SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
28 novembre 2024
Opinions
PAR Pierre Sané
LE FORCENÉ ET LE TRIBUNAL
En matière de droits humains, notre pays vit présentement un désastre que j’ai rarement expérimenté tout au long de ma vie d’engagement et de compassion pour les victimes de l’arbitraire et de la brutalité des États
Au Sénégal, le président de la République maintient Ousmane Sonko dans les liens de la détention sur la base de charges hautement fantaisistes.Or nous savons que cette détention n’est que la énieme manifestation d’un acharnement obsessionnel sécrété par l’angoisse d’une fin de règne annoncée : la perte du pouvoir en février 2024 et la fin de l’impunité.
Pis, quand le président de la République pousse sournoisement Ousmane Sonko à la mort, il commet la plus grande faute inexcusable (2) de toute sa vie politique. Une faute que le peuple sénégalais et l’Afrique toute entière (avec sa diaspora) ne lui pardonneront jamais ou qu’il aille et quoiqu’il fasse dans le futur.
Les tribunaux populaires africains quand à eux ont déjà unanimement tranché : coupable !
En effet, pour beaucoup d’Africains Macky Sall a déjà rejoint le camp des « pestiférés », le camp de ces présidents africains jugés, condamnés et emprisonnés pour des crimes abominables commis contre leurs propres peuples. Me viennent à l’esprit Moubarak, Ben Ali, Charles Taylor, Hissen Habré.. Ou de ces « pre-pestiférés » qui se morfondent dans un exil honteux et dans la hantise d’être rattrapés par la justice des hommes. Citons entre autres Blaise Compaoré, Yaya Jammeh, Alpha Condé.
Pire, quand on se remémore Thomas Sankara, on pense toujours à son bourreau le « beau Blaise ».Toujours ! Idem pour Lumumba et Mobutu. Ou pour Ernest Ouandié et Ahidjo. Ou encore Oumar Blondin Diop et Leopold Senghor. Malheureusement, la progéniture de ces bourreaux risquera d’être indexée elle aussi.
Si Sonko (ou tout autre prisonnier politique) meurt en prison ou après libération, ce sera le seul fait à retenir de la présidence de Macky Sall. Une marque indélébile d’infamie. Et rien d’autre si ce n’est le mandat du mal. Y compris pour sa descendance qui devra vivre dans l’ignominie d’un tel héritage.
En matière de droits humains, notre pays vit présentement un désastre que j’ai rarement expérimenté tout au long de ma vie faite d’engagement et de compassion pour les victimes de l’arbitraire et de la brutalité des États.
Au Sénégal nous avons aujourd’hui :
- plus de 1 500 détenus politiques.Trois fois plus qu’en Russie ! (3). L’Afrique du sud au pic de l’apartheid détenait 5 000 prisonniers politiques avec une population 4 fois supérieure à la nôtre. Et sans aucune prétention à appartenir au club des démocraties ;
- plus de 60 exécutions extrajudiciaires de jeunes manifestants en deux ans. Tous tués par balles réelles. Toutes enregistrées auprès des Nations Unies (4). Pas une seule enquête ouverte ! Ce qui bien sûr interpelle la CPI ;
- au moins deux disparitions forcées, (de gendarmes casamancais) probablement suivies d’exécutions extrajudiciaires. Le seul pays africain en 2022. Où en est l’enquête ?
- la torture qui se réinstalle renforcé par le retour de nos anciens tortionnaires avec leurs conseils français et israéliens ;
(Voir les inquiétudes des agences de l’ONU). Je rappelle que la torture est un crime international et que les tortionnaires peuvent être jugés partout. Et ils le seront.
- l’interdiction systématique de toute manifestation,
protestation ou expression de mécontentement (contrairement au Mali et au Burkina Faso pourtant supposés avoir versé dans la dictature) ;
Et maintenant le régime en est à traquer les chants de soutien à Ousmane Sonko dans les stades du pays. Que n’a-t-on pas dit à propos des effets du ridicule ?
Après les chanteurs, vont-ils nous couper les oreilles ?
- la dissolution de parti politique (seul pays en Afrique), faisant ainsi de l’expression politique dissidente une illégalité ;
- la déportation arbitraire d’une centaine de Guinéens lors des émeutes de juin 2023, en dépit des conventions de la CEDEAO. Et l’on s’étonne que la Guinée nous en veuille au point de suspendre sa participation à l’OMVS ;
- le harcèlement et l’emprisonnement à tout va de journalistes d’activistes et même d’« influenceurs » et autres rappeurs.
Tout cela s’inscrit dans la catégorie des « attaques généralisées » contre la population prévu dans les statuts de la CPI.
Et tout aussi grave sinon plus grave, la menace « d’intervention » au Niger, crime d’agression s’il en est, sanctionné par la Cour pénale internationale en son article 8. (voir notes). Le grand danger dans les régimes aux abois, c’est le triomphe de la bêtise.
Au lieu d’éveiller les Sénégalais et la jeunesse vers des lendemains qui chantent, Macky Sall a sciemment choisi de les faire déchanter. De leur faire renoncer à leurs rêves d’un Sénégal meilleur. Renoncements qui les contraignent à emprunter les chemins de l’émigration irrégulière. Encore pire, il tente d’éliminer celui-là même qui est porteur d’un espoir de changement : Ousmane Sonko. Étouffer l’espoir d’un peuple ? Ca devrait être un crime contre l’humanité.
Oui, « il est des hommes plus injustes que le mauvais sort. Ils te condamnent sans procès et te livrent aux enfers avant que tu sois mort » (5)
Ainsi donc, tel un forcené, Macky Sall fonce droit dans le mur. Or nul ne peut convaincre un forcené d’agir contre sa vraie nature. Peine perdue.
Assurons-nous seulement et organisons-nous pour que derrière ce mur se dresseront le Tribunal Pénal International (Statuts en 6) et des tribunaux de toutes les nations tenues par le principe de la compétence universelle. En appui au Tribunal africain des peuples.
Notes
1. Un forcené est un être méchant dénué de toute capacité d’écoute
L'AVENIR DE L'AFRIQUE PASSE PAR UNE ÉMANCIPATION DES PEUPLES
Le logiciel de Paris nourrit une ethnologie et une anthropologie politique d’un autre âge qui donnent de l’Afrique et des Africains une vision erronée. Il y a le refus de sortir d’une matrice néocoloniale, alors que les faits nous y incitent
À une époque pas si lointaine, l’État français aurait déjà déclenché une opération militaire extérieure pour rétablir ses intérêts au Niger. Il a bien tenté de montrer ses muscles au lendemain du coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum, en appuyant les dirigeants les plus réactionnaires et va-t’en guerre au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Tout cela a fait pschitt.
Les peuples ne veulent pas de guerre, et ils l’ont dit dans toute la sous-région. Une guerre contre ce pays parmi les plus pauvres du monde, au sous-sol pourtant si riche, aurait été un désastre. Même les Américains l’ont compris. Le monde a changé, l’Afrique encore plus.
Des prises de conscience s’opèrent, particulièrement dans la jeunesse, avec une aspiration à une sorte de deuxième indépendance, et en corollaire un rejet grandissant de la politique française et de ses irritants que sont l’armée française, le franc CFA et… l’arrogance de ses dirigeants. Ce rejet est accompagné d’une exigence de souveraineté et d’une volonté de diversifier les partenariats économiques et militaires.
N’était-ce pas prémonitoire quand Emmanuel Macron disait « Il n’y a plus de politique africaine de la France », le 28 novembre 2017 à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou ? En Afrique, la France sans ligne directrice patauge et s’enfonce.
S’il est évident que dans les batailles d’influence actuelles, les désinformations sont légion, la parole de Paris est d’emblée suspectée, à tort ou à raison. Malgré son impuissance grandissante, elle reste enfermée dans un logiciel devenu inopérant, pour ne pas dire contre-productif.
C’est le résultat d’une cécité, d’un fonctionnement vertical de nos institutions, où la politique est décidée à l’Élysée, avec une diplomatie impuissante et des militaires omniprésents à qui on demande d’apporter des solutions politiques. Ce logiciel nourrit une ethnologie et une anthropologie politique d’un autre âge qui donnent de l’Afrique et des Africains une vision erronée, l’opération « Barkhane » symbolisant le mieux cette logique. Il y a le refus de sortir d’une matrice néocoloniale, alors que les faits nous y incitent depuis longtemps.
Quatre-vingt-quatorze parlementaires, issus pour l’essentiel de la droite, ont appelé récemment, dans une lettre ouverte au président de la République, à refonder la politique africaine de la France. Sans faire une seule proposition.
Ce n’est pas l’avenir des peuples africains qui semble les inquiéter, mais davantage la perpétuation de certains intérêts. « Nous ne nous résignons pas à notre disparition progressive de l’ensemble du continent ! », assènent-ils. Le coup est dur en effet pour ceux qui ont soutenu, il y a dix ans, un rapport sénatorial au titre évocateur : « L’Afrique est notre avenir… »
L’avenir de l’Afrique est d’abord celui des Africains. Il faut écouter les peuples. C’est ce que disent le PCF et ses parlementaires, engagés pour la fermeture des bases militaires françaises en Afrique et l’émancipation politique, économique, monétaire des peuples d’Afrique.
