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5 avril 2025
Opinions
par Tabouré Agne
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL, GARANT DE L’ÉMANCIPATION ET DE LA STABILITÉ POLITIQUE
En assumant pleinement leur rôle judiciaire, les sept sages renforcent la confiance du peuple sénégalais en leur justice, honorant ainsi la mémoire de Kéba Mbaye et de tous les magistrats du pays
Le Conseil constitutionnel du Sénégal a traversé des épreuves dès ses débuts en 1992, avec la démission de son président Kéba Mbaye et l’assassinat de son viceprésident Maître Babacar Sèye en 1993. Aujourd’hui, les sept sages honorent la mémoire de ces pionniers. Longtemps perçu comme une institution alignée sur le pouvoir exécutif, le Conseil constitutionnel s’est aujourd’hui pleinement émancipé des pouvoirs exécutif et législatif. Son rôle régulateur a contribué à limiter les excès des autres pouvoirs, favorisant ainsi la stabilité politique nationale. Depuis l’accession du Président Macky Sall à la présidence, plusieurs décisions marquent une rupture avec le passé. Notamment, l’impossibilité de prolonger ou de réduire le mandat présidentiel de manière directe ou indirecte, et la limitation à deux mandats présidentiels avec une durée de 5 ans chacun.
Le Conseil constitutionnel exerce désormais un contrôle sur les révisions constitutionnelles, particulièrement celles touchant à la limitation des mandats présidentiels. Il a également étendu sa compétence à la régulation électorale, notamment en prononçant la nullité d’un acte administratif considéré comme relevant du gouvernement. Pour la première fois, le Conseil constitutionnel a éliminé un candidat à la présidence pour défaut de nationalité, et a même fixé une date pour les élections présidentielles, avant de reconnaître ultérieurement la date fixée par le président.
En assumant pleinement leur rôle judiciaire, les sept sages renforcent la confiance du peuple sénégalais en leur justice, honorant ainsi la mémoire de Kéba Mbaye et de tous les magistrats du pays. Le Conseil constitutionnel ouvre ainsi une nouvelle voie pour la démocratie sénégalaise, rendant au peuple sa fierté. Rien ne sera plus comme avant.
par Ibra Pouye
LE DON DE SOI POUR LA PATRIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Babacar, Modou, Moussa, Cheikh, Mansour, Bounama, Chérif, Famara, Prospère, Sadio, Cheikhouna, Baye Cheikh, Cheikh Wade, Didier Badji... Vous étiez les remparts de la République et de la Révolution matée dans le sang
La patrie, terme galvaudé de nos jours. Jours inouïs de liberté. La patrie d'autrefois et des ailleurs meilleurs garde toujours sa quintessence dans certaines contrées, proches et en même temps lointaines de nos envies et de nos désirs de liberté. Je ne sais pas de quoi je suis fait. Mais d'esprit et de matière. Ce dont je sais c’est que je veux être libre de toute entrave. Ce dont je sais c'est que je veux être libre de toute dénomination puérile. De mes dernières heures sur cette terre qui est mienne, sous l'ombre du baobab centenaire, je veux vous dire qu'une belle odyssée humaine s'achève, offrant ma belle poitrine virile aux balles de la mitraille. Fauché tel un phénix en plein vol par le geste du prince.
Macky Sall et sa cohorte de bidasses ont fini par achever ma personne. Mort d'une humanité très jeune. Ci-gît le jeune qui a donné sa vie pour que renaisse la patrie mère. Pour un Sénégal prospère. Un Sénégal de renouveau. Un Sénégal de joie. Afin un Sénégal purifié de ses basses besognes et de ses déchets humains. Reconnaissance en ce jour béni pour le Seigneur, le berger de nos âmes. Gloire et reconnaissance à ces jeunes hommes tombés sur le champ de bataille en des jours où l'aurore maléfique régnait. L'aube du diable.
L'homme devenu diable comme naquit ce Rwanda, cette belle région aux mille collines, souillée à jamais par le sang de ses propres fils. Larmes et sang pavent cette terre qui nous est si chère. Le Sénégal. Fils et martyrs de la nation, vous ne serez jamais oubliés. Martyrs de la révolution, vous ne serez jamais trahis. Et sont-ils morts pour l'éternité ? Non, vous serez toujours dans nos cœurs et dans nos pensées pieuses.
Babacar, Modou, Moussa, Cheikh, Mansour, Bounama, Chérif, Famara, Alassane, Pape Sidy, Prospère, Sadio, Cheikhouna, Baye Cheikh, Cheikh Wade, Fulbert Sambou, Didier Badji (...). Vous n'êtes pas morts pour rien. Le Seigneur dans toute sa bonté et sa mansuétude a décidé du sort de ces jeunes braves gens partis à la fleur de l'âge. Le don de soi pour la patrie. Ils l'ont porté en bandoulière en bravant le danger et cette vie par-devers eux. Leurs douces sonorités nous manquent et hantent nos sommeils de juste ; maman je veux voir le soleil ; maman je veux jouer au ballon ; maman je veux courir derrière mes amis d'enfance ; maman je veux voir le coucher du soleil. Des mots qui rappellent l'existence. Une existence parcellaire remplie de joie et de duretés.
Mais libre, Babacar l'était. Libre, Modou Guèye l'était. Libre comme Birago Diop dans Leurres et lueurs l’était. Vous ne serez jamais morts parce que vous tapissez nos vies et le souvenir de vos beaux visages et gestes sont en nous et la nation vous sera reconnaissante ad vitam æternam. A Babacar Samba, un parent, ton père ne cesse de te pleurer et de prier pour toi. Petite étoile filante, va et file tout droit dans ce beau firmament que nous ne tarderons pas à rejoindre. La vie est un combat et vous avez fait de ce combat un don de soi.
