locale des ressources et la montée en puissance de l’Etat dans le capital des consortia d’exploitation ;
· des politiques publiques encore plus efficientes dans les secteurs de la santé, de la recherche, de l'innovation, de l'éducation, de la formation, de l'insertion professionnelle, de l’artisanat, de la petite et moyenne industrie, de la technologie, de l’habitat et du cadre de vie ;
· la promotion de chaînes de valeur agroindustrielles compétitives, base de la souveraineté alimentaire nationale.
C'est bien comme cela, avec tous les amis, les coalitions et les partis politiques ainsi que les mouvements citoyens qui se sont manifestés à nous, que nous poursuivrons le rêve d'un Sénégal souverain, industrialisé, inclusif et émergent, maître de son économie et de son destin politique : le Sénégal que nous voulons, le Sénégal que nous partageons.
Oui je suis candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Oui je m'engage.
Vive le Sénégal uni et indivisible !
Par Mohamed GUEYE
CUISSES DE POULET, N’EGORGEONS PAS NOS AVICULTEURS !
Avec 2000 francs Cfa, une ménagère peut se payer un kilo de cuisses de poulet, au moment où il faut entre 5000 et 6000 francs Cfa pour se payer un poulet entier. Comment cela est-il possible ?
Les ménagères le disent maintenant. Dans plusieurs marchés, les étals sont maintenant envahis de cuisses de poulet, probablement d’origine étrangère, et vendus à des prix défiant toute concurrence. Avec 2000 francs Cfa, une ménagère peut se payer un kilo de cuisses de poulet, au moment où il faut entre 5000 et 6000 francs Cfa pour se payer un poulet entier. Comment cela est-il possible ? La réponse va de soi : les importations des abats de poulet ont repris, malgré une interdiction officielle, datant de 2005, et qui n’a pas été levée de manière officielle. Il n’est pas nécessaire de rappeler que c’est à la suite de l’éruption de l’épidémie de fièvre H5N1 ou grippe aviaire, qui a frappé le monde. Se trouvant miraculeusement épargné par cette épidémie, le Sénégal en avait profité pour fermer ses frontières à toute entrée de poulet et de ses sous-produits.
Cette décision courageuse a été un coup de fouet à un secteur qui, avant cette mesure, était à l’agonie. Non seulement les acteurs locaux en ont grandement bénéficié, mais certains en ont profité pour mettre en place des filières porteuses. C’est de cette période que date l’expansion d’une industrie comme la Sedima, pour parler de ceux qui ont le mieux réussi. Mais il n’y a pas eu qu’eux. Même les minoteries qui stagnaient, parvenant difficilement à écouler leurs produits, ont pu fortement améliorer leurs chiffres d’affaires, au point de pousser d’autres à se lancer dans l’activité de production d’aliments de volaille.
Le développement de l’aviculture a également bénéficié à l’agriculture, qui a trouvé des débouchées à des spéculations comme le maïs, le mil et d’autres céréales, que les autorités tenaient à promouvoir.
C’est ainsi que l’on a pu voir l’aviculture passer des pertes estimées à plus de 30 milliards de francs Cfa en 2005, auxquelles s’ajoutait une forte déperdition des emplois, à une situation où l’ensemble du secteur, toutes filières confondues, génère environ 450 milliards de francs Cfa, si l’on se base sur les chiffres révélés par l’ancien ministre de l’Elevage, M. Aly Saleh Diop, en janvier de cette année. Selon les données qu’il a présentées, le secteur produisait l’année dernière, 135 000 tonnes de viande de volaille, pour 1, 3 milliard de tonnes d’œufs, tous en très forte augmentation par rapport aux années précédentes.
Bien sûr, tout n’est pas rose dans le monde. La crise des importations, consécutive à l’épidémie du Covid-19 et à la guerre entre l’Ukraine et la Russie, et surtout aux sanctions et blocus qui ont frappé les exportations de ces deux pays très importants en ce qui concerne la production des céréales, a eu un terrible impact sur les aviculteurs. Les prix des aliments de volaille ont flambé, ce qui a découragé de nombreux petits producteurs.
Cela, d’autant plus que les producteurs locaux de céréales n’ont pas été encouragés et encadrés pour les inciter à produire plus, et surtout à améliorer la qualité de leurs productions, de manière à ce que les transformateurs locaux puissent les intégrer facilement dans la chaîne de production des aliments.
Alors, de manière insidieuse, les autorités regardent des contrebandiers violer les mesures d’interdiction imposées, et introduire petit à petit des produits à la provenance et à la qualité douteuses… Dans ce contexte de forte crise alimentaire et de flambée des prix des produits de consommation courante, la disponibilité de ces «cuisses» semble faire l’affaire des petits consommateurs, mais plus encore, celle de nos autorités. Mieux vaut en effet des aliments de moindre qualité mais à bon prix, plutôt que des produits hors de prix ou simplement inaccessibles. N’oublions pas que les élections pointent à l’horizon. Un calcul qui peut tenir à court terme.
A long terme par contre, nous savons ce que cela va engendrer pour nous. Nous avions connu ce passage avant 2005. Une invasion de produits alimentaires bas de gamme finira par tuer la production locale, et même ceux qui aujourd’hui se considèrent comme «très gros» n’en réchapperont pas. Nous parlons ici de produits venant du Brésil ou des Etats-Unis, où ils ont été subventionnés à coups de milliards, nourris avec des produits à base d’hormones.
Débarqués à Dakar, ils sont toujours dix fois plus concurrentiels que les nôtres, produits dans le respect de toutes les normes hygiéniques et avec peu de soutien de l’Etat.
Ces deux pays, comme l’Union européenne, ont toujours milité pour la levée de l’interdiction des importations de volaille et des produits dérivés. Ils ont payé très cher des campagnes de toutes sortes pour arriver à ces résultats. L’Etat du Sénégal, avec l’appui de ses acteurs, a pu résister jusqu’ici, parce qu’il connaît les conséquences de cette ouverture. Au moment où l’on ne finit pas de compter des pirogues de jeunes gens qui quittent notre pays pour se chercher un eldorado à travers les mers et océans, nous ne devrions pas décourager ceux qui ont cru en leur pays et décidé d’y investir et créer de la valeur ajoutée.
par l'éditorialiste de seneplus, Ibe Niang Ardo
PRÉSIDENTIELLE : Y ÊTRE POUR GAGNER SINON S’ABSTENIR
EXCLUSIF SENEPLUS - À quelques mois de la présidentielle, nous en sommes déjà à plus d’une quarantaine de candidats déclarés. Bien heureusement, tous n’auront pas le bonheur de franchir le filtre du parrainage pour aller vicier le scrutin
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 20/09/2023
Gagner est le seul motif valable à la décision de se présenter à une élection présidentielle, trop sérieuse pour laisser des plaisantins la polluer. Point d’ersatz permis !
Ailleurs, là où l’amateurisme est banni de la politique, devenue une industrie très réglementée qui exige du professionnalisme, s’engager dans une présidentielle implique une activité cruciale qui est celle de lever des fonds ; un devoir qui relève du candidat lui-même, appelé à faire face à des concitoyens et leur demander de l’argent pour financer son projet. Imaginez donc ! Est-il censé de faire cette demande, en ayant la certitude en tête de son incapacité évidente à gagner ?
Non certes ! Cependant beaucoup le font juste pour la satisfaction d’un égo qu’une fortune personnelle miraculeuse a rendu stratosphérique.
C’est ainsi qu’à quelques mois de la présidentielle de 2024, nous en sommes déjà à plus d’une quarantaine de candidats déclarés. Bien heureusement tous n’auront pas le bonheur de franchir le filtre du parrainage pour aller vicier les élections, n’empêche des voix utopistes s’élèvent pour exiger aux noms de la Constitution et la démocratie que l’on supprime cette épreuve du processus et permette à qui veut de se présenter. Cet usage abusif de concepts civiques relève de sortilèges fallacieux indignes d’un homme politique responsable.
Il est un fait notoire, discuté sur toute la place publique et jusque chez les lavandières, que la majeure partie des candidats à minima ne s’intéressent qu’au statut en perspective qui leur permettrait de négocier une place dans les coalitions à venir, à l’effet d’un éventuel strapontin post-élection. Ce ne sont que des joueurs de tiercé qui malheureusement ternissent et pipent le jeu électoral.
Ils feraient mieux pour le bien de tous de retirer leurs candidatures, réfléchir et jouer leur carte avant le parrainage pour rejoindre une coalition à leurs convenances.
L’élection de 2024 a des particularités qui en font une première dans notre pays qui s’avère tellement périlleuse que l’on a besoin d’un gage de rationalité et d’éthique.
Rationalité et Éthiques
La rationalité commence passe par le respect du processus mis en place et des lois et règlements qui gouvernent le processus. Apprendre les lois et règlements qui encadrent l’élection et veiller à les respecter scrupuleusement est un autre principe réputé fondamental à un candidat.
Un candidat multiplie ses risques de ne pas arriver à ses fins en ignorant ou en défiant les lois. Combattre ou dénigrer les lois ne sied pas à un candidat, il se doit de les respecter dans la perspective bienheureuse d’arriver à la victoire et pouvoir procéder aux changements qu’il désire pour le pays. C’est ça qui est rationnel. Qu’est-ce que cela rapporte à un candidat déjà dans la collecte de parrains pour valider sa participation à une élection de mener un combat de la loi qui régit ladite élection ? - Rien sinon plutôt divertir les gens à l’écoute de son projet.
