SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
29 novembre 2024
Opinions
PAR Courani DIARRA
TOUTE HONTE BUE !
Qu’est-ce qu’elle peut donc bien chercher pour rester au Sénégal pendant trois jours, Marine Le Pen ? Elle confesse dans une tribune parue dans le journal français « L’Opinion » qu’elle ne « doute pas de rencontrer [la sagesse] au pays de la Téranga ».
Qu’est-ce qu’elle peut donc bien chercher pour rester au Sénégal pendant trois jours, Marine Le Pen ? Elle confesse dans une tribune parue dans le journal français « L’Opinion » qu’elle ne « doute pas de rencontrer [la sagesse] au pays de la Téranga ». Décidément, la mode du faux-cul va bien à l’égérie de l’extrême-droite française ! Tout au long de son exposé, la fille du sinistre Jean-Marie Le Pen défend l’emprise de la France sur ses ex-colonies d’Afrique matérialisée par le syndicat de la Françafrique… Elle aurait toutefois pu oser un discours plus fidèle à sa ligne de conduite, à son projet politique de racisme téléguidé vers ce continent « splendidement seul au milieu de fleurs blanches et fanées » (David Diop).
Mais que diantre espère-t-elle vraiment récolter lors de ce séjour ? Une audience avec le président Macky Sall, par ailleurs président de l’Union africaine ? Le président de la République serait bien peu inspiré de recevoir la challengeuse d’Emmanuel Macron lors de la dernière Présidentielle de 2022 en France. Pourtant, les ressortissants français établis dans notre pays avaient plébiscité Jean-Luc Mélenchon qui avait recueilli plus de 38% des suffrages devant le président sortant (33,68 %), reléguant Marine Le Pen à la troisième place avec un petit 6%. Mais ce chiffre est énorme en terre sénégalaise, il aurait dû équivaloir à zéro. Le Pen vient ainsi fertiliser ce terreau caché… C’est juste que Marine Le Pen, jusqu’ici pestiférée, essaie de se refaire une santé hors de sa tour en décrépitude. Sa démarche est contre-nature, et nous espérons que les retombées en seront contre-productives. Son choix de se rendre, toute honte bue, dans notre pays interroge, alors que la France est devenue la risée de la jeunesse africaine résolue à briser toutes chaînes entravant sa liberté.
La rappeuse Diam’s l’interpellait ainsi en 2004 dans une chanson culte anti-Le Pen : « Marine, tu crois vraiment que t’es dans le vrai ? Que t’as su saisir ta chance et que ton avenir est tracé ». En reine de la controverse, Le Pen aura du mal à séduire de ce côté de l’Atlantique dans son costume de présidentiable. « L’avenir appartient peut-être aux femmes, mais il ne sera fantastique que si les femmes disent la vérité », ai-je entendu dans un feuilleton quelconque à la télé. Mais dire la vérité, ce n’est pas le fort de l’héritière du Front national, rebaptisé Rassemblement national. Rappelez-vous, elle avait affirmé que le traité d’Aix-la-Chapelle prévoyait de partager, entre la France et l’Allemagne, le siège permanent de la France au Conseil de sécurité de l’ONU. Alors qu’en réalité, il était juste question de proposer un siège pour l’Allemagne…
Ce voyage au Sénégal est une insulte pour tous les fils d’Afrique, descendants des tirailleurs sénégalais, ces vaillants combattants qui ont permis au pays de Marine Le Pen de goûter « l’amère saveur de la liberté ». Et puisqu’en « Afrique traditionnelle, l’individu est inséparable de sa lignée qui continue de vivre à travers lui et dont il n’est que le prolongement » (Amadou Hampaté Bâ), c’est le clan Le Pen et tout ce qu’il charrie comme idées et rebuts que représente cette singulière invitée, dont nous rejetons avec force la présence dans notre pays.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
POURQUOI LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE AURAIT DÛ RECEVOIR MME LE PEN
Il aurait été intéressant que Le Pen nous dise qui, de la France ou du Sénégal, a eu le plus à gagner dans la réalisation du Train Express régional (TER) où 780 milliards de francs ont été engloutis, selon les chiffres officiels
Des Africains qui souhaitent longue vie au président américain, Donald Trump, et qui lui disent « bravo », on n’en trouvera sans doute pas beaucoup. Je fais pourtant partie de cette espèce rarissime ! Oh certes, non pas tant que j’approuve le fait qu’il ait fait tuer le très populaire général iranien Qassem Souleïmani ou qu’il ait « déchiré » l’accord sur le nucléaire iranien ou encore reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël. Rien de tout cela !
Si je l’apprécie, c’est parce qu’avec lui au moins les choses ont le mérite d’être claires et il les dit tel qu’il les pense. Il est raciste, misogyne, climatosceptique, anti-Islam, anti-immigrés, pense que l’Afrique, c’est des « pays de merde », ne songe même pas à y mettre les pieds, est contre les droits-de-l’hommistes et les ONG, traite par-dessus la jambe l’ONU, ce « machin » budgétivore et inutile etc. Il navigue à contre-courant et rebrousse-poil du politiquement correct et le revendique fièrement ! Il n’est pas hypocrite pour un sou et je le trouve très bien comme ça.
Il y a trois ans, déjà, lors de son élection, je n’avais pas hésité à me singulariser en soutenant que non seulement son accession à la tête de la seule superpuissance du moment me remplissait d’aise mais encore que je souhaitais que Mme Marine Le Pen accède au pouvoir en France ! Avec ces deux dirigeants au moins, expliquais-je alors, les Africains en particulier sauraient à quoi s’en tenir et prendraient enfin leur propre destin en mains. Au lieu de quoi, on se comporte toujours comme de grands enfants, nos dirigeants passant leur temps à tendre la main et comptant sur l’étranger pour défendre nos pays. »
Ce pavé est extrait d’un éditorial intitulé « Que viva Donald Trump ! » que j’avais écrit en janvier 2020. Ce qui m’intéresse ici, c’est le passage que j’avais consacré à Mme Marine Le Pen, présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national — un parti qu’elle a créé — au Palais-Bourbon, l’Assemblée nationale française. Un groupe qui compte actuellement 88 députés (sur 577) et est donc l’un des plus importants de cette Assemblée.
Il s’y ajoute que la présidente de ce groupe a été finaliste des deux dernières élections présidentielles française, faisant même un score de plus de 41%en 2022. C’est donc une dame qui pèse d’un poids très lourd dans son pays et qui a toutesles chances d’être la prochaine présidente de la République française. Laquelle estle premier partenaire commercial du Sénégal mais surtout le pays vers lequel nos dirigeants se tournent en priorité pour tendre la sébile, qui garantit notre monnaie, le CFA, via la Banque centrale européenne, qui assure la défense des pays du Sahel à traversson parapluie militaire, etc. Compte tenu de toutes ces raisons, le réalisme — pour ne pas dire la realpolitik — aurait commandé que Mme Le Pen fût reçue par les autorités de notre pays, le président de la République en tête. Lequel passe son temps à accorder des audiences à des hommes — et des femmes ! — politiques de bien moindre importance que la vraie patronne du Rassemblement national.
