PD EST DENSE AUSSI PARCE QU’IL EST UN HOMME D’ACTION.
Loin de l’image du chercheur enferme dans sa bulle, sa tour d’ivoire, PD est de plusieurs combats significatifs
Homme d’action, le vocable qui revient le plus sous sa plume est celui de mobilisation. Mobiliser est, comme chez les militants les plus aguerris, son leitmotiv ! PD « mobilise » des arguments. Les idées sont, chez lui, des armes de combat. Par moments, il utilise comme synonyme « convoque ». Mais «mobiliser » renvoie parfois dans son lexicon a des groupes sociaux : des jeunes, des intellectuels, des leaders politiques, des hommes d’affaires. Dans ces cas, mobilise est synonyme d’«interpelle », « fait appel à »
Et l’intellectuel PD mobilise tous azimuts.
A l’Union Générale des étudiants de l’Afrique Occidentale ( UGEAO), fer de lance du combat anti-colonial à l’Université de Dakar, son panafricanisme s’affirme et ce n’est pas un hasard s’il est élu secrétaire aux relations extérieures,
A Paris, il adhère à la Fédération des Étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) et fait sien le précepte selon lequel le militant se devait d’être « techniquement compètent et politiquement conscient » Techniquement compètent, il l’est celui qui continue sur la lancée de Dakar à être inscrit en Droit et Sciences Économiques et en Lettres et à accumuler des certificats. Quant à sa conscience politique, elle lui vaudra de connaître les brutalités policières dans les rues de Paris singulièrement lors de la marche organisée par la FEANF en 1961 pour dénoncer l’assassinat de Lumumba, qui se termina par des affrontements au cours desquels PD perdit le manuscrit de sa thèse de troisième cycle.
Il sera, à partir de son retour définitif au Sénégal, de tous les combats.
Ne va-t-il pas lancer avec le Lebu Malinké Sembene et le Sérère Samba Dione la revue Kaddu ?Ne va-t-il pas avec le même Sembene mener avec panache la bataille sur les géminées ? Et avec lui tomber les armes à la main puisque Ceedo restera interdit de projection au Sénégal sous le magistère du poète -président Senghor ?
Touche-à- tout génial, et point échaudé par les parties perdues, ne voilà -t-il pas que Pathé va travailler sur le scenario de Reewu Taax avec Mahama Johnson Traore ?
Et que dire du symposium qu’il pense et organise sur la pensée de Cheikh Anta Diop ? Cinq soirs d’affilée, l’amphi de la Fac de Droit allait refuser du monde, plein qu’il était à craquer d’un public d’une très grande diversité mu par le désir d’écouter Cheikh Anta Diop, de toucher un homme élevé au rang de mythe vivant par certains, adulé par certains, combattu férocement par d’autres, mais ne laissant personne indiffèrent. Cheikh Anta Diop respirait le bonheur et en éprouvait une profonde gratitude pour PD qui avait réussi le tour de force de faire sauter les verrous qui, pendant vingt ans, lui avaient barré l’accès à l’Université qui porte aujourd’hui son nom. Les liens privilégiées qu’entretenait PD avec A. Diouf ont pu favoriser cet exploit mais il est certain que sa propre capacité de persuasion et sa rigueur analytique ont pesé d’un poids tout aussi lourd dans une décision que certains faucons de l’époque avaient vite fait de mettre sur le compte d’une désenghorisation à laquelle se serait attelée son Brutus de fils.
Étrangement,-mais est-ce si étrange que cela ?-PD ne sera jamais un bon militant au sens de partisan. Exception faite d’un bref apparentement au Rassemblement National Démocratique (RND) de Cheikh Anta Diop, et encore n’en suisje pas certain, PD restera à l’écart des partis. Aucun d’eux parmi les partis majeurs de l’époque ne le convaincra suffisamment pour qu’il y milite: ni le Parti Africain pour l’Indépendance (PAI,) ni le Parti pour le Regroupement Africain (PRA/Sénégal), ni le Parti Socialiste (PS), ni le Parti démocratique Sénégalais (PDS). Il entretient pourtant des rapports cordiaux avec les leaders de ces formations . Avec Majhmout Diop, il partage, outre des origines saint-louisiennes, la passion pour l’indépendance : Moom sa rew . Avec Abdoulaye Ly, une passion pour l’histoire; avec Abdou Diouf, une indéfectible amitié qui s’est nouée sur les bancs du lycée Faidherbe; avec Abdoulaye Wade, un certain intérêt pour la réflexion sur les questions économiques
Mais PD ne peut être encarté car il est profondément pluraliste et ne saurait se complaire dans l’exclusivisme qui jette des anathèmes. Il est pour la controverse féconde, nullement pour les fatwas et les anathèmes ou encore moins les attaques ad hominen si caractéristiques des partis. PD est pluraliste, comme l’était l’empire meridional, pharaonique comme celui confédéral yoruba, wolof ou mandeng des Mansa du Mali, voire le Commonwealth anglo-saxon la différence de l’empire France Afrique qui lui, comme l’Empire romain ou latin, portugais ou espagnol, relève d ’un hégémonisme totalitaire d’ordre culturel, politique et économique de prédation et de dépossession On ne saurait parler de l’action de PD sans évoquer le projet AIFESPAC qu’il conçoit, pilote pendant plusieurs années. Ambitieux, le projet l’était qui ne visait rien moins que de démontrer l’antériorité de l’arrivée des Africains sur le continent américain sur Christophe Colomb. Le projet était à l’image de son concepteur : multidimensionnel. Pathé jette aujourd’hui sur le projet AIFESPAC un regard dont je ne sais s’il est lucide ou désabusé, mais son jugement est sans appel : le projet a été coulé par des États finalement peu ambitieux et timorés .
Homme de pensée, homme de communication, homme généreux, Homme d’action : PD est tout cela. Mais chez lui, point de barrière, point de frontière entre ces diverses facettes et les traits de caractère qui y sont attachés. Au contraire, chez lui ces diverses facettes se complètent et donnent lieu à une certaine originalité. PD pense en homme d’action et agit en homme de pensée. Il touche ceux qu’il rencontre par sa capacité à redonner espoir, booster le moral, mobiliser, justifier la dissidence et redonner le gout de l’avenir
Gout de l’avenir et ouverture par rapport à l’avenir :PD est féru de prospective. Il va monter dans les années 80 alors que les pays sont tous sous ajustement structurel, prisonniers d’horizons temporels très courts imposés par les institutions de Bretton Woods, le Centre d’études de prospective alternative et de politologie (CEPAP) dont l’ambition est clairement affichée : il s’agit d’échapper à la dictature des urgences, d’aider les pays et les institutions à lever le nez du guidon, à oser voir loin, voir large et en profondeur. Il est de ce point de vue l’inspirateur du projet Futurs Africains que le PNUD de son ami Pierre. Claver Damiba financera de 1992 à 2002 et dont j’ai assureré la coordination régionale. Mais ce qui l’intéresse dans la démarche prospective, ce sont moins les outils et méthodes, dont PD connait plus que beaucoup le caractère subjectif malgré les apparences de scientificité de certaines d’entre elles, que l’esprit qui est celui de Gaston Berger. PD qui aime à rappeler que le père de la prospective moderne est un Saint Louisien – sa grand-mère s’appelait Fatou Diagne aime-t-il à préciser, est fasciné par l’esprit de la prospective; un esprit qui se décline en plusieurs postulats dont le premier est que l’avenir est ouvert, est domaine de liberté. PD va retrouver avec le CEPAP des thèmes qui lui sont chers : l’intégration africaine, les économies industrielles, etc.
Parce que l’esprit de Gaston Berger c’est que l’avenir est domaine de volonté, PD va penser stratégies de développement. Dans ce cadre, bien avant que mon ami et jeune frère Kako Nubukpo ne s’illustre sur cette question, PD montre que le CFA constitue une entrave à la souveraineté et aux stratégies propres des Etats africains de la zone Franc.
Chers amis,
Je vais conclure avec la conscience claire que je n’ai pas rendu justice à PD, que de cet homme, je n’ai même pas dit peut-être l’essentiel. Mais je manquerais à un devoir élémentaire de vérité et d’élégance toute saint-louisienne si, en dépit de toutes les contraintes, je m’aventurais à terminer mon évocation imparfaite de la trajectoire, de l’œuvre, et de la vie de PD sans réserver une place spéciale à Fat Sow, son épouse, sa complice intellectuelle, la mère de ses enfants, sa partenaire de vie. Fat Sow et PD se rencontrent à l’IFAN en 1967 et ils ne se sont plus jamais quittés. Fat Sow est alors une des rares femmes sénégalaises sociologues. Comme Pathé, elle a des ascendances SaintLouisiennes mais est aussi une Dakaroise, familière des cinémas et ciné -club, du Théâtre de verdure et autres lieux réservés aux privilégiées des premières heures de l’indépendance
Mais tout comme Pathé, elle a un côté rebelle, car féministe. Son intégrité morale et sa beauté feront le reste et lui confèreront une place spéciale dans la vie de PD.
Qu’il me suffise, pour bien mettre en exergue la place spéciale de Fat Sow dans la vie de PD, de signaler que c’est la seule personne vivante à qui PD ait exclusivement dédié un ouvrage. La dédicace est d’une sobriété touchante. «A Fatou Sow» et ce sera tout. La concision de la dédicace en dit long sur l’incapacité de PD à définir la place que Fatou Sow occupe dans sa vie. C’est une place unique et pour moi qui m’honore de me compter parmi les neveux de PD, Fatou Sow a un nom qu’elle porte en exclusivité :Umpaan
Umpaan, parce que nul n’est mieux placé que toi pour être notre émissaire auprès de PD. Dis lui que notre plus grand souhait est qu’il continue d’être, en bon St Louisien, l’océan aux vagues fougueuses et la mer aux multiples bras ; une lame de fond irrésistible mais aussi un homme attentif aux méandres, un adepte du pluralisme culturel, confessionnel, politique. Un pluralisme qui explique la cloche dans une mosquée, le soutien du cadi musulman au mulâtre catholique, l’opposition du légaliste Lamine Gueye au Général De Gaulle qui revient aux affaires en 1958.
Dis à PD que nous souhaitons qu’il continue d’être, comme dirait Senghor avec qui il n’a pas toujours été tendre, mais dont la poésie le touche plus qu’il ne veut sans doute l’admettre, enraciné mais ouvert à tous les souffles. Et qu’en ces périodes de crispation identitaire, il mette autant d’énergie à dénoncer l’universalisme, misérable cache-sexe d’un hégémonisme islamo-oriental ou occidental, qu’à célébrer l’universel comme projet.
-Dis-lui, enfin, que nous souhaitons que pour longtemps encore, il continue, d’être pour nous le lamane des humanités, le Jambar de tous les fronts à qui nous vouons un profond respect et une affection des plus sincère .