Combien de belles opportunités avortées prématurément à cause de manquements à ce principe ? Parce qu’il y a une chose à savoir : l’être humain aime le changement autant qu’il le craint, en même temps. La mise en place de changements dans la société répond à un timing qui lui est appropriée. Négliger le facteur temps peut réveiller de la résistance dévastatrice pour les initiateurs, mais toujours avec des conséquences pour le pays. Suivez mon regard.
L’éthique, principe qui incite eu égard à la morale à tenir la tête haute, surtout l’éthique de la réciprocité qui est un engagement de respect et de tolérance vis-à-vis d’autrui, doit être de rigueur chez tout candidat et membre de son staff. Parce que ce n’est pas le vote d’un club politique qui décide de l’issue d’un scrutin mais celui d’une masse silencieuse d’indécis qui apprécient les candidats souvent à partir de jugement spontané. Cette masse a une culture donnée qui en dépit du désir de changement lui est plus ou moins confortable.
Pour revenir à mes joueurs, je dirais en conclusion : si seulement les tocards faisaient preuve d’objectivité et d’honnêteté en se retirant pour défaut de motif valable de la liste des partants, nous n’aurions plus besoin du filtre du parrainage. Les élections seraient apaisées si de surcroît tous les candidats s’obligeaient au respect strict vis-à-vis des lois et de l’éthique.
Texte Collectif
REFONTE INSTITUTIONNELLE CONTRE L’HYPERPRÉSIDENTIALISME
EXCLUSIF SENEPLUS – Inverser le repli autoritaire, sauver l’État de droit et réformer les institutions pour une réelle séparation des pouvoirs. "Sursaut citoyen" se présente comme une force de réflexion et d’action progressiste
Le groupe "Sursaut citoyen" se présente comme une force de réflexion et d'action dédiée à la sauvegarde de la démocratie et de l'État de droit au Sénégal. Fortement préoccupé par la constante dérive hyperprésidentialiste postcoloniale, ce groupe, initié par de grands noms de l’intelligentsia sénégalaise, s'insurge contre l'accroissement du pouvoir présidentiel au détriment des autres branches gouvernementales. S'appuyant sur l'héritage de résistance et de défense des libertés civiles du peuple sénégalais, l'initiative entend non seulement préserver ces acquis, mais aussi promouvoir la réforme des institutions en faveur d'une véritable séparation des pouvoirs. Face aux violations actuelles des droits et des libertés, l'objectif est clair : inverser la tendance autoritaire, renforcer l'État de droit et combattre résolument l'hyperprésidentialisme qui menace la démocratie et la stabilité du pays. Composé de 59 membres fondateurs, ce groupe aspire à rallier des citoyens sénégalais soucieux de démocratie, de justice et porteurs de valeurs progressistes. SenePlus, publie ci-dessous, l’intégralité de la déclaration constitutive.
Le peuple sénégalais, grâce à ses organisations progressistes et démocratiques successives, a mené des combats héroïques multiformes pour conquérir l’exercice des libertés civiles et fondamentales, notamment celles d'association, de réunion, d'expression et de vote. Ces conquêtes ont permis la consécration du pluralisme politique et syndical ainsi que l’avènement d’une presse indépendante du pouvoir politique. C’est certainement sur ces acquis que repose la fameuse « exception sénégalaise » qui, surfaite ou non, explique pour une bonne part l’absence de coup d’État militaire et la réalisation de deux alternances politiques à la tête de l’État par les urnes. Toutefois, force est de reconnaitre que ce processus de démocratisation n’a pas réussi, pour l’essentiel, à remettre en cause l’orientation, la structure et le fonctionnement de l’État hérité de la colonisation. Celui-ci a plutôt, au fil du temps, connu une aggravation de son déficit démocratique originel : pouvoir présidentiel autocratique accru, plus forte subordination des pouvoirs législatif et judiciaire à l’exécutif, manipulation plus sophistiquée du processus électoral au profit du parti au pouvoir, gouvernance prédatrice et de détournement des ressources publiques… Ces graves carences de l’État représentent autant d’obstacles à l’approfondissement de la démocratie, notamment au droit des citoyens à la sécurité juridique et à un procès équitable mais aussi à la santé, à l’éducation, à la protection sociale... La nature ambivalente actuelle du régime sénégalais découle de ce double visage. Elle reflète aussi l’équilibre des forces en présence et dont le basculement d’un côté ou de l’autre produit les avancées et les reculs que le processus de démocratisation a connus dans notre pays. Où en sommes-nous aujourd’hui dans ce rapport contradictoire ?
Des reculs graves dans le respect de la démocratie et de l’État de droit
Le président de la République s’est cru fondé d’annoncer publiquement sa volonté de réduire l’opposition à sa plus simple expression et de s’y employer effectivement au vu et au su de tous. Non pas par le débat politique, ni par la bataille d’opinion, encore moins par le ralliement d’une majorité de la population à sa cause. Il s’est agi purement et simplement d’instrumentaliser l’appareil d’État comme arme de guerre politique pour :
Empêcher tout concurrent susceptible de gagner de se présenter à l’élection présidentielle par une utilisation abusive de l’appareil répressif de l’État, notamment judiciaire ;
Étouffer le droit d’expression garanti par la constitution en interdisant systématiquement tout rassemblement et toute marche, en fait tout mouvement populaire de résistance contre son projet, en équipant et en utilisant à cet effet les forces de répression ;
Faire taire toute voix divergente en judiciarisant le débat politique : arrestations et emprisonnements massifs sur la base d’incriminations le plus souvent contestables telles que troubles à l’ordre public, appels à l’insurrection, association de malfaiteurs, discrédit jeté sur les institutions, offense au chef de l’État…
Restreindre de façon drastique la liberté de presse : suspension des réseaux de diffusion et arrestation de journalistes qui n’ont eu le tort que d’informer ou de commenter objectivement sur l’actualité politique.
Pris dans cette spirale répressive folle, le régime ne semble plus avoir de limites et s’est engagé dans les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle : usage de la torture, disparitions non expliquées de personnes, utilisation de nervis à des fins de violence, tirs à balles réelles sur des manifestants désarmés…
Où va donc le Sénégal ?
Cette interrogation qui exprime une profonde angoisse sur le devenir de notre pays n’est plus seulement nationale. Nos frères africains se la posent tout comme nos amis du reste du monde. Nous savons que les arrestations massives actuelles nous rappellent la chasse aux patriotes progressistes opérée en 1960 contre les membres et les dirigeants du PAI. Que tuer autant de manifestants nous ramène aux fusillades de l’armée sur les manifestants mobilisés par le PRA contre la manipulation des élections couplées législatives-présidentielles en 1963. Que la dernière dissolution de parti politique date des années 60 et nous situe donc à quelque soixante ans en arrière. A tous ces égards, le régime de Macky Sall est en train de raturer les conquêtes démocratiques acquises depuis 1968 contre le régime du parti unique et de nous ramener aux plus sombres heures de l’histoire du Sénégal.
Source d’inquiétude en plus, cette répression tous azimuts et l’arithmétique macabre qui l’accompagne se déroulent, avec leurs lots de frustrations et de sentiments de révolte, dans un contexte national explosif. La mal gouvernance faite de gaspillage et détournement des ressources publiques, de bradage sans précédent des terres du domaine national (notamment avec la modification du décret de 1972 facilitant le transfert des terres des paysans aux spéculateurs) a engendré une baisse insupportable du pouvoir d’achat avec le renchérissement du coût de la vie de même que l’aggravation de la pauvreté, du chômage, de la détérioration des services publics de l’éducation, de la santé et de la protection sociale. Elle a particulièrement enfermé les jeunes, la forte majorité de la population, dans des impasses économiques et sociales qui les poussent massivement vers des solutions de désespoir, voire suicidaires : délinquance agressive, émigration par le désert ou la mer… Dans la foulée, la dérive despotique du pouvoir favorise des destructions déplorables de biens publics et privés par des groupes marginaux. Le régime de Macky Sall ne risque-t-il pas ainsi d’allumer la mèche de cette véritable bombe sociale et de plonger le pays dans un chaos d’où il sortira difficilement ?
Sauvegarder la démocratie et éviter le chaos
Il est donc plus que temps que toutes celles et tous ceux qui se soucient de l’avenir du Sénégal mutualisent leurs engagements et leurs capacités pour la sauvegarde et l’approfondissement des acquis démocratiques qui ont permis d’éviter les dérives liberticides et chaotiques que vivent certains pays africains. Nombre de voix, notamment celles d’intellectuels renommés, s’élèvent déjà pour alerter l’opinion sur ces sombres perspectives. Elles méritent d’être soutenues et prolongées dans l’action collective. C’est pour tout cela que nous avons décidé de lancer une initiative progressiste dénommée Sursaut citoyen, un groupe de réflexion et d’action pour la sauvegarde de la démocratie et de l’État de droit.
Qui voulons-nous rassembler autour de cette initiative ?
L’initiative cherche à rassembler dans une vaste plateforme les citoyennes et les citoyens sénégalais, de toutes générations et de toutes professions et sensibilités, vivant à l’intérieur du pays comme dans la diaspora et qui sont attachés à la sauvegarde et à l’approfondissement de la démocratie et du progrès social. La diversité recherchée y est considérée non pas comme un problème mais en tant que ressource et opportunité pour enrichir et renforcer la réflexion et l’action. Ce qui exige le règne d’un esprit d’ouverture et de tolérance de la part de chacun ainsi que le respect de ce qui rassemble tous et toutes dans une même plateforme.