Oh, je sais bien, on m’objectera qu’elle est à la tête d’un parti d’extrême droite, raciste, xénophobe, fasciste, anti-Noirs et anti-immigrés et tout ce qu’on voudra mais le fait est que, aujourd’hui, près d’un Français sur deux se reconnaît dans ses idées. Et cela, nous ne pouvons pas l’ignorer. Nos dirigeants gagneraient à se faire à l’idée d’avoir Mme Marine Le Pen comme interlocutrice voire comme « maître » qui leur donnera des ordres qu’ils seront tenus d’exécuter sans réprobation ni murmures lorsqu’elle sera installée à l’Elysée. Encore une fois, avec elle au moins, comme je l’écrivais en 2020, on sait à quoi s’en tenir. Elle est raciste et ne s’en cache pas, n’aime pas les Noirs, les Arabes et les Musulmans, bref coche toutes les cases susceptibles de lui valoir notre détestation. Tout cela c’est vrai mais la réalité c’est qu’elle compte dans son pays dont nous avons nous-mêmes besoin pour survivre dans la jungle des relations internationales! Les Africains que sommes avons eu beau détester Donald Trump, il s’en est battu l’œil. En tant que président de la seule superpuissance du moment, les états d’âme des « pays de merde » que nous étions pour lui, le laissaient indifférent. Pour ne pas dire qu’il nous méprisait. C’est l’Afrique qui avait besoin des Etats-Unis et non le contraire. On peut en dire de même de la France, quoique…
Parler avec Mme Le Pen plutôt que de l’ostraciser !
Car la meilleure manière de combattre les idées de Mme Le Pen, c’est justement de discuter avec elle, confronter nos idées aux siennes et lui dire qu’à cela ne tienne si la France veut couper ses liens avec le continent. Que l’Afrique n’en mourra certainement pas et que les conséquences risquent plutôt d’être plus fâcheuses pour Marianne.
En tant que chef de l’Etat du Sénégal et président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall a raté une excellente occasion de dire ses vérités, les yeux dans les yeux, à la dirigeante du Rassemblement national. L’immigration l’obsède de même que les Français qu’elle représente ? Fort bien !Alors, il aurait pu lui dire que tant que son pays, la France, surexploite nos matières premières qu’elle paye au lance-pierres et expédie chez elle sans aucune valeur ajoutée pour les populations locales, tant qu’elle refusera d’investir dans des industries chez nous, tant qu’Areva extraira jusqu’au tarissement l’uranium du Niger, tant que Total, à la suite d’Elf Aquitaine, pompera le pétrole et le gaz africains en contrepartie de royalties dérisoires — mais après avoir arrosé nos dirigeants —, tant que Vincent Bolloré, qui a revendu son affaire à l’armateur italo-suisse MSC, était le maître absolu de nos ports et de nos chemins de fer, et tant d’autres prédateurs hexagonaux ne cesseront de pressuriser les Africains, tant que également les navires de pêche de l’Union européenne ne cesseront de piller nos côtes réduisant nos pêcheurs en chômeurs, et d’autres exemples encore, des vagues de migrants africains ne cesseront de déferler sur les côtes du Vieux continent. Tant que la France ne cessera pas, aussi, de susciter ou d’entretenir des conflits dans le Sahel avec leurs hordes de réfugiés, toutes les opérations Frontex du monde ne pourront pas empêcher des despérados africains de prendre la mer avec des esquifs et des rafiots de fortune pour tenter de gagner l’eldorado européen. Il aurait aussi pu lui dire que l’Afrique est le dernier salon où l’on cause français !
En ce qui nous concerne, il aurait été intéressant que Mme Marine Le Pen nous dise qui, de la France ou du Sénégal, a eu le plus à gagner dans la réalisation du Train Express régional (TER) où 780 milliards de francs, selon les chiffres officiels, ont été engloutis dans 37 km de chemin de fer à peine, ce qui en fait la ligne la plus coûteuse au monde, sans doute ! Sans compter notre tronçon d’autoroute à péage entre Dakar et Diamniadio, lui aussi parmi les plus chers du monde. Si ce n’est le plus cher. Dans les deux cas, ce sont des entreprises françaises qui sont à la manœuvre et ont contribué à appauvrir davantage un pays qui était déjà parmi les plus misérables de la planète ! Entre autres exemples du grain du pauvre qui nourrit la vache du riche…
Macky Sall aurait aussi pu dire à Mme Marine Le Pen, au nom du continent africain, que si l’armée française est encore aussi omniprésente sur le continent c’est parce que, plus de 60 ans durant, la France a œuvré pour que nos pays ne puissent passe doter de capacités autonomes de défense, veillant à réduire nos armées à des gardes prétoriennes voire à des armées d’opérette ou de parade. Avec malice, son interlocutrice, qui est une opposante et n’a passa langue dans sa poche, aurait pu lui répondre que les constitutions ne sont pas des chiffons de papier, que deux mandats constitutionnel ce n’est pas trois, que la place des opposants, des journalistes et des activistes ce n’est pas la prison — surtout au moment où la potence vient d’être dressée pour pendre haut et court Ousmane Sonko ! —, que ceux qui détournent les maigres ressources des populations doivent répondre de leurs crimes devant les tribunaux, etc.
Mais quel dommage que, pour des considérations émotionnelles, le président Macky Sall n’ait pas cru devoir recevoir en audience Mme Marine Le Pen, probable future présidente française. Qui dit pourtant des choses intéressantes comme la nécessité de laisser les Africains s’occuper de leurs propres affaires ou l’impératif de doter notre continent d’un siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Une fois de plus, Macky Sall vient de laisser passer une belle leçon de se faire entendre et, qui sait ?, comprendre !
par Aminata Touré
MARINE LE PEN N'AURAIT DÛ JAMAIS ÊTRE AUTORISÉE À VENIR AU SÉNÉGAL
Au regard du passé, des discours et de la ligne politique de son parti, la présidente du Rassemblement national, principale formation de l’extrême droite française, n’est pas la bienvenue au pays de la Teranga
Jeune Afrique |
Aminata Touré |
Publication 18/01/2023
Le Sénégal s’honore d’être un pays d’accueil et de brassage, de tolérance et d’ouverture. De nombreux étrangers, de toutes origines, ont choisi d’en faire leur lieu de vie et d’épanouissement. Cela est très bien ainsi. Depuis des temps immémoriaux, cette tradition d’hospitalité (la Teranga, en langue wolof) est ancrée dans notre culture – ou plutôt dans nos cultures, car nous comptons 22 langues codifiées au Sénégal. Les brassages culturels et ethniques y sont la norme. C’est ce « vivre ensemble » qui contribue largement à notre volonté atavique de dialogue et qui est, in fine, un des gages de notre stabilité.
Le Sénégal est aussi un pays de fierté et de refus. De refus de l’indignité. De refus de l’aplatissement. C’est pourquoi il est inacceptable que Marine Le Pen, dirigeante de 2011 à 2021 du Front national [renommé Rassemblement national en 2018], parti raciste et xénophobe français, ait été autorisée à fouler le sol sénégalais. Depuis des décennies, nos centaines de milliers de compatriotes africains vivant en France subissent les attaques racistes verbales – et même physiques – du Front national, lequel a d’abord été dirigé par son père, Jean-Marie Le Pen.
