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18 avril 2025
Opinions
Par Me Cheikh Khoureysi BA
«SONKO, LA RESISTANCE D’UN HOMME DEBOUT»
Le président #OusmaneSONKO que nous venons juste de visiter avec Mes Ousseynou FALL et Babacar NDIAYE au Pavillon Teranga de l’Hôpital Principal de Dakar nous a reçus malgré son état de grande fatigue et sa santé précaire qui se dégrade visiblement
Le président #OusmaneSONKO que nous venons juste de visiter avec Mes Ousseynou FALL et Babacar NDIAYE au Pavillon Teranga de l’Hôpital Principal de Dakar nous a reçus malgré son état de grande fatigue et sa santé précaire qui se dégrade visiblement de jour en jour. Néanmoins, en dépit de nos suppliques, en écho aux nombreuses prières qui lui sont adressées, il reste infrangible dans sa détermination à aller jusqu’au bout de sa diète.
Il en a profité pour nous demander de remercier en son nom les hommes et femmes de foi et de bonne volonté d’ici et d’ailleurs pour leurs invitations pressantes à mettre un terme à cette grève de la faim qu’il a décrétée bien malgré lui et qui en est à son 11ème jour.
Tout en comprenant la vive préoccupation des uns et des autres et en faisant siens leurs arguments en faveur de la sauvegarde de sa santé, le bien le plus précieux de l’homme, Monsieur #Ousmane SONKO reste cramponné à sa posture originelle d’acteur politique de premier plan qui a opté en parfaite connaissance de cause pour un combat sans concession contre un système oppresseur d’une singulière cruauté autocentré sur sa liquidation totale.
Dans cette perspective il est aisé de constater et de comprendre que les appels à la cessation de la grève de la faim d’une figure politique aussi persécutée ne peuvent avoir un écho favorable, ce d’autant moins que bon nombre de ces appels originent d’acteurs qui pour la plupart n’ont aucune prise réelle sur les comportements absolutistes et les errements d’adversaires usant et abusant avec une violence extrême de leur position de pouvoir.
Aussi, sur un autre plan, même s’il partage la ferme motivation de ses dignes compagnons d’infortune, également décidés à ne pas faire droit à sa propre requête aux fins d’arrêter leurs mouvements de grève de la faim, il s’adresse à leur fibre patriotique ainsi qu’au sens de la discipline qui ne leur a jamais fait défaut pour qu’ils considèrent cette invite comme un ordre solennel qu’il se croit fondé du pouvoir de leur donner en ces moments importants de la lutte qu’ils mènent ensemble.
C’est l’attitude que l’on est en droit d’attendre d’un Chef. Il reste aux troupes, vaillantes victimes d’un système répressif tous azimuts, à œuvrer dans le sens attendu d’elles. Leur bravoure n’est plus à démontrer dès lors qu’elles ont accepté sans rechigner de défier la faim et la soif dans ces mouroirs à ciel ouvert que sont devenus les univers carcéraux de notre pays. C’est la plus belle preuve d’attachement à sa personne, à la cause patriotique et au Projet.
OUSMANE SONKO attache de ce fait un grand prix au respect de cette consigne. Nul ne peut ou ne doit lui dénier le droit du leader qu’il est de diriger le combat en payant de sa personne, en prêchant par l’exemple.
par Abdou Karim Fofana
LA DÉRIVE DU JOURNAL LE MONDE
Le Sénégal, pour préserver son modèle démocratique, ne laissera pas prospérer les tentatives de déstabilisation menées par des extrémistes soutenus de l’extérieur, que ces soutiens soient des intérêts privés, des mouvements politiques ou des médias
Le quotidien français Le Monde relève un « raidissement » de l’Etat du Sénégal dans un éditorial intitulé « La dérive du Sénégal, nouvelle source d’inquiétude pour l’Afrique de l’Ouest ». Il y est question de la dissolution du parti d’Ousmane Sonko et de ses démêlés avec la justice dont le texte s’épanche sur les conséquences supposées sans s’arrêter sur les causes.
Pour n’avoir pas poussé la rigueur journalistique jusqu’à offrir à ses lecteurs un réel aperçu des actes et du discours ayant conduit M. Sonko et son ex-parti à cette situation, nous apportons au Monde quelques faits par souci de délivrer la bonne information.
Entre mars 2021 et juin 2023, Ousmane Sonko a, entre autres, appelé des jeunes à aller déloger le Président de la République ; demandé à ses partisans, par la violence, je le cite : « d’en finir avec Macky Sall » et de le traiter « comme Samuel Doe » (ancien président libérien trainé par des putschistes dans la rue jusque sur une place publique, torturé et découpé en morceaux) en précisant que les jeunes sont bien entrainés et, dotés d’armes, chacun d’entre eux pourra mener à bien ce projet ; demandé encore à ses partisans de donner leur vie face aux forces de l’ordre dans ce qu’il appelle, avec des accents de gourou religieux, un Jihad ; appelé l’armée à, je le cite toujours, « prendre ses responsabilités », appel que son ex-parti réitèrera dans un communiqué daté du 1er juin 2023 exhortant au coup d’Etat.
Ces paroles ont été accompagnées d’actes menés par des bandes armées et organisées s’adonnant à des casses, des pillages de commerces, de banques et ciblant des infrastructures névralgiques telles que des transports, des centrales électriques, des usines de distribution d’eau dans le but de paralyser l’activité économique du pays et installer le chaos.
La dernière action en date liée à ces appels à la violence et à cette constitution de bandes organisées est l’attentat perpétré, le mardi 1er août dernier, contre un bus de transport en commun qui a fait deux morts et de nombreux blessés.
Conformément aux lois sénégalaises, plusieurs dossiers liés à ces violences ayant pour dénominateur commun des responsables et militants du parti dissous sont pendants devant la justice. En tant que principal instigateur de ces violences, Ousmane Sonko a été inculpé et placé sous mandat de dépôt.
L’ex-parti de M. Sonko, avant sa dissolution, avait, à travers ses dirigeants et instances, fréquemment appelé à des mouvements insurrectionnels ayant entrainé des pertes en vies humaines, de nombreux blessés ainsi que des actes de saccage et pillage de biens publics et privés. Ces actes ont constitué un sérieux et permanent manquement aux obligations des partis politiques figurant à l’article 4 de notre Constitution et à l’article 4 de la loi n°81-17 du 06 mai 1981 modifiée par la loi n° 89-36 du 12 octobre 1989.
Aucun pays démocratique ne peut accepter de tels manquements. Un ancien président américain est, par exemple, poursuivi actuellement pour avoir demandé à ses partisans d’envahir le siège d’une institution. En France, la dissolution de l’organisation Les Soulèvements de la Terre pour appel à l’insurrection et violences contre la Police est à l’ordre du jour sans que Le Monde ne pense à remettre en cause le régime démocratique français.
Le jour même de la publication de son éditorial dénonçant la dissolution d’une organisation au Sénégal pour violation de nos lois, le site internet du journal Le Monde, pas à une incohérence prés, se contentait d’annoncer que le ministre de l’Intérieur français a activé ses services pour la dissolution d’un mouvement dénommé Civitas. La raison de cette action se trouve dans des propos tenus lors de l’université d’été de cette organisation et qui sont de nature à inciter à la haine et à compromettre le vivre ensemble entre communautés.
