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18 avril 2025
Opinions
PAR Aminata Touré
OUSMANE SONKO, FAITES LE CHOIX DE VIVRE POUR CONTINUER À COMBATTRE
Un combattant en plein possession de ses capacités physiques et mentales est assurément plus utile à la lutte pour un Sénégal meilleur et une Afrique libérée de tous ses maux
Il faut vivre pour continuer à combattre! Il y’a quelques jours, j’ai signé la pétition initiée par des démocrates sénégalais vous demandant d’arrêter votre grève de la faim. Je prends aujourd’hui ma plume pour vous enjoindre personnellement de mettre définitivement un terme à votre diète qui met sérieusement votre santé à risque et votre vie en danger.
Vous avez choisi cette forme de lutte extrême qui requiert un courage hors norme pour protester vigoureusement contre le traitement injuste qui vous est infligé par le régime du Président Macky Sall. Cependant, le plus difficile dans le combat contre l’Injustice, ce n’est pas de mourir mais de continuer à vivre afin de continuer à combattre.
A l’heure où la jeunesse sénégalaise et africaine s’est mise en quête de nouveaux leaderships capables de hisser définitivement nos pays à la hauteur des aspirations légitimes de nos peuples qui souhaitent vivre dans la dignité et la liberté comme tous les peuples du monde, vous vous devez de vivre pour continuer à apporter votre contribution à ce combat engagé partout sur le continent africain.
Un combattant en plein possession de ses capacités physiques et mentales est assurément plus utile à la lutte pour un Sénégal meilleur et une Afrique libérée de tous ses maux. Faites donc et sans délai le choix de vivre en vous réalimentant normalement.
En Solidarité et compassion.
par Ciré Clédor Ly
DE LA DIÈTE DU CITOYEN OUSMANE SONKO
Les cœurs se sont endurcis et des hommes se prennent et se comportent comme des dieux, oubliant la précarité de tout pouvoir et de toute âme qui vit. Il est temps de se ressaisir
Le président ousmane Sonko arrêté le vendredi 28 juillet 2023, est à son 17e jour d’abstention volontaire de toute alimentation et 5e jour de refus de tout soin médical, mettant l’Etat du Sénégal face à ses responsabilités.
Son état se détériore de plus en plus et c’est d’autant plus préoccupant qu’il avait été envisagé de le sortir de l’hôpital la journée du lundi 14 août, alors que cliniquement il était plus mal portant que lorsqu’il ia fallu organiser sa prise en charge par un hôpital de la place.
Le plus inquiétant est le détournement de procédure qui a permis de criminaliser un dossier correctionnel avec l’usage de qualifications abusives qui ôte toute sécurité juridique aux citoyens qui peuvent être victimes de cette pratique.
La raison a déserté les esprits, la loyauté les plumes d’hommes de lois. Les cœurs se sont endurcis et des hommes se prennent et se comportent comme des dieux, oubliant la précarité de tout pouvoir et de toute âme qui vit.
Il est temps de se ressaisir, de décrisper cette situation qui détruit un peuple qui ne le mérite pas. Une situation qui décrédibilise les institutions, cultivent et entretient la haine et le ressentiment.
La prison utilisée comme arme en politique est une arme non conventionnelle qui fausse le jeu démocratique.
Sortir le président Ousmane Sonko de l’hôpital dans l’état où je l’ai laissé le 14 août, c’est endosser la responsabilité d’une non-assistance à personne en danger.
Sa détention est perçue comme une injustice et une gangrène dans le système qui achève la mise à mort de l’Etat de droit et de l’Etat démocratique.
Le président Ousmane Sonko est un détenu politique de l’Etat du Sénégal.
Sa libération immédiate devrait être une exigence de la communauté internationale qui est garante du respect par les États signataires du Pacte, de leurs obligations internationales.
Tous les détenus politiques au Sénégal doivent être libérés. C’est une exigence sociale. Des innocents emplissent les prisons pour des raisons politiques. Les cabinets des juges d’instructions explosent et manquent de tout en ce mois d’août sauf de formulaires de mandats de dépôt. Il est temps de se ressaisir.
Ciré Clédor Ly est membre du collectif de la défense de Sonko.
par Ousseynou Nar Gueye
QUELLE SAVEUR AURAIT LA PRÉSIDENTIELLE SANS SONKO ?
Pour les opposants candidats à la présidentielle de février 2024, la question n’est plus : « Ousmane Sonko y participera-t-il ? » mais plutôt : « Comment récupérer les voix de ses partisans ? »
En juin dernier, invité du Débat BBC Afrique-Africa Radio, qui portait sur la présidentielle sénégalaise de février 2024, j’avais affirmé que, pour préserver la paix sociale, Macky Sall et Ousmane Sonko devaient soit tous les deux être candidats, soit ne l’être ni l’un ni l’autre.
On se dirige vers la deuxième option. « Macky » a renoncé, Sonko est évincé. En effet, celui que les grands médias internationaux considèrent comme « le principal opposant sénégalais » a manifestement le don de faire dépoussiérer des articles de loi désuets et des décrets inédits, propres à entraver ses ambitions, et à se les faire appliquer.
Au début du mois de juin, dans le cadre de l’affaire qui l’oppose à l’ex-masseuse Adji Raby Sarr, l’homme politique a été condamné à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse sur une mineure de moins de 21 ans ». Un motif de condamnation dont on a grand peine à trouver un précédent, même ancien, dans la jurisprudence sénégalaise.
Le « coup d’éclat permanent »
Depuis la fin du mois de juillet, Ousmane Sonko est incarcéré pour, entre autres chefs d’accusation – il y en a huit au total –, « atteinte à la sûreté de l’État », « appel à l’insurrection » et « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste ». À l’origine de ces accusations, un incident, dont « l’élément déclencheur » (dixit le procureur de la République) serait le « vol du téléphone portable » (sic) d’une gendarme qui le filmait…
Le même jour, le parti de Sonko, le Pastef, était dissous par un décret qu’un communiqué du ministre de l’Intérieur a révélé au public. Les rares cas de dissolution de partis politiques remontent au début des années 1960 : l’interdiction, en 1961, du Parti africain de l’indépendance (PAI), du regretté Majhmout Diop, alors adepte de guérilla urbaine armée ; la dissolution des deux premiers partis créés par Cheikh Anta Diop, le Bloc des masses sénégalaises, en 1963, et le Front national sénégalais, en 1964, à une époque où le président, Léopold Sédar Senghor, ne voulait plus entendre parler de multipartisme.
En clair, la stratégie du « coup d’éclat permanent » adoptée par Ousmane Sonko et son parti, au moins depuis les émeutes de mars 2021, est désormais assimilée par le gouvernement à un quasi « coup d’État rampant ». Et traité comme tel.
