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30 novembre 2024
Opinions
Par Mamadou Ndiaye
CONVULSIONS
La mort glisse sans bruit autour de nous. Partout elle rôde et impose aux humains –créatures fragiles et vulnérables- son implacable logique. Les êtres vivants finissent même par trouver du charme à la mort.
La mort glisse sans bruit autour de nous. Partout elle rôde et impose aux humains –créatures fragiles et vulnérables- son implacable logique. Les êtres vivants finissent même par trouver du charme à la mort. Elle suscite toujours des émotions fortes. Parfois des commotions s’ensuivent vite étouffées par l’accoutumance, la récurrence ou la fréquence.
Peu importe le nombre et les circonstances, elle nous dicte sa loi par ses sentences. En un mot la mort est féroce parce qu’irréversible. Cependant l’effet répétitif des décès développe un réflexe d’indifférence, sorte de stoïcisme qui ne dit pas son nom, assez perceptible chez les Sénégalais.
Ils supportent les épreuves, les douleurs et les malheurs. Parfois, ils donnent l’impression de se jouer de leur sort avec le mince espoir de se délivrer d’ennuis. Mais le quotidien ne s’efface pas pour autant. Il réapparait ou refait surface avec son lot de contraintes, de défis, de duretés et de brutalité.
L’accident de Sikilo, par son ampleur et sa cruauté, a stupéfié nos compatriotes qui, saisis d’effroi, de rage et de colère froide s’interrogent sur le sens de la vie, interpellent les pouvoirs publics sur leurs responsabilités et le manque de réactions face à l’impunité bien réelle.
L’ampleur de l’indiscipline sur les routes, dans l’espace public (et même privé) inquiète les bonnes âmes obligées, pour survivre, de se recroqueviller sur elles-mêmes ou alors de s’inventer de petits couloirs de bonheur sans lendemain.
Plus de deux décennies, après le tragique naufrage du Joola, il se susurrait que le fond ayant été atteint, il ne nous restait plus qu’à remonter en apprenant de nos échecs pour nous redresser définitivement. L’erreur de diagnostic avait tablé sur le bon sens, « chose la mieux partagée ». C’est à se demander si un effort d’introspection a été consenti.
Revenu au galop, le naturel a repris le dessus. Il s’étale au grand jour ne suscitant même plus d’indignation. Il y a comme une sorte d’inhibition quasi généralisée. L’absence d’ordre crée un indescriptible désordre qui se propage à tous les échelons de la société.
Miné par un chômage de masse camouflé, le pays manque de ressorts pour éviter des fractures dont les béances deviennent évidentes et visibles à l’œil nu. L’ossature industrielle, jadis fleuron de notre économie naissante, s’effrite.
Or la vigueur d’une économie s’appuie sur un projet durable de transformation. Le Plan Sénégal Emergent le postule mais tarde à l’organiser pour opérer la rupture qui serait synonyme d’une reprise en main de notre tissu industriel avec une nette propension à la préférence nationale. Cette perspective enchante les milieux patronaux. Mais leur émiettement en une multitude de cercles lilliputiens affaiblit la démarche par défaut de cohésion et surtout de cohérence pour espérer conquérir des parts de marché.
Le secteur des transports en est une illustration parfaite. Infesté d’acteurs de tous acabits, il est illisible pour structurer une offre dans la mobilité urbaine et interurbaine. Les usagers sont désemparés : pas de desserte, pas de trajets, pas d’itinéraires, pas d’horaires, pas de tarifs. On ne part pas à l’heure, on n’arrive jamais à l’heure.
Un laisser-aller complet prévaut. A cela s’ajoutent la vétusté des voitures, l’inconfort et les désagréments, les incivilités le long des parcours ainsi que les destinations aléatoires et indécises. Certains, parmi les acteurs des transports, préfèrent de loin cette désorganisation dans laquelle ils jouissent impunément, n’obéissant à aucune réglementation et ne respectant nullement les exigences techniques auxquelles sont assujettis tous les véhicules qui s’adonnent aux différents types de transports.
La police et la gendarmerie de même que les autres corps de contrôle ont montré leur limite dans la surveillance et le respect des normes édictées. La sécurité et la sûreté sur les routes sont saupoudrées par des pratiques plus que nocives.
Les voitures importées, souvent de secondes mains après des décennies d’usage, sont retoquées sur place par des mains inexpertes qui en modifient l’ossature d’origine au risque de désaxer les centres de gravité. Ce qui bien évidemment expose les passagers à de fréquents accidents sur les routes.
Pourquoi les pouvoirs publics ne sévissent pas ? Comment comprendre que tout le pays soit devenu un souk à ciel ouvert, un dépotoir des ordures d’Europe, d’Amérique et de Chine ?
Les matériaux jonchent les rues s’ils ne les obstruent dans un repoussant charivari. Par ici des collines de ferrailles, par là des amoncellements de pneus usés, lieux assidûment fréquentés par de potentiels « marchands de mort » en quête de pièces ajustables.
Ces activités, en se pérennisant, forgent une économie (avec ses richesses matérielles) qui n’est plus accessoire. De fait elle se formalise et exerce un amusant attrait sur des personnes provenant du secteur formel, trop lisse pour créer de la valeur ou procurer des revenus.
De manière générale, l’opinion et les médias ne retiennent des catastrophes routières que les morts, les blessés et les dégâts. Derrière, il y a toute une kyrielle d’autres conséquences : les batailles homériques entre compagnies d’assurances, les indemnités compensatoires, les remboursements, les dédommagements, les arrêts de travail, les frais médicaux et d’hospitalisation ainsi que de substantiels soutiens financiers aux familles endeuillées.
L’économie des transports souffre de ces handicaps pointés du doigt pourtant par de nombreux rapports issus de réunions ou de cessions sectorielles. La dernière en date est justement le conseil interministériel de ce lundi consacré à la lancinante question des transports et de l’insécurité qui en découle.
Au-delà de l’émotion, il urge d’attaquer ce phénomène avec des mesures hardies et non de multiplier les rencontres, les sommets et les pétitions de principes. Le constat reste invariable : l’hécatombe se poursuit. Le tragique accident dans la commune de Kaffrine montre la difficulté de trouver des solutions concrètes et incontestables.
D’ailleurs qui oserait contester des mesures censées préserver (et sauver) des vies ? Un conseil ministériel déjà tenu en 2017 sous l’égide de l’ancien Premier Ministre Mohamed Boun Abdallah Dione, avait listé une dizaine de recommandations allant de l’interdit à la « tolérance zéro » non sans ébaucher une approche pragmatique d’octroi (et de retrait) de permis de conduire avec des critères d’éligibilité centrés sur l’âge et la santé des conducteurs.
Pourquoi tenir un autre Conseil interministériel si le diagnostic précédent conserve toujours sa fraîcheur et son actualité ? L’Etat gagnerait à être efficace en se focalisant sur les actions, en élargissant le spectre des acteurs et surtout en se mettant au-dessus des luttes d’intérêts pour rompre la quadrature du cercle.
Si les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, il y a lieu de s’interroger sur la conduite des hommes. Les petits arrangements n’éliminent pas les dangers, ils les diffèrent en encourageant des complicités que la morale réprouve. Il n’est pour s’en convaincre que les réactions unanimes des grands foyers religieux qui en appellent au sens du devoir et à la fin des cupidités qui sont, selon eux, dépourvues de foi avec comme facteur aggravant la colère divine.
by Souleymane Gueye
THE THREATS TO THE DEMOCRATIC INSTITUTIONS OF SENEGAL : AN AUTOCRACY IN THE MAKING
the current president of the Republic of Senegal has begun to erode the democratic norms that have held the country together for sixty years to set the foundations for an autocratic regim
The Threats to The Democratic Institutions of Senegal : An Autocracy in the Making Seduced by authoritarianism, the current president of the Republic of Senegal has begun to erode the democratic norms that have held the country together for sixty years to set the foundations for an autocratic regime. Is Senegal moving away from democratic principles rather than strengthening them? The recent events in Senegal suggest that democracy is in decline in this Sub-Saharan Africa country that used to be branded as an exception in Africa.
