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18 avril 2025
Opinions
par Assane GUÈYE
CARTE BLANCHE SANS FUMÉE BLANCHE
Le choix d’un candidat par une entité politique relève d’une cuisine interne. Celle de la majorité mijote plus longtemps que prévu. On aurait dit qu’il y a un cheveu dans la soupe. L’impression de blocage est déjà là.
Le choix d’un candidat par une entité politique relève d’une cuisine interne. Celle de la majorité mijote plus longtemps que prévu. On aurait dit qu’il y a un cheveu dans la soupe. L’impression de blocage est déjà là. Le bal des prétendants est plus débridé et empoussiéré qu’on ne l’imaginait. Le chef incontesté s’est retiré de son propre chef. À la minute qui suit, chacun a cru être prédestiné à un grand avenir. Quoi qu’on dise, l’explosion des concurrents est un spectacle de division. Ceux qui veulent voir le verre à moitié plein considèrent qu’il s’agit d’un problème de riche. Mais en réalité, la pénurie de véritables caciques explique l’inflation des ambitions démesurées après le repli de sagesse du président. La valse-hésitation à désigner de façon limpide et à la bonne heure un successeur digne de ce nom a jeté le trouble dans les rangs.
Le grand soir n’était donc qu’un gros canular
L’autre fait troublant est l’absence sidérale de figures féminines dans ce parterre. Il ne faut être simpliste en parlant de misogynie. Il s’agit simplement d’un ostracisme auquel les femmes elles-mêmes ne sont pas étrangères. Depuis le départ d’une certaine Mimi, aucune dame de fer ne s’est véritablement illustrée. Autre illustration du coq-à-l’âne dans la majorité, le Premier ministre, dans cette parenthèse pas enchantée, est logé à la même enseigne que des collaborateurs ministres ou directeurs généraux. Le ras des pâquerettes est une forme de banalisation. Et ce n’est sûrement pas de la tension féconde mais un mauvais service rendu à la cohésion gouvernementale. Ce qui arrive n’est en fin de compte pas surprenant. Les ultimes foulées sont souvent les plus désordonnées quand on est aux affaires. On s’engouffre dans un long tunnel qui est incompatible avec la sérénité. Il peut faire effondrer les plans les plus minutieux. Mais dans ce fatras, le Parti socialiste, l’Afp et les ex-communistes constituent des symboles de pusillanimité. Ils s’acheminent tout droit dans les poubelles de l’histoire à force de se diluer. La rançon de l’aplatissement n’est rien d’autre que l’encéphalogramme plat. Le grand soir n’était donc qu’un gros canular.
Ainsi donc, la carte blanche n’est pas synonyme de rapidité d’exécution. Elle a accouché d’une grande lenteur. La fumée blanche tarde aussi parce qu’il faut des précautions pour le calumet de la paix après le prononcé du verdict. Pour l’heureux élu, ce ne sera un cadeau ni de tout repos. Il battra campagne pour défendre les actifs et passifs d’un certain bilan. Même avec des infrastructures en forme de perles sur le collier, les boulets et les boulettes marquent plus les esprits.
L’émigration clandestine, preuve irréfutable de l’échec
Les Sénégalais tirent le diable par la queue. Le retour par vagues successives des pirogues de la mort est l’échec de tous et de chacun. Ce sont nos cœurs de pierre et des pirogues médiocres qui ont fait de nos propres frères des gueux oubliés du long voyage de la vie. La jeunesse ne chavire pas de bonheur même si elle commet l’erreur fatale du jusqu’au-boutisme. Les oreilles n’entendent plus rien. Elles ne sont plus que des ornements. Le 5ème président va affronter des tempêtes et des crises de toutes sortes. Les digues n’en finissent pas de rompre. D’où qu’il pourra venir, le futur locataire du palais sera obligatoirement un homme de solutions pragmatiques dans un pays aux problèmes interminables.
N’est donc pas président qui veut. C’est un costume de bonne coupe et de bon tissu. Il n’est non plus fait pour les physiques disgracieux. Qu’il vienne du pouvoir ou d’une autre galaxie, le Sénégal attend toujours à sa tête un type génial aux idées flamboyantes, un leader charismatique qui pèse ici et dans le monde. Seulement, le spectacle tous azimuts est pour le moment assez lamentable. Sur la scène, il y a de moins en moins de génie. À l’Apr et à Benno, on marche à tâtons. La majorité n’a pas le monopole de la turpitude. Partout, la qualité baisse drastiquement et piteusement.
Par Abdoul Aly KANE
LE SENEGAL A LA CROISEE DES CRISES
Le Sénégal est au confluent de diverses crises sur toile de fond d’une crise politique interne telle que le pays n’en a jamais connue par le passé.
Le Sénégal est au confluent de diverses crises sur toile de fond d’une crise politique interne telle que le pays n’en a jamais connue par le passé. Ces crises sont géopolitique, sociale, économique et financière car consécutives au conflit entre la Russie et l’Ukraine, à l’inflation européenne et aux tendances centrifuges de pays manifestant une volonté de s’extraire d’un ordre mondial dominé par les USA et l’Europe principalement.
Cette bataille pour un ordre nouveau pousse les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), avec à leur tête la Russie, à vouloir prendre durablement pied en Afrique via l’aide militaire aux pays attaqués par le terrorisme que la France, partenaire traditionnel, n’a pu éradiquer.
Le coup d’Etat survenu au Niger, aire d’influence aux allures de chasse gardée de la France, a été perçu par celle-ci comme portant atteinte à ses intérêts. La CEDEAO, soutenue par la France, a pris position pour l’envoi d’une force militaire destinée à la restauration de l’ordre constitutionnel.
Il est utile de rappeler que l’idée de la création de la CEDEAO est née d’une initiative des présidents de l’époque du Nigéria, Yakubu Gowon, et du Togo Gnassingbé Eyadéma (Ironie de l’histoire, des militaires !), qui proposent dès 1972 la création d’une zone d’intégration économique régionale.
En effet, le traité de Lagos conclu en 1975 et considéré comme l’acte de naissance de la CEDEAO cantonnait l’organisation à un rôle purement économique, l’objectif étant de promouvoir la coopération économique entre les Etats membres.
Dans l’actuelle crise du Niger, des pays frontaliers se sont rangés du côté du nouveau régime arguant qu’une attaque contre Niamey pourrait provoquer un effet domino à la libyenne. Ces pays, c’est le Mali, le Burkina Faso, l’Algérie et la Guinée qui, elle, n’est pas frontalière).
La Russie et les USA, membres du Conseil de sécurité de l’ONU, ont indiqué leur préférence pour une solution diplomatique.
En réaction, la jeunesse africaine, qui dans sa grande majorité soutient les militaires putschistes, opère une dichotomie entre les pays favorables à l’option militaire, en particulier le Sénégal et la Côte d’Ivoire (qui seraient inféodés à la France), les pays ayant décidé de rompre avec le néo colonialisme, dont le Niger, le Mali, le Burkina Faso (présentés comme porteurs d’espoirs d’une rupture avec le néo-colonialisme), et les autres pays opposés à l’intervention militaire.
Il est évident que l’analyse est un peu sommaire si l’on se reporte aux discours des nouveaux dirigeants nigériens sur les raisons d’ordre sécuritaire du coup d’Etat qui diffèrent de la rhétorique des dirigeants du Burkina et du Mali remettant nettement en question les rapports de type néo-colonial avec la France.
C’est dire qu’en dernière instance, c’est la jeunesse africaine qui imprime l’orientation souverainiste des régimes issus de coups de force, faute d’espérer des changements de la part de régimes civils s’éternisant anormalement au pouvoir grâce à des tripatouillages des textes fondamentaux savoureusement appelés « coups d’Etats constitutionnels ».
La France a raté le tournant du co-développement avec ses anciennes colonies !
La France politique ou « Françafrique » n’est plus en odeur de sainteté auprès de la jeunesse africaine. Pis, elle est de plus en plus décriée par les citoyens français eux-mêmes. Ce qui est appelé « sentiment anti-français » est impropre à caractériser le phénomène. Cette appellation serait davantage un raccourci utilisé pour éluder les vraies raisons d’une remise en question d’une relation vieille de plusieurs siècles, dont le moment du bilan d’étape est arrivé.
En réalité, la France a raté le tournant du co-développement avec ses anciennes colonies.
L’intégration dans une même zone monétaire ne s’est pas traduite par une délocalisation industrielle qu’elle a préféré effectuer dans les pays asiatiques considérés comme plus compétitifs particulièrement en termes de taux de change monétaires et de coûts salariaux entre autres.
Les dirigeants occidentaux s’en sont tenus aux théories du commerce international de Ricardo, Samuelson Hecksher et Ohlin prescrivant à nos pays une spécialisation économique sectorielle là où la dotation en facteurs de production était la plus favorable par rapport à la concurrence.
Dans les faits, cela a conduit vendre sans transformation industrielle les ressources naturelles brutes du continent et à laisser la valeur ajoutée se fabriquer ailleurs.
En soustrayant la politique de développement en vigueur jusqu’au milieu des années 80 du pilotage du ministère de la Coopération pour en déléguer la responsabilité aux multinationales et aux institutions financières internationales, l’Etat français a cessé de s’intéresser au développement économique de l’Afrique francophone.
L’intégration économique de la France à l’Europe a accentué la rupture d’avec des pays africains en proie à des déficits budgétaires chroniques, orientés vers la Banque Mondiale et le FMI pour équilibrer les trésoreries quitte à sacrifier des secteurs jugés improductifs comme l’éducation et la santé.
L’irruption du terrorisme consécutif au désastre libyen est venue parachever la destruction de ce qui restait de la relation. Il est d’ailleurs symptomatique que les pays qui restent toujours fidèles à la relation soient ceux qui n’ont pas ou peu été exposés au « djihadisme », comme le Sénégal et, dans une moindre mesure, la Côte d’Ivoire mais aussi le Bénin et le Togo.
Pour poursuivre la relation avec ses anciennes colonies, la France gagnerait à proposer d’autres types de partenariats favorisant le développement industriel compétitif, le transfert de technologies, la formation du capital humain, la lutte sécuritaire entre autres.
C’est dans ce contexte international et sous-régional chargé d’incertitudes que s’installe la crise politique au Sénégal. Nul besoin d’en développer tous les aspects. Seuls deux faits majeurs en constituent les lignes de force. Il s’agit de la non candidature du président Macky Sall pour un nouveau mandat et l’incarcération d’Ousmane Sonko suivie de la dissolution de son parti le PASTEF.
Ousmane SONKO a entamé une grève de la faim et d’autres militants de son parti emprisonnés l’accompagnent dans cette forme de lutte. Des informations contradictoires sur son état actuel de santé sont distillées dans la presse et les réseaux sociaux. Une fatale détérioration n’étant pas exclue dans ce type d’épreuve, l’alerte sonnée par les « droits de l’hommistes » doit être prise au sérieux.
Le régime actuel aurait tout à perdre en laissant Sonko poursuivre cette forme de lutte assimilable à un bras de fer au goût de roulette russe pour une victoire finale personnelle contre la force d’Etat.
