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27 novembre 2024
Opinions
PAR Souleymane Gueye
REPENSER LA GOUVERNANCE POUR LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION AU SÉNÉGAL
Une bonne gouvernance économique peut étouffer la corruption, faire croître l'économie, augmenter le taux d'épargne de l'économie et attirer des investissements directs étrangers
"Nous sommes dans un pays où la responsabilité et la transparence sont un problème". Birahim Seck, coordinateur du Forum civil de Dakar, Sénégal, et représentant de Transparency International au Sénégal.
Cet article examine l'utilisation des outils de gouvernance pour lutter contre la corruption au Sénégal. Il montre qu'une meilleure gouvernance peut accroître la transparence des processus décisionnels du gouvernement, responsabiliser les prestataires de services, dissuader efficacement la corruption et atténuer les effets de la corruption sur la société sénégalaise. La corruption au Sénégal est omniprésente et les effets nets de cette corruption comprennent de mauvaises performances économiques et des perspectives économiques floues à moyen et long terme. Par conséquent, des mesures simples pour améliorer la gouvernance institutionnelle, politique et économique et renforcer le contrôle de la corruption peuvent avoir un effet positif sur l'économie du Sénégal.
Dans la perspective des élections de 2024, de nombreux politiciens et candidats à la présidence proposent des politiques et des stratégies pour améliorer l’économie sénégalaise. Cependant, quelle que soit l'ampleur de ces politiques et stratégies, aucun changement significatif ou percutant ne peut en découler à moins que nous ne nous attaquions aux problèmes qui sont au cœur du gouvernement sénégalais, en particulier la mauvaise gouvernance et la corruption. Le Sénégal ne peut pas gagner la lutte contre la pauvreté sans gagner la guerre contre la corruption due à la mauvaise gouvernance.
La corruption n'est pas seulement toxique pour la croissance économique au Sénégal, mais elle détruit également l'incitation à jouer franc jeu, conduisant finalement à une rupture de la foi et de la confiance que les citoyens ont envers le système. L'impact de toute activité productive est amoindri dans l'environnement corrompu du Sénégal, dans lequel les gens qui réussissent sont ceux qui trichent, se livrent à la fraude, et détournent. Cette corruption généralisée et cette indemnisation des fraudes sont dangereuses pour la société et l’économie sénégalaises.
En outre, comme l’ont constaté beaucoup d’observateurs et acteurs actifs du fonctionnement de l’administration sénégalaise, le cadre juridique et les instruments nécessaires à la bonne gouvernance, tels que l'IGE (Inspection Générale d'État), la Cour des Comptes, le Contrôle Financier, l'ARMP (Agence de Régulation des Marchés Publics), l'ARTP (Agence de Régulation des télécommunications et de la poste) ont connu des dysfonctionnements, alors même que leur travail est censé fournir des informations sur la gestion alarmante et méprisable des affaires publiques (C. Gueye 2023). Les différents rapports, par exemple celui de la Cour des Comptes sur le Fonds Covid-19, ont fait état de nombreuses mauvaises pratiques de mauvaise gestion et de détournements de fonds publics. Ces différents rapports montrent une pratique de mauvaise gouvernance profondément enracinée à tous les niveaux du processus décisionnel au Sénégal.
En raison de la tendance croissante de la pauvreté, de l'augmentation des inégalités de revenus, de l'accaparement des terres fertiles par les étrangers, de la croissance économique extravertie, de la fuite des capitaux, la pertinence de la gouvernance pour atténuer les effets négatifs de la corruption sur les résultats macroéconomiques du Sénégal est évidente.
La bonne gouvernance au Sénégal - gouvernance institutionnelle, gouvernance politique et gouvernance économique - devrait être liée aux processus et résultats politiques, socioéconomiques et institutionnels nécessaires pour atteindre les objectifs économiques déclarés de création d'emplois et de réduction de la pauvreté.
L'objectif de la lutte contre la corruption devrait alors être d'accroître la transparence autour de la gestion gouvernementale des finances publiques. Il devrait également viser à faire d'une meilleure gestion des deniers publics la norme, en renforçant la gouvernance liée à tous les processus, institutions et pratiques gouvernementales de prise de décision et de réglementation des questions d'intérêt commun au Sénégal. (1)
Pour lutter contre la mauvaise gouvernance qui permet à la corruption de prospérer dans tous les secteurs de l'économie sénégalaise, nous proposons dans ce texte des solutions basées sur les différents outils de gouvernance qui mettent l'accent sur la responsabilité de ses actes et la capacité de répondre aux besoins des citoyens sénégalais.
Bonne gouvernance et réduction de la corruption
Les différents piliers sur lesquels repose la gouvernance peuvent être analysés en trois grandes catégories : la gouvernance institutionnelle, la gouvernance politique et la gouvernance économique. (2)
Gouvernance institutionnelle : État de droit et contrôle de la corruption
État de droit et indépendance du pouvoir judiciaire
Les citoyens sénégalais devraient exiger du gouvernement qu'il respecte la séparation des pouvoirs en rééquilibrant le pouvoir de l'exécutif et en rendant le pouvoir judiciaire plus indépendant. Cela permettra au pouvoir judiciaire d'appliquer les lois et de protéger les citoyens d'une prise de décision arbitraire. Par exemple, le président ne devrait pas être le seul à nommer le procureur de la République - il devrait être nommé par un comité choisi parmi la société civile, le barreau, l'association des magistrats et un représentant du pouvoir exécutif après un appel à candidatures.
Des garde-fous devraient être mis en place pour faire respecter le principe « d'inamovibilité » des magistrats, quelle que soit la volonté du président. Comme l'affirmait l'actuel président du Sénégal en 2012 sur les besoins de réformes institutionnelles : « Placé sous la tutelle du pouvoir exécutif, instrumentalisé par ce dernier et insuffisamment doté de moyens humains et matériels, le pouvoir judiciaire n'est pas toujours en mesure d'exercer pleinement ses missions avec impartialité et indépendance. Mettre fin à cette situation passe par le renforcement de l'indépendance du Conseil supérieur de la magistrature à travers sa composition, son organisation et son fonctionnement ». (3).
La déclaration ci-dessus illustre la nécessité et l'urgence de réformer le système judiciaire au Sénégal. Premièrement, il est important de mettre en œuvre une gestion intègre basée sur des règles claires. Cela passe par une réforme du CSM (Conseil Supérieur de la magistrature). L'objectif de cette réforme serait de limiter l'ingérence du pouvoir politique dans l'exercice du pouvoir judiciaire en garantissant la transparence dans la gestion des carrières des magistrats. Pour cela, le peuple sénégalais devrait être représenté au sein du CSM par des personnes choisies parmi les députés, un avocat, un professeur de droit, un membre choisi par la société civile, un membre de l'UMS (Union des Magistrats du Sénégal) (4) afin qu'ils puissent exercer un contrôle permanent du CSM. Sinon, une surveillance est nécessaire pour limiter le contrôle de l'exécutif sur le judiciaire. Le système judiciaire doit être renforcé pour gagner en autonomie et en indépendance. Une façon d'atteindre cette gestion intègre est de créer un comité de gestion de carrière indépendant de la branche exécutive.
Deuxièmement, une limitation du pouvoir du président est obligatoire. Cette limitation devrait être accompagnée par une possibilité de le destituer dans des circonstances bien définies et par une création de mécanismes pouvant être utilisés pour poursuivre les ministres au niveau pénal (parquet financier). Ce parquet financier autonome devrait également lutter contre les problèmes économiques et financiers en gérant les dossiers d'accusations de détournement de fonds publics (Niane 2023).
Enfin, le « compte discrétionnaire » connu sous le nom de « caisse noire » à la disposition du président devrait être supprimé. À tout le moins, des mécanismes d'audit devraient être mis en place concernant le décaissement et l’utilisation des fonds, chaque année avant le début de l'exercice budgétaire,
Contrôle de la corruption
Outre ces réformes institutionnelles, que peut faire le peuple sénégalais face à l'environnement hautement corrompu du Sénégal ?
Réduire la corruption au Sénégal nécessite de changer les normes de comportement à travers des activités anti-corruption efficaces impliquant des groupes de personnes opérant en public. Des stratégies visant à modifier les comportements doivent être mises en œuvre à tous les niveaux de la société. Ce changement de comportement social peut être encadré à l'aide d'un modèle socioéconomique qui considérerait non seulement l'individu mais sa relation avec sa communauté et sa société. En effet, les Sénégalais peuvent entreprendre les actions suivantes recommandées par Transparency International (5) :
Suivi des dépenses publiques
Vérification des prestations et des services gouvernementaux
Rédaction des bulletins citoyens
Crowdsourcing d’information
Demande d’engagement aux candidats ou aux électeurs de respecter les promesses électorales
Protestation et lancement de pétition des entités étatiques et locales
L’application de ces idées simples nécessite d'attirer l'attention du public sur les stratégies de mise en œuvre de ces actions à travers une action collective. Pour que cela soit efficace, une stratégie de communication doit être conçue en utilisant les plateformes de médias sociaux pour créer des connaissances communes et coordonner les efforts de lutte contre la corruption de bas en haut.
Outre l'implication des citoyens dans la lutte contre la corruption, d'autres actions doivent être entreprises pour compléter ce contrôle de la corruption. Par exemple, l'augmentation des salaires des fonctionnaires peut réduire la corruption si elle s'accompagne d'une application plus stricte ou d'efforts visant à modifier les normes permissives à tous les niveaux du processus décisionnel (6).
Une presse libre est aussi essentielle pour dénoncer la corruption et catalyser le soutien aux réformes. Les médias ne doivent pas être contrôlés par le gouvernement ni appartenir à des personnes simplement mues par leurs propres intérêts. En ce sens, l'Assemblée nationale devrait adopter un projet de loi sur l'accès à l'information visant à « renforcer la gouvernance et la transparence tout en garantissant à tous les citoyens l'accès aux informations détenues par les entités publiques » comme promis par l'actuel président.
Une surveillance et une application plus strictes par des autorités anti-corruption dédiées et autonomes peuvent être efficaces dans la lutte contre la corruption au Sénégal. Un leadership efficace est très important pour conduire le changement dans les normes de corruption du haut vers le bas, et pour coordonner les efforts ultérieurs des citoyens ordinaires.
Les actions suggérées que les citoyens sénégalais devraient entreprendre pour lutter contre la corruption peuvent restaurer la confiance dans les institutions nationales à court, moyen et long terme. Cela créera un climat dans lequel l'état de droit est respecté et de meilleures normes de comptabilité de l'information promues pour dissuader les comportements corrompus et éviter la destruction des activités génératrices de revenus et créatrices de richesse dans le pays. Les réformes doivent se produire au niveau individuel, au niveau communautaire et au niveau des politiques publiques pour qu'elles soient efficaces.
Gouvernance politique : Commission indépendante pour contrôler toutes les élections au Sénégal
La gouvernance politique peut être définie comme la tenue d’élections et le remplacement des dirigeants politiques lors d'élections libres, transparentes, inclusives, afin de créer un environnement politique stable et de palier aux problèmes associés à la corruption. Ces problèmes comprennent l'étouffement de la croissance économique, la pauvreté, l'inégalité des revenus et l'incapacité d'attirer les investissements étrangers directs. En conséquence, en présence d'instabilité politique et de violence, il est très probable que les investisseurs quittent le pays ou essaient de transférer leur capital vers un environnement économique avec un niveau d'investissement et des risques politiques plus faibles. Le Sénégal est connu depuis longtemps comme un environnement à faible risque dans la région de l'Afrique de l'Ouest et sa stabilité politique est un atout important qui doit être protégé.
De plus, les institutions politiques telles que les élections compétitives et la responsabilité de l'exécutif au Sénégal sont perçues comme absolutistes par nature, en raison d'un système exécutif fort doté d’un pouvoir énorme, illimité et étroitement réparti. Par conséquent, cette distribution du pouvoir a créé un environnement défavorable à la performance économique et conduit à un contexte économique dans lequel les détenteurs du pouvoir ont pu mettre en place des institutions économiques (7) pour s'enrichir et accroître leur pouvoir aux dépens de l'ensemble de la société sénégalaise. Ceci est très préjudiciable à l'économie sénégalaise car il a contribué à un transfert de capitaux des investisseurs vers d'autres pays comme ceux des pays d'Asie de l'Est, où les institutions politiques sont plus stables et crédibles (8). Les investissements directs étrangers du Sénégal pour 2020 étaient de 1,85 milliards de dollars, soit une augmentation de 73,23 % par rapport à l'année précédente. En 2021, il était de 2,23 milliards de dollars, ce qui représentait une augmentation de 20,93 % par rapport à 2020. Dans l'ensemble, les investissements directs étrangers ont diminué d'environ 71,4 % entre 2020 et 2021 et cette tendance devrait se poursuivre en raison de l'instabilité politique. Par conséquent, le pays devrait renforcer les institutions politiques capables de répartir largement le pouvoir politique de manière pluraliste, d'établir la loi et l'ordre afin de minimiser la corruption et de punir les mauvais comportements contre-productifs. Cela jetterait les bases de droits de propriété sûrs et d'une économie de marché inclusive favorable aux investissements à long terme et à une croissance économique inclusive.
