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10 avril 2025
Opinions
par Mouhamed Abdallah Ly
MULTIPLE PHOTOS
À PROPOS DES MOTS DE LA RÉSISTANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - « Projet bi », « mu sell mi », « focus », « mortal combat », « deuxième vague », « maintien rekk ! »... Analyse de l’inventivité lexicale des jeunes engagés dans la « résistance » prônée par Ousmane Sonko
Si l’on pense comme Bourdieu que parler est un « jeu aux enjeux notoires » (1982) ou encore comme Foucault que les mots font partie de « ce par quoi et pour quoi les acteurs sociaux luttent (1971), sans doute conviendrait-il de s’intéresser à l’inventivité lexicale des jeunes sénégalais engagés dans la « résistance » prônée par le président Ousmane Sonko. Ces jeunes, qu’on le veuille ou non, constituent l’avant-garde des franges de la société qui portent une exigence d’émancipation du Sénégal, vis-à-vis des puissances impérialistes, ainsi qu’une quête radicale de démocratisation et de moralisation de la vie politique. Le rapport de force qui les confronte aux réseaux de pouvoirs institués a un versant lexical.
En effet, les jeunes insurgés opposent, à ceux qui cherchent à pérenniser l’ordre dominant des mots d’ordre, sinon des mots, tandis que leurs antagonistes, forts d’une « idéologie d’aînesse » (Mbembe, 1985), leur jettent à la figure des critiques fondamentalement normatives. Or, cette polarisation ne fait que renforcer le pouvoir d’identification des jeunes à des mots et à des mots d’ordre qui deviennent en quelque sorte l’emblème de leur appartenance à une « communauté de résistance ».
Ainsi, ces mots et expressions font partie de « l’idiome commun » à travers lequel ils échangent, se reconnaissent, s’encouragent, bref s’inscrivent dans une sociabilité langagière des « insurgés ». La notion « d’idiome commun » pourrait être perçue, ici, comme inappropriée car au fond, c’est uniquement à un niveau lexical, et non syntaxique ou phonétique par exemple, que ces jeunes militants se distinguent. Mais il n’en demeure pas moins que leur vocabulaire finit par avoir quelque peu la matérialité d’un « we code » (Gumperz, 1989) à travers lequel ils renforcent leur cohésion tout en se démarquant des « locuteurs-conservateurs » du « système ».
Du point de vue sociolinguistique, ces mots et expressions tels que « projet bi », « mu sell mi », « focus », « mortal combat », « deuxième vague », « maintien rekk ! », etc. sont forgés via les mécanismes de l’emprunt (« focus », « projet »), de l’alternance codique (« maintien rekk »), du jeu avec le langage (« sélection présidentielle » vs « élection présidentielle »), du détournement de mots (« dealogue » pour « dialogue »), de l’extension de sens (« deuxième vague »), etc. A y regarder de près, la fabrique de ces mots et mots d’ordre démarcatifs, et non moins subversifs, ne relève pas du jaillissement de signifiants nouveaux mais repose sur un réordonnancement de signifiants déjà-là. Néanmoins, ce réordonnancement s’opère dans un écart à la langue admise lorsqu’il s’agit du wolof et dans une distanciation par rapport à la norme scolaire lorsqu’il s’agit du français. Passons au crible la dernière trouvaille en vogue : « maintien rekk ! ». Cette expression a conquis depuis quelques semaines une saillance et une récurrence dans les dits et écrits des jeunes résistants. « Maintien rekk » n’est pas né ex nihilo. L’expression a été forgée par des acteurs précis, dans un contexte précis, que l’on peut retracer en lisant le récit qui va suivre.
« C’est en subissant l’épreuve du feu que le fer gagne en éclat »
Bentaleb Sow est un jeune sénégalais membre de Pastef-Les patriotes mais aussi membre de FRAPP, France Dégage ! (voir première photo en illustration)
Son militantisme dans ces deux foyers ardents de la résistance lui ont valu d’avoir eu plusieurs fois maille à partir avec la justice. En août 2017 déjà, il avait été arrêté en compagnie de Kémi Seba, après une plainte de la BCEAO qui leur reprochait d’avoir brûlé un billet de 5000 CFA. Dans le contexte du projet de décapitation de Pastef et de liquidation du président Sonko, Bentaleb Sow ne pouvait que difficilement échapper à la traque qui a envoyé près d’un millier de personnes en prison. Élargi, il y a quelques semaines, après onze journées d’interrogatoires, voici globalement ce qu’il a raconté sur sa page Facebook : « J'ai été kidnappé le 31 mai à 19h par des éléments en civil de la gendarmerie sans qu'aucune infraction ne me soit notifiée. J'ai été entendu devant maître Michel Mahécor Diouf qui lui aussi était étonné que pendant toute l'audition aucune infraction ne m'ait été notifiée. C'était du « je t'arrête et après je cherche quoi te coller ». Et pour ça faut pas compter sur Bentaleb. Ils ont mis sur la table plus d'une vingtaine de captures de mes posts (surtout ceux des évènements de Ziguinchor), sur la cagnotte des veilleurs, sur « l'attaque » des maisons de responsables politiques. Ils m'ont fiché (photos, empreintes et tout le reste) et le jeudi soir, au moment de signer mon pv d'audition, j'ai découvert les charges retenues contre ma petite personne : atteinte à la sûreté de l'État, participation à des attroupements. J'ai été déféré au parquet le vendredi et voilà le début du processus visant à casser mon moral. 11 nuits de privation de liberté, enfermé entre 4 murs et 6 retours de parquets, me traînant chaque jour entre la cave du tribunal et les cellules de la Section de recherche. J'ai alors décidé d'entamer le jeudi une grève de la faim illimitée et totale pour le respect de mes droits malgré la réticence de mes avocats dont Ndeye Coumba Kane (amuma sa fay ! Toujours présente) et maître Tall sous le regard de maîtres Moussa Sarr, Bamba Cissé, Faty Diallo senior et junior. J'avais les arguments pour ! Je ne suis pas un mouton qu'on trimballe chaque jour d'enclos à enclos et si je savais que cette séquestration allait durer plus d'une semaine j'allais entamer cette grève depuis fort longtemps. Je préfère mourir dans la dignité que de vivre dans le déshonneur. Le samedi j'ai été réveillé en plein sommeil vers 16h pour que le commandant me dise que le procureur a ordonné ma remise en liberté. Ni la ci tollu, Ñoo ci bokk yem C'est définitivement clair que cette arrestation visait à me casser et surtout casser une ligne de communication qui dérange (arrestation préventive). Avec moi ça sera toujours des informations claires, fiables et en temps réel. J'ai mis toutes mes connaissances en guise de contribution au Projet: que ce soit le graphisme, la com digitale , les quelques petites notions en sécurité informatique que j'ai grattées au fil des années de formation (malgré le manque de régularité à l'école depuis 2 années à cause des évènements successifs) et mon XP en militantisme à l'école du FRAPP sous la vigilance de nos doyens de la gauche. Que ça soit dehors ou en prison, rien n'arrêtera ni ne stoppera notre impact si ce n'est la mort et ce jour nous aurons le sentiment du devoir accompli. À la Section de recherche (SR), j'ai laissé Vito et Patrick Boucal calmes, souriants et toujours déterminés. J'y ai laissé aussi les 14 femmes du bois sacré qui ont refusé le bracelet électronique. À la cave j'ai rencontré au fil des jours pas moins de 300 personnes dans les liens de la détention. 9 sur 10 ont été torturés avec des cicatrices visibles. Un agent de santé a été dépêché à plusieurs reprises pour soigner des blessés. À la cave j'ai laissé aussi un Pape Abdoulaye Touré toujours debout malgré ses deux fractures. Je le taquinais en lui disant que toi tant que ta langue fonctionne ça va. Jambaar la ! J'y ai côtoyé la sister Falla Fleur pendant quelques jours. Ça a été dur pour moi le jour où elle a été placée sous mandat de dépôt mais c'est elle qui me disait : bro maintien rekk! ».
La résilience d’une Fleur bourgeonne forcément de résistance
Depuis ce récit fort émouvant de Bentaleb Sow, l’expression « maintien rekk ! » que lui a lancée Falla Fleur a fleuri dans la bouche des jeunes résistants. Pour rappel, Ndèye Fatou Fall, alias Falla Fleur (voir photo d’illustration 2), est une jeune sénégalaise, juriste de formation. Elle travaille dans une société de la place qui officie au Port Autonome de Dakar. Elle est très suivie sur Facebook et sa page y a gagné récemment une plus grande notoriété après qu’elle a livré à ses followers un reportage détaillé et minutieux et pratiquement en direct du procès sur l’affaire « Sweet beauty ».
Falla Fleur a été quelques jours après sa prouesse arrêtée et détenue car accusée d’avoir incité à la violence. Il est important de noter qu’elle avait déjà été arrêtée et battue en mars 2021, son visage candide en a longtemps porté d’ailleurs les stigmates. C’est de la bouche, disons du cœur, non plutôt des tripes, de cette jeune lionne qu’est sortie l’expression « maintien rekk ! » aujourd’hui en vogue. C’est donc bien dans les rigueurs du violon de la Section recherche, dans sa moiteur, entre les corps maltraités, entre les cœurs blessés, entre les esprits révoltés, que l’expression a jailli. Elle ne vient pas de l’imagination fertile d’un expert en com, qui entre un steak tartare et un expresso, dégustés à la terrasse d’un restaurant huppé d’un hôtel dakarois, pianote sur son MacBook, dernier cri, de quoi livrer une commande à des politiques qui cherchent à ferrer l’électorat jeune. « Maintien rekk ! » est une expression de la résistance, par une résistante et pour un résistant. Son destin est dès lors d’avoir le parcours le plus démocratique qui soit parmi le peuple des résistants. Soit dit-en passant le « jeal » (prison) d’où il a jailli a un poids considérable dans l’imaginaire qui se dégage du hip-hop, du parler des quartiers défavorisés, de la banlieue, bref des espaces qui fécondent une sous-culture en rupture avec les espaces mainstream, médiatiques et publicitaires.
De quoi « maintien rekk » est-il au juste le nom ?
« Maintien » est un mot polysémique de la langue française puisqu’il renvoie à « la manière d’être extérieure d’une personne » (maintien assuré, imiter le maintien de quelqu’un…). Mais il renvoie surtout à « l’action de maintenir » (maintien d’une candidature, maintien d’une inculpation, maintien dans les lieux de la détention, maintien sous les drapeaux…). Néanmoins, toutes ces acceptions valent pour le français normé pour ne pas dire hexagonal. Pour ce que l’on appelle le « français d’Afrique », et particulièrement pour ce qui est des particularités lexicales plus ou moins propres au Sénégal, « maintien » est très marqué par le sociolecte des sportifs (Sow, 2013). Il indique, entre autres, l’objectif de « maintien » dans une ligue donnée ; par exemple « les Samba Lingeer ont assuré le maintien » pour dire que l’équipe de la Linguère de Saint-Louis est assurée de jouer dans la division d’élite du championnat national, l’année d’après. L’expression renvoie surtout « au maintien d’une forme physique ». Par exemple, « yaa ngi maintien ? ; ci maintien laa nekk ; bul bàyyi maintien bi », sont des expressions qui parlent de la situation où un sportif doit continuer à entretenir une forme supposée idéale qu’il a acquise à force d’endurance et de persévérance. Il doit le plus souvent garder cette forme physique jugée idoine en vue d’une épreuve, d’une compétition plus ou moins proche voire imminente. Les lutteurs sénégalais, par exemple, utilisent cette expression pour parler de l’activité physique à laquelle ils s’adonnent les jours qui précèdent un combat. Après des mois d’intenses efforts de jogging, de musculation, de « contact » avec des sparring-partners, ils font du « maintien » à l’approche de leur retour dans l’arène. Cette activité dite de « maintien » leur permet de garder leurs « poids de forme » et leurs aptitudes athlétiques (explosivité, rapidité, agilité), sans se blesser et être au top le jour J.
On pourrait en dire de même des joueurs de Navétane qui font du « maintien » juste avant les matchs dits de « poule », après donc le travail « foncier » (phase de footing de haute intensité), suivi de la préparation « avec le ballon » et de matchs d’entrainements, dits « amicaux », etc. C’est dans des acceptions similaires que les jeunes patriotes résistants ont semblé reprendre à leur compte le mot « maintien ». Ils disent en gros à travers « maintien rekk » : « nous avons été résistants en mars 2021, nous avons été résistants en juin 2023, ne baisons pas les bras pour autant ! Quoiqu’il puisse advenir, continuons à nous préparer pour la lutte finale ! » : donc « maintien rekk ! ». Mais le maintien est ici moins physique que psychologique. C’est une inter-galvanisation à l’endurance, à la résilience et à la combativité. C’est dans le sens d’un encouragement à ne pas se décourager que « maintien rekk » est devenu l’expression d’une connivence entre les jeunes de la résistance. L’adverbe wolof « rekk » qui est actualisé dans l’expression est caractéristique de l’importance que ces jeunes accordent à la culture orale dans la fabrique des slogans contestataires (Ly, 2020).
En effet, des pratiques d’énonciation de l’oralité qui génèrent une musicalité de la langue accompagnent souvent la production de leurs mots d’ordre. A propos de « musicalité », l’on pourrait d’ailleurs voir un dialogisme entre « maintien rekk » et « Sénégal rekk » qui est le titre d’une chanson de Youssou Ndour.
Ceci dit, l’on pourrait objecter que certains mots cités dans cette tribune tels que « focus », « projet bi », « système bi », « mortal combat », ont été « parachutés » par Sonko lui-même et ne viennent donc pas des jeunes résistants tout comme « dealogue », « sélection présidentielle » ont été élevés au rang d’expressions populaires par des locuteurs comme Guy Marius Sagna, Pape Alé Niang… Il faut toutefois considérer avec Alice Krieg-Planque (2009) que « L’idée qu’un mot puisse être « parachuté » dans les discours ne peut tenir qu’à condition qu’on admette qu’il existe aussi, au sol, dans l’univers discursif et l’axiologie du moment, un dispositif prêt à l’accueillir et qui, si l’on peut dire, l’attend ». Le dispositif du moment qui a facilité la réception et la circulation de toutes ces expressions est dans la situation prérévolutionnaire que vit notre pays. Par ailleurs, la résistance revêt « une dimension culturelle, linguistique et spirituelle de grande portée. Elle puise sa force mentale et créative dans le génie culturel et l’imaginaire fécond du peuple. Ce foyer incandescent, intangible et ineffable (…) est le foyer d’éclosion d’innovations créatrices multiples (Guissé, 2021).
Pour finir, le président Sall lors de sa dernière adresse à la nation ainsi que dans sa récente interview au journal Le Monde a semblé préparer le pays à des convulsions qui pourraient survenir de la responsabilité qu’il estime sienne de devoir faire respecter « les décisions de justice », et il s’est posé au demeurant en garant d’un « maintien », celui de l’ordre. Inévitablement, il devra faire face à des milliers de jeunes sénégalais qui depuis des semaines se déclarent, eux aussi, dans le « maintien », mais celui de la flamme de la résistance !
Mouhamed Abdallah Ly est Maître de recherche en sciences du langage, IFAN.
Bibliographie
BOURDIEU Pierre, 1982, Ce que parler veut dire L'économie des échanges linguistiques. Paris : Ed. Fayard.
FOUCAULT Michel, 1971, L’ordre du discours. Leçon inaugurale au Collège de France, Paris : Éditions Gallimard.
GUMPERZ, John, 1989, Engager la conversation. Introduction à la sociologie interactionnelle, M. Dartevelle, M. Gilbert & I. Joseph (trad.), Paris : Ed. Minuit.
KRIEG-PLANQUE Alice, 2009, La notion de « formule » en analyse du discours. Cadre théorique et méthodologique. Besançon : Presses Universitaires de Franche-Comté.
LY Mouhamed Abdallah, 2020, « Y’en a marre : les options langagières d’un mouvement contestataire », Liens-FASTEF N°28- Vol. 1/ ISSN : 0850 – 4806, pp. 204-219
MBEMBE Achille, 1985, Les jeunes et l'ordre politique en Afrique noire. L'Harmattan - Paris
SOW Papa Aliou, 2013, Le français parlé dans le milieu du football au Sénégal : une pratique sociolectale, sous la direction de Marie-Anne Paveau et de Papa Alioune Ndao, Thèse de doctorat soutenue à Paris 13.
par Abdourahmane Sarr
PRÉSIDENTIELLE 2024 : DPG AU FMI À REFORMULER
Nous sommes comme en 2012 au même point. Notre État ne peut pas réaliser notre développement dans le paradigme actuel de gestion de notre pays basé sur la dette extérieure en devises concessionnelle ou pas
Le président Macky Sall, clôturant le dialogue national, s’était dit admiratif des non-alignés et s’était demandé de qui et de quoi les non-alignés étaient-ils indépendants. Nous avions alors promis une réponse après qu’il se fut prononcé sur le troisième mandat. N’étant plus partant, le monde entier l’a félicité car il a permis à la démocratie sénégalaise de rayonner, et plus fondamentalement, il permettra aux Sénégalais d’avoir pour la première fois des débats de fond sur la direction du pays. Par ailleurs, nous avions également dit que l’honnêteté voudrait que nous félicitions aussi Ousmane Sonko, car l’histoire retiendra qu’il a par son attitude accompagné la jeunesse pour qu’elle ait le courage de mettre une pression qui a nécessairement eu ses effets à l’intérieur comme à l’extérieur du pays pour préserver notre démocratie. C’est donc tout à l’honneur des deux protagonistes de la bipolarisation politique que nous soyons à cette croisée des chemins rendant toute sa pertinence à la question de savoir de qui et de quoi les non-alignés sont-ils indépendants.
D’une part, le président de la République a carte blanche pour désigner le candidat unique et consensuel de sa coalition afin de défendre le bilan et la continuité de la ligne du Plan Sénégal Emergent (PSE). Nous avions baptisé cette ligne « Libéralisme Internationalisé Socialisant ». Elle compte sur la co-construction de notre développement avec le financement extérieur en devises du privé comme du public sans autonomie monétaire pour ensuite redistribuer les fruits d’une croissance éventuelle. Elle ne libère pas les énergies du peuple lui-même, ce qui en fait un paradigme collectiviste, et fera de l’Afrique la locomotive de l’agenda du monde. Cette vision qui ne nous a jamais réussi vient d’être réaffirmée dans le programme du gouvernement avec le Fonds Monétaire International (FMI). En effet, comme nous l’annoncions en décembre 2022 suite à la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Amadou Ba, la vraie DPG était reportée pour mi-2023. La DPG des trois prochaines années 2023-2026 publiée par le FMI en juillet 2023 sera encore une fois une politique d’austérité pour corriger les mêmes erreurs que nous faisons depuis 63 ans et qui n’ont rien à voir avec les effets de la Covid-19 ou de la guerre en Ukraine car nous ne pouvons plus financer notre autonomie. Nous sommes comme en 2012 au même point avec les mêmes circonstances. Notre État ne peut pas réaliser notre développement dans le paradigme actuel de gestion de notre pays qui est basé sur la dette extérieure en devises concessionnelle ou pas, option qu'il faut changer avec l'accompagnement nécessaire.
D’autre part, qu’on le veuille ou non, Ousmane Sonko est de facto le chef de l’opposition partisane, toutes tendances confondues, car personne dans l’opposition n’a une ligne fondamentalement différente de celle du pouvoir. Il a une option souverainiste mais également collectiviste qui veut, dans l’autonomie monétaire, s’affranchir de l’étranger tout en collectivisant avec un état développementaliste fort et déconcentré la direction du pays. Il n’est pas dans la co-construction, mais tout en promettant de s’affranchir de l’étranger, ce qui ne sera possible que dans une certaine mesure, il vous promet un État qui ne libérera pas nécessairement les énergies du peuple. Yewwi Askan wi de l’étranger mais Yeww Askan wi de l’intérieur même dans le cadre de la décentralisation car Pastef et ses alliés sont des collectivistes également conservateurs sur le plan social et culturel. Une gauche à moitié.
Cette bipolarisation signifie que les Sénégalais pourraient avoir à choisir entre deux lignes partisanes en 2024 qui ne sont pas nécessairement ce qui leur faut. C’est de ce point de point de vue qu’un bloc non partisan unifié, donc non aligné sur ces lignes partisanes caractérisées, pour répondre à la question de son indépendance de « qui et de quoi », est nécessaire. Il est nécessaire pour clarifier le débat et permettre aux Sénégalais de choisir leur prochain président en connaissance de cause et non suite à une manipulation politicienne et populiste quel que soit l’hameçon.
Notre préférence indépendante est la souveraineté mais dans le libéralisme et l’autonomie monétaire nationale ou sous-régionale dans l’UEMOA seulement, et aussi dans le progressisme social et culturel. Ceci, pour responsabiliser les Sénégalais et le secteur privé national ou sous-régional dans leur propre développement et choix culturels de même que ceux de leurs communautés de base autonomisées avec une Côte d’Ivoire acquiesçant. A défaut, ce sera SENEXIT pour ces objectifs. Cette vision plusieurs fois déclinée et baptisée « Libéralisme Patriotique Progressiste » (SENEXIT : Libéralisme Patriotique ou Socialisme ?) fait l’objet d’une offre publique d’adhésion. Amicale, elle le sera par rapport aux forces partisanes bipolarisées, hostile elle fera l’objet d’un portage citoyen avec une candidature indépendante non partisane à la présidentielle de 2024.
Ainsi, le Sénégal comme à son habitude vient de boucler un cycle de déficits budgétaires excessifs résultant en un endettement en devises excessif, nécessitant un ajustement avec le financement en dernier ressort du FMI. Le FMI nous dit que le PSE n’a pas réussi sa promesse de transformation structurelle de l’économie et que notre endettement a financé des infrastructures qui, quoique utiles, n’ont pas contribué à une croissance durable tirée par le secteur privé et génératrice d’emplois et de progrès social.
Commentant la déclaration de politique générale du Premier ministre Amadou Ba, nous disions que le Sénégal n’avait pas son destin en main et que la politique de la BCEAO qui détermine nos possibilités de financement, dirige les politiques que nous pouvons menées de façon autonome (Amadou Ba : DPG Reportée Candidat de la Continuité). La BCEAO, étant contrainte dans son autonomie du fait de ses propres contraintes de devises, est elle-même à la merci du financement extérieur en devises de nos États. Dans le contexte d’un accès difficile aux marchés internationaux du fait de la conjoncture internationale défavorable, notre prêteur en dernier ressort, le FMI devient de facto notre État central et dirige. Le FMI financera avec ses instruments classiques, et prétextant le changement climatique pour compléter, près de 50% de nos besoins dans les trois prochaines années et dirigera les orientations des bailleurs qui nous apporteront les compléments selon leurs agendas. Si le pouvoir devait être dans l’opposition avec Macky Sall comme son chef, leur retour au pouvoir serait facilité par trois années de correction de leurs propres erreurs. Si le pouvoir devait continuer dans sa direction des 12 dernières années, le Sénégal ne changerait pas.
Ainsi, la direction vers laquelle le FMI nous pointe après nous avoir dit, fait rare, que notre taux de change était surévalué et que nous devions nous financer en monnaie nationale ou en dette extérieure concessionnelle mais en devises est à reformuler. Cette direction acceptée par notre État lui-même, reconnaissant que le bilan n’a pas produit les résultats escomptés du PSE et que les ressources pétrolières et gazières en perspectives sont limitées et n’auront pas d’impact sur notre cadre économique, peut-elle être la bonne ? Notre réponse est NON, mais le FMI ne peut nous accompagner que dans le cadre de contraintes que nous nous imposons nous-mêmes. Corriger notre cadre macroéconomique OUI, mais nous ne le répéterons jamais assez. C’est notre choix d’ancrage monétaire d’une part, et nos options collectivistes d’autre part qui mettent l'État ou l’étranger au cœur de notre stratégie de développement faute de pouvoir impulser un processus endogène de création de richesses avec l’étranger en complément qui sont notre problème.
Nous exhortons les camps partisans, donc alignés et bipolarisés, de changer de paradigme pour pouvoir vendre à la jeunesse des promesses d’emplois qu’ils pourront tenir à défaut ce sera le populisme de tous bords, dénoncé par le président lui-même dans son récent discours. La jeunesse dans toutes ses composantes aspire à prendre son destin en main et a besoin d’un candidat d’espoir car leur avenir est devant elle, et elle ne peut pas porter le fardeau des choix des anciens sur le dos. Comprenne qui pourra !
Librement.
Dr Abdourahmane Sarr est président CEFDEL
Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp
Par El Hadj Hamidou KASSE
MACKY SALL: UN CHAPITRE DANS LE GRAND ROMAN NATIONAL
Macky Sall entre, en chapitre d’exception, dans le grand livre de gloire de la Nation sénégalaise. L’acte qu’il pose clôt une séquence de notre histoire politique
Macky Sall entre, en chapitre d’exception, dans le grand livre de gloire de la Nation sénégalaise. L’acte qu’il pose clôt une séquence de notre histoire politique. En même temps qu’elle en ouvre une nouvelle. On a dit qu’il est désormais le premier Président de la République du Sénégal en exercice qui organise une élection à laquelle il ne participe pas. Les premières sont des marqueurs indélébiles, « événements cruciaux » qui impose des bornes au temps. Cela est vrai. On a dit qu’il a respecté sa parole. Cela est d’autant plus vrai qu’en d’autres circonstances et en d’autres lieux, des leaders ont fait le choix de l’inflexion dans le sens contraire de leur engagement.
L'éthique est le moment où, ayant pleinement conscience qu'il a la force ou le droit, ou tous les deux, l'homme obéit à un impératif et agit selon une détermination intérieure propre. Macky Sall entre dans la grande Histoire et son geste, en rupture avec des événements récents dans notre pays et dans la sous-région, a été unanimement salué par son peuple et par toute la communauté internationale.
Si la conquête du pouvoir est une œuvre collective, la décision d'en sortir, dans certaines conditions, relève d'une option personnelle qui plonge l'homme dans la solitude, dans le face à face avec lui-même et avec l’histoire.
Je salue, à travers ces lignes que je suis en train d'écrire, un grand dirigeant politique, un homme d'Etat accompli dont l'ambition obstinée de hisser son pays aux plus hautes altitudes est incontestable.
Je salue l'homme tout court, agité par ses forces et ses faiblesses d'être humain, vents contraires en chacun de nous, qui a puisé dans ses propres ressources morales et une longue tradition de pacte de la parole donnée, pour proposer au Sénégal un nouveau tournant.
L'honneur d'un homme est de surplomber les contingences, de signer un bail avec la transcendance, de risquer les hauteurs d'où il entend les clameurs du monde. Alors sa parole saisit d'émoi son peuple avant qu'il n'entende les échos admiratifs du chant de ses contemporains, de ses nawlés, à travers le monde.
Collaborateur du Président Macky Sall depuis 2012, après la confiance qu'il m'a témoignée en m'invitant à être du groupe des fondateurs de l'APR, je témoigne ici que son choix de la république est un engagement résolu pour la grandeur de la Nation sénégalaise et le bien-être des populations sénégalaises.
J'ai le privilège d'être aux côtés du Président Sall. Je l'ai vu travailler. Je l'ai vu recevoir des personnalités, beaucoup de personnalités. Je l'ai entendu prononcer des discours au Sénégal, dans de nombreuses rencontres internationales, à l'occasion de voyages officiels. Je l'ai écouté s’adressant spontanément à ses interlocuteurs chefs d'Etat et de gouvernement, investisseurs, intellectuels, hommes et femmes de culture, ministres et directeurs généraux, partenaires techniques et financiers, jeunes et femmes, guides religieux et leaders d'organisations socioprofessionnelles, syndicales et patronales, fonctionnaires, étudiants et enseignants.
Oui, j'ai vu l'homme en œuvre. Dans le public et en privé. Dans des instances très élargies et des réunions plus restreintes. J'ai eu le privilège de partager sa cabine privée lors de nos voyages, d'être à sa table. J'ai eu des moments de discussion avec lui, en tête à tête, tantôt sur des questions de nature officielle, tantôt de façon informelle.
Je suis loin de dire que je connais toutes les facettes de l'homme, du Chef d’État, du Président de la République, du leader politique. On ne se connait jamais assez soi-même.
Mais, j'ai identifié des récurrences dans ses actes et ses comportements, dans les discours et les décisions. Dans ce qui fait que l'on peut fonder une confiance en l'autre. Je connais sa vision, ses principales réalisations, son rapport avec la chose politique, sa passion de la république, son ambition pour son pays, pour les jeunes et les femmes du Sénégal.
Je connais sa démarche sur la scène internationale, sa conception des partenariats entre le Sénégal, l’Afrique et le reste du monde, sa manière de voir les grandes questions qui structurent la marche du monde, les principales thématiques qui nourrissent ses discours ; en somme son dessein et son ambition pour le Sénégal.
Je sais la passion du Président dans la lutte contre les inégalités et les injustices sociales. La République, dans sa vision, n'est pas seulement une logique institutionnelle avec ses instruments de gouvernance. La République est surtout une puissance de régulation sociale. Le Président aime rendre grâce à l'école publique qui a permis d'infléchir des destins. Et à l'action de l'Etat de sensibilité sociale qui, par une politique de transfert direct et de soutien par l'éducation, la formation, la santé et autres services sociaux de base, permet aux plus démunis de sortir du cercle vicieux de la dépendance.
Je sais la passion du Président pour la modernisation de son pays. L’impératif d’être démesurément ambitieux, y compris contre les bons conseillers, l'anime au quotidien. La ville révolutionnaire de Diamniadio et les infrastructures de dernière génération sont des repères tangibles de cette volonté d'arracher le Sénégal au minimalisme, pour ne pas dire au misérabilisme.
Je sais la passion du Président pour les grands combats de l’Afrique, son parti pris pour une panafricanité soustraite au slogan et portée par une démarche pragmatique de construction intérieure et d'ouverture autonome au monde. Ses batailles sont inscrites dans le marbre des engagements essentiels pour l'unité politique et l'intégration économique de l'Afrique, pour la souveraineté de l'Afrique dans les domaines de la santé et de la politique des ressources naturelles, pour la présence de l'Afrique dans les instances où se décide le sort du monde comme le Conseil de Sécurité des Nations Unies et le G20, pour l'image de l'Afrique injustement élevée à un niveau exagéré de risque. Je sais la passion du Président pour le Dialogue. Depuis 2016, le Dialogue national est quasi institutionnalisé. Lorsqu'il préparait la première édition, il nous expliquait que son initiative n'est pas la conséquence imposée d'une crise, comme il est de coutume. Il y voyait un moment de conversation entre toutes les forces vives de la Nation afin que la démocratie ne soit pas uniquement un espace de confrontation permanente. Le Dialogue national est une procédure de régulation démocratique et un mécanisme de gestion prévisionnelle des conflits et des crises. Le modèle sénégalais de Dialogue national est une invention politique significative dans un contexte mondial de crise de la démocratie libérale marquée l'essor des populismes, l'explosion des réseaux sociaux, la persistance des inégalités, entre autres.
Si le Président Abdou Diouf a été confronté à une « société civile » embryonnaire et l’émergence des médias privés, le Président Abdoulaye Wade verra l’explosion des quotidiens et des radios privés, mais également l’émergence de la presse en ligne et une amorce de la télévision privée. Le Président Macky Sall cumule toutes ces mutations dans les modalités de l’expression. Mais il gouvernera surtout avec de « nos nouveaux acteurs » aussi teigneux qu’étranges au sens de l’inédit : « lanceurs d’alerte », « activistes », « influenceurs » et maintenant « chroniqueurs » dans un contexte de réseaux sociaux qui montent en puissance en l’absence de nouveaux mécanismes de régulation pertinents. S’y ajoute que le citoyen-média est devenu une réalité massive : l’accès au smartphone fait de chacun de nous un potentiel « producteur et diffuseur d’information ». Un tel contexte génère ainsi de nouveaux phénomènes : fake news, récits alternatifs, post-vérité, entre autres fléaux de l’époque. Macky Sall a gouverné dans ce contexte hautement tendu entourant son œuvre colossale à la tête du Sénégal de multiples bruits d’adversaires dont certains ont poussé trop loin le bouchon de la manipulation et de la désinformation.
Le moment du bilan viendra et chacun, dans le silence des passions et le dialogue avec soi, saura mesurer l'œuvre exceptionnelle du Président qui a su, en ce 3 juillet 2023, seul sur les hauteurs de l’histoire, et juché comme qui dirait sur le cheval emblème de son parti, que l'honneur d'un homme, son immortalité et l'éternité de son labeur sont très souvent inscrits dans un seul et court instant qui défie le temps. Parce qu'il a su conclure, en une phrase, et en quelques secondes, une histoire admirable de douze ans
El Hadj Hamidou KASSE
Ministre, Conseiller en Arts et Culture Présidence de la République
par Jean Pierre Corréa
LES CORBEAUX ET LES RENARDS
Vous suffirait de payer l'équivalent de 15 ou 20 couverts à 200 000 frs, pour avoir un Cauris d’Or, un Guerté. On doit se demander pourquoi tout notre establishment politique participe à ces autocélébrations qui ressemblent plus à un racket organisé
Les Cauris d’Or, les Guertés d’Or, les Calebasses d’Or, qu’on devrait plutôt appeler les Marteaux d’Or, sont en ce moment une aubaine pour tous les renards retors qui viennent encenser à coups de millions exigés en échange, des corbeaux bien naïfs, en les autoproclamant meilleurs managers, meilleurs challengers, meilleurs jeunes boss, meilleurs filous, et surtout meilleurs filons et meilleurs perdreaux de l’année.
Mbagnick Diop, incontestable "entertainman" qui a mérité le succès des Cauris d'Or, « Souche » pour les intimes, boss des entrepreneurs sans entreprise, a donné le « LA », et la symphonie bruyante des récompenses bidon, est à présent entonnée par toute une cohorte de rusés renards, qui décernent à partir de critères connus d’eux seuls, avec l’aide de vaporeux comités qui n’ont de scientifiques que le nom, à des entreprises qui, si leurs banquiers étaient consultés, n’auraient certainement pas été couronnées pour leur rigueur, des récompenses pompeuses et injustifiées.
Ces entreprises sont en mal de publicité, leur business-plan étant en berne, et leurs directeurs sont donc des proies toutes désignées pour ces faiseurs d’or qui font briller les plombs les plus obscurs. Souche en a perdu son ticket à nous prendre pour des buses, et il a de fait, révélé les méthodes de ce happening d’autocélébration convenue de soi-disant leaders. On devrait d’ailleurs dresser la liste des nominés depuis l’instauration de cette escroquerie intellectuelle pour ne pas dire escroquerie tout court, et nous pourrions voir avec effarement à de rares exceptions près, qu’ils se sont évaporés dans les limbes du néant.
Vous suffirait-il de payer l'équivalent de 15 ou 20 couverts à 200 000 frs, pour avoir un Cauris d’Or, un Guerté ou une Calebasse d’Or ? Nous en rigolerons… C’est mieux. Parce que si on ne rit plus, on doit se demander pourquoi tout notre establishment politique et gouvernemental, participe à ces autocélébrations de notre médiocrité nationale, qui ressemblent plus à un racket organisé, en payant en plus des tickets des tables qui garantissent telle ou telle récompense couverte de l’Or qui fait briller les entreprises bancales. Enrobez ces agapes de prestations de nos stars de la chansonnette, faites danser les potes des nominés ravis par tant d’honneur et le fromage tombe dans la gueule du renard. Voilà maintenant que cette mascarade sénégalaise se panafricanise et que nous allons assister à la célébration des entreprises les plus performantes de l’UEMOA, bientôt de la CEDEAO, et pourquoi pas de l’Univers… Pensez-vous vraiment qu’un entrepreneur sérieux prend le temps de jouer au corbeau pour écouter un renard lui parler de son ramage économique et de son plumage financier ?
Les majors qui comptent dans notre pays et qui participent réellement à son PIB ont-elles déjà reçu des Cauris, Guertés ou Calebasses de quelque métal que ce soit ? Les grands capitaines travaillent et n’ont guère le temps à accorder à ces renards charmeurs et champions eux, dans l’art de faire signer des chèques à des benêts en pâmoison dès qu’on leur tresse des lauriers.
Les renards ont été ravis et les corbeaux plumés. « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui…a le temps de l’écouter… »
Par Amadou Lamine SALL
LE PRÉSIDENT MACKY SALL NOUS QUITTE !
Un bon président rend heureux son peuple et son continent. Un mauvais président vous transforme en philosophe. Vous n’avez pas fait de nous des philosophes et il nous manque un pas, un seul, de vous vers le pardon, pour être vraiment heureux
Je suis si triste de vous voir partir, monsieur le président ! Ceux qui seraient tentés de m’en vouloir de le dire, en sortant leur pistolet à cyanure comme de coutume, quand je parle de vous, doivent accepter que nous n’ayons pas le même cœur, les mêmes livres et ne partageons pas le même monde. Vous ne me devez rien, monsieur le Président. Quant à moi je vous dois de m’avoir un jour fait pleurer pour avoir dit des mots inattendus lors d’une réunion autour de vous au Palais présidentiel. Je découvrais un autre cœur en vous, même si le pouvoir vous recommande de mettre votre bouclier.
On part toujours, monsieur le président !
La vie est ainsi faite : elle est courte, faite de routes multiples mais qui mènent toujours et pour tous au même endroit : l’heure d’être enfin avec soi-même ! Sur terre ou dans une tombe. Vous n’avez pas à pâlir du chemin parcouru. Le seul fait d’avoir servi votre pays aux plus hautes fonctions de l’État par la volonté de votre peuple, est déjà une bénédiction. N’est pas Président qui veut ! Senghor qui a tant et tant souffert sous ses charges de chef d’État que le destin lui avait imposé, lui qui ne rêvait que d’être poète et prêtre, se confesse : « Je n’ai pas tout réussi. Dieu Seul peut tout réussir. »
Vous avez réussi le plus facile Monsieur le Président, là où l’on pense que c’était le plus difficile: partir ! Votre geste est conforme à la Constitution quoique annoncé tardif, couvert et porté par des pilonnages, battages et tam-tams qui ont duré, duré. Quel malin plaisir vous avez dû prendre en faisant attendre vos adversaires et votre propre camp ! Il reste que votre décision est unanimement saluée par votre peuple, un peuple de paix et de mesure. Le reste, tout le reste appartient à la passion, la fureur, la hâte, la démesure, à l’exercice risqué, isolé, complexe et douloureux du pouvoir. Au bout de la route, un président de la République se retrouve finalement toujours seul ! Veillez sur votre famille. Vous n’aurez qu’elle de vrai !
Mes promenades avec le Président Senghor me manquent. Il aimait marcher pieds nus dans le sable des plages. C’est le moment que je choisissais pour lui poser des questions politiques qui me taraudaient l’esprit. Il y a longtemps qu’il avait quitté le pouvoir. Chose étrange chez Senghor : il avait même oublié qu’il avait été un jour dans sa vie président de la République. Ce sont des passants qui le reconnaissaient ou des admirateurs qui le lui rappelaient. Il me dit : « Mon cher poète, on ne gouverne pas impunément. » J’étais très ému. J’avais évoqué la mort de Philippe Maguilen ! Je convoque ici ces moments intimes avec Senghor pour dire que si Dieu vous donne beaucoup, IL peut aussi vous enlever beaucoup ! Devant Dieu, Son prophète et ma mère, je témoigne ici que jamais je n’ai vu un homme prier, prier autant que Senghor ! la prière l’apaisait, le renouvelait. Sa foi l’a sauvé de la mort après l’accident de son fils Philippe.
Au-delà de ma toute petite personne, Monsieur le Président, c’est tout votre peuple et toute l’Afrique qui vous demandent d’aller encore plus loin et plus haut, en organisant les prochaines échéances présidentielles de février 2024, toutes portes ouvertes. Une seule porte fermée, vous enferme en même temps. N’en fermez aucune. Allez au-delà d’une page d’histoire pour deux pages d’histoire ! Votre destin n’est pas petit. Ne vous attardez pas sur vos adversaires que vous prenez pour vos pires ennemis. Refusez que le diable vous serve des fagots de bois en feu pour incendier et meurtrir votre cœur de croyant. Pardonnez. Avancez. Rassembler.
Dieu vous aime et IL vous l’a prouvé en vous élevant au pouvoir suprême. Vous le découvrirez mieux encore et pour bientôt, quand vous franchirez pour la dernière fois le portail du palais présidentiel sous l’œil ému et attendri de ceux qui vous ont aimé. Tous ne peuvent pas vous aimer ! Même Dieu a ses brassards rouges, mais IL en sourit ! Alors, surprenez-nous encore avant de nous quitter en amenant votre majorité et celle de l’opposition à voter une nouvelle Constitution qui s’inspirerait ou ferait sien le long travail, minutieux, responsable, exigent, profond, libérateur, que les « Assises nationales » nous ont légué. Laissez derrière vous une retentissante métamorphose d’un nouvel État moins soupçonné, juste, enfin équilibré, respecté par tous, aimé, protégé et arbitré par d’honnêtes, irréfutables et inoxydables contre-pouvoirs !
L’Afrique attend le Sénégal pour s’inspirer d’un homme d’État qui n’aura pas seulement quitté le pouvoir en se soumettant à la Constitution de son pays -décision toute naturelle mais encore non acquise en terre d’Afrique- mais qui aura rassemblé adversaires et ennemis autour de lui, dans le pardon et la grandeur d’âme, et qui, enfin, aura réussi l’inattendu en laissant à son peuple et à l’Afrique encore crispée, de nouvelles et révolutionnaires institutions qui ouvrent la voie du futur à une démocratie nouvelle, osée, conquérante, qui laisserait l’Occident ivre de libertés en traine derrière le Sénégal !
Si vous aidez tous comme le souhaite le peuple sénégalais à accéder au choix des urnes en février 2024, si vous changez en profondeur la Constitution en accord avec votre opposition, vous ne serez pas qu’un héros Monsieur le Président. Vous serez un pays. Vous serez une nation. Vous serez une religion. Vous serez un siècle !
Notre pays n’a pas mal ? Si, il a mal ! Mais s’il a mal, c’est parce qu’il se construit. Après Macky Sall, rien ne sera plus comme avant. Nous aurons une Constitution apaisée qui aura définitivement et complètement enterré toute velléité du moindre soupçon de ce que nous avons eu à vivre tous ensemble. Si le même Président Macky Sall nous surprend, nous dépasse et nous surpasse en faisant adopter avant de quitter le pouvoir une nouvelle Constitution qui prendrait en charge ce dont nous rêvons pour notre pays, la démocratie nous apparaitra sous des habits jamais imaginés, une femme totale d’une beauté totale. Séparé mais partenaire, lié l’un à l’autre, interactif et complémentaire, les trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire seront trois chefs d’orchestre mais dansant la même musique, celle que le peuple sénégalais souverain et seul aura composé. C’est ce que l’on appelle d’un beau nom : l’idéal !
Monsieur le Président, sonnez la charge ! Faites-nous danser avant votre successeur pour que lui aussi danse et que plus jamais le Sénégal n’ait peur, ne pleure et n’enterre ses enfants !
Je rêve dites-vous comme un poète pauvre et ivre ? Rêver n’est rien d’autre que vouloir autre chose que le présent ! Aucun Sénégalais de quelque camp qu’il soit, ne veut plus voir ce visage tuméfié et effrayé d’un pays qui ne nous ressemble pas. Autre chose doit guider notre pays et ce ne sera rien d’autre que la paix, la mesure, la tolérance, l’amour, le pardon, la générosité, la sacralité de l’État et l’invincibilité de l’esprit !
Un bon Président rend heureux son peuple et son continent. Un mauvais Président vous transforme en philosophe. Vous n’avez pas fait de nous des philosophes et il nous manque un pas, un seul, de vous vers le pardon, pour être vraiment heureux ! Dans l’unité et le rassemblement, faites gagner le Sénégal !
Nous avons le droit de compter sur vous, Monsieur le Président ! [Juillet 2023]
Par Amadou Lamine SALL
Poète
Lauréats DES GRANDS PRIX DE l’académie française
Lauréat 2023 DU GRAND PRIX DE poésie AFRICAINE
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
LES LAURIERS DE L’ABDICATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Un destin de Fouché guette tous ces satrapes et autres pleureuses du soir du camp de Benno. Le destin du président et celui de Sonko sont liés. La relève du leadership se prépare, il n’est pas inné
Cette fois, le président a, en définitive, dit à la sentinelle postée devant la porte de l’Histoire qu’elle était faite pour lui et elle l’a laissé entrer.[1]
Cette crise a eu un point d’arrêt grâce à son discours audacieux et fédérateur. Le président a fait un discours digne. On a même noté un brin de modestie dans son attitude : il n'y va pas, car le Sénégal est plus grand que lui.
Si l’enseignement des évènements de mars 2021 l'avait plutôt incité à s’équiper davantage en matériel de répression et à exhiber ses biceps au défilé des 4 avril dernier, force est de reconnaitre que les émeutes de juin 2023, le portèrent à plus de prudence et à admettre que la partie ne serait pas aussi accessible qu’il l’aurait pensé. La pression internationale a fait le reste.
Telle donc l’Inquisition qui contraignit Galilée d’abjurer ses thèses, c’est le peuple du Sénégal et la communauté internationale qui imposèrent au résident Sall d’abjurer son troisième mandat.
Personne n’a cru à la reconversion soudaine du président aux règles de la loyauté et au respect de la parole donnée. Il les aura souvent bafoués auparavant quand ses intérêts étaient en jeu.
Pour l’heure, nous nous félicitons de cette raison retrouvée. Si nous apprécions de nous être épargnés ces futurs morts qu’aurait causés un acte de candidature à un troisième mandat, nous déplorons et continuons de pleurer ces milliers de morts emportés dans le néant, parce que le président ne voulait pas que ses ouailles refusent de travailler, si lui-même avait déclaré plus tôt qu’il n’était pas candidat.
C’est tout de même un prix à payer fort élevé pour cette incurie du prince. Là encore, on constate l’aveu qu’il nous délivre : mes hommes travaillent pour moi parce que j’ai le pouvoir du décret, qui me permet de disposer d’eux comme bon me semble. On est dans le niveau de base du leadership, celui de l’autorité : les gens vous suivent parce qu'ils le doivent, non parce qu’ils le veulent !
Le temps propice, c’est son temps à lui, pas celui des autres. Peu lui chaut ce qu’il en coute, seule une vérité compte : sa vérité. Il le martelait à suffisance d’ailleurs : « Je n'ai nullement tenu à être l’otage de cette injonction permanente à parler avant l’heure. »
En regardant et en écoutant Macky l’autre soir, bien peu de personnes pouvait, après 15 minutes de discours, quelle était la décision du président. Lui-même a évoqué la situation épineuse du pays, il a agité des terroristes fantômes que, seuls ceux de son camp évoquent et semblent voir, il a couvert d’ombre les nervis que tout le monde a vu tirer sur la foule, et dont nous nous demandons de quels bords ils appartiennent ; le président a menacé lourdement ceux qui menacent le pays. Il a évoqué des enquêtes en cours dont on se demande quand elles aboutiront tant, elles paraissent être l’Arlésienne de la justice. C’est, pour ainsi dire, au moment où on commençait à cesser de l’écouter, que Macky a, en définitive, abordé le sujet qui justifiait notre présence devant la télé. « Ma décision longuement et mûrement réfléchie est de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024 », dira-t-il. Il s'est efforcé d'habiter la phrase, mais rien n’y fit : la chute ne correspondit pas avec les prémisses du discours. Il eut raison. Cette conclusion aura surpris plus d'un.
Nous ne bouderons pas notre plaisir. Il se sera résolu à revenir à la raison. C’était l’essentiel.
