SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
29 novembre 2024
Opinions
par Vieux Savané
SÉNÉGAL, LES ETHNIES ET LA NATION
En cette veille d’élection, il est important de lire cet ouvrage de Makhtar Diouf pour s’imprégner non seulement de la dangerosité de l’ethnicité mais aussi, et surtout, de la nécessité de préserver le multiculturalisme sénégalais
Alors que les wolofs sont minoritaires au Sénégal, leur langue, le wolof, est parlé sur l’ensemble du territoire national. Un paradoxe qui trouve son explication dans le fait que les premiers contacts du Sénégal avec l’Europe coloniale se sont effectués à travers les zones wolophones , St-Louis et Dakar, notamment. Les colons français et portugais avaient ainsi utilisé les Wolofs comme interprètes et comme négociants dans la traite de la gomme arabique. Associée à l’extension de l’arachide, cette intermédiation a été un facteur important de la promotion de la langue wolof. Par ce biais, cette dernière s’est avérée une langue librement acceptée par les populations et non imposée. C’est ainsi qu’il faut relever que la chance historique du Sénégal découle du fait que les catégories citoyens-sujets n’ont pas correspondu à des groupes ethniques donnés. Autrement dit, les quatre communes n’ont jamais été des enclaves ethniques, sans compter que « la porosité des frontières ethniques est devenue telle que dans la plupart des cas, le nom de famille n’est plus un signe de repère ethnique ». S’il arrive toutefois qu’on considère encore le Fouta comme pays toucouleur, le Sine comme pays séreer, il demeure la difficulté de les circonscrire à des critères tels que la langue maternelle, la localité d’origine, le nom patronymique. En tout état de cause, il est important de relever que le pluralisme ethnique dont il est question s’accommode beaucoup plus à un « pluralisme ethnique non antagonique » . Ce dernier s’exprime d’ailleurs par la parenté à plaisanterie mais aussi par la diversité culturelle, à travers notamment le fait que toutes les langues sont parlées dans toutes les régions du Sénégal.
Selon l’auteur, la grande mobilité des populations sur toute l’étendue du territoire ne favorise pas , à l’image du Nigeria avec le Hausaland, le Yorubaland, le Igboland, « une fixation quasi rigide des groupes ethniques en des points précis ». Du fait des nombreux brassages ethniques survenus au cours des siècles , il en découle qu’en aucune manière les patronymes ne peuvent se réduire à des éléments d’identification ethniques. L’auteur relève « toutefois quelques fissures au niveau de l’édifice de l’unité sénégalaise », à travers notamment le « problème du séparatisme casamançais ». S’il indexe un certain nombre de manquements à travers la « politique de répartition régionale des postes de responsabilité gouvernementale », il note que « certains ministres ont du mal à résister au réflexe faisant appel à des personnes de leur groupe ethnique ».
D’ailleurs relève l’auteur, cette volonté de mise en place d’une clientèle politique captive a fini « d’alimenter dans les conversations des Sénégalais des plaisanteries du type : c’est quel groupe ethnique qui est au pouvoir dans tel ministère ou dans telle entreprise publique? ». Du reste , si l’on ne peut suspecter une quelconque discrimination dans les politiques économiques, de l’éducation, de la santé, il n’en est point ainsi dans le domaine foncier , avec son lot de frustration et de sentiment d’exclusion. Ainsi averti l’auteur, de toutes les formes de différenciation sociale, l’ethnicité est la plus facile à manier, tout en prenant le soin de souligner que les « revendications de séparatisme ethnique ne sont jamais le fait spontané de populations ». Elles seraient plutôt l’œuvre de « certains meneurs dont les ambitions sont exclusivement politiques ». L’ethnicité, fait-il remarquer, rend non seulement l’unité nationale difficile, mais « risque d’être en soi un frein à l’intégration régionale ».
Loin de tout délire spéculatif, adossé aux faits, nourri par des enquêtes chiffrées , l’ouvrage du Professeur Makhtar Diouf, « Sénégal. Les ethnies et la nation » , est dense et très instructif. En cette veille d’élection, il est important voire impérieux , de lire ou de relire cet ouvrage majeur pour s’imprégner ou se réimprégner non seulement de la dangerosité de l’ethnicité mais aussi , et surtout, de la nécessité de préserver le multiculturalisme sénégalais.
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
L’EXCEPTION À LA RÈGLE DU MONOPOLY
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour assurer la bonne notoriété d’un homme politique, il faudrait assurer le succès des autres hommes politiques. Surtout ne pas choisir la voie de les réduire à leur plus simple expression
Il existe quelques domaines d’exception où la compétition – au sens commun d’obtenir, au détriment de l’autre, la plus grosse part du gâteau – est mauvaise.
Elon Musk, le patron de Tesla, a mis dans le domaine public sa technologie et son savoir sur les voitures de sport électriques. Pourquoi l’a-t-il fait dans un domaine où, assurément tout est secrètement gardé et où, l’avantage concurrentiel est la règle ?
Interrogé sur le sujet, il évoque trois raisons principales qui ont guidé ce choix à priori irrationnel :
- Plus il y aura d’acteurs dans le secteur, plus l’infrastructure globale pour ces voitures grandira et cela favorisera son entreprise à lui ;
- Une plus grande popularité des voitures électriques, hormis une transition plus rapide des voitures à essence vers les voitures électriques, signifie aussi plus de ventes potentielles de voitures pour lui ;
- Elon Musk est convaincu en procédant ainsi, de rendre service à l’humanité en préservant l’environnement par la mise en service de voitures électriques.
Comme Musk, nous autres coachs, pratiquons également l’entre-soi, en coachant et mentorisant nos propres collègues coach. Nous ne le faisons pas pour les recommander à nos clients. Nenni. Nous le faisons parce que nous comprenons que plus le marché voit des bénéfices dans le concept de coaching, plus cela profitera à chacun d’entre nous. Tout mauvais coach dessert la communauté du coach et de fait, rend les clients plus sceptiques à utiliser les services de coaching. Il est donc vital de raffermir la compétence du coach, pour que le public soit rassuré à utiliser avec confiance nos services.
Aussi bien pour Musk que pour nous autres coach, l’idée est d’inverser la règle du Monopoly ou plus prosaïquement d’agrandir le gâteau pour avoir une plus grosse part au lieu de restreindre le nombre de convives. « Avoir 10% de l’éléphant vaut mieux que 100% de la souris », dit un proverbe africain.
La Politique (avec un grand P) ne devrait pas échapper à ce nouveau paradigme :
Pour assurer la bonne notoriété d’un homme politique, il faudrait assurer le succès des autres hommes politiques. Surtout ne pas choisir la voie de les réduire à leur plus simple expression et vouloir être le seul coq de la basse-cour.
Il est de leur responsabilité individuelle de rendre la fonction d’homme politique attractive. Ils le feront en améliorant leur leadership, en l’élevant au niveau formateur et multiplicateur de leaders dans leur propre parti.
Par l’exemplarité, ils assureraient que leurs pairs, cultivent le respect entre soi, exhibent des qualités intrinsèques de rigueur et d’éthique, sont travailleurs et montrent un sens élevé de l’État. Ce faisant, ils rendraient service au Sénégal – comme Musk rendit service à l’humanité – en mettant à sa disposition des hommes politiques capables, vertueux, pétris de sens civique et ayant le respect de l’adversaire.
Si la perception de l’homme politique change auprès des citoyens ils seront alors plus nombreux à venir au vote pour choisir leurs candidats.
Là encore, il s’agit d’agrandir le gâteau, passer de la souris à l’éléphant pour pouvoir avoir une plus grosse part de celui ci et ne pas jouer au Monopoly !
Tidiane Sow est Coach en communication politique.
par Koulsy Lamko
QU’ENFIN THOMAS SANKARA REPOSE EN PAIX
EXCLUSIF SENEPLUS - Voici que l’Etat burkinabè parce que tout puissant refuse d’écouter sa famille qui a besoin d’un peu de sérénité pour commencer enfin son deuil après cette longue marche pour dignifier sa mémoire
L’on aura beau éprouver une immense sympathie pour les nouveaux dirigeants du Burkina Faso et pour cause le caractère anti impérialiste de l’orientation politique qu’ils essaient d’imprimer à la marche du pays, les velléités panafricanistes avec la création d’une fédération Burkina-Mali, le courage et la détermination dont ils font preuve dans la mobilisation des forces vives en vue de la libération du territoire et la guerre contre les djihadistes…, l’on ne peut que déplorer la décision hâtivement prise de faire fi de l’avis de la famille Sankara quant au site de l’inhumation décente des restes du capitaine-président.
Les observateurs, la presse nationale et internationale, les réseaux sociaux, se font depuis quelques temps l’écho d’une espèce de raté monumental qui laissera une fois de plus dans l’histoire de la patrie des hommes intègres un goût d’inachevé grave. Cela depuis l’annonce par les autorités burkinabè des cérémonies de ré-inhumation des restes des martyrs du 15 octobre, exhumés en 2015 pour les besoins de l’instruction de l’affaire Sankara. Qu’en est-il donc ?
Un clin d’œil rétrospectif : depuis plus d’une trentaine d’années la veuve Sankara, ses enfants, entourés de la famille et accompagnés par le Collectif des avocats Sankara, le Comité International Justice pour Sankara réussissent à imposer et de façon digne, la nécessité de la lutte contre l’impunité. Le procès historique des assassins du père de la révolution et de ses compagnons qui a eu lieu en 2021-2022 vient couronner une longue marche. L’on se perdrait d’ailleurs dans les dédales du labyrinthe, des allers retours devant les instances juridiques les plus inattendues, des procès avortés, des tentatives de corruption et d’humiliation, des menaces à l’endroit des avocats, etc. si l’on voulait en arpenter les méandres.
Le verdict du procès qui condamne les assassins est donné par un tribunal lui aussi digne, juste, et, qui n’attend que d’être exécuté. Inhumer enfin Thomas Sankara ? Pourquoi pas ? Un enterrement décent pour qu’enfin repose ce héros et digne fils de la nation !
Cependant, sa veuve, ses enfants et sa famille souhaitent que les événements qui accompagnent ce cycle se fassent en bonne entente et concertation pour trouver un consensus qui conserve cette dignité à laquelle ils tiennent et qu’ils veulent préserver.
En effet, et pour rappeler les faits récents de décembre, lors des réunions d’organisation des obsèques, à l’initiative du Service des pompes funèbres militaires, la famille du défunt a marqué son désaccord quant au choix du lieu : le Conseil de l’Entente, théâtre de l’assassinat de Thomas Sankara et ses douze compagnons. Il n’est d’aucun mystère que ce lieu de mise à mort violente et où d’autres crimes odieux ont été perpétrés, reste négativement chargé pour ses proches et bien d’autres gens. De nombreuses autres propositions ont été faites par la suite par la même famille pour trouver un consensus de sorte que les restes soient inhumés dans un espace tiers tel que le Monument des Martyrs à Ouaga 2000, le cimetière de Dagnoën, ou éventuellement d’autres encore moins marqués en l’occurrence le Jardin de l’Amitié au bout de l’avenue Thomas Sankara.
Force est de constater que les autorités en charge du service des pompes funèbres militaires et le gouvernement opposent catégoriquement une fin de non-recevoir aux doléances de la famille. Les raisons évoquées publiquement pour l’élection du site du Conseil de l’Entente sont nombreuses. Il est cependant difficile de se rendre aux arguments égrenés par le Colonel Major Sibiri Coulibaly, l’officier du service des pompes funèbres, pour ce qu’ils n’ont rien de convaincant.
Primo, dans l’émission du journal télévisé de 20h du 17 février 2023, une mise au point sans doute motivée par les nombreux messages et vains appels de la famille Sankara, l’officier-major dit ceci : « les autorités coutumières nous ont fait savoir qu’il faut ramener les restes là où le drame a eu lieu, si vous voulez qu’on lave vraiment le sol et que ce soit profitable pour tout le monde et pour toute la nation. » Une justification on ne peut plus surprenante eu égard à son coté un tantinet pensée magique et qui naît d’un préjugé irrationnel. Ré-inhumer les restes de Thomas Sankara serait alors garant de paix et d’unité, pourvu que ce soit au même lieu où il a été assassiné : le Conseil de l’Entente ! Difficile d’épiloguer sur les croyances et superstitions des uns et des autres puisqu’ici la subjectivité s’y invite nécessairement. Un autre pourrait dire qu’un ange lui a parlé dans son sommeil et que le message de Jéhovah ou Raël lui recommande que jamais l’on n’enterre un corps de supplicié à l’endroit où le sang a été versé.
(Soit dit en passant, il devint nécessaire et vital à nous peuples africains d’apprendre à cesser de nous confier aux visions médiévales que nous érigeons en principes et arguments d’autorité par soucis de culturalisme, de respect religieux ou de traditionnalité. Un peu de rationalité dans nos politiques et systèmes de gestion ne nous fera pas de mal. Surtout lorsque des décisions doivent se prendre dans les cercles de gestion de la chose publique. Et, que l’humanisme dont nous nous réclamons se décline par rapport aux exigences objectives d’actions et de pratiques ! Les présupposés tirés de la manche du prestidigitateur comme un ramier blanc, deviennent à la longue des mantras sans signifiance mais qui confortent les peuples dans l’obscurantisme : la fabrique de l’esprit non critique bénéfique au leadership organique prompt à « apprendre aux gens à croire plutôt qu’à penser. » parce que c’est le plus facile à organiser dans les stratégies de contrôle des masses et d’ingénierie sociale.)
Qu’on se le dise : que l’on s’en remette à l’opinion des responsables coutumiers culturels traditionnels et religieux (devenu argument d’autorité) pour décider de l’issu d’un sujet aussi grave laisse pantois. Ce n’est certainement pas par la pensée magique que l’on restaurera l’intégrité du territoire burkinabè. Les militaires le savent bien, eux qui risquent leur vie à tout moment sur les champs de bataille. Le système monstre clientéliste qui a gangrené le Faso post Sankara, la corruption rampante, l’embourgeoisement éhonté de certains responsables des forces de l’ordre et militaire, la propension à l’insouciance petit-bourgeois d’une certaine élite politique prompte à louvoyer, à migrer et à transhumer d’un parti politique à l’autre, d’une Assemblée à l’autre, ont créé les conditions de la fragilité d’un pays autrefois uni et fier et par là même celle de la facile pénétration du djihadisme. Bien sûr cela n’explique pas tout du succès que rencontre la guerre par proxy que l’Occident et les pays arabes font aux peuples sahéliens, mais… encore.
Secundo. Le service des pompes funèbres fait état des résultats de l’étude qu’auraient menée des experts communaux pour estimer que le site du Monument des martyrs ou autres espaces, ne sont pas des lieux adéquats pour des raisons de sécurité… Un petit bout des trouvailles éclairées de cette consultation technique et logistique des sites, dévoilé, nous aurait permis de comprendre pourquoi les restes de Thomas Sankara et de ses compagnons, ont pu demeurer pendant une vingtaine d’années au cimetière de Dagnoën en sécurité (sans profanation) et qu’ailleurs ils ne le seraient pas… Il n’en fut rien. Hors du Conseil de l’Entente, point de salut !
Enfin, la grande « parabole du corps du militaire qui appartient à l’armée » : « Sankara est militaire et étant militaire, le corps appartient à l’armée et c’est elle qui doit s’occuper de tout… décider de tout. On associe juste la famille pour l’organisation des obsèques… Et puis il a été président… Il n’est pas question d’écouter d’autres personnes… ». Bien sûr que le corps du militaire vivant est dédié à la défense de sa patrie. Il en prend l’engagement et c’est ce qui fonde même sa dévotion extrême et son abnégation totale dans l’exercice de ses fonctions. Sacro-saint principe ! Mais si le Colonel Major avait daigné nous lire le texte de loi pour nous convaincre de ce qu’il peut advenir « au corps mort », nous l’aurions découvert dans son entièreté : Loi n°038-2016/an portant statut général des forces armées nationales. Article 183 : En cas de décès du militaire, la dépouille mortelle appartient à l’armée. Toutefois, dans certaines circonstances et sur demande de la famille, l’armée peut, après la cérémonie militaire remettre le corps aux parents » Toute disposition prévue par les textes qui ne consacre en rien l’impératif catégorique que l’on veut nous faire avaler. A moins que les textes aient changé entretemps.
C’est en tout état de cause, dans cette marge si étroite soit-elle que s’inscrit la requête de la veuve Sankara et des enfants, que le Colonel-Major se garde bien de désigner puisque pour lui il n’est pas questiond’écouter d’autres personnes. Ces autres personnes, répétons-le, sont la veuve et les enfants de Thomas et sa famille ! Et qui, avouons-le, ne sont pas moins légitimes que les autorités coutumières religieuses traditionnelles et les membres du bureau du Comité du Mémorial. Quant au mépris à l’endroit de la veuve, l’on n’oserait pas pousser l’indélicatesse de dire qu’un peu moins de culture misogyne ne nous fera pas de mal non plus. D’autant plus que celui dont il s’agit et dont tous nous nous réclamons des idéaux, a fait de la libération de femme et de la santé de l’enfant quelques points cardinaux de sa politique révolutionnaire. Et si l’Etat fort doit décider de tout, à coup d’impératifs socio culturels et de sécurité, il devrait alors aussi, magnanime, prendre en compte la douleur d’une veuve et des enfants que l’on a violemment sevrés du père.
Tout compte fait, l’on en arrive à se poser des questions de détails… incongrues. Et dans ces circonstances-là c’est dans les détails que se dissimule le diable. En effet, pourquoi donc organiser l’événement d’enterrement décent en deux temps ? L’une des étapes en février 2023 (obsèques et ré-inhumation selon les rites funéraires coutumiers et militaires) et l’autre à la date du 15 octobre (cérémonies nationales et internationales d’hommage aux victimes) ? Quels sont les raisons qui prévalent à tel agenda précipité ? Pourquoi ne pas en prendre le temps de l’organisation surtout qu’en ce moment crucial de l’histoire du pays, les forces mobilisées sont dirigées vers la lutte pour préserver l’intégrité du territoire national ? Le procès en appel a-t-il déjà clos définitivement ses portes… lorsque certains condamnés vont et viennent librement sans être en rien inquiétés et que l’Etat lui-même organise leur promenade ? Difficile de trouver des réponses objectives.
Le Mémorial Thomas Sankara, parlons-en ! Belle initiative pour être “un projet porté par un groupe d’acteurs composés de cinéastes, d’artistes, de journalistes, des compagnons de la lutte de la révolution d’août 1983. D’Afrique en Europe jusqu’aux États-Unis, plusieurs collectes et levées de fonds ont été initiées pour construire le monument sur le site du Conseil de l’Entente. Et le projet se définit comme un site touristique et de pèlerinage… à Ouagadougouau Burkina Faso. Il est bâti sur le lieu symbolique du Conseil de l’Entente où a lieu l’assassinat de Thomas Sankara ... La statue géante du père de la révolution Burkinabè a connu une correctionavant d’être ouvert officiellement en 2020. »
Pourquoi donc ne pas garder du Mémorial juste le caractère symbolique, du moment qu’il se présente comme un lieu « touristique » ou de « pèlerinage » ?
Le danger est là qui souvent nous guette, même au plan des représentations symboliques que l’on cherche à incarner par des expressions artistiques modernes d’architecture, d’installation sculpturales et autres objets artistiques marketing. On marche sur une fine crête, parfois en voulant bien faire. Le mélange des genres est à l’affût, qui peut très vite nous faire basculer et nous inscrire dans ce que l’autre décrit par les mots suivants, s’agissant de la tragédie du nègre construit par le regard occidental : « dans les étapes du culturalisme, l’on court le risque de succomber à la progression du : tu deviens un profil scientifique, un type, un débat anthropologique, pour finir en sujet photographique » : la reddition à l’esthétique désincarnée ou au culte de la personnalité.
Sankara s’est battu de son vivant pour nous arracher à nos destins de colonisés vautrés dans l’impuissance et l’applaventrie dans lesquelles nous enfermaient les visons de soumissions réactionnaires. De la femme, de l’enfant, il a tenu le bras, le poignet pour les planter debout. De la culture il en a fait un espace dynamique dont il fallait extirper le caractère féodal obscurantiste pour en conserver ce qui nous projette dans le monde contemporain intelligible, fait de rationalité et de bon sens.
Voici que l’Etat parce que tout puissant refuse d’écouter sa famille qui a besoin d’un peu de sérénité pour commencer enfin son deuil après cette longue marche pour dignifier sa mémoire ! La famille a raison quand elle dit que ce sera une seconde mort de Thomas.
L’on ne peut s’empêcher de penser à Antigone emmurée vivante dans le tombeau des Labdacides, par Créon pour avoir voulu enterrer décemment le corps de son frère Polynice. Hélas l’on nous dira que les lois de la cité sont au-dessus des lois naturelles. Et puis Antigone, c’est de la Grèce antique. Pas d’Afrique !
Par Mamadou Ndiaye
ARACHIDE, LE DÉCLIN…
Une campagne chasse l’autre. Le Sénégal, ses terres, ses sols, sa faune et sa flore dressent le constat que l’arachide vit des heures sombres. Et personne n’en parle. Non seulement le record de production bat de l’aile mais l’arachide reste introuvable.
Une campagne chasse l’autre. Le Sénégal, ses terres, ses sols, sa faune et sa flore dressent le constat que l’arachide vit des heures sombres. Et personne n’en parle. Non seulement le record de production bat de l’aile mais l’arachide reste introuvable sur les marchés.
Le silence de la classe politique face au sort de l’arachide reste perplexe. Pour moins que ça, les adversaires occasionnels fourbissent des armes non conventionnelles pour se chamailler copieusement. Ont-ils conscience du probable renversement de perspective qui se projette ?
La collecte de graines a été chahutée par une certaine impréparation qui s’est traduite sur le terrain par d’insupportables improvisations ayant porté préjudice à tout l’univers arachidier qui s’en émeut : paysans, acheteurs, vendeurs, huiliers, Etat et certains de ses démembrements. La situation est inédite.
Sans concertations, le monde rural intègre désormais la lente agonie d’une spéculation qui a eu son âge d’or au Sénégal où, très vite d’ailleurs, et pour longtemps, sa gloire fut à l’apogée. Sans jeu de mots, c’est le périgée maintenant. L’étoile de l’arachide pâlit parce qu’une série ininterrompue d’obstacles jalonnent son parcours et sa trajectoire.
Depuis l’aube des indépendances, la culture de l’arachide était érigée en culture de rente orientée vers l’exportation à l’état brut. Les esprits, enjoués par la perspective qui s’offraient, ne songeaient pas à la transformation et aux avantages qui en résulteraient.
Plus de deux tiers de la population avait plébiscité la plante qui devenait ainsi le pivot de l’agriculture sénégalaise. Elle parvenait même à se hisser au rang de moteur de l’économie soit 80% des exportations et « principal poste de recettes et de revenus » dans le monde rural où l’impact était perceptible à défaut d’être visible.
Du coup, un réel pouvoir d’achat s’installait avec l’acquisition de biens durables qui transformaient dans une relative mesure l’ordinaire des agriculteurs. Ils étaient toutefois assujettis aux variations des prix au producteur, aux caprices du temps et aux changements intempestifs de politiques agricoles d’une année à l’autre.
Sous ce rapport, les contraintes de la filière s’accumulaient : baisse des superficies emblavées, baisse conséquente des rendements, vétusté du matériel agricole, évasion du capital semencier, dégradation des sols et, plus grave, une permanente fluctuation du marché.
Les avis convergent sur les goulots d’étranglement. Ils divergent cependant sur les options, les solutions à préconiser et les priorités à ordonner. Au plan interne, les problèmes auxquels fait face la filière ne sont, en rien, comparables aux difficultés de pénétration du marché mondial que dominent la Chine et l’Inde.
Ces deux géants fournissent plus de 60 % de la production. Quelque 25 % reviennent à l’Afrique avec le Nigeria, le Sénégal et le Soudan. Malgré tout, les ressortissants de ces deux pays d’Asie, notamment les Chinois, sillonnent le continent à la recherche de l’arachide qu’ils achètent au prix fort sur les marchés parallèles.
Ils perturbent de ce fait l’organisation des circuits de commercialisation au détriment des huiliers et des points de collectes attitrés. La peur grandit dans les chaumières avec la disparition progressive des points de repère d’un mode de vie centré sur l’arachide.
Pour peu qu’on s’y attarde, les Chinois n’apportent pas de devises. Ils introduisent des produits « made in China », souvent de médiocre qualité, mais vendus à vil prix que les Sénégalais achètent à bras raccourcis.
Avec les liquidités engrangées en francs CFA, ils s’offrent des tonnes d’arachide qui échappent au circuit officiel. Plus étonnant, ils les écoulent vers la Chine sans laisser de traces. Cette myopie des autorités est navrante.
Comment autant de quantités d’arachides collectées au Sénégal, bénéficiant de plusieurs appuis, y compris l’accès au financement, parviennent-elles à s’évaporer au nez et à la barbe des structures de veille et de contrôle ?
Pour ceux qui en doutaient, c’est là une évidente preuve du déclin de l’arachide. Le secteur s’essouffle. La désarticulation est ainsi orchestrée par ces Chinois aux « petits pieds » qui ne sont que les mandataires de mandarins actionnant des leviers invisibles à des milliers de kilomètres du théâtre d’opération.
Que comprendre dans ce méli mélo ? Il ne fait de doute que nous nous acheminons vers une brutalité de rupture avec un secteur agricole sans l’amorce, en douceur, d’une solution palliative. Déjà le nombre d’acteurs diminue drastiquement. Grimaces et grincements de dents…
Ensuite, la définition d’une nouvelle politique agricole « moins centrée sur l’arachide » ne se dessine toujours pas. La riposte tarde. Alors que l‘accumulation de retards pénalise un secteur déjà déboussolé par un chronique déficit d’approche crédible et de cohérence à tous les échelons opérationnels.
La référence s’éloigne à mesure que s’accumulent les facteurs d’implosion aggravés par le manque de réactivité des structures intermédiaires.
A l’international, des huiles de substitution tiennent la vedette. C’est le cas du soja et de l’huile de palme de plus en plus prisée. Doit-on en déduire que le sort de l’arachide est scellé ? Il est encore très tôt pour prononcer l’oraison.
La récente tournée dans le sud du pays du Directeur Général de la Sonacos ; M. Modou Diagne Fada, a révélé une inquiétude profonde chez cette huilerie. Devant l’insuffisance des collectes, elle n’exclut plus de réorienter par nécessité sa stratégie industrielle vers d’autres graines oléagineuses, noix de cajou entre autres, pour supplanter l’arachide dans la fabrication de divers produits dérivés.
Il ne vient pas à l’idée de cet opérateur de premier plan de renoncer à l’arachide sous prétexte que la graine devient rare. Surtout quand une pareille rareté si organisée laisse deviner des complicités à des niveaux insoupçonnés.
L’engrenage prend de l’ampleur. Il est autodesctructeur, comme le pronostique, la rage au cœur, un acteur de la filière arachidière. Le même pointe le doigt sur d’éventuelles duplicités et des faussetés dont se rendent coupables des gens tapis à l’ombre essentiellement mus par le gain facile.
Nous voici revenus aux temps anciens avec une étrange régression de la confiance sapée par de ruineuses considérations et une dislocation des bonnes mœurs. Beaucoup d’autres acteurs, passionnés par l’agriculture, fustigent à leur tour ces pratiques éhontées et interpellent l’Etat sur ces agissements plus que nuisibles.
A cette fin, ils invitent le gouvernement à durcir les conditions de cession de l’arachide à des étrangers tout en révisant les modalités d’accès aux marchés locaux.
En Chine, il est illusoire de posséder des terres quand on étranger. Ce principe gouverne l’économie chinoise exclusivement aux mains des nationaux. Qu’adviendrait-il si les Africains appliquaient les mêmes politiques restrictives et de réciprocité ?
L’Empire du Milieu encourage ses ressortissants à être les éclaireurs de sa stratégie géopolitique. Le faible a-t-il intérêt à employer les armes du plus fort ? David et Goliath se rappellent à nos bons souvenirs…
PAR El hadji Abdoulaye GUEYE
BASSIROU SAMBA NIASSE, GRAND COMMIS DE L’ÉTAT À DONNER EN EXEMPLE
En me réveillant ce matin, mon esprit a été occupé par un homme, un de ces hommes qui, lors d’une première rencontre te prend en sympathie et te marque à jamais. J’étais obnubilé par le besoin de lui rendre hommage.
En me réveillant ce matin, mon esprit a été occupé par un homme, un de ces hommes qui, lors d’une première rencontre te prend en sympathie et te marque à jamais. J’étais obnubilé par le besoin de lui rendre hommage. Certes, un hommage fraternel et amical, surtout un hommage sincère et inspirant pour les plus jeunes. Quoi dire pour rendre hommage à un homme exceptionnel méconnu des sénégalais avec qui j’ai eu le grand privilège de travailler pendant des années sur des dossiers, moi étant un pur acteur du secteur privé, lui grand commis de l’Etat ?
Je l’ai connu Directeur de cabinet du Ministre du Budget, puis secrétaire général du Ministère des finances, Coordonnateur enfin Directeur général des impôts et des domaines. Depuis que je l’ai connu, Bassirou Samba NIASSE a surtout rayonné par son esprit vif, son intelligence pure, son pragmatisme.
Cet homme doté d’un esprit éclairé, aux idées nobles, très généreux, a toujours mis son pragmatisme au service des usagers de l’Administration fiscale, communément appelés contribuables. Bassirou est un homme bon, engagé, déterminé et fidèle en amitié mais surtout fidèle à ses principes.
Il a, sous son magistère à la Direction générale des impôts et des domaines, contribué à développer et à promouvoir l’excellence et la performance de ses différents services.