En démocratie la violence, l’invective permanente et l’incitation à la haine ne sont pas acceptables. S’attaquer aux institutions, aux forces de défense et de sécurité, aux juges, aux régulateurs sociaux est inadmissible. Car c’est s’attaquer à ce commun vouloir de vie commune qui nous a été légué et que nous avons le devoir de préserver.
Depuis son avènement, l’Etat du Sénégal n’a pas connu de coup d’Etat. Ceux qui veulent le déstabiliser, sachant le succès de ce procédé qui réussit dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest impossible chez nous, tentent de s’appuyer sur des mouvements aux apparences démocratiques. Ces derniers s’attèlent à cette déstabilisation par la promotion de valeurs antirépublicaines. Qu’une partie des médias français s’en fasse l’écho pour remettre en cause les modèles démocratiques ouest-africains appelle chez nous une plus grande vigilance à leur égard.
L’Etat du Sénégal, pour préserver la supériorité de son modèle démocratique, ne laissera pas prospérer les tentatives de déstabilisation menées par des extrémistes soutenus de l’extérieur, que ces soutiens soient des intérêts privés économiques, des mouvements politiques ou des médias cachant mal des objectifs inavoués derrière une amputation de la bonne information à dessein.
Abdou Karim Fofana est ministre du Commerce, de la Consommation et des PME et Porte-parole du Gouvernement du Sénégal.
par Bosse Ndoye
LA CEDEAO, LE NOUVEAU GROUPE DE BRAZZAVILLE ?
Si la France insiste et persiste pour faire intervenir militairement ses laquais de la CEDEAO, c’est pour la défense ses intérêts
Devenu le groupe de Monrovia en mai 1961 - avec des États membres plus hétéroclites -, le groupe de Brazzaville était essentiellement composé d’anciennes colonies françaises au moment de sa naissance, dans la capitale congolaise, en décembre 1960, au milieu d’une Afrique où le soleil des indépendances venait à peine de se lever sur nombre de pays. Selon la juriste haïtienne, Mirlande Hyppolite: « Pour beaucoup d’observateurs, il (le groupe de Brazzaville) demeure l’ensemble des États qui, entre 1960-1962, se sont prononcés en faveur de la France lors de la discussion de l’affaire algérienne, ou qui se sont opposés à la majorité des États africains sur le problème congolais[1].» En choisissant ainsi de se ranger en bloc, et ouvertement du côté de l’oppresseur, du (néo)colon, il fait penser, à bien des égards, à la CEDEAO qui, instrumentalisée ces dernières années par des puissances occidentales, notamment la France, a pris des décisions iniques allant dans le sens de leurs intérêts, au grand dam des peuples du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée et actuellement du Niger contre lesquels elles ont été et sont encore appliquées
Il suffit juste de rappeler certains des principaux points du discours inaugural du roi Mohammed V, tenu à Casablanca le 6 janvier 1961, lors de la conférence qui devait donner naissance au groupe – composé du Maroc, du Mali, de la Guinée Conakry, de la Libye de l’Égypte, du Ghana et du GPRA - qui allait porter le nom de cette ville marocaine pour s’apercevoir que l’unité africaine totale, la défense du continent par des forces africaines et la volonté de libération des peuples encore sous le joug du (néo) colonialisme qui animaient ce groupe étaient loin de plusieurs des positions prises par celui de Brazzaville. En voici quelques-uns : lutte contre le néocolonialismesous tous ses aspects et dénonciation de ses nouvelles méthodes de mystification; consolidation et défense de l’indépendance des États africains libérés; édification de l’unité africaine; évacuation de toutes les forces d’occupation en Afrique ; opposition à toute ingérence étrangère dans les affaires africaines; action pour la consolidation de la paix dans le monde[2]. Pendant ce temps, sous la houlette d’Houphouët Bobigny, que Frantz Fanon surnommait le commis-voyageur du colonialisme français[3] - le groupe de Brazzaville votait contre le plan Kennedy lors de la XVe Assemblée générale des nations unies, lequel prévoyait de confier la gestion de la crise algérienne[4] à l’ONU. Lors de la crise congolaise, juste quelque temps après la déclaration d’indépendance du pays, alors que le groupe de Casablanca soutenait le gouvernement lumumbiste du vice-président Antoine Gizenza installé à Stanleyville, celui de Brazzaville supportait le gouvernement du président Kasa-Vubu à Léopoldville (actuel Kinshasa), lequel était appuyé par les puissances (néo)coloniales – France, Belgique et États-Unis -, qui avaient encouragé, voire fomenté la sécession du pays pour préserver, dans un contexte de guerre froide très marquée, leurs intérêts financiers et géostratégiques dans le pays.
En ces temps de tiraillements très tendus entre partisans d’un monde multipolaire et ceux d’une hégémonie occidentale éternelle, la CEDEAO est instrumentalisée par la France, qui l’a poussée à prendre nombre de décisions injustes et illégales pour faire plier des pays qu’elle accuse d’avoir commis un crime de lèse-majesté en voulant se dépêtrer de son emprise pour sortir de sa zone d’influence. Dans le cas du Mali – où les sanctions prises à la suite des 2 coups d’État ont été les plus sévères, certainement pour faire peur aux anciennes colonies françaises de la sous-région qui seraient tentées de lui emboîter le pas - elle a outrepassé ses prérogatives en allant jusqu’à ordonner le gel des avoirs du pays dans les banques centrales et commerciales (de la CEDEAO). Elle avait aussi ordonné la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays membres de la CEDEAO et le Mali et suspendu toutes les aides financières de ses institutions financières. Mais le peuple malien a fait stoïquement face à toutes ces décisions. Des sanctions avaient été aussi prises contre la Guinée Conakry et le Burkina Faso à la suite des coups d’État survenus dans ces 2 pays. Mais elles étaient plus souples que celles infligées au Mali. La nouveauté dans le cas du Niger, après le putsch du 26 juillet dernier, est que, outre la batterie de sanctions habituelles, la CEDEAO, poussée encore et toujours très fortement par la France, qui n’a plus besoin de porter de masque pour agir, a brandi cette fois-ci la menace d’une intervention militaire pour réinstaller le président Bazoum, l’homme de Paris. Après l’expiration ultimatum donné au Niger, tout le monde reste dans l’incertitude totale, même si solution pacifique semble privilégiée pour le moment.