Les investisseurs réagissent naturellement négativement aux événements politiques défavorables à leur rendement en réduisant leurs investissements. Malheureusement, le Sénégal connaît cette situation à cause de l'instabilité et de l'incertitude créées par le refus de l'actuel président d’organiser des élections inclusives, transparentes et de respecter les droits des sénégalais garantis par la Constitution du Sénégal (9).
Étant donné que l'instabilité politique et la responsabilité influencent directement le niveau de corruption, le montant des entrées de capitaux et la croissance économique dans un pays, il est important de renforcer les institutions politiques inclusives en mettant en œuvre les recommandations de la CNRI (Commission Nationale de Réforme des Institutions) (10) et en adoptant la « charte de la gouvernance démocratique » issue des « Assises nationales ». Par conséquent, le Sénégal peut atténuer les effets négatifs de la corruption et retrouver la stabilité politique pour une croissance économique inclusive soutenue, avec des effets positifs durables sur la réduction de la pauvreté. C'est la raison pour laquelle nous ne devrions pas permettre au gouvernement actuel de créer un environnement d'instabilité politique et de violence en faisant fi de la volonté du peuple sénégalais.
Dès lors, il est urgent de créer une Commission Indépendante chargée de l'élection, une Haute Autorité Pour la Transparence de la Vie Publique (HAPTV) et de rétablir le « Code électoral consensuel » (11) qui a contribué à l'élection pacifique de deux présidents depuis 2000.
Gouvernance économique : efficacité du gouvernement et qualité de la réglementation
La gouvernance économique fait référence au système d'institutions économiques créées pour atteindre les objectifs économiques déclarés du gouvernement sénégalais, à savoir la croissance économique, la réduction de la pauvreté et l'amélioration du niveau de vie des citoyens sénégalais. Ces objectifs peuvent facilement être atteints avec une bonne gouvernance. Malheureusement, la mauvaise gouvernance au Sénégal a produit des dommages économiques considérables - chômage massif, perte substantielle de revenus, taux de pauvreté élevé, dommages irréversibles au capital humain de la population, insécurité alimentaire, faim, et faible espérance de vie - qui inquiètent les investisseurs quant à la stabilité de l'environnement macroéconomique et affectent leur confiance par rapport aux perspectives économiques du Sénégal. Cette mauvaise gouvernance économique s'est traduite par des perspectives économiques incertaines à moyen et long terme, décourageant ainsi les investisseurs de placer leurs actifs dans l'économie et les incitant à préférer un environnement économique plus sûr associé à moins de corruption. De ce point de vue, le Sénégal prend le risque de voir des actifs et de l'argent quitter le pays à cause d'une mauvaise gouvernance économique qui peut réduire les performances macroéconomiques et décourager les flux de capitaux. Cela est très apparent au Sénégal, car les politiques conçues pour fournir des biens et services publics, construire des infrastructures, créer des emplois, et augmenter le revenu disponible, sont conçues par les décideurs et les fonctionnaires de telle sorte qu'ils détournent et déposent des fonds volés dans des banques étrangères (ce montant est estimé à 250 milliards de francs CFA par an). Au Sénégal, beaucoup de gens perçoivent la mauvaise gouvernance comme un fléau social qui entrave grandement la performance économique du pays.
Il découle des arguments ci-dessus qu'une bonne gouvernance économique peut étouffer la corruption, faire croître l'économie, augmenter le taux d'épargne de l'économie et attirer des investissements directs étrangers qui peuvent être utilisés pour démarrer le processus de transformation du secteur primaire (agriculture, pêche, foresterie, gisements miniers) pour poser les bases d'une stratégie planifiée d'industrialisation au Sénégal. Par conséquent, je propose la réforme suivante concernant les agences économiques de régulation au Sénégal :
Modifier le processus de nomination des membres de l'ARMP (membres choisis par le président, le congrès et la société civile parmi un groupe de personnes qualifiées approuvées par leurs pairs) ;
Créer une agence pour l'exploitation du pétrole et du gaz (Commission de régulation de l'énergie composée de cinq membres choisis par le président, l’Assemblée nationale, les travailleurs des industries et des universitaires aux références irréprochables dans le domaine concerné) ;
Créer un bureau de gestion budgétaire a l’Assemblée Nationale doté d'un statut indépendant chargé d'évaluer les dépenses de l'État, de suivre les recettes fiscales et autres ressources financières. Ce bureau devrait être géré par une personne indépendante ayant une expertise dans la procédure budgétaire et des titres universitaires.
Mettre en place des mécanismes pour suivre la vente et l'acquisition de biens publics. Cela peut se faire par la publication d'un rapport annuel établissant les revenus/dépenses et décrivant le processus par lequel les actifs publics ont été vendus ;
Suivre les flux d'argent en vérifiant les dépenses par rapport à un budget complet ;
Faire contrôler le Compte Unique du Trésor par un comité indépendant ;
Nous avons discuté des canaux par lesquels la corruption génère une misère économique et sociale conduisant beaucoup de jeune sénégalais à tenter l’aventure étrangère par tous les moyens. L'implication politique est claire et simple : pour avoir une croissance économique inclusive et réduire la pauvreté, le Sénégal devrait redoubler d'efforts pour améliorer la bonne gouvernance afin d'atténuer les effets néfastes de la corruption sur l'économie. Les actions visant à promouvoir la bonne gouvernance devraient inverser les moteurs du comportement non productif des agents économiques et des fonctionnaires. Ces actions devraient s'articuler autour de trois piliers que sont la gouvernance politique, la gouvernance institutionnelle et la gouvernance économique. D'abord, la gouvernance politique peut stabiliser l'environnement résultant de l'instabilité politique créée par la volonté du président de vouloir organiser des élections en sélectionnant les candidats lui-même et d'empêcher le principal chef de l'opposition de participer à la prochaine élection présidentielle. Deuxièmement, la gouvernance économique peut réduire le taux de chômage des jeunes et le niveau de pauvreté résultant de la corruption, de l'instabilité économique, de l'inefficacité du gouvernement et de la mauvaise qualité de la réglementation. Troisièmement, la gouvernance institutionnelle peut atténuer la pauvreté, la misère et l'inégalité des revenus résultant de la corruption et du non-respect de l'État de droit. Notre recommandation est donc d'améliorer la bonne gouvernance pour atténuer les effets généralisés de la corruption et créer les conditions pour créer des emplois, fournir de bons services publics, et construire des infrastructures appropriées pour une croissance économique durable, soutenue qui pourra jeter les bases d’un développement économique du Sénégal.
Plaidoyer pour réformer l'État et moderniser l'administration sénégalaise de Souleymane Niane (2023)
Asongu, 2016 « Déterminants de la croissance dans les pays en développement rapide : Preuves des institutions de regroupement et de dégroupage », Politique et politique (« Déterminants de la croissance dans les pays en développement rapide : Preuve de …) »
Déclaration de Macky Sall, (2012) président du Sénégal
Le Conseil Supérieur de la Magistrature : L'indispensable reforme par Ibrahima Dème Wathinote 29 janvier 2018.
Corruption : ce que tout le monde doit savoir par Ray Fisman et Miriam A. Golden Oxford University Press (« (PDF) Corruption : Ce que tout le monde doit savoir®, par Ray Fisman et ... »)
Les origines du pouvoir, de la prospérité et de la pauvreté : pourquoi les nations échouent par Daron Acemoglu et James Robinson (“2023 - Les origines du pouvoir, de la prospérité et de la pauvreté par ...”)
Sénégal Foreign Direct Investment 1973 0 2023 Indicateurs de développement de la Banque mondiale et Afrique de l'Ouest et Asie du Sud-Est : Une analyse comparative des performances économiques par Souleymane Gueye (rapport après congé sabbatique, Bibliothèque CCSF 2019).
Article 27 de la Constitution sénégalaise « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs » (« Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs » (,) La virgule ...) (“ « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs » (,) La virgule ...”)
Andres et ses alliés (2015) Lutte contre le piratage de logiciels : quels outils de gouvernance sont importants en Afrique Journal of Business Ethics
(4) Kelsey & Le roux, 2017, 2018 Ambiguïté stratégique et prise de décision « Theory and Decision
NE PAS LAISSER À NOS ENFANTS UNE ÉPAVE !
21 ans. Mais toujours la peine des familles des victimes du Joola. Tous ont envie de tout oublier. Mais difficile de pardonner un crime sans criminel. Rien ne peut sécher leurs larmes.
21 ans. Mais toujours la peine des familles des victimes du Joola. Tous ont envie de tout oublier. Mais difficile de pardonner un crime sans criminel. Rien ne peut sécher leurs larmes. Ils n’ont plus l’arme du courage et de la résilience. Et aujourd’hui encore, il y a le naufrage de la discipline. Pour Le Joola, parlons le langage de la vérité, de la rigueur, de l’introspection. Le Musée est salutaire. Mais ce n’est pas pour s’amuser. Cette tragédie devrait nous unir. Parce que nous sommes dans le même bateau Sénégal. Nous ne devons pas léguer à nos enfants un pays-épave.
Par Talibo SYLLA
LES YEUX DANS LES YEUX
Monsieur le président de la République, veuillez accepter mes maladresses, lorsque vous jugerez utile de me lire. S’adresser à une haute autorité de l’Etat, n’est jamais aisé à plusieurs titres
« Si quelqu'un d'entre vous remarque des abus, qu'il les fasse disparaître en y portant la main; s'il ne le peut avec la main, qu'il y emploie la parole, et, si la langue est trop faible, qu'il y travaille avec son cœur ». Citation du Prophète de l'islam.
Monsieur le Président de la République, Veuillez accepter mes maladresses, lorsque vous jugerez utile de me lire. S’adresser à une haute autorité de l’Etat, n’est jamais aisé à plusieurs titres. Parce que certaines questions peuvent se poser au rédacteur. A savoir, d’abord, si les propos formulés parviendront au destinataire réel. Ensuite, si les propos tenus seront du goût dudit destinataire. Sinon, dans le cas du Président de la République, comment son cabinet interprétera-il l’esprit et la lettre du discours de l’auteur du courrier censé atterrir sur sa table ? Et enfin, qui intercepte les courriers expédiés par le commun des citoyens ? Autant de questions qui trottent dans ma tête. Mais nul doute, M. le Président, vous comprendrez que le pays, notre Sénégal, est plus grand que toutes autres considérations. Alors, mon hésitation n’a pas pesé lourd face à la situation conflictuelle que vit le peuple sénégalais. Je prends, dès lors, le risque de vous adresser mon inquiétude qui est aussi celle de beaucoup de compatriotes. J’aurais aimé bénéficier d’une audience de la part de votre Excellence afin de vous livrer, les yeux dans les yeux, tout ce que j’estime nécessaire d’aborder avec vous. Néanmoins, les contingences professionnelles et le timing n’y sont pas favorables. Sans autre détour et avec votre permission, M. le Président, je viens aux faits.
LA SITUATION CONFLICTUELLE
Pour celui qui est loin de la sphère des prises de décisions, l’exercice du pouvoir semble aisé. Mais une fois dedans et confronté aux réalités, sa personnalité ne devient plus la même. A ce moment-là, seul son esprit d’ouverture, de recul et de retenue, lui fera passer des situations difficiles qu’il n’a parfois pas prévues. Cependant, il arrive que sa démarche entraîne certaines configurations auxquelles il s’était préparé le moins. Dans le cas de figure du Sénégal, M. le Président, autant, disons-le en toute honnêteté, votre responsabilité se trouve plus engagée que celle de vos contestataires. On se souvient de votre discours d’investiture de nouveau Président de la République du Sénégal. Un discours plein d’espoir. Ce jour-là, votre éminence, ainsi que le peuple qui vous a placé à sa tête, rendîtes au Sénégal et à l’Afrique leur fierté.