Le retrait des forces armées françaises et l’abandon du franc CFA permettraient d’améliorer la stabilité de la région sahélienne.
Par Félix Atchadé est membre du collectif Afrique du PCF.
Quelle erreur de perception a commis ce pouvoir que d'avoir pu penser qu'un candidat désigné par le président serait préféré aux candidats audacieux et volontaires seraient plus attrayants et attractifs qu'un messie de connivence
La destinée du Sénégal méritait mieux qu'un coq'o...falo...la poule a pondu
L'avenir de notre pays s'est-il joué sur un désinvolte "Sekho...Falo...Guinar bou nenn ?
Le Sénégal et les Sénégalais, entraînés et conditionnés par les journaux de notre pays ont retenu leurs souffles dans l'attente, irrespirable du choix présidentiel devant indiquer aux Sénégalais l'homme sur lequel reporter leurs suffrages le 25 février 2024.
La fumée blanche a surgi des fenêtres du palais de notre République, sous les caméras partisanes de notre RTS, et les manants de Ndoumbélane se sont écriés : "Habemus Candidam"! Quelle erreur de perception, a commis ce pouvoir sur la fin que d'avoir sérieusement pu penser qu'un candidat choisi et désigné par le chef de l'État serait préféré aux candidats audacieux et volontaires, qui certainement animés de valeurs et d'un patriotisme sans majuscule prétentieuse et superflue, seraient plus attrayants et attractifs, qu'un messie de connivence.
Il convient d'abord de préciser qu'en 2012, si Macky Sall a été élu, c'est qu'il n'avait justement pas été désigné et que seuls son courage et son audace avaient alors concouru à son indiscutable triomphe. Cette réflexion qui pointe avec sagacité cette particularité de la désignation devrait nous faire comprendre que toute cette agitation mystérieuse autour du choix de Macky Sall pour tel ou tel homme devant mener sa coalition au combat électoral n'était en fait que grossière manipulation des populations auxquelles il fallait faire croire que des fenêtres du palais de la République sortirait la fumée révélant le sauveur de notre Sénégal.
Nous ne devrons jamais oublier que l'élection présidentielle n'est que la rencontre d'un homme avec son pays et qu'il est préférable de choisir l'homme volontaire, audacieux et ambitieux pour son pays que celui dont l'unique mérite aura été d'avoir été choisi par celui qui, ayant ouvert la grande porte de l'histoire, risque de voir celle-ci se refermer en cas de défaite de l'homme qu'il aura eu à désigner, dans la douleur certes, mais en toute responsabilité. C'est là que le choix de Macky Sall est dangereux pour lui. Et pour notre pays que nous avons tous en commun, le Sénégal. Les enjeux cruciaux et colossaux qui sont proposés aux hommes et aux femmes désireux de présider à sa destinée, commandent à leur raison que notre pays est au-dessus de leurs vénielles et souvent vénales ambitions.
Une élection présidentielle n'est pas un concours de Miss ou de monsieur Univers
Quel est-ce Sénégal qui est considéré par tous ces énergumènes et farfelus, comme étant tombé si bas et vierge de toute grande histoire pour que tout ce monde biberonné au buzz puisse s’autoriser, parce que s'étant fabriqué de vagues états de services ou des titres académiques bidons, à se porter candidat à la présidentielle?
La pratique politique est viciée dans ce pays par des chômeurs professionnels ou des gens qui n’arrivent pas à se réaliser et qui trouvent que la politique reste le moyen le plus rapide ou le plus commode pour accéder à l’honorabilité sociale et à ce qu'ils considèrent comme des richesses qu'il convient de se partager.
Le stratagème est simple, il a fait le lit de nos déboires actuels et tous ces candidats-bouffons ne le sont que pour pouvoir s’asseoir à une conférence de leaders supposés, participer à investir un candidat et bénéficier d’un retour d’ascenseur une fois que celui-ci remporterait l’élection présidentielle. Ce système qui a fini de mettre le Sénégal sous la coupe réglée de politiciens professionnels, a permis à des personnes d'être nommées à des emplois publics sans le moindre mérite, ni qualification professionnelle. C'est ce qu'on appelle "Le bal des tocards". Ne perdons donc pas de temps à en dresser la liste et regardons plutôt quels hommes sont animés de cette flamme qui attirerait les Sénégalais à se laisser imprégner par leur audace et leurs propositions nouvelles et pour le coup entraînantes vers le choix qui nous est offert de pouvoir enfin et pour la première fois, élire un homme au lieu d'avoir à le chasser comme à l'accoutumée.
Quand va-t-on sortir de cette singulière incongruité qui veut qu'au Sénégal, nos hommes politiques soient toujours plus riches que les entrepreneurs, capitaines d'industries, et chefs d'entreprises qui font le PIB de ce pays ? Hormis la réserve faite sur le modus operandi de sa communication qui donnait l'impression que les informations publiées ça et là lors de sa mise en orbite politique, étaient plus du ressort des services commerciaux des organes, journaux, radios et télés en question, il est ahurissant que madame Anta Babacar Ngom ait pu débouler dans cet espace politique bruyant et dédié seulement au brouhaha qui empêche d'aller dans la profondeur des choses et susciter une certaine curiosité de la part des Sénégalais, saoulés par les concours d'incurie proposés depuis des décennies par une classe politique à bout de souffle et surtout d'idées propres à redonner le goût du rêve à nos filles et fils, qui ont fait de l'Atlantique et de la méditerranée un sinistre et funeste mausolée, que leurs incantations ont contribué à peupler de cadavres.
Un Désir de rêver au possible est une ambitieuse exigence
Le vainqueur de la tombola électorale organisée par Benno Bokk Yakaar, Amadou Ba, désigné plus pour avoir dans l'opinion l'image d'un homme déjà richissime, donc de ce fait rassurant pour les Sénégalais dopés au "tekki coûte que coûte", peu en ayant importé les moyens, devra proposer au peuple Sénégalais un allant plus sexy et moins engoncé dans ses boubous qui semblent raidis par on ne sait quelle gaine, et conjurer le sort contrariant qui ne l'a pour l'instant fait goûter qu'à d'amères défaites électorales.
Le premier de ses panaches à nous proposer serait de démissionner de la Primature et d'aller éprouver ce risque et ce bonheur d'établir un lien fort entre lui et les Sénégalais avec ses deniers propres, qui n'auraient pas l'odeur du coffre de la caisse noire qu'il viendrait fermer en quittant son poste. On peut dire que ça aurait vraiment "de la gueule". Et voir le président de la République sortant, dans ses habits de directeur de campagne, manipuler les fonds propres de son ancien ministre, mis au service de la victoire de son camp, serait pour nous un plaisir de fin gourmet, à apprécier jusqu'à l'extase...
Ne nous laissons cependant pas duper par les rebellions des exclus et leurs mouvements de mentons, que "plouf-plouf pour plouf-plouf", ils méritent autant que le lauréat de vouloir présider à notre destinée.
Soyons sérieux un instant... Tous ces candidats aussi saugrenus que désinvoltes, dont pour l'instant n'ont eu pour seul mérite que d'avoir été nommés à des stations, comme on dit juteuses, et qui comme monsieur El Hadji Mamadou Diao, de son vrai nom, mais moins funky que le sautillant Mame Boye, qui a encore un Wikipédia en construction, qui a l'outrecuidance de nous dire publiquement et sans frémir de honte, après seulement quelques années aux Domaines, que ses enfants ont de quoi vivre jusqu'à leurs morts, donnent à l'image de la politique telle qu'elle est exercée chez nous, un goût à faire vomir. Ils vendront s'acheter des strapontins rédempteurs qui les mettront le moment venu à l'abri de poursuites en cas de reddition des comptes. Le virer c'est à la limite du mesquin, lui demander des comptes aurait été plus annonciateur de nouvelles conduites espérées du futur gouvernement qui est sensé accompagner Macky Sall vers une sortie que beaucoup de Sénégalais attendent glorieuse en avril 2024.
L'opposition aussi a des espoirs à semer, avec ou sans Ousmane Sonko, autour d'un commun désir de gouverner autrement, pour de nouveau faire revenir la concorde et le beau projet qui nous unissait d'un Sénégal en paix. Il faudra trier "les bons grains des ivresses du pouvoir", parce que tout ne se vaut pas et qu'il sera bientôt temps de considérer qu'il est urgent de remettre les pendules à l'heure, pour que les bonnes montres nous indiquent enfin la bonne et surtout la même heure.
Et plutôt que de regarder avec anxiété ce qui se passe dans cette Afrique turbulente, posons nos regards sur des pays comme le Bénin, le Ghana, où des hommes ont su prendre les risques nécessaires pour développer leurs pays, parce que sachant déjà ce qu'est un risque à prendre, comme ils en avaient toujours pris avec leurs propres deniers et leurs seuls enthousiasmes, guidés par la justice de leur management, scellé dans la foi, l'empathie et la hantise de la honte et de l'indignité. Ces hommes-là ont souvent la particularité motivante d'être nés avant la honte. Et ça change tout. Face à des hommes "choisis" et nés souvent après la honte, des senteurs de changements diffusés par des hommes nouveaux, peuvent renverser tous les plans prévus dans la connivence par des hommes qui ne s'étaient pas imaginé que le Sénégal était devenu, sans qu'ils ne s'en aperçoivent, un pays mature peuplé de vrais "nandités", dans le plus gratifiant sens du terme, "ceux à qui on ne la fait plus" et dont l'avenir ne se joue pas à "plouf-plouf".
par Ibou Fall
UN MONOGAME DE PRÉFÉRENCE
Un politicien fidèle à sa parole et à sa femme, ça ne court pas les rues. Et je dirais même plus : en croiser un est rarissime ! Quant au polygame, toutes catégories confondues, c’est mission impossible…
À l’endroit de ceux qui se trouvent trop beaux quand ils se mirent de bon matin, dont la chair est manifestement faible au regard de leur petit conglomérat matrimonial et leurs appétits libidineux incontrôlables : un trompeur reflet dans le miroir n’est pas une raison suffisante pour briguer le suffrage des Sénégalais à la fonction présidentielle.
