SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
29 novembre 2024
Opinions
par Diatou Sow Diop
MAITRE DIAGNE, NOUS IRONS TOUS AU PARADIS, MAIS LES COMPLOTEURS PRENDRONT LE CHEMIN DES ENFERS
Ourdir un plan sordide et manier ensuite la langue fourche pour empêcher Sonko d’accomplir son destin est un acte purement désespéré. vos boules puantes sonnent faux et votre médiocre explication de texte est un aveu de votre culpabilité
Tout comme les corbeaux sortent des ténèbres, la sortie de Maître Dior Diagne nous montre la détermination des conspirateurs à nuire aux honnêtes gens.
La tristement célèbre épouse du ministre de l’intérieur, Antoine Diom, qui n’a pas hésité à envoyer ses snipers tirer sur la foule et massacrer des jeunes sénégalais, lors des manifestations de mars 2021, est finalement sortie de sa torpeur…
Madame Dior Diagne, régulièrement citée comme ayant pris une part active dans le complot visant à nuire et à éliminer Ousmane Sonko a pris sa plume noire pour invoquer le messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui). Seulement, madame Diagne, sait-t-elle que l’élu nous a aussi enseignés que « la manœuvre perfide n’enveloppe que ses propres auteurs » ?!
Cette affirmation coranique nous renvoie à une vérité qu’il serait utile de rappeler à l’avocate conspiratrice : ceux qui soufflent le mal et complotent le mal ne feront du tort qu’à eux-mêmes. Et leurs actes reviendront les hanter d’une manière qu’ils n’oseraient pas imaginer. Sachez-le madame, pour les comploteurs, le chemin des enfers s’ouvrira bien assez tôt.
Ourdir un plan sordide par la ruse et la dissimulation, et manier ensuite la langue fourche pour empêcher Ousmane Sonko d’accomplir son destin est un acte purement désespéré. Madame, vos boules puantes sonnent faux et votre médiocre explication de texte est un aveu de votre culpabilité. La sérénité d’Ousmane Sonko vous a donc si heurtée que vous n’avez pas pu vous empêcher de vous mettre à découvert !
Quiconque a lu votre diatribe mal ficelée a pu facilement comprendre toute l’étendue de la haine que vous portez à l’endroit d’Ousmane Sonko et de ce qu’il symbolise : un Sénégal libéré des prédateurs comme vous et vos semblables. Un Sénégal libéré des criminels qui écrasent les honnêtes gens et renforcent les cercles de pouvoirs corrompus.
Madame, il y a des avocats qui consacrent leur vie à combattre l’injustice et faire avancer l’État de droit. Dans de nombreux pays traversés par des tensions sociales et politiques, les avocats rejoignent la lutte des peuples et œuvrent pour le respect des droits humains. Ce fut le cas notamment en Tunisie avec le quartette du dialogue national tunisien. Nous pouvons aussi citer George Bizos qui a permis à Nelson Mandela d’échapper à la peine de mort, ou encore Gisele Halimi, qui a fait de la défense des militants de l’indépendance de l’Algérie le combat de sa vie.
Quant à vous, madame, votre engagement est bien loin de tout cela, nous le savons bien. Il est de pacotille et il s’est habitué aux dorures du palais. Vous imaginez donc notre pitié pour vous ! Les Sénégalais ont bien compris que s’il vous fallait marcher sur leurs cadavres pour assurer la survie de votre clan, vous n’hésiteriez pas... Pour preuve, vous avez consacré votre temps à comploter pour nuire à un adversaire politique du régime despotique qui a promu votre époux.
À présent, madame, retournez donc vous terrer dans les méandres de l’État criminel qui protège votre époux, dont la main est tachée de sang. Les Sénégalais savent très bien que son avancement politique et social est dû à un talent inné pour la violation des lois et un talent assumé pour faire des courbettes à Macky Sall, en œuvrant pour l’élimination de ses adversaires politiques.
Diatou Sow Diop est cadre de Pastef.