Terreur
Je me souviens encore, quand j’étais étudiante en France, de la violence raciste et de la terreur que faisait régner sur les campus français le GUD (Groupe Union Défense), organisation estudiantine d’extrême droite violente et directement liée au Front national. À l’annonce de la présence de ses membres sur le campus, nous, étudiants africains et arabes, nous terrions dans nos chambres pour ne pas être victimes de leurs expéditions punitives sans fondement. Le mouvement « Touche pas à mon pote », initié par l’association SOS Racisme, en 1985, avait constitué une riposte massive de la jeunesse de l’époque, dans toute sa diversité, à ces militants d’extrême droite.
EXCLUSIF SENEPLUS - Le pays a mal et tout le monde le ressent. Certains voyagistes (structurés ou informels) apparemment un peu moins que d’autres. Pas besoin de convoquer un quelconque scénario de rapport de forces
Le récital est-il condamné à devenir hebdomadaire ? Le constat est que le fil des évènements est resté ininterrompu depuis ce début d’année 2023, emportant chaque semaine des vies tombées dans des chocs qui ensanglantent routes, pistes rurales, ponts et autoponts du pays. La litanie s’est invitée multiconfessionnelle, dans tout le Sénégal, depuis que Sikilo a re-commencé à peser lourd sur le cœur des Sénégalais, après la sombre nuit du 7 au 8 janvier 2028 sur la RN1. Il y a eu sur cet axe et pas loin de la capitale régionale Kaffrine, une série dont l’explication des causes avérées physiques et/ou métaphysiques va dans tous les sens, à la faveur de conjectures sans frein dans une conjoncture faite de déni de responsabilités.
Depuis quelques semaines en effet, les évènements dramatiques s’enchainent, impliquant tous les moyens de locomotion, du camion surchargé à l’âne égaré, de la Jakarta insouciante à l’incendie inexpliqué, en passant par un transport de passagers en conflit avec les normes de sécurité routière.
Tout l’Est et le Sud-Est n’ont pas encore fini de boucler les prières dédiées aux morts relayées largement jusqu’au-delà de nos frontières, que le Centre-Nord-Ouest se signale dans une quasi identique catastrophe routière.
Sikilo d’une part, Sakal-Ngeune Sarr d’autre part, les bilans évoluent quasi quotidiennement, émanant des sources de différentes régions médicales. Premières concernées, Kaffrine, Kaolack, Louga, Dakar entre autres destinations des morts et blessés dont le nombre évolutif s’approcherait bientôt de la centaine, suivant les statistiques égrenées quotidiennement dans l’espace public par une presse qui s’est abstenue de sensationnalisme.
On ne parle plus que de routine, depuis que dimanche 8 janvier dernier, le soleil s’est levé pour jeter sa vive lumière sur un Sénégal dont des filles et fils par dizaines, venaient quelques heures plus tôt, de fermer les yeux pour l’éternité, morts sur l’asphalte et dans les buissons alentour, à environ 250 km, à l’Est de Dakar. Le choc entre deux (2) bus communément appelés ‘’horaire’’ a été suivi une semaine plus tard, d’un autre sur l’axe Sakal-Ngeune Sarr.
Les autorités – on s’en doute - ont évité de gêner cette communauté internationale qui avait manifesté sa compassion et sa solidarité de nombreux messages adressés au premier des Sénégalais.
Le président Macky Sall aurait plus négativement altéré l’image de notre pays, s’il décidait après Sakal comme après Sikilo, de décréter un deuil national. Bien lui en a pris, évitant au drapeau en berne de faire la navette entre le sommet du mât et le milieu du poteau.
Toutes les vies se valent. Toutes les victimes méritent de la nation, toutes les familles ont besoin de réconfort, quand la douleur les assaille sous la forme de perte d’un membre. Quand les disparus, proches et consanguins se comptent en autant de doigts de la main, comme c’est arrivé à Ngueun Sarr, Nguith et autre Deungour, aucun geste de solidarité ne peut être de trop. Mais le pays ne peut s’arrêter comme l’ont envisagé des syndicats de transporteurs, au lendemain immédiat du drame sur la voie qui ouvre sur la RN1, vers Saint-Louis.
L’éternel Coran a été et reste présent dans les foyers et localités éplorés où l’on prie pour le repos de l’âme des morts.
L’image du sang séchant lentement sur nos routes et sur ce qui reste de la ferraille des véhicules accidentés a été plus forte dans les consciences, que les préoccupations d’ordre syndical de transporteurs encore secoués par la promesse des autorités d’aller ‘’jusqu’au bout’’.
L’État dit s’engager dans l’application des mesures de sécurité routière issues du Conseil interministériel convoqué et tenu à Kaffrine, en temps et géographiquement plus près possible du drame qui a endeuillé le Sénégal dans la nuit du 7 au 8 janvier 2023. Pas besoin de convoquer un quelconque scénario de rapport de forces. Le pays a mal et tout le monde le ressent. Certains voyagistes (structurés ou informels) apparemment un peu moins que d’autres. Les questions ne s’arrêtent plus sur qui de l’humain ou de la machine est vraiment en cause.
Le maintien en poste du ministre des Transports est un point de réaffirmation de la patrimonialisation du pouvoir et de l’Etat au Sénégal. Sa responsabilité dans la mort d’environ 70 personnes en une semaine est de nature politique
Ce n’est plus un cas d’école, c’est devenu un phénomène pathologique qui tire peut-être ses origines d’une scabreuse gestion des équilibres au sein d’une fratrie de pouvoir au sein de laquelle les mécanismes relationnels sont finalement bien au dessus de ce qui peut être considéré comme l’intérêt national.
Le maintien de Mansour Faye au ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement va plus loin qu’un simple défi politique opposé à la gouvernance vertueuse et efficace du secteur des transports. C’est un point de réaffirmation de la patrimonialisation du pouvoir et de l’Etat au Sénégal. Pourquoi le président Macky Sall se garderait-il d’assurer l’extrême protection de son beau-frère de ministre - dont l’incompétence et l’arrogance se répercutent indirectement et dramatiquement sur les Sénégalais - alors qu’il le fait pour des caporaux auxquels il n’est lié que par les rapports fragiles que permet la politique ?
Le ministre Mansour Faye était sans doute à plusieurs centaines de km des drames humains de Sikilo et de Sakal, loin des turpitudes de chauffeurs criminels et de passagers insouciants et inconscients des dangers auxquels les soumettent leurs transporteurs. Sous cet angle, il peut bien se laisser aller à siroter son verre de lait. Sa responsabilité dans la mort d’environ 70 personnes en une semaine est autre : elle est de nature politique. La même faute qui a imposé au chef de l’Etat le limogeage brutal et compréhensible de l’ex ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr après le drame des 11 bébés de l’hôpital Dabakh Malick de Tivaouane. Pourquoi ce double jeu qui concrétise un deux-poids deux mesures ?
