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29 novembre 2024
Opinions
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
ENTRE MYTHE ET RÉALITÉ
Le gouvernement français semble décidé à n’amorcer aucune réflexion sur les contestations populaires de sa politique en Afrique. Les trolls russes et leurs « relais panafricanistes » ne sont que des épiphénomènes
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 23/02/2023
Trois mois après la sortie en salle de la superproduction de l’univers cinématographique Marvel, Black Panther : Wakanda Forever, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a dénoncé la fiction, dimanche 12 février, dans un tweet : « Je condamne fermement cette représentation mensongère et trompeuse de nos forces armées. Je pense et rends hommage aux 58 soldats français qui sont morts en défendant le Mali à sa demande face aux groupes terroristes islamistes. »
L’expression de cette colère ministérielle a été précédée d’une série de tweets d’un reporter du Journal de l’île de la Réunion, ancien collaborateur de médias d’extrême droite, qui pointait deux scènes du blockbuster de la filiale de Walt Disney Company. Dans une séquence au début du film, on voit des mercenaires français tentant de faire main basse au Mali sur une réserve de vibranium, un élément métallique imaginaire. Dans une autre, une ministre française peu à son avantage doit aussi répondre de leurs actions devant les Nations unies.
Selon Le Monde, l’entourage du ministre a même parlé de « révisionnisme ». La colère de Sébastien Lecornu s’inscrit dans un contexte marqué par le départ à la demande des autorités du pays, des forces spéciales françaises de l’opération Sabre du Burkina Faso, et survient quelques mois après la fin de la présence de la force Barkhane au Mali. Ces remises en cause de la présence militaire française au Sahel ont été à chaque fois précédées de manifestations populaires que Paris met sur le dos d’un « sentiment anti-français » suscité et entretenu, selon lui, par la Russie au moyen d'une guerre informationnelle et d'une stratégie de manipulation des opinions publiques sur l'action de la France dans la région. Le film hollywoodien participerait-il de cette stratégie ? On n’ose croire qu’une telle idée ait effleuré l’esprit du ministre.
Le gouvernement français semble décidé à n’amorcer aucune réflexion sur les contestations populaires de sa politique en Afrique. Enferré dans les postulats hors sol comme ceux de la dernière revue nationale stratégique (RNS), présentée par Emmanuel Macron en novembre 2022, il considère les changements en cours en Afrique francophone comme les conséquences de « manipulations » russes dont l'antidote est la « lutte contre les fausses informations à des fins de déstabilisation ». La diplomatie française fait comme si l’avènement au pouvoir d’Emmanuel Macron marquait le début des relations de la France avec le continent.
La contestation de la politique française en Afrique a une longue histoire qui plonge ses racines dans la période coloniale. Elle a continué aux indépendances et connaît de nouveaux développements depuis quelques années. Il y a exactement vingt ans, le 1er février 2003, plus d’un million de personnes s'étaient réunies place de la République à Abidjan en Côte d’Ivoire sur des mots d’ordre de mobilisation contre Jacques Chirac et Dominique de Villepin, respectivement président et ministre des Affaires étrangères de la France. À cette époque, ni la Russie et encore moins la Turquie ne pouvaient être soupçonnées d’être à l'origine des déboires français. Elles n’avaient qu’une présence symbolique en Afrique.
L’État français et les autorités qui incarnent sa politique extérieure se fourvoient dans l’interprétation de ce qui se passe dans ce que l’on appelle ici le « pré carré ». Dans beaucoup de ces pays, ce sont des révolutions citoyennes qui se déroulent. Leurs causes sont dans les trajectoires des États postcoloniaux, les contradictions d’ordre socioéconomique des sociétés, la volonté française de maintenir des liens néocoloniaux, l’ordre économique mondial inique avec ses instruments (Banque mondiale, Fonds monétaire international, etc.). Les trolls russes et leurs « relais panafricanistes » ne sont que des épiphénomènes. Perdre de l’énergie et du temps diplomatique pour les contrer participe à perpétuer la caricature de la France que constituent ses aventures coloniales et néocoloniales en Afrique. Emmanuel Macron et son gouvernement devraient s’inspirer des propositions des communistes : « Face au chaos libéral, il n’y aura pas d’issue au Sahel sans redonner des perspectives, sans sécuriser la vie à tous les niveaux. Il faut reconstruire l’État, des services publics, avec des solutions africaines. La réappropriation des richesses du sol et du sous-sol dans toute la sous-région, la lutte contre les flux financiers illicites peuvent permettre le développement d’industries locales, de systèmes d’éducation, de santé avec une protection sociale solidaire. »
PAR Serigne Ousmane BEYE
DE L’INTELLECTUALISME DES UNS AU PRAGMATISME DES AUTRES
Les élites ont toujours joué un rôle d’avant-garde, dans la société. Au Sénégal, si on remonte de trois à quatre décennies auparavant, l’on se rappelle que les intellectuels ont été au-devant de la lutte pour l’indépendance.
Les élites ont toujours joué un rôle d’avant-garde, dans la société. Au Sénégal, si on remonte de trois à quatre décennies auparavant, l’on se rappelle que les intellectuels ont été au-devant de la lutte pour l’indépendance. Après que celle-ci a été acquise, donc, dans la période post indépendance, ils ont continué à assurer la conscientisation des masses populaires, par des sessions de formation, sous forme de conférences publiques et d’articles de presse, ou par le biais de pamphlets. La jeunesse de l’époque qui aujourd’hui est vieillissante, doit être nostalgique de ces moments de bouillonnement culturel et intellectuel. Au regard de ce qui se passe actuellement, à l’ère des technologies de l’information et de la communication, l’on se rend compte que le fossé est grand. Ceux qui n’ont pas droit à la parole investissent les médias, de jour comme de nuit, et ceux qui doivent parler se taisent par peur d’invectives ou par opportunisme.
« Les réseaux sociaux donnent le droit de parler à des imbéciles, qui jusque-là ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin, sans causer de dommage à la collectivité. On les faisait taire aussitôt. Alors que désormais, ils ont le même droit à la parole qu’un prix Nobel. » Voilà ce que disait Humbert Eco, intellectuel, écrivain italien (1932-2016).
L’élite intellectualiste
Certains intellectuels semblent ne pas comprendre les enjeux auxquels nous faisons face. Des organisations de défense des droits de l’Homme, s’érigent en donneurs de leçons, comme s’ils étaient les seuls à détenir la vérité. Ils se complaisent dans leur tour de verre à vouloir dicter leurs convictions, qui du reste ne sont basées que sur leurs croyances intellectuelles. Les enjeux dans le contexte politique actuel dépassent leurs capacités d’analyse. L’opposition radicale, représentée par le parti Pastef, a un projet qu’elle déroule méthodiquement au grand jour. Le contenu de ce projet peut échapper à beaucoup d’observateurs. Cependant, l’Etat et ses démembrements, les observateurs avertis, comprennent que dans ledit projet, il y a un objectif de déstructurer l’Etat, pour mettre en place une nouvelle république, constituée d’un conglomérat de séparatistes et de wahhabites. Ils s’attaquent sciemment et violement aux chefs religieux, notamment les khalifes généraux des confréries. Ces militants du parti Pastef ne doivent se réclamer ni du Président Mamadou Dia, ni du Professeur Cheikh Anta Diop. Ces deux éminentes figures de notre histoire vouaient un respect, à la limite de la vénération, à nos guides religieux. Les services de renseignements et les plus hautes autorités détiennent des éléments de preuves, qui les confortent dans leur ligne de conduite, que d’aucuns ne maîtrisent pas.
Naturellement, les informations détenues par les plus hautes autorités ne peuvent être étalées sur la place publique. Alors, les organisations de défense des droits de l’Homme, même si elles sont dans leur rôle, doivent faire dans la prudence et la retenue. Cela est évidemment valable pour une certaine presse qui porte des œillères, et ne voit le mal que du côté du pouvoir. L’on doit même se poser la question, à savoir : est-ce que tous ceux qui se réclament intellectuels, le sont effectivement ? Chaque jour, à travers les ondes, des journalistes tirent sur le pouvoir, et s’érigent en défenseurs de cette opposition radicale. Ils appliquent de façon mécanique, la théorie qui dit : « Les trains qui arrivent à l’heure ne nous intéressent pas. » Faudrait-il alors, repenser les curricula dans les écoles de formation en journalisme et en communication ? Comme nous l’avions suggéré dans un article que nous avions publié, il y a deux ans. Par la même occasion, privilégier la formation continue ou permanente pour les journalistes en activité. En définitive, une telle posture reflète un complexe de l’opposition, comme le disait le brillant journaliste Alioune Ndiaye de Pikini tv, et ancien responsable au Groupe Futurs médias « Gfm ». La presse est un pilier fondamental dans une démocratie dont il faut défendre la liberté dans le cadre bien compris des lois et règlements. Elle est aussi pourvoyeuse d’emplois, c’est la raison pour laquelle elle doit être accompagnée et encadrée. Au demeurant, faudrait-il qu’elle soit équidistante dans la distribution de l’information ! Les hommes et femmes des médias doivent impérativement revenir aux fondamentaux de la profession.