Stability of Political Institutions and Economic Environment
Today, there is a sense in the general population, particularly among the youth that they are ignored and forgotten by the government, especially in terms of the decision-making process aimed at improving the welfare of citizens and the well-being of the nation. Sixty years after independence, Senegal has managed to build a democratic nation with harmony and peaceful cohabitation amongst the different ethnic groups and religious denomination. Yet, we are witnessing an erosion of the pillars of the democratic institutions that made Senegal the envy of the other states in Sub Saharan Africa. A very serious issue, that is compounded by a failure of the government to deliver an inclusive economic growth with equity (equitable distribution of the income generated in the production process), jobs creation, construction of appropriate infrastructures, efficient investment in health, education, agriculture, and technological sectors.
Before 2012, Senegal had a stable political environment, a geographical position that gives Senegal a comparative advantage, and abundant natural resources. Despite this favorable environment, many Senegalese people still face immense hardship. Many families still live in remote rural areas, subsisting on family-run plots of land. Additionally, 70% of the youth remain unemployed laboring in the informal sector daily to earn a meager income to feed their families. Numerous Senegalese families still lack access to running water, basic sanitation, electricity, health care and education.
However, this somewhat stable political environment barely concealed the grinding poverty that prevailed in the entire country as jobs are almost nonexistent, access to health care very limited, and numerous children are stunted by poor diets or are living in abject poverty with their families, with an increased probability of experiencing hunger and starvation due to the various external shocks. Namely, the pandemic of 2019, the Ukraine war, and the rising energy cost that are being felt all over the world.
Numbers don’t lie. The Senegalese economy is in a very dire strait:
1. Low level of national per capita income ($1540) and insufficient income growth to allow convergence in per capita income toward that achieved in the countries that were at the same level of Senegal sixty years ago (most of the East Asian countries and the So – called the “Asian Tigers”)
2. Extensive material poverty accompanied by food insecurity and hunger (66.8% poverty rate); leading to a worsening of the life expectancy (Senegal’s position dropped from 140 th to 141 st; life expectancy for women 70.2 and for men 66.01)
3. Inequality in the distribution of income and inequity in chances to succeed (growing inequality in Senegal).
4. Vulnerability to shocks (internal and external as well) and risk of falling into poverty (66.8%) and poverty trap.
5. Lack of satisfaction of basic needs in human development, especially health and education. HDI (human Development Index) has barely improved. Senegal’s position changed from 165 to 168 and the HDI improved from 0.487 to 0.512)
6. Unsatisfactory “ quality of life” in a number of dimensions such as individual freedom, human rights (The Human Right Commission just condemned heavily the Senegalese authority by highlighting the arbitrary arrests of opposition figures, use of excessive force by security forces, restrictive civic space, serious human rights abuse; approved of two flawed and overly broad counterterrorism laws with life imprisonment for those found guilty of flouting the laws , but with a partisan judiciary system; sexual and gender based violence unpunished ) capabilities, and happiness or life satisfaction (1)
The Process of Undermining the Political Institutions
Instead of looking at how to reverse the trend of the underdevelopment of the economy and the pauperization of many people in Senegal, the Senegalese government has embarked on repression and weakening of the key political and economic institutions. Here are few examples of how the current government has weaken and continue to weaken the political and economic institutions that have held this country together.
The inclusive institutions, a broad-based representation that has contributed to the election of four presidents with peaceful political transition since independence are being converted to an extractive political institution characterized by narrow representation through a manipulation of the electoral file, the strict control of the issuance of national identification card, the erection of barriers to register legitimate voters, and control of the electoral process. This is perfected through the elimination of the Ministry of Elections created by the previous regime to satisfy the opposition after a day of national political rally in 2011 for political transparency and credibility in the electoral process.
The current government gave back to the Ministry of Interior all its former prerogatives in the organization of elections, de facto removing these two characteristics of the electoral process, namely transparency and credibility.
Recent political events in Senegal demonstrate this changing political stability, events such as:
Denying the main opposition coalition to legitimately participate in the election by a controversial decision (May/ June 2021) of a very partisan Constitutional Court which
plays a very important role in the electoral process.
Preventing the National Assembly from operating with transparency by not respecting the separation of power between the executive branch and the legislative branch since the former disrespectfully decided to occupy the National Assembly with the security forces (September 2022) for the first time in the political history of Senegal.
Other Subtle methods are also used to weaken the democratic norms and corrupt the Senegalese institutions:
Taking down virtuous civil servants and replacing them with cronies, proteges and family members (Appoint his brother at CNDC (Caisse National de Depot et de Consignation) and his brother-in-law as a super minister with very important responsibilities.
Reassigning honest civil servants to less important roles by switching their portfolios as punishment (judge Souleymane Telico and many other judges and civil servants).
Asking trusted official to prepare evidence against political opponents that the regime wants to neutralize (case of Khalifa Sall ex-mayor of Dakar, a former political rival of
the current president).
Building case that can tar the opponent’s reputation particularly if the target has a reputation for being honest and competent (Ousmane Sonko, the main opponent of the current president and the recent event surrounding the security forces (Gendarmery National) that has led to the arrest of a prominent investigative journalist).
Authorizing investigation against people and uses it to blackmail politicians and civil servants so that they can demonstrate their loyalty (list of civil servants embezzling public funds and grabbing land illegally prepared by OFNAC (National Office Against Fraud and Corruption created in December 2012).
This approach known as “digging at the foot of a wall” according to Joseph Torigian (2), is prevalent in autocratic societies such as China, Russia, Turkey, Hungry, North Korea that value pliant people in certain key positions (Attorney General, Interior Ministry, Secretary of Defense. Constitutional Court, Territorial Administration) for the sole
purpose of executing the will of the autocrat.
The freedom of the press which is critical to a democratic society in which the government is accountable to the people is under assault in Senegal (An investigating journalist Pap Ale Niang who just revealed a plot within the security forces with the complicity of some members of the government, is under arrest). This event is very worrisome as independent journalism and investigative journalism is under threat in Senegal. Most of the mainstream media has been neutered and muzzled by intimidation and conflict of interests created by the sprawling conglomerates and the irruption of scrupulous businessmen in this sector that control much of Senegalese media.
Maintaining a free and accessible public square for debate is crucial to defending Senegal’s democracy. Unfortunately, the current government is intent on muzzling the
free press.
All the above facts have culminated in the deterioration of the democratic institutions and the erosion of democratic norms in Senegal. In addition to corrupting the government institution as management strategy – this government has compromised the judicial and territorial administrations by appointing relatives or people belonging to the inner circle of the current president.
The Beginning of a Repressive Regime in Senegal
Here are the examples of outright repressions and undermining of the Senegalese people
constitutional rights:
We have witnessed the elimination of political rivals through an increasingly sophisticated and treacherous campaign of anticorruption purge that sidelined opponents and suppressed potential challengers – real and perceived- to the government under the guise of fighting corruption and graft through CREI (Court of Repression of Illicit Enrichment).
We are also observing an abusive use of the power of the state for heavy handed repressive policies that are imperiling the Senegalese’society (manifestation and protests are prohibited or brutally repressed by the security forces).
The internet is perceived as threatening the authority of the current president; hence a mass electronic surveillance is put in place to assert the power of the state which is risk averse, and dissenters are crushed. This systematic repression is the most extreme manifestation of the obsession of the president of Senegal with eliminating political rivals according to his famous statement “reduce the opposition to its bare bone” at the risk of criticism and domestic suffering in all parts of the society.
The desire to hold on to power due to fear of prosecution under a new regime has led the government to invest heavily in more coercive capacity: military, paramilitary and police forces (proposed budget for police, and the army, recent scandal of the purchase of military equipment for 45 milliards). The resulting outcome of this fear of losing the power is manifested in the following actions:
Jailing people (mostly youth) who are perceived to support the opposition. Incentivizing competition amongst subordinates to make them prove their loyalty by carrying out the repressive policies designed by the executive branch. Policing the web to the point of transforming the Senegalese society to a police state because of the efficient use of social networks by the youth to vent their frustration about petty corruption, denounce the government, an onerous bureaucracy that frustrate their aspirations, to discuss the everyday corruption that complicates life in Senegal.
These flagrant violations of the Senegalese constitution, coupled with the use of the security forces to prevent a portion of the Senegalese citizens to exercise their right to express their
displeasure - a right guaranteed by our constitution -, the erosion of the rule of law, the normalization of violence, the desire to undermine the stability of the country and create chaos while ignoring the growing inequality constitute the precursors of the making of an autocrat willing to violate the constitution through forcing a third term in the throat of the Senegalese people. These are some of the symptoms that Larry Diamond (3) called “democratic recession” and unfortunately, we are seeing them in Senegal.
