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2 décembre 2024
Opinions
par Ndukur Kacc NDAO
LA DÉMOCRATIE, LE FAKE NEW LE PLUS VENDU DE NOTRE SIÈCLE ?
Notre pays est en pleine effervescence électorale. Certains louent la vitrine démocratique du Sénégal. D’autres le brocardent. Plus globalement, une partie de l’Afrique de l’ouest est en pleine tourmente sur la question du troisième mandat.
Notre pays est en pleine effervescence électorale. Certains louent la vitrine démocratique du Sénégal. D’autres le brocardent. Plus globalement, une partie de l’Afrique de l’ouest est en pleine tourmente sur la question du troisième mandat. Macky, lui, décident de ne rien dire sous prétexte que cela mettrait le pays dans l’instabilité. Entre tripatouillage et forcing, les forces démocratiques se mobilisent pour faire face. Les USA voient leurs mythes démocratiques s’effondrer même si les accusations de fraude sont connues à chaque élection au pays de l’Oncle Sam. La Chine, quant à elle, était dans la tourmente du Coronavirus, et s’est placée dans une autre dynamique depuis quelques années. En effet, le Parlement chinois a juste décidé d’abolir la limitation des mandats présidentiels pour permettre à Xi Jinpinh de réaliser sa vision à long terme. 2958 voix pour, seulement 2 contre et 3 abstentions. Un vote "massif" qui confirme la mainmise du PCC sur le pays et une confiscation des libertés. De manière décalée j’ai pensé à la partie de l’argumentaire qui affirme que c’est pour réaliser la vision à long terme. C’est sûrement un "alibi" pour justifier la confiscation des libertés démocratiques.
Se pose la question de fond. Comment aujourd’hui en 2022, un pays peut avoir et mettre en oeuvre une vision à 15 -20 ans et en même temps avoir un rythme électoral infernal quand même ! D’un côté on a cette tension permanente entre des gens qui, à peine élus par le processus "démocratique" (on le concède), sont obnubilés par les prochaines élections (c’est leur long terme, 5 à 7 ans au max). De l’autre un champ démocratique en constante ébullition qui t’accorde une période de grâce (de 100 jours symboliques) et qui s’évertue (avec les groupes d’intérêt, les réseaux sociaux, etc. ), à détruire et dégager celui qui est en place. Le seul consensus national porte sur des questions très graves de sécurité nationale ou sur les sujets tabous (comme certains groupes "intouchables").
Alors les seuls "leaders" sont soit des autocrates ou des dictateurs qui confisquent les libertés. Xi, Poutine, Salam, Ergodan, Ben Zayed aux Émirats. Pendant ce temps les "démocraties" imposent un "turn over" du personnel politique qui ne peut être efficaces que si les socles institutionnels sont très forts pour permettre de garder le cap malgré les "alternances". Hollande, Macron, Obama, Trump, Merkel en constante négociation avec les autres forces ou des leaders populistes sortis des urnes. Sinon le modèle africain avec ses deux faces de la même monnaie. Des élections régulières sans vrai alternance dans un cas et des présidents à vie. Mais ils sont tous incapables de réaliser ce qui fait un pays fort. Un passé, une ambition et une vision. En Chine Xi dit que 5 -10 ans ce n’est pas assez. Entre ça et faire sauter la clause limitative il y a du surréaliste. La clé c’est de bâtir des institutions fortes et résilientes face aux "aléas démocratiques ". Aux USA, le président a parfois deux ans sur 4 pour mettre en oeuvre sa politique. Car la première année, il apprend le job et la dernière année il prépare la réélection. Chez nous il a 5 ou 7 ans pour ...confisquer le pouvoir à jamais si possible !
Aujourd’hui, le Maroc est en train littéralement de bouffer l’Afrique subsaharienne. Comment ce pays, ce royaume parvient à cela ? Le roi est adossé à un pouvoir séculier qui lui offre la possibilité de se projeter et s’appuyer sur un socle tentaculaire au niveau national. Il peut imprimer une vision très nationaliste et à long terme. Mais le pays utilise les outils du management moderne. Beaucoup de ministères au Maroc ont recours aux meilleurs cabinets internationaux pour dresser leur tableau de bord et mettre en place des formes de reddition de comptes. Le roi n’hésite pas à sanctionner et même à bannir des ministres indélicats. Mais quand il voyage en Afrique, il débarque toujours avec une "cargaison " d’hommes d’affaires...marocains. Il leur offre l’environnement propice pour se déployer. Quand Erdorgan arrive à Dakar, il vient avec dans ses valises les businessmen turcs qui arrivent à introduire pour gagner des marchés. Macron le fait avec les entreprises françaises en Afrique. Et nos dirigeants alors ? Ils tuent les entreprises et les entrepreneurs nationaux (non affiliés à eux) et ils les mettent à la merci de la concurrence déloyale des firmes étrangères et on leur demande d’être compétitifs.
Revenons à la Chine. La Belt and Road Initiative est très ambitieuse certes, mais elle ne peut justifier une confiscation du processus démocratique. En même temps au-delà de cela il y a une réflexion à faire sur la manière de concilier les exigences de développement sur le long terme et le "cycle démocratique". Ce dernier n’a pas pour finalité de changer le leadership ou le faire alterner pour cliquer sur la case "élections organisées : Oui) mais bien de développer de manière durable et inclusive le pays. Il faut "requalifier" l’essence de la démocratie plutôt que sa forme. Quelqu’un disait qu’il faut désacraliser les élections en Afrique. Paul Collier en parle largement dans un de ses livres : "Wars, guns, and votes : Democracy in Dangerous Places". C’est un amplificateur de risques de violence dans beaucoup de pays. Mais une des pistes qui ressort de toutes ces études c’est qu’il faut se battre pour consolider les contre-pouvoirs. L’érosion des contre-pouvoirs est la mère de toutes les dérives. Et paradoxalement tout le monde se bat pour le pouvoir et très peu pour ériger et préserver les contre-pouvoirs.
Qui se bat au Sénégal pour rendre la représentation parlementaire plus exigeante et moins lucrative ? Moins de députés et moins d’avantages ? Si les députés devaient recevoir juste des indemnités de session on verra moins de bataille. Pour rester en chômage payé pendant une législature. Si on leur assigne une prime de performance, nombre d’initiatives parlementaires seraient abouties, par exemple. Ils dormiraient moins à l’Assemblée. Idem pour la séparation des pouvoirs, la limitation du nombre de partis, la régulation des médias de propagande publique, la démocratisation du droit de vote. Préserver la fonction publique des injonctions et du chantage politiques. Soumettre à la compétition tous les postes de direction et de chef d’agences. Réduire les mécanismes de distribution de carottes politiques que l’État utilise à des fins partisanes. Voilà ce qui pourrait constituer les bases d’un programme politique alternatif.
Les acteurs de tous bords sont obnubilés par les ’formes" de la démocratie. Alors qu’il faut vider la démocratie de ses formes ! Pour bâtir une "substance". Autrement cela devient un leurre avec ce cycle infernal. Surenchère pré-électorale, transhumance préventive -élections chaotiques-désillusions et déceptions post électorales- transhumance post traumatique - recomposition politique - contestation - surenchère à nouveau. Cette bande est usée. Elle se défile sous nos yeux depuis trop longtemps. La seule variante ce sont les formes de répression et la violence qui font des intrusions dans ce cycle.
L’ŒUVRE DE SAFI FAYE ET KHADY SYLLA, PAR rama salla dieng
MULTIPLE PHOTOS
FAD’JAL DE SAFI FAYE, UNE ETHNOGRAPHIE DU VIVRE EN COMMUN EN TERRE SEREER
EXCLUSIF SENEPLUS - Le film est un dialogue intergénérationnel en plusieurs parties, abordant des questions centrales comme l’histoire de Fad’jal, le rôle du travail dans la définition d’une identité personnelle et collective, la naissance et la mort...
Série de revues sur l’oeuvre des réalisatrices Safi Faye et Khady Sylla
Co-éditrices de la série : Tabara Korka Ndiaye et Rama Salla Dieng
Khady Sylla et Safi Faye, des noms qui devraient résonner dans notre imaginaire collectif tant elles ont été pionnières, dans leur art et dans leur vie parce que pour elles, l’art, c’est la vie. Leur vie et leur œuvre nous ont particulièrement ému. Pourtant, elles semblent porter en elles, la marque de celles vouées à être des égéries en avance sur leur temps ! Le tribut en est lourd. Si lourd! Et si dramatique. On demeure sur sa faim. Sur la promesse d’un potentiel. On reste sur le regret de ce qu’elles auraient pu être, auraient dû être, si célébrées comme le monstrueusement gigantesque Sembène. On reste sur les si…sur la fleur de toute l’œuvre dont elles étaient fécondes.
Safi Faye a en tout réalisé treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Âmes au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricières (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Elle s’est surtout intéressée au monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et au poids des traditions, le tout en pays Sereer.
Khady Sylla pour sa part, a été une férue de l’auto-exploration, pour théoriser depuis l’expérience propre. D’abord celle des marginalisés de la société avec Les bijoux (1998), Colobane Express (1999) qui capturent l’expérience du transport urbain avec un chauffeur de car rapide et son apprenti, puis la sienne avec Une fenêtre ouverte (2005) dans lequel elle parle de la santé mentale et enfin Le monologue de la muette (2008) qui parle des conditions de travail des ‘bonnes’. Auparavant, en 1992, Khady Sylla a publié chez L’Harmattan un superbe roman : le jeu de la mer. Les mots, Khady les jongle comme elle s’y accroche car ils la maintiennent en vie. Ainsi qu’elle le reconnaît dans Une fenêtre ouverte : ‘on peut guérir en marchant’.