PAR Saxewar Diagne
“SONKO EST OUT”
EXCLUSIF SENEPLUS – La phase finale de la mise en œuvre du plan retors et papelard d’élimination de la présidentielle de 2024 du leader de Pastef est enclenchée. L’épilogue du ”mortal kombat” bientôt écrit sous nos yeux
Se référant à la présidentielle de 2024, il lance, sans vouloir s’attarder plus longtemps sur la question : “Sonko est out“. Dans de nombreux salons dakarois, de telles prédictions sont prononcées au quotidien. Mais celle-ci est différente. Ce n’est pas un spéculateur qui anticipe, ce n’est pas un analyste qui conclue, ce n’est pas non plus l’inconditionnel militant de l’APR qui exprime son désir. “Sonko est out“, c’est l’un des responsables au plus haut niveau de l’État qui l’affirme en toute confidence à l’un de ses amis politiques. Et quelques jours plus tard, il le répète à nouveau : “il est out et toutes les mesures de contrôle des effets de débordement sont prises“. En fait, ce leader de l’APR, responsable au plus haut niveau, ne fait que confirmer ce qui se dessine sous nos yeux depuis le 8 mars 2021, cinq jours après le déclenchement des émeutes sanglantes.
Le scénario est écrit. Les dernières pages laissent entrevoir un épilogue qui pourrait être sanglant mais pour les tenants du pouvoir, cela semble en valoir la chandelle parce que la mainmise sur un “État“ ne se lâche pas dans la facilité, la paix et l’harmonie. Le titre du synopsis en dit suffisamment long : “Un mortal kombat“.
Encore une fois, l’histoire se répète au moins deux fois sinon plus. “La première fois comme une grande tragédie, la seconde fois comme une farce sordide“. La première fois, c’est l’élimination de Khalifa Sall de la course présidentielle de 2019, la seconde fois ce sera celle d’Ousmane Sonko en 2024. La binarité tragi-comique peut apparaître dans l’ordre inverse de celui proposé par Marx. La farce sordide, c’est celle de 2019 mais sa duplication historique pour 2024 pourrait être la grande tragédie.
Oui, depuis le 8 mars 2021, en réponse à l’annonce d’un “mortal kombat“ d’Ousmane Sonko, Macky Sall, de son côté, a commencé à se préparer minutieusement. Pour lui également, la réponse doit être absolue et définitive. Sa perspective à lui également est celle d’un “mortal kombat“.
Du 3 au 8 mars 2021, la rue, les jeunes en particulier, font chanceler son pouvoir de président de la République qu’il pensait peut-être inébranlable. Et là s’enclenche l’élaboration d’un plan retors et papelard de mise à l’écart de la course à la présidentielle de celui qui non seulement est, de toute évidence, l’un des hommes politiques les plus populaires du pays, mais qui en plus bénéficie d’un contrôle réel et effectif sur la rue, jamais vu au Sénégal, pas même à l’époque où le pape du Sopi, au zénith de sa popularité, était tout feu tout flamme.
Une présidentielle ouverte avec Khalifa Sall, Amadou Ba, Mimi Touré, Thierno Alassane Sall, Malick Gakou, Birame Souleye Diop ou Bassirou Diomaye Faye ou tout autre candidat de Pastef, et peu probablement Karim Wade et Idrissa Seck, organisée par un président sortant, cela aura de quoi redorer fortement le blason d’un homme dont l’impopularité semble s’accroitre au fil des jours. Comme Senghor, Diouf et Wade, il pourra quitter ses fonctions dans la dignité et peut-être même une certaine admiration à l’extérieur du pays. Pourrait même s’ouvrir à lui une nouvelle carrière dans la diplomatie internationale.
A moins que trop de sang dans le “mortal kombat“ n’ait été versé pour en arriver là…
Pourquoi ne pas attribuer la prochaine Coupe d'Afrique des Nations conjointement à l'Algérie et au Maroc ? Ainsi, au moins, ces deux pays se rappelleront qu'ils sont frères et, peut-être, apprendront-ils à vivre ensemble…
Privés d’une autorisation pour franchir l’espace aérien de l’Algérie, pays-hôte, les footballeurs du Maroc se trouvent, de fait, exclus de la septième édition du Championnat d’Afrique des nations (le Chan). Comment comprendre que le contentieux entre les deux pays, à propos du Sahara occidental, puisse faire, encore aujourd’hui, de tels dommages collatéraux ?
