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29 novembre 2024
Opinions
PAR Courani DIARRA
INTÉGRATION
Depuis leur apparition, nous ne nous en privons plus : les réseaux sociaux ! On y trouve presque de tout : anniversaire, rumeur, fait de société, ici ou ailleurs… Encore et toujours les réseaux sociaux !
Depuis leur apparition, nous ne nous en privons plus : les réseaux sociaux ! On y trouve presque de tout : anniversaire, rumeur, fait de société, ici ou ailleurs… Encore et toujours les réseaux sociaux ! C’est par ce canal que j’ai reçu le clip intitulé « Refus d’accueil au Cap-Vert, deux Sénégalaises refoulées », diffusé sur YouTube. Dans ce clip d’un peu plus de cinq minutes, une compatriote, accompagnée d’une autre personne, raconte son refoulement de la capitale de l’archipel situé juste en face de Dakar.
Après visualisation, quelques sentiments et questionnements m’animent. Tout en gardant à l’esprit que seule une partie s’exprime dans cette vidéo, la Sénégalaise et membre de la Cedeao que je suis ne peut pas échapper à une certaine indignation ni s’empêcher de se poser les questions qui suivent : Comment pareille déconvenue est possible entre le Sénégal et le Cap-Vert, distants seulement de 450 km ? Comment cette mésaventure est-elle possible entre deux pays comptant la présence de deux fortes communautés de part et d’autre dans une proximité célébrée depuis tant de décennies ? Comment cela est-il possible entre deux états membres de la Cedeao ?
Les textes que partagent les 15 Etats membres de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) consacrent la libre circulation des citoyens dans cet espace. Autrement dit, tout ressortissant de la Communauté a le droit de se déplacer librement d’un Etat à un autre sans entrave. L’article 2 du Protocole A/P1/5/79 de Dakar du 25 mai 1979 sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement, en ses principes généraux, disposait déjà : « Les citoyens de la Communauté ont le droit d’entrer, de réaliser et de s’établir sur le territoire des Etats membres. Le droit d’entrée, de résidence et d’établissement mentionné sera établi progressivement, au cours d’une période maximum de quinze (15) ans, à compter de l’entrée en vigueur définitive du présent protocole, par l’abolition de tous les obstacles à la libre circulation des personnes et au droit de résidence et d’établissement ». L’instauration de la carte d’identité biométrique depuis la 46e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cedeao, tenue à Abuja le 15 décembre 2014, stipule sa mise en circulation à partir de 2016. Cette carte d’identité biométrique sert également de document de voyage dans l’espace Cedeao.
Ne pas diviser ce que la géographie et l’histoire ont uni
Revenons sur le clip. Au-delà d’attirer l’attention des followers de YouTube et autres médias sociaux, il soulève un problème - qui reste à vérifier - à savoir la fréquence de ces interdictions d’entrée de Sénégalais sur le territoire cap-verdien. De quoi pousser les autorités du Sénégal et du Cap-Vert à se pencher sur la question afin que la population puisse être dûment informée sur les conditions d’entrée sur la base de leurs relations bilatérales et les textes de la communauté ouest-africaine.
Le problème de certains discours actuels ou de prises de parole publique est hélas une tendance à la généralisation. Il devient facile de traiter de brebis galeuses tout un troupeau alors que seule une chèvre a brouté dans le champ du voisin. On ne peut donc rester insensible quand le terme raciste est utilisé pour qualifier les Cap-Verdiens. L’intervieweur l’a fort heureusement compris et a cherché à le faire comprendre à la victime. Aujourd’hui plus qu’hier, il faut veiller au contenu de nos messages. Alerter, attirer l’attention oui, tout en évitant de diffuser quelques paroles susceptibles de diviser ce que la géographie, l’histoire et les relations ont uni.
Tout Cap-verdien, qui se respecte et connaît l’histoire de son peuple, est ouvert au monde. Le métissage et la diversité sont inscrits dans les gènes de ces Iliens dont l’un des ancêtres serait un roi wolof, dont l’embarcation à la dérive, se serait échouée sur les côtes de l’île de Santiago où se trouve Praia…
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
LE SÉNÉGAL SE MEURT, TROUBLEZ SON AGONIE MESSIEURS
EXCLUSIF SENEPLUS - Une belle opportunité s’offre à Niasse, Aminata Mbengue et à Idy de se démarquer de Macky. Tous les tenants de ce troisième mandat seront bientôt des individus méprisés, ballotés dans l’impénétrable cosmos de l’oubli
Vos mots sont nos maux, oui comme dirait Y. Moix « Votre parole est à la réalité, ce que la vie est à la taxidermie ». Tous ces nuages noirs qui planent sur la République ne sont dus qu’à la volonté d’un seul homme de vouloir confisquer le pouvoir. Nous ne devons pas accepter cela.
Nous découvrons chaque jour un peu plus, que lui et sa clique nous avaient menti. En 2019, ils faisaient l’apologie des deux mandats, c’était juste pour obtenir un second mandat. Aujourd’hui, par des détours de sémantiques obscures, par une hypocrisie sans nom, ils nous mentent à nouveau en justifiant un troisième mandat. Et à chaque fois, ils clament de dire la vérité. « Pour eux dire la vérité, c‘est juste changer de mensonge ». Ils versent alors pour soutenir leur argumentation dans des salmigondis qui ne laissent de doute sur leur degré de culture et la place qu’ils accordent à la démocratie.
Ils parcourent le pays avec des mallettes d’argent avec lesquelles ils humilient nos braves populations sevrées de tout, en leur donnant quelques liasses de billets qui insultent leur honneur. Là où ils massifient leur parti en vendant des cartes, l’opposition organise un « Nemekkou tour » où elle collecte des sommes considérables pour sa campagne future. Les dynamiques ne sont assurément pas les mêmes. Là on arrose pour se maintenir, là on collecte pour conquérir.
Pierre Mendès France, mon héros socialiste, disait qu’un homme politique a le devoir de dire ce qu’il pense, quoi qu’il lui en coûte. « Le peuple a besoin d’entendre le pour et le contre pour pouvoir juger », aimait-il à répéter avant d’ajouter « En démocratie rien n’est plus important que la vérité ».
Les soutiens de Benno doivent dire la vérité et se désolidariser du projet du président Sall de vouloir être candidat à un troisième mandat. Une belle opportunité s’offre à Niasse, Aminata Mbengue et à Idy, eux qui avaient combattu le dessein pernicieux de Wade, de parachever leur carrière politique en se démarquant de Macky et l’amener à renoncer à son projet. Wilane avait pourtant osé le pas de coté dans une émission du dimanche avant de se retrouver, dès le lendemain, rappelé à l’ordre par la meute apeurée du PS et, revenir dans le rang. Les échappées solitaires en politique demandent du courage que beaucoup n’ont pas. Ce qu’il leur en coûte semble plus important à leurs yeux que leur dignité. A partir de là, la plupart d’entre eux abdiquent.
C’est cette candidature illicite, dont l’issue pour le parti au pouvoir ne pourrait être que la victoire, qui donne lieu à cette rocambolesque histoire de viol. Voilà maintenant qu’un procès est annoncé, suite à l’instruction d’un dossier éminemment vide. Tout le monde sait que cette sordide histoire ne tient pas la route. Sonko sait qu’aller au procès, ce serait se jeter dans la gueule du loup. Il ne le fera pas. Il aura mille fois raison. Il lui faudra se battre avec ses armes sinon il connaitra la même fin que les Khalifa Sall et Karim Wade.
Sonko aurait-il fait une erreur en mars 2021 en ne poussant pas son avantage jusqu’à bouter Macky hors du palais ? Il avait appelé ses ouailles à respecter les institutions alors que le pouvoir était à la rue. Il y avait du Mohammed Ali dans ce geste. Souvenez-vous de cette droite retenue qu’il n’asséna pas à Foreman quand ce dernier s’affaissait sur le tapis lors d’une soirée de boxe torride au Congo.
Macky fait-il une grosse erreur d’appréciation en pensant que son plan se déroulera cette fois comme prévu, que les débordements de mars 2021 seront contenus et que, ce qui avait marché dans le passé marchera dans le futur ?
Une chose est sure en tout cas : s’il essaye de mettre la main sur Sonko, il brûlera ce pays et lui avec. Qui pour le raisonner ?
Je blâme ses compagnons qui le laissent faire tout en sachant que c’est la mauvaise voie. Il est encore temps qu’ils arrêtent de tourner autour d’eux mêmes juste pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils emplissent leurs âmes comme dirait Tocqueville. Ils ne peuvent plus rester dans leur coin et encourager le président dans son projet funeste, car la destinée de tous les autres est en péril. L’AFP, le PS, la LD, le PIT et tous les autres alliés dans sa coalition, doivent prendre leurs responsabilités, et dire au président de lâcher l’affaire. Qu’ils n’oublient pas qu’ils sont « les héritiers de ce qu’ils laissent faire, ce faisant, ils font ! » L’histoire les jugera au même titre que les protagonistes de premier rang.
Oui des hommes et des femmes de la société civile, des « neutres » tentent de rapprocher les positions mais ce ne sera pas facile cette fois. Babacar Ngom et Alioune Tine nous avaient sortis du mauvais pas lors des législatives passées. Ils étaient allés chercher un allié de taille ailleurs. Sonko et ses camarades avaient cédé face aux décisions contestables de la Cour constitutionnelle. Qui cette fois pour nous sortir de cette voie dangereuse à sens unique dans laquelle nous a engagés l’APR ? À qui d’autres faut-il parler pour désamorcer cette bombe ? Quand les gens sont acculés et que les enjeux sont importants, la négociation est plus ardue, les portes de sortie ténues. Il ne faudrait pas que ces bonnes volontés « deviennent des pompiers des cendres, quand il convient d’éteindre les flammes. »
Tous les tenants de ce troisième mandat seront un jour, pas très lointain, des individus oubliés sinon méprisés, sans importance, ballotés dans l’impénétrable cosmos de l’oubli. C’est à cette triste fin que leur destine leur aveuglement d’aujourd’hui. Que sont devenus les Farba Senghor, Ousmane Ngom et autres ?
Qu’ils arrêtent de se parer de grands airs de vertus ; « nous sommes un État de droit », « la justice suivra son cours », « le Conseil constitutionnel tranchera », glosent-ils ; alors qu’ils ne sont que dans l’exercice de leurs vices favoris, celui de contrefaire les sens des mots et de faire accroire des vérités qui n’en sont pas. Ils savent eux mêmes que ces grands mots, ces grandes poses ne servent qu’à masquer des canailleries mesquines. A-t-on vu un ministre ou un DG démis de ses fonctions ou jugé pour une affaire de mauvaise gestion ?
« Les hommes de génie sont des météores destinés à brûler pour éclairer leur siècle »*, parait-il. Nous en Afrique, il faut croire que nos chefs d’État ne sont pas des génies. Ils veulent des troisièmes mandats !
Pourtant le Sénégal, dans le concert des nations africaines est un pays dont la parole était attendue et les comportements observés. Il nous faut être à niveau. Pour la parole on sait ce qu’elle est advenue. Elle a été galvaudée. Gageons que nos comportements ne suivront pas ce même triste chemin.
Dr Tidiane Sow est coach en Communication politique.
Notes :
M. Barrés : Cahiers, 1899
Y. Moix : Dehors, 2018
A. Tocqueville : De la Démocratie en Amérique, 1835
N. Bonaparte : Discours de Lyon, 1791
par Nioxor Tine
LE DÉMOLISSEUR
Les forces vives, dans leur globalité (partis politiques, organisations de la société civile), doivent faire abstraction de leurs égos surdimensionnés et se retrouver autour d’un programme minimal de sauvegarde de la paix civile
Assurément, le président Macky Sall s’emploie, depuis son accession à la magistrature suprême, à détruire, du mieux qu’il peut, les ressorts démocratiques d’une nation considérée, depuis plusieurs décennies comme une vitrine démocratique sur le continent africain. Paradoxalement, le successeur de Me Abdoulaye Wade, bien élu avec une confortable majorité de 65%, avait proclamé, devant le peuple des Assises, sa volonté d’appliquer les conclusions des Assises nationales et avait mis en place une commission nationale de réforme des institutions (C.N.R.I). Il semblait, donc, désireux de promouvoir notre démocratie, allant même jusqu’à vouloir raccourcir son premier mandat.
Mais à mesure qu’approchait la fin des cinq premières années du septennat, les traits de caractère inhérents aux politiciens, à savoir, le reniement et la boulimie du pouvoir ont pris le dessus sur les exigences fondamentales de la démocratie et de l’État de droit.
À tel point, que maintenant, en 2023, à la veille d’une troisième alternance, marquée par la perte de majorité de la coalition au pouvoir et par un profond mécontentement populaire, le tableau sociopolitique est des plus hideux, évoquant une crise politique majeure.
De fait, le chef d’orchestre semble avoir perdu le fil (conducteur) pour produire une symphonie démocratique achevée. En effet, le chef de l’État, clé de voûte des institutions, non content de rejeter les recommandations et le projet de constitution de la C.N.R.I s’était dédit et avait trahi sa promesse de réduire son mandat de deux ans. Il allait, également, s’atteler à déconstruire, méthodiquement, les fondamentaux de notre démocratie, en ayant l’onction de dirigeants politiques, souvent issus de la gauche et qui, dans le passé, avaient joué un rôle central dans la genèse des avancées démocratiques dans notre pays. C’est ainsi que le référendum du 20 mars 2016 allait constituer le point de départ de régressions démocratiques majeures, conférant, de plus en plus, à notre système politique des caractéristiques d’une autocratie en devenir, selon au moins qutre grands axes :
Promotion d’une nouvelle "sous-culture" politique faite d’invectives, d’insultes et d’intolérance voire de stigmatisation, à contre-courant de nos vieilles traditions de tolérance, de fair-play donnant lieu à des confrontations démocratiques généralement pacifiques, tout au moins, depuis l’instauration du multipartisme intégral,
Affaiblissement de l’Opposition politique par l’infiltration, la transhumance ou débauchage, le chantage, la corruption ou des cabales mal ficelées,
Atteintes aux libertés (d’opinions, de réunion...), avec un autoritarisme de plus en plus prononcé et un renforcement, sans précédent de l’appareil répressif,
Perversion du processus électoral par l’inscription discriminatoire et à géométrie variable des électeurs selon leur appartenance politique supposée ou par une stratégie d’éviction arbitraire des candidats rivaux aux présidentielles de 2019 et d’élimination des listes concurrentes (locales et législatives de 2022) par divers mécanismes (instrumentalisation de la Justice, de la loi sur le parrainage, institution de cautions...)
Ce dévoiement sans précédent de notre vie démocratique digne d’un démolisseur de nos institutions, d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, semble inspiré par les théories de l’illibéralisme, reléguant les libertés à l’arrière-plan et confisquant nos outils, démocratiques, en vogue dans certains pays comme la Hongrie et est certainement lié à notre nouveau statut de pays pétrolier et gazier.
On note une absence totale de pudeur et de mesure, une arrogance, sans précédent, et l’emprisonnement, à tour de bras des citoyens innocents ayant le seul tort de militer au Pastef ou d’exprimer librement leurs opinions critiques vis-à-vis de la gouvernance calamiteuse du pouvoir apériste. A contrario, les proches du clan présidentiel bénéficient d’une impunité quasi-absolue pour tous leurs crimes et délits, surtout dans la sphère des finances publiques (rapport de la cour des comptes) et de la spéculation foncière.
S’il est vrai que le régime actuel n’a rien inventé en matière de forfaitures et de mal-gouvernance par rapport aux socialistes et aux libéraux, leur pratique politique est caractérisée par la démesure et le manque de finesse. C’est ce qui explique que le complot mort-né de Sweet Beauty contre le président Ousmane Sonko, qui aurait dû être enterré à la Section de Recherches, continue de servir d’épouvantail et de facteur de diversion, dans l’espoir d’éliminer, par le biais d’un procès, comme en 2019, un rival gênant pour les prochaines présidentielles de 2024.
Qu’est ce qui empêcherait des juges, qui ont pu enrôler une affaire fictive d’un viol non attesté par le certificat médical du gynécologue, de condamner un coupable imaginaire ? Quelle crédibilité peut encore avoir cette Justice du prince, qu’on peut accélérer ou freiner au besoin, pour qu’on doive se soumettre à ses décisions frappées du sceau de l’illégalité, d’autant qu’elle montre, chaque jour, son incapacité à s’auto-réguler ?
Tenter de se soustraire à des décisions de justice iniques ne peut alors qu’être salué comme un acte répondant au droit constitutionnel de résistance à l’oppression et héroïque, à l’instar de ceux qui ont coûté, à Nelson Mandela et à ses camarades de l’ANC, des décennies de liberté.
Il est cependant plus que temps de transcender le contexte explosif actuel et de réfléchir sur des voies de sortie de crise. C’est pour cette raison que les forces vives, dans leur globalité (partis politiques, organisations de la société civile), doivent faire abstraction de leurs égos surdimensionnés et se retrouver autour d’un programme minimal de sauvegarde de la paix civile.
En outre et au vu des deux alternances décevantes de 2000 et 2012, il faudrait, de plus en plus se pencher sur la possibilité de mise en place d’une phase de transition de 2 ou 3 ans, qui devra déboucher sur une refondation de l’État inspirée des idéaux des Assises nationales et prenant en compte l’impact de nos nouvelles ressources minérales, surtout celles pétrolières et gazières.
Le texte de Tiébilé Dramé sur SenePlus sonne aussi comme un excellent rappel vis-à-vis des élites sénégalaises qui observent une distance incompréhensible vis-à-vis du drame malien, oubliant que pour nous, le Mali est une affaire de politique intérieure
J’ai lu, avec un grand plaisir, le texte de l’ancien chef de la diplomatie malienne, Tiébilé Dramé, intitulé Ces Sénégalais du Mali et publié par SenePlus. Il cite la profondeur des relations avec le Mali d’un certain nombre de personnalités historiques et contemporaines sénégalaises pour montrer que les deux pays sont intimement liés. Tiébilé Dramé nous dit avec justesse que «le Sénégal et le Mali ont eu une proximité historique unique». Il est heureux, au sortir d’une brouille entre nos deux pays sur fond de sanctions de la Cedeao appliquées par le Sénégal conformément à ses engagements communautaires, qu’une personnalité de cette dimension écrive un aussi grand texte.
Le Mali et le Sénégal sont allés à l’indépendance ensemble dans le cadre de la brève Fédération du Mali. Nous sommes les deux seuls Etats au monde à partager la même devise. Un seul et même peuple habite de part et d’autre de la frontière.
En se rendant au Mali le 15 août 2022, le Président Sall avait vu juste car c’est en voisin qu’il est allé s’enquérir de l’état de nos frères du Mali durant la période trouble que le pays traverse après les deux putschs consécutifs de 2020 et 2021. Cette visite a signifié un dégel et la fin de la période trouble pour entamer un nouveau cycle d’apaisement avec le Mali. Le Sénégal a eu raison de participer activement aux sanctions contre la junte malienne dans le cadre des instances de l’Ua, de la Cedeao et de l’Uemoa. Mais après la pluie, le beau temps. Il ne faut pas pousser le Mali, en l’isolant davantage, dans les bras de ceux-là qui cherchent à déstabiliser la région. Tout en restant exigeant sur les principes, il est nécessaire d’accompagner les autorités maliennes pour une transition apaisée qui débouchera à un retour de l’ordre constitutionnel. Le texte de Tiébilé Dramé sonne aussi comme un excellent rappel vis-à-vis des élites sénégalaises qui observent une distance incompréhensible vis-à-vis du drame malien, oubliant que pour nous, le Mali est une affaire de politique intérieure.
Le Sénégal doit être le premier pays concerné par la situation au Mali au regard de l’histoire et du présent. Nous sommes voisins mais aussi à chaque fois que le Mali a été dans la tourmente, notre pays a été parmi les premiers à agir.
C’est le Sénégal en 2012 qui a exfiltré et accueilli sur son sol le Président Amadou Toumani Touré. Depuis 2012, des soldats sénégalais combattent au Mali au nom de la liberté et de la démocratie. Pour rappel, ce sont ces soldats-dont certains sont tombés sur le champ d’honneur- qu’ici un voyou inculte a traité de mercenaires.
Sur le plan économique, le Mali est le premier partenaire commercial du Sénégal. Bamako est la première destination des exportations sénégalaises. Selon l’Ansd, repris par Jeune Afrique, «en 2020, le Mali a accueilli 21% des exportations de marchandises du Sénégal, soit plus que l’ensemble du continent asiatique (18 %) et dix fois le montant des ventes à destination de la France (2%)». Sur le plan symbolique, le grand dirigeant communiste malien, Tiémoko Garang Kouyaté, a été formé au Sénégal, de même que Soumaïla Cissé et son père Bocar Cissé, Ibrahim Boubacar Keïta, Moctar Ouane, entre autres élites maliennes.
Le Mali est un grand pays, avec une histoire longue et glorieuse ; de la charte de Kurukan Fuga aux révoltes démocratiques, qui ont chassé Moussa Traoré du pouvoir pour faire revenir la démocratie. C’est un pays de lettrés, de grandes figures politiques, artistiques et culturelles contemporaines comme, entre autres, Modibo Keïta, Alpha Oumar Konaré, Oumou Sangaré, Abdoulaye Konaté, le maître des arts visuels malien, à qui la 14ème Biennale de Dakar a rendu un vibrant hommage.
Le Mali ne mérite pas de sombrer dans le chaos ou dans l’autoritarisme d’un régime de colonels, encore moins dans le giron d’un nouvel impérialisme aux visées dangereuses. Le Mali doit revenir dans le camp des démocraties pour mieux faire face aux défis majeurs de la région en matière démocratique, économique et sécuritaire. En écrivant cette phrase : «Les Sénégalais du Mali font partie de l’histoire du Mali comme les Maliens du Sénégal font partie de l’histoire du Sénégal. Avec eux, tous ensemble, avec les autres peuples de la région, nous bâtirons l’avenir», Tiébilé Dramé nous interpelle, nous Sénégalais, et nous invite à aider son pays à conduire sa transition et provoquer l’irruption d’un nouveau soleil de la démocratie et du vivre-ensemble. Ensemble, en frères jumeaux.
Personnellement, Bamako est ma ville préférée au monde. J’aime y respirer l’odeur de la terre rouge et y partager le thé dans les grains où on parle politique avec passion. J’’ai hâte d’y retourner déguster la fameuse soupe de capitaine du restaurant Le Badala et admirer le calme nocturne du fleuve qui toise au loin Koulouba, la colline et sa maison des secrets.
par l'éditorialiste de seneplus, jean-claude djéréké
MONSIEUR MACRON, IL N’Y A RIEN À CLARIFIER
Les Africains vous demandent, non pas de quitter tel pays africain pour atterrir dans tel autre pays africain, mais de rentrer purement et simplement chez vous.
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 26/01/2023
Vous dites que votre pays traîne un important déficit (172,6 milliards d’euros à financer pour 2022). Vous dites aussi que l’Afrique ne vous rapporte rien, que vous y perdez au contraire beaucoup d’argent puisque l’opération militaire Barkhane au Sahel vous aurait coûté 880 millions d’euros en 2020. Les Burkinabè veulent vous aider à économiser. Alors, ils demandent le départ des 400 soldats de la force militaire Sabre installée depuis 2018 à Kamboinsin (dans la banlieue nord de la capitale). Au lieu de les remercier, puisque vous n’allez plus dépenser un seul rond, vous leur demandez des clarifications. Ah bon ? Qu’est-ce qu’il y a à clarifier ? Qu’est-ce ce qui est confus dans la décision prise par les autorités de Ouagadougou ? Un pays estime que vous ne lui servez à rien, que, malgré la présence de vos prétendues forces spéciales, les terroristes massacrent chaque jour sa population et vous lui demandez des clarifications.
Je ne sais pas si Ibrahim Traoré vous donnera les fameuses clarifications. Moi, à votre place, je plierais bagages illico presto, je prendrais mes cliques et mes claques et je rentrerais chez moi. Vous, vous manœuvreriez pour vous installer à Yamoussoukro. J’espère que l’opposition ivoirienne ne permettra pas pareilles foutaise et fuite en avant. Les gars, que voulez-vous à la fin ? Les Africains vous demandent, non pas de quitter tel pays africain pour atterrir dans tel autre pays africain, mais de rentrer purement et simplement chez vous. Comme ça, vous ne perdrez plus ni vos enfants ni vos euros. Est-ce difficile à comprendre ? Où est votre dignité ? Où mettez-vous votre honneur et votre fierté ?
Donc, si je comprends bien, vous vous accrochez à l’Afrique parce qu’elle vous rapporte gros, parce que c’est votre vache à lait, parce que, sans elle, vous n’êtes rien et vous ne valez rien.
Macron, n’est-ce pas vous qui affirmiez que les Africains devaient s’assumer, qu’ils pouvaient abandonner le franc CFA s’ils le voulaient ? Aujourd’hui, ils vous répondent qu’ils n’ont plus besoin de la France, qu’ils veulent travailler avec d’autres partenaires et ça devient un drame. Pourquoi ? Donc vous n’étiez pas sincère quand vous invitiez les Africains à prendre leurs responsabilités ?
D’ailleurs, si chacun reste un peu chez lui, ça fait quoi ? Marine Le Pen a déclaré que le Burkina était un pays souverain et que sa décision méritait d'être respectée. Respect à elle et honte à ceux qui réclament des clarifications !
PAR Madieye Mbodj
EN ATTENDANT LE PROCÈS DU SIÈCLE, LE SENEGAL AU BORD DU PRÉCIPICE
Peut-on raisonnablement demander aux citoyens de notre pays de se laisser injustement écraser au nom du respect d’une Constitution ou d’institutions constamment manipulées et piétinées impunément par les plus hautes autorités ?
Fin 1894 en France sous la Troisième République, la condamnation du capitaine Alfred Dreyfus, accusé faussement d’avoir livré des documents secrets à l'Empire allemand, avait défrayé la chronique. Ce prétendu dossier d’espionnage, reposant sur le travestissement délibéré de la vérité des faits au nom de la raison d’Etat – du complot d’Etat pourrions-nous dire, avait suscité le célèbre article de l’écrivain Emile Zola : « J’accuse ! », entrainé la mobilisation de la presse et de l’opinion publique dans un contexte de crise politique et sociale aigue. Cette affaire, considérée comme un symbole avéré de l'injustice au nom de la raison d'État, reste l'un des exemples les plus marquants d'une erreur judiciaire difficilement réparée. Elle finira douze longues années plus tard, par faire ‘’pschitt’’, avec l’acquittement et la réhabilitation du capitaine Dreyfus.
Au Sénégal, plus d’un siècle après, la tragi-comédie mal montée et présentée sous l’appellation « Affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko » ou plus exactement « Complot de l’Etat APR/ BBY contre Ousmane Sonko », va connaitre son épilogue à l’issue, nous dit-on, de ce qu’un journal de la place a désigné comme « le procès du siècle ». Le juge d’instruction Oumar Maham Diallo vient en effet de signer l’ordonnance de renvoi et de mise en accusation du leader de Pastef-Les Patriotes devant la chambre criminelle pour une affaire qui aurait dû se conclure sur un non-lieu ou même être classée sans suite dès l’enquête préliminaire, s’il ne s’agissait que de dire le droit et de rendre la justice. Qui aurait donc peur du procès, d’un vrai et non d’un simulacre de procès ? Certainement pas Ousmane Sonko qui, dès qu’il a été arraché des griffes de l’appareil répressif de Macky Sall par la résistance et la mobilisation populaires, a formulé lors de sa conférence de presse instantanée du 8 mars 2021, la ferme exigence, entre autres, de tenue au plus vite d’un procès équitable et impartial, pour faire la lumière sur cette sombre affaire. Et le président de Pastef-Les Patriotes d’ajouter alors : « La révolution est déjà lancée, rien ni personne ne pourra l’arrêter. Il faut garder cette mobilisation, il faut qu’elle soit beaucoup plus importante même, mais il faut surtout qu’elle soit pacifique », qu’elle respecte même le mandat du président en exercice jusqu’à son terme normal de 2024 et qu’en plus, elle soit accompagnée du dépôt des armes dans les six mois auprès des forces nationales de sécurité, en vue du retour définitif de la paix en Casamance. Voilà le message profondément républicain, d‘attachement à la paix et à l’unité nationale, lancé par le président de Pastef. C’est pourtant cet homme qui est inlassablement dépeint sous toutes les coutures, par les thuriféraires du système en place, comme l’incarnation du diable, de la violence, du terrorisme djihadiste, du populisme, du rejet des valeurs de la démocratie et de la république- heureusement que le ridicule ne tue point !
Ce même jour du 8 mars 2021, dans la soirée, le Tartuffe en chef du Macky, faisant écho au message de Sonko, appela nos compatriotes «au calme et à la sérénité », en exhortant à laisser la justice « suivre son cours en toute indépendance ». Simple allocution de circonstance : en lieu et place d’un procès dans les règles de l’art, le régime champion du wax waxet, s’est employé deux ans durant, à présenter à l’opinion sénégalaise, africaine et internationale une sordide affaire de viol, montée de toute pièce par une jeune fille manipulée et une officine de malfaiteurs.
Procès pour dire le droit et faire éclater la vérité, ou alors véritable simulacre de procès pour éliminer à tout prix un adversaire politique empêcheur de tourner en rond ? Où est le droit quand le certificat médical dûment établi écarte scientifiquement non seulement le viol mais même tout rapport sexuel deux jours au moins avant cette date du 2 février 2021 ? Où est le droit quand le médecin gynécologue, Alfousseynou Gaye, incorruptible et courageux, auteur du rapport médical, dénonce, résultats des réquisitions de la Sonatel et autres preuves à l’appui, les pressions et menaces subies avant, pendant et après l’acte supposé, laissant pourtant insensibles les autorités politiques et judiciaires ? Où est le droit quand le juge d’instruction entend se suffire des seules déclarations – d’ailleurs contradictoires – de la plaignante, alors que pour l’opposant candidat à la présidentielle de février 2024 Ousmane Sonko, il ignore soigneusement le certificat médical, pièce maitresse dans un dossier de viol ? N’est-ce pas pourtant le certificat médical qui a été pris en compte – pour n’évoquer ici que deux cas récents – pour accabler et faire incarcérer le sieur Sitor Ndour ou pour innocenter un certain Kaliphone Sall d’une accusation de viol ? Où est le droit quand le juge d’instruction et son procureur veulent écarter royalement deux pièces à conviction majeures versées au dossier, sous prétexte qu’elles n’auraient rien à voir avec l’affaire (sic !), à savoir d’une part, le rapport interne officiel de la gendarmerie nationale donnant les clés du complot et les pièces du puzzle mis au point jusqu’en haut lieu de l’Etat central ; d’autre part les audios authentifiés par la prétendue victime, au demeurant méticuleusement planquée, couvée et coachée, mais qui désigne elle-même le complot, les commanditaires, complices et comparses ? A-t-on rangé dans les placards des oublis volontaires la récente condamnation du rappeur Kilifeu sur la base d’enregistrements privés effectués à son insu et aussitôt ‘’fuités‘’, ce sans aucune objection d’illégalité ? Où sont le droit et la justice quand « les lieux du crime » sont ‘’effacés’’ avec empressement au lieu d‘être mis sous scellé pour l’éventuelle reconstitution des faits, comme s’il fallait détruire tout de suite tout indice de … non culpabilité de l’accusé !? En un mot comme en mille, où sont le droit, la justice et le procès équitable quand le juge choisit délibérément d’instruire uniquement à charge, écartant systématiquement toute pièce ou tout témoignage à décharge ?
Peut-on raisonnablement demander aux citoyens de notre pays de se laisser injustement écraser au nom du devoir de respect d’une Constitution ou d’institutions constamment manipulées et piétinées impunément par les plus hautes autorités de l’Exécutif, du législatif et du judiciaire pataugeant dans la même mélasse ? Peut-on reprocher à un honnête citoyen de refuser de se laisser conduire à l’échafaud sans résistance ? Comme le soulignait un patriote l’autre jour, même le bœuf à abattre n’attendrait pas le moment du couteau sur la gorge pour se rebiffer si, sur le chemin vers l’abattoir, il était conscient du sort qui l’y attendait !
La menace est là, le bateau Sénégal tangue dangereusement au bord du précipice judiciaire, politique, intellectuel, moral, social et pourtant certains se frottent les mains et se lèchent les babines, devant « la ronde des hyènes autour des cimetières, la terre gorgée de sang, les képis qui ricanent… » (David Diop). Ce sont, entre autres, ces politiciens professionnels prédateurs et spoliateurs, les ‘’intellectuels du ventre’’ grands couturiers pour Constitutions à la taille du client, les agités qui appellent ouvertement et impunément au meurtre ! Il y a les renégats-capitulards, les ralliés et les mercenaires de la plume, de la voix ou de l’image qui font les yeux doux au Prince pour de juteux privilèges ou prébendes. Il y a les adeptes du ‘‘tout sauf Sonko’’ qui piaffent d’impatience à l’idée de se frotter vivement les mains en clamant : bon débarras !
L’adage le souligne bien, « qui ne dit rien consent » (« seetaan ci sat la bokk »). Il avait raison cet auteur, de tenir aussi pour responsables du drame infligé à Albert Dreyfus, tous ceux qui, à l’époque, n’ont osé ni lever le petit doigt ni élever la voix. Fort heureusement, les patriotes dignes et debout sont présents dans toutes les sphères du tissu social national et africain : il y a des professeurs émérites de la trempe de Kader Bôye, il y a jusqu’au Bâtonnier de l’Ordre des Avocats Mamadou Seck s’adressant en ces termes aux magistrats du siège comme du parquet lors de la toute récente audience solennelle de rentrée des Cours et Tribunaux 2022-2023 : « Les principes essentiels de votre profession ne sont pas des slogans que l’on brandit comme un étendard, ils sont les conditions cumulatives et nécessaires du respect et de l’acceptation des décisions de justice par les justiciables ». Une justice qui veut se faire respecter est celle-là qui commence par se respecter soi-même, jalouse de son indépendance au nom de sa propre crédibilité et de sa capacité à inspirer confiance aux justiciables. Il y a le valeureux Capitaine Touré et la brave dame Ndèye Khady Ndiaye, il y a les journalistes debout, comme il y a tous les citoyens anonymes des couches populaires des villes et des campagnes, qui comprennent que le peuple est supérieur aux institutions, que la justice est rendue au nom du peuple, et qui se mobilisent vigilants et déterminés face au monstre du palais du gouverneur général : halte là, vous ne passerez pas ! Où se trouve la légitimité d’un pouvoir prêt à brûler son pays afin de s’octroyer par la dictature un 3ème mandat présidentiel, de cinq ans, trahissant toutes les normes de la Constitution et de l’éthique, après s’être arrangé auparavant pour décerner un mandat de dépôt de cinq ans contre son principal opposant ? Où se trouve la légitimité d’un pouvoir prêt à empêcher la révision légale ordinaire des listes électorales, du 1er février au 31 juillet 2023, susceptible de permettre l’enrôlement de plus d’un million de jeunes en âge d’aller voter ? Où se trouve la légitimité d’un pouvoir capable de dilapider les milliards du fonds Covid, tel que mis en lumière par le récent rapport de la Cour des comptes, au grand dam des malades, des personnels et structures de santé ? Un pouvoir expert dans l’art de brader nos ressources foncières, minières, pétrolières, gazières et autre ? Un pouvoir incapable de donner, onze années durant, les réponses adéquates face aux inondations récurrentes, à la vie chère, au chômage des jeunes, aux inégalités sociales criardes, aux accidents meurtriers de la route, aux crises cycliques du secteur public de l’école et de la santé, au blanchiment de l’argent sale, aux scandales à milliards jamais punis, à l’insécurité ambiante, aux assassinats et aux disparitions forcées sans suite, et j’en passe ? Où se trouve la légitimité d’un pouvoir qui accorde en catimini une audience de plusieurs heures, révélée par la presse française elle-même, à Marine Le Pen tête de file de l’extrême droite française raciste, qui voue aux gémonies nos compatriotes africains et afro-descendants vivant en France ? Où se trouve la légitimité d’un pouvoir qui s’autorise de ‘’démissionner’’ et d’exclure de l’Assemblée nationale, en violation préméditée de la Constitution et du Règlement intérieur de cette ‘’auguste institution’’, une députée dont le tort est de s’affilier, en toute légalité, au Groupe des non-inscrits en lieu et place de l’APR-BBY et de ramer à contre-courant de la vague du 3ème mandat ?
En attendant « le procès du siècle »: résistance, résistance de l’est à l’ouest, du nord au sud ; car comme Godot qui dans la pièce de Samuel Becket ne viendra pas ce soir-là, « le procès du siècle » n’aura pas lieu. Tous les faits le démontrent amplement : dans la société d’oppression et d’exploitation, il n’y a qu’un Etat de classe et qu’une justice de classe au service des classes de domination. « Le procès du siècle » n’aura pas lieu, d’autant plus que le seul procès qui vaille, c’est celui des systèmes autocratiques de servitude volontaire, de prédation et d’injustices dont il est urgent de débarrasser le Sénégal et l’Afrique toute entière.
Madieye Mbodj est membre du bureau politique de Pastef-Les Patriotes, vice-président chargé de la vie politique nationale.
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
ET SI ISMAÏLA MADIOR FALL AVAIT RAISON
EXCLUSIF SENEPLUS - Quand un ministre de la Justice dit que le troisième mandat n’est pas une question de loi mais le résultat d’un rapport de forces, on a l’impérieux devoir de résister. Le temps est venu de remettre la République sur ses pieds
On en a glosé, on s’en est indigné, il est même « wanted » comme les cowboys hors la loi : Ismaila Madior Fall (IMF) est un diseur de vérités...invraisemblables. La loi, n’y croient que ceux qui ignorent les rapports de forces qui sous-tendent son élaboration, sa conception et ses objectifs conjoncturels. Sinon, on s’expliquerait mal la facilité avec laquelle ses « gardiens », les autorités, s’y essuient leurs babouches. La loi, c’est pour les bigots, les ignares du fonctionnement d’un État, de la géométrie aléatoire de son application. La loi, dépouillée de ses attributs populaires est une vieille chaussette, avec le même destin : la poubelle...
Parceque voyez-vous, pour que la loi soit respectée, pour qu’elle fonctionne comme régulateur sociétale, il faut des gens (dirigeants surtout) qui croient en elle, la protège des dérives et autres forces négationnistes. Bref, il faut des intégristes de la loi, de la légalité. Et le moins qu’on puisse dire, (en tout cas observer), c’est que sous nos cieux, nos gouvernants ont des rapports incestueux avec les lois. Ils en ont fait un généreux machin de la République qu’on peut abuser selon les urgences politiques du moment..
Oui, IMF a parfaitement raison : il faut un rapport de forces (nombres de cartes vendues) pour appliquer (faire appliquer) la loi, comme il faut aussi un rapport de forces pour la piétiner.
J’ai lu quelque part cette phrase d’un grand avocat américain à l’époque de la guerre de Sécession : « nous sommes tous égaux devant la justice à condition de payer le prix fort ». Cette phrase a priori contradictoire dans ses termes est pourtant d’une lucidité remarquable : on peut acheter les conditions de son avènement. Tous égaux devant la justice, théoriquement, mais quand les éléments qui peuvent et doivent la rendre possible et égale pour tous sont pipés, elle dévoile son hideuse hypocrisie. Quand un procureur oublie qu’il officie pour la société et traficote un rapport d’un gendarme ; quand ce gendarme est radié pour avoir refusé de rapporter ce que l’enquête n’a pas révélé ; quand un juge rejette tous les éléments de preuves de la défense y compris le rapport du légiste, ainsi que d’autres éléments audios et témoignages notamment, il faut être d’une hypocrisie crasse pour dire à l’accusé : va quand même au procès.
De quel procès il s’agira ? Il ne s’agit ni plus ni moins que de la guillotine, d’un échafaud déjà dressé qui attend le cou de l’agneau. Dès lors, à l’agneau de résister avec ses armes (ses pattes, ses cornes, sa pisse dans les yeux du bourreau et même de lui chier dessus) au couteau aiguisé du bourreau ; il a le droit et le devoir de défendre sa vie. Évidement, la loi ayant été remisée dans le débarras d’une gouvernance hors la loi, l’agneau peut être ligoté des quatre pattes, la bouche scotchée pour qu’on n’entende pas ses cris, et livré de force devant une Cour criminelle sans preuves d’un crime. L’agneau peut et doit résister avec l’armée des siens. Toute autre attitude serait un suicicide « consenti »!.
La loi et la Constitution enterrées au cimetière des valeurs de la République, on est en face d’un État voyou avec une gouvernance délinquante. Quand la parole donnée est aussi insignifiante que du pipi de chat ; quand la Constitution devient un chiffon entre les mains de ceux qui devaient la couver, la maintenir d’un blanc de linceul, quand un ministre de la Justice dit à haute et intelligible voix que le troisième mandat n’est pas une question de loi (constitutionnelle) mais le résultat d’un rapport de forces (nombre de cartes vendues), alors oui, on (les démocrates, le peuple, les citoyens) a l’impérieux devoir de résister pour défendre la loi et la Constitution...
J’ai lu quelque part dans la presse guinéenne que le « chef de file » de l’opposition de ce pays est réfugié à Dakar depuis mars de l'année dernière. Celui-là même qui s’était opposé à mort au projet de troisième mandat d’Alpha Condé ainsi qu’à un référendum sur la Constitution. Avec d’autres partis politiques et associations de la société civile de son pays, il avait mené une guerre des tranchées dans un cadre dénommé Frant National pour la Défense de la Constitution (FNDC). Je pense que l’opposition et la société civile sénégalaises devraient elles aussi créer le Front national pour la défense de L’intégrité de la Constitution (FNDIC).
Surtout qu’hier, mardi 24 janvier, les députés de Benno et de Wallu, ont souillé non seulement la Constitution, mais aussi le règlement intérieur de notre auguste Assemblée en défenestrant une parlementaire contre toutes les règles juridiques de notre Constitution et de l’Assemblée. La violation de la Constitution et du réglement de l’Assemblée nationale est pire que l’enlèvement des urnes. Ici, il s’agit de la violence faite à ce qui fonde notre vie en société.
Aussi, à moins de lui demander de se coucher, d’offrir son cou aux bouchers d’un État voyou, Ousmane Sonko a le droit (grâce à la Constitution) et le devoir de résister pour défendre sa vie. Les hypocrites qui lui demandent « d’aller au procès » n’ont qu’a descendre demain dans la rue au sein d’un Front national de défense de l’intégrité de la Constitution pour dire au président de respecter le Constitution, aux magistrats de juger au nom et pour le peuple, aux forces de sécurité de « défendre » et « protéger » (selon leur devise) les populations et non un régime (qui est passager). Bref, le temps est venu de remettre la République sur ses pieds.
Athia athia ! gatsa gatsa !
PAR Khalifa Ababacar Sall
ENCORE UNE BALAFRE FAITE À LA DÉMOCRATIE
Qui eût cru que le parti APR, instruit de l’injustice vécue par les députés Moustapha Cissé Lo et Mbaye Ndiaye en janvier 2009 puiserait dans la même fontaine de l’illégalité pour étancher sa soif de pouvoir.
« Encore une balafre faite à la démocratie. La déchéance de l’élue du peuple, Aminata Touré de son mandat de député constitue une énième violation de la loi qui sape les fondements de l’équilibre des pouvoirs. Ce coup de force du régime pour se constituer une majorité fictive fait, davantage, de l’Assemblée nationale une zone de non droit.
Qui eût cru que le parti APR, instruit de l’injustice vécue par les députés Moustapha Cissé Lo et Mbaye Ndiaye en janvier 2009 puiserait dans la même fontaine de l’illégalité pour étancher sa soif de pouvoir.
Rien de surprenant au regard de la posture anticonstitutionnelle adoptée par le président Macky Sall sur la question du troisième mandat qui, en 2012 était un combat commun. Toutefois, face à l’audace des fossoyeurs de notre démocratie, la détermination de ceux qui incarnent la raison constitue la seule réponse efficace.
La démocratie c’est des règles et chaque pouvoir doit conformer son action à la Constitution et aux normes de droit afin de préserver le socle de la République. Au demeurant, je dénonce vigoureusement cette forfaiture et apporte mon soutien total à l’honorable député Aminata Touré. »
PAR Mamadou Bamba NDIAYE
ALIOUNE TINE RAMÈNE SA CPI
Décidément, le ridicule ne tue toujours pas. Voilà qu’Alioune Tine, pompier pyromane s’il en est, demande la mobilisation de la Cour pénale internationale (CPI) pour sauver le Sénégal qui serait, selon lui, en proie à la "guerre civile".
Décidément, le ridicule ne tue toujours pas. Voilà qu’Alioune Tine, pompier pyromane s’il en est, demande la mobilisation de la Cour pénale internationale (CPI) pour sauver le Sénégal qui serait, selon lui, en proie à la "guerre civile".