La Nigéria, qui a quasiment la même population que le Niger, partage 1 500 Km de frontière avec ce pays. Pour autant, sous l’influence de Paris, il est très vite allé en besogne en déconnectant rapidement la ligne de haute tension qui transporte l'électricité au Niger. Cette décision est pour le moins ubuesque. Qui eût cru que ce pays, qui avait interrompu ses relations diplomatiques avec la France entre 1961 et 1966, à cause des essais nucléaires que cette dernière menait dans le désert algérien serait capable d’un tel acte pour les beaux yeux de la France. L’histoire regorge hélas d’ironies, et au pays du président Tinubu, ses leçons ne semblent pas être très bien retenues. C’est pourquoi il convient bien de rappeler le rôle que le pays du président Macron a joué dans la guerre du Biafra, qui a causé près d’un million de morts sinon plus selon certaines estimations. Le général de Gaulle disait que : « Le morcèlement du Nigéria est souhaitable et si le Biafra réussit, ce ne sera pas une mauvaise chose[5]. » Ses propos ont été suivis d’actes concrets sur le terrain : « 384 millions de dollars en équipements militaires ont été fournis par Paris…par un pont aérien, qui avait atteint parfois 450 vols par mois[6]. Le soutien était aussi financier : 500 00 livres sterling fournis par la compagnie ELF. L’Hexagone avait choisi de plonger ses mains dans le cambouis juste pour défendre ses intérêts stratégiques en voulant démanteler un grand pays anglophone gênant au milieu d’anciennes colonies francophones encore soumises: « La crise du Nigeria, que l’histoire a situé au cœur de l’ensemble colonial français, ne pouvait pas laisser la France indifférente : quatre États francophones entourent la fédération et l’on trouve d’importantes minorités Yorubas au Dahomey, Haoussas au Niger, Ibos au Cameroun oriental[7]. » D’aucuns disent que l’or noir qui avait été découvert en grande quantité au Biafra faisait aussi partie des visées inavouées. La situation n’est pas différente de ce qui se passe actuellement au Niger. Si la France fait des pieds et des mains et adopte une attitude arrogante et belliqueuse, tout en essayant de pousser la CEDEAO à la guerre, laquelle ne ferait que des victimes africaines, c’est entre autres pour maintenir ses soldats chassés du Mali dans le pays et surtout continuer de bénéficier encore et toujours du prix avantageux qu’elle paie pour acheter l’uranium nigérien. Par conséquent, elle est prête à tout pour faire réinstaller son homme au pouvoir, dût-elle pousser à faire semer le chaos dans la région comme elle l’avait fait en Lybie. Rappeler ces faits historiques n’est pas synonyme pour autant d’absoudre les coups d’État qui profilèrent dans cette zone de l’Afrique. Loin s’en faut. Toutefois, la question que l’on devrait aussi se poser est de savoir pourquoi ces coups d’État sont toujours bien accueillis par les peuples. D’autant que les scènes de liesses auxquelles ils donnent lieu en disent long sur la nature des régimes renversés. De plus, dans beaucoup de pays africains, les populations n’ont pas la possibilité de porter aux sommets des États les personnes de leur choix à travers des élections (transparentes et démocratiques), parce que celles-ci sont souvent soit truquées soit pilotées de l’extérieur ou les deux à la fois.
Pour gagner en crédibilité et pour être plus cohérents avec eux-mêmes, les chefs d’État de la CEDEAO doivent appliquer les mêmes sanctions à tous ses pays membres en cas de coup d’État. Celles mises en œuvre au Mali et au Niger ne devraient pas différer de celles appliquées en Guinée Conakry. Qui plus est, les coups d’État constitutionnels doivent être punis aussi sévèrement que les coups d’État militaires. Ces dirigeants devraient surtout être souverains et responsables, en agissant de leur propre chef et en toute conscience plutôt que d’être les pantins aux mains de puissances occidentales qui les manipulent au gré de leurs intérêts. C’est trop facile d’accuser toujours les autres comme étant la cause de ses échecs et de ses malheurs tout en oubliant de se remettre en question à travers une autocritique sans complaisance.
En définitive, il serait bon de rappeler ces propos de Frantz Fanon, qui avait déjà tiré la sonnette d’alarme à la suite de l’assassinat de Lumumba : « Les Africains devront se souvenir de cette leçon. Si une aide extérieure nous est nécessaire, appelons nos amis. Eux seuls peuvent réellement et totalement nous aider à réaliser nos objectifs, parce que, précisément, l’amitié qui nous lie à eux est une amitié de combat[8]. » Si la France insiste et persiste pour faire intervenir militairement ses laquais de la CEDEAO, c’est pour la défense ses intérêts. L’esclavage, la colonisation, les assassinats ciblés des leaders indépendantistes, les coups d’État soutenus après les indépendances, les ingérences répétées, la guerre au Rwanda, en Lybie et en Côte d’Ivoire prouvent s’il en était besoin que la France est loin d’être l’amie de l’Afrique en général et de ses anciennes colonies en particulier. Pas plus que les Américains – dont les actions sont plus discrètes dans la situation actuelle - et les autres puissances occidentales parce qu’il n’existe pas d’amitiés en matière de relations internationales. Les États sont juste mus par leurs intérêts. Donc, toute personne sensée doit savoir que les intérêts d’un pays étranger ne valent aucune vie africaine a fortiori une guerre fratricide qui causerait plusieurs centaines de victimes et de refugiés. Ils ne valent pas non plus l’éclatement de CEDEAO, qui pourrait se voir quitter par le Mali et le Burkina Faso, s’ils mettaient leurs menaces à exécution en cas de conflit. Les crises au Mali, au Burkina Faso, au Niger et les cafouillages notés au niveau de la CEDEAO montrent encore une fois que nos pays sont unis par une communauté de destins sur le plan sécuritaire et économique, et que tant qu’ils seront désunis, ils resteront les proies faciles des puissances cyniques et sans scrupule. La France est en déclin en Afrique, et la tendance, sauf miracle, est irréversible. Et l’histoire a enseigné que les puissances et les classes dominantes en déclin peuvent être très dangereuses. Ayant compris cela, Aimé Césaire, dans le Discours sur le colonialisme, nous avait déjà mis en garde : « C'est une loi implacable que toute classe décadente se voit transformée en réceptacle où affluent toutes les eaux sales de l'histoire; que c'est une loi universelle que toute classe, avant de disparaître, doit préalablement se déshonorer complètement, omnilatéralement et que c'est la tête enfouie sous le fumier que les sociétés moribondes poussent leur chant de cygne[9]."
[1] Mirlande Hyppolite, citée pat Saïd Bouamama, Pour un panafricanisme révolutionnaire, pistes pour une espérance politique, continentale, p. 152
[2] Manuel stratégique de l’Afrique, Saïd Bouamama, tome 2 p.127
[3] Pour la révolution africaine, Frantz Fanon, p.135
[4] « Big brother » ou la géopolitique africaine d’Houphouët Boigny, tiré de L’empire qui ne veut pas mourir ’(œuvre collecte sous la direction de Thomas Borrel, Amzat Boukari-Yabara, Benoit Collombat, Thomas Deltombe), p. 303
[5] Foccart Parle, entretiens avec Philippe Gaillard 1, p. 342.
[7] Pour un panafricanisme révolutionnaire, pistes pour une expérience politique continentale, tiré de la rue française Défense nationale, cité par Saïd Bouamama, p.136
[8] Pour la révolution africaine, Frantz Fanon, p.217
[9] Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, p.54
par Ibrahima Silla
NI DAMNÉS DE LA TERRE, NI CONDAMNÉS DU CIEL
Les boulevards de l’émancipation sont ouverts à nos pays qui semblent refuser de les emprunter du fait de la plupart de ses dirigeants qui, par la mal-présidence, maintiennent notre continent si riche dans la précarité, la vulnérabilité
Les « damnés de la terre » ne seraient-ils en fin de compte que les « condamnés du ciel » ? Au rythme où s’estompent terriblement en Afrique nos élans vers le progrès et la prospérité, la paix et la sécurité, la stabilité et l’espoir du fait de la mal-présidence, tout semble devoir nous inciter à la tentation d’adhérer à un tel fatalisme. Une triste et révoltante observation assidue de la politique en Afrique ne devrait pourtant pas nous conduire à cautionner cet imaginaire d’une fatalité destinale macabre et irréversible. Cette présomption fataliste est à déconstruire ; tout autant que les gouvernements néocoloniaux transformés, en fonction des objectifs occidentaux ou orientaux d’exploitation de l’Afrique, en « mercenaires » et artisans maudits de leur propre misère, déstabilisation et destruction politique.