Pour qui concerne les élections de février 2024, les choses semblent relever du domaine de l’aléatoire. Le président Macky Sall étant détenteur d’une carte blanche pour choisir le meilleur profil devant défendre les couleurs de la majorité présidentielle, le « Habemus candidatus » tarde à retentir.
Il s’en suit dans son camp des déclarations ça et là, plus velléitaires qu’assumées, démontrant l’impréparation de la succession.
Quel que soit le profil proposé, le candidat de Benno Bokk Yaakaar aura des difficultés à se couler dans l’habit de postulant à la magistrature suprême. Il n’aura pas l’avantage qu’a eu le Président actuel de parcourir le Sénégal pour se faire connaître, et peut-être même aura perdu les élections législatives dans son fief. Le Président Sall, non candidat, sera certainement obligé de battre campagne pour son profit.
De surcroît, même non candidat, Ousmane Sonko aura de l’influence sur ces consultations électorales difficilement mesurable pour l’instant.
Un remake du bras de fer Margaret Thatcher/Bobby Sands
Il est clair que Sonko est déjà entré dans l’histoire comme l’opposant le plus radical que le Sénégal a jamais connu. Ses militants le parent d’une infaillibilité dans sa vision et ses jugements, d’un courage hors normes, d’une intégrité morale absolue, et d’une endurance sans égale. De plus, il passe pour détenir LA solution pour défaire le « système » actuel au profit de la jeunesse.
Le duel actuel Macky Sall/Sonko en grève de la faim depuis 15 jours rappelle curieusement celui entre la dame de fer Margaret Thatcher contre Bobby Sands dans les années 80.
Thatcher a occupé le poste de Premier ministre du Royaume-Uni pendant trois mandats entre 1979 et 1990, soient 11 ans de crises économique, politique, sociale et culturelle qu’a traversées le Royaume-Uni. Les réformes impopulaires qu’elle a appliquées sans transiger et les guerres avec l’IRA mais aussi avec l’Argentine, lui avaient valu le surnom de « Dame de fer ». Son célèbre bras de fer mortel avec Bobby Sands avait fini de mettre en relief cette intransigeance
Bobby Sands, militant républicain et membre de l’Armée républicaine irlandaise provisoire (IRA), emprisonné pour sa participation à des activités qualifiées de « terroristes » en faveur de l’indépendance de l’Irlande du Nord, avait entamé une grève de la faim pour protester contre le statut de « prisonnier criminel » qui lui était attribué et exigeait d’être reconnu, avec ses partisans, comme prisonnier politique.
Face au refus de Margaret Thatcher, les grévistes de la faim ont été confrontés à de graves problèmes de santé et plusieurs d’entre eux sont morts en raison de complications sanitaires.
Malgré les efforts diplomatiques pour résoudre la situation, Bobby Sands est décédé le 5 mai 1981 après 66 jours de grève de la faim. Sa mort, suivie de celle d’une dizaine de ses compagnons fût perçue à travers le monde comme un symbole d’inhumanité de la part de Mme Thatcher.
« M. Sands était un criminel condamné. Il a fait le choix de s’ôter la vie. C’est un choix que l’organisation à laquelle il appartenait n’a pas laissé à beaucoup de ses victimes », affirmera Margaret THATCHER en guise d’épitaphe (source : Les Echos du 09 avril 2013).
Gageons que le surnom de « Dame de fer » est davantage resté collé à Mme Thatcher du fait de son intransigeance l’ayant conduite à « laisser mourir en prison après 66 jours de grève de la faim Bobby Sands qui venait d’être élu député à la Chambre des Communes du Royaume Uni ».
Concernant SONKO, nous avons une crainte. C’est le penchant secret de Sonko à mettre au défi l’autre en combat singulier n’excluant pas d’aller plus loin dans la détermination au péril de sa propre vie et non de celle des autres, et de le vaincre par la domination de sa propre peur. Les péripéties des diverses arrestations de Sonko ont montré qu’il avait la capacité de dominer sa peur devant une menace subite d’atteinte à son intégrité physique. Lorsque les policiers de la BOP explosaient la vitre de sa voiture dans le tunnel de Soumbédioune, aucune réaction faciale n’avait été notée sur lui, pas même un battement de cils. Comment combattre un tel individu par la menace sans envisager l’extrême ? Quel est le prix que l’on est prêt à payer pour cela ? Nous terminerons par ce que l’on a fait dire dans la presse au général Moussa Fall : « Selon le chef de la gendarmerie sénégalaise, l’offre traditionnelle de sécurité des forces de défense se trouve compromise avec des populations plus exigeantes vis-à-vis de leurs dirigeants. Les demandes de sécurité des populations imposent désormais un changement des paradigmes » aurait expliqué le Haut commandant de la gendarmerie nationale. Il est malheureusement le fondement des conflits auxquels les gendarmeries et forces de sécurité à statut militaire sont appelées à apporter des réponses justes, légales mais surtout proportionnées » (Pressafrik)
Pour finir, en notre qualité de citoyen libre de ses opinions, nous pensons qu’il faut en revenir au calme qui passe par l’élargissement de Sonko et sa participation à la prochaine élection présidentielle comme tous les autres candidats potentiels ou déclarés et notamment ceux d’entre eux qui viennent d’être réhabilités c’est-à-dire Karim Wade et Khalifa Sall.
Par Amadou LAMINE SALL
PARDONNEZ MONSIEUR LE PRÉSIDENT, PARDONNEZ ET PARTEZ PLUS GRAND ENCORE
Le seul territoire qui nous reste pour vivre ensemble et où Dieu vient prier, est celui du cœur. Du bon et soyeux cœur ! Tout le reste est dérisoire, vanité, roc et granite
Le seul territoire qui nous reste pour vivre ensemble et où Dieu vient prier, est celui du cœur. Du bon et soyeux cœur ! Tout le reste est dérisoire, vanité, roc et granite ! Monsieur le Président, sortez votre cœur du bouclier, montrez-le ! Moi, je l’ai rencontré. Il m’a ému. Nous savons que le pouvoir s’accommode peu du cœur, voire des sentiments. Même chez les poètes. Je pense à cet immense poète qui, homme, d’État inoubliable, fonda notre République. Il fut intraitable. Un État est une montagne. Elle exige magnificence, autorité, bravoure, vigilance et justice !
« C’est bien la lame qui fend les têtes plutôt que le fourreau ». Puisse mon Président, le Mecquois, devenir le fourreau et non la lame. C’est ma prière pour un Sénégal de paix et d’amour, malgré les épreuves, les ruses, les bravades, les empressements, les convoitises, les incompétences, les jalousies, les vilénies, les pactes avec le Diable. Monsieur le Président, soyez meilleur que nous tous ! Pardonnez ! Parce que vous êtes croyant, Médine et la tombe du prophète où vous vous êtes assis en prière tant de fois, vous le demandent. Vous avez déjà gagné. Maintenant, pardonnez ! Il y a un temps pour le pardon ! Révélez l’éclat de votre âme !
Je vous lis dans Jeune Afrique, le numéro du mois d’août 2023, où vous faites la une, sous la plume de Marwane Ben Yahmed qui vous demande pourquoi finalement ce choix de dire enfin que vous partez. Vous n’aviez pas pensé que « Quand un Président ne dit rien, on n’entend plus que lui ? » A Ben Yahmed, vous répondez ceci : « … je ne voulais pas être l’otage de petits politiciens qui ont fait « de mon 3ème mandat » leur fonds de commerce […] C’était ce qu’il y’avait de mieux à faire, pour le pays, pour sa stabilité et pour moi-même ». Bravo et quelle grandeur malgré ce que chacun est libre de penser ! Mais il reste encore à faire pour mieux finir cette fin de mandat. L’Histoire n’a pas encore fermé son livre sur Macky Sall. Une belle, très belle page reste à écrire et par vous seul, Monsieur le Président !
Au nom des vénérables, si regrettés, si chers et si bien-aimés Coumba Thimbo et Amadou Abdoul Sall pour lesquels des moineaux bleus chantent au Paradis, et au nom de ce que vous avez de plus beau, de plus précieux et de plus cher au monde que tout : vos enfants et leur maman, la Sénégalaise aux yeux de henné - Senghor parlait de sa Normande aux yeux perspardonnez ! Pardonnez à tous ! Libérez ceux que l’on nomme à tort ou à raison des prisonniers politiques ! Videz leur prison ! Laissez-le retrouver leur famille. Entrez dans l’histoire du cœur, les deux pieds joints ! Refondez une nouvelle humanité. Vous le pouvez !
Vous avez beaucoup travaillé. Beaucoup. Il ne vous reste pas à réaliser le plus difficile, mais le plus facile : pardonnez, s’élever au-dessus, bien au-dessus de tous les autres ! Vous le pouvez ! Faites-le sans plus tarder Lamtoro ! Cela ne vous coûtera que la surprise et l’étonnement de vos adversaires ! Quant à votre peuple, ce peuple qui, douze années durant a veillé sur vous, il n’oubliera pas votre geste de sublimation ! Libérez-les tous, qui qu’ils soient et d’où qu’ils viennent et laissez-les comme un collier rompu, ramasser les perles dans les yeux du peuple Sénégalais qui seul tient le fil qui redonne son nom au collier !
La République a démontré avec vous jusqu’où elle était sublimée, vêtue, protégée, grandie. D’autres diront qu’elle fut plutôt une femme séquestrée, abusée, asservie. C’est ce que l’on appelle la liberté d’être différent et de penser différemment ! La République, quant à elle, sait qui est son meilleur époux ! Chacune, chacun de nous, seul, chez soi la nuit, recroquevillé dans ses os, corps périssable dans un coin de lit, prête l’oreille à sa propre conscience et entend son cœur battre, coupable ou non coupable. On n’échappe pas la nuit, au lit, à sa propre vérité. Certains se lèvent le matin, légers et sans masque, d’autres remettent le masque et sortent affronter de nouveau le jour et son fardeau de mensonges et de ruses ! Que chacun s’assume !
Un nouveau soleil doit se lever sur le Sénégal ! Une lumière, Monsieurle Président, que l’on attend que vous allumiez avant de nous quitter, car il y a dans ce pays tant de lampes allumées et qui n’éclairent plus rien. Cette lumière attendue est votre pardon, un pardon qui réconcilie tout un peuple, un pardon qui unit tous les cœurs d’un peuple qui mérite le vivre-ensemble, minaret et cloche entonnant le même chant de paix et d’amour ! Le pardon est une prière d’avance exaucée par Allah et récompensant le croyant ! Le pardon est une élévation divine. Ne pardonne pas qui veut ! Un cœur de moineau peut se cacher derrière un cœur de roc qu’une tige de mil et d’eau trahit toujours et il est des cœurs de roc qu’un moineau vient combler de brindilles pour faire son nid ! Et tout devient soyeux ! L’amour seul a puissance de métamorphose !
Monsieur le Président, pardonnez, ouvrez les portes et les fenêtres, aérez ce pays, gonflez les poitrines de votre peuple, faites-le de nouveau rêver, danser, travailler! Pardonnez mon humble mais ardente prière, mais je la veux comme « la blessure la plus proche du soleil ».