Furthermore, these examples of repression and control are altering the democratic fabric of Senegal and are akin to the directives of an autocrat in the making for the final climatic battle –third term with a will power to blur the lines between economic policies and state benefactors that will perpetuate this systemic corruption. Senegal’s enduring corruption under Macky Sall has put it in 140 th on a list by Transparency International of 175 countries ranked by how corrupt their public sectors appear to be. Studies(4) have showed that corruption kills because with the money lost, we could invest five times as much into public health and lift million Senegalese out of poverty. This problem is systemic in Senegal– kickbacks have become standard operating procedure in government – controlled
enterprises (Post Office and Telecommunication, Dakar Dem Dik, CMS, LONASE, IPRESS,
APCO, SAR, Sen Eaux, Sonatel), and the administration.
Therefore, the only conclusion one can arrive to is the current president is preparing to run for a third term which is contrary to the constitution.
This will set the country in a self-destruction path, hence planting a seed for a destruction of what is Senegal. Example of this abounds everywhere (Mali, Burkina Faso, Guinea, Soudan,
Tchad, etc.)
But this is not what was generally expected in 2012 when the Senegalese people elected a president of the Republic of Senegal. Back then, an ambitious plan for good governance, respect of the rule of law, food self- sufficiency, job creation for the youth and expanding the economy was laid out through the Senegal Emergent Plan as well as a pledge to build a more secure and egalitarian nation based on the rule of law Hopefully, the actual president and the government will envision a peaceful transition of power for the good of Senegal, and work toward a robust and independent security and judicial system.
But, by Risking making the political system less resilient overtime and prioritization of politics over economic goals the president and his collaborators are clouding Senegal’s long term growth prospects – the only way to reduce poverty is through sound macroeconomic policies and good governance. These economic objectives will be difficult to achieve because political instability, misallocation of scarce resources, and of the favoritism, nepotism, clientelism in awarding of “public contract” at the expense of Senegal’s private sector.
By practicing blatant favoritism for less efficient enterprises owned by those closed to the government or their political supporters, and putting domestic private businesses at a
disadvantage, the government is exacerbating long term problems for Senegal, including slowing down productivity, job creation, and wage growth
Needless to remind the actual government that despite the perceived stability of Senegal’s government and political institutions, this democracy can die due to the extreme partisan polarization fostered by the government along almost ethnic lines and regional divide. This is very scary and dangerous as direct effects of political instability, democracy, and
accountability influence the amount of capital that the country can attract.
Consequently, unaccountable executives can produce unpredictable investment related policies which definitively influence the inflow of capital, industrialization, growth, and poverty reduction. This is the reason why we should not allow the current government to create an environment of political instability and violence by subverting the will of the people of Senegal.
Let work for peace, stability, and growth in Senegal so that all the children of Senegal will be
able to contribute to the development of the country for the welfare of our people.
SJG
Professor of International Economics
A concerned citizen of Senegal
1. Human Right Report (2022)
2. Prestige, Manipulation, And Coercion: Elite Power struggle in the Soviet Union And
China by Joseph Torigian
3. Facing up to the Democratic Recession by Larry Diamond
4. Economic Effects of Corruption in Senegal by SJG Working pape
Par Moustapha BOYE
FOUTAGE DE GUEULE
L’indiscipline, l’anarchie, le je-m’en-foutisme, voilà ce qui nous caractérise, nous, Sénégalais, qui sommes bénis des dieux et supérieurs à tous les autres peuples du monde.
A leurs mauvaises vieilles habitudes, devrait-on dire ! Versant dans l’hypocrisie, nos dirigeants veulent nous faire croire que le drame de Sikilo, c’est quelque chose de nouveau sous nos cieux alors que ces accidents sont le lot quotidien de nos compatriotes, hélas ! A preuve, dès ce lundi, tout le monde a repris son train-train habituel comme si de rien n’était. L’indiscipline, l’anarchie, le je-m’en-foutisme, voilà ce qui nous caractérise, nous, Sénégalais, qui sommes bénis des dieux et supérieurs à tous les autres peuples du monde.
Combien de fois n’a-t-on pas dit que rien de fâcheux n’arrivera à ce pays parce qu’y reposent les mânes de grands érudits de l’Islam comme Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, El Hadj Malick Sy, Cheikh Oumar Foutiyou Tall, Seydina Limamoulaye, Cheikh Bou Kounta Ndiassane etc. ? Des mânes qui n’acceptent pas la survenue de drames comme le naufrage du « Joola » qui avait fait plus de 2000 morts, c’est-à-dire la plus lourde tragédie maritime de l’Histoire. Un triste record, assurément !
Sans compter, évidemment, l’explosion de la citerne d’ammoniac de la Sonacos qui fit une centaine de morts, les 11 bébés calcinés de l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy de Tivaouane. Encore que, pour ce dernier drame, Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé au moment des faits, a été limogé. Il est vrai qu’avant ce drame, un autre incendie du même ordre avait coûté la vie à des nourrissons à l’hôpital de Linguère. Se référant à la jurisprudence Abdoulaye Diouf Sarr, d’aucuns réclament la démission de Mansour Faye, le ministre des Transports terrestres, des Infrastructures et du Désenclavement. Ils peuvent toujours rêver vu que le Monsieur est le propre beau-frère du président de la République ! En attendant, nos routes tuent près de 700 morts annuellement. Après chaque tragédie, aussi bien l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, que l’actuel, Macky Sall, surfent sur l’émotion en mobilisant leurs gouvernements respectifs pour annoncer de grands changements, de grandes décisions vite rangées aux oubliettes dès que la colère populaire retombe. Ainsi de suite, drame après drame
Encore une fois, le Sénégalais ne connaît pas la culture de la sanction. Laquelle doit s’accompagner d’une remise en cause profonde de notre vécu sociétal dont le socle fondamental doit être repensé. Le corps social sénégalais est malade mais nous fermons les yeux, aussi bien les dirigeants que les élites de tous bords. Les ajustements sociaux indispensables pour apaiser ce pays profondément malades devraient passer par des guides politiques et acteurs sociaux exemplaires pouvant susciter une nouvelle adhésion sociétale basée sur une justice équitable, le culte du mérite, des sanctions positives ou négatives selon les cas. Malheureusement, dans l’esprit du Sénégalais, tout peut être négocié et obtenu en vertu du principe du « lidjenti ». Des tragédies pareilles à celle survenue à Kaffrine ne sont pas prêts de disparaître de notre pays parce que, notamment, la chaine de responsabilité au niveau de la délivrance des papiers afférents à la conduite (cartes grises, attestations de visite technique, permis de conduire…), du contrôle routier (état des véhicules, des pneus…), tout le système est parasité à tous les niveaux. Ne parlons pas des forces de sécurité (policiers et gendarmes) qui font partie du mal qu’ils sont censés soigner !
Pour que les choses changent, il faudrait que l’exemple vienne du sommet, c’est-à-dire du président de la République lui-même, qui devrait commencer par balayer au niveau de son propre entourage immédiat. Mais là encore, au moment où tout le monde s’attend à ce qu’il annonce sa candidature pour un troisième mandat, il ne faut surtout pas rêver !
par Khandiou
LES CAUSES PROFONDES DES ACCIDENTS DE LA ROUTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les mesures de sécurité minimum ne sont pas respectées. Les autorités ont cédé au chantage des conducteurs de Jakarta. Insouciance, indiscipline, laxisme…. les mêmes tares à l'origine du naufrage du Joola demeurent
Le soleil ne s’est pas levé ce dimanche, comme pour pleurer avec le Sénégal tout entier la mort tragique de 39 personnes dans un violent nouvel accident de la route à Sikilo, dans la région de Kaffrine. Le choc entre deux (2) bus communément appelés horaire dans la nuit du 7 au 8 janvier a aussi occasionné une centaine de blessés graves, dont certains dans un état critique. Le bilan est encore provisoire. Le vœu le plus ardent est qu’ils recouvrent vite la santé.
Un deuil national de trois jours (3) décrété, des récitals de Coran recommandés, un conseil interministériel organisé 24 heures après le drame, des messages de sympathie venant de tous bords, les médias organisant des éditions spéciales. C’est le choc. L’émotion est à son comble. Il s’agirait de l’un des accidents de la route les plus meurtriers au Sénégal, avec autant de pertes en vies humaines en quelques minutes.
Mais ne nous y trompons point. En vérité, le cumul du nombre de victimes des accidents enregistrés sur nos routes chaque semaine donne des frissons. En 2021, plus de 800 personnes ont perdu la vie sur nos routes. Nous étions pourtant de plain-pied dans la pandémie à Covid-19 avec des restrictions dont celles portant interdiction de la circulation interurbaine, donc moins de mouvements de véhicule d’une région à une autre et normalement moins d’accidents. A l’heure du bilan, ce fut l’hécatombe.
Cinq grands facteurs sont considérés comme étant les principales causes principales des accidents : les facteurs liés à l’usager, les facteurs liés à l’infrastructure, les facteurs liés aux véhicules, les facteurs liés à l’alerte et aux soins et les facteurs liés à l’environnement (conditions météorologiques et autres éléments perturbants). Il serait intéressant de tenter d’établir un diagnostic non exhaustif du comportement et de ce que devrait être le rôle des différents acteurs de la route que sont les usagers, les forces de défense et de sécurité et le gouvernement, pour situer les responsabilités et proposer des pistes de solution.
Diagnostic
L’arrivée de nouveaux acteurs que sont les vélos-taxis communément appelés Jakarta, allonge la liste des morts et/ou blessés graves. Après avoir pris le contrôle du transport dans les régions, ces engins ont aussi pris d’assaut la capitale. Depuis, il ne se passent pas un seul jour sans qu’un accident mortel ou entrainant des dommages corporels, impliquant ces Jakartas, ne soit enregistré. D’ailleurs, dans certains hôpitaux régionaux comme à Thiès, une salle d’urgence leur est spécialement réservé. De plus en plus prisés, les Jakartas présents partout dans le pays proposent des tarifs compétitifs. Ils permettent en même temps de pallier le déficit de transports publics et de contourner les embouteillages qui constituent un véritable casse-tête.
Les mesures de sécurité, telles que le port de casque – le minimum –, ne sont pas respectées, malgré le rappel récent et nécessaire de l’arrêté n° 00 89 03 du 29 octobre 2012 réglementant le transport par vélo-taxi dans les régions. Le même document interdit formellement le transport public de personnes par vélo-taxi sur toute l’étendue de la région de Dakar. Une décision qui n’a jamais été respectée. Pire, les plus hautes autorités de ce pays ont cédé au chantage des conducteurs de Jakarta ou tiak-tiak, de plus en plus nombreux et constituant surtout un poids électoral. Ils concourent aussi à absorber une grande partie de la main-d’œuvre jeune sans emplois et sans formation pour l’essentiel. Malheureusement, les conducteurs très souvent sans casques, slaloment entre les files de véhicules, déboulant à gauche ou à droite, l’essentiel pour eux, c’est de se frayer un chemin, quitte à mettre en danger leur vie, celle des automobilistes mais aussi des piétons. Les piétons, qui sont malheureusement les plus exposés.
Les grands chantiers, les véhicules empruntant les sens interdits, l’encombrement des trottoirs par des magasins débordant ou autres marchands ambulants, l’occupation anarchique de la voie publique, ……c’est le même décor presque partout dans le pays où plus de 90% des accidents sont dus aux facteurs humains. Hé oui, nos comportements hélas : insouciance, inconscience, indiscipline, laxisme, …. Exactement les mêmes tares qui avaient conduit au naufrage du bateau le Joola et qui sont toujours bien présentes malheureusement.
Sinon comment comprendre et admettre le téléphone au volant et souvent, c’est en apparence des personnes bien instruites, au volant de très belles voitures, censées connaitre les risques, qui s’adonnent à cette pratique. Comment expliquer la surcharge des cars-rapides et autres Ndiaga Ndiaye jusque sur les marchepieds, des carcasses ambulantes, destinées depuis de nombreuses années à la casse, tout comme le renouvellement plusieurs fois annoncé, mais toujours attendu du parc automobile ? Comment tolérer la non-limitation de la vitesse aussi bien en ville qu’en rase-campagne ? Comment des bus bondés arrivent à échapper au contrôle routier ? Les médias nous apprennent qu’il y avait dans le cadre l’accident ce dimanche, surnombre avec 140 passagers enregistrés dans les bus qui roulaient avec des pneus……usés. Qu’est devenue l’interdiction faite aux camions et gros porteurs de circuler en ville aux heures de fort trafic ? Quid du permis à points ?
Les conditions de délivrance des permis de conduire et les visites techniques de complaisance, une véritable mafia. Les quelques billets de banque glissés discrètement à des agents indélicats préposés au contrôle routier pour éviter le retrait du permis ou l’immobilisation du véhicule.
Inadmissible !
On ne peut pas toujours se réfugier derrière la fatalité. Les causes des accidents sont connues et sont d'ordre structurel : absence de rigueur et de sérieux ainsi que le manque de volonté politique de nos autorités. Un Conseil interministériel, pourquoi faire ? Sinon sortir des recommandations qui ne seront certainement jamais suivies de mise en œuvre effective. Le dernier Conseil interministériel du gouvernement de Macky Sall consacré à la sécurité routière remonte au 9 février 2017 avec l’adoption de 10 recommandations majeures. Cinq ans après, nous en sommes où ?
Une journée sans morts sur nos routes est-ce possible ?
Quelles approches pour une solution pérenne
Au niveau mondial, les accidents de la circulation causent chaque année près de 1,3 million de décès évitables et un nombre de traumatismes estimé à 50 millions selon un décompte de l’OMS. « Reconnaissant l’importance du problème et la nécessité d’agir, les gouvernements du monde entier ont proclamé à l’unanimité la période 2021-2030 deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière, par la résolution 74/299 de l’Assemblée générale des Nations Unies, avec pour objectif clair de réduire d’au moins 50 % le nombre de morts et de blessés sur les routes pendant cette période »[1].
Le document promeut une approche intégrée pour un système sûr afin de réduire d’au moins 50% le nombre de morts et de blessés sur les routes. Il recommande une approche pluridisciplinaire et pluri-acteurs comprenant des membres du gouvernement, la société civile, le secteur privé et les partenaires techniques et financiers entre autres.
Au Sénégal, le véritable défi est l’application effective de la législation quel que soit le moyen de transport. Tout a été étudié, pensé et écrit mais presque jamais appliqué. Il urge de s’attaquer à la grande corruption dans ce secteur pour sauver des vies. Il est tout aussi urgent de ramener dans les écoles les cours d’instruction civique qui permettaient aux élèves de savoir comment traverser la route. Les médias qui ne parlent de sécurité routière qu’en cas d’hécatombe sont aussi interpellés. Des émissions dédiées doivent être pensées. La presse ayant aussi une mission de sensibilisation.
Nous sommes tous sidérés et révoltés par le laxisme et l'inefficacité du gouvernement. Ils ont la difficulté de saisir l'ampleur et la profondeur du choc que l’accident de Sikilo a provoqué chez les populations. Ils devaient saisir cette situation de malheur, qui se présente aussi comme une opportunité, pour prendre des mesures qui marqueront à jamais les esprits et qui annonceront une rupture avec le laxisme ambiant.
La tenue d'un Conseil interministériel ne suffit pas. Combien de personnes vont prendre le temps de lire les mesures qui seront prises lors du Conseil interministériel ? Il fallait immédiatement annoncer des mesures conservatoires comme, par exemple, celles 1) suspendant tous les voyages interrégionaux effectués au moyens de bus et 2) exiger que tous les bus se livrant au transport interrégional subissent, de nouveau, un examen technique préalablement à leur remise en service, peu importe la validité en cours de leur dernière visite technique.
Le peuple aurait ainsi adhéré en contrebalançant le pouvoir des puissants syndicats de transports !
La situation que subit le journaliste est en contradiction avec la prise de position de la Commission africaine des droits de l'homme qui stipule « l'importance cruciale de la liberté d'expression et d'information en tant que droit humain individuel... »
Cela fait deux mois que le journaliste Pape Alé Niang est privé de liberté. Il est accusé de « divulgation d'informations non rendues publiques par l'autorité compétente de nature à nuire à la défense nationale », « recel de documents administratifs et militaires » et « diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques ». Depuis le dimanche 6 novembre 2022 qu'il a été interpellé en pleine rue, sa vie se résume à des aller et retour entre les établissements pénitentiaires et les structures de soins de la région de Dakar.
La liberté provisoire qui lui a été accordée, il y a un mois, n'a duré que six jours. Sur requête du procureur de Dakar, sa mise sous contrôle judiciaire a été révoquée par le juge sur des bases très contestables. En protestation de ce qu'il considère comme une instrumentalisation de la justice pour l'empêcher d'exercer son métier de journaliste engagé au service de l'information des citoyens, Pape Alé Niang est en grève de la faim. Sa vie est menacée !
Depuis plus de vingt ans, Pape Alé Niang exerce le métier de journaliste. Ancien présentateur vedette à la télévision et à la radio, on lui doit de très nombreux reportages au Sénégal et dans les pays de la sous-région. Au cours de sa riche carrière, il a interviewé de hautes personnalités et des anonymes sans parti-pris et avec professionnalisme. Depuis quelques années, il dirige un site internet d'information, très apprécié des Sénégalais, spécialisé dans l'investigation journalistique. Son travail chevronné, bien documenté a permis d'informer les citoyens sur des faits que certains auraient aimé cacher.
L'arrestation de Pape Alé Niang survient dans un contexte sociopolitique marqué par de vives préoccupations sur le devenir de la démocratie sénégalaise. Des militants politiques, associatifs, des youtubeurs sont emprisonnés pour leurs opinions. Les manifestations de l'opposition sont interdites et réprimées parfois de manière tragique. La situation que subit Papé Alé Niang est en contradiction avec la prise de position de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples qui stipule « l'importance cruciale de la liberté d'expression et d'information en tant que droit humain individuel, en tant que pierre angulaire de la démocratie et aussi en tant que moyen pour garantir le respect de tous les droits humains et libertés fondamentales de l'homme. » Il est enfin à noter que le Sénégal ne cesse de reculer dans le classement de la liberté de presse de Reporters sans frontière (RSF).
Nous demandons la libération immédiate de Pape Alé Niang et rappelons au président Macky Sall son engagement à ce qu'aucun journaliste ne soit emprisonné pour des délits de presse.
Signataires
1. Mamadou Lamine Thiam, Député-maire de Kébémer, Président du Groupe parlementaire Liberté, démocratie et changement, Sénégal
2. Michel Gbagbo, Député à l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire
3. Cheikh Abdou Mbacké, Député, Vice-président Groupe parlementaire Libertés, démocratie et changement, Sénégal
4.Walter Baier, Président du Parti de la gauche européenne (PGE)
5.Pierre Laurent, Sénateur de Paris, France
6. Marc Botenga, Député européen, Parti du travail de Belgique (PTB)
96. Daba Wagnane, Députée, Assemblée nationale, Sénégal
97. Maitre Abdoulaye Tall, Avocat au Barreau de Dakar, Sénégal
98. Me Amadou Diallo, Avocat au Barreau de Dakar, Président Amnesty International Sénégal
99. Alassane Seck, Président de la Ligue Sénégalaise des Droits de l'Homme, Sénégal
100. Sadikh NIASSE, Secrétaire général de la Rencontre Africain pour la Défense des droits de l'Homme (Raddho), Sénégal
101. Manu Pineda, Député européen, Gauche unie Espagne
102. Pierre Sané, Secrétaire national chargé des relations avec la gauche, PS, Sénégal
PAR Jean Pierre Corréa
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, DES SANCTIONS PLUTÔT QUE DES CONDOLÉANCES
Les accidents de la route ne sont en rien une fatalité. Ils résultent de tares consubstantielles à notre culture rurbanisée et matérialiste. Plus nos infrastructures se modernisent, plus nos routes sont meurtrières
Pourquoi des condoléances de Macky Sall à la suite de l’accident de deux autobus qui a fait 39 morts, pour l’instant et 80 blessés ? C’est bien beau, c’est très poli, voire policé, même très politiquement correct, monsieur le président, mais vos condoléances auront c’est certain, un effet comparable à celui d’un emplâtre sur une jambe de bois. Elles nous vont droit au cœur, ces condoléances, mais nous nous en passerions volontiers, leur préférant avec frénésie d’implacables sanctions contre toutes les responsabilités partagées d’un tel fléau national qui s’est mué en triste banalité, et qui s’est greffé sur notre confortable et déresponsabilisante notion de fatalité.
Les accidents de la route, ne sont en rien une fatalité mais résultent d’un ensemble de tares consubstantielles à notre culture rurbanisée d’une part et matérialiste d’autre part.
C’est la première fois qu’une tragédie routière au Sénégal fait, par son ampleur, l’objet de reportages télévisés sur plusieurs télévisions européennes, et même nord-américaines. C’est dire le choc que cet accident a suscité comme émotion, mais aussi comme incompréhension et révolte citoyenne… Il y en a marre vraiment de ces atermoiements gouvernementaux face à l’urgence de trouver des remèdes à cette singularité sénégalaise qui veut que, plus nos infrastructures routières se développent, plus nos routes sont meurtrières.
La France a su en 15 ans passer de 15 000 morts sur les routes chaque année à un peu moins de 3 000 ces dernières années. Cela s’est fait dans la douleur de la contrainte. Peut-il y avoir de développement et même de démocratie sans contrainte ? Tous savent où réside le mal. Mais sénégalaisement, on regarde ailleurs, là où le consensus suinte d’hypocrisie coupable.
Un ndeup national plutôt qu’un deuil national
Le mal réside dans nos capacités à tourner les lois, à tordre les règles des contrôles techniques à coups de billets dans les enveloppes, dans notre regard complaisant sur les garages de mécanos où l’on vend officiellement des pièces de voitures fausses. Notre mal réside dans cette évidence qu’il est interdit de punir, dans ces curieuses scènes où un conducteur mettra sa ceinture de sécurité non pas pour se protéger d’un choc, mais du racket d’un policier.
Aujourd’hui, aux portes du CETUD où se déroulent les contrôles techniques de nos véhicules, fleurit un juteux trafic de triangles de stationnement et d’extincteurs de voitures, qui vous sont tout simplement loués, oui, vous avez bien lu, loués, que vous présentez aux agents qui valident la conformité de votre véhicule, et que vous restituez à la sortie du Centre de Contrôle…
De quoi parle-t-on encore sous le coup d’une émotion, de sanctions, de sincères et humides condoléances ? Je crois savoir que pour 2 000 personnes sacrifiées sur l’autel de la "Sainte Triche Sénégalaise", en les ayant fait couler en mer avec le Joola, pas une sanction n’a été prise, et les responsables de cette catastrophe font encore ripaille dans les allées du pouvoir. On sanctionnerait pour 39 ? On souhaite le croire...
Il faut autre chose que des condoléances pour redresser ces faits tordus qui amochent notre quotidien et le pare de tant de bêtises. Il faut de la poigne et pour cela il faudrait que les corps qui sont chargés de faire respecter nos lois soient eux-mêmes respectables.
Ce ne sont pas des condoléances, monsieur le président, dont nous voulons recevoir, même si c’est très gentil de votre part. Nous voulons un grand coup de balai. Et tout le monde sait bien que pour bien nettoyer un escalier, il faut aller de haut en bas
Les cadavres s’amoncellent sur nos routes mortifères, des vies sont définitivement brisées, et pourtant les accidents de la route continuent d’ensanglanter les pages de nos journaux. Passées les émotions, les discours incantatoires sur la discipline routière, et parfois les condoléances télévisées du chef de l’Etat aux parents des victimes, quand vraiment là, y’a trop de morts, et que ça fait voyant, le Sénégal retombe dans la chronique quotidienne des accidents de la route mortels. Mais puisque nos vies ne valent pas tripette, les autorités de notre pays refusent de regarder les choses en face et d’évoquer puis de prendre en charge les véritables questions auxquelles il convient d’urgence d’apporter des réponses fermes à une coupable faiblesse.
Les autorités concernées par ce drame national, réajustent chaque jour leurs œillères afin de ne pas regarder dans quelles directions il est impératif de sévir.
Responsable numéro 1 : la corruption
Naguère, un Directeur du CETUD, monsieur Cheikh Oumar Gaye en l’occurrence, déclara tranquillement un jour que « plus de 90 pour cent des accidents incriminent le facteur humain la fatigue, l’indiscipline. C’est pourquoi l’Etat a mis en œuvre des projets dont le permis à points ». Sur ce point précis, il fait remarquer que beaucoup de documents de transport circulent au Sénégal. Par exemple il y a officiellement 996 000 permis de conduire qui ont été délivrés régulièrement par l’administration des transports routier alors qu’il y a plus de trois millions de permis qui circulent dans le réseau. Ce qui fait qu’il y a près de deux millions de faux permis qui circulent au Sénégal… Cela fait sourire. Mais avec plus de 2 000 000 de faux conducteurs, on s’étonne encore de convoquer le facteur humain. Mais la réponse est dans la question. Comment, par quel circuit de corruption adossé à un réseau d’influences, autant de faux documents ont-ils été délivrés ?
Autre cécité de nos autorités, qui est à la base même du problème, c’est le contrôle technique. Tâchons d’évacuer la question avec une métaphore : s’il était fait dans les règles de l’art et sans pression de quelconque lobby, nos villes seraient-elles embouteillées ? Encore une fois, la réponse est dans la question.
Prenons nos cars rapides. Ils sont souvent immatriculés « DKA », ce qui date leur existence aux années 70. Refaits, soudés de partout, soudures qui en fait provoquent plus de dégâts que le choc lui-même, il était convenu de renouveler ce parc antique par de nouveaux véhicules de transports en commun. C’était plus qu’un projet, c’est un programme, financé, piloté dans la douleur par le CETUD, mais qu’il est impossible de dérouler, parce que des lobbies veulent continuer à prospérer tranquillement dans le désordre actuel. L‘ordre empêche les Sénégalais de prospérer, et cela n’arrange pas de réorganiser ce secteur aux milliers d’emplois informels… Mais silence… Ils peuvent continuer à tuer.
Du Savon de Marseille pile en guise de liquide frein
Sur tous les trottoirs de Dakar, nous côtoyons l’indicible légèreté qui coûte la vie à de simples citoyens qui ne souhaitaient qu’aller tranquillement d’un point A à un point B, mais qui subissent la désinvolture et l’irresponsabilité de ceux qui ont décidé que, par pur sens de l’économie, ils pouvaient tout se permettre.
Ils achètent des bidons de liquide-freins, dont ils savent que ces bidons ne contiennent que du « Savon de Marseille » pilé, et alors ? Ils disent à haute voix « Bissimillah » avant de démarrer, ils ont convoqué par là-même Dieu, leur plus efficace, selon eux, « Garçon Commissionnaire », ils ont en réassurance absolue, collée sur le pare-brise, la photo de leurs marabouts, si par extraordinaire ils devaient commettre un accident mortel, c’est que vraiment Dieu n’est pas dans un bon jour !
Mais rien ne sera possible sans la lucidité nécessaire pour le pouvoir, de devoir s’attaquer au tréfonds de notre ADN et de nos habitudes qui a pour nom : corruption.
Le permis à points est la dernière histoire drôle. Comment ôter des points sur un faux permis ? Pliés en quatre de rire, nous attendons la réponse.
Par Abdoulaye THIAM
PERMIS DE TUER !
La mort de 39 Sénégalais dans un grave accident de circulation à hauteur de Kaffrine a créé l’émoi et la consternation sur l’étendue du territoire. Comme d’habitude, à chaque fois qu’un malheur frappe notre pays, une émotion primitive envahit les médias
La mort de 39 Sénégalais dans un grave accident de circulation à hauteur de Kaffrine a créé l’émoi et la consternation sur l’étendue du territoire. Comme d’habitude, à chaque fois qu’un malheur frappe notre pays, une émotion primitive envahit les médias. La classe politique affiche sa scolarité et sa compassion aux victimes et à leur famille. Les médias se rivalisent d’éditions spéciales. Les antennes radios s’ouvrent à cœur joie.
Mais le temps d’une rose, on oublie rapidement nos morts, pour la plupart des jeunes, partis à la fleur de l’âge, à jamais à cause d’une irresponsabilité, de l’indiscipline d’un chauffeur et/ou chauffard, de sa cupidité. Tout ça, parce que nous refusons de prendre notre responsabilité pour sanctionner les coupables afin de freiner l’hémorragie. La première responsabilité est étatique. Le président Abdou Diouf n’avait-il pas pris un décret interdisant aux apprentis de se mettre debout sur les marche-pieds des véhicules de transports en commun. On connaît la suite.
Après le naufrage du bateau Le Joola, la plus grande catastrophe maritime au monde, avec 1853 victimes devant même le Titanic, le président Abdoulaye Wade avait demandé qu’on fasse notre propre introspection. On a alors assisté à quelques changements de comportements qui auraient dû être la norme: faire la queue avant de monter dans un bus, éviter les surcharges, respecter les heures de départ et ne s’arrêter qu’au niveau des arrêts, etc.
Mais regardons le spectacle qui s’offre sous nos yeux avec la complicité inouïe de nos forces de sécurité. Taxis «Clandos», charrettes, certaines voitures aux allures de cercueils roulants transportent nos concitoyens qui n’ont souvent pas le choix vers les cimetières.
Alors que nous peinons à faire notre deuil près de 21 ans après ce drame survenu le 26 septembre 2001, nous avons repris nos vieilles et mauvaises habitudes. Ce qui a conduit à ce drame produit à Bettenty avec la mort par noyade de 21 femmes dans le chavirement d’une pirogue dépourvue de gilets de sauvetage. La liste est loin d’être exhaustive. Malheureusement, elle risque de s’allonger davantage parce que c’est nous-mêmes qui délivrons le permis de tuer.
Par Vieux SAVANÉ
DE LA POLITIQUE AUTREMENT
Consolider la démocratie sénégalaise, c’est sortir de la pulsion « dégagiste ». Il est plutôt question de redéfinir l’échelle des valeurs afin de remplacer l’immoralité par la moralité, la malhonnêteté par l’intégrité, la traîtrise par le patriotisme
Ce n’est ni une question de droit ni une question éthique, c’est de la politique dit-on communément pour justifier des décisions problématiques. Désarçonnante affirmation puisqu’elle sous-entend que la politique est le lieu de toutes les extravagances, du basculement de toute règle vu que tous les coups sont permis, des plus tordus aux plus sordides. Encastrée dans un espace clos, dans son monde propre, comment alors s’étonner qu’elle soit si mal perçue ?
Il suffit d’ailleurs de jeter un regard rétrospectif sur le processus de consolidation de la démocratie au Sénégal, pour constater avec tristesse que l’avènement de la première alternance politique démocratique en 2000, après 40 ans de pouvoir socialiste, a été loin d’avoir tenu toutes ses promesses. Qu’en dépit des longues années d’opposition ponctuées par des séjours en prison, diverses vexations, privations et humiliations, en lieu et place d’une rupture salvatrice, il a fallu en effet très vite désespérer du chef de l’opposition d’alors. Son accession à la magistrature suprême ayant été vécue à l’image du couronnement d’un cheminement personnel, l’argent public s’est transformé en cagnotte privée au service d’une générosité suspecte, ouverte à toutes les audaces de captation et de prédation.
Une posture aux antipodes de celles adoptées sous d’autres latitudes, à l’instar de Singapour, où le premier Premier ministre de la République, feu Lee Kuan Yew, avait eu conscience de devoir faire le choix « entre deux chemins à suivre ». Aussi, les deux termes de l’alternative étaient-ils ainsi posés : « le premier : voler l’argent de l’Etat, enrichir mes amis et mes parents, appauvrir mon pays, et en conséquence mettre mon peuple dans la misère. Le deuxième : Servir mon peuple et faire rentrer mon pays dans le rang des 10 meilleures nations du monde ». Le résultat n’aura pas tardé puisqu’en moins d’une génération, Singapour est passé du statut de pays sous-développé et corrompu à celui de géant économique.
Au Sénégal, loin d’un telle alternative, la politique se donne au contraire de plus en plus comme le chemin le plus court et le plus sûr pour s ‘enrichir rapidement. Aussi est-il de moins en moins question de programme pour les centaines de partis recensés, encore moins de vision mais d’ épouser plutôt des postures déclamatoires et de se positionner dans l’accès aux ressources. Si prompts à dénoncer l’hyper-présidentialisme, la mal gouvernance, l’absence d’éthique, de redevabilité, le clientélisme et le népotisme, les prétendants à la magistrature suprême sont comme visités par une amnésie soudaine dès qu’ils sont élus. Aussi, au delà du débat sur un deuxième, troisième, quatrième mandat se pose un impératif qui s’affiche sous la forme d’un choix entre les « deux chemins » auxquels faisait référence Lee Kuan Yew. Une direction qu’on est toutefois loin d’emprunter tant les scènes qui se sont déroulées à l’Assemblée nationale, la lutte des places qui n’épargne aucun camp, n’augurent pas de lendemains qui chantent.
S’y ajoute l’avertissement de feu Ousmane Tanor Dieng, ancien ministre des Services et Affaires présidentiels et ancien homme fort de l’ancien président Abdou Diouf . Ainsi relevait-il : « On a observé depuis le défunt président Senghor une hypertrophie du pouvoir présidentiel, tout est entre les mains du chef de l’Etat. C’est lui qui initie, décide et exécute. Tout part de lui, tout revient à lui. Donc la première chose à remarquer, c’est cette espèce de culture de l’Exécutif ou culture du bonapartisme ou du césarisme. Tout est entre les mains du président de la République qui a des pouvoirs quasi illimités » ( in Le populaire du 8 mars 2005). Avec une gravité qui sonne encore comme une autocritique doublée d’un appel au sursaut, cet homme qui savait de quoi il parlait affirmait : « Les institutions sénégalaises étaient dangereuses avec nous et sont encore plus dangereuses aujourd’hui avec le régime de l’alternance ». Ou tout simplement entre des mains inexpertes et ne remettant pas en cause l’hyper-présidentialisme.
LE DEGAGISME N’EST PAS UNE PANACEE
Après deux alternances politiques démocratiques voilà que les dernières élections locales et législatives viennent consacrer s’il en était besoin, l’idée selon laquelle la carte d’électeur est utile. Et c’est justement cela qui participe à sédimenter une institution, à la rendre crédible et incontestable, la soustrayant ainsi au bon vouloir de telle ou telle personne. Parce que la vigilance devrait s’exercer à ce niveau, le nouveau palier à franchir est d’arriver à ce que le vote se détache de sa dimension protestataire voire référendaire pour épouser enfin la dimension d’adhésion et de conviction à travers un choix pluriel.
Ce que 2024, s’il n’est pas pollué par le débat sur un second quinquennat ou un 3e mandat, est censé nous offrir en nous mettant en face de deux, trois voire quatre primos candidat(e)s à la magistrature suprême. En 2000 en effet, tout comme en 2012, nombre d’observateurs s’étaient accordé sur le fait qu’on a voté contre le locataire qui était à Roume et qu’il fallait déloger coûte que coûte. Tout comme ces dernières législatives qui avaient l’allure d’un référendum.
A l’évidence, consolider la démocratie sénégalaise, c’est sortir de la pulsion « dégagiste » de ce stade protestataire. Ce qui suppose que les locataires du palais, le citoyen-électeur dont la maturité arrive pour l’essentiel à se jouer du « ndigel »religieux et de l’achat de conscience , l’opposition, jouent le jeu à en respectant les règles et en apportant de façon consensuelle les correctifs sur les manquements dénoncés. Reste donc à traquer les dysfonctionnements de nos institutions, pour les renforcer, les sécuriser et les crédibiliser, afin que le système puisse obliger tout un chacun à suivre les règles qui s’imposent à tout le monde.
Reste surtout à sacraliser une parole univoque ou « oui veut dire oui », et « non veut dire non ». Il est important en effet pour imprimer un véritable leadership dans le corps social que revienne comme un impératif cette alternative du premier Premier ministre Singapourien. A défaut on l’aura compris , le Sénégal continuera de s’éloigner de ce goût de l’avenir qui lui fait tant défaut.
Toute cette séquence de notre histoire devrait par contre nous amener à comprendre que le renouvellement de la classe politique auquel nombre de citoyens ont appelé de leurs vœux ne saurait se réduire à une affaire de naissance, avant ou après les indépendances. Encore moins à idolâtrer les jeunes et à jeter les vieux aux orties ou vice versa. Il est plutôt question de redéfinir l’échelle des valeurs afin de remplacer l’immoralité par la moralité, la malhonnêteté par l’intégrité, la traîtrise par le patriotisme. Il importe par conséquent de déconstruire cette manière de percevoir la politique comme ce lieu du tout permis, en s’érigeant en hommes et femmes de causes qui les transcendent. A défaut, à un an de la prochaine élection présidentielle, le Sénégal court le risque de reconnaître le bonheur perdu au bruit furieux qu’il ferait en partant, assommé par les cocktails molotov, les pneus brûlés, les balles réelles qui tonnent, les grenades assourdissantes.
Parce qu’il mérite mieux que cette catastrophe annoncée grosse de tous les dangers, en clin d’oeil à Albert Camus, ce beau pays qui est le nôtre nous somme de procéder à « une révolution » voire de « remplacer la politique par la morale ». Hors de tout dégagisme, l’urgence est assurément de rendre le choix possible et de faire en sorte que le Sénégal ne se défasse.
PAR Madiambal Diagne
LES 100 RENIEMENTS DE SONKO POUR PLAIRE À LA FRANÇAFRIQUE
Le leader de Pastef s’est systématiquement dédit sur le plateau de France 24 et RFI et a poussé son souci de bienséance en adoptant des postures empruntées, jusqu’à concéder à son punching-ball, Macky, une certaine révérence
C’était comme écrit, pour chercher à se présidentialiser, Ousmane Sonko a été obligé de se renier, de renier ses «convictions» portées en bandoulière et même de renier les siens. L’entretien qu’il a accordé à deux journalistes de France 24 et de Radio France internationale (Rfi), diffusé le 6 janvier 2023, est un condensé de reniements. Ce furent quatorze longues minutes de reniements ; décidément, un lourd prix pour chercher à plaire à… la France.
Se faire accepter par la France vaudrait-il autant de sacrifices ?
Le leader du parti Pastef avait juré de ne plus jamais s’adresser aux médias publics français, comme Rfi et France 24, qu’il accusait d’être les porte-voix de la France à travers le monde, particulièrement de sa politique «néfaste» en Afrique. Il ajoutait à sa liste de médias bannis, des journaux comme Le Monde, Le Monde Diplomatique et Jeune Afrique. Ces médias avaient eu l’outrecuidance de donner la parole à la jeune dame Adji Sarr qui accuse Ousmane Sonko de viols et d’autres sévices sexuels dans un lupanar. En acceptant de s’adresser donc à France 24 et Rfi, Ousmane Sonko revient sur ses résolutions, alors que rien n’a changé sur ce registre. Sans doute, pour se donner bonne conscience, il a essayé de distiller de manière sibylline, au cours de l’entretien, que ces médias, notamment des responsables de Rfi, auraient eu à lui confier admettre leur traitement déséquilibré de l’affaire Adji Sarr.
La direction de Rfi ne pouvait laisser passer cette affirmation et diffusera immédiatement un communiqué pour s’inscrire en faux. En effet, nul ne voit Rfi jeter en pâture le professionnalisme et la rigueur morale de ses journalistes.
Ousmane Sonko s’est systématiquement dédit sur le plateau de France 24 et Rfi et a poussé son souci de bienséance en adoptant des postures empruntées, jusqu’à concéder à son punching-ball, Macky Sall, une certaine révérence. Ainsi, il a pu surprendre quand il s’évertuait à chaque fois à servir du «le Président Macky Sall» ou du «le président de la République». Il ne nous avait pas habitués à autant de respect et de considération dans son langage à l’endroit du chef de l’Etat.
Les journalistes Marc Perelman et Christophe Boisbouvier se sont montrés incisifs. Ils ont démarré l’entretien par la question qui fâche, celle des accusations de viols. Histoire de montrer d’entrée de jeu qu’aucun cadeau ne sera fait à l’hôte du jour ? Ousmane Sonko a accepté de répondre sans broncher à cette question, encore qu’il a eu à rabrouer un journaliste sénégalais qui l’avait interpellé sur le sujet. Ousmane Sonko considérait que c’était, de la part du journaliste sénégalais, un manque de respect que de lui poser une pareille question. Mais devant le plateau des médias français, il n’a pas fait la moindre objection devant cette question.
Le complexe du Blanc ou bien devrait-on considérer que quand on se résigne à avaler des couleuvres, aucune n’est trop grosse ? Qu’à cela ne tienne ! Les relances, remarques et piques des intervieweurs ont aussi été des plus assassines ; comme sur le test Adn qui «reste la voie ultime pour clore cette affaire» ou pour «clarifier définitivement cette affaire» ou encore sur les graves accusations de complot dans lequel la France aurait trempé, à en croire le leader du parti Pastef. Dans ses réponses, il a éludé cette dernière remarque ou avalé sa langue. La France ne serait plus partie prenante au complot laisserait-il ainsi deviner. Le comble pour un candidat à l’élection présidentielle est de commencer à répondre à une interview par une question sur une accusation de viol et son refus de faire un test Adn qui allait clore le débat sur cette affaire !
En outre, le plus surréaliste, pour ceux qui pouvaient croire que Ousmane Sonko allait rester droit dans ses bottes, est qu’il a enfermé, à double tour, dans le guéridon sur lequel il a posé de manière ostentatoire un poster du capitaine Thomas Sankara, toute la rhétorique guerrière contre la France. Pas une fois, il ne s’en est pris à la France. Au contraire, il a osé dire : «Nous n’avons rien contre la France !» Assurément, son allié Guy Marius Sagna et les autres membres du mouvement «Frapp-France Dégage» apprécieront cet autre reniement.
Ousmane Sonko a cherché à donner des gages pour trouver la France fréquentable et a renié la politique pro-russe des militaires putschistes au Mali ou au Burkina Faso ou les slogans des «Transformateurs» au Tchad. Il leur a fait la leçon, quant aux drapeaux russes qui flottent régulièrement dans les rassemblements pour vouer aux gémonies la France et les partenaires occidentaux. Il en a véritablement dit plus que ne pouvaient espérer de lui des diplomates français.
Les journalistes de France 24 et de Rfi, pince-sans-rire, ont mis Ousmane Sonko en face de ses déclarations antérieures sur la France. Il a toujours soutenu que «nos relations avec la France devaient cesser et non changer de format», que «le colonialisme français avait assez duré», que «la France doit lever son genou du cou des Africains», faisant sans doute allusion à la technique policière brutale, devenue tristement célèbre après la mort de George Floyd. Il s’est gardé de prononcer ses mots fétiches : «colonialisme» ou «néocolonialisme» ou «impérialisme français». Il n’a pas non plus cité la moindre entreprise française opérant en Afrique, surtout pas Total, Eiffage ou Auchan, alors qu’il les accusait de sucer le sang des Africains et les désignait du doigt à la vindicte populaire en mars 2021 et par la suite.
En effet, on ne parle pas de corde dans la maison d’un pendu ! Il est aussi étonnant ou effarant de voir Ousmane Sonko s’interdire sa rengaine contre le franc Cfa, «monnaie coloniale», responsable de tous les maux des pays africains qui continuent de l’utiliser. Ousmane Sonko mettait sur la balance le sort des pays africains colonisés par la France et celui des autres pays colonisés par les Britanniques. Dans son entendement, les anciennes colonies britanniques s’en sortiraient mieux. L’actualité de ces derniers jours, avec la retentissante débâcle économique et monétaire du Ghana, un pays jadis régulièrement cité en exemple, montre que l’herbe n’est pas toujours plus verte chez le voisin.
Aussi, n’avait-il eu de cesse de faire des offensives de séduction ou des appels du pied à la Russie. Le nouvel Ousmane Sonko en arriverait maintenant à douter de la maturité des alliés russes en Afrique, quand il en juge par leurs méthodes et approches.
Une opération séduction perdue d’avance
La sortie médiatique de Ousmane Sonko ne devrait pas avoir l’effet escompté. On se retrouve dans la situation que nous avions décrite dans une chronique, en date du 13 décembre 2021, intitulée : «De France dégage » à «France sauve nous». Mais assurément, personne ne devrait s’y tromper. On ne voit pas la France être si naïve au point d’accorder du crédit à des dénégations aussi désinvoltes et subites de Ousmane Sonko. Son hostilité maintes fois répétée à l’endroit de la France a nourri son discours politique mâtiné d’un populisme on ne peut plus démagogique. Toute personne qui pouvait trouver un quelconque mérite à la France, passait aux yeux des «patriotes» pour être un valet de la France, un renégat aux intérêts de l’Afrique. Cette posture revancharde a pu leur attirer la sympathie de quelques élites intellectuelles ou politiques africaines qui avaient de vieux comptes personnels à régler ou solder avec la France ou ses citoyens. Ousmane Sonko a ravalé ses diatribes, pour ne pas dire son vomi de la France.
Pour autant, une banale interview arriverait-elle à effacer tout le passif et assurer de refonder de nouvelles relations ? Au demeurant, cet exercice médiatique a révélé, si besoin en était encore, l’incohérence ou l’inconstance de Ousmane Sonko dont les positions valsent au gré de ses humeurs ou de ses lubies. Ousmane Sonko a même pu paraître pathétique en donnant l’occasion au «système» de le tourner en dérision, pour ne pas dire de le ridiculiser. Quel crédit accorder à un personnage de cet acabit ? Voilà qu’il est prêt à se renier en tout, à adopter toutes les contritions, pour être bien vu par la France, un pays auquel il n’avait rien épargné ! De toute façon, sa stratégie de présidentialisation (inspirée de la sauce «Marine Le Pen») par le truchement de médias français ne saurait prospérer. En France, l’histoire contemporaine montre que Dominique Strauss Kahn, qui avait le vent en poupe pour remplacer Nicolas Sarkozy en 2012, avait vu son destin présidentiel se fracasser sur l’opprobre d’accusations de viol portées par Nafissatou Diallo, une employée d’un hôtel new-yorkais.
De même, l’autre président élu avant l’heure par les sondages d’opinions, François Fillon, a été stoppé net dans sa marche vers l’Elysée en 2017 par une inculpation par un juge français. Le Président François Hollande s’était résigné à renoncer à se représenter en 2017, une fois que ses escapades à bord d’un scooter pour des rendez-vous galants avaient été révélées par les médias. C’est dire que Ousmane Sonko, qui a le malheur de rassembler toutes ces trois fautes (accusations de viols, escapades nocturnes, inculpation judiciaire), aura beau donner tous les gages qu’il ne sera plus pris au sérieux dans les milieux français.
C’est justement la raison pour laquelle il n’aurait pas dû perdre son âme dans cette opération séduction qui sera fatalement infructueuse. Si la France a pu prendre quelque part Ousmane Sonko pour un ennemi, elle peut se féliciter que ce dernier se soit livré pieds et poings liés. Il serait désormais malvenu d’accabler la France. Après avoir regardé cet entretien, j’ai eu une discussion avec un responsable de Rfi qui se réjouit que Ousmane Sonko ait fini par réaliser que «Rfi et ses journalistes ne font que leur travail et ne peuvent être ignorés». Est-il besoin de rappeler que les chaînes de radio et de télé ainsi que les journaux sénégalais attendent toujours que Ousmane Sonko daigne leur accorder une interview ? Lui qui ne rate jamais une occasion de faire parler de lui, préfère des médias littéralement couchés à ses pieds, à boire ses paroles sans aucune réplique ou relance, à l’image de ces nombreuses «télés patriotes» du web. Ce qui lui évite de se retrouver face à des organes de presse crédibles et ayant pignon sur rue, qui pourraient avoir la mauvaise idée de lui poser des questions qui fâchent… et en wolof !
par Aliou Cissé
RIEN NE SAURAIT REMPLACER UNE VIE HUMAINE
Je suis triste et en deuil pour toutes ces vies perdues dans l’accident tragique de Gniby ! J’aimerais exprimer ma compassion et mes sincères condoléances ainsi que celles de l’encadrement technique des Lions et des joueurs aux familles des victimes
Je suis triste et en deuil pour toutes ces vies perdues dans l’accident tragique de Gniby ! J’aimerais exprimer ma compassion et mes sincères condoléances ainsi que celles de l’encadrement technique des lions et des joueurs qui sont très affectés par le drame, aux familles des victimes, au peuple sénégalais, au président de la République et à toutes les autorités religieuses, coutumières et politiques du pays ! Prières pour le repos de l’âme des disparus !