En tant que ministre en fonction, Mansour Faye est celui qui n’a pas appliqué ou fait appliquer les mesures correctives légales suscitées par le président de la République afin de sécuriser les déplacements des citoyens sénégalais sur l’ensemble du territoire national. Il est celui qui a été investi de l’autorité légale pour les mettre en œuvre. Il reste celui qui a échoué à assurer la sécurité de ses compatriotes. Pour les raisons que voilà, l’unique voie raisonnable laissée à qui de droit est son départ d’un gouvernement dans lequel il passe pour être un intouchable prédestiné. C’est pourtant le premier acte de salubrité publique à poser dans le secteur névralgique des transports au Sénégal.
Mais il y a un obstacle à franchir : le président de la République a le complexe de croire que poser un acte de bon sens en limogeant son beau-frère de ministre serait un signe de faiblesse de sa part devant l’opinion publique. Une posture qui fait de Mansour Faye un ministre immaculé, éternel survivant des controverses financières (gestion des fonds Covid-19, Rapport de la Cour des comptes) et des drames humains qui secouent notre pays. Tout est lié au décret…présidentiel !
par Jean Pierre Corréa
UNE DÉSINVOLTE IRRESPONSABILITÉ
Abdoulaye Diouf Sarr limogé du ministère de la Santé à cause des 11 morts de Tivavouane, et « monsieur frère » Mansour Faye, pas le moins du monde inquiété, malgré le provisoire bilan de 54 trucidés par des autobus transformés en cercueils
Il y a quelques années de cela, dans une région de France, dont je ne me souviens pas du nom, une banale promenade de jeunes filles et garçons, qui y passaient une joyeuse colonie de vacances, s’était transformée en tragédie nationale, après la noyade de quelques-uns d’entre eux dans une rivière subitement en crue, du fait d’un soudain et tout aussi violent orage. L’enquête détermina un manquement du moniteur de colo, qui, bien qu’ayant consulté la météo du jour, n’en n’avait pas pour autant tenu compte dans la programmation de cette activité de vacances. Ce jeune homme, dévasté par la mort de ses colons, fut inculpé et condamné à une peine d’emprisonnement, parce que son travail est adossé à ce qu’on appelle la responsabilité. Mais encore mieux que ça, le maire de ce village, dont les services sociaux avaient organisé cette colonie de vacances, fut lui aussi, condamné à une peine avec sursis et une amende. Pourquoi, me direz-vous. Parce que tout simplement l’acte d’engagement de ce moniteur de colo avait été au final paraphé par sa signature et son cachet. Une fonction qui n’est pas assortie aux responsabilités qu’elle induit, est vide de sens et n’a pour contenu que l’encre qui orne prétentieusement les cartes de visite des hommes qu’elles servent à identifier.
Cette triste histoire illustre, en creux tout le sens que revêt chez nous, au Sénégal la notion de responsabilité. Nos responsables politiques ne sont en fait responsables de rien, ni de quoi que ce soit. Ils sont donc de fait, « irresponsables » de tout. Ayant souvent atterris dans l’exercice de leurs fonctions, grâce au seul concours qu’ils ont passé avec succès, le « concours de circonstances », pourquoi seraient-ils responsables des errances de leurs subordonnés, n’ayant pas été biberonnés à l’aune de l’exemplarité, ne comprenant nullement en quoi, parfois leurs démissions face à certaines tragédies où la responsabilité de leur service est établie, aurait pu justement servir de catharsis. Au pire, sous la pression d’une opinion publique dont il faut apaiser et le courroux et le dégoût, le « responsable » politique est « déplacé », mais pas viré. Mais même là, l’inégalité est assumée. Abdoulaye Diouf Sarr limogé du ministère de la Santé à cause des 11 morts de Tivavouane, et « monsieur frère » Mansour Faye, pas le moins du monde inquiété, malgré le provisoire bilan de 54 trucidés par des autobus transformés en cercueils par des transporteurs, qui ont de surcroit le culot de faire grève pour protester contre les mesures prises à leur encontre.
Lesquelles sont d’ailleurs surréalistes, puisque la première d’entre elles concerne l’interdiction de rouler la nuit, cette mesure sonnant de fait comme un aveu de l’état délabré du parc des moyens de transports en commun, puisqu’il est évident qu’un bon véhicule en bon état de marche et qui est paré de tous les atours requis pour l’utilisation qui lui est conférée, doit pouvoir rouler de jour comme…de nuit. Non ?
Pourquoi n’y-a-t-il aucune sanction contre ceux qui ont procédé aux visites techniques des véhicules responsables de ces catastrophes ? Pourquoi lorsqu’un immeuble construit à la « va-je-m ’en-fous », s’effondre, cause des morts et ruine la vie de centaines de gens qui ont pourtant payé pour être en sécurité, une fois l’émotion passée, les larmes de crocodiles séchées, aucun architecte, aucun pseudo-entrepreneur, aucun responsable des services de l’urbanisme, qui ont délivré les autorisations de construire, ne sont jamais, ne serait-ce que convoqués et questionnés sur les garanties qui ont validé les accords et les autorisations qu’ils ont couverts du manteau de leur désinvolture ?
Nous avons été informés dans les pages d’un grand quotidien, hier, qu’en contravention totale avec toutes les règles de l’urbanisme, un promoteur libanais défie impunément les autorités compétentes et érige un immeuble R+13 dans une étroite impasse du Point E, qui insécurise un collectif organisé par des riverains.
Ceux-ci s’interrogent et demandent comment a-t-on pu délivrer une autorisation de construire un immeuble d’une telle hauteur, dans une impasse où aucun véhicule de secours n’aura accès, avec un dossier où l’adresse réelle de la parcelle, a été dissimulée à l’autorité compétente et où l’attestation de conformité de l’implantation à l’alignement, n’était pas réalisée.
Pourquoi la Direction de l’Urbanisme ne décide-t-elle pas de revoir les conditions dans lesquelles cette autorisation de construire a été accordée, pour revenir à des normes de droit, empêchant ainsi une future catastrophe et un déni de droit et de justice.
Il y a des attitudes de certains de nos responsables où l’irresponsabilité s’exerce en toute désinvolture… Comme si de fait, on s’en foutait. Responsabilité diluée dans l’imparable « Inch’Allah ».
Puisque « le chat est là » !
Par Mohamed Bachir DIOP
LA CRISE DE FACHODA
Fachoda est située à 650 km au sud du Soudan, Depuis le départ des Britanniques après la révolte mahdiste de 1885, cette région du Soudan est convoitée par les principales puissances coloniales européennes : Royaume-Uni, France, Italie et Belgique
Alors qu’Anglais et Français se faisaient une concurrence féroce pour étendre leur empire colonial, leurs deux armées se sont fait face à Fachoda, occasionnant un incident diplomatique sérieux qui opposa la France au Royaume-Uni en 1898 dans le poste militaire avancé de Fachoda au Soudan (aujourd’hui, Soudan du Sud). Le retentissement de cet incident a été d’autant plus important que ces pays étaient alors agités par de forts courants nationalistes.
Fachoda est située à 650 km au sud de la capitale soudanaise, Khartoum. Entre 1865 — date de sa création — et 1884 — année de son démantèlement —, Fachoda est un poste militaire égyptien destiné à lutter contre les trafiquants arabes. Bien que désertée, la place reste le principal point de contrôle du Bahr el-Ghazal.
Depuis le départ des Britanniques après la révolte mahdiste de 1885, cette région du Soudan est convoitée par les principales puissances coloniales européennes : Royaume-Uni, France, Italie et Belgique. Ces dernières recherchent activement un débouché sur le Nil Blanc et, de la sorte, un point d’ancrage vers l’Égypte
En effet, au-delà de l’intérêt stratégique de cette position, le vide créé par le départ britannique s’opère à un moment où le partage de l’Afrique est presque achevé et où les occasions d’acquisition de nouveaux territoires se font rares. Ainsi, les projets d’expansion français vers l’Est (pour relier l’Atlantique — Dakar — à la mer Rouge — Djibouti) et les projets britanniques d’extension du chemin de fer Le Cap - Le Caire, se sont heurtés à Fachoda le 19 septembre 1898. L’incident s’est déroulé dans un contexte d’extrême ferveur nationaliste de part et d’autre, qui laisse un moment craindre un conflit ouvert.
L’Égypte reste une question épineuse, car les deux États y ont des prétentions. Le Royaume-Uni ne peut se permettre de négocier avec la France alors que cette région lui est vitale sur la route des Indes. De son côté, la France a pris pied dans le pays depuisla campagne d’Égypte de Napoléon Bonaparte en 1798. Elle y est effectivement soutenue depuis 1811 par le pacha d’Égypte Méhémet Ali, théoriquement vassal du sultan de l’empire turc mais concrètementsouverain indépendant. En 1856, Saïd Pacha, descendant et successeur de Méhémet Ali, accorde d’ailleurs à Ferdinand de Lesseps la concession du futur canal de Suez, inauguré par l’impératrice Eugénie en 1869, malgré l’opposition britannique. La France, initiatrice du projet, acquiert 52 % des actions de la société d’exploitation du canal, et le khédive 45 %. Ce canal, prouesse technique de 161 km de long, aux mains des Français, bouleverse considérablement la donne géopolitique.
En novembre 1894, Théophile Delcassé, alors ministre français des Colonies, ordonne à Victor Liotard, gouverneur du Haut Oubangui, d’organiser une expédition vers le Haut-Nil. L’objectif est alors surtout de pousser les Britanniques à faire quelques concessions sur le statut de l’Égypte.
En mars 1895, sir Edward Grey, sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, déclare que l’éventualité d’une mission française dansla région serait un « acte tout à fait inamical etserait considéré comme tel par l’Angleterre ». Gabriel Hanotaux, ministre des Affaires étrangères, réfutant les accusations britanniques, reçoit toutefois dès juillet le capitaine d’infanterie de marine Jean-Baptiste Marchand afin d’étudier avec lui le projet d’une éventuelle expédition vers Fachoda dont le caractère stratégique quant à l’installation d’un barrage sur le Nil a été démontré par le polytechnicien français Alexandre Prompt. Au mois de septembre de la même année, un remaniement ministériel voit le départ de Théophile Delcassé au profit d’Émile Chautemps qui suspend aussitôt l’expédition de Victor Liotard. La rupture est évitée de peu avec Londres mais le double jeu de la France est manifeste.
Tout au long de l’année 1895, Jean-Baptiste Marchand se heurte à l’instabilité ministérielle et ne peut faire adopter son projet. Ce n’est que le 24 février 1896, avec l’appui du président Félix Faure et du lobby colonial, que l’explorateur obtient l’accord officiel ainsi que le financement de l’opération. Le retour de Gabriel Hanotaux en avril lui permet d’accélérer les préparatifs de départ versle Congo français. Afin,sans doute, de ménager le gouvernement britannique, le gouvernement français avait déclaré que la mission Marchand n’était pas « un projet de conquête » et qu’elle était une expédition « exclusivement pacifique ».
Parti le 29 juin 1896 de Marseille, JeanBaptiste Marchand débarque un mois plus tard à Loango. Rien n’est pourtant joué car, dans le même temps, une expédition belge est elle aussi en route. De son côté, ce n’est qu’après deux années d’un très difficile voyage à travers la forêt tropicale (opposition de Pierre Savorgnan de Brazza, expédition par la terre trop risquée car en proie à des guerres tribales, utilisation de deux bateaux à vapeur le Faidherbe et le Duc d’Uzès démontés pièce par pièce pour les transporter jusqu’aux marécages de Bahr el-Ghazal qu’il faut traverser, puis affrètement de trois baleinières…), en compagnie de douze officiers et sous-officiers européens, cent cinquante tirailleurs sénégalais et plusieurs milliers de porteurs razziés, que Jean-Baptiste Marchand atteint Fachoda le 10 juillet 1898. Marchand hisse le drapeau tricolore et rebaptise Fachoda Fort Saint-Louis. Deux autres expéditions devaient le rejoindre depuis l’Abyssinie mais ne purent le faire faute d’une logistique suffisante. En 1897, Paris décide d’envoyer du renfort : ce sera la « Mission Julien », dite « Relève Marchand ».
En août 1898, après la victoire face aux mahdistes, Horatio Herbert Kitchener reçoit de Salisbury, Premier ministre britannique, des ordres très stricts. Le sirdar doit repousser toute invasion étrangère dans le Haut-Nil. Prévenu de l’implantation française à Fachoda après que Jean-Baptiste Marchand se fut heurté à quelques derviches du Mahdi, Lord Kitchener parvient à Fachoda où il rencontre Marchand le 19 septembre 1898, à 10 heures du matin. Le général britannique exige l’évacuation des lieux par le détachement français le 30 septembre. Les Français ne recevront l’ordre de se retirer que le 12 novembre, tout en cherchant à éviter un affrontement direct. Cela transparaît dans le rapport Marchand :
« Après les présentations réciproques, le sirdar me demanda si je me rendais bien compte de la signification de l’occupation française de Fachoda, territoire égyptien […]
- C’est bien par ordre du gouvernement français que vous occupez Fachoda ?
— Oui, mon général, c’est par ordre de mon gouvernement que Fachoda est aujourd’hui poste français.
— C’est mon devoir alors de protester au nom de la Sublime Porte et de Son Altesse le khédive que je représente au Soudan contre votre présence à Fachoda. Inclinaison de tête.
— Sans doute, votre intention est de maintenir l’occupation de Fachoda.
— Oui, mon général ; et j’ajoute qu’au besoin nous nous ferons tous tuer ici avant…
Le sirdar me coupe la parole :
— Oh, il n’est pas question de pousser les choses aussi loin. Je comprends et j’admets que, chargé d’exécuter les ordres de votre gouvernement, votre devoir vous commande de rester à Fachoda jusqu’à ordre contraire […]. J’espère que nous pourrons arriver tous deux à une entente qui me permettra de remplir cette simple formalité après laquelle nous laisserons les choses en l’état jusqu’à la décision de nos gouvernements. »
Les deux hommes s’en remettent donc à leurs chancelleries respectives. À Paris, Théophile Delcassé, ministre des Affaires étrangères depuis juin 1898, pense d’abord résister mais doit rapidement se faire une raison devant l’intransigeance de Salisbury soutenu par une opinion britannique déchaînée, depuis le jubilé de la reine Victoria en 1897, par le jingoïsme ambiant. Alphonse Chodron de Courcel, l’ambassadeur français à Londres, expédie à ce sujet un télégramme prioritaire à Théophile Delcassé dans lequel il explique que « la population britannique, toutes classes confondues, accepte l’idée d’une guerre ». Quelques jours plus tard, il ajoute : « À mon avis, il convient de décider de notre propre chef […] l’évacuation de Fachoda ». Le 28 octobre, le Premier ministre britannique explique à Courcel qu’il « ne peut y avoir de possibilité de négociation ni de compromis tant que le drapeau français flotte sur Fachoda ». Delcassé répond, par le biais de l’ambassadeur britannique Monson : « Ne me demandez pas l’impossible, ne me mettez pas au pied du mur. » tout en questionnant avec inquiétude : « Vous ne feriez pas de Fachoda une cause de rupture entre nous ? », ce à quoi répond affirmativement Monson
Au cours de ces négociations, la Royal Navy effectue des démonstrations devant Brest et Bizerte.
De plus, le gouvernement françaissait que l’alliance russe est peu fiable et que l’Allemagne cherche à tout prix à diviser les deux puissances coloniales. Le 3, la nouvelle est officiellement confirmée au gouvernement de Salisbury par Courcel. Le 11 décembre 1898, Jean-Baptiste Marchand quitte Fachoda pour Djibouti qu’il n’atteint que six mois plus tard, le 16 mai 1899.
Pour éviter l’humiliation nationale et justifier cette soudaine retraite à l’opinion publique française, le gouvernement prétexte un mauvais état sanitaire de la troupe de Marchand (ce mauvais état est à l’origine une campagne de désinformation de Lord Kitchener).
Après ce conflit évité de justesse par Théophile Delcassé, un sentiment national d’impuissance et d’humiliation règne sur la France, ce qui débouche par la suite sur une vague d’anglophobie. Les nationalistes français héroïsent Marchand et, à l’instar de la Ligue de la défense nationale, intègrent Fachoda à leur défense d’une armée mise en cause par la campagne dreyfusarde.
Le 21 mars 1899, une convention francobritannique est signée, qui limite les zones d’influence respectives des deux puissances coloniales à la ligne de partage des eaux entre le Nil et les affluents du lac Tchad. Afin de sauver la face et pour limiter la portée de l’humiliation, cet accord est intégré, en tant qu’acte additionnel, au texte du 14 juin 1898 qui fixait les limites nord du Dahomey et de la Côte-de-l’Or et rectifiait à l’avantage de la France certains points de la ligne Say-Barraoua. La « peur de l’autre » venant des deux nations se dissipe par la suite grâce à la conclusion de l’Entente cordiale,signée le 8 avril 1904 par le Royaume-Uni et la France. Cette entente, au début pleine de défiance, se transforme peu à peu en amitié. Concrètement, la France reçoit en compensation le Ouadaï, le Kanem, le Baguirmi, le Tibesti. De plus, exploitant son succès, le gouvernement britannique impose la création, en janvier 1899, du condominium britanno-égyptien du Soudan, placé sous l’autorité de Lord Kitchener.
Malgré la ferveur nationaliste, les deux gouvernements ont toujours gardé une relative sérénité et des rapports cordiaux face à cette crise. L’opinion britannique, malgré le succès de la diplomatie britannique, aurait pu garder une certaine animosité vis-à-vis de la France si la Seconde Guerre des Boers n’était survenue aussitôt. En France, les réactions furent violentes mais de courte durée. En effet, la question de l’Alsace-Lorraine, la laïcité et surtout l’affaire Dreyfus ont, sûrement plus que Fachoda, exacerbé les sensibilités du moment.
Très vite, Georges Clemenceau et son ami l’amiral Maxse militent pour l’apaisement. Quant à Théophile Delcassé, bien que nationaliste convaincu, il amorce le rapprochement avec le Royaume-Uni, prenant à contre-pied la politique de Gabriel Hanotaux. Le courage de Delcassé réside dans le fait qu’il commence à mener une politique réaliste bien souvent à l’encontre des émotions de son opinion publique. La caution allemande à la Seconde Guerre des Boers, et le refus de tout soutien français à cette cause, contribuent également au réchauffement des relations tout comme la stricte neutralité française dansla guerre survenue entre l’Empire russe et l’Empire du Japon, soutenu par le Royaume-Uni. Les visites réciproques d’Édouard VII à Paris et du président Émile Loubet à Londres sont la manifestation d’une plus grande coopération. Le 8 avril 1904, la France signe à Londres une convention par laquelle elle s’engage « à ne pas faire obstruction à l’action du Royaume-Uni dans ce pays l’Égypte par des demandes visant à limiter le temps d’occupation britannique, ou de quelque autre manière. ». En outre, ce texte règle tous les contentieux territoriaux entre les deux nations.
L’incident de Fachoda est donc indéniablement un échec d’une diplomatie française impuissante qui pensait faire céder un régime britannique décidé à garantir ses intérêts en Égypte. La France sort malgré tout relativement gagnante en obtenant immédiatement, en guise de contrepartie, des territoires sahariens du Soudan occidental. Plus tard, elle confirma cet avantage en troquant ce qu’elle ne possédait pas au Soudan contre son hégémonie sur le Maroc.
Toutefois, l’incident de Fachoda permet aux deux ennemis de sortir de cette logique d’affrontement en recadrant leurs politiques étrangères respectives dorénavant tournées contre l’Empire allemand.
Par Henri Valentin B. GOMIS
MACKY, LE DERNIER MANDAT
Il n’existe pas de nouvelle Constitution autre que celle de 2001, c’est-à-dire celle de la loi n° 2001-03 du 22 janvier 2001. La Constitution de 2016 n’en est pas une comme tentent de le faire croire les bellâtres de la troisième candidature
Il est heureux de constater qu’à l’heure actuelle et à ce jour, en 2023 c’est la Constitution du 22 janvier 2001 qui régit le peuple Sénégalais et la République du Sénégal. Cette Constitution votée en 2001 sous la présidence de Abdoulaye Wade par référendum remplace et abroge la Constitution de 1963 qui elle-même remplace celle de 1960.
Elle est adoptée à la suite du référendum constitutionnel du 7 janvier 2001 qui a recueilli 94 % de votes positifs. Il est également tout heureux de noter que le Président Abdoulaye Wade avait été élu président en 2000 sous l’égide de la Constitution de 1963. Or le président Macky Sall a été élu en 2012 sous l’égide de la Constitution de 2001 toujours et encore en vigueur.
Force est alors de constater que c’est la même Constitution, celle de 2001 qui nous régit encore jusqu’à ce jour où ma plume ou « Kalima » tente de rappeler aux « amnésiques politiques » ou autres « boulimiques alimentaires politiques » que leurs errements ne sauraient nous distraire.