Par Amadou LAMINE SALL
Poète
Lauréat des Grands Prix de l’Académie française.
Lauréat 2023 du Grand Prix de Poésie Africaine
par Samba Faye
LA CEDEAO AU NIGER : L'AFRIQUE EN ÉTERNEL TERRAIN DES GUERRES PAR PROCURATION
Il serait naïf de considérer une intervention au Niger comme une simple restauration de l’Etat de droit. Nos stratèges n'ont aucun intérêt à enliser la sous-région dans une crise profonde qui finirait par rompre l'exception sénégalaise
Il y a quelques mois (vendredi 9 juin 2023), notre camarade Babacar Diarra de la cellule des cadres de la République des Valeurs s’interrogeait en ces termes « …qui veut mettre fin à l’exception sénégalaise ? ».
C’est un secret de polichinelle que de dire que les relations inter-États les plus feutrées sont teintées de cynisme ! La géopolitique est une soumission des contraintes géographiques aux volontés hégémoniques des Etats …puissants.
Actuellement, pour « sécuriser » son allié Taiwan des « menaces » d’une Chine de plus en plus offensive pour assouvir ses besoins énergétiques (importations de 15 millions de barils par an), les USA ont renforcé les positions de l’US NAVY dans la zone. Dans la foulée, les armées européennes se sont réunies en mai 2023 à Londres pour définir une stratégie commune leur permettant de sécuriser 30% de leurs approvisionnements en énergie venant du Golfe depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’Afrique en paye malheureusement le plus lourd tribut.
Le rixe USA vs Chine, s’est manifesté au Soudan. En effet, en 2004, Pékin avait mis son véto contre la résolution 1564 du Conseil de sécurité des nations unies à propos de l’embargo décrété par les Américains sur les armes à destination du Soudan. Plus tard, en août 2006, grâce au soutien chinois le régime de Khartoum résiste aux pressions, par l’entremise de la résolution 1706 prévoyant d’envoyer 17300 casques bleus, pour relever les 7 000 casques blancs de l’Union africaine. Cette crise par puissances interposées débauche sur la scission du pays le 9 juillet 2011 pour priver la Chine d’accès à 80 % des réserves pétrolières appartenant désormais au 193e État de la planète (Sud Soudan).
En Centrafrique (disposant d'uranium, d'or, de diamants et d’une réserve d’environ un milliard de barils de pétrole) la Russie y tire les ficèles depuis les années 1970. Aujourd’hui, Wagner se déploie dans le pays pour « sécuriser » sauf dans les régions pauvres comme le Haut-Mbomou alors que des groupes armés s’y affrontent régulièrement.
Dans cette lutte d’influence, de nouveaux acteurs voient le jour. En Libye, les Emirats Arabes Unis (EAU) et le Qatar, après avoir participé aux cotés de l’OTAN à la chute de la Jamahiriya en 2011, se font face pour le partage du butin. D’un côté, l’axe antirévolutionnaire et anti-islam politique, conduit par les EAU et l’Arabie saoudite en soutien de l’Égypte et du maréchal Khalifa Haftar et de l’autre, le Qatar, allié de la Turquie, qui défend le gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj. Ce jeu de vassalisation a déstabilisé l’Egypte avec la victoire des Frères musulmans (à l’époque) et la Tunisie avec la percée d’Ennahda en Tunisie en octobre 2011 soutenus par le Qatar. En réponse à l’avancée du Qatar, les EAU auraient finançaient Nidaa Tounès entre 2013 et 2014.
Les conséquences de ces soubresauts ont pulvérisé le voisin malien. L’appétit grandissant de l’ogre Russe et une France insatiable ont fini de mettre le pays à terre.
Aujourd’hui, dans les chancelleries, la situation du Niger est résumée comme suit : la France perdant de l’influence s’arcboutte sur « son uranium » pour faire face à une Russie à l’affût.
Au vu de tout cela, il serait naïf de penser que le Sénégal est indemne de ces guerres d’influence. En 2011, nous avons vu le président Wade, escorté par l’armée de France, demander à Khadafi « les yeux dans les yeux de quitter le pouvoir ». Il y a aussi ce qu’il advient d’appeler le « protocole de Doha » aboutissant à l’exil au Qatar d’un potentiel candidat à la présidentielle au Sénégal. Quelle était la monnaie d’échange ? Une ouverture sur la façade maritime de l’ouest africain ? On se rappelle que le « Canard Enchainé » dans son numéro 5352 du 7 juin 2023, affirmait que « l’argent du Qatar (principal bailleurs des frères musulmans) inonde le Sénégal …».
Au regard de tout ce qui précède, il serait naïf de considérer une intervention au Niger comme une simple restauration de l’Etat de droit. Nos stratèges n'ont aucun intérêt à enliser la sous-région dans une crise profonde qui finirait par rompre l'exception sénégalaise ...
Dr Samba Faye est enseignant-chercheur en sciences de gestion, porte-parole de la République des Valeurs.
par Ibou Fall
MADIAMBAL, TU PERMETS
La grande arnaque de la société civile ne se soucie que de politicaille. Puisqu’il faut bien vivre de quelque chose après la rengaine du troisième mandat, ces gens s’investissent dans une nouvelle race de concitoyens : les prisonniers politiques
Depuis que tu as vendu quelques bouquins, et que l’Upf t’a supplié à genoux de revenir aux commandes, tu ne te sens plus et as l’air de dédaigner tes chroniques du lundi qui sont devenues trop peu prestigieuses à tes yeux… Tu ne sais pas quels sublimes rendez-vous tu rates.
La nature ayant horreur du vide, tu permets que je te remplace quelque temps ? Parce que l’actualité, je ne sais pas si c’est la chaleur hivernale, est devenue bouillante.
T’inquiète, je serai bref…
Est-il nécessaire de revenir sur la plainte de Adji Raby Sarr qui traîne devant les juges Pierre Goudiaby Atépa pour diffamation ? Pour dire les choses simplement, le président du Club des investisseurs du Sénégal, en théorie, le saint du saint des saints, traite de voleuse et manipulatrice (comprenez un euphémisme qui enjolive menteuse, garce et peut-être pire) une jeune femme vouée aux gémonies par le petit peuple qui adule le gourou Sonko.
Insultée, diffamée, menacée, Madame Adji Raby Sarr, depuis deux ans, aux yeux des rois de l’opinion qui nous gouvernent à partir des réseaux sociaux, n’a aucune identité, encore moins de dignité et, quant à la personnalité, n’en parlons pas.
Jusqu’à ce que la roue de l’Histoire décide de tourner pour elle : Ousmane Sonko est en prison, le parti Pastef dissous et la légende vivante Pierre Goudiaby Atepa attend que le Tribunal décide de son sort sur injonction de cette masseuse en retraite anticipée, qui aurait pu finir bien plus mal.
Je dis ça, je dis rien : retirer ses propos et demander pardon publiquement en rampant, ça ne tue pas, ça écorche juste les genoux et l’amour-propre…
Parlons de choses sérieuses : l’indignation sélective de la Société civile, laquelle, d’après les titres des confrères, se résume à cinq personnes que j’ai la flemme de citer. Ils sont vachement furieux des violations des droits de l’Homme sous nos cieux. Mais non, on ne parle pas de femme violée, mais de casseurs embastillés. Nuance.
C’est l’indicateur suprême qui nous apprend que nos libertés sont en péril. Perso, je commence à croire que je ne suis pas loin d’être pris pour un animal. Pour avoir surnommé le président de la République «Sa Rondeur» depuis douze ans et l’avoir critiqué tout ce temps (il n’est pas le seul : j’ai du mal quand il faut dire du bien des gens), s’il ne m’a pas fait jeter en prison comme un vulgaire malfrat, ça veut dire soit qu’il n’est pas au courant, ou alors qu’il s’est dit qu’il y a des animaux qui ne méritent pas de se salir les mains. Dans les deux cas, ça mérite de se vexer…
Mais quand même, les procureurs de la République qui reçoivent nos éditions, on appelle ça un dépôt légal, auraient pu faire du zèle, non ? Ben non, rien…
Vous voulez mon avis ? Pas grave, je le donne quand même…
La Société civile, ah, la grande arnaque, qui officie avec panache, jusque-là, ne se soucie que de politicaille de coin de rue : le fonds de commerce du troisième mandat devenu sans objet, et puisqu’il faut bien vivre de quelque chose, ces braves gens s’investissent dans une nouvelle race de concitoyens, les prisonniers politiques ! Un jour, ces braves prophètes du laxisme et des petits arrangements coquins plaideront la cause des gardes pénitentiaires qui, n’ayant plus personne à surveiller, perdront leur gagne-pain.
Dans un pays normal, la Société civile sort des corps constitués, elle en est… Mieux, c’est elle. Pourquoi vous pensez au Cese ? Par exemple, le patron des avocats, leur bâtonnier pour dire les choses comme tout le monde, quand il parle au nom des libertés, du droit, de la Justice, il en a la légitimité, le droit et même le devoir. Les patrons des employeurs ou des entrepreneurs, les présidents de syndicat de banquiers ou des assureurs, des industriels, les patrons des syndicats des agriculteurs, des éleveurs et des pêcheurs, des artistes, des sportifs, des employés de la Santé, de l’Education, sont les porte-parole de millions de ces Sénégalais qui construisent notre Nation au jour le jour.
Voilà la Société civile, la vraie, celle qui mérite d’être écoutée. Elle ne prend malheureusement pas ses responsabilités, préférant se terrer dans son confortable anonymat, et céder sa place à un quarteron d’usurpateurs friands des frissons populistes dont il se repait et s’engraisse depuis plusieurs décennies à présent.
Macky Sall, qui annonce sa retraite pour le 2 avril 2024, a du boulot. Il lui faut remettre de l’ordre dans le pays avant de rendre les clés de sa villa de l’avenue Senghor, et surtout chaque acteur à sa place sur la scène publique. Au premier chef, faire le tri des trois cents et quelques récépissés qui autorisent n’importe qui à prétendre nous gouverner est une urgence. Parce que le danger qui nous guette, avec la récente modification des articles du Code électoral, est que nous pouvons élire un braqueur de banque et lui confier les clés du Trésor public.
On me dira toujours que nous sommes au pays de Mamadou Bitiké, cette République qu’un mal de dos a conduite au bord du précipice…
Par l'éditorialiste de seneplus, Abdou FALL
DES VÉRITÉS À PARTAGER
Après une récente publication parue dans le journal le Monde du 8 aout 2023, on pourrait être tenté de croire que certains amis du président français, Emmanuel Macron, en veulent bien au président Macky Sall et au Sénégal
Après une récente publication parue dans le journal le Monde du 8 aout 2023 , on pourrait être tenté de croire que certains amis du President français, Emmanuel Macron, en veulent bien au Président Macky Sall et au Sénégal. Sans doute peinent-ils à accepter de voir le président Sall réussir ses deux mandats et une belle sortie par le haut alors que le risque est grand pour eux de vivre, sous leur magistère, le plus retentissant échec politique de la 5 ème République française.
