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7 avril 2025
Opinions
par Malick Sy
JUAN BRANCO, UNE IMPOSTURE FRANÇAISE AU CŒUR DU DESTIN DE SONKO
Il est consternant de voir quelqu’un qui a bâti son discours sur le rejet de l’Occident et qui a toujours pourfendu la France, mettre son destin judiciaire et politique entre les mains d’un avocat français à la moralité douteuse
Chaque métier recèle une forte densité de fabulateurs. Celui d’avocat ne fait pas exception. Et dans le domaine de la mystification, Juan Branco est passé maître.
La mise en scène théâtrale de sa bruyante et pathétique conférence de presse à Paris pour tenter de saper la respectabilité internationale du Sénégal, avait des allures d’une comédie show. Il y a certes plus atroce à se farcir comme simulacre médiatique. Mais là, Juan Branco a véritablement touché le fond, malgré ses excès et ses pulsions d’épitoge, pour donner de la consistance à son imposture. Et on se demande bien qu’est-ce que cet avocat bluffeur et défenseur sur le tard d’Ousmane Sonko est donc allé faire dans cette galère ?
Il faut dire qu’entre le Français et le Sénégalais, il y a comme une communauté de destin. Les deux hommes, qui ont joué leur vie sur fond de turpitudes, ont en commun d’avoir été accusés de viols. Comme si leurs destinées avaient été conçues dans les mêmes laboratoires de clonage. Leur recherche frénétique de notoriété, leurs pulsions incontrôlées pour le vacarme et le tumulte ont sculpté le rapprochement entre Juan et Ousmane. Le premier, depuis Paris, devenant le suppôt de la propagande manipulatrice du second, privé de liberté à Dakar.
Visé par une enquête pour viol, accusé de rapport sexuel non protégé, d’envoi de photos de femmes nues et de clichés pornographiques sans le consentement des jeunes filles, Juan Branco, mégalomane vaniteux, jouisseur de race, sans autre foi ni loi que son goût pour la perversité et la perversion, incarne tout le contraire des valeurs moralisatrices
qu’Ousmane Sonko nous a vendues à longueur de prêches populistes. Avant de tout noyer dans le jacuzzi d’un obscur salon de message, dans les bras d’une jeune fille d’à peine 20 ans. Ce qui lui vaut une condamnation deux ans ferme, pour corruption de la jeunesse.
Et c’est ce personnage sulfureux, à la moralité plus que douteuse et à la prétention sans limite, prêt à tout pour faire parler de lui avec ses idées basses et son verbe haut, qui veut aujourd’hui s’attaquer à notre pays, à ses dirigeants et à ses citoyens.
Quand on a pas d’arguments, on se repaît souvent de ce qui se trouve à sa portée. Juan Branco, lui, s’est trouvé un rôle, celui de bouffon. Sauf que son spectacle n’intéresse qu’une poignée de thuriféraires du Pastef. Plus grand monde ne goûte à son théâtre avec sa dramaturgie navrante. Il n’y a presque plus personne dans la salle. Mais lui refuse obstinément de tirer le rideau.
Monsieur Branco, plus que jamais, vous vous ridiculisez, vous vous décrédibilisez. La scandaleuse et insoutenable légèreté de vos accusations sont la preuve que vous êtes juste en mission de salir le Sénégal, son État et sa République. Sachez qu’il n’est pas question ici de tribunal du buzz ou de la vanité. Mais d’accusations douteuses voire invraisemblables qui ne font aucun droit à la crédibilité et que vous avez osé outrancièrement porter sur notre pays.
Par idéologie, sur la base de dénonciations calomnieuses et de délations anonymes, vous avez accablé d’honnêtes citoyens.
Je me suis retrouvé choqué face au cas d’Alpha Oumar Sow. Quelle ne fut pas ma sidération lorsque j’ai vu son nom figurer sur la liste de «vos nervis et assimilés». Je l’ai tout de suite appelé pour m’assurer qu’il s’agissait bien de lui. Après confirmation, je suis juste tombé des nues.
Car ce jeune Sénégalais, père de famille sans histoires, qui a été mon collègue dans l’une des plus prestigieuses entreprises du Sénégal, que vous venez de jeter à la vindicte populaire pour alimenter votre grotesque conspiration contre l’état du Sénégal, est tout sauf un nervi. Exemple isolé ? Que non.
Autre personnage au banc de vos accusés, M. Doudou Ka : ingénieur, sorti de la prestigieuse école nationale des Ponts et Chaussées de Paris, mathématicien diplômé de la toute aussi prestigieuse université Pierre et Marie Curie, banquier d’affaires, cerveau opérationnel de nombreux grands projets sénégalais et aujourd’hui ministre de son État. Un pedigree qui tranche carrément avec votre caricature de vaniteux excessif.
J’ai le privilège de faire partie de ses plus proches collaborateurs. Doudou Ka incarne le Sénégal de l’excellence, ce Sénégal conquérant, futur producteur pétrolier et gazier que vous et avec vos amitiés sulfureuses et les réseaux obscurs de vos amis tentez de déstabiliser.
C’est cet homme, fortement engagé dans le développement du Sénégal, que vous vous efforcez de salir en le qualifiant de recruteur de nervis. Mais cela n’étonnera personne. Sauf ceux qui ignorent qu’il est la figure de proue d’une opposition sans concession à votre client Ousmane Sonko. Son péché véniel, aux yeux de tous les partisans, militants et amis du maire de Ziguinchor.
Cette grossière supercherie mediatico-judiciaire, que vous tentez désespérément de faire prospérer en le recouvrant sous les oripeaux de crime contre l’humanité est juste un moyen d’enjoliver pour votre narratif déjà bien nauséeux de prédateur. Monsieur Branco, votre réputation au Sénégal est aujourd’hui en miettes. Sachez-le.
Voir Ousmane Sonko associé son nom à l’avocat à gage que vous êtes, n’est qu’une énième illustration d’un homme prêt à s’accommoder de tout le contraire de ce qu’il a combattu hier, en abaissant chaque jour un peu plus, le niveau de solidité de ses convictions.
En succombant aux sirènes d’un imposteur dont l’égo est quelques étages au dessus des compétences, le président du Pastef a rétrogradé ses défenseurs sénégalais et africains de la première heure pour vous propulser au rang de pitoyable commandeur de sa défense.
Il est juste consternant de voir quelqu’un qui a bâti tout son discours sur son rejet de l’Occident, qui a toujours pourfendu la France, et dont l’un des plus fidèles lieutenants est à la tête d’une organisation nommée « France Dégage », mettre son destin judiciaire et politique entre les mains d’un avocat français à la moralité douteuse. Pour un souverainiste qui espérait incarner le Sénégal, cela fait un peu désordre.
La vérité est que vous se contrefoutez, mais alors totalement, d’Ousmane Sonko et de son destin politique et judiciaire. Vous savez que les carottes sont plus que cuites pour le président du Pastef. Votre stratégie est maintenant d’exciter le fanatisme de ses partisans parmi les plus radicaux, pour mieux avoir le contrôle de leurs émotions. Ce qui passe par une saturation tous azimuts de l’espace médiatique et émotionnel avec comme objectif : vous construire une notoriété en Afrique francophone sur le dos de votre client.
Le plus regrettable dans cette affaire n’est pas tant de voir un avocat accusé de viol et soupçonné de laisser trop facilement ses mains balladeuses traîner dans les culottes de jeunes filles sans leur consentement, assurer la defense de Ousmane Sonko, mais de voir une certaine presse sénégalaise relayer sans aucune distance, ses provocations. Ce qui interroge sur une forme de complaisance de la part de certains médias sénégalais.
En multipliant ses apparitions sur nos antennes et sur les réseaux sociaux, Juan Branco n’a qu’un seul objectif : bâtir une communication de rupture en déposant ses poubelles sur notre pays, ses dirigeants, ses citoyens et ses forces de défense et de sécurité.
Chaque Sénégalais doit refuser de se laisser embarquer dans cette grossière opération de manipulation qui vise à attenter à l’honneur du Sénégal en mettant notre pays au ban d’infamie.
Se dresser contre les dérives de tous ceux qui veulent salir ou déstabiliser le Sénégal n’est pas un réflexe partisan ou un soutien politique à Macky Sall, mais l’instinct de défense et de sauvegarde d’une certaine fierté nationale. En tant que Sénégalais, nous devons refuser d’amplifier les imbécilités et autres approximations d’un promoteur de la rancœur dont l’objectif est de saper notre cohésion nationale en nous dressant les uns contre les autres. Et Juan Branco a tout l’air d’être la voix judiciaired’une meute médiatique occidentale, lancée aux trousses du président de la République du Sénégal.
Notre Nation a vocation à la grandeur. N’en déplaise à nos comtempteurs. Le Sénégal est un grand pays. Nous sommes un grand peuple. Nous avons de grands hommes politiques, de grands avocats et de grands journalistes capables de prendre en charge notre propre destinée démocratique.
Pour preuve, la récente tribune contre un troisième mandat du président Macky Sall, signée par plus de 100 journalistes sénégalais. Voila qui démontre que nous sommes un pays de liberté où peuvent s’exprimer toutes les opinions, dès lors qu’elles sont respectueuses des principes qui fondent la République. Cette République qui reste notre unique et ultime rempart contre l’intrusion dans notre périmètre de souveraineté et de fierté, de forces occultes ou d’imposteurs à gage à la Juan Branco. Cet homme qui a voulu enfiler le costume de pourfendeur du Sénégal, sans en avoir les mensurations.
Malick Sy est Conseiller en communication.
FELWINE SARR EN CONVERSATION AVEC ALIOUNE NGOM
LA CONSTITUTION, PACTE ENTRE GOUVERNÉS ET GOUVERNANTS
EXCLUSIF SENEPLUS – De l’importance de la parole du président de la République qui est liée à son serment lors de son investiture. Il faut travailler à la traduction des concepts comme le « Kaddu » dans les textes constitutionnels
Dans cette édition de la Chronique d'un temps politique, l'universitaire Felwine Sarr reçoit Alioune Wagane Ngom, un doctorant en Droit public spécialisé dans les ordres constitutionnels français et sénégalais, ainsi que dans des domaines tels que la laïcité, l'épistémologie juridique, l'écologie des savoirs et les nouvelles formes de normativité en Afrique. Au cours de cette conversation, Alioune Wagane Ngom répond aux questions de Felwine Sarr, offrant ainsi un éclairage précieux sur ses recherches et son expertise.
La Constitution et sa fonction
Alioune Wagane Ngom explique que du point de vue juridique, la Constitution est souvent considérée comme un texte fondamental, une loi qui détermine les modes d'évolution et d'exercice du pouvoir, ainsi que les règles qui organisent le fonctionnement de l'État. Cependant, il souligne que la Constitution va au-delà de cette définition juridique. Elle représente également un pacte entre les gouvernants et les gouvernés, permettant d'organiser la gouvernance de la cité et d'établir les règles auxquelles les citoyens doivent se soumettre. Ainsi, une Constitution remplit à la fois une fonction de légitimation de l'exercice du pouvoir et de garantie du bon fonctionnement de l'État, tout en constituant un pacte entre les gouvernants et les gouvernés.
La Constitution comme pacte entre gouvernés et gouvernants
Alioune Wagane Ngom retrace l'histoire constitutionnelle du Sénégal en mentionnant la première Constitution adoptée le 24 janvier 1959, à un moment où le pays se préparait à accéder à l'indépendance et était engagé dans une fédération avec le Soudan français, formant ainsi la fédération du Mali. Il souligne que cette première Constitution était une étape importante vers la création d'un État quasi-indépendant, puisque le Sénégal n'était pas encore pleinement souverain à ce stade. Après la dissolution de la fédération du Mali, une deuxième constitution a été adoptée le 26 août 1960, marquant une étape significative vers un État souverain.
La troisième Constitution adoptée le 7 mars 1963 a revêtu une grande importance dans l'histoire constitutionnelle du Sénégal. Alioune Wagane Ngom explique que contrairement aux deux premières Constitutions, celle-ci a fait l'objet d'un référendum, permettant ainsi au peuple de participer à l'adoption de ce nouveau texte constitutionnel. Cette Constitution est restée en vigueur de 1963 jusqu'en 2001. Par la suite, une nouvelle Constitution a été promulguée le 22 janvier 2000, sous la présidence d'Abdoulaye Wade. Ainsi, il est possible d'observer différentes Constitutions qui se sont succédé dans l'histoire du Sénégal.
Alioune Wagane Ngom souligne une particularité importante concernant ces Constitutions. En plus de la distinction entre les deux premières, adoptées sans référendum, et les deux suivantes, adoptées par référendum, il met en évidence la nature des régimes politiques instaurés par ces Constitutions. Les premières Constitutions établissaient un régime parlementaire dans lequel le président du Conseil jouait un rôle important, tandis que le Parlement avait également un rôle non négligeable.
En revanche, les Constitutions de 1963 et 2001 ont instauré des régimes présidentiels, conférant ainsi des pouvoirs considérables au président et à l'exécutif.
La Constitution du régime présidentiel de 1963
Dans le contexte de la modification de la Constitution sénégalaise en 1963, Alioune Wagane Ngom souligne que la construction des constitutions dans la plupart des États d'Afrique francophone, y compris le Sénégal, a été largement inspirée de la Constitution de la Cinquième République française de 1958. Les institutions et leur fonctionnement, tels qu'énoncés dans la constitution sénégalaise, reflètent en grande partie les règles établies par la Constitution française. Cette inspiration est donc totale et représente une influence directe de la construction française.
Ngom explique ensuite pourquoi des changements constitutionnels ont eu lieu à partir des années 60. Il souligne que l'une des limites de la Constitution sénégalaise de 1958, qui était inspirée de la Quatrième République française, résidait dans l'instabilité du pouvoir exécutif. Sous la Quatrième République, la France a connu plusieurs régimes successifs en raison des conflits constants entre le Parlement et le pouvoir exécutif. Au Sénégal, cette crise politique a été mise en évidence par les divergences entre le président Senghor et le président du Conseil Mamadou Dia. Ainsi, pour prévenir ces crises et renforcer le pouvoir exécutif, un changement de perspective s'est opéré avec l'adoption de la Constitution de 1963, qui a instauré un régime présidentiel avec des pouvoirs exécutifs considérables.
En ce qui concerne les Constitutions de 1963 et de 2001, Alioune Wagane Ngom souligne qu'il s'agissait plutôt de textes d'adhésion que de textes véritablement discutés. Il regrette le manque de débat approfondi impliquant les citoyens dans leur ensemble. Les discussions se sont principalement limitées aux universités, aux élites et à quelques interventions médiatiques. Par exemple, la question de la laïcité a été largement médiatisée lorsqu'Abdoulaye Wade a tenté de supprimer le caractère laïque de la République dans la nouvelle version de la Constitution. Cependant, ces débats n'ont pas réellement impliqué les citoyens de tous les horizons pour comprendre leurs aspirations profondes et recueillir leur point de vue sur le type de texte constitutionnel souhaité. Ainsi, les Constitutions ont été soumises au peuple après un processus de réflexion relativement faible, mené principalement par les élites juridiques et médiatiques, plutôt que par l'ensemble des citoyens.
D’une prétendue ambiguïté sur la durée et le nombre de mandat présidentiel
Le débat sur la durée et le nombre de mandats présidentiels au Sénégal a été relancé malgré l'objectif de la révision constitutionnelle de 2016, qui visait à mettre fin à toute ambiguïté à ce sujet. Alioune Wagane Ngom explique que ce débat est polémique et qu'il avait déjà suscité des controverses en 2012. À l'époque, à la suite de la tentative du président Abdoulaye Wade de se présenter pour un troisième mandat, la question de la durée et du nombre de mandats présidentiels avait été clarifiée par les juges, affirmant que ces débats étaient définitivement clos.
Cependant, malgré ces clarifications, le débat est de nouveau posé. Ngom souligne que plusieurs raisons, à la fois juridiques et circonstancielles, peuvent expliquer cette situation. En 2011 et 2012, la crise politique autour de la candidature de Wade était particulière, car il s'agissait d'un président élu sous l'ancienne constitution de 1963 qui avait décidé d'adopter une nouvelle constitution en 2001. La question juridique était de savoir si son premier mandat devait être comptabilisé à partir de son élection ou à partir de l'adoption de la nouvelle constitution. Le Conseil constitutionnel avait alors validé la candidature de Wade en précisant que son premier mandat était exclusivement sous l'ancienne constitution.
En revanche, la situation de Macky Sall, élu en 2012, est différente car il a procédé à une révision constitutionnelle en 2016, sans changer de constitution. Cette révision a réduit la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, mais la limitation du nombre de mandats consécutifs reste en place depuis la constitution de 2001. Ainsi, sur le plan juridique, la question du nombre de mandats présidentiels est définitivement résolue.
Alioune Wagane Ngom souligne également l'importance de la parole du président de la République, qui est liée à son serment lors de son investiture. Selon lui, la parole donnée par un dirigeant politique, affirmant qu'il remplira fidèlement les charges de la présidence et fera respecter la Constitution et les lois, a une valeur juridique et morale. Il considère que la parole donnée par un dirigeant ne peut être mise sur le même plan que celle d'un citoyen ordinaire et doit être prise en considération dans l'exercice de la fonction présidentielle.
Consacrer dans la constitution le caractère sacré de la parole
Il est crucial que les chercheurs s'engagent dans le chantier de la conformité des textes constitutionnels aux valeurs et concepts importants dans les sociétés africaines, en particulier au Sénégal. Alioune Wagane Ngom souligne l'importance de concepts tels que le "kaddu" (la parole) dans la société sénégalaise. Il est nécessaire de travailler à la traduction de ces concepts dans les textes constitutionnels et de créer de nouvelles catégories juridiques qui intègrent ces valeurs.
Dans cette entreprise, le Conseil constitutionnel joue un rôle clé. Ngom suggère que le Conseil constitutionnel puisse créer des catégories juridiques, comme le "kaddu", et les inscrire dans le texte constitutionnel. Ainsi, son travail d'interprétation pourrait devenir un travail de création de normes, permettant l'intégration de concepts tels que le "kaddu" dans la constitution.
Ce défi consiste à repenser les catégories juridiques existantes et à rechercher de nouvelles formes de normativité en dehors des textes constitutionnels officiels. Il invite à explorer d'autres sources de savoir, d'autres ressources et d'autres archives, qui peuvent être trouvées dans des événements sociaux tels que les mariages ou les cérémonies d'initiation chez les Diolas, les Peuls, les Sérères, etc. Ces événements reflètent des valeurs profondément ancrées dans la société et peuvent fournir des perspectives précieuses pour repenser et enrichir les textes constitutionnels.
De la pertinence de la composition du Conseil constitutionnel
Le travail à accomplir implique d'élargir considérablement les compétences du Conseil constitutionnel. Actuellement, la loi organique de 1992 énumère de manière limitative les compétences du Conseil constitutionnel, et bien qu'il y ait eu quelques modifications en 2016 avec la révision, cela reste insuffisant.
Selon Alioune Wagane Ngom, le fait que le président de la République soit toujours celui qui désigne les membres du Conseil constitutionnel pose un problème en termes d'indépendance et d'autonomie de l'institution. Pour assurer sa pleine autonomie, le Conseil constitutionnel devrait être composé de manière indépendante, sans l'influence directe de l'exécutif.
La question de la Cour constitutionnelle devient alors cruciale. Ngom fait référence à des exemples tels que la Cour constitutionnelle du Bénin, du Niger ou de la Centrafrique, qui jouent un rôle véritablement constitutionnel en prenant des décisions qui peuvent aller à l'encontre du pouvoir exécutif. Ces cours constitutionnelles fonctionnent comme de véritables juridictions, garantissant un équilibre réel entre le Parlement et le pouvoir exécutif.
Il est également souligné que le juge constitutionnel doit assumer ses responsabilités en matière d'interprétation constitutionnelle. Dans certaines circonstances et contextes, il doit être capable de dépasser une interprétation stricte du texte constitutionnel et prendre des positions d'interprétation normative qui permettent de résoudre des questions cruciales qui se posent à des moments clés de l'histoire.
Intégrer des profils différents de juristes dans la composition du Conseil constitutionnel pourrait être une excellente innovation. Cela permettrait de prendre en compte différentes perspectives sociologiques, anthropologiques et historiques dans les décisions prises par l'institution. En incluant des experts d'autres domaines, les décisions du Conseil constitutionnel pourraient être plus efficaces et mieux adaptées aux objectifs visés par les dispositions constitutionnelles interprétées.