Quels missions et objectifs se fixe l’initiative ?
Missions :
La sauvegarde et l’approfondissement des acquis du Sénégal en matière de démocratie et d’État de droit ;
La contribution au progrès et à la cohésion sociale permettant de désamorcer la « bombe sociale » que constitue l’aggravation de la misère des couches les plus vulnérables, notamment des jeunes, et de préserver la paix.
Objectifs :
Lutter contre les violations des droits et libertés démocratiques en cours, interdictions et arrestations arbitraires notamment ;
Exiger la libération de tous les détenus politiques et des enquêtes indépendantes sur la mort des manifestants de 2021 et de 2023, de François Mancabou, de Didier Badji et de Fulbert Sambou ;
Œuvrer pour des élections présidentielles inclusives, transparentes et démocratiques organisées par une autorité non-partisane et consensuelle ;
Contribuer à l’amélioration de la qualité du débat public et politique en y promouvant l’éthique, la pensée critique et l’argumentation rationnelle et fondée sur des faits probants ;
Contribuer à l’approfondissement de la démocratie dans la phase post-électorale dans le sens d’une refondation des institutions renforçant l’État de droit, en particulier la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, la réforme du présidentialisme autocratique ;
Promouvoir, en tant que solide rempart de la démocratie, une citoyenneté démocratique consciente et active dans l’exercice des droits et libertés comme des devoirs et responsabilités ;
Contribuer à la transformation sociale dans le sens du progrès pour le mieux-être des populations et pour ouvrir des perspectives d’espoir aux jeunes.
Par quels modes d’action ?
Élaboration interne de thématiques, de projets et de programmes en matière de démocratie, de progrès et d’État de droit afin de jouer un rôle de force de propositions transformationnelles : groupes de travail, séminaires, …
Interventions dans le débat public et politique pour y promouvoir les objectifs définis : tribunes, pétitions, déclarations, appels…
Participation aux luttes pour la démocratie : soutien à des initiatives conformes ; prise d’initiatives
Contribution à la transformation : vulgarisation de propositions de réforme dans divers domaines après élaboration interne à travers des conférences publiques, tribunes de presse, divers canaux de communication.
Nous lançons un appel à toutes nos compatriotes et à tous nos compatriotes épris de démocratie et de progrès à la mutualisation de nos réflexions et de nos actions autour de cette initiative pour leur donner la force catalytique capable d’inverser le repli autoritaire en cours, de sauvegarder nos acquis en matière de droits et de libertés et d’ouvrir la perspective d’une refondation de nos institutions en direction de l’approfondissement de la démocratie et d’un authentique État de droit.
Déclaration constitutive signée par les 59 membres fondateurs du groupe qui reste ouvert à d’autres citoyennes et citoyens attachés à la démocratie et aux valeurs progressistes :
Kader Boye, (président) juriste, ancien recteur de l’UCAD, ancien ambassadeur à l’Unesco
Rokhaya Daba Fall, (vice-présidente) agropédologue, New York
Mamadou Ndoye, (coordinateur) expert en éducation, ancien ministre
René Lake, (responsable de la communication) journaliste, Washington
Babacar Buuba Diop, (responsable des études) chercheur, professeur d’universités
Falilou Kane, (responsable des finances) consultant en finances
Paap Seen, (responsable de l’organisation) journaliste, doctorant en Sciences de l’Information et de la communication
Félix Atchadé, médecin, Paris
Hawa Ba, sociologue et journaliste
Selly Ba, sociologue, universitaire
Cheikh Badiane, haut fonctionnaire international, Genève
Alymana Bathily, écrivain, sociologue des médias
Ousseynou Beye, enseignant, Université numérique Cheikh Hamidou Kane
Youssouf Cissé, conseil stratégie et développement
Demba Moussa Dembélé, économiste
Oumar Dia, philosophe, enseignant-chercheur à l’UCAD
Mamadou Diallo, historien, doctorant, Columbia University, New York
Woury Diallo, inspecteur du Trésor, économiste
Abdoulaye Dieye, juriste, professeur à l’UCAD
Bachir Diop, agronome, Saint-Louis
Boubacar Boris Diop, écrivain
Massamba Diouf, enseignant chercheur à la faculté de médecine de l’UCAD
Cheikh Ahmed Tidiane Fall, musicien, ingénieur du son, Genève
Ousmane Ndoye, consultant, développement et gestion de projets
Sada Niang, professeur, University of Victoria, British Columbia
Thierno Souleymane Diop Niang, écrivain
Ada Pouye, expert en développement international et urgence humanitaire
Lamine Sagna, sociologue, professeur à Worcester Polytechnic Institute, Massachusetts
Mouhamadou Lamine Sanokho, ancien gestionnaire
Abdourahmane Seck, anthropologue, Centre d'études des religions de l'UGB, Saint-Louis
Mouhamadou Saliou Ræve Seck, professeur de droit, Université de Nantes
Amadou Lamine Sène, linguiste, interprète de conférences
Mame Lika Sidibé, archiviste, journaliste, experte paix et sécurité
Ibrahima Silla, enseignant chercheur en science politique à l’UGB, Saint-Louis
Cheikh Tidiane Sow, mathématicien et coach en communication politique
Mamadou Abdoulaye Sow, ancien inspecteur du trésor, ancien ministre
Jean-Charles Tall, architecte
Oumou Wane Touré, expert-comptable
Oussouby Touré, sociologue
Mamadou Mao Wane, sociologue, spécialiste protection des enfants
PAR Papa Abdoulaye SECK
FINALEMENT TOUT LE MONDE EST CANDIDAT DÉCLARÉ POUR ÊTRE NOTRE PRÉSIDENT
En lisant, ce matin, les journaux de la place, je constate, encore, que l’actualité est dominée par la prochaine élection présidentielle. Et je tire la conclusion non hâtive qu’on risquerait d’avoir autant de candidats déclarés que d’électeurs.
En lisant, ce matin, les journaux de la place, je constate, encore, que l’actualité est dominée par la prochaine élection présidentielle. Et je tire la conclusion non hâtive qu’on risquerait d’avoir autant de candidats déclarés que d’électeurs. Ce serait grave, car, comme dit l’adage, il faut de tout pour faire un monde. Ce que Nelson Mandela avait bien compris en s’exprimant en ces termes, je le cite :《j’avais toujours admiré les hommes et les femmes qui mettaient leur talent au service de la communauté, ces hommes et ces femmes respectés et admirés pour leurs efforts et leurs sacrifices, même s’ils n’avaient pas occupé de postes importants au gouvernement ou dans la société civile.》. Il voulait motiver ainsi son refus d’être Président de la République, à la fin de l’apartheid, face à l’insistance des dirigeants de l’ANC.
Sans détour, Nelson Mandela avait bien raison : le talent d’un homme ou d’une femme peut bien être d’une utilité sociétale certaine sans l’occupation d’un prestigieux poste politique.
C’est pourquoi je frémis, à chaque fois, qu’un politique parle de tout et de rien en centrant tout sur sa propre personne. Si l’occasion m’était donnée, j’aurais posé à ces messies la question suivante : le meilleur Président de la République, sans des exploitants agricoles, peut-il assurer, par la magie des mots et des projets, une souveraineté alimentaire durable ?
Cette question contient sa propre réponse qui devrait être acceptée sans recours à un raisonnement compliqué qu’on serait seul à comprendre. En clair, un talent individuel doit être au service du collectif.
Au demeurant, je retiens une assertion forte : " un collaborateur, c’est celui qui sait faire ce que je ne peux faire et qui ne peut pas faire ce que je sais faire". C’est une belle illustration de ce que doit être un système efficace, efficient, inclusif et résilient. J’utilise souvent celle-ci en plaidant pour des recherches interdisciplinaires visant à comprendre et à expliquer des phénomènes complexes qui se complexifient au cours du temps.
Que chacun de nous fasse ce qu’il sait faire et mise sur une mutualisation des talents à travers une exploitation raisonnée des complémentarités et le respect des différences.
Le savant Cheik Anta Diop n’a jamais prêté serment devant le Conseil constitutionnel pour nous diriger mais sa contribution a toujours été immense, respectée et admirée de tous.
Que Dieu nous garde.
Par Christian SENE
ABDOULAYE DAOUDA DIALLO OU LE REFUS DE L’INFANTICIDE !
Le fier Peulh, et donc l’éleveur, qu’il est doit sans doute connaître l’adage qui dit que « le coup de patte que la vache donne à son veau ne signifie pas qu’elle déteste ce dernier » !
Le fier Peulh, et donc l’éleveur, qu’il est doit sans doute connaître l’adage qui dit que « le coup de patte que la vache donne à son veau ne signifie pas qu’elle déteste ce dernier » ! Mais surtout, en prenant la décision de renoncer à être candidat à l’élection présidentielle de février prochain au nom de l’intérêt supérieur de l’Alliance Pour la République (APR) et de la coalition Benno Bokk Yaakar dont elle est la locomotive, Abdoulaye Daouda démontre l’amour maternel qu’il porte au parti marron-beige ayant le cheval pour emblème !
Il a eu beau vouloir prendre son destin en main, il a eu beau avoir été poussé à la rupture par ses nombreux partisans qui le pressaient de franchir le Rubicon, il a eu beau avoir avalé des couleuvres, il a eu beau avoir été humilié, la dernière humiliation en date ayant été le choix de son pire ennemi, un militant de la 25ème heure pour porter les couleurs de la majorité à la présidentielle de 2024, il n’est pas parvenu à porter l’estocade à son bébé. L’Alliance Pour la République, il a en effet contribué à la faire naître et il a ressenti en même temps que le président de la République et une poignée d’apôtres comme lui les douleurs de l’accouchement de cette formation politique qui, en quatre ans d’existence seulement, a porté son chef à la magistrature suprême !