Concernant donc la consigne de vote ultime à la présidentielle de 2024, vous voulez mon avis ? Je vous le donne quand même : le monogame absolu, de préférence…
Un politicien fidèle à sa parole et à sa femme, ça ne court pas les rues. Et je dirais même plus : en croiser un est rarissime ! Quant au polygame, toutes catégories confondues, c’est mission impossible…
J’avoue, toute honte bue, que ces pessimistes considérations sur le genre humain me viennent d’un incurable traumatisme : le destin si incertain du Gabon après le bilan, pardon, la saga du, euh, regretté Omar Bongo Ondimba, un mètre cinquante-et-un sans ses talonnettes, après trente-deux ans de règne sans partage sur son p’tit émirat équatorial, ses trente-trois épouses et concubines, ses cinquante-quatre enfants…
En appétits, la taille ne compte pas !
Je me demande sans trouver de réponse depuis la renversante découverte de la smala du sublime Gabonais, comment ça trouve du temps à consacrer aux affaires de l’Etat, quand ça trône au-dessus d’un harem et d’une ribambelle. Il y faut, certes, de l’ego, de la volonté, du nerf et du jarret, mais surtout cette fantastique légèreté de l’être éminemment épicurienne.
La preuve par cent qu’il vous faut à tout prix éviter de multiplier les mariages quand le destin de votre pays est entre vos mains plutôt qu’entre vos cuisses ? Dans les royaumes autochtones que les toubabs traversent lors de leurs premiers pas en terre sénégalaise, ça épouse à tout va, ça multiplie les rejetons jusqu’à la débandade absolue, au point qu’il n’y ait plus la moindre place même pour un dernier sursaut d’orgueil sous la ceinture.
Tant de génie et une si belle énergie gaspillés à se disperser en épousailles et cochoncetés, au lieu de monter des armées de métier, construire des villes-forteresses capables de résister à l’envahisseur, déifier la science, sublimer le savoir, susciter la recherche, impulser l’initiative, créer du bien-être, pour ne pas parler d’inventer du bonheur sur ses propres terres et au-delà.
En résumé, avoir le génie, l’ambition et le temps de conquérir la planète.
Ça fait si longtemps que, nous autres Sénégalais, résistons à l’appel de l’abîme : Senghor et Colette, Diouf et Elisabeth, Wade et Viviane, Macky et Marième. C’est clair : des femmes de poigne tiennent et entretiennent le Palais jusque-là… Imaginez une seconde les incalculables propositions indécentes auxquelles un austère chef de quartier doit résister et multipliez les diaboliques tentations par l’exponentielle dimension de chef d’Etat.
On se calme.
Envisageons cependant le scénario du pire pour la prochaine présidentielle… Comme dirait un de mes téméraires anciens collaborateurs que je ne nommerai pas, chauffeur de fonction et polygame épanoui, qui en revendique, alors au sommet de sa gloire, «quatre et une de secours» : en 2024, nous portons au pouvoir un polygame assumé.
Pause pipi.
Le brave candidat en déclare quatre. Pas de doute, l’énergumène a des instincts suicidaires et semble hyperactif la nuit… A la louche, ça suppose que la «âwo», traduisez la première, est le symbole achevé de la respectabilité. Certes, une mocheté discrète et soumise, de souche tolérable, coincée mais irréprochable. Impossible de la virer : ça fait désordre et ingratitude dans l’opinion. La brave mère de famille, entre deux pèlerinages, est reçue avec déférence dans les milieux religieux, présentée comme la marraine attitrée du Premier ministre qu’elle impose à son polygame de compagnon lors de ses brefs moments de repentir, et envoie des messages subliminaux à la Primature au sujet de l’orthodoxie de la politique gouvernementale. Le chef des Armées ne peut que la saluer avec déférence. Pensez-vous : on ne défie pas la Générale du Général, lequel a plus peur de leurs nombreux enfants que de leur génitrice.
La deuxième, «niârêl» en langue indigène, à n’en pas douter, est une féministe contrariée, forte tête aux rondeurs voluptueuses, et serait plus que canaille au fond de l’alcôve. Signe distinctif : les crocs de ses ambitions rayent les parquets de ses domiciles de location avant le sacre. Elle serait plutôt celle que le cabinet du Président redoute au plus haut point. Dans ses manches, elle abrite les renseignements généraux ; à ses heures perdues, la vigilante mégère consulte les fiches d’audience de l’infidèle officiel quand elle ne surveille pas le préposé aux fonds politiques. C’est à elle que le ministre de l’Intérieur rend compte, s’il tient à durer à son poste. Le patron du département des Finances, pour sa part, n’ose pas snober ses protégés, tandis que celui du Commerce multiplie les propositions indécentes envers ses proches.
Si ça n’était que ça…
La troisième, «niètêl» chez le commun des mortels sénégalais, notre chef suprême de la magistrature et des armées en devient fou parce que c’est le havre de paix fait femme. On s’y pose, s’y repose, s’y relâche, s’y laisse aller… Ses câlins, ses bisous et ses massages font jaillir les confidences, que dis-je, vomir les confessions, valdinguer les secrets d’Etat que même sous la torture, un patriote indécrottable ne lâcherait pas. Mais voilà… Seuls les griots et les agents de renseignements généraux sont au parfum de la romance et fréquentent la trop douce et ingénue bonne femme.
Elle est la source et la base de travail parfaites pour racketter les officiels en chute d’estime au Palais. Et puis arrive la quatrième. La «nientêl» comme on dit chez nous. Son histoire ? Engrossée un soir de solitude absolue par la malédiction d’une capoté crevée, elle débarque six mois après la sordide galipette en poussant du ventre : pour priver d’un scandale facile les journaux «people», notre lubrique Casanova de pouvoir l’épouse en catimini en envoyant un oncle dépenaillé avec son kilo de noix de colas bien trop striées pour être officielles. C’est elle qui fait la fierté des cousines trop éloignées et des cousins de campagne qui peuvent tout de même se vanter d’avoir une ouverture dérobée à la Présidence.
Pour vous éviter un stress inutile, je vous épargne des tribulations de la gent des « secours », comprenez les maîtresses attitrées, logées aux frais du contribuable et qui vous font des bâtards même par éprouvette, bien après que le queutard de Président aura jeté le caleçon, en conséquence de l’affligeante démission de son muscle central.
Vous voyez bien qu’avec tout ça, durant tout un quinquennat, les affaires de la République n’ont de place que pendant les heures de crime, alors que les honnêtes gens dorment du sommeil du juste.
En ce qui me concerne, je me méfie d’instinct de quelqu’un dont le sabador est accroché quelque part chez la âwo, le diàmpoutt suspendu chez la niârêl, le tiâya plié sagement dans l’armoire de la niètêl et les marâkiss sur le seuil de la chambre de la nientêl. Quant aux projets de décrets en souffrance, pour les rassembler, il faut faire le tour des maisons, avant de débusquer l’impétrant chez sa concubine, la fameuse «secours», pour qu’il daigne les parapher.
Mais vous êtes libres de voter pour qui vous voulez
Par Maïmouna FAYE FALL
FATOU KINE «DEM NA»
Fat Kiné «Dém na»! Fat Kiné est morte. Oui elle est morte. Elle est partie à jamais! Et pourtant je me surprends à scruter le ciel, à défier le temps, mais surtout à refuser l’évidence. Mais de guerre lasse.
Fat Kiné «Dém na»! Fat Kiné est morte. Oui elle est morte. Elle est partie à jamais! Et pourtant je me surprends à scruter le ciel, à défier le temps, mais surtout à refuser l’évidence. Mais de guerre lasse. Résignée, affligée, la poitrine lourde, les semaines se déroulent, mais la réalité est là. Fat Kiné est morte. La sentence divine est passée par là. Maisje n’arrive toujours pas à me retenir ou à retenir mes larmes qui coulent depuis des jours sur mes joues et depuis l’annonce du décès de mon amie journaliste, Fatou Kiné Dème de la TFM. Décès survenu le 04 septembre dernier, jour du grand magal de Touba, suite à une longue maladie. Ce jour-là, mon téléphone a sonné, j’ai eu beaucoup d’appels manqués. La réaction d’une voisine m’a alerté, «Ohhhh! C’est une journaliste de la TFM. Ndeyssan», a-t-elle crié. D’abord, j’ai pensé à un accident sur la route de Touba avant de courir prendre mon téléphone qui affichait une liste rouge d’appels. Sur Facebook, ses photos défilaient. Mais j’ai pris la peine d’appeler sur son numéro avant de tomber sur sa soeur Sokhna Marième qui me confirma la nouvelle. C’était la triste réalité. Mon époux qui était sorti et qui a appris la nouvelle se hâta de rentrer car connaissant nos relations. Une fois dans les pièces, il comprit que j’étais au courant de la nouvelle. Tous les autres appels des camarades et autres collègues qui avaient remarqué cette complicité entre nous, c’est lui qui décrochait pour prendre leurs appels. Je ne pouvais plus faire sortir un seul mot. Ma langue complètement ... «coupée».