Bien que le Chan ne soit pas une compétition majeure, cet incident revêt une dimension continentale, comme tant d’autres problèmes mal résolus, dont les conséquences finissent, tôt ou tard, par rattraper l’Afrique. Ce qui est en cause ici, c’est, en l’occurrence, une fâcheuse propension des dirigeants africains à croire qu’il suffit d’ignorer les problèmes, pour qu’ils cessent d’exister.
C’est début novembre 1975, que l’Afrique découvre l’existence de ce qui se dénommait encore Sahara espagnol. Pendant qu’à Madrid, le général Franco poursuivait sa longue agonie, dans un contexte de transmission des prérogatives de chef d’État à Juan Carlos, le roi Hassan II mobilisait quelque 350 000 Marocains dans la « Marche verte », pour ce qu’il estimait faire partie intégrante du Sahara marocain. Franco meurt deux semaines plus tard et l’Espagne, sur la pointe des pieds, s’esquive, sans même accorder un semblant d’indépendance à ce territoire, alors ballotté dans une espèce de triangle d’incertitudes.
Les indépendantistes du Front Polisario, notamment avec le soutien de l’Algérie, se retrouvent en guerre contre le Maroc et la Mauritanie. Certes, beaucoup s’abritaient alors derrière le sacro-saint droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mais, d’aucuns soupçonnaient Alger – qui n’avait de façade maritime que sur la Méditerranée – de vouloir, avec un Sahara occidental contrôlé par ses amis du Polisario, un débouché stratégique sur l’océan Atlantique.
Le mauvais procès fait à la cause féministe, proviendrait alors de l’interprétation arbitraire faite par des hommes de certains textes religieux, et d’un legs colonial inadapté à nos réalités culturelles
WanaData |
Assiétou Penda Diop K. |
Publication 21/01/2023
« Je suis féministe » Aussi longtemps que je me souvienne, cette assertion a revêtu une connotation péjorative, pas seulement au Sénégal, mais dans le monde entier. Être féministe, est assimilé à une revendication insensée menée par des femmes pour la plupart jugées acariâtres, hystériques et « anticonformistes », dans le but d’acquérir des droits longtemps bafoués et/ou profondément annihilés par une solide puissance masculine dominatrice ne souffrant d’aucune équivoque. Être féministe dans mon pays c’est revêtir la toge d’un avocat du diable. Bien entendu, la métaphore n’est pas difficile à saisir : le diable est la femme, le sexe faible comme la société a choisi, sans grand effort, de la caractériser. Aujourd’hui encore, les sénégalais aiment comparer les féministes à des personnes frustrées, n’ayant ni la délicatesse, ni le tact requis pour séduire et retenir un homme dans le but strict et « glorieux » du mariage. Dans l’imaginaire commun des sénégalais, les féministes sont donc cette élite de « vieilles filles », célibataires, qui ont pour la plupart une très bonne condition sociale et qui refusent, (pour une raison évidente qu’est le déni de la subordination légendaire que chaque individu de sexe féminin doit vouer à un homme) de se « conformer » à la norme sociétale. En réalité, revendiquer les droits des femmes et réclamer une égalité parfaite entre les genres humains ne sauraient être le fondement du féminisme, selon eux, il y a sans nul doute une influence occidentale accrue qui chercherait à « pervertir » la société sénégalaise en bouleversant les « us et coutumes de nos ancêtres » bien ancrées dans les « entrailles du patriarcat ».
« Nous ne sommes pas des occidentaux »est certainement la phrase la plus courante qu’un homme ou une femme sénégalaise, sort lors d’une polémique sur la pensée féministe.