Laissez Dieu tranquille ! Il n’y est pour rien dans cet entêtement conflictuel, contreproductif et suicidaire qui voit aujourd’hui le pire prendre une dimension régionale voire continentale du fait d’une mauvaise lecture de la géopolitique mondiale. Ni le ciel ni la terre ne sont en cause dans cette « cartographie du tragique », mais bien les hommes qui se prennent pour des institutions, sans être à la hauteur de celles-ci qu’ils sont censés incarner, conformément aux principes républicains et idéaux démocratiques constitutionnellement établis. C’est une évidence : de mauvais chefs, c’est tout ce qu’il faut pour rendre un continent malheureux. De mauvais citoyens aussi, après tout ; car leur tolérance, leur indifférence et leur allégeance face au nuisible balisent la voie à ce qui semble ressembler à une « misère à perpétuité ». Heureusement que certains civils ou militaires continuent à revendiquer et manifester leur droit et leur devoir de résistance.
L’Afrique n’est ni damnée ni condamnée à subir une fatalité irrévocable et irréversible l’enfermant dans un destin ou une spirale du pire multirécidiviste à perpétuité. Les hommes, les femmes et les jeunes qui la peuplent sont fatigués d’être fatigués. Le risque d’embraser le continent, de sacrifier sa jeunesse, d’hypothéquer une fois de plus son avenir est immense. Mais on a l’impression que certains de ces « squatters obstinés du pouvoir » cherchent à placer leur pays dans une situation de guerre, ce qui leur permettrait d’invoquer une « situation d’exception » non propice à la tenue de toute élection présidentielle.
Vouloir faire du Niger « l’agneau du sacrifice » n’est ni politiquement raisonnable ni tactiquement intelligent. Ce n’est pas en cherchant à déstabiliser le Niger, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée qu’on obtiendra la paix, la sécurité, le progrès et la prospérité en Afrique de l’Ouest. Aucun îlot de paix, de sécurité et de stabilité ne pourrait voir le jour dans cet océan de désordre qui inondera l’Ouest du continent d’abord, avant de s’étendre partout ailleurs. Le réalisme conduit souvent à la realpolitik et donc vers le pire qui cautionne l’idée chère à Vattel qui disait : « Un canon bien chargé est beaucoup plus efficace qu’un document de droit ». Il a tort. La diplomatie est bien souvent l’oxygène qui permet de donner un nouveau souffle à la négociation et à la construction de la paix.
Les Européens comme les Américains, parfaitement conscients de l’impact que pourrait avoir pour la paix et la sécurité mondiales une attaque contre la Russie, en dépit de ce qu’ils qualifient comme une « violation du droit international » de sa part, à partir d’une « agression contre un État souverain », ont fait preuve, malgré tout, d’une retenue salvatrice pour toute l’humanité au regard du nucléaire en jeu. A l’inverse, en Afrique, certains chefs d’État, prenant non seulement le contrepied de la grande majorité de leur opinion publique nationale hostile à toute manipulation de l’Occident, mais surtout défiant toute raison géopolitique et toute rationalité géostratégique, entendent mener une guerre contre le Niger et par conséquent ses alliés africains soutenus, par ailleurs, par une Russie qui envisage ni plus ni moins de « briser l’occident via l’Afrique ». Ces « mercenaires serviles » du chaos contre eux-mêmes ne semblent pas avoir beaucoup réfléchi sur la « géopolitique des vulnérabilités ». La géopolitique ce n’est pas une affaire de virilité militaire ou de caprice présidentiel, mais bien une question de stratégie subtile portée par une finesse d’esprit savamment élaborée par une expertise avérée qui permet de voir juste et loin.
Libres de tout esclavagisme involontaire et de toute soumission coloniale imposée, les boulevards de l’émancipation sont en réalité ouverts à nos pays qui semblent refuser de les emprunter, non pas du fait des peuples résolus de ne plus servir et d’être asservis contre leur volonté, mais exclusivement du fait de la plupart de ses dirigeants qui, par la mal-présidence dans laquelle ils excellent, maintiennent notre continent si riche en potentialités dans la précarité, la misère, l’insécurité et la vulnérabilité. Mesurent-ils ce qu’ils envisagent de faire au Niger, oubliant ce qu’ils devraient commencer à entreprendre dans leurs pays respectifs dans les domaines politiques, démocratiques, juridiques, économiques, culturels, médiatiques, écologiques, humains… ces immenses chantiers post-matérialistes qui devraient les préoccuper plus que tout, au regard des profondes blessures du continent dont ils sont souvent les indignes maîtres d’œuvre ?
Le temps de l’Afrique sans cesse annoncée semble être coincé dans un contretemps macabre conduisant certains de ces chefs d’État à s’inscrire dans ce que j’avais appelé la « diplomatie du ventre » publié dans un autre article intitulé « la diplomatie de l’indignation n’effacera pas la politique de l’humiliation » (janvier 2018) les conduisant à aller quémander une rencontre et une photo officielle avec l’ancien président américain Donald Trump qui venait de les traiter de « pays de merde ». Aujourd’hui, ils cherchent à pratiquer la « géopolitique du mandat », quitte à replonger une fois de plus le continent dans une instabilité dévastatrice sans issue – pour ne pas dire dans la merde – à la merci des « à-lier d’Occident » et des « aliénés d’Orient ». Il faut savoir être son propre allié. Y arriveront-ils un jour ?
par Mouhamadou Moustapha Mbengue
POUR UNE DÉMOCRATIE DIRECTE AU SÉNÉGAL
Le meilleur modèle de démocratie ne se situe ni dans le présidentialisme, ni dans le parlementarisme, pour le pays
Le Sénégal est un pays qui représente, depuis longtemps, un phare de la démocratie en Afrique puisque votant dès 1833, Saint-Louis et Gorée pourvoyant leur premier siège de député au Parlement français en 1848. Après une participation continue de ses ressortissants à la politique française, notamment avec l’élection de Blaise Diagne comme premier député noir à l’Assemblée française en 1914, la concurrence de 7 partis entre 1918 et 1945, la loi-cadre Gaston Deferre votée en 1956 par l’Assemblée nationale française acte le processus d’autonomisation des colonies ouest-africaines menant à l’indépendance complète de celles-ci.
Le 20 août 1960, le Sénégal vote son indépendance de la tutelle française, puis élit son premier gouvernement à travers l’UPS issu du Bloc démocratique sénégalais, qui gouverne jusqu’en 1962, date du renversement du président du Conseil, Mamadou Dia, par une motion de censure consécutive à un différend avec le Président Senghor.
D’un régime parlementaire, le pays bascule dans un présidentialisme exacerbé par une limitation des partis politiques en 1978 jusqu’au multipartisme intégral en 1981 sous l’impulsion du Président Diouf.
L’alternance politique acquise en 2000 avec l’élection d’Abdoulaye Wade à la succession de Diouf ne s’obtient qu’au prix de luttes et sacrifices humains très lourds ayant occasionné de nombreuses morts et disparitions d’hommes et femmes politiques ainsi que de purs militants et combattants de la démocratie.
Le président Wade exerce, à son tour, un leadership autoritaire jusqu’en 2012, date où il perd l’élection l’opposant à Macky Sall le 26 février, qui, à son tour, est accusé d’autoritarisme par l’opinion sénégalaise.