PAR ALIOUNE SALL
par Birane Diop
MON SÉJOUR INOUBLIABLE À MARRAKECH ET ESSAOUIRA
Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, j’ai appris à mes dépens que la vie ne tient qu’à un fil. Dans l’antre de la Médina, j’ai vu des enfants choqués, des femmes désemparées et des hommes complètement paniqués. La peur était totale
Située dans le centre du royaume chérifien aux nougats des djébels de l’Atlas, Marrakech est une ville très animée, bouillonnante et paradoxale, avec des gamins laissés à eux-mêmes, des artistes informels, des mendiants, des vendeurs à chaque coin de rue côtoyant de grosses caisses et des touristes venus de partout à travers le monde pour découvrir des lieux de brassage différents des leurs.
À bien des égards, Marrakech me fait penser à la capitale sénégalaise. Dakar, carrefour cosmopolite. Elles ont le même tempo dans une certaine mesure. Des villes foutraques mais attirantes, bouleversantes et élégantes, par-dessus tout qui marchent à leur rythme. En un mot, les deux villes incarnent les mêmes contrastes devant l’Eternel.
Dans un autre registre, Marrakech est faite aussi d’une architecture modeste et particulière, qui renvoie à un imaginaire tiré, à partir du substrat culturel marocain. Les Almoravides ont déposé leurs traces indélébiles dans ce bassin de vie de plus de 900 000 habitants.
De plus, « la ville rouge » est peuplée de gens simples et généreux, qui accueillent à bras ouverts ceux et celles qui viennent dans d’autres aires géographiques, voire d’autres contrées. Tous les semeurs d’espérance et d’hospitalité sont les bienvenus. Et l’altérité chère au grand poète contemporain de la langue arabe, in fine, de la Palestine, Mahmoud Darwich est une réalité, ici. J’en ai fait la belle expérience - moi le sénégalais internationaliste et produit de la civilisation universelle, vivant en France. Le magnifique peuple de Marrakech m’a rappelé cette vérité : À l’aune de la globalisation, sortir de sa zone de confort par le biais du voyage permet de regarder le monde sous un autre angle.
En outre, Marrakech est aussi une cité mystique, historique, de sens et d’utopies. Je le dis sans aucune réserve, elle a la culture chevillée au corps. La majestueuse et impressionnante mosquée Koutoubia construite au XIIe siècle, plus précisément en 1148, la célèbre place Jemaa el-Fna - lieu qui ne dort jamais, le Jardin secret, les souks de la Medina, la medersa Ben Youssef, symbolisent l’identité de Marrakech et de son ouverture sur l’international. Voilà, c’est tout cela Marrakech !
Jeudi 7 septembre 2023, 12h40. J’ai quitté « la ville rouge » à bord d’un bus de la compagnie Supratours. Destination Essaouira, située sur le littoral atlantique, précisément dans la région de Marrakech-Safi. Je dois passer deux jours paisibles dans cette ville romantique et sublime et ouverte aux étreintes du monde libre, avant de repartir à l’aéroport de Ménara pour prendre le vol FR3845. Mon premier jour à Essaouira a été agréable, à bien des égards. De 16h à 23h, j’étais dans les rues de la ville bleue blanche. J’ai visité le petit port de pêche. J’ai erré là-bas pendant quelques heures, en contemplant les bateaux et les oiseaux posés dessus. Après, ce pèlerinage, je suis allé dans un café, un lieu de vie très sympa pour me détendre, en même temps lire le livre « La violence des frontières : les réfugiés et le droit de circuler » de Reece Jones. Un livre majeur qui plaide à travers ses pages le droit universel de circuler. L’auteur montre brillamment l’échec des politiques migratoires établies par les pays du nord pour endiguer l’immigration clandestine. Ces gens à qui l’Occident et leurs pays de départ regardent à travers le prisme des statistiques, sont partis pour chercher une vie plus douce. J’ai fermé le livre à la page 106 pour saluer un jeune sénégalais, qui m’a lancé « ziarnala ku baax ». Je ne sais comment mais les Sénégalais se reconnaissent. Il suffit d’un simple regard pour identifier les nôtres. Après ces civilités d’usage, nous avons eu une longue discussion inoubliable en wolof sur l’exil et les blessures invisibles qu’il charrie.
Je suis retourné dans ma chambre d’hôtel pas tard, parce que tout simplement je devais appeler P. Il était minuit à Paris, et notre ami commun « Morphée » l’attendait dans son vaste royaume pour l’offrir une nuit réparatrice dans ses bras câlins.
Vendredi 8 septembre, deuxième jour de mon séjour, j’ai fermé la porte de la chambre à 14h pour aller visiter le centre culturel d’Essaouira, à quelques pas de mon hôtel. J’y ai passé juste une heure. Mais ces soixante minutes étaient paisibles et affriolantes.
À la suite de cette immersion, je me suis rendu au café Mogador pour admirer la beauté que m’offre la ville et par la même occasion relire l’essai de mon camarade d’esprit, Elgas « Les bons ressentiments ». Subséquemment ce dernier baroud au Mogador, j’ai décidé de me perdre complétement dans les entrailles d’Essaouira. Je suis venu ici pour découvrir et apprendre.
19h20, la nuit commence à tomber. La brise marine touche timidement les corps. Je pars aux souks de la Médina, lieux d’échange et de commerce, qui regroupent toutes sortes de produits artisanaux. Les souks apportent un supplément d’âme à Essaouira. J’ai flâné là-bas des heures avant que tout bascule. 23h12. Un séisme de magnitude 7 vient de frapper l’ouest du Maroc. La ville bleue blanche n’est pas épargnée par cette catastrophe. Elle est touchée dans sa chair. Oui, la terre a tremblé à Essaouira. J’ai vécu cette expérience épouvante et traumatisante à la fois, en direct. Bref, j’ai vu ma vie défiler devant mes yeux. C’est fou mais c’est vrai !
Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, j’ai appris à mes dépens que la vie ne tient qu’à un fil. Et que l’Homme n’est absolument rien face à l’immensité de l’Univers et de ses secrets infinis. Oui, nous ne sommes que des poussières étoiles ; des êtres extrêmement fragiles et insignifiants.
Dans l’antre de la Médina, j’ai vu des enfants choqués, des femmes désemparées et des hommes complètement paniqués. La peur était totale. Elle se lisait sur les visages, tout âge confondu. Je crois que nos réactions anxiogènes révèlent une chose, eu égard à l’absurdité de la condition humaine : La mort surtout la mort brutale, voire impensée, est peut-être la plus grosse angoisse existentielle, qui frappe l’Homme et peuple parfois son hôtel d’insomnies.
J’ai une pensée émue aux victimes et à leurs proches. Que la force et la résilience rejoignent le vaillant et magnifique peuple marocain en ces moments difficiles. Cette tragédie laisse des cicatrices dans le corps social mais j’en suis certain, le Maroc s’en relèvera. En ce qui me concerne, je reviendrai dans ce pays accueillant et plein de charme. De plus, une histoire commune nous lie à jamais !
Par Mayoro MBAYE
LA BATAILLE DU DJOLOFF AURA BIEN LIEU
Cette terre du Djoloff reste importante dans la vie socio-économique du Sénégal. Elle est surtout remarquable par son histoire riche en événements majeurs. Aussi, dans sa vie politique récente que d’enseignements de par ses grandes figures contemporaines
Cette terre du Djoloff reste importante dans la vie socio-économique du Sénégal. Elle est surtout remarquable par son histoire riche en événements majeurs. Aussi, dans sa vie politique récente que d’enseignements de par ses grandes figures contemporaines.
Qui ne se souvient pas de Djibo Leyti Ka , de Daouda Sow , de Magatte Lo pour ne citer que ces trois des ogres de la politique qui ont vécu pour la politique et qui ont laissé des traces encore visibles. Eux n’avaient pas internet et les réseaux sociaux donc les confrontations de terrain étaient moins perceptibles
De nos jours se dessinent d’autres batailles avec des moyens de diffusion ultra rapides(radios communautaires, internet et ses canaux multiples). Cette fois ci le départ de Aly Ngouille Ndiaye du gouvernement, ouvre un vaste boulevard pour sa confrontation avec Samba Ndiobene Ka actuel Maire de Dahra
L’actuel Ministre du développement communautaire et de la solidarité nationale que certains traitent de maire par défaut puisque les terres de ses parents sont à quelques encablures. Il faut reconnaitre que la commune de Dahra économiquement est la plus importante du département
En effet, Dahra joue un rôle avant-gardiste pour les dix-huit autres. Si son édile peut rassembler ses pairs, a-t-il les ressources pour emporter l’adhésion d’une jeunesse très politisée et très au fait des actualités.
Une jeunesse qui réclame à corps et à cris une meilleure considération et plus de parts dans la répartition des retombées de la croissance
Le Djoloff est une terre d’émigration ne l’oublions pas donc de contacts permanents avec la diaspora. Tout le monde parle de Djoloff dans l’hexagone pour dire Sénégal
Dire que la bataille du Djoloff comme dans les livres d’histoire aura bel et bien lieu est un euphémisme. De grâce faites nous une bataille civilisée, avec desidées de développement du terroir et non d’insultes, d’invectives et de jets de pierre. Il est notoire qu’entre Aly Ngouille Ndiaye maire de Linguére et Samba Ndiobene Ka maire de Dahra ça n ‘ a jamais été le grand amour.
On a voulu jouer les convenances républicaines et la solidarité gouvernementale mais, ce qu’on a toujours caché dans les cœurs sera visible et on en voit le bout du nez
La réunion des maires de la localité après la désignation de Amadou Ba pour porter le drapeau de ce qui va rester du benno sonne comme un rappel des troupes. Qui pour jouer les bons offices ?
Par Pape NDIAYE
AMADOU BA, LE SACRE D’UNE LONGUE PATIENCE
Figure emblématique de la vie politique nationale, icône de l’administration centrale et symbole de la diplomatie sénégalaise à l’international, le Premier ministre Amadou Ba a gravi tous les échelons pour s’imposer comme l’homme de la situation
Qui pourrait être le futur président de la République du Sénégal ? Le président Macky Sall a déjà désigné l’actuel Premier ministre Amadou Ba comme candidat de la mouvance présidentielle au scrutin du 25 févier prochain. Donc si le peuple électoral, seul souverain, lui accorde la majorité de ses suffrages, Amadou Ba sera le 5e locataire du Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor à Dakar
Figure emblématique de la vie politique nationale, icône de l’administration centrale et symbole de la diplomatie sénégalaise à l’international, le Premier ministre Amadou Ba a gravi tous les échelons pour s’imposer comme l’homme de la situation pour le camp présidentiel.
Après plus de deux ans de suspense et de tensions politiques, la déclaration du président Macky Sall de ne pas briguer un troisième mandat sonne comme une délivrance. Une délivrance qui a provoqué un tournant décisif pour la vie et la survie de la mouvance présidentielle (Bby) et particulièrement de l’Alliance Pour la République (Apr). Parce qu’au lendemain du discours d’adieu du président Macky Sall, tous les regards des apéristes étaient tournés vers le portrait-robot du candidat qui prendrait le relais de ses mains pour parcourir la dernière ligne droite de la présidentielle. Et qui sait ? franchir le premier la ligne d’arrivée au soir du 25 février prochain. Finalement, après plusieurs mois de suspense, le président Macky Sall a rendu son oracle et désigné Amadou Ba qui sera son dauphin politique sur lequel la majorité présidentielle jouera plus que jamais sa survie politique. Et si le processus électoral était un championnat de football finissant, on aurait pu dire que l’Apr ou Bby joue le maintien au pouvoir. Un défi majeur qui ne peut être relevé que dans l’union et la solidarité. Il est vrai qu’en faisant inscrire dans le marbre de la Constitution de 2016 que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs », le président Macky Sall n’imaginait sans doute pas que 2024, c’était demain ! Evidemment quand on s’amuse, le temps passe très vite…Un changement climatique « imprévisible » qui s’annonce hérissé d’embuches et de tiraillements entre les opportunistes, les fidèles, les traîtres, les saboteurs, les activistes, les taupes et caméléons de l’Apr. Face aux intempéries climatiques, l’heure n’est plus à la bagarre à bord de la barque si les passagers comptent arriver à bon port
Comme le disait le président Abdou Diouf, « rien ne sera plus comme avant ». Il est loin en tout cas le temps où le président de la République Macky Sall écartait voire limogeait ses proches collaborateurs et hauts cadres politiques qu’il soupçonnait à tort ou à raison de lorgner son fauteuil présidentiel en direction de 2024. Aujourd’hui, l’inévitable plan d’urgence qui s’impose au président sortant Macky Sall, c’est de créer une union sacrée autour du Premier ministre Amadou Ba, un candidat sérieux aux qualités techniques et politiques multidimensionnelles. Parce que Sa Majesté Macky II ne doit plus s’adonner à son éternel jeu paradoxal du diviser pour mieux régner, de couronner les perdants ou les médiocres pour mieux espérer des victoires futures dans des combats dont le champ offre des fronts sans répit
A bien des égards, comme nous l’avions déjà avancé dans ces colonnes, Amadou Ba semble être le mieux placé comme coach et capitaine d’équipe pour le maintien au pouvoir aussi bien de l’Apr que de Bby
Avant d’accéder à la fonction de Premier ministre, Amadou Ba a été (nous passons sur les autres fonctions antérieures!) successivement directeur des Impôts (2004), puis directeur général des Impôts et Domaines (2006), ministre de l’Economie et des Finances(2013), ministre de l’Economie, des Finances, du Plan et du Budget, puis ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur (2019-2020). Assurément, Amadou Ba a marqué son passage à la tête du ministère de l’Economie et des Finances, une fonction dont il a été un des plus brillants titulaires. Un véritable forcené du travail ! Un vrai « guem » service. A preuve par ces six ans passés immeuble Peytavin où il était sur tous les fronts, se démultipliant en quatre, afin de renflouer les caisses de l’Etat. Une sorte de pêche aux fonds à l’échelle planétaire allant de conventions de financement à accords de partenariat en passant par des appuis budgétaires et autres subventions qui s’étaient traduites par les collectes — ou des promesses de financement — de plus de 5.000 milliards cfa à l’époque
Au-delà de son ancien statut d’argentier de l’Etat, l’actuel Premier ministre Amadou Ba est un poids lourd de la majorité présidentielle à Dakar, ville constituant un immense grenier électoral et où il a été de manière décisive le président de la République Macky Sall à inverser la tendance électorale grâce à son influence politique et sa force de frappe financière. Dakar où il a toujours évolué comme renfort de taille puisque le président Macky Sall ne l’y a jamais responsabilisé ou investi comme tête de liste. Pour les dernières élections locales et législatives, par exemple, le président Macky Sall et sa coalition Bby avaient misé sur Moussa Sy et Abdoulaye Diouf Sarr pour les Parcelles Assainies et Dakar, respectivement.
Après la Primature, enfin la Présidence ? En Amadou Ba, le président Macky Sall tient enfin son vrai dauphin en la personne d’Amadou Ba. Lequel est incontestablement l’homme qu’il faut à la place qu’il faut pour avoir fait ses preuves partout où il est passé. Le candidat de la majorité à la prochaine présidentielle est un homme à la fois calme, serein, discret et effacé. C’est aussi un technocrate doublé d’un fin politicien expérimenté, fédérateur et chevronné. Et surtout il est très bien introduit dans tous les foyers religieux, les mouvements de jeunesse et les associations sportives. Au sein de l’Apr, de nombreux observateurs et analystes s’accordent à reconnaitre qu’en dehors d’Amadou Ba, c’est le désert ! Certains ajouteront que son profil serait de nature à sauver l’Apr dans un contexte qui lui est défavorable.
Comme pour dire que l’heure a sonné pour Amadou Ba de frapper aux portes de la présidence de la République. Il en a les clés! Lui, le bon jockey doté d’un excellent « cheval » de bataille pour la survie de l’Apr et pour la continuité au pouvoir de l’actuelle majorité. L’autre atout d’Amadou Ba, c’est qu’il est un homme aux réseaux multiples reconnu pour son entregent et son efficacité en matière sociale. Encore, encore, Amadou Ba est un homme d’une courtoisie légendaire et d’une grande capacité d’écoute. Son seul et unique défaut, c’est qu’il est trop patient! Une patience définie comme l’aptitude d’un individu à se maîtriser face à une longue attente, à rester calme dans une situation de consécration ou de promotion. Ou alors face à des difficultés sociales, professionnelles et autres coups bas politiques. Certains philosophes et sociologues nous diront même que dans le monde des croyances, la patience est une vertu spirituelle voire une valeur morale. La patience, la longue patience serait mère de toutes les vertus. Donc la désignation d’Amadou Ba comme candidat de la mouvance présidentielle n’est autre que le sacre d’une longue patience.
Par Aliou SALL
PATHE DIAGNE, LAMANE DE LA PENSEE*
Notre conférence Sargal …. célèbre Pathé Diagne le linguiste. Mais peut-on, pour autant, réduire Pathé Diagne (PD) à un linguiste, si prestigieux que soit le titre ?
Saint-Louis (3 au 5 décembre 2018) : Colloque international sur le thème Globalisation, langues nationales et développement en Afrique.
Notre conférence Sargal …. célèbre Pathé Diagne le linguiste. Choix ne pouvait être plus heureux que celui-là car ses travaux dans cette discipline font autorité. «Familier de la linguistique européenne, du structuralisme saussurien, des travaux de Louis Hjelmslev et de la glossématique de Roman Jakobson et de l’École de Prague »,Pathé a ,dès le début des années 60, participé, par ses travaux aux États-Unis, à l’avènement de la linguistique transformationnelle et générative. Dans la mouvance de l’École de Emon Bach, il a contribué en collaboration avec Joseph Wilkins, aux travaux de linguistique comparative initiés au sein de la West African Linguistic Society et réalisé, au début des années 1960, à l’Université de Carbondale, Illinois, le premier Manuel du Français et le premier Manuel du Wolof, selon la méthode transformationnelle ou générative . Dans la foulée, Pathé Diagne rédigera, en collaboration avec les professeurs Joseph Greenberg et David Dalby, la partie introductive à la linguistique historique, du volume I de l’Histoire Générale de l’Afrique publiée par l’UNESCO. Pathé est, de toute évidence, un linguiste hors pair et le choix fait par l’Institut d’Études Avancées (IEA) de lui rendre hommage est on ne peut plus justifié.
Mais peut-on, pour autant, réduire Pathé Diagne (PD) à un linguiste, si prestigieux que soit le titre ? Assurément non L’homme aurait encore pu être retenu si l’Institut d’Études Avancées (IEA) avait décidé de célébrer un économiste, un philosophe ou un historien des civilisations, voire un exégète du livre Saint des musulmans , Al Quran, qu’il a traduit en wolof.
Car PD est tout cela; il est aussi à l’aise dans la discussion sur les formes pronominales que sur les cycles économiques ; tout aussi capable de disserter de paléontologie génétique et d’archéologie linguistique de l’ère ramakushi il y a 8000 à 10000 ans avant JC que de la restauration de sa ville natale St Louis pour en faire une cité d’avenir, portant au Blues people comme les appelle LeroiJones la même attention que celle qu’il porte à la statuaire olmèque précolombienne. Tout se passe comme s’il avait fait sien le fameux « Homo sum et nil humanum a me alienum est …. »
C’est que « les humanités » n’ont pas de secret pour lui. Par la diversité des champs qu’il explore et la rigueur avec laquelle il les laboure, PD fait penser immédiatement à Cheikh Anta Diop avec qui il a, au demeurant, de nombreuses similarités et affinités sur lesquelles je dirai deux mots.
D’où lui vient cette capacité ? Lorsque je lui pose cette question, et l’interroge sur son itinéraire intellectuel, Pathé me répond que son itinéraire intellectuel est simplement celui d’un homme qui a pu s’offrir le luxe de fréquenter les bibliothèques plus que de raison. Je ne crois pas que ce soit si simple ; quelque chose me suggère qu’il y a là un raccourci trompeur, ou une simplification outrancière.
Aujourd’hui, je voudrais me risquer à donner quelques clés à cette question. Et je voudrais en privilégier trois
Certes, Pathé est curieux intellectuellement mais la curiosité ne suffit pas à expliquer sa richesse et sa densité car, si elle ne s’adosse à rien, la curiosité peut mener au dandysme intellectuel et à l’éclectisme bon enfant, fréquents dans les salons mondains mais tout à fait aux antipodes de la pensée structurée et dense de Pathé .
1) Pathé Diagne est dense parce qu’il est travailleur ou, plus justement, chercheur.
Un chercheur, c’est d’abord quelqu’un qui apprend, s’initie. Pathé n’a pas de mal à le comprendre lui qui , dès le jeune âge, a baigné dans une atmosphère studieuse où l’on enseigne que Ku Jangul doo tari (Qui n’a pas appris, ne peut réciter sa leçon). Cette atmosphère, c’est celle de l’école coranique d’abord qu’il fit chez Youssoupha Sall et qui le marquera profondément ; il aurait pu la faire chez lui ou d’autres oncles car dans la famille de Tafsir Oumar Sall dont il est un descendant direct par sa mère Rokhaya Sall, les érudits étaient nombreux, y compris parmi les femmes dont l’une d’elles, Maam Taam, tenait un daara féminin. Le daara saintlouisien est alors une école de vie, un lieu où l’on se forme à plusieurs disciplines. PD y apprend le Coran mais aussi son intérêt pour la linguistique s’y forme, avec l’apprentissage du wolofal, qu’il maitrisera avant même d’aller à l’école française. Mais le daara est aussi un lieu où l’on se forme à la tolérance, à la solidarité, à l’humilité. Ces qualités, PD les mettra à profit et les affinera au petit lycée de la rue Neuville et plus tard au lycée Faidherbe à St louis, où PD fait partie des plus brillants élèves ;même s’il est déjà contestataire il est connu et reconnu, réputé pour ses capacités intellectuelles. Diagne Pathé, ainsi qu’il est appelé alors, se distingue par son gout pour la littérature française, singulièrement la poésie.