Dans cette série, nous vous proposons nos regards croisés sur l’oeuvre de Safi Faye et de Khady Sylla, ceux d’une curatrice, créative et chercheuse Tabara Korka Ndiaye dont le projet s’intitule ‘Sulli Ndaanaan’ et celle d’une auteure, créative et universitaire, Rama Salla Dieng, passionnée de documenter la vie et l’oeuvre des oublié.e.s, marginalisée.e.s et silencié.e.s, toutes les deux férues de film, de musique et de littérature.
Fad’jal de Safi Faye, une ethnographie du vivre en commun en terre Sereer
Autrice : Rama Salla Dieng
Une cloche résonne alors que la bâtisse de l’église se dessine sous des chants chrétiens qui recouvrent les voix des écoliers dans une classe fermée.
Ces enfants récitent inlassablement la leçon du jour :
‘Louis 14 est le plus grand roi de France
On l’appelait Roi-soleil
Sous son règne fleurirent les lettres et les arts’
À leur sortie de l’école française, les jeunes écoliers, dans un contraste saisissant d’avec la retenue de leur tenue en classe, sont libres de redevenir eux-mêmes : des enfants, mais plus important encore, des enfants Sereer.
Les écoliers se dépêchent d’aller rejoindre les anciens sur la place du village sous deux arbres symboliques : le baobab et le kapok. Ils interrogent leur grand-père sur l’histoire (cosaan) de Fad’jal. C’est ainsi que commence Fad’jal, long métrage de 108 minutes réalisé par Safi Faye et paru en cinéma en 1979. Comme une célébration du syncrétisme culturel et cultuel, à moins d’être une critique du colonialisme, le reste du film s’évertue à déconstruire la leçon d’histoire qui se racontait en classe sous le regard bienveillant du maître d’école. Tout au long du film, l’église et la salle de classe seront les seuls espaces fermés, contrastant d’avec l’ouverture des autres lieux de vie et de communion à ciel ouvert (concessions et dans la nature). Le film chronique le quotidien des habitants du village en combinant savamment des séquences documentaires avec du matériel de fiction, symbole d’une technique ethnographique distinctive et alors nouvelle qui exerce encore une certaine influence.
Le titre français de ce film ‘Grand-père raconte’ nous renseigne alors mieux sur le sens de la citation d’Amadou Hampâté Bâ écrit en gros caractères au début du film : ‘En Afrique un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle’ qui fait écho au proverbe Wolof: ‘mag mat na bayi cim reew. De la citation de Amadou Hampâté Bâ, le philosophe Souleymane Bachir Diagne dira qu’il y a quelque chose de paradoxal dans l’affirmation qu’il faut vite transcrire et archiver l’oralité avant qu’elle ne meurt avec les vieillards. Pour lui, ‘on admet qu'elle est de toute façon déjà morte comme oralité et que la transcription se fait dans la tristesse des adieux et de la lecture des testaments : post mortem’. Le défunt Amady Aly Dieng est moins philosophe lorsqu’il rétorque à Amadou Hampâté Bâ : ‘Il faut voir de quelle catégorie de vieillards. Est-ce le bon vieillard ou le mauvais vieillard ?’ (L'entretien, 2Stv).
Quoiqu’il en soit de ce débat, la mise en scène reflète bien la volonté de Safi Faye de retracer et raconter l’histoire de son village natal Fad’jal tout en honorant la tradition orale et la parole des ancien.ne.s. Le film est en fait un dialogue intergénérationnel en plusieurs parties, sous l’arbre à palabres, abordant des questions centrales comme l’histoire de Fad’jal, le rôle du travail dans la définition d’une identité personnelle et collective, la naissance et la mort, les rites, l’héritage, de même que la transmission selon que l’on suit la lignée maternelle ou paternelle. En terre Sereer, les lignages matrilinéaires prédominent malgré l'évolution du système de parenté : ‘C'est un bâton maternel qui a tracé le Sine’ ainsi que l’explique le Professeur Pathé Diagne.
L’on apprend que le village de Fad’jal a été fondé par une femme : Mbang Fad’jal. Par la voix du griot, l’on découvre que sa petite fille Moussou s’était mariée à Kessine Jogoye, un chasseur d’éléphants. À L’origine, le village était formé d’une constellation d’habitations avec sept places publiques (penc) dont Ngakaane constituait la plus grande place. Le village n’avait ni roi ni reine. Toute son économie prospère reposait alors sur la production et le troc du mil, du riz, et du bétail. La nature généreuse offrait ses ressources aux villageois.e.s : la mer pour pêcher et les forêts pour chasser.
L’histoire de Fad’jal est aussi inextricablement liée à celle du buur Sin (Roi du Sine), Latsouk Fagnam. Ce roi jaloux savait qu’il ne manquait rien à Fad’jal qui était un village autonome et cela lui déplaisait. Il prit donc la ferme décision de détruire Fad’jal sans coup de fusil. Il voyage à Fad’jal avec toute sa suite dans chacune des sept places du village pour se faire célébrer et entretenir. Ce faisant, il épuise les réserves de Fad’jal en se faisant accueillir en grandes pompes. Les habitant.e.s de Fad’jal contraint.e.s à migrer par vagues successives furent appauvri.e.s par les sécheresses et le changement climatique.
Quelques années plus tard, deux jumeaux Ngo décidèrent d’aider les villageois à retourner sur les terres de leurs ancêtres cependant ce fut une tâche ardue qui ne put se faire qu’après moults péripéties dont les jeunes se rappellent aujourd’hui avec humour.
L’on apprend aussi du grand-père que ‘Fad’jal’ veut littéralement dire ‘travail’ montrant toute l’éthique conférée à cet aspect de la vie sociale selon le proverbe Sereer :
'Qui travaille, rit et sera heureux, qui ne travaille pas, on rira de lui.’
Pour le professeur Madior Diouf, sept cadres éducatifs définissent la culture Sereer : la case, la maison, l’arbre à palabres ou place publique, le troupeau, l’enclos d’initiation, les jeux de lutte et l’association villageoise. Le colonel Mamadou Lamine Sarr y ajoute d’autres chantiers-écoles : la construction de grandes pirogues, la navigation sur l’océan avec la capacité de s’orienter de jour comme de nuit, dans son ouvrage sur L’éducation du jeune Sereer Ñominka.
Dans Fad’jal, Safi Faye choisit de s’appesantir sur trois aspects fondamentaux : un jeune Sereer doit savoir travailler, danser et lutter. Le travail est d’abord organisé autour d’une division sociale nette comme Safi Faye nous le montre dans Kaddu Beykat, paru quatre ans plus tôt. L’on montre les femmes chantant pendant qu’elles cultivent l’arachide. L’histoire racontée dans le chant est une recommandation à la femme enceinte de se faire aider d’une jeune femme jusqu’à ce que son bébé soit assez solide pour qu’elle retourne à son travail aux champs. La danse et la lutte, sport traditionnel important, occupent aussi une place de choix dans la vie sociale à Fad’jal. La lutte est un jeu d’adresse, d’habileté et d’intelligence plus qu’elle n’est un jeu de rivalité ou de force. Les rituels et invocations aux aïeux occupent aussi une place considérable dans ce sport. Sous le battement des tambours rythmé au gré des chants et des applaudissements des femmes et des jeunes filles, des personnes âgées nostalgiques de leur vigueur et de leur habileté d’antan initient les plus jeunes à la lutte à la fin des récoltes.
La question des acquisitions de terres est abordée. Le patriarche explique que jadis celles-ci se faisaient de manière consensuelle avec le Jaraaf jouant un rôle clé. Cependant, avec la loi sur le domaine national entrée en vigueur en 1964, l'État gère les terres au nom des populations. Les populations de Fad’jal semblent dubitatives : ‘Maintenant, on dit que toutes terres appartiennent à l’Etat depuis la loi sur le domaine national de 1964.’ D’aucuns témoignent : ‘Cette terre qui appartenait à ma famille depuis quatorze générations, j’en ai hérité de mon aïeul qui l’a reçu du roi en contrepartie d’un sabre en argent que ce dernier lui a offert.’ Les terres de Fad’jal sont alors menacées par un nouveau projet de développement touristique qui verrait les populations recevoir 6000 francs de compensation contre la construction d’une case. Cette situation crée une tension intergénérationnelle avec d’un côté les vieux qui refusent de céder et de l’autre, les jeunes qui leur répondent : ‘allez-vous-en ! Votre temps est révolu !’
Un vieux leur intime de se taire et répond cyniquement : ‘Si l’État dit que la terre lui appartient et que nous aussi nous disons la même chose, notre terre, personne ne le volera, personne ne s’en appropriera tant que nous l’occuperons ! Ce clin d'œil fait sûrement référence au concept flou ‘mise en valeur’ de la terre pour éviter d’en être expulsé sans que pour autant les contours du concept ne soient juridiquement clarifiés par le législateur.
Lapidaire et ironique alors que l’interjection d’un villageois : ‘Mais que faisait cette loi quand nos aïeuls cherchaient à sécuriser leurs terres ? Cette loi n’a-t-elle pas de proches de qui hériter ?’
Dès le lendemain, un après-midi d’octobre 1977, des lotisseurs viennent mais font face à la résistance paysanne.
Ethnologue de formation, Safi Faye s’applique à documenter tous les aspects de la vie sociale de Fad’jal y compris et surtout des histoires de vie personnelles. Ce qui se passe à l’intérieur des cases, autre espace d’éducation et de vie, est montré : des scènes de vie ordinaires, la naissance, le décès. Ainsi donc, la caméra de Safi Faye lève le voile sur un autre aspect peu souvent montré dans les films africains : l’accouchement.
Dans une case donc, une femme : Coumba, se fait aider de deux matrones. L’attente de cette naissance imminente est longue et douloureuse pour celle qui va donner la vie et qui reste d’un calme étonnant. Coumba va et vient, s’accroche au toit de la case. Le silence troublé par ses gémissements lors des contractions et ses lamentations. Elle est maintenant assise, ses deux aides ajustant le pagne qui enserre savamment son ventre pour aider la descente du bébé.
D’un coup, la délivrance, lorsque le moment venu les deux matrones tirent sur les jambes du bébé qui hurle. Elles la font s’asseoir sur ce qui ressemble à du mil pour l’aider à faire descendre le reste de sang et lui remettent son bébé dans le bras.
Cette délivrance heureuse sonne le coup d’envoi des préparatifs pour la fête ! Une chèvre est égorgée pour l’occasion, les griottes chantent Coumba, la nouvelle maman tandis que les griots congratulent Ndick le nouveau père en louant sa lignée. Rien n’est occulté des rituels qui suivent la naissance : du premier port du bébé à sa première sortie et au plantage d’arbuste en l’honneur du bébé.
Fad’jal montre aussi les rituels d’enterrement et de deuil. Parallèlement, c’est aussi dans une case qu’une veuve en noir se retire après la perte de son époux, le vieux Waly. Tout comme la nouvelle maman, elle n’est jamais seule, mais est accompagnée d’autres femmes. Même dans le silence du deuil, les femmes sont en communauté.
Sous un baobab, un homme d’âge mûr rend hommage à son ami décédé. Détenteur du bâton symbolique du pouvoir dans la culture Sereer, il fait aussi un témoignage sur la qualité du travail de ce dernier, son amour pour les champs, pour les animaux et enfin pour sa famille tout en martelant le sol du bâton pour appuyer son propos. Enfin, il prononce des prières à l’endroit du défunt alors qu’au loin les cris des pleureuses se font entendre. Les chants résonnent :
‘Un bout de bois ne souffre pas, souffrir reste propre à l’homme’
Une pause puis ils reprennent de plus belle :
‘Chef de famille, tu es mort, à qui as-tu confié tes enfants ?
Chef de famille, oh toi qui as quitté les tiens, à qui as-tu confié tes orphelins ?’
L’on sacrifie un bœuf devant les proches qui témoignent sous les regards perdus et attristés des autres proches. Une autre ‘vache de dette’ est remise à la famille du défunt Waly en reconnaissance du geste que ce dernier avait fait pour cette famille. Le partage de la viande et du mil se fait sous le regard et les délibérations de tous et de toutes. Mais à Fad’jal, comme dans d’autres cultures ouest-africaines (comme au Ghana), la mort n’est pas un épisode triste, mais une occasion de célébrer la personne défunte. L’on danse, rit, boit de l’alcool en psalmodiant des prières et en partageant des souvenirs de la personne disparue. Les femmes de la classe d’âge du défunt Waly surtout, chantent et dansent en son honneur : ‘la saveur du mil que tu cultivais nous manquera.’
Dans les dernières scènes, des enfants sont les porteurs des paroles de sagesse Sereer, symbole d’une écoute attentive de leur grand-père et d’une transmission fructueuse et réussie.
La scène finale montre le détenteur du bâton invoquant la pluie pour une bonne récolte auprès des Pangool sous le kapok, symbole du syncrétisme spirituel dans le Sine-Saloum et mieux encore, au Sénégal.
Une trentaine d’années plus tard, comme en écho à Safi Faye, une autre écrivaine, d’origine Sereer et citoyenne du monde dira : ‘Je viens d 'une civilisation où les hommes se transmettent leur histoire familiale, leurs traditions, leur culture, simplement en se les racontant, de génération en génération’ (Kétala, 2006). Elle s’appelle Fatou Diome.
par Momar Dieng
CES LARCINS À GRANDE ÉCHELLE QUI N'ÉMEUVENT PLUS LE GOUVERNEMNT
Minimiser le saccage démentiel de fonds publics anti-Covid dont une bonne partie a profité à des intérêts privés de manière scandaleuse est une faute politique qui hantera durablement le gouvernement
La communication lancée par le Gouvernement pour tourner en dérision la gravité des constats faits par la Cour des comptes sur l’ampleur et la gravité de la prédation des ressources opérée par des autorités d’Etat sur les fonds de la Force Covid-19 a ses limites. Deux « soldats » ont été envoyés au front pour soliloquer : le ministre des Finances et du Budget (MFB) Mamadou Moustapha Bâ et son collègue du Commerce Abdou Karim Fofana, porte-parole du Gouvernement. A tout hasard, rappeler que tous deux ont été épinglés sur le sujet par la Cour des comptes dans leurs fonctions antérieures.
Le discours technocratique du MFB a globalement consisté à se satisfaire que les malversations dénichées n’aient concerné que « 0,7% seulement » des fonds mobilisés pour la riposte anti-Covid. « Seulement » moins de 7 milliards de nos pauvres FCFA ont été joyeusement dilapidés entre les poches de hauts fonctionnaires couverts par des ministres, et d’un cartel d’hommes/femmes d’affaires qui avaient déjà une fine connaissance des coins, recoins, couloirs et bureaux des ministères pour savoir à quelles portes frapper pour capturer des marchés.
Mais toutes choses étant égales par ailleurs – heureusement d’ailleurs ! - cette posture politique des deux ministres renseigne à 100% sur les liens que nos autorités entretiennent avec les deniers publics.
Porteur de la « riposte » gouvernementale au Rapport définitif de la Cour des comptes et quasiment célébré dans une bonne partie de la presse, le technocrate MFB, flanqué du porte-parole du Gouvernement, s’est extirpé du scandale du carnage des fonds Covid-19 pour se payer à moindre frais un long monologue sur les bienfaits du Programme de résilience économique et sociale (PRES) lancé par l’Etat pour amoindrir les effets de la pandémie à coronavirus. Au passage, il a quand même pris l’engagement que des suites seront données à l’affaire.
Le ministre porteur de la riposte épinglé par la Cour des comptes
Or, le PRES en tant que tel n’était pas l’objet de la mission de la Cour des comptes. « L’audit a pour objectif général de vérifier si les ressources mobilisées dans le cadre de la riposte contre la Covid-19 ont été utilisées conformément à la réglementation en vigueur et aux principes de bonne gestion », lit-on à la page 10 du Rapport. Et les objectifs spécifiques cités par la suite confirment cette direction des enquêtes.
Alors qu’il était Directeur général du Budget, Mamadou Moustapha Bâ avait été interpellé sur l’existence d’un écart de 8,182 milliards FCFA entre les transferts annoncés par le MFB au profit du ministère de la Santé et le montant qui figure dans le relevé du compte de dépôt du ministère des Finances. Sa réponse n’a pas convaincu la Cour des comptes qui a maintenu son audit sur ce point précis. Ceci n’est-il pas un camouflet qui poursuit le DG du Budget devenu ministre des Finances et du Budget en septembre dernier ?
A côté de l’ex DG du Budget ainsi épinglé par l’audit, la Cour des comptes signale aussi que « le ministère de la Santé et de l’Action sociale n’a pas répondu aux observations et projets de recommandation contenus dans le chapitre portant sur le pilotage stratégique de la pandémie. » Cette double défiance à l’endroit d’un organe de contrôle d’Etat n’explique-t-elle pas en partie cette opiniâtre entreprise de carnage des ressources financières publiques ?
« 0,7% seulement…»
« Seulement » 239 millions 733 mille FCFA ont été engloutis par le ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Hygiène publique pour « production de bacs à fleurs et travaux d’aménagement et de sécurisation ». Une folie qui n’a rien à voir avec la lutte contre la Covid-19, note la Cour des comptes. Des broutilles, peste le ministre des Finances et du Budget, qui avait à ses côtés son collègue alors à la tête de ce ministère, Abdou Karim Fofana !
« Seulement » 24 millions 588 mille FCFA ont été piqués des fonds Covid-19 attribués au ministère de la Fonction publique et dépensés sans liens avec la pandémie au titre de « la ligne matériels et produits d’entretien ». Encore des broutilles chez la plus inamovible des ministres depuis 2012, Mariama Sarr !
« Seulement » 141 millions 980 mille FCFA ont servi à organiser des « séminaires de formation et de renforcement des capacités et frais et de réception et de tenue de CRD » au ministère du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises sous Aminata Assome Diatta. Evidemment, tout était lié à la Covid-19 !
« Seulement » 49 millions 587 mille FCFA ont été vendangés par le ministère de la Microfinance dirigé par Zahra Iyane Thiam entre « perdiems et autres frais de communication, location, entretien et réparation de véhicules, location d’avions, frais d’hébergement…»
« Seulement » 800 millions 461 mille FCFA. Le ministère des Mines et de la Géologie du Docteur en informatique Oumar Sarr a trouvé ici l’aubaine de se servir des fonds Covid-19 en s’équipant de logiciels et de matériels techniques divers !
« Seulement » 140 millions FCFA comme « écart entre les montants reversés par la FSB (Fédération sénégalaise de basket-ball) et le total des décharges produites par le DAGE » Mamadou Niang Ngom sous le regard de son patron, l’ex ministre des Sports Matar Bâ. Encore que ledit DAGE a humblement fait son mea culpa quand il est épinglé pour le paiement en espèces de 190 millions FCFA comme subventions à des « associations légalement constituées » : « (…) Nous sollicitons votre tolérance administrative par rapport à la violation des dispositions de l’article 104 du RGCP…»
Au total, c’est « seulement » 20 milliards FCFA environ qui ont été dépensés sans lien avec la Covid-19, dans des conditions générales de non transparence « révélateur d’une absence de rationalisation des dépenses », relève la Cour des comptes.