AIDONS LA CEDEAO A AVOIR UNE RENAISSANCE ET UN NOUVEL AIR DE JOUVENCE
15% de commerce intrarégional (au-dessus de beaucoup d’autres organisations régionales) ; une libre circulation des personnes et des biens, même si les tracasseries persistent ; un attrait économique certain, etc.
15% de commerce intrarégional (au-dessus de beaucoup d’autres organisations régionales) ; une libre circulation des personnes et des biens, même si les tracasseries persistent ; un attrait économique certain, etc. Autant d’efforts consentis par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour devenir, aujourd’hui, l’une des structures d’intégration africaine les plus citées en exemple. Avec ses 48 ans d’existence, la Cedeao, par son expérience, se détache de loin parmi les autres entités régionales africaines d’intégration. Que ce soit l’Union du Maghreb arabe (Uma) ou la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceaac), la Communauté de l’Afrique de l’Est (Eac), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadc), aucune de ses structures ne dépasse l’organisation ouest-africaine en termes d’acquis liés à l’intégration régionale. Ce n’est pas pour rien qu’en 2017, un pays comme le Maroc, même en étant membre d’une autre communauté économique régionale, l’Uma, avait déposé une demande d’adhésion à la Cedeao. Pour toutes ces raisons, les Ouest-Africains devraient manifester plus d’indulgence à leur structure d’intégration que de la vouer aux gémonies ou même demander sa disparition. C’est vrai qu’avec la crise structurelle que traverse le multilatéralisme, la Cedeao a quelques fois peiné à répondre à certaines attentes. Mais, de là à la faire disparaître, il y a un pas à ne pas franchir. L’Organisation des Nations unies, qui est la plus grande structure multilatérale du monde, est sujette à beaucoup de reproches de la part de beaucoup d’acteurs étatiques émergents comme la Chine et les autres membres des Brics, mais jusqu’ici, tous ces pays n’ont appelé qu’à des réformes, surtout dans sa gouvernance, avec le Conseil de sécurité. C’est la meilleure voie à suivre pour la Cedeao pour qu’elle puisse avoir plus de poids et être ainsi la voix des sans voix. Cela, en devenant la Cedeao des peuples. Vœu pieux et radieux !? Cette crise du Niger peut être une belle opportunité d’arriver à cela en incluant dans la médiation les approches africaines d’arbre à palabres ou utiliser les figures coutumières et religieuses. C’est vrai que la visite du Sultan de Sokoto, lors des premiers jours de la crise nigérienne, n’était pas un succès, mais, il ne faudrait pas désespérer. Y associer des chefs religieux comme le Khalife de Médina Baye ne serait pas mal, vu l’influence que la Fayda niassène a dans la zone du Niger-Nigeria auprès des Haoussas. Par sa trajectoire historique et politique et aussi avec ses différentes mutations, la Cedeao a eu à jouer un grand rôle dans les crises majeures que l’Afrique de l’Ouest a traversées. Dans les années 90, la plus grande menace venait des pays dits du Mano River (Libéria, Sierra Leone, Guinée) avec des rébellions sanglantes et des coups d’État à répétition. C’est grâce à la force armée de la Cedeao, l’Ecomog, que beaucoup de pays du Mano River, tels que le Libéria et la Sierra Leone, ont pu sortir la tête de l’eau et amorcer une vague de démocratisation qui est en train de faire son chemin malgré quelques houles. Il y a eu aussi la crise du terrorisme djihadiste qui est en train de consumer certains États ouest-africains. Le Mali a été la première victime. La Cedeao a été la première à déployer des troupes au Mali avec sa Mission qui, par la suite, est devenue la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma) pour aider ce pays à faire face avant que les Nations unies et d’autres pays européens s’y joignent. Donc, certains reproches sur cette structure ne sont pas justes, même si elle n’est pas exempte de reproches dans sa façon et manière de faire. L’un des reproches à faire à cette organisation régionale, c’est de ne pas avoir les mêmes postures face à toutes les menaces de la démocratie : les prises du pouvoir par les armes (coups d’État) et sa conservation par les urnes (3ème mandat). L’autre fait sur un supposé alignement sur les intérêts vitaux et stratégiques de la France ne tient pas face à une analyse rigoureuse. La Cedeao, c’est 15 États avec huit pays francophones, dont trois sont suspendus, en plus du Niger. La locomotive et géant démographique et économique, le Nigeria, n’est pas francophone. Donc, comment la France peut-elle manipuler cette institution régionale ? Mais, aujourd’hui, l’urgence est d’aider cette organisation à traverser cette crise structurelle et existentielle comme pour tout le multilatéralisme ; ce qui passera par un renforcement de ses moyens de correction de certains manquements et de coercition sur d’autres dépassements comme les coups d’État ou les tripatouillages constitutionnels. Il faudra aussi insister sur l’appropriation par les populations ouest-africaines du projet d’intégration qui n’est pas effective du fait d’une communication défaillante sur les acquis de l’intégration, le trop faible investissement dans le community building et des incohérences politiques récentes. Donc, évitons de jeter le bébé avec l’eau du bain et aidons la Cedeao à avoir une renaissance et un nouvel air de jouvence…
par Mbaye DIOUF
ALLIANCE POUR LA RÉPUBLIQUE APR, À LA RECHERCHE DU CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE DE FÉVRIER 2024
C’est moi ou l’on va droit vers le naufrage de l’APR ? C’est comme si tout est fait pour défier l’autorité du Président de la République Macky Sall.
C’est moi ou l’on va droit vers le naufrage de l’APR ?
C’est comme si tout est fait pour défier l’autorité du Président de la République Macky Sall.
D’après des sources dignes de foi, ils se sont tous passés le mot depuis que certains candidats à la candidature ont compris ou soupçonné que le choix de Monsieur le Président de la République sur leur personne est devenu hypothétique. Ainsi, au regard de certaines sorties relayées par la Presse ce lundi 14 Août, nous sommes loin de nous imaginer que ces responsables politiques sont prêts à se ranger derrière le choix du Chef de l’Etat ou à céder d’un pouce pour faire amende honorable.
D’abord Aly Ngouille NDIAYE invité du jury du dimanche sur ITV rappelle qu’il voulait déjà en 2012 être candidat à l’élection Présidentielle contre Abdoulaye WADE le Président sortant. Comme pour insinuer « j’ai préféré céder la place à l’actuel locataire du Palais ». L’actuel ministre de l’Agriculture dit ne pas être prêt à renoncer à sa candidature au profit d’un autre candidat de l’APR.
Une sortie qui selon certains observateurs sonne comme un acte de défiance vis à vis du Président Macky Sall qui a déjà reçu carte blanche pour choisir le candidat idéal.