Mais il étonne aussi par son avidité à chercher le savoir hors des sentiers battus qui le conduira à lire, Nations Nègres et Culture en une nuit, alors qu’il n’est qu’en seconde. De St Louis, il rejoindra le lycée Van Vollenhoven à Dakar, autre centre d’excellence, où il s’illustrera également en passant haut la main les deux parties du baccalauréat qui lui ouvrent l’accès à l’enseignement supérieur
Après un passage à l’Université de Dakar sanctionné par deux licences en lettres et en sciences économiques, PD va s’inscrire à la Sorbonne et à l’École Pratique des Hautes Études en Sciences Sociales, deux institutions où officient les grands maitres des sciences sociales de l’époque. Ses professeurs ont pour noms Georges Balandier, Georges Gurvitch, Leroi Gourhan, Gilles Martinet ,G.Manessey, E.Benveniste, L.Homburger, Piveteau, L.V Thomas, R.Aron. Ils font autorité dans les domaines de la sociologie, de l’anthropologie, du comparatisme, de l’égyptologie, de l’archéologie, et de la paléontologie… Il fréquente aussi Sciences Po où officie un certain Raymond Aron. PD s’intéresse davantage à ces disciplines qu’aux sciences économiques dans lesquelles il s’illustrera pourtant en soutenant une thèse sur l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest . Il approfondit sa connaissance des travaux de Cheik Anta Diop dont il deviendra l’ami et à qui il consacrera d’ailleurs un ouvrage :Cheikh Anta Diop et l’Afrique dans l’histoire du monde.
Il s’intéresse à la Harlem Renaissance et sera un des premiers Sénégalais de sa génération à se rendre aux USA et à participer aux combats intellectuels des Afro-Américains avec qui il cheminera à Dakar lors du Festival mondial des arts nègres, en 1966, et à Alger avec le Festival culturel panafricain tenu en 1969
C’est fort ce tout cela que PD va, vers la fin de la décennie 60, s’installer à Dakar pour y poursuivre une carrière de chercheur. Lorsqu’il pose ses pénates à l’Institut Fondamentale de l’Afrique noire (IFAN) de l’Université de Dakar il a déjà commis deux ouvrages devenus des classiques: Une grammaire moderne du wolof –seul avant lui le grammairien Senghor s’était risqué à un tel exercice pour une langue africaine, en l’occurrence le Sereer- et le Pouvoir politique traditionnel en Afrique de l’Ouest alors que nombre de ses professeurs dont Balandier et Martinet l’avaient assuré chacun dans son territoire que ses thèses ne trouveraient pas d’éditeur dans la France bien-pensante.
A l’IFAN, il va poursuivre les travaux de linguistique entamés à Paris .Il le fait avec brio et publie coup sur coup des ouvrages qui feront date : l`Anthologie wolof de la littérature universelle, IFAN, Dakar 1970, l`Anthologie de la littérature wolof, IFAN, Dakar, I971, témoignent de cette intense activité intellectuelle. PD se lance aussi dans la traduction en wolof de classiques de Sophocle, de Tolstoï, de Shakespeare, de Buchner, de Gogol, etc. Plus que jamais il fait sien l’adage « xam sa lakk xamm sa bopp » (si tu connais ta langue, tu connais ton identité).
Sa décontraction le fait remarquer des chercheurs qui, en passant devant son bureau dont la porte est toujours ouverte ,l’entendent chanter, siffloter, commenter un match de football, fredonner des accords de Thelonious Monk ou disserter sur la rencontre entre le Neandertal et l’Homo sapiens avec une égale aisance ne donnant jamais l’impression d’être en peine. PD va être remarqué aussi hors de l’IFAN par des cinéastes comme Ousmane Sembene ou Johnson Traore avec qui il va collaborer sur différents projets . Hors du Sénégal, PD est connu aux USA où il se rend régulièrement à partir de 1967 alors que le Black Power prend son envol en 1972. Il dispense des cours dans plusieurs universités mais surtout il dialogue avec un grand nombre de nationalistes afroaméricains . Molefi Asante, Leroi Jones qui deviendra Amir Baraka, Ron Karenga qui n’est pas encore Maulana,Stokely Carmichael qui s’installera dans la Guinée de Sékou Toure sous le nom de Kwame Toure.
Pourtant travailler à Dakar participait de la gageure . Pouvoir surmonter les conditions de travail difficiles, ne suffisait pas . Il fallait y ajouter une grande dose d’audace. D’autant qu’ à la différence de ces chercheurs qui labourent les terrains bien balisés de leurs thèses Pathé se pose en défricheur, un de ceux qui n’ont de cesse de questionner, voire bousculer les doxa et les idées reçues .Ce trait de caractère, cette indépendance d’esprit lui vaudra d’être combattu par le système mandarinal français qui se déploie à pleines voiles au Sénégal à l’époque avec une université qui est la 17 eme de France et un IFAN qui est encore très largement français. PD sait que les mécanismes coopérationnels de la France gaulliste et ne lui feront pas de cadeau; il a devant lui l’exemple de Cheikh Anta Diop réduit au rang d’ermite dans son laboratoire de carbone avec un salaire de misère de 150 dollars. Mais cette perspective n’effraie pas PD qui du reste affiche un souverain mépris pour les biens matériels . L’historien des civilisations va continuer à s’engager sur un terrain où la controverse est particulièrement vive. Dans le sillage de CAD combattu par l’Université, il défend les thèses de Nations Nègres et culture. Il fera preuve sur ce terrain de la même rigueur que celle qu’il met à défendre les langues africaines. L’ère /aire ramakushi, à laquelle il va consacrer plusieurs ouvrages d’une rare érudition, l’occupe. .Pour autant, l’historien ne se désintéressera pas d’une histoire plus immédiate, en particulier celle des « mésaventures africaines » de la France gaullienne pour reprendre le sous-titre de son ouvrage De la République de Felix Éboué à la Francafrique de Charles de Gaulle.
Pour réaliser ses projets, pour faire triompher son intelligence, et ses intuitions géniales, PD mobilise cette qualité qu’il possède en abondance: son audace. Et un côté rebelle qu’il possédait déjà au lycée Faidherbe et qui lui fit préférer le béret basque aux couvre-chef plus classiques. Et l’audace, Pathé n’en manque point ; qui allait le conduire à affronter l’establishment euro ou sémito-centriste et attraire en justice, en France, un certain Jean Daniel, éditorialiste du Nouvel Observateur qui fut déclaré coupable et condamné. Une audace qui allait le conduire à déconstruire les paradigmes d’un certain Léopold Sedar Senghor devenu le servant de la francophonie après avoir été le chantre de la négritude. Senghor était alors au summum de son imperium politique et intellectuel et résumait sa philosophie d’une maxime : « Sévir sans faiblesse coupable ni cruauté inutile » Telle était sa position face à ses adversaires politiques depuis la mise sur pied du régime présidentiel en 1963 mais aussi face aux intellectuels. Pour le monocrate qu’il était devenu en instaurant un présidentialisme exacerbé en lieu et place d’un régime parlementaire dont il se défit en 1962, le maitre mot était sévir, au risque de susciter une résistance à laquelle PD prit une part active, même si elle est peu connue. Le festival d’ Alger en 1969 marqua le paroxysme de l’ affrontement Diagne-Senghor qui jusqu’alors avait été à fleurets mouchetés.
Senghor n’est pas à Alger mais il y a dépêché deux poids lourds de son gouvernement :Assane Seck et Amadou Makhtar Mbow. Ils seront bien incapables cependant de faire face à la puissance de feu d’un PD d’autant plus à l’aise qu’il ne cherche rien ni dans les cénacles du pouvoir, ni dans les rangs de l’opposition .Senghor réagira avec une sévérité qui frise la cruauté : PD sera renvoyé de l’IFAN. Mais alors qu’ à l’époque coloniale il s’est trouvé un Boissier Palun pour faire plier ou pour contourner une sanction excessive prise contre Pathé par l’administration du lycée Faidherbe, en 1969 il ne se trouve plus personne pour faire entendre raison à un Senghor d’autant plus ferme qu’il voit en PD un exemple qu’il ne faut pas laisser prospérer. PD restera de marbre face à la décision de l’autocrate et continuera son combat sans jamais faire de concessions . Par intégrité intellectuelle autant que politique, il refuse la soumission à un ordre senghorien suranné. Il va quitter l’institution universitaire où il aurait pu faire carrière mais la victoire de Senghor est une victoire à la Pyrrhus car PD aura laissé des traces de son passage avec une production intellectuelle de qualité sous la forme de plusieurs livres et de dizaines d’articles.
L’intégrité de Pathé se double d’une humilité qui est un autre trait majeur. PD n’est pas homme des paillettes ou des ors et dorures. La lumière, il ne la cherche pas ,pas plus qu’il ne tire la couverture à lui. Les rampes des projecteurs, il les abhorre et lorsqu’il ne peut y échapper, il cherche un commensal avec qui les partager ou attribue ses mérites a d’autres. Pathé est un homme généreux.
2) La densité de PD est celle d’un homme généreux :
Cette générosité s’exprime de diverses manières :elle prend d’abord la forme de la solidarité avec les plus vulnérables. Les raisons de son expulsion de Faidherbe sont éclairantes à cet égard. C’est en effet pour ne pas servir de témoin à charge à un professeur français corrige par un élève sénégalais que PD fut l’objet cd représailles. Il préféra prendre quelques libertés avec la vérité plutôt que de dire une vérité qui aurait pu nuire à son camarade.
Cette solidarité avec les plus vulnérables explique sans doute son intérêt pour une certaine approche de l’ histoire : celle qui rétablit la vérité sur ceux-là qu’on tend à oublier, donne voix aux sans -voix, sert ceux-là que le destin semble desservir. Il pense comme Chinua Achebe que les lions ont besoin de leurs historiens. Il rétablit ainsi la vérité sur Jean Bart, qui avait en fait pour nom Jambar Diagne, était lamane maitre de terre. C’est ce trait d’esprit qui explique aussi qu’il se soit intéressé au Faidherbe de 1870 plutôt qu’au Gouverneur de St Louis car le vainqueur des Prussiens dut sa victoire aux soldats originaires des quatre communes, héros pas suffisamment chantés.
Cette générosité prend aussi la forme d’une ouverture d’esprit remarquable. Rien n’en témoigne davantage que la ligne éditoriale de la maison d’ édition qu’il fonda en 1974. Sankore, ainsi qu’il l’appela pour souligner l’ouverture, accueillit tenants et adversaires de l’ethnophilosophie ,marxistes et libéraux, laudateurs et contempteurs de Cheikh Anta Diop. La librairie éponyme amplifiait les controverses fécondes mais surtout les démocratisait car Sankoré qui était central spatialement parlant, était libre d’accès. .Toutes les langues s’y parlaient et toutes les générations y étaient également bienvenues, tout comme les formes d’expression: s’y rencontraient les cinéastes, les peintres et sculpteurs ; les romanciers et les musiciens, les mathématiciens et les chanteurs de khassaides, les juristes et les anarchistes autoproclamées. PD était d’autant plus enclin à débattre que ce n’est pas un homme de chapelle. Il est en fait de ceux qui, en politique comme dans d’autres sphères, ne transigent pas sur la souveraineté du sujet. Souveraineté comprise comme chez Spinoza comme la capacité de dire non.