Il n’existe pas de nouvelle Constitution autre que celle de 2001, c’est-à-dire celle de la loi n° 2001-03 du 22 janvier 2001. La Constitution de 2016 n’en est pas une comme tentent de le faire croire les bellâtres de la troisième candidature ou du troisième mandat ou du deuxième mandat pour certaines loufoques gens. En effet, il n’y a pas eu de Constitution en 2016 mais plutôt une révision constitutionnelle ou modification constitutionnelle ou encore réforme constitutionnelle. Que les pyromanes politiques sachent que cette révision ne portait que sur près de 17 articles que dispose la Constitution de 2001. Il s’agit entre autre des articles 4, 6, 25.1.2.3, 26, 27, 28, 58, 59, 60, 62, 71, 78, 81, 86, 89, 102, et 103 en ma souvenance. Il s’agit de la loi constitutionnelle n° 2016-10 du 05 avril 2016. C’est pourquoi ces révisions sont inscrites dans la Constitution de 2001 (LOI N° 2001-03 DU 22 janvier 2001 portant constitution, modifiée - jors, numéro spécial 5963 du 22 janvier 2001, p. 27)
La Constitution qui nous régit aujourd’hui avait déjà réglé la question du nombre de mandats qui était limité à deux (2). L’article 27 du Titre III disposait que « la durée du mandat du Président de la République et de cinq ans. Le mandat est renouvelable une seule fois». Cet article 27 modifié (nouveau) par l’article premier (1er ) de la loi constitutionnelle n° 2016- 10 du 05 avril 2016 portant révision de la Constitution (JORS, numéro spécial 6926 du 07 avril 2016, p. 505), dit ce qui suit : « La durée du mandat du Président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». A la lecture de l’article modifié on peut allégrement constater qu’en plus de la durée du mandat, le Président Macky Sall pour en finir avec les problèmes que la candidature de Wade en 2012 avait engendrés, y a ajouté la clause « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs» pour limiter le nombre de mandats. Cela veut dire que le mandat de Macky Sall acquis en 2012 fait partie du décompte. Et en cela il s’agit du premier mandat qu’il a exercé. Celui acquis en 2019 est le second et dernier mandat.
Par ailleurs, analysons le mot « Nul ». Nul, en français, est un adjectif indéfini ou un pronom indéfini ou un nom ou adjectif qualificatif. Mais dans ce contexte, c’est l’adjectif indéfini et le pronom indéfini qui nous intéressent. Dans l’hypothèse d’un adjectif « Nul » signifie « aucun » et serait un antonyme à certain, quelque…. Par contre dans l’hypothèse ou « Nul » serait un pronom, il signifierait « personne » ou « aucune personne » ou « nul homme au monde » en wolof « Bène mindef ci kaw souf » ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. A moins qu’il ne soit homme ni mindef sur terre, il ne peut faire plus de deux mandats consécutifs, lui le Président Macky Sall.
Pour preuve, lui-même sait qu’il ne peut se présenter en 2024, pour l’avoir dit Urbi et Orbi à travers tous les médias du monde, dans les institutions mondiales, internationales, régionales et sous-régionales et même à travers un livre programme (Le Sénégal au cœur ) pour l’élection de 2019.
En effet ce sont ses sous-fifres, ces larbins et autres prébendiers qui finassent pour tromper le peuple souverain qui leur a permis d’être là où ils sont.
Il faut retenir qu’il n’y avait aucune raison en 2016 de mettre une clause transitoire quelconque portant sur le nombre de mandats. Ceux qui disent qu’il faut reconduire ou qu’il ne faut pas changer une équipe qui gagne sont des simplets, car il n’a jamais été question dans le contrat social qui lie le peuple au Président de continuer en cas de bonnes réalisations mais de partir au bout de deux mandats. Senghor est parti, Diouf est parti, Wade est parti malgré toutes leurs réalisations, Macky doit partir et partira pour que quelqu’un d’autre vienne à son tour faire sa part et ainsi de suite. Il est d’adage que les institutions demeurent mais les hommes passent.
Je rappelle que le Prophète Mahomet PSL est parti, Jésus Christ est parti mais cela n’a pas tué la foi des croyants. Macky n’est pas plus qu’eux. Le Sénégal lui survivra quoi qu’il advienne.
A bon entendeur, Salut !
Henri Valentin B. Gomis est avocat à la Cour
Par Moussa DRAME
TOUS COUPABLES, L’ETAT SE CHERCHE !
Jamais le sang n’a si abondamment coulé en si peu de temps sur les routes du Sénégal. Ce mois de janvier serait-il un faux départ pour le Sénégal ?
Jamais le sang n’a si abondamment coulé en si peu de temps sur les routes du Sénégal. Ce mois de janvier serait-il un faux départ pour le Sénégal ? Assurément non ! L’indiscipline et l’insouciance viennent seulement de franchir leur seuil critique et intolérable, au mépris des vies d’honnêtes citoyens. La racine du mal est profonde et traverse plusieurs rideaux de responsabilités. Tous sont coupables ! L’Etat se cherche, dans un clair-obscur, et les transporteurs jouent aussi leur carte génératrice de revenus, en rejetant certains points instaurés, dans la précipitation, selon eux, pour arrêter l’hémorragie causée par les accidents et l’insécurité routière.
La série noire des accidents de la circulation routière intrigue le commun des Sénégalais, de par leur ampleur et leur violence inédite, depuis l’aube de la nouvelle année 2023. A l’aube du dimanche 8 janvier, le réveil fut brutal pour parents et proches et pour toute la nation sénégalaise, à l’annonce de la catastrophe de Sikilo, près de Kaffrine. Que de sang versé. Quarante-deux (42) morts, selon les chiffres officiels, suite à une collision macabre entre deux bus.
Et c’est avec ces mêmes larmes suintantes que le peuple pleure aussi les 22 corps sans vie dénombrés à la suite d’un autre accident, tout aussi lugubre, survenu à l’aube d’avant-hier, lundi 16 janvier. Toutes circonstances qui exigent un coup d’œil dans le rétroviseur et dans la glace, d’abord pour exhumer les racines du mal et regarder en face les causes profondes qui ont conduit à ce terminus de la mort. Le diagnostic révèle un malaise profond et qui met en cause tous les acteurs de la mobilité des personnes et des biens.
Tous s’accordent à relever l’indiscipline ostentatoire de nombre de conducteurs au volant de leurs voitures, assortie d’une inconscience à la surcharge, au mépris du contrôle technique, et la course au gain facile et rapide. Et pourtant, d’un point A à B et sur un linéaire de centaines de kilomètres, ces conducteurs irréfléchis dépassent impunément des éléments des corps de contrôle routier pour ensuite se réjouir de les avoir «salué» par des glissements de billets de banque. Une pratique qui noie, hélas, l’effort déployé par l’immense majorité des Forces de défense et de sécurité pour faire respecter l’ordre. Sous ce même rapport, la culpabilité des citoyens ne saurait être occultée, car le contrôle de l’action publique devient de facto un impératif catégorique face à des actes délictueux. Les routes, on en parle toujours. Elles sont pour la plupart étroites, peuplées de nids-de-poule et bordées de buisson. Par endroit, la route qui traverse la forêt est aussi traversée par les bêtes qui y habitent.
Suffisant pour solliciter les deux voies séparées par une terre ferme, entre Dakar et Ziguinchor, Dakar-Kédougou et Dakar-Saint-Louis. Mais, au-dessus de tous ces acteurs ci-haut cités, se trouve le Léviathan, la puissance publique de l’Etat, pour astreindre tous les citoyens au respect de l’ordre établi.