Nous avons toujours observé, avec une certaine sérénité, les événements politiques qui s'enchaînent ces dernières années dans nos pays. Il s’agit, notamment, de la montée en puissance de mouvements de type populo-fasciste. Nous n'avons jamais cessé d'y voir autre chose qu'une manifestation de la crise que traversent, partout à travers le monde, les démocraties dignes de ce nom, au rang desquels figure notre pays.
N'en déplaise aux activistes et nouveaux hérauts de la bonne pensance qui peuplent notre environnement public et médiatique
Profitant des possibilités qu'offrent nos régimes de libertés, des forces obscures de toutes natures s'invitent dans l'espace public pour développer des courants politiques dits "anti système". Leur but avoué est de mettre en ruine les fondements du modèle de démocratie représentative et tolérante que les sociétés attachées aux valeurs de libertés ont mis des siècles à bâtir.
Dans cette famille politique, le Sénégal et la France, par une longue histoire partagée, présentent des points de similitudes dans les types de crise qu'ils traversent auxquels nos équipes dirigeantes apportent des réponses différentes selon les tempéraments et le génie propre à chaque société et à la personnalité des hommes qui les gouvernent.
Avec les Gilets jaunes, le lépenisme et le mélenchonisme, la France est en perpétuelle zône de tempêtes. Le pays vit la permanence, depuis plusieurs années, de logiques de défiances systématiques sur fond de violences politiques entretenues par des extrêmistes ultra radicaux de toutes obédiences . Avec un front parallèle, celui des lourds conflits sociaux occasionnés, entre autres , par un mode de gouvernance de type Jupitérien, rigide et particulièrement directif
Une forme d'autoritarisme d'un autre âge que personne n'attendait de l'actuel locataire de l'Élysée et de ses amis
Cette situation plonge aujourd'hui la France dans une crise politique et sociale sans précédent. Et cela pose , de façon objective, la remise en cause fondamentale du type de régime hérité de l'époque du Général Charles De Gaulle
La configuration actuelle de l'Assemblée nationale française la met objectivement en état de précarité. Le recours systématique à la loi 49/3, le vote par ordonnance, est devenu la règle pour délibérer sur tous les sujets à enjeu.
La nécessité de faire face, dans ces circonstances, à des mouvements de rues devenus la règle avec les violences politiques qui les accompagnent, oblige le gouvernement français à revisiter toute sa doctrine en matière de politique de maintien et de rétablissement de l'ordre public. Les autorites du pays sont condamnées à recourir à des mesures radicales de plus en plus porteuses de sévères conflits face à une jeunesse urbaine particulièrement portée à des radicalités extrêmes. Au point d'ailleurs que des procédures de dissolution sont en cours de mouvements et associations qu'aucune République digne de ce nom ne peut tolérer en démocratie. En sus d’arrestations massives de manifestants casseurs et de procès aux peines diverses.
Il est par conséquent curieux, voire amusant, que ce soit des hommes politiques de ce même pays, au surplus des officiels, qui prétendent refuser au Sénégal le droit de prendre des mesures similaires afin de mettre un terme définitif à des actes et des propos de loin plus irresponsables, plus violents et assumés en public et suivis de conséquences désastreuses de morts d'hommes, pour l'essentiel des adolescents et des enfants jetés en pâture dans la rue. Des mesures par les moyens des voies de droit que nous confère la constitution de notre pays
Notre expérience de la chose publique durant ces trente dernieres années nous autorise une certaine lecture des prises de position de certains dirigeants actuels de la France. Pour en avoir frequenté un bon nombre parmi eux, de générations et d'obédiences politiques diverses. On est aujourd'hui frappé par l'ignorance manifeste de la plupart des dirigeants actuels de ce pays des réalités exterieures à leur environnement, y compris dans leur propre pays. Ce qui justifie cette rupture aussi radicale entre le régime qu'ils incarnent avec une large fraction de leur opinion publique et des segments parmi les plus représentatifs de la société française
Plus grave encore est leur méconnaissance notoire de l'Afrique contemporaine qui reste à leurs yeux le concentré des misères du monde avec toutefois l'outrecuidance d'être dépositaire de l’essentiel des ressources qui font la prospérité des nations industrialisées. Une réalité qui les conforte d'ailleurs, et ils n'ont peut être pas toujours tort, dans l'idée qu'ils se font des africains. De leurs élites notamment. Et sans discernement. Et c'est là où ils se trompent . Et lourdement ! La petite bourgeoisie française " Paris , rive gauche" qui gouverne la France de nos jours, certes brillante mais sans plus, et profondément européeo-centriste, est loin d'être à la hauteur des enjeux du nouveau monde en gestation, au regard, notamment, des mutations profondes en cours sur le continent africain, dans son espace francophone en particulier.
Plus grave encore est leur méconnaissance notoire de l'Afrique contemporaine qui reste à leurs yeux le concentré des misères du monde avec toutefois l'outrecuidance d'être dépositaire de l’essentiel des ressources qui font la prospérité des nations industrialisées. Une réalité qui les conforte d'ailleurs, et ils n'ont peut être pas toujours tort, dans l'idée qu'ils se font des africains. De leurs élites notamment. Et sans discernement. Et c'est là où ils se trompent . Et lourdement ! La petite bourgeoisie française " Paris , rive gauche" qui gouverne la France de nos jours, certes brillante mais sans plus, et profondément européeo-centriste, est loin d'être à la hauteur des enjeux du nouveau monde en gestation, au regard, notamment, des mutations profondes en cours sur le continent africain, dans son espace francophone en particulier.
Il est sans doute utile de leur rappeler, s 'ils le savaient déjà, que le Sénégal est un des rares pays de l'espace francophone, la France comprise, à avoir connu une continuité constitutionnelle depuis la 2ème république française par sa présence à l'Assemblée constituante de 1848, où le sieur Durand Valentin , ancêtre de Christian Valentin, lui même député Sénégalais sous plusieurs législatures , était représentant élu de la colonie du Sénégal au Palais Bourbon .
Même la France n'a pas vécu le privilège de cette continuité rompue par le douloureux épisode du conflit Algérien suite à la révolte de nombre de ses généraux, ayant entrainé l'effondrement de la 4 ème République
L’éditorial non signé du Monde du 8 août 2023 est allé bien loin en sous-entendant l'avènement d'un régime totalitaire au Sénégal en référence aux pouvoirs miltaires qui s'installent dans certains pays de notre sous-région ouest africaine. Notre «faute» étant que l'autorité de notre Etat s'est exercée pour mettre un terme à des dérives et rétablir la République dans sa dignité. Le doute n'est plus permis. Nos plumitifs de Paris posent là un acte pour le moins inamical à l'egard du Sénégal.
Il convient de rappeler à cet égard que l'Etat Sénégalais colonial était conçu pour exercer son magistère sur tous les pays de l'espace de l'ex Afrique occidentale française (AOF). Par le hasard de l’histoire, nous en avons hérité. Avec le socle d'une armée d'élites, républicaine et professionnelle disposant à tous les niveaux de la hiérarchie, de cadres formés dans les plus grandes écoles militaires et institutions universitaires du monde. De grâce, gérez vos projets et ambitions politiques et politiciennes comme vous voulez, mais gardez nos forces de défense et de sécurité en dehors de vos délires et opérations tactiques sans lendemain.
Ce discours est d'autant plus mal venu qu'il est totalement à contre courant de la tendance lourde dans l'opinion nationale et internationale qui va plutôt dans le sens du plébiscite du President Macky Sall après sa déclaration historique du 3 juillet 2023 de renoncement à une 3ème candidature. Une décision de dignité prise par éthique de responsabilité et par attachement sacré au respect de la parole donnée.
Cette France qui nous menace de ses foudres n'est pas la France de la République, de la raison et de la démocratie. C'est la France des jeunes fonctionnaires de la mondialisation pour qui tout se mesure en termes de ratios, formatés qu'ils sont dans une culture de pré-carré qui n'est plus de saison.
La France capable de se réconcilier avec l'Afrique, notamment ses élites et sa jeunesse sera la France de la lucidité et de la générosité capable d'aller dorénavant vers une coopération de type nouveau, fondée sur l'équilibre des avantages dans le cadre de partenariats de nouvelle génération et dans une perspective bien comprise et partagée de codéveloppement. C'est cette France lucide et humble qui sera capable de tirer profit et trouver source d'inspiration dans le modèle Sénégalais qui, sans prétention ni fausse modestie, contient un énorme potentiel d'innovations dans le processus de construction d'une authentique démocratie délibérative et participative. Il y'a bien les leçons utiles à tirer de la pratique institutionnalisée de la consultation de personnalités de bons conseils , de la concertation et du dialogue politique entre les forces vives de la nation comme moyens de prévention, de traitement et de gestion des conflits dans l'espace politique et social. Nos bien pensants de "Paris rive gauche" seraient inspirés de faire école à l'exemple Sénégalais du dialogue politique institutionnalisé qui a rendu possible la reconfiguration du bloc politique et social qui redonne sens au pacte républicain. Ce pacte renouvelé sur lequel notre pays a toujours fondé sa trajectoire historique de construction démocratique de son développement économique et social.
Le Président Macky Sall aura marqué sans conteste sa présence à la tête de l'Etat du Sénégal pour avoir sans cesse appelé à la renégociation des termes d'un nouvel ordre international dans le sens de promouvoir un monde plus juste, plus social, plus solidaire . La persistance des inégalités à l'intérieur des nations et entre les nations étant le plus puissant facteur de provocation des colères citoyennes de nature à engendrer de nouvelles formes de révoltes de plus en plus violentes. Avec des inégalités économiques et sociales aussi criardes que rien ne justifie et un modèle de démocratie représentative objectivement à bout de souffle, c'est le moment de repenser les enjeux de gouvernance et de développement dans une perspective de communauté de destin. C'est à notre avis la seule perspective viable pour un monde de paix qui sera nécessairement corrolaire à un monde de justice.
Sous ce rapport , le Sénégal fait figure, qu'on le veuille ou non, de pionnier autant dans son attachement à la promotion d'une société de progrès dans la liberté que dans l'effort constant de formulation et d'institutionnalisation de la concertation et du dialogue politique comme modalités de traitement des différends dans notre société.