Cette capacité à dire non Pathé la porte en bandoulière car il est l’héritier d’une tradition communale citoyenne qui s’est forgée au sein d’un Saint Louis comptoir multiracial, multiculturel et multiconfessionnel depuis l’époque du négoce transocéanique alors que les monarchies de droit divin régnaient en Europe et les califats despotiques en Orient. Dans le passage Nehme où se nichait Sankore, non seulement on pouvait dire non mais on était encouragé à le dire. Et ce dans la langue de son choix. Comme s’il se fût agi de mettre en pratique les propos de Serigne Moussa Ka inscrits en épigraphe de son ouvrage sur la littérature wolof selon lesquels « toute langue est belle qui chante chez l’esclave la dignité et chez l’homme célèbre l’intelligence » Et lorsque l’espace ou le temps de la librairie s’avérait contraignant, PD invitait les protagonistes du jour à poursuivre la discussion ailleurs. C ‘était souvent chez lui. L’agora se déplaçait alors de Ponty à Yoff Ranrhar où le cebbu jenn St louisien servi face à l’ Atlantique finissait par avoir raison des ardeurs des uns et des autres ou réussissait le tour de force de mettre d’accord, de réconcilier les protagonistes et devenait ainsi un liant renforcé par la magie du lieu et la majesté d’une Fat Sow, tout à la fois complice intellectuelle de PD, hôtesse prévenante et commensale taquine.
La générosité conduit aussi PD à reconnaître à ses interlocuteurs ou à ses sujets beaucoup plus de qualités qu’euxmêmes ne s’en trouvent ou ne s’en connaissent. C’est ainsi qu’à propos d’un évènement comme Mai 68, PD est un des rares de sa génération à en avoir saisi, à mon sens, l’esprit profond. La lecture qu’il en fait est particulièrement valorisante car là où beaucoup de sa génération ne voient qu’une simple disruption, si ce n’est, pire encore, mimétisme de la part d’étudiants manipulés par des Albo-européens, PD dans sa grande générosité autant que lucidité lit Mai 68 comme une manifestation d’envergure qui se distingue des autres manifestations politiques par la très grande générosité, le désintéressement, le dévouement de la plupart des acteurs de ce mouvement, singulièrement des plus jeunes. Il est, sous ce rapport, «frère d’âme », comme dirait mon neveu David Diop, du situationniste Raoul Vaneighem pour qui la révolution est une offrande à l’amour. C’est encore de générosité que fait preuve Pathé lorsqu’il attribue à ce qu’il appelle l’esprit de Saint Louis ou de Tafsir Omar, son grand-père maternel, des qualités dont je persiste à croire qu’elles lui sont propres..
C’est encore sur le compte de la générosité que s’inscrit son sens aigu de l’amitié. Chez PD générosité rime avec amitié. Une amitié élevée au rang de mystique. PD ne renie aucun de ses amis, même ceux qui ont fait des choix aux antipodes des siens. Tout au plus peut-il s’en éloigner, pour ne pas les gêner, comme ce fut le cas avec Diouf au pouvoir ( Président de la République du Sénégal en 1981 après avoir été Premier Ministre entre 1970 et 1980); mais jamais il ne les fustigera. Sa fidélité en amitié explique aussi qu’il ne se soit jamais joint au chœur des critiques de Présence Africaine bien que la Société Africaine de Culture (SAC) à laquelle il prêta pendant fort longtemps ses lumières ne l’ait pas payé en retour et ait même contribué, par sa tiédeur à faire couler l’Association internationale des arts et cultures (AIFESPAC).
J’en arrive à un autre trait de caractère de PD : c’est l’intégrité. C’est une intégrité morale résultant d’une éducation stricte et quelque peu aristocratique avec ce que cela comporte non de mépris mais de détachement par rapport aux oripeaux des nouveaux riches; mais l’intégrité de PD elle est aussi une intégrité intellectuelle qui pousse à un sacrosaint respect des faits. Cette intégrité, rien n’en témoigne davantage que le portrait qu’il dresse de Félix Éboué en qui il voit « le dépositaire et le légataire d’une tradition communale citoyenne …antérieure aux révolutions républicaines du 18eme siècle… » PD. rétablit la vérité sur Éboué parce qu’il ne supporte pas l’injustice de l’oubli, la falsification de l’Histoire de la Résistance par De Gaulle et ses épigones, « la mémoire absentée ». L’intégrité s’exprime par sa volonté et sa capacité à écouter et à parler, à présenter et à partager. Pathé aime communiquer, mais moins pour rallier quelqu’un à sa cause, recruter des talibés ou des militants que pour inciter au dépassement, faire bouger les lignes et faire voir en chacun ce qu’il a de mieux. Son intégrité conduira PD à toujours dire ses limites pour inviter d’autres à le dépasser; les faiblesses de ses argumentaires, il ne les cachera jamais et s’il y a une chose dont il a pu souffrir ce n’est pas de la contestation de ses idées, révolutionnaires sur bien des points, mais de leur insuffisante contestation, en raison de débats insuffisants auxquels il était pourtant prêt, qu’il voulait même susciter. Loin de vouloir marquer un territoire, qu’il aurait pu considérer comme le sien pour l’avoir débroussaillé, PD invite les autres à y planter leurs pénates s’ils le souhaitent, sans payer un ticket d’entrée. C’est assez rare chez les chercheurs formés à l’esprit de la rivalité féroce, forcené, distincte de l’émulation saine, pour mériter d’être souligné
*A SUIVRE
NOTA : Le décès de Pathé Diagne survenu le 23 Aout 2023 à Dakar a remis à l’ordre du jour tout l’intérêt du texte que Dr Alioune Sall a servi à l’auditoire lors du colloque international sur le thème Globalisation, langues nationales et développement en Afrique – Hommage à deux pionniers de la linguistique africaine : Arame FAL et Pathé Diagne. Sud Quotidien reproduit en deux jets cette conférence magistrale qui a été prononcée dans la foulée du lancement de l’Institut d’Études avancées (IEA) de Saint-Louis en 2018, sous le titre Pathé Diagne, lamane de la pensée, au linguiste, éditeur et économiste qui, depuis de nombreuses années, a vécu dans la pénombre.
Par ALIOUNE SALL
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
LE PRÉSIDENT ET L’AXIOME DE CHOIX
EXCLUSIF SENEPLUS - Entre choisir quelqu’un qui pourrait gagner et ne s’avérait pas loyal à terme et quelqu’un qui serait loyal mais aurait peu de chance de gagner, c’était vite vu pour Macky Sall. Il faut d’abord gagner pour ensuite penser à la loyauté
L’accouchement fut difficile. Le président a la digestion lente. Choisir lui demande toujours du temps. Lui, l’apôtre des coalitions de longue durée et de la théorie des ensembles, ignore visiblement l’axiome de choix, fondement de cette théorie. Des signes avant-coureurs désignèrent le vainqueur bien avant son annonce et il n’eut point de fâcheuse surprise, le pronostic attendu s’avéra cette fois juste. Le choix du candidat de Benno s’est porté sur Amadou Ba. Un choix de raison plutôt que de coeur, un peu comme lors de son abdication du troisième mandat. Macky Sall est un ingénieur, pas un artiste. Il sait donner à la politique une tournure personnelle et est apparu au fil des ans comme un champion dans la préservation de ses intérêts en manipulant les circonstances. Après avoir donc attendu plus de deux mois, le candidat de Benno a enfin un visage. C’est important en politique.
On constatera qu’Amadou Ba est à chaque fois présent dans les moments de choix du président. On constatera aussi que chaque fois qu’il a fallu le nommer à une quelconque responsabilité, le président aura longuement hésité. Souvenez-vous de la formation du gouvernement à l’issue de l’élection présidentielle de 2019. L’annonce qui devait être une simple formalité prit une éternité. Amadou Ba était le point bloquant. Les négociations d’alors, achoppèrent principalement sur sa sortie du ministère des Finances. Il accepta contre mauvaise fortune bon coeur, le ministère des Affaires étrangères. Il n’y resta d’ailleurs pas longtemps.
L’autre épisode fut sa nomination au poste de Premier ministre en septembre 2022. Le poste, bien que remis au goût du jour par une procédure d’urgence, fut vacant pendant plus de neuf mois. Une éternité. Il avait fallu là encore, au président moult hésitations avant de lui proposer le fauteuil. Une sombre affaire d’achat d’armes impliquant le ministère de l’Environnement et celui des Finances tomba à propos pour le mettre en pole position et lui permettre de rafler la mise.
Bis repetita pour la désignation de son dauphin dans Benno, le président aura attendu des semaines avant de le nommer. Entre temps, à leur grand désavantage, une kyrielle de candidats eut le temps de fleurir dans leur camp, des clans s’installèrent et on vit naitre des bribes de compétition féroces entre les différents protagonistes. Les joutes entre candidats à la candidature, furent-elles à fleurets mouchetés, se firent jour et elles auront sans aucun doute, des séquelles dans les jours à venir.
Le président se devait de répondre à deux questions simples pour désigner le candidat de son camp : qui parmi les candidats pouvait gagner au premier tour ? Sur qui pourrait-il compter pour rester dans les arcanes du pouvoir après 2024 ?
A ces deux questions, Amadou Ba était la meilleure réponse : il tient la cote dans l’électorat national pour Benno, n’étant pas régionalement marqué donc aisément fédérateur ; il a le profil lisse, pas fortement estampillé APR pour les partenaires dans Benno qui souffraient en silence de l’hégémonie du parti du président ; il est enfin celui qui rassure les partenaires extérieurs du Sénégal.
Le choix d’Amadou Ba ne dérange dans le fonds que ses collègues de parti. Sa cote de désamour dans l’APR est forte. Les militants sont contre ce taiseux, qui, bien que dernier venu, a engrangé tous les privilèges sans jamais véritablement mouiller le maillot. On lui reproche de ne jamais l’avoir entendu égratigner le moindre opposant.
Mahamat Boun Abdallah fut pendant un long moment, son challenger à ce poste de candidat de Benno. Il est indubitablement, la personne sur laquelle Macky peut, sans aucune hésitation, compter en toutes circonstances. Il enfila le rôle de parfait second durant tout leur compagnonnage. S’il jouissait de l’avantage d‘être un bon compromis dans Benno n’y ayant pas d’ennemis déclarés, il portait le lourd handicap de ne pas capter en son nom, un électorat de masse hors de sa coalition.
Abdoulaye D. Diallo montra par moment ses muscles mais à vrai dire, il n’en avait pas beaucoup. Bien qu’homme de réseaux, il avait l’inconvénient d’être une personne du « milieu ». Il ne tranchait véritablement sur aucun des principaux critères du président : pouvoir gagner et être loyal -. Il pourrait certes gagner avec l’appareil de Benno, mais Amadou Ba pourrait mieux gagner que lui ; il est certes loyal au président mais Boun Abdallah est plus loyal que lui. Ces manquements en faisaient le moins bien placé du trio majeur.
Les autres candidats à la candidature ne présentaient pas d’intérêts particuliers aux yeux du président.
Avec ce choix, Macky fait un pari risqué en espérant que son futur d‘ex-président n’aura pas à regretter cet acte. Entre choisir quelqu’un qui pourrait gagner et ne s’avérait pas loyal à terme et quelqu’un qui serait loyal mais aurait peu de chance de gagner, c’était vite vu. La balance a penché du côté d’Amadou Ba. Il faut d’abord gagner pour ensuite penser à la loyauté. C’est cela la realpolitik.
Dorénavant, les yeux vont se tourner vers Amadou Ba.
Les caresses courtisanes vont changer de maitre. Cela a déjà commencé. Sa vie privée sera désormais auscultée sur toutes les coutures et mise sur la place publique par ses adversaires. Il sera leur cible désignée. Espérons qu’il aura la peau dure.
En attendant, nous autres citoyens devront aussi activer notre axiome de choix : il nous faudra nous aussi répondre à ces deux questions : les défis de 2024 pourront-ils se faire dans la continuité comme le suggère la candidature d’Amadou Ba, prudent et spécialiste dans l’accumulation des petits avantages politiques comme son maitre ? Ou faudrait-il un nouveau messie adepte de l’attaque frontale pour refonder ce pays, effacer le passé et enclencher les réformes dont nous avons besoin ?
Les prochains mois nous permettront, avec ce qui restera de candidats passés au filtre du parrainage, de redéfinir ce qui parait possible et de choisir des leaders capables d’imposer des transformations.
Ce sera notre ultime défi.
C. Tidiane Sow est Coach en Communication politique.
par Bassirou Dieng
MACKY NE FAIT RIEN AU HASARD
Même s il a porté son choix sur Amadou Ba, Macky ne fera pas de lui son seul et unique candidat. Il va sans doute parrainer d’autres candidatures pour maximiser les chances de voir un de ses candidats sortir au deuxième tour
En décidant de porter son dévolu sur son parent Halpular, Amadou Ba, et en insistant sur le fait que ce dernier est le seul candidat de Benno Book Yaakar, le président Macky Sall semble vouloir se laver les mains de toutes accusations de parrainage d’un autre candidat issu des flancs de leur coalition. Hélas ! Même son insistance ne ferait changer d’avis ceux qui le connaissent, le pratiquent et qui savent qu’il ne fait rien au hasard, soufflant à la fois le chaud et le froid.
Il est un habitué de parrainage de candidatures. À preuve, lors des locales de 2022, il a parrainé plusieurs candidatures dont celles de Mame Mbaye Niang et autres, ce, malgré ses menaces. Même s il a porté son choix sur Amadou Ba, Macky ne fera pas de lui son seul et unique candidat. Il va sans doute parrainer d’autres candidatures pour maximiser les chances de voir un de ses candidats sortir au deuxième tour.
Aux Sénégalais de ne pas alors tomber dans son piège. Il sait mieux que quiconque que son candidat « imposé », Amadou Ba, ne peut faire partie des deux premiers qui seront au deuxième tour au soir du 25 février 2024. Il cherchera juste à effriter l’électorat de l’opposition en maximisant les chances de son parent Halpular Amadou Ba.
Que rien ne nous surprenne si demain d’autres candidatures naissent des flancs de Benno.
Que le peuple prenne ses responsabilités une bonne fois pour toute en infligeant une bonne raclée à Macky et sa bande dès le 25 février 2024.
Bassirou Dieng est Coordonnateur Mimi2024 du département de Pikine.
par Madiambal Diagne
LES OUBLIS DE MIMI TOURÉ
Quand elle bat campagne en 2019 pour la réélection de Macky Sall, ne sait-elle pas que le président de la République a déjà nommé son propre frère, Aliou Sall, à un emploi public ?
(…) On ne peut pas ne pas avoir la gorge nouée, en relisant certains écrits de Mimi Touré. Pour exprimer son courroux parce qu’elle n’est pas choisie par le président Macky Sall pour le poste de présidente de l’Assemblée nationale, elle cherche aujourd’hui à faire le plus mal, en personnalisant le débat politique et surtout en adoptant la stratégie de la terre brûlée. Mimi Touré verse dans l’invective, et fait exactement ce qu’elle reproche avec hargne et véhémence à son prédécesseur lorsqu’elle accède à la fonction de Premier ministre, Abdoul Mbaye.
Le simple fait que de tous les responsables politiques sénégalais, du pouvoir comme de l’opposition, Mimi Touré ne trouve que la seule personne de Abdoul Mbaye pour lui apporter un soutien public dans cette nouvelle croisade contre Macky Sall, devrait lui faire prendre la mesure de son fourvoiement. On a beau vouloir être amnésique, on peut encore se remémorer les esclandres de la passation du témoin entre ces deux personnes. De même, qu’est-ce que Mimi Touré épargne à Abdoul Mbaye quand il sollicite la protection de l’ambassade de France (son autre Patrie) à Dakar estimant craindre pour sa vie, lorsqu’il est victime d’un cambriolage à son domicile ?
Justement, quelle est cette facilité à prêter à chaque fois au pouvoir politique, le sinistre dessein de chercher à assassiner des adversaires, sans jamais déposer une plainte, ni fournir la moindre preuve ? C’est devenu une rengaine que quiconque n’est pas d’accord avec le pouvoir politique sorte pour déclarer être dans la ligne de mire d’escadrons de la mort, alors que pas une seule fois quelqu’un n’est tué ou blessé !
Mimi fait des sorties à l’emporte-pièce, juste pour remuer le couteau dans la plaie. Elle voudrait porter le combat contre le népotisme du clan du président de la République qui justifierait le choix porté sur Amadou Mame Diop. Les juristes diront la pertinence ou l’adéquation ou la conformité d’une telle démarche avec les principes fondamentaux de la République.
Il reste qu’on peut se demander si Mimi Touré a encore toute sa tête.
Quand elle bat campagne en 2019 pour la réélection de Macky Sall, ne sait-elle pas que le président de la République a déjà nommé son propre frère, Aliou Sall, à un emploi public ?
Mieux, elle dit sur la nomination de Aliou Sall à la Caisse des dépôts et consignations, le 29 juillet 2017, au micro de la Rfm, et avec fermeté : «C’est le président de la République qui nomme aux fonctions civiles et militaires, point barre !»
Ne sait-elle pas également que Mansour Faye, frère de la Première Dame, est aux affaires depuis 2012 ? Pourtant, Aminata Touré battra campagne à Saint-Louis, en 2019, et aux élections législatives de juillet 2022 aux côtés du même Mansour Faye.
A cette dernière occasion, elle se félicite des réalisations ainsi que de la bonne gouvernance dans la ville de Saint-Louis et raille l’opposition : «Avec le pétrole et le gaz, nous ne donnerons pas nos richesses à des amateurs.» On peut sous-entendre alors que Mansour Faye n’apparaît pas comme un «amateur» aux yeux de Mimi Touré. Quid de Amadou Mame Diop que le Président Macky Sall lui préfère au Perchoir ? Mimi Touré battra campagne à ses côtés à Richard-Toll, et cela ne semble pas la déranger le moins du monde.
Il nous revient à l’esprit l’apostrophe de Michel Poniatowski à l’endroit de l’ancienne ministre Françoise Giroud : «Quand on a goûté aussi longtemps à la soupe, il est bizarre de lui trouver à la fin un goût amer.»
Par ailleurs, Mimi Touré s’épanche sur l’intention qu’elle prête au Président Macky Sall de se préparer à se déclarer candidat pour la présidentielle de 2024, et que cela justifierait qu’il n’ait pas voulu d’elle à la tête de l’Assemblée nationale.
L’argument apparaît bien spécieux, car on ne sait pas comment un président de l’Assemblée nationale pourrait empêcher un tel projet politique. Aussi, devant des personnes qui peuvent travailler l’oreille de Macky Sall en faveur de ses propres intérêts, Mimi Touré ne manifestera jamais une opposition à l’idée avancée d’une nouvelle candidature de Macky Sall. Peut-être que l’idée est prématurée ou que Mimi cache bien son jeu comme «Maisy Mouse», le célèbre personnage de Lucy Cousins.
De toute façon, elle finit par réaliser qu’elle a tout faux, car le 3 juillet 2023, à la face du monde, Macky Sall renonce à briguer un autre mandat présidentiel en 2024.
Je continue à croire que Mimi Touré vaut mieux que cette posture qu’elle s’obstine à se donner.
Mimi Touré est en train de travailler contre elle-même et est partie pour déposer un bouquet de chrysanthèmes sur sa carrière politique. Elle choisit de garder son mandat de députée et de quitter le groupe parlementaire Benno Bokk yaakaar. Une stupidité, lui avons-nous dit. (…)
Le maître de ses horloges : la preuve par Amadou Ba
(…) La bourrasque de juin 2023 passée, le Président Sall continue d’entretenir le mystère sur les intentions qui lui sont prêtées de se présenter à l’élection présidentielle de 2024. A la vérité, il me donne systématiquement des indices ou fait des réflexions qui montrent bien qu’il n’envisage pas une nouvelle candidature.
Depuis sa réélection en 2019, il agite l’éventualité qu’un groupe autour de Amadou Ba poursuive ses actions à l’horizon 2024. Quand je lui parle d’une modification des Statuts de l’Union internationale de la presse francophone (Upf) pour me permettre de rester à la tête de l’organisation faîtière de journalistes, il me fait une réflexion pleine de sous-entendus : «Le troisième mandat, ce n’est jamais une bonne chose.» Je lui réplique par la réflexion d’un ami africain : «Où a-t-on vu changer un bon père de famille ?»
A la restauration du poste de Premier ministre, son choix est déjà clair dans sa tête que ce sera Amadou Ba qui «pourra continuer au cas où je ne serais pas candidat en 2024».
Macky Sall me met dans la confidence, plusieurs mois auparavant. C’est fort de cela qu’à quelques heures de la nomination du Premier ministre, Amadou Ba est resté dans l’incertitude et semble ne pas savoir à quelle sauce il sera mangé. Je me permets de lui recommander d’avoir un costume prêt pour éventuellement aller répondre. «Si ce n’était pas toi, je crois qu’il me l’aurait dit», lui dis-je.
L’appel tant attendu tombe une demi-heure après. Il se rend au Palais par une porte dérobée et se voit notifier par le Président, sa décision de le nommer au poste de Premier ministre.
C’est ainsi que Amadou Ba se prête à un jeu de rôles devant les caméras de la Rts qui filment son entrée et son audience en tête-à-tête avec le président de la République.
Pour autant, Macky Sall reste mystérieux sur son éventuelle candidature pour 2024. Le 14 juin 2023, avant son départ pour l’Ukraine et la Russie, il confie sa décision de ne pas se porter candidat à son Premier ministre. Il me donne rendez-vous à Paris où il doit se trouver du 20 au 22 juin 2023.
Déjà le 19 juin 2023, en visite officielle à Lisbonne, au Portugal, il se lâche en public sur ses intentions, mais sa délégation se fait un point d’honneur de ne pas ébruiter la confession.