Toutefois, la précipitation avec laquelle les 22 mesures avaient été prises, au lendemain de la tragédie de Sikilo, commence à montrer ses insuffisances. Le retour sur certains points, comme la survie des porte-bagages, pourraient assurément fragiliser cette même puissance publique, sous l’emprise des syndicats des transports. Autant donc croire qu’il faut inexorablement aller vers les «Etats généraux des transports», en général : terre, air et mer et avec des instruments adéquats et opportuns pour mettre tout le monde dans les rangs. C’est la voie du retour au calme et pour tous.
par Tiébilé Dramé
CES SÉNÉGALAIS DU MALI
Albouri Ndiaye, Abdoulaye Soumaré, Doudou Guèye, Mamadou Talla, Majemout Diop, Ly Tidiane Baïdy... Tout au long de notre histoire commune, des Sénégalais ont témoigné leur solidarité et leur fraternité à tous les Maliens sans distinction
Le Sénégal et le Mali ont eu une proximité historique unique.
Ils ont failli être le même pays. Ils ont même été le même pays pendant quelques mois au sein de la Fédération du Mali (janvier 1959-août 1960), même capitale (Dakar), même parti politique (PFA : Parti de la fédération africaine), même Chef de gouvernement (Modibo Keïta), même gouvernement fédéral, même parlement, même président de parlement fédéral (Léopold Sédar Senghor), le tout sous la figure tutélaire de Lamine Koura Guèye, président de l’Assemblée nationale du Sénégal. Ce natif de Médine que les Soudanais voulaient porter à la présidence de la Fédération !
Mêmes députés, mêmes ministres ! Mêmes symboles, mêmes couleurs du drapeau, même devise (Un peuple, un But, une Foi).
Malheureusement cette généreuse réalisation panafricaine n’a pu tenir et prospérer. Les relations humaines entre les peuples des deux pays n’ont, cependant, pas pris une ride.
Tout au long de notre histoire commune, des Sénégalais ont témoigné leur solidarité et leur fraternité à tous les Maliens sans distinction. Ce fut le cas du Bourba Jolof, l’illustre Albouri Ndiaye qui a volé au secours de la résistance anti-impérialiste en participant à la défense de Nioro (Nouroulahi), la capitale menacée de l’Empire. Il a été le héros de la bataille de Mayel en décembre 1890. La mare de Katia, le baobab centenaire sous lequel campaient le QG de la résistance et l’Emir El Moumines, témoignent encore de la solidarité agissante, à l’égard du Mali, d’ Albouri Ndiaye et de ses hommes qui ont suivi Ahmadou Saïkou dans son exil vers le Maasina et Dosso où il finit ses jours.
C’était le cas du général Abdoulaye Soumaré, ce Saint-Louisien devenu, dès janvier 1961, chef d’État-major général de la nouvelle armée de la République du Mali.
D’autres Sénégalais sont arrivés au Mali après l’éclatement de la Fédération. Parmi eux : le Docteur Doudou Guèye, Mamadou Talla, Racine Kane et Djibril Kane. Plusieurs ont servi au plus haut niveau du nouvel État malien en gardant leur nationalité sénégalaise.
Que dire d’Ibnou Tall, le chauffeur sénégalais du président Modibo Keïta ? Symbole de fidélité et de loyauté. Chargé de déposer Modibo à la gare, il a pris place dans l’historique train du retour et est demeuré aux côtés du président jusqu’ au coup d’État de novembre 1968. Le Mali fraîchement indépendant était devenu un refuge, une terre d’accueil pour nombre de militants sénégalais.
Ainsi des leaders du PAI (parti africain de l’ indépendance) dont Majemout Diop, Ly Tidiane Baïdy ou Demba NDiaye ont fait partie, pendant plus d’une décennie d’exil, du paysage politique et social du Mali.
Majemout Diop et ses camarades ont pesé sur l’évolution politique du Mali en ordonnant aux dissidents du PAI-Soudan qui ne voulaient pas rejoindre l’US-RDA (le parti du président Modibo) de ne pas utiliser le nom du PAI. Ainsi est né le Parti malien ouvrier et paysan qui deviendra le PMT (parti malien du travail) principale composante de l’ADEMA qui jouera un rôle décisif dans l’avènement de la démocratie au Mali.
C’était aussi le cas de la figure emblématique d’Omar Blondin Diop et de son frère jumeau Alioune Sall Palooma venus à Bamako en mai 1971 des camps palestiniens de Baït Naïm, près de Damas en Syrie.
Repérés par les polices sénégalaise et malienne, les deux jeunes radicaux de Bamako-Kura furent arrêtés en novembre 1971, enfermés dans les cachots de la police jusqu’en février 1972 avant d’être expédiés au Sénégal. Jugé et condamné à trois ans de prison, OBD est mort en détention, le 11 mai 1973, dans des conditions suspectes.
Libéré en 1974, Palooma effectua entre 1979 et 1986 de fréquents séjours au Mali où il a travaillé à l’Institut du Sahel comme expert des Nations Unies.
Landing Savané et Abdoulaye Bathily font partie des rares hommes politiques sénégalais qui ont fréquenté l’arrière pays qu’est le Mali, connaissant sur le bout des doigts ses réalités et ses acteurs.
Ce tropisme a conduit Abdoulaye Bathily en 2013 à participer aux efforts de stabilisation du Mali dans le cadre de l’ ONU. Ce fut aussi le cas de Mamadou Lamine Diallo Tekki, membre fondateur de l’Union des luttes Tiémoko Garan Kouyaté (ULTGK) qui, par la création du Club Nelson Mandela, de l’ADIDE (association des diplômés sans emploi), du CNID, et de l’AEEM (syndicat des élèves et étudiants), a joué un rôle de tout premier plan dans la révolution démocratique de mars 1991.
Alioune Tine, le Jambar des libertés et des droits démocratiques, dont Bamako est devenu la « seconde maison ».
Que dire de Maky Sall qui a sauté dans un avion dès le lendemain de l’attentat sanglant contre le Radison Blu (22 morts) en novembre 2015 pour venir consoler le Mali en pleurs ?
Les rails du Dakar-Niger ont aussi constitué un cordon ombilical de la relation féconde entre les peuples de deux pays. Il en est de même des navétanes, ces travailleurs saisonniers qui faisaient le va-et-vient entre le Soudan et le bassin arachidier du Sine Saloum et dont les descendants restés au Sénégal constituent aujourd’hui des relais vivifiants de la relation entre nos pays. Wolofobougou, le quartier du président Modibo à Bamako n’est-elle pas la réplique humaine de M’Bambara à Thiès ?
Diop-Traoré-Dembélé, Ndiaye-Diarra, Guèye-Sissoko pour ne prendre que ces exemples illustrant des rapports anciens remontant à la nuit des temps, aux relations établies entre les peuples ayant composé les empires du Ghana, du Mali et du Songhoy, aux contacts parfois tumultueux entre le Mandé et le Jolof ainsi que les mouvements de populations initiés et impulsés dans le sillage du mouvement omarien parti du Fuuta sénégalais au 19 ème siècle.
Les Sénégalais du Mali font partie de l’histoire du Mali comme les Maliens du Sénégal font partie de l’histoire du Sénégal. Avec eux, tous ensemble, avec les autres peuples de la région, nous bâtirons l’avenir…