En effet, les emprisonnements d’opposants et journalistes de premier plan comme Karim Wade (PDS), Khalifa Sall (PS), Ousmane Sonko (Pastef) et Pape Alé Niang (chroniqueur de la presse) se multiplient durant les deux mandats de ce dernier (2012 – 2019 et 2019 – 2024) alors que plusieurs de ses partisans sont accusés d’actes de détournement, de malversations, fraudes ou encore blanchiment, et qu’un grand nombre de mobilisations citoyennes sont interdites ou réprimées. Cette situation mène à penser que les libertés ont été réduites par les gouvernements successifs de Macky Sall, dont la gouvernance autoritaire est dénoncée par beaucoup d’observateurs de la vie politique sénégalaise, alors qu’il avait été élu sur le thème de la rupture avec un système précédent similaire.
Cette analyse nous fait croire que le meilleur modèle de démocratie ne se situe ni dans le présidentialisme, ni dans le parlementarisme, pour le Sénégal, les deux modèles ayant été expérimentés sans succès réel.
Si nous regardons autour du pays, les mêmes situations d’impasse caractérisent la plupart des pays d’Afrique sub-saharienne, qui ont hérité de systèmes politiques européens après les indépendances.
C’est pourquoi nous pensons que ceux-ci doivent puiser dans le génie civilisationnel qui est le leur, leur ayant permis de vivre ensemble pendant des siècles, avant l’arrivée de colonisateurs arabes et européens.
Pour nous, la bouée de sauvetage de ces pays se trouve dans le retour aux anciens systèmes politiques qui ont prévalu avant les différentes périodes de colonisation : ceux-ci se comportaient démocratiquement, sous l’arbre à palabre, où toutes les décisions importantes étaient prises. Lorsqu’un membre de la société avait dévié de celle-ci, des membres de sa communauté choisis pour leur sagesse et leur bonne moralité se réunissaient pour donner leur avis sur la conduite à tenir le concernant et réussissaient à le redresser. Rien ne doit empêcher que ce même modèle reproduise les avantages qui nous permettaient de vivre ensemble.
Nous prônons, donc, un système de démocratie directe, dans lequel tous les citoyens âgés d’au moins 30 ans révolus et s’acquittant d’un impôt équivalant 1 million CFA seront autorisés à choisir entre plusieurs options dans chaque sujet d’envergure nationale, communale ou territoriale (département ou quartier).
Concrètement, cela signifie que les institutions chargées de représenter le peuple seraient supprimées : gouvernement, parlement, conseils communaux, départementaux, exécutifs territoriaux et nationaux, dont président de la république, qui sera remplacé par un coordonnateur général des affaires de l’Etat, chargé de faire fonctionner les institutions républicaines restantes dont l’administration publique, l’armée, les universités, écoles, hôpitaux, centres de santé, dont les budgets seront débattus, votés dans les assemblées rassemblant les citoyens de chacune de ces instances démocratiques, et contrôlés concomitamment par ceux-ci, semestriellement.
Cette façon de fonctionner aurait l’avantage de remettre chaque citoyen à sa place : celle d’un actionnaire à part entière de son pays, exprimant sa voix dans chaque sujet concernant sa collectivité. L’armée, la justice, la police, l’économie et la santé seront, ainsi, des questions débattues et décidées ensemble, leurs personnels étant choisis parmi une liste de professionnels admis pour leurs qualifications, supervisés – simplement, et non commandés – par un coordonnateur général dont l’action sera contrôlée 2 fois par an, collectivement par l’assemblée des citoyens admis pour leur maturité (30 ans), leur capacité de s’acquitter d’un impôt censitaire d’1 million annuel (au niveau national) et de 100 000 francs 2 fois par an aux autres échelons (département, commune, quartier), où des agents recrutés exclusivement pour exécuter les choix des citoyens composant chaque assemblée pour leurs qualifications rendront compte auxdites assemblées.
Le rôle du coordonnateur général des affaires de l’Etat se limitera à la supervision du travail des agents que la collectivité nationale placera sous sa responsabilité, dans un contrat annuel non renouvelable. Ceci empêchera la course à l’enrichissement à travers la politique d’un personnel ancien, prébendier, avare, qui accapare les ressources du pays depuis l’entrée dans celui-ci de colons arabes, puis européens, sans cesse ; une reproduction discontinue qui a achevé de montrer le caractère professionnel de ce personnel politique.
Ce phénomène prébendier et de professionnalisation de la politique, commun à tous les pays d’Afrique, explique les situations d’impasse dans ces pays, où la compétition pour la gestion de l’Etat justifie tous les comportements déraisonnables : détournements, corruption, assassinats, répression des opposants, restrictions des libertés, censures, mauvaise gouvernance, chômage de masse, présidences interminables.
C’est pourquoi une interdiction de rempiler pour le coordonnateur général des affaires de l’Etat, après une année de gestion pendant laquelle il est contrôlé au milieu et à la fin de sa gestion, permettra de limiter les effets pervers de l’irresponsabilité absolue du président de la république que nos différentes constitutions, copies plates de la Ve République française, ont occasionnés, avec leur lot de divisions profondes dans nos sociétés, d’instabilités politiques, de faillites des institutions et de l’économie nationale, d’injustices...
Nous pensons qu’un système de démocratie directe, dans lequel toutes les questions d’envergure nationale sont débattues et votées par l’ensemble des citoyens ayant 30 ans au moins et acquitté 1 million d’impôt, et celles d’intérêt territorial (commune, département ou quartier) le sont à ces échelons, comme elles le furent avant les différentes colonisations que nous avons subies, est le modèle idéal pour nos sociétés. Si nous arrivons à retourner à celui-ci, nous trouverons suffisamment de temps pour vaquer à des activités lucratives qui, seules, nous garantiront des revenus conséquents pour gagner nos vies, participer, ensemble, à la vie de la nation, nous consacrant majoritairement à la réalisation de projets économiques, évitant la répétition de recettes qui n’ont amené aucune preuve d’efficacité, ni d’efficience, pour nos vies d’homo economicus.
Nous optons pour un système direct parce qu’il sera plus adapté que le système représentatif à notre pays et, plus généralement, aux pays africains, qui n’ont que trop fait l’expérience du système représentatif.
Texte Collectif
RESTEZ DEBOUT AVEC NOUS, CHER SONKO, EN METTANT UN TERME À VOTRE GRÈVE DE LA FAIM
Vous n’avez plus rien à prouver à ces millions de jeunes qui ont fini de faire de vous une icône, une référence et un guide. Mais ils ont, comme nous, besoin de vous vivant, debout, fort, libre et déterminé pour élever et gagner ce combat
Nous, citoyennes et citoyens sénégalais, africains et démocrates du monde entier, signataires du présent appel, suivons, avec indignation et regrets, la persécution politique que vous, votre parti et vos proches subissez stoïquement depuis de nombreuses années et qui a pris, ces derniers mois, des formes totalement abjectes. Nous sommes aussi témoins de votre arrestation arbitraire et illégale ainsi que votre placement injuste sous mandat dépôt.
Vous avez, face à cette situation inqualifiable, et avec des membres de votre parti, des journalistes et des activités également injustement emprisonnés, fait le choix d’utiliser la grève de la faim comme un moyen de dénonciation de l’acharnement du régime du président Macky Sall contre votre personne et votre parti mais aussi un instrument de lutte pour le respect de vos droits fondamentaux.