De retour de Paris, il reçoit les conclusions du dialogue politique et continue de distiller la possibilité qu’il puisse en arriver à ne pas être candidat. Dans le même temps, des élus locaux lancent une pétition pour le pousser à se déclarer candidat.
Le couple présidentiel décide d’aller passer la fête de la Tabaski à la Mecque. Une première !
De surcroît, les appuis traditionnels habituellement distribués à l’occasion de la fête font défaut. Le Premier ministre représente le chef de l’Etat à la cérémonie de la prière à la Grande Mosquée de Dakar. Je glisse à Amadou Ba : «Vous avez fini de faire une passation de pouvoirs dans notre dos.»
Quand le Président Sall finit, le 3 juillet 2023, de clarifier définitivement qu’il ne se portera pas candidat, on assiste à une flopée de candidatures à la candidature de Benno bokk yaakaar.
Le phénomène ne surprend personne
Le Président cache sa préférence pour son Premier ministre et laisse les ambitions s’exprimer. Il se veut inclusif et semble traiter tous les candidats d’une égale dignité. Il finit par jeter son dévolu sur son Premier ministre qui lui semble le plus «électable». «Il a, de tous nos gars, le plus d’atouts ou de chances pour se faire élire», pense-t-il toujours de Amadou Ba.
On verra en 2024…
Amadou Ba siège pour la première fois, le 19 novembre 2015, au Secrétariat national de l’Apr.
Le ministre de l’Economie et des finances vient d’adhérer officiellement au parti. Amadou Ba, qui milite un temps activement au Parti socialiste, met sous le boisseau son engagement de militant politique pour se consacrer à sa carrière de fonctionnaire.
C’est ainsi que le Président Wade le nomme Directeur général des Impôts et domaines en 2006. En le nommant au gouvernement, le Président Macky Sall choisit un technocrate. Mais devant la faiblesse de l’Apr à Dakar, l’idée me traverse l’esprit de suggérer au Président Sall d’encarter Amadou Ba dans son parti.
«Est-ce qu’il en voudra ?», s’interroge le président.
Je discute de la question avec Amadou Ba qui, il faut le dire, se montre un peu circonspect : «Cela risque d’être mal perçu par les partenaires étrangers que je fasse de la politique en tant que ministre des Finances», objecte-t-il. Je balaie d’un revers de main un tel argument en lui citant des exemples, aussi bien au Sénégal que dans tous les pays partenaires du Sénégal.
Nous en discutons plusieurs fois et il finit par donner son accord, disant qu’il ne saurait refuser quelque chose au Président Sall.
Le chef de l’Etat lui exprime l’intérêt de le voir renforcer l’Apr à Dakar et Amadou Ba n’hésite plus un instant.
Il devient membre de l’Apr
C’est ainsi qu’il sera très actif durant la campagne référendaire de 2016 et sera désigné tête de liste victorieuse de Benno bokk yaakaar aux Législatives 2017 et coordonnateur de la campagne électorale dans la région de Dakar à la Présidentielle de 2019…
PAR Ibrahima Thioye
ENNÉAGRAMME : GÉNÉRALITÉS
Cet article propose une introduction à l’ennéagramme de personnalité. Ce modèle est basé sur neuf types de personnalité (1/3)
Cet article propose une introduction à l’ennéagramme de personnalité. Ce modèle est basé sur neuf types de personnalité et présente les caractéristiques suivantes :
c’est un outil de développement personnel dont la puissance s’appuie essentiellement sur son caractère dynamique ;
il est efficace dans la connaissance de soi et la compréhension d’autrui, et il s’avère très utile dans le processus de transformation intérieure (évolution psychologique ou développement spirituel) ;
il nous révèle à la fois nos qualités (lumières) et nos défauts (ombres) ;
il est simple, mais aussi complexe, enraciné dans les anciennes traditions et ouvert à la modernité, car intégrant de nombreux développements issus de la psychologie.
Au cœur de la structure de cette typologie de personnalité, on retrouve des schémas de perception, de ressenti, de pensée et de comportement. L’ennéagramme admet que l’ombre et la lumière ne sont que deux faces d’une même pièce. Quand la lumière s’actualise (devenant manifeste), l’ombre se potentialise (devenant implicite) et vice versa.
Cet article décrit les traits de caractère associés aux types, le concept de niveau de développement du type, ainsi que le principal reproche adressé aux typologies de personnalité.
Traits de caractère associés aux types de personnalité
Type 1 :le perfectionniste, le réformateur
Conformiste, déterminé, ayant le sens du self-control, ordonné, intègre, mais aussi rigide, punitif et sans spontanéité.
Type 2 :l’altruiste, l’aidant
Généreux, disponible, avenant, bienveillant, mais aussi possessif, indirect et manipulateur.
Type 3 :le battant
Adaptable, ambitieux, pragmatique, ayant le goût du succès, sûr de lui, mais aussi hostile, très compétitif et insensible.
Type 4 :l’original, le romantique
Expressif, romantique, authentique, mais aussi en retrait, capricieux (lunatique) et dépressif.
Type 5 :l’observateur, le penseur, l’investigateur
Innovant, cérébral, détaché (pour bien appréhender la réalité), objectif, mais aussi provocateur, insensible (vu de l’extérieur) et excentrique.
Type 6 :le loyal-sceptique
Fiable, engagé, ayant le sens du devoir, sur ses gardes, vigilant, mais aussi suspicieux, ambivalent et masochiste (ou intimidant).
Type 7 :le généraliste, l’épicurien
Spontané, enjoué, optimiste, distrayant, mais aussi versatile, narcissique, intempérant et maniaque.
Type 8 :le protecteur, le challengeur
Sûr de lui, décisif, ayant le sens de la justice, mais aussi dominateur, sans subtilité, très porté sur la confrontation et la vengeance/destruction.
Type 9 : le médiateur, le négociateur
Agréable, rassurant, accommodant, mais aussi entêté, passif et négligent.
Niveau de développement du type de personnalité
Tous les types se valent. Plus le niveau de développement du type est élevé, plus le degré d’intégration de la personnalité est fort.
Lorsque le type de personnalité se trouve à un niveau bas, le degré de conscience est faible, les comportements inconscients et les réactions automatiques l’emportent sur les autres. Face à un stimulus extérieur, le défaut majeur (ou passion) s’allie à l’instinct dominant pour défendre l’intégrité du moi. Les trois centres d’intelligence (centre instinctif, centre émotionnel et centre mental) ne sont pas utilisés de façon équilibrée. La bienveillance n’est pas toujours présente. On dit que l’individu évolue généralement dans son ego.
À un niveau moyen de développement du type de personnalité, l’individu peut avoir une bonne conscience de sa passion et de son instinct dominant. Il identifie ses limites et élargit son champ d’expérience en modulant l’usage de ses centres d’intelligence. Il appréhende les paradoxes, développe sa capacité d’auto-observation et son habilité à investiguer sur lui-même. Sa tendance au jugement se réduit de plus en plus et il devient plus humble. Même si l’ego est toujours présent, il manifeste des signes de clairvoyance en se détachant momentanément de ce dernier.
Lorsque le type atteint un haut niveau de développement, l’individu acquiert une meilleure appréhension de la réalité. Il voit par-delà les apparences. On note chez ce dernier les qualités de présence, d’ouverture du cœur et de tranquillité d’esprit. Il adopte la non-dualité dans sa façon de penser. Il intègre et gère les paradoxes et a un sens des nuances et des subtilités. Sa maturité psychologique jointe à une pratique spirituelle (méditation, par exemple) lui ouvre durablement la voie de la transcendance. Il sait qu’il est une partie d’un collectif, sa conscience est étendue, ses centres d’intelligence sont utilisés de façon équilibrée. La bienveillance est présente et elle englobe l’acceptation, la compassion, le sens du pardon et l’humilité,. On dit que l’individu évolue dans son essence.
Principal reproche adressé aux typologies de personnalité
Le reproche adressé aux typologies de personnalité est qu’elles simplifient de façon excessive en mettant les personnes dans des cases. Cette remarque est pertinente « en apparence », mais cela n’entame pas leur utilité ou leur efficacité. Au sein d’un type de personnalité, on retrouve les mêmes schémas de ressenti, de pensée et de comportement, mais comme il existe de nombreux critères affectant la personnalité, il y aura toujours des différences entre deux individus.
Le modèle de l’ennéagramme repose sur l’identification de mécanismes similaires au sein de chaque type. Entre autres, y figurent ces éléments qui sont au cœur de la structure de la personnalité : la passion, l’instinct dominant, la compulsion, les mécanismes de défense, les points aveugles, l’utilisation des centres d’intelligence. Ces mécanismes sont activés de la même manière, selon le niveau de développement du type (de l’ego ou de l’essence).
En guise de conclusion, reprenons J. G. Bennett qui disait que « l’ennéagramme est utilisé pour interpréter des situations qui ont la structure du cosmos ». Il considère que le premier cosmos qu’un homme devrait étudier est lui-même. L’ennéagramme de personnalité – une variante parmi d’autres ennéagrammes – le lui permet.
C’est un outil de développement personnel efficace dans la transformation intérieure. Il nous décrit notre versant lumineux (regroupant nos qualités), mais aussi notre versant ombrageux (regroupant nos défauts). En prenant conscience de ce dernier versant, en s’auto-observant et en investiguant régulièrement sur soi-même, on dépasse sa passion et son instinct dominant, on rompt avec le pilotage automatique et on progresse vers l’intégration de la personnalité (avec une plus grande maîtrise de soi, une ouverture et un sens élevé de la bienveillance).
Type : est dénommé aussi « base », « ennéatype », « profil », « point ».
Ego : part de la personnalité issue de l’enfance, constituée d’une collection d’automatismes intégrant des défenses internes, des réactions et des croyances profondément ancrées à propos de soi et du monde. Il se caractérise par une identification à un « je » différent des « autres ».
Essence : part de la personnalité libérée des automatismes et qui se manifeste par une présence (en contact avec le corps), une ouverture du cœur et un esprit tranquille et serein. La personne a un niveau de conscience plus étendu.
Passion : émotion principale quand la personne se trouve dans son ego. Les neuf passions de l’ennéagramme sont : la colère, l’orgueil, la vanité, l’envie, l’avarice, la peur, la gloutonnerie, l’excès et la paresse.
Instinct dominant : instinct le plus utilisé parmi les trois : instinct de conservation (ou de préservation ou de survie), instinct social (ou grégaire) et instinct intime (ou de séduction).
Mécanisme de défense : mécanisme par lequel l’ego se protège.
Compulsion : mécanisme automatique d’évitement quand la personne se trouve dans son ego.
Points aveugles (blind spots) : aspects du comportement ou des attitudes de la personne qui lui sont invisibles lorsqu’elle se trouve dans son ego.
Centre d’intelligence : chaque centre représente une des trois formes d’intelligence constituant la personnalité humaine. On distingue le centre instinctif, le centre émotionnel et le centre mental.