Une nation digne de ce nom reste en toutes circonstances intraitable sur la défense de la République, de la démocratie, de l'Etat de droit , de l'autorité de l'Etat, de l'unité et de la cohésion nationale. Ce que le gouvernement du Sénégal s'attache à défendre sans faiblesse aucune. Une nation lucide, c'est aussi celle qui prend conscience des fortes aspirations citoyennes au renouveau dans tous les domaines. Nous avons la chance d'avoir hérité d'une nation construite sur des équilibres séculaires. Un Sénégal fort de son unité mais riche de sa diversité. Une société de tolérance où la convivialité est un art de vivre . Un pays qui trace sa voie de progrès dans la démocratie, où on est convaincu que développement n'est pas antinomique avec respect des libertés mais dans la responsabilité partagée. C'est tout ce leg que nous avons la responsabilité historique de protéger, de conserver, de consolider et de transmette. C'est la conscience partagée de cette responsabilité commune qui donne sens au dialogue national et aux brillants résultats qui en sont issus . Le bloc républicain, produit de la dynamique du dialogue, porte sur ses épaules la responsabilité historique de la préservation de cet héritage que nous avons en commun pour faire de l'échéance 2024 le grand moment d'un bond qualitatif pour un Sénégal du renouveau. La seule réponse pertinente que nos pays peuvent apporter à l'arrogance de certaines élites des pays riches, c'est la conscience de notre devoir de dignité qui se défend par notre capacité à prendre par nous mêmes nos propres destins en main . Entre le discours pueril de "France dégage " et le paternalisme tout aussi pueril de la bureaucratie parisienne, il y a bien de de la place pour la vision partagée d'une nouvelle responsabilité à bâtir un monde juste et solidaire.
par Abdou FALL
Ancien Ministre d'état
par Balla Dieye
LA REPUBLIQUE RECONNAITRA LES SIENS
EXCLUSIF SENEPLUS - Les vrais coupables sont à chercher du côté de ceux qui considèrent que la République est un jeu de rôle dans lequel tout est acceptable dès lors que cela émane de l’autorité
On aurait pu se réjouir que l’actualité politico-judiciaire de notre pays ramène la République au cœur du débat public, tant il est légitime que l’on se retourne vers les fondamentaux lorsque nos certitudes vacillent. Et assurément, la République, en tant que mode organisationnel sur lequel nous avons « décidé » d’adosser notre vivre-ensemble, est un pilier fondamental. Mais c’était sans compter sur notre incroyable habilité à dépouiller toute chose de sa substance pour en faire un instrument d’assouvissement d’intérêts privés et partisans.
Depuis plusieurs semaines, on assiste à un ballet d’intellectuels, allant de simples anonymes, avec une petite notoriété sur les réseaux sociaux, aux plus grands trafiquants d’influence de ce pays, chargés de nous chanter le tube de la République en danger par le fait d’un seul homme et de son parti. Les décisions politiques intervenues ce lundi 31 juillet 2023, dont l’arrestation de Ousmane Sonko et la dissolution de Pastef, nous donnent à voir l’objectif que visait ce narratif.
L’exception sénégalaise comme règle
L’une des faiblesses du néopanafricanisme, outre les niaiseries habituelles sur la nécessité de s’unir, c’est de nier les identités qui se sont formées depuis les indépendances, voire même durant la période coloniale. Parmi celles-ci, il en est une qui me paraît bien sénégalaise : elle procède d’une forme d’autosatisfaction qui préjuge qu’en toute situation, il y aurait une exception sénégalaise. Ça n’aurait pas été pour me déplaire, mais hélas, ça ne correspond aucunement à la réalité.
Il en est ainsi de cette vague de contestations qui, partout dans le monde, remet en cause les institutions et leurs règles de fonctionnement. Elle est souvent l’œuvre de classes sociales laissées pour compte ou qui ne se sentent pas considérés par les règles en place. Elle trouve dans les réseaux sociaux et plus généralement dans l’anéantissement des distances par la technologie un puissant catalyseur, à la fois parce qu’ils organisent de manière inespérée la « convergence des luttes » mais aussi parce qu’ils sont une extraordinaire fabrique d’opinion avec tout ce que ça engendre comme dérives. Enfin, elle est souvent incarnée par des figures politiques de qui on exige avant tout, et peut-être même après tout, ne serait-ce que théoriquement, d’être l’exacte opposée de ceux qui incarnent l’autorité actuelle. Ils seront populistes, nationalistes, fascistes pour les uns ; révolutionnaires, antisystèmes, espoirs de redistribution des cartes pour les autres. Deux manières de voir pas aussi disjoints qu’il n’y parait. Seule la perspective et la temporalité les séparent parfois.
Cette vague, qui a frappé dans la péninsule arabique, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Europe et plusieurs fois sur le continent africain, d’aucuns voudraient nous faire croire que, tel le fameux nuage de Tchernobyl, se serait arrêtée aux frontières du Sénégal. Et pour nous en convaincre, ils préfèrent réécrire une partie de l’histoire, les conséquences, ignorant naïvement ou malhonnêtement les causes de tout ceci.
Voici donc débarquant sur tous les médias mainstream, y compris ceux pilotés par des journalistes autrefois connus pour leur rôle de défenseurs des libertés - rétrospectivement, des leurs surtout – la bande à Yoro Dia nous expliquant que la République du Sénégal serait en danger du fait des agissements d'Ousmane Sonko et des siens. Ses ouailles, biberonnées aux méthodes de la gauche française colonialiste, renchérissent avec les accusations de fascisme, un anathème parmi d’autres qui vise avant tout à discréditer son adversaire ou à tout le moins, l’obliger à passer son temps à s’en défendre. C’est une méthode connue et usitée qui gangrène désormais le débat public avec son lot de qualificatif qui emprunte au kyste plus que la rime : fasciste, sexiste, raciste, machiste, populiste … Etc. De quoi occuper tous les cancérologues du monde sur plusieurs décennies.
La République ou l’arrêt public ?
C’est une bien curieuse façon de défendre la République que de fermer les yeux sur ses renoncements, sur les atteintes aux libertés, sur les violences institutionnelles, sur l’adoubement de milices privées… etc. Nous avons eu droit à des plaidoyers hollywoodiens suppliant le président de la République de tenir parce que nous étions au bord du précipice sans un traître mot sur toutes ces situations où à minima les droits d’individus ont été bafoués.
Il est vrai nous avons frôlé le K.O. et continuons de flirter dangereusement avec. Mais contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, ce qui menace la République ce ne sont pas ceux qui, dans le sillage de ce qui se fait ailleurs, ont le souhait légitime, souvent utopiste et parfois outrageux de remettre en cause la manière dont nos institutions sont incarnées. Les vrais coupables sont à chercher du côté de ceux qui considèrent que la République est un jeu de rôle dans lequel tout est acceptable dès lors que cela émane de l’autorité. Et parmi ceux-ci une frange encore plus perverse qui considère la République comme un paravent pour préserver les [dés]équilibres sociaux qui leur sont largement profitables. Les ennemis de la République ne sont pas ceux qui la contestent, mais ceux qui la dressent injustement contre une partie non-négligeable du peuple.
Assurément, la République reconnaîtra les siens ! Ceux-là qui l’acceptent comme mode d’organisation de notre démocratie, qu’ils se satisfassent de ses imperfections ou non, qu’ils souhaitent contester ses incarnations ou pas. Si tant est qu’elle est ce qu’elle doit être, il va de soi qu’elle n’aura aucunement besoin de défenseurs opportunistes. Mais pour cela, il lui faudra répondre, en toute intégrité, de son épithète principale. Car oui, notre république se dit avant tout démocratique. Et la démocratie ne s’accommode ni de l’autoritarisme, ni des dérives liberticides, y compris au nom des combats les plus légitimes. Bien au contraire. L’honneur d’une République démocratique est de ne pas transiger, quelle que soit la situation, sur ses principes notamment de libertés et de justice. Celle de ceux qui prétendent la défendre et de la jauger à l’aune de ces principes et non de leurs intérêts privés et autres conflits personnels. Les principes nous coûtent. C’est en cela qu’ils ont de la valeur.
Par Ousseynou FALL
BRAVISSIMO À LA DÉFENSE DE LA DÉFENSE
Une mobilisation nulle part comparable de tous les confrères sous la houlette de l’AJAS (Association des Jeunes Avocats du Sénégal) et de son Président a permis de renverser la vapeur pour aboutir à la libération des confrères détenus
Dans la saga des poursuites judiciaires à l’encontre d’un opposant politique en l’occurrence le jeune et charismatique Ousmane Sonko, deux jeunes avocats, l’un français Juan Branco et l’autre sénégalais, notre courageux confrère Babacar Ndiaye ont été interpelés sur ordre du procureur de la république et incarcérés.
Une mobilisation nulle part comparable de tous les confrères sous la houlette de l’AJAS (Association des Jeunes Avocats du Sénégal) et de son Président a permis de renverser la vapeur pour aboutir à la libération des confrères détenus.
Parallèlement, la bâtonnière de Paris et un collectif d’avocats, français et espagnols sont intervenus en solidarité à leur confrère détenu pour rappeler la sacralité des droits de la défense.
« Nous rappelons le caractère sacré des droits de la défense. Aucun avocat ne doit être entravé dans sa mission où qu’il soit et quel qu’il soit la situation de notre confrère, Juan Branco incarcéré au Sénégal nous préoccupe. Nous agissons activement pour sa libération, en concertation avec ses avocats »
Nous saluons aussi la réponse bien à propos de notre bâtonnier à l’endroit du ministre de la justice.
Qu’y a-t-il en effet de plus déshonorant pour un avocat que de voir son confrère dans sa mission de défense humilié et brutalisé
L’inertie du Conseil de l’Ordre des Avocats face à cette situation lamentable serait une démission inacceptable pour la défense de notre profession
Cette noble mission qui nous est impartie pour la défense des droits fondamentaux a besoin de garanties certaines lorsque l’honneur ou la dignité d’un avocat est bafoué
A cet égard, les enseignements de nos valeureux confrères aujourd’hui disparus doivent plus que jamais être ressuscités pour demeurer encore vivaces dans nos esprits.
Pour ne citer que l’un d’entre eux en l’occurrence feu le Bâtonnier Fadilou Diop, permettez-moi de vous rappeler ces paroles prononcées lors d’une cérémonie de rentrée des Cours et Tribunaux :
« Notre ordre, aussi ancien que le jour où s’est révélée la liberté à défendre, nous permet d’exercer une profession qui a pour fondement un droit naturel. Appelée à éclairer la justice ; vous êtes, chers confrères, héritiers d’une tradition d’honneur et de vertu. Nous ne manquerons jamais d’autorité pour imposer avec fermeté le respect dû à notre déontologie qui assure la noblesse de notre profession ».
« Mais nous ne manquerons pas non plus de ferme détermination pour vous protéger, au besoin jusqu’au sacrifice lorsque vous serez injustement attaqués et lorsque l’honneur et l’indépendance du barreau seront menacés ».
Mais que Diantre a-t-on pu reprocher à nos confrères Juan Branco et Babacar Ndiaye pour les menotter et les détenir comme de vulgaires malfrats.
Pour avoir courageusement dénoncé à la demande de proches des victimes de crimes et d’avoir attrait les auteurs devant les juridictions compétentes en l’occurrence la CPI (Cour Pénale Internationale), notre confrère Juan Branco s’est vu injustement attaqué par un procureur de la république qui aurait initié une procédure d’arrestation contre lui !
Au-delà du ridicule pour ne pas dire rocambolesque on pourrait se demander quelles étaient les véritables motivations du parquet, si ce n’est une velléité revancharde du pouvoir face à cette procédure devant la CPI, ainsi qu’un dessein funeste d’empêcher Ousmane Sonko de participer aux élections présidentielles de février 2024
II est grandement temps de mettre un holà à ces dérives autoritaires et incongruités d’un parquet aux ordres d’un mentor, le Ministre de la justice qui dans ses sempiternelles élucubrations vient encore de dévoiler à la face du monde ses lacunes, ce faisant, violant aussi le sacro-saint principe du secret de l’instruction.