Nous respectons votre décision et savons que de nombreux grands hommes, tout au long de l’histoire humaine, y ont eu recours.
Cher Ousmane,
Nous sommes des milliers, des millions, des dizaines de millions d’hommes et de femmes, d’Afrique et du monde, à croire en la sincérité de votre engagement politique et patriotique, en votre courage et votre volonté de toujours agir pour le bien des Africains que nous sommes. Vous n’avez plus rien à prouver à ces millions de jeunes qui ont fini de faire de vous une icône, une référence et un guide dans le combat qu’ils mènent pour la libération et l’émancipation de leur continent.
Mais ils ont, comme nous, besoin de vous vivant, debout, fort, libre et déterminé pour élever et gagner ce combat.
Voilà pourquoi nous vous demandons, cher Ousmane, du fond de notre cœur, de mettre un terme à votre grève de la faim et d’appeler tous vos codétenus à faire de même.
Avec vous à nos côtés, nous resterons mobilisés et déterminés à mener le combat pour la démocratie, pour la sauvegarde de la République, la restauration de l’Etat de droit et le respect des droits et libertés fondamentaux, la gouvernance vertueuse de nos économies, la juste redistribution des richesses de nos nations à l’ensemble des segments de nos peuples et la souveraineté des peuples africains.
Ont signé
M. Alioune TINE, AfricaJom Center
M. Mamadou MBODJ , F24
M. Ibrahima KANE , Raddho
Mme Aida MBODJ, AND
Mme Maimouna BOUSSO, Forces Citoyennes
M Mamadou Lamine DIANTE, MCE
M. Moustapha GUIRASSY, SET
M. Cheikh Tidiane DIEYE, Avenir Sénégal Bi Ñu Begg
M. Ahmed AIDARA, Journaliste
M. Serigne Moustapha GUEYE Yarwaye
M. Malick GAKOU, Grand Parti
par Mimi touré
PAPE ALÉ NIANG NE DOIT PAS MOURIR !
J’ai rencontré Pape Alé quand il avait 22 ans alors qu’il poursuivait ses études de journalisme et couvrait fréquemment les activités des partis d’opposition, notamment celles d’And Jëf/PADS dirigé par Landing Savané, parti auquel j’appartenais à l’époque
J’ai rencontré Pape Alé quand il avait 22 ans, alors qu’il poursuivait ses études de journalisme et couvrait fréquemment les activités des partis d’opposition, notamment celles d’And Jëf/PADS dirigé par Landing Savané, parti auquel j’appartenais à l’époque. Je me souviens très bien de ce jeune homme à la corpulence fine, au regard malicieux et au verbe taquin. Sa perspicacité ne laissait personne indifférent.
Dans la cour de notre siège du quartier de la Zone A, nous discutions souvent de sujets divers et variés, et son caractère frondeur et déterminé se révélait à chaque tour d’idées et d’arguments. Déjà, il inscrivait son action de journaliste en herbe dans la remise en question de l’ordre établi et la lutte contre les injustices. Il est resté fidèle à son engagement de jeunesse dans un style tout à fait particulier. On oublie souvent de dire qu’on lui doit un style journalistique spécifique au Séégal : la revue matinale des titres des journaux en langue nationale. Par sa voix fluette et son humour caustique en langue de Kocc Barma qu’il maîtrise parfaitement, Pape Alé a contribué incontestablement à l’éveil politique des populations.
Sous les régimes des présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall, il a choisi de se positionner en inquisiteur plutôt que de négocier des avantages et privilèges pour son confort personnel et celui de sa famille. Qu’on soit d’accord avec ses idées ou pas, qu’on aime son style baroudeur ou qu’on le désapprouve, on ne peut que lui reconnaître un courage hors du commun. Connaissant Pape Alé depuis sa jeunesse, je redoute que ce courage ne le conduise à la mort. Pape Alé ne doit pas mourir ! Tout doit être mis en œuvre pour qu’il soit libéré et retrouve sa santé avant qu’il ne soit trop tard.
TEXTE COLLECTIF DES 168
NON À UNE INTERVENTION MILITAIRE DE LA CEDEAO AU NIGER
EXCLUSIF SENEPLUS - Une telle intervention serait une régression dans le cours de l’histoire. La persistance de la tutelle française sous diverses formes symbolise une décolonisation inachevée, devenue insupportable pour la jeunesse africaine
Nous, signataires de cette déclaration, forts de notre engagement pour la paix, la démocratie, la souveraineté nationale et le panafricanisme, exprimons notre opposition résolue et sans équivoque à toute intervention militaire au Niger initiée directement ou indirectement par la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), en alliance explicite ou implicite avec toute puissance étrangère quel qu’elle soit.
Nous sommes profondément convaincus qu'une telle intervention serait une régression dans le cours de l’histoire, faisant fi du choix des peuples africains pour la paix et la liberté. Elle serait rejetée avec force et véhémence non seulement par tous les peuples ouest-africains, mais aussi par les défenseurs de l'idéal panafricain, hostiles à toute intervention militaire non soutenue par les peuples eux-mêmes. Cette opposition sera d'autant plus forte que cette région du continent africain est déjà en proie depuis plusieurs années à une insécurité croissante, dont les populations sont malheureusement les premières victimes.
Dans un monde où la démocratie, la liberté et les droits des citoyens sont de plus en plus reconnus comme fondamentaux, nous, signataires, tenons à réaffirmer avec force notre attachement à ces valeurs inaliénables. C'est avec une détermination sans faille que nous prônons l'idéal de bonne gouvernance et le respect des principes démocratiques dans la gestion des États et dans les méthodes d'accès au pouvoir.
Nous signons ce texte afin de faire entendre haut et fort notre message : l'avenir immédiat du Niger doit être déterminé par les Nigériens eux-mêmes et, subsidiairement, facilité par les bonnes volontés désireuses d'encourager toutes les parties concernées à poursuivre le dialogue en vue de trouver des solutions pacifiques à la crise actuelle.
Que personne ne se méprenne sur notre position. Aujourd'hui, en signant cette tribune, nous marquons notre engagement envers les principes démocratiques, la liberté et les droits des citoyens, et contre toute forme d'intervention militaire qui irait à l'encontre de ces valeurs que nous tenons pour sacrées.
La situation au Sahel, et la menace d’une intervention militaire au Niger, au cœur de l’Afrique de l’Ouest, sous la houlette d’une organisation, dédiée pourtant à l’intégration économique, est l’un des paradoxes et non des moindres de la perte de repères des élites politiques africaines. La CEDEAO, organisation dont le principe fondateur est de rendre poreuses les frontières entre les pays membres, de faciliter les mouvements des personnes et des biens, de construire une identité ouest-africaine grâce à une pièce d’identité commune, un passeport commun et bientôt une monnaie commune, trahirait sa mission historique en menant une guerre au détriment de nos populations.
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NO TO ECOWAS MILITARY INTERVENTION IN NIGER
We, the signatories of this declaration, strong in our commitment to peace, democracy, national sovereignty and Pan-Africanism, express our resolute and unequivocal opposition to any military intervention in Niger initiated directly or indirectly by the Economic Community of West African States (ECOWAS), in explicit or implicit alliance with any foreign power whatsoever.