Ensuite Abdoulaye DIOUF SARR actuel directeur général du FONSIS qui depuis sa base affective Yoff qu’il a perdue face à un jeune de 34 ans inconnu au bataillon fait une sortie par procuration à travers une déclaration des amis de DIOUF SARR.
Les amis de Diouf Sarr qui soutiennent avoir donné leur aval à leur leader pour briguer le suffrage des sénégalais en février 2024. Abdoulaye DIOUF Sarr qui enregistre deux défaites cuisantes face à Seydina Issa laye Diop aux élections municipales et aux élections législatives face à Barthelemy Dias.
C’est également le cas d’Abdoulaye Daouda Diallo actuel Président du Conseil économique social et environnemental qui ne s’avoue pas vaincu et qui multiplie à travers ses réseaux nichés au Fouta des sorties soutenant que la personne idéale capable de remplacer le Président Macky Sall à la tête du Sénégal est le maire de Bocke Dialloube.
Après Abdoulaye Daouda Diallo un autre candidat se signale à travers ses partisans.
Il s’agit de Mame Boye Diao actuel directeur général de la Caisse des dépôts et consignations qui par procuration arme ses partisans dans le fouladou pour démontrer que sa candidature est la seule crédible pour succéder au Président de la République à la tête du pays.
En d’autres termes, tous ces potentiels candidats à la candidature pensent qu’un choix autre que leur personne sonnerait le glas de l’Alliance pour la République à l’élection Présidentielle de février 2024.
C’est pourquoi, au vu de toutes ces sorties à l’emporte-pièce qui ressemblent à une défiance vis à vis de Monsieur le Président de la République, il est de notoriété publique et de toute urgence que le Président de l’APR prenne ses responsabilités pour mettre un terme à cette cacophonie au sein du parti.
Le temps est très court pour laisser passer cet imbroglio au sein du Parti présidentiel à moins de six mois de l’élection Présidentielle prévue le 25 février 2024.
par Yassine Fall
L’ALLIANCE POUR LA DICTATURE FONCIÈRE CONTRE MBANE
Senegindia, le maire de Mbane et un Libanais d’originefont pression sur de pauvres paysans afin de leur arracher leurs terres et réaliser l’accès tant rêvé de cette entreprise aux eaux très prisées du Lac de Guiers
La collusion des intérêts entre le Sénégalo-Libanais Rabih Fakhy, la firme indienne Senegindia, le maire de Mbane et les autorités administratives s’est encore une fois de plus affirmée avec éclat à travers le bras de fer ouvert imposé au village de Saneinte qui risque de perdre tout de go 300 hectares de terres des plus fertiles soustraits de son patrimoine foncier agressé plus que de raison en l’espace de quelques années par la prédation et la tyrannie foncières auxquelles s’ajoutent le parti pris délibéré de la gouvernance, de la Sous-Préfecture et de la Préfecture du département de Mbane contre les populations dont elles ont la mission de défendre les intérêts vitaux.
Pendant que tous les esprits sont braqués sur la crise politique sans précédent que traverse notre pays avec une confiscation des libertés et une violation sans limite de l’État de droit, Senegindia, le maire de Mbane et un Libanais d’origine, Rabih Fakhy, profitent de cette situation de tension pour organiser une vendetta en harcelant et en faisant pression sur de pauvres paysans afin de leur arracher leurs terres et réaliser l’accès tant rêvé de cette entreprise aux eaux très prisées du Lac de Guiers qui alimentent principalement une grande partie des populations de la région de Dakar et de plusieurs autres villes du Sénégal.
Le maire de Mbane a convoqué à son bureau, il y a quelques semaines, le chef du village de Saneinte, l’imam, un notable et une conseillère municipale, pour leur signifier que Senegindia se serait plaint auprès du Gouverneur de la région de Saint Louis du fait que Saneinte accapare et exploite 300 hectares de terres qui lui appartiendraient.
Cet acte est le plus récent épisode d’une longue confrontation entre les populations des villages de Kouel, Mar, Singou Diery, Pomo et Saneinte qui avoisinent le site de plusieurs milliers d’hectares occupés par Senegindia. Plusieurs échauffourées ont déjà eu lieu à propos de 1700 hectares de terres que revendique illégalement et injustement Senegindia avec le soutien des autorités administratives locales. A plusieurs reprises ces autorités se sont rendues sur les lieux escortées de la gendarmerie pour faire pression sur les populations des 4 villages de Kouel, Mar, Singou Diery et Pomo afin qu’elles acceptent d’octroyer leurs espaces de pâturages et de culture à Senegindia. Le dernier obstacle à franchir dans cette quête forcenée pour l’accès de Senegindia à l’eau douce en abondance, c’est le village de Saneinte, positionné pieds dans l’eau sur le lac de Guiers.
Dans un Article que j’ai publié le 27 aout 2020 dans SenePlus, intitulé « Corruption Foncière et Pillage des Terres de Mbane », j’exposais clairement le processus frauduleux utilisé par Rabih Fakhy et Senegindia pour tenter d’arracher ces terres aux populations de Mbane. Voici 2 extraits édifiants tirés de mon article du 27 aout 2020.
« Pour une famille libanaise : 1 700 hectares !
« Ce scandale foncier concerne 1 700 hectares de terres que l’opérateur économique Rabih Fakih essaie de convertir frauduleusement en bail emphytéotique.
« Cet épisode a commencé avec l’octroi de 1 200 hectares du village de Pomo et de ses alentours à son père Abdou Fakih et de 1 700 hectares de terres du village de Louguéré Bayré et de ses alentours à Rabih Fakih lui-même. Leur ambition déclarée était de construire un centre touristique au bord du lac de Guiers, l’un des principaux gisements aquacoles et hydriques du Sénégal.
« Ce projet n’a jamais été réalisé. L’octroi de ces 2 900 hectares n’a pas davantage fait l’objet d’un acte d’officialisation auprès du Centre d’expansion rurale d’alors. Ces terres étant englouties dans le périmètre foncier actuellement occupé par Senegindia, Rabih Fakih a joui de subterfuges douteux pour se faire octroyer 1 700 hectares supplémentaires sous la législature de l’actuel maire de Mbane. Ces 1 700 hectares couvrent des terres que cultivaient les populations du village de Saneinte en période hivernale et des parcelles qui auraient été antécédemment allouées au projet Novasen et à Serigne Mansour Sy Djamil. Ces 1 700 hectares couvrent des domaines exceptionnellement fertiles appartenant aux villages de Mbane, Saneinte, Pomo, Kouwel, Marr, et au village de l’érudit islamique Thierno Aliou Aissata. Cet octroi n’a jamais été officialisé devant les chefs des villages impactés, en présence du Centre d’expansion rurale polyvalent, comme l’exige la loi.
Aujourd’hui M. Fakih tente de détourner son objectif de centre touristique initialement annoncé dans la délibération pour proposer d’entreprendre des activités agricoles. Comment peut-on accepter de voir M. Fakih accaparer une telle superficie et aliéner des zones de terroirs alors que les villageois, en l’occurrence les jeunes, sont obligés de louer la terre pour la cultiver ? L’Etat du Sénégal doit prendre ses responsabilités, au risque d’être taxé encore une fois, de complicité de pillage foncier au bénéfice d’opérateurs privés étrangers. Les populations et les chefs de village de Pomo et Saneinte, étant parmi les plus impactés, demandent au ministère de l’Économie et des finances de rejeter la demande de Rabih Fakih de transfert de ces 1 700 hectares en un bail emphytéotique.
Plus de 1500 hectares à Senegindia
Senegindia, entièrement sous possession indienne, est l’autre rapace de l’aliénation de terres récemment débarquée dans la commune. Cette compagnie était toute petite juste en 2008 avec la construction d’un building de 5 étages, à Rufisque. Elle a été installée à Mbane et se retrouve aujourd’hui avec au moins 1 500 hectares de terres pour la production de pommes de terre en direction du marché local et international. Quelle valeur ajoutée une entreprise qui n’est même pas capable de donner des contrats décents à ses travailleurs pourrait-elle apporter au peuple sénégalais ? En quoi l’économie sénégalaise bénéficie-t-elle de possibles retombés de Senegindia ? Il est vrai que ses bénéfices sont inclus dans notre taux de croissance mais en quoi cela se reflète-t-il dans l’amélioration de la qualité de vie des populations du Sénégal et de Mbane en particulier ? Les coûts économiques et humains sont trop élevés par rapport au bénéfice que procurerait cette compagnie. Les populations de cette zone de terroir se préoccupent du fait que si on n’y prend garde, Senegindia pourrait finir par faire main basse sur le restant de terres entre Saneinte et Diaglé. Il est dit qu’elle ne cesse de demander avec insistance, l’octroi additionnel de terres à l’autorité municipale, qui aurait déjà été complice d’aliénation foncière et qui dit-on, résisterait difficilement à de telles injonctions de corrupteurs financiers.
Ces terres du Waalo ont été le théâtre de violents affrontements au fil des siècles. Durant l’époque coloniale se sont déroulés les essais de colonisation agricole de l’occupant français ainsi que les guerres de résistance sanglantes des populations autochtones du Waalo contre Louis Léon César Faidherbe, gouverneur français du XIXe siècle, célèbre pour ses crimes de guerre à grande échelle et la doctrine raciste de la prétendue mission civilisatrice de la France.
Ces blessures profondes à peine cicatrisées, de nouvelles convoitises opposent les populations de Mbane aux efforts coalisés d’élites sénégalaises et d’hommes d’affaires d’origine française, libanaise ou indienne. L’État est encore une fois interpellé au premier chef ».
Aujourd’hui le maire de Mbane, qui est supposé représenter les populations de sa commune, a non seulement pris fait et cause pour Rabih Fakhy et Senegindia mais joue aujourd’hui le rôle de commissionnaire en leur faveur. C’est lui qui convoque et, de manière peu voilée, essaie d’intimider les chefs de villages, s’adonne au jeu de la carotte et du bâton, pour défendre de manière illégitime les intérêts de ces affairistes. Toute cette manigance d’accaparement des terres a pour objectif ultime de déplacer le village traditionnel multi centenaire de Saneinte pour permettre à Senegindia l’accès au lac de Guiers. Senegindia a envoyé avant-hier une sommation interpellative au chef de village de Saneinte. Le commandant de la gendarmerie est informé de la situation qui pourrait virer au pire.
Cette situation à Mbane est symptomatique de la gestion calamiteuse du régime de Macky Sall qui a opté pour la promotion et la protection des intérêts économiques et financiers des investisseurs étrangers au prix de l’aggravation de la pauvreté des populations. C’est cela le legs de Macky Sall qui est aujourd’hui décrié et sanctionné par tous les Sénégalais. A cela s’ajoute l’arrogance des politiciens de L’Alliance pour la République qui prennent le pays pour leur propriété privée et leur terroir comme un bien qu’ils peuvent vendre, prêter ou gaspiller à volonté sans aucune once d’égard pour les populations. C’est ce que les populations de Bargny crient au scandale à propos de Tosyalı de Turquie ; c’est ce que les pécheurs pleurent à propos des bateaux chinois qui ont pillé les ressources halieutiques au point de faire de l’immigration clandestine par la mer le facteur primordial d’augmentation du taux de mortalité des jeunes ; c’est ce que les usagers de l’autoroute à péage et de la téléphonie mobile dénoncent à propos du cout exorbitant que leur taxent respectivement Eiffage et Orange de France.
L’on devrait cependant se demander, pour qui roule Senegindia ? Nous ne savons pour quels intérêts cachés roule Senegindia. Mais la vérité finira par exposer au grand jour cette puissance clandestine qui actionne et mobilise d’énormes moyens administratifs et de sécurité pour protéger une simple entreprise indienne au-dessus de populations sénégalaises.
Aujourd’hui nous prenons à témoin le peuple sénégalais, le peuple africain, les organisations de défense des droits humains et des droits économiques, du génocide, semblable au génocide du peuple Ogoni, qui pourrait arriver, si Senegindia, de concert avec les autorités administratives et sécuritaires de la commune de Mbane, s’évertuait à vouloir arracher de force ces 300 hectares des mains des populations rurales du village de Saneinte.
Il est temps d’arrêter. Trop c’est trop.
Le président Macky Sall ne voudrait pas ajouter à son actif, 6 mois avant son départ de la présidence de la République du Sénégal, le massacre des populations de Saneinte résistant à la spoliation impitoyable et arrogante de leur patrimoine foncier. Les populations mobilisées de Saneinte se tiennent debout pour protéger leur terroir ancestral déjà affaibli et rendu exigu par des politiques agricoles extraverties et non créatrices d’emplois ou de bien-être social.
L’accès tant convoité de Senegindia au lac de Guiers ne passera pas par Saneinte !
Texte Collectif
LE TEMPS DU DÉSENCHANTEMENT DÉMOCRATIQUE
Entretenir un amalgame entre le droit constitutionnel à la résistance et l’appel à l’insurrection revient à judiciariser l’espace politique à des fins d’exclusion. Que reste-t-il encore de la démocratie qui n’ait été déjà profané au Sénégal ?
Nous vivons mondialement une crise du fait démocratique. Le regain de coups d’états militaires dans la bande sahélienne ces dernières années, ainsi que les crises institutionnelles à répétition dont nous faisons l’expérience, sont le résultat d’assauts contre le principe démocratique dans son essence, ainsi que dans ses modalités de mise en œuvre.
Le temps de la démocratie - politique, judiciaire, institutionnel, populaire -, au Sénégal est celui du désenchantement. Les deux mandats de président Macky Sall ont précipité la déliquescence de l’État de droit et des principes qui fondent la démocratie sénégalaise. Par utilitarisme politique, le régime actuel a désolidarisé le binôme État-nation, transformant la crise politique en une crise de société profonde.
Une démocratie véritable se mesure à l’aune de la réalisation effective des droits fondamentaux consacrés par la Loi fondamentale. La négation du pacte républicain et du serment national tacite pour faire société constitue la dernière manifestation d’un récit néocolonial qui remonte aux indépendances. Depuis la crise de régime de 1962, le droit a souvent été l’instrument d’une conspiration contre le Peuple. Sans expérimenter une rupture de l’ordre constitutionnel comme au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en Guinée…, le temps de la démocratie au Sénégal est parsemé de coups de force institutionnels et de commandes politiques d’interprétation fourbe du droit.
Dans les imaginaires, la quête d’un sens démocratique, volontairement confondue avec la lente fabrique d’un État institutionnel, a fini par faire croire que la démocratie pouvait éclore par décret, loin des conquêtes sociales. Or, le Grand Soir démocratique, comme dans toutes les civilisations humaines dans lesquelles le Peuple a voix au chapitre, procède d’un plébiscite populaire quotidien. Le temps de la démocratie, comme du reste celui de la nation, défie toute idée de finitude. Il se régénère au gré des crises protéiformes ou, à rebours, périclite. Au Sénégal, la démocratie n’est pas le produit d’acquis populaires. La démocratie ne se définit pas seulement par l’existence d’institutions (parlement, exécutif, appareil judiciaire) et par l’organisation d’élections régulières. La démocratie ne saurait être discursive. La sociologie lui imprime sa réalité.
Les signes du désenchantement démocratique au Sénégal sont légion : une magistrature aux ordres, une administration docile et répressive, des milices privées qui opèrent en toute impunité auprès des forces de défense et de sécurité, des arrestations aux allures de rafles, des barricades fréquentes devant les sièges de partis politiques, l’assignation à résidence surveillée sans base légale du domicile du principal opposant au régime, les atteintes à la libre circulation de l’information par la suspension de l’accès à Internet ou du signal de rares médias insoumis, etc. La démocratie ne s’accommode pas de la réduction au silence des citoyens par l’imposition d’une terreur institutionnelle à laquelle se sont soumis les corps intermédiaires, les syndicats, une bonne partie des intellectuels, les médias classiques…
Le bilan démocratique du régime de Macky Sall pendant ses deux mandats se résume à l’étouffement des voix politiques et citoyennes discordantes par la répression, l’emprisonnement, la disgrâce, la radiation et la sélection des candidats à l’élection présidentielle (Khalifa Sall, Karim Wade, Ousmane Sonko). Plus que jamais, les réminiscences du parti unique ou dominant affleurent notre temporalité politique quand bien même la relation Etat-individu bascule inexorablement vers le triomphe de la volonté populaire. La démocratie, c’est le temps des peuples libres.
Entretenir un amalgame entre le droit constitutionnel à la résistance à l’oppression et l’appel à l’insurrection revient à judiciariser l’espace politique à des fins d’exclusion. La mobilisation opportuniste d’une sémantique martiale permit à des dictatures d’auto-légitimer des coups d’État institutionnels (Chine, Russie, Corée du Nord …). Le spectre de la peur, brandi par l’État-policier sous la couverture d’un discours régalien, renseigne sur le dessein d’imposer la terreur avec l’onction d’une certaine presse qui a lâchement déchiré sa profession de vérité. Dans l’histoire politique, la lutte contre la nébuleuse terroriste a souvent été le paravent légal des violations des droits et libertés. Le Patriot act nous en fournit un exemple frappant.
La dissolution du parti Pastef, entité constitutionnellement protégée, est révélatrice des dérives autoritaristes d’un régime qui vise, avec le concours d’une certaine magistrature complice, à reconstruire un espace politique monolithique. On assiste à un retour de l’histoire et un changement d’époque. Les conditions de cette dissolution s’inscrivent dans la négation des principaux instruments internationaux, au demeurant constitutionnalisés, de protection des droits humains. Elles matérialisent la violation des libertés d’expression, de réunion pacifique, d’association et de participation démocratique à la conquête du pouvoir politique.
Éloignée de la logique historique de la dissolution-absorption (PAI, Bloc des masses sénégalaises), la dissolution décrétée est une entorse à l’idéal d’une société libérale et au pluralisme politique. En effet, l’adoption d’un acte administratif négatif est assujettie au respect du principe dit du contradictoire. L’arbitraire de l’État se loge dans l’occultation des droits de la défense. Le droit à l’information, par le biais de la procédure de la mise en demeure, participe de la démocratie administrative. L’éthique de la transparence exige un rapport préalable du ministre de l’intérieur. Ce moyen ne saurait être inopérant que s’il y avait une décision de justice préalable établissant la véracité des faits reprochés avec toute la rigueur de l’autorité de la force jugée. Ce qui n’est pas le cas à l’évidence. En sus, les autorités exécutèrent la mesure de dissolution sans qu’aucune notification préalable n’ait été adressée, violant manifestement la loi. Tous les actes d’exécution de la mesure, alors même que la décision individuelle n’était pas encore notifiée, constituent une voie de fait de nature à engager la responsabilité de la puissance publique.
L’épure du droit n’est point de dissoudre pour motif d’insurrection lorsque le crime susmentionné est l’objet d’une instruction judiciaire.
Que reste-t-il encore de la démocratie qui n’ait été déjà profané au Sénégal ?
Gageons que le dêmos, ultime faiseur d’un système républicain, saura entretenir la lueur du réenchantement démocratique
SIGNATAIRES
Abd-El Kader BOYE :
Professeur titulaire de droit privé, Ancien Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop, Ancien Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Mamadou DIOUF :
Professeur d’histoire et d’études africaines, titulaire de la chaire Leiner family, Université Columbia / Etats-Unis
Felwine SARR :
Professeur titulaire, agrégé d’économie, titulaire de la chaire Anne-Marie Bryan, Université Duke / Etats-Unis
François Joseph CABRAL :
Professeur titulaire, agrégé d’économie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Abdoul Aziz DIOUF :
Professeur titulaire, agrégé des facultés de droit, Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Sidy Alpha NDIAYE :
Maître de conférences, agrégé des facultés de droit, Université Cheikh Anta Diop de Dakar
El Hadji Samba NDIAYE :
Maître de conférences, agrégé des facultés de droit, Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Babacar NIANG :
Maître de conférences, agrégé des facultés de droit, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, avocat au barreau de Paris
Par Abdoul Aziz TALL
CEDEAO, NE TIREZ PAS SUR VOS COMPATRIOTES !
Aujourd’hui, les chefs d’Etat de la CEDEAO, avec tout le respect dû à leur rang, ne semblent malheureusement pas prendre toute la mesure de la gravité d’une décision de s’attaquer militairement au Niger
L a CEDEAO aurait décidé de l’usage de la force pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Une décision lourde de conséquences pour de multiples raisons. Ce serait d’abord un précédent dangereux qu’un ensemble de chefs d’Etat de pays africains, dans un élan solidaire, décident de s’attaquer à un pays frère appartenant à la même communauté. Celle-ci n'est pas seulement politique, mais elle est aussi culturelle, cultuelle, ethnique et tant d’autres caractéristiques communes. Bref, il s’agit là d’une communauté que tout réunit au plan sociologique.
Avec la Gambie de Yaya Jammeh, la menace avait été brandie de faire partir ce dernier du pouvoir, après qu’il eût voulu renoncer à le quitter, malgré sa défaite à l’élection présidentielle. Finalement, il dût se résoudre à l’exil, après d’âpres négociations.
Aujourd’hui, les chefs d’Etat de la CEDEAO, avec tout le respect dû à leur rang, ne semblent malheureusement pas prendre toute la mesure de la gravité d’une décision de s’attaquer militairement au Niger
Sur le plan institutionnel, entendons nous bien ! Il s’agit d’un pouvoir illégal qu’ils veulent combattre pour rétablir l’ordre constitutionnel.
De ce point de vue, nul ne saurait justifier que le pouvoir soit conquis autrement que par la voie démocratique. Cela dit, en dépit de cette considération d’illégalité et d’illégitimité du pouvoir qui s’est installé à Niamey, ces chefs d’état de la CEDEAO devraient reconsidérer leur processus décisionnel en prenant en compte les conséquences désastreuses que leur option pourrait engendrer à plusieurs niveaux.
Les populations civiles du Niger sont éprouvées par une pauvreté endémique qui fait que leur pays est l’une des trois nations les plus pauvres du monde. En cas d’intervention militaire, le Niger risque de ne plus avoir la moindre chance de se relever de cette précarité alarmante, pour ne pas dire de cette misère, d’autant qu’il est déjà fortement engagé dans la guerre contre les “djihadistes” au Sahel.
Une telle intervention militaire ne se limitera certainement pas au niveau des pays de la zone de la CEDEAO.
La France et d’autres puissances occidentales qui ont des intérêts à protéger au Niger et dans la sous-région vont s’impliquer à travers divers moyens. Ils l’ont déjà ouvertement annoncé.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces populations qui seront les premières victimes d’une intervention militaire semblent plutôt en phase avec les nouvelles autorités, au regard des manifestations de soutien dont elles ont fait l’objet au lendemain du coup d’état du 26 juillet.
Des manifestations qui ont donné lieu à des scènes d’hostilité, de défiance et de rejet de la France, considérée comme une des principales sources de la misère qui les frappe, du fait notamment de l’exploitation de leurs ressources naturelles, dont elles ne sentent guère les retombées dans leurs conditions de vie. Bref, ce fut l’expression de frustrations longtemps retenues de la part de citoyens révoltés. Sur le plan géopolitique, les conséquences risquent donc d’être encore plus catastrophiques.
En effet, il n’est pas évident que les peuples de la CEDEAO vont adhérer à cette initiative pour de multiples raisons.
Déjà leurs ressortissants vivant au Niger se plaignent et alertent sur le fait qu’une guerre contre le Niger pourrait entraîner des conséquences fâcheuses dans leur cohabitation pacifique au sein de leur pays d’accueil. Leurs inquiétudes sont d’autant plus fondées que les pays occidentaux qui vont appuyer la CEDEAO ont déjà mis en place un dispositif pour rapatrier leurs ressortissants. Alors, ces chefs d’état, vont-ils laisser leurs propres compatriotes être des victimes innocentes en cas de conflit armé ?
Il y a un risque réel d’embrasement de cette région de l’Afrique déjà fortement éprouvée par la guerre larvée contre les “jihadistes”, dont le Niger est l’un des foyers les plus ardents.
L’absence de cohésion au sein des pays membres de la CEDEAO est un facteur aggravant des divisions qu’une éventuelle intervention militaire pourrait entraîner. En effet, des états comme le Cap-vert, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée ont déjà manifesté leur désaccord ou leur réticence à toute intervention militaire contre le Niger. Les trois derniers cités lui ont même exprimé leur solidarité agissante à travers un communiqué commun indiquant que «toute attaque contre le Niger serait considérée comme une déclaration de guerre contre eux». S’il est vrai que du point de vue des rapports des forces en présence leur menace n’a que peu d’incidence sur leur décision, en revanche au plan psychologique, elle devrait interpeller la conscience des dirigeants de la CEDEAO favorables à l’engagement militaire. Dans la foulée, ces trois pays précités sont même allés jusqu’à menacer de quitter la communauté et de former la leur éventuellement, avec toutes les conséquences que cela pourrait entraîner au plan politique, économique et financier, notamment avec le retrait éventuel du Mali et du Burkina de la zone franc.
Les partisans de la rupture des pays de la zone monétaire ouest africaine d’avec la tutelle française, trouveraient ici une bonne opportunité de relancer le débat sur la question
N’y a-t-il pas encore là un risque de dislocation de la communauté ?
Le Niger attaqué par ses voisins de la CEDEAO, avec le soutien logistique de l’occident, notamment celui de la France et des États-Unis, ne laisserait certainement pas la Russie indifférente de même que la Chine. Le groupe Wagner serait déjà signalé du côté du Mali voisin. Il y a donc là autant de risques d’une internationalisation du conflit et d’un embrasement de toute a zone du Sahel. Face à une telle situation, aucun des pays de la sous-région ne peut s’assurer d’avance qu’il en sortirait indemne.
Enfin, il est fort à craindre que si les mutins de Niamey devaient se rendre à la suite d’une défaite face à la CEDEAO et ses alliés, qu’ils envisagent le pire en faisant du Président Bazoum et de sa famille un bouclier humain, avec toutes les conséquences désastreuses que cela pourrait entraîner.
Prions pour que le Président Bazoum et à sa famille sortent indemnes de cette délicate situation. Des témoignages le présentent comme un homme d’Etat imbu de valeurs humanistes et profondément attaché à ses relations avec autrui.
Mais au-delà de toutes ces questions géostratégiques , il y a lieu de s’interroger sur la démarche de la CEDEAO qui n’anticipe guère sur les problèmes pouvant engendrer ces changements de régime non désirés au sein de la communauté.
En effet, on peut bien se demander où était la CEDEAO, lorsque certains États africains faisaient subir à leur peuple, des «coups d’Etat électoraux» ou violaient délibérément les dispositions de leur constitution.
Où était-elle lorsque des états refusaient impunément d’appliquer les décisions issues de ses instances ?
Hier encore, c’était le Mali. On avait constaté la fermeté agissante, pour dire le moins, avec laquelle la CEDEAO s’était acharnée sur le peuple malien, au point de lui imposer un embargo, comme pour lui faire payer son «outrecuidance» à vouloir se débarrasser de son ex-président (paix à son âme), à qui il était reproché de nombreux griefs liés à sa gouvernance.
Il y a donc lieu de s’interroger sur l’attitude de la CEDEAO, voire de la communauté internationale qui font du «deux poids deux mesures», par des positionnements largement déterminés par des facteurs aux antipodes des intérêts réels des peuples.
Cette démarche sélective se fonde plus sur les intérêts crypto-personnels de certains chefs d’Etat, sur les enjeux géostratégiques et économiques des occidentaux qui tirent visiblement les ficelles dans l’ombre.
Toutes choses étant égales par ailleurs, qui est-ce qui peut donc expliquer ce silence assourdissant de la CEDEAO, au vu de l’obsession du troisième mandat et les violations des droits humains les plus élémentaires qui se sont soldées par des morts ?
Au demeurant, comment ne pas déplorer l’attitude de certains médias occidentaux qui se distinguent par une indignation sélective, s’émouvant à peine de la mort par dizaines d’africains qui se battent pour la préservation de leur dignité et le triomphe de la démocratie. Aucune vie n’a plus de valeur qu’une autre. C’est le lieu de condamner sans ambages le manque d’équité dans le traitement de l’information et de respect en toutes circonstances, de l’égale dignité de tous les êtres humains
La sauvegarde des intérêts occidentaux semble guider dans bien des cas tous ces comportements qui n’honorent pas l’Afrique.
Peu importe le non-respect des règles de bonne gouvernance, dès lors que les intérêts des grands groupes occidentaux, des lobbies de toutes sortes sont préservés.
Peu importe la vie des africains face aux gros enjeux financiers menacés. A fortiori lorsqu’ils trouvent leur soubassement dans la cupidité de certains de nos dirigeants.
Loin de toute attitude fataliste, la situation actuelle nous impose donc aujourd’hui plus que jamais un sursaut d’orgueil, un réveil hardi de la conscience nationale voire africaine .
Abdoul Aziz TALL
Ancien ministre
par Bassirou Sakho
SADIO MANÉ ENTRE ACCUSATIONS DE RACISME ET INTERROGATIONS SUR LA COMMUNICATION DE SON ENTOURAGE
Il semble crucial que l'entourage de Sadio Mané adopte une approche objective pour évaluer les performances récentes du joueur. Le rôle des conseillers est également crucial en période de crise
La semaine dernière, lors de l'émission « After Foot » diffusée sur RMC, le conseiller de Sadio Mané a été interrogé au sujet du récent transfert du joueur du Bayern Munich vers un club en Arabie Saoudite. Bien que plusieurs raisons aient été évoquées pour justifier ce départ, une en particulier a retenu l'attention du public et des médias : la question du racisme.
Selon le conseiller, la couleur de peau de Sadio Mané aurait posé un problème à certains membres de l'équipe, notamment Leroy Sané, ainsi qu'aux dirigeants du Bayern de Munich. Il suggère que ces derniers, en réglant le salaire annuel de vingt-deux millions d'euros et d'autres avantages accordés à Mané, auraient eu des préjugés raciaux. Ces déclarations ont par la suite été relayées par le journal sportif Onze.
L'approche communicative adoptée par l'entourage du natif de Bambali suscite de nombreuses interrogations. Si les présomptions sont avérées, elles revêtent une gravité considérable. En réponse, le Bayern Munich a publié un communiqué sur son site officiel pour réfuter ces accusations.
Plusieurs observateurs du monde footballistique, dont moi-même, se sont posés des questions sur le contexte et le calendrier de ces révélations. Pourquoi ces déclarations interviennent-elles précisément après le départ de Mané de la Bavière ? De plus, suite à l'incident présumé avec Leroy Sané, pourquoi l'entourage de Mané est-il resté silencieux ? Son conseiller, ayant accès à divers moyens de communication (presse écrite, télévision, etc.), aurait pu exprimer et défendre le point de vue de Sadio Mané, à l'instar de nombreux agents et conseillers reconnus dans le milieu.
Ce mode opératoire, qui semble insinuer une forme de victimisation, n'est pas sans rappeler d'autres incidents. Lorsque les performances de Sadio Mané à Liverpool ont fléchi, des rumeurs ont circulé, insinuant que Salah et Klopp seraient racistes. Des allusions similaires ont également été évoquées lors de la victoire de Messi au Ballon d'or.
Il semble crucial que l'entourage de Sadio Mané adopte une approche objective pour évaluer les performances récentes du joueur. Le Bayern Munich, qui est actuellement la cible d'accusations, est le même club qui a proposé un contrat d'une ampleur exceptionnelle au double Ballon d'Or africain, une première pour un joueur africain en Allemagne. L'accueil chaleureux que le club a réservé à Mané lors de sa présentation officielle à l'Allianz Arena en atteste.
Il est compréhensible que le Bayern exprime des préoccupations lorsque les rendements d'un de ses joueurs les mieux rémunérés ne correspondent pas aux attentes établies. Remplacer un joueur du calibre de Lewandowski et marquer plus de 25 buts dans une saison est, certes, une tâche ardue. La blessure qu'a subie Mané la dernière saison pourrait expliquer certaines de ses performances en deçà des attentes, ce qui a probablement conduit à son statut de remplacement vers la fin du championnat.
Le rôle des conseillers est également crucial en période de crise. Il est étonnant de constater que l'entourage de Mané s'exprime principalement lors de la finalisation de contrats lucratifs, plutôt que dans les moments de défi et d'adversité. Il est impératif pour ces conseillers de comprendre qu'ils sont rémunérés pour un soutien continu, et pas uniquement lors des temps forts.
Bassirou Sakho est Conseiller sportif, Londres.
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
PROPOS SUR LE TERRORISME ET LES IDIOTS UTILES DE L’OPPRESSION
EXCLUSIF SENEPLUS - En érigeant le drame de Yarakh en équivalant des actions djihadistes ou terroristes, le pouvoir crée un contexte idéologique aux conséquences dramatiques pour les libertés publiques et le sort des militants et cadres du Pastef
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 10/08/2023
L’attaque tragique au cocktail Molotov d’un bus du réseau de transport AFTU (deux morts et cinq blessés), le mardi 1er août 2023, à Yarakh, quartier de la commune Hann-Bel Air de Dakar a donné l’occasion au ministre de l’Intérieur Félix Antoine Diome d’appliquer la règle qu’il s’est fixée. Il a outrepassé ses fonctions et tenu en haleine les médias par un discours ampoulé. Après le F. Antoine Diome médecin légiste à Ngor, à Yarakh il est Procureur de la République de Dakar. Les xamb lebous n’y sont pour rien, c’est son style, sa personnalité qui font qu’il s’est autoproclamé maître des poursuites de la région de Dakar, et a parlé « d’attentat terroriste » alors qu’il n’y avait pas encore eu d’enquête et par conséquent pas de résultats de celle-ci ! L’affirmation de F. Antoine Diome était une manœuvre de basse politique politicienne de plus, s’inscrivant dans la stratégie gouvernementale qui remontent à fin du premier semestre 2021 et qui vise à criminaliser les actes d’opposition.
Les lois scélérates du 25 juin 2021
De nouveaux dispositifs législatifs sur le terrorisme ont été adoptés le 25 juin 2021. Le président de la République avait convoqué l’Assemblée nationale, dix jours avant, pour discuter et adopter en procédure d’urgence deux projets de loi modifiant le Code pénal et le Code de procédure pénale qui constituent la base l’arsenal juridique sur le thème.
Ces lois définissent les « actes terroristes » comme ceux susceptibles de « troubler gravement l’ordre public », « l’association de malfaiteurs » et « les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication », etc. La peine encourue en cas de condamnation peut aller jusqu’à la prison à vie. Comme on peut le constater, cette définition vague et tautologique est la voie ouverte à la criminalisation des activités politiques, la liberté d’association et de réunion. Selon ces lois, le fait « d’inciter à la commission d’un acte terroriste » est une infraction pénale. Bien évidemment, les lois ni aucun autre texte ne viennent définir la notion « d’incitation ». C’est sur la base de ces lois scélérates qu’Outhmane Diagne et Kara Mbodj ont été privés de liberté pendant plusieurs pour émoticônes. Ces dispositions liberticides et antidémocratiques font des dirigeants d’associations, de syndicats ou de partis politiques pénalement responsables des « délits commis » par leurs organisations ! Les textes donnent à l’appareil sécuritaire le droit d’effectuer la surveillance d’un « suspect de terrorisme » sans demander l’autorisation d’un juge.
Des dispositions de la loi donnent une grande marge de manœuvre au pouvoir à travers le parquet de qualifier d’acte terroriste la participation à un mouvement insurrectionnel, la destruction de biens, les violences ou les agressions commises contre des personnes lors de rassemblements.
Du terrorisme et du terrorisme au Sénégal
Même s’il est en « isme » comme le libéralisme, le communisme, etc., le mot terrorisme n’est pas une idéologie. Nul, y compris ceux qui l’utilisent comme instrument politique, ne veut instaurer un ordre terroriste. Si l’on s’en tient à l’étymologie, le mot vient du latin classique terror qui veut dire effroi, épouvante. Le Robert 2011, dix ans après le début de « la guerre contre le terrorisme », le définit comme « l’emploi systématique de la violence pour atteindre un but politique. » En prenant en compte la longue histoire, on peut même dire que c’est une expression relativement nouvelle. C’est dans l’édition 1798 du dictionnaire de l’Académie française qu’on retrouve pour la première fois le mot. Il est aisé d’en déduire qu’il a un lien avec la Révolution française.
Pour s’en tenir aux faits, au constat de son acception médiatique, on peut définir le terrorisme comme un ensemble d’actions opérées par des organisations politiques, des groupuscules, des réseaux criminels en tant que moyens de perturber l’ordre politique établi ou d’asseoir une domination sur un territoire donné. Si l’on procède par cette approche, on peut affirmer que dans le passé notre pays a connu des actes terroristes. Au cours des trente dernières années, il y en a eu un certain nombre. En 1988-1989, des groupuscules issus de la jeunesse urbaine, dakaroise en particulier, avaient perpétré des attentats à la voiture piégée et essayée de s’attaquer au système d’approvisionnement en eau de la capitale. Ces groupes s’étaient formés à la suite de la victoire, usurpée à leurs yeux, du président Abdou Diouf à l’élection présidentielle de 1988. Le Mouvement démocratique des forces de Casamance (MFDC) au cours des années 1990 et 2000 en plus des actions de guérilla, a commis des attentats terroristes notamment au Cap Skirring en 1992, et contre des personnalités : un haut fonctionnaire à Oussouye, et dans le Bignona contre Omar Lamine Badji, président du Conseil régional de Ziguinchor au moment de son assassinat. L’attentat d’Oussouye avait été un traumatisme pour les populations, mais avait atteint également l’État. À la messe d’inhumation de ce haut fonctionnaire, il n’y avait aucun représentant de celui-ci.
L’armée de réserve de l’État policier et d’exception
Les affirmations à l’emporte-pièce du ministre de l’Intérieur ont précipité la sortie du bois de l’armée de réserve de la coalition des forces conservatrices, antipopulaires et soumises aux intérêts des puissances impérialistes et des multinationales. Celle qui contrôle le pouvoir et l’État. Par des raisonnements tortueux et des concessions ahurissantes à l’immoralité, leurs hérauts ont érigé le drame de Yarakh en équivalant des actions menées par les groupes insurgés djihadistes ou terroristes du Soum, du Liptako Gourma ou du Macina. Le procédé pour méprisable qu’il est ne peut être ignoré. Il crée un contexte idéologique aux conséquences dramatiques pour les libertés publiques et le sort des centaines de militants et cadres du Pastef. Il permet également de remettre en cause le suffrage universel, en privant les citoyens des édiles qu’ils se sont librement choisis. Ces derniers jours, les maires Maïmouna Diéye, Djamil Sané ont été embastillés sur les chefs d’inculpation « d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, organisation d’un mouvement insurrectionnel, actes ou manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à causer des troubles politiques graves, provocation directe d’un attroupement armé ». Tous ceux qui sont impliqués dans ces procédures savent, pour parler comme l’autre, que « jusqu’à l’extinction du soleil » aucune preuve ne sera apportée pour étayer ces lourdes charges. Rien ne sera fait pour cela, le but étant atteint avec la mise hors de leurs mairies de ces élus.
Que Macky Sall et son appareil répressif se le tiennent pour dit : les arguties juridiques et les manipulations subséquentes des institutions n’y pourront rien. Il trouvera sur son chemin des militants armés de l’éthique de conviction qui s’approprient les mots du philosophe et poète américain Henry David Thoreau (1817-1862) : « nous sommes des hommes avant d’être des sujets ».