À présent, que le « punching-ball » n’est plus là, les hommes politiques, les analystes (moi y compris) sommes tous groggy. Il y a décidément des pièges dans toutes les formes de connaissances faites à partir d’observations. L’évènement « cygne noir » [2] (impact d’un évènement hautement improbable) a atteint tout le monde. Pour l’opposition, l’élément fédérateur de leur mobilisation contre le pouvoir en place, le troisième mandat, se dérobe sous leur pied. Il va falloir très vite se réorganiser. Elle devra (enfin) parler de ses programmes, de ce qu’elle fera après Macky Sall.
Les affidés du président ont eu le destin de leur mouton de Tabaski. Cette pauvre bête qui croyait avant le jour fatidique que le propriétaire était son fidèle ami qui le nourrissait de bonne paille et prenait soin de lui. L’évènement imprévu pour le mouton fut son immolation. Pour la majorité, les faits et actes du maitre depuis 2019, concouraient à confirmer qu’il serait candidat et puis vint le jour fatidique, le 5 juillet à 20 h 16 minutes, patatras le président n’est plus candidat.
La non-candidature du président tombe dans ce créneau d’évènement cygne noir. Que dire de ceux qui, le weekend dernier encore, louait et encourageait le président Sall à être candidat et qui aujourd’hui, salue la grandeur du chef de l’État de ne pas se représenter ? Il va falloir trouver un candidat unique d’ici peu. Ce ne sera pas une chose aisée.
Un destin de Fouché guette tous ces satrapes et autres pleureuses du soir du camp de Benno. Avec l’abdication du président, ils redeviendront ce qu’ils furent naguère, c’est à dire des gens de rien, des ombres misérables qui auront besoin de l’ombre pour se protéger. La messe est dite. Après la crise de Yewwi, la crise dans Benno n’est pas loin.
Il reste au président à compléter sa bonne oeuvre en organisant les élections avec la participation de tous. Son destin et celui de Sonko sont liés. Ne se doivent-ils pas l’un et l’autre une mutuelle reconnaissance ?
Le président Sall devrait remercier Sonko de lui avoir évité une fin tragique et de le faire rentrer par la grande porte de l'Histoire. Le président du Pastef devrait remercier Macky de l’avoir viré de la fonction publique, lui offrant cette trajectoire inédite et le propulsant au firmament.
Quant aux autres prétendants à la présidentielle, à y regarder de près, les gens se demandent comment ces derniers peuvent prétendre être le chef de l’État du Sénégal, tant ils n’en présentent pas le port, ni l’expérience, ni la distance qui prévalent pour cette position.
Qu’on leur chercherait une ambition noble, une haute idée, un projet qui les dépasserait, on aurait du mal à le trouver. Très peu d'entre eux incarnent la face noble et policée de la Politique avec un grand P. C’est là où réside l’échec le plus patent de nos politiciens, celui de ne point préparer la relève du leadership. Ce dernier se prépare, il n’est pas inné.
Les temps à venir seront donc incertains pour nos hommes politiques. Pour paraphraser Saint-Paul : " Les hommes politiques sont comme des avions, on ne parle d’eux que lorsqu’ils tombent, mais il y en a beaucoup qui volent."
Intéressons-nous dans les mois à venir à ceux qui volent et qui volent haut!
Dr C. Tidiane Sow est coach en communication politique.
A quelques mois du 80ème anniversaire du massacre prémédité de Thiaroye au Sénégal, le ministère des armées annonce enfin que la mention « Mort pour la France » va être octroyée aux victimes, tous anciens prisonniers de guerre originaires d'Afrique noire
A quelques mois du 80ème anniversaire du massacre prémédité de Thiaroye au Sénégal, le ministère des armées annonce enfin que la mention « Mort pour la France » va être octroyée aux victimes, tous anciens prisonniers de guerre originaires d'Afrique noire. Mais rien n'a été officialisé. Serait-ce une énième reculade ? Que valent la vie, la mort et l'honneur d'un soldat africain ?
A la demande du directeur de Cabinet de l'Elysée, j'ai été reçue le 18 avril 2023 par deux conseillers de la Secrétaire d'Etat, Patricia Mirallès, qui ont refusé la présence de notre avocat. A l'issue de cet entretien, j'ai pu annoncer à Biram Senghor que son père, M'Bap Senghor, allait enfin être reconnu "Mort pour la France", mention qu'il réclame depuis plus d'un demi-siècle.
J'ai également appris que je pourrais me rendre au service historique de la Défense (SHD) avec le laboratoire spécialisé que j'avais contacté, afin de procéder à la lecture du motif, caviardé à tort, de la sanction infligée à un officier particulièrement compromis. Peut-être que ce motif ne révèlera aucune information importante, mais il y a lieu de penser que cet officier a outrepassé les ordres donnés en faisant venir des automitrailleuses commandées par un lieutenant de vaisseau considéré comme habile aux tirs, en ordonnant de tuer les hommes rassemblés sur l'esplanade du camp de Thiaroye et dans les baraques et d'achever les blessés à l'hôpital. Le rapporteur public du Conseil d'Etat, Alexandre Lallet, avait mentionné, dans ses conclusions du 16 septembre 2019 : "Par conséquent, la description des faits reprochés au lieutenant-colonel A, si elle n’avait pas été occultée, aurait été à notre avis communicable et l’administration pourrait accepter que soit déployé un dispositif technique de révélation des mentions originales, sans qu’on puisse l’y contraindre juridiquement". N'est-il pas important et indispensable que les descendants sachent pourquoi cet officier a été sanctionné?
Ce 18 avril, j'ai su également que le gouvernement réfléchissait à un procédé de réparation pour les descendants alors que le Conseil d'Etat avait rejeté, le 5 avril 2023, le pourvoi de Biram Senghor concernant le remboursement des sommes spoliées au prétexte qu'il fallait appliquer la loi de 1831 sur la déchéance des créances. Biram Senghor aurait dû faire la demande avant 1949 sauf que la famille a su officiellement le décès en 1953. Un recours devant la CEDH est inévitable.
Des paroles et après...
C'est le 21 juin que je devais me rendre au SHD pour tenter de lire sous le caviardage avec le laboratoire visité préalablement par des membres du ministère des armées. Mais cette opération a été reportée, le ministère arguant procéder à une instruction complémentaire. Si je ne dois voir que le motif, ce n'est pas compliqué de mettre un cache sur la nature de la punition.
Si le président de l’APR/BBY se fixe comme ultime « grand chantier » d’isoler Sonko pour l’éliminer de la compétition électorale de février 2024, alors il trouvera encore une fois sur son chemin un peuple debout
Chercher à faire passer comme un évènement planétaire un fait banal de respect de la Constitution dans toute démocratie normale qui se respecte, voilà encore une illustration de la fameuse « exception sénégalaise » ! Le président Macky Sall, après quelque 4 ans de clair-obscur volontairement entretenu, s’est finalement résolu à accepter de ne pas déposer sa candidature pour un 3ème mandat, se conformant ainsi, contraint et forcé, aux dispositions de l’Article 27 de la Constitution : « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Clamer haut et fort que cette position relève uniquement de sa « décision personnelle », et non d’une disposition de la Constitution qui, au contraire soutient-il, l’autoriserait bel et bien à briguer un 3ème mandat, est-ce cela se conformer à la parole donnée ? Ou bien plutôt n’en faire qu’à sa tête au mépris de la loi fondamentale du pays, réduite à un simple chiffon dépourvu de valeur en face de la toute- puissance d’un manitou de président ? Voilà pourquoi il est impératif pour nous et pour toutes les forces démocratiques du Sénégal, de démasquer tous ces faussaires républicains prétendument respectueux de la Constitution et de l’État de droit, pour déconstruire en même temps leur discours hypocrite sur la sacralité de la parole donnée et des valeurs cardinales de la culture du vivre-ensemble sénégalais.
Pourquoi a-t-il fallu attendre plus d’un mois avant d’adresser un message solennel de condoléances et de solidarité aux familles des disparus et aux blessés ? Pourquoi avoir attendu d’enterrer 50 morts dans le pays entre mars 2021 et juin 2023 pour enfin jeter l’éponge, contraint et forcé ? Que personne ne s’y trompe : si Ousmane Sonko, Pastef, les forces vives et le peuple sénégalais, la jeunesse et la diaspora en tête, n’avaient pas su oser lutter, notre ‘’champion du parti avant la patrie’’, notre apôtre du « ni oui, ni non », le tout puissant président de l’APR-BBY, n’aurait-il pas persisté dans un forcing périlleux vers un 3ème mandat anticonstitutionnel ? Qui a laissé les troupes de l’APR-BBY trouer les tympans de l’opinion sur la validité incontestable du 3ème mandat - ou plutôt du 2ème quinquennat, selon leur ‘’géniale’’ trouvaille ? Qui aurait exhorté les exécutifs locaux APR/BBY à se substituer aux forces régulières de sécurité pour quasiment armer des milices chargées de faire face aux éventuels « fauteurs de troubles », comme qui dirait une incitation à la ‘’guerre civile’’ ? Au point de se laisser finalement prendre à leur propre piège au moment de devoir céder à la pression des luttes populaires et citoyennes, sans oublier ‘’les sages conseils des partenaires et amis du Sénégal’’ ? Il n’y a qu’à voir, après le message du chef, les mines pathétiques, les larmes et les pleurs des troupes rassemblées au siège de l’APR, pour se convaincre de l’amère déception causée par la sage volte-face du président providentiel, leur bienfaiteur devant l’éternel ! Et pour donner le change, faire contre mauvaise fortune bon cœur, les thuriféraires du Macky chantent sa « stature exceptionnelle d’homme d’état hors pair » ! Défiant fièrement et impunément les interdictions du tant décrié « Arrêté Ousmane Ngom », ils ont organisé leur procession jusqu’au Palais de la République pour serrer la main du président et lui offrir un « méga-concert d’applaudissements » ! Mais déjà la case de Birama brûle, le bateau tangue : qui en sera désormais le capitaine, à huit mois de la fin du mandat en cours et à moins de deux mois du top-départ des opérations électorales en direction du 25 février 2024 ? Les rats s’apprêtent-ils à quitter le navire, quelle solution de rechange, quel capitaine parmi les potentiels successeurs rivaux qui bombent chacun le torse, directement ou par laudateur interposé ?