Bassirou a cette délicate attention, d’apporter aux contribuables qui le sollicitaient des solutions heureuses à leurs problèmes fiscaux, ce qui ne l’a pas empêché de préserver les intérêts de l’Etat d’où les grandes performances qu’il a obtenues. Tous les dossiers fiscaux que j’ai portés pour mes clients ont trouvé des issues heureuses grâce à Bassirou qui a su insuffler et inspirer des solutions intelligentes dans le respect total des règles de droit sans jamais manifester une attente personnelle ou réclamer des subsides en contrepartie. C’est pourquoi, je ne peux pas faire un témoignage sur Bassirou Samba NIASSE sans souligner sa rigueur et la richesse de ses principes, de ses valeurs morales qui guident chaque instant les actes qu’il pose. Je ne peux pas non plus, ne pas mettre l’accent sur les qualités personnelles, d’intelligence, de courage, de loyauté et d’abnégation de l’homme, surtout sur sa capacité de faire passer l’atteinte des objectifs poursuivis avant la recherche de son prestige personnel. Que dire de son sens élevé de l’État et de la primauté du bien public à ses yeux.
Je suis passé rapidement sur la qualité exceptionnelle et la finesse de son intelligence. Mais, je dois dire que c’est un homme brillant, avec qui j’éprouve toujours du plaisir à échanger sur des sujets économiques sur lesquels, il porte des réflexions pointues allant des politiques budgétaires, de l’énergie, du pétrole, de la sécurité alimentaire, etc.
Faire un témoignage sur un homme, c‘est aussi se rappeler des souvenirs qui ont frappé ton esprit. Le souvenir qui m’a le plus marqué l’esprit démontre une autre dimension de l’homme, dimension qui permet surtout de comprendre sa personnalité, l’ancrage de ses valeurs morales. En effet, par un soir d’un vendredi, les lumières de la sublime mosquée de la cité Keur Gorgui ont été rallumées, et grande a été ma surprise de voir autour du « malane de wasifa », mon ami Bassirou Samba NIASSE qui comme d’autres et moi avons fini d’accomplir avec dévouement l’un des piliers essentiels de la tarikha tidiania. Ce souvenir a été fort marquant pour moi et a surtout subjugué mon esprit à avoir plus de respect et de considération pour cet homme.
Bassirou, reste comme tu es, le SENEGAL a besoin de toi, l’Etat a besoin de tes services, de ta compétence, de ton intelligence, de ta clairvoyance d’esprit. Je te garantis que le meilleur reste à venir pour toi. Que Dieu te garde.
« Lequel donc des bienfaits de votre Seigneur nierez-vous ? » Coran S.55 (Ar Rahman) V.13
Les jeudi 30 avril et vendredi 1er mai 2015, en compagnie de Thomas Hart (chercheur et diplomate américain) et de Bachir Laye (interprète, traducteur et chargé de mission du Groupement Central des Layennes, G.C.L), j’ai visité les sites de la confrérie Layenne : la grotte de Ngor ou Khounta mi, la cuvette de Ndingala à la cité Fadia, la clairière de Nguédiaga à Malika, les mausolées de Yoff et Cambérène… Subjugué par la solennité des lieux et la beauté de l’histoire qui m’a été contée par les conservateurs, et confirmée par les livres d’El Hadj Malick Sarr et du Professeur Assane Sylla que j’ai consultés par la suite, je porte ici ce témoignage en hommage à Seydina Limamou Laye qui est une fierté du peuple lébou de la presqu’île du Cap Vert, ce flambeau lumineux dont on fête l’anniversaire de l’Appel tous les ans à Cambérène, Ngor et Yoff. La cent quarante troisième édition est prévue les mardi 21 et mercredi 22 février 2023.
Dans les noires falaises de la côte occidentale du continent africain, Finistère que baignent les vagues de l’atlantique et qu’empourprent chaque soir les obliques rayons du couchant vermeil, se trouve une grotte qui a couvé plusieurs siècles durant un astre dont les échappées de lumière ont illuminé les confins de l’univers attirant multiple pèlerins, parmi lesquels le saint du Fouta, Cheikhou Oumar Foutiyou Tall.
Le soleil naquit, en cette presqu’île et ses quatre îles symbolisant les quatre lettres arabes du nom Mouhamad, un lundi de l’année 1843, de Mame Alassane Thiaw et Mame Coumba Ndoye, sous le nom de Limamou dit Libass. Ce jour là, et cela pendant trois jours, l’eau de la mer, à Yoff, eut bon goût et, afin que s’accomplisse la prophétie, les nouveau-nés baptisés du même nom que lui décédèrent avant l’âge adulte. Tout enfant déjà, il abhorrait impureté et souillure, et sa bouche ignorait le mensonge, et ses rêves et visions étaient véridiques; et sa sueur était semblable à du parfum. Les arbres, dit-on, à son passage, s’inclinaient. Les herbes des champs accompagnaient ses chants de louanges à Dieu. Partout le suivait un nuage. Les traces de ses pas, sur le basalte, paraissaient… Et, sous l’aile protectrice d’un ange, il grandissait…
Son père décéda, il était encore enfant ; son oncle, Gorgui Ndoye, frère de sa mère, lui apprit le métier de pêcheur. Mais, lorsqu’il s’en allait pêcher, il ne fournissait aucun effort : les poissonsse laissaient prendre. Et les pauvres, les mendiants et autres solliciteurs guettaient son retour, car il leur offrait tout le produit de sa pêche, rentrant chez lui les mains vides, en chantant la gloire de Dieu. On finit par l’appeler « le fou de Coumba Ndoye », à cause de sa folle générosité semblable à « un nuage déversant la pluie ou (à) un torrent d’eau ». Mais ce trait de caractère n’étonnait guère ceux qui savaient. Car, Mame Coumba Ndoye, la sainte mère de Limamou, dont le prénom renvoie à la généreuse disponibilité, était, elle-même, surnommée Coumba Diagata, c’est-à-dire « Coumba la porteuse de nourriture », à cause de sa grande sollicitude envers les étrangers ainsi que tous ceux qui avaient faim et soif.
Cependant, dans le Cayor, Massaer Ndiaye, qui avait pressenti les événements à venir, priait Dieu d’en être témoin ; dans le Sakal, Thierno Amath Kane prédisait que, dans six années, l’apparition dans le ciel d’une étoile trainant une sorte de queue « bideewu laarbi » précéderait d’une année l’appel du « bien guidé ». Dans le Banjul, en Gambie, Kéba Mansali, qui avait vu une lumière suivre Limamou partout, confiait à son compagnon de pêche, Thierno Sarr, qu’il serait chargé d’une mission divine, dans un mois dix jours …
En effet, comme annoncé par les augures, le dimanche 24 mai de l’année 1883, trois jours après le décès de Mame Coumba Ndoye, aux environs de « yor-yor » (entre 10h et 12h), Limamou, qui venait de boucler ses quarante ans, fit appeler sa tante paternelle, Adama Thiaw, et sa cousine, Ndiaye Diaw, leur demanda trois pagnes blancs, propres et sans souillure, pour s’en couvrir le corps, comme font les pèlerins de la Mecque ; ensuite, il parla à la chaste Fatima et à la vertueuse Farma, ses épouses, les appelant à la patience, avant de descendre dans les rues du village en criant son appel…
« Ajiibo daahiya Laahi » (venez répondre à l’appel de Dieu)
Le soleil avait atteint son zénith. La phrase était dite. Reprise en chœur par une foule d’enfants et de femmes riant et s’esclaffant derrière Limamou, l’accusant toujours de démence, elle emplissait tout le village
« Ceux qui suivront mes recommandations boiront les liqueurs divines dans les jardins du paradis », disait l’illettré récitant et interprétant parfaitement le Saint Coran. Ainsi, tous les jours, matin et soir, arpentant inlassablement les artères du village lébou, il disait son message dans la langue locale, comme l’avait fait Mouhamad, le sceau des prophètes, un millénaire plus tôt.
Vinrent les premiers disciples : Momar Bineta Samb, Thierno Sarr Thiome, Madiop Diop… Puis les autres. On nomma Layenne ces hommes et ces femmes chantant toujours la formule « La ilaaha ila Lah » (il n’y a de Dieu que Dieu) etse saluant ets’appelant « Laye, laye », diminutif de la « chahada » (la profession de foi musulmane). La partie du village qu’ils habitaient fut aussi baptisée Yoff Layenne ou Diamalaye (la paix de Dieu). Une nouvelle confrérie venait de naître au Sénégal, qui reprenait les enseignements du Livre et recommandait de circoncire les garçons au septième jour de leur naissance et de donner en mariage les filles le jour de leur baptême, dans le seul souci d’éviter la débauche et la déperdition…
Trois ans, trois jours, trois mois
Les prodiges de Limamou attiraient les foules. Ses sermons atteignaient les cœurs et fascinaient les intelligences ; et, par vague, se convertissaient les âmes. Sur sa prière, la mer recula, libérant des terres, pour accueillir pèlerins et disciples venus vivre auprès du maître qu’ils appelaient affectueusement « Baye Laye » (le père des Layennes). « Trois ans, trois jours, trois mois », leur disait-il, énigmatique..
Et, lorsque l’appel eut trois ans, la nouvelle confrérie était debout, tel un jeune baobab défiant la savane. L’autorité coloniale eut peur, à cause de l’aura grandissante du maître. Des fronts se renfrognèrent. Des adversaires complotèrent. Des espions furent envoyés à Yoff Layenne, suivis par des gendarmes. On l’accusa de magnétisme et d’hypnotisme sur ses disciples. On l’accusa d’acheter et de cacher des armes en vue « d’une marche sur Dakar ». On l’accusa… Mais la foi de « Baye Laye » était plus forte que les légions du gouverneur…
Et, pour ne pas exposer plus longtemps le village, le généreux maître choisit l’exil, imitant en cela le prophète de l’Islam. Accompagné de ses disciples Thierno Sarr Thiome, Abdoulaye Samb, Demba et Ali Mbaye il trouva refuge, non loin de Malika, à l’endroit dit Nguédiaga, dans un buisson touffu qui semblait les attendre en haut d’un monticule de terre. Ils aménagèrent. À leur côté, dit-on, deux signes, la colombe sur son nid et l’araignée sur sa toile. On était dimanche 11 septembre 1887. Le lendemain, lundi, ils entamèrent leur jeûne qui devait durer trois jours. À l’heure de la rupture, les nommés Sam Penda et Sira Tall, guidés par la providence, leur apportèrent deux calebasses de lait. Le mercredi, troisième jour d’exil, vers midi, le saint maître se rendit volontairement à l’autorité coloniale.