Tombés vous êtes, les armes à la main. Tombés vous êtes avec ce grand rêve de liberté. Une liberté retrouvée à jamais dans le firdaws (paradis) du Seigneur, entourés d’anges vous accueillant et de belles nymphes chantonnant votre gloire de résistants sur terre. Vous n’êtes point étrangers. Vous êtes de vrais Sénégalais, de vrais citoyens ayant eu comme credo, ce don de soi pour la patrie renaissante. Le peuple vous chante et son héros Ousmane Sonko vous vénère. Vous étiez poètes d’une vie et des révoltés d’une éphémère existence. Vous étiez les remparts de la République et de la Révolution matée dans le sang. Contre l’injustice, vous vous êtes levés tel un seul homme à l’assaut des vagues de cette mascarade du fait du prince. Peuple épris de justice et de liberté bâillonné et administration aux ordres. Vous avez hissé haut notre drapeau. Ce symbole de la résistance que le monde entier nous reconnaît. Ivres d’un changement qui point à peine, vous avez bravé la meute de loups assoiffés de sang et de larmes. Le sol de la patrie vous salue et vous dit, ô braves jeunes gens, bon repos dans mes entrailles. Et oui vous étiez une bonne bande de copains, à la vie comme à la mort et sans vous connaître. Mais la nation toute entière sait reconnaître ses enfants morts pour le sacrifice suprême. Vous êtes morts pour que renaisse la fraternité entre Sénégalais. Par-delà et par l’existence mémorielle, vous allez toujours vivre parmi nous, damnés de la terre que célébrait Frantz Fanon, cet éternel incompris.
Entre au Panthéon, à notre Panthéon sénégalais et africain, la soixantaine de martyrs. Combattants de la liberté pour que nous puissions vivre librement et dignement. Le Sénégal, beau petit pays, se doit de vous honorer et à sa manière. Une ode à la reconnaissance et au recueillement et que vos souvenirs parmi nous ne périssent jamais. Par-là, chers jeunes martyrs, vous entrez en héros et le peuple vous salue. Ivres de liberté, de justice et des envies d’ailleurs, vous êtes tombés sur le champ de bataille pour un Sénégal meilleur.
En ce jour mémorable de recueillements, le soleil luit pour vous et le Sénégal, reconnaissant, vous accueille et prie pour la paix de vos âmes même si vous serez toujours parmi nous. Sans chercher à être connus, nous vous célébrons, braves jeunes gens, nos héros. Et permettez-moi de vous offrir cette ode de feu le poète Birago Diop, feu parmi vous, braves martyrs de la nation ; Les morts sont dans l’ombre qui s’éclaire ; Les morts ne sont pas sous la terre ; Les morts ne sont pas morts ; Ils sont dans la Case, ils sont dans la foule. Et à celles et à ceux me parlant d’amnistie de vos bourreaux, je leur dis ceci et par une insolence me seyant : je chierai sur cette loi innommable qui insulte vos mémoires de martyrs du don de soi pour la patrie.
Par Yoro DIA
BREVES CONSIDERATIONS SUR L’EXCEPTION SENEGALAISE
Après la présidentielle, il faudra chasser les juristes du temple et laisser la place aux économistes, aux financiers, à la Fintech, pour voir comment faire de notre pays le prochain Dubaï
Commençons par des constats de bon sens. Au moment où la mode en Afrique est au coup d’Etat et à la «suspension» de la Constitution, notre démocratie ridiculise encore une fois les théoriciens du coup d’Etat inéluctable et épate le monde par sa vitalité, avec un Président qui se soumet humblement aux décisions du Conseil constitutionnel. Deuxième constat, dans un pays où l’Etat et le président de la République se soumettent aux décisions du Conseil constitutionnel, où des juges annulent des décisions de l’Etat ou le condamnent souvent, si l’opposant Sonko ne s’était pas cru audessus des lois et avait eu la sagesse de déférer aux convocations des juges pour des affaires strictement privées, on aurait pu éviter des dizaines de morts. On ne peut que le constater pour le regretter, même si l’air du temps est à l’apaisement et l’amnistie qui est avant tout une magnanimité du président, parce que l’insurrection a été définitivement vaincue. Sonko est en prison depuis des mois et nos frères égarés de l’ex-parti Pastef se réapproprient les vertus de l’opposition légale, à l’image du Pds dont c’est la principale arme depuis sa création.
La magnanimité présidentielle est un investissement pour l’avenir parce que comme on dit chez nous, Sénégal ben bopla ken manouko khar niar. Le Président investit dans l’avenir parce qu’il estime qu’il est de son devoir de poser les jalons de la réconciliation, parce que l’émergence, qui est à portée de vue et de main, ne peut être atteinte que dans la stabilité. Le président de la République n’a rien à gagner dans l’amnistie à titre personnel. L’amnistie ne peut être donc pour lui, encore moins pour les Forces de l’ordre comme le présentent les partisans de la négation du Sénégal, dont la manipulation est l’essence du projet. Ceux qui commencent à s’agiter pour présenter l’amnistie comme un projet pour protéger le Président, visent en réalité nos Forces de défense et de sécurité, qu’ils cherchent depuis toujours à discréditer, s’ils ne les poussent pas insidieusement à la désobéissance
La tentative, pour ne pas dire la fanfaronnade de Branco à la Cpi fut vaine. La presse devrait d’ailleurs s’intéresser à la suite que la Cpi a réservée à cette douce plaisanterie de Branco. Ceux qui veulent discréditer, s’attaquer à l’honneur de nos Fds qui ont vaillamment combattu et vaincu l’insurrection, continuent par d’autres moyens le travail de ceux qui s’attaquaient à l’Armée quand elle menait le combat vital contre la partition et la sécession du pays. Quand la Police et la Gendarmerie françaises répriment des émeutes en banlieue, ou la Police américaine un assaut sur le capitole, c’est un classique maintien de l’ordre. Chez nous, quand des émeutiers calcinent des bus remplis de monde avec des cocktails Molotov, incendient l’université, attaquent des postes de gendarmerie ou des centrales électriques, leur faire face est un crime qui doit aller à la Cpi. En matière de maintien de l’ordre, c’est aussi vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. N’eussent été le courage et le professionnalisme des Forces de l’ordre, le Sénégal aurait sombré et notre pays aurait perdu ce qu’il a de plus précieux : son statut d’exception.
Pas de rupture anticonstitutionnelle, un Etat qui, comme le roseau, peut plier mais ne rompt pas. Les rentiers de la tension et le «parti de l’étranger» qui s’empressent de jeter en pâture à l’international, nos officiers et commissaires de police, sont très cohérents dans leur logique de négation du Sénégal. Après avoir perdu la bataille de l’insurrection sur le terrain, ils veulent prendre une revanche à l’international en dénigrant nos Fds qui interviennent dans des missions de l’Onu et qui font notre fierté, à l’image du Capitaine Mbaye Diagne au Rwanda. De tels hommes, si dévoués à notre pays et à ses valeurs, méritent notre respect. Aucun Sénégalais ne doit accepter qu’on déshonore ceux qui ont sauvé, parfois au prix de leur vie, le pays de la partition et récemment de la plus grande insurrection de notre histoire. Bien que l’heure soit à l’apaisement, les rentiers de la tension et le «parti de l’étranger» doivent comprendre que mettre les Fds hors de portée des querelles politiciennes est une ligne rouge qu’il ne faut pas franchir. Le projet de négation du Sénégal n’est rien d’autre qu’un vaste complot qui vise à détruire les fondements de l’exception sénégalaise comme une Armée républicaine, îlot de démocratie et de stabilité, d’où cette campagne de presse internationale qui donne au Sénégal une couverture inversement proportionnelle à son poids sur l’échiquier mondial, avec un Sénégal qui concurrence la guerre à Gaza par sa couverture médiatique. Le complot est voué à l’échec. Nos institutions sont solides et notre système démocratique robuste, parce que reposant sur des traditions démocratiques plus que centenaires. L’Assemblée vote une loi, le Président prend un décret, le Conseil constitutionnel tranche, et le Président se soumet humblement, alors que la mode est à la suspension de la Constitution en Afrique.
Quoi de plus banal dans une démocratie, au-delà d’être une preuve de vitalité de la démocratie dont le plus grand ennemi est l’apathie, selon Tocqueville. Le parti de l’étranger et ses bailleurs qui veulent punir le Sénégal pour son refus des injonctions civilisationnelles (intransigeance sur la question Lgbt) et politiques (refus de s’aligner sur les questions géopolitiques), n’auront pas gain de cause parce que ce projet de négation du Sénégal est à la marge et compense sa faiblesse politique et sociologique par une campagne de presse internationale et une manipulation devenue l’essence d’un «Projet». Le président de la République et le Conseil constitutionnel ont dégonflé la bulle de la tension. Ce n’est point un miracle et donc n’a surpris que ceux qui, depuis l’étranger, projettent des idées reçues sur l’Afrique, où ils pensent que chaque fois qu’il y a une crise politique, la solution est soit dans le coup d’Etat ou la «révolution», et oublient que le Sénégal est une exception parce qu’il a des institutions solides et que nous n’avons pas attendu le discours de Obama à Accra pour le comprendre, ni le discours de la Baule pour nous ouvrir à la démocratie.
Si la finalité de la Grande Révolution américaine était la liberté et la démocratie, celle de leur Constitution était le bon gouvernement dont le moteur est la séparation et la collaboration des pouvoirs. Dans son livre, Servir l’Etat en France, en Grande Bretagne et aux Etats-Unis, Florence Dreyfus, commentant le célèbre arrêt Marbury vs Madison de 1805, écrit : «Au nom de la démocratie et de l’équilibre des pouvoirs, les présidents Jefferson et Madison refusaient en définitive de voir en la Cour suprême, organe non responsable politiquement, le gardien unique de la Charte fondamentale, ouvrant un débat sur la légitimité et le rôle du juge constitutionnel, qui se poursuit encore de nos jours…» Le Sénégal, où le juge constitutionnel se veut maintenant «régulateur», vient d’écrire un nouveau chapitre dans la longue histoire du Droit constitutionnel né du conflit entre le Président Jefferson et le juge Marshall, donnant ainsi naissance à la Justice constitutionnelle. Deux siècles après l’arrêt Marbury vs Madison, on peut légitimement se poser la question de savoir si on est encore en démocratie, dans un système politique où un juge non élu et irresponsable politiquement, décide arbitrairement à la place des élus. Ce débat, qui secoue Israël depuis des années, vient d’être ouvert au Sénégal avec un Conseil constitutionnel qui s’auto-proclame régulateur en s’appropriant les pouvoirs de la Cour Suprême, de la Cena et du président de la République en convoquant le collège électoral. En surmontant la crise par la séparation et le dialogue des institutions, le Sénégal tient son rang de grande démocratie qui réglait déjà ses contradictions politiques dans les urnes, alors que les Etats-Unis les réglaient par la guerre de sécession. Donc, en matière de démocratie, nous n’avons de leçons à recevoir de personne, car dans la résolution de notre dernière crise, la solution a été plus endogène (dialogue des institutions) qu’exogène (pression internationale), parce que le Sénégal est un Etat souverain.
Cependant, la souveraineté, au-delà de son aspect politique, doit aussi être économique. La résolution de la dernière crise montre que le Sénégal n’a aucun problème institutionnel. Jésus voulait chasser les marchands du Temple, au Sénégal, après la présidentielle, il faudra chasser les juristes du temple et laisser la place aux économistes, aux financiers, à la Fintech, pour voir comment faire de notre pays le prochain Dubaï. C’est pourquoi la question économique doit être au centre de cette campagne qui sera aussi un référendum : pour ou contre l’émergence. Sur ce plan, l’impact historique de Macky Sall sera considérable car Senghor, c’est la Nation, Diouf l’Etat, Wade l’alternance. Pour Macky Sall ce sera l’émergence qui est une nouvelle perspective historique, faisant ainsi de Wade, le dernier des anciens (Senghor, Diouf, Wade), et de Macky Sall, le premier des modernes, car l’émergence, et audelà l’économie, est aussi une forme de modernité politique parce qu’elle incarne l’ambition d’un pays.
par Mamadou Thierno Talla
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL SAUVE LE SÉNÉGAL
Pour une fois en douze ans, le Judiciaire a arrêté l’Exécutif qui l’a accepté. Fortement malmenée, la démocratie sénégalaise peut retrouver les lettres de noblesse qu’elle n’aurait jamais dû perdre
Le sort en est jeté. Enfin, la date de la prochaine élection présidentielle est connue. Le premier tour fixé au 24 mars par le president Macky Sall a été acté par le Conseil constitutionnel, juge souverain des elections. Initialement prévu le 25 février puis renvoyé après un jeu de ping-pong entre le président de la République et le Conseil constitutionnel, ce scrutin se tiendra en plein carême et ramadan. Ce n’est pas le moindre de ses aspects inédits. Pour une fois en douze ans, le Judiciaire a arrêté l’Exécutif qui l’a accepté ; pour une fois aussi, la campagne électorale sera de facto raccourcie pour les 19 candidats retenus, un nombre record pour des joutes présidentielles et le president sortant ne se représente pas.
Le combat acharné mené par des franges importantes de l’opposition, de la societe civile, des syndicats d’enseignants a porté ses fruits. L’État de droit est ainsi sauvé et un grand soulagement habite désormais les coeurs. C’est dire que si les institutions jouent leur rôle à elles dévolu, tout peut se dérouler normalement. Fortement malmenée, la démocratie sénégalaise peut retrouver les lettres de noblesse qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Avouons que les choses n’ont pas été faciles entre le samedi 3 fevrier et ce mercredi 6 mars 2024.