Certains enseignants du supérieur ont une responsabilité, quant à leur prise de position dans la marche des affaires de la cité. L’universitaire, de par la nature de sa position, de son métier, et du rôle qu’il joue, a une liberté, une indépendance dans ses prises de position.
Malheureusement, nous voyons aujourd’hui des universitaires qui adoptent des postures incompréhensibles. Le débat doit être contradictoire mais, ce n’est pas une raison d’adopter des positions démagogiques, opportunistes, voire anti républicaines. Peut-être ne comprennent-ils pas assez clairement, les notions d’indépendance, de liberté ? Même ayant des compétences liées à leur cœur de métier, ont-ils des compétences interpersonnelles suffisantes, pour adopter une approche holistique dans leurs analyses et prises de position ?
De ce point de vue, une remise en cause est nécessaire, aussi bien pour certains universitaires que pour d’autres intellectuels. Il ne faut pas ramener tout à l’intellectualisme !
L’élite pragmatiste, ou dans le temps de l’action
Contrairement à l’intellectualiste, le pragmatiste est dans le temps de l’action. Le pragmatiste peut allier les deux, en étant à la fois un intellectuel. L’avantage du pragmatiste est qu’il ne se complaît pas dans des théories, c’est un homme d’action ! De ce point de vue, le Président Macky Sall est l’exemple type d’un intellectuel, mais pragmatiste à la fois. C’est certainement sa formation d’ingénieur qui lui a permis de forger sa personnalité autour de ces deux concepts. Dans l’histoire politique du Sénégal, aucun chef d’Etat n’a fait autant que le Président Macky Sall. Il a transformé structurellement notre pays dans tous les domaines. Et, dans notre intime conviction, nous pensons que les présidents Diouf et Wade doivent être fiers de lui. Là-haut, le Président Senghor doit dormir du sommeil des justes, il doit être fier de son legs, il doit être fier lui aussi de ce Sénégal d’aujourd’hui, qui est en de bonnes mains.
Les temps ont changé, les contextes ne sont pas les mêmes. Les anciens chefs d’Etat du Sénégal n’ont pas vécu dans un environnement aussi pollué par la désinformation. Dans le monde d’aujourd’hui, l’information est désacralisée, banalisée à travers les réseaux sociaux. Nous assistons à des dérives par des invectives, des insultes et des mensonges sans vergogne : nous sommes à l’ère des fake news.
Nonobstant toutes ces dérives, le Président Macky Sall est dans le temps de l’action. Les historiens du présent peuvent en témoigner et l’Histoire lui donnera raison !
Nous ne disons pas que nous devons tous nous accorder autour d’une pensée unique, mais dire et reconnaître la vérité en toute franchise. Il faut rendre à César ce qui est à César ! Il faut reconnaître au Président Macky Sall tout son mérite, de par ses réalisations ! Nous pouvons affirmer sans contredit, que dans nos pays en développement, nous avons besoin de leaders pragmatistes, et non de ceux qui se confortent dans l’intellectualisme.
Une démocratie biaisée et dévoyée
Pourquoi la démocratie est biaisée et dévoyée ? D’abord, tout le corps électoral ne participe pas au vote. Certes, c’est propre à beaucoup de démocraties, même si cela est plus accentué en Afrique. Mais, véritablement, le problème ne se limite pas à ce propos. La vraie problématique est en réalité le fait que dans les pays en développement, ceux qui sont appelé à voter ne comprennent pas les véritables enjeux d’une élection. L’on a l’habitude de dire que le Sénégalais ne sait pas élire, par contre, il peut sanctionner un régime. Alors, cela est-il suffisant pour parler démocratie ? Bien sûr que non ! Une élection quelle qu’elle soit, doit se baser sur une offre programmatique. Cependant, le niveau d’instruction et le taux d’alphabétisation assez faible, ne permettent pas aux votants de comprendre les programmes qui leur sont proposés et de voter en toute connaissance de cause. L’expression du vote tourne souvent autour de l’aura d’une personnalité, par solidarité communautariste (ethnique, religieuse ou confrérique), ou par un populisme débridé, comme ce qui s’est passé aux Etats-Unis d’Amérique avec l’élection de Donald Trump, et au Brésil avec l’accession au pouvoir de Bolsenaro. La solution pour remédier à ces dysfonctionnements est d’élever le niveau d’instruction des populations et d’accentuer la politique d’alphabétisation. C’est à ce moment que nous atteindrons une masse critique, qui nous fera basculer dans une démocratie non biaisée, non dévoyée. In fine, rappeler que la démocratie est un projet inachevé. L’exemple du Sénégal nous le prouve, si nous remontons à des élections il y a quarante ans jusqu’à nos jours, l’on se rend compte que le projet démocratique est perfectible et s’améliore au fil du temps.
par Cheikh Anta Diop (Février 1978)
SENGHOR ME DÉNIGRE À LA TÉLÉVISION
En quoi Senghor, qui n’a jamais contribué au progrès d’aucune science, fût-elle linguistique, se sentirait-il qualifié pour porter un jugement sur mes travaux ?
Aussi difficile que cela puisse être pour moi, je suis obligé de rétablir la matérialité des faits, sans pour autant, suivre Senghor sur le terrain primaire et scolaire où il se place d’emblée.
D’abord, il dispose des médias pour me dénigrer régulièrement, sans m’accorder le droit de réponse dans les mêmes conditions : cela témoigne d’un manque d’esprit sportif.
Comme d’habitude, toutes ses affirmations me concernant sont radicalement fausses ainsi que cela va apparaître : en premier lieu, contrairement à ce qu’il dit, j’ai obtenu la peau d’âne qu’est le doctorat de Lettres, doctorat d’État, avec la mention honorable, il y a de cela 18 ans, et ce fait s’était estompé dans mon esprit d’adulte comme tant d’autres du même genre. Donc, Senghor a dit sciemment une contrevérité à la télévision, à des fins d’intoxication.
En second lieu, l’ouvrage qu’il cite comme étant ma thèse (‘Antériorité des Civilisation Noires’) et dont il aurait lu la partie linguistique, je ne l’ai écrit qu’en 1967, c’est-à-dire sept ans après ma soutenance, et il ne contient presque pas de partie linguistique, à peine quelques comparaisons entre le Wolof et l’égyptien ancien, mais, qui de ce fait, échappent à la compétence de Senghor. Par conséquent, il s’agissait seulement de prendre une attitude pédante et avantageuse devant les téléspectateurs.
En troisième lieu, mes thèses ne se confondent pas avec celles d’aucun auteur, Rivet, Moret, Breuil, etc. Sinon comment expliquer l’acharnement avec lequel les milieux conservateurs et nationalistes me combattent et me vouent une haine tenace depuis près de trente ans.
Quatrièmement, j’ai déjà dit dans ‘Nations Nègres’, page 138, (1re édition) et 187 (2e édition) et dans ‘Taxaw’ numéro 3, page 6, que mes travaux apportent du nouveau par rapport non seulement aux thèses de Hamburger, mais aussi de M. N. Reich. C’est à cette occasion que j’ai défini la déontologie du chercheur à laquelle Senghor est bien incapable de s’astreindre. Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Senghor a dit à la télévision une phrase digne de maître Aliboron, qu’il ne répétera jamais, ‘mélangeant’ les noms Aurignacien, Moret, Breuil, Rivet, etc. ; que l’on s’est bien gardé de reproduire le lendemain dans la presse et qui montre qu’il prend les téléspectateurs sénégalais pour des ignorants. Nous attendons toujours des traces écrites dans une revue scientifique de ces idées qu’on prétend avoir recueillies dans les cours imaginaires desdits professeurs pendant la période qui va de 1930 à 1954, date de parution de ‘Nations Nègres’ ; j’aurais pu m’arrêter même en 1948, date de mon article intitulé ’Quand pourra-t-on parler d’une véritable renaissance culturelle africaine ?’. Oui en attendant un texte, même antidaté.
Si Senghor a suivi réellement ou même en imagination, les enseignements qu’il cite sur les idées que nous débattons aujourd’hui, pourquoi n’a-t-il pas fait dans ce domaine des travaux qui devraient précéder les miens de plusieurs décennies ? Comment expliquer cette carence ?
Dans le chapitre 2 de ‘Nations Nègres’ et dans le numéro 3 de ‘Taxaw’, page 3, j’ai montré clairement la nocivité pour l’âme africaine de ce que Senghor appelle la ‘négritude’. Que celle-ci triomphe et l’Afrique noire ne sera plus.
Comment donc des idées que j’ai passé toute ma vie à combattre, pour la survie de nos peuples, pourraient-elles m’influencer ?
Revenant à ma soutenance, je rappelle que plus d’un demi-millier de personnes y avaient assisté à la Sorbonne, elle dura sept heures et fut un vrai combat intellectuel sans concession, sous les yeux de toute la jeunesse estudiantine africaine présente à Paris. À la fin, ce fut un sentiment général de fierté très communicative qui anima toute l’assistance africaine car personne ne s’était trompé sur la profonde signification et l’importance de l’évènement : la culture africaine non folklorique venait de forcer les portes de la vieille Sorbonne. Les Africains commençaient à perdre leur complexe pour de bon.
