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29 novembre 2024
Opinions
Par Jean-Paul DIAS
NDANANE BI
Je te redis que ta mère, ton épouse, tes sœurs, tes enfants, toute la famille et moi-même sommes, tous, fiers de toi. A présent, Barthélemy Dias, embarque nous dakarois, sur ton vaisseau amiral et fais-nous voguer
Je saisis l’occasion de l’anniversaire de ta prise officielle de fonction (17 Février 2022) pour revenir sur ton éclatante victoire du 21 Janvier 2022. D’aucuns ont écrit que tu avais jailli sur la scène politique comme un geyser. Visiblement, ceux là ne te connaissent pas. Pas nous. Le tsunami que tu as fait déferler sur tes adversaires a été si puissant qu’il a laissé certains sans voix. Pourtant ce succès n’est, logiquement, que le fruit de ton engagement, de ta détermination, de ton courage, de ta constance.
Déjà plus jeune maire du Sénégal à l’issue des élections locales de 2009, à près de 34 ans, Vice-président de l’Association des maires du Sénégal, député et membre du Bureau de l’Assemblée nationale durant tout un mandat, plus jeune maire élu et premier maire réélu de la Commune de Mermoz - Sacré Cœur, rien de plus normal qu’après 10 ans comme maire de base tu te retrouves « grand maire »( ainsi que vous désignez, avec affection, dans votre jargon, le maire de la ville de Dakar). Tu avais, clairement, le profil de l’emploi, parfaitement outillé pour présider aux destinées de note ville natale.
En cet instant, me reviennent, en mémoire, les propos de l’honorable Mbaye Jacques Diop (« toujours élu, jamais nommé »), parlementaire émérite, qui aimait à dire que, pour un homme politique, il n’y avait pas plus grand honneur que celui d’être élu Maire de sa ville natale. Il avait raison..
Je te redis que ta mère, ton épouse, tes sœurs, tes enfants, toute la famille et moi-même sommes, tous, fiers de toi. Sous la protection divine, tu resteras dans la voie que tu t’es tracée : total engagement pour le bien commun, avec focus sur l’Essentiel c’est-à-dire l’Humain, respect de la parole donnée…
Que le sang précieux de Jésus-Christ te lave, te purifie de toutes les méchancetés, des manigances mystiques de certains de tes adversaires y compris des incantations magiques de ces shamanes indiens engagés pour te combattre. Que Maman Marie étende son manteau virginal sur ta personne afin de te protéger de tous les ennemis connus et inconnus, visibles et invisibles, ceux du passé, du présent et du futur. Ainsi soit-il ! Que l’Esprit Saint te précède et t’accompagne dans toutes tes décisions et entreprises destinées à la Ville de Dakar et à ses habitants. Veni Creator Spiritus !
Durant cette année de grâces 2022, en quelques mois, tu as réussi à suivre les pas de Dial (Diop), premier natif de Dakar élu à une fonction sociale élective, de même que ceux de Blaise (Diagne), premier députémaire de Dakar. Rien ne pouvant être parfait tu n’as pas réussi à égaler Lamine Coura (Guèye). Partie remise ?
En tout cas, nous, Dakarois, te reconnaissons comme notre Ndanane. Ce terme intraduisible en français ni dans aucune autre langue d’ailleurs renvoie à un concept culturel spécifique au Sénégal. Il s’apparente à un mix du Chevalier de l’époque médiévale, du gentleman anglais, de l’aristocrate. Ce terme désigne le champion dans ce qu’il fait, l’AS, le meilleur en même temps doté des plus hautes qualités humaines comme la générosité, le courage, la serviabilité…..
A présent, Barthélemy Dias, embarque nous, nous tes concitoyens dakarois, sur ton vaisseau amiral et fais-nous voguer à travers des paysages merveilleux vers les rivages urbains de notre siècle
Par élégance politique, tu avais dédié ta victoire à ton illustre prédécesseur. Quant à moi, pour autant que je puisse me le permettre, je la dédie aux femmes : D’abord à ta mère en souhaitant qu’elle lui mette du baume au cœur et qu’elle lui assèche les torrents de larmes qu’elle a tant versés lorsque la méchanceté, la dictature, la complicité voire la combine politico-judiciaire se sont abattues sur toi. ; à Aminata Mbengue Ndiaye, ta maman du Parti socialiste qui, elle aussi, s’est émue pour toi à Rebeuss (prison de Dakar), à maitre Aïssata Tall Sall, notre avocat défenseur des moments sombres qui a versé des larmes lorsque sa science s’est heurtée au zèle télécommandé d’un juge d’instruction instrumentalisé. Quelque part, n’est-ce pas aussi la victoire du PS ?
Les attaques, la médisance, les calomnies continueront mais que ta foi en Dieu et en ton Destin au service des Dakarois et du pays, le Chapelet de ta mère, les prières de toutes les religions élevées en ta faveur t’accompagnent pour Que le Seigneur achève lui-même ce qu’il a commencé
Papa.
Par Sebastien FLEURET, David LESSAULT et Pape SAKHO
RECUL DU TOURISME DE MASSE
Saly : dans l’imaginaire de nombreux touristes et retraités européens, et notamment français, le nom même de cet ancien petit village côtier sénégalais, situé sur la Petite Côte, à quelque 90 km au sud de Dakar, évoque le modèle typique de la station
La transformation d’une station balnéaire emblématique du Sénégal
Saly : dans l’imaginaire de nombreux touristes et retraités européens, et notamment français, le nom même de cet ancien petit village côtier sénégalais, situé sur la Petite Côte, à quelque 90 km au sud de Dakar, évoque le modèle typique de la station balnéaire.
Cette vision est désormais quelque peu dépassée. À Saly, la vie économique et sociale a longtemps reposé sur le dynamisme des complexes hôteliers et autres clubs de vacances célèbres gérés par les grands tour-opérateurs. Ce modèle qui s’essoufflait déjà a été profondément affecté par la pandémie de Covid-19. Certains hôtels historiques sont laissés à l’abandon, le principal restaurant est fermé et le centre commercial originel vivote.
Pour autant, loin de dépérir, la ville se transforme, attirant davantage la clientèle sénégalaise, tandis que les formes de la présence des Européens se transforment progressivement.
LE RECUL DU TOURISME DE MASSE
La crise sanitaire mondiale de 2019 a incité les touristes de l’UE à opter pour des destinations moins éloignées que par le passé. Et cette tendance à un tourisme « de proximité » semble perdurer. Les pratiques touristiques ont évolué vers de nouvelles formes, comme les Digital nomads (ces personnes qui choisissent de travailler à distance, souvent depuis un lieu de villégiature), qui correspondent moins aux standards du tourisme de masse. Les nouveaux voyageurs fréquentent moins les clubs et leurs besoins s’éloignent dorénavant de plus en plus du modèle « Sea, sun and sand »
La pandémie a également généré une croissance du tourisme intérieur. Le Sénégal ayant été l’un des premiers pays à fermer ses frontières au moment de l’épidémie, les touristes sénégalais se sont réapproprié les espaces balnéaires côtiers désertés par les Européens. Certains hôteliers de prestations haut de gamme relatent qu’au moment des confinements, ils ont développé une offre promotionnelle essentiellement adressée à une clientèle dakaroise afin d’assurer un minimum d’activité dans leurs établissements.
La tendance a confirmé l’attrait, en nette augmentation depuis deux décennies, que suscitent les espaces côtiers chez les Dakarois. Chaque fin de semaine, l’accès à la seule plage de Saly qui soit dotée d’un parking, est pris d’assaut par des centaines de familles venant de Dakar et possédant une résidence secondaire ou séjournant en location dans des auberges alentour. Les habitants en profitent pour installer des gargotes éphémères où sont vendus poissons grillés, fruits et autres jus. Le temps d’un week-end, les Sénégalais semblent reprendre leurs droits, alors que durant la semaine cette plage est plutôt fréquentée par les touristes et résidents européens, voire leur est exclusivement réservée.
NOUVELLES FORMES DE PRESENCE EUROPEENNE
Si le modèle de la station balnéaire dédiée au tourisme international semble avoir fait son temps, d’autres présences européennes se sont imposées localement. Dans un premier temps, Saly n’a pas échappé, à l’instar de nombreuses destinations des pays du Sud, à l’arrivée de Français retraités venus passer « l’hiver au chaud ». Pour les retraités célibataires, ces séjours longs sont parfois associés à la recherche d’un projet de vie en couple au Sénégal, de préférence avec un ou une partenaire plus jeune. Ces démarches sont assez fréquentes et pleinement assumées malgré le regard peu approbatif des populations locales, qui y voient parfois une pratique immorale compte tenu des grandes différences d’âge et de ressources.
Toujours est-il que le phénomène s’est développé depuis le début des années 2000 et se localise principalement dans une dizaine de résidences collectives fermées qui essaiment au sud de l’ancienne station balnéaire. L’autonomie de ces nouveaux résidents, par rapport à ceux des hôtels et clubs, a donné naissance à une nouvelle économie locale orientée vers l’accès à l’alimentation (multiplication des supermarchés, de grandes enseignes), vers des services résidentiels (femmes de ménage, gardiennage, piscinistes, etc.) et vers la restauration (bars, restaurants). Cette seconde forme de l’expansion de Saly semble aujourd’hui diluée à son tour par le développement de nouvelles extensions résidentielles vers le nord et vers le sud de la commune.
Au début des années 2020, de nouvelles implantations transforment le paysage local. Aux côtés des complexes hôteliers et des résidences collectives fermées pour retraités apparaissent de nouveaux espaces résidentiels construits de manière plus anarchique sur le modèle de la villa individuelle ou du groupement de villas. Ce mode d’expansion est dopé par l’arrivée plus récente d’entrepreneurs européens.
Armelle et Hervé (les prénoms ont été changés) se sont installés en location dans une villa meublée de bord de mer au moment du Covid pour fuir le confinement en France. Leur séjour les a décidés à venir s’installer définitivement à Saly. Ils ont laissé en gestion en France leur réseau de boutiques de prêt-à-porter pour venir développer de nouvelles entreprises au Sénégal. Après un premier achat immobilier sur la côte au nord de la station, ils envisagent aujourd’hui de déménager vers les extensions récentes d’un quartier au nom évocateur « La Piste des milliardaires », où les constructions se multiplient autour du golf, vers l’intérieur, en rognant sur les espaces de culture des villages environnants.
De nombreux jeunes entrepreneurs ont rapidement cerné les besoins de consommation de cette nouvelle population huppée de Saly. Jean vient d’ouvrir un fast food sur l’artère principale de la ville. Ses hamburgers sont vendus aux prix que l’on retrouve en Europe avec des produits « bio » garantis « fraîcheur ». Il a bien ciblé sa clientèle. Le secteur dans lequel il exerce concentre essentiellement des résidents européens, principalement belges et français, et des résidents secondaires de l’élite dakaroise et libanaise. On retrouve également dans sa clientèle des Sénégalais anciennement émigrés de retour d’Europe. Ces derniers se sont approprié les pratiques touristiques des pays d’immigration et sont de plus en plus nombreux à investir dans l’immobilier sur la Petite Côte.
Avec le développement du modèle de la villa individuelle, qui rompt avec le modèle hôtelier classique, de nouvelles activités émergent dans différents domaines. On observe, par exemple, la multiplication des centres commerciaux. Sidy, qui a vécu 35 ans en France, a ainsi lancé son enseigne de grande distribution pour concurrencer les groupes internationaux qui ouvrent des magasins à travers tout le Sénégal et encore davantage à Saly. Jean a, lui, mis en place une offre de livraison de burgers à domicile pour diversifier la clientèle de son fast food. Ce modèle commercial occidental assez peu développé dans la région rencontre un franc succès. D’autres activités émergent sous l’effet des présences européennes. C’est le cas du padel, ce jeu de raquette importé d’Espagne, qui réunit en vase clos des adeptes exclusivement d’origine européenne.
L’EVOLUTION DES PAYSAGES
Ces tendances récentes ont un impact notable sur les paysages. Elles se traduisent par la multiplication des chantiers de construction, participent à l’expansion rapide de la zone des villas tout en opérant la jonction au nord avec le front d’urbanisation dakarois. Cet axe (zone verte sur la carte) est principalement animé par les investissements provenant d’Européens et de la diaspora sénégalaise.
De nouvelles constructions sont en plein développement sur le littoral en direction de Ngaparou. Sur cet axe, l’urbanisation est continue jusqu’à Somone. C’est aussi dans le domaine des terres agricoles périphériques, en direction de l’intérieur (vers l’autoroute), que de grandes villas et résidences privées fleurissent. C’est ici que se trouve la « piste des milliardaires » évoquée plus haut. Plus au sud et vers l’intérieur, l’expansion, également très rapide, est plutôt alimentée par les migrants originaires du Sénégal ou de la sous-région (Gambie, Guinée, Niger, Mali, Mauritanie). Ces derniers sont attirés par les perspectives d’emplois générés par ce développement local soudain et cherchent à s’installer à proximité de leur lieu de travail. Ils participent ainsi à l’urbanisation du quartier « Saly Carrefour » qui rejoint désormais la ville voisine de M’Bour (zone violette sur la carte).
Chaque matin, la route qui relie M’Bour à Saly est prise d’assaut par des taxis informels (nommés les « clandos ») qui acheminent les travailleurs domestiques vers les zones résidentielles. Ibrahim, embauché par des propriétaires français pour surveiller un groupement de 23 villas, doit prendre trois moyens de transport différents pour venir travailler. Cela représente plus d’une heure de transport et un quart de son maigre salaire (70 000 francs CFA par mois soir un peu plus de 100 euros) prélevé chaque mois pour rejoindre son lieu de travail, six jours sur sept.
D’une certaine manière, l’expansion rapide observée dans le secteur résidentiel aisé vers le nord de la commune et dans celui des extensions populaires vers l’est et vers le sud éloigne encore davantage les populations locales et européennes les unes des autres. Elle renforce ainsi la ségrégation et complique l’accès à l’emploi des travailleurs locaux qui ne disposent pas des ressources pour se loger sur place.
La dynamique d’expansion de Saly initialement stimulée par l’État dès les années 1970 à travers la promotion du tourisme balnéaire international, puis par la mise en place des grands projets d’infrastructures (nouvel aéroport, autoroute à péage) est aujourd’hui relayée par le foisonnement de nouveaux acteurs privés. Plusieurs modèles de présence européenne co-existent désormais : celui des complexes hôteliers en déclin, des résidences fermées pour seniors, des villas individuelles des entrepreneurs et de la diaspora sénégalaise. En marge, de nouveaux quartiers populaires se développent vers le sud et l’intérieur en lieu et place des anciens villages. De part et d’autre de l’ancien cœur de station, ces deux formes d’extension au contenu social très contrasté participent à la fabrique originale d’une ville satellite de Dakar devenue cosmopolite.
SEBASTIEN FLEURET Directeur de recherche au CNrS, géographe de la santé, université d’Angers
DAVID LESSAULT Chargé de recherche au CNrS, spécialiste des migrations et mobilités internationales, université d’Angers
PAPE SAKHO Maître de conférences CAMES, université Cheikh Anta Diop de Dakar
THECONVERSATION.COM
Appel de la famille sankara
POUR QUE LES RESTES DE THOMAS SANKARA NE SOIENT PAS RÉ-INHUMÉS AU CONSEIL DE L’ENTENTE
Notre famille est en train de subir encore une dure épreuve, celle de voir inhumer Thomas contre notre volonté à l’endroit où il a été trucidé. Monsieur le président, vous êtes notre dernier recours contre l’arbitraire qui nous écrase
Pour une demande de grâce présidentielle afin que les restes du président Thomas Sankara ne soient pas ré-inhumés au Conseil de l’Entente
Le caractère solennel, sacré et l’urgence du moment recommandent que nous nous adressions à vous monsieur le président de la Transition, au peuple burkinabè et à l’opinion internationale pour demander une grâce présidentielle.
Nous cherchons simplement à inhumer dignement pour la première fois celui-là même qui est fils, père, époux et frère. Permettez que ce soit possible aujourd’hui, ce qui n’a pas pu l’être il y a 35 ans. Nous voulons enterrer Thomas pour enfin faire notre deuil et que son âme repose en paix.
Notre famille est en train de subir encore une dure épreuve, celle de voir inhumer Thomas contre notre volonté à l’endroit où il a été trucidé, c’est à dire au Conseil de l’Entente. Nous attirons votre attention qu’il n’est pas mort par accident, mais par un complot bien orchestré. Beaucoup d’autres meurtres ont été perpétrés à cet endroit, sans compter le nombre de personnes qui y ont subi des atrocités.
Nous ne serions pas en train d’évoquer ce problème à l’attention du peuple si possibilité nous avait été donnée d’avoir un contact et de parler de cette question avec monsieur le président de la Transition qui avait bien voulu respectueusement demander aux familles de proposer un lieu pour les ré-inhumations des restes de leurs proches. Hélas, ce choix n’a pas été accepté par les personnes en charge des ré-inhumations ! A notre grande surprise, le Conseil de l’Entente, lieu qui avait toujours été écarté, est retenu par ces derniers pour l’ensevelissement des restes de Thomas. Nous avions souhaité que la scène du crime qui est le Conseil de l’Entente reste intacte pour l’Histoire et conservée pour la mémoire des générations actuelles et futures. Depuis la gestation de l’idée du Mémorial, nous avions également insisté sur la pertinence de la préservation de ce lieu pour la mémoire des martyrs du 15 octobre 1987.
Toutes nos nombreuses tentatives de résolution de la question (tentatives de joindre le président de la Transition, les propositions pour arriver à un consensus, sont restées sans réponse). Nous, la famille de feu le président Thomas Sankara, nous nous sentons écrasée par la force de la puissance publique qui a décidé contre notre souhait de la ré-inhumation, au Conseil de l’Entente, des restes de mon époux, de notre père, de notre frère. Au nom de votre autorité morale objective et unanimement reconnue en tant que président de la Transition, au nom de votre humanisme, nous vous demandons solennellement de faire suspendre cette ré-inhumation au Conseil de l’Entente. Notre souhait est que les restes soient ramenés à Dagnoen où ils ont été exhumés, ou à défaut, au Jardin de l’Amitié au bout de l’avenue Thomas Sankara ou encore au Jardin Yennenga.
Monsieur le président, vous êtes notre dernier recours contre l’arbitraire qui nous écrase et nous ressentons ce refus comme la seconde mort de mon époux, de notre père, de notre frère.
Nous sommes avec vous pour la restauration de la paix dans notre pays.
Mariam Sankara (Epouse), Philippe Sankara (Fils), Auguste Sankara (Fils), Frères et Sœurs de Thomas Sankara.
par l'éditorialiste de seneplus, ada pouye
LA CHUTE DU FAUCON NOIR
EXCLUSIF SENEPLUS - Un président peut tenter de tourner en bourrique le peuple sur sa date de départ du pouvoir. Son départ n’en restera pas moins une certitude. La question du troisième mandat est derrière nous
La question du troisième mandat est derrière nous. Et, toute sortie honorable du président est désormais impossible. Peu importe le « quand », c’est juste une question de délai. Maintenant ? 2024 ? ou plus tard ? Un président peut tenter de tourner en bourrique le peuple sur sa date de départ du pouvoir. Son départ n’en restera pas moins une certitude !
La force d’attraction du peuple a enclenché la chute du faucon noir vers l’abîme. Le compte à rebours est irréversible. La défiance d’un président à la Constitution et au peuple se paie cash. Une seule question est maintenant sur la table. Le « comment » de la déchéance ?
Aujourd’hui, les conditions qui avaient prévalues lors de la chute de son prédécesseur sont réunies. Pire, elles pourrissent.
Les partisans du faucon noir ont tout oublié. Même la culture ! sinon ils auraient compris que la révolution s’installe, ils auraient aussi reconnu l’échec de leurs théories et analyses pour s’agripper à un pouvoir qui se dérobe de leur emprise mal bigornée. Le Sénégal fait face à une situation révolutionnaire.
Les théoriciens et analystes du faucon noir ont-ils oublié la fameuse formule de Lénine à la lumière des dynamiques sociales, économiques et politiques actuelles ?
« Une période révolutionnaire se caractérise par l’incapacité de ceux d’en haut de gouverner comme avant et le refus obstiné de ceux d’en bas d’être gouvernés comme avant[1] ».
L’intérêt du regard rétrospectif sur les théories et faits passés, est conforté par le projet que donne Pierre Biolley a l’histoire. En effet, selon lui, face aux questionnements engageant le devenir des peuples :
« L’histoire peut apporter, sinon des solutions toutes faites, du moins une grille d’analyse, une meilleure compréhension des faits et des évolutions qui ont conduit aux situations présentes ».
Les conspirateurs contre les opposants et les traficoteurs de la Constitution du Sénégal contre la volonté du peuple nagent comme d’habitude dans les eaux troubles de la psychiatrie. Ils sont en immersion dans le déni. La fascination des privilèges et la peur de les perdre sont aveuglantes. Elles débouchent le plus souvent sur des actes et attitudes démentiels.
La moindre déchéance pour le président, car il ne peut y échapper, c’est de virer sa cohorte de prédateurs antiques qui lui ont inculqué un mantra de despote sombre, avant de boire le calice jusqu’à la lie.
Comment le président a-t-il pu passer à côté du décryptage du message de mars 2021 et des résultats des élections locales et législatives ? Macky Sall n’est pas Charles de Gaulle. Le Sénégal de mars 2021 n’est pas l’Algérie de juin 1958. Alors que venait faire le plagiat « je vous ai compris[2] » dans son discours de capitulation ? Le rédacteur de ce discours a aussi droit une gorgée de calice.
Le faucon noir et son gouvernement ont-ils oublié qu’ils sont là pour gouverner et se mettre au service du peuple au lieu de tancer les Sénégalais le couteau entre les dents ?
Le faucon noir et ses partisans ont cessé de gouverner et ne le pourront plus du reste. Ils sont à la remorque des événements. Rassemblement de Keur Massar, meeting de Mbacké, meeting de Guédiawaye…le faucon répond par une furie de meetings, théâtres d’investitures, des arrestations à la pelle, des censures et des tentatives de domestication de l’Assemblée nationale…
Tant qu’à faire, puisque de fait comme de droit, le faucon noir a perdu ses ailes face au peuple, n’est-il pas plus sage qu’il abdique ?
[1] Lénine, La Maladie infantile du communisme : le gauchisme, Paris, Éditions sociales, 1968, p. 80.
[2] Discours du 4 juin 1958 à Alger de Charles de Gaulle.
[3] Paraphrase du titre du livre de Claude Lévi-Strauss (1955)
MODY NIANG
C’ETAIT UNE HONTE DE LES VOIR COTE A COTE
Dans le cadre de ses tournées politico-économiques, plus politiques qu’économiques d’ailleurs, le président-politicien s’est rendu à Thiès pour organiser ce qu’il appelle ses conseils de ministres décentralisés.
Dans le cadre de ses tournées politico-économiques, plus politiques qu’économiques d’ailleurs, le président-politicien s’est rendu à Thiès pour organiser ce qu’il appelle ses conseils de ministres décentralisés. Il convient d’abord de signaler que ce politicien pur et dur a la chance inouïe de régner – c’est le mot –, sur un peuple qui ne se pose pas souvent des questions relatives à sa folklorique gouvernance. Tout le monde se rappelle en effet que, pendant les deux premières années de son règne, il a parcouru tout le pays pour organiser ses conseils de ministres décentralisés, en promettant d’investir çà et là des milliers de milliards.
Le voilà que, à un an de la fin de son second et dernier mandat, il nous revient avec le même exercice, déplaçant toute la République et répétant sans état d’âme les mêmes promesses, les mêmes engagements dont il est sûr qu’il ne les respectera pas, puisque sa nauséabonde gouvernance ne devrait pas aller au-delà de mars-avril 2024. Et puis, même s’il était sûr qu’il passerait, au besoin, sur des cadavres pour avoir un troisième mandat, il devrait au moins, s’il nous respectait, évaluer les conseils des deux premières années de sa gouvernance meurtrie.
Des milliards qu’il avait promis, combien en a-t-il effectivement investi ? Combien en reste-t-il ? Qu’a-t-il réalisé avec et où ? Ces investissements se sont-ils faits dans de bonnes conditions, notamment dans la transparence et l’efficacité ? L’ont-ils été dans les localités qui en avaient le plus besoin ? Y a-t-il eu des difficultés rencontrées ? De quelle nature si c’était le cas, et ça l’a été sûrement ? Des mesures ont-elles été envisagées pour les corriger ? Ces questions, parmi de nombreuses autres, mériteraient quand même d’être posées avant de se lancer dans de nouvelles promesses, de nouveaux engagements qui ont peu de chance d’être respectés.
Puis, il faut le regretter avec force, ce président-politicien ne nous respecte pas, ne se respecte peut-être pas lui-même. Un conseil des ministres n’est quand même pas un jeu d’enfant. On ne devrait pas s’en servir pour satisfaire des besoins, des objectifs bassement politiciens. C’est un moment solennel, organisé à la présidence de la République et où se prennent les principales décisions qui gouvernent le Sénégal. Léopold Sédar Senghor et son successeur Abdou Diouf, qui étaient eux de vrais hommes d’État malgré tout ce qu’on peut leur reprocher, ne s’amusaient pas avec les conseils de ministres. Je ne me rappelle pas que l’un d’eux en ait jamais organisé un seul en dehors du palais de la République. Á l’époque, le communiqué du Conseil des ministres était attendu avec impatience. Ses projets de loi et de décret, ainsi que ses nominations individuelles retenaient particulièrement l’attention puisqu’ils en valaient vraiment la peine. Ce communiqué était surtout bien écrit et ne prenait pas plusieurs pages.
Il faut donc être sérieux et appeler un chat un chat : les conseils de ministres décentralisés du président-politicien, auxquels assiste même et en bonne place un Farba Ngom, ne sont que du folklore. Aucun président de la République ou chef de gouvernement d’un pays sérieux ne descendra jamais aussi bassement à un tel niveau de folklore. Ils n’ont pas ce temps ; ils travaillent pour résoudre les problèmes avec lesquels leurs peuples sont confrontés, sans tambour ni trompette. Ils réalisent bien plus d’infrastructures que le nôtre, mais ne passent leur temps à les inaugurer. Ils font leur travail et leurs peuples constatent et apprécient.
En dehors du folklore de l’événement politique de Thiès, ce qui a retenu mon attention, c’était de voir les deux acolytes de mburóok-soow assis côte à côte, et se regardant parfois furtivement en chiens de faïence. J’en ai eu honte, et peut-être de nombreux compatriotes. J’en ai eu honte, même si leur jeu ne m’intéresse pas. Macky Sall et Idrissa Seck assis côte à côte et donnant l’impression de former un duo sincère et travaillant pour la réalisation des mêmes objectifs ! Je ne cesserai pas de rappeler que le Sénégal est le pays de tous les possibles. Macky Sall, Idrissa Seck ! Macky Sall qui, en 2004 et alors Premier ministre, a convoqué l’ensemble des députés et tous les ambassadeurs accrédités au Sénégal, pour leur faire le point du rapport déclassifié de l’Inspection générale d’État qui mettait en cause Idrissa Seck. C’était le 26 juillet 2005. Dans un long discours, il l’a lourdement chargé, certainement pour justifier sa mise sous mandat de dépôt trois jours auparavant !
On raconte qu’il lui en voulait particulièrement de l’avoir royalement ignoré pendant les premiers mois de l’alternance. Idrissa Seck était en effet, comme Ministre d’État Directeur de cabinet du Président de la République, à la base de toutes les nominations importantes. C’est Farba Senghor qui dit l’avoir sorti de l’ombre en le présentant au Président de la République qui le nomma directeur général adjoint de PÉTROSEN.
Idrissa Seck, lui aussi, n’a jamais oublié cette journée du 26 juillet 2005. Quand il a rompu définitivement avec le président Wade et le PDS, il n’a pas ménagé Macky Sall qu’il a traité de tous les noms d’oiseaux pendant la campagne pour l’élection présidentielle de février 2019 et après la réélection de ce dernier. Les Var sont là pour en attester. Pour ne prendre que quelques exemples moins indécents, il le traitait de « poltron », de « peureux », d’ « assassins de nos enfants ». Macky, sa famille, ses parents et proches devraient lui en vouloir pour de bon, tellement Idrissa avait déversé sur lui des propos malveillants, indécents. Contre toute attente, un beau jour, le Sénégal apprend avec surprise et stupeur qu’ils se sont retrouvés et sont devenus mburóok soow à partir de ce moment. Je me rappelle leur première honteuse rencontre, avec le sourire narquois de celui qui recevait, et celui forcé de son hôte. Le 1er novembre 2020, Idy est nommé Président du Conseil économique, social et environnemental, en remplacement de Mme Aminata Touré dite Mimi. Pourtant, il avait publiquement affirmé et réaffirmé qu’il ne serait plus nommé par décret à quelque fonction que ce soit. Il sera officiellement installé le 19 novembre.
Dans la même foulée, Yankhoba Diattara a été nommé ministre. Pourtant, il avait pris une part active dans les injures déversées sur Macky. Depuis lors, il fait partie des défenseurs les plus zélés de l’ « assassin de nos enfants d’hier ». Pour lui faire plaisir lors de son séjour à Thiès, il a pris à partie Ousmane Sonko, en le couvrant d’injures que la décence ne me permet pas de rappeler ici. Après lui, une femme plus insolente encore est montée au créneau, avec des injures aussi indécentes, peut-être plus indécentes que celles de son prédécesseur. Diattara avait aussi dans la salle quelqu’un, son collègue dans le gouvernement, et je me suis demandé comment ils allaient se regarder, les yeux dans les yeux. Il s’agit de Mame Mbaye Niang, qui a eu sa bonne part des injures de Diattara, alors dans l’opposition, l’opposition d’attente.
Mame Mbaye le méritait bien, lui qui se signale souvent par son insolence et son arrogance. C’est lui qui, après l’avoir copieusement injurié, accusait Idrissa Seck de gros voleur, de voleur de 47 milliards du président Wade qu’il promettait de rendre au peuple sénégalais une fois que ce dernier aura quitté le pouvoir. Wade est parti depuis bientôt douze ans et nous n’avons rien vu. Mame Mbaye doit le relancer. Dans ses injures, Mame a pour cible privilégiée le pauvre Ousmane Sonko. Quelque temps après les manifestations du 8 mars 2021, on l’a vu devant Mme Maïmouna Ndour Faye, déverser pendant plusieurs minutes des insanités sur l’homme qu’il hait le plus : le président de Pastef. Si c’était Mame Mbaye qui subissait les injures, la journaliste aurait sûrement arrêté net celui qui les débitait, surtout si c’était par extraordinaire Ousmane Sonko.
Ces temps derniers, on apprend que des procureurs rivalisent d’ardeur à corser les dossiers des militants de Pastef. Ces honorables magistrats n’ont-ils pas entendu Mame Mbaye Niang, Yankhoba Diattara, le dame dont je n’ai pas retenu le nom et de nombreux autres, y compris l’enseignant Ahmeth Suzane Camara qui appelle à éliminer physiquement Ousmane Sonko et qui l’assume ? J’apprends en particulier, et je ne sais pas si c’est vrai, que le procureur de Diourbel criminalise le dossier des dizaines de militants de Pastef. Ils ont vraiment bon dos. Ce qu’on leur reproche est-il aussi criminel – si jamais il l’était – que le carnage financier auquel on assiste depuis le 2 avril 2012, et qui est le fait, jusqu’à preuve du contraire, d’hommes et de femmes qui entourent le président-politicien ?
Notre pays court de gros risques et nous devrions tout faire pour les lui éviter. Nous n’avons rien à gagner, nous tous, quand notre pays est à feu et à sang. Et le risque n’est pas toujours là où on le situe. Nous pouvons vivre dans la paix et la stabilité. Il suffit simplement que le président de la République soit au-dessus de la mêlée et laisse la justice faire son travail conformément à la loi et à leur conscience. Il faut qu’il libère les autorités administratives, reconnaisse leurs droits constitutionnels à l’opposition comme à tous les citoyens. Les partis, mouvements et associations diverses de ce qu’on présente comme la majorité présidentielle, ne devraient pas avoir plus de droit que les autres. Le président de la République ne doit surtout pas utiliser les forces de défense et de sécurité pour mater tout mouvement, tout parti qui n’irait pas dans le sens qu’il indique. Le pays ne lui appartient pas et il ne doit pas nous le laisser dans le chaos. Malheureusement, avec ce mburu que j’ai vu à côté de ce soow et tout ce qui leur ressemble, nous ne sommes pas partis pour vivre dans le Sénégal de notre rêve. C’est vrai que, si nous n’avons pas le choix, nous opposerons la résistance qu’il faut aux forces de défense et de sécurité les mieux armées, comme à une justice qui ne s’acharne que sur l’opposition, et pour quelque raison que ce soit.
PAR Momar Dieng
LE MODÈLE SÉNÉGALAIS VAMPIRISÉ
La substance de ce qui était encore considéré comme Etat de droit s’est affaissée pour laisser place à un Etat de roi avec ses pratiques et symboles d’allégeance. La République est verrouillée à tous les étages
La violence et l’instantanéité avec lesquelles le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a coupé le signal télé du Groupe Walfadjri se passent encore de commentaires. Ni sommation, ni mise en demeure, ni aucun acte de procédure en bonne et due forme en amont de la forfaiture dont se rend coupable Babacar Diagne, brave soldat récidiviste en la matière. Lors des événements de mars 2021, c’est le même qui avait également suspendu les signaux des chaînes privées Sen TV et de Walf TV (déjà !) durant 72 heures. Aujourd’hui, il repart au combat, prêt à tous les extrêmes contre son « milieu naturel » pour satisfaire les vœux de ses commanditaires politiques, quoi qu’il en coûte à son image ! Du reste, que peut-on encore détester dans l’espace public si l’on réussit l’extraordinaire tour de manège d’avoir servi trois présidents de la République successifs sous trois régimes de nature globalement divergente ?
Babacar Diagne et les membres du Cnra sont une composante de l’écosystème d’influence fabriqué par Macky Sall pour mettre en place par la terreur politique et institutionnelle un projet autocratique mûri après son arrivée au pouvoir en 2012. Ce dessein mobilise, encadre et fait marcher au pas un groupe de personnes et d’institutions dont les rôles et les missions concourent à faciliter l’acceptation dudit projet dans l’opinion nationale (et internationale).
Les Sénégalais ne sont pas dupes : ils sont des témoins vivants et choqués de la complicité active dont bénéficie le pouvoir de la part de médias et d’individualités médiatiques face aux drames, scandales et injustices permanents qui rythment la gouvernance du chef de l’Etat. Le cadre de mise en œuvre de ce deal ayant été circonscrit, le palais n’a même plus besoin d’indiquer les chemins de la subordination eu égard au niveau d’appropriation suffisamment élevé du principe d’autocensure. Chacun sait ce qu’il a à faire par rapport aux actualités qui submergent les citoyens, et cela se voit dans le traitement curieux des faits d’actualité. C’est cette démission collective de médias naguère « subversifs » contre le régime d’Abdoulaye Wade mais aujourd’hui en convention d’affaires avec Macky Sall, que refuse le Groupe Walfadjri. Ce qui lui vaut au fond l’ire du bras armé audiovisuel du pouvoir.
Un système dans le système
Si ce système dans le système s’est imposé très vite, c’est que Macky Sall, directif et pragmatique de nature, n’est pas du genre à cogiter trop longtemps sur les archétypes qui rendent efficiente sa volonté de puissance. Entre pressions intenses, chantages judiciaires, nominations par décret ou recommandation, faveurs fiscales et tutti quanti, la menace contrainte et concrète a trouvé son aboutissement. Depuis 11 ans, le boulot à temps partiel de ces recrutés médiatiques consiste donc à consolider les postures de prébendes négociées, chacun à sa manière et dans son style, mais dans une temporalité partagée. La plupart sont devenus des mercenaires au service du chef de l’Etat et de ses projets. C’est en cela qu’ils sont assimilables à des « éléments » d’un consortium Wagner tapi au cœur de la presse sénégalaise. Ils sévissent par la plume, le micro, l’image, par la prose, le poème ou la satire. Ils ne se privent d’aucune outrance qui rende audible et visible leur sujétion, même s’il apparait qu’ils sont des polémistes moins doués que leur aïeul allemand, le compositeur Richard Wagner.
Ce wagnérisme version sénégalaise suinte dans la quasi-totalité du secteur public et parapublic où le pouvoir estime qu’il y a un crédit politique à ramasser. Au-delà du Cnra et des médias privés phagocytés, tout y passe : justice, police et gendarmerie, corps de contrôle, commandement territorial, presse gouvernementale, etc., avec un basculement des principes de justice et d’équité dans une sphère totalement partisane. Des exemples ?
Etat de roi
Le détournement technique et partisan du processus électoral en faveur de Macky Sall et de ses alliés ? Il relève d’un simple rapport de force entre acteurs politiques en compétition, donc que le plus fort gagne ! Le reniement (non encore publiquement assumé) du président de la République sur le caractère impératif de ses deux uniques mandats ? C’est au conseil constitutionnel de décider d’une 3e candidature de suite, pas lui ! Les partis-pris systématiques et grotesques dans le tri et l’enrôlement des plaintes judiciaires relevant de la violence et des actes politiques ? Laissons la justice travailler en toute sérénité ! Les rafles de voix critiques contre le régime dans la rue, sans convocation ? Silence ! Les appels publics aux meurtres contre des citoyens par des énergumènes encartés au clan présidentiel ? Des broutilles auxquels le procureur du roi n’a pas de temps à consacrer ! L’aveuglement infini des préfets et consorts interdisant invariablement les manifestations des opposants et des activistes ? Il nous prémunit contre les désordres publics ! La politisation décomplexée des références d’ordre ethnique ? Tous les moyens sont bons pour discréditer nos adversaires ! Où est passée notre démocratie de référence ?
Libérer les institutions et les hommes
Aujourd’hui, la réalité politique, institutionnelle et administrative au Sénégal n’échappe pas à grand monde, et surtout pas aux serviteurs aveugles et sourds du roi. La substance de ce qui était encore considéré comme Etat de droit s’est affaissée pour laisser place un Etat de roi avec ses pratiques et symboles d’allégeance dont un procureur du roi qui ne se fatigue même plus à tenter de justifier ses actes de répression. La République est verrouillée à tous les étages : c’est le temps du Sénégal pour Macky Sall. Or, c’est justement la rectification de cette anomalie insupportable qui est exigée du chef de l’Etat. Réaffirmer publiquement, une dernière fois, son impossible candidature en février 2024. Libérer les institutions et les organes de contrôle de la République de son emprise de fer. Faire organiser une élection présidentielle de référence en février 2024, inclusive, transparente, inattaquable. C’est le meilleur des services que le président Sall puisse rendre à un pays qui lui aura tout donné, au-delà de ses rêves les plus fous. Mais le veut-il seulement ?
par Karfa Diallo
POURQUOI MACKY SALL N'AURAIT JAMAIS DÛ RECEVOIR MARINE LE PEN
Le président sénégalais a offert à la présidente du Rassemblement national une porte d’entrée idéologique inédite sur le continent africain, ce qui profitera surtout à l’extrême droite européenne et aux racistes de tout poil
En recevant au Palais Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, Macky Sall foule aux pieds les combats antiracistes des pionniers de l’indépendance du Sénégal et des défenseurs du panafricanisme.
Cette validation africaine de la stratégie de dédiabolisation d’un parti grisé par ses récents succès électoraux et par son intégration progressive dans l’appareil d’État français constitue un précédent dont les diasporas africaines risquent de pâtir, dans une Europe où l’extrême droite grignote insidieusement l’espace républicain.
Éléments de langage
En choisissant le Sénégal pour sa première visite à l’étranger depuis les élections qui ont vu le parti créé par Jean-Marie Le Pen entrer massivement à l’Assemblée nationale française, Marine Le Pen déploie une stratégie d’ensemble sur un continent dont les ressortissants sont pourtant les cibles favorites des attaques, physiques et verbales, des militants d’extrême droite.
L’habile dirigeante de l’extrême droite française a su bien préparer ses interlocuteurs sénégalais, trop ignorants à la fois de leur propre histoire politique et des valeurs qu’incarne le Rassemblement national.
Dans une tribune publiée par le journal L’Opinion, le 16 janvier, la fille de Jean-Marie Le Pen a enrobé sa stratégie d’éléments de langage que l’élite politique sénégalaise a gobés tout rond.
Courbettes
Habituée des harangues contre l’immigration, Marine Le Pen use de la langue de bois pour mettre en avant « l’importance d’un authentique co-développement euro-africain », « la francophonie » ou « les questions de sécurité alimentaire et de santé ». Opportuniste, elle parachève son discours en défendant une candidature africaine à l’ONU et en souhaitant « qu’un représentant de l’Afrique [siège] comme membre permanent du Conseil de sécurité ».
EXCLUSIF SENEPLUS - Le sauvetage et le renouveau de notre pays, implique l’acte politique préalable d’abolition du présidentialisme de seigneur, de la République du monarque devenue une entrave au progrès général
« La pourriture est le laboratoire de la vie ». K. Marx
Une crise politique sans précédent
L’aggravation du processus de violences au Sénégal a atteint un seuil critique et l’on redoute à présent le basculement au pire. Le groupe dirigeant semble déterminé à conserver le pouvoir coûte que coûte et l’opposition et le peuple à résister vaille que vaille. De nombreux signes avant-coureurs de confrontation sont perceptibles avec l’interdiction et la répression des marches de protestation et des manifestations multiformes de l’opposition, les attaques violentes, les harcèlements et emprisonnements tous azimuts, les tortures, disparitions et mort d’homme. La tournure de plus en plus violente des évènements renforce naturellement les inquiétudes. À l’heure actuelle de nos observations, rien ne semble exclu, vu l’extrême tension dans le champ politique avec les injures et menaces graves, le doute est dans tous les esprits, l’angoisse est dans les cœurs. Le pays vit une haute tension et tout se passe dans un climat délétère d’insécurité et d’absence d’autorité. La question lancinante au bout de toutes les lèvres est : Où va le Sénégal ?
Une telle situation déplorable est la conséquence de la gouvernance politique et stratégique du pays entre les mains d’un groupe restreint de partisans et de collaborateurs, conservateurs attachés viscéralement à leurs privilèges exorbitants. Une telle configuration politique dirigeante, soumise aux intérêts étrangers, exclut naturellement et d’emblée du système tout mécanisme de démocratie politique citoyenne et de participation populaire. Une pareille gouvernance autoritaire entraine inévitablement la détérioration politique et par conséquent la levée des forces de résistance du peuple. L’analyse de la façon dont est structurée et fonctionne cette configuration politique dirigeante permet de mieux établir les causes structurelles de la détérioration accélérée de la gouvernance politique du pays. Elle met le doigt sur la grande responsabilité du groupe dirigeant.
La configuration du pole politique dirigeant
Le noyau central
Le système présidentialiste autoritariste est une structure ayant un noyau central en la personne du président, président de tout, chef de tout, maitre incontesté de tout, seigneur parmi les seigneurs. En effet, il est détenteur de tous les pouvoirs dont celui discrétionnaire de nommer et de révoquer à tous les postes de responsabilité. Il porte les attributs de chef de l’Etat, gardien de la Constitution, père de la Nation, chef du gouvernement, chef des Forces armées, Commandeur de l’Ordre National, protecteur des Arts et de la Culture, etc., etc. Une telle stature monopoliste écarte tout contre-pouvoir et permet au président d’exercer en effet son autorité personnelle sur les deux pouvoirs de contrôle supposés indépendants, le législatif et le judicaire. En outre, il dispose d’une caisse noire de plusieurs milliards annuellement votée. Son influence décisionnelle est en réalité décisive. Il serait ainsi selon une expression populaire Rakku YAllah, le frère cadet de Dieu.
La symbolique du roi traditionnel
Un tel présidentialisme d’un pouvoir personnel est renforcé dans sa légitimité par des références symboliques à la royauté ancienne construite par les communicateurs traditionnels aux paroles élogieuses et laudatrices. Ils s’évertuent à établir que le pouvoir du nouveau président serait une continuité-réincarnation de l’ancien pouvoir royal traditionnel. Le président de la République reçoit alors une légitimité de durée de vie sur le fauteuil. Car son pouvoir serait ancré dans l’histoire, tirant sa source de la tradition ancienne imprimée dans la mémoire de la communauté. À ces références symboliques d’appartenance supposée à l’ancienne noblesse royale régnante, se conjugue naturellement l’idéologie sournoise et corrosive du Neddo ko Bandam d’essence ethniciste, clanique et familiale, distillée dans certains milieux.
Toutes ces références mémorielles et d’appartenances fabriquées et évoquées, participent ainsi à une personnalisation extrême et à une légitimation du pouvoir absolu et inamovible du Président. Ce groupe identifié parmi les communicateurs traditionnels forme ainsi un véritable appareil idéologique informel d’Etat au service du groupe dirigeant. Chaque Président a eu ainsi courtisans- laudateurs qui déclament en tout lieu et en toutes circonstances ses louanges attitrées, Bakks.
Les deux premiers cercles
Autour du président de la République tout puissant gravite un premier cercle attaché à sa vénérable personne, constitué des membres de sa famille, de ceux de la première dame, des apparentés de lignage du couple présidentiel, de proches irréductibles, de militants inconditionnels de la première heure, de journalistes et griots dévoués, des intellectuels et universitaires reconvertis. Ces personnages, y compris des hommes de l’ombre, ont des fonctions diverses parfois combinées de conseillers, intermédiaires dans les grands dossiers, envoyés spéciaux pour les missions délicates, courtiers internationaux, actifs des services secrets.
Un deuxième cercle gravite autour du premier. Il est constitué de militaires de premier rang, d’experts de l’administration, des finances et du contrôle territorial, conseillers juridiques, politiques et diplomatiques, personnalités du parti dirigeant, experts de questions sensibles, etc.
Cette architecture constitue le noyau politique dirigeant où se tranchent les questions stratégiques liées au maintien de l’hégémonie politique sur la direction historique et culturelle du pays. C’est là qu’agissent les influences discrètes des réseaux et lobbies occidentaux et internationaux financiers, diplomatique et institutionnels pour faire avancer les différents agendas de la domination économique et culturelle, de la dépendance du pays au système capitaliste libéral mondial.
Le cercle des alliés politiques
Un dernier cercle ferme le tout, celui des alliances politiques de partis ou de regroupement de partis dits de soutien au gouvernement. La même logique d’intégration au pouvoir et de jouissance de privilèges anime ses membres. Ces ralliements de soutien de ces identités politiques ou associées à la majorité présidentielle viennent ainsi consolider l’hégémonie du système qui les soumet selon l’expression d’Abdoulaye Ly 1992[1] à « l’unanimisme autoritaire du présidentialisme », celui du maitre absolu à bord.
C’est donc cette architecture en trois niveaux de cercles concentriques qui constitue le bloc hégémonique d’Etat. Elle est la structure compradore de domination politique du pays. Autour d’elle et en son sein s’animent les réseaux multiples d’influence et de prédation des ressources du pays.
Les réseaux au cœur du pouvoir
En effet depuis le début des années 2000, en faveur de la mondialisation et de l’apparition de grands groupes privés, spéculateurs financiers dominants les bourses et les marchés financiers, une véritable économie mafieuse s’est constituée. L’Etat sénégalais et l’administration ont été infiltrés entre autres par des lobbies de blanchissement d’argent, de trafic de drogue et de faux billets, de produits pharmaceutiques et alimentaires, des réseaux actifs de spéculateurs fonciers et immobiliers.
Ces nouveaux fortunés, politiciens, affairistes, commerçants, courtiers, hommes de main, influenceurs, jet-ambianceurs, prostituées de luxe, aventuriers de tout bord, gravitent autour de l’Etat, s’introduisent subrepticement dans toutes les sphères de la haute administration, ont leur entrée glissante partout où se traitent les juteux marchés publics, nouent des relations de connivence et passent des deals sur le foncier, l’habitat, le commerce, les transactions de toutes sortes. Ils bénéficient de solides protections et accumulent ainsi de manière effrénée des richesses acquises en un temps record grâce à des arrangements sur des marchés publics, parfois de plusieurs dizaines ou centaines de milliards. Ils propagent ainsi au sein de l’Etat et de ses institutions des pratiques mafieuses corruptrices, une culture de la gabegie, de l’illicite et de la prédation. Les appétits voraces de ces groupes sont particulièrement aiguisés avec les perspectives des richesses du Sénégal en pétrole, gaz et en autres ressources minières et naturelles abondantes.
Il s’est donc opéré un changement dans la configuration du groupe dirigeant et le profil de ses membres à la faveur de ce nouvel environnement d’une économie néolibérale affairiste. L’éthique politique qui animait les hommes politiques au début de la formation de l’Etat a disparu avec l’hégémonie au sein de l’Etat d’un groupe, maillon des réseaux internationaux prédateurs. Le mode de gestion de type mafieux repose alors sur l’instrumentalisation de l’Assemblée nationale, de la magistrature et de l’administration, sur la corruption, la manipulation et l’usage de la violence répressive d’Etat.
La violence répressive, mode de gestion politique
Lorsque le pouvoir est concentré entre les mains d’un groupe restreint alors que la masse des administrés en éveil de conscience s’accroit en nombre, comme c’est le cas aujourd’hui avec l’irruption massive de la jeunesse sur la scène politique, alors s’applique la loi tendancielle au durcissement, à l’usage de la force répressive. Le masque de la République tombe et se révèle alors le visage du pouvoir de dictature de la minorité dominante, intraitable sur ses intérêts, prête à en découdre avec le peuple. L’Etat devient un appareil répressif et cesse de représenter les intérêts généraux de la société, d’être «l’expression politique officielle de la société civile», (Marx 1947 ).[2]
Il dévoile sa nature générique, celle d’être un instrument de domination d’une classe aux intérêts privés sur la société. La démocratie politique se révèle formelle et le système électoral, un mécanisme maquillé, assurant la légalité du maintien de la domination politique du groupe dirigeant. La République apparait alors, non comme celle du peuple souverain, protectrice des citoyens, mais celle des héritiers, des appartenances, des courtisans, des lobbies et réseaux mafieux. Face à cela et au nouveau leadership imparable d’Ousmane Sonko, président du parti Pastef, certains milieux du pouvoir ont même recours aux dangereuses manipulations ethnicistes et régionalistes et d’accusations de terrorisme dans le seul but d’affaiblir le mouvement et de dévoyer la nature politique du combat grandissant pour la souveraineté et la République.
Conjurer le spectre de la décadence
C’est pourquoi l’on assiste à une République du Sénégal défigurée, en proie à une profonde crise de légitimité et de gouvernance. La détérioration politique accélérée risque de faire basculer le pays dans l’irréparable. Samir Amin,[3] il y a de cela plusieurs décennies, établissait de manière documentée L’Afrique de l’Ouest bloquée et la faillite du développement en Afrique, du fait du modèle de développement dépendant et extraverti imposé et de la gouvernance prédatrice des élites compradores au pouvoir. Il en concluait dans l’avenir proche pour nos pays, la transition possible vers le socialisme ou la décadence. À présent, il urge de conjurer au Sénégal le spectre de la décadence qui a déchiré en lambeaux et meurtri des pays jadis beaux et dotés d’immenses ressources.
La refondation de l’État et de la République
La refondation de l’État et des institutions du pays, telle que les Assises nationales historiques de 2011 l’ont esquissé, est une tache politique sacrée. Le sauvetage et le renouveau si indispensables de notre pays, implique l’acte politique préalable inconditionnel d’abolition du présidentialisme de seigneur, de la République du monarque devenue une entrave au progrès général de la société.
Il est impérieux en effet de rationaliser, d’équilibrer et de pacifier l’espace politique pour réconcilier l’État et la société et engager ainsi le Sénégal dans le processus politique de reconquête de sa souveraineté confisquée. Le profond mouvement de résistance populaire patriotique et citoyenne en cours nous semble en porter les espoirs et la volonté ferme. Alors seulement serait envisageable le développement social et culturel intégral, le bien-être général dont le pays de la Téranga possède tous les atouts.
[1] Abdoulaye Ly 1992. Les regroupements politiques au Sénégal. 1956-1970. Chapitre L’unification et 2 le présidentialisme. Dakar. Codesria. P. 337.
2 Karl Marx. (1947). La Sainte famille. Œuvres philosophiques. Paris : éd. Costes.
3 Samir Amin 1971. L’Afrique de l’Ouest bloquée L’économiepolitique de la colonisation, 1880-1970. — Paris, Ed. de Minuit.
Samir Amin 1989. La faillite du développement en Afrique et dans le monde. Une analyse politique. Paris, éditions l’Harmattan.
par Jean Pierre Corréa
RECHERCHE HOMMES D’ÉTAT D’URGENCE
Dans ce Sénégal d’aujourd’hui, il n’y a pas d'Isaac Forster, pas de Monseigneur Thiandoum, pas de Kéba Mbaye, pas de Mame Abdou ni de Serigne Saliou, pour dire stop à un État qui ne doit agir que sur la base de sa force légitime
« Le concept de l'honnêteté ne veut plus rien dire. Il faut parler de légalité. C'est elle seule qui a le pouvoir de légitimer les formes les plus raffinées de la grande escroquerie que l'on nomme le commerce entre les hommes ». Albert Brie
Question subsidiaire pour vous ouvrir à mon tourment citoyen présent : « Dans quel journal, magazine, sur quelle radio ou télé, avez-vous lu ou entendu une offre d'emploi qui disait : cherchons d'urgence politicien ou homme politique » ?
Comment se défaire de la désagréable impression que nous sommes 17 millions de Sénégalais à être pris en otages par, allez… fourchette haute, … 30 politiciens qui pour la plupart, n’ont eu aucune incidence sur notre croissance, ni sur aucun indice de développement humain, mis à part le leur évidemment. Comment expliquer le fait que dans notre pays, les politiciens soient devenus soudainement plus riches que les entrepreneurs et les capitaines d’industrie ?
Tout commence en 2005, lorsque nous apprenons sidérés d’un CD funeste appelé lui et moi, qu’Abdoulaye Wade a eu à s’exclamer en pénétrant au Palais de la République, s’adressant à son meilleur des fils d’alors, Idrissa Seck : « Nos problèmes d’argent sont terminés ». Sentence agrémentée de la parabole nauséabonde du « partage du butin entre les grands bandits », prémisse d’un combat politico-judiciaire homérique et déjà disputé loin des arènes de l’essentiel, et qui posa comme paradigme définitif de la Res Publica, qu’il fallait emprunter les voies de la politique pour faire fortune et devenir quelqu’un, comme on dit. C’est à cet instant que le Sénégal a « changé d’auxiliaire ». Avant il fallait « être »… Depuis il est devenu urgent d’« avoir » pour … paraître. Aujourd’hui, le slogan SOPI qui nous avait semblé tellement chargé d’histoire, semble empreint d’un sentiment d’esbroufe, car si la longue marche de celui qui s’était, avec prétention vu en Mandela, avait été sincère, le siège historique du PDS serait devenu un musée et non une ruine, et ses membres ne se seraient pas parés de toutes les exubérantes nouveautés possibles, voitures neuves, maisons neuves, costumes neufs et même…femmes neuves ! Désagréable impression que ce long cheminement ne consistait en fait, qu’à se rapprocher du coffre-fort.
Au grand dam des Sénégalais, ils n’ont pas seulement fait de la politique un métier, ils en ont fait une rente. Et parfois, faisant de la honte un étendard, devenus députés par effraction, ils explosent les limites de la décence, atomisent les bornes du mauvais goût, et se transforment, bavant de vulgarité réjouie, en faux-monnayeurs décomplexés. Le pire, c’est qu’on ne leur en veut même pas, puisque peuple de receleurs que nous sommes, il nous arrive de profiter de leurs largesses lors de cérémonies où leur « générosité » est louée, voire sanctifiée par un « Bougazelli ? Aka Tabbé » !
Ceux qui se moquent des populations…sont presque dans la normalité. Avec eux, « y’a pas moyen », comme disent nos frères ivoiriens. La seule solution, c’est de les sortir du jeu, à défaut de les avoir « under control » avec des punitions implacables à la moindre déviation.
Il n’est en effet pas étonnant que nos problèmes d’argent soient justement plus cruciaux là où nos hommes politiques se sont embourbés. Ceux qui posent plus problèmes, sont les politiciens qui sont, sincèrement, nourris de bonnes intentions, mais pas toujours solides dans leurs convictions. Ils sont souvent rattrapés par la réalité surtout avec ses difficultés pour gérer le quotidien. Jusqu’ici très peu parmi eux ont pu tenir le cap vers leur idéal proclamé. Pourtant ils restent indispensables pour mener à bien la barque et tendre vers les objectifs qu’ils nous avaient proposés de suivre avec eux. Leurs versatilités ou leurs renoncements peuvent ralentir ou compromettre leur marche vers le but d’une société où justice, équité et éthique sont aux sommets des objectifs à atteindre. Ce serait plus facile si les moyens à distribuer étaient conséquents. Hélas dans nos pays cela suppose que nous produisions, que nous gérions et que nous redistribuions plus et surtout mieux. Or, promettre des emplois sans créer de travail, pousse évidemment nos hommes politiques à des incantations qui sont vite teintées du plus grossier des populismes.
Des Cissé Dia, des Cheikh Anta Diop, des Diallo Diop, des Yero Deh, des Sémou Pathé Guèye, des Mamadou Lamine Diallo, pour ne citer qu’eux parmi tous ceux qui méritent l’appellation de politiques, disons-le …ils ne courent pas les rues.
Notre pays est parti en vrille…Besoin urgent d’Hommes d’État.
Alors, pourquoi diantre, devrions-nous depuis des années n’avoir comme informations, à leurs yeux essentielles, que la chronique des désaccords et des confrontations de ces hommes politiques, qu’avec notre tendance « société de grand’place », nous n’aurons fait qu’amplifier, jusqu’à leur faire croire que leurs existences à elles-seules suffisaient à combler nos rêves et à nous faire croire aux hommes providentiels.
On va dans le mur, c'est inéluctable et c'est mérité ! Nous vivons dans un Sénégal inquiétant, où il est interdit de manifester et d’accompagner un candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024, où nous voyons, sidérés des engins militaires stationnés à nos carrefours, donnant à notre capitale des allures de citadelle assiégée et en danger, du seul fait d’un affrontement entre un candidat déclaré et un candidat toujours putatif, dont on sait que la seule déclaration de candidature aurait des contours explosifs de déclaration de guerre contre une opinion, qui même silencieuse, en a ras-le bol qu’au lieu de dire au détenteur de la force de se calmer, on est là à dire aux faibles « taisez-vous » !
Le renseignement est mort, l'Etat est mort, on est en apnée pure et simple, confit dans ses anciens réflexes, et qui ignore que chaque génération est un nouveau peuple. Dans ce Sénégal d’aujourd’hui, il n’y a pas de Isaac Forster, pas de Monseigneur Thiandoum, pas de Kéba Mbaye, pas de Thierno Seydou Nourou Tall, pas de Mame Abdou ni de Serigne Saliou, pour dire stop à un État qui ne doit agir que sur la base de sa force légitime. Le monde n'a jamais été beau ! Mais l'Etat, le renseignement, étaient dans les mains d'hommes d'Etat.
Dans cette sinistre tragi-comédie, banalement et tristement sénégalaise, les citoyens souhaitent ardemment retrouver « l’État ». Dans toute sa puissance, et sans aucune faiblesse coupable. L’État aussi se doit d’être impitoyable, faire œuvre de justice rapidement, et ne surtout pas empêcher un exemplaire et dissuasif verdict.
Que désirent voir et sentir les Sénégalais ? De l’État ! Et « d’urgence » ! Ils veulent plus d’État pour stopper cette folklorisation obscène du politique, surtout télévisée, pour arrêter cette course en avant et cette surenchère qui nous mènent dans le mur. Ils veulent que leur État leur dise et leur rende visible ce « budget de guerre » de 1 000 milliards, qu’on imagine dilapidé et éloigne d’eux l’idée que ces milliards sont encore partis en « 4x4 », villas et épouses de luxe.
Ils veulent, ces Sénégalais, que leur État contraigne ces grosses multinationales auxquelles il a filé tous les gros marchés de notre émergence, de cotiser dans la caisse de notre économie exsangue, et aide plutôt notre « secteur privé » auquel il n’a laissé que les miettes du festin, à sortir de cette crise sans trop de casse.
Les Sénégalais attendent de l’État qu’il prenne urgemment d’importantes mesures sociales, avant que des « Hommes » ne deviennent des « loups » pour les autres hommes, et nous fassent côtoyer les abîmes de la barbarie, lorsque justement, « franchies les bornes, il n’y aurait plus de limites », permettant à toutes sortes de veuleries de se répandre dans un pays qui n’a absolument pas le temps de gérer la colère. Pour le coup, ce serait une énorme connerie.
par Ibrahima Nour Eddine DIAGNE
QUE GAGNE-T-ON À ENTREPRENDRE ?
À la sortie des études, on rêve souvent d’entreprendre pour donner libre cours à sa créativité et ne pas s’enfermer dans le carcan d’un employeur. En créant son entreprise et en recevant les documents de sa constitution, on sent en nous l’enthousiasme.
À la sortie des études, on rêve souvent d’entreprendre pour donner libre cours à sa créativité et ne pas s’enfermer dans le carcan d’un employeur.
En créant son entreprise et en recevant les documents de sa constitution, on sent en nous l’enthousiasme de quelqu’un qui a accompli plus de la moitié du chemin. A la première commande, on est presqu’en extase. On sent la réussite et on commence à la vivre.
Hélas, la saison qui suit est souvent celle des premiers doutes. On regarde le niveau des charges et le niveau des commandes et on se dit qu’il y a quelque chose de troublant.
On n’a pas encore la lucidité de procéder aux ajustements, encore moins le courage de l’abandon ou du changement de cap.
On persiste donc. On s’endette, on se nourrit de promesses, on se rassure avec des encouragements venant de proches et on maintient le cap.
Vient alors la troisième saison. Celle où on est littéralement en faillite mais on est encore incapable d’en prendre conscience car on assimile la faillite à l’échec.
On persiste mais la machine de l’enthousiasme se grippe. Le personnel s’effrite, les huissiers défilent et on commence à sombrer dans une forme de dépression. On perd confiance, on souffre du regard des autres et on finit malgré tout, par déposer les armes, les larmes en perles et l’âme en berne.
Ce que je viens de décrire est la classe préparatoire de l’entreprenariat. Ça veut dire qu’elle n’est pas un passage obligatoire. Si vous tenez à entreprendre et à réussir, il y a quelques principes qu’il me semble nécessaire de considérer :
1. Ne faites pas ce que vous aimez, faites ce que vos clients aiment et que vous savez faire.
2. Ne cherchez pas à faire beaucoup de choses. Focalisez-vous sur une chose et visez l’excellence dans cette chose.
3. Apprenez à reconnaître les moments. Ne persistez pas quand persister vous dévore. Ne lâchez pas non plus lorsque vous êtes à quelques berges du graal.
4. Ne comptez jamais sur des promesses pour maintenir artificiellement votre entreprise.
5. Cherchez des partenaires plutôt que des salariés, car partager et mieux que payer. Tuez les charges et s’il le faut, travaillez dans le café du coin.
6. Sachez que les clients sont plus attachés à la beauté des choses qu’à leur utilité.
7. En fixant vos prix, ne pensez ni à votre dernier I-phone ni à votre dernier bonbon. Soyez réaliste.
8. Sachez que souvent votre 1er concurrent, c’est votre entêtement et qu’il est aussi votre principal atout.
9. Cherchez des sources d’inspiration, mais évitez de faire des R.S. le temple de vos évidences.
10. Mesurez vos forces pour mieux les valoriser. Si votre point fort c’est les idées, ne vous associez pas à quelqu’un qui en déborde et qui a les poches vides. A la fin de la journée, comprenez que le salariat comme l’entreprenariat sont 2 facettes d’une même réalité : L’ACCOMPLISSEMENT.
Ibrahima Nour Eddine DIAGNE
Administrateur Général de GAINDE 2000