We are deeply convinced that such an intervention would be a regression in the course of history, ignoring the choice of the African peoples for peace and freedom. It would be forcefully and vehemently rejected not only by all West African peoples, but also by the defenders of the pan-African ideal, hostile to any military intervention not supported by the peoples themselves. This opposition will be all the stronger as this region of the African continent has already been plagued for several years by growing insecurity, of which the populations are unfortunately the first victims.
The refusal to take into account the clearly expressed will of the youth of Niger and West Africa to maintain equitable relations devoid of any neocolonial ulterior motive with all potential partners is largely at the root of the situation in Niger and West Africa. The persistence of French tutelage in various forms symbolizes an unfinished decolonization, which has become unbearable for African youth.
In a world where democracy, freedom and the rights of citizens are increasingly recognized as fundamental, we, the signatories, would like to strongly reaffirm our attachment to these inalienable values. It is with unfailing determination that we advocate the ideal of good governance and respect for democratic principles in the management of States and in the methods of access to power.
We sign this text in order to make our message heard loud and clear: the immediate future of Niger must be determined by the people of Niger themselves and, alternatively, facilitated by those of goodwill wishing to encourage all the parties concerned to continue the dialogue with the aim of finding peaceful solutions to the current crisis.
Let no one misunderstand our position. Today, by signing this statement, we mark our commitment to democratic principles, freedom and the rights of citizens, and against any form of military intervention that would go against these values that we hold sacred.
The situation in the Sahel, and the threat of a military intervention in Niger, in the heart of West Africa, under the leadership of an organization, nevertheless dedicated to economic integration, is one of the paradoxes and highlights one of the significant failings of the African political elites. ECOWAS, an organization whose founding principle is to make the borders between member countries open, to facilitate the movement of people and goods, to build a West African identity thanks to a common identity document, a common passport, and soon a common currency, would betray its historical mission by waging a war that would be to the detriment of our populations.
Below is the list of the first 168 signatories in alphabetical order. You can sign this petition adding your name and affiliation in the comments window.
Ci-dessous, la liste des 168 premiers signataires par ordre alphabétique. Vous pouvez signer cette pétition, en rajoutant votre nom et votre affiliation dans la fenêtre des commentaires.
Saadatou Abdoukarim, sociologue, Montréal
Frantz André, Porte parole et coordonnateur CAPSS et SQ-H, Montréal
Pierre Max Antoine, avocat, Miami, Floride
Félix Atchadé, médecin, éditorialiste SenePlus.com, Paris
Selly Ba, sociologue, Dakar
Ndeye Khady Babou, médecin, Sénégal
Walter Baier, président PGE, Autriche
Ibrahima Bakhoum, journaliste, enseignant, Dakar
Kebert Bastien, artiste, Port-au-Prince
Alymana Bathily, écrivain, sociologue des médias, éditorialiste SenePlus.com, Dakar
Jean Pierre Bejin, ingénieur, Montréal
Nadjet Bouda, sciences politiques UDM, Canada
Vincent Boulet, vice-président PGE, France
Ibrahima Boye, opérateur économique, Thiès
Rébecca Cadeau, MOHFREC, Paris
Thiaba Camara Sy, administrateur de sociétés, Dakar
Aminta Touré, ancienne Premier ministre du Sénégal, Dakar
Coumba Touré, directrice Kuumbati, Dakar
Aminata DramaneTraoré, écrivaine, ancienne ministre de la Culture du Mali
Abdou Aziz Wane, expert international, Dakar
Almamy Mamadou Wane, écrivain, essayiste et poète, Paris
Hamdou Raby Wane, économiste du développement, Dakar
Mamadou Mao Wane, sociologue, éditorialiste SenePlus.com, Dakar
Oumou Wane, éditorialiste, présidente de la chaine de télévision Africa 7, Rome
Amadou Tidiane Wone, écrivain, ancien ministre de la Culture, Dakar
Maimouna Astou Yade, directrice JGEN Global Enterpreneurship, Sénégal
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
SONKO OUT, PASTEF DISSOUT : ET APRÈS ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Une stratégie du chaos semble en place pour favoriser à tout prix la victoire du candidat de Macky à la présidentielle. Le passé révèle que de telles initiatives ont engendré des situations désastreuses ici comme ailleurs
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 08/08/2023
C’était annoncé : Ousmane Sonko ne doit participer à aucun prix à l’élection présidentielle de février 2024. Mais ni le « complot de la masseuse » avec son calamiteux verdict de « corruption de la jeunesse » ni l’ignominieux « complot du ministre » renvoyé en appel n’y ont suffi.
A sept mois de l’élection présidentielle, Macky Sall ayant été contraint de renoncer à un troisième mandat, la guerre des candidats à la candidature faisant déjà rage au sein de Benno Bokk Yakar, il fallait en finir avec Ousmane Sonko
On a donc monté ce nouveau complot par gendarmes et procureurs interposés. Des accusations lourdes et nombreuses ont été portées contre Sonko, notamment de "vol de portable", avant d'être élargies à la suite d'une enquête expéditive, à « vol commis en réunion », « attentat à la destruction du régime constitutionnel" et "commission d'actes terroristes".
En sus, la dissolution du Pastef, son parti politique, a été décrétée. Est-ce la fin pour Sonko ?
Ousmane Sonko a réussi à devenir une personnalité charismatique unique au Sénégal, une icône adorée par la jeunesse, à l'instar des "Saints" des tarikhas. Le Pastef est devenu le principal parti d'opposition du pays. Au cours des élections législatives de juillet 2022, la coalition de partis qu'il dirigeait a mis en difficulté Benno Bokk Yakar, arrivant à une voix près de l'égalité. Du jamais vu au Sénégal !
La jeunesse s'est emparée du projet du Pastef, dédié au Sénégal et à l'Afrique, basé sur la souveraineté nationale, l'unité africaine et la refonte de l'État sénégalais pour une meilleure gouvernance. Malgré l'assassinat d'au moins 40 personnes lors des manifestations de mars 2021 et juin 2023 et l'emprisonnement de plus de 700 membres du Pastef, la jeunesse reste fidèle à ce projet. Cela est clairement démontré par les soulèvements à travers le pays suite à l'annonce de l'emprisonnement de Sonko et de la dissolution de Pastef.
Une autocratie autoritaire
Face à Ousmane Sonko et à son parti, une autocratie autoritaire s'est installée progressivement. Déjà les libertés individuelles et collectives sont allégrement bafouées.
Le droit à l’information est perverti avec la caporalisation de l’audiovisuel public, la prolifération brusque de médias « marron-beige » aux couleurs du parti au pouvoir spécialisés dans l’intox, la manipulation et la désinformation.
La traque sans relâche des journalistes jaloux de leur liberté et respectueux de l’éthique de leur profession et la coupure du signal des télévisions indépendantes deviennent courant.
Les opinions de citoyens ordinaires exprimées sur les médias sociaux leur valent régulièrement convocation à la sinistre DIC (Division des Investigation Criminelles) et garde-à-vue.
Le droit de manifester est ignoré systématiquement, les demandes de manifestations et de réunions publiques pacifiques des partis politiques comme des organisations de la société civile étant régulièrement rejetées.
Quand elles se tiennent quand même, les manifestations font face à des forces de police et de gendarmerie suréquipées et encadrées par des « nervis » qui font usage d’armes létales ainsi que Le Monde l’a documenté.
L’internet est suspendu en ce moment pour la deuxième fois cette année et les médias sociaux sont étroitement surveillés.