D’autres Africains, aujourd’hui présents à Dakar, seraient mieux placés que moi pour décrire le contexte général de ces faits.
Les choses s’étaient passées ainsi parce que j’avais refusé, comme on le sait, toutes les solutions de facilité habituelle, qui auraient hypothéqué ma liberté de pensée. Il est de tradition à l’Université que tous ceux qui prennent pareils risques le paient. C’est le cas des meilleurs penseurs français à l’heure actuelle, surtout quand ils sont progressistes et c’est à leur honneur : Roger Garaudy, Henri Lefebres, Gilbert Murry, Michel Butor, Louis Althusser… celui-là même dont Senghor faisait l’éloge à la télévision.
Dans le journal Le Monde du 16 juin 1976 page 19, le professeur Olivier Reboul de l’Université de Strasbourg écrit : «Depuis le Vatican II, on se demandait ce qu’était devenu le Saint Office. Il semble bien qu’il fonctionne toujours sinon à Rome, du moins en France au sein de l’Université, sous le titre anodin de Comité Consultatif.»
Dans Le Monde de l’éducation, de février 1976, on lisait que le Comité consultatif des Universités avait refusé d’inscrire Michel Butor sur la liste d’aptitude aux fonctions de Maître de conférence, moyennant quoi l’Université de Genève a pu recruter Michel Butor. On apprend maintenant que le philosophe Louis Althusser vient d’essuyer le même refus. Cela signifie que des professeurs mondialement connus ayant enseigné quinze ans à l’étranger- je puis attester que Louis Althusser est un des très rares philosophes français dont on parle- ne peuvent avoir rang de professeur ou mieux de Maître de conférence chez nous. On rédige des thèses sur eux, mais eux n’ont pas le droit de diriger des thèses… Althusser est un de ces penseurs grâce auxquels on ne peut plus penser tout à fait comme avant.
Je ne suis pas fier d’être professeur dans une Université qui dénie ce titre à Butor et à Althusser.
Un agrégé de Lettres est un professeur de lycée qui doit travailler encore une dizaine d’années pour devenir Docteur d’État, afin de posséder ainsi le grade le plus élevé que l’université délivre dans sa branche. Senghor traîne le complexe de la thèse de Docteur d’État, cette peau d’âne qu’il n’a jamais pu posséder. Aussi ne sait-il pas qu’en Doctorat de Lettres, les mentions Bien et Très Bien, dont il a parlé d’un air docte à la télévision, n’existent pas. C’est ce complexe qui l’amène à collectionner les titres bidons, sans valeur, de docteur honoris causa glanés dans toutes les universités du monde, pour en vain tenter de remplir le vide qu’aurait occupé le vrai doctorat. Ce qui ridiculise le peuple sénégalais aux yeux du monde cultivé.
Demain, afin d’utiliser les moyens de l’État à des fins de promotion personnelle, il faudra faire voter une loi rendant incompatible la fonction de président de la République du Sénégal avec la quête ou l’obtention de distinctions sans rapport avec le développement du pays. Un jour on créera une commission chargée d’étudier les incidences budgétaires des complexes intellectuels de Senghor.
À propos de la question du plagiat, je renvoie à ‘Taxaw’ numéro 3, je ne suis que la énième victime avec Hamani Diori (Détérioration des termes de l’échange); le Président Bourguiba (Francophonie); la Pira (Civilisation de l’universel); Camus (Politique politicienne); Ousmane Socé (Métissage culturel); Césaire (Négritude); André Blanchet (Balkanisation); Gaston Deferre (Horizon 80, devenu horizon 2000 ou 2001).
On ne doit être fier que de ces travaux. Rien n’est plus triste qu’un chercheur qui ne trouve rien. Si l’on se bornait à réciter le savoir acquis à l’école, sans rien y ajouter par nos propres découvertes, l’humanité en serait à l’âge primitif. Ce qui fait donc la valeur de l’intellectuel, c’est sa contribution réelle au progrès des connaissances de son temps.
Donc, dans le cas précis de mise au point, il faut que chacun indique de façon explicite son apport; il suffit de se reporter à mes travaux pour constater qu’en sciences humaines ils ont fait progresser les connaissances dans les disciplines suivantes : archéologie, préhistoire, anthropologie, physique, histoire, égyptologie, linguistique, histoire de la philosophie, sociologie, ethnologie, etc.
En sciences exactes, nous avons introduit au Sénégal, dans le cadre du transfert des technologies, un ensemble de techniques nucléaires d’avant-garde ; nous contribuons régulièrement au progrès des sciences de la terre, même dans le cadre de programmes internationaux, etc.
En quoi Senghor, qui n’a jamais contribué au progrès d’aucune science, fût-elle linguistique, se sentirait-il qualifié pour porter un jugement sur mes travaux ?
Enfin, sur un plan plus général, nous avons donné à la culture africaine ses lettres de noblesse, en la réconciliant avec l’histoire et en créant pour la première fois les bases scientifiques d’une linguistique diachronique africaine.
Les linguistes africains ne tarderont à s’apercevoir que notre ouvrage intitulé : Parenté génétique entre l’Égyptien pharaonique et les langues négro-africaines inaugure l’ère de la révolution linguistique africaine. Aussi j’espère que cet ouvrage, ainsi que Antiquité Africaine par l’image et Physique nucléaire et Chronologie absolue seront diffusés correctement sans délai au Sénégal, sinon je serai bien obligé de prendre des mesures.
Aujourd’hui presque toutes les idées que j’ai défendues dans le temps sont tombées dans le domaine commun. Mais que ceux qui étaient alors restés sur la touche veuillent bien me les resservir avec désinvolture.
Aimé Césaire, le vrai père de la négritude, l’inventeur de ce concept, dit de notre ouvrage Nations nègres et culture dans Discours sur le colonialisme qu’il est le ‘livre le plus audacieux qu’un nègre ait jamais écrit’, témoignant, par ce jugement de la nouveauté des idées contenues dans Nations Nègres par rapport même à la négritude et des difficultés que les intellectuels africains éprouvaient alors, à croire ces thèses qui leur paraissaient trop belles pour être vraies.
Nous avons décidé d’éliminer Senghor de la vie politique sénégalaise pour le plus grand bien du peuple sénégalais.
Cheikh Anta Diop, 13 février 1978.
Par Pape SAKHO, Gaele LESTEVEN, Momar DIONGUE et Pascal POCHET
AU SENEGAL, LES TAXIS CLANDESTINS DE DAKAR SONT ESSENTIELS POUR LES DEPLACEMENTS QUOTIDIENS
Mais dans la plupart des métropoles, comme Dakar, les politiques d’aménagement peinent à suivre le rythme de la croissance urbaine. C’est également le cas du système de transport. Les transports publics jouent un rôle fondamental dans l’accès à la ville
Les grandes villes d’Afrique se développent à un rythme rapide. À Dakar, la capitale du Sénégal, par exemple, la population a presque doublé en 20 ans, pour atteindre 4 millions d’habitants aujourd’hui.
Mais dans la plupart des métropoles, comme Dakar, les politiques d’aménagement peinent à suivre le rythme de la croissance urbaine. C’est également le cas du système de transport. Les transports publics jouent un rôle fondamental dans l’accès à la ville. Or, dans de nombreuses villes, ils sont défaillants, notamment dans les périphéries. Cela dégrade la qualité de vie de leurs résidents, qui habitent des quartiers où les emplois et les équipements de toute nature font défaut.
La satisfaction des besoins essentiels - tels que l’emploi, les interactions sociales, les soins de santé, l’éducation et l’alimentation - dépend de la mobilité. Dans un contexte où les revenus sont faibles et où les services et les équipements publics sont rares, se déplacer au quotidien est à la fois indispensable et difficile.
A Dakar, les autorités cherchent à mieux organiser le système de transport pour répondre à la demande croissante de déplacements. Deux lignes de transport à haute capacité - le Train Express Régional (TER) et le Bus Rapid Transit (BRT) - sont construites ou en cours de construction. Malgré cela, les transports publics restent insuffisants. Diverses formes de transport informel comblent ce manque, représentant une part importante des déplacements motorisés. Parmi eux, les taxis collectifs, communément appelés “taxis clandestins” ou “clandos”. Mais ils sont illégaux car ils opèrent sans licence.
Les clandos sont généralement de vieux véhicules, sans signe distinctif sur la carrosserie, qui transportent quatre à six passagers. De nombreux clandos opèrent dans la région de Dakar. Il n’existe pas de chiffre officiel, car les clandos ne sont pas enregistrés. Cependant, d’après nos investigations, ils sont nettement plus de 5 000 à circuler quotidiennement. Les gens les connaissent car ils suivent des itinéraires fixes, quittant les “garages”, ou lieux de prise en charge, lorsqu’ils sont pleins. La plupart du temps, les garages sont bien situés, près des routes principales ou des bâtiments importants. Les clandos desservent également les zones reculées. Ils sont plus chers que les bus mais offrent une meilleure qualité de service.