Non-dualité : la non-dualité est la compréhension de l’unité fondamentale (non-séparation absolue) de tout ce qui est (soi et le monde, sujet et l’objet, etc.). Elle est au cœur de la plupart des sagesses religieuses.
par Souleymane Ka
PATHÉ DIAGNE L’ÉMINENT SAVANT
Comme Cheikh Anta Diop, Pathé Diagne est partisan de la renaissance africaine avec la promotion des langues africaines et non du grec et du latin comme vecteur du progrès in « introduction à la culture africaine »
Pathé Diagne a fait des études de lettres et d’économie à l’université de Dakar où il a obtenu ses deux licences et il a continué à la Sorbonne et à l’Ecole pratique des hautes études et promu docteur en linguistique « le syntagme nominal en wolof » dirige par A Martinet et en économie l’intégration des pays en Afrique occidentale dirigé par Maurice Bye.
Il a complété son cursus à sciences po Paris. Enseignant-chercheur à la faculté de lettres de l’université de Dakar et à l’IFAN.
Il a séjourné aux EU et enseigné Carbondale, de Paw, UCLA et Harvard et Cornell.
Linguiste, historien, philosophe, économiste, éditeur Pathé Diagne s’est spécialisé dans plusieurs domaines des sciences sociales et a marqué le monde scientifique par plus d’une vingtaine d’ouvrages et d’articles.
En ouvrant une libraire dénommée Sankoré en souvenir de la célèbre université mosquée de l’empire du Mali au passage Nehmé à Dakar, elle était devenue le quartier latin ou se côtoyaient intellectuels, cinéastes peintres, musiciens et j’en passe.
Son premier ouvrage en linguistique s’intitule « grammaire du wolof moderne » paru à présence africaine 1971 où il étudie la langue wolof classée dans le groupe ouest atlantique non par comparaison à une langue européenne comme avaient fait Lilas homburger, Senghor et Cheikh Antan Diop mais d’une manière structurale à la suite de Ferdinand Saussure.
Le Wolof parlé au Sénégal en Mauritanie et en Gambie est une des langues les plus étudiées en Afrique noire par les occidentaux jean dard Faidherbe, Gamble, Ward et Delafosse il y apporte une touche particulière suite aux avancées dans ce domaine.
Tour à tour, il publie l’anthologie wolof de la littérature universelle IFAN 1970 et l’anthologie de la littérature wolof IFAN 1971.
Il participe à la rédaction de l’histoire générale de l’Afrique UNESCO en apportant sa contribution « histoire et linguistique » UNESCO 1980
A l’instar de cheikh Anta Diop il traduit en wolof des textes classiques de Sophocle Tolstoï, Shaskpeare Buchner et Gogol en wolof.
Il en fait de même pour le livre saint des musulmans le Koran de l’arabe au wolof » al xuraan ci wolof » 1996 Sankoré .
Le travail du chercheur vise à démontrer après Cheikh Anta Diop la possibilité pour une langue africaine de se hisser comme n’importe quelle langue à une compréhension universelle.
La période 1970 est marquée par les débats sur l’existence ou non d’une philosophie en Afrique noire précoloniale à la suite de RP Tempels et de Albert Kagamé. Certains philosophes marqués par le marxisme comme Houtoundji et Towa répondent par la négative en la taxant d’ethnophilosophie à quoi Pathé Diagne répond en publiant » l’euro philosophie face à la pensée du négro africain « suivi de thèses sur l’épistémologie du réel et problématique néo pharaonique ».
Comme tous les intellectuels radicaux de l’époque, Pathé Diagne n’est pas d’accord avec Senghor le latiniste, à ce propos il écrit « Léopold Sédar Senghor négritude servante de la francophonie » en 2006 30 ans après le festival panafricain d’Alger tenu en 1969 et trois ans après le festival mondial des arts nègres en 1966 à Dakar.
Il a fondé l’association internationale des arts et culture AIFESPAC mais qui n’a pas été soutenu.
Tous les festivals culturels qui ont eu lieu en Afrique ont vu sa participation festival mondial des arts nègres à Dakar, festival panafricain d’Alger celui de Lagos.
En 1982, il a organisé en rapport avec l’association des historiens sénégalais un symposium de Cheikh Anta Diop avec les intellectuels sénégalais qui a permis un dialogue profond sur les thèses de ce dernier dans l’amphithéâtre bondée de la faculté de droit de l’université de Dakar.
S’il est contre la négritude à la Senghor, Pathé a une sympathie envers Aimé Césaire à qui il rend hommage à dans Présence africaine 1995/3/4 n° 151-152.
Comme Cheikh Anta Diop, Pathé Diagne est partisan de la renaissance africaine avec la promotion des langues africaines et non du grec et du latin comme vecteur du progrès in « introduction à la culture africaine » renaissance et problèmes culturels en Afrique noire » 1977 UNESCO.
L’histoire comme dévoilement du passé intéresse Pathé Diagne dans pouvoir traditionnel en Afrique occidentale essai sur les institutions politiques précoloniales, présence africaine 1967.
L’historien Hubert Deschamps en 1968 in revue d’histoire d’outre-mer en a fait une critique en disant que l’essai n’a embrassé qu’une partie de l’Afrique de l’ouest l’ancien Tékrour et n’a pas parlé des peuples non organisés en Etat les peuples acéphales. Comment fonctionnaient les royaumes précoloniaux dans le tékrour, Le Kayor s’interroge le chercheur.
Un projet du chercheur était de faire naviguer sur l’océan atlantique sud un bateau à partir de Dakar vers les Amériques pour valider la thèse de la présence africaine en Amérique du sud statuaires olmèques comme Ivan van Sertima l’a écrit dans son célèbre ouvrage « they came before Columbus, the african presence in ancient America» 1976.
A ce titre, son ouvrage » Bakary II Christophe Colomb 1492 à la rencontre de Tarara ou l’Amérique harmattan » 2014 valide cette thèse en se basant sur le livre de umari » massalik al absar shihab al din al umari » et les cartes catalanes de 1375 et 1407 montrant Bakary II sur les côtes amérindiennes.
Il s’appesantit sur la globalisation par l’effet des navigations nilo Trans atlantiques et pacifique américain à travers les couloirs et des vents.
Cheikh Anta Diop a écrit fondements culturels et économiques d’un futur etat fédéral d’Afrique noire, Pathé lui s’est penché sur l’unité de l’Afrique occidentale 1972 Atropos « pour l’unité ouest africaine micro états et intégration économique » d’un point de vue en insistant sur la balkanisation plutôt les états nains qui ne peuvent assurer le développement.
La critique du livre a été faite dans la revue Persée par laï Kamara 1972 qui considère qu’il a une vision politique des faits économiques et une conception superficielle de l’indépendance économique érigée en dogme
Un immense héritage intellectuel qui n’a pas encore été défriché non seulement par les intellectuels africains et par les autres. Malgré la richesse de son œuvre, peu de critiques ont été faites sinon le silence à part sur la présence africaine avant Christophe Colomb aux Amériques par des occidentaux.
Bibliographie
Pathé Diagne grammaire du wolof moderne 1967 présence africaine
Pathé Diagne anthologie wolof de la littérature universelle IFAN 1970 IFAN
Pathé Diagne Anthologie de la littérature wolof IFAN 1971
Pathé Diagne Histoire et linguistique dans histoire générale de l » Afrique UNESCO 1980
Pathé Diagne Al xuraan ci wolof 1986 Sankoré
Pathé Diagne manuel de conversation wolof mandeng pular français anglais 1978 Sankoré
Pathé Diagne l’homo sapiens et le Neandertal se sont-il parlé en ramakushi ? il y a 100000 ans 2012 L’Harmattan
Pathé Diagne Tarara ou l'Amérique précolombienne 2010 harmattan
L Afrique enjeu de l’histoire L’Harmattan 2010
Pathé Diagne L’europhilosophie face à la pensée du négroafricain 1982 Sankoré
Pathé Diagne pour l’unité ouest africaine présence africaine 1972
Pathé Diagne sur le phénomène politique en Afrique de l’ouest présence africaine 1967
Pathé Diagne négritude servante de la francophonie 2006 L’Harmattan
Pathé Diagne préface du livre de Emile Ologoudou prisonnier du ponant 1986
Pathé Diagne quelle démocratie pour le Senegal 1984 Sankoré
Pathé Diagne Bakary II 1312 Christophe Colomb 1492 à la rencontre de Tarara ou l’Amérique l harmattan2014
Pathé Diagne l « Afrique enjeu de l’histoire afro centrisme eurocentrisme et sémitocentrisme L’Harmattan 2010
Pathé Diagne la révolution ramakushi ou l’archéologie linguistique et culturelle de la préhistoire spirituelle et intellectuelle de l’humanité L’Harmattan 2006
Pathé Diagne Cheikh Anta Diop et l » Afrique dans l’histoire du monde
Pathé Diagne introduction à la culture africaine Unesco 1977
Pathé Diagne de la république de Félix Eboué à la françafrique de Charles De Gaulle harmattan Sankoré 2015
Pathé Diagne l’islam africain face à la sharia orientale l’harmattan 2015
Pathé Diagne la révolution ramakushi l’harmattan 2006
Pathé Diagne langues du nord-ouest atlantique cape town casas 1999
Pathe Diagne introduction to African culture UNESCO 1977
Pathé Diagne theses of epistemology of the real and the pharaonic problematic jstor Indiana university vol 34 1993
Articles
Conférence de Lomé et de Cotonou ICA CMAC présence africaine PA 1978 1-2 n° 105-106
XIX session conférence générale UNESCO Nairobi octobre novembre 1076 PA 1977/4 n°104
Compte rendu de la conférence des ministres de l’éducation PA 1976 /3/4 n° 99-10
De la démocratie traditionnelle problème de définition PA 1976 1 n° 97
Précolloque sur la civilisation noire et éducation PA 1973 n° 86
Precolloquium black civilization and education PA 1973/2 n° 98
Conférence intergouvernementale sur les aspects institutionnels administratifs et financiers des politiques culturelles Pa 1970 41 n°75
Réunion d’experts sur la contribution des langues africaines aux activités culturelles et aux programmes d’alphabétisation 10 14 aout 1970 PA 1970 4/ n° 75
Colloque de l’AUPELF à Abidjan PA 1970 3 / 75
Chronique linguistique PA 1967 1 /61
Caractères humains de la francophonie PA 1866 /4 /60
Chronique linguistique PA 1966 /4/N/59
La V ère conférence de linguistique ouest africaine PA 1965 3/LV
Royaumes sérères les institutions traditionnelles du Sine Saloum PA 1969/2/LV
L « afroanglais PA 1964 /4/N L 11
Linguistique et culture en Afrique PA 1963 /2/ N XLVI
Une nouvelle image du professeur africain PA vol 1 173
Hommage à Aimé Césaire PA 1995/3/4 /1951/1952
Du pouvoir politique à la problématique de L’état PA 1983 314 /127 128
Chronique linguistique PA 1967 vol3
Civilisation noire et éducation PA 1972 vol 2 86
Contribution à l’analyse des régimes et systèmes politiques traditionnels en Afrique de l’ouest BIFAN 1970 32 n°3