Comment un ministre de la justice peut-il se permettre à tout bout de champs pour les besoins de commande politique dans le dessein ignominieux d’empêcher l’opposant Ousmane Sonko de participer à l’élection présidentielle de février 2024, de commenter impunément et éhontément des faits liés à des procédures encore pendantes et de surcroît en les travestissant.
Comment peut-il valablement soutenir qu’un contumax placé sous mains de justice puisse rester dans cet état de contumax c’est-à-dire introuvable et encore recherché.
« Tailleur » ou « damineur » de la constitution ?
Ce ministre de la justice qui n’a pas usurpé sa triste réputation de « tailleur ou damineur » de la constitution ignore-t-il que contumax ne signifie rien d’autres qu’introuvable... ?
Qu’à cet égard, les dispositions légales et inéquivoques de l’article 307 du CPP sur la contumace ne sauraient souffrir d’aucune interprétation ou autre lecture !
« Les accusés non détenus, s’ils ne défèrent à la citation prévue à l’article 257 du présent code, sont jugés par contumace par la chambre criminelle. S’ils se constituent prisonniers ou s’ils viennent à être arrêtés avant les délais de prescription, l’arrêt de condamnation est anéanti de plein droit et il est procédé à nouveau dans les formes ordinaires à moins que le contumax déclare expressément, dans un délai de dix jours, acquiescer à la condamnation. »
Il est incontestable que l’acte de non acquiescement de Ousmane Sonko à la décision de condamnation rendue par la chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance de Dakar le 1er Juin 2023 pour corruption de jeunesse, est intervenu dans le délai de dix jours depuis son arrestation et avant les délais de prescription tel qu’il ressort du courrier en date du 03 Aout 2023 adressé au Greffier en Chef de la Maison de Correction de Sébikhotane
Par conséquent, le jugement en date du 1er Juin 2023 est entièrement anéanti. Chers confrères, il nous fallait rétablir la vérité des faits pour mettre fin à ce débat entretenu dans les plateaux de télévision par le garde de sceaux portant atteinte non seulement aux droits de Ousmane Sonko mais violant aussi le principe du secret de l’instruction et tous les droits fondamentaux pour un procès juste et équitable.
Notre navire Justice…
Ces droits sont le droit à présomption d’innocence, le droit à l’égalité des armes, le droit d’être jugé dans un délai raisonnable et non en « fast track »….
Notre navire JUSTICE est malheureusement en train de prendre eau de toutes parts. L’incarcération du chef de l’opposition Ousmane Sonko et la dissolution de son parti constituent un recul démocratique jamais enregistre dans l’histoire du pays
Laminent professeur Abdoul Kader Boye professeur de droit et ancien recteur de l’Ucad a pu dire : « les dissolutions appartiennent au passé. On ne combat pas un adversaire politique en le supprimant mais par la confrontation des idées et l’occupation du terrain. »
Chers confrères, vous nous avez nous autres ancien prouver que les droits à la dignité et a l’honneur dûs a notre profession ne sont pas négociables
Vous avez aussi démontré en apportant votre soutien inconditionnel à notre confrère Babacar Ndiaye que vous êtes des avocats libres.
Rappelons seulement certains principes : L’immunité de plaidoirie de l’Avocat ne doit souffrir d’aucune restriction.
La liberté d’expression : on ne saurait accepter la perpétuation de ce système qui ne dit pas son nom pour les derniers remparts de la liberté que nous sommes de devoir solliciter une autorisation pour nous exprimer dans la défense de nos clients.
Alors que de l’autre côté, l’autre partie du procès, le Procureur de la République ou son supérieur hiérarchique donne déjà une orientation à un litige qui très souvent n’est même pas encore au stade de l’instruction en donnant des interviews intempestives ou à tout bout de champs violant ainsi allègrement le principe fondamental du droit de la présomption d’innocence.
Il faut signaler à ce titre que le 23 juin 2021 aux Philippines, 29 organisations de juristes composées de jeunes avocats de différents barreaux et d’associations de droits de l’homme ont signé une déclaration dénonçant les violations multiples de leur liberté d’expression perpétrées dans cet Etat en toute impunité, en demandant par conséquent aux pouvoirs politiques de leur assurer une meilleure protection de leurs droits fondamentaux.
Chers confréres !
Des Avocats courageux et déterminés nous en avons eu, Feus Fadilou Diop, Boubacar Gueye et tant d’autres comme, Ely Ousmane Sarr, Babacar Niang pour ne citer que ceux-là en sont l’illustration parfaite.
Dans la défense de nos clients, nous devons en effet être déterminés et aller jusqu’au bout de l’effort en ayant pour leitmotiv que la vérité, seuls la vérité et le droit triompheront du mensonge, des basses besognes et du complot.
Mais nous devons faire preuve dans l’exercice de notre métier d’une vigilance accrue car ne nous leurrons pas ; certaines puissances financières, étatiques et d’autres forces feront tout pour nous barrer la route.
Et surtout chers confrères le sens de la solidarité dont vous avez fait preuve.
Si j’insiste sur cette valeur chers confrères c’est pour vous dire que nous ne serons forts et respectés que si nous sommes unis et solidaires. Nous devons avoir aucune crainte dans l’exercice de notre métier en ayant comme seul et unique objectif : le combat pour le droit et la crédibilité du système judicaire. Nous ne cesserons jamais de le répéter pour cela il nous faut des avocats courageux et déterminés, dans un barreau libre.
Ces valeurs morales de probité, d’honneur, de courage, d’indépendance et de dignité qui font de nous l’AVOCAT MORAL, ne devront pas cependant nous faire perdre de vue notre objectif pour ne pas dire notre défi de restaurer et façonner un Barreau FORT et ENVIE sur le plan International.
Permettez-moi de conclure avec cette alerte de notre regretté Bâtonnier Alioune Badara Sene : « il s’agit simplement d’une alerte objective qui doit nous contraindre tous à redoubler d’efforts et de vigilance afin que notre beau pays retrouve une justice renouvelée, sereine, libre , responsable, servie dont le statut et surtout le caractère garantissent qu’ils soient au service de l’Etat, aidés sans leur mission par des avocats compétents, constamment présents et entièrement libres dans une démocratie sans cesse en état d’alerte ».
Et l’espoir nous anime !!!!!!!
Me Ousseynou Fall est Docteur en Droit, diplômé de l’OMPI et de l’OAPI, avocat à la Cour.
PAR Lat Soukabé
SÉNÉGAL : ANTHROPOLOGIE DE LA COLÈRE
La colère est la chose la mieux partagée au Sénégal, aujourd’hui. C’est l’expression d’un trop plein pour cette société de croyants, docile malgré les apparences, et longtemps soumise aux diktats d’un État présidentialiste fort
La colère est la chose la mieux partagée au Sénégal, aujourd’hui. Les raisons en sont multiples et se sont particulièrement accumulées au cours des deux dernières années, même si les causes profondes du mal remontent à bien plus longtemps. Cette colère collective vient de tous bords y compris de la diaspora, existe dans toutes les strates de notre société, et se manifeste de plusieurs manières, parfois explosive, souvent étouffée, mais toujours perceptible et symptomatique d’un ras le bol généralisé. C’est l’expression d’un trop plein pour cette société de croyants, docile malgré les apparences, et longtemps soumise aux diktats d’un État présidentialiste fort, gangrené par le népotisme et qui a du mal à distinguer entre les intérêts partisans des hommes au pouvoir et la nécessité d’équilibre social, gage de stabilité et de sécurité pour tous. C’est également le couvercle explosé d’une marmite bouillonnante de toutes ces « affaires » tortueuses et parfois saugrenues ; ces manigances politiciennes ; ce pénible et calculateur « ni oui, ni non » à une troisième candidature du président de la république ; l’usage disproportionnée de la force lors des manifestations et la question des infiltrations et usage de nervis toujours non élucidée ; ces citoyens qui ont perdu leur vie juste pour s’être exprimés dans la rue contre les excès du pouvoir ; ces prisons bondées de citoyens dont le seul tort a été leur accointance avec le parti « Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité » (Pastef) ; ce sentiment de justice à deux vitesses ; ces corps de migrants flottant au large des eaux sénégalaises ; ces restrictions abusives des libertés des citoyens relevant d’une autre époque ; le muselage de la presse, sans compter toutes ces grèves de revendication sans fin qui ont dénaturé, entre autres, notre système éducatif ; et le tout, sur fond de cherté de la vie et de perte de valeurs républicaines cardinales dont la séparation des pouvoirs. Trop. C’est trop !
En empruntant le titre de la présente contribution à l’ouvrage édifiant de l’économiste et intellectuel camerounais, Célestin Monga, « Anthropologie de la colère : société civile et démocratie en Afrique noire » (L’Harmattan, 1994), nous restons conscients qu’il faudrait beaucoup plus qu’un article pour disséquer les dilemmes actuels de la société sénégalaise en pleine mutation. Toutefois, l’on s’exercera à esquisser, à l’aune des développements politiques et judiciaires récents, le sous-bassement de cette exaspération qui touche également la classe des intellectuels encore dotés de discernement. Cela consistera à relever les contradictions du pouvoir actuel qui auront fini de mener le « pays du dialogue », si cher à Senghor, au bord de l’implosion, faute d’espace démocratique sincère et inclusif pour transcender avec lucidité nos propres différences et adversités, et sauvegarder la paix sociale.
Le placement sous mandat de dépôt d’Ousmane Sonko ce 31 juillet, doublé de la dissolution, le même jour, du Pastef dont il est le leader, montre à suffisance l’acharnement des institutions étatiques instrumentalisées sur ce mouvement et la personne qui incarne l’espoir de millions de jeunes en âge de voter ou pas. Ce symbole de « libération » pour la jeunesse rejoint donc en prison les centaines de militants et sympathisants de son parti arrêtés arbitrairement, avec souvent comme seul tort de soutenir le PASTEF et son leader. En privant Ousmane Sonko de sa liberté, le pouvoir en place vient de « financer », gratuitement et bien avant l’heure, la campagne électorale de ce candidat déclaré de la jeunesse et des laissés-pour-compte. Plus besoin de « nemmali tour » pour décliner un quelconque programme, car désormais il est clair dans la tête d’une bonne frange de la population que le programme c’est l’assainissement de nos institutions galvaudées et le fonctionnement d’une justice impartiale pour plus d’équité sociale. Le régime en place n’a toujours pas compris que si Macky Sall a été élu en 2012, c’est essentiellement parce qu’il représentait aux yeux de l’opinion l’antithèse de Wade dont la gestion populiste et paternaliste de l’État avait fini par agacer les populations. S’il ne s’agissait que de développer des infrastructures et de surendetter le pays, Abdoulaye Wade serait certainement encore au pouvoir. Il était plutôt question de le remplacer par un profil relativement jeune et capable d’appliquer « une gestion sobre et vertueuse » et de mettre « la patrie avant le parti », d’après les propres mots de campagne du candidat Macky Sall, qui rappelons-le avait bénéficié d’un capital sympathie considérable auprès des populations durant les épreuves qu’il a subies en raison du traitement à lui infligé par le Président Wade, allant jusqu’à le faire déchoir de son poste de président de l’Assemblée nationale. Le candidat Sall avait donc été élu sur la base de la promesse de rétablir les valeurs que les citoyens avaient vu bafouées durant le magistère de Wade, dont la figure du fils et puissant « ministre du ciel et de la terre » dérangeait. Lui qui est né après les indépendances portait l’espoir d’une bonne compréhension de la jeunesse et allait contribuer à décomplexer un système encore fortement enraciné dans un logiciel françafricain. Que nenni. L’espoir naguère placé en Macky Sall s’est étiolé au fil du temps, d’abord avec l’implication de sa famille dans la gestion de l’État (rappelant le cas Karim Wade), ensuite la promesse non-tenue de créer des centaines de milliers d’emplois pour les jeunes, et après, vient tout un lot de déceptions y compris la gestion arbitraire de la chose publique avec, entre autres, le « coude présidentiel » posé sur plusieurs dossiers de l’État aux relents de concussion et de malversation financière.