Depuis le jour du fameux discours du président Macky Sall reportant l’élection présidentielle, le processus électoral était perturbé. Le Conseil constitutionnel vient de remettre les choses à l’endroit et sauve ainsi le Sénégal d’une crise aux conséquences inimaginables. Désavoué, le président Macky Sall, jouait la montre et son dialogue national tenu à Diamniadio les 26 et 27 février n’avait fait qu’ajouter à la confusion. Les 7 Sages nous sortent ainsi du gouffre en décidant que l’élection devait se tenir avant le 2 avril et qu’au-delà de cette date la suppléance du president Macky Sall serait assurée par le président de l’Assemblée nationale.
Tout sages qu’ils sont, ils ont été intransigeants sur leurs prérogatives. L’accusation de corruption portée contre deux des leurs n’a fait que renforcer leur ardeur à sauver la face et à user de tout ce que la loi leur confère. C’est tout à leur honneur.
Il en va autrement de l’Assemblee naionale contre laquelle bien des Senegalais sont désenchantés. La loi d’amnistie des faits liés aux evenements politiques survenues entre debut mars 2021 et fin fevrier 2024 ne les honore pas forcement. Qui est responsable des dizaines de morts : des élements des forces de defense et de sécurité, des forces occultes, Pastef ? Les parents des victimes seront-ils indemnisés. Quid des societes et opérateurs économiques ayant subi des casses et des dommages enormes? Comment par exemple passer en pertes et profits l’incendie de ce car avec la mort atroce de deux adolescentes ?
Tant que la lumiere ne sera pas faite sur ces évènements macabres, il sera difficile de pardonner. On n’ose pas croire un seul instant que cette loi d’aministie, loi de magnanimité qu’elle ait initiée par Macky Sall pour proteger des proches avant de quitter le pouvoir.
Seul bemol, cette loi bien qu’adoptée pourrait être retoquée par une nouvelle majorité à l’Assemblée . Une autre paire de manche après la presidentielle dont tout porte a croire que l’issue se jouera entre la coalition de Bassirou Diomaye Faye et celle de Benno Bokk Yaakaar dirigee par Amadou Bâ.
LE 24 MARS POUR METTRE FIN À L'INCERTITUDE
"Enfin, le Sénégal va pouvoir respirer à nouveau. On avait l'impression que le pays avait arrêté de tourner. "La date de la présidentielle à présent connue, les Sénégalais entrevoient l'idée de se rendre aux urnes avec un certain soulagement
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 07/03/2024
Les Sénégalais peuvent désormais voir le bout du tunnel de l'incertitude. Après plusieurs semaines de flou suivant le report de la présidentielle initialement prévue le 25 février, la date du premier tour a été officiellement fixée au 24 mars par les autorités.
Le Conseil constitutionnel s'est aligné sur cette date après en avoir retenu une différente de celle fixée par la présidence. Cette décision lève le dernier doute qui planait et permet aux candidats d'entrer officiellement en campagne pour l'élection qui s'annonce ouverte.
"Enfin, le Sénégal va pouvoir respirer à nouveau", a déclaré Mamadou Dramé, un étudiant dakarois interrogé par l'AFP. "Les étudiants et tout le monde étaient dans une situation un peu angoissante et stressante", a-t-il ajouté. L'artiste rappeur Xuman a également salué cette clarification: "On avait l'impression que le pays avait arrêté de tourner. Il est grand temps qu'on essaie de tourner cette page".
Cette annonce met fin à plus d'un mois de flottement et de confusion autour de la tenue du scrutin. Le 3 février dernier, le président Macky Sall avait créé la surprise en annonçant le report de dernière minute du vote, initialement prévu cinq jours plus tard. Il avait invoqué des "risques de troubles" liés à la non-validation de certaines candidatures par le Conseil constitutionnel.
Cette décision avait provoqué un tollé dans l'opposition, qui y voyait une manœuvre du chef de l'Etat pour éviter une défaite probable de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba. Des manifestations avaient éclaté, faisant quatre morts et des dizaines d'arrestations selon l'AFP. Un "dialogue national" avait été lancé début février pour tenter de trouver une issue à la crise, mais les différentes parties restaient bloquées sur la date du scrutin.
Avec l'annonce du 24 mars, les principaux points de blocage semblent donc levés. Le Conseil constitutionnel a confirmé son refus de reporter l'élection après l'expiration du mandat de Macky Sall le 2 avril. Il a écarté la date du 2 juin qui avait été proposée et ne rouvrira pas non plus le dossier des candidatures déjà validées.
Reste désormais à voir dans quel climat se déroulera cette campagne éclair d'un mois, en plein ramadan, plus courte que les 21 jours minimum prévus. Certains leaders de l'opposition comme Ousmane Sonko, détenu depuis 2021, ne pourront pas y participer activement. Mais pour Babacar Gueye du collectif "Aar Sunu Election", "tout le monde est prêt à aller de l'avant". Avec cette date du 24 mars, un horizon se dessine enfin pour la présidentielle sénégalaise.
par Youssouf Mbargane Guissé
SÉNÉGAL, LES SIGNES ANNONCIATEURS DE LA FIN DE RÈGNE
EXCLUSIF SENEPLUS - La cause est perdue pour le pouvoir. Un climat de confusion pourrait être installé dans une atmosphère délétère dans le seul but de retarder et même de rendre impossible le cours inéluctable de la défaite qui s’annonce
Retoquage du report de la présidentielle et de la reprise du processus électoral par le Conseil constitutionnel ; fiasco total du dialogue dit « national » ; adoption controversée d’une proposition de loi impopulaire sur l’amnistie ; insuccès du projet nommé par la presse « protocole du Cap Manuel », etc. l'observation des récents évènements de la scène politique de notre pays semble indiquer que nous soyons à présent entrés dans la dernière scène de la tragédie, celle du jeu de la mort. Cette séquence politique se distingue de tous les épisodes successifs enflammés des luttes et confrontations violentes vécus jusqu’ici, par diverses réalités objectives.
Tout d’abord, le pouvoir dirigeant s'est révélé aux yeux de tous, non pas comme une « classe politique » dans le sens habituel du terme, mais comme un régime politique mafieux et criminel. Ce point élève désormais les rapports politiques de classe et leur vécu dans la conscience du peuple comme un conflit irréconciliable. La sonkorisation et le rejet psychologique de tout dialogue en sont l'illustration, de même que la disqualification de tous ceux qui tentent une médiation entre les deux camps opposés.
Ces éléments et d'autres qui se révèlent dans les médias et réseaux sociaux, montrent que le conflit est ouvert. A travers, l’antagonisme sur le vote de la loi d'amnistie et les contradictions sur la date de l'élection présidentielle, l’on peut d’ailleurs voir à quel point le conflit est consommé.
Ensuite, il appert que les rapports de force qui sont la trame de ce conflit de pouvoir ont fini d’évoluer en faveur du peuple et du Pastef. Ce parti qui remporte la palme de la popularité depuis 2019, est à présent aguerri. Malgré la répression sanglante et barbare dont les témoignages des prisonniers politiques libérés rendent compte, malgré sa dissolution et l’arrestation de son leader, ainsi que toutes les tracasseries qu’il a subies (interdiction de son congrès d’investiture par deux fois, fermeture de son siège, entraves sur ses procédures de financement), le peuple dont la jeunesse révoltée et toutes les catégories sociales, est resté debout, solidaire et résolu aux côtés de Pastef.
Aussi, le report de l’élection présidentielle a justifié, a posteriori, sa radicalité qui avait été jusqu’ici critiquée par une partie de l’élite, de la société civile et des seniors. D’ailleurs, les importantes victoires du Pastef sur le plan judiciaire, diplomatique et communicationnel, ont également renforcé la pression sur Macky Sall et son clan qui avaient été déjà amenés à renoncer à une troisième candidature scélérate.
À ce stade, il n'y a aucun doute que la cause est perdue pour le pouvoir dont un des revers majeurs reste le retoquage de ses initiatives juridiques et politiques par le Conseil Constitutionnel qui ne joue plus le jeu de la soumission, de même que manifestement une frange importante de la magistrature. Voilà donc que des points d'appui essentiels du régime s'affaissent au moment même où le pouvoir est gagné par des fissures de plus en plus béantes en son sein et que des membres influents du système se démarquent ou abandonnent le navire qui sombre. Il ne reste à présent que la séquence de la fin, celle du jeu de la mort. L’on risque, en effet, de voir monter au créneau et mener des manœuvres désespérées les éléments les plus radicaux, les compradores les plus conservateurs, impliqués à divers degrés dans la spoliation des ressources et des finances du pays.
Ces éléments - politiciens, journalistes, membres des forces de défense et de sécurité, éléments du clan présidentiel ethno-affairiste, courtiers de tout bord - en désarroi de ce qui les attend, pourraient être à l'origine de lâches combats de dernière heure. Il faut s’attendre à ce qu’ils se mettent à diffuser des mensonges, à procéder à des manipulations politiques, à faire des provocations, à simuler des agressions à mettre sur le dos de Pastef et de ses dirigeants.
Nous risquons de vivre ainsi, du fait des crapules du système, l'épisode difficile d'une fin de règne où sent l'odeur de la mort du système et de son modèle hideux. En réalité, s'appliquent ici et maintenant deux lois de la dialectique de la Nature et de l'Histoire.
En premier lieu, la loi dialectique que tout naît, se développe et disparaît. En second lieu, la loi dialectique que tout système de domination fondé sur l'exercice de la violence fini par être détruit par la violence elle-même. Cette ultime fin de règne pourrait se traduire donc par une volonté de désorganiser par diverses manœuvres la configuration actuelle des rapports de force politiques favorables au Pastef et au peuple. C'est ainsi qu'un climat de confusion pourrait être installé dans une atmosphère délétère dans le seul but de retarder et même de rendre impossible le cours inéluctable de la défaite qui s’annonce. L'objectif serait de perturber et de désactiver le processus vers la victoire électorale.
Il appartient au peuple de faire preuve d’intelligence collective et à Pastef de gérer en toute lucidité les tentatives répétées de désespoir et de ne pas tomber dans le piège de l'accessoire en retrouvant l'ennemi sur le terrain glissant où il veut situer la bataille. Nous devons continuer à tenir ferme la victoire entre nos mains et les laisser se faire prendre dans les mailles des filets de leurs propres turpitudes. Pour ce faire, nous devons impérativement écarter de notre esprit le doute sur notre victoire, garder la confiance entière en notre leader Ousmane Sonko et nous appuyer en toutes circonstances sur le génie créateur et la force invincible de notre peuple qui nous en donne des leçons tous les jours.
Nous devons également gérer de manière intelligente les alliances de plus en plus larges avec ceux qui rejoignent nos rangs sans être de notre famille, puisque certains manifestement le font par opportunisme ou par infiltration. En effet, une loi est que lorsque la lutte des masses prend un tournant décisif, des éléments de l'élite au pouvoir, des neutres, des opportunistes de tout bord rejoignent la vague déferlante. Cette catégorie doit être traitée politiquement et de manière différenciée, l'objectif étant de dégarnir le maximum les rangs de l'ennemi.
Par Ibou FALL
LA HAINE, VALEUR CARDINALE EN DEMOCRATIE
Le président Macky Sall, c’est clair, a perdu le nord en même temps que commence à l’habiter le sentiment que son temps se termine… Faudrait-il le laisser nous entraîner dans son spleen au point de compromettre l’avenir de nos descendants ?
Notre consœur, la patronne de presse Maïmouna Ndour Faye, vient d’échapper à la mort. On épiloguera longtemps sur les circonstances de l’agression, les motivations, les commanditaires. L’enquête, on le souhaite, nous livrera bien, un jour, le plus tôt possible, le coupable et, à n’en pas douter, ses commanditaires.
Quelques semaines auparavant, une autre consœur, celle-ci reporter à Seneweb, Absatou Hane, lors de la couverture d’une manifestation d’acteurs politiques mécontents, se fait harponner et tabasser par les Forces de l’ordre. Il y a plein de journalistes pour couvrir l’événement. Sauf qu’elle, est une femme.
Maïmouna Ndour Faye comme Absatou Hane ne font rien de plus que les journalistes ; ni rien de moins. Chacune fait son métier comme elle le peut, comme elle l’a appris, le conçoit, le comprend, avec plus ou moins de bonheur.
Il y a, de notre temps, de plus en plus de concitoyens qui considèrent qu’être une femme, instruite, autonome, épanouie, porteuse d’une opinion, d’un savoir-vivre, d’une manière d’être, est une insulte à ce qu’ils sont : des mâles démunis, ignorants et désœuvrés, en résumé, des gagne-petit perdus au milieu de cette si trouble époque, qui ne savent pas à quel charlatan se vouer.
Lorsque toute l’énergie que la vie nous offre n’a pour moteurs que le sentiment d’infériorité, l’ignorance et le désœuvrement, l’alchimie qui en découle peut facilement verser dans la haine de soi et des autres.
J’ai l’insigne honneur d’être de la vieille école ; de cette génération qui a des scrupules à haïr, à laquelle la République demande de réprimer la honte de ses origines, ses complexes d’infériorité, ses vanités inassouvies, pour enjamber son ignorance, gravir les marches de la réussite et braver le monde pour être meilleur parce qu’elle nous donne les mêmes chances.
Bien sûr, des mafieux, des crapules, des hors-la-loi, et même des salauds lumineux, ça existe dans le monde entier et à toutes les époques.
Sauf que, de notre temps, cela fait bien longtemps de cela, il y a quelque honte à l’avouer, personne ne s’y résigne vraiment. Et l’Etat veille à ce que la canaille soit en prison, et l’honnête homme, sur les grands boulevards.
Certes, notre histoire dénombre quelques anti-héros qui portent la haine comme une idéologie, la convoitise comme une logique et la vanité comme une identité remarquable. Brûler le pays est leur rêve fou… Rappelez-vous, ces illuminés qui projettent d’allumer le cortège présidentiel au début des années 70, parce que le cocktail Molotov est un label familial.
Ben, ils ont fait des petits
Un demi-siècle plus tard, ce sont ces mêmes cocktails Molotov, issus de la recette familiale, en plus des dégâts matériels, qui tuent deux innocentes, des enfants des gens de peu. Si ça peut consoler tous ces révolutionnaires décrépis en perdition, grand bien leur fasse. Sauf que les bourgeois sénégalais néo-colonisés qu’ils haïssent continuent de vivre sur un grand train et que ces doux rêveurs pyromanes resteront toute leur vie des spectateurs frustrés de notre Histoire.
Des Sénégalais qui détestent leurs compatriotes, il y en a depuis la nuit des temps. La République les dérange, la citoyenneté leur refile des urticaires, le bonheur contagieux de nos concitoyens, malgré leur mouise, les exaspère.
Jusque-là, nous cultivions cette honte d’avoir honte, parce que nous avions, par-dessus nos têtes, l’âme de la Nation et cette mystique de la République, qui nous font croire en nous, malgré les traversées de déserts inhérentes aux destins humains, les tempêtes et les bobos inévitables aux vies normales, lesquels, finalement, nous font sourire au regard de nos passifs
Et puis vient le temps où se sentir inférieur constitue une identité remarquable. Revendiquer ses origines modestes, non pas pour mesurer le parcours jusqu’au sommet, mais faire partie du nombre. Une candidate au suffrage universel complètement allumée, pour racoler de l’électeur, se fait un devoir d’afficher des origines modestes, inventer des souvenirs d’enfance où il n’y a pas d’électricité chez elle et, dans l’obscurité de son austère demeure, échanger des caresses avec les serpents.
Avant elle, le complice de l’assassinat d’un juge en 1993, poseur de bombes en 1988, depuis plusieurs décennies, plastronne sur les plateaux de télé où des journalistes ingénus le supplient de livrer son expertise sur la vie publique.
La loi d’amnistie qui nous propose d’effacer jusqu’à des crimes de sang officialise juste ce que nous sommes devenus : le peuple des péchés capitaux… Parce qu’un gouvernement choisit d’absoudre sans jugement les viols répétés sur Madame Adji Raby Sarr, l’irrespect envers les institutions, les meurtres de près de cinquante compatriotes, les saccages des biens publics comme privés.
Le Président Macky Sall, c’est clair, a perdu le nord en même temps que commence à l’habiter le sentiment que son temps se termine… Faudrait-il le laisser nous entraîner dans son spleen au point de compromettre l’avenir de nos descendants ?
Voter cette loi qui efface tout pour recommencer, c’est institutionnaliser la haine comme idéologie, et la violence comme stratégie politique. Cela reviendra également à encourager les meurtriers impunis et leurs commanditaires, qui remettront ça encore et encore pour que règne la terreur, leur pensée unique, avant que chaque caïd de quartier ne décide de faire la loi selon ce que ses muscles et son couteau de poche lui permettent.
Un Premier ministre digne de ce nom, au nom de la République qui lui a tout donné, n’aurait jamais dû proposer un tel projet de loi et devrait rendre le tablier, avec tout son gouvernement, pour ne pas cautionner une telle forfaiture, afin que jamais la haine ne soit institutionnalisée
Seulement voilà : Amadou Ba a-t-il jamais eu du cœur ? Et ça veut présider à nos destinées…
Par Alassane Seck GUEYE
LE PRESIDENT SALL ENFIN VISITE PAR LA GRACE !
Depuis l’annonce du report de la présidentielle du 25 février dernier par le président de la République, Macky Sall, et à quelques heures du démarrage de la campagne électorale, le Sénégal était sur une corde raide
Depuis l’annonce du report de la présidentielle du 25 février dernier par le président de la République, Macky Sall, et à quelques heures du démarrage de la campagne électorale, le Sénégal était sur une corde raide. Dans une situation des plus périlleuses qui demandait beaucoup d’habileté pour s’en sortir. Des scénarii particulièrement alarmants étaient ainsi évoqués par des observateurs et autres « experts » en tout, faisant craindre de voir le Sénégal plonger dans une zone de turbulences. Surtout avec la volonté prêtée au Président sortant de s’opposer au Conseil constitutionnel en imposant aux sept sages un bras de fer qui allait se terminer par la dissolution de cette juridiction créée en 1992 par le deuxième président de la République du Sénégal. Abdou Diouf justement qui invitait récemment les autorités à se conformer aux décisions du juge constitutionnel. Beaucoup d’hypothèses avaient été ainsi émises avec une probable crise institutionnelle et des risques de voir le Sénégal se retrouver sans président ou le chef de l’Etat démissionner pour être suppléé par le président de l’Assemblée nationale. Des horizons pour le moins sombres qui allaient installer le pays dans un brouillard. Et plutôt que de suivre les recommandations du Conseil constitutionnel qui l’invitait à organiser l’élection présidentielle « dans les meilleurs délais », Macky Sall avait préféré organiser un dialogue « national » qui s’est révélé être une véritable scène de théâtre avec la bouderie de 17 sur les 19 figurant dans la liste arrêtée par le Conseil constitutionnel.
Transformant ainsi un dialogue en monologue malgré l’éclaircie représentée par les positions du clergé catholique et de quelques acteurs du monde des affaires qui avaient expliqué les risques encourus par le pays de voir la présidentielle repoussée ou ne pas être tenue avant la fin du mandat du Président Sall. Les débats avaient aussi porté sur le projet de loi d’amnistie qui a divisé une bonne partie de l’opinion, la classe politique et de la société civile. Et qui a été finalement voté hier par les députés. Les détracteurs de cette loi la considéraient comme un moyen de promouvoir l’impunité des crimes commis durant la période noire allant de mars 2021 à février 2024. Des crimes dont les auteurs ne sont toujours pas identifiés faute d’enquête sérieuse malgré les assurances du chef de l’Etat après son discours de sortie de crise lors des évènements de mars 2021. Des auteurs qui courent toujours et qui risquent de ne jamais payer leurs crimes avec le vote hier de la loi d’amnistie par une forte majorité des députés du pouvoir soutenus par ceux du Parti démocratique sénégalais malgré l’opposition de leurs collègues du groupe Yewwi Askan wi et notamment du parti Pastef. Une loi qui constitue une grande insulte pour la mémoire des victimes. La journée d’hier a été également marquée par le rejet par le Conseil constitutionnel de toutes les propositions du dialogue dit national et acté la participation à l’élection présidentielle des 19 candidats retenus par les 7 sages. Pour le juge constitutionnel, fixer le scrutin au 2 juin reviendrait à « créer un vide institutionnel non prévu par la Constitution», contredisant le «principe à valeur constitutionnelle de sécurité juridique et de stabilité des institutions ».
Ce faisant, c’est-à-dire en rejetant les conclusions du dialogue « national », il brise le rêve des militants du Parti démocratique sénégalais de voir leur leader, Karim Wade, participer à cette élection qui est partie pour être des plus palpitantes de l’histoire du Sénégal indépendant. Reste maintenant à savoir quelle sera la position du parti du père Wade qui va, peut-être, se sentir floué après avoir voté la loi sur l’amnistie tout en rêvant de voir le processus électoral repris. En effet, c’est alors que le sort de la loi d’amnistie se jouait à l’Assemblée nationale que le chef de l’Etat a dissous le gouvernement et nommé l’ancien ministre de l’Intérieur, M. Sidiki Kaba , Premier ministre en remplacement de Amadou Ba, candidat de la coalition au pouvoir BBY. Il s’agit, explique-t-on, de lui donner plus de temps pour se consacrer à sa campagne électorale. Il lui faudra aussi beaucoup s’investir pour rallier à sa bannière beaucoup de cadres de la formation au pouvoir qui ont manifesté leur opposition à sa candidature.
C’est également au cours du même Conseil des ministres d’hier que le Président Sall a décidé de se conformer à la volonté du Conseil constitutionnel de voir l’élection présidentielle tenue « dans les meilleurs délais ». S’inclinant, il a annoncé que l’élection présidentielle se tiendra ce 24 mars. Après la folle journée d’hier, on peut dire que le Président Sall, dont l’image se trouve très écornée, commence à retrouver ses esprits. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Vivement que le Sénégal tourne cette page, la plus douloureuse de son histoire politique. Et espérons aussi que la réconciliation promise se traduira dans les faits durant la campagne électorale qui va s’ouvrir. Malgré tout, les plus grands perdants restent les victimes des manifestations politiques et leurs familles. L’histoire retiendra tout de même que tout est parti d’une histoire de fesses montée de toutes pièces et qui a été à l’origine de dizaines de morts en plus d’importants dégâts matériels. On n’avait assurément pas tort d’écrire dans ces colonnes, au plus fort de cette crise, que le vagin de Adji Sarr ne valait pas que ce pays brûle ! Et voilà, il faut maintenant éteindre l’incendie et réparer les dégâts provoqués par cette chatte…
PAR Jean Pierre Corréa
LE ROI EST NU
Il voulait juste une seule chose, sécuriser les siens pendant que le peuple était diverti par une date. Macky Sall a eu son amnistie pour ses protégés qui devenaient plus dangereux que ses adversaires
On pouffe de rire lorsqu’on entend le surnom qui est donné au futur-ex-président de la République, Macky Sall, qu’à force de manigances politiques déroutantes, au vrai sens du terme, les Sénégalais ont appelé « El Tactico » …
Depuis un an maintenant, ses méninges en surchauffe, ont projeté le Sénégal dans une zone dangereuse, dont les contours sont en train de se dessiner et d’offrir l’image universelle d’un pays en totale déliquescence institutionnelle.
On a coutume de dire au Sénégal que le quotidien national « Le Soleil » n’éclaire jamais. Et bien, pour une fois, le jour de « l’interview » accordée à quelques confrères par Macky Sall, quand son Directeur Général, ébouriffé et hirsute comme jamais, lui a posé la question incongrue s’il en est de l’éventuelle protection de ses partisans au soir de son départ, cette question, aux allures de bourde, était la question essentielle qui de fait s’agitait sous le crâne présidentiel.
Le roi voulait juste une seule chose, sécuriser les siens pendant que le peuple était diverti par une date. Macky Sall a eu son amnistie pour ses protégés qui devenaient plus dangereux que ses adversaires. Au risque de faire gagner le « gouvernement de Mermoz » contre celui du Sénégal, il a mis notre pays en crise institutionnelle permanente qui nous propulse en tête des Républiques quasi bananières, dont les bailleurs et partenaires au développement se détournent et que les agences de notations déconseillent de fréquenter.
Le roi est nu, il a délégué son autorité à un gang de comploteurs du soir, qui en totale incompétence et par goût de l’intrigue politique est en train de plonger le Sénégal dans une zone de turbulence inédite.
Programme des élections incompréhensible, autorité illisible, gouvernement en vacances, candidat de la coalition sortante déshabillé, une loi d’amnistie votée alors que le gouvernement n’existe plus, campagne électorale en plein carêmes chrétiens et musulmans réunis, scrutin le jour de Pâques, le plus important du calendrier chrétien, on se demande quel bordel est installé dans les cerveaux de ces intrigants pour être parvenus à un tel niveau de complexité et d’incurie politicienne.
Le problème est qu’ils nous ont installé au bord du gouffre et que bientôt certains vont nous promettre…un grand pas en avant. On connaît la suite.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
CES BRAVES SAGES QUI NE SE TROMPENT JAMAIS
Les Sénégalais doivent choisir entre 19 candidats dont certains ne méritaient pas d’être là tout en étant privés de la possibilité de porter leur choix sur d’autres dont le Conseil a jugé qu’ils ne méritaient pas de solliciter leurs suffrages
Tous aux urnes le 24 mars prochain et que le meilleur gagne ! Le meilleur ? Heu… en tout cas le bienheureux qui aura eu la chance non seulement de figurer dans la liste définitive proclamée par le Conseil constitutionnel en janvier dernier mais aussi de recueillir la majorité des suffrages des Sénégalais. Ils étaient 20 happy few, 20 candidats à figurer sur cette sainte liste mais l’un d’entre eux, une femme, a été rattrapée par sa double nationalité et a dû renoncer d’elle-même à se présenter à l’élection présidentielle. D’elle-même car qu’il soit compris et entendu que les sept prétendus « Sages » du Conseil constitutionnel ne peuvent pas se tromper. D’ailleurs, ils ne se trompent jamais. Ils sont comme le Pape dont l’infaillibilité constitue un des dogmes de l’Eglise. Ainsi, même lorsqu’il est apparu clairement que cette candidate démissionnaire en fin de compte avait effectivement une double candidature, et avait donc fait un parjure en faisant sa déclaration sur l’honneur, les membres du Conseil constitutionnel sont restés droits dans leurs bottes et escarpins et fait comme si de rien n’était en rendant leur décision suite au recours introduit par des députés et des candidats validés pour contester le report des élections. Les prétendus « Sages », donc, dans leur décision demandant au président de la République d’organiser la présidentielle « dans les meilleurs délais » avaient en même temps dit qu’elle devait se faire, cette élection, avec les 20 candidats figurant sur la liste qu’ils avaient validée. Ce bien que sachant parfaitement qu’une candidate avait avoué avoir deux nationalités ! Il en faut visiblement beaucoup plus pour ébranler nos braves « Sages » dans leurs certitudes. Des « Sages » responsables de tout le bazar que nous vivons actuellement pour avoir invalidé avec une légèreté déconcertante et une injustice révoltante un candidat, Karim Meïssa Wade en l’occurrence, qui avait pourtant prouvé avant qu’ils ne statuent qu’il avait renoncé à sa nationalité française ! Mais apparemment nos « sages » ne voulaient rien voir, rien entendre ni rien comprendre, KMW devait être éliminé, un point c’est tout !
De la même façon, et puisqu’ils sont infaillibles, c’est être bien optimiste, voire prétentieux, que de leur demander de réexaminer certaines candidatures auparavant retoquées par eux. Voire d’accepter un report de la présidentielle jusqu’au mois de juin. Drapés dans leur dignité outragée par des accusations de corruption portées contre deux d’entre eux et gardant un chien de la chienne du président Macky Sall coupable d’avoir encouragé ses députés à approuver la commission parlementaire chargée d’enquêter sur leurs vilenies, les « sages » ont donc entrepris de se venger de lui, depuis lors. En le désavouant systématiquement y compris quand il prend des mesures qui vont dans la bonne direction comme ses tentatives de rouvrir le processus électoral, à tout le moins de donner une seconde chance à des candidats injustement recalés par le Conseil constitutionnel — lequel, répétons-le, ne se trompe jamais ! — dont le logiciel de vérification des parrainages a fait des ravages. Or, les Sept ont à ce point commis des bêtises que le processus, franchement, méritait d’être corrigé. Sur ce point, le président Macky Sall a 1000 fois raison ! Hélas, on assiste à une formidable conjuration contre lui qui est le fait des magistrats du Conseil soudain considérés comme des héros et soutenus par des ONG aux financements douteux, une société civile politique, une opposition haineuse, une communauté internationale complotiste. N’en jetons plus.
Comme les Inquisiteurs face à Galilée
Revenons à nos Sept qui n’ont pas eu la curiosité de vérifier la sincérité des déclarations sur l’honneur faites par les candidats préqualifiés à l’issue de l’étape des parrainages s’agissant de leur situation fiscale. Pas plus qu’ils n’ont cherché à savoir si tous ces candidats parlaient et écrivaient couramment la langue française. C’était trop leur demander ! Eux, ce qui les intéressait, c’était d’éliminer Karim Wade et ils l’ont fait. Pour le reste, n’allez pas demander au bon Dieu sa barbe. Et puis, après avoir arrêté leur liste immuable, ils sont allés se laver les mains comme l’avait fait le procurateur romain Ponce Pilate qui avait condamné à mort Jésus Christ. Sauf que ce dernier avait ressuscité le dimanche de Pâques ! Et Karim Wade aussi, qui sait… Encore une fois, leur liste de candidats, c’est comme les Tables de la loi remises par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï en feu et sur lesquelles sont gravées les dix commandements. Les noms des 19 candidats sont gravés dans la pierre comme lesdits commandements. Circulez, il n’y a rien à modifier, les décisions du Conseil constitutionnel sont insusceptibles de recours. Même si ce sont des conneries… Ça nous rappelle Galilée obligé par le tribunal de l’Inquisition, pour sauver sa vie, à abjurer sa découverte selon laquelle le Soleil est au centre du système solaire et aussi que la terre tourne sur elle-même. Il avait murmuré tout bas la phrase restée célèbre : « et pourtant, elle tourne ! » Ce qui avait été considéré comme une hérésie par les inquisiteurs de l’époque est pourtant devenu une vérité scientifique admise universellement ! Comme les Sept « sages » de notre Conseil constitutionnel, les braves inquisiteurs avaient la science infuse et ne pouvaient pas se tromper.
Les Sénégalais sont donc obligés de choisir entre 19 candidats dont certains ne méritaient vraiment pas d’être là tout en étant privés de la possibilité de porter leur choix sur d’autres dont le Conseil constitutionnel a jugé qu’ils ne méritaient pas de solliciter leurs suffrages. Ce quand bien même ils sont beaucoup plus représentatifs que la plupart des privilégiés qualifiés par Badio Camara et sa camarilla. Par leur volonté, un parti aussi grand que le Pds n’aura pas de candidat. Mais puisque le dernier mot leur revient, y compris lorsqu’ils se trompent lourdement comme c’est le cas pour cette élection présidentielle, il ne reste plus aux moutons de Panurge que nous sommes que de se rendre docilement aux urnes le 24 mars prochain. Ce tout en sachant que leurs choix seront tronqués ou truqués par la volonté de nos braves et infaillibles prétendus « sages » du Conseil constitutionnel… Mais au fait, notre Youssou Ndour national ne disait-il pas que « Nit ku dul juum aamul ? » Il aurait pu ajouter : « ludul wa Conseil constitutionnel » !
PS : Au moins 16 des 19 candidats validés par le Conseil constitutionnel sont vent debout contre toute reprise du processus électoral. Normal : ils craignent qu’en cas de repêchage de Karim Wade et, surtout, d’Ousmane Sonko, ils ne récoltent que des miettes. C’est humain.