Beaucoup de femmes ignorent que des acquis politiques et administratifs (droit de vote, droit de déclarer son enfant né hors mariage, droit d’aller à l’école, droit de s’autodéterminer pour le mariage civil, loi sur la parité, criminalisation du viol …) qui leur semblent aujourd’hui naturels, sont le fruit de longues luttes menées par des féministes noires africaines, souvent au prix du sang. Et au-delà de la revendication exclusive des droits des femmes, ces dernières ont brillamment pris part à des évènements majeurs en y apportant un appui considérable ; on peut citer à cet effet la lutte pour les indépendances, la grève des cheminots de 1947 etc.
On fait souvent recours à la tradition pour demander aux femmes « de rester à leur place ». Le présent a la mémoire courte car notre histoire nous apprend à quel point la tradition accordait une place d’égale dignité aux hommes et aux femmes. Dans la société lébou les « ndey ji rew », figures féminines, dirigeaient l’organe de décision et régulaient la communauté afin d’y maintenir l’ordre. Aussi, la société wolof fut foncièrement matriarcale avec la transmission, par le biais de la mère de l’héritage familial, autant par le nom que par les biens matériels. Nous magnifions aujourd’hui encore la légendaire bravoure des femmes de Nder. C’est certainement grâce à cette « légitimité sociétale » des femmes, que la Reine du Walo Ndatté Yalla MBODJ en 1855 a pu mener la première résistance face aux colonisateurs français. La prégnance de sa lutte trouve un écho dans le sud du pays avec Aline Sitoe Diatta qui s’opposa fermement à l’invasion étrangère, jusqu’à notre histoire politique contemporaine avec Soukeyna Konaré connue pour ses passes d’armes avec Lamine Gueye, tout puissant premier président de l’assemblée nationale sénégalaise. Ces éléments factuels démontrent l’importante place accordée à la femme dans la société sénégalaise d’antan mais sont surtout la preuve que les femmes ont toujours semé des germes de changement solides.
C’est fort de cet héritage socio historique, que plusieurs mouvements féministes et organisations féminines ont fait leur apparition vers les années 70 et 80 (l’Association des juristes sénégalaises (AJS) (1974),la Fédération des associations féminines du Sénégal (FAFS) (1977), l’Association des femmes pour la recherche et le développement (AFARD) (1977), le mouvement Yewu Yewi (1984) etc). Grace à ce bouillonnement associatif et intellectuel, le Sénégal procèdera à la ratification de l’ensemble des Conventions relatives aux droits des femmes et jettera les bases politiques et juridiques pour l’égalité femme-homme (SNEEG). Force est donc de reconnaitre que les transformations sociales et politiques apparues au Sénégal, impulsées par les combats féministes, ont permis une meilleure représentation des femmes dans les institutions dirigeantes, l’intégration du genre dans les politiques de développement, et la mise en place de mécanismes de promotion féminine.
Cependant, malgré ces avancées considérables sur le plan institutionnel, l’absence d’une rupture dans la question de la subordination dans les rapports de genre est palpable. La marginalisation des femmes demeure un fait social indéniable. Ce hiatus entre une base culturelle favorable à la femme et une réalité contemporaine qui l’oppresse s’expliquerait par quelques tournants historiques marquants qui ont quelque peu « déstructuré » le système social sénégalais. Il s’agit de l’arrivée de religions étrangères et de la colonisation française. En effet, le leadership reconnu aux figures féminines citées plus haut (Ndatté Yalla, Aline Sitoé Diatta…) ainsi que la pratique du matriarcat dans la société wolof, s’effriteront au contact de ces apports culturels et cultuels venus de l’extérieur. Le mauvais procès fait à la cause féministe, proviendrait alors de l’interprétation arbitraire faite par des hommes de certains textes religieux, et d’un legs colonial inadapté à nos réalités culturelles.
… La transposition de modèles culturels prônant l’exclusion des femmes du système politique et donc de la sphère décisionnelle, ainsi que la négation de l’accès à la terre opposée à ces dernières (Loi salique XIVe siècle) (F.S.SARR — 2018), dilueront le « pouvoir » des femmes. Cet état de fait se poursuivra jusqu’après les indépendances et s’insurgera dans l’espace socio culturel. Les femmes sont de plus en plus confrontées à des obstacles d’ordre structurel causés par des lois et des institutions discriminatoires (code de la famille-1972) qui réduisent leurs possibilités d’entrer pleinement dans l’exercice de leurs droits humains. A titre illustratif, plusieurs dispositions du code de la famille qui confèrent un total pouvoir à l’homme au sein du foyer au détriment de la femme, sont aujourd’hui encore sujets à une forte polémique (voir référence en bas de page). À noter que ces dispositions ne tiennent pas seulement compte de l’univers socio culturel sénégalais, mais sont fortement inspirées de références juridiques occidentales et arabo musulmanes qui, loin de s’opposer totalement à notre réalité coutumière, s’insurgent pour la plupart, contre une bonne partie de nos valeurs et pratiques socio culturelles habituelles.
L’arrivée de religions étrangères bouleverse le cadre socio culturel sénégalais. En effet, l’interprétation faite des textes religieux, prône une classification sociale foncièrement orientée vers le patriarcat. À croire que « la réaction est humaine de se donner une large portion quand on partage le gâteau », c’est sans grande surprise que les hommes ont conféré aux hommes les pleins pouvoirs sur le plan politique, social, financier, en « s’appuyant », selon eux, «sur des recommandations religieuses». Une multitude de règles restrictives à l’égard de la liberté d’expression, de l’exercice du pouvoir, de la participation à la vie politique, est désormais appliquée aux femmes, « au nom de la religion ». Elles se voient ainsi retirer des espaces de décision communautaires et familiaux. L’imaginaire sénégalais voudrait donc que les femmes soient dûment habilitées à se conformer à une interprétation plus ou moins « erronée » de nos références religieuses. Cette posture devant implicitement impliquer une annihilation d’un mouvement revendicatif de droits des femmes et donc d’une pensée féministe. Le contexte socio historico politique est une preuve concrète du retrait des femmes de l’espace politique, du refus opposé à leur désir de parole.
Le Pr Saliou NGOM révèle à cet effet, que la plupart des recherches faites sur la participation politique des femmes distinguent une période d’exclusion symbolisée par l’absence des femmes dans les instances de décisions dans les années 70 et une période d’inclusion impulsée par les mouvements féministes et les politiques d’empowerment.
« Au nom de la religion », qu’elles se taisent, et qu’elles n’aient droit à la parole que lorsque qu’elles y sont autorisées!
Plusieurs chercheurs dont Zahra Ali, s’interrogent. Cette dernière dans son ouvrage intitulé « Je suis musulmane et féministe, ne soyez pas surpris ! » pose cette problématique : « En tant que musulmane pratiquante et féministe convaincue, j’aimerais que tous ceux qui nient la possibilité de mon existence commencent tout d’abord par se demander pourquoi penser que « l’islam est une religion patriarcale » leur paraît si évident ? D’où leur vient cette certitude selon laquelle l’islam — plus que toute autre religion — serait par définition inégalitaire et oppressif à l’égard des femmes ? »
Tant de questions qui méritent des réponses plausibles, concrètes et réalistes dans une société comme la nôtre qui continue d’alimenter une polémique anti féministe mue par une ignorance totale des fondements de la dite pensée.
En réalité le féminisme est, et demeurera une lutte acharnée d’une poignée de femmes et d’un soupçon d’hommes pour l’atteinte d’abord : des droits humains des femmes, de leur dignité humaine, de leurs libertés individuelles, du respect de leur condition de femme avec tout ce que cela comporte comme singularité caractérielle, particularité et spécificité des besoins. Le féminisme représente aussi, ce mouvement féminin, capable de mettre à nu les failles d’une communauté humaine, qui en lieu et place d’une promotion de l’équité et de l’égalité des genres, creuse les écarts entre ces derniers en magnifiant des pratiques juridico institutionnelles néfastes, en s’auto glorifiant d’un patriarcat funeste, au détriment d’une égale dignité entre les femmes et les hommes.
Aujourd’hui, après plusieurs siècles de combats, avec en poche la consécration de l’égalité des droits entre les sexes en politique et dans la vie publique par l’article 7 de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de 1979, les inégalités salariales persistent, la non effectivité ou l’application partielle de plusieurs acquis juridiques (droit à l’avortement, criminalisation du viol, parité etc) sont encore d’actualité et la démocratie telle que pratiquée au Sénégal et le système politique en général, sont de loin favorables à l’exercice des droits des femmes. Les écarts entre les genres sont davantage creusés par des pratiques institutionnelles, auxquelles s’ajoutent des facteurs socio-culturels qui ne favorisent pas la représentation des femmes dans les hautes instances. L’engagement politique des femmes a toujours été prégnant, mais tarde toujours à se traduire par une occupation réelle de postes politiques.
« On ne nait pas femme, on le devient » disait Simone De Beauvoir en faisant référence au processus de structuration des rôles et rapports de genre dans les sociétés. Cette assertion trouve un sens profond dans la modélisation des rôles au Sénégal où la « coutume » voudrait qu’on naisse fille, qu’on grandisse prédisposée à être une femme mariée, qu’on vive une vie d’épouse modèle et qu’on meurt mère. Aucune marge n’est laissée à la possibilité de faire éclore un potentiel leadership féminin propice au développement économique, à la réinvention des savoirs. Au contraire, l’exercice d’acquisitions de savoir-faire, de savoir être, de comportements, d’habitus, tourne autour d’une volonté marquée de façonner « une femme vertueuse » exempte de tout désir allant à l’encontre de la recherche d’« un bon mari » capable de subvenir à ses besoins, à qui elle vouera sa vie terrestre et duquel dépend son « bonheur dans l’autre monde ».
Cette « règle sociale » doit cesser à tout prix. Nous ne devons plus souscrire à une annihilation des droits de la plus grande moitié de la population humaine. Et parce qu’ « en tant que femme, nous devons montrer notre taux d’utilité nationale», j’emprunte l’expression à Mme Nafissatou Wade, je reste formellement persuadée que les luttes féministes ont leur place dans la marche continue de notre pays. Il est temps de mettre fin à des siècles de perpétuation de pratiques discriminatoires, de violences physiques, morales et psychologiques basées sur le genre, d’inégalités sociales grevant l’économie.
Ceci passe par une réappropriation de nos valeurs culturelles pré coloniales, par la revivification de « notre histoire », l’histoire de l’Afrique, du Sénégal, racontée par nous-mêmes, par nos voix autorisées, par nos écrits consacrés (aussi peut soit il).
En réalité, l’histoire, en tout cas la bonne version, est indispensable dans la lutte contre les discriminations faites aux femmes et aux filles au Sénégal. Elle est importante en cela qu’elle reste le seul moyen d’édifier le peuple sur la véritable structure de son système social. En effet, l’occident n’a rien à nous apprendre et nous « n’avons personne à rattraper » en termes de leadership social inclusif et représentatif. Avec le matriarcat longtemps appliqué par la société wolof, avec l’existence des ndey ji rew, le rôle légendaire qu’ont joué nos reines et résistantes d’avant l’avènement des colons, nous avons toujours eu des femmes et des hommes valeureux. Notre histoire, qui débute bien avant l’avènement des religions venues d’ailleurs, nous prouve à plus d’un titre que notre système social était loin d’être inégalitaire.
Ce qui nous amène à dire que le fondement de la pensée féministe des africaines de l’Ouest et particulièrement des sénégalaises ne devraient pas se focaliser sur une acquisition de droits mais plutôt une réappropriation de ceux-ci.
Loin de moi l’idée de « diviser » les féministes et féminismes, mais il se trouve que chaque lutte détient intrinsèquement une origine légitime, un fondement historique. Ceux du féminisme ouest africain devraient résider dans le rétablissement du statut des femmes lors de la période précoloniale, la réappropriation des droits jadis détenