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27 novembre 2024
Opinions
Par Alpha Amadou SY
L’AFRIQUE FRANCOPHONE ET LE MALENTENDU DÉMOCRATIQUE
Les peuples s’attendaient à l’amélioration qualitative de leurs conditions d’existence, alors que la démocratisation reste plutôt une panacée imposée par les bailleurs de fonds aux États africains, empêtrés dans le bourbier du totalitarisme politique
La démocratisation des espaces politiques de l’Afrique francophone avait soulevé d’immenses espoirs auprès des peuples africains. Tout laissait penser que, corrélativement à l’ouverture du grand chantier qu’est l’édification de l’État de droit, ils allaient, enfin, satisfaire leurs attentes ratées par l’accession à l’indépendance. Celles-ci étaient posées en termes de souveraineté nationale, de croissance économique et de redistribution équitable des ressources.
Le rêve était d’autant plus permis que la perspective de l’enterrement au premier plan des autoritarismes politiques était à la fois le gage de l’expression plurielle et la garantie de la satisfaction des droits essentiels, tels que formulés dans les nouvelles constitutions désormais estampillées républicaines.
Mais, une trentaine d’années après la sommation de la Baule, le désenchantement est devenu presque total, comme en atteste la nature des contradictions qui, présentement, structurent l’espace politique de l’Afrique francophone.
Édifiante, à ce sujet, est la trajectoire empruntée par le Mali au cours de ces trois dernières décennies.
Au lieu de revenir ici sur le cours tumultueux qui a prévalu au Mali depuis l’avènement du Général Amadou Toumani Touré, nous mettrons plutôt l’accent sur les espoirs suscités par l’élection de Ibrahima Boubacar Keita.
L’enthousiasme avec lequel les Maliens s’étaient rendus aux urnes, lors du premier scrutin post crise de 2013, laissait entrevoir l’ouverture de nouveaux horizons. Mais, l’escalade de la guerre du Nord conjuguée avec la récession économique et le bras de fer avec les forces coalisées dans le M5 et le Président en exercice offrirent aux militaires, comme par rituel, l’opportunité de revenir au Palais de Koulouba. Ainsi, en août 2020, Bah Ndaw s’est vu confier la transition, avant d’en être évincé par son vice-président, le Colonel Assimi Goïta.
En Guinée, le 5 septembre 2021 un détachement de l’Armée, dirigé par un membre des unités spéciales, Mamadi Doumbouya mit un terme au pouvoir dictatorial d’Alpha Condé. La junte au pouvoir justifiera son acte par « la situation sociopolitique et économique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la, justice, le piétinement des droits des citoyens, la pauvreté et la corruption endémique ».
Comme une épidémie, le Burkina Faso vivra un coup d’Etat...à la malienne. En janvier 2022, le Président élu, Roch Marc Christian Kaboré, est renversé par Paul Henri Sandaogo Damiba, lequel sera destitué, au mois de septembre de la même année, par le jeune capitaine Ibrahima Traoré.
Le syndrome des coups d’État militaires franchira les frontières de ce pays pour faire du Niger son théâtre d’opération. Un coup de force avec toutes les apparences d’un coup de théâtre si l’on considère que Mahamadou Issoufou, le prédécesseur de Mohamed Bazoum, le Président renversé, avait posé un acte majeur donnant le sentiment que, au moins, au Niger, l’État de droit était profondément ancré. Alors que dans la sous-région la quête du troisième était la forfaiture républicaine la plus partagée, Mahamadou Issoufou s’en était proprement démarqué faisant, du coup, montre d’une lucidité politique et d’un esprit républicain dont l’exemplarité a été magnifiée ! Toutefois, sur toile de fond de multiples contradictions, la tentative de coup d’État, jugulée en 2015, puis en 2022, a fini par réussir en juillet 2023. La junte militaire porta, à la présidence de l’Exécutif nigérien, le Général Abdourahmane Tchiani, Commandant de la garde présidentielle.
Pratiquement, un mois après, jour pour jour, le nouveau syndrome de coup de force militaire déborda l’espace ouest- africain pour élire domicile au Gabon sur lequel a régné la dynastie des Bongo depuis 1967. Ainsi, le 30 aout, dans un contexte marqué par de fortes protestations contre la réélection de Aly Bongo, le Général Brice Oligui Nguema, lui aussi ancien Chef de la garde présidentielle, prit la tête de l’Exécutif gabonais.
Ces juntes militaires, une fois au pouvoir, rencontrent de sérieuses difficultés pour tenir leurs promesses faites à leurs concitoyens. Économiquement, les sanctions, qui leur sont appliquées par les organisations sous-régionales voire par la Communauté internationale, réduisent drastiquement leur marge de manœuvre. Au niveau politique, elles sont souvent vivement contestées par des partis politiques et des organisations de la société civile qui leur reprochent, en plus de suspendre les libertés publiques, de se presser lentement pour réunir les conditions de retour à l’ordre constitutionnel. Dans un pays comme le Mali, le M5 donne le sentiment que les militaires lui ont presque usurpé le pouvoir. Enfin, au Burkina Faso et au Mali, des voix regrettent le bilan sécuritaire mitigé, alors que les militaires avaient fait de l’anéantissement des djihadistes un de leurs objectifs principaux.
Les autres pays de l’espace africain francophone, pour être encore gouvernés par des civils, n’en sont pas, pour autant, des terres d’ancrage des principes républicains. Au Cameroun, tout comme au Congo, sous l’apparent immobilisme politique, des contradictions grosses de tous les dangers couvent. Notamment, le pays d’Ahidjo, qui, en plus d’être confronté à la crise anglophone, est interpellé sur la délicate équation de l’après Paul Biya, avec la rumeur de faire monter au Sommet son fils, Frank Biya.
Au Tchad, au lendemain de l’intronisation de Mahamat Idriss Deby, à la suite du décès de son père, en avril 2021, la question de la stabilité du pouvoir demeure à l’ordre du jour. Les manœuvres pour la pacification de l’espace politique sont compromises par les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT) et la dynamique contestataire portée par les Transformateurs sous la direction de Succès Masra.
Même un pays comme le Sénégal, pendant longtemps crédité du statut flatteur de vitrine de la démocratie en Afrique, n’est pas épargné par les zones de turbulence. Le Président Macky Sall, après avoir réitéré à maintes reprises son engagement à s’en limiter à deux mandats, avait fini par servir à ses compatriotes un flou artistique par son « ni oui ni non ». Si on ignore quel désordre aurait résulté d’une déclaration " prématurée" de sa renonciation au troisième mandat on sait, en revanche, que son teaming choisi pour annoncer son attachement au code d’honneur a exposé le pays à pas mal de périls.
Des violences d’une rare intensité avec mort d’hommes, accompagnées de pillages et d’actes de vandalisme de sites du savoir, avaient, à partir de 2021, infecté le quotidien des Sénégalais. Présentement, l’embastillement de Mr Ousmane Sonko, suivi de la dissolution de son parti, au terme d’un processus rocambolesque et la nature des contradictions qui structurent les rapports entre la F24 (coalition de partis politiques, d’organisations de la société civile et de personnalités indépendantes) et la mouvance présidentielle témoignent de l’état grippal du système politique sénégalais.
En tout état de cause, la situation asphyxiante, qui prévaut dans l’espace de l’Afrique francophone, atteste du fait que, pas plus que les drastiques Politiques d’Ajustement Structurel, la démocratisation n’a pas mis un terme au mal-être des Africains. Et les peuples sont d’autant plus déroutés que les bailleurs de fonds ne se focalisent que sur le taux de croissance, au moment où la paupérisation se développe de manière vertigineuse. Le malentendu découle du fait que les peuples africains s’attendaient à l’amélioration qualitative de leurs conditions d’existence, alors que la démocratisation reste plutôt une panacée imposée par les bailleurs de fonds aux États africains, empêtrés dans le bourbier du totalitarisme politique et de la gabegie économique.
Par une approche fortement imprégnée de l’ultralibéralisme, Paris avait érigé l’instauration de l’État de droit en conditionnalité. Mais, cette stratégie s’est avérée progressivement anachronique dans un contexte où la complexité de la mondialisation permet de trouver des partenaires qui ont fait du formalisme démocratique le cadet de leur souci. Avec cette nouvelle donne, s’amorce une reconfiguration qui emporte le pré carré français.
Il est révélateur, à ce sujet, que des coups d’État ont été perpétrés au nez et à la barbe des Français. Bien plus, ces coups de force ont été accompagnés par de virulentes manifestations d’hostilité contre l’ancienne puissance coloniale, avec parfois - signe des temps- des drapeaux russes ! Au Mali, au Niger et au Burkina Faso, les militaires français ont été mis en demeure de plier armes et bagages.
Il se laisse à voir que le mal-être des Africains persiste. Toutefois, au regard des capacités de résilience dont les peuples ont toujours fait montre, l’espoir est permis. Aussi revient-il aux élites africaines de bien se garder de jeter le bébé avec l’eau du bain. Il leur incombe de repenser le projet démocratique en le délestant de la perspective néolibérale qui a, jusqu’ici, présidé à sa tentative de greffage en Afrique francophone. Sous ce rapport, leur mission est de favoriser l’émergence d’une véritable citoyenneté dont la vertu est de donner de la vitalité à l’État de droit et d’insuffler l’âme républicaine aux institutions.
Auteur, entre autres, de L’espace politique de l’Afrique francophone, en question (25 ans après le Sommet de la Baule), Paris, édition L’harmattan, 2017.
L’ETAT PERD UN MATCH DÉCISIF
Après le match, remporté par l’Etat, sur le terrain de la Cour suprême, qui a acquiescé le refus de lui remettre ses fiches de parrainage, c’est le Tribunal de Ziguinchor qui a accueilli, hier, la manche retour entre Sonko et les avocats de l’Etat.
Après le match, remporté par l’Etat, sur le terrain de la Cour suprême, qui a acquiescé le refus de lui remettre ses fiches de parrainage, c’est le Tribunal de Ziguinchor qui a accueilli, hier, la manche retour entre Sonko et les avocats de l’Etat sur la radiation. Un match à domicile pour le maire de Ziguinchor qui a été poussé par ses supporters jusqu’au bout. Comme ambiance Allez Casa hier ! Et à l’arrivée, l’arbitre a infirmé le pénalty sifflé par l’Etat. Qui a retiré le capitaine de l’ex-Pastef de la feuille de match. Entre la cassation et le Conseil constitutionnel, tout est possible. Aller boo guiss nak amna retour !
Assane Gueye
JAKARTA EXPRESS RÉGIONAL
S’il y a un secteur émergent au Sénégal, ce sont bien les vélos-taxis qui marchent cinq sur cinq. Les emplois-Jakarta font fureur. Il n’y a pas meilleur baromètre pour mesurer le cuisant échec qu’aucun saupoudrage ne peut cacher.
S’il y a un secteur émergent au Sénégal, ce sont bien les vélos-taxis qui marchent cinq sur cinq. Les emplois-Jakarta font fureur. Il n’y a pas meilleur baromètre pour mesurer le cuisant échec qu’aucun saupoudrage ne peut cacher. C’est le résultat de politiques publiques calamiteuses des gouvernements successifs. En n’offrant que cette misérable perspective à la jeunesse, on ne fait rien d’autre que la trahir. C’est de la non-assistance à personnes en danger que cette activité de jakartamen, symptôme d’une méga-crise économique et sociale interne. Aussi léger que l’aile de moustique, cet engin horriblement laid n’est adapté ni à la sécurité routière ni au transport de personnes. Il n’y a que ces pays dépourvus d’amour propre pour l’adopter. On dirait des feuilles mortes roulantes et parfois volantes déversées sans retenue sur le macadam et positionnées maintenant à tous les carrefours et croisements. Ceux qui se posent des bonnes questions se demandent d’abord qui les importe aussi massivement au Sénégal ? Et comment se fait-il qu’un État responsable accepte toute cette pacotille et toute cette poubelle sur le territoire national ? Si c’est pour enrayer le chômage endémique, c’est absolument nul. Ça voudrait dire qu’on est à court d’idées et sans aucune vision.
Génération sacrifiée
Échappant à tout contrôle, sans aucune maîtrise de son parc, cette fausse bonne solution est tout simplement une catastrophe. Outre l’insécurité et la sinistralité qu’elle génère, on sacrifie toute une génération qui n’a plus que le choix d’un métier sans avenir, sans queue ni tête. L’explosion des vélos-taxis se fait sur l’autel des vrais corps de métiers. Maçon, menuisier-ébéniste, plombier, électricien, spécialiste de l’automobile, peintre, soudeur métallique, etc., souffrent déjà de pénurie de main-d’œuvre. Avec ce phénomène qui a tout l’air d’une invasion de sauterelles, les jeunes qui s’y engouffrent, sans autre qualification ou savoir-faire, ont les mains ligotées sur le guidon. L’échec est là. Terrible et global. Chacun a sa part de responsabilité dans ce délabrement sans précédent. Nos cœurs secs ont fini par ne creuser que tunnel, gouffre, vide et rien de bon sur le chemin sinueux de nos jeunes frères abandonnés à eux-mêmes. Génération sacrifiée et même estropiée des membres et du cortex. Ni ingénieurs, ni médecins, ni professeurs, ni écrivains dans le cortège. Pour beaucoup d’entre eux, c’est déjà la retraite avant même d’avoir commencé. Qui pourra un jour évaluer le préjudice ? Avec l’émigration clandestine et ses dégâts, c’est un continuum. Le même péril. Sans formation ni éducation pour la plupart, inutile donc de leur parler de soif de connaissances. Ce serait du charabia. Le goût des livres et de la lecture, connais pas. Ils en sont privés pour de bon. Quel scandale et quelle misère que cette politique qui prive des hordes de jeunes de tout ce qui fait sens. Il faut manger comme il faut boire et gagner sa vie coûte que coûte. Mais c’est essentiel de se cultiver. Ça nous différencie des autres vivants.
Dans un contexte de séisme démographique, l’émerveillement doit façonner le capital humain. Il apporte paix et sérénité intérieures qui tuent dans l’œuf les mauvaises insurrections et mauvais comportements. Sans code de conduite, la prévention routière n’est que canular. Faire une chose et son contraire s’apparente à de la schizophrénie. Seulement, quand on est dans l’impasse et au pied du mur, il ne faut pas s’émouvoir des attitudes de survie. Elles vont se décupler partout dans l’espace public. Dans pareils cas, les gouvernements ressemblent de plus en plus à des ornements totalement dépassés par les événements.
Par Moussa KAMARA
RIPOSTE
Chassés de l’Europe, ils ont retrouvé la terre de leurs aïeux au Proche Orient. Par la guerre et avec l’aide exceptionnelle des Occidentaux, les Juifs ont gagné et créé un Etat. Et depuis ce jour, les belligérants, Juifs et Arabes se mènent à la guerre.
Israël, l’enfant chéri de l’Occident, n’a apparemment pas beaucoup retenu de l’holocauste et du nazisme. L’Allemagne nazie, qui a méprisé les Juifs au point de les éradiquer dans des camps de concentration, a disparu avec la participation massive des Soviétiques à la prise de Berlin.
Chassés de l’Europe, ils ont retrouvé la terre de leurs aïeux au Proche Orient. Par la guerre et avec l’aide exceptionnelle des Occidentaux, les Juifs ont gagné et créé un Etat. Et depuis ce jour, les belligérants, Juifs et Arabes se mènent à la guerre. Malgré des accords de coopération signés avec des pays arabes dont le plus surprenant impliquait le Royaume saoudien en phase de finalisation et que la diplomatie juive sera obligée de mettre en pointillé, l’Etat juif n’a jamais cessé de martyriser les Palestiniens. En les privant de leurs terres colonisées par des Israéliens ultra-orthodoxes, en les parquant dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, en faisant la police partout où ça lui plaisait.
L’holocauste que tout le monde déplore, est reproduit sur les Arabes et principalement les Palestiniens depuis plus de 70 ans. Avec le silence coupable des puissances de ce monde. Hitler avait entrepris de faire disparaitre les Juifs, par la force et par l’oppression, sans véritablement arriver à ses fins. Le silence quand il est coupable se transforme en honte. La Palestine qui n’a jamais été un Etat fort et puissant a été choisie pour accueillir les Juifs. Si les Palestiniens étaient aussi forts que l’Iran, malgré les liens avec la terre, l’Etat juif n’existerait pas.
L’Etat juif, certainement muni de la bombe atomique, fait tout pour que l’Iran, Etat indépendant et libre, ne puisse s’en doter. En vertu de quoi ? De la domination de l’Occident sur le monde ! Ce monde occidental qui traite de « terroristes » ses ennemis ou, tout simplement, les peuples qui veulent se libérer de son emprise. Que les Arabes qui investissent massivement en Europe et ailleurs se le tiennent pour dit. Le pétrole qu’ils vendent à l’Occident au prix fort sert le plus souvent aux rois et émirs du Golfe qui payent des avions, des yachts de luxe, des voitures sans prix et des palais où tout vient d’Occident.
Heureusement que le monde avance à grands pas et de nouvelles puissances voient le jour. Une reconfiguration de la géopolitique du monde se dessine sous nos yeux. La Turquie et l’Iran entre autres font notre fierté et celle des Musulmans et ce sont des Etats qui ne se laissent pas marcher sur les pieds. La presse gouvernementale en Europe et en Amérique traite le Hamas de terroriste et adoube Israël. Parce que le Hamas a muri une riposte exceptionnelle.
Cette riposte que nul ne voyait venir tellement ils s’accordaient à voir en l’Etat juif une puissance régionale imprenable. Israël, pour laver l’affront, va détruire Gaza et tuer impunément des centaines voire des milliers de Palestiniens. Holocauste pour des apatrides prétendus terroristes arabes.
Par Abdoul Aly KANE
PRESIDENTIELLE DE 2024, LE TEMPS DES INCERTITUDES
La particularité de ce scrutin réside dans le fait que l’actuel titulaire du poste n’y participera pas, et que le principal opposant susceptible de remporter l’élection, est menacé de ne pas y prendre part si l’on s’en tient aux diverses péripéties...
Dans trois mois, le Sénégal va entrer dans une période d’incertitudes du fait de l’élection présidentielle de février 2024. La particularité de ce scrutin réside dans le fait que l’actuel titulaire du poste n’y participera pas, et que le principal opposant susceptible de remporter l’élection, est menacé de ne pas y prendre part si l’on s’en tient aux diverses péripéties judiciaires par lesquelles on le fait passer.
Cette situation inédite au plan politique est grosse d’une confusion qui aura des répercussions sur la configuration politique d’après-élection.
Les déclarations de candidature sortent de partout, donnant le sentiment que, pour les candidats à la candidature, les exigences du poste de président de la République sont désormais à la portée de tout un chacun, et que disposer d’un appareil politique est accessoire.
Quelles sont les causes qui sous-tendent ce regain d’intérêt pour cette fonction éminente ? Cette fin de présidence de Macky Sall s’accompagne d’une sortie de course d’une génération septuagénaire, voire octogénaire, présente sur le champ politique depuis Senghor.
Certains d’entre ses symboles comme Mamadou Diop Decroix sont d’ailleurs une nouvelle fois candidats à la candidature, prouvant ainsi une volonté de rester encore dans le jeu politique.
D’autres se sont rangés, lors du Dialogue national, derrière le président Macky Sall et, dès lors, sont plus enclins à soutenir le candidat de la continuité Amadou Ba.
S’il est vrai que l’on a l’âge de ses artères, il demeure que la distribution de la population du pays est largement en défaveur du maintien actif de ces « septuas » et « octos » dans la foire d’empoigne qu’est devenue la politique dans notre pays.
Pour ceux qui seraient tentés, sur ce plan, de convoquer la longévité politique de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade, il faudrait rappeler le caractère exceptionnel de sa venue au pouvoir, à un moment où il avait décidé de se retirer de la compétition électorale.
La petite histoire raconte qu’Abdoulaye Bathily et Amath Dansoko avaient dû aller à Paris le convaincre de venir récupérer un pouvoir à portée de main, et qu’Idrissa Seck avait inventé la marche bleue pour contourner la pénurie de moyens de campagne.
Pour en revenir à la présidentielle de février prochain, le camp du pouvoir est divisé comme le prouve amplement le maintien des candidatures de ténors de l’APR. L’opposition regroupée dans Yewwi Askan Wi, quant à elle, est dans une situation délicate.
Lui faudrait-il, par solidarité, boycotter l’élection à venir en cas d’élimination définitive de Sonko, figure de proue de la coalition ? Ou alors songerait-elle à capter les voies du Pastef au profit d’un éventuel plan B ?
La présentation simultanée de plusieurs candidatures à l’élection présidentielle était certes convenue dès le départ, et il n’est donc pas anormal de retrouver Habib Sy, Déthié Fall, Aïda Mbodj, Cheikh Tidiane Dièye etc. dans le lot des aspirants à la candidature.
En toutes hypothèses, l’activité des leaders de cette coalition semble davantage orientée vers la recherche de parrains plutôt qu’axée sur des manifestations pour la libération de Sonko et son inclusion dans les consultations à venir.
Le PASTEF sans Ousmane Sonko a un horizon assez trouble. Faudrait-il préparer ou non un plan B ? Cette hypothèse ne semble pas exclue totalement des analyses de certains responsables de ce parti qui se sont exprimés publiquement sur cette question.
Autre particularité notée dans le landernau des candidats: on ne note pas encore de formulation de programme économique. On pourrait donc se demander sur quels arguments ils comptent se baser pour obtenir des suffrages à même de leur permettre de diriger le pays.
Pour être un président de la République, il faut d’abord une vision déclinée en plans et programmes étalés dans un temps précis. La Vision attendue par les populations est celle d’un avenir meilleur, tendu vers un bien-être collectif
Pour les jeunes, qui constituent l’essentiel de la population, ce bien-être passe par le règlement de l’épineuse question de l’emploi, la progression du pouvoir d’achat pour les populations.
La quantité et la qualité des emplois pour les jeunes sont dépendantes du développement de l’agriculture dont la période d’activités est de trois voire 4 mois durant la saison des pluies, de la création et du renforcement d’une industrie performante et compétitive pour attaquer les marchés export, d’où la nécessité d’un modèle économique de substitution à celui adossé aux rentes issues de l’exportation brute de matières premières mal rémunérées et en proie aux spéculations des marchés boursiers internationaux.
Au-delà des investissements infrastructurels, le maître mot du développement de l’agriculture et de l’industrie est bien entendu la compétitivité. Les problématiques posées sont celles de savoir les réformes à mettre en œuvre pour produire aux meilleurs coûts des produits agro-industriels et industriels susceptibles de concurrencer ceux des entreprises chinoises et indiennes entre autres.
Où trouver les financements nécessaires aux investissements en capital matériel et humain ? Faudrait-il s’en remettre totalement à l’investissement direct étranger dépourvu d’apport en know-how apte à faire faire au pays des bonds technologiques ?
Le bien-être des populations, à relier à l’amélioration de leur pouvoir d’achat, dépend du rythme et du volume de la croissance de l’économie, et surtout de la politique redistributive au profit des populations.
De ce point de vue, l’utilisation à bon escient des ressources du budget devrait permettre de pourvoir aux besoins essentiels des populations dont le pouvoir d’achat est agressé par la hausse du coût des produits alimentaires, de l’électricité, des soins de santé et produits pharmaceutiques etc. Sans compter la hausse exponentielle des loyers.
Autre grande source de préoccupation pour tout président de la République : l’endettement public qui suit une courbe fortement ascendante. Selon le FMI, « La dette publique est estimée à 75 % du PIB, dont 67,5 % pour le gouvernement central. Le déficit des comptes courants s’est considérablement creusé en raison principalement de l’augmentation des factures d’importations. Les premiers signes d’un resserrement des conditions de financement sur le marché régional des titres publics appellent à la vigilance et à l’élaboration d’un plan de contingence ».
Dans ce contexte, l’institution financière de Washington prône « l’amélioration de la mobilisation des recettes fiscales et la rationalisation des dépenses publiques non prioritaires afin d’atténuer les pressions financières, tout en préservant la viabilité de la dette ». Les budgets publics sont lourdement lestés par le remboursement de la dette, en principal et intérêts.
Endettement public : le Sénégal en mode course-poursuite depuis l’indépendance !
Lorsque les montants empruntés ne sont pas utilisés de sorte à générer des capacités de remboursement correspondantes, cela déséquilibre les budgets et entraîne du surendettement, puisqu’on est obligé soit de demander la restructuration de la dette, soit de s’endetter à nouveau « pour payer la dette » ; ce phénomène de cavalerie financière a été constaté au Sénégal sur les eurobonds. En conclusion sur l’endettement public, il faut rappeler que depuis l’indépendance, le Sénégal est en mode « course/poursuite ».
Par le passé, lorsque l’endettement émettait des signaux d’alerte basés sur l’évolution du ratio « Endettement/PIB », et que les capacités budgétaires s’amenuisaient, le système était quasiment « réinitialisé » par des abandons de dettes, ou des réaménagements d’échéanciers de remboursements.
Aujourd’hui, l’endettement public est un phénomène mondial ; on note des ratios d’endettement dépassant les 100% du PIB aux USA, mais aussi en France, entraînant l’utilisation de la « planche à billets » et le maniement des taux d’emprunts obligataires par les banques centrales (via les taux directeurs) pour soulager les budgets publics.
Au regard de ce contexte, l’heure n’est plus pour les institutions financières internationales et les créanciers privés à envisager des initiatives du genre PPTE, mais plutôt à recouvrer les sommes dues.
Privés de planche à billets et faute de trouver des sources de financement à taux concessionnels (entre 0 et 1% de taux d’intérêt) et même difficilement des ressources financières du marché obligataire international (10%), il faudrait s’attendre à court terme à un recours de nos pays au FMI, comme ce fût le cas lors de la période de l’ajustement structurel des années 80.
Si d’aventure on était tenté de compter sur une capacité propre d’emprunt additionnelle permise par les revenus du gaz et pétrole, il faudrait savoir que les réflexions engagées au niveau des institutions financières internationales ne vont pas dans cette direction.
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, et Akinwumi Adesina, président de la BAD, ont conclu, lors d’un récent entretien, que « les prêts aux Etats adossés aux ressources naturelles sont non transparents, coûteux et de plus rendent difficile le règlement de la dette. Si la tendance se poursuivait, ce serait un désastre pour l’Afrique ».
Ils prévoient par conséquent de « parler d’une voix forte pour dire aux pays de ne pas ouvrir des voies à des prêts prédateurs et asservissants ».
Ce point de vue ne nous semble point évident non seulement parce qu’il met à mal le principe de souveraineté des Etats, mais surtout en ce qu’il met en doute la capacité des Etats à rembourser de leur propre chef, comme si ces prêts avaient pour finalité de financer des activités sans retour en termes de revenus.
A l’endettement public se rajoute la problématique de la transition climatique en Afrique dont l’effet majeur est de fermer à terme la porte aux énergies fossiles, en particulier à l’exploitation du charbon et du pétrole.
La raison avancée par l’institution financière est la suivante : « Bien que l’Afrique subsaharienne soit la région du monde qui contribue le moins aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle est la plus vulnérable face aux chocs climatiques »
« En outre, la demande d’énergie devrait augmenter fortement dans la région au cours des prochaines décennies. Suivre les mêmes sentiers de développement à forte intensité en carbone que ceux empruntés par d’autres économies risque de porter atteinte à l’effort mondial entrepris pour endiguer le réchauffement climatique » (FMI, 2021) .
Or, les investissements nécessaires à assurer une transition vers les énergies vertes sont réputés lourds
C’est pourquoi, dans une note sur les « perspectives économiques en Afrique subsaharienne », le FMI évoque la solution d’un financement « concessionnel » de l’action climatique en Afrique subsaharienne.
Faudrait-il alors s’attendre, à court terme, à un afflux de ressources financières longues vers l’Afrique pour assurer la transition mais également compenser les ressources pétrolières attendues du pétrole dont on serait amené à abandonner progressivement l’exploitation alors que les premiers barils sont escomptés en 2024 ?
Rien n’est moins sûr si l’on en croit Carlos Lopes, président de la Fondation pour le Climat en Afrique, qui informe que l’Afrique ne reçoit pour l’instant que 2 % des investissements dans le monde pour les énergies renouvelables.
par Idrissa Ndiongue
COMME DU DÉJÀ VU
Macky Sall peut s’appuyer à travers le gouvernement sur une équipe loyale sur laquelle il sait pouvoir compter. Qu’en sera-t-il du gain politique ?
A la lecture de la formation du nouveau gouvernement du Sénégal, il ressort que le président de la République, Macky Sall veut s’appuyer sur une équipe aguerrie pour accompagner son candidat désigné, Amadou Ba.
Il s’est efforcé, autant que faire se peut, de s’arc-bouter sur des piliers historiques de sa formation, tout en respectant les équilibres politiques de sa majorité. Un changement dans la continuité, avec quelques entrées remarquées donc.
Ce gouvernement est essentiellement fait de têtes connues, sur fond de dose de renouvellement, par quelques nouveaux visages. Un jeu de chaises musicales à outrance qui rappelle un peu le «Tournez manège» avec le sentiment de tourner en rond. En prenant son temps, Macky Sall a joué la montre pour anticiper sur la campagne présidentielle. Une stratégie déjà pratiquée dans les joutes électorales précédentes.
A quelques quatre mois de l’élection présidentielle, le camp du pouvoir n’a pas cru nécessaire de changer de politique et de pratique. Ce gouvernement s’inscrit dans la continuité avec en renfort certaines personnalités marquantes, du parti au pouvoir. Daouda Dia, frère du milliardaire Harouna Dia, intègre le gouvernement et hérite ainsi du portefeuille de l’Elevage. A travers ce choix, le président donne un gage de coopération sincère à son allié historique non moins bienfaiteur, dans les moments d’opposition, le richissime homme d’affaires Harouna Dia.
L’arrivée de Thérèse Diouf Faye au ministère du Développement communautaire, de la Solidarité nationale et de l’Equité sociale et territoriale contribue à canaliser la jeunesse de l’Apr. En effet, malgré quelques malentendus, avec une frange, elle demeure globalement très introduite, dans les différentes organisations de jeunesse du parti, où ses « poulains » occupent des positions stratégiques.
Les ministères régaliens sont tous confiés à des personnalités politiques de premier rang. Sidiki Kaba est nommé au ministère de l’Intérieur, entité chargée de l’organisation des élections, le ministère de la Justice revient à Aissata Tall Sall, département chargé de la proclamation des résultats de l’élection, Oumar Youm prend les rênes des Forces Armées, Doudou Ka est bombardé ministre de l’Economie, Ismaela Madior Fall est affecté aux Affaires Étrangères. Les alliés du Parti Socialiste (PS), de l’Alliance des forces du progrès (Afp) et du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), maintiennent leurs postes dans le gouvernement et Momar Samb du Rassemblement des travailleurs africains- Sénégal (RTAS) devient ministre auprès du ministre de la Justice.
Ce gouvernement de Ba 2 fait aussi preuve d’un certain équilibre, ou du moins d’une représentation des différentes forces politiques de la majorité présidentielle. Macky Sall peut ainsi s’appuyer sur une équipe loyale sur laquelle il sait pouvoir compter. Mais qu’en sera-t-il du gain politique ?
QUATRE MOIS POUR (CON)VAINCRE !
Le gouvernement Ba 2 sera l’un des plus éphémères. Il a quatre mois, six jours, selon le Pm, pour convaincre avec sa politique. Pour vaincre ses adversaires à la Présidentielle.
Le gouvernement Ba 2 sera l’un des plus éphémères. Il a quatre mois, six jours, selon le Pm, pour convaincre avec sa politique. Pour vaincre ses adversaires à la Présidentielle. Mais ceux qui sous-estiment ce temps oublient qu’ils sont nombreux à vouloir « goûter »- puisqu’on pense ventre avant tout- « Monsieur le ministre ! ». Regardez tous ces candidats, qui ne sont que déclarés, mais qui ont commencé à entendre « Monsieur le président ! ». Et ils finissent par croire qu’ils sont à un pas du fauteuil. C’est la folie de l’avant-pouvoir !
PAR Jean Pierre Corréa
MACKY POUTINE ET AMADOU MEDVEDEV FONT LEUR COMING OUT
Ce gouvernement a tout l'air d'être sorti uniquement de la seule tête de Macky. Ce n'est absolument pas un "gouvernement pour Amadou Ba", c'est un "gouvernement contre Amadou Ba", chargé par le chef de surveiller Amadou Ba
"L’art politique consiste à dompter la fortune en combinant la ruse et la force". Machiavel
4 jours de travail pour accoucher d'un tel gouvernement, il est tentant de dire que ce fut un très long accouchement.Certaines indiscrétions laissaient penser que le président de la République voulait laisser au Premier ministre le soin de prendre cette fois-ci « ses hommes de confiance » pour pouvoir disposer de ministres qui allaient descendre sur le terrain et mouiller le maillot pour lui permettre de gagner dès le premier tour du 25 Février 2024. Au final, se dessine la bizarre impression que ces "portes de l'histoire" qui devaient s'ouvrir devant lui pour avoir eu la sagesse, le 3 juillet dernier, de ne point briguer un troisième mandat, vont avoir à l'arrivée un aspect plutôt vermoulu. Il ne faut jamais mésestimer les traces que laissent les premiers émois politiques chez les hommes qui nous gouvernent, et notre président Macky Sall est comme marqué au fer des années qu'il a vouées au Trotskysme et aux penchants du complot que cette doctrine inculque à ses partisans. Quand on dit "complot", on pense "tambouille politique", souvenez-vous de l'hilarant "complot couché" puis "assis" d'un Mahmout Saleh qu'on avait laissé trop réfléchir tout seul dans un bureau.
Ce gouvernement aux allures de chaises musicales a tout l'air d'être sorti uniquement de la seule tête de Macky Sall. Ce n'est absolument pas un "gouvernement pour Amadou Ba", c'est même le contraire, c'est un "gouvernement contre Amadou Ba", composé d'hommes et de femmes dont la seule mission confiée par leur chef, sera de surveiller Amadou Ba comme du lait sur le feu. Cette équipe gouvernementale qualifiée abusivement de "combat" est faite d'éléments dévoués à Macky Sall, à qui la plupart doivent tout. Ce gouvernement est un "diakhass", un patchwork de tout ce qui a fait partie de ces deux mandats du président sortant, et on avait l'impression en regardant l'annonce de sa composition qu'Amadou Ba était le Secrétaire Général du gouvernement qui annonçait le gouvernement du président Macky Sall. Ces permutations faites pour faire oublier les difficultés des uns et des autres dans le traitement de leurs dossiers respectifs, font se croiser Ismaïla Madior Fall et Aïssata Tall Sall, déposent un fidèle parmi les fidèles Antoine Diome au stratégique Gaz et Pétrole, éloignent l'inutile et invisible Oulimata Sarr de l'Économie pour y mettre le surprenant Doudou Ka, et sont timidement justifiées par la poursuite d'un Plan Sénégal Emergent, dont les résultats sont loin d'être tous à la hauteur du Yonnou Yokkuté promis.
Amadou Ba sans panache...
Que le Premier ministre n'ait point démissionné lorsqu'il a été désigné comme candidat de Benno Bokk Yakaar est la première grosse faiblesse d'un candidat, qui ne se donnera point les moyens, planqué derrière l'artillerie financière de son camp, avec toute la suspicion d'entorse à l'éthique qui va avec, d'aller à la rencontre de son peuple avec ses énormes moyens personnels, ce qui à n'en point douter aurait eu "plus de gueule" et de panache, et dont le risque sera de se trouver à la merci de n'importe lequel des candidats qui aura fait preuve d'audace et d'élan nouveau, comme le fit en 2012 un certain...Macky Sall.
Lorsque l'image d'un président sortant, accueillant son Premier ministre encore en service, aux portes du Palais de la République, pour lui confier les rênes du Sénégal, fera étrange dans nos réflexions citoyennes, nous serons nombreux à penser à un scénario à la "Poutine-Medvedev", juste mis en place pour préserver le "Clan Sall-Faye" au pouvoir, puisque l'autre aveu de statu quo est la reconduction de "Monsieur Mansour Frère", peut-être envisagé comme futur Premier ministre du président intérimaire, histoire de préserver la dynastie Faye Sall de toutes mauvaises surprises de reddition de comptes.
Equipe gagnante ou prête à perdre?
Pourtant, la situation d'une opposition qui semble avoir perdu l'espoir de voir Ousmane Sonko participer à la présidentielle ne devrait pas faire croire à la coalition BBY que c'est déjà plié dans les urnes et qu'il sera facile de faire le "un coup-ko" comme ils l'affirment avec une prétentieuse assurance. Jamais élection au Sénégal n'aura été aussi ouverte et justement propice à un débat sur l'avenir du Sénégal, confronté au suicide honteux de sa jeunesse dans les eaux des océans, à une pauvreté endémique, et dont la population émet souvent un profond rejet, à la limite du dégoût d'une classe politique kleptocrate et subitement enrichie sans cause et à milliards, tous faits confondus qui pourraient la pousser à choisir le "Tout Sauf Ba", et à opter pourquoi pas pour des hommes jeunes et neufs, qui n'auront pas fait de la politique leur gagne-pain, et qui remettront à l'ordre du jour et des choses, des valeurs éthiques qui ramènent la concorde et l'idée d'un Sénégal pour tous.
L'opposition ne manque pas de tels hommes, le monde des affaires et des capitaines d'industries non plus.
Le Sénégal mérite mieux qu'une passation de services rendus, et a tout à gagner à ce que tout ce que notre pays compte de talents et de compétences nous conduise à l'exigence d'un débat qui nous éloignerait des aventures déstabilisantes qui foisonnent dans nos régions plutôt proches.
Le Sénégal est encore disposé à faire passer Macky Sall entre les portes de la grande Histoire...
C'est à nous de voir... Mais à lui de choisir.
par Amina Touré
TOUT ÇA POUR ÇA PENDANT QUE LES SÉNÉGALAIS SONT LAISSÉS À LEUR SORT
Sidiki Kaba, au poste de ministre de l’Intérieur en charge des élections est un mauvais signal. Ismaila Madior Fall aura quitté son poste sans jamais élucider la mort des nombreux jeunes manifestants
A quatre mois de l’élection présidentielle, le président Macky Sall a cherché pendant des jours la formule-miracle pour éviter la débâcle annoncée de son candidat Amadou Ba en février 2024. Il ne l’a visiblement pas trouvé puisqu’il a dû se contenter d’un jeu de chaises musicales, interchangeant les uns et les autres. La nomination d’un politicien affiché et affirmé, Sidiki Kaba, au poste de ministre de l’Intérieur en charge des élections est un mauvais signal.
C’est l’occasion d’appeler la Direction Générale des Elections et l’Administration de manière générale à rester républicaine et à ne point exécuter toute instruction partisane tendant à favoriser le Premier ministre-candidat Amadou Ba et à éliminer des candidats de l’opposition. De toute urgence, l’opposition devra s’unir pour imposer immédiatement un processus électoral transparent et inclusif.
Contrairement à ses déclarations récurrentes, l’ancien ministre de la Justice Ismaila Madior Fall aura quitté son poste sans jamais élucider la mort des nombreux jeunes manifestants. Il ne faudra pas s’attendre à mieux de la part de sa remplaçante Aissata Tall Sall qui avait déclaré sans sourciller qu’il pourrait s’agir de … cas de légitime défense des forces de l’ordre !
Alors que les sénégalais sont abandonnés à leur triste sort, entre flambée des prix incontrôlable, coupures d’eau interminables et factures d’électricité assomantes, il est impératif que les démocrates et l’opposition se mobilisent pour mettre définitivement fin au régime en place en battant à plate couture Amadou Ba afin d’ouvrir des perspectives de changement véritable pour les Sénégalais.
Par Fadel DIA
IL N’Y A PAS QUE LE HAMAS A GAZA !
Quand c’est Israël qui est en cause les démocraties d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, leurs institutions parlementaires, leurs partis toutes tendances confondues, leurs médias, la majorité de leurs opinions et la plupart de leurs intellectuels …
Quand c’est Israël qui est en cause les démocraties d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, leurs institutions parlementaires, leurs partis toutes tendances confondues, leurs médias, la majorité de leurs opinions et la plupart de leurs intellectuels … sont sans nuance: l’état hébreu a toujours raison, sur tout et contre tout le monde, y compris contre l’évidence.
Ils s’interdisent donc, et interdisent au reste du monde, de rouvrir le lourd casier judiciaire de l’état d’Israël depuis sa création, fait d’expulsions de populations de leur sol natal (comme cela se fait aujourd’hui dans le Haut Karabakh au grand dam des Européens),de spoliations de terres agricoles, de destructions d’habitations à la dynamite, de liquidations et de massacres plus ou moins sommaires (près de 6500 Palestiniens tués entre 2008 et 2023, contre 300 Israéliens dans le même temps) , d’assassinats ciblés (Cheikh Yassine paraplégique abattu à l’aube à la sortie de la mosquée en même temps que ses accompagnateurs), de punitions collectives, d’enlèvements d’opposants (y compris dans des hôpitaux), d’emprisonnements sans procès (12.000 Palestiniens dans les geôles israéliennes) d’actes de torture morale et physique, de mise en quarantaine de villes et de villages entiers…Pour que ces actes délictueux et ces crimes ne soient pas jetés en pâture et ne servent à faire mieux comprendre le désespoir qui conduit ,quelquefois, les Palestiniens à des actes condamnables, on interdit les manifestations pro palestiniennes (qui sont des manifestations en soutien aux Palestiniens et non pour défendre la cause du Hamas !),et on encourage, quand on ne suscite pas, celles qui sont menées en faveur du gouvernement d’Israël…
Quand les Russes bombardent les villes ou villages d’Ukraine, les médias occidentaux sont aux cotés des victimes ukrainiennes, témoignent des violences qu’elles ont subies, rendent compte de leurs besoins en nourriture et en médicaments, montrent les dégâts qu’elles ont subis …Quand les Israéliens font tomber sur Gaza un déluge de feu autrement plus dévastateur que celui subi par les Ukrainiens, ils mènent leurs investigations du côté de l’assaillant, donc en terre israélienne, témoignent de la douleur et de la colère des victimes israéliennes et expriment leur compassion. Le résultat c’est que si l’on sait précisément l’ampleur du désastre subi par les Israéliens, on ne sait pratiquement rien du sort des Gazaouis, alors que ceux-ci ont reçu en une journée et de l’aveu même des Israéliens, plus de 500 bombardements sur un petit territoire totalement urbanisé où la densité de la population est l’une des plus fortes du monde
Israël se dit en guerre, mais même les guerres ont des lois, des règles fixées par la communauté internationale et qui protègent les populations civiles et qu’il bafoue impunément, comme il a toujours bafoué les résolutions de l’Assemblée Générale des Nations Unies à laquelle il doit pourtant son existence. Il s’agit désormais de savoir si l’objectif du gouvernement israélien est d’éliminer de la scène politique le Hamas, qui aurait déjà perdu 1500 combattants, ou de rayer Gaza et ses habitants de la carte. Le petit territoire qui est sous blocus ou sous embargo israélien depuis plus de 55 ans, n’a plus depuis plusieurs jours ni eau, ni électricité ni nourriture, ni médicaments et cela n’émeut nullement les pays occidentaux qui annoncent la suspension de leur aide humanitaire, ce qui représente une double peine pour une population qui n’a plus aucun recours. Si le Hamas a sa base et ses combattants à Gaza, il n’y a pas que le Hamas à Gaza, il y a près de 2.500.000 hommes, femmes et enfants qui, depuis des décennies, tentent de survivre dans cette prison à ciel ouvert, certains sont déjà ensevelis sous les bombardements et ceux qui sont encore en vie étouffent sous la poussière, ne dorment plus, même en se bouchant les oreilles, ne mangent plus, ne peuvent plus aller se soigner parce que les hôpitaux manquent de médicaments et de personels ainsi que de fuel pour s’éclairer et faire fonctionner leurs appareils
Il y aurait, dit la presse occidentale,1200 morts à Gaza !Non seulement elle est mal placée pour fournir les bons chiffres, mais surtout elle est , et de très loin, au-dessous de la vérité .Ce ne sont pas seulement des installations militaires ou para militaires qui ont été détruites à Gaza, ce sont des maisons et des immeubles de plusieurs étages, peuplés d’hommes, de femmes et d’enfants qui ne sont pas des combattants, ce sont des infrastructures sociales et culturelles qui ont été écrasées par les bombes et la plupart du temps sans sommation. Si l’Occident continue à faire de la surenchère et à pousser Israël à punir les Palestiniens sans distinction, si les autorités israéliennes continuent à prêcher la violence, à tenir un discours méprisant à l’endroit de tous les Gazaouis et à les traiter « d’animaux qu’il faut combattre comme des animaux », il n’est pas exclu, au rythme où se poursuivent les bombardements, qu’il y ait sous les décombres des dizaines voire des centaines de milliers de morts « d’animaux ». Ce sera alors le plus terrifiant massacre humain de l’Histoire depuis l’assaut lancé par les Mongols contre Bagdad en 1258 !