« Cette situation découle des insuffisances notées dans le pilotage stratégique de la lutte contre la pandémie, particulièrement de l’inexistence d’un cadre de dialogue de gestion efficace entre le MFB et les ministères dépensiers qui ne se sont pas dotés de plans de résilience sectoriels pertinents pour une gestion efficiente des ressources dédiées à la riposte. »
Un régime dérogatoire au Code des marchés publics a été institué par le décret n°2020-781 du 18 mars 2020 afin d’accélérer la passation et l’exécution des marchés. Cette décision présidentielle a-t-elle ouvert la boîte de pandores en libérant les malversations et les cupidités de toutes sortes ?
Les enquêteurs de la Cour des comptes ne sont pas des illuminés. Ils jugent « compréhensible » l’institution de ce régime dérogatoire pour une « exécution diligente des dépenses » et une réduction des « délais d’acquisition des biens et services. » Néanmoins, cette dérogation devient vite « problématique » en l’absence d’un encadrement strict des procédures et de la bonne foi des acteurs. Deux cas concrets, entre autres, concernent le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
En privilégiant ses propres fournisseurs au détriment de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) « pour les mêmes types d’équipement et la même quantité », ce ministère alors dirigé par Abdoulaye Diouf Sarr a infligé à l’Etat un manque à gagner estimé à 983 millions 450 mille FCFA, note la Cour des comptes.
Pour la construction d’un CTE (Centre de traitement épidémiologique) anti-Covid-19 à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, le marché est attribué à l’entreprise SONABI pour un montant de 1 milliard 614 millions 616 mille FCFA. Mais alors qu’aucun contrat n’est encore signé, le ministère de la Santé verse quand même à l’entreprise une avance de démarrage de 726 millions 577 mille 200 FCFA (45% du montant) en deux tranches : 315 millions 682 FCFA payée le 27 mars 2020, puis 410 millions 894 payée le 30 juin 2020.
Le contrat sera signé a posteriori en date du 13 juillet 2020 « soit quatre mois après le versement de la première tranche de l’avance de démarrage. »
Entre amis affairistes, on se rend services comme on peut, là où on est ! De telles histoires méritent que le Premier ministre Amadou Bâ vienne à son tour éclairer la lanterne des Sénégalais devant l'Assemblée nationale. A moins qu'il préfère continuer à s'en laver les mains !
PAR Charles Faye
PELÉ
Pelé n’est pas mort Edson si. Beaucoup ne connaitront pas l’éternité de Pelé, tant ils seront tristement passés à côté de leur sphère, laissant pour seule trace une épitaphe illisble sur une dalle érodée.
Pour une trajectoire mal ajustée, des principes tombant telles des feuilles mortes, des ambitions s’écrasant sur des montants, ils auront raté les multiples occasions d’écrire leur histoire dans les lucanes béantes.
Comment ne pas voir comment Pelé a construit sa légende pour ne pas s’en inspirer et ne pas se retrouver dans le cercle des grands, des plus grands ?
Savoir s’arreter, pour que s’installe le mythe. S’en aller sans jamais partir.
Le monde pleure. Le football est en deuil. Son roi est mort. Quelle vie ! Quelle fin !
De quoi nous interroger en cette fin d’année tristounette, marquée par des histoires d’hormones débridées, de détournements de deniers publics, d’inélégance, d’arrogance.
2022 se meurt, dans la tourmente, sans gloire, sans promesses sinon annonciatrice d’une année encore plus sombre, porteuse de craintes de lendemains incertains, de films aux séquences X à faire tomber, de germes de la division.
La gloire n’est pas partout, pas chez nous en tout cas en ce 2022 à l’agonie, avec ses casseroles. Excit l’année, vive 2023, qui ne nous demandera pas du reste notre avis.
Aussi sûre que l’incertain, elle arrive avec son lot de surprises et d’incertitudes, dans notre rectangle de vie sec et chaud. A nous de faire en sorte qu’elle ne nous tombe pas dessus, qu’elle ne nous aspire pas dans ses angles morts, pour s’offrir, à nos dépens, des coups francs imparables.
C’est en ce sens que les arabesques de l’enfant Dico devenu Pelé, doivent nous livrer leurs secrets, pour dribbler les plans des infortunes se dessinant sous nos yeux.
Ces hasards subséquents, devant lesquels devront s’affirmer et s’assumer des responsabilités individuelles et collectives, afin que le Sénégal ne sombre pas dans la genèse d’un autre monde, auquel le renvoie quasiment son anagramme.
Entouré par une ceinture de feu djihadiste, convoité par la nouvelle géopolitique mondiale, éprouvé par le radicalisme et le populisme, aveuglé par le communautarisme et l’obscurantisme, traversé par l’onde de choc jeunesse, mis à rude épreuve par l’extrémisme politique, le Sénégal peine à se rassurer et assurer une bonne nouvelle année.
Pelé nous dira qu’on ne récolte que ce que l’on a semé, encore que les Lions nous ont donné de grandes joies en 2022.
Mais là n’est pas la question. C’est le mythe Sénégal qui s’effrite et ça, ce n’est pas possible.
Par Assane Guèye
ARRIVISTES DE LA POLITIQUE ET ARTISTE DU BALLON ROND
Le temps est le meilleur juge. Il passe. Les années défilent. Au même moment, les occasions en or nous filent entre les doigts qui se crispent. Les opportunités se présentent. Les opportunistes les gâchent une à une.
Le temps est le meilleur juge. Il passe. Les années défilent. Au même moment, les occasions en or nous filent entre les doigts qui se crispent. Les opportunités se présentent. Les opportunistes les gâchent une à une. Le spectacle qu’offre le microcosme politique sénégalais est lamentable. Les professionnels de la petite politique ne cessent de décevoir. Ils n’ont pas le génie des devanciers. Ce sont des nains juchés sur des épaules de géants. Comme il y a 11 ans, l’histoire pourrait se répéter. Le débat puéril du mandat est susceptible d’être réitéré. La première fois, c’était une tragédie. La seconde fois, ça sera une farce.
Le pays mange le temps mais il ne peut absolument pas se payer le luxe d’une nouvelle crise de cette nature. Il est vrai qu’une forme de nihilisme qui est la dévalorisation de toutes vertus s’est installée. Il est clair que la crise de civilisation s’est aggravée. Mais aucun agité ni cerveau cynique n’a le droit de tordre un bras. Les courtisans comblés sont les pires conseillers. Un soutien sincère du Président s’honore à plus travailler ses dossiers qu’à manœuvrer pour garder le plus longtemps son fromage. C’est fou que de rêver un mandat de trop pour son mentor. Il faut bien qu’il ait un bilan immatériel qui sera la cerise sur le gâteau des réalisations matérielles. Parce qu’il vaut mieux d’être adulé à la sortie de fonction qu’au moment d’entrer. Cela vaut tous les sacrifices et compromis humainement possibles.
Les sottises ne sont pas l’apanage de ceux qui sont aux manettes. L’opposition irréductible a aussi de la poutre dans les yeux. Elle va ajouter de la cacophonie. Les concerts de casseroles ont cassé la baraque la première fois. Il n’y a rien de mal à engager un combat pacifique face au gouvernement de combat. Mais la trouvaille a quelque chose de misérabiliste. Le Sénégal n’est pas un pays en lambeaux privé de tout. Hors, c’est dans des pays de ce genre qu’on voit ce genre de protestations. Nous valons donc mieux que ça. Il est aussi intéressant d’observer que les initiateurs des casseroles bruyantes traînent eux-mêmes des casseroles. Un festival des grandes idées ou un art du silence serait plus innovant.
Je me compare, je me console. Je me regarde, je me désole. La maison commune est un phare démocratique de plus en plus anarchique. Les nains sont juchés sur des épaules de géants. Les précurseurs évoqués plus haut étaient de grands metteurs en scène. Mais ils n’ont pas manqué de succomber aux attaques des démons. Ils sont responsables de la rupture de transmission complète à la nouvelle génération. Un nouveau peuple a surgi. Parce que chaque génération est un nouveau peuple. La discipline n’est pas sa force première. Laissée à elle-même, les colonies numériques formatent les cadres mentaux. Précisément, elles détériorent la santé mentale. Le résultat est dévastateur. L’hyper-violence des réseaux asociaux découle d’une absence totale de régulation. Il n’est pas exagéré de les classer dans la catégorie des bombes atomiques et des changements climatiques. La menace est dans chaque fibre. Plus on l’ignore, plus elle s’aggrave. Comment la conjurer ? Il faut avoir l’âme de l’artiste et de l’artisan. Ils créent des œuvres qui les dépassent. Ils ne font pas de musique sans partition. La classe politique est en mal de metteurs en scène. Ça nous fait souffrir terriblement. Les années, les mois souffrent de la façon. Voilà pourquoi ils passent si vite. Le proverbe arménien est indépassable : « honteux de ce qu’il voit tous les jours, le soleil se couche en rougissant ».
Les funérailles de 2022 coïncident avec celles du roi Pelé. Les connaisseurs disent qu’il avait un lien de parenté avec le ballon. Grâce à lui, le Brésil est célèbre dans le monde. « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ».
PAR Courani DIARRA
DESAMMOUR
Est-il seulement possible de conjuguer l’action du Président Macky Sall à l’imparfait en cette semaine finissante de l’année 2022 ? Sans ambages, je réponds : « Non ! ». Avant tout, parce qu’il est le président de la République en exercice.
Est-il seulement possible de conjuguer l’action du Président Macky Sall à l’imparfait en cette semaine finissante de l’année 2022 ? Sans ambages, je réponds : « Non ! ». Avant tout, parce qu’il est le président de la République en exercice. Je n’aime pas parler de politique mais il est bon, parfois, de se mêler de « ceux qui ne nous regardent pas » (les tenants du pouvoir). Car de plus en plus, le désamour entre acteurs politiques contamine d’autres couches de la population et pollue l’atmosphère, hélas !
Que les politiques jouent à « Je te tiens, tu me tiens.. », -vous savez, la comptine qui autorise les claques- ou à « Ali Baba et les 40 voleurs » (sous nos tropiques, leur nombre devient exponentiel), c’est leur malédiction ! Mais comment comprendre l’acharnement de certains observateurs sur ces rappeurs qui ont rencontré le chef de l’État ? Ces acteurs culturels n’ont pas besoin de l’onction de leurs pourfendeurs pour discuter avec l’autorité qu’incarne Macky Sall de leur vécu, leur vision, leurs opinions et leurs projets. Rappeurs ou promoteurs culturels, ils sont citoyens de ce pays et, à ce titre simplement, ont le droit de dialoguer avec le Président. Bien plus, leurs voix portent souvent plus loin que celles des élus. Ce propos ne porte donc pas sur le fond, mais sur la forme. Qui, parmi ceux qui clashent Xuman et ses potes reçus en audience au palais de la République, oserait refuser de déférer à l’invitation du Président ?
Tant que le dialogue est possible, encourageons-le !
Notre société est réputée pour sa tradition du dialogue, des échanges, des discussions au sein des familles et des communautés, pour trouver une solution à un problème quelconque ou parvenir à un consensus. Par conséquent, toute rencaontre ou discussion entre le chef de l’État et toute autre partie ne fait que perpétuer cette vieille tradition sénégalaise que nous avons toujours célébrée et protégée. Chacun est libre cependant d’émettre son avis sur les résultats d’une telle rencontre. Par contre, critiquer, voire s’opposer à sa tenue, est inacceptable sous peine de remettre en cause une valeur fondamentale de notre société. Tant que le dialogue est possible, encourageons-le ! Tous les peuples n’ont pas ce privilège qui est un gage de stabilité. C’est surtout en se parlant et en s’écoutant qu’on pourra préserver la paix et la cohésion au Sénégal, même s’il reste vrai, comme disait le doyen Ibrahima Bakhoum, il y a bientôt 25 ans, que « les chemins qui mènent à l’enfer peuvent être pavés des plus louables intentions ».
Ne nous laissons pas manipuler par la haine gratuite, la peur de l’inconnu. Apprenons plutôt à panser nos maux avec des mots, à penser ces mots avant de les prononcer. Comme les rappeurs, quoi. Sachons raison garder, interroger les actes avant de les condamner. L’air infect qui circule dans le pays n’étouffe pas quelques-uns pour épargner les autres. Il asphyxie tout autant les pragmatiques et les marchands de sommeil, les bosseurs et les branleurs. Croyez-moi, le Sénégal a certainement d’autres urgences à gérer. Si en 2022, des compatriotes croient encore que le raccourci pour la richesse, c’est le vol (détournement) ou la multiplication de billets, alors le chemin reste long vers l’émergence. Et d’autres viendront promettre, pire que Koukandé, de ressusciter Moïse pour qu’il sépare, non pas la Mer Rouge, mais l’océan Atlantique en deux.
Cessons les enfantillages et mettons-nous au travail, parce que « ligeey mo yorr reew » (c’est par le travail qu’un pays se développe), ainsi que le chante Youssou Ndour. L’élégance suppose aussi de ne pas douter de la bonne foi d’autrui à tout bout de champ…
par Mame Diarra Sow
ENGAGEONS LA GUERRE REPUBLICAINE POUR LA PAIX
La guerre républicaine, seule solution pour sortir de cette violence qui mine notre Sénégal et qui risque de nous conduire au chaos. Une bataille républicaine massive et totale avec comme arme miracle l’impératif d’unité nationale
La guerre républicaine, seule solution pour sortir de cette violence qui mine notre Sénégal et qui risque de nous conduire au chaos. Une bataille républicaine massive et totale avec comme arme miracle l’impératif d’unité nationale. Une bataille de réconciliation nationale pour 2023 avant 2024 s’avère inéluctable. Sinon la victoire des uns, sera improbable et la défaite des autres impossible
VIOLENCE ET CHAOS.
Partir des mots simples pour décrire les maux complexes qui gangrènent notre vivre ensemble, pour décrier la violence qui sévit dans notre cher Sénégal et le chaos qui le guette.
Une tribune pour redire la gravité de l’heure qui a été déjà amplement et abondamment décriée partout, par tous. Aussi bien en public qu’en privé ; aussi bien par l’opinion nationale qu’internationale. A l’intérieur nous sommes tous sidérés. De l’extérieur nous sommes regardés avec stupéfaction.
Indignations à l’unisson. Condamnations à l’unanimité. Un appel à l’unité nationale pour sauver notre belle République du chaos. L’impératif d’unité s’avère inéluctable pour l’année 2023 avant de parler de l’enjeu majeur de 2024.
Car à y voir de près à la surface avec une courte vision l’enjeu demeure la violence réduite aux altercations physiques de l’Assemblée nationale ou aux dérives verbales de l’espace public. Mais à l’appréhender dans sa profondeur, cette violence générale et généralisée et son cortège de déflagrations est bien ancrée dans notre vivre ensemble. Les faits de violence connus s’apparentent à l’arbre qui cache la forêt.
La violence exprimée par les uns et les autres est le résultat d’un long parcours parsemé d’épines et de cactus ; de piques et de cailloux. C’est une escalade de violences, Initialement verbale, elle s’est développée de manière forte et exponentielle. Elle a pris forme avec de l’élan et de l’épaisseur et s’est confortablement installée dans notre vivre ensemble. Une violence multiforme, politique, sociale et économique
Au plan politique, l’on a constaté qu’à force d’invectives, qu’à force de propos agressifs, les débats politiques sont devenus haineux. La compétition s’est mue en animosité. Et les adversaires politiques sont devenus des ennemis. S’y ajoute que c’est une minorité politique bruyante qui exerce la violence sur une majorité citoyenne silencieuse. Des contradictions violentes aux antipodes des oppositions de vision politique de naguère entre Cheikh Anta Diop sur l’antériorité de la civilisation africaine et la vision mondialiste de la civilisation de l’universel de Léopold Sédar Senghor. Ou bien encore de son socialisme africain face au libéralisme de Maitre Abdoulaye Wade. Et L’on pourrait poursuivre la liste de ces oppositions politiques républicaines et fécondes. Avec ces grandes figures emblématiques qui ont fait la fierté et la grandeur de notre République.
Au plan sociétal, c’est le déficit de civisme et l’insuffisance du savoir faire et du savoir être. A la place des intellectuels, ce sont les influenceurs qui occupent la scène sociale. Le savoir qui est la pierre angulaire de tout progrès est placardisé au profit de l’avoir. Nul besoin d’avoir une trajectoire républicaine par le mérite pour contribuer au progrès de son pays. C’est le laissez aller et le laissez faire. Tout est autorisé même ce qui est interdit au nom de la démocratie et des libertés s’y rattachant. Libertés et libertinage sont confondus. La frontière entre la vie privée et la vie publique dans cette ère numérique est devenue floue voire illisibles. Dans le champ républicain on ne débat plus de l’essentiel mais de l’accessoire. Les débats structurels sont remplacés par des échanges sur les parties fines des uns, les frivolités des autres. Et les responsabilités sont partagées depuis l’affaire sweet beauté Adji sarr/ Ousmane Sonko et son déroulé.
Au plan économique, la violence fait l’actualité. Les populations sont violentées avec des crimes économiques sans précédent. Les scandales financiers font foison. Tout grand projet de l’Etat pour inscrire le pays dans l’émergence est une occasion de détournement et de corruption pour dirigeants et fonctionnaires véreux. Le récent rapport de la Cour des comptes sur la gestion des fonds de 1000 milliards destinés à sauver la nation en est une illustration parfaite.
Force est de constater que le climat républicain est devenu extrêmement délétère. Un climat venteux, poussiéreux, ensablé. Une atmosphère polluée, anxiogène qui se pointe à l’horizon depuis un bon moment. Une tension sociale qui couve depuis fort longtemps. Et c’est dire que la République dégradée, déchirée avec une fracture sociale profonde verbatim Président français J. CHIRAC et une plaie béante s’est résolument inscrite dans une descente aux enfers.
A cet égard, comment panser la plaie républicaine et la fracture sociale décrites ? Comment penser les solutions et thérapies de soin de cette République malade?
D’emblée une seule réponse à cette interrogation : l’impérieuse nécessité d’une réconciliation nationale pour l’année 2023 préalable à tout rendez républicain de 2024. L’impératif d’unité nationale pour sauvegarder notre commun vouloir de vie commune cher au père fondateur de la nation sénégalaise
La bataille républicaine de la réconciliation nationale s’avère inéluctable pour 2023 sinon nulle bataille électorale pour 2024. Apaiser le climat social et restaurer notre République en agonie dont les piliers institutionnels très fébriles s’affaissent de jour en jour.
S’agissant du pouvoir Exécutif, une rupture de confiance entre les gouvernants et les gouvernés due principalement à une mal gouvernance insatisfaisante qui impacte négativement le bien- être des populations. Des citoyens qui sont préoccupés par leur pouvoir d’achat et qui attendent leurs fins de mois comme leurs fins du monde. Qui attribuent leurs insuffisances et leurs misères à une gouvernance prédatrice et prévaricatrice des deniers publics par ceux qui les dirigent. En lieu et place de les servir, ils ne cessent de se servir à leur détriment.
Concernant le pouvoir judiciaire, le débat s’articule au niveau d’une justice à deux vitesses et à géométrie variable selon que l’on soit au pouvoir ou à l’opposition. L’instrumentalisation de la justice à des fins politiques est éminemment d’actualité. Sur toutes les affaires pendantes, il n’y a presque plus de frontière entre les droits des uns et les devoirs des autres. Une confusion d’interprétation sur toutes les questions de droit qui nous interpellent. Le principe sacro -saint de l’autorité de la chose jugée est remis en question ; même sur l’interprétation de notre loi fondamentale. En atteste la question actuelle de la troisième candidature du Président SALL pour l’année 2024 et les différentes interprétations déjà agitées. Au demeurant alors que ce n’est ni le moment ni le lieu. Ni le moment car en République on doit se soumettre au calendrier républicain qui fixe les rendez- vous républicains et les débats y afférent en prélude du choix des citoyens, et le temps présent n’est pas dédié à installer le pays dans une campagne prématurée. Ni le lieu car en République, il y a une institution autre que le tribunal médiatique chargée de juger la recevabilité des candidatures pour toute élection républicaine. Encore une violence.
Quant au Pouvoir législatif qui est l’épicentre du séisme de la violence, empruntant les propos de René Dumont tiers-mondiste et ami de l’Afrique force est de constater que « la rentrée parlementaire de la 14ème législature était déjà mal partie ». Avec ce tohu-bohu, ces scènes de turbulence et de chahut au rythme des sons de chaises et de tables. Ce tintamarre en place et lieu de débat. Il ne fait pas exception et reste à l’image nationale. L’on voit un parlement de gueux, teinté de fanatisme et de radicalisme qui tend à faire mourir la République alors que la naissance de notre toute première République y a eu lieu. En parole, des honorables députés crient urbi et orbi qu’ils sont des serviteurs alors qu’en actes ils apparaissent comme des misérables élus dans leurs respectives positions partisanes qui minent la République.
L’impératif d’unité nationale comme arme miracle
Une fois le constat d’une République en agonie et d’une nation malade. Aux grands maux les grands remèdes. Dans ce vaste champ républicain en ruines une guerre républicaine doit être engagée sans tarder avant qu’il ne soit trop tard. Face à chaos debout prêt à s’emparer de la république. Avec comme seule arme l’impératif d’unité nationale. Une arme miracle qui n’est ni mirage ni utopie
Toutefois dans cette bataille pour la réconciliation nationale qui s’avère inéluctable pour l’année 2023 avant tout enjeu de 2024 il faut la mener avec organisation et méthode. « philosophie du Président SENGHOR ». Chacun son rôle et sa mission.
A Monsieur le Président de la République de mener cette bataille de réconciliation nationale pour l’intérêt du Sénégal et l’honneur de la République.
En présidant aux destinées de la République, vous êtes également le Chef de l’Etat et le Chef des Armées. Ce faisant, il vous appartient de mener cette bataille républicaine pour apaiser notre pays, pour sécuriser nos concitoyens. Un climat républicain serein et paisible est la condition sine qua none pour toute vision de progrès et de prospérité inhérente à chaque société. Monsieur le Président, il vous appartient de siffler la fin de la récréation avec autorité sans autoritarisme. Parlez à votre peuple surtout à propos des violences économiques. Parlez à vos collaborateurs indexés qui ne respectent pas le jeu républicain en se démettant de leurs charges et se mettre à la disposition du pouvoir judiciaire pour clarifier leur innocence présumée. En même temps ne pas gêner l’autorité et le gouvernement qui est la structuration du fonctionnement du pays. Aussi, Un appel à l’ensemble de la nation même, à vos concitoyens les plus virulents ne serait pas une faiblesse coupable mais un devoir historique.
Il vous appartient de mobiliser les forces de la nation. Il vous appartient de rassembler tous les Sénégalais. Il vous appartient de nous guider pour l’année 2023 sur le chemin de l’unité nationale. Que les sénégalais d’ici et d’ailleurs soient unis dans cette bataille de réconciliation nationale. Qu’ils soient liés dans la résistance républicaine. Pouvoir comme Opposition puisque tout part du champ politique.
Vivement que toutes les affaires judiciaires pendantes des acteurs politiques ou des militants républicains en maille avec la justice soient purgés au nom de la réconciliation nationale.
Vivement que les ressources attendues pour 2023 deviennent la gloire de notre Sénégal à l’instar des Emirats Arabes Unis, modèle d’intelligence économique.
Le message attendu pour 2023 quoique cela vous coute est un dialogue national d’anthologie en vue d’une Conférence nationale pour la réconciliation des esprits et des cœurs conformément à la volonté du peuple sénégalais traduite dans la configuration parlementaire issue des dernières élections.
Aucune majorité absolue de part et d’autre
Ma conviction est que le leader naturel de l’opposition Ousmane SONKO répondra positivement quel qu’en soit le prix. Parce que dans sa clairvoyance, il fait la différence entre l’exigence de compromis républicain de l’heure et la compromission. Entre responsabilité et faiblesse. Il comprend l’aspiration de ses concitoyens et l’enjeu républicain de mener le combat pour permettre à notre pays d’accéder à une souveraineté pleine et entière (économique, éducationnelle sanitaire...). Et que le vrai débat, c’est de transformer nos ressources pétrolières et gazières en richesses. De débattre sur les visions d’industrialisation et de numérisation de notre économie avec comme préalable l’apaisement national.
Ma conviction est que les sages de la République comme les anciens Présidents Diouf et Wade répondront à l’appel pour sauver la République et par ricochet leurs héritages.
Ma conviction est que tous les dignitaires religieux épris de paix seront présents.
Ma conviction est que la jeunesse activiste ou pas doit être de la partie.
Parlez à votre jeunesse par crainte qu’elle s’égare dans les pénombres du populisme politique et du terrorisme intellectuel comme vous suggérez votre défunt frère d’arme ABC CISSE.
Pour l’année 2023 l’année de la synthèse et de la réconciliation, tous ensemble pour une Co construction de paix et de progrès.
Pour l’année 2024, l’année du choix, seul le peuple est souverain.
Vive le Sénégal. Vive la République.
Par Moussa Kamara
CARNAGE ET PILLAGE
Peut-être que la presse mourra si les sites cessent de la piller pour se doter de rédactions qualifiées et pérennes. Et pour cela ce n’est pas encore demain la veille !
Ces temps-ci, nous nous réveillons chaque matin avec au choix plus d’une vingtaine de quotidiens qui nous proposent des tas d’informations. Des infos quelques fois très partisanes, rarement neutres ou objectives.
Il suffit quelque fois de parcourir les Unes pour se rendre compte des sources de revenus de ces canards. On tire sur le pouvoir ou on tire sur l’opposition pour exister. Il y a quelques années, la mort de la presse traditionnelle était largement programmée. Pour être remplacée par une presse numérique qui n’a pas apparemment pas répondu à toutes les attentes.
Des groupes de presse sont nés, avec des sites bien fournis en journalistes là où d’autres existaient déjà mais sans le personnel adéquat. Personne ne peut dire exactement le nombre de sites existant sur la toile. A croire que c’était plus facile d’ouvrir un site que de créer un journal traditionnel. Il suffit de visiter les sites pour se rendre compte de l’inanité des prévisions de disparition de la presse traditionnelle. D’ailleurs, la plupart de ces sites ne faisaient que reprendre les articles de la presse traditionnelle. Sans d’ailleurs avoir la grandeur de les citer! Faut bien reconnaitre que ce n’est pas ainsi qu’il fallait combattre la presse d’avant. Parce les meilleures plumes sont dans la presse traditionnelle. Certains doyens qui continuent de publier des articles le font dans la presse avant d’être repris dans les sites.
Avec les sites sont nées les fake news. N’en déplaise à certains internautes qui n’ont aucun respect pour les journalistes. Avec Internet c’est le tout-venant. On participe et on intervient sur tout. Avec une liberté inouïe, ils publient tout ce qui leur passe dans la tête.
Avec le Net il n’y a pas de Dirpub ni de Redchef pour vous corriger ou vous censurer. Ce manque de surveillance donne des ailes à certains intervenants qui se croient alors tout permis. N’ayant jamais eu la possibilité de publier dans la presse traditionnelle, ils prennent leur revanche sur la toile.
Difficile d’échapper à leurs diatribes quand on travaille dans la presse écrite ou à la télé. On peut se demander à juste raison qu’est-ce qui les pousse à agir ainsi ? Il est rare qu’un journaliste trouve grâce à leurs yeux. Cette intimidation cesse dès que le patron de presse affiche des opinions qui recoupent les leurs. Ces individus qui réclament à tout va la démocratie sans être des démocrates dans l’âme illustrent parfaitement ces impertinents du Net.
Peut-être que la presse mourra si les sites cessent de la piller pour se doter de rédactions qualifiées et pérennes. Et pour cela ce n’est pas encore demain la veille !
Touba : Opérations combinées police et gendarmerie
Les forces de défense et de sécurité ont lancé des opérations à Touba pour réduire la délinquance dans le département de Mbacké. En effet, la gendarmerie nationale en appui au commissariat spécial de police de Touba, a participé aux opérations combinées dans la période du 25 au 27 décembre dans le département. Pendant ces trois jours, les forces de défense et de sécurité ont visité les communes de Touba Mosquée, Taïf et Kaël dans les arrondissements de Ndame, Taïf et Kaël. D’après la gendarmerie, 153 personnes ont été interpellées dont 130 pour identification et 03 pour nécessité d’enquête, 18 pour ivresse publique manifeste, 01 pour détention et usage de produit cellulosique et 01 pour détention d’armes blanches et destruction de biens d’autrui. Les opérations vont se poursuivre pour mettre hors d’état de nuire les délinquants.