Nous, Sénégalais de la diaspora, et surtout de France, eûmes partout où nous passâmes, les hommages de nos sœurs et frères africains. Nous crûmes à cet instant que, plus que jamais, avec l’avènement du Président Sall, le modèle que nous représentions alors, allait se perpétuer. Mais force est de constater, comme vous pouvez en convenir avec moi, que le compte n’y est pas. Le but de mon interpellation n’est pas de rappeler à votre Excellence, toutes les erreurs de votre régime. Loin de là. Vous savez quant au fond, et nous savons également, qu’il y en a eu plusieurs. Et que, sans doute, au stade où nous sommes, si ces erreurs étaient à éviter, vous les auriez évitées. Ceci dit, des circonstances impromptues peuvent intervenir dans la vie d’un être ou d’une nation. Toutefois, le reproche que je vous adresse, votre Excellence, concerne votre propos annonçant la volonté de « réduire l’opposition à sa plus simple expression », propos qui vous rend plus responsable de la situation conflictuelle que vos adversaires politiques.
Bien entendu, je n’insinue pas que l’opposition soit exempte de tout reproche, sachant que, en temps de crise, sa posture et ses réactions peuvent être de nature à inquiéter tout pouvoir en tout pays. Mais à la différence de l’opposition, vous, vous disposez de l’armée, de la gendarmerie, de la police et de l’appareil d’Etat à votre service. Et vous n’avez pas lésiné sur les moyens, puisque vous n’y êtes pas allé de mainmorte, au point d’inspirer dans les cœurs et dans les esprits, la crainte de défier votre politique. M. le Président, est-il besoin de vous rappeler que le Sénégal est une république, une république dont les principes vous ont permis d’être à sa tête ? M. le Président, quel citoyen sénégalais ne se souvient pas de vos propos à l’endroit du Président Wade ? « Nous ne voulons pas de dévolution monarchique et s’il persiste, nous allons le déloger… »
Ces propos résonnent encore dans la tête des Sénégalais. Car, comme tenus seulement hier. M. le Président, le pays est au bord du précipice. Vous avez annoncé dans votre discours du 02 juillet dernier que « le Sénégal est au-dessus » de votre personne. Une fois de plus, par ce discours, vous nous avez rassurés. Mais hélas, à peine on en jubile, un opposant et non des moindres, a été accusé de vol de téléphone portable et de délit d’opinion, puis incarcéré. Un procès risible, avouons-le. Des dizaines de morts perpétrés depuis deux ans pour des broutilles, car, le principal accusé ne fut pas condamné pour les faits reprochés. Mieux, il fut blanchi. Pourtant, vous venez de gracier deux parias (j’ai nommé Khalifa Sall et Karim Wade), autres ténors de la politique sénégalaise. Geste et disposition réglementaire qui rendent éligibles les deux personnages cités.
NOTRE PATRIMOINE COMMUN, LE SENEGAL
Le Sénégal reste notre patrimoine commun. De par sa richesse culturelle, ses ressources humaines, le citoyen se sent heureux. Le voir péricliter pour des querelles de personnes, est inimaginable pour tout patriote. Impensable pour tous ceux qui ont le sens des responsabilités. Raison pour laquelle, je vous adresse ma vive inquiétude qui est aussi celle de la majorité des concitoyens. Le Sénégal de nos Ancêtres a besoin de consolider, chaque jour, son unité. Pour ce faire, cultivons la paix ! Certes, chaque citoyen est responsable, mais aucun n’a la responsabilité qui égale la vôtre. Un adage africain dit qu’« un chef est à la fois derrière et devant son peuple. Derrière pour s’assurer du partage collégial des joie et peine. Devant pour préserver et veiller avec fermeté sur les acquis de la communauté souveraine ». Suivant la logique de cet adage, le Président de la République ne serait ni plus, ni moins qu’un chef de famille. Mais comme dans toute famille, des dissensions sont susceptibles de faire leur apparition. Et c’est là qu’il est intéressant de remarquer qu’il y a des familles qui s’en sortent mieux que d’autres. Ces familles qui tiennent la route, n’ont fait que faire preuve de dépassement en conservant l’essentiel. L’essentiel qui nous importe ici, c’est l’unité nationale. Vous pouvez la garantir, M. le Président.
DEMANDER PARDON AU PEUPLE
M. le Président, vous pouvez garantir l’unité nationale. Vous avez les moyens intellectuels, politiques, matériels et confessionnels d’y parvenir. Les moyens militaires sur lesquels vous comptez jusque-là, ne vous seraient d’aucune utilité face aux ressentiments que votre administration suscite. Soit dit en passant, la restriction des services dans les représentations diplomatiques sénégalaises, est vécue comme une punition, voire une provocation, par les ressortissants sénégalais de France, notamment. Il n’y a pas mille conditions pour apaiser les cœurs, M. le Président. Sortez de votre tour d’ivoire et de votre zone de confort.
Reprenez la parole à l’adresse du peuple qui pleure du quotidien difficile, du peuple qui perd inutilement ses enfants lors des affrontements, du peuple dont les enfants croupissent dans les geôles pour délit d’opinion, de vos compatriotes à l’étranger qui perdent leurs emploi et droit, faute de renouvellement du titre de séjour pour absence de passeport valide, afin d’atténuer les douleurs. Tenez aux Sénégalais un discours fraternel. Demandez pardon au peuple sénégalais pour les torts que votre pouvoir lui a causés ! Certes, un geste probablement difficile pour un homme de pouvoir, mais ne nous leurrons pas : c’est le moindre prix à payer. Nous ne pouvons rester dans l’expectative, à attendre que les choses pourrissent, devenant ainsi irréversibles. Le Sénégal vous a tout donné, vous l’aviez mentionné dans votre discours. Toutefois, vous risquez de tout lui faire perdre, si vous n’agissez pas dans le sens de la conciliation et de la réconciliation.
En demandant pardon, et surtout en y mettant les formes, les Sénégalais dans l’ensemble croyants, sensibles et tolérants, vous garantiront la sécurité que vous espérez pour vous et votre famille. Il y a eu pire en Afrique du Sud et en Algérie, mais les pouvoirs de ces deux pays ont très tôt compris que les décennies de violences d’Etat, ne sauraient réconcilier leurs peuples respectifs. Agissez avant la fin de votre mandat ou avant que la situation ne s’empire.
Ayez la force, M. le Président, de dire à votre peuple que les événements survenus sont des événements tragiques que vous regrettez sincèrement. Que ces événements n’avaient pas lieu de cité dans un pays aussi fraternel et paisible que le Sénégal. Que par conséquent, vous décidez de gracier tous les détenus politiques. Que votre gouvernement prendra les mesures idoines dans le cadre de l’accompagnement des familles des victimes. Ce faisant, M. le Président, vous sortirez grandi de ces événements malheureux. Qu’Allah vous Guide ! Mes salutations patriotiques.
par Thierno Ly
POUR LE RESPECT DES TEXTES DE BONNE GOUVERNANCE DE L’UCAD ET UNE ÉQUITÉ DE TRAITEMENT ENTRE ENSEIGNANTS-CHERCHEURS
Nous protestons contre le changement des textes de la gouvernance universitaire, cherchant à modifier et/ou à abroger des articles du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 sans l’avis préalable du Conseil pédagogique de l’IFE
Ayant constaté que vous n’avez répondu à aucun des courriers que nous vous avons adressés concernant la crise à l’IFE, nous nous permettons de vous écrire par la voie d’une série de lettres ouvertes dont celle-ci est la première.
Le 16 novembre 2021 a été pour notre établissement et pour la gouvernance universitaire un tournant historique et décisif. Pour la première fois, la liberté et le droit de choisir le directeur et le directeur des études ont été accordés à tous les PER titulaires des écoles et instituts d’université, selon l'article 107 du décret 1500-2021 du 16 novembre 2021.
Or, un projet de décret a été convoqué pour la mise en place d’un conseil d’établissement de notre institut alors qu’à ce jour, le nouveau décret de création de l’IFE n’est pas encore signé. Un autre viserait la modification des articles 106 et 107 relatifs au mode d’élection des directeurs et des directeurs des études dans les écoles et instituts d’université pour qu’ils soient nommés sur proposition du conseil d’établissement où siègent et sont électeurs des représentants des personnels de l’université autres que les PER. Cela constitue un recul grave des acquis syndicaux et une attitude discriminatoire entre d’une part les PER des facultés et instituts ayant rang de faculté et d’autre part ceux des écoles et instituts d’université. En outre, selon l’article 106 : « la composition, les modalités d’organisation et de fonctionnement » et « les modalités de désignation des membres de l’organe délibérant » doivent être « fixées par le décret de création ».
Contre ce changement des textes qui régissent la gouvernance universitaire, en cherchant à modifier et/ou à abroger les articles 106 et 107 du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 sans demander l’avis préalable du Conseil pédagogique de l’IFE, nous protestons, dans les limites des textes et des règlements de notre Institut et de notre université. Cette décision a été rendue possible par la passivité complice et coupable de certains dirigeants syndicaux et de responsables administratifs, ces derniers étant les mêmes qui avaient obéi à l’ordre administratif manifestement illégal de nous priver de cinq mois de salaire, ôtant ainsi à des familles leur moyen de subsistance et la couverture médicale à des enfants de moins de deux ans. Notre seul tort a été d’avoir contesté l’arrêté rectoral n° 1117 du 15 avril 2021 portant nomination de M. Abdoulaye Diouf comme directeur par intérim de l’IFE au mépris du décret 79-175 du 28 février 1979 portant création de l’IFE qui stipule en son article 4 : « Le directeur, [est] obligatoirement choisi parmi les enseignants de la faculté des lettres et sciences humaines […] ». Vous avez regardé M. Abdoulaye Diouf nous retirer nos enseignements, nous faire parvenir en 2022 nos bons de voyage d’études de 2021, et tout récemment annuler les épreuves de nos matières lors des examens de l’année académique 2022-2023, non sans recourir à un huissier de justice lors d’une réunion du conseil pédagogique. Votre silence, malgré nos multiples interpellations, nous conforte dans l’idée qu’il agit en toute impunité, comme en novembre 2021, lorsqu’il affirmait lui-même que : « En tant que directeur de l’institut, donc garant de la continuité des activités pédagogiques, j’ai pris mes responsabilités et j’ai décidé de reporter ce test-là au 11 novembre… euh…décembre – au temps pour moi – à l’ENSETP. Et je me suis par la suite attaché les services des agents de sécurité du rectorat, comme cela se fait ici, partout à l’université, pour qu’ils puissent sécuriser les examens. Alors, les collègues nous y retrouvent également dans l’intention ferme d’empêcher la tenue de ce test-là. Alors… euh… Naturellement, les agents de sécurité les ont mis hors état de nuire […] » ([05.46 : 06.56], JT Français 20h du 14 décembre 2021 présenté par Chérif Diop, TFM, [En ligne] : https://youtu.be/5Eo2MuJqBFw?feature=shared). Nous avons été empêchés de participer en tant qu’enseignants titulaires de l’IFE au test d’entrée de notre institut. Or, le seul maître de la police à l’université conformément au décret n° 2020-979 du 23 avril 2020 fixant les règles d’Organisation et de Fonctionnement des Universités Publiques en son article 29, est le recteur qui « […] est responsable du maintien de l’ordre et de la sécurité dans l’université conformément à la loi relative aux franchises et libertés universitaires ». Cela signifie simplement que ces agents de sécurité qui ont entravé l’exercice de la fonction d’enseignants-chercheurs sur leur lieu de travail sont sous votre autorité.
Monsieur le Recteur,
Malgré toutes ces péripéties qui ont fini de dévoiler ce modèle de gouvernance rigide au mépris des textes, vous avez décidé de valider l’élection irrégulière, pour la deuxième fois, de M. Abdoulaye Diouf au poste de directeur de l’IFE, comme la DIRCOM l’a annoncé dans un mail institutionnel envoyé à tous les personnels de l’UCAD le 4 août 2023 : « Mesdames, Messieurs, l’institut de français pour les étudiants étrangers (IFE) et le Centre de linguistique appliquée de Dakar (CLAD) ont élu leurs nouveaux directeurs le 24 juillet 2023. Il s’agit respectivement du Pr Abdoulaye DIOUF et […] », après presque trois ans d’intérim (la durée d’un mandat normal imposé au mépris du décret 79-175 du 28 février 1979), en l’absence d’au moins trois membres du « collège électoral restreint au personnel enseignant », comme nous pouvons le lire dans « les modalités de désignation du directeur » de l’appel à candidature n° 002804 du 5 avril 2023 que vous avez signé. Encore une fois, vous avez délibérément choisi de ne pas respecter les dispositions du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 portant fonctionnement et organisation de l’UCAD, en décidant d’appliquer un projet de décret qui modifie les articles 106 et 107, relatifs respectivement aux organes délibérants des instituts d’université et au mode d’élection de leurs directeurs. Cela constitue un sérieux problème de bonne gouvernance de votre part car, ayant été doyen puis recteur depuis trois (3) ans et bénéficiant également de conseils d’enseignants juristes, vous ne sauriez ignorer, pour peu que vous gardiez votre posture de professeur et d’intellectuel, qu’un projet de décret ne vaut pas un décret signé par le Président de la République et publié dans le JORS. Vous visez donc un décret qui n’existait pas au moment où vous signiez l’appel à candidatures au poste de directeur de l’IFE n°002804 du 05 avril 2023 : « Critères de sélection du Directeur - Il est choisi, conformément aux dispositions de l’article 107 modifié du décret n° 2021-1500 du 16 novembre 2021 fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de l’UCAD parmi les professeurs titulaires, les professeurs assimilés ou, les maîtres de conférences de l’I.F.E. ».
Monsieur le Recteur,
Nous voudrions vous rappeler qu’en ce qui concerne les organes délibérants des instituts d’université, le décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 portant organisation et fonctionnement de l’UCAD est clair : « Article 106 - La composition, les modalités d’organisation et de fonctionnement, les modalités de désignation des membres de l’organe délibérant sont fixées par le décret de création ». Ainsi, l’article 106 du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 dispose de façon explicite que ce sont les décrets de création des instituts d’université qui doivent préciser « la composition, […], les modalités de désignation des membres de l’organe délibérant ». Or, en lieu et place du présent décret par l’élaboration du décret de création de l’IFE, le texte qui est actuellement appliqué de façon illégale n’est pour l’instant qu’un projet de décret, visant à mettre en place l’organe délibérant de l’IFE (voir la composition des conseils d’établissement dans l’appel à candidatures pour le poste de directeur de l’IFE) par une modification des articles 106 et 107 du décret 2021-1500, comme nous le notons dans ses dispositions ci-après : « Article 106 nouveau - L’Institut d’université est administré par un Conseil d’établissement qui comprend, outre le recteur, Président : un représentant du ministre chargé de l’enseignement supérieur ; le(s) Doyen(s) de la faculté (des facultés)de rattachement ; le Directeur de l’Institut ; le directeur des Études de l’Institut ; trois représentants des enseignants/Chercheurs en exercice à l’Institut élus pour un an ; un représentant du personnel administratif élu pour un an ; un représentant du personnel technique élu pour un an, un représentant des étudiants élu pour un an ; trois personnalités sont désignées pour trois ans par le recteur. Les modalités de désignation des représentants des enseignants, du personnel administratif et technique, des étudiants ou des chercheurs sont fixées par arrêté du recteur. […]. Les modalités d’organisation et de fonctionnement du Conseil d’Établissement de l’Institut sont fixées par le décret de création ». Cet article « 106 nouveau » n’existe dans aucun décret de modification du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 publié au JORS. Votre modus operandi consiste à définir la composition et la création de l’organe délibérant de l’IFE sur la base d’un décret fictif visé dans l’arrêté n°00001010 du 24 avril 2023 « portant désignation de personnalités pour siéger au Conseil d’Etablissement de l’Institut de Français pour les Etudiants étrangers (I.F.E) » : « Le Recteur, président de l’Assemblée de l’université, Vu la loi n° 67-45 du 13 juillet 1967 relative à l’Université de Dakar, modifiée ; Vu le décret n° 70-1135 du 13 octobre 1970 ; portant statut de l’Université de Dakar, modifié ; Vu le décret n° 2014-931 du 31 juillet 2014 portant nomination du Recteur à l’Université Cheikh ; Vu le décret 2020-979 du 23 avril 2020 fixant les règles d’organisation et de fonctionnement des Universités publiques ; Vu le décret n° 2021-1500 du 16 novembre 2021 fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, modifié », au lieu d’attendre la signature et la publication au JORS du décret de création et d’organisation de l’IFE conformément à l’article 106 du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021. L’épithète « modifié », ici détaché, montre bien la tentative, par un tour de passe-passe, de remplacer le décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 par un projet de décret en l’y accolant car vous n’êtes pas en mesure de viser le décret de modification du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 qui n’existe pas encore.
Nous rappelons un principe simple en droit que vous n’ignorez pas : celui d’égale dignité des citoyens devant la loi et du droit des enseignants d’instituts d’université d’élire eux-mêmes leurs directeurs au même titre que ceux des facultés et des écoles ayant rang de faculté. Le choix de modifier le collège électoral au mépris de l’article 107 du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 en vigueur crée un traitement inéquitable et discriminatoire entre les enseignants des facultés, des écoles ayant rang de faculté, et ceux des écoles et instituts d’université, alors qu’ils sont régis par les mêmes textes et avancent dans les mêmes grades. Au nom des libertés académiques et scientifiques ainsi que des franchises universitaires dont vous devriez être le garant, votre devoir est de veiller au respect des textes de gouvernance universitaire, en toute démocratie et dans la plus grande transparence. L’IFE est certes un institut de petite taille (nombre d’enseignants et d’étudiants), mais il constitue l’un des fleurons de l’UCAD avec un concentré de compétences et de spécialités qui n’existent dans aucun département en Lettres et Sciences humaines au Sénégal :
Un Professeur assimilé en Littérature française,
Un Professeur assimilé en histoire, spécialiste d’Homère,
Un Maître de Conférences titulaire en Sciences de l’Education, mention ADEF (Apprentissage, Didactique, Evaluation, Formation),
Un Maître de Conférences titulaire en Littératures, Langues et Sociétés,
2 Maîtres de Conférences titulaires en Grammaire et Linguistique du Français,
Un Maître de Conférences assimilé en Sociolinguistique, Analyse du discours,
Un Maître de Conférences assimilé en Linguistique française
Un Maître de Conférences assimilé en Histoire, spécialiste des migrations
Nous exigeons le respect et la considération qui nous est due et surtout, notre institut mérite mieux que cela.
Monsieur le Recteur,
Nous voudrions vous rappeler que les modalités de l’élection des directeurs d’instituts sont très clairement précisées dans le décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 portant organisation et fonctionnement de l’UCAD : « Article 107- L’Institut d’université est placé sous l’autorité d’un directeur nommé par décret après avis du Conseil d’administration de l’Université. Le Directeur, élu par les enseignants-chercheurs, est choisi parmi les professeurs titulaires, les professeurs assimilés, les directeurs de recherche titulaires et les directeurs de recherche assimilés ou, à défaut, parmi les maîtres de conférences titulaires et les chargés de recherche titulaires. Il est élu, pour un mandat de trois (03) ans, renouvelables, une fois par les professeurs titulaires, les professeurs assimilés, les directeurs de recherche titulaires et les directeurs de recherche assimilés, les maîtres de conférences titulaires, les maîtres de conférences assimilés, les chargés de recherche titulaires, les chargés de recherche assimilés, et les assistants titulaires. […]. Lorsque l’Institut ne dispose pas d’enseignants, le collège électoral est composé des professeurs titulaires, des professeurs assimilés, des maîtres de conférences titulaires, des maîtres de conférences assimilés, et des assistants titulaires de la faculté ou des facultés de rattachement scientifique. […] ». Or, dans les appels à candidatures, un « article 107 nouveau » est convoqué sur la base du « projet » de modification du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 : « Article 107 nouveau- L’Institut d’université placé sous l’autorité d’un directeur choisi par le Conseil d’établissement parmi les professeurs titulaires, les professeurs assimilés, les directeurs de recherche titulaires et les directeurs de recherche assimilés ou, à défaut, parmi les maîtres de conférences titulaires et les chargés de recherche titulaires de l’Institut ou, s’il y a lieu, des établissements de rattachement scientifique. Il est nommé par décret sur proposition du Conseil d’administration […] ». Trois points de l’article 107 du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021, actuellement en vigueur sont attaqués par cet « article 107 nouveau ».
Le premier point renvoie à l’éligibilité du directeur dans la mesure où toute une disposition de l’article 107 du décret 2021-1500 est escamotée : « Lorsque l’Institut ne dispose pas d’enseignants, le collège électoral est composé des professeurs titulaires, des professeurs assimilés, des maîtres de conférences titulaires, des maîtres de conférences assimilés et des assistants titulaires de la faculté de rattachement scientifique ». Or, l’IFE dispose de neuf (09) enseignants. En réalité, le projet de l’article 107 nouveau élargit l’éligibilité aux PER de la faculté de rattachement scientifique « s’il y a lieu », et, au lieu de tendre vers la précision maximale, entretient un flou qui laisse la place à toutes les interprétations et manœuvres possibles, en plus du fait qu’il n’est conforme ni à l’esprit ni à la lettre du décret en vigueur.
Le second point attaqué concerne le collège électoral pour l’élection du Directeur des Instituts d’université que ce projet d’« article 107 nouveau » vise à élargir aux PER de leur faculté de rattachement, ce qui crée de facto une discrimination par une inéquité de traitement entre d’une part les PER des facultés et d’autre part ceux des instituts dans le mode d’élection de leurs autorités hiérarchiques.
Par ailleurs, dans l’appel à candidatures pour la direction de l’IFE, vous ne convoquez aucun décret en vigueur (voir l’absence de visas sur les appels) et ne mentionnez que les articles « 106 et 107 nouveaux » d’un projet de décret, ce qui confirme l’illégalité des procédures de mise en place de l’organe délibérant de l’IFE, l’appel à candidatures pour le poste de directeur de l’IFE et son élection irrégulière.
Le troisième point concerne le projet de décret modifiant les articles 106 et 107 du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 que vous êtes en train d’appliquer, uniquement pour maintenir à tout prix M. Abdoulaye Diouf à la direction de l’IFE, alors même que les procédures d’élaboration du texte, et plus précisément la consultation des PER en ce qui nous concerne, n’ont pas été respectées. En tout état de cause, ce projet de modification du décret 2021-1500 en ses articles 106 et 107 ne peut être appliqué à l’IFE avant une consultation des PER et en l’absence d’un décret abrogeant ou modifiant les articles en question. Vous ne pouvez en aucun cas modifier de votre propre chef et de façon unilatérale des décrets, ni a fortiori appliquer un projet de décret pour l’élection irrégulière du directeur de l’IFE. Dans le cas présent, en l’absence de consultation des PER, peut-on même parler de « projet » ? La bonne gouvernance consiste à appliquer les textes en vigueur et à les modifier uniquement dans le strict cadre des procédures prévues par la loi.
Pour finir, nous ne ménagerons aucun effort pour défendre le respect des textes pour la bonne gouvernance de l’IFE en particulier, et de l’UCAD en général.
Thierno Ly est Dr en Sciences de l’Éducation, Institut de Français pour les Etudiants étrangers (IFE), Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
MACRON ET LA CHUTE DE L'EMPIRE FRANCE-AFRICAIN
EXCLUSIF SENEPLUS - L'actuel locataire de l'Élysée s’est avéré être le résidu de la matrice coloniale dans un corps pourtant jeune voulant coûte que coûte maintenir l’Afrique dans les “liens” du mariage colonial
Arrivé à l’Élysée à moins de 40 ans, le chef de l’État français a bluffé tout son monde, notamment les Africains qui ont cru qu’un « jeune » président ne se comporterait pas comme un vieux gaulliste, vieux colonial décati, incapable de voir l’Afrique autrement que sous l’œil des maîtres à esclaves. Il devait donc aller dans le sens de la nouvelle histoire africaine qui s’écrivait depuis quelques décennies : plus de tutelle militaire, plus de chaine monétaire qu’est le CFA, plus de lobbies politiques ni de monopoles économiques, plus de petits copains de présidents africains qu’on convoque annuellement à l’Élysée pour une dictée des désirs, mandataires des oligarques hexagonaux dont il est en réalité le garçon de course. Mais…
Macron s’est avéré être le résidu de la matrice coloniale dans un corps pourtant jeune voulant coûte que coûte (son fameux “quoi qu’il en coûte”) maintenir l’Afrique dans les “liens” du mariage colonial. Il a houspillé des chefs d’État devant leurs étudiants, chez eux ; il a convoqué leur jeunesse et une certaine société civile à Montpellier pour discuter de “France-Afrique et des problèmes africains” à l’insu des chefs d’États africains qui, en réalité, ont été contraints de faire, comme on dit, “contre mauvaise fortune bon cœur”. Et cela, avec le “coaching” d’une vieille intelligentsia africaine mixée (nés en France ou étudiants devenus “start-uppeurs”) ayant leurs entrées dans certains cercles de la nouvelle galerie macronienne. Tout cela a mis le couvert et l’aura d’un des meilleurs intellectuels africains dans les années 80 : un certain Achille qui a trouvé un nouveau terrain de jeu aujourd’hui pour pourfendre les nouveaux ennemis de la France coloniale : les pan-africanistes, les souverainistes, les anti-CFA, les anti-bases militaires françaises (véritables protections privées) des dictateurs africains et autres truqueurs d’élections, charcuteurs de Constitutions pour se tailler des costumes et boubous d’éternité…
Voilà la France que de plus en plus de jeunes Africains ne veulent plus voir, vivre, et le disent de multiples manières : en acclamant et en accueillant dans la liesse des militaires considérés comme des "libérateurs”, des “sauveurs”. En réalité, ce que Macron et ses réseaux France-africains quasi mafieux ignorent, c’est que ces coups d’État en Afrique, d’abord en Afrique de l’Ouest, et maintenant en Afrique centrale, témoignent de la compréhension par la jeunesse de la démocratie “avariée” qui leur est vendue, des politiques aux variables très intéressées.
Avec leurs lunettes et loupes unidirectionnelles, Macron et ceux dont il sert les intérêts (les “riches” comme le dit une bonne frange de Français, dont les gilets jaunes et autres Insoumis) n’ont pas vu le symbole représenté par "les nouveaux barbares" et autres russophones (cette Russie qui leur fout la trouille depuis des… siècles). La jeunesse africaine veut respirer en prenant son destin en main, en disposant, contrôlant ses ressources naturelles. Ils souhaitent de nouvelles conventions équitables, ils veulent battre et disposer de leur monnaie, pouvoir choisir leurs dirigeants sans que vous leur indiquiez lesquels sont de vos choix, sans que votre “communauté internationale” soit la seule juge de ce qui est bon ou mauvais pour nous autres, éternels Nègres dociles, le dos et l’échine courbés.”
Oui, vous Macron et vos nouveaux gourous et conseillers "afrimanqués" (le chef du mouvement indépendantiste casamançais MFDC, l’abbé Augustin Diamacoune, qualifiait les cadres casamançais opposés à l’indépendance de la Casamance, de “casamanqués”), n’avez pas compris que désormais, la majorité de l’opinion publique africaine ne considère pas les militaires comme de la simple chair à canon cantonnée à récurer leurs armes dans les casernes et à la frontière. Ils sont aussi citoyens et membres à part entière du grand corps hybride appelé peuple. Vous avez vécu le mépris propre aux Lumiéristes, vous postulez que seul votre système démocratique est bon, universel voire l'unique modèle unique d’exportation.
Macron le “démocrate” s’arroge le droit de distribuer des brevets de “légitimité” en Afrique. Il distingue des régimes légitimes de ceux qui ne sont le pas ; il désigne untel de putschiste parce qu’anti-français et pro-russe ou plutôt pro-Wagner, ces méprisables “soldats de fortune” avec une bave méprisante dans leurs bouches. Tel autre est qualifié de “nouveau régime” (pas putschiste) ; telle élection a été démocratique, telle autre une calamité qui est tout de même validée sur le dos du peuple conscient de son choix à travers les urnes. Le peuple sait comment se sont déroulées les élections, avec la bénédiction et l’onction "d’observateurs indépendants” mandatés par des institutions fort peu démocratiques.
Ce système “d’observateurs” des élections en Afrique (seulement) est une insulte à notre intelligence. Il témoigne du peu d’estime que ces supposées institutions indépendantes nous portent, de leur perception de nous : les débiles primaires qui ne savent pas élire, organiser des élections, choisir leurs dirigeants.
L’amont du processus comprend les Ceni et autres Cena truquées, les Cours constitutionnelles et Cours suprêmes aux membres choisis par les pouvoirs en place, avec des couches de corruption active (salaires surévalués, avantages avec villas, etc). Ces gens-là se sont toujours accommodés avec les infidélités de la loi. Mais Macron (qui se rêve en Napoléon) avalisent tout et nous disent “soyez gentils, acceptez les résultats ou allez déposer vos contestations devant les cours et tribunaux”, “respectez la loi”. Nous savons ce que sont (devenus) nos cours et tribunaux… Et après, en vierges effarouchées, la bouche en chœur, ils nous assènent leurs certitudes évangélisées.
Macron a poussé le mépris jusqu’à marteler devant toutes les tribunes : « notre ambassadeur, nos forces armées ne quitteront pas le Niger parce qu’ils ont été appelés par le régime légitime. Je ne reconnais pas ces putschistes de Niamey. Et la “communauté internationale” a regardé et laissé faire. La France refuse de quitter un pays contre lequel les dirigeants et la majorité de la population manifestent par milliers chaque vendredi devant sa base militaire et dans toutes les grandes villes.
Elle va pourtant le faire ; ils vont partir la queue entre les jambes. “En bon ordre”, (sans rire) a postillonné dimanche soir le patron de l’Élysée sur les plateaux de TF1. Il dit aux Français qu’il pense le cœur meurtri aux “soldats français morts au Sahel en luttant contre les terroristes-jihadistes”. Paix à leurs âmes. Mais combien de Maliens sont morts pendant les dix ans que vous étiez là-bas supposément pour les défendre, lutter et chasser les terroristes ? Il semble (C’est même certain) pourtant que les terroristes ont étendu leur surface d’occupation au Mali pendant que vous y étiez ; ils ont envahi certaines régions du Burkina, fait des incursions meurtrières en Côte d’Ivoire et des raids mortels dans un parc béninois. Où étiez-vous donc ? Où étaient vos milliers de soldats ? Les Maliens ironisent du reste : “avec leurs moyens d’observation qui peuvent lire la plaque d’immatriculation d’une voiture, ils n’ont pas pu voir des colonnes de pickups et de moutons de terroristes se déplacer, entrer dans des villages, tuer et piller". Oui président Macron, où était votre armée et ses gadgets high-tech ?
La France impériale de Macron a réussi le tour de force de vassaliser nos institutions régionales (la Cedeao, l’UA, l’Uemoa). Et même l’ONU tellement gangrenée par l’interventionnisme français, que ce dernier lui dicte qui y représente l’État du Niger. C’est-à-dire les “has-been” corrompus mis en retraite anticipée avant qu’ils ne précipitent le pays dans les bras des terroristes comme vous l’avez laissé faire au Mali et au Burkina. Cette situation (nos institutions régionales et sous-régionales comme cheval de Troie et bras armés des derniers vestiges de l’empire France-Afrique), fera l’objet d’autres articles.
En attendant, malgré les mensonges de Macron, on ne boude pas notre plaisir de voir enfin la France retrouver ses esprits et peut-être aussi l’Esprit de 1789. En rapatriant son ambassadeur barbouze baroudeur dans le Sahel, et son armée, qui ne “perdra” plus ses enfants dans les déserts de ces "ingrats d’affreux sahéliens-africains".
par Jean Pierre Corréa
LES MÉMOIRES CORRECTIVES DE PAPE SAMBA KANE : LA POÉTIQUE DE LA POLITIQUE
Les personnages qui peuplent et animent aujourd'hui notre monde politique, culturel, religieux, sportif ou autres, pourraient-ils faire l'objet d'un travail similaire à celui réalisé dans le livre "Mémoire Corrective" de Pape Samba Kane ?
Amis de la poésie et de la politique, c'est un pur bonheur de vous livrer un témoignage sous forme de note de lecture des deux tomes concentrés d'agilité spirituelle, que PSK a intitulés "Mémoires Corresctives".
Ces "Mémoires" sont pour moi, véritablement correctives, voire une merveilleuse découverte, du fait que de 1987 à 1996, je demeurais à l'étranger, vivant à Paris depuis 1977, d'où il m'arrivait de m'échapper pour rentrer au Sénégal, pour côtoyer un grand frère pour lequel je nourrissais une admiration qui confinait à la fascination, je veux parler de l'immense Mame Less Dia. Je ne découvrais qu'accidentellement, au détour de visites à certains amis, quelques exemplaires du réputé turbulent "Cafard Libéré". Tout ça pour vous dire que traverser ces quelques 200 portraits, m'a permis de connaître à travers la plume alerte de Pape Samba Kane, des hommes et des femmes, qui, croqués à la musique de son talent, de son humour, de son regard décalé, se révélaient tous, chargés avant tout d'humanité, de chair et de convictions, et qui chacun à sa manière, m'a fait comprendre que le Sénégal n'était pas né, loin de là, en 2000.
Nombre d'entre eux ont disparu, en laissant des traces dans notre Histoire et des souvenirs dans nos esprits, aujourd'hui empreints d'une certaine nostalgie, cette douce nostalgie qui fait dire à Emile Cioran que "si la nostalgie n'existait pas les rossignols rôteraient".
Certains de ses personnages sont là, présents encore, vivants c'est sûr, ils sont souvent de chers amis, et en en connaissant certains de façon très intime, la plume de Pape Samba Kane a déclenché chez moi un sourire, parfois un rire, relatif à un trait que je n'avais pas vu ni décelé, et qui d'un coup rendait évident, ce qui faisait la singularité ou la particularité de ces êtres.
Dresser le portrait d'une femme ou d'un homme publique est un art qui demande, exige plutôt, de ne jamais avoir le mot qui tache...et, sacrilège, entache... Peu de personnes qui ont connu l'honneur, c'en fut un, d'être scrutés par le regard d'un tel homme, entre le "teggi ndawal" et le garçon taquin, sont je l'imagine, venus rouspéter et lui dire leurs courroux. Les autres ont du sourire et penser que la Liberté avait décidément le goût de l'encre dans laquelle ce chenapan trempait sa plume.
Ces deux livres témoignent de la vitalité, de l'humanité, du courage des hommes et des femmes qui ont fait l'histoire de ce pays. C'est une belle somme. La question que nous devons poser à ce maître de la satire, consiste à lui demander si les personnages qui peuplent et animent aujourd'hui notre monde politique, culturel, religieux, sportif ou autres, complètement buzzifiés et twitterisés pourraient faire l'objet et surtout être les sujets d'un tel travail. Ont-ils assez de chair, d'humanité, d'urbanités et d'aspérités auxquels accrocher nos joyeuses satires?
Pape Samba Kane a tout mon respect et je lui dois cet hommage. Je l'ai connu lorsque Youssou Ndour m'a convaincu de rentrer de Paris où je sévissais à Radio France, pour monter ici, la 7FM, avec l'emblématique et précurseur Groupe COM 7, où il dirigea le quotidien "L'INFO 7". Plus tard il fut celui, devenu alors Dirpub du quotidien TAXi, entreprit de me persuader que je n'étais pas qu'une voix, et que je devais me lancer dans l'écriture. Il me confia le billet qui m'allait si bien, que je signais "Siruman", puis j'eus à m'enhardir et à taquiner l'édito, l'analyse et la chronique, et avec l'aide d'Ibrahima Wane, à apprendre d'où on part et où l'on va quand on a quelque chose à dire.
Je pense être devenu grâce à PSK ce modeste chroniqueur à qui il a appris à regarder ailleurs quand on nous montre l'évidence et à toujours respecter l'intelligence des personnes qui nous font l'honneur de nous lire, et sans jamais oublier que dans le mot "impertinence", il y avait si justement celui de "pertinence".
Je remercie PSK de m'avoir appris que " la pensée était le seul mode de transports qui n'était pas en commun".
Merci pour ces 23 années de compagnonnage et puissent les réjouissants projets qui bouillonnent en lui continuer à nous faire cheminer ensemble, et à garder nos esprits libres et alertes.
par Madiambal Diagne
DIONNE, LE DOUBLE BOUTON FACTICE
Le zèle que l'ancien Premier ministre a toujours voulu montrer pour servir le président ne m’a jamais trompé. On ne peut pas ne pas s’étonner de sa nouvelle alliance politique annoncée avec Aly Ngouille Ndiaye
Le 9 septembre 2023, le Président Macky Sall a convoqué sa coalition, Benno bokk yaakar (Bby), et délivré les raisons de son choix de candidat porté sur la personne de Amadou Ba, pour la prochaine élection présidentielle. A la fin de la rencontre, Mahammed Boun Abdallah Dionne le contacte pour lui dire : «Monsieur le Président, je me conformerai à votre choix et je reste comme toujours à votre entière disposition.» Macky Sall est ravi de cette première réaction et enjoint Amadou Ba de discuter rapidement avec son ancien Premier ministre. Il faut dire que quelques instants avant d’aller à la rencontre avec la coalition politique Bby, le Président Macky Sall a reçu Amadou Ba pour lui indiquer de se rapprocher des ténors, candidats malheureux à la candidature de Bby. C’est ainsi que des rendez-vous avaient déjà été calés avec certains d’entre eux dont Aly Ngouille Ndiaye, qui n’avait pas fait le déplacement ce jour-là, pour assister à la réunion. Il savait déjà qu’il n’était pas choisi par le Président Sall, qui le lui avait annoncé, quelques jours auparavant, à l’occasion d’un voyage à l’étranger. Aly Ngouille Ndiaye et Amadou Ba n’ont finalement pas pu se voir le même jour, comme prévu, car dès l’annonce publique du choix porté sur Amadou Ba, le ministre de l’Agriculture a fulminé, avec fracas, sur les ondes de la Radio Futurs médias (Rfm), et a présenté sa démission du gouvernement. Il a, à la même occasion, fait sa propre déclaration de candidature.
La sortie médiatique de Aly Ngouille Ndiaye a fortement rebuté le Président Sall et cela donnait davantage de relief à la réaction spontanée de Mahammed Dionne, qui lui donnait du baume au cœur. C’est ainsi que le lendemain dimanche 10 septembre 2023, après l’émission Grand Jury avec Babacar Fall sur la Rfm, à travers laquelle je présentais mon nouveau livre : «Macky Sall, derrière le masque» dont la publication était prévue pour le lundi 11 septembre 2023, le Président Sall m’appela pour m’assurer des nouveaux bons sentiments de Mahammed Dionne. En effet, je n’avais nullement été tendre avec son ancien collaborateur, au cours de l’émission, encore moins dans le livre. Je dis mon scepticisme au Président Sall, en lui précisant que les jours à venir nous édifieront sans doute. Amadou Ba était aussi rassuré par la posture de Mahammed Dionne qui l’aura appelé le samedi soir, 9 septembre 2023, pour l’assurer personnellement de son soutien. Je restais persuadé de la duplicité car je savais que Mahammed Dionne avait approché, dans le même temps, un autre candidat malheureux, Abdoulaye Daouda Diallo, pour lui proposer une alliance dont le même Mahammed Dionne revendiquait le leadership. Abdoulaye Daouda Diallo prendra d’ailleurs cette proposition comme une insulte. Pressentant que le choix final de Macky Sall ne porterait pas sur leurs personnes, Mahammed Dionne avait aussi déjà pris les devants pour proposer une alliance à Aly Ngouille Ndiaye.
Je poursuivis donc, sur le plateau de la Télévision Futurs Médias (Tfm) et sur celui de la Radio-Télévision sénégalaise (Rts), à détricoter, avec forces anecdotes et révélations, la fausse image d’une obéissance aveugle de Mahammed Dionne à l’égard du Président Sall. Amadou Ba, dans un souci de rassembler son camp politique, a enfreint une ligne de conduite dans nos relations, en se risquant à me demander, au nom de notre amitié, de mettre la pédale un peu plus douce. Je lui rétorquais que le Président Macky Sall peut toujours croire Mahammed Dionne, mais j’espère que lui, Amadou Ba, ne serait pas aussi crédule jusqu’à confier des rôles importants à Mahammed Dionne dans sa campagne électorale. Fort d’on ne sait quelle assurance, Amadou Ba insiste : «Non mon frère, Mahammed s’est complètement aligné, il ne fera pas de difficulté. Il a même donné des gages au Président.» Je lui dis : «Je n’ai franchement pas confiance. Qui trahit une fois, trahira deux fois !» Quand Mahammed Dionne a fini de rendre publique sa candidature, c’est un Amadou Ba chancelant qui me dit : «Tu as eu raison sur nous.» A la vérité, j’ai pu mesurer les ignominies que me racontait Mahammed Dionne, conduit à mon domicile en 2008 par un proche de Karim Wade, sur Macky Sall, du temps où ce dernier était farouchement combattu par les responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds). Les proches de Karim Wade voulaient faire une campagne de déballage à laquelle j’avais refusé de m’associer.
Par respect pour le Président Macky Sall, je ne lui ai jamais rapporté les propos de celui qui deviendra son Premier ministre. Seulement, Mahammed Dionne semble croire le contraire, car à son départ de la Primature en 2019, il a confié à certains proches que si le Président Sall a adopté une attitude devenue hostile à son égard, c’est à cause de Madiambal Diagne. L’homme sait parfaitement ce qu’il peut se reprocher. Je rapporte dans le livre : «Macky Sall, derrière le masque», que Mahammed Dionne, en février 2014, après s’être rabiboché avec le Président Sall en Chine, avait tenu à venir m’expliquer avoir été induit en erreur par les «salopards» du camp de Karim Wade. En tout état de cause, quand en 2015, le Président Sall m’avait mis en relation avec son Premier ministre Mahammed Dionne pour régler certaines urgences, je lui ai clairement précisé que je ne souhaitais plus qu’il me mette en relation avec ce dernier. Le Président Macky Sall a eu la pudeur ou la délicatesse de ne pas me demander les raisons. Il reste que je ne lui aurais sans doute pas dit le fin mot de l’histoire. C’est dire que le zèle que Mahammed Dionne a toujours voulu montrer pour servir le Président Sall ne m’a jamais trompé. Il se réclamait être le «double bouton», entièrement à la disposition du Président Sall. Son zèle finissait par agacer bien du monde dans l’entourage présidentiel.
L’imposture ou l’escroquerie politique de chercher à se faire passer pour le véritable candidat de Macky Sall
Il reste qu’il se pose un véritable problème de cohérence politique qui apparaît dans la déclaration de candidature de Mahammed Dionne à l’élection présidentielle de 2024. Au demeurant, n’a-t-il pas publiquement clamé l’unité de son camp politique pour respecter scrupuleusement le choix du candidat, qu’aura fait le Président Sall qui avait reçu à cet effet, de la Coalition Bby, mandat ou carte blanche ? Mahammed Dionne n’a-t-il pas été le premier des candidats à la candidature à décliner la proposition faite par le Président Sall, de mettre en place un collège électoral composé de «grands électeurs», que seraient les députés, maires, ministres, conseillers départementaux de la coalition ? Ce serait une certaine forme de «primaires» pour désigner le candidat. Les candidats à la candidature s’étaient unanimement prononcés pour laisser le choix exclusivement au Président Sall.
Autrement, ils disaient que ce serait manquer de respect et de confiance à sa clairvoyance. Il apparaît alors bien aberrant de se rebeller, une fois que le choix est porté sur une autre personne ! N’est-il pas aussi d’une sidérante hypocrisie que de contester le choix du Président Sall et de dire, dans une déclaration publiée le jeudi 21 septembre 2023 par Mahammed Dionne, s’inscrire dans la ligne de l’héritage politique du même Macky Sall et de vouloir poursuivre son action ? C’est aussi manquer de respect aux Sénégalais que le même Mahammed Dionne, après avoir passé plus de dix ans aux côtés de Macky Sall, découvre subitement qu’il faudrait travailler à ramener la paix dans ce pays et qu’il faudrait travailler à trouver des solutions au désarroi des jeunes. «Je m’engage pour un pacte nouveau, qui réconcilie la République avec sa jeunesse dont le malaise nécessite l’adoption urgente d’une nouvelle politique nationale de jeunesse. Désormais, donner un métier à chaque jeune Sénégalais, et l’accompagner dans son aspiration légitime d’une vie meilleure dans le pays qui est le sien, doit être la sur-priorité des pouvoirs publics sénégalais», soutient-il dans sa déclaration de candidature.
Assurément, plus de cinq bonnes années comme Premier ministre ne lui auraient pas suffi pour prendre le pouls du pays. C’est seulement la semaine dernière qu’il se réveille de son long et profond sommeil ! Autrement, n’aurait-il jamais cru à la pertinence des politiques définies par le président de la République dont il était le sage et dévoué Premier ministre ? Macky Sall et les autres Sénégalais apprécieront les engagements de Mahammed Dionne : «Je m’engage enfin pour réconcilier davantage la République avec les corps sociaux intermédiaires de notre société afin de mieux soutenir la cohésion sociale de notre Nation. Nous atteindrons ces objectifs de rattrapage économique et social sur une période de cinq ans. Notre ambition pour le Sénégal s’exprimera à travers une série de réformes et de projets nouveaux qui se déclineront en marqueurs forts dans le programme du gouvernement que je mettrais en place au lendemain de notre victoire, en février 2024. Ces marqueurs concernent :
• une gouvernance institutionnelle plus déconcentrée et plus équilibrée qui garantit l’efficacité d’une coopération, dans le respect et l’indépendance, des différents pouvoirs de notre République ;
• une meilleure protection des libertés individuelles et publiques par une Justice indépendante, gage de la réalisation de notre idéal démocratique et véritable gardienne de la légalité pour tous ;
• une plus grande souveraineté économique renforçant en même temps notre souveraineté politique et protégeant le Peuple sénégalais contre la flambée des prix internationaux des denrées qui nous sont essentielles ;
• la rénovation du service public grâce à une Administration résolument orientée vers les services à l’entreprise et des réformes qui facilitent l’entreprenariat en général, celui des jeunes en particulier ; l’objectif recherché étant de positionner le Sénégal comme le pays le plus attractif en Afrique subsaharienne au plan de la promotion d’un environnement favorable aux affaires ;
• une stratégie d’appropriation par le Peuple de nos ressources naturelles, en particulier en ce qui concerne l’atout pétrolier et gazier du pays, grâce à la transformation locale des ressources et la montée en puissance de l’Etat dans le capital des consortia d’exploitation ;
• des politiques publiques encore plus efficientes dans les secteurs de la santé, de la recherche, de l’innovation, de l’éducation, de la formation, de l’insertion professionnelle, de l’artisanat, de la petite et moyenne industrie, de la technologie, de l’habitat et du cadre de vie ;
• la promotion de chaînes de valeur agroindustrielles compétitives, base de la souveraineté alimentaire nationale.»
Sur un autre registre, on ne peut pas ne pas s’étonner de sa nouvelle alliance politique, annoncée par la publication d’une photo en compagnie de Aly Ngouille Ndiaye. Cela donne des relents d’une opposition crypto-personnelle car s’ils se mettent ensemble, c’est sans doute parce que l’un a accepté de se mettre derrière l’autre, ce que chacun d’eux refuse de faire avec Amadou Ba. Certains de leurs partisans revendiqueraient une certaine légitimité historique ou l’antériorité d’un certain engagement politique aux côtés de Macky Sall, que n’aurait pas Amadou Ba. Assurément, de tous les candidats déclarés à la candidature de Bby, seul Abdoulaye Daouda Diallo pourrait s’en prévaloir ! Mahammed Dionne n’a rejoint Macky Sall que durant la campagne du second tour de la Présidentielle de 2012 à l’étape de Mbour, et leurs retrouvailles n’étaient pas chaleureuses, pour dire le moins. C’est ainsi que le Président Sall avait catégoriquement refusé de le recevoir, le 2 juin 2013, quand Mahammed Dionne s’était déplacé jusqu’à Yokohama (Japon), pour espérer le rencontrer.
C’est dire la profondeur du dépit qui animait Macky Sall ! Mame Boye Diao non plus, n’est entré en politique, au sein de l’Alliance pour la République (Apr), qu’après les élections législatives de 2017. Aly Ngouille Ndiaye, à la tête d’un mouvement politique autonome, avait reçu les promesses les plus mirobolantes de la part du Président Abdoulaye Wade, pour soutenir sa candidature en 2012. Conduit à mon domicile, par notre ami commun l’architecte Thiao Kandji, en septembre 2011, pour demander conseil sur la conduite à tenir, je lui avais enjoint d’éviter de se rapprocher du camp de Me Wade. Je ne pense pas qu’il ait eu à regretter d’avoir suivi mes conseils. Le Président Macky Sall est on ne peut plus révulsé de découvrir le véritable visage de son ancien Premier ministre. Le mercredi 13 septembre 2023, il reçoit Mahammed Dionne, histoire de l’encourager à travailler avec Amadou Ba.
Mais il découvrira un visage inconnu. Mahammed Dionne s’est montré d’une arrogance sidérante, au point que Macky Sall s’indigne : «Mais Mahammed, c’est à moi que tu parles de la sorte !» Comme déchaîné, dans un état second, Mahammed Dionne révèle une irrévérence qui ne laisse plus le choix à Macky Sall que de mettre un terme à l’entrevue. Le Général Meïssa Cellé Ndiaye, l’Aide de camp du Président Sall, ne peut rattraper la situation et n’arrive toujours pas à savoir quelle mouche a pu piquer Mahammed Dionne. Pourtant, ce dernier veut faire croire autour de lui et particulièrement à de nombreux militants et responsables de l’Apr, que sa candidature est inspirée, adoubée et soutenue par le Président Macky Sall. En séjour à New York, le chef de l’Etat a tenu à faire une mise au point, le jeudi 21 septembre 2023, pour battre en brèche cette fausse façon de présenter les choses. Mais est-ce suffisant ?
Par Assane SAADA
REGARDEZ-NOUS MOURIR !
Comme si de rien n’était, « dure et triste fortune » ! Dans le journal de l’océan, dont Victor Hugo serait l’éditorialiste (voir Oceano nox), l’ouragan de leur vie remplit les pages.
Comme si de rien n’était, « dure et triste fortune » ! Dans le journal de l’océan, dont Victor Hugo serait l’éditorialiste (voir Oceano nox), l’ouragan de leur vie remplit les pages. Des rêves dans l’abîme, ils partent joyeux comme pour dire : Regardez-nous mourir ! Leur besoin de consolation est impossible à rassasier tant que des cœurs cèdent à la rhétorique politicienne. Convaincus qu’ils ne sont plus personne, ils ne voient plus ce qu’ils regardent. Ils ne croient plus ce qu’ils entendent.
Leur vie est leur scandale. Dans leurs obscures espérances, des lueurs de ténèbres. Riches de leur misère, ils paient des milliers, voire des millions de francs Cfa pour s’évader, s’échapper de leur existence, fuir leurs responsabilités. Et parce qu’« il n’y a pas de vent pour qui ne sait où aller » (Sénèque), dans des pirogues de la misère, ils voguent à la grâce du hasard sur l’océan de la mort. Un rituel de la fin auquel ils sacrifient sans se demander : Oh combien sont déjà partis après l’enthousiasme de l’alternance de 2000 ? Leur souvenir même étant enseveli. « Le corps se perd dans l’eau, le nom dans la mémoire. Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire, sur le sombre océan jette le sombre oubli. Bientôt des yeux de tous (leur) ombre est disparue ».
« La plus grande richesse naturelle d’une collectivité, ce sont ses enfants. La collectivité ne peut s’enrichir que dans la mesure où elle parvient à donner confiance aux générations montantes, ainsi que le goût et les moyens de se surpasser... » (Alice Poznanska-Parizeau, journaliste et écrivain canadien). Là est l’envers du discours des illusions perdues. Un refus de promouvoir une mafia, un business sur un désir d’ailleurs comme seule impulsion pour réussir. Seulement, dans ce cours tempétueux où baigne le pays, parler c’est marteler des slogans qui nourrissent ce que la noblesse de la politique condamne.
Les mots ont rompu avec les principes. Vides de toute substance, ils sont des corps sans âme pour des enfants de malheur qui se sentent trahis. Forts de leurs perceptions, ils n’ont que leurs sanglots et, en échos, l’attente des rêves éveillés de leurs prochaines nuits. Or « l’attente détruit ce qu’elle attend ». Mais personne pour se jeter contre le rocher où s’abîment des discours hypocrites et menteurs. L’espoir n’étant pas une garantie contre la déception. D’ailleurs, selon André Comte-Sponville, espérer n’est pas vivre, c’est attendre de vivre. « Cette belle espérance, qui consiste à croire sans preuve, à adorer ce qu’on ignore et à attendre avec ferveur ce qu’on ne sait pas du tout », écrit Flaubert dans La tentation de Saint Antoine.
Pluie de candidatures, des électeurs emportés par des flots
Comment en finir avec les assauts impétueux ? Quels mots rationnels qui ne flattent plus que les passions, que le réel se réincarne dans les mémoires et les êtres ? Être réaliste, c’est « partir des réalités telles qu’elles sont et non telles que nous voudrions qu’elles soient, mais, bien plus fondamentalement encore, c’est ne jamais perdre de vue les valeurs que nous entendons servir ; c’est partir du réel pour le transformer dans le sens de l’idéal », enseigne le professeur émérite René Passet. Dans Pour un nouvel imaginaire de la politique, un ouvrage collectif, ce spécialiste du développement et militant altermondialiste, définit la politique comme « l’histoire du présent que l’on écrit chaque jour, et (qui) s’inscrit donc dans le long terme des évolutions qui mènent le monde. Dans ce sens, elle consiste à définir une grille de lecture du réel, à préciser la vision qui en résulte et à formuler des propositions en fonction des valeurs au nom desquelles des actions doivent être entreprises. Sans cela, elle n’est que bricolage, gesticulation sans perspective et affrontement de petites ambitions personnelles ».
Exubérance politicienne, querelles des ambitions, ombres qui disparaissent… Une pluie de candidatures quand « dans une mer sans fond, (…) sous l’aveugle océan, (des électeurs) à jamais enfouis ». Une Présidentielle sur de sombres étendues. Une rentrée avec des lieux de savoir jamais sanctuarisés. Un pire à redouter, un ravage des flots de toutes natures. Quelle stratégie, quelles méthodes pour préserver les écoles et les universités des soubresauts pré et post électoraux de 2024 ? Dans son livre Les dirigeants d’Afrique noire face à leur peuple, Seydou Badian n’aide-t-il pas à comprendre : « (…) la liberté pour chacun est de participer à ce qui intéresse la vie de la communauté, d’apporter son idée créatrice à l’ensemble. La liberté pour l’individu, c’est d’être un artisan conscient et écouté de sa propre vie à travers celle du groupe. » Aussi, écrit-il, « la démocratie existentielle est faite de lutte, donc de cohésion, d’ordre et de discipline. La liberté ici ne dégage pas des autres, mais au contraire intègre au noyau. La liberté sauvegarde et développe les liens, elle ne les détruit pas... ».
PAR Ibrahima Thioye
ENNEAGRAMME : CHOC DE PERSONNALITÉS
EXCLUSIF SENEPLUS - Par leurs comportements, actions et réactions, je crois que Macky Sall et Ousmane Sonko sont respectivement un type 6 contre-phobique et un type 1
Derrière le conflit opposant Macky Sall et Ousmane Sonko se cache un choc de types de personnalité. Parler de personnalité revient à accorder à la dimension psychologique une importance non négligeable. L’outil de typologie de personnalité que j’utilise dans cet article est l’ennéagramme. D’après cet outil, tous les types se valent. Lorsque nous gagnons en maturité, le niveau de développement du type s’élève, entraînant ainsi une bonne intégration de la personnalité.
On identifie un type essentiellement par des traits de caractère et une motivation inconsciente. Un trait peut être actualisé (manifeste) ou potentialisé (implicite). N’ayant pas échangé de façon approfondie avec les deux protagonistes, j’avoue d’emblée que l’exercice de détermination de leur type de personnalité que j’ai entrepris peut-être entaché d’erreurs. Je reste dans les généralités et j’invite ceux qui connaissent bien ces protagonistes à jeter un regard critique qui peut m’aider à confirmer, infirmer ou compléter l’identification de leur type.
Par leurs comportements, actions et réactions, je crois que Macky Sall et Ousmane Sonko sont respectivement un type 6 contre-phobique et un type 1. Je dois dire que j’ai raisonné en termes de probabilités. Pour obtenir plus d’information sur la description des types, voir les articles : « ennéagramme : généralités partie 1-3 », « ennéagramme : les centres d’intelligence partie 2-3 ». Dans la partie glossaire, vous retrouverez des liens vidéo présentant ces deux types.
Que peut-on apprendre du type 6 contre-phobique et du type 1 ? J’explorerai, pour chacun, les éléments suivants : la vision du monde, la qualité première, les autres caractéristiques de la personnalité, les limites observées lorsque la personnalité se désintègre, la passion (ou motivation inconsciente), le centre d’intelligence préféré (entre l’instinctif, le mental et l’émotionnel), le centre dominant et le centre réprimé, le problème de base du centre et la stratégie pour régler ce problème, le mécanisme de défense, les points aveugles et comment aider le type à évoluer vers l’intégration de la personnalité.
Vision du monde
Type 6
Le monde est conflictuel, dangereux, peu fiable. Je dois être vigilant pour trouver ma place.
Sa devise est : Je trouve une sécurité, j’existe.
Type 1
Le monde est sérieux et exigeant. Il faut être exemplaire et irréprochable.
Sa devise est : Je suis parfait, j’existe.
Qualité première
Type 6
Vigilance
Sens des responsabilités. Engagement. Fiabilité. Bonne capacité de discernement (en général).
Type 1
Sens de la perfection
Vertu (bonne conduite avec un accent sur l’intégrité). Qualité. Conformité.
Autres caractéristiques
Type 6
Chaleureux, attachant, avenant, fiable, engagé, sens des responsabilités, pragmatique, sur ses gardes pour ne pas subir, assimile vite les schémas efficaces et les déploie dans le sens qui lui accorde le maximum de sécurité.
Type 1
Clair, cohérent, attaché aux principes, intègre, constant, sens de l’auto-contrôle, niveau de qualité très élevé, adepte de la conformité et de l’amélioration continue, assimile les règles et normes et s’efforce de les respecter.
Limites quand la personnalité se désintègre
Ces limites peuvent être transcendées (potentialisées) selon le cursus ou l’expérience de la personne. Le doute et la rigidité caractérisent respectivement le type 6 et le type 1 lorsque ceux-ci se trouvent à un niveau de développement bas ou modéré. Mais avec un travail de dépassement ou d’évolution, on peut les surmonter, à l’image de Jiddu Krishnamurti, type 6, ou de Richard Rohr, type 1.
Type 6
Potentiellement, les qualités évoquées plus haut peuvent entraîner : du doute et de la suspicion avec un mental qui est toujours en train de « scanner » les menaces et les mauvais scénarii (base de l’anxiété), de la crainte et de l’inquiétude pouvant saper l’estime de soi et la confiance en soi ; de la perte de confiance en ses propres pensées ; de l’ambivalence (chaleureux/opiniâtre, dépendant/indépendant, confiant/méfiant, soumis/rebelle, etc. ; « on dit du type 6 qu’il est facile à aimer et difficile à cerner »), un besoin de « prothèse » du moi (famille, idéologie, etc.) appelé également « cadre », du cynisme (le monde est en général constitué de personnes malveillantes ; si tu es avec moi je te gère, si tu es contre moi, je te combats), une méfiance (difficulté à faire confiance aux autres) couplée à de la sur-confiance (à l’endroit des intimes), de la projection (attribuer aux autres des intentions, des pensées, des motifs, des paroles, des actes qu’on a du mal à accepter chez soi), entraînant une tendance à accuser.
Type 1
Potentiellement, les qualités évoquées plus haut peuvent entraîner : de la rigidité, du dogmatisme, de l’inflexibilité, de l’intolérance, de la vision en noir et blanc (pas de place pour les nuances : bon vs mauvais, juste vs injuste, vrai vs faux), peu de sens des subtilités, un raisonnement linéaire avec des certitudes très fortes, très exigeant, très critique envers soi-même d’abord et vis-à-vis des autres aussi, de l’esprit de jugement (« pourquoi les autres ne font pas autant d’efforts que moi ? ; la perfection, la conformité et l’intégrité sont surtout le résultat de l’effort individuel »), de la communication injonctive (il faut, on doit, etc.), de la difficulté à déléguer, du surcontrôle de soi (vis-à-vis des émotions et des pulsions) ; très attaché à sa vérité qu’il confond avec La vérité et peu en contact avec ses émotions (qu’il réprime).
Passion
La passion est définie comme l’état émotionnel quand la personnalité est dans son ego (caractérisé par le niveau de développement bas ou moyen).
Type 6
Anxiété : quand on voit vite et loin avec un mental suractif, on perçoit facilement des menaces qui sont source d’anxiété (peur mentalisée). On est alors sujet au doute et cela entraîne un manque de tranquillité d’esprit (ou de paix intérieure). Toute prothèse (guidance extérieure) capable de calmer cette suractivité de l’esprit devient une partie intégrante du moi (partie nécessaire à l’équilibre du moi).