Les recherches que nous avons menées sur les déplacements quotidiens à Dakar mettent en évidence le rôle essentiel que jouent les clandos, notamment en périphérie. Même si les bus les considèrent comme des concurrents, dans la plupart des situations, les clandos leur sont complémentaires et gagneraient à être mieux intégrés aux stratégies d’aménagement et de mobilité des périphéries.
COMMENT SE DEPLACER DANS LES PERIPHERIES DAKAROISES?
L’enquête ménages mobilité de 2015 à Dakar et les enquête que nous avons réalisées en 2021 et 2022 montrent que les populations des périphéries dakaroises sont plus pauvres que le reste de l’agglomération, ont un accès limité aux transports publics et se déplacent principalement à pied. Lorsqu’elles recourent à des modes de transport motorisés, une part importante de leurs déplacements est effectuée en clandos. Les habitants de la région de Dakar utilisent généralement les clandos pour deux types de déplacements : des déplacements domicile-travail, souvent longs, des périphéries vers le centre. Le clando est alors le plus souvent utilisé pour une partie seulement du déplacement, pour rejoindre l’arrêt de bus ou en revenir. Il permet d’éviter les longs trajets à pied et contribue de ce fait à augmenter le nombre de passagers dans les bus. La plupart de ces navetteurs sont des hommes. des déplacements internes aux périphéries. Ces déplacements sont relativement courts. Ils représentent près de deux déplacements sur trois effectués en clandos. Les personnes qui les utilisent forment un groupe varié : femmes au foyer, écoliers, travailleurs du secteur informel. Les clandos sont appréciés pour leur rapidité et leur confort. Nos enquêtes montrent également qu’ils ont un coût pour les ménages. Cela explique pourquoi l’utilisation des clandos demeure épisodique, limitée à certains types de déplacements, comme les visites à la famille, l’accès au dispensaire ou le retour du marché.
PLANIFICATION URBAINE ET CLANDOS
La puissance publique centre ses efforts actuels sur l’organisation des transports publics autour du transport de masse. Elle considère que les modes informels, comme les clandos, sont voués à disparaître sous prétexte qu’ils entrent en concurrence avec les transports de masse, servant au mieux de mode de rabattement. Pourtant, le double rôle des clandos comme mode complémentaire, à la fois en rabattement vers les arrêts de transport public et, plus important encore, pour les déplacements internes aux périphéries, compense largement leur contribution négative à la concurrence modale et à la congestion. Les reconnaître permettrait de mieux tirer parti de leurs atouts et de leur laisser pleinement jouer leur rôle de support à la mobilité et à la vie quotidiennes des périphéries.
En pratique, une telle reconnaissance par les autorités pourrait se traduire par une amélioration des conditions d’exploitation, une meilleure répartition des garages dans l’espace public, moins de harcèlement et de prélèvements de la part des forces de police. Elle permettrait également un accès facilité au crédit pour les conducteurs propriétaires de leur véhicule et les propriétaires-investisseurs afin de faciliter le renouvellement de la flotte des véhicules. Ces éléments sont à considérer dans le cadre d’une approche plus générale de l’intégration urbaine des périphéries et de la nécessité pour l’action publique d’articuler urbanisme et mobilité. La prise en compte des clandos dans la planification les stratégies d’aménagement et de mobilité des périphéries permettrait d’encadrer un développement du système de mobilité qui se fait actuellement “par le bas”. Elle contribuerait enfin à renforcer des opportunités d’emploi dans un marché du travail très tendu.
PAR Ousmane Diène Faye
LA CRISE DES IDENTITES POLITIQUES NATIONALES AU SENEGAL
Une identité politique est une identité collective. Mieux, en effet, elle est une identité nationale qui s’accommode avec le besoin constitutionnel d’une république à la sénégalaise : « laïque, démocratique et sociale ».
Une identité politique est une identité collective. Mieux, en effet, elle est une identité nationale qui s’accommode avec le besoin constitutionnel d’une république à la sénégalaise : « laïque, démocratique et sociale » (article premier de la constitution du Sénégal). Ainsi, l’article 5 de la constitution précitée interdit « tout acte de discrimination raciale, ethnique, religieuse ou toute propagande régionaliste pouvant atteindre à la sécurité intérieure de l’Etat ou à l’intégrité du territoire ».
Au Sénégal, après les indépendances et avec l’instauration graduelle du multipartisme (instauré en 1974 et limité à trois avec la loi 76-01 du 19 mars 1976 portant révision de la constitution ; il sera élargi à quatre avec la loi 78-60 du 28 décembre 1978 avant d’être intégral en 1981 avec la loi 81-17 du 6 mars 1981)), nous avons assisté à une cohabitation de partis politiques qui se déployaient aux ailes d’identité nationales bien vrai qu’importés. En l’espèce, il y’a eu respectivement hormis la tradition Gauche/Droite, une tendance socialiste d’abord avec une durée de gouvernance socialiste d’environ quarante ans, libérale ensuite qui a abouti à la première alternance politique de 2000 avec l’accession au pouvoir des libéraux sous Abdoulaye Wade et le PDS.
Cependant, depuis la deuxième alternance de 2012 avec une coalition gouvernante mélangée de républicains, socialistes, progressistes etc. que certains appelleront de « Tout sauf Wade », ces identités politiques nationales déclinent (des signaux étaient cependant déjà visibles bien avant cette période) de plus en plus et semblent laisser la place à de nouvelles. Celles-ci ne sont pas toutes naturellement politiques mais sont de plus en plus politisées. Elles sont à la fois des revendications d’égalité et de différence pouvant à l’extrême constituer une réelle menace à la stabilité sociale.
I - L’affaiblissement des identités politiques nationales :
L’un des mérites de l’ancien président sénégalais Léopold Sédar Senghor a été de vulgariser le cousinage à plaisanterie, ciment d’une volonté commune de vivre ensemble. Malheureusement depuis quelques années nous constatons que ce cousinage s’effrite de mieux en pire. Des précédents dangereux, suivis de manifestations réelles et flagrantes nous inquiètent.
Nous avions très tôt fait du mouvement étudiant une lecture inquiétante qui devait attirer l’attention des autorités à temps. La pratique de ce mouvement dans l’exemple de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar constituait un précédent dangereux. D’associations culturelles de départ, le volet « solidarité » de certains mouvements locaux au niveau de l’université les a poussés à une immixtion dans le syndicalisme étudiant.
En effet, nous avons vu des interventions du mouvement Kékendo dans les élections de renouvellement des facultés pour venir en aide à un des siens. Plus tard, s’est formé le mouvement Ndef Leng. La première fois que je suis intervenu dans le panel initiant ledit mouvement était pour attirer l’attention sur les dérives adjacentes : il fallait éviter toute envie de contre mouvement.
Malheureusement l’avenir m’a donné raison avec le choc déplorable des « deux cousins » une nuit du jeudi 25 au vendredi 26 mars 2021. Un choc qui a fini par mobiliser les « rois » d’Oussouye et du sine. Heureusement que le malentendu entre les deux cousins ne peut guère prospérer du fait du lourd héritage laissé par leurs ancêtres « Aguene et Diambogne ». Cependant, il faut noter afin de l’endiguer pendant qu’il est temps, la persistance de ces pratiques qui voient de l’autre côté se former d’autres mouvements d’obédiences régionales (en substance). Il faut, dans ces mouvements, tuer les volets politiques pour laisser prospérer le culturel.
L’ère de l’actuel président de la République son excellence monsieur Macky Sall et l’avènement du parti politique Pastef les patriotes nous servent de point d’analyse. Ces deux exemples illustrent nos inquiétudes même s’ils ne s’orientent pas volontiers dans cette perspective.
II - La recrudescence de nouvelles identités « politiques » : une menace aux identités nationales.
« La nature (ayant) horreur du vide », d’autres identités qui malheureusement ne pouvant s’ériger en « universel » parce que limitées dans leur essence même emboîtent le pas aux identités politiques nationales traditionnelles. Elles sont politisées et se développent davantage.
Les identités religieuses sont aujourd’hui brandies à outrance sur la scène politique. Les sectes religieuses les plus puissantes deviennent les plus instrumentalisées, de l’intérieur comme de l’extérieur. Il s’agit principalement des confréries dans la religion islamique sénégalaise ; l’Eglise et les autres branches de la religion musulmane y font moins de tentations.
En effet, les héritiers et les fidèles naturalisés autant que les étrangers s’y adonnent.
D’abord c’est des associations de petits fils d’un érudit ou d’une individualité des leurs qui investissent la scène, l’identité en bandoulière.
Ensuite c’est des « éloges » d’appartenance au service d’un « plaidoyer » politique pour accroître sa légitimité et élargir son audience.
Enfin c’est une bienséance à la solde d’une amitié et d’une ouverture d’esprit intéressées et circonstancielles qui parfois même cache mal un malaise en filigrane des faits et gestes.