Il fut interné à l’île de Gorée ou Beer où il séjourna trois mois(quatre-vingt-treize jours exactement) avec son fidèle disciple, Tafsir Abdoulaye Diallo. Le compte venait ainsi d’être bouclé : « trois ans, trois jours, trois mois », avait dit le saint maître.
De la fondation de « Kem Medine » ou Cambérène à la fin de la mission
À sa libération, Limamou passa quelque temps à Dakar chez son ami et talibé, Thierno Ababacar Sylla, l’Imam-Juge qui avait préféré les honneurs de l’au-delà à ceux d’ici-bas ; et qui, à l’occasion, lui offrit en mariage sa fille Amineta, dite Mame Touty. Lorsqu’il rentra à Yoff, ce fut le triomphe annonciateur de la fondation, en 1888, de « Kem Médine » (l’équivalent de Médine) ou Cambérène et son puits de Ndingala, prés du baobab, à quelques kilomètres du village natal.
Il mena alors une vie paisible entre les deux villages, approfondissant son enseignement et faisant des prédictions. Un jour, il déclara à ses disciples réunis à l’occasion d’un sermon : « J’ai appris que certains d’entre vous ont eu des querelles avec leurs compagnons qui sont des disciples de Cheikh Ahmadou Bamba, et avec d’autres. Ceux-là et vous-mêmes êtes tous des musulmans, et il ne doit exister entre vous que fraternité ». À une autre occasion, il leur déclara : « Si vous trouvez quelqu’un dont les conseils sont meilleurs que les miens, ou quelqu’un qui vous interdit les mauvaises choses autant que moi, abandonnez-moi et suivez-le ». Il arrivait souvent, dit-on, qu’il martelât le sol de son pied droit déclarant que le jour n’est pas loin où toutes les ethnies du Sénégal et toutes les races viendront paître sur les terres du Cap Vert. « Yaatal léen saxet yi, gan ñaa ngui niëw » (élargissez les palissades, les visiteurs arrivent), ajoutait-il, alors. Il disait, par ailleurs, annonçant les routes goudronnées et les automobiles: « Voyez-vous ce très long serpent noir portant des insectes marchant sur son dos ». Un jour, il déclara, le regard tourné du côté de l’actuel aéroport Léopold Sedar Senghor : « Et tous ces oiseaux en fer descendant du ciel pour déposer des foules ».
Hélas ! les épreuves n’étaient pas encore terminées pour l’humble Limamou qui marchait pieds nus, ne chaussant ses bottes que les jours de Tabaski et de Korité ; qui renouvelait ses ablutions à chacune de ses prières qu’il accomplissait toujours par terre, directement, sans tapis, parce que, disait-il, « j’ai contracté une alliance amicale avec l’eau et la terre ». Hélas! le sobre Limamou qui ne prenait comme nourriture qu’un peu de poisson, ou un peu de manioc, ou un peu de melon, ou un peu de lait était toujours la cible des flèches du destin tombant en cascade sur sa brave poitrine. Hélas !... Les dernières années de sa vie, celui qui guérissait les malades par simple apposition de la main droite, vécut l’épreuve de la cécité, à la grande joie des méchants et des égarés. Mais la maladie n’emporta pas seulement sa vue, mais aussi toute sa chair. Car, vers la fin, témoigne Cheikh Makhtar Lo, « il ne restait de son corps décharné, comme serait un bâton couvert de vêtements, que les os, la peau et les nerfs ». Cependant, il était resté stoïque et toujours « imposant avec un visage éclatant de beauté et de lumière »
À la fête de Korité de l’année 1909, la vingt-sixième année de l’appel, sentant l’imminence de sa mort, Limamou de Yoff, semblable à un soleil écarlate au-dessus de l’horizon, déclara à ses talibés réunis, selon toujours son docte et pieux disciple : « Si l’on disait qu’un mort peut diriger la prière des vivants, cela paraitrait étonnant ; et pourtant, je le jure par Dieu, je suis un mort ».
Il rendit l’âme le treizième jour qui suivit la Korité, un vendredi, à l’âge de soixante-six ans. Et, comme au jour de sa naissance, pendant trois jours, l’eau de la mer, à Yoff, eut bon goût. Et, au troisième jour de son enterrement, à quelques mètres de son mausolée, situé en bordure de mer, jaillit la source de Diamalaye, une eau pure dont la saveur rappelle celle du Zem-Zem.
Abdou Khadre GAYE
érivain, président de l’EMAD mai 2015
Par Christian SENE
QUAND L’ANTEDILUVIEN BABACAR DIAGNE «ANASTASIE» PRETEND SE SOUCIER DES ENFANTS !
Pauvre Babacar Diagne qui prend vraiment les Sénégalais pour des cons !
Pauvre Babacar Diagne qui prend vraiment les Sénégalais pour des cons ! A en croire cet homme passe-muraille qui a traversé les régimes politiques de Senghor à Macky Sall retournant à chaque fois sa veste aux couleurs du pouvoir en place, en faisant couper le signal de la télévision Wal Fadjri le vendredi 03 février dernier, il n’aurait été mû que par le souci de préserver les enfants de scènes de violences. Mais il nous prend pour des demeurés, ce super transhumant spécialiste ès-censure !
Pour preuve, il est celui-là qui, en 1989, alors responsable de la rédaction de la RTS, au cours d’un retour triomphal au Sénégal après plusieurs mois d’absence de l’alors opposant numéro 1, Me Abdoulaye Wade, avait refusé de diffuser les images de cet accueil exceptionnel qui avait drainé des millions de personnes ! Etant donné qu’à l’époque la RTS avait le monopole de la Télévision, les Sénégalais n’avaient jamais vu les images de cet accueil. Plus d’un tiers de siècle après, notre homme sévit toujours et comme Anatasie — ainsi que le « Canard Enchaîné appelait la censure durant la seconde guerre mondiale —, continue de manier les ciseaux pour couper ce que le Prince ne veut pas que le bon peuple voie.
Dans son communiqué diffusé ce weekend pour se justifier, donc, Babacar Diagne n’a pas avancé d’autre prétexte que le souci de protéger les enfants qui ne sauraient être exposés à la violence des heures durant. Il nous cite même longuement la convention des droits de l’enfant pour légitimer son acte liberticide et ses pratiques d’un autre âge. Celui du parti unique et de ses méthodes fascistes que l’on croyait à jamais révolues dans ce pays. Hélas, Anastasie est toujours vivant et l’ex-Mjups n’a rien perdu de ses réflexes fascistes d’antan. Grattez le vernis démocratique, la peste brune du nazisme apparaît dans toute sa hideur. Hélas, le patron du CNRA (Conseil national de régulation de l’audiovisuel) n’a pas compris qu’au temps des réseaux sociaux, et notamment des télés You Tube, il est vain de censurer. A preuve, aussitôt le fil de Walf coupé — avec, à la clef, une suspension de sept jours ! — les Sénégalais se sont rués sur les innombrables télés You Tube pour suivre en direct les événements de Mbacké. C’est-à-dire les violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
Babacar Diagne veut préserver les enfants de la violence ? Qu’il commence donc par demander au régime du Prince qu’il sert d’enlever de la rue ces milliers de gamins en guenilles qui y mendient dès potron-minet, c’est-à-dire de l’aube jusqu’à minuit. Quelle plus violente image que celle de ces pauvres enfants exposés à la mendicité en plein 21ème siècle ! Et pourtant, on n’a jamais entendu Babacar Diagne prendre la défense de ces malheureux gavroches. Des enfants qui aimeraient bien, un jour, pouvoir travailler mais ne pourront sans doute jamais le faire tant que des gens retraités depuis Mathusalem comme le patron du CNRA refusent de débarrasser le plancher pour permettre à nos jeunes diplômés de pouvoir enfin travailler. Comme l’a dit un des intervenants lors du sit-in tenu devant les locaux du groupe Wal-Fadjri vendredi dernier, « Babacar Diagne a pris le petit déjeuner avec Senghor, déjeuné avec Abdou Diouf, pris le goûter avec Abdoulaye Wade et diné avec Macky Sall ! » Tout en s’apprêtant à prendre le « kheudd » avec le successeur de ce dernier… Allez donc dire à ces milliers de talibés qui errent dans nos rues, mais aussi à tous nos mioches, que « Mame » Babacar Diagne a fait couper le fil de Walf pour éviter qu’on les expose à des scènes de violences devenues quotidiennes dan nos rues avec des forces de l’ordre surarmées passant leur temps à mater des manifestants de l’opposant. Ils croiraient à une vaste blague ! Ou alors que c’est grand-père Babacar qui leur raconte les contes du soir au clair de lune…
TEXTE COLLECTIF
AU NOM DE LA RÉPUBLIQUE ET DE LA DÉMOCRATIE
L'anti-système est utilisé comme un raccourci démagogique qui charrie toutes les formes de violences, verbales et physiques destinées à la banalisation et, à terme, l'anéantissement des institutions, des symboles de la République et de l’Etat de droit
Notre pays est à un tournant décisif de sa trajectoire démocratique.
Pays de liberté, resté fidèle à une tradition de pluralisme politique, syndical et médiatique depuis l’époque coloniale, le Sénégal a gardé le cap d'une nation d’ouverture et de convivialité où l'œcuménisme religieux est la règle, les droits de l'homme respectés et les libertés publiques garanties, en dépit des vicissitudes de la vie et de l’histoire.
Ce régime de démocratie républicaine s'est bonifié au fil des années, au point de produire un système de référence de premier ordre dans les rangs des démocraties majeures, à travers le continent africain et le monde.