Manifestation de la société civile
Le combat pour la traque des voleurs des deniers publics commence aujourd’hui. La société civile appelle à un grand rassemblement aujourd’hui à la place de la Nation pour exiger des poursuites judiciaires contre toutes les autorités épinglées par le rapport de la Cour des comptes et d’autres corps de contrôle de l’Etat. La société civile sera soutenue dans la lutte par l’opposition, notamment la coalition Yewwi Askan wi qui appelle également à la mobilisation à la place de la Nation. Maintenant, il reste à savoir si le Préfet de Dakar, prompt à interdire des manifestations, ne va pas gâcher le rassemblement.
Le Préfet de Tivaouane interdit le rassemblement
Depuis son incarcération, la vague de soutien au député Massata Samb, ne cesse de s’amplifier à Tivaouane, où il a été élu sur la liste départementale de l’inter coalition Yewwi-wallu. D’ailleurs hier, un vaste rassemblement était prévu dans la cité religieuse pour demander la libération du député, mais il a finalement été interdit par le Préfet. Serigne Mansour Balkhawmi, le porte-parole du collectif, explique que le rassemblement pacifique était prévu à 16 heures, la lettre d’information a été déposée sur le bureau de l’autorité administrative depuis le vendredi 23 décembre. Mais, se désole-t-il, le Préfet a attendu le jour de l’évènement, à 11 heures 06 mn, pour notifier aux organisateurs la décision d’interdiction, pour risques de troubles à l’ordre public. En lieu et place du rassemblement, la foule a finalement convergé vers le domicile familial du député Massata Samb où elle a été reçue par la maman de ce dernier.
Les prestataires et contractuels de l'hôpital le Dantec en chômage
Dégâts collatéraux de la construction de l'hôpital Aristide le Dantec. Les prestataires et contractuels (CDD) dudit hôpital, déployés à l'hôpital militaire de Ouakam, seront virés à partir d’aujourd’hui. Ils sont envoyés au chômage. Le médecin-colonel Youhanidou T. Wane, Directrice de l'hôpital militaire de Ouakam, a pris une note de service pour informer que les contractuels dont le contrat expire en décembre 2022 et les prestataires mis à la disposition de l'hôpital militaire depuis le redéploiement du personnel de l'hôpital Aristide le Dantec, sont priés d'arrêter leurs activités à compter du 31 décembre 2022, délai de rigueur. A cet effet, la Directrice de l'hôpital militaire de Ouakam demande aux chefs de services concernés de prendre toutes les dispositions utiles pour la continuité du service.
Le budget de la Ville de Dakar s’élève à plus de 59 milliards
La ville de Dakar tient son budget pour l’exercice 2023. Le Conseil municipal de la Ville de Dakar a voté son budget 2023 qui s’équilibre en recettes et en dépenses, à la somme de 59 834 649 789 francs FCFA. Il connaît une hausse de 5 880 825 949 francs FCFA par rapport à l’année 2022, soit 9,82% en valeur relative. En plus, le Conseil présidé par le maire Barthélemy Dias a adopté le plan d'action pour l'accès à l'énergie durable et le climat (PAAEDC) qui fait un diagnostic de la situation de l’accès à l’énergie dans la Ville de Dakar, l’analyse de la consommation d’énergie des installations municipales et la proposition d’actions et de mesures pour promouvoir l’accès universel à l’énergie et l’économie de la facture d’électricité municipale. L’équipe municipale a également actualisé le plan annuel de renforcement de capacités (PARCA) pour l’année 2023, le tableau de programmation des projets du plan triennal d’investissement (PTI) 2023 - 2025 et du plan annuel d’investissement (PAI) 2023.
Gambie : les détails du coup d'État déjoué
Les autorités gambiennes ont livré jeudi pour la première fois des détails sur la tentative de coup d'Etat déjouée le 20 décembre à Banjul, affirmant que ses auteurs avaient prévu d’arrêter de hauts responsables du gouvernement et de les utiliser comme otages pour empêcher toute intervention étrangère. «Ils avaient également l'intention de retirer (de leurs fonctions) tous les officiers supérieurs de l'armée à partir du grade de major et au-dessus, ainsi que de restructurer les forces armées gambiennes », a assuré Abubakarr Suleiman Jeng, le conseiller à la sécurité nationale, qui a lu la déclaration devant les médias au quartier général de la Défense à Banjul. Une commission d'enquête, qui doit rendre son rapport dans un mois, a été créée mardi en Gambie pour faire la lumière sur cette tentative de putsch présumée, rapportent nos confrères de l’AFP. Sept soldats ont été arrêtés dans le cadre de cette affaire.
Gambie: les détails du coup d'État déjoué (bis)
Restons sur le putsch manqué en Gambie pour souligner qu’un responsable politique, ancien ministre des Affaires présidentielles sous le régime de Yahya Jammeh (1994 - 2017) et membre du principal parti d'opposition, le Parti démocratique unifié (UDP), est aussi détenu après être apparu dans une vidéo suggérant que le président Barrow sera renversé avant les prochaines élections locales. Son parti exige sa libération immédiate d’après toujours l’Afp. Le plan détecté par les autorités «montre la composition de la formation qui devait participer » à la tentative de putsch ainsi que son plan pour prendre le pouvoir, notamment le contrôle des médias d'Etat, a déclaré M. Jeng. «Entre-temps, il a été établi que les comploteurs (...) ont établi des contacts, tenu des réunions clandestines dans certains endroits identifiés à l'intérieur du pays » pour planifier le coup d'Etat, a-t-il poursuivi, évoquant en outre des complicités de civils à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
«Magi Pastef» de Keur Massar
Les sages du parti d’Ousmane Sonko, appelés « Magi Pastef » du Département de Keur Massar, exigent un non-lieu pour leur leader accusé de viol par la masseuse Adji Sarr. Ils estiment que les révélations faites par cette dernière à travers des audio prouvent à suffisance que cette histoire est un complot politique qui a mal tourné. Par ailleurs, le coordonnateur départemental de «Magi Pastef », Ousmane Kébé, exige la lumière sur les fonds Force-Covid-19 et la libération de leurs camarades détenus dans l’affaire des « Forces spéciales ».
Colère des chauffeurs du corridor Dakar-Bamako
Une dizaine de chauffeurs de camions qui s’activent sur le corridor Dakar-Bamako souffrent actuellement le martyre. Car leurs camions sont bloqués depuis le mois d’août dernier à Kidira. Aujourd’hui, ils sont pris entre le marteau de la misère et l’enclume des dettes contractées auprès des banques. En plus, leurs véhicules sont en train de se détériorer. Ces conducteurs courent dernière des arriérés de paiement de sociétés qui leur doivent de l’argent. Ainsi, ces acteurs du transport routier affiliés à l’Union des routiers du Sénégal (Urs) dont les véhicules sont immobilisés sont sortis de leurs gonds pour réclamer le paiement des dommages. Ils interpellent le président de la République, le ministre des Affaires Étrangères Aïssata Tall Sall et le ministre des Infrastructures et des Transports, Mansour Faye, pour décanter la situation.
Escroquerie foncière
Déféré à deux reprises au parquet pour des histoires d’escroquerie foncière, le promoteur O. Ndiaye, âgé de 45 ans, ne veut pas rompre d’avec ses vieilles habitudes. Il obtient à nouveau un ticket pour Rebeuss.Il a été interpellé par la Division des investigations criminelles (Dic) suite à une plainte de M. Seydi. Ce dernier lui avait remis une somme de 1,250 million de francs pour l’achat d’un terrain à Rufisque depuis 2019. Voulant construire sur le terrain, M. Seydi a eu la désagréable surprise de recevoir la visite de O. Ndiaye qui lui intime l’ordre de ne pas entamer les travaux sous prétexte que le site est en litige. Avant de promettre de le rembourser. Une promesse qui ne sera jamais respectée par O. Ndiaye. Ayant marre de cette situation, M. Seydi s’est rendu à la Division des investigations criminelles pour porter plainte contre O. Ndiaye qui a été entendu sur le dossier. Avec son passé de récidiviste, il n’a eu aucune chance de bénéficier de la clémence du plaignant. Le promoteur a été finalement déféré au parquet pour escroquerie foncière.
Détournement de mineure
J. C. Mendy, footballeur de profession âgé de 19 ans et habitant à Grand Yoff, a été déféré au parquet par la Division des investigations criminelles (Dic) pour détournement de mineure suivi de grossesse au préjudice de R. S. Le mis en cause continue de réfuter les accusations. Il accuse à son tour le père de la victime d’avoir falsifié l’âge de sa fille. Affaire à suivre.
Tamba : Vers l'implantation d’une fabrique d’aliments de poissons
Une fabrique d'aliments de poissons sera prochainement implantée à Tambacounda pour rendre ce produit disponible dans la région orientale, a-t-on appris jeudi, de la directrice de Directrice de l’Agence nationale de l’aquaculture (ANA). Après l’installation de la dernière antenne de l’ANA à Tambacounda, nous avons comme perspectives de mettre en place pour bientôt une fabrique d’aliments pour rendre disponible ce produit qui n’existe pas dans la région de Tambacounda, a annoncé Téning Sène, en marge de la célébration de la journée nationale de l’élevage. Elle fait savoir qu'ilfallait se déplacer jusqu’à Dakar pour avoir ces produits d’aliments. Dans un entretien à l’APS, la directrice de l’ANA a aussi annoncé la mise en place, dans les prochains jours, d’un projet dans les fermes de de Balou et Aroundou. A terme, a fait savoir Tening Sène, ces projets devront permettre l’installation d’une écloserie de production d’alevins pour en produire la semence qu’on ne trouve pas dans la région. Elle a aussi indiqué que l'ANA prévoit l’implantation, dans chaque département, d’un projet aquacole d’une valeur de 20 millions de francs CFA. «Nous avons également mis en place une association pour réunir les acteurs du secteur afin de leur permettre de se prendre en charge », a-t-elle fait savoir, se félicitant des activités aquacoles qui commencent à bien se développer dans la région de Tambacounda.
Par Makhtar DIOUF
MALFRATS FINANCIERS D’HIER ET MALFRATS FINANCIERS D’AUJOURD’HUI
EXCLUSIF SENEPLUS - L’histoire du Sénégal depuis 1960 englobe la délinquance financière dont il est fait ici une brève présentation. Les historiens devraient s’y pencher de façon plus étendue. Le discours à la nation du 31 décembre n’a rien de sacré
La délinquance financière sur fonds publics existe partout dans le monde. D’un pays à l’autre, ce qui fait la différence, c’est la fréquence du phénomène, son ampleur, l’impunité et les sanctions.
Dans un petit pays aux maigres ressources financières, abonné à l’endettement extérieur, aspirant au développement économique et social, le détournement de l’argent public est un fléau presque aussi dévastateur que certaines catastrophes naturelles. L’histoire du Sénégal depuis 1960 englobe l’histoire de la délinquance financière dont il est fait ici une brève présentation. Nos historiens devraient s’y pencher de façon plus étendue.
Du temps de Senghor
Ne pas avoir été du bord de Senghor et de son régime n’exclut pas de revenir en toute objectivité sur la manière dont la délinquance à col blanc était traitée de son temps. Le seul quotidien de l’époque Le Soleil ne donne pas certaines informations comme des décisions de justice qu’on ne trouve que dans le Journal officiel. On y apprend que le président Senghor a eu à saisir la justice sur quelques cas de malversations financières. Retenons-en trois, sans par miséricorde, citer les noms des coupables.
Un haut fonctionnaire nommé à la direction d’une entreprise publique, face au retard de publication du décret fixant son salaire de directeur, s’octroie une rémunération substantielle. Senghor informé, le traduit en justice et la sanction tombe : Il est tenu de rembourser la différence entre ce qu’il a perçu et ce qu’il aurait dû percevoir, et il est rayé de la fonction publique. Rien que pour ça ! Une broutille en comparaison avec ce qui se passe aujourd’hui. L’image inversée de la souris qui accouche d’une montagne.
Un magistrat détaché auprès d’un ministère qui ordonne des dépenses importantes ne s’y oublie pas. Même scénario : Senghor informé le raye de la fonction publique. Un gouverneur de la région de Dakar s’adonnant aux mêmes pratiques subit les mêmes sanctions.
Avec Senghor, ces fonctionnaires indélicats ne sont pas emprisonnés. Ils sont tenus de rembourser et exclus de la fonction publique. C’est l’essentiel. Et tout cela se fait ‘’ sans tambours ni trompettes’’. Y a-t-il plus dégradant pour un haut fonctionnaire que d’être rayé de la fonction publique pour escroquerie financière ? En fait, du temps de Senghor, les cas de détournement de deniers publics sont très rares parce que le couperet de la sanction est là. Une dissuasion qui ne manque pas d’efficacité face aux velléités de délinquance financière.
Cependant on ne saurait passer sous silence que c’est Senghor qui a mis en place en 1964 la Banque nationale de développement du Sénégal (BNDS). Elle fonctionne pratiquement comme une banque de prêts sans remboursement pour les dignitaires de son parti UPS-PS avec le fameux Compte K2 renfloué par les rentrées financières dues à la forte hausse des prix du phosphate. On est ici en présence d’une forme ‘’légalisée’’ de détournement de deniers publics. Une véritable caverne d’Ali Baba pour certains dignitaires du régime, avec comme mot de passe : Sésame ouvre-toi ! Et le compte K2 s’ouvre. Une pratique d’autant plus préjudiciable à l’économie que les bénéficiaires de cet argent n’investissent pas. Ils ne font que consommer, surconsommer. Ils s’adonnent à la bamboula en se payant des voyages, des voitures de luxe… Au point qu’au début des années 1980, la conjoncture économique est marquée par un chiffre de consommation supérieur au produit intérieur brut. Sans parler des placements bancaires à l’étranger.
Du temps d’Abdou Diouf
Abdou Diouf arrivé au pouvoir réhabilite le directeur du trop-perçu de salaire en le rééintégrant dans la fonction publique, et lui confie une autre direction qui brasse beaucoup d’argent. Incapable de résister à ses penchants, le bonhomme se livre à son sport favori. Abdou Diouf déçu et désabusé, car c’était son ami, le renvoie définitivement.
Quant à l’ancien magistrat révoqué par Senghor, Abdou Diouf le réhabilite et le nomme ministre.
Pourtant Abdou Diouf a inauguré son règne avec la création en 1981 de la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI), mais pour aussitôt appuyer sur le bouton ‘’Mise en sommeil’’. Il se pique même une fois de s’adresser à ses gens en ces termes : L’argent que vous avez déposé dans des banques à l’extérieur, je vous demande de le faire revenir pour investir dans le pays. Je sais que vous l’avez gagné honnêtement.
Du temps de Wade
Au plan de la délinquance financière, Wade lui, ne tergiverse pas, y allant même parfois de façon hâtive et désordonnée comme dans le cas Latif Guèye faussement accusé puis réhabilité. Son collaborateur le plus proche a été mis en prison dans ‘’l’Affaire des chantiers de Thiès’’ restée une nébuleuse même après le non-lieu rendu par la justice. A la place de la BNDS supprimée par Abdou Diouf en 1990, Wade crée le Fonds de Promotion Economique (FPE), mais pour en faire un pourvoyeur d’emplois pour ses protégés victimes des suppressions d’emplois des plans d’ajustement structurel de son prédécesseur.
Sous Macky Sall
Macky Sall lui, s’est inspiré de Wade dans bon nombre de ses actions. Mais dans le traitement de la délinquance financière impliquant certains de ses collaborateurs, le mentor de Macky Sall n’a été ni Senghor ni Wade. C’est Abdou Diouf qui a été son inspirateur. Il réactive le FPE de celui-ci. Sa directrice accusée de malversations financières reçoit sa dose de privation de liberté, comme certains anciens collaborateurs de Wade. Mais ce n’est qu’une brève parenthèse pour ensuite installer en faveur de ses protégés un régime d’impunité qui dépasse l’entendement.
Au point que son entourage est truffé de criminels économiques impunis (pour l’instant). Ce qui n’est pas sans rappeler ce que Balzac faisait dire à un de ses personnages : Les lois de la République sont comme les toiles d’araignées. Elles n’arrêtent que les petites mouches pendant que les grosses mouches les transpercent allègrement. La traduction dans la langue wolof donne : Coumba am ndey ak Coumba amul ndey. Il est temps d’y consacrer un livre, en prévoyant des rééditions avec chaque fois la mention ‘’nouvelle édition revue et augmentée’’.
En cette fin de l’année 2022, mais encore et malheureusement sous le régime de la gestion sobre et vertueuse depuis dix ans, les crapules qui viennent d’être incriminées dans la gestion des fonds du Covid-19 sont en toute sérénité en train de se préparer pour leurs prochaines nominations à des postes bien budgétisés où, en fins connaisseurs, ils vont encore donner libre cours à ce savoir-faire, ce talent, que personne ne leur conteste. Et ils se sentiront moins seuls en pensant à certains de leurs camarades de parti qui les ont précédés dans cette voie, leurs alter égo. Les mœurs du sérail !
La procédure ‘’fast track’’ qui a été utilisée pour la distribution de ces fonds, compte tenu des circonstances, n’aurait pas dû amener à négliger la vigilance. Quelqu’un qui arrive à voler des habits bien gardés dans une malle glissée sous un lit laissera-t-il de côté des habits accrochés sur un manteau placé à côté d’une fenêtre ?
Concert de casseroles et discours du 31 décembre
Cela dit, la manifestation pacifique de concert de casseroles prévu par des opposants le 31 décembre à la même heure que le discours à la nation du président de la République (pour s’indigner des derniers détournements de deniers publics) soulève des vagues.
En réalité, ce discours n’a rien à voir avec l’ordre républicain. C’est Senghor qui l’a introduit au Sénégal en imitant le général de Gaulle qui l’a initié en France pour la première fois en 1960 sous la Cinquième République, et à deux reprises la même année : le 1er janvier et le 31 décembre. Ses prédécesseurs Vincent Auriol et René Coty présentaient leurs vœux aux Français à des dates différentes, jamais le 31 décembre.
Ce discours du 31 décembre a été plutôt une aubaine pour des comédiens humoristes imitateurs des présidents : Henri Tisot avec de Gaulle, Thierry Le Luron avec ses successeurs. Les Français préféraient se tordre de rires en écoutant ces humoristes parodiant leurs présidents avec le discours du 31 décembre (et d’autres discours de leurs inventions). Ils préféraient la copie dans sa drôlerie égayante à l’original dans sa solennité ennuyante. Où se situe alors le sacré dans le discours présidentiel du 31 décembre même dans son pays d’origine ?
Le discours à la nation du 31 décembre n’a rien de sacré, rien de républicain, et n’a rien à voir avec notre culture et nos traditions qui ne datent tout de même pas de 1960. De surcroît, il n’est d’aucun intérêt pour les populations, quel que soit le président qui le prononce.