En outre, dès 2019, lors de la nomination du premier gouvernement du président réélu (Macky Sall), j’écrivais déjà « la bandoumisation du pouvoir ». Mon grand frère me somma de le supprimer. Ce que je fis sans m’expliquer. En réalité, j’aurais dû emprunter le sérère et écrire « la pogoumisation du pouvoir » pour réduire les soupçons ethnicistes à l’égard de ma plume. Parce qu’en évoquant ce terme de « bandoumisation », j’ai voulu justement dévoiler le népotisme constaté par plus d’un et qui trainait déjà une appréciation négative. Une dérive dans le choix des gouvernants subalternes au Président certes mais précédé d’un discours pas catholique de ce dernier.
Au fait, de l’identité politique de monsieur le candidat Macky Sall nous tenions « Neddo ko bandoum », « Fañ na ngor’o Rog’a deb no qolum - o’fañin fañ fañ ta wačača ». Si le premier est explicite en faisant appel à la solidarité et au soutien familial, ethnique et autres, le second le confirme implicitement si l’on connaît son origine. En effet, « Fañ na ngor’o Rog’a deb no qolum - o’fañin fañ fañ ta wačača » était l’hymne du royaume du Sine dont l’origine symboliserait la victoire du Sine à la bataille de Djilas du 13 mai 1859 contre l’armée coloniale. Reprendre un tel baak dans l’arène politique nationale est symboliquement problématique. Qui, en pareilles circonstances, serait Ngor et qui serait son ennemi à l’image de l’armée coloniale d’alors ?
L’autre donnée inquiétante coïncide avec l’avènement du Pastef. Ce parti politique a subi certes l’une des stigmatisations les plus flagrantes de l’histoire politique sénégalaise.
Par contre, des coïncidences inquiétantes méritent d’être soulignées. Le silence de monsieur Ousmane Sonko pendant que nous notions des vagues d’indignations sur la prise d’otages de militaires sénégalais par Salif Sadio a posé mille et une interpellation. Le Quotidien écrivait, le 21 février 2022 d’ailleurs que « tout le monde s’était senti préoccupé inquiet et révolté (…). Une seule voix a manqué à ce concert de désapprobation ou de condamnation de cet acte (…) : c’est celle d’Ousmane Sonko… »
Symboliquement, l’histoire lui avait donné l’occasion d’affirmer sa position. Entre condamner et ne pas condamner, non seulement il s’est abstenu mais pire il avance expressément un discours lui-même condamnable et de surcroît dans un contexte inapproprié : « Macky Sall n’aime pas la Casamance ». Il s’y ajoute, le ralliement inquiétant au Pastef d’un activiste qui selon un post qui lui est apparenté sur la toile depuis le 13 mars 2012 (à tort ou à raison), aurait proposé un référendum d’autodétermination de la Casamance (je me réserve le droit de le prendre par des pincettes) et qui apparemment n’a aucun respect pour nos institutions.
Il faut rappeler que le maintien des traits distinctifs au sein du grand ensemble constitue un précédent dangereux. L’égal respect envers des pratiques différentes devient une menace dès lors que la différenciation est potentiellement sans limite.
Il peut aboutir au final, à une fragmentation nocive de la nation en micro groupes qui entreraient en concurrence et dont les relations se baseraient sur des rapports de force. Dans ces conditions, il deviendrait injuste de ne pas laisser s’épanouir toute autre minorité.
III - Plaidoyer pour un Etat « fort » porté par une nation soudée :
Il urge d’assainir le débat public, de rester intransigeant face à toute prise de positions maquillée de haine, de stigmatisations et d’homophobie mais aussi et surtout de cultiver l’amour du prochain et de bâtir une volonté commune de vivre en commun.
Le devoir d’ingratitude envers l’autorité en bandoulière, l’autorité judiciaire doit rendre fructueux les auto saisines à commencer par le camp du pouvoir. Elle doit apporter une réponse proportionnelle à la menace que constitue le monde virtuel sur le monde réel. Cette forme de violence qui se construit moralement sur la toile et se traduit concrètement sur des individus doit être limitée et canalisée. C’est le rôle de l’Etat.
Dans une république comme la nôtre où le pouvoir est institutionnalisé, sa conquête est règlementée et ne doit pas se faire par la force. Elle suppose le respect d’un minimum de règles dont le suffrage universel. Il faut respecter ceux qui en jouissent au nom de ceux qui les leurs confèrent. C’est ça le principe républicain. C’est pourquoi les partis politiques doivent reconsidérer leur rôle traditionnel et institutionnel de formation de leurs militants afin de mieux les inculquer les valeurs républicaines et citoyennes.
Mais surtout, nous devons entretenir cette belle nation sénégalaise et de ne jamais lui chercher un substitut. Parce que rien dans ce Sénégal, ne nous rassemble mieux que ce sentiment d’appartenance à la nation sénégalaise.
Dalleurs le Président de la République, SEM Macky Sall l’a pertinemment résumé dans son discours à la nation du 31 décembre 2022 en ces termes « Nul ne doit s’imaginer plus grand ou plus fort que cette nation qui nous abrite tous. Nous sommes parce que le Sénégal est. Si nous sommes là aujourd’hui, rassemblés en tant que nation, c’est bien parce que nos anciens nous ont couvés et portés sur les épaules. Notre honneur, c’est d’en faire autant pour nos enfants, enfants, en consolidant chaque jour le pacte de bienséance, de solidarité et de fraternité humaine qui lie cette nation, génération après génération. ».
Cette nation ne saurait s’identifier ni à une race, ni à une langue, ni à un sol, ni à une religion. Elle est plus que toutes ces choses réunies. Elle repose avant tout sur la volonté de ses membres que nous sommes ; elle repose sur notre conscience et notre désir de la former et de la préserver.
Comme le disait Ernest Renan, cette nation est « une âme, un principe spirituel. Deux choses qui à vrai dire n’en font qu’une constituent cette âme (…). L’une est dans le passé, l’autre est dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs, l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent, avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour faire un peuple. ». Voilà les conditions essentielles pour préserver la nation sénégalaise qui nous a permis de faire de grandes choses ensemble dont la plus récente reste la conquête de la CAN qui nous met au sommet de l’Afrique du football.
Ce sentiment partagé fera de nous de vrais patriotes mais refusons son penchant négatif. Ne soyons pas obsédés par cette fibre patriotique au point d’apparaitre aveugle face à un monde de plus en plus ouvert et interdépendant. Nous avons certes des passés différents (avec le reste du monde) mais « l’ère des destinées singulières est révolue » disait Cheikh Hamidou Kane dans L’aventure ambigu. Dans cette perspective, Combattons ensemble contre tout ennemie extérieure mais n’exagérons pas et ne nous trompons pas de cible car notre premier ennemi est déjà dans nos foyers. Il s’agit de la précarité dans une société à la solidarité qui s’effrite. « N’exigeons pas au nom du patriotisme que notre patrie empiète injustement sur les autres nations » dira l’autre. Parce que chez eux se trouvent quelques-uns des nôtres, mettons-les à l’aise. Refusons de bruler, refusons de saccager le bien d’autrui quelle que soit sa nationalité. Faisons valoir nos idées et nos volontés à travers un combat loyal dans les règles de l’art quel que soit le degré d’intensité.
Soyons cette nation prospère qui se déploie par la force des idées et non des muscles. Nos muscles ont servi la France à travers « les tirailleurs sénégalais », les Amériques dans les champs de plantations, qu’est-ce qu’ils nous ont apporté de mieux-être si ce n’est, pour peu de nos quelques tirailleurs qui nous restent, des aides, du moins en France de 900 et quelques Euros et une obligation de séjourner pendant six mois sur le territoire français. Pourquoi continuerons-nous à bander les muscles ? Pensons, pensons et démontrons à Léopold Sédar Senghor que la raison est nègre autant que l’émotion l’est ! Nous sommes le Sénégal des défis !
PAR Mbaye DIOUF
HOMMAGE À UN MONSTRE SACRÉ CHEF DU PROTOCOLE DE LA PRÉSIDENCE
La visite que le Roi du Maroc effectue à partir de ce mercredi 22 février m’offre l’occasion encore une fois de rendre un vibrant hommage à l’ambassadeur Bruno Diatta pour son professionnalisme et son sens élevé de l’Etat.
L’ambassadeur Bruno Diatta certes absent mais présent dans les cœurs et les esprits
La visite que le Roi du Maroc effectue à partir de ce mercredi 22 février m’offre l’occasion encore une fois de rendre un vibrant hommage à l’ambassadeur Bruno Diatta pour son professionnalisme et son sens élevé de l’Etat.
Une personnalité affable et très efficace dans le travail bien fait.
De son vivant, en de pareilles circonstances, Excellence comme nous l’appelions par respect à sa fonction, s’évertuait comme à son habitude à convoquer des réunions de préparation et à peaufiner un agenda de visite à la dimension de l’hôte de marque du Sénégal.
Un hôte de marque à travers les liens séculaires qui unissent les deux pays mais également à travers le respect et la considération que la Oumah Islamique nourrit à l’égard du Royaume chérifien.
Entre le Maroc et le Sénégal, les relations ont toujours été au beau fixe.
Des relations matérialisées à travers l’inauguration de la Grande Mosquée de Dakar, située sur les allées Pape Gueye Fall, avec un minaret de 67 mètres, le 27 Mars 1964 par le Roi du Maroc Hassan II et le Président Leopold Sedar Senghor.
Son fils Mohamed VI attendu à Dakar à chacune de ses visites officielles au Sénégal, vient toujours comme le faisait son défunt père avec une forte délégation composée de ministres et de membres du secteur privé Marocain.
La visite du Roi du Maroc a toujours été une opportunité pour la Oumah Islamique de revisiter un pan de la religion musulmane au Sénégal
En Islam et de manière diplomatique dans la religion, le Roi du Maroc est l’une des personnalités les plus respectées au monde.
Dans la religion musulmane, le Roi d’Arabie Saoudite est le gardien des deux Saintes Mosquées.
Pendant ce temps le Roi du Maroc est le commandeur des croyants.
Une fonction extrêmement importante en Islam.
Des différentes visites du Roi du Maroc, nous pouvons retenir un renforcement des liens séculaires entre les deux pays mais également des gestes de haute portée symbolique dans le domaine de la Santé et de l’Action sociale.
Dans le même registre nous pouvons évoquer la présence du Maroc aux côtés du Sénégal le 9 décembre 1991 symbolisée par le Roi Hassan II aux côtés du Président Abdou Diouf à l’occasion de l’ouverture à Dakar du sixième sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI).
C’est aussi le cas en avril 2011 de l’inauguration du monument de la Renaissance Africaine, une imposante statue de 50 mètres de Bronze par le Président Abdoulaye WADE en présence de plusieurs chefs d’états dont le Roi Mohammed VI du Maroc à la tête d’une forte délégation.
C’est également l’occasion de rappeler l’inauguration le lundi 18 Mars 2013 à Dakar de l’unité de production de médicaments « West Afric Pharma » filiale des laboratoires Sothema-Maroc par le Président de la République Macky Sall et le Roi Mohammed VI du Maroc.
Des cérémonies hautement bien coordonnées par Son Excellence l’ambassadeur Bruno Diatta avec beaucoup de délicatesse.
L’ambassadeur Bruno Diatta considérait la Santé comme un domaine prioritaire dans la coopération entre le Maroc et le Sénégal.
L’épouse de Sa Majesté, la Princesse Lala Salma faisait de la lutte contre le cancer pédiatrique une grande priorité à travers des dons en médicaments à l’unité d’oncologie pédiatrique de l’hôpital Dantec dirigée à l’époque par le Professeur Claude Moreira.
La Princesse Lala Salma a été décorée par le Président Abdoulaye WADE en décembre 2008 en présence de Madame Viviane WADE pour ses actions humanitaires au Maroc et à l’étranger.
Cette visite était également l’occasion de faire des consultations gratuites en ophtalmologie et en chirurgie générale
Autour de l’ambassadeur Bruno Diatta, il y’avait toujours le gouverneur militaire pour s’occuper des questions de sécurité, mais également des membres de son personnel comme Massamba Sarr et Mamadou Ba sans oublier un certain Babacar Diagne et moi-même.
Des moments d’intenses réflexions pour rendre la visite utile et agréable.
Adieu Seigneur Bruno Diatta arraché à notre affection le vendredi 21 septembre 2018 jour symbolique dans toutes les religions révélées.
Vous méritez amplement ce vibrant hommage Excellence !!!
par Mamadou Dia (Septembre 1957)
LE PÈLERINAGE DE TOUBA N’EST PAS UNE AFFAIRE DE POLITIQUE ÉLECTORALE
L’héritage d’Ahmadou Bamba constitue à la fois un enrichissement inappréciable de notre patrimoine spirituel et une affirmation de cette autonomie culturelle qui est, tout autant que l’indépendance économique, une condition nécessaire du développement
Pour nous Sénégalais, pour nous nationalistes sénégalais, le pèlerinage de Touba n’est pas, bien évidemment, une ‘affaire politique électorale’. Ce n’est pas non plus le simple accomplissement d’un rite ordinaire. Plus que tout cela, et au-delà de toutes les petites préoccupations immédiates, Touba est pour nous, à travers les années, et dans la longue marche que nous avons entreprise, une référence fondamentale.
Car le mouridisme est une création originale, dont le fondateur est un Saint ‘pas comme les autres’. Ahmadou Bamba nous apparaît, avant tout, comme le marabout dont la vie, l’œuvre, la doctrine se sont définies en s’opposant, parfois durement, à toutes les influences étrangères et se sont exprimées dans une création toute nouvelle et purement africaine.
A ce titre l’héritage d’Ahmadou Bamba constitue à la fois un enrichissement inappréciable de notre patrimoine spirituel et une affirmation de cette autonomie culturelle qui est, tout autant que l’indépendance économique, une condition nécessaire du développement national.
Lorsque je dis que toute la vie d’Ahmadou Bamba a été marquée par cette volonté de se définir par ses propres valeurs, et en s’opposant à toutes les influences, à toutes les pressions, je ne veux pas tout rappeler d’une histoire que chaque Sénégalais doit cependant connaître.
Et quel Sénégalais ignore les difficultés qu’a rencontrées Ahmadou Bamba, les persécutions mêmes qu’il a subies de la part des autorités administratives.
A toutes les menaces, à toutes les pressions, Ahmadou Bamba a résisté, simplement, sans ostentation, mais sans défaillance, maintenant la pureté de sa doctrine et son indépendance à l’égard des pouvoirs – cette indépendance à l’égard de César hors de laquelle aucune spiritualité ne peut s’épanouir.
Et la leçon d’Ahmadou Bamba ne s’arrête pas là. Car son attitude a porté ses fruits, que nous recueillons aujourd’hui. Son inflexibilité a fini par forcer l’estime et l’admiration de tous, et d’abord de ceux-là mêmes qui l’avaient suspecté et poursuivi.
C’est pourquoi nous voyons, à chaque pèlerinage, et cette année encore, le gouvernement de la République française, en la personne de ses plus hauts fonctionnaires, apporter au souvenir d’Ahmadou Bamba son hommage et l’expression de son respect.
Touba est donc bien pour nous le lieu où a triomphé l’esprit de résistance et la dignité sénégalaise. A qui serait tenté de l’oublier, Touba rappelle que l’estime, même celle des adversaires, se mérite.
Elle ne vient pas récompenser la servilité ou l’acquiescement systématique. Elle reconnaît la valeur de qui s’affirme, dans l’opposition s’il le faut. Toute personnalité qui maintient son intégrité, obtient sa reconnaissance. La dignité, qu’elle soit d’un homme ou d’un peuple, se conquiert, mais ne s’achète pas.
Toute l’œuvre d’Ahmadou Bamba, dans sa forme comme dans son fond, du point de vue littéraire comme par son contenu spirituel, est nourrie des mêmes valeurs et porte le même témoignage. Cette œuvre affirme et chante la négritude. Elle l’a chantée en Afrique et pour les Africains, bien avant que nos intellectuels de culture française l’aient retrouvée par le long détour des humanités occidentales et du retour au pays natal. Nègre, son œuvre l’est dans sa technique de la poésie, dans sa versification originale.
Elle l’est dans son poème imagé, coloré, rythmé, qui rompt spontanément avec toutes les techniques étrangères, qu’elles soient de l’Occident ou de l’Orient, de l’Europe ou de l’Arabie. Elle est déjà, par cela seulement, un de nos premiers monuments littéraires, un des fondements de notre littérature nationale. Et cette œuvre, si riche formellement, vaut encore plus par la doctrine qu’elle apporte. Car le mouridisme a repensé complètement l’Islam, dans le respect de l’orthodoxie, et selon le génie de notre peuple. Par cet effort doctrinal, l’Islam au Sénégal a cessé d’être une religion ‘importée’ pour devenir une religion populaire, une religion vraiment nationale incarnée au plus profond de nous-mêmes.
Pour toutes ces raisons que j’ai dites à Touba jeudi dernier, pour tous ces apports constitutifs de notre personnalité sénégalaise, nous considérons Ahmadou Bamba comme une des valeurs essentielles du nationalisme africain, et le mouridisme comme un élément fondamental de notre patrimoine culturel.
C’est pourquoi le pèlerinage de Touba est notre pèlerinage, à nous nationalistes sénégalais, et tel est le sens du témoignage que nous rendons lorsque nous participons à ce grand rassemblement et à cet acte de foi sénégalais.
Mamadou Dia, Vice-président du Conseil du gouvernement du Sénégal, Septembre 1957.
par Madieye Mbodj
QUAND LA CARICATURE DICTATORIALE DE LA RÉPUBLIQUE JETTE LE MASQUE
Il est temps d’en finir avec le système d’un président-monarque omnipotent qui se subordonne à lui tout seul l’ensemble des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ; en finir avec le présidentialisme néocolonial de dépendance, de servitude volontaire
En l’espace de quelque sept jours, du vendredi 10 au jeudi 16 février 2023, les sbires du régime APR/BBY ont fourni aux peuples du Sénégal, d’Afrique et du monde, une leçon de chose politique sur leur vraie nature plus éloquente et plus édifiante que dix mille professions de foi « au nom de la défense de la République et de l’État de droit » ! Qui sont les vrais et seuls responsables des violences survenues à Touba, Mbacké ou ailleurs dans le pays ? Après les multiples appels publics au meurtre et autres agressions perpétrées en toute impunité par de hauts responsables de l’APR sur les plateaux de télé et même dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, après le meeting de Mbacké du 10 février interdit arbitrairement par le préfet sur la base de dispositions de la loi 74-13 du 24 juin 1974 explicitement abrogées depuis 45 ans par la loi 78-02 du 29 janvier 1978 relative aux réunions, la énième et certainement pas la dernière forfaiture du Macky vient d’être commise en direct à la face du Sénégal, de l’Afrique et du monde, ce jeudi 16 février 2023.
Ousmane Sonko en effet a été sciemment brutalisé : pare-brise cassé par ci, vitre de véhicule brutalement brisée par-là, au risque de le blesser voire carrément d’attenter à sa vie, kidnappé et mis de force dans un fourgon blindé des forces spéciales de la gendarmerie, placé quasiment en résidence surveillée plusieurs jours durant en toute illégalité, routes barrées et itinéraires imposés, déploiement d’une armada de policiers, gendarmes, militaires et nervis tous armés jusqu’aux dents, comme qui dirait un état de siège ou de guerre déclarée, et j’en passe !
Fort heureusement, le monde entier a pu à l’occasion apprécier, malgré tout le calvaire subi, le haut degré à la fois de courage, de sérénité, de sang-froid et de responsabilité du leader de Pastef, un digne capitaine d‘équipe qui donne l’exemple et mouille le maillot. Depuis plus particulièrement l’avènement du président Macky Sall, beaucoup de pontes dans la hiérarchie du commandement territorial (gouverneurs, préfets ou sous-préfets), de la justice et de l’administration centrale, se croient obligés, de bon gré ou à contre-cœur, de se comporter en vrais politiciens ou exécutants des basses œuvres de l’Etat-parti APR-BBY.- nous pouvons renvoyons ici à la lettre ouverte que le BP de Pastef vient d’adresser à la société civile sénégalaise pour dénoncer les violences et violations des droits imposées avec un acharnement sans pareil au parti Pastef et à son président.
Pourtant à Mbacké comme partout ailleurs du reste, Ousmane Sonko et Les Patriotes n’ont demandé rien d’autre que le respect de la loi et des libertés républicaines garanties par la Constitution de la République. Quel est donc cet État de droit qui, au pas d’une dictature en marche, multiplie les interdictions de marches et manifestations de l’opposition ou de la société civile, pendant que le Macky et ses laudateurs continuent leur tintamarre à travers le pays, à grand renfort de folklore, payés sur la sueur de nous autres gόorgόorlu et contribuables appauvris ? Quel est cet État de droit qui multiplie à la pelle les emprisonnements arbitraires de militant-e-s Pastef, sans oublier les arrestations tous azimuts de lanceurs d’alerte, de journalistes et artistes debout, tels que Pape Alé Niang ou Nit Dof ? Qui ordonne la coupure méchante du signal de Walf TV, l’agression du photographe de Sud Quotidien et la confiscation de son matériel de travail ? Autant d’agissements antidémocratiques n’épargnant même pas d’innocents élèves sur le chemin de l’école ou d’honnêtes citoyens vaquant à leurs occupations professionnelles, des agissements exécutés par une machine répressive digne des temps de la dictature haïtienne des Duvalier ?
Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui se cache derrière « les forces nationales de défense et de sécurité » pour s’attaquer impunément à de prétendues forces spéciales de déstabilisation du Sénégal, de liquidation de la paix civile et de l’unité nationale, poussant le matraquage jusqu’ à pousser des cris d’orfraie en jouant hypocritement sur la corde sensible de la religion ou des confréries religieuses multiséculaires de notre pays le Sénégal ? Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui se plait à mobiliser sa meute de porte-parole, relayée par une certaine presse aux ordres, pour intenter un procès en sorcellerie contre l’opposition patriotique qualifiée de « populiste, manipulatrice et émeutière, pyromane, terroriste, djihadiste, anarcho-subversive, fasciste - excusez du peu !? Chercheraient-ils ainsi à conforter leur chef dans son engagement à ‘’réduire l’opposition sénégalaise à sa plus simple expression’’, en parfaite violation de notre Constitution qui « reconnaît cette opposition comme un pilier fondamental de la démocratie et un rouage indispensable au bon fonctionnement du mécanisme démocratique » ? Quelle est cette République, quel est cet État de droit dont les haut-parleurs, en dépit de la rédaction limpide et ‘’consolidante’’ de l’Article 27 de la Constitution, s’échinent à nous vendre la supercherie d’un « 2ème quinquennat » en lieu et place d’un « 3ème mandat », comme si tout simplement le septennat présidentiel de 2012-2019 était tout sauf un mandat !? Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui couvre sous son coude les multiples scandales à milliards de ses partisans, dont celui du fonds Covid-19 mis dernièrement en évidence par le rapport de la Cour des Comptes, ne saurait être des moindres ?
Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui reste cruellement sourd aux revendications, ou à l’appel des travailleurs au respect de leurs droits légitimes ainsi que des accords signés avec leurs organisations, à l’image des secteurs de la santé, de l’action sociale et des collectivités territoriales mobilisés depuis plusieurs mois sans la moindre attention des autorités ? Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui, inlassablement et obstinément, complote par les moyens les plus vils, à travers la basse manipulation d’une jeune femme sensible aux sirènes enivrantes de l’argent facile, ou l’instrumentalisation éhontée de la justice, aux seules fins d’empêcher la candidature de l’empêcheur de tourner en rond à la présidentielle de 2024 : tout sauf Sonko !? Au prix d’assurer la promotion de certains magistrats suspendus par leurs pairs ou honnis de l’opinion publique ?
Une chose est sure, dans le combat pour la République et la démocratie, seul le peuple est souverain et, dans ce cadre, le Sénégal et l’Afrique peuvent incontestablement puiser à la source de leur patrimoine et de leurs propres valeurs pour asseoir une gouvernance réellement « sobre et vertueuse » : l’Almamy du Fouta Thierno Souleymane Baal (1776) a pris le soin de léguer à son peuple six recommandations fortes, dont de « rechercher, pour assumer la fonction d’Almami, un homme désintéressé, qui ne mobilise les biens de ce monde ni pour sa personne, ni pour ses proches … et si vous le voyez s’enrichir, démettez-le et confisquez les biens qu’il a acquis et remplacez-le par un homme compétent quelle que soit sa lignée, … un homme méritant. » Quant au vénéré Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, il a eu à adresser par lettre les sages conseils suivants au Damel Samba Laobe Fall, qui a régné au Cayor de 1883 à 1886 :« Sache… qu'un jour viendra où ce pouvoir te sera repris des mains pour être cédé à d'autres qui te succéderont. » Et le saint homme lui a recommandé de ne jamais tomber dans la tyrannie, convaincu que tout homme injuste le regrettera un jour et que tout tyran assurera un jour à sa propre perte. Plus loin encore, l’Article 7 du Serment des Chasseurs (ou Charte du Mandé-1236) proclamait, cinq siècles déjà avant la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789e : L’âme de l’homme vit de trois choses : Voir ce qu’il a envie de voir ; dire ce qu’il a envie de dire ; faire ce qu’il a envie de faire. Si l’une seule de ces choses venait à manquer à l’âme, elle en souffrirait, et s’étiolerait sûrement. En conséquence, les chasseurs déclarent : Chacun dispose désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes, dans le respect des interdits ou des lois de la patrie. L’on peut ajouter à ces précieuses références tirées du patrimoine historique et culturel africain et sénégalais, les conclusions et recommandations fécondes issues des travaux des Assises Nationales du Sénégal, présidées par le professeur Amadou Makhtat Mbow ,en nous contentant de renvoyer au RapportGénéral des Assises Nationales : Bilan et perspectives de refondation (Décembre 2011) et au Rapport de la Commission Nationale de Réforme des Institutions au Président de la République du Sénégal (Décembre 2013).