En ce qui nous concerne, rappelons-le, dès le lendemain de la présidentielle de 2019, et plus cyniquement à partir de février-mars 2021, le complot machiavélique, concocté depuis les plus hautes sphères de l’Etat-Parti APR/BBY, a eu et continue d’avoir pour cible principale Ousmane Sonko et le projet Pastef qu’il incarne : tous sauf Sonko, tout sauf Pastef ! Rien n’a été épargné à cet effet, y compris les pires bassesses de manipulation des droits des femmes, d’instrumentalisation forcenée de la justice, d’utilisation sans fard de la violence institutionnelle d’Etat sous toutes les formes, avec leur lot de morts, de blessés et d’emprisonnés. Renoncer, « après mure réflexion », au forcing du 3ème mandat, est certainement une décision ‘’sage’’, qui va dans le bon sens, qui évite à notre pays de plonger immédiatement de nouveau dans la violence, face à l’inacceptable, au risque de discréditer davantage le visage déjà gravement balafré de la démocratie dans les pays africains. Il s’agit là assurément d’une grande victoire d’étape, non pas tant de Sonko ou de Pastef, mais bien du peuple sénégalais tout entier, sa jeunesse et sa diaspora en tête. Haro sur les chantres intéressés du 3ème mandat (ou 2ème quinquennat !), ils devraient se cacher sous terre, toute honte bue. Mais le combat continue pour le deuxième jalon, essentiel, pour la participation pleine et entière d’Ousmane Sonko à la présidentielle de février 2024, conformément au mot d’ordre demeuré intact : « Màkki du bokk, Sonko da fay bokk ! ». Comme l’a si justement déclaré Habib Sy à la clôture de la conférence de presse des leaders de Yewwi le 4 juillet dernier, « la question centrale de la stabilité du Sénégal reste l’éligibilité d’Ousmane Sonko. L’empêcher d’être candidat, c’est défier des millions de jeunes sénégalais et africains. Et personne ne peut maîtriser les jeunes ».
Messieurs et Mesdames de l’APR/BBY, « après mure réflexion », il est toujours temps de se ressaisir. Ousmane Sonko l’a déclaré dans une interview qui vient d’être diffusée, « nous souhaitons à Macky Sall de partir dans la sérénité. Nous sommes des patriotes, nous aimons ce pays et nous sommes prêts à faire tous les sacrifices pour tout ce qui peut apaiser ce pays ».
Sous cet éclairage, continuer à ‘’aller dans le bon sens’’, mettre le cap sur la justice et la paix véritables, comme vient de le rappeler fort opportunément le F24 en faisant référence à sa Charte fondatrice, passent nécessairement par :
- la libération immédiate de tous les détenus politiques et la fin de toute les entraves à l’exercice des libertés et droits fondamentaux garantis par la Constitution,
- la conduite diligente d’enquêtes sérieuses et indépendantes sur les dizaines de meurtres commis entre mars 2021 et juin 2023, afin d’en déterminer les auteurs, de dédommager les familles des victimes et de punir les responsables,
- la levée immédiate de la détention administrative illégale d’Ousmane Sonko et de sa famille, ainsi que des restrictions qui s’apparentent à un blocus érigé à l’encontre de la région de Ziguinchor,
- la prise de toutes les dispositions utiles appropriées, aux plans législatif et réglementaire, en vue de l’organisation d’une élection présidentielle libre, inclusive, transparente et pacifique, à laquelle Monsieur Ousmane Sonko, président du parti Pastef et maire de Ziguinchor, prendra part dans les mêmes conditions que l’ensemble des autres candidat-e-s, avec la suppression de tous les artifice politico-judiciaires entravant le caractère inclusif du suffrage et la liberté de choix des électeurs et électrices.
Si par contre le président de l’APR/BBY se fixe comme ultime « grand chantier » d’isoler Ousmane Sonko, de le pousser dans ses ultimes retranchements pour l’éliminer de la compétition électorale de février 2024, alors il trouvera encore une fois sur son chemin un peuple debout, une jeunesse déterminée, au nom de l’espoir d’un leadership crédible, d’un Sénégal nouveau dans une Afrique libre et unie, quintessence du projet Pastef. Au peuple souverain alors, arc-bouté sur son droit imprescriptible à la résistante de masse constitutionnelle, démocratique et de légitime défense, de rester mobilisé et organisé, vigilant et lucide :nul doute, la victoire est ’au bout !
Madieye Mbodj est vice-président de Pastef chargé de la vie politique nationale.
MACKY SALL, L’HISTOIRE ET LA LOI DE LA GRAVITÉ ÉLECTORALE
EXCLUSIF SENEPLUS - Monsieur le président, en renonçant au troisième mandat, vous avez dé-standardisée la présidentielle 2024. Lorsque les candidats ne croisent pas le fer avec le président sortant, le scrutin impose un second tour d'office
Dans une tribune publiée dans les colonnes de Jeune Afrique en 2019, au lendemain de sa réélection, j'évoquais ce que sera le dernier mandat du président Macky Sall, 48 heures après son investiture. Aujourd'hui, à la lumière des bouleversements historiques récents, je voudrais poursuivre mon analyse, après l’acte fondateur du 3 juillet 2023, dont Macky Sall est l’unique et le véritable métronome.
Monsieur le président de la République, depuis que vous avez décidé de ne pas briguer un autre mandat, votre camp est sonné, l’opposition désarçonnée et le peuple, lui, continue de frissonner. En vrai de vrai, votre apogée historique marque désormais votre retraite politique. Dorénavant, pour les 230 jours restants, vous aurez l'illusion du pouvoir, mais la réalité du pouvoir est déjà ailleurs.
En outre, comme je l’écrivais dans les colonnes de J.A en 2019 : « vous serez le premier chef d'État à organiser une élection présidentielle sans y être candidat, et vous ne serez plus éligible en tant qu'électeur. Autrefois maître du jeu politique, vous ne serez plus qu'un arbitre électoral. De l'enviable position d'acteur principal, vous deviendrez un simple spectateur. Vous serez le premier président dont la date de fin de mandat sera officiellement connue, le 2 avril 2024. Bien mieux, vous serez le premier homme politique à quitter le pouvoir sans avoir été défait par un scrutin ».
Quatre années après, il est inutile de dire que l’histoire nous donne raison.
À présent, il nous faut questionner le présent et envisager le futur immédiat sans vous.
Les médias, d'ici et d'ailleurs, ne s'intéresseront à vous que pour connaître votre choix personnel parmi les candidats probables à la présidence de la République.
La lutte pour votre succession sera impitoyable, féroce et intense. Eh oui ! depuis votre déclaration de non-candidature, les ambitions sont fortes, tenaces, légitimes, débridées. Dans votre camp, il y a déjà plusieurs camps. Quant à l'opposition radicale, elle ne cherchera plus à vous abattre. Tenez ! Même l’intrépide Ousmane Sonko [prêt à vous pardonner et à oublier] ne fera plus de vous, son principal adversaire. La tenace Aminata Touré non plus. Au lieu de chercher à vous battre, Idrissa Seck, Karim Wade et Khalifa Sall convoitent votre fauteuil. Tandis que vos deux potentiels dauphins Amadou Ba et Abdoulaye Daouda Diallo se débattent silencieusement en vous demandant de bien capter leurs atouts et atours.
Monsieur le président, vous êtes en train de tourner la page la plus héroïque, la plus palpitante et la plus noble de votre vie publique. Aussi grand que le président Léopold Sédar Senghor, vous entrez dans l’histoire pour y rester éternellement.
Toutefois, vous ressentirez bientôt quelques regrets et pleurerez en secret l’oubli d'un bilan par endroits élogieux et controversé ailleurs. Au crépuscule de votre carrière, vous commencerez à être entouré de bien peu de personnes. Jeune retraité de la vie politique à 63 ans, l'histoire retiendra que n'étant pas fait pour des défaites électorales, vous avez préféré vous défaire de la politique. Indubitablement, vous avez frappé nos esprits et touché nos cœurs.
En renonçant à briguer un troisième mandat, vous avez soudainement fait de la présidentielle de 2024, la plus inédite, la plus complexe et la plus épique de notre histoire politique et institutionnelle. Vous l’avez dé-standardisée grand Dieu !
En effet, le programme des candidats ne se résumera plus à déclarer que le président sortant est l'homme à abattre. Le "Tout Sauf Macky" ne sera plus le thème de campagne. Il en faudra bien plus...
Hic et nunc, une seule question légitime préoccupe l'opinion nationale et internationale : qui sera le candidat de votre parti et de votre coalition ? Cependant, mon intérêt se porte ailleurs. Avons-nous pris en compte la fatalité d'un second tour ? Permettez-moi de rappeler une loi : celle de la gravité électorale que j'ai développée dans ma thèse de doctorat en Sciences juridiques et politiques.
Cette loi se résume ainsi : lorsque les candidats ne croisent pas le fer avec le président sortant, le scrutin impose un second tour d'office. Après un monitoring d’une centaine d'élections présidentielles dans le monde, nous avons pu trouver une seule exception à ce principe. Jour J- 230. A ce décompte, il faudra vraisemblablement ajouter 15 jours supplémentaires de campagne électorale.
Par Abdoul Aly KANE
LE RETRAIT POLITIQUE DU PRESIDENT MACKY SALL OU LES IMPLICATIONS D’UN CHOIX
L’annonce du Président Macky Sall de ne pas briguer un 3e mandat est le fait nouveau qui rebat les cartes concernant les élections présidentielles de février 2024. D’emblée, il faut convenir qu’il a respecté sa parole. Faut-il l’en féliciter pour autant ?
L’annonce du Président Macky Sall de ne pas briguer un 3e mandat est le fait nouveau qui rebat les cartes concernant les élections présidentielles de février 2024. D’emblée, il faut convenir qu’il a respecté sa parole. Faut-il l’en féliciter pour autant ? Il ne devrait pas en être ainsi.
En effet, féliciter un homme politique pour avoir respecté sa parole, revient à dire qu’il était susceptible de ne pas avoir l’intention de tenir un engagement aussi important pour le pays, ce qui serait tout de même vexatoire. C’est le lieu de faire un succinct bilan de sa politique économique. A notre sens, sur le plan de la satisfaction des besoins du plus grand nombre (emploi des jeunes), le PSE du Président Macky Sall est un échec. Le Président Sall a certainement pu constater que le mirage des infrastructures de transport, fussent-elles de dernières génération (TER, BRT) n’était pas arrivé à masquer la revendication sociale primordiale de la jeunesse, qui est le droit au travail. Le droit au travail est un droit humain essentiel.
Le droit au travail est essentiel pour assurer la dignité humaine, l’épanouissement personnel et la participation active à la vie sociale et économique. Après 10 ans de pouvoir, il avait d’ailleurs partiellement reconnu la déconvenue, en imputant les évènements de mars 2021 au chômage des jeunes.
Il s’en suivit son fameux « je vous ai compris » et l’élaboration dans l’urgence du programme XEYYU NDAWYI, dont les résultats ont été jusque-là sans rapport avec les terribles vagues de 300 000 nouveaux demandeurs qui échouent annuellement sur un marché du travail structurellement atone. Le Président SALL vient à nouveau, confirmer cet échec, lors de son discours de renoncement du 03 mai 2023 en ces termes :
« J’entends bien les aspirations du peuple sénégalais, de sa jeunesse en particulier, de ses attentes légitimes en matière de justice socio-économique, de création d’emplois, de renforcement du système d’éducation et de formation professionnelle, de meilleurs cadres de vie. Je comprends la volonté de notre jeunesse de vouloir vivre une vie qui vaut la peine d’être vécue, ici au Sénégal et non ailleurs. C’est justement à nous concerter à repenser ensemble cette solidarité que nous parviendrons, en tant que société, à répondre aux justesrevendications de notre jeunesse et de l’ensemble des citoyens sénégalais ».
Gap entre demande et offre d’emplois
D’ailleurs, le gap entre demande et offre d’emplois risque encore de s’aggraver. Les résultats provisoires de l’actuel (5ème ) recensement général de la population et de l’habitat (un taux de 85% de couverture), l’actuelle Ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Oulimata Sarr livre l’information suivante qui fait froid dans le dos, alors qu’on devrait s’en réjouir : ‘’Les données provisoires que nous avons disent que nous en sommes à près de 70 %, voire 75 % de Sénégalais ayant moins de 25 ans ». En effet, on sait tous que « jeunesse » doit rimer avec ardeur au travail, productivité, ingéniosité et développement, dividende démographique, pour autant qu’une bonne politique de développement humain sous-jacente à une stratégie de développement industriel pertinente soit mise en œuvre. Tel n’a pas été le cas depuis les indépendances.
On a « vendu » aux populations que le développement économique, construire des infrastructures faisant ressembler Dakar à Paris(l’an 2000 pour Senghor) pour donner l’illusion d’une politique efficiente de rattrapage économique. L’érection d’infrastructures à fort impact médiatique, initié avec succès par Abdoulaye Wade, a été poursuivie par Macky Sall via un endettement à peine soutenable, et sans un accompagnement par des politiques de transformation structurelles de l’économie du pays. Jamais un dirigeant du Sénégal n’a eu à sa disposition autant de ressources financières extérieures que Macky Sall.
Il est même à craindre que les revenus pétroliers et gaziers soient mis à contribution pour faire éviter les défauts de paiements. Cette situation induit pour la gestion future des choix drastiques à opérer en matière d’endettement, de développement industriel. Au plan politique, le retrait de Macky Sall ouvre de grands défis.
Quid de l’APR après son départ ?
Pour les élections de février, le parti va-til se réunir en congrès pour se choisir un candidat, ou alors va-t-il confier ce choix à la coalition BBY ? L’APR accepterait-il qu’un candidat ne soit pas choisi en son sein ? S’il est choisi au sein de son parti, Macky Sall va-t-il laisser le libre le choix du candidat aux militants, ou alors, va-t-il directement désigner son successeur comme Senghor l’avait fait avec Abdou Diouf ? Quelles seront les conséquences du choix de « l’élu » sur la cohésion du parti ? Quels sont les risques que certains cadres en proie à la frustration, quittent le navire avant le scrutin ? En toutes hypothèses, on peut craindre que la non-candidature de Macky Sall soit génératrice de dissensions voire de secousses dans l’APR dont la particularité est d’avoir une structuration horizontale (le Secrétaire général d’une part et tous les autres d’autre part). L’autre gros défi est la mise à l’écart de Sonko de la présidentielle, pour des motifs judiciaires apparaissant aux yeux de l’opinion comme véniels, et par conséquent à soubassements politiques. Les violents évènements de juin 2023 nous ont édifiés sur les réactions de la jeunesse concernant l’élimination de SONKO du jeu politique. La tenue d’un scrutin démocratique et apaisé en février 2024 pourrait donc en pâtir. Qu’adviendrait-il alors en termes de légitimité institutionnelle, avec un Président au mandat achevé et l’impossibilité d’en choisir démocratiquement un autre ? Notre conviction est que la décision de retrait de la candidature de Macky Sall ne saurait, à elle seule, ramener le calme.
Lever l’hypothèque qui pèse sur la participation de Sonko, Khalifa et Karim
Pour laisser derrière lui un Sénégal apaisé, le Président Macky devrait consacrer ce qui lui reste de son mandat, à lever l’hypothèque qui pèse sur la participation d’Ousmane Sonko, de Khalifa Sall et de Karim Wade à ces joutes, et confier l’organisation de celles-ci à une structure indépendante, animée par des personnalités consensuelles, comme on a pu le faire par le passé.
En conclusion, le débat sur le 3eme mandat étant clos, c’est celui de la participation de Sonko devient le plus épineux, d’autant que les motifs des diverses décisions de justice n’emportent pas la conviction du plus grand nombre, surtout des jeunes. Une fois les élections terminées, il reviendra aux acteurs politiques soucieux du développement du pays de tenir de larges concertations sur les questions économiques, d’autant que la mondialisation n’est plus le cadre exclusif de développement des échanges. Nous sommes dans une période où les politiques de développement en Afrique se font dans un contexte géopolitique heurté, d’accroissements démographiques très forts demandant de l’anticipation, et par conséquent la constitution de pôles d’intelligence économique permettant d’affiner les choix décisionnels. Dans une telle configuration, les choix économiques doivent être largement partagés pour une appropriation populaire. Le « Je » devra laisser la place au « Nous ». Avec la crise géopolitique et la question du climat, le défi du développement est devenu consubstantiel au règlement du problème des sources d’énergie. Comment comprendre que l’Afrique soit invitée à utiliser des énergies fossiles pour son développement sans pour autant que sa responsabilité ne soit engagée dans la détérioration du climat ?
D’aucuns comme le Président du Brésil LuizInacio Lula da Silva, ont souligné à juste titre l’injustice de la situation en ces termes : « Ceux qui ont pollué la planète ces 200 dernières années étaient ceux qui ont fait la révolution industrielle », et ceux-ci devraient donc s’acquitter en faveur des pays n’ayant pas de responsabilités majeurs dans les émissions de CO2 » ((discours prononcé en marge du sommet sur le Nouveau pacte financier Mondial).
Se priver dans l’immédiat de nos ressources pétrolières et gazières dans un contexte où les pays africains peinent à créer de l’emploi relèverait d’une forme de suicide économique. Les acteurs politiques sénégalais ne devraient pas être aphones dans ce débat crucial pour l’avenir du pays. Bâtir un pays relève d’une aventure collective avec des choix forts largement partagés par toutes les composantes politiques et sociales d’une société, ce qui induit consultation information participation et appropriation par le plus grand nombre. Pour finir, Macky Sall a un défi majeur à relever : celui d’apaiser le climat politique et social d’ici son départ. Cela passe par la libération des détenus politiques et autres victimes collatérales des récents évènements. Il lui revientsurtout, de veiller à passer le témoin à un successeur dans des conditions apaisées, et non suspectes de « combinazione », faute de quoi, les lauriers qui lui sont actuellement tissés pourraient se transformer très rapidement en couronnes d’épines. Si y a de nouvelles manifestations suivies de pertes en vie humaines, l’irréparable pourrait se produire, et par conséquent réduire à néant les bénéfices engrangés et autres perspectives ouvertes. Pour finir, à ceux qui invoquent la jeunesse d’Ousmane Sonko pour lui demander de patienter jusqu’en 2029, il faudrait éventuellement rappeler que ni notre démographie actuelle, encore notre histoire ne sauraient conforter leur analyse. N’oublions pas en effet qu’Abdou Diouf est parvenu à la magistrature suprême à 45 ans. A ceux qui pensent que Macky préparerait un scénario où il présenterait sa candidature en dernière minute, je voudrais dire qu’à mon avis, il sait qu’il aurait tout à perdre à le faire, sous peine de perdre tout le crédit qu’il vient d’engranger à l’international, lui ouvrant la voie à une autre filière promotionnelle.