Le Sénégal, ce havre de paix dans une sous-région ouest-africaine endeuillée par la violence et le terrorisme. Le Sénégal, ce modèle de démocratie dont le système électoral est vanté pour ses résultats aussi bien par le pouvoir, l’opposition que les observateurs internationaux. Le Sénégal, cette économie en pleine croissance et en modernisation accélérée. Ce Sénégal-là, selon M. Tine, mériterait que l’Onu et les Usa, en plus de la CPI, se penchent sur son lit de mort, toutes affaires cessantes. Mais il ne cite pas la Russie et la Chine, relève-t-on.
La raison de cet appel désespéré au secours ? Uniquement, à l’écouter, les débordements langagiers devenus banals d’un leader politique terrorisé par la perspective de devoir s’expliquer sur un crime de viol dont il est inculpé par un magistrat. Ces propos d’après-boire, excessifs et donc insignifiants, ont pourtant été tenus au cours d’une réunion légalement organisée au bout de laquelle la foule s’est dispersée tranquillement, sous la protection de la police, sans aucun incident noté. Tout s’est passé normalement comme chaque jour au Sénégal.
Alors pourquoi un tel appel aussi totalement hors-sol, hors-sujet et hors-jeu ? Pourquoi cette dramatisation outrancière de propos de campagne pré-électorale éructés par un Bolsonaro des savanes ? Faudrait-il retenir l’hypothèse de ceux qui pensent que le vrai motif de ces cris d’orfraie serait plutôt relatif à la déculottée que nos forces de défense et de sécurité infligent aux cultivateurs de drogue et autres pillards de forêt ? On ne pourrait décemment pas dénoncer à la CPI le démantèlement de bandes mafieuses. Alors, on invente et on invoque le concept fumeux de la "transition concertée" pour espérer obtenir par la manipulation ce qu’on a irrémédiablement perdu sur le terrain ?
Si la CPI doit surveiller quelqu’un au Sénégal, c’est bien l’ami de M. Tine, qui a déclaré publiquement son intention de tuer. Il faudra bien d’ailleurs qu’elle soit saisie pour l’ensemble de l’œuvre mortifère de celui qui incarne jusqu’à la caricature l’irresponsabilité politique et l’inculture démocratique. Et dont le bilan consistera uniquement en un décompte macabre de morts et de blessés et une litanie d’injures à l’adresse de tous les Sénégalais respectés par leurs compatriotes. Un frustré travaillé en permanence par une pulsion de haine, de rancœur et de rébellion.
Les Sénégalais ont raison de continuer à vaquer tranquillement à leurs occupations trois jours après la déclaration officielle de la "guerre civile" de Tine et consorts. Parce qu’ils savent que "yòbbante gal-gal ubul làmb". Dit autrement, il y a loin de la coupe aux lèvres. Les gesticulations et les bravades des protégés de Tine ne pourront que s’effacer devant la maturité d’un peuple qui attend patiemment d’exercer sa souveraineté en février 2024. Parions qu’ils se mordront alors les doigts, tout comme les extrémistes de 2012.
par Momar Dieng
MIMI VICTIME DE LA VENGEANCE DE MACKY ET DES WADE
Aminata Touré restait sous la menace. Celle du président à qui elle a compliqué la tâche en devenant non inscrite et celle de son prédécesseur qui ne lui pardonnera jamais d’avoir contribué à mettre son fils en prison
Celle qui avait conduit la liste nationale de la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar (BBY) aux élections législatives du 31 juillet 2022 n’est plus…députée. Aminata Touré vient d’être déchue de son mandat de parlementaire par le Bureau de l’Assemblée nationale réunie en session d’urgence cet après-midi. C’est le « coup fourré » senti par Mamadou Lamine Diallo à l’annonce de cette rencontre imprévue au calendrier. Sur les 16 membres du Bureau, 10 ont voté pour le retrait de son mandat (Benno et Wallu) contre sept. Diallo a dit avoir voté contre l'exclusion.
Sur son compte Twitter, Aminata Touré a réagi en ces termes : « Je viens d’apprendre mon exclusion de l’Assemblée nationale par @Macky Sall en totale violation de la loi. Je reste plus que jamais déterminée à poursuivre mon combat pour l’enracinement de la Démocratie sénégalaise et contre sa tentative de 3e mandat moralement et juridiquement inacceptable. »
Aminata Touré va sans doute saisir les juridictions compétentes pour invalider son exclusion de l’Assemblée nationale. Mais au vu du traitement des affaires politiques par la justice sénégalaise, il est plus que probable qu'elle n'obtiendra pas gain de cause sauf miracle.
Selon plusieurs médias Aminata Touré a été victime des membres BBY du Bureau mais aussi et surtout de certains de ses collègues de la coalition Wallu dominée par le Parti démocratique sénégalais (PDS) de l’ancien président Abdoulaye Wade.
Au lendemain des législatives, ne souhaitant plus rester dans le groupe parlementaire Benno, elle avait choisi de devenir députée non inscrite en adressant une correspondance dans ce sens au président de l’Assemblée nationale le 9 octobre 2022, tout en se gardant de parler de « démission ». En effet, selon l’article 60 de la Constitution, « Tout député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat. »
Le camp présidentiel n’a jamais digéré le revirement d’Aminata Touré. Une colère renforcée d’ailleurs par l’extrême faiblesse de la marge de manœuvre de Benno dans une Assemblée nationale où les rapports de forces sont légèrement en défaveur de Yewwi Askan Wi. Et à plusieurs reprises, Oumar Youm, président du groupe parlementaire BBY, et d’autres responsables ont théorisé le principe de la « démission » de l’ex tête de liste nationale sans aller plus loin. Apparemment, le dossier était en « instruction » ! Certains diraient que la vengeance est un plat qui se mange froid.
Du côté du Pds, il n’a jamais été pardonné à Aminata Touré son « rôle » dans la descente aux enfers de Karim Wade après la chute de Me Wade en 2012. Les libéraux considèrent en effet l’ancienne Première ministre comme l’artisan du procès dit des « biens mal acquis » au terme duquel Karim Wade avait été condamné à six ans de prison et à 138 milliards de francs CFA d’amende. Après quelques mois en prison, il avait été nuitamment exilé au Qatar en 2015, déchu de ses droits politiques. Depuis, il n’a plus remis les pieds au Sénégal en dépit de plusieurs effets d’annonce restés sans lendemain.
Pour rappel, il y a les jurisprudences Mbaye Ndiaye et Moustapha Cissé Lô. Députés de la mouvance présidentielle wadiste en 2008, ils avaient rejoint l’opposant Macky Sall en rupture avec son mentor. Le Bureau de l’Assemblée nationale les avait alors déchus de leur mandat en dépit des protestations de…Macky Sall. Celui-ci, arrivé au pouvoir en 2012, formalisa leur statut de député et ordonna le paiement rétroactif de leurs salaires et indemnités…