Les jours passent...
Elle a été inhumée le mardi 5 septembre au cimetière «Bakhiya» de Touba. Mais depuislors, la tristesse m’envahit encore et son image refuse de me quitter. Etant sous le choc, je peine encore à faire le deuil. Un deuil qui sera long et interminable, je le reconnais, et le vis! Pourtant, et pendant près d’une semaine, j’ai évité de regarder la Tfm (Télévision Futurs Médias) de peur de croiser son image, sa photo affichée sur l’écran. Mes enfants me disent : «maman, tata Fat Kiné ne doit pas mourir. On ne veut plus te voir dans cet état. Elle va revenir»! Ma réaction : des larmes encore! Sa disparition ne devait guère être une surprise pour moi. Seulement, j’ai toujours refusé d’y croire. Oui de croire et d’accepter surtout que ses jours sur terre étaient comptés comme elle le disait. Oui, elle me l’a dit. Dieu m’est témoin. Elle en rigolait, moi j’en pleurais. «Mounass, limay duund nii bonus là. Je sais que c’est très proche même. Le jour de mon décès, j’aimerais bien te voir en larmes et venir auprès de toi et te dire, yaa gnakk fayda. Diooy rek ngay def». Ainsi me taquinait-elle en rigolant. Moi qui, bouche bée, continuais à verser de chaudes larmes, elle me demandait de prendre un verre d’eau. Aujourd’hui, elle est partie. Je pleure, mais elle n’est pas là pour me consoler comme d’habitude.
C’est fini. Mes peines et difficultés, je vais devoir les surmonter seule…
Seule et sans Fat Kiné qui intervenait et me donnait tout le temps des conseils. De la même manière qu’elle prenait ma défense devant mon époux. Bouleversée et secouée, je suis triste et dévastée par son décès. Elle était une plus qu’amie, une grande sœur, conseillère et confidente. Cette belle âme qui fut un plus que tout pour moi est partie bien trop tôt. On ne partagera plus les délires, les fous rires, les échanges interminables, les souffrances internes comme externes, les inquiétudes de la vie, les joies, les peines, les projets... Surtout nos enfants, et particulièrement Cheikh Ahmed Tidiane Shérif! Beaucoup n’ont pas compris pourquoi je suis extrêmement touchée. Je le dis ici. Elle m’a presque tout dit et tout appris. Elle m’a surtout donné des idées et des conseils. Elle m’a rassuré et guidé. C’était une grande personnalité. Je ne regrette aucunement de l’avoir connu, d’être restée avec elle, et partagé beaucoup de chose avec elle. Surtout notre plat préféré, le «spaghetti». Oui on ne mangeait que du «spaghetti» surtout quand on faisait la formation au CESTI, école de journalisme, et même après son mariage. Le jour où elle a eu un début de fausse couche et hospitalisée, elle m’a appelé pour me demander d’aller acheter pour elle du spaghetti chez le maïga et l’apporter à l’hôpital de Ouakam. Je lui dis, «Kharal ma toggal la»( Attends que le prépare moi-même). Elle répond «non. Bou maïga laawakh. Té bouko def thi bol. Nako def thi papier journal. «.... ( Je veux du spaghetti préparé par le vendeur du coin et il ne faut pas le faire dans un bol mais du papier) Elle aimait, mais elle en rigolait aussi. «Mounasssi par hasard nos camarades nous trouvaient en train de manger ce plat-là.... On ne mange pas sain hein. Regardes-moi les mouches là. Héy maïga, toi aussi, nettoie là un peu», disait-elle au vendeur qui acquiesçait sans broncher. Un ordre qu’elle n’osait pas donner quand on venait sans rond. Oui, il y a des jours où on venait prendre à manger et payer après avoir perçu quelque chose à sa rédaction ou à la mienne. Nos deux noms figuraient chaque mois dans le cahier du maïga. Histoire de vous raconter un peu ces moments passés ensembles. Moments de délires certes, imposés par nos situations. Ce, jusqu’au jour où la Tfm l’a recrutée à la rédaction centrale après son passage comme stagiaire envoyée par le CESTI dans le cadre de notre formation. J’ai fait le mien à l’APS (Agence de presse sénégalaise). Je me souviens encore de ce jour, ses larmes surtout. Adama Sow a beaucoup facilité son intégration dans ce groupe GFM. Elle devait, je pense, commencer un lundi ou jeudi. J’ai oublié. En tout cas, le lendemain de son recrutement, elle est venue tôt toquer à ma porte (c’était un samedi). Elle voulait que je l’accompagne à Castor (marché samedi) pour un peu changer nos garde-robes avec des jupes et hauts. Pour dire combien elle était humble.
La professionnelle aguerrie
Ce qui m’a surtout marqué chez elle, c’est l’amour qu’elle portait à sa mère. «Mounass ma maman, elle est ma force, et elle me manque énormément», me disait Cheikh Ahmed Tidiane Shérif également. C’est son unique fils. A coté de cet amour, il y a aussi la passion du métier… Elle a su montrer son talent et sa passion, surtout son professionnalisme avec la présentation, mais aussi dans les émissions et rubrique Santé. Femme de terrain, elle aimait surtout les sujets «intemporels». Ses deux premiers sujets de reportage (raréfaction du poisson et les artisans de Soumbédioune), on a travaillé ensemble là-dessus. La rigueur, l’implication, l’abnégation, l’engagement, voilà Fat Kiné. Elle était tout simplement exceptionnelle. Au point d’être pris en audience par Youssou Ndour. «Mounass, je te fais un envoi ma faye nar bi khoromam. Youssou Ndour m’a pris en audience aujourd’hui. Il m’a filé quelques billets Euro. Mounass c’est la première fois ma guiss ay euros ou dollars. En tout cas, ce n’était pas des francs Cfa». Et pour cette affaire d’audience avec Youssou Ndour, j’ai entendu Bouba Ndour l’aborder dans son témoignage rendu à Fat Kiné.
Les blessures de la vie
Cette dame généreuse qui vient de nous quitter, on habitait ensemble à la Médina et elle fréquentait notre domicile à la rue 45 angle 28. Nous n’avons pas grandi ensemble. C’est le métier de journaliste qui a croisé nos chemins. En effet, entre Tambacounda et Sébikhotane, c’est tout un trajet, des routes, des pistes, de la poussière, de la chaleur... Pourtant nos chemins se sont croisé je ne sais plus encore par quel miracle. En tout cas, on s’est croisé, on s’est aimé et on a partagé beaucoup de choses. Oui beaucoup de choses, d’abord en tant que deux... soeurs mais surtout en tant que camarades et collègues journaliste. On s’est connu et on s’est aimé malgré notre différence d’âge et ethnique. Elle est née en 1975, moi en 1983. Elle est halpoular, je suis sérère. Le cousinage à plaisanterie a surtout raffermi notre relation. On vivait zen, sans stress malgré nos difficultés. Oui, on a souffert. Le jour de la remise de diplôme, elle m’appelle tôt pour me demander de récupérer pour elle car ayant un empêchement. Elle ne pouvait pas se présenter devant ses camarades dans une telle situation que moi seule connaissait. Tout comme le jour où elle m’a réveillé à 3 heures du matin pour me dire qu’elle va prendre un taxi et venir chez moi parce qu’elle ne voulait pas que sa maman sache qu’elle vivait dans une certaine situation. Je me réserve le droit de ne pas entrer dans les détails. Djiby Sadio, un camarade et collègue journaliste qui a fait son stage à la RFM sait aussi, et Dieu nous est témoin. Le divorce, l’opération chirurgicale, le fait de ne plus avoir d’enfant qui faisait qu’elle refusait de s’engager dans une nouvelle aventure. Ça aussi, c’est la vie de Fat Kiné, c’est notre vie. Mais silence surs ces épisodes... Son parcours sur terre est si court, mais elle m’a marqué dans sa vie. On s’est connu en 2008 alors qu’elle était journaliste présentatrice à la Rdv à Dakar après des années passées comme correspondante à Tambacounda. Depuis lors, je l’adore parce que je la connais personnellement. Plus chanceuse que tous ces gens qui ne la voyait à travers le petit écran et qui rêvaient de la côtoyer. Très correcte, joviale, affable, mais très comique aussi, sa modestie légendaire et son langage poli ont fait de la fille de feu Elhadj Touba Dème qui fut représentant du Khalif général des mourides à Tambacounda une grande personnalité. Même ceux qui ne la regardaient qu’à travers le petit écran appréciaient son professionnalisme, son style et surtout son humilité. Ils ont bien remarqué son professionnalisme fait de tenue et retenue. Elle était très joviale, toujours le sourire aux lèvres, bosseuse et respectueuse, humble et professionnelle. On aimait l’écouter et la suivre. «Grande soeur, présentation journal en Wolof, ya meunn». «Elle: Petite soeur, buma diay waay, pas de fleurs. Moi: Tu me connais grande soeur, je ne te jette jamais des fleurs. Tu te souviens. Ton premier reportage on l’a suivi ensemble au Cesti à 19 h 30. Après, en rentrant à la maison, tu me demandais si tu l’avais réussi. Je te disais que ce n’était qu’une confirmation. La diction, le ton, le style, la justesse des mots, en plus tu es très professionnelle et très posée». Malgré ses appréciations, elle voulait avoir des critiques. Elle signait Fatou Kiné Dème Niaba avant d’enlever le Niaba après des remarques à la rédaction disant que ce n’était pas professionnel. Quelques années après elle revient pour me dire que «Mounass, Oui, ce n’est pas professionnel. Oui. Le divorce est là hein».
Une vie d’athlète
De nature très taquine, elle était humble et sincère, et surtout prête à se mettre à genou lorsqu’elle avait offensé quelqu’un. Un jour, elle est venue me remettre un joli tissu croyant que j’étais fâchée contre elle. Entre grande soeur et petite soeur, rien de plus normal. Mais c’est juste pour parler de la dimension de la femme partie à jamais laissant derrière elle une famille dévastée, des collègues attristés, des amis abattus... Une grande perte pour le monde de la presse et du sport. Fatou était également une grande athlète. Elle a été plusieurs fois vice-championne du Sénégal. Le premier jour où je suis allée chez elle, elle m’a montré ses trophées tous agencés dans l’angle d’une armoire. «Mounass, tous ces trophées sont à moi. C’est une collection ? J’étais athlète», a-telle dit avant de me tendre la couverture d’un mensuel avec sa photo en pleine action... Que son âme repose en paix. Grande sœur, tu me manques déjà, et tu vas continuer à me manquer.
Maïmouna FAYE FALL
PAR Djibril Samb
MÉMOIRE CORRECTIVE
Ce texte sert de préface au Tome 2 des recueils de portraits en deux tomes publiés par Pape Samba Kane à Harmattant-Sénégal, sous le titre mémoire corrective
Ce texte de l’éminent professeur Djibril Samb sert de préface au Tome 2 des recueils de portraits en deux tomes publiés par Pape Samba Kane à Harmattant-Sénégal, sous le titre mémoire corrective.
Ce n’est pas une flatterie, même pieuse, de dire, et en l’espèce de constater, que Pape Samba Kane, journaliste de grande expérience, écrivain que je juge confirmé, poète talentueux et essayiste, s’exerce à beaucoup de genres littéraires dans lesquels il excelle, comme l’ont, au demeurant, souligné ou signalé – je ne sais – nombre de mes collègues dont la moins illustre n’est sûrement pas Lilyan Kesteloot, qui observe désormais le monde de l’Hadès.
Auteur de nombreux ouvrages allant du roman (Sabaru Jinne. Les tam-tams du diable, Dakar : Les Éditions Feu de brousse, 2015, 280 p.) à la poésie (À tire d’elles. Recueil de poésie, Clichy : Éditions Lettres de Renaissances, 2018, 119 p. ; Femme écarlate. Recueil de poésie, Clichy : Éditions Lettres de Renaissances, 2019, 77 p.) aux essais (Casinos et machines à sous au Sénégal : Le poker menteur des hommes politiques (un travail d’investigations sur une tentative illégale d’implantation de casinos dans les bas quartiers de Dakar, par des casinotiers corses, soutenus par des hommes politiques locaux), Dakar : Éditions Sentinelles, 2006, 269 p. ; Les écrits d’Augias. Les pages sombres de la presse. Revue de la paresse intellectuelle, des négligences grammaticales et autres dérives des journalistes sénégalais, Dakar : Polygone, 2009, 185 p. Pape Samba Kane, qui avait déjà exploré le genre avec Abdou Diouf. Bonbons, braises et coton. Le plan de vol d’un aigle (Dakar : Sogédit [Société générale d’édition] et les Éditions Démocraties, 1992, 79 p.), y ajoute aujourd’hui un second volume tiré de ses profils satiriques, qui met en évidence la valeur et la diversité de ses talents, descriptif et stylistique. J’aime, soit dit en passant, le titre de sa rubrique, « le profil », parce qu’il suggère le biais, et même l’appelle, comme le pratiquait la représentation égyptienne aussi bien du vivant humain que du vivant non-humain. Ainsi les égyptologues la décrivent-ils comme aspective par opposition à la perspective de celle des Grecs et des Romains. Tout – comment dire ? – s’enferme dans le profil : jambes, hanches, tête, fors l’œil et la poitrine – seuls perçus de face. Chez Pape Samba Kane aussi, tout est consigné dans le profil que nos Immortels définissent, en dénotation première, ainsi : « ligne que présente un visage lorsqu’il est vu de côté ; partie du visage qui est alors visible ». Si j’osais emprunter un mot à la physiologie pour lui donner cependant un sens philolo giquement inattaquable, je dirais que cette « latéralité » est présente jusques et y compris dans les emplois métaphoriques ou métonymiques du vocable « profil ». On pourrait alors tenir le « profil » ou pour un sous-ensemble du portrait, ou pour son synonyme approximatif, car le Dictionnaire de l’Académie définit le portrait, en première intention, comme : « représentation d’une personne par la peinture, le dessin, la gravure », ou par tout autre moyen. On pourrait ajouter, ce qui est d’ailleurs sous-entendu : « de quelque manière qu’elle soit réalisée ». Ce terme générique couvre le profil, notion implexe certes, mais ainsi circonscrite par l’Académie : « ligne que présente un visage lorsqu’il est vu de côté ; partie du visage qui est alors visible ».
Tout en gardant à l’esprit ces deux blocs définitionnels sur un plan dénotatif, qui se limitent au domaine proprement physique relevant de ces arts plastiques que sont, par exemple, la photo, le dessin, la peinture, il faut savoir qu’en seconde dénotation leur synonymie apparaît ténue mais réelle. L’un, le portrait, consiste en « une description écrite ou orale d’un individu » ; l’autre, le profil, en un sens figuré, désigne un « ensemble de caractéristiques qui définissent une fonction, une catégorie de personnes, etc. ». On est, dans ce dernier cas, dans le domaine du « profil psychologique » au sens large – ce qui semble la doctrine des Immortels. C’est dans cette optique définitionnelle que s’inscrit le journaliste et écrivain Pape Samba Kane en embrassant cependant le trait satirique dans le genre littéraire du portrait. Le portrait fut pratiqué dès l’antiquité, et bien avant l’historien Tite-Live (ca 64/59 av. J.-C. -17 apr. J.-C.), à qui nombre d’historiens de la littérature, qui ne sont pas forcément des antiquisants avertis, le font remonter. En fait, on trouve des portraits chez nos classiques les plus diserts comme les historiens Thucydide (Ve siècle) ou Xénophon (Ve-IVe siècle), le poète comique Aristophane ou le philosophe Platon, qui sont contemporains, et, plus tard, l’inusable Diogène Laërce, moins facile à situer, mais dont la vie est communément placée au IIIe siècle apr. J.-C. Mais, je ne puis ne pas mentionner certaines œuvres du Syrien hellénisé, Lucien de Samosate, comme : Les portraits (Œuvres complètes, trad. par E. Talbot, Paris : Hachette, 1866, t.2, p. 1-12), ou Portraits de philosophes (Paris : Les Belles Lettres, 2008, XXII-529 p.), ou encore Portraits du sophiste en amateur d’art (Paris : Éditions de la rue d’Ulm, 2014, 240 p.), trois œuvres qui auraient leurs places dans n’importe quelle anthologie antique dédiée aux portraits.
Il faut pourtant bien reconnaître que, la page du moyen âge tournée, on trouve chez le perspicace Montaigne, au XVIe siècle, dans ses fameux Essais, une ferme volonté de « se peindre de la plume ». D’ailleurs, les Essais sont généralement lus aussi, et quelquefois d’abord, comme le modèle par excellence de la peinture de soi. Mais c’est au siècle suivant, le XVIIe, avec l’avènement de la préciosité, mouvement littéraire autant que social, à la fois noble et bourgeois, abrité et couvé dans les salons littéraires dont les plus courus étaient ceux de Madeleine de Scudéry ou de Madame de La Fayette, que le portrait prit son essor. Ce mouvement littéraire donna lieu à certains excès dénoncés notamment par les fines plumes de Molière dans Les précieuses ridicules et de La Fontaine dans son mémorable poème La fille, mais l’on ne doit pas sous-estimer son apport considérable à la langue française, non seulement sur le plan intrinsèquement lexical et orthographique, mais aussi en favorisant le développement du portrait comme genre littéraire. N’empêche que le portrait, souvent comme pause narrative, est présent chez des auteurs très différents comme Molière (on pourrait citer la plupart de ses titres), ou Madame de La Fayette avec le Roman comique où abondent les portraits, ou La Bruyère dans Les caractères ou encore La Rochefoucauld, deux puissants moralistes.
Au XIXe siècle enfin, le portrait devient un genre majeur avec les maîtres de l’observation et de la description comme Balzac et Zola après que, au XVIIIe siècle, il eut gagné ses lettres de noblesse dans les nouvelles écritures romanesques notamment, et pour m’en limiter à ça, avec ce qu’on appela significativement le « roman à portraits », parfaitement illustré par les Confessions du comte*** de Charles Ducros (1741), encore réédité au siècle dernier, par exemple chez Garnier Frères, en 1969, par Laurent Versini. On trouvera une illustration de l’importance nouvelle du portrait dans le fait qu’il est utilisé, à la suite de La Fontaine, par l’un des plus grands poètes de ce siècle, Charles Baudelaire, que connaît en érudit Pape Samba Kane, dans le poème éponyme où les deux derniers vers de la première strophe ainsi que les deux premiers vers de la deuxième strophe apparaissent d’une aveuglante beauté descriptive, car le portrait ou le profil, c’est d’abord l’art de la description.
De ses grands yeux si fervents et si tendres,
De cette bouche où mon cœur se noya,
De ces baisers puissants comme un dictame,
De ces transports plus vifs que des rayons,
Ainsi ce regard rétrospectif nous montre-t-il que Pape Samba Kane a de qui tenir en une matière, on l’a vu, si ancienne.
Ce volume 2 de Mémoire corrective, est d’une immense richesse. Rapportés à leur origine, les profils viennent de quatre continents : Afrique, Europe, Asie et Amérique latine, entre lesquels se distribuent onze pays, mais les profils étrangers sont au nombre de douze sur quatre-vingt-neuf, soit 10,68 %. Selon le sexe, les femmes sont au nombre de treize, soit 11,57 % de l’ensemble des profils.
En dehors de six profils (5,34 %) qui sont collectifs ou anonymes, les quatre-vingt-trois profils restants sont des individualités ayant, chacune, une identité remarquable, et qui sont issues de tous les milieux sociaux : « hommes et/ou femmes d’État ou politiques », journalistes et techniciens de l’information ou de la communication (12,40 %), intellectuels (7,12 %). Mais la catégorie « hommes et/ou femmes d’État ou politiques » tient le haut du pavé avec 32,93 % des profils, position normale, car ce sont les principaux acteurs de la vie publique. On trouve également, dans la galerie des profils, magistrats, avocats, hauts gradés, diplomates, hauts fonctionnaires ou cadres, et même un saint homme tellement hors du commun, qu’on serait enclin à penser qu’il déparerait cette vaste compagnie parce que telles sont sa dimension historique et sa spirituelle majesté, qu’il semble toiser à tout instant les cimes des cieux.
En un mot, cet ouvrage, qu’on peut lire et relire sans se lasser jamais et que l’on ne pose que contraint, montre éloquemment que le très talentueux Pape Samba Kane est certainement le grand maître africain du portrait et, nommément, du portrait satirique, genre qui suppose une double maîtrise : celle du portrait et celle de la satire, adossées à celle de la langue.
Djibril Samb est Professeur émérite des universités, médaille d’argent de l’Académie française , Grand-Croix de l’ordre du Mérite.
par Ngagne Demba Touré
LE SÉNÉGAL DANS LE GOUFFRE SYSTÉMIQUE
Décembre 1962, mai 1968, 1974, 1988, 1993, juin 2011, mars 2021, juin 2023.. sont autant d'épisodes dramatiques sans reddition des comptes, ni responsabilités situées, démontrant à suffisance l’amnésie d’un État qui refuse d’avoir de la mémoire historique
Les événements tragiques survenus lundi dans la commune de Khossanto ont conduit au bilan macabre de deux morts par balles et d’une dizaine de blessés. A l’origine de cette odieuse répression, un arrêté préfectoral portant création et organisation de la commission chargée du recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée pour le compte de la société minière Endavour Mining, basée à Sabodala.
A l’évidence, si la tuerie de deux compatriotes sénégalais par nos forces de défense et de sécurité semble n’émouvoir personne, c’est parce que notre pays s’est froidement enlisé dans un gouffre systémique nourri et entretenu par une République cartellisée.
Après décembre 1962, mai 1968, 1974, 1988, 1993, juin 2011, mars 2021, juin 2023, tous ces épisodes dramatiques sans reddition des comptes, ni responsabilités situées, encore moins d’enquête indépendante, démontrent à suffisance l’amnésie d’un État qui refuse d’avoir de la mémoire historique. Mais au-delà, ce mutisme pose plusieurs problèmes dont il faut analyser les causes et ceci à cinq niveaux :
Une presse démissionnaire
Longtemps considérée comme le quatrième pouvoir dans un système démocratique, la presse sénégalaise qui était dépourvue de liberté dans les années 60 et 70 s’est foudroyée malgré l’alternance de 2000 dans une logique de course éhontée aux prébendes du Prince.
Sinon comment comprendre la non-couverture assumée d’une information si importante et vitale dans l’actualité socio-politique de notre pays ?
Deux vies humaines perdues ! Pas d’édition spéciale ! Pas de reportage en direct ! Bref, un traitement silencieux et minimaliste.
Ces médias à qui, le peuple souverain a octroyé des licences en leur concédant un service public avec attribution de subventions, ont décidé de lâcher ce peuple martyrisé pour se faire complice de son agent meurtrier : le système.
Une administration de seigneurie féodale
S’il y a une corporation à pointer du doigt et qui sans doute est coupable de tous les crimes flagrants perpétrés contre le peuple, c’est bien l’administration : une administration bâtie sur des fondements néocoloniaux qui conçoit l’administré comme un sujet à dominer et non un citoyen à servir. Cette mentalité régressive transparaît le plus souvent dans l’administration territoriale et la magistrature. Sans ambages, à chaque fois que la République est en danger, le combustible source de l’embrasement est soit un arrêté ou bien un arrêt.
Depuis Mamadou Dia, les décisions judiciaires rendues par nos cours et tribunaux n’aboutissent qu’à la persécution, la haine et la colère. Depuis 1963, les mesures administratives prises par nos gouverneurs et leurs subordonnés ne reflètent que le mépris des populations administrées.
Des forces de défense du système
Nos forces de défense et de sécurité souvent citées en exemple en Afrique ne sont pas exemptes de reproches. En effet, si une certaine bien-pensance voudrait leur attribuer une posture foncièrement républicaine, force est de reconnaître que depuis plusieurs années, elles se sont muées dans une loyauté aveugle, en bras armé du pouvoir tyrannique de Macky Sall sans une seule fois remettre en cause les conséquences désastreuses de ses actes, ou user de l’objection de conscience lorsque l’éthique la plus fondamentale est remise en cause.
Aujourd’hui, il est nettement établi que notre armée, notre gendarmerie et notre police faillissent à leur mission républicaine et leur éthique nationale. La responsabilité des massacres de mars de 2021 et de juin 2023 leur est justement imputable.
En république, l’armée doit jouer et assumer son rôle de contrepouvoir qui désamorce les crises et stoppe les dérives dictatoriales.
En République, la gendarmerie ne tire pas sur son peuple.
En République, la police ne doit pas s’allier avec des milices.
Un République monarchique
A entendre certains journalistes et intellectuels flagorneurs, la démocratie sénégalaise est peinte comme mature et aboutie. Mais à l’épreuve des faits, on s’aperçoit aisément que le système politique sénégalais, hérité de la constitution gaullienne de 1958, repose essentiellement sur la concentration des pouvoirs, en réalité de tous les pouvoirs entre les mains d’un monarque qui n’a qu’un seul alibi : le suffrage universel.
Cette légitimité populaire qu’il utilise comme fondement de ses lubies est aujourd’hui profondément écornée. Au Sénégal, le Président de la République est un empereur qui règne sans partage et ses sbires peuvent tout se permettre. A voir les arrêtés anachroniques et moyenâgeux de nos préfets et sous-préfets qui interdisent maintenant des tournois de football dédiés à un opposant, il n’est pas exagéré d’affirmer que le coup d’État contre le peuple est désormais permanent comme disait Mitterrand en 1964.
La Constitution sénégalaise qui limite le domaine de la loi (article 67) et attribue au règlement un caractère illimité et résiduel (article 76), a confisqué la volonté populaire et consacré la prédominance hypertrophique d’autorités illégitimes qui ne doivent leurs titres et fonctions qu’à un seul homme, le président détenteur de tous les pouvoirs mais responsable de rien.
Une économie extravertie à la solde de l’impérialisme
Khossanto, une commune du département de Saraya située dans la région de Kédougou, riche en minerais. Une zone où l’or est extrait depuis près d’une quinzaine d’années par les multinationales au détriment des populations locales. En substance, l’État du Sénégal a pris l’option irrévocable de livrer l’écrasante quantité des revenus issus de la production minière aux compagnies étrangères tout en se contentant de miettes.
Selon l’ITIE, les mines n’ont rapporté que 167 milliards F CFA au Sénégal en 2020. De plus, le taux de progression des recettes minières n’est que de 7%. Une situation lamentable due à un manque de vision économique endogène, une corruption institutionnalisée, un cadre juridique scandaleux et une gestion opaque du secteur minier. Aujourd’hui, dans l’Est du pays, la production minière est abondante et en pleine croissance, pendant que la population locale est dans l’indigence la plus absolue.
A l’aube de l’ère la production pétrolière, le système qui repose sur l’assujettissement du peuple et la corruption des élites est dans la tourmente. Oui, le système est démasqué et les Sénégalais sont éveillés. Oui, le système est minoritaire et les Sénégalais ont soif de changement.
Sentant sa faiblesse et à bout de souffle, le système mise désormais sur deux choses : la violence aveugle et la censure systématique.