Le 25 février 2024, pour une fois, les citoyens Sénégalais veulent, non plus seulement se débarrasser de l’occupant du Palais du Gouverneur Général pour le remplacer par un autre tenant du système de servitude néocoloniale, mais élire enfin un projet crédible, un espoir de rupture, incarnés par un candidat qui inspire confiance au peuple, toutes générations confondues, un leader convaincu comme le souligne Ousmane Sonko lui-même, que « le Sénégal n’a pas besoin de messie ni de héros, mais d’une masse critique de citoyens conscients des enjeux et qui ont le courage d’agir ». Il est temps d’en finir avec le système d’un président-monarque omnipotent qui se subordonne à lui tout seul l’ensemble des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ; en finir avec le présidentialisme néocolonial de dépendance, de servitude volontaire et de prédation. Il est possible à présent de donner chair et sang à l’approche que nous-mêmes avions lancée puis systématisée, à travers le concept
DEFAR, dans le Manifeste de Yoonu Askan Wi- M 2008. Il est question de contribuer à relever les défis du présent et de l’avenir du Sénégal et de l’Afrique, en tant que bâtisseurs, partisans de la construction positive et des initiatives de transformation novatrice, de l’effort récompensé et du bien être partagé. C’est pourquoi D.E.F.A.R, concept wolof qui signifie construire, constitue l’expression concentrée d’une telle vision, articulée autour du Développement Endogène comme finalité, du Fédéralisme Africain comme stratégie globale, de la République démocratique et sociale comme instrument d’un leadership nouveau. Il est venu au Sénégal le temps de conquérir la république et de faire exister l’état de droit. Le peuple sénégalais, ses dignes enfants, ont suffisamment montré leur détermination à changer de cap au nom de la souveraineté nationale et populaire. C’est bien d’une révolution qu’il s’agit : révolution culturelle à travers le changement résolu des mentalités et des comportements, révolution dans la gouvernance politique et institutionnelle, économique et sociale, sur la voie tracée par les Conclusions des Assises nationales du Sénégal et l’Avant-projet de Constitution de la CNRI, pour une refondation véritable de la société et de l’Etat.
Madieye Mbodj est membre du BP de Paastef, vice-président chargé de la vie politique nationale.
Par Edgard GNANSOUNOU
LE REVE DE NOUS-MEMES
L’Afrique peut-elle s’enorgueillir de ne laisser à ses enfants le choix de rêver leur bonheur qu’au-delà des mers ?
L’Afrique peut-elle s’enorgueillir de ne laisser à ses enfants le choix de rêver leur bonheur qu’au-delà des mers ?
La traversée des océans est si risquée, mais pensent certains, c’est le prix à payer pour fuir la terreur, le sous-emploi, le chômage, parfois la famine et souvent la dureté de la vie quotidienne. Abjects courtiers de malheurs sur les pistes brûlantes serpentant le Sahara violé, maudits océans, témoins de tant de souffrances pendant des siècles ! Les mémoires défaillantes succombent aux mêmes sirènes caméléons ; hier c’était la déportation par la contrainte barbare, aujourd’hui l’illusion est à l’œuvre et piège la liberté et l’espérance.
Quels contrastes entre les images que nous renvoient les séries télévisées, celles que, dans nos salons immobiles, nous servent le bonheur virtuel cathodique, les réseaux sociaux parfaits substituts d’une vie sociale appauvrie et narcissique, les vidéos qui meublent à profusion nos téléphones, dans les moindres recoins de nos villes, de nos campagnes ?
Quels contrastes avec la réalité de la dure vie au champ, celle des petits boulots mal payés, avec l’école chère pour les modestes revenus des parents, avec la déscolarisation et ses impasses, avec l’exode rural cette quête de liberté d’une jeunesse barricadée , avec les marchands de rêves de tous genres dans nos villes bondées de chasseurs de rêves ?
Souvent, le rêve tourne au cauchemar lors de la traversée des mers, laissant nos mères et pères inconsolables.
La vie, quand elle chemine à pas réguliers, finit par nous rendre orphelins et même si le deuil est toujours difficile à vivre, n’est-il pas juste que les enfants enterrent leurs parents ?
Un enfant qui perd son parent est orphelin. Mais dites-moi comment désigne-t-on dans votre langue un parent qui perd son enfant ?
Chaque jour qui passe voit nos enfants trépasser au contact des marchands de rêves ; pourtant, nos pays sont des lieux de rêve.
Notre population est jeune, pleine d’allant et d’initiatives, elle a besoin d’avoir confiance en son génie.
Nos jeunes sont emplis de talents qui ne demandent qu’à éclore et s’exprimer, mais comment leur offrir le terreau fertile, celui qui fait germer les graines d’espoir qui se bousculent dans les cœurs de l’adolescence ?
La vie au-delà des mers est de plus en plus glissante. Pour une opportunité saisie, combien de chutes, de mépris, de précarité, d’ostracisme ? Un bon Africain est pour beaucoup de gens riches ou pauvres d’au-delà des mers, un Africain en Afrique, qu’il soit miséreux, malade, ou avide de connaître l’ailleurs, peu importe pour ces gens-là ; leur mépris ne souffre d’aucun doute, d’aucune irraison.
Alors chiche ! Et si nous découvrions mieux le bonheur qui nous est naturellement donné? Et si à partir de ce que nous a servi dans la calebasse dame-nature, nous faisions prospérer les fruits de notre imagination, de notre créativité, de notre génie ?
Des jeunes heureux en Afrique, ce n’est pas une utopie ! Des jeunes qui ne se laissent pas embrigader par des réseaux illicites, ils sont nombreux, c’est la majorité, pardi ! Mais les autres constituent, de plus en plus, une immense minorité.
Le chômage des jeunes ? Il ne devrait pas exister en Afrique, tellement les bonnes opportunités sont légion ?
Le sous-emploi ? Oui il est le fruit d’une école qui n’est pas assez inclusive, d’une formation professionnelle balbutiante, d’une information insuffisante des jeunes sur les opportunités d’emplois qualifiés, sur comment les saisir et s’en emparer pour se projeter vers un avenir choisi.
De Cotonou à Dakar en passant par Ouagadougou, Niamey, Lomé, Douala, résonne le même écho mélodieux : l’agriculture et l’élevage offrent déjà de nombreux débouchés mais leur potentiel en emplois qualifiés est considérable surtout s’ils sont durables. Tends bien l’oreille mon amie, entends-tu depuis Paris, Rome et New York, cette musique suave qu’exhale la brise de mer venue d’Afrique ?
Partout dans nos terroirs, au-delà des traditions assiégées, nos imaginations enfantent de nouveaux plats gouteux composés avec les agrumes, légumes et céréales des villes et campagnes, de nouveaux rythmes et rites bien à nous, des chorégraphies innovantes, des styles vestimentaires qui nous assemblent, nous ressemblent , et nous donnent à sentir en nous, la fierté de la coupe venue de nos ateliers de couture, le coton de nos champs et le filage par nos tisserands, par nos entreprises.
Partout, dans nos villes et campagnes, résonne l’écho des talents qui ne demandent qu’à éclore pour servir à nos enfants un rêve accessible dans lequel ils jouent le premier rôle, un rêve qui ne connaît ni mépris, ni précarité, ni risque inutile, un rêve qui fera d’eux des êtres accomplis et épanouis, des êtres qui n’ont rien à envier aux autres à qui ils ouvriront les bras, pas comme leurs ancêtres, pas comme leurs parents piégés par une générosité coupable ; cette fois, avec lucidité et dignité car nos enfants auront cessé d’habiter le rêve des autres.
Par Seybani SOUGOU
« LES PETITS HOMMES AGISSENT TOUJOURS COMME DES GANGSTERS »
« Les petits hommes agissent toujours comme des gangsters »
« Les petits hommes agissent toujours comme des gangsters »
Ce qui s’est passé ce jeudi 16 février 2023, avec l’extirpation de l’opposant Ousmane SONKO de son véhicule, par des sauvageons de la police est digne d’un film de western. Comme dans le film culte du célèbre réalisateur italien SERGIO LEONE, « le bon, la brute et le truand » où la brute quitte une maison où s’empile des cadavres, les mafieux du régime (avec Macky SALL, comme donneur d’ordre) sont prêts à passer sur des milliers de cadavres pour conserver leur butin (le pouvoir).
Dans un article en date du 11 février 2023, intitulé « Il faut en finir avec Macky SALL », nous alertions déjà sur les intentions morbides du régime. Il ne faut point en douter : Macky SALL est fin prêt pour la confrontation et le bain de sang.
La suspension des programmes de WALF FADJIRI, l’ignoble agression en pleine rue de deux journalistes chroniqueurs de WALF (Pape Matar Diallo et Mame Birame WATHIE), et le saccage d’une rare violence du véhicule de SONKO qui a été enlevé manu militari, donnent d’ores et déjà un aperçu du prochain épisode, avec une quasi probable entrée en scène de milices de la terreur qui rappelle les heures sombres des tontons macoutes. Lentement, surement et dangereusement le Sénégal bascule dans l’anarchie, la violence et dans ce qu’elle a de plus effroyable : tous les ingrédients d’un cocktail explosif sont réunis.
Les énièmes condamnations des événements du 16 février 2023 ne changeront pas les plans du régime criminel de Macky SALL. Tout comme les appels à la raison n’y feront strictement rien. La ligne rouge est définitivement franchie.
On ne le dira jamais assez : seul le peuple sénégalais peut mettre fin aux dérives et à la folie meurtrière de Macky Sall.
Le peuple doit faire preuve d’une détermination résolue pour déboulonner Macky pendant qu’il est temps. Avant qu’il ne soit trop tard. Le temps des discours est révolu.
Nota bene : selon des sources bien placées, Macky Sall envisage de décréter l’Etat d’urgence, en cas de troubles. Pendant que des organisations de la société civile et des militants des droits de l’homme perdent leur temps à parler de droit et de justice, Macky SALL planifie sa stratégie, prépare la guerre et arme ses milices (nervis de BENNO).