Cette approche plus ouverte et pluridisciplinaire pourrait contribuer à une meilleure compréhension des enjeux sociétaux, des dynamiques historiques et des réalités culturelles du Sénégal. Elle permettrait également de renforcer la légitimité des décisions prises par le Conseil constitutionnel en les enrichissant de perspectives variées.
Selon Ngom, il est important de souligner que les questions constitutionnelles ne se limitent pas à des aspects purement juridiques, mais touchent également à des dimensions sociales, politiques et culturelles. En reconnaissant cela et en élargissant la composition du Conseil constitutionnel, on pourrait renforcer la capacité de l'institution à jouer un rôle régulateur dans le fonctionnement des institutions sénégalaises.
Ce type d'approche inclusive et pluridisciplinaire pourrait favoriser une meilleure appropriation des décisions constitutionnelles par l'ensemble de la société sénégalaise et contribuer à une plus grande confiance dans le système juridique et politique du pays.
L’universalité de certains principes juridiques
Il existe des principes juridiques universels qui transcendent les frontières et les contextes nationaux. Ces principes fondamentaux, tels que la séparation des pouvoirs et la garantie des droits et libertés, sont essentiels pour assurer un État stable, un système judiciaire équitable et la protection des droits fondamentaux des individus.
Peu importe la provenance ou l'influence du texte constitutionnel, ce qui importe vraiment, c'est que ces principes soient intégrés dans le contenu de la constitution. Par exemple, une constitution française, chilienne, gabonaise ou sénégalaise peut garantir la séparation des pouvoirs et protéger les droits et libertés des citoyens. Ces principes transcendent les particularités nationales et sont essentiels pour promouvoir la justice et l'équité dans tous les pays.
En reconnaissant ces principes universels, il devient possible de partager des valeurs communes et de promouvoir des normes juridiques internationales. Cela favorise également une meilleure compréhension mutuelle entre les différentes cultures et systèmes juridiques.
Il est donc crucial d'incorporer ces principes universels dans les textes constitutionnels afin de garantir la stabilité, la justice et la protection des droits fondamentaux dans tous les États du monde. Cela contribue à renforcer l'État de droit et à promouvoir les valeurs démocratiques à l'échelle internationale.
De la volonté de certains d’appeler à la dévitalisation de la Constitution
Bien que la Constitution sénégalaise ait des origines françaises et que le débat sur le mimétisme puisse se poser, cela ne doit pas dévaloriser ou discréditer la conscience sénégalaise. Il revient désormais aux Sénégalais, aux chercheurs et au juge constitutionnel de s'approprier cette constitution, de l'intégrer aux normes locales et de l'interpréter conformément aux aspirations les plus profondes de la population sénégalaise.
En effet, lorsque l'on examine l'évolution des États du point de vue institutionnel, on constate que la séparation des pouvoirs, par exemple, est née en Angleterre, mais de nombreux États dans le monde l'appliquent aujourd'hui à leur manière. Ainsi, l'origine n'est pas la question principale, mais ce qui compte réellement, c'est la manière dont nous faisons vivre ces principes, ces valeurs et ces règles dans notre propre contexte. Il s'agit de les adapter en fonction de notre histoire, de notre culture et des spécificités de notre pays.
Il est donc essentiel de procéder à un travail d'adaptation, de réappropriation, d'invention et d'interprétation de la constitution afin de l'adapter aux aspirations des citoyens sénégalais. Ce processus implique de prendre en compte les réalités locales, de répondre aux besoins spécifiques du pays et de veiller à ce que la constitution joue pleinement son rôle dans la protection des droits et la promotion de l'équité.
En fin de compte, le but est de faire en sorte que la constitution soit véritablement en phase avec les aspirations de la population sénégalaise et qu'elle reflète les valeurs et les principes qui lui sont chers. Cela nécessite un effort collectif pour façonner et interpréter la constitution de manière à répondre aux besoins et aux attentes du peuple sénégalais.
Une bonne constitution doit participer à la résolution des crises
Une crise politique met à l'épreuve la valeur d'une constitution. Elle révèle la capacité du texte constitutionnel à maintenir la cohésion sociale et à réguler les situations de crise au sein de l'État qu'il organise. Une Constitution ne se limite pas seulement à énumérer des règles pour le fonctionnement des institutions et la protection des droits et libertés. Elle doit également prévoir les mécanismes et les institutions chargées de résoudre les crises qui surviennent.
La valeur d'une constitution se mesure également à sa capacité à résoudre et à réguler les crises qui surgissent dans un État donné. Ces crises peuvent être politiques, sociales ou économiques, et la constitution doit fournir les outils nécessaires pour y faire face de manière efficace et équitable.
Ces dernières années, nous avons pu observer au Sénégal un regain d'intérêt de la part des citoyens envers la constitution, notamment en ce qui concerne l'article 27 sur les mandats présidentiels. Lorsque les citoyens disent "Touche pas à ma constitution", cela témoigne d'une réappropriation de la constitution par les citoyens. Ils s'intéressent de plus en plus à la constitution, à son rôle et à son utilité, et ils l'utilisent comme un outil de lutte lorsqu'un président de la République ou toute autre personne cherche à aller à l'encontre des dispositions constitutionnelles.
Selon Alioune Wagane Ngom, cela montre l'importance de la constitution comme un repère juridique et une référence normative pour les citoyens. Elle leur permet de revendiquer leurs droits, de défendre la légalité et de résister à toute tentative de violation de la constitution. Cette réappropriation de la constitution par les citoyens est un signe positif de leur engagement envers la démocratie et l'État de droit.
Il est donc essentiel de veiller à ce que la constitution reste un instrument efficace pour résoudre les crises et protéger les droits fondamentaux des citoyens. Cela nécessite une vigilance constante, une participation active des citoyens et une adaptation continue du texte constitutionnel aux réalités changeantes de la société.
Un proverbe d’Afrique nous enseigne que « c'est souvent l'homme pour qui tu es allé puiser l'eau dans la rivière qui a excité le léopard contre toi ». C’est dire la délicatesse du travail de réflexion de l’intellectuel sénégalais dans un contexte marqué par le « prêt-à-penser » de certains et le jeu d’influence de forces intéressées qui se sont invitées au débat public et à l’action nationale. Comment s'assurer que la victimisation ambiante n'est pas uniquement un camouflage du buveur d’eau et du léopard ? Ceux qui ont choisi l’intensité d’une réflexion comme activité ont-ils le droit de ne laisser parler que leur cœur ou leur primaire perception suscitée ? Ils ont certes ces intellos le droit d’être des partisans même sur la base de l’intime et souvent irréfléchie conviction. Ont-ils toutefois sur l’accoudoir de la prise de parole ou de plume publique le droit de faire abstraction du contexte africain et de l’environnement global dans leurs avis urbi et orbi ? Ont-ils le droit de céder à ce que Sir Henry David Thoreau appelait « la tyrannie de l'opinion publique » ? Ont-ils le droit de se tromper dans la hiérarchisation des combats si tant est que tout est combat ? Un intellectuel sénégalais a-t-il le doit de censurer sa responsabilité pour ses désirs ou de réagir plutôt que d’agir ? Ces questions essentielles interpellent dans le contexte actuel dont la délicatesse a fini d’essaimer en grappes de stress et d’interrogations.
Au Sénégal, nous devons comprendre que le « logiciel » qui a jusqu’ici fonctionné n’avait pas l'explosivité du gaz et du pétrole dans les veines. Avec ces nouvelles découvertes, notre pays change d’ADN pour devenir trop intéressant pour les multinationales, trop stratégique pour les grandes puissances, trop préoccupant pour les concurrents pays pétroliers et gaziers, trop prioritaire pour les chercheurs de bases de déploiement idéologique, politique, culturel et/ou cultuel. Nous devons refuser par la plume et l’acte que notre pays soit une zone d'influence des aventuriers du monde. L’arbre Sénégal n’a pas seulement que des fruits mûrs. Il a du gaz et du pétrole commercialisable cette année 2023 et qui, petit à petit, nous feront entrer à vitesse grand une dans un univers impitoyable de jeu d'intérêts vitaux.
L’intellectuel sénégalais doit se rappeler que depuis plus d’un siècle, la plupart des guerres ont pour motivation le contrôle des ressources énergétiques notamment pétrolières ou gazières et l’Afrique en a payé un très lourd passif. Au début, plus directes et brutes, ces guerres souvent suscitées sont devenues plus insidieuses par l’utilisation des peuples à qui il est loisible de faire miroiter plus de démocratie et de libertés. Depuis le « printemps arabe » et même bien avant, ceux qui programment les guerres le font sous l’angle de fausses révolutions par dressage des peuples contre les États. Après ces printemps, point de bon temps sinon une fragilisation des États qui laisse des couloirs de pillage à ciel ouvert ou fermé des ressources.
Un intellectuel qui fait abstraction du changement du « logiciel Sénégal » et qui reste dans un microcosme fait de snobisme théorique court le risque d’éclairer un jour ses futurs écrits à la lueur des feux que sa plume aura contribué à sciemment ou par maladresse allumer. Les intellectuels doivent penser le Sénégal et ne pas attendre les « actions de foule » pour panser les plaies et pleurer les morts. A qui profiterait une implosion ou même l’explosion ? D’abord à ceux qui, pour des raisons évidentes ou enfouies, ne veulent pas d’un Sénégal pétro-gazier stable et libre. En vérité, la réflexion stratégique ne saurait occulter ces deux impulseurs (pétrole et gaz) du nouveau « logiciel Sénégal ».
A vrai dire les aventuriers qui veulent affaiblir le Sénégal ont depuis plusieurs années agi beaucoup plus sur la perception collective que sur le reste. A coût de slogans simplistes et populistes portés par des influenceurs activistes, ils ont insufflé une perception populaire déformée sur le management du pétrole et du gaz et sur les fondements culturels et cultuels de notre pays. Un ami m’apprenait que quelqu’un a dit à son fils adolescent que le Gouvernement a vendu tout notre pétrole. Imaginons le comportement de cet ado et sa réaction vis-à-vis de l’autorité sur la base de propos mensongers distillés. En 2019, à la suite d’un de mes posts sur Facebook, un jeune m’interpelait sur les contrats pétroliers. Je lui donnais le lien du site de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) dans lequel le Sénégal a publié en ligne tous les contrats pétroliers et gaziers.
Après consultation, la réponse du jeune fut riche d’enseignements. « Pourquoi vous les laissez mentir ? » avait-il écrit. En vérité, le problème n’est pas seulement dans les récepteurs, mais dans l’absence de masse critique d’émetteurs d’informations justes et avérées. Un autre jour en 2021, je prenais un taxi. En cours de route, j’expliquais en langue nationale au taximan les contrats de recherche et de partage de production et les principes de la loi sur le contenu local dans les hydrocarbures. Après mes explications, le taximan me dit : « Pourquoi le régime ne l’explique pas clairement au peuple dans toutes les langues nationales ? ». C’est dire que le ver de la désinformation est depuis le début dans le fruit avec l'aide d'une opposition pressée. Ce qui est grave, c’est de voir des intellectuels sénégalais faire fi des contrats et des dispositions prises pour allègrement participer à l’œuvre obscurantiste de désinformation aux conséquences destructrices énormes. Il est certes vrai qu’il y a des améliorations à faire, mais de là à jeter le bébé avec l’eau du bain, il y a un pas d’irresponsabilité inadmissible pour un intellectuel sincère. Certains concitoyens jugent le global à partir du particulier. Il arrive que le comportement anachronique avéré et flagrant de certains « marins à bord » pousse au jugement sombre sur le capitaine du navire. Justement, l’intellectuel doit éviter cette façon de voir et de faire. Son rôle n’est pas de demander coûte que coûte qu’on jette le capitaine par-dessus bord, mais plutôt de se battre pour créer une masse critique de bons marins à bord quitte à être embarqué lui-même pour mieux aider à mener le navire à bon port.
A l’aune de l’exploitation intense du pétrole et du gaz, si des intellectuels sénégalais sont du lot des manipulés par la grande coalition internationale subversive contre notre pays, ils auront à se justifier devant l’histoire pour n’avoir pas vu venir ou pour avoir vu et choisi de se cacher derrière un petit doigt. Il faut à notre avis une grande contre-coalition d'intellectuels sénégalais pour déjouer la vaste entreprise de déstabilisation morale, spirituelle, communicationnelle et physique de notre beau pays. Le problème du Sénégal n’est pas dans la démocratie et les libertés qui sont consacrées avec des règles et échéances précises. Notre problème est dans notre comportement face aux nouveaux enjeux, aux nouveaux défis et aux nouvelles velléités de caporalisation des intérêts de notre pays. Les tentatives de caporalisation passent hélas par le dressage des peuples contre les États pour créer assez de tirs amis afin de récolter et rapatrier in fine les fruits de « l'économie de chaos ». C’est en ce sens que l’intellectuel doit éviter de « donner de l’eau à boire à celui qui rêve d’amener le léopard dans la maison ». Certains ont compris les enjeux et se battent pour le faire savoir. D’autres intellectuels qui sont déjà dans les bras de morphée simplistes du populisme ambiant semblent craindre de prendre leurs responsabilités. Est-ce simplement de la peur ou sont-ils aussi sous influence des manipulateurs intéressés ? Je n’ose croire en cela puisqu’un intellectuel doit savoir au moins comme nous l’enseigne la sagesse africaine que « la gueule d'un canon est moins dangereuse que la bouche d'un calomniateur ». Tout est en gravité extrême dans la calomnie, le mensonge à l’échelle industrielle et le refus d'autorité qui mènent tous fatalement vers le « refus d'Etat » semence du chaos. Tout est comme dirait l’homme de gauche dans « l’analyse concrète de la situation concrète ».
Notre pays a besoin d’une bonne piqûre de rappel patriotique pour faire bloc autour de l’État et des institutions en ces moments terriblement décisifs. Après ce sursaut patriotique pour contenir le tsunami programmé par nos adversaires, nous pourrons retourner à nos divergences amicales de conception et d’action en ayant pour balise les vigilances requises du « nouveau logiciel-Sénégal ».
par Chérif Diop
MACKY SALL, DEVANT LA PORTE DU VOYAGE SANS RETOUR
S’il se présente pour la 3ème fois, il va vraiment falloir qu’il soit convaincant dans ses arguments au-delà du juridisme
L’heure du délibéré national a sonné. Le chef de l'État se retrouve ainsi devant la porte du voyage sans retour. Il va falloir se jeter à l’eau car le ni oui ni non n’est plus tenable. On est loin certes de la charge mémorielle et émotionnelle de la porte du voyage sans retour à l’île de Gorée mais la position du président Macky Sall m’inspire cette illustration.
Va-t-il prendre le large, vers de nouveaux horizons ou va-t-il revenir sur ses pas avec un océan de conséquences potentiellement dramatiques ? Il ne nous appartient pas de dire ici s’il a le droit ou pas de se présenter, même si cette question a fait de « tous les sénégalais des constitutionnalistes ». Les éminents exégètes de la loi fondamentale ont exposé leurs interprétations différentes du fameux article 27. L’accord N°5 de la commission politique du dialogue nationale stipule que « les pôles ainsi que la société civile, après avoir rappelé leurs positions sur la question, en appellent au respect de la constitution, des lois et règlements ». Force est de constater qu'on n'a pas avancé sur la candidature du président sortant avec le dialogue national. Cependant, la question ne sera point une quadrature du cercle pour les sept sages. À l’aréopage que représente le conseil constitutionnel de nous éclairer et de nous apaiser en expliquant avec minutie dans le détail sa décision. Sans vouloir tirer des plans sur la comète, tout indique que sauf tremblement de terre le président Macky Sall pourrait présenter sa candidature à la présidentielle de 2024. C’est-à-dire revenir sur ses pas et sur sa parole donnée urbi et orbi. Et s’il se présente pour la 3ème fois, il va VRAIMENT falloir qu’il soit convaincant dans ses arguments au-delà du juridisme. Il devra donner les raisons enfouies en lui, expliquer le soubassement de sa décision et « l’indispensabilité » de sa personne pour assurer la continuité de la gouvernance du Sénégal. Exposer ces nouvelles circonstances supposées qui l'auraient amené à changer d’avis après s’être engagé à se limiter à deux mandats en 2012 puis en 2019. Dans tous les cas, les secousses seront inévitables. Vu le tourbillon médiatico-politique que la question a soulevé, on peut quand même se poser plusieurs questions.
Pourquoi le président Sall a laissé planer le doute voire le mystère aussi longtemps ? Pourquoi a-t-il opté pour cette démarche directive et à la fois infantilisante ? Quelles que soient les raisons, justifiées ou pas, la façon dont le président Sall dans ses habits de grand timonier a tenu en haleine tout le Sénégal est invraisemblable. Tel est son bon vouloir alors que notre pays n’est pourtant pas une monarchie de droit divin. Mais au fond, ce n’est pas si étonnant car en observant le chef de l'État s’adresser à l’assistance ce samedi 24 juin 2023 à l’occasion de la réception des rapports du dialogue national, on se rend compte à quel point cet homme est énigmatique. Troublant.
Attendrissant un moment, bloc de granite dans la foulée. L’homme qui a pris l’escalator de la république pour en atteindre la cime est capable d’être abrupt et affable en une fraction de seconde. Déroutant. Même si on le devine, les ors de la république cachent d’autres réalités beaucoup plus éprouvantes et complexes. Cela équivaut à de la torture pour un homme d’État de savoir beaucoup de choses, sans pouvoir en dire autant publiquement. Avoir la réalité en face dans le poste de commandement, en sortir avec l’obligation de garder le silence, agir en coulisse quelle que soit la violence de la tempête.
Néanmoins, l'hyperprésidentialisme que confère la constitution sénégalaise n’est pas une bonne chose pour un homme avec cette double personnalité. S’y ajoute, la porosité légendaire des frontières entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Ces cas de figure existent certes depuis tout le temps, mais ils se sont beaucoup accentués avec l’avènement des libéraux au pouvoir. Avec les libéraux, la délégation de pouvoir a été réduite à sa plus simple expression.
La meilleure réponse à ces préoccupations politiques majeures réside dans les conclusions des assises nationales que tout le monde magnifie sans promouvoir réellement son application stricto sensu.
Dialogue national ou arrangement politique ?
Ce qui s’est passé durant ces deux semaines ressemble plus à un arrangement politique qu’un dialogue national. C’est un continuum du dialogue lancé en 2019, sous la férule de Famara Ibrahima Sagna stoppé par la crise sanitaire. Des propositions significatives ont été faites notamment par les commissions économie, paix et sécurité etc. Tout de même, plusieurs accords sont à saluer dans les négociations politiques auxquelles nous venons d’assister comme l’accord sur le parrainage citoyen avec un pourcentage de 0,6 à 0, 8 du fichier général des électeurs. Ne feignons pas pour autant le désintéressement d’une frange considérable de l’opposition qui tient son dialogue parallèlement via le F24. Ne feignons pas non plus de ne pas prendre en considération la situation politico-judiciaire de l’opposant Ousmane Sonko.
Cette opposition dite radicale a décliné la main tendue du président Macky Sall. C’est vrai. Mais elle symbolise une grosse partie du pays. Les fêlures sont tellement profondes que panser les plaies en deux semaines est impossible voire illusoire. La frustration de nos concitoyens est tellement sérieuse que le dialogue doit être transformé en Pencoo national. Les débats doivent être prolongés, élargis à toutes les couches de la population, tout âge confondu dans les 46 départements sous la direction des autorités administratives. Cette démarche inclusive permettra de réellement prendre le pouls de la société car les évènements de Mars 2021 et Juin 2023 démontrent à suffisance que l’Etat ne sait pas tout de son peuple.
Après ces dernières années de tumulte, de bavure et de violence, ou notre pays a inquiété le monde, il appartient au président Macky Sall, cerbère de la constitution et de la paix civile, de sauvegarder la stabilité du pays, préserver l’exception sénégalaise en Afrique qui fait le charme de Sunugal.
M. le président, que vous leviez l’ancre ou pas, nous sommes tout ouïe.
Nous prions pour que l’après Aïd soit aussi Moubarak que l’Aïd el-Kébir.
par l'éditorialiste de seneplus, paap seen
LA PAROLE DES FEMMES
EXCLUSIF SENEPLUS - Bien que minoritaires et souvent inaudibles, les féministes sénégalaises et africaines seront déterminantes dans la libération de nos peuples. Elles racontent la souffrance humaine dans ses formes les plus violentes
Dakar, île de Gorée. Il fait chaud. Une chaleur étouffante qui ne procure aucune euphorie. C'est sous ce climat écrasant que des femmes discutent. Le festival Cinefemfest a commencé la veille, vendredi 16 juin 2023. Deux films étaient au programme : “Le monologue de la muette" de Khady Sylla et "Mossane" de Safi Faye. Ce samedi matin, les participantes se sont réunies pour débattre. Chacune des femmes présentes est invitée à donner son avis sur les deux films. Elles sont environ une vingtaine. Qu'ont-elles exprimé ?
Elles ont parlé de souffrance, de douleur, de servitude, du besoin de liberté, des vastes espaces à conquérir, de pudeur, d'empathie, de thérapie, de conscience, d'organisation, de stratégie, d'autonomie, de changement, de chantier, de plaisir, de condition humaine, de cruautés, de cynisme, de déshumanisation, de travail domestique, de matriarcat, d'opinions fortes à défendre, de plaidoyer, de silence, de paroles étouffées, d'enfants à charge, d'injustices, d'invisibilité, de cloisonnement et d'emprisonnement féminin, du statut de la mariée, d'amour, des réalités sociales, de la condition des domestiques, de traumatismes, de pression, de femmes niées, de gravité et de légèreté, de refus, de révolution, de violence inouïe, de l’exigence communautaire, du droit voire de la possibilité de dire non, de la force et de la réponse de la guerrière, de mariage, de quantification du travail, du corps de la femme.
À quoi font référence tous ces mots ? À quelle question politique répondaient-ils ? À première vue, ils semblent tous être issus de deux racines : l’oppression, l'aliénation et l'exploitation, mais également la confrontation, le combat et l’émancipation. Ces femmes semblaient toutes témoigner d'une expropriation. Le système de production sociale dont elles sont issues agit comme un usurpateur, s'appropriant leur être et réduisant leur présence dans ce monde. Je suis un homme, membre d’une société qui refuse les remises en question. Je n'ai pas le même problème que ces femmes, car je bénéficie des privilèges exorbitants d’un patriarcat violent et totalitaire.
Ces femmes évoquaient simplement leur compréhension de deux magnifiques films, mais la main sur le cœur, elles parlaient d’elles-mêmes. De leur vie, de leurs ressentiments. Gorée est un lieu symbolique où l’expression de l’exploitation de l’homme par l’homme prend tout son sens. Les touristes qui se baladent viennent entendre les récits d’humiliation et de violence que des êtres humains ont subis. Cependant, aujourd’hui encore, sur cette terre du Sénégal, la violence et la privation existent encore et toujours. Elles sont peut-être moins intenses, mais bien réelles et parfois dissimulées sous des formes déguisées, telles que la domination culturelle et religieuse. Les femmes en sont victimes quotidiennement. Ce samedi matin, celles qui ont pris la parole se sont confiées.
Je souhaitais transmettre leurs mots, afin qu'ils puissent susciter une réflexion. Aucun projet d’émergence, de développement national, de panafricanisme ou d'humanisme ne peut prospérer au Sénégal ou en Afrique si la question de la libération des femmes n'est pas à l'ordre du jour. Il est illusoire de croire en une émancipation collective dans une société qui opprime les femmes de manière systématique et avec tant de véhémence. Les inégalités de genre dans nos sociétés causent beaucoup de souffrance aux femmes et les empêchent de s’épanouir dans les grandes réalisations pour lesquelles elles sont destinées. Bien que minoritaires et souvent inaudibles, les féministes sénégalaises et africaines se battent et seront déterminantes dans la libération de nos peuples. Ce qu'elles racontent, c'est la souffrance humaine dans ses formes les plus violentes. Écoutons, prêtons plus qu’une oreille à ses voix qui parlent d’humanisation.
par Abdoul Aziz Diop
CINQ ANS D’ACHARNEMENT ÉDITORIAL
Le devoir d’informer juste et vrai n’est plus qu’un « devoir de se dresser contre » untel ou untel
Le samedi 24 juin 2023, deux quotidiens de Dakar - Grand Panel et L’Indépendant - mentionnent à la Une une information inexacte : « Aziz Diop contre le troisième mandat ». Ce titre est repris par le site Opera News dans un texte accessible à partir du lien : http://opr.news/16bd7afa230623fr_sn?link=1&client=news
Le même jour, 80 journalistes sénégalais rendent publique une tribune dont le titre, sans équivoque, est libellé ainsi qu’il suit : « Du devoir de se dresser contre une 3e candidature. »
Grand Panel et L’Indépendant rendaient compte, à leur manière, de mes réponses, le 23 juin 2023, jour anniversaire du 23 juin 2011, aux questions - en français puis en wolof - du journaliste Ndiogou Diène de la radio RFM. Le nombre considérable de personnes - tous des amis - à m’avoir demandé ce qu’il en était réellement m’oblige à rendre public à mon tour le fond de ma pensée avant de montrer son lien avec la tribune insurrectionnelle des 80 journalistes.
Où en sommes-nous en 2023 ?
S’agissant du 3e mandat, il divise deux camps adverses qui se font face et ne se font le moindre cadeau. Il n’y a alors qu’une manière d’éviter l’affrontement qui consiste à s’en remettre aux juges des élections qui siègent au Conseil constitutionnel. Tel avait été l’issue en 2011-2012.
En 2011-2012, la conclusion en deux points de cinq constitutionnalistes (Prof. Babacar Guèye, Constitutionnaliste, Prof. Abdoulaye Dièye, Constitutionnaliste, Prof. Mounirou Sy, Constitutionnaliste, Prof. Ameth Ndiaye, Constitutionnaliste et Me Doudou Ndoye, Avocat, juriste) sollicités par le M23 - Mouvement du 23 juin -, dont j’étais le président de la Commission communication et le Porte-parole, avait été la suivante :
« 1. la candidature du président Wade pour un 3e mandat est irrecevable ;
2. le Conseil constitutionnel est compétent pour connaître de la recevabilité ou non de la candidature du président Wade. »
Le 29 janvier 2012, le Conseil constitutionnel déclare recevable la candidature du président Wade, obligeant le M23 à « déposer les armes ». On connaît la suite.
En 2023 une situation comparable à cellle de 2012 se présente. Il n’y a d’issue acceptable pour les deux camps qui se font face que l’acceptation comme en 2012 de la décision irrévocable du Conseil constitutionnel.
Celui qui s’en remet à la décision du Conseil constitutionnel n’est préoccupé par un 3e mandat que quand le président sortant annonce sa candidature et la décision du Conseil constitutionnel connue. Sur ce point précis, nous renvoyons le lecteur à notre tribune (suivre le lien ci-après) à la suite de celle du Professeur Abdel Kader Boye de janvier 2023 : https://rp221.com/tag/abdoul-aziz-diop/
Journalisme insurrectionnel
Le journalisme d’opinion est devenu l’émetteur de l’officine de l’information sans infos pour essentiellement trois (3) raisons :
1. le colportage d’opinions toutes faites destinées au grand public ;
2. le traitement incomplet de l’information disponible ;
3. la diffusion de ce que l’on pense avoir compris dans tout ce qui est entendu, lu ou visualisé.
Il en résulte l’aggravation des crises, mal couvertes ou pas couvertes du tout, par ce type de journalisme en vogue au Sénégal pour 36 raisons qui sapent toutes les bases éthique et déontologique du métier de journaliste.
En prélude au référendum constitutionnel du 20 mars 2016, la Décision n° 1-C-2016 du 12 février 2016 affaire n° 1-C-2016 du Conseil constitutionnel est on ne peut plus claire sur le champ d’application de la loi de révision de la même année : « Le mandat en cours au moment de l’entrée en vigueur de la loi de révision, par essence intangible, est hors de portée de la loi nouvelle. » Pour n’avoir mentionné nulle part cet élément clé, la tribune, citée plus haut, montre comment une opinion commune à 80 journalistes sonne le glas du journalisme factuel. C’est qu’à la différence de ce type de journalisme, le journalisme d’opinion fait à la longue le lit du journalisme insurrectionnel qui s’est emparé des lieux du débat démocratique pour donner libre cours aux pulsions putschistes et terroristes. Le devoir d’informer juste et vrai n’est plus qu’un « devoir de se dresser contre » untel ou untel. « Nous journalistes sénégalais - [les 80 bien sûr] - avons décidé de faire cette tribune pour nous insurger contre une troisième candidature de l’actuel président Macky Sall. » Le verbe est lâché : « insurger ». Bonjour le journalisme institutionnel.
Pendant près d’une décennie - de 2005 à 2012 en cours du jour et peu après 2012 en cours de vacances pour les professionnels - je n’ai de cesse de dire aux étudiants de plusieurs cohortes d’élèves journalistes et d’élèves communicants que « la communication politique est l’espace où s’échangent les discours contradictoires entre les différents acteurs légitimés à parler de politique et qui sont les hommes politiques, les journalistes et l’opinion » (Wolton, 2008). Qu’est-ce qu’il en reste quand 80 journalistes décident unilatéralement d’exclure du débat les hommes politiques et les citoyens qui se refusent à s’insurger contre les institutions de la République ? Rien ! L’espace est vidé du « trop-plein » dont une partie des acteurs - les journalistes - décident seuls de la nouvelle composition. Une sorte de déchéance de citoyenneté au prétexte que la mort rôde.
Rien en fin de compte qu’un aveu d’acharnement éditorial qui fait qu’on dit depuis avril 2019 tout le mal qu’on pense du pouvoir poussé jusqu’à ses derniers retranchements et tout le bien qu’on ne pense pas de l’opposition radicale et de ses excroissances insurrectionnelles dans les réseaux sociaux, les écoles, la fonction publique, les universités, dévorées par les flammes criminelles des 72 premières heures du mois de juin 2023, et maintenant la presse tous médias confondus.
Abdoul Aziz Diop est ancien chargé de cours à l’Institut supérieur des sciences de l’information et de la communication (ISSIC) du Groupe Sud et ancien Porte-parole du M23.
par Sakoura Waly
AGIR AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce qui se trame, si l’on y prend garde, débouchera inéluctablement sur un chaos. Macky doit et peut encore surprendre son monde en prenant le contre-pied de ceux qui le poussent au suicide
Alors qu’un semblant de décrispation se profilait il y a quelques semaines encore à la suite de la visite du président Sall au Khalife Général des mourides, l’heure est plus que jamais à l’angoisse et le Sénégal retient son souffle à la veille d’un discours de tous les dangers prévu ce 25 juin. En effet, ce qui semble en être les prémisses, apparues au cours de la rencontre que le président Sall a organisée avec ses militants cette semaine à Paris, ne sont pas des plus rassurantes. Et pourtant le Sénégal a plus que jamais besoin de trouver une solution définitive et apaisée à la situation de graves tensions politiques qu’il traverse depuis plus de deux ans et qui a connu ces derniers jours un regain par suite de la condamnation ahurissante de l’opposant Ousmane Sonko, le principal et plus farouche adversaire du régime en place par un tribunal de Dakar le 1er juin 2023.
Nous le savons tous, et cela s’est renforcé davantage au cours des derniers évènements de ce début juin, que ce qui se trame au Sénégal, si l’on y prend garde, débouchera inéluctablement sur un chaos dont on n’ose imaginer les conséquences incalculables. Elles ne laisseront personne indemne, ni Macky Sall et son régime, ni l’opposition politique, ni hélas le pauvre sénégalais lambda !
À huit mois de l’élection présidentielle, les Sénégalais qui devaient être actuellement occupés à examiner et à comparer les offres politiques des différents candidats à la présidentielle, à écouter les principaux prétendants aux destinées du pays rivaliser d’ardeur en explicitant leurs programmes et leur engagement à apporter des réponses à leurs préoccupations en sont hélas réduit à la plus totale des incertitudes. Personne ne sait qui sera candidat et qui ne le sera pas, ni même si les élections se tiendront à date échue ! Leur pays, jadis « vitrine de la démocratie » en Afrique francophone et modèle de stabilité symbolisant l’espoir pour tant d’Africains en général et de l’Ouest en particulier, est empêtré depuis plusieurs années dans un feuilleton ubuesque dont l’épilogue pourrait, si l’on y prend garde, entraîner le seul pays d’Afrique francophone qui a jusque-là échappé aux démons de l’aventure à basculer, devenant ainsi, comme me le disait récemment un ami et grand frère, un « État africain ordinaire.
Nous nous étions pris à rêver, à espérer, à la suite de sa rencontre avec le Khalife général des Mourides que le président Sall souhaitait effectivement trouver une issue paisible à la situation dans laquelle le pays se trouve et pour laquelle il est, si ce n’est l’unique, en tout cas le plus important acteur qui peut mettre un terme immédiat à la crise. De lui dépend aujourd’hui la solution et tout le monde sait qu’il lui suffit de prononcer ces deux phrases simples qu’il se refuse de faire depuis fort longtemps pour que tout s’arrête : « Je ne suis pas candidat à un troisième mandat. Je tiens à organiser des élections transparentes, libres et démocratiques auxquelles prendront part tous ceux qui le souhaitent et qui remplissent les critères, y compris Ousmane Sonko ». Rien que par cela, il mettra définitivement un terme à toute cette tension et à ces actes d’une rare barbarie jamais imaginée dans ce pays. Il ferait également cesser du même coup, toute les manifestations et saccages, conséquences d’un sentiment d’injustice et de la violence qu’exerce son régime sur le peuple depuis un bon moment.
Viendra évidemment le temps de la concertation, du dialogue (le vrai) pour trouver des solutions à certaines questions et pour s’accorder sur l’essentiel qui permettra, tout en faisant preuve de justice, d’agir avec intelligence pour préserver le Sénégal car, au finish c’est le Sénégal qui doit être placé au-dessus de toutes autres considérations, et sa paix et notre survie collective valent tous les sacrifices, voire certains compromis parfois indispensables pour préserver l’avenir et l’essentiel, sans pour autant tomber dans aucune compromission.
En ce moment critique de l’histoire de notre pays, il y a des équilibres à trouver, des solutions consensuelles à adopter afin de sortir indemne de ce cauchemar (déjà un lourd tribut de plusieurs dizaines de vies humaines a déjà été payé depuis deux 2021).
Si l’espoir est toujours permis, (tant qu’il ne se sera pas prononcé), il faut prier que le président Sall revienne à la raison et fasse honneur à sa parole, à sa promesse, à ses écrits, à la loi fondamentale qu’il connait parfaitement et qui ne lui donne aucune possibilité de prétendre à une troisième candidature. Il est évident que ce qui se passe dans ce pays depuis quelques années résulte de sa volonté morbide de se maintenir au pouvoir à tout prix.
Et pourtant, voici un homme au destin incroyablement fabuleux, qui aurait pu finir son règne avec tous les honneurs et des perspectives d’un avenir radieux pour lui et les siens, qu’aucun de ses prédécesseurs n’aura eu. Il aurait pu en effet être celui-là qui, pour la première fois organiserait des élections libres, transparentes et démocratiques contribuant ainsi à consolider la trajectoire démocratique de son pays et rentrer dans l’histoire par la grande porte, rejoignant par la même occasion la liste restreinte de quelques hautes personnalités africaines à la tête desquels le président Mandela. C’est tout le mal que nous lui souhaitons. Mais pour ce faire, il est peut-être encore temps de l’aider à nous aider en espérant que la fenêtre de tir qui s’offre encore à lui, si étroite soit-elle, est encore exploitable.
Il faut saluer les appels venus de tous bords, des amis et voisins du Sénégal et de l’Afrique en général, des institutions internationales et notamment onusiennes et leur demander de maintenir la pression et d’agir de façon encore plus claire, plus explicite et sans ambages pour demander au président Sall de revenir en arrière pendant qu’il est encore temps. Il faut qu’il entende le message de ses compatriotes de tous bords et de toutes catégories à l’intérieur comme à l’extérieur qui en appellent à la retenue et au respect strict des principes de démocratie et de la règle de droit, à l’instar du Conseil des Droits de l’Homme réuni la semaine dernière à Genève.
Le Sénégal se passerait bien d’un médecin après la mort, c’est à dire d’une MINUSEN (Mission des Nations Unies au Sénégal) qui consacrerait, il faut le dire, l’échec de la communauté internationale qui aura assisté, impuissante, au basculement du Sénégal dans une aventure aux conséquences incalculables. C’est donc maintenant, pendant que le président Sall ne s’est encore explicitement prononcé sur ses intentions qu’il faut agir et avec diligence et toute la fermeté que requiert la situation actuelle pour lui faire entendre raison. Toute autre option serait lourde de conséquences.
Les Africains retiennent leur souffle ! En effet, si rien ne change dans ce qui semble être les plans du régime de Macky Sall, le pire est à craindre dans les semaines à venir. C’est pourquoi, il est temps pour les amis du Sénégal et tous les démocrates du monde épris de justice sociale et de paix, d’élever encore plus la voix avant qu’il ne soit trop tard.
Face à ce qui se passe dans ce pays, les Sénégalais dans leur grande majorité sont pétrifiés d’angoisse. Et, comme anesthésiés par une situation qu’ils pensaient impossible dans leur pays au regard de sa trajectoire politique et des avancées significatives réalisées en matière de démocratie depuis notre accession à l’indépendance, les plus âgés se demandent à quel Saint se vouer, tandis que les plus jeunes, ouverts au monde et tirant les leçons des pratiques de Macky Sall depuis son arrivée au pouvoir, consistant à trouver des subterfuges pour éliminer ses adversaires, ont vite que leur salut, et par conséquent celui du Sénégal tout entier réside désormais dans la résistance qui, au demeurant, est consacré par la Constitution du pays. Les Sénégalais n’ayant jamais voulu que leur pays bascule dans une certaine aventure ont toujours privilégié le dialogue et la concertation pour arriver à des solutions consensuelles qui permettent de préserver l’essentiel, mais un dialogue sincère et sans compromission impliquant tous les concernés, et notamment les plus représentatifs.
Or, faute d’autres alternatives, une importante frange de Sénégalais, notamment les plus jeunes, ont été progressivement poussés vers la seule option à leur portée, se battre dans la rue contre l’arbitraire, l’injustice et la discrimination exercés avec une telle arrogance et un tel mépris pour les populations qu’on se pose encore la question de savoir ce qu’il s’est passé chez l’homme de la gouvernance sobre et vertueuse qui promettait de placer la patrie avant le parti et que sais-je encore ?
Le président Sall a promis de s’adresser à son peuple ce dimanche 25 juin au terme de son dialogue avec certains acteurs de la société (de loin les moins représentatifs) et qui, pour beaucoup, n’y sont allés que pour leurs propres intérêts. Malgré tout, espérons et prions pour qu’il soit habité, en cette occasion historique, par la sagesse, la lucidité, le courage ou tout simplement l’amour pour son pays pour prononcer enfin les mots magiques et salvateurs que le peuple attend depuis si longtemps, et, ce faisant, nous préserver d’une aventure aussi dangereuse qu’inutile qui ne lui fera pas honneur et qui n’épargnera personne. Le prix payé est déjà lourd, mais il est encore temps pour sauver l’essentiel : préserver le pays et lui assurer un avenir apaisé permettant de mettre en valeur l’immense potentiel de développement qu’il recèle au bénéfice de sa population et particulièrement de cette formidable jeunesse que nous ne souhaitons plus voir périr par millier au fonds de l’Atlantique et dans le Sahara.
Le président Sall doit et peut encore surprendre son monde en prenant le contre-pied de ceux qui, dans son entourage, le poussent au suicide. Le ferait-il que ses concitoyens, l’Afrique et le monde lui en sauraient gré. C’est tout le bonheur que nous lui souhaitons. Le monde est à son écoute, le Sénégal retient son souffle.
Sakoura Waly est fonctionnaire des Nations Unies.
Texte Collectif
DU DEVOIR DE SE DRESSER CONTRE UNE TROISIÈME CANDIDATURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il nous incombe d’évaluer à quel point nous amplifions ce débat malsain à travers nos médias et de le freiner avant qu'il ne soit trop tard. Les journalistes ne sont pas des agents passifs face à la dérégulation de l’espace public
À un peu plus de 200 jours de l'élection présidentielle du 25 février 2024, nous journalistes sénégalais, avons décidé de faire cette tribune pour nous insurger contre une troisième candidature de l'actuel président Macky Sall. Nous avons jugé que la presse, dernier rempart de la démocratie et de l'État de droit, ne doit ni laisser la forfaiture se répéter ni participer à amplifier le débat via ses canaux. Notre responsabilité sera questionnée par l'histoire si on devrait faire le décompte des victimes et dégâts que cette candidature pourrait causer. Au nom de la liberté, de la démocratie, nous disons NON à une troisième candidature de Macky Sall.
Il y a une dizaine d'années, nous avons couvert ou suivi le déchirement inhérent à la tentative d’Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat. La perspective de la répétition de ce scénario, au demeurant mortifère, nous pousse à plus d'introspection. La trame du mauvais film qui avait brisé tant de vies ne nous est plus inconnue. Tout se déroule progressivement sous nos yeux, à portée de nos micros. Il nous incombe d’évaluer à quel point nous amplifions ce débat malsain qui s’installe à travers nos médias et de le freiner avant qu'il ne soit trop tard.
Monsieur le président de la République, c'est devant nos questions insistantes que vous aviez donné l’assurance que le peuple n’aurait plus à vivre d’épisodes tragiques autour du nombre de mandats présidentiels. Alors, comment pourrions-nous admettre que vous véhiculiez vos éléments de langage par notre biais pour faire accepter auprès de l'opinion votre contradiction ?
L’enjeu est double. Il s’agit de préserver la démocratie et de ne pas permettre aux hommes qu’elle porte au pouvoir de s’amuser avec les règles du jeu quand et comme bon leur semble. Mais, surtout, réaffirmer que les journalistes ne sont pas des agents passifs face à la dérégulation de l’espace public. La tension déjà palpable va crescendo à l’approche de la prochaine échéance électorale. Nous n’avons pas à couvrir dans nos médias de nouvelles scènes de violences en estimant n’y être pour rien. Il nous faut anticiper et prendre nos responsabilités. Nous devons tout mettre en œuvre pour que les Sénégalais et les Africains qui nous regardent, qui nous lisent, et qui descendent dans la rue, ne nous tiennent pas coupables devant l’histoire. Il nous faut sortir de ce laxisme coupable. La tâche est cruciale et simple : respecter notre part du contrat social.
Du troisième mandat
Dans cette optique, nous ne saurions garder le silence face à cette volonté qui vous est prêtée, depuis plusieurs mois, de briguer un troisième mandat. Volonté que vous n’avez, au demeurant, jamais infirmée. Nous sommes dans un État de droit. Dès lors, tout le monde a l’obligation de se soumettre aux exigences de la loi. Un tel débat ne saurait donc nous laisser indifférents. Aurions-nous pensé que vous avez droit à une troisième candidature, que nous n’aurions jamais eu à mettre cette initiative en place. Mais notre conviction est que, par quelque bout que l’on puisse analyser la situation, la conclusion est la même.
Nous avons lu et entendu les juristes, y compris les vôtres. Lorsqu’une disposition constitutionnelle est claire, nous ont-ils dit, il n’y a pas lieu de l’interpréter. Encore moins de distinguer là où elle ne distingue pas. Il faut se contenter de l’appliquer dans le strict respect de la volonté du constituant. C’est un principe basique en Droit. La question qui se pose est alors de savoir si l’article 27 de la Constitution – « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs » – signifie bien ce qu’il dispose. C’est avec un profond malaise que nous suivons ce débat que nous pensions avoir définitivement clos depuis 2012.
Certains juristes, favorables au troisième mandat, font recours à la première partie de la disposition pour tenter de faire croire que par « mandat », il faudrait bien comprendre un « mandat de 5 ans ». Ce qui, par conséquent, voudrait dire que votre premier mandat de 7 ans n’est pas concerné. Pourtant, ces mêmes juristes qui défendent cette gymnastique – appelons-la ainsi – apprennent à leurs étudiants, dès la première année de droit, qu’il est interdit de distinguer là où la loi (ici, la Constitution) ne distingue pas. Un mandat étant un mandat, il ne faudrait pas faire la différence entre un mandat de sept ans et un autre de cinq ans. Par cette « prouesse » intellectuelle, ils ont ainsi réussi à semer le doute dans la tête de certains Sénégalais. Si le juge reste à sa place, on ne voit pas, par quelle alchimie, il pourrait réussir à valider une troisième candidature sans se substituer au constituant ; ce qui l’éloignerait de sa mission.
En effet, le pouvoir d’interprétation de la règle de droit obéit à des méthodologies bien déterminées que nous ne saurions tous explorer. D’abord, il y a le raisonnement logique (raisonnement a pari ou par analogie, le raisonnement a contrario, le raisonnement a fortiori). Si ces raisonnements, qui font appel à la logique, ne permettent pas de surmonter les difficultés, alors on fait recours aux différentes méthodes d’interprétations. La première et la plus usitée, c’est la méthode exégétique qui privilégie la lettre tout en se référant à la volonté de son auteur ; la méthode téléologique qui met en avant l’esprit du texte et qui peut aller jusqu’à appréhender l’objectif recherché par le législateur afin de trouver une solution à son problème ; et enfin, la méthode créatrice qui est la plus audacieuse, mais qui doit être appliquée de façon subsidiaire, pour pallier l’insuffisance de la norme.
Appliquées à l’article 27, toutes ces techniques vous excluent de la course à la Présidentielle de 2024. En ce qui concerne la méthode exégétique, l’interprète doit s’en tenir au sens littéral du texte : « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». En cas de difficulté, il faut chercher la volonté de l’auteur du texte, en recourant, au besoin, aux travaux préparatoires, à la lecture de l’exposé des motifs. Qui ose douter que la volonté du constituant, ou de l’inspirateur de la Constitution en l’occurrence, était d’inclure son premier mandat dans le champ de la réforme de 2016 ? Vous, qui aviez promis de faire passer votre premier mandat de sept à cinq ans ? Dans la même veine, il faut inscrire la méthode téléologique qui se fie surtout à l’esprit du texte, moins à sa lettre, qui regarde quelles étaient les finalités de la loi constitutionnelle. Là également, il faut être de très mauvaise foi pour oser soutenir que l’objectif principal de la réforme de 2016 était de vous donner la possibilité de faire deux mandats supplémentaires de 5 ans. Sauf à se substituer au constituant, en lui faisant dire ce qui lui plaît par sa force créatrice. Le juge ne saurait donc passer outre.
Enfin, il y a la jurisprudence du Conseil constitutionnel sur la possibilité pour le président de la République de réduire ou d’augmenter son mandat. Contrairement à ce que certains ont voulu faire croire, dans sa décision n°1/C/2016, le Conseil constitutionnel, dans son considérant n°25, déclare clairement : « La sécurité juridique et la stabilité des institutions, inséparables de l’État de droit dont le respect et la consolidation, sont proclamées dans le préambule de la Constitution du 22 janvier 2001, constituent des objectifs à valeur constitutionnelle que toute révision doit prendre en considération, pour être conforme à l’esprit de la Constitution. » Dans le même sillage, soulignent les sages au Considérant 26 de la même décision, « pour la sauvegarde de la sécurité juridique et la préservation de la stabilité des Institutions, le droit applicable à une situation doit être connu au moment où celle-ci prend naissance. » Cela veut dire tout simplement, et le Conseil l’avait annoncé de manière très claire, qu’au nom de la sécurité juridique, le président de la République ne saurait diminuer son mandat de sept à cinq ans, ce qui serait une atteinte à la volonté des citoyens qui l’ont élu pour un septennat et non pour un quinquennat. Qui ne peut pas le moins ne peut pas le plus. Si la révision de 2016 devait aboutir à vous permettre de vous octroyer trois mandats, le Conseil qui a refusé une diminution du mandat n’aurait jamais pu l’admettre. C’est après tout une simple question de bon sens et de logique.
De la démocratie
Le Sénégal est une vitrine de la démocratie en Afrique. Malgré les remous notés dans le pays depuis 2021, avec les multiples arrestations d’opposants, de journalistes et d’activistes qui font douter de plus en plus les convaincus, nous voulons croire que nous n’avons pas encore atteint un point de non-retour.
Nonobstant la montagne d’obstacles, il est encore possible de préserver notre pays d’une décadence de la démocratie et des libertés. Sauver ce qui peut encore l’être. Garant de la Constitution et de l’État de droit, le président de la République devait être en première ligne de ce combat permanent de la construction du rêve sénégalais. Hélas ! Les démons de la boulimie du pouvoir risquent de vous faire passer complètement à côté de la plaque alors que vous avez été témoin, il y a douze ans, du refus du peuple sénégalais d’accorder une troisième candidature à votre prédécesseur Abdoulaye Wade.
De l’indépendance à nos jours, ils sont nombreux les hommes et les femmes, des patriotes rompus, qui ont sacrifié leur vie pour donner au Sénégal cette image reluisante en matière de démocratie. En plus de soixante ans d’existence, dans une Afrique très agitée, notre pays a non seulement vécu deux alternances démocratiques (2000 et 2012), mais surtout il n’a jamais connu de rupture institutionnelle. Cette belle histoire pourrait recevoir un sacré coup de grâce, si jamais vous suivez la voie qu’essaient de vous tracer certains faucons arrivistes, plus soucieux de la préservation de leurs intérêts égoïstes que de la construction d’un pays véritablement émergent et démocratique, où il fait bon vivre.
Dans une démocratie, le respect de la Constitution, norme suprême, est fondamental. Mais au-delà du nécessaire respect des textes de droit prévus par nos corpus juridiques, il est aussi crucial de faire converger ou de relier ces textes aux valeurs, notamment au respect de la parole donnée. À considérer même que les textes prêtent à confusion dans leur lettre, quoi de plus normal que de recourir à l’esprit pour en saisir la quintessence. À ce propos, nous vous renvoyons, vous et vos collaborateurs, à vos nombreuses déclarations sur les implications de la révision constitutionnelle issue du référendum de 2016. Vous avez toujours clamé haut et fort votre volonté de réduire la durée du mandat présidentiel tel que formulé dans la charte fondamentale du pays. Vos soutiens et vous avez battu campagne pour défendre un tel projet. Nul besoin de revenir sur tout ce que vous avez eu à dire à ce propos. Vous l’avez répété et écrit dans plusieurs documents accessibles. Rien ne saurait donc justifier aujourd’hui une volte-face.
Aussi, en aucune manière, le fait de briguer à nouveau le suffrage des Sénégalais ne peut constituer une avancée démocratique. Pis, cela risque de réveiller les vieux démons anti-démocratiques dont le Sénégal pensait s’être séparé depuis 2012. La démocratie ne peut se limiter à un contenu théorique ou à un éventail de gestes civiques ou encore à des déclarations folkloriques. Elle ne se réduit pas non plus à un ensemble de faits, concepts ou dates particulières, ni à un vague comportement social. La démocratie, c’est surtout une construction permanente de valeurs pouvant être partagées par l’ensemble des acteurs sociaux.
Aujourd’hui, tout porte à croire que vous serez en lice pour un troisième mandat. Votre récente déclaration en France, précédée par un « ni oui ni non » et d’autres actes comme l’interdiction à Dakar, en septembre 2022, du concert sur la limitation des mandats, illustre votre volonté. Vos partisans dans les plus hautes sphères clament votre candidature et organisent des investitures, sans que nul ne vous entende freiner la machine.
Monsieur le président, nous vous appelons à jouer la carte de l’exemplarité et à poursuivre le grand chantier de la démocratie auquel le peuple sénégalais a foi.
L’histoire a montré que les forcings pour un troisième mandat et l’usure du pouvoir sont sources d’instabilité ou de rupture démocratique. Nous vous demandons de renoncer à cette tentative irresponsable et pernicieuse de nature à briser les piliers déjà fragilisés de notre jeune nation.
Signataires :
Ayoba FAYE, Rédacteur en chef de PressAfrik
Moussa NGOM, Coordonnateur de La Maison Des Reporters
Valdez ONANINA, journaliste, membre de La Maison des Reporters
Fana CISSÉ, journaliste PressAfrik
Mame Gor NGOM, journaliste
Oumy R. SAMBOU, journaliste freelance
Abdou Khadir SECK, journaliste Le Soleil
Diomma DRAMÉ, journaliste
Alioune Dissa PREIRA, journaliste GFM
Salif SAKHANOKHO, journaliste PressAfrik
Abdoulaye DIOP, journaliste Sud FM
Amadou Sabar BA, journaliste
Mady CAMARA, journaliste freelance
Oumy NDOUR, journaliste
Mamadou Oumar Moka KAMARA, journaliste Le Soleil
Souleymane DIASSY, journaliste à La Maison Des Reporters
Hadiya TALLA, journaliste, Directeur de la Vallée Info
Mamadou SOW, journaliste à La Vallée Info
Assane FALL, journaliste Le Soleil
Alioune Badara DIATTA, journaliste indépendant
Falilou MBALLO, journaliste Emédia
Katy MBENGUE, journaliste
Momar DIENG, journaliste
Ndèye Fatou Diery DIAGNE, journaliste
Abdoulaye MBOW, journaliste
Ibrahima BA, journaliste Le Soleil
Abdou Khadre CISSE, journaliste
Ibrahima DIONE, journaliste APA NEWS
Hawa BOUSSO, journaliste L'AS
Souveibou SAGNA, journaliste Kewoulo TV
Mor AMAR, journaliste EnQuête
Seydina Bilal DIALLO, journaliste L’AS
Adama GAYE, journaliste- écrivain
Pape SANÉ, journaliste/ chroniqueur Walf TV
Moustapha DIOP, Directeur Walf TV
Pape Alé NIANG, journaliste Directeur de Dakar Matin
El Hassane SALL, journaliste Tribune
Dieynaba THIOMBANE, journaliste
Oumar dit Boubacar Wane NDONGO, journaliste
Omar FÉDIOR, journaliste
Amayi BADJI, journaliste
Moussa CISS, journaliste Les Échos
Azil Momar LO, journaliste
Assane GUÈYE, Walf TV
Samba DIAMANKA, journaliste Le Soleil
Fatou NDIAYE, journaliste Afia FM
Georges Nesta DIOP, journaliste Walf TV
Abdou Aziz CISSE, Journaliste
Abdourahmane DIALLO, journaliste à La Maison Des Reporters
Salmane Al Farisi SOW, journaliste
Mamadou Oumar BA, journaliste
Babacar NGOM, journaliste
Amadou DIOP, journaliste
Daouda SOW, journaliste
Moustapha DIAKHITÉ, journaliste
Habib FAYE, journaliste
Cheikh Hassana FALL, journaliste
Alassane Seck GUÈYE, journaliste Le Témoin
Amy KEITA, journaliste
Modou Mamoune FAYE, journaliste Le Soleil
Sidy Djimby NDAO, journaliste Les Échos
Abou SY, journaliste L'AS
Mapaté NIANG, journaliste Ouest TV
Babacar Touré MANDJOU, journaliste Directeur de Kewoulo
Diégane SARR, Journaliste
Amy WANE, journaliste
P. Babacar NDOUR, journaliste
Biram FAYE, journaliste Coordonnateur régional Médias à l'IPAO
Samba THIAM, journaliste
Babacar Francky BA, journaliste
ÉLIMANE SEMBÈNE, journaliste
Onass MENDY, journaliste
Ibrahima BAKHOUM, journaliste-formateur
Cheikh Saadbouh FALL, journaliste
Pape Sadio THIAM, journaliste, enseignant-chercheur.
Abba DIÉDHIOU, journaliste
Almamy Mamadou L. SANÉ, Journaliste
Alioune GUÈYE, journaliste Sunu Label TV
Awa FAYE, journaliste
Moustapha CISSÉ, Journaliste indépendant
Cheikh Gora DIOP, journaliste indépendant
Oumar DEMBÉLÉ, journaliste
Abdou BAR, journaliste
Adama COLY, journaliste
Abdoulaye Wade DIALLO, journaliste
par Abdoul Aziz Diop
LE FATRAS DE MENSONGES
Ousmane Sonko, coutumier des faits, commence son mémorandum, intitulé « Lumière », par un mensonge dont voici la teneur suivie des « faits têtus qui font seuls l’Histoire »
Tout ce qui commence par un mensonge est un fatras prémédité de mensonges venant d’un menteur.
A.A. Diop
Ousmane Sonko, coutumier des faits, commence son mémorandum, intitulé « Lumière », par un mensonge dont voici la teneur suivie des « faits têtus qui font seuls l’Histoire » (Dia, 1991).
Le mensonge
« Le premier acte a été posé en Août 2016 lorsque, Inspecteur des impôts, je fus radié de la fonction publique, par décret du président de la république Macky Sall, au motif de "manquement à l’obligation de discrétion professionnelle”. Il m’était reproché d’avoir révélé des anomalies fiscales, budgétaires ou relatives à la gestion des ressources naturelles, mettant en cause le président Macky Sall, son frère et certains de ses proches collaborateurs. »
Les faits
Au chapitre II de ses « Solutions » (Compte d’auteur, 2018), Ousmane Sonko dit accueillir sa « radiation » de la fonction publique avec « soulagement, car j’avais moi-même entrepris le projet de sortir de l’Administration qui, après quinze ans, n’avait plus grand-chose à m’offrir et, de surcroît, devenait une contrainte pesante pour mes activités politiques, du fait du corset de sujétions ». Il aurait donc été plus simple pour lui de se démettre de ses fonctions, au lieu de violer l’alinéa 1 de l’article 601 du Code général des Impôts et domaines, en vertu duquel « sous réserve de l’obligation qui leur est imposée par le Code de procédure pénale, les agents des Impôts et domaines intervenant dans l’assiette, la liquidation, le contrôle ou le recouvrement des impôts, droits, taxes et redevances, sont tenus, dans les termes de l’article 363 du Code Pénal, de garder secrets les renseignements de quelque nature qu’ils soient, recueillis dans l’exercice de leur fonction». Pour autant, le législateur n’élude pas la question politique, puisque l’alinéa 3 du même article stipule « que lorsqu’une plainte régulière a été portée par l’Administration contre un assujetti et qu’une information a été ouverte, les agents des Impôts et domaines sont déliés du secret professionnel, vis-à-vis du juge d’instruction qui les interroge sur les faits faisant l’objet de la plainte ».
En prélude au contre-mémorandum, suivre le lien ci-après :
Abdoul Aziz Diop est l’auteur de « Gagner le débat…»(L’Harmattan Sénégal & Éditions universitaires européennes, février 2023)
par Aminata TOURÉ
HARO SUR LE DIALOGUE DE L’INJUSTICE !
Nous apprenons que la réouverture du procès de Karim Wade est actée par le pseudo-dialogue de Macky Sall. Les sénégalais qui ont cru aux promesses de bonne gouvernance de Macky Sall feront ainsi le deuil des 138 milliards que Karim Wade doit au Trésor .
Nous apprenons que la réouverture du procès de Karim Wade est actée par le pseudo-dialogue du Président Macky Sall. Les sénégalais qui ont cru aux promesses de bonne gouvernance du Président Macky Sall feront ainsi le deuil des 138 milliards que Karim Wade doit au Trésor public. Les sénégalais sauront tirer toutes les conséquences d’un tel reniement qui aura coûté beaucoup d’efforts à des magistrats sénégalais parmi lesquels l’actuel ministre de l’Intérieur Antoine Diome et des ressources publiques conséquentes ont été donc gaspillées. Il aurait été également convenu de modifier l’article L28 et L29 du code électoral pour permettre aux candidats auparavant inéligibles de pouvoir se présenter à l’élection présidentielle de 2024.
Cependant, ces modifications introduiraient une précision de taille : les candidats concernés devront avoir purgé leur peine au préalable. Autrement dit, Karim Wade qui reste devoir 138 milliards aux contribuables sénégalais pourrait participer à la prochaine élection présidentielle mais le leader de PASTEF Ousmane Sonko condamné suite à des poursuites à motivation purement politique lui ne pourrait pas participer à cette même élection. C’est assurément le dialogue de l’injustice ! Le deal annoncé se révèle ainsi au grand jour pour se confirmer : -Primo, le Président Macky Sall fait légitimer sa candidature juridiquement et moralement inacceptable - Secundo, le Président Macky Sall sélectionne ses adversaires de 2024 à sa seule guise. - Tertio, le Président Macky Sall élimine le candidat Ousmane Sonko, en attendant de voir comment faire avec les autres candidats gênants de l’opposition.
Si l’objectif tant chanté par les participants au pseudo-dialogue du Président Macky Sall est le rétablissement de la paix dans l’arène politique, ces accords concoctés il y’a longtemps s’inscrivent dans la continuité de l’injustice et de la régression démocratique dans lesquelles le Président Macky Sall enfonce le Sénégal. Les démocrates et tous les citoyens épris de justice et de paix devront se mobiliser pour refuser ce recul sans précédent de nos acquis démocratiques.