Ainsi, il compte sur deux alliés : notre peur et notre inertie.
Dans un tel contexte, la voix du peuple doit retentir partout pour faire face aux usurpateurs de son pouvoir, ceux-là qui ont confisqué ses libertés et privatisé son État. Il est plus qu’urgent de rétablir l’ordre public qui n’est rien d’autre que la justice et la vérité.
Alors, une refondation s’impose !
Force restera au peuple !
Force restera à la loi !
Maître Ngagne Demba Touré est Coordonnateur national de la Jeunesse Patriotique du Sénégal- JPS.
Par Moustapha DIAKHATE
GAFAM : L’UE SABRE L’OLIGOPOLE
Plus que la nouvelle économie, les GAFAM – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft - sont devenus des mastodontes qui ont leur empreinte partout grâce à leurs plateformes numériques et digitales favorisées par leur monopole absolu
Plus que la nouvelle économie, les GAFAM – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft - sont devenus des mastodontes qui ont leur empreinte partout grâce à leurs plateformes numériques et digitales favorisées par leur monopole absolu sur les principales autoroutes de l’information et de la communication.
En moins de 20 ans, un peu moins pour la plupart d’entre elles (Facebook a été créé en 2004 et Google en 1998), la capitalisation de chacune d’elles dépasse les 1 000 milliards de dollars. Pour donner un ordre de grandeur – la valeur en bourse de chacune d’elle dépasse le PIB des deux plus grandes économies de l’Afrique : le Nigeria et l’Afrique du Sud. A eux cinq, les GAFAM sont davantage valorisés que le montant du PIB du Japon, de l’Allemagne ou de la France ! tous des pays du G7 pourtant.
Leur mainmise sur le numérique et digital et les secteurs transversaux se mesurent aux monopoles tentaculaires de Google et Facebook : Google concentre à lui seul 95 % des requêtes sur internet dans le monde. YouTube, le diffuseur de vidéo sur internet (racheté par Google en 2006 pour seulement 1,65 milliard de dollars à l’époque) est vu bien plus que n’importe quelle chaîne de télévision : chaque jour, plus d’un milliard d’heures de vidéos sont ainsi visionnées. Facebook, quant à lui, totalise, en octobre 2020, plus de 2,7 milliards d’utilisateurs actifs mensuels. C’est 40% de la population mondiale.
Ensuite vient Apple qui est devenue la première entreprise de l’histoire à franchir le cap des 2.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, jamais depuis Standard Oil de Rockefeller le monde de la haute finance n’avait vu une telle saga boursière.
A elle seule, cette firme a fait plus de 20 000 millionnaires aux USA parmi ses actionnaires. Elle règne sur une base installée de 1 milliard et demi de terminaux dans le monde, ses ventes d’iphone c’est presque deux fois le PIB du Sénégal avec 40 milliards de dollars US
Toutes ces têtes de gondole du commerce international sont des entreprises de la Silicon Valley qui fonctionnent grâce aux systèmes d’exploitation Windows qui contrôlent 90 % des ordinateurs équipés de systèmes Microsoft à travers le monde . Avec Androïd, Microsoft et Google dominent 95% des logiciels de navigation concédant le reste aux chinois et japonais avec Baidu. Les GAFAM sont emblématiques de la domination américaine sur l’économie et la nouvelle civilisation sur le globe
Leur monopole sur le commerce électronique et la communication digitale est presque à 100% ce qui rapporte un niveau de revenus pour les cinq qui frôle les 1500 milliards de dollars US, un plafond que seulement les majors du pétrole et du gaz ont réussi à atteindre dansl’histoire récente du capitalisme occidental. Aujourd’hui c’est l’Europe à l’unisson qui régule sursesterritoires ou les GAFAM réalisent 35% de leur CA, l’oligopole absolu de ces des derniers afin de frayer une voie aux startups et entreprises du vieux continent tout en permettant aux consommateurs européens d’avoir les meilleures offres pour les biens et services d’une compagnie comme Amazon. C’est l’expression d’une volonté politique collective dont seuls les européens sont capables devant la tout puissance de la Silicon Valley et du American way of life. Une taxation juste sur ces entreprises sans domicile fiscale précise, une meilleure protection des données de consommateurs, protéger les créateurs de contenu et la liberté d’expression, une concurrence plus ouverte dans le e- commerce et le e – service sont les viatiques et l’Europe montre déjà le chemin à d’autres continents dont l’Afrique. Et si l’Union Africaine s’y mettait malgré le fait que l’Afrique pèse seulement 4% du PIB mondial.
Moustapha DIAKHATE
Expert en Infrastructure co- fondateur RESTIC
Par Mohamed Bachir Diop
LEON MBA, PREMIER PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE GABONAISE
Renversé par un coup d'état, il a été rétabli dans ses fonctions… par l'armée française !
Léon Mba était né le 9 février 1902 à Libreville. Il a dirigé son pays de 1961 à 1967 comme un dictateur, nouant et dénouant les alliances politiques au gré de ses intérêts du moment. Il est décrit come un personnage complexe aux multiples facettes. Issu d’une famille Fang, christianisée et francophile, il est intégré dans l’administration coloniale en 1924 comme chef de canton. En 1931, condamné pour malversation, il est exilé loin du Gabon, en Oubangui-Chari, actuelle République Centrafricaine. De retour au Gabon en 1946, son engagement aux côtés du RDA de l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny ne lui vaut guère le soutien de l’administration coloniale française qui lui préfère le député et résistant Jean-Hilaire Aubame. La donne change lorsque, dans les années 1950, le RDA est lavé de tout soupçon d’appartenance au communisme. Il gagne le soutien des puissants forestiers européens et devient en 1956 le premier maire élu de Libreville.
En 1957, le Gabon élit pour la première fois un gouvernement. Les Gabonais ont le choix entre Léon Mba, le tribun local, et le député Jean-Hilaire Aubame, proche du Sénégalais Léopold Sedar Senghor. Aubame l’emporte dans les urnes mais s’incline devant Mba qui, par le biais de débauchages à l’Assemblée, se porte à la tête du gouvernement.
D’ethnie fang, Léon Mba naît le 9 février 1902 à Libreville dans une famille francophile. Son père, Ysidore Minko-Mi-Edang, petit gérant de commerce, aurait été un temps le coiffeur de Pierre Savorgnan de Brazza. Sa mère, Louise Bendome, était couturière
À partir de 1920, il devient tour à tour employé de magasin, exploitant forestier, commerçant, puis entre dans l’administration coloniale française comme commis des douanes. S’il donne entière satisfaction à ses supérieurs, Léon Mba les inquiète cependant par « son militantisme en faveur de l’homme noir ».
Ses remarques dérangent, et il en subit les conséquences en décembre 1922. Ayant commis un délit mineur en fournissant à un collègue des documents falsifiés, il est puni d’une peine de prison au lieu d’une simple amende. Il lui est également reproché sa polygamie
Durant ces années, selon toute vraisemblance, Léon Mba, devient un adepte du Bwiti auquel les Fangs sont tout particulièrement réceptifs. En 1931, des sectateurs du Bwiti sont accusés du meurtre d’une femme dont les restes sont découverts près du marché de Libreville. Accusé de complicité, même si sa participation au crime n’est pas prouvée, Léon Mba est destitué et est condamné à trois ans de prison et dix ans d’interdiction de séjour, pour les détournements d’impôts et les abus commis dans le traitement de la main-d’œuvre locale.
En détention en Oubangui-Chari, tout d’abord à Bambari puis à Bria, il continue d’exercer une influence chez les Fangs de sa région d’origine grâce à une correspondance avec ses compatriotes à Libreville. Inquiété par cette situation, le gouverneur-général Antonetti ordonne en 1934, qu’à la fin de sa peine carcérale, il soit placé sous surveillance en Oubangui-Chari.
À cause de ses relations avec le RDA, affilié au PCF, Léon Mba fait figure de communiste et de propagandiste dans la colonie, d’autant qu’à son retour d’exil, il aurait participé aux travaux du groupe d’études communistes local. En 1949, l’administration coloniale apprécie peu sa participation au congrès du RDA à Abidjan
En 1951, en même temps que le RDA rompt avec les communistes, Léon Mba, tout en gardant chez son électorat une image de « révolté », se rapproche de l’administration française. Cette dernière lui préfère cependant son principal opposant, le député Jean-Hilaire Aubame qui n’est autre que le fils nourricier de son demi-frère et son ancien protégé.
Isolé à l’Assemblée territoriale, Mba s’allie avec les colons qui y sont représentés. En août 1953, le CMG fusionne avec le Parti démocratique gabonais (PDG) de Paul Gondjout pour donner naissance au Bloc démocratique gabonais (BDG) ; Gondjout en devient le secrétaire général, Mba l’adjoint. Aux élections législatives du 2 janvier 1956, Léon Mba obtient 36 % des suffrages contre 47% pour Aubame. Même s’il n’est pas élu, Mba devient une personnalité incontournable du territoire et certaines personnalités de l’UDSG passent de son côté. Lors des élections municipales de 1956, où les listes présentées relèvent du collège unique (Africains et Européens confondus), Léon Mba reçoit le soutien financier des colons, et tout particulièrement celui du forestier Roland Bru. Il remporte la mairie de Libreville avec 65,5% des suffrages, devenant ainsi le 23 novembre, le premier maire élu de la capitale.