Les alternances politiques successives sont devenues la règle, au sommet de l'Etat comme à l'échelle des territoires. La vitalité du débat public à travers les médias classiques et les réseaux sociaux y a pris une allure et une intensité remarquables, malgré les dérives qui débordent le champ convenu du pacte démocratique.
Pourtant, c’est ce modèle qui allie régime de libertés et progrès économique et social que des acteurs politiques tentent de discréditer et de déstabiliser en complicité avec de puissants groupes et lobbies étrangers.
Dans un contexte mondial de crise de la démocratie représentative de type libéral, cette situation mérite la plus grande attention des forces vives de la nation, notamment celles républicaines et démocratiques.
Ce sont, en effet, toutes les grandes démocraties qui font actuellement face aux poussées populistes un peu partout à travers le monde.
Les courants fachopopulistes, tels qu'ils se sont développés au Sénégal et ailleurs, ont été rendus possibles par l'existence d'un environnement politique, juridique et médiatique libre et démocratique. Dans le même temps, ces courants s’inscrivent dans une logique de destruction du modèle éprouvé des libertés publiques.
Les cas de plusieurs pays illustrent parfaitement cette menace qui pèse sur les régimes démocratiques avec la montée en puissance de groupes politiques populistes, souvent en accointance avec des néo nazis en Europe, des mouvements de l'islamisme radical anti-confrérique et des groupes d'obédience irrédentiste dans les pays en développement.
Les populistes investissent ainsi, de plus en plus, les opportunités que leur offre l'espace politique démocratique pour, en retour, le polluer avec des discours et des pratiques de violence tout à fait aux antipodes des codes, règles et valeurs de la République et de la démocratie.
En somme, le propre du populisme est de se servir des moyens de la démocratie pour tuer la démocratie. C'est ce que recouvre la notion d'anti-système, utilisé comme un raccourci démagogique qui charrie toutes les formes de violences, verbales et physiques destinées à la banalisation et, à terme, l'anéantissement des institutions, des symboles de la République et de l’Etat de droit.
Une des différences fondamentales entre populisme et démocratie, c’est que cette dernière est essentiellement fondée sur la conquête pacifique du pouvoir politique, là où le populisme joue la carte des moyens de la démocratie, lorsqu'ils lui sont favorables, tout en revendiquant le droit et la liberté, pour la « bonne cause », de recourir à la violence politique pour la conquête et l'exercice du pouvoir.
C'est bien cette logique que théorisent et assument sans ambages les courants populistes dans notre pays, à travers un délire messianique permanent sur fond de revendication du "droit à l'impitoyabilité " contre des concurrents politiques pointés du doigt en ennemis mortels.
Le moment est venu pour les républicains et les démocrates de notre pays de prendre toute la mesure des menaces sur le système démocratique.
Pour une fois, les périls qui planent sur notre démocratie et nos libertés ne viennent pas du haut. Ils viennent du bas.
Les appels incessants à l’insurrection, malgré les expériences récentes de pertes en vies humaines, au pillage des domiciles de citoyens appartenant au camp de la majorité, en somme l’incitation à un climat de guerre civile interpellent tous les démocrates, y compris la frange de l’opposition républicaine. Est également interpellée la puissance publique en charge de la sécurité des Sénégalais, toutes obédiences confondues. Sont tous aussi interpellés, les autorités religieuses et coutumières, les acteurs économiques, les intellectuels et les travailleurs, toutes les sociétés civiles authentiques, mues par le souci sincère d’œuvrer pour une société d’équilibre.
La préservation de notre modèle démocratique d'équilibre et de sérénité devient, au-delà des enjeux de libertés, un impératif de sécurité et de stabilité pour le grand pays de démocratie de référence que nous avons mis des siècles à bâtir avec des sacrifices consentis par plusieurs générations.
Il est de notre devoir et de notre responsabilité de rester fermes sur l'exigence de préserver notre démocratie de toutes les formes d'agression, de veiller au libre jeu politique auto-réglé par des acteurs politiques ayant en partage le souci d'une société apaisée bénéficiant d'une presse entièrement libre, ouverte au pluralisme et capable de participer à une régulation générale de l'espace démocratique…
Dans la perspective des échéances de la présidentielle de 2024, ce sont là des sujets de fond sur lesquels le dialogue politique, tradition intacte de notre peuple et socle d'une gouvernance concertée, peut et doit apporter une contribution majeure. Nous devons faire du débat programmatique l’essence de la démocratie en lieu et place des confrontations stériles. Nous devons prendre à bras le corps les grandes aspirations de notre peuple et non nous évertuer à réveiller les pulsions négatives qui attisent la haine et la violence.
L'enjeu est de renforcer dans l'opinion la tendance salvatrice à un vaste courant républicain et démocratique contre les velléités liberticides dans un contexte mondial et sous-régional en convulsions.
Dakar, le 19 février 2023
Bassirou Faty (Cadre de Banque)
Amadou Sidy Bocoum (Sociologue, ancien Ambassadeur)
Ibrahima Macodou Fall (Chef d’entreprise Industrielle)
Landing Badji (Avocat)
Lamine Thiam (Sciences Po, DG de Promevil, France)
Khady Cisse Fitoussi (Experte, conseillère en entrepreunariat et accompagnement de dirigeants d’entreprise, France)
Odile Gazy (Chef d entreprise industrielle)
Abdoulaye Diallo (Ingenieur Télécoms, Artiste)
Dr Lamine Diouf (Pharmacien)
Dr Youssou Ndiaye, Administrateur d’hôpital
Lamine Fall, Syndicaliste
Fallou Guèye, Enseignant, UCAD
Rokhaya Tall, Experte en management de projet
Fatoumata Niang Bâ, Présidente Union pour le développement du Sénégal/Renouveau
Ndiouck Mbaye Lindor, Présidente Fédération nationale des femmes rurales
Cheikh Faye, Professeur agrégé, UQAC, Canada
Ibrahima Thiam, Inspecteur principal du trésor et Conseiller d’ambassade
Papa Ma Oumy Ndiaye, Administrateur de sociétés
Fara Diaw, journaliste à la retraite
Ibrahima Cissé, Cadre Ipres à la retraite
Bassirou Niang, Membre du Club Sénégal Émergent
Moussa Badiane, Agent en statistiques
Mohamed Sow, Technicien Transport et logistique, France
Dethié Ndiaye, Président du parti UMP/Sénégal
Expert financier /PDG de CHOOSE Sénégal
Adama DIALLO, Administrateur civil
Amadou Abdoulaye Diop, Professeur agrégé, Juriste
Seynabou Pouye, Entrepreneure
Daouda Ba, Enseignant
Landing Savané (AJ)
Samba Sy, Ministre, Secrétaire général du (PIT-S)
Aymérou GNINGUE (Député, Maire de Merina DAKHAR)
Nicolas Ndiaye (Député) (LD)
Katy Cissé Wone (juriste)
Mamour Cissé (PSD/JANT BI)
Thierno Lo (Coalition ADIANA)
Pr Pape Demba Sy (UDF)
Aliou Dia (DAAN DOOLEYI)
Abdou Fall (Alternatives citoyennes Andu Nawle)
Mame Bounama Sall, Ancien Ministre
Dr Aissatou Tall , Chef de quartier Yoff Tondouria . Dr en pharmacie
Me Ousmane Sèye (CPE)
Jean Leopold Gueye (CNNO)
El Hadj Momar Sambe (RTAS)
El hadj Ndiaye Diodio (TSTA)
Ibrahima Badiane (UFN)
El Hadj Hamidou Kassé (Philosophe)
Tidiane kounta (Economiste)
Demba Dieng (Enseignant à Genève)
Abdoulaye DIENG (Expert culturel)
Landing BADJI, Avocat à la Cour, Consultant international
Me Aliou sow, Avocat à la cour
Bassirou Ndiaye Bokk Defar Senegaal.
Alassane Cissé. HCCT, (N.P)
Amadou Fall Inspecteur de l’Éducation à Guinguinéo
Safietou Diop, leader du mouvement des femmes sénégalaises, personnalité de la société civile.
Cheikh Tidiane Ba Opérateur économique Sénégal/ France
Aida Mbengue, Secrétaire générale « Jigeen Jiokna », actrice de développement
Ndèye Rokhaya Diop (dite Aya Diop), militante pour la défense des acquis démocratiques et la paix sociale
Mamadou Déme, Haut-conseiller des collectivités territoriales, Président du parti Kisal Senegaal, expert consultant résidant à Paris -France
Demba Babaël Sow Député de la diaspora sénégalaise (France) Ouvrier Syndicaliste
Mr seydi Lamine, Roubaix - France
Ousmane Dia opérateur économique demeurant à Bambilor - déni biram dao
Abdou Ndiaye Doctorant en développement local et diplômé de l'école normale supérieure.
Babacar Thiam, Nations Unies
Lamine Bara Gaye Directeur du sneips
Bocar sidick Kane ancien député maire, professeur certifié des sciences et techniques industrielles
Modou Lamine SENE Coordonnateur national du PVD de Cheikh Ahmadou KARA MBACKE
Momar Mbaye intendant au lycée de Pire. Ancien membre de la CED
Samba Kara NDIAYE Président Mouvement Troisième Voie Du Senegal. Prèsident Parti NADEMS
Professeur Bouna Mohamed Seck
Pape Sagna Mbaye, Ministre
Pr Maouloud Diakhaté, Professeur des Universités, HCCT,
Jeanne Lopis Sylla, Chercheur
Dr Malick Diop, député, Vice-président Assemblée nationale
Zator Mbaye, Ministre conseillerMarcel Ndiana Ndiaye, Professeur, Ambassadeur Itinérant
Me Mamadou Diallo, Avocat Barreau de Paris - Diaspora
Sylvain A. Boyer, Ingénieur, Pcs
Pr Moussa Barry, Professeur, Gabon - Diaspora
Serigne Seck Ingénieur, Paris - Diaspora
Pr Pape Mody Niang, Université de Dakar
Alioune Badara Ndoye, Professeur de lettre à la retraite (résidant aux USA)
Papa Demba SECK retraité Imprimeur, Thiaroye ORYX
Samba Kante, Président Mouvement Niomre ça kanam
Professeur Sérigne Amadou NDIAYE, ancien Doyen de la FST
Abdoul aziz seck, Opérateur économique (import – export) établi aux USA
Pape Diallo chef d'entreprise à Dakar
El Hadj Ndary Gueye Journaliste-consultant.