Les sièges de plusieurs partis politiques d’opposition sont présentement barricadés par la gendarmerie, c’est le cas outre Pastef, du Parti Républicain pour le Progrès/DISSO AK ASKAN WI et du Parti de l'Unité et du Rassemblement (PUR) e du Grand Parti.
La stratégie du chaos
Une stratégie du chaos semble être mise en place pour favoriser à tout prix la victoire du candidat du président Sall à l'élection présidentielle de 2024.
C’est la stratégie que Léopold Senghor et Mamadou Dia avaient mises en œuvre avec les dissolutions du Parti Africain de l’Indépendance (PAI) en 1960 puis du Bloc des Masses Sénégalaises (BMS) de Cheikh Anta Diop en 1962.
On sait ce qui s’en est suivi : le Sénégal en a perdu sa souveraineté à peine entrevue.
C’est ce qui a mené à la situation désastreuse dans laquelle notre pays se débat encore aujourd’hui 62 ans après.
En Algérie, c’est la dissolution du Front Islamique de Salut (FIS) en 1992 qui a précipité le pays dans l’horrible guerre civile de dix ans.
Il est essentiel par conséquent que les démocrates et les patriotes sénégalais continuent à exiger le respect de l'Etat de droit et la restauration des libertés individuelles et politiques.
Ils doivent exiger la libération d'Ousmane Sonko et de tous les prisonniers politiques, ainsi que la réhabilitation de la légalité de Pastef.
La question demeure cependant : est-il encore possible de faire entendre raison au président de la République et de le faire renoncer à son vieux rêve de "réduire l'opposition à sa plus simple expression" ?
par Ndongo Samba Sylla
MULTIPLE PHOTOS
DÉMYSTIFICATION DES COUPS D'ÉTAT EN AFRIQUE
Il y a actuellement deux déterminants forts des « coups d'État réussis » en Afrique : le fait d’être une ancienne colonie française et celui d’être dans une zone militarisée par des puissances étrangères
SenePlus reproduis ci-dessus le thread (fil twitter) de l’économiste Ndongo Samba Sylla invalidant le narratif selon lequel il y aurait un retour aux coups d’État sur le continent africain à la lumière des cas malien, guinéen, burkinabè et nigérien.
Avec les coups d’État militaires observés dans certains des 55 pays du continent africain, les spéculations et les déclarations grandioses abondent. La plupart des commentateurs parlent d’un “retour” des coups d’État et du recul de la démocratie.
Ce récit dominant (partagé par de nombreux Africains) est faux. Parce qu’il n’inclut pas de faits corrects. Toute enquête devrait commencer par des faits et des concepts de base corrects.
Malheureusement, dans le cas de l’Afrique, c’est toujours une trop grande demande. C’est pourquoi les clichés et les mythes invalidants abondent.
Les coups d’État « réussis » (c’est-à-dire le renversement du gouvernement) ont atteint leur apogée sur le continent africain au cours des périodes 1970-1979 et 1990-1999 (36 cas pour chacune). Ils ont décliné au cours des décennies suivantes ; 8 entre 2020 et 2022. Voir ici.
La plupart des pays africains ont été épargnés par les coups d’État depuis les années 1990, tandis que moins d’un tiers n’ont jamais connu de coup d’État “réussi” depuis leur indépendance (quelque chose de jamais reconnu).
Étant donné que les récents coups d’État ont eu lieu dans les mêmes pays du #Sahel, il est faux de parler du “retour” des coups d’État pour l’ensemble du continent.
Mais devinez quoi ? Tous les pays où des coups d’État ont été observés depuis 2020 sont d’anciennes colonies françaises, à l’exception du Soudan : le Burkina Faso, le Mali, la Guinée et récemment le Niger.
Si vous regardez la carte, vous voyez que les coups d’État sont géographiquement situés dans la bande “sahélienne”. Voir ici.
Laissons de côté le cas tunisien (un ancien protectorat français) ; certaines personnes parlent d’un coup d’État là-bas.
Il y a actuellement deux déterminants forts des « coups d’État réussis » en Afrique : le fait d’être une ancienne colonie française et celui d’être dans une zone militarisée par des puissances étrangères.
Les récents coups d’État n’indiquent aucune tendance particulière sur la « santé » politique du continent, mais ils révèlent une réalité que les gens détestent reconnaître : la crise de l’impérialisme français.
Les coups d’État en Afrique francophone révèlent des tentatives de certains pays de se déconnecter de l’emprise de la France (Mali, Burkina) ainsi que des tentatives de la France de maintenir son influence (le coup d’État au Tchad a ensuite été soutenu par la France et n’a créé aucun problème particulier pour l’Occident).
La crise de l’impérialisme français est également visible dans le caractère hautement répressif des pays africains francophones qui sont dépeints comme des « démocraties » - c’est-à-dire « loyales » aux intérêts occidentaux - et qui répriment violemment la dissidence interne et l’opposition.
Il n’est donc pas surprenant que certains des coups d’État aient été une réaction à des excès despotiques - comme en Guinée lorsque le président sortant a été renversé après s’être accordé un “troisième mandat” en utilisant des manipulations constitutionnelles.
Le Niger est décrit comme un pays avec une tradition « démocratique ». En 1996, les responsables français étaient « satisfaits » du coup d’État militaire d’Ibrahim Baré Maïnassara. Lorsque ce dernier a été tué lors d’un nouveau coup d’État, ils ont déploré un « revers démocratique ».
Le fait que l’Afrique francophone soit touchée par des coups d’État n’est pas un phénomène nouveau. C’est structurel. Dans un chapitre du livre que j’ai écrit en 2015, j’ai formulé l’évaluation suivante : « À l’heure actuelle, les tentatives de coup d’État en tant que mode de régulation politique en Afrique subsaharienne survivent principalement dans les pays francophones, y compris ceux de la zone franc […] Elles ont toujours été un frein coûteux en termes de vies humaines. »
J’ai produit le tableau suivant (voir l’illustration) : 78 tentatives de coups d’État dans les pays CFA entre 1960 et 2012, soit 38 % du total des tentatives de coups d’État et 58 % des coups d’État réussis après 2000.
Pour citation : NSS, « Émerger avec le Franc CFA ou Émerger du Franc CFA ? », in K. Nubukpo, B. Tinel, M. B. Zelinga, D.M. Dembélé (éd.), Sortir de la servitude monétaire : à qui profite le Franc CFA ?, Les éditions La Dispute, Paris, 2016, p.186.
Inutile de répéter que l’imposition du FCFA a bloqué le développement économique de l’Afrique. Prenez la Côte d’Ivoire, le plus grand pays francophone utilisant le franc CFA. Ses habitants sont plus pauvres maintenant qu’ils ne l’étaient en 1978 (voir le tableau 2 en illustration).
Prenez le Niger. Il a enregistré son meilleur niveau de PIB réel par habitant en 1965. Son PIB réel par habitant actuel est inférieur de 59 % à cette performance. (Les données proviennent des indicateurs vérifiés de développement de la Banque mondiale).
En plus des mauvaises performances économiques à long terme, ces pays n’ont connu aucun développement institutionnel autonome (y compris la distribution « autoritaire mais développementale » que l’on trouve dans certains endroits à travers le monde).
Il est temps que les gens cessent de généraliser à tout un continent une question qui touche principalement les pays francophones sous le néocolonialisme. Pour mettre fin aux coups d’État « réussis » en « Afrique », il est peut-être temps de commencer à penser à mettre fin au franc CFA et aux interventions militaires étrangères.