Type 1
Ressentiment : quand on est doté d’une énergie vitale assez importante où se mêlent pulsions, désirs intenses, besoins, qui peuvent être source de chaos, le type 1 choisit de la réprimer. Il fait alors de gros efforts pour se conformer aux standards ou normes. Malheureusement, les autres ne faisant pas autant d’efforts, cela suscite de la colère et surtout du ressentiment.
Centre préféré, centre dominant et centre réprimé.
Type 6 contre-phobique
Centre préféré : le centre mental.
Centres réprimés : le centre émotionnel et le centre mental (puisqu’il n’assure pas la paix de l’esprit). En co-réprimant le centre mental, on perd une de ses qualités : la retenue. La répression du centre émotionnel entraîne la perte de la capacité d’ouvrir son cœur (peu d’empathie, peu de compassion). Silencieusement, de façon inconsciente, le centre mental (avec l’anxiété qui en est le noyau) pilote le centre instinctif.
Centre dominant : le centre instinctif. La personne fait l’objet d’une colère anxieuse.
Le problème de base du centre : obtenir la sécurité face à un monde dangereux.
Stratégie du type 6 contre-phobique : elle s’appuie sur la vigilance.
Les schémas de comportement tournent essentiellement autour de : la vigilance, la projection et la réaction face à la peur (combat ou surréaction vs fuite ou sidération). Dit autrement, cela consiste à :
- essayer de trouver un sentiment de contrôle et de sécurité dans ce monde dangereux en doutant et en testant.
- projeter la peur sur les autres.
- agir sur la peur au lieu de la posséder (par surréaction ou fight). Le 6 contrephobique affronte la vie par le combat, la pugnacité, l’intrépidité, l’intimidation, avec toutes les ruses que cela requiert (recul pour mieux sauter, un pas en arrière, deux pas en avant, etc.) ; l’anxiété, logée dans son inconscient pilote une bonne partie de ses comportements, mais elle ne remonte pas au niveau de sa conscience ; c’est pourquoi le 6 contre-phobique dit qu’il n’a peur de rien ; Il est capable de relever de très gros défis ; l’énergie vitale (surréaction, attitude combative démesurée) est utilisée pour calmer le mental suractif ; son crédo est : « La meilleure manière de se défendre, c’est d’attaquer ».
Type 1
Centre préféré : le centre instinctif.
Centre réprimé : le centre mental (pour certains types 1). En réprimant ce centre, on perd une de ses qualités : la retenue.
Centre dominant : le centre instinctif. La colère du type 1 est dirigée essentiellement contre lui-même. La personne fait l’objet d’une colère contenue (colère gardée à l’intérieur de soi avec du ressentiment).
Le problème de base du centre : obtenir le maximum d’autonomie face à un monde exigeant et sérieux.
Stratégie du type 1 : elle s’appuie sur la qualité et la vertu.
Ses schémas de comportement tournent essentiellement autour de : la norme, la conformité et l’hyper-contrôle. Dit autrement, cela consiste à :
- mesurer les choses par rapport à une norme idéale et rechercher la perfection chez soi et chez les autres.
- respecter scrupuleusement les normes ou règles et éviter les erreurs ; endurance, persévérance, intrépidité, détermination et engagement sont mis à contribution.
- réprimer ses sentiments, besoins ou pulsions (le devoir avant le plaisir).
Mécanismes de défense
Nous utilisons très souvent la plupart des mécanismes de défense pour satisfaire notre compulsion (évitement compulsif) et assurer notre intégrité psychologique. Les types 6 et les types 1 utilisent plusieurs mécanismes de défense, mais en particulier, le type 6 fait appel à la projection (pour éviter la déviance), le type 1 a surtout recours à la formation réactionnelle (pour éviter la colère).
Type 6
Projection : on place à l’extérieur de soi, ce qui est de l’ordre de notre expérience intérieure (intentions, pensées, motifs, paroles, actes) qu’on a du mal à accepter chez soi. Ce qui nous dérange chez les autres, c’est seulement une projection de ce que nous n’avons pas résolu en nous-même. On peut l’illustrer par la parabole de la paille dans l’œil du voisin et de la poutre dans son propre œil. Culpabiliser les autres est en effet la meilleure façon de se déculpabiliser soi-même.
Type 1
Formation réactionnelle : penser, sentir et dire le contraire de ce que l’on est plus enclin à faire. La tendance est de substituer un comportement acceptable à des pulsions inacceptables en s'opposant à un désir refoulé. Exemple : une fille qui se démène pour prendre soin de sa mère alors qu’elle ressent de temps à autre une haine pour celle-ci. Cette pulsion de haine étant ressentie comme mauvaise, elle fait exactement le contraire de cette pulsion et la réprime dans son inconscient.
Points aveugles
Ces éléments sont complètement rejetés au niveau de l’inconscient. Mais dépendamment des expériences et du cursus, le type peut parfaitement les remonter au niveau de la conscience. Cela va beaucoup l’aider dans son travail d’évolution.
Type 6
Projection, incertitude et ambivalence, données positives, vulnérabilité (pour le type 6 contre-phobique)
Type 1
Colère ou ressentiment, critiques, répression des émotions et des pulsions, ses qualités (toujours plus)
Comment les aider à évoluer vers l’intégration de la personnalité ?
Type 6
- cultiver la quiétude de l’esprit et recadrer la perception et le modèle de pensée (ceux issus de l’anxiété et des projections très souvent confondus avec l’intuition) ;
- développer la confiance aux autres ; bien noter comment la boucle de méfiance fait voir ce que l’on cherche ;
- accepter que l’incertitude fasse partie de la vie ;
- apprendre à être plus vulnérable (bien noter l’anxiété qui se cache derrière l’agressivité et le besoin d’intimidation) ;
- accepter courageusement la peur (le courage n’est ni la fuite, ni la sidération, ni la surréaction) ;
- prendre en compte le coût émotionnel dans les interactions et développer de l’empathie et de la compassion pour tous (ces sentiments sont généralement présents pour les intimes) ;
- apprendre à interagir avec des gens meilleurs que soi sans chercher à intimider ;
- se connecter à ses émotions
Type 1
- cultiver la quiétude de l’esprit, faire le deuil de l’idéal de perfection et accepter le traitement des sentiments de frustration et les ressentiments ;
- développer le lâcher-prise ;
- relaxer le critique intérieur ;
- être plus flexible et tolérant (accepter que l’imperfection soit dans la perfection ; parler de ses tares au lieu d’évoquer celles des autres) ;
- accepter la diversité et la présence de plusieurs vérités ;
- sortir du jugement ;
- entrer en contact avec ses émotions ;
- éviter les raisonnements simplifiés linéaires et développer l’approche systémique ;
- apprendre à nuancer et à développer le sens des subtilités ;
- développer l’empathie et la compassion ;
- acquérir la bonne écoute et accepter les feedbacks négatifs.
Peut-on reprocher à un individu d’avoir un mental suractif ? Non. Peut-on reprocher à un individu d’avoir un surcroît d’énergie vitale ? Non. Peut-on reprocher à un individu d’être trop sensible ? Non. Pourtant, la plupart de nos dérives proviennent essentiellement des stratégies que nous déployons pour faire face à ces situations. Celles-ci étaient efficaces lorsque nous étions enfants ; maintenant elles sont devenues caduques et inefficientes pour la collectivité. Pour dépasser ces stratégies, il faut d’abord les connaître. Loin de nous l’idée de dire que toutes les limites exposées plus haut sont manifestes chez nos deux protagonistes (Macky Sall et Ousmane Sonko). Ils n’ont certainement pas besoin de toutes ces recommandations, mais il est possible que quelques-unes se révèlent très utiles dans leur effort pour une meilleure intégration de leur personnalité.
Contre-phobique : relatif à l’attitude qui consiste à affronter directement l’objet de sa phobie.
Cynisme : dans l’acception courante, c’est une bravade contre les convenances, les valeurs, les principes et les normes de la société. L’acception ici est surtout une absence de foi en l’humanité (les gens sont dans la malveillance en général ; il n’y a que du jeu dans les relations humaines ; je joue le rôle qui me procure le maximum d’intérêt).
Lâcher-prise : accepter les choses, arrêter de défendre ou de s’accrocher à des idées.
Critique intérieur : le juge intérieur est la petite voix qui souhaite que l’on se conforme à sa référence « jugée » comme la bonne. Ce juge engendre des dialogues intérieurs désagréables du type : « Tu n’aurais pas dû dire ça/faire ça ! » ; « Tu n’es pas assez compétent/assez expérimenté ! » ; « Ça ne se dit pas/fait pas ! ».
Compulsion (ou évitement compulsif) : la partie de la réalité que l’ego ne peut pas gérer et évite de façon inconsciente.
Les gouvernements se suivent et se ressemblent. Maintes fois, c’est sur un air de déjà-vu. Pour les ultimes foulées du magistère en cours, une nouvelle équipe est attendue. On peut s’interroger sur l’urgence qu’il y a à changer.
Les gouvernements se suivent et se ressemblent. Maintes fois, c’est sur un air de déjà-vu. Pour les ultimes foulées du magistère en cours, une nouvelle équipe est attendue. On peut s’interroger sur l’urgence qu’il y a à changer. Ce n’est pourtant pas fantaisiste de remanier à ce moment précis. Il faut rapidement décharger le premier ministre dorénavant plus occupé à se faire élire. Le chef du gouvernement est désormais l’homme d’un camp. La partialité est trop flagrante alors que le poste qui est le sien exige hauteur et concentration. Toute l’énergie du candidat est bouffée par les calculs et manœuvres politiques. Le mélange des genres ne peut pas perdurer. Il doit faire la preuve qu’il est l’homme de la situation. Qu’il a pris l’étoffe d’une bête politique. Aller au charbon, plonger dans l’univers de requins qu’est la politique durcit le cuir ou laisse des blessures de guerre.
On remanie aussi pour évincer les canards boiteux par trop nombreux qui ne donnent pas satisfaction. En général, ce sont ceux-là qui n’étaient même pas ministrables mais qu’une erreur de casting a laissé siéger en conseil des ministres. Chez eux, la transparence est toujours l’égale de l’incompétence. Tout le temps, ils se cachent. Ni vus ni connus. Pour apercevoir leur ombre, il faut épier les images de ce même conseil rembobinées le mercredi soir à la télé. Au demeurant, chaque diffusion des séquences rappelle les effectifs pléthoriques. Le seul fait que le premier ministre soit titulaire des départements de l’élevage et des sports est aussi bizarre qu’édifiant. Derrière le cumul, se cache une moralité. Il y a bien moyen de resserrer et d’avoir moins d’embonpoint si on a une volonté de fer. Mais trêve de naïveté. C’est moins la contrainte du respect des équilibres que le clientélisme politique, cette propension à distribuer à la carte des strapontins qui fait faire de terribles coq-à-l’âne aux gouvernements successifs de passage.
Un travail domestique de titan attend
Le prochain à devoir former aura une forte coloration politique. Si coloré soit-il, cet attelage devra faire preuve de la plus grande neutralité. C’est d’abord sur la bonne organisation de l’élection présidentielle qu’il sera jugé. Sur ces aspects fort heureusement, l’administration sénégalaise sait y faire. Même en se bornant à expédier les affaires courantes, la nouvelle équipe qui passera comme l’éclair n’en doit pas être prête et opérationnelle sur le champ. Le parti de la demande sociale, le premier parti du Sénégal déborde de toutes parts. Il est plus que jamais écarlate de colère et de rage. Ça fait des décennies que les dirigeants se cassent les dents sur la détresse et l’exaspération de l’écrasante majorité de la population. Un travail domestique de titan attend au tournant ceux qui seront presque jetés en pâture en figurant dans la prochaine composition.
Le saupoudrage est à éviter. Il ne fait pas un projet. Ce n’est que poudre aux yeux que se jettent ceux qui l’expérimentent. Les slogans non plus ne font pas une stratégie face aux défis et problématiques qui cernent le pays. Malgré les éléphants blancs et ciment des bâtiments et viaducs qui n’impressionnent plus personne, tout ou presque a l’air de marcher sur la tête. Ceux qui sont appelés à la rescousse à la dernière minute pour imaginer les solutions croulent eux-mêmes sous le poids des dossiers. On en a déjà fait l’expérience. Les illusions sont vite perdues. Il ne reste plus que l’immobilisme qu’on mélange à desseins avec l’émergence. Dans sa fonction éminemment politique, le bon ministre est tout bonnement celui qui administre pour éloigner le sinistre et la sinistrose aux administrés.