Sans être exhaustif, l’on pourrait résumer les raisons de la colère en cinq points : L’indifférence du pouvoir aux priorités de la jeunesse ; la « clochardisation » de la justice ; le non-respect de la parole donnée ; l’anéantissement du rêve collectif et la tentative de musellement de la pensée libre.
L’indifférence du pouvoir aux priorités de la jeunesse
L’erreur fondamentale commise par le régime au pouvoir et ses soi-disant « penseurs », a été de croire que le soulèvement populaire de mars 2021 est imputable exclusivement à Ousmane Sonko et, qu’en le muselant, on pourrait mettre fin à ces « mouvements d’humeur ». C’est ainsi que sous le prétexte du « plus jamais ça », l’État a passé son temps à s’équiper pour corser la répression des manifestations à venir, plutôt que de s’investir à comprendre la colère post-COVID de la jeunesse et à y apporter les mesures idoines, afin que de tels excès ne se reproduisent plus. Les évènements de juin 2023 qui découlent, tout comme en mars 2021, d’une réaction de masse à une décision de justice prononcée contre Sonko, montrent bien que, même si le leader du Pastef en est l’élément déclencheur, les griefs formulés contre l’État du Sénégal et la mobilisation en elle-même, dépassent sa personne et même son parti. Ousmane Sonko est juste la personnalité qui a su cristalliser les frustrations de toute une jeunesse autour de son programme de bonne gestion de la chose publique et son idéal d’un panafricanisme affranchi des liens de la Françafrique. Ce qui correspondrait selon eux, à débarrasser d’abord le pays de ses dirigeants actuels taxés d’être à la solde de l’ancienne métropole, toujours présente, à la faveur du franc CFA et dans les différents secteurs de l’économie du pays. Par conséquent, les mouvements de révolte de la jeunesse sénégalaise doivent être compris comme le parachèvement de la décolonisation qui n’avait jamais abouti, en ce sens que nos économies sont encore fortement tributaires de notre relation avec l’ex-colonisateur. Cette jeunesse sénégalaise à l’instar de la toute la jeunesse africaine en pleine mutation
à l’ère de la numérisation, veut gagner sa dignité et redorer le blason du continent. Comme l’a dit Mme Hélène Conway-Mouret, sénatrice des Français de l’étranger, dans une interview au magazine Le Point : « Nous sommes face à une jeune génération qui est dans le rejet du colonialisme, qui n’a pas connu la Françafrique. En face, la France ne les fait plus rêver ». Pourtant les revendications de cette jeunesse de moins de 35 ans qui représente 75 % de la population, dans un contexte post-Covid, sont essentiellement liées à l’emploi, pour leur dignité et leur survie. Mais pendant ce temps, les ressources de l’État sont allées vers l’achat de matériel de répression pour la police et de guerre pour l’armée ainsi que pour la fête nationale du 4 avril a servi de décor pour une démonstration de force cette année. Or l’Etat, en tant que garant de la sécurité de tous les citoyens, doit rassurer le peuple, et beaucoup d’observateurs voyaient déjà depuis la fête nationale que le pouvoir avait bandé les muscles face à sa propre population et cela augurait de lendemains difficiles dans sa gestion des revendications de la rue. Or, même si l’Etat détient « le monopole de la contrainte ou violence physique légitime », toute violence qu’il exerce n’est pas justifiée, surtout en cas de réponse disproportionnée à une menace perçue ou réelle. Dès lors, lorsque son autorité est remise en cause, c’est la légitimité même de l’usage de la contrainte qui est interrogée.
La « clochardisation » de la justice
La justice est le principal baromètre dans un état de droit. Plus la justice est impartiale et respecte les droits de chaque citoyen, plus les citoyens lui accorderont leur confiance et se sentiront protégés et égaux devant la loi. Toute instrumentalisation de ce corps à des fins politiciennes contribue indubitablement à la déliquescence de l’État. L’état de droit est une finalité, un but ultime à atteindre. Mais il est, en même temps, une pratique constante au quotidien, qui devrait se renforcer et se bonifier par les règles du contrat social mis en place, et grâce aux garde-fous que lui impose la république et sa sacro-sainte séparation de pouvoirs. Lorsque les ministres de toutes les branches régaliennes de l’État sénégalais (Affaires étrangères, Défense, Intérieur et Justice) sont des juristes (avocate, droit-de-l’hommiste, magistrat et constitutionaliste respectivement) et que l’on voit l’état d’imbroglio politico-politicien dans lequel ce secteur de souveraineté s’est empêtré aujourd’hui, on se demande si l’on est bien au pays des juges Kéba Mbaye et Ousmane Camara. La cacophonie dans l’action et les contradictions dans la communication de ces ministères discréditent leur action et décrédibilisent leurs auteurs. C’est le cas du porte-parole du gouvernement qui avait justifié la décision de la levée du blocus de la police établi devant la résidence de Ousmane Sonko pendant près de deux mois, par le fait que ce dernier ne représentait plus une menace pour la société. Il disait en substance : « L'État a une mission de la gestion de l'ordre public... Aujourd'hui il n'y a plus de risque, plus d'appel à l'insurrection, il n'y a plus lieu de maintenir le blocus ». Et pourtant, une semaine après cette déclaration, le procureur de la République, lançait un réquisitoire dont les charges sont passées de 2, dont celle de vol de téléphone, à sept, puis à huit durant le même week-end du 28 juillet. Et précisément dans ces charges, il fait état, entre autres, d’appels à l’insurrection, contredisant ainsi le porte-parole du gouvernement. Cela n’est que la partie visible de l’iceberg tant cette justice s’est dévoyée et s’est compromise en se mettant au service du pouvoir et non de tous les citoyens, comme le démontre également la célérité avec laquelle les « dossiers judiciaires » portés par l’État sont exécutés, particulièrement lorsqu’ils concernent les responsables, membres et sympathisants du PASTEF. On pourrait même remonter au « dossier » Khalifa Sall, ancien maire de Dakar qui avait perdu ses droits civiques après sa condamnation pour détournement de la caisse noire de la mairie. Le dossier « Sweet Beauté » est en lui-même un tortueux cas d’un feuilleton de « malversation judiciaire » que l’on devrait enseigner dans les universités comme exemple à ne pas suivre. Avec l’instrumentalisation de la justice à des fins politiciennes, les décisions rendues dans les diverses affaires, portent à controverse, sont souvent fortement rejetées par l’opinion publique et débattues sur tous les plateaux de télévision par des chroniqueurs devenus « juristes moqueurs », comme le cas du verdict sur le chef d’inculpation de « corruption de la jeunesse » substitué à ceux de viol et menace de mort dont Ousmane Sonko était accusé. En somme, le régime en place a réussi à rendre à la misère la justice du pays, en la déshabillant de ses attributs d’apparat d’antan pour la vêtir en haillons et la laisser en errance, à la merci des « tailleurs et autres ferronniers » du droit.
Le non-respect de la parole donnée
Dans une démocratie, la légitimité repose sur la capacité des gouvernants à remplir pleinement leur part du contrat social qui les lie aux gouvernés. C’est ainsi que le respect des promesses faites durant les campagnes électorales pour solliciter le suffrage des citoyens, fait partie intégrante du contrat social, et le non-respect de la parole donnée devient une cause de rupture de ce contrat et de la confiance qui lient les deux parties. Prôner « la patrie avant le parti » pour ensuite agir dans le sens contraire, en est une illustration, comme le montrent les dégâts causés par le « ni oui, ni non » du président à une troisième candidature pour préserver l’ordre au sein des rangs du parti et de la coalition au pouvoir, au détriment de la patrie tenue en haleine pendant plusieurs années avec son corollaire de conséquences diverses allant jusqu’aux manifestations dans la rue et la répression qui s’en est suivi. Dans un État où les dirigeants ne respectent pas la parole donnée au peuple, l’autorité centrale se verra défiée. Prêter serment devant la nation, c’est jurer devant le peuple que le magistrat suprême travaillera pour l’intérêt de toute la nation. La période du « ni oui, ni non » à une troisième candidature en est l’illustration parfaite car lorsque le ministre de la Justice et professeur de droit constitutionnel se dédit, après avoir clairement indiqué que « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs », en se basant sur la Constitution du Sénégal, pour ensuite défendre bec et oncles que le Président Sall pouvait se présenter une troisième fois « s’il obtenait 2 millions d’intentions de vote ». Dès lors, on comprend bien le rejet de cette position par la population et la défiance à l’égard de l’État qui en découle, à cause de la nébuleuse qui s’est instaurée entre intérêts partisans avoués du ministre et le respect de l’acte fondamental du pays. Le discrédit est allé au point où, l’acte odieux d’attaque criminelle au cocktail molotov, d’un bus de transport en commun, a laissé dubitatif une partie de la population ainsi que des responsables politiques tant la parole du ministre de l’intérieur qui en informe la communauté en parlant d’acte terroriste ne fait plus autorité a causes de plusieurs antécédents. Le terme « terrorisme » a été banalisé avec tous les cas de soi-disant « terroristes » sympathisants de Pastef, dans les geôles de l’Etat depuis des mois sans qu’une suite judiciaire ne leur soit donnée. Le cas de la police justifiant à la face du monde, vidéo à l’appui, que les manifestations de juin dernier étaient émaillées de crimes commis par des nervis armés à la solde des manifestants, pour finalement voir que la vidéo n’était pas complète et que la personne identifiée s’était ensuite retrouvée aux côtés des forces de l’ordre, ce qui confirme la suspicion des populations quant à une manipulation politicienne. Cette séquence n’honore pas nos forces de sécurité réputées bien formées, même si elles sont restées dans le logiciel de répression héritée du système colonial. Les conséquences du non-respect de la parole donnée au sommet de l’Etat sont dévastatrices au niveau de la confiance comme socle entre gouvernants et gouvernés, et mènent à l’effritement de la légitimité du pouvoir.