Que de sacrifices il a fallu pour qu’il en soit ainsi, quel immense désert il a fallu traverser avant de gagner les prairies abondantes du pouvoir, que de pain noir il a fallu manger avant de parvenir au banquet de la République ! De fait, le leader, Macky Sall en l’occurrence, a su se montrer reconnaissant à l’endroit d’Abdoulaye Daouda Diallo en lui confiant les fonctions les plus prestigieuses qui soient au sein du Gouvernement : ministre délégué chargé du Budget et assurant donc la tutelle des régies financières qui sont la mamelle financière de l’Etat, le stratégique ministère de l’Intérieur, le très technique et vital ministère des Transports terrestres, des Infrastructures et du Désenclavement puis le névralgique ministère de l’Economie et des Finances ! Et s’il n’a pas obtenu la Primature, qui aurait couronné en beauté cette excellente carrière ministérielle, Abdoulaye Daouda Diallo a étrenné une fonction d’une importance équivalente, celle de directeur de cabinet du président de la République avec rang de ministre d’Etat ! Or, dans un système présidentiel, le vrai pouvoir se trouve à la présidence de la République.
En tant que principal collaborateur du président de la République dont il gère l’agenda et qu’il voit plusieurs fois par jour — sans compter la haute main qu’il a sur les innombrables services rattachés à la Présidence —, le directeur de cabinet du Président a donc autant de pouvoirs, voire plus, que le Premier ministre. C’était particulièrement vrai du temps du président Abdou Diouf où les célèbres Jean Collin et Ousmane Tanor Dieng, qui ont eu à occuper cette fonction, étaient considérés comme les véritables détenteurs du pouvoir exécutif. Ayant eu l’honneur d’être élevé à une si haute « station », Abdoulaye Daouda Diallo ne pouvait donc qu’en remercier Dieu. Et rendre grâce au président Macky Sall. Qui, non content de cela, a fait de lui par la suite le président d’une institution, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) en l’occurrence. Il s’apprêtait donc à faire jouer à cette institution son véritable rôle d’aiguillon de la politique économique du président de la République lorsque, à la surprise générale, ce dernier a décidé de ne pas briguer un troisième mandat. Coup de tonnerre dans un ciel sans nuage ! Sonné par cette décision à laquelle il ne s’attendait pas et qu’aucun signe avant-coureur n’avait annoncée, Abdoulaye Daouda Diallo a eu toutesles peines du monde à digérer cet uppercut.
Après avoir recouvré ses esprits, il s’est dit : pourquoi pas moi ? » Surtout que les « apéristes authentiques », ceux de lait, ceux qui n’avaient pas attendu la victoire de 2012 pour adhérer, le poussaient à se présenter car le considérant comme leur porte-étendard. Lui qui bénéficie de la légitimité populaire pour avoir été élu régulièrement député depuis 2012 avant de céder à chaque fois son fauteuil pour aller siéger au gouvernement, lui qui est le maire incontesté de Boké Dialloubé, dans le département de Podor dont il est le patron politique, lui qui a toujours réalisé les meilleurs scores électoraux au niveau national dans cette circonscription, lui qui n’a jamais été pris en défaut de loyauté par le président de la République, lui qui a fait ses preuves dans tous les ministères qu’il a eu à diriger, bref il réunissait tous les atouts pour prétendre succéder au président Macky Sall. Hélas, ce dernier, pour des raisons qui lui sont propres, ou sur la base d’éléments d’appréciation qu’il était le seul à posséder, lui a préféré Amadou Ba qui est son plus farouche ennemi. Et qui a eu à lui en faire voir des vertes et des pas mures lorsque lui, Abdoulaye Daouda Diallo, inspecteur des Impôts et Domaines sous ses ordres, avait eu le culot de suivre l’opposant Macky Sall dans sa rébellion contre les Wade père et fils que l’alors DGID servait avec zèle ! Considérant que c’était l’humiliation de trop, voire un coup de poignard dans le dos, le patron du CESE et membre fondateur de l’APR a voulu laver l’affront en se lançant lui aussi dans la course à la présidentielle. Il s’en était donné les moyens et avait déjà obtenu le ralliement de ténors du parti présidentiel…mais n’a finalement pas sauté le pas. On l’a dit, il y a eu d’innombrables pressions qui se sont exercées sur lui, venant notamment de chefs religieux Hal Pulaar très respectés, le président de la République lui-même l’a pris par les sentiments et reçu plusieurs fois et puis, finalement, il a flanché.
En réalité, Abdoulaye Daouda Diallo ne pouvait pas commettre un infanticide, être celui-là même qui porterait un coup fatal à ce bébé dont il a contribué à la conception. En conséquence de quoi, il a décidé de retirer sa candidature à l’élection présidentielle. Il a expliqué samedi, face à la presse, les raisons de ce rétropédalage. « L’épreuve du suffrage universel lors des récentes élections locales et législatives m’a convaincu que la division est le plus grand ennemi d’un parti politique. Nous nous devons donc d’être à la hauteur des enjeux de l’heure et soucieux de l’intérêt général. Ainsi, après plusieurs rencontres avec le président de la République, après plusieurs échanges avec mes camarades et sympathisants, j’ai décidé, au terme d’une mûre réflexion, de répondre à l’appel du Président, de privilégier l’unité et la cohésion à cinq mois du scrutin présidentiel ».
Dès lors, la messe était dite ! Comme la malheureuse maman qui, dans le célèbre jugement de Salomon, avait préféré voir l’usurpatrice partir avec son propre bébé plutôt que d’accepter qu’il soit découpé en deux comme le proposait malicieusement le Roi, Abdoulaye Daouda Diallo a choisi la survie du régime APR-Benno plutôt que son intérêt personnel au risque de contribuer à la mort du bébé qu’il a enfanté !
par Mamadou Lamine Sow
AIR SÉNÉGAL, SOURCE DE CONVOITISE, CORSAIR ET AIR FRANCE À L’AFFÛT
Puisse Air Sénégal profiter d’un partenariat gagnant-gagnant, juste, loyal et équitable pour son avenir et pour le bien de l’industrie du voyage au Sénégal
Suite à une situation financière préoccupante, l’État du Sénégal est au chevet de la compagnie nationale Air Sénégal, pour résoudre les termes de sa relance et donc de sa survie.
Cette semaine la presse a révélé d’éventuelles négociations envisagées ou en cours entre Air France, Corsair et Air Sénégal pour un partenariat avec un retour de Corsair sur la desserte Paris-Dakar-Paris.
Selon L'Observateur, « Corsair souhaiterait établir un partenariat avec Air Sénégal dans le cadre de son éventuel retour à Dakar, une démarche qui vise à créer un environnement de concurrence dynamique sur la ligne Dakar-Paris, aux côtés d'Air France qui est déjà présente sur cette relation ».
Selon Le Témoin, « les directeurs généraux de Corsair et d’Air France auraient sollicité directement le président de la République Macky Sall pour pouvoir acquérir des actions et soulager l’État du Sénégal par rapport à la réalisation de ses ambitions pour Air Sénégal ».
Aujourd’hui, les opérations aériennes d’Air France sont de plus en plus mises à mal en Afrique de l’Ouest où la situation géopolitique l’a contraint à suspendre ses dessertes monopolistiques dans trois pays sahéliens à raison de 7 vols par semaine à Bamako, 5 à Ouagadougou et 4 à Niamey.
Le détour par le Sénégal devient de plus en plus incontournable, mettant Air Sénégal au centre de la stratégie de contournement. Ce qui fait dire qu’Air Sénégal est aujourd’hui, source de convoitises.
Air Sénégal, entreprise d’État à capitaux publics, a subi de plein fouet, au même titre que les autres transporteurs aériens, les aléas conjoncturels dans un contexte économique, politique, et social mondial perturbé. Cependant, elle a multiplié les risques techniques et budgétaires dans une stratégie de croissance externe dont elle n’avait pas les moyens opérationnels et financiers, contribuant ainsi à une insuffisance de trésorerie à l’ouverture de ses lignes long courrier.
Les conséquences négatives de ces occurrences sur ses opérations l’on conduit à aller à la recherche d’une poche profonde pour assumer ces risques à sa place.
La tutelle n’a pas les moyens de suivre une augmentation de Capital, ni de rester politiquement actionnaire unique ou majoritaire après tous les efforts consentis depuis sa création ; ce qui rend davantage, la situation pressante et préoccupante car il n’est ni de son intérêt, ni de celui des travailleurs de laisser Air Sénégal sombrer par corps et biens.
Voilà où l’on en est !
Le partenariat sollicité sur le marché France va de toute évidence, engendrer une concurrence frontale entre les différents acteurs, cependant à un niveau moindre avec Air France (AF) qui cible la clientèle haut de gamme. Air Sénégal n’a pas encore les reins solides pour jouer avec les mêmes règles du jeu et les mêmes cartes que ses concurrents.
Pour surmonter ses difficultés structurelles, Air Sénégal gagnerait davantage à s’imposer à l’échelon national et régional pour être une major régionale avant d’imposer sa présence à l’international. Elle en avait les moyens et les capacités. Ces acteurs n’arriveront donc pas à se mettre d’accord. La pression s’imposera et imposera le deal.
Le journal Le Témoin a d’ailleurs annoncé que les autorités de tutelle, réticentes au départ ont finalement engagé des discussions sur les modalités d’un éventuel partenariat que des employés-cadres sénégalais qualifient de non-bénéfique à long terme pour Air Sénégal, des manœuvres qui suscitent craintes et réticences de leur part.
Ces cadres de la compagnie nationale craignent que l’entrée de Corsair ou d’Air France dans le Capital risque de plomber les ailes d’Air Sénégal.
À vrai dire, d’un point de vue purement technique, le marché serait mieux servi lorsqu'un seul transporteur est en mesure d’y opérer car, lorsque les coûts d’exploitation sont élevés et la demande insuffisante, la concurrence nécessite une duplication des immobilisations et des actifs à coûts fixes, ce qui engendrerait une inefficacité globale du système concurrentiel, un risque prévisible sur cette ligne phare.
L’État du Sénégal en sa qualité d’actionnaire unique, n’a pas cependant, trente-six mille solutions, mais une équation à résoudre : comment désendetter Air Sénégal ? c’est-à-dire, comment Air Sénégal pourrait restructurer sa dette envers ses créanciers, augmenter ses performances et dépenser moins que ce qu’elle ne gagne et ce, de manière constante et durable.
Toute autre tentative de résolution du problème ne fera que rajouter à la complexité de l’équation à résoudre. Des spécialistes de la question peuvent accompagner Air Sénégal dans sa requête de restructuration de sa dette et des investisseurs institutionnels peuvent également l’accompagner dans sa quête d’«equity», ceci est possible et disponible à condition de frapper aux bonnes portes.
Forger des partenariats, c’est avant tout accepter de globaliser son réseau de routes en vue d’une optimisation de la productivité, d’une minimisation du cout au siège et d’une maximisation des recettes.
Est-ce la ferme volonté d’AF et de Corsair ? ou simplement, la manifestation d’une réal-politique fondée sur l’anticipation stratégique d’un pari sur l’avenir : un pré-positionnement ?
En méditant sur l’état d’esprit qui prévaut dans le milieu des cadres de l’entreprise, repris par le journal le Témoin, l’inquiétude gagne !
« …Malheureusement, la clé de leur succès repose en général sur une agression commerciale, une concurrence déloyale et une géopolitique de la ruse qui ne profitent guère à des compagnies remorques ou partenaires de second…ciel. »,
Pour rappel, Corsair fut un acteur majeur sur la relation Paris-Dakar de 2012 à octobre 2018, où son retrait a été demandé par les autorités sénégalaises pour permettre au lancement d’Air Sénégal sur la ligne en vertu des principes sacro-saints d’égalité des chances, de réciprocité et d’équilibre des capacités.
Corsair reliait Paris à Dakar avec toute la qualité du service requise, à raison de 7 vols par semaine ; en six ans d’exploitation, elle avait relevé le trafic et baissé les tarifs, avec près de 135 000 passagers annuels représentant 45% du marché.
En dehors des arrières pensées légitimes, il faut noter que la concurrence est consubstantielle au transport aérien. L’exploitation de la ligne Dakar-Paris mettra ces transporteurs en parfaite compétition pour permettre le développement d’une offre de transport aérien qui réponde de manière satisfaisante et durable à la demande réaliste et durable et aux besoins des échanges commerciaux, économiques, culturels et citoyens.
Cependant à terme, ce marché, bien que bénéfique aux consommateurs, sera très vite surcapacitaire pour trois gros porteurs ce qui dégradera sa rentabilité et verra la sortie de l’un des acteurs. Ma conviction est que ce sera le plus faible, le moins préparé et le plus vulnérable. C’est-à-dire Air Sénégal qui devra désormais se satisfaire de son réseau domestique et régional à consolider.
AF et Corsair sont convaincus de la défaillance d’Air Sénégal sur le long courrier.
Néanmoins, la plateforme AIBD, l’autre acteur essentiel du système des transports aériens sénégalais en sera, tout de même, le grand gagnant, en voyant sa clientèle et son trafic global augmenter. L’aviation est un écosystème global où les visions et actions de chacune des parties prenantes ont nécessairement un impact croisé sur les autres, ce qui aura pour effet de réaliser des aéroports efficaces et profitables.
Le président Macky Sall avait dit dans son discours d’ouverture de l’aéroport AIBD : « L’ouverture, en décembre 2017, du nouvel Aéroport international Blaise-Diagne illustre notre ambition de faire émerger un hub aérien de dimension internationale….
Air Sénégal vient donc compléter cet environnement et conforter cette dynamique vers l’émergence du Sénégal…. Notre ambition ne signifie cependant pas repli sur soi. Air Sénégal tissera des alliances avec les grandes compagnies aériennes internationales pour renforcer son positionnement et accroître ses capacités de trafic dans un ciel très concurrentiel…. Le salut du secteur aérien passe comme partout par l’ajustement stratégique des réseaux de routes aériennes, la conclusion d’accords de partage de recettes et la mise en œuvre de coopérations techniques…. L’orgueil national n’a pas sa place dans un environnement où la productivité requiert d’asseoir son modèle d’exploitation, de réduire ses coûts et de coordonner son développement…Air Sénégal est à la croisée des chemins, elle doit échanger avec d’autres compagnies pour trouver des axes de coopération ou d’opportunité de mettre en commun des moyens sans lesquels tout succès se révèle impossible… ».
Une concurrence saine dans le marché aérien est bonne pour notre pays. Elle profite aux consommateurs en maintenant les prix bas et en préservant la qualité et le choix des produits et services. C’est le consommateur qui a le pouvoir dans un marché concurrentiel avec une offre plus variée. La concurrence saine, la vraie, la loyale, stimule notre économie, aide le Sénégal à réaliser son plein potentiel économique et profite aux sénégalais au moyen d’une diminution des prix, d’un plus grand choix et d’une qualité et d’une innovation accrues.
Puisse donc, Air Sénégal profiter d’un partenariat gagnant-gagnant, juste, loyal et équitable pour son avenir et pour le bien de l’industrie du voyage au Sénégal.
Mamadou Lamine Sow est ancien DG aviation civile (ANACIM), ancien DG Air Sénégal
L'erreur du leader de Pastef fut peut-être, porté par cette vague populaire, d'oublier que la politique, ça ne consiste pas à suivre le courant, mais à indiquer le cap, et que la valeur d'un Général, réside dans sa stratégie et non dans son courage
« Etre roi est idiot. ce qui compte, c’est de faire un royaume ». André Malraux
En politique, le devoir de faire l'emporte sur le pouvoir de dire. Il n'empêche que la politique demeure pourtant une affaire de politesse, et de perspicacité dans la stratégie.
Thomas Sankara auquel pourtant Ousmane Sonko voue une quasi idolâtrie, au point de faire ses interviews à côté de son bien visible portrait, aimait dire qu'en politique, comme en pharmacie, il fallait toujours agiter la solution avant de s'en servir, autrement dit, en éprouver les impacts, avant qu'elle ne devienne, "buvable et digeste".
C'est presque une opportunité, certes aux accents funestes, qui s'offre aux Patriotes, d'être dans une situation de devoir comme on dit "passer leur tour", au grand dam des militants qui avaient au vu de sa fulgurante percée, imaginé que "Le Grand Soir était arrivé", et qu'il suffisait de diffuser des slogans vindicatifs, parfois aux confins d'un ressentiment teinté d'une haine sans objet clairement défini, pour capitaliser et entrevoir l'aboutissement inéluctable d'un projet politique, qu'aucun leader de Pastef n'aura cru bon d'en dessiner les contours et d'en pointer avec leurs militants, devenus des quasi-talibés, les obstacles dressés sur le chemin pourtant nécessaire à prendre vers une nouvelle République.
Cette adhésion d'une jeunesse transie "d'espoirs désespérés" aux discours martiaux d'Ousmane Sonko, qui avait une solution pour tout, sans exiger des populations qui buvaient ses paroles comme d'Evangile, de s'accomoder à la nécessité d'efforts de réflexion, de compréhension et de transformation du "mindset" sénégalais, et les préparer à la dure réalité que pour changer le Sénégal, il convenait avant tout de changer le Sénégalais.
L'erreur du leader de Pastef fut peut-être, porté par cette vague populaire, d'oublier que la politique, ça ne consiste pas à suivre le courant, mais à indiquer le cap, et que la valeur d'un Général, réside dans sa stratégie et non dans son courage. Passant sans s'en rendre compte du populaire au populisme, les cadres des Patriotes se mirent à parler aux instincts, parfois bas, et plus du tout aux neurones, déposant leurs ubris dans d'insoutenables raccourcis. La "Sonkodépendance"?
Le "So ko lalé" chanté en quasi état de ferveur religieuse et d'adoration par des milliers de jeunes partout où il allait, finirent de faire oublier à Ousmane Sonko, que face à un État, quel qu'il soit, il convient, comme dans la vie d'user de souplesse et d'ouverture pour s’adapter à la stratégie de son adversaire, sachant qu'on n'obtient rien en fonçant tête baissée dans le mur. Sonko lui-même s'est conduit comme un kamikaze ou du moins comme un martyr islamiste palestinien, qui se serait mis une ceinture d'explosifs et qui aurait confié le détonateur aux Israéliens.
Aujourd'hui, la faiblesse de Pastef demeure dans le fait que plus les espaces de débat éclairé et faits de propositions seront ouverts, moins il y aura des dérives graves de la part des acteurs partisans. Le fait de parler à partir d’un groupe partisan homogène, c’est comme agir en foule, on perd le sens de la mesure ! D'ailleurs les jeunesses de Pastef sont omnibulées par l'importance qu'elles accordent au nombre de vues sur YouTube, espace d'échanges et d'entre-soi, qui de fait favorise les fake-news, les approximations et aussi les punchline vides de sens, accentuant gravement leurs faiblesses doctrinales. Sans oublier les carences en responsabilité politique de certains de des cadres et compagnons d'Ousmane Sonko, qui auront pu en toute désinvolture traiter Macky Sall d'empoisonneur et Alassane Ouattara d'assassin en une seule et même phrase, démontrant négativement au peuple sénégalais, que des personnages aussi légers auraient pu se trouver en position d'être Premier ministre d'un pays gouverné par ce qu'ils avaient coutume d'appeler PROS. Alors, ivres de rue publique, certains pensent que pour prouver leur courage, il faut être péremptoire et oser des énormités, dévoilant souvent ce caractère lâche de ceux qui insultent leurs adversaires planqués derrière l'écran de leurs ordinateurs. La haine de l'adversaire comme programme de gouvernement, c'est vraiment court, elle assombrit l'esprit et fait obstacle à la stratégie. Cependant, il convient ici d'avoir l'honnêteté de dire que le combat de Pastef, hormis ses dérives flagrantes, s'est basé sur un constat de prédation quasi criminelle d'un pouvoir sans réaction judiciaire à ce sujet. Leur combat était juste. Leur méthode reste inadaptée.
Quelle que soit la lettre qu'on lui adjoint, A, B, ou C, un autre plan est nécessaire.
Les Patriotes sont à ce point restés focalisés sur l'homme providentiel, seul détenteur de la vérité et des clés de l'inéluctable victoire, que la probable absence d'Ousmane Sonko de la prochaine présidentielle, ne leur ouvre comme seule perspective héroïque, que d'en empêcher la tenue, adossés à un suicidaire jusqu'au-boutisme, qui justifie de tout cramer, au lieu de dérouler, même absent, ses idées, sa vision, et de l'installer durablement dans les esprits de ceux qui avaient su faire coincider leurs rêves et leurs espoirs, avec ce que cet homme proposait du plus profond de sa probité, de son patriotisme et de sa détermination, à faire exister un projet qui avait enthousiasmé les Sénégalais, notamment la jeunesse, prête à tous les sacrifices pour le réaliser.
La rue n'est pas et n'a jamais été une réponse à un pouvoir même dictatorial, et la seule voie d'accès au pouvoir est celle qui passe par les urnes, remplies par ceux auxquels il a été demandé de dépasser les réactions émotionnelles, et de faire du combat politique, une réflexion stratégique, portée par des hommes et des femmes, qui auront été formés à en diffuser les préceptes et à dérouler des compétences et des aptitudes propres à poser les cadres et les moyens d'atteindre les objectifs définis par leur vision. L'espoir n'est pas une stratégie, la chance n'est pas un paramètre, la peur n'est pas une option. Le changement ne peut être que démocratique. La bataille, c'est les urnes ! Pour changer, faut les remplir...
par Madiambal Diagne
DE QUI SE MOQUE JEAN-LUC MÉLENCHON ?
Le leader de la France Insoumise s’invite allégrement dans la vie politique sénégalaise pour des leçons condescendantes. Prendre comme paroles d’Evangile toutes les sorties d’un opposant français sur le Sénégal en dit long sur la faiblesse de nos élites
On ne peut que se féliciter que Jean Luc Mélenchon, leader de la formation politique La France Insoumise (Lfi), entre en religion de républicanisme. Il a chevillé son parcours politique par un extrémisme de gauche qui remet fondamentalement en cause l’autorité de la loi et le respect des institutions. Il pourfend systématiquement les forces publiques, les institutions judiciaires et politiques, surtout si ces dernières sont incarnées par des personnes qui ne sont pas de son bord. Il suscite donc régulièrement la polémique en France et trouve, de par le monde, des amis, pour ne pas dire des alliés, les plus bizarres ; en ce qu’ils ne sont guère des modèles de démocrates ou de respectueux des droits humains, des libertés et principes démocratiques.
Mais ces dernières semaines, il a repris son duel à fleurets mouchetés avec Fabien Roussel, Secrétaire général du Parti communiste français (Pcf). Franchement, on a quelque part envie d’applaudir le «camarade» Jean-Luc Mélenchon quand il s’insurge contre l’appel de Fabien Roussel à se rassembler devant les préfectures et «les envahir même, si nécessaire», pour demander à l’Etat «d’agir» face à la hausse des prix de l’alimentation, de l’énergie et des carburants. Jean-Luc Mélenchon estime à juste raison que «cette initiative violente est purement personnelle. Elle n’a été discutée nulle part, pas même au Pcf. Je crois donc qu’il ne serait pas raisonnable de s’y associer compte tenu de la violence qu’elle supposerait dans cette impréparation totale», estime-t-il. M. Roussel avait assuré qu’il était pour «l’action non violente», mais disait craindre «des irruptions de la faim». Il poursuit : «Je préfère qu’un parti politique, [que] des organisations syndicales, [que] des associations organisent cette colère et l’expriment en direction des représentants de l’Etat que sont les préfets, mais aussi les ministres, le président de la République, pour demander (…) que ça bouge», a-t-il argumenté. Fabien Roussel avait aussi lancé un appel «à envahir les stations-service et les grandes surfaces», estimant que c’était de la «légitime défense», face à la hausse des prix. Sur les prix de l’essence et de l’alimentation, «on se fait plumer, attaquer, racketter, et on ne devrait rien dire ? Il y a des mesures concrètes à mettre en œuvre pour baisser les prix, les bloquer par le bas (…) Nous appelons à être mobilisés, à envahir les stations-service, les grandes surfaces, les préfectures, parce que l’Etat est responsable», a-t-il justifié. «C’est une question de légitime défense.»
Un vulgaire règlement de petits comptes politiques ?
On se retient à applaudir cette nouvelle posture de Jean-Luc Mélenchon, et pour cause ! Le Secrétaire général du Pcf avait maintenu sa candidature à l’élection présidentielle de 2022. La Lfi estime que n’eussent été les 2, 28% de suffrages récoltés par le candidat Roussel, Jean-Luc Mélenchon (21, 95%) aurait été qualifié à un second tour, face à Emmanuel Macron (27, 85%), car il aurait devancé la candidate du Rassemblement national (Rn), Marine Le Pen, (23, 15%). La même logique aurait pu pousser le Rn à dire que sans les candidatures de Eric Zemmour et de Nicolas Dupont-Aignan, la candidate du Rn serait arrivée en tête du premier tour !
Ironie du sort, c’est Fabien Roussel qui se démarquait ou se «désolidarisait» de Jean-Luc Mélenchon, considérant que le discours du patron des «Insoumis», sur les émeutes, est trop virulent à ses yeux. C’est dire simplement que Mélenchon reproche à son «camarade» de Gauche ses propres turpitudes et ses élans démagogiques exagérés.
La condescendance de Mélenchon envers les Africains
La politique intérieure française ou les petits crocs-en-jambe ou coups bas, ou même les petits meurtres entre amis et faux amis de la Gauche, auraient pu être le cadet de nos soucis. Mais Jean-Luc Mélenchon s’invite, régulièrement et allégrement, dans la vie politique du Sénégal pour nous donner des leçons hypocritement condescendantes. En effet, jamais le leader de Lfi n’ose se mettre devant une caméra de télévision, pour demander que le Palais de l’Elysée soit attaqué par des manifestants pour déloger le Président Emmanuel Macron, le traîner dans la rue et le découper en petits morceaux, afin de lui réserver le sort fait à Samuel Kanyon Doe, Président du Liberia, un macabre 9 septembre 1990. Jean-Luc Mélenchon ne peut dire n’avoir pas pris connaissance d’un appel similaire lancé, de manière répétée au Sénégal, par Ousmane Sonko, leader du parti Pastef. Pourtant, quand la Justice sénégalaise arrête ce leader politique, Jean-Luc Mélenchon lui apporte un soutien, pour flétrir la «dictature de Macky Sall, en marche au Sénégal». Pourtant, Jean-Luc Mélenchon voudrait ignorer les actes contre les opposants de Vladimir Poutine (Russie), de Nicolas Maduro ou de Hugo Chavez (Venezuela) ou Rafael Corréa (Equateur), d’un Bachar al Assad (Syrie).
La France Insoumise du tribun Mélenchon demande avec insistance au ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et, avant lui, à tous ses prédécesseurs à la Place Beauvau, de dissoudre des mouvements et groupes politiques d’Extrême-droite. Ces groupuscules politiques ont attaqué physiquement des élus et militants de la Lfi et incendié leurs domiciles ou attaqué et saccagé des mairies ou des postes-frontières ou des écoles. A-t-on besoin de rappeler les hauts faits d’armes du parti Pastef au Sénégal, qui a fini par faire l’objet d’une mesure de dissolution prononcée par les autorités de l’Etat du Sénégal ? Je ne pense pas que les groupuscules d’Extrême-droite française aient commis plus de dégâts et de sinistres que les hordes de militants que Ousmane Sonko et les différents responsables de son parti ont appelés, publiquement, à attaquer les édifices publics, à piller et saccager des domiciles et des biens privés. De telles émeutes ont provoqué plus de cinquante morts au Sénégal et de très lourds dégâts sociaux et matériels qui ne semblent pas émouvoir, le moins du monde, Jean-Luc Mélenchon. Peut-il cautionner un appel public lancé le 1er juin 2023 par le parti Pastef, à l’Armée nationale, à renverser le Président Macky Sall, démocratiquement élu et à s’emparer du pouvoir ? Jamais Jean-Luc Mélenchon n’oserait faire un tel appel en France ! Pourtant, il soutient les putschistes au Niger, qui ont renversé Mohamed Bazoum, un Président démocratiquement élu, comme il avait cautionné le renversement de Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), tout aussi démocratiquement élu, ou un Ibrahim Boubacar Keïta (Mali).
Le leader de Lfi s’offusque que des stations-service ou des supermarchés soient attaqués et pillés en France. A moins qu’il ne considère qu’il ne saurait y avoir de régime démocratique et de chef d’Etat démocratiquement élu en Afrique pour devoir s’épargner d’un putsch militaire ! N’est-ce pas manquer de respect aux Africains et à leurs conquêtes démocratiques ? Quid des stations-service et des supermarchés attaqués et pillés au Sénégal par des manifestants exhortés publiquement à le faire par Ousmane Sonko ? Jean-Luc Mélenchon ou un quelconque responsable de la Lfi, n’a jamais poussé ses bravades jusqu’à refuser de répondre à une convocation de police ou de Justice dans son pays. Pourtant, quand Ousmane Sonko est convoqué par des enquêteurs ou par des magistrats, la Lfi se permet de soutenir sa bravade contre les institutions judiciaires sénégalaises.
Le même Jean-Luc Mélenchon a été obligé de faire montre de contrition, pour dire ses regrets et présenter des excuses après avoir imité, avec moquerie, l’accent d’une journaliste au cours d’une conférence de presse. Lui arrive-t-il d’entendre ce que Ousmane Sonko profère comme insultes, invectives contre ses concitoyens sénégalais et même contre la France et les Français, et fait comme impolitesses au Sénégal ? Jean-Luc Mélenchon répond régulièrement à des procédures pour injures publiques et diffamation devant les tribunaux français, suite à des plaintes d’hommes politiques français ; mais quand le ministre Mame Mbaye Niang porte plainte contre Ousmane Sonko pour diffamation, Jean-Luc Mélenchon lui conteste, en quelque sorte, le droit de défendre son honneur !
De qui devrait-on apprendre ou recevoir de leçons ?
Une certaine partie de l’opposition sénégalaise, dans un esprit réactionnaire ou cherchant à s’agripper de toute attaque contre le Sénégal pour en faire des arguments dans notre débat public, se complaît à relayer les idées les plus saugrenues de Jean-Luc Mélenchon sur le Sénégal. Toutes les grossièretés et tous les dérapages, du moment que c’est le leader de la France insoumise qui le dit. C’est toujours dans un ton condescendant qui n’envie en rien le langage qu’avaient certains administrateurs coloniaux dans les territoires qui étaient sous leur tutelle ! Il faut donner la bonne leçon ou prodiguer la bonne parole à des Africains qui ne comprendraient pas forcément tous les mécanismes d’un Etat ou d’une République.
Le fonctionnement de la Justice sénégalaise, l’organisation ou non de manifestations au Sénégal, la gestion du calendrier électoral, tout passe à la loupe de Jean-Luc Mélenchon qui se plaît bien à jouer la carte de l’exotisme, à trouver un bon tweet à placer sur le Sénégal. Cela l’aide à colorer un peu son fil de monologues et diatribes sur l’Etat français ou la gouvernance de Emmanuel Macron. Le Sénégal est un ailleurs qui, dans le contexte français, est bien proche pour se faire des sympathies dans nos diasporas ou au sein d’une jeunesse dopée par des activités qui saluent tout discours hostile sur la marche de leur pays, sans chercher à les déconstruire ou étudier même la véracité des arguments mis en avant.
Le complexe que l’on cherche à inculquer à nos dirigeants, en prenant comme paroles d’Evangile toutes les sorties, les plus hasardeuses, d’un opposant français sur le Sénégal, en dit long sur une faiblesse de nos élites, de tous bords, face à la parole venue d’ailleurs. Je revenais en 2016 sur une telle logique que beaucoup d’acteurs de la scène publique sénégalaise entretenaient, de façon délibérée, à pousser à une prise en compte des intérêts de la France sur toutes les questions majeures du Sénégal. Je disais dans une chronique intitulé «Les œillères bleu-blanc-rouge», qu’on cherchait dans différents domaines, «à faire peur ou à susciter des complexes au niveau des gouvernants pour les forcer à prendre en compte les intérêts français» ; cela d’autant plus que plusieurs acteurs de l’opposition comme du pouvoir avaient tenté, par tous les moyens, d’étouffer un débat sur la détention par certains fonctionnaires sénégalais de la double nationalité, qui pourrait poser problème dans l’exercice de leurs fonctions.
Si dans le débat public, notre pays reste à l’écoute du tempo dicté par des opposants français, il n’est pas encore venu le jour où tous les adeptes du dégagisme, indexant un néocolonialisme, pourront se libérer du joug de leurs «vils» colonisateurs. Pour l’heure, Mélenchon raconte son lot de sottises sur le Sénégal quand l’envie lui vient. Les relais et l’ampleur de ses tweets le confortent dans ce jeu. Il se concentre sur un bon double standard en faisant implicitement un traitement différencié entre les cas de figure en France et ceux au Sénégal, entre ce qui vaut pour les autorités de son pays et les nôtres, le tout dans une rengaine populiste, à deux sous, dont il a le secret. Dire que ce sont des légions de «panafricanistes» souhaitant libérer le continent qui donnent écho à ses paroles, proches de prêches de missionnaires en Afrique, rend la fresque encore plus glauque. On aura tout vu.
PAR Ibrahima Thioye
ENNEAGRAMME : LES CENTRES D’INTELLIGENCE
L’ennéagramme nous permet d’appréhender la personnalité en nous plaçant au-dessus des apparences que constituent les comportements ou attitudes. Une attitude affectueuse peut cacher une sécheresse émotionnelle (2/3)
L’ennéagramme distingue trois centres d’intelligence :
– le centre instinctif (survie, acte spontané, énergie, motivation, etc.), associé au corps ;
– le centre émotionnel (désirs, besoins, liens, créativité émotionnelle, etc.), associé au cœur ;
– le centre mental (analyse, planification, prise de décision, imagination, etc.), associé à la tête.
Le centre préféré est le centre de rattachement du type ; c’est celui des trois auquel il s’identifie. Le niveau de développement du type est en général bas ou moyen lorsque ce dernier évolue dans son ego. On note dans ce cas une utilisation déséquilibrée des trois centres ; le centre préféré étant sur-utilisé (trop) ou sous-utilisé (trop peu). Le centre dominant est celui que le type utilise en général lorsqu’il se trouve dans ce niveau. Il correspond exactement au centre préféré lorsque ce dernier est sur-utilisé, ou à un autre centre dans le cas contraire. Le centre réprimé, à l’opposé du centre dominant, est celui que le type évite dans les mêmes conditions. Lorsque le niveau de développement du type est élevé, la personne utilise les trois centres de façon équilibrée. On dit que le type évolue dans son essence.
Tout ce qui est décrit par la suite fait référence au contexte de l’ego. Très tôt, chaque type développe une stratégie qui lui procure l’équilibre. Cette stratégie, associée à des schémas de pensée, à une passion et à des comportements, forme la base de la structure de la personnalité. Ces schémas, en se rigidifiant, deviennent plus tard des obstacles à l’intégration de la personnalité. Le type peut les surmonter par un travail de transformation.
Le centre instinctif
Le centre instinctif est le centre préféré des types 1, 8 et 9. Confrontés à une énergie instinctuelle débordante (s’exprimant sous forme de colère ou de vitalité), issue de fortes pulsions et/ou des interactions avec leur environnement extérieur, ces types adoptent une stratégie qui leur confère le maximum de contrôle ou de pouvoir sur les situations. La question centrale qu’ils se posent est : « comment impacter le monde sans être soi-même perturbé ? ». À la colère et l’irritation mal régulées s’ajoutent les regrets, la culpabilité et le stress associés. Le corps est ainsi perturbé. On dit que ces types sont en quête d’autonomie (surveillant de près les frontières externes ou internes de leur moi).
Le type 8 a comme centre dominant son centre préféré (le centre instinctif). Il dirige l’énergie instinctuelle ou la vitalité (sous forme d’assertivité) vers l’extérieur. De même, le type 1 a comme centre dominant son centre préféré (le centre instinctif). Il dirige la faculté de ce centre vers l’intérieur en luttant contre ses propres pulsions et désirs, contribuant ainsi à sa recherche de perfection. Le type 9, en se déconnectant de ses instincts et en s’oubliant, réprime la faculté de ce centre instinctuel qui est son centre préféré et utilise comme centre dominant le centre émotionnel ou le centre mental.
Type 8
Il voit généralement des dangers à l’extérieur et opte pour une stratégie de combat (de prise en charge et de contrôle) pour écouler cette énergie instinctuelle débordante et s’assurer l’autonomie indispensable à son équilibre. On dit du type 8 qu’il exige l’autonomie en défendant les frontières externes de son espace vital.
Type 1
Il détecte surtout des dangers internes (pulsions, besoins ou désirs inappropriés, etc.) et opte pour une stratégie de recherche de la perfection à travers la qualité et la vertu, en réprimant l’énergie instinctuelle. On dit du type 1 qu’il essaie de mériter l’autonomie en repoussant les frontières internes de ses pulsions.
Type 9
Il identifie les dangers externes et les dangers internes. Submergé par cette vitalité débordante issue de ces deux sources, il opte pour une stratégie d’oubli de soi, repoussant l’énergie instinctuelle hors du champ de sa conscience. On dit du type 9 qu’il se retire pour obtenir l’autonomie. Le type 9 est un « instinctif non instinctif qui contrôle par le non contrôle ». Son centre instinctif, co-réprimé, pilote silencieusement (de façon inconsciente) la plupart des mécanismes associés au type lorsqu’il est dans son ego.
Le centre émotionnel
Le centre émotionnel est le centre préféré des types 2, 3 et 4. Face à une énergie affective assez élevée (s’exprimant sous forme de tristesse, de honte et de détresse) issue d’une forte tension émotionnelle et/ou des interactions avec leur environnement extérieur, ces types adoptent une stratégie qui leur confère la meilleure image et l’identité la plus adéquate. La question centrale qu’ils se posent est : « comment s’ajuster au mieux pour correspondre à l’image qu’on souhaite projeter à l’extérieur ? ». À la tristesse et au sentiment de détresse s’ajoutent la honte et la culpabilité éprouvées à cause de ces premiers sentiments négatifs. Le cœur est ainsi meurtri. On dit que ces types sont en quête d’attention et d’approbation.
Le type 2 a comme centre dominant son centre préféré (centre émotionnel). Il dirige la faculté de ce centre (empathie, qui est un élément de l’énergie affectueuse) vers l’extérieur. Le type 4 a lui aussi comme centre dominant son centre préféré (centre émotionnel). Il dirige la faculté de son centre sur lui-même en stimulant toute la palette de ses émotions, en vue de se comprendre et de s’identifier. Le type 3, en se déconnectant des émotions pour être efficace, réprime la faculté de ce centre émotionnel qui est son centre préféré et utilise comme centre dominant le centre instinctuel ou le centre mental.
Type 2
Il recherche l’attention (à travers l’approbation et la validation) en dirigeant son énergie affectueuse vers l’extérieur. Pour ce faire, comme stratégie, il va déployer l’altruisme en vue de satisfaire sa quête d’attention indispensable à son équilibre. On dit du type 2 qu’il essaie de mériter l’attention en utilisant sa disponibilité, son empathie et sa générosité.
Type 4
Il dirige l’énergie affectueuse vers l’intérieur, car le regard vers l’extérieur ne lui montre que des qualités et des avantages que les autres détiennent et qui lui manquent ; cela lui permet de maintenir une image basée sur des émotions et des fantaisies. Sa stratégie est fondée sur l’authenticité (qui inclut l’expression de la souffrance, avec ses sentiments de tristesse, de honte et d’irritation). On dit du type 4 qu’il se retire pour attirer l’attention.
Type 3
Il a besoin de l’attention des autres et a cette faculté de percevoir les qualités et avantages des autres. Il devrait donc diriger l’énergie affectueuse vers l’extérieur et vers l’intérieur ; ce qui est très difficile à réaliser. Pour retrouver un équilibre, il se coupe du centre émotionnel, repoussant l’énergie affectueuse (les émotions) hors du champ de sa conscience. On dit du type 3 qu’il exige l’attention en recherchant l’admiration. Le type 3 est un « émotionnel non émotionnel qui n’est pas conscient de ses émotions ». Son centre émotionnel, co-réprimé, pilote silencieusement (de façon inconsciente) la plupart des mécanismes associés au type lorsqu’il est dans son ego.
Le centre mental
Le centre mental est le centre préféré des types 5, 6 et 7. Confrontés à une énergie mentale importante (s’exprimant sous forme d’anxiété) issue de l’agitation mentale et/ou des interactions avec l’environnement extérieur, ces types adoptent une stratégie qui leur confère le maximum de sécurité. La question centrale qu’ils se posent est : « comment assurer sa sécurité et éviter l’anxiété ? ». À l’anxiété s’ajoutent la frustration et la culpabilité. L’esprit est ainsi non apaisé. On dit que ces types sont en quête de paix intérieure.
Le type 5 a comme centre dominant son centre préféré (le centre mental). Il dirige la faculté de ce centre (l’objectivité, qui est un élément principal de l’énergie mentale) vers l’extérieur. Le type 7 a comme centre dominant son centre préféré (le centre mental). Il focalise son attention sur tout ce qui peut le stimuler à l’extérieur, afin de nourrir son monde intérieur fait de fantaisies, de rêves et d’imagination. Le type 6, en se déconnectant de son mental, réprime la faculté de ce centre mental qui est son centre préféré, utilisant comme centre dominant le centre émotionnel ou le centre instinctif.
Type 5
Il recherche la sécurité en maîtrisant son environnement externe. Pour ce faire, il déploie comme stratégie le retrait couplé à la recherche de connaissance et de compréhension de son environnement, en vue de satisfaire sa quête de sécurité indispensable à son équilibre. On dit du type 5 qu’il se retire pour assurer sa sécurité.
Type 7
Il dirige son attention vers l’extérieur pour stimuler agréablement son mental et éviter l’anxiété. Sa stratégie est la recherche d’expériences stimulantes qui lui permet d’oublier sa souffrance. On dit du type 7 qu’il exige sa sécurité.
Type 6
Il a un besoin de diriger son énergie mentale en faisant face à l’anxiété provenant de l’extérieur et celle induite par l’agitation mentale. Pour retrouver un équilibre, il se coupe du centre mental en externalisant l’activité mentale. On dit du type 6 qu’il essaie de mériter la sécurité. Le type 6 est un « mental non mental ». Son centre mental, co-réprimé, pilote silencieusement (de façon inconsciente) la plupart des mécanismes associés au type lorsqu’il est dans son ego.
– Les types qui ont le centre instinctif comme centre préféré disent : « les choses et les êtres – y compris moi-même (pour certains types) – ne sont pas comme ils devraient être ». Le type 8 essaie de régler les situations par l’assertivité ; le type 1 s’ajuste en réprimant ses pulsions ; le type 9 s’oublie, espérant ainsi contribuer à l’harmonie générale.
– Les types qui ont le centre émotionnel comme centre préféré disent : « il est très difficile de connaître son identité par soi-même ». Le type 2 offre de l’altruisme et de la générosité pour obtenir de l’approbation. Le type 4 utilise l’éventail des émotions (y compris celles qui sont en lien avec la souffrance) en vue de recueillir l’attention des autres. Le type 3 se coupe des émotions afin d’être très efficace et d’attirer l’admiration.
– Les types qui ont le centre mental comme centre préféré disent : « le danger est omniprésent, il faut se protéger ». Le type 5 se retire pour mieux observer le monde extérieur et réduire ainsi son anxiété. Le type 7 est à la recherche d’expériences stimulantes qui nourrissent sa vie mentale et le détournent de l’anxiété. Le type 6 « externalise » son activité mentale afin de faire face à l’agitation mentale liée au doute et à la suspicion.
L’ennéagramme nous permet d’appréhender la personnalité en nous plaçant au-dessus des apparences que constituent les comportements ou attitudes. Une attitude affectueuse peut cacher une sécheresse émotionnelle. La personne extériorise des émotions, mais ne les ressent pas. Une attitude de soumission ou d’inhibition peut cacher un esprit agité. La personne est fidèle, loyale et même sereine par ses comportements alors que ses doutes et suspicions sont toujours hyperactifs. Une attitude de paix, de disponibilité et de modestie peut cacher une vitalité excessive ou de la colère retenue.
Cette vision perspicace alliée à une bonne compréhension de la faculté de chaque centre (vitalité, sensibilité, agitation mentale) permet de développer une forte compassion vis-à-vis de tous les êtres humains, car ces derniers ne font rien d’autre qu’appliquer des stratégies qui leur permettent de trouver un ancien état d’équilibre devenu caduc dans un nouveau contexte.
Résumé
Centre instinctif
Problème central : survie physique et psychologique. Sensibilité : espace vital ou frontières, contrôle. Emotion de base du centre : colère.
A l’équilibre : une assertivité, une présence, un ancrage avec un corps détendu et relâché.
En situation de déséquilibre : une agitation ou une anesthésie du corps.
Type 8 : je suis le contrôle que j’ai sur les autres (ou je suis celui qu’on ne contrôle pas).
Type 9 : je suis le « non-contrôle » qui me permet de contribuer à l’harmonie générale.
Type 1 : je suis le contrôle que j’ai sur moi-même.
Centre émotionnel
Problème central : identité, image. Sensibilité : sensibilité émotionnelle. Emotions de base du centre : tristesse, honte.
A l’équilibre : une empathie, une générosité, une authenticité, un sens du pardon et de la compassion.
En situation de déséquilibre : une présence d’émotions difficiles accompagnée de honte et de culpabilité ou une sécheresse émotionnelle.
Type 2 : je suis les émotions des autres.
Type 3 : je suis ce que je fais.
Type 4 : je suis mes émotions.
Centre mental
Problème central : sécurité. Sensibilité : mental suractif. Emotion de base du centre : anxiété.
A l’équilibre : une objectivité, une tranquillité intérieure et une confiance en leur guide intérieur.
En situation de déséquilibre : un mental agité ou une forte dépendance accompagnée de tendances ambivalentes.
Type 5 : je suis mes représentations (ou mes connaissances) qui me permettent de connaître le monde tout en restant à distance.
Type 6 : je suis mon cadre (incarnation mentale du système d’idées familial, clanique, national, religieux, etc.).
Type 7 : je suis mes idées (ou mes concepts, mes théories).