Abdoul Sow Consultant, Retraité de Nations Unies (DPKO)
Serigne Abdou Lahad Bousso, Chef religieux à touba
Mr FODIA DIALLO professeur d'histoire et de Géographie à la retraite, résidant à Louga
Moustapha Djamil Ndiaye entrepreneur en Géorgie
Khadidiatou Ba, Comptable, Actrice de Développement
Dr Cheikh Oumar Hann, Ministre
Hyacinthe DIOUF Consultant Dijon France
Mourtada SALL ouvrier Chilly-Mazarin France
Papa Demba SECK, retraité imprimeur, à Thiaroye sur mer ORYX
Maurice Wendes SARR, Délégué médical
Oumar Ly France,
Amadou Sidy Bocoum, (sociologue, ancien ambassadeur)
Alla Dieng (Président de l’Union des Forces Citoyennes/UFC), Cyrill Kpade (Président Mouvement Macky 535)
Mamadou Thiam (Expert en communication et TQM/Total Quality Management)
Pape Chérif BASSENE, Nissire SARR (UCAD, Enseignant-chercheur)
El Hadji Malick DEME (UCAD, Enseignant-chercheur)
Moustapha GUEYE (UASZ, Enseignant-chercheur)
Mandiomé THIAM (UCAD, Enseignant-chercheur)
Alioune DIENG (CESTI, Enseignant-chercheur)
Moussa DAFFE (UCAD, PATS)
Boubacar BALL (RECTORAT, PATS)
Khalifa GAYE (UASZ, Directeur des Bourses)
Amadou Tidiane DIALLO (UCAD, Enseignant-chercheur)
Mamoudou Bocar SALL (DG)
Pierre SAMBOU (Linguistique, Chef de département)
Abdoul Karim TANDJIGORA (UCAD, Enseignant-chercheur)
Ousmane Baba ANNE (Dentiste)
Saliou Cheickhou SABALY (Paris)
Cherif Daha BA (UCAD/FLSH, Enseignant-chercheur)
Abdoulaye Bibi BALDE (UCAD, Ancien ministre)
Fatimata KANE SOW (UCAD, Enseignant-chercheur)
Mahy DIAW (UCAD, Enseignant-chercheur /Recteur)
Mouhamadou Hady DEME (UCAD, Enseignant-chercheur)
Cherif BALDE (UASZ, Enseignant-chercheur)
Diatou THIAW (UCAD, Enseignant-chercheur)
Courfia DIAWARA (UASZ, Enseignant-chercheur)
Saliou NGOM (ISRA, Directeur de la Protection Végétaux)
Aminata Collé LO (Enseignant-chercheur)
Boubacar FALL (UASZ, Chef de département)
Kemo BALDE (UAM, Enseignant-chercheur)
Aboubacry SOKOMO (UIDT/THIES, Enseignant-chercheur)
Demba SOW (ESP-UCAD, Enseignant-chercheur, Ancien Député)
Mouhamadou Lamine DIALLO (UCAD/FASTEF, Enseignant-chercheur)
Ousseynou THIAM (UCAD/FASTEF, Enseignant-chercheur)
Souleymane NIANG (RECTORAT/DISI/Centre Calcul Informatique PATS)
Thierno Boubacar BARRY
Idrissa BALDE (UGB, Enseignant-chercheur/Maire)
Mbossé Ndiaye GUEYE (UGB, Enseignant-chercheur)
Sadibou AIDARA (UGB, Enseignant-chercheur)
Alassane AW (ENSAE, Enseignant-chercheur)
Amadou Sidy Aly BA (UGB/UFR SEG, Enseignant-chercheur)
Mamadou BA (UGB, Enseignant-chercheur)
El Hadji DEME (UCAD, Enseignant-chercheur)
Hamat DIA (UASZ, Enseignant-chercheur)
Issa DIAGNE
Moustapha Lo DIATTA (UASZ)
Mamadou Abdoul DIOP
René Ndimag DIOUF
Mathioro FALL (UIDT, Enseignant-chercheur)
Ibrahima MENDY (UASZ, Enseignant-chercheur)
Papa Ogo SECK (UGB, Enseignant-chercheur)
Ahmadou Bamba SOW
Ndeye Ngom POUYE (UCAD/FLSH, Enseignant-chercheur)
Boubacar BA (UGB, Enseignant-chercheur)
Serigne Amadou NDIAYE (UCAD, Enseignant-chercheur)
Abdourahmane SOW (UGB, Enseignant-chercheur)
Fatimata KANE (UAM, COMMUNICATION)
Mamadou Amadou SECK (ESP/UCAD, Enseignant-chercheur)
Ousseynou DIOP (FMPOS/UCAD, Enseignant-chercheur)
Babacar TOUMBOU (UIDT/THIES , Enseignant-chercheur)
Cheikh SAKHO (UCAD, Enseignant-chercheur)
Par Assane SAADA
QUE VEUT LE PAYS ?
Une immense cohue qui devrait apprendre à naître aux autres. Arrêter de susciter des ressentiments sur lesquels surfer. Un projet politique vaut mieux et nulle honte ou humilité impossible pour l’accepter.
Une immense cohue qui devrait apprendre à naître aux autres. Arrêter de susciter des ressentiments sur lesquels surfer. Un projet politique vaut mieux et nulle honte ou humilité impossible pour l’accepter. « On est fait pour s’entendre. Aussi bêtes et brutes que nous, mais le même sang d’homme » (dixit Albert Camus). Alors devons-nous encore continuer à nous invectiver, nous insulter, peut-être nous torturer, nous entretuer… « Et puis on recommencera à vivre entre les hommes ». Non, ce n’est pas ce que veut le pays.
La fraternité de destin oblige à se tourner vers un même ailleurs où ce n’est pas une certaine passion qui fait un génie. Car, cette nourriture passionnelle qui ballonne le ventre du Sénégal ne saurait être légitimement raisonnable. Ici n’est pas ce tout autre ou rien de commun n’existe pas entre des populations qui doivent être une finalité de toute politique qui se donne un sens. L’intelligence devrait s’arrêter de s’éloigner et prendre conscience. Une politique d’orgueil, d’états d’âme et d’émotions effaçables ne fait que désaccorder davantage les volontés des acteurs du jeu politicien de celles des populations au nom desquelles ils prétendent agir. Des vents de l’alternance ont déjà soufflé dans ce pays sans catastrophe.
Une méthode de lutte non violente peut prospérer là où « il existe une constitution, qu’on la respecte ou non », expliquait Vusumzi Make, représentant du Pac (Congrès panafricain) sud-africain. Selon lui, alors qu’il était avec Olivier Tambo en tournée aux États-Unis pour rencontrer des militants de la cause des noirs américains, l’existence de lois qui prescrivent une justice et une liberté pour tous permet de promouvoir une non-violence. Aussi à quoi sert-il de s’essayer à des formes d’action qui ont fini de révéler leurs limites partout ailleurs et face auxquelles des forces de défense et de sécurité s’entraînent quotidiennement pour y faire face. Que sont devenus les printemps arabes ? Qu’est-ce que des révoltes à la Trump ou à la Bolsonaro ont donné ?
Des limites des savants politiques
Faute de cette pudeur d’une bouche qui ne dit que ce qu’elle sait, des indignations vengeresses qui fusent font rire des spécialistes du maintien d’ordre. Ils découvrent un étalage de limites des savants politiques qui n’arrêtent pas d’appeler à des manifs de rue, voire à une insurrection et qui ignorent tout de la panoplie dont disposent des unités spéciales pour vaincre tout refus d’obtempérer à leurs injonctions après des sommations comme dans d’autres pays dits de démocratie avancée. Ne devons-nous pas cesser de nous leurrer sur un Sénégal pays vitrine de nos lubies qui nous font gronder sur tout.
Relisons ces mots d’André Malraux prononcés face à des jeunes le 11 décembre 1969. « (…) Plus un pays commence à être pris dans ses propres problèmes, moins il est attiré par la solution étrangère à ces problèmes. (…) Il y a quelque chose qui, chez les jeunes révolutionnaires, reste très puissant. Mais, en même temps, nous trouvons la difficulté, la contradiction, parce que le jeune Sénégalais qui admire Castro est sur la voie de découvrir Castro. Le président Senghor, qui a admiré Castro, commence à ne plus l’admirer beaucoup. Tout simplement parce que les problèmes de Castro ne signifient plus rien pour lui. Il est là avec son Sénégal : il s’agit de savoir si on va maintenir un pays qui vit… ».
Que faire pour qu’une tête reste à l’endroit et qu’un cerveau ne cède pas sa place à un c…l ? Dans une démocratie de jets de pierres et de fausses barricades, quand des forces de défense et de sécurité en ont assez, elles usent de moyens modernes qui anéantissent des plus téméraires. Ces derniers recourent à leurs téléphones portables pour filmer et vilipender, ignorant que ces mêmes outils pourraient se retourner contre eux pour être traqués et punis par une justice. Et des juges qui oseraient les condamner ne seraient pourtant pas leurs ennemis. Nul n’étant censé ignorer la loi que pourtant nul ne sait. Aussi, dans un pays qui sait organiser des élections, avec des électeurs qui savent choisir, pourquoi pas plus honnêtes que d’autres, considérant qu’ils devraient être aimés, adulés, cajolés… crient-ils à des tortuosités, jettent l’anathème sur d’autres et sur tout. Veulent que tout se mesure à leur baromètre ? Bref, quand des laudateurs, louangeurs et autres thuriféraires d’un jour sont des détracteurs ou dénigreurs du lendemain… au nom d’un vagabondage politique qui n’arrête pas, ne faut-il pas savoir raison garder ? Mais, quand tout devient une affaire enrôlée sur des réseaux sociaux, une sentence prononcée avant jugement et même instruction ou enquête préliminaire, tous ceux qui s’y adonnent soldent leur crédibilité. Attraits à la barre, ils chercheront partout un radeau de survie.
Par Madiambal DIAGNE
POURQUOI LE SENEGAL DOIT-IL TOUJOURS ETRE TRAHI EN AFRIQUE ?
Le Sénégal est en train de vivre la même situation que lors de la bagarre épique pour retrouver le contrôle de la présidence de la Commission de l’Uemoa.
Le banquier sénégalais, Abdoulaye Fall, occupait les fonctions de vice-président, chargé des Finances et des services institutionnels, de la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (Bidc). Il était candidat pour diriger l’institution à la fin du mandat du Ghanéen, George Nana Agyekum Donkor, en 2020. La candidature du Sénégalais avait été favorablement accueillie dans les milieux bancaires et au sein de la Bidc, mais le Ghana avait réussi, après moult péripéties, à faire rempiler le président sortant, qui était pourtant nommé pour un mandat non renouvelable. Abdoulaye Fall, se sentant trahi et pour dénoncer cette entorse aux règles, quitta ses fonctions. Le Sénégal fera contre mauvaise fortune bon cœur et nommera Mabouba Diagne pour remplacer le démissionnaire. C’était, il faut le souligner, contre un engagement formel, signé à l’unanimité par les membres du Conseil des gouverneurs de la Bidc, lors de leur Assemblée générale extraordinaire tenue le 13 janvier 2020 à Lomé (Togo). Ainsi, le Conseil des gouverneurs stipulait «qu’en 2024, la République du Sénégal sera le seul pays à présenter un candidat à la présidence de la banque. Le candidat ainsi désigné par la République du Sénégal devra remplir les critères pertinents fixés par le Conseil des gouverneurs, qui le nommera pour un mandat de quatre (4) ans non renouvelable (2024-2028)».
Le Sénégal est en train de vivre la même situation que lors de la bagarre épique pour retrouver le contrôle de la présidence de la Commission de l’Uemoa. Le Président Abdoulaye Wade, qui ne voulait pas en 2004 représenter son compatriote Moussa Touré, avait lâché le poste réservé au Sénégal, au profit du Malien Soumaïla Cissé. Cheikh Hadjibou Soumaré ne récupérera le poste qu’en 2011 et démissionna en décembre 2016. Le Niger en profita pour affirmer des velléités d’occuper le fauteuil. Le Président Issoufou finit par l’obtenir. L’ancien ministre des Finances du Niger, Abdallah Boureima, avait été élu au poste car le Sénégal avait tenu à respecter un engagement, signé en juillet 2011 par le Président Wade, par lequel il promettait le poste au Niger. Le Président Issoufou avait sorti cet engagement du Président Wade, et Macky Sall lâcha du lest pour endosser l’engagement souscrit par son prédécesseur. La présidence de la République du Sénégal publia alors un communiqué soulignant que «dans un esprit de solidarité et de fraternité, et dans le souci de permettre la poursuite du bon fonctionnement de l’Union, le Président Macky Sall a répondu favorablement à la sollicitation de ses pairs pour l’attribution jusqu’en 2021, de la présidence de la Commission de l’Uemoa au Niger, soit pour un mandat unique». Le communiqué précisera que la Conférence des chefs d’Etat avait décidé que le Sénégal reprendra la présidence en 2021, et de «manière définitive». C’est ainsi que l’ancien ministre du Budget du Sénégal, et par la suite ministre-Conseiller spécial du Président Sall, Abdoulaye Diop, a repris la tête de la Commission de l’Uemoa.
«On n’est jamais trahi que par les siens !»
Ces vingt dernières années, le Sénégal a pu garder un goût amer de certains revers diplomatiques pour avoir essuyé des échecs du fait d’une hostilité sournoise de ses voisins qui ont eu à le priver de leurs votes. Le cas le plus emblématique est l’échec de la candidature de Abdoulaye Bathily à la présidence de la Commission de l’Union africaine (Ua) pour remplacer la Sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma. Le Pr Bathily, qui était encore Représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu pour l’Afrique centrale, ne songeait peut-être pas à être candidat à la présidence de l’Ua. De toute façon, le hasard nous avait fait nous rencontrer à l’hôtel Gaweye à Niamey. Je venais de terminer un entretien téléphonique avec mon ami Mathata Thsedu, patron de presse à Johannesburg, ancien président du Forum des éditeurs africains (Taef) et très influent dans les milieux du pouvoir en Afrique du Sud. Mathata me confia à l’occasion que Mme Zuma n’allait pas se représenter à la tête de la Commission de l’Ua. Le Pr Bathily m’avait invité à échanger sur la situation du Sénégal et de l’Afrique, ainsi que de sa mission pour le compte du Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki Moon. L’idée m’était alors venue de lui suggérer sa candidature pour remplacer Mme Zuma, d’autant qu’il avait, de mon point de vue, un excellent profil pour l’emploi. Cela semblait beaucoup l’intéresser, mais il disait avoir besoin préalablement d’un soutien des autorités sénégalaises. J’en fis mon affaire et en touchai un mot au Président Sall dès mon retour à Dakar. Le chef de l’Etat sénégalais était acquis à ce projet et recevra le Pr Bathily. La machine diplomatique était lancée. C’est ainsi que le Sénégal avait envoyé plus de 42 missions diplomatiques à travers l’Afrique pour plaider la candidature du Pr Bathily.
Aussi avait-il demandé et obtenu de la Cedeao, de soutenir son candidat. Au moment du vote, on se rendra compte de la défection de certains «amis» du Sénégal et cela permettra l’élection du Tchadien Moussa Faki Mahamat. Cette situation d’accointance avec le Tchad ne devait pas surprendre, car on avait pu observer qu’en 2014 déjà, des pays voisins du Sénégal avaient participé, avec le Tchad de Idriss Déby, à la mise en place du G5 Sahel en choisissant d’écarter le Sénégal de ce projet sécuritaire. Je dois dire que j’ai été déçu et outré par des affirmations malveillantes qui prétendaient que le Président Sall n’aurait pas assez endossé la candidature de Abdoulaye Bathily.
Les votes de pays africains avaient aussi manqué à Mme Eva Marie Coll Seck, présentée par le Président Abdoulaye Wade en mai 2003 pour briguer le poste de Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Le Coréen Jong Wook Lee sera élu. Eva Marie Coll Seck sera recalée pour les mêmes raisons en 2017, présentée cette fois-ci par le Président Macky Sall au poste de Directeur exécutif du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa). La Panaméenne Natalia Kanem avait réussi à remplacer le Nigérian Babatunde Osotimehin, décédé. Là encore, les votes de certains pays africains, notamment de l’espace de la Cedeao, avaient manqué au décompte en faveur de Mme Eva Marie Coll Seck.
Il demeure que le Sénégal a toujours tenu à se conformer strictement aux décisions de soutien à tout candidat présenté au titre de l’Union africaine, à une quelconque position internationale. C’est pour cela que le Président Sall a eu à décliner les offres de présenter une candidature du Sénégal au poste de Directeur général du Bureau international du travail (Bit). Cela a sans doute permis la nomination du Togolais Gilbert F. Houngbo en octobre 2022 à la tête du Bit.
Les Sénégalais jamais ridicules à leurs postes : la preuve par Macky Sall à la tête de l’Union africaine
Dans les milieux diplomatiques, une boutade bien répandue assure que le «Sénégal n’est pas un pays africain mais un pays en Afrique». Cela faisait sourire, mais semblerait être une bonne vérité, dans un environnement de dictatures militaires, de putschistes et de présidents à vie en Afrique. Pour autant, cette perception ou posture pouvait susciter de la jalousie et faire du Sénégal et des Sénégalais des mal-aimés. En outre, les états de services de personnalités sénégalaises au niveau des institutions internationales sont toujours élogieux et quelques exemples emblématiques en témoignent.
Amadou Makhtar Mbow, premier Africain au poste de Directeur général de l’Unesco, avait marqué d’une belle empreinte cette institution de 1974 à 1987. Jacques Diouf fera de même à la tête de la Fao de 1994 à 2012. La Canadienne Michaëlle Jean avait pu mesurer l’œuvre du Président Abdou Diouf à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), quand elle affirmait : «On ne remplace pas Abdou Diouf, on lui succède.»
Abdou Diouf avait été élu à la tête de l’Oif au Sommet de Beyrouth en 2002 et il ne quittera ses fonctions qu’en 2014 au Sommet de Dakar. Les juges Isaac Forster, Kéba Mbaye, Leyti Kama, entre autres, ont brillé dans les instances juridictionnelles internationales. Cheikh Fall avait su assurer le bon décollage de la compagnie Air Afrique. Me Sidiki Kaba a fait les belles pages de la Fédération internationale des droits de l’Homme (Fidh), comme Pierre Sané à Amnesty International. Les Ibrahima Fall, Abdoulaye Bathily, Mankeur Ndiaye, Adama Dieng, ainsi que de nombreux officiers supérieurs sénégalais, ont rempli avec bonheur des missions pour le compte de l’Organisation des Nations unies à travers le monde. De même que l’évocation des noms de Fatoumata Samoura ou de Makhtar Diop remplit d’aise leurs compatriotes.
Le Président Abdou Diouf avait imprimé la marque du Sénégal sur le fronton de l’Organisation de l’Unité africaine (Oua) en 1985 et en 1992. Aussi, le mandat que vient de terminer Macky Sall comme président en exercice de l’Union africaine est une preuve éclatante. Le chef de l’Etat sénégalais a élevé la barre très haut en permettant à l’organisation panafricaine de mieux peser sur la scène internationale. Le succès de Macky Sall était tel que de nombreux pays du continent avaient cherché à le pousser à garder le poste pour une année supplémentaire. Les divergences entre le Kenya et les Comores, pour assurer le tour des pays d’Afrique de l’Est et de l’Océan indien, pouvaient constituer une autre bonne raison. Seulement, le Président Sall a fort à faire dans son propre pays.