L'anéantissement du rêve collectif
Chaque génération a besoin de rêver, de s’identifier à un leader charismatique qui l’aide à transformer ses attentes en réalité. La jeunesse sénégalaise n’y échappe pas, elle a besoin d'être occupée, de travailler et de contribuer au développement de son pays. Cette jeunesse avait placé son espoir en 2012 dans l’alternance générationnelle entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, qui s'est finalement avéré être aux antipodes de ses attentes. Le Gouvernement, malgré quelques initiatives salutaires dont la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ), n’a pas réussi à concrétiser ses promesses de création de centaines de milliers d'emplois. Le spectacle désolant des départs massifs de milliers de jeunes par la mer, vers l'Europe, marque l'échec de nos politiques publiques en la matière, même si ce phénomène des migrants va bien au-delà du Sénégal. À la veille de la production pétrolière et gazière qui est en soi une source d’espoir pour des lendemains meilleurs, l’image de ces jeunes désespérés qui prennent le large, au risque de leur vie, montre à quel point ils ont arrêté de rêver et de compter sur une amélioration de leurs conditions de vie sur place, au Sénégal.
Au-delà de la jeunesse, la classe politique sénégalaise dans son ensemble rêvait d'un espace politique sain, inclusif et propice pour l'épanouissement de la démocratie dans le pays, au vu des engagements et promesses du candidat Sall avant son accession au pouvoir. Mais elle a vite déchanté, particulièrement la partie de l’opposition qui ne s’est pas compromise, avec la mise en œuvre de la volonté du Président Sall de « réduire l’opposition à sa plus simple impression ». Le Sénégal, longtemps décrit comme la vitrine de la démocratie africaine, est encore aujourd'hui aux prises avec les questions des listes électorales, du parrainage des candidats, et surtout de la dépolitisation de l'organisation des élections. L'opposition a longtemps réclamé que les organisations au Sénégal soient placées sous la responsabilité d'une entité qui agit abstraction faite des questions politiciennes et cela montre à quel point le manque de confiance envers le ministère de l'Intérieur est patent. Cette opposition, organisée en grandes coalitions, se fissure aujourd’hui, au gré des intérêts individualistes et opportunistes, à moins de deux mois de la phase de parrainage qui édifiera sur la liste des candidats éligibles. Pendant ce temps, les errements de la majorité au pouvoir et particulièrement du leader de l’APR pour choisir celui qui portera l’étendard de sa coalition à la prochaine présidentielle, ont fini d’exaspérer la grande majorité des Sénégalais, en confortant l’idée qu’il n’y avait pas de plan B, et que cette cacophonie montre bien que le président de la République s’est abstenu à la dernière heure, de se présenter à la présidentielle de 2024, la mort dans l’âme. Le simple fait de confier la responsabilité du choix du candidat d’un parti politique à une personne, fusse-t-elle le chef de parti et président de la République, met en exergue les pratiques anti-démocratiques qui ont cours à l’APR, voire au sein de la coalition Benno Bokk Yakaar. L’organisation de primaires au sein du groupe pour identifier le candidat aurait été un modèle démocratique à suivre. On se souviendra qu’en 1997 l’inclination de Mandela pour Cyril Ramaphosa dont il disait qu’il était « le plus doué de sa génération » pour lui succéder à la tête de l’ANC n’était pas un secret, mais il a laissé le jeu démocratique se faire selon les règles internes du parti et porter Thabo Mbeki à la tête du parti, ce qui ouvrit à celui-ci les portes de la présidence de la République sud-africaine en 1999. Le rôle confié à Macky Sall est donc impensable dans une démocratie qui se respecte, et d’ailleurs au sein de l’APR se joue en ce moment même une guéguerre fratricide entre militants de la première heure et transhumants, pour influencer le choix du chef. Ce qui constitue sans nul doute une recette à l’implosion qui ne saurait tarder, avec son lit de mécontents et « rebelles » de la dernière heure. Nous voyons donc qu’on est à la fin du rêve collectif et au début des cauchemars pour tous.
Tentative de musellement de la pensée libre
Une dictature de la pensée sévit aujourd’hui au Sénégal. Être du côté de l’orthodoxie démocratique et des principes républicains est considéré par les tenants du pouvoir comme être un pro-Sonko et, par conséquent, s’exposer aux foudres des défenseurs du régime, qui semblent oublier que le Pastef n’a pas le monopole du patriotisme dans ce pays. Il y a un acte pernicieux de musellement des voix discordantes, qu’elles viennent de la rue, de la presse ou encore de la frange de l’intelligentsia qui refuse de se prostituer pour plaire au prince. C’est là où le combat des patriotes rejoint les principes de base de l’intellectualisme, à savoir la liberté de penser, de poser des questions et de remettre en cause le « désordre établi comme ordre », en toute responsabilité et contre tout diktat. Après la phagocytose d’ex-grands noms de la presse sénégalaise qui ont cassé leur plume naguère acerbe, pour mieux avoir accès aux doux salons aux lambris dorés du Palais, et devant les fermetures arbitraires de certaines chaines de télévision et les emprisonnements abusifs de journalistes et chroniqueurs, sans compter les restrictions répétées d’accès à la bande passante, le régime aura réussi à instaurer une psychose au niveau national, qui tue à petit feu l’expression libre. Devant cette situation, d’éminents intellectuels du Sénégal et de la diaspora avaient signé une lettre ouverte en mars 2023 pour « appeler le président Sall à la raison » devant ce qui apparaissait à leurs yeux et à la face du monde, comme une dangereuse dérive démocratique manifestée par « l’utilisation de la justice à des fins politiques ». En juin, un ticket intitulé « cette vérité que l’on ne saurait cacher », signé de Boubacar Boris Diop, Mbougar Sarr et Felwine Sarr pour qui « la situation en cours résulte de la dérive autoritaire du président » fait le tour du monde. Ce qui vraisemblablement, a horripilé le régime dont les sbires se sont empressés de leur apporter des répliques par presse interposée, révélant dans cet exercice, le degré élevé de malhonnêteté intellectuelle existant en leur sein. Mais nous verrons de plus en plus de voix s’élever urbi et orbi, de la part de l’intelligentsia, car ce moment est historique et les intellectuels opprimés au lendemain des indépendances, n’ayant pas pu accompagner les masses populaires en raison de la répression du système de l’époque, se donnent le devoir d’accompagner la jeunesse africaine à se libérer des derniers maillons de la décolonisation et des leaders complexés, pour affranchir leurs peuples. Et cela passe au Sénégal par la traction créée par le PASTEF et son projet, avec ou sans Ousmane Sonko, qui a tiré l’opposition de la plus simple expression à laquelle elle était réduite, vers une parité presque parfaite en matière de représentativité à l’Assemblée nationale. Il y a eu progressivement une érosion de la légitimité du régime en place et les résultats des urnes aux législatives et aux locales passées en sont symptomatiques.
Pour finir, nous avons une pensée pour Ousmane Sonko et toutes les personnes (entre 500 et 800, selon les estimations) détenues arbitrairement pour leurs opinions et leur engagement, mais l’on ne peut pas museler la pensée, disait l’autre, et leur combat continue à travers les voix encore debout et à travers le peuple sénégalais résilient qui a horreur de l’acharnement et du « deux poids, deux mesures » actuel de la justice au Sénégal, « Coumba am ndey ak Coumba amoul ndey ». Le cas du procès de Karim Wade l’a prouvé, lui qui a été le seul condamné sur une liste originale de 25 personnes qui devaient se justifier devant la Cour de répression criminelle (CREI), et qui a finalement bénéficié d’un soutien affectif de la population malgré les lourdes charges qui pesaient contre lui. Il est ancré dans l’inconscient collectif des Sénégalais que le chemin qui mène au sommet est semé d’embuches, dont l’exil et la prison sont les épitomes rédempteurs. Le philosophe Souleymane Bachir Diagne l’illustre éloquemment par sa traduction du verset 6 de la sourate 94 du Coran : « après chaque contraction, il y a une expansion », en d’autres termes « après la peine, il y a le gain ». Ainsi soit-il.
Par Amadou Lamine SALL
QUELLE SOLUTION POUR LE NIGER FACE À LA CEDEAO ?
Difficile de savoir de quel bord se ranger : diplomatie ou action guerrière ? Le meilleur est de privilégier le dialogue si la junte y adhère et il serait souhaitable qu’elle y adhère.
Difficile de savoir de quel bord se ranger : diplomatie ou action guerrière ? Le meilleur est de privilégier le dialogue si la junte y adhère et il serait souhaitable qu’elle y adhère. A défaut, s’il faut agir, agir en faisant d’un coup trois coups : libérer à la fois le Mali, le Faso, la Guinée Conakry ! Ce serait plus juste, plus équitable et plus… économe !
Mais le dialogue est la voie la plus sage, la plus consensuelle. La vérité est que la CEDEAO s’y est prise tard, très tard en regardant faire tous ses coups d’État militaires ! L’Union Africaine de même ! Un gâchis et une incompétence sans nom !
Pourquoi le Niger, tout de suite, serait le seul à être libéré et pas les autres, tous les autres ? Complexe, difficile à comprendre ! Pourquoi subitement toute cette hâte et ce besoin de libérer l’Afrique des coups d’État militaires ? Pourtant c’est cela le bon réflexe mais il semble venir un peu tard ! Oui, il n’est que temps d’arrêter les appétits militaires en Afrique mais il n’est que temps également pour les pouvoirs civils de mettre un arrêt à leur appétit de pouvoir et de richesse !
Si les militaires Nigériens donnent l’exemple en regagnant les camps militaires et laisser le choix du peuple s’imposer, nous aurons gagné avec un retour des civils ! Si la CEDEAO réussit son action de reconquête du pouvoir parla force sans sacrifier ni Bazoum ni le peuple nigérien, ni une jeunesse érigée en rempart, tant mieux ! Elle aura gagné et rattrapé son insuffisance et son incompétence constatée par tous !
L’essentiel pour la CEDEAO est d’éviter l’échec de la reconquête du pouvoir par la force ! Ce serait une véritable catastrophe de plus dont nul ne connait les conséquences ! Que la CEDEAO mesure tous les risques de son intervention militaire. Que les putschistes mesurent tous les risques de leur refus insensé et orgueilleux du rejet du dialogue !
Le coup de gueule de mon Président, le Président Macky Sall, relève sans doute d’une vision, d’une très longue vision, que c’est maintenant qu’il faut libérer l’Afrique des coups d’État militaires. D’aucuns peuvent dire mais pourquoi le pense-t-il seulement maintenant avec un tel agacement ? A toute chose son heure ! Sa visite récente chez Poutine et son échange aigre-doux avec l’actuel Président putschiste du Burkina Faso, ont dû le convaincre de vaincre le mal, c’est-à-dire d’arrêter d’accéder au pouvoir par les armes !
Prions ? N’avons-nous pas trop prié ?
Agissons plutôt pour trouver la sortie la meilleure, la plus humaine, la plus efficace et la plus utile pour le Niger et son peuple. Il est temps que le berceau de l’humanité, notre Afrique si belle et si ardente, soit le soleil du cœur !
Par Amadou Lamine SALL
Poète
Lauréat des Grands Prix de l’Académie française
Lauréat 2023 du Grand Prix de Poésie Africaine