Après un « oui »massif au référendum sur la Communauté franco-africaine du 28 septembre 1958, le Gabon accède à l’autonomie. En décembre 1958, l’Assemblée vote sa transformation en Assemblée législative, puis promulgue le 19 février 1959 la constitution de la République du Gabon. Le 27 février, Léon Mba est nommé Premier ministre. En novembre 1959, Mba se prononce ouvertement pour la départementalisation du Gabon. Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique de l’Elysée », lui fait comprendre que cette solution est impensable. Mba campe sur cette position jusqu’en février 1960. Il envisage également d’adopter pour la République gabonaise le drapeau tricolore de la puissance coloniale qui se serait différencié du drapeau français par l’apposition du dessin de l’arbre national, l’okoumé. Là encore, Foccart refuse
La situation ne s’arrange guère après que l’indépendance a été proclamée le 17 août. Finalement, le 4 novembre 1960, une constitution de type parlementaire est adoptée. Mis en minorité, le Premier ministre demande l’aide financière de Paris afin d’acheter des députés pour 13 à 15 millions de francs CFA.
L’incident clos, Léon Mba décide alors de satisfaire l’opinion publique gabonaise, en renvoyant, le 10 novembre, les membres européens du gouvernement. Sont concernés les ministres de l’Intérieur, Édouard Duhaut, de la Production forestière, Pierre Mariani, ainsi que celui de la Santé, Maurice Jourdan
Le 4 décembre 1960, Léon Mba est élu au poste de secrétaire général du BDG à la place de Gondjou
Le 21 février 1961, l’adoption d’une nouvelle constitution instaure un régime qualifié d’« hyper présidentiel ».
Souhaitant éloigner de l’arène politique son ancien ministre redevenu son grand rival, il nomme Aubame, le 25 février, président de la Cour suprême. Par la suite, sous le prétexte d’une incompatibilité de cette fonction avec celle de parlementaire, Mba réclame sa démission de l’Assemblée. Aubame résout le problème en démissionnant de son poste de président de la Cour suprême, contrariant ainsi les plans de Mba.
Dans la nuit du 17 au 18 février 1964, aux environs de cinq heures du matin, 150 militaires gabonais dirigés par les lieutenants Jacques Mombo et Valère Essone, arrêtent le président Léon Mba, le président de l’Assemblée nationale Louis Bigman, et plusieurs ministres. Les militaires annoncent à la radio au peuple gabonais le coup d’État et demandent à l’assistance technique française de ne pas s’immiscer. Léon Mba est obligé de prononcer une allocution radiodiffusée où il reconnaît sa défaite :
« Le jour J est arrivé, les injustices ont dépassé la mesure, ce peuple est patient, mais sa patience a des limites… il est arrivé à bout. »
Durant ces évènements, aucun coup de feu n’est tiré. Le peuple ne réagit pas, signe selon les militaires de l’approbation du putsch. Un gouvernement provisoire est constitué, et sa présidence est offerte à son grand rival Jean Hilaire Aubame. Il n’est composé que de personnalités politiques civiles, provenant aussi bien de l’UDSG que du BDG comme Paul Gondjout. Quant aux putschistes, ilsse contentent d’assurer la sécurité civile. D’ailleurs, toute la petite armée gabonaise n’est pas intervenue dans le coup d’État ; encadrée en majorité par des officiers français, elle est restée dans ses casernes.
Des instructions sont données pour que Léon Mba soit transféré à Njolé, fief électoral de Aubame. Mais du fait de violentes pluies, le président déchu est amené à Lambaréné, à 250 kilomètres de Libreville. Le nouveau chef du gouvernement, Aubame, prend rapidement contact avec l’ambassadeur français, Paul Cousseran, afin de lui assurer que les biens des ressortissants étrangers seront protégés et éviter ainsi toute intervention militaire
Mais à Paris, le général de Gaulle et Jacques Foccart en ont décidé autrement. En effet, Mba était un des plus fidèles alliés de la France en Afrique ; en visite en France en 1961, il avait affirmé : « Tout Gabonais a deux patries : la France et le Gabon. »
Les autorités françaises décident donc, en conformité avec des accords franco-gabonais signés, de rétablir le gouvernement légal. Toutefois, l’intervention ne peut être déclenchée sans une requête officielle du chef d’État gabonais. Léon Mba étant constitutionnellement « empêché », les Français font appel au vice-président gabonais, Paul Marie Yembit, qui n’avait pas été arrêté. Mais celui-ci reste introuvable ; il est donc décidé de rédiger une lettre antidatée que Yembit signerait plus tard. Ainsi, dans la nuit du 18 au 19, les troupes françaises de Dakar et Brazzaville débarquent à Libreville et rétablissent Mba au pouvoir. Les combats ont fait un mort du côté français, et 15 à 25 du côté gabonais.
Réinstallé au pouvoir, Léon Mba refuse de considérer que le coup d’État était dirigé contre lui et son régime. Pour lui, il s’agissait d’un complot contre l’État. Rapidement pourtant, des manifestations anti-gouvernementales ont lieu avec des slogans comme « Léon Mba, président des Français! » ou réclamant la fin de la « dictature ». Elles se solidarisent avec Aubame lorsque le 23 mars, il est inculpé. Bien que certainement innocent des préparatifs du coup d’État, ce dernier est condamné à l’issue d’un procès, à 10 ans de travaux forcés et 10 ans d’interdiction de séjour.
Malgré ces évènements, les élections législatives d’avril 1964, prévues avant le putsch, sont maintenues. L’opposition se voit privée de ses grandes figures, empêchées de participer au scrutin du fait de leur compromission dans le putsch. L’UDSG disparaît de la course électorale et l’opposition n’est composée que de partis sans envergure nationale, défendant la démocratie ou des intérêts régionaux. Cette dernière remporte toutefois, dans un scrutin de liste majoritaire à un tour, 46% des suffrages et 16 sièges sur 47,tandis que le BDG reçoit 54 % des suffrages et 31 sièges. Mais les signes de fraude sont nombreux et tout laisse à penser que l’opposition aurait dû remporter l’élection
Les pétroliers, installés dans le pays depuis 1957, avaient renforcé leurs intérêts en 1962 après la découverte et l’exploitation des premiers gisements off-shore. Le Gabon devient une pièce majeure dans l’approvisionnement pétrolier de la France. Leur influence est telle que le PDG de l’Union générale des pétroles (devenu en 1967 ELF Aquitaine), Pierre Guillaumat, prend part à la décision de l’intervention militaire.
Quant aux ambassadeurs français, Paul Cousseran, et américain, Charles Darlington, soupçonnés de sympathie envers Aubame, ils quittent le Gabon peu de temps après les évènements. Le nouvel ambassadeur de France est François Simon de Quirielle, un « diplomate traditionnel », bien décidé à ne pas interférer dans les affaires intérieures gabonaises. Au bout de quelques mois de malentendus, Léon Mba contacte Foccart pour lui dire qu’il ne supporte plus cet ambassadeur :
« Vous vous rendez compte, explose le président gabonais, je reçois de Quirielle pour faire un tour d’horizon avec lui. Je lui demande ce qu’il pense de tel ministre [gabonais], de telle question qui est à l’ordre du jour[de la politique intérieure du Gabon]. Devinez ce qu’il me réplique ! Monsieur le président, je suis désolé, les fonctions que j’occupe m’interdisent d’intervenir comme vous me le demandez dans les affaires de votre pays. »
À la suite de cet incident, Foccart fait nommer en mai 1965 à Libreville, « un colonialiste », Maurice Delauney, qui s’installe tel un véritable haut-commissaire.
Dès 1965, les Français cherchent un successeur à Léon Mba, vieillissant et malade. Ils le trouvent en la personne d’Albert-Bernard Bongo, jeune chef de cabinet du président. Ce dernier est personnellement « testé » parle général de Gaulle en 1965, lors d’une visite à l’Élysée. Confirmé comme successeur, Bongo est nommé le 24 septembre 1965 ministre délégué à la présidence, mais occupe dans les faits les fonctions d’un Premier ministre
En août 1966, Mba est hospitalisé à Paris et ne retourne plus au Gabon. Une réforme constitutionnelle en février 1967 légitime le dauphin. Mba meurt le 28 novembre 1967 à l’hôpital, des suites de son cancer. Albert Bernard Bongo lui succède constitutionnellement à la présidence.
L’ÉCURIE BENNO ET SON CHEVAL
Amadou Ba est finalement le cheval de l’écurie Benno pour la course du 25 février. Les autres sont disqualifiés par Macky. Il y en a qui préfèrent faire cavalier seul. Qui ont presque mis le pied à l’étrier en démissionnant du gouvernement.
Amadou Ba est finalement le cheval de l’écurie Benno pour la course du 25 février. Les autres sont disqualifiés par Macky. Il y en a qui préfèrent faire cavalier seul. Qui ont presque mis le pied à l’étrier en démissionnant du gouvernement. C’est que devant ce quinté favori (Boun, ADD, Diouf Sarr, Aly et Ba), les outsiders comme Mame Boye Diao ne pouvaient rêver d’un exploit. Le candidat de Benno a encore une course folle à gérer. Candidat n’est pas président. Amadou Ba va devoir faire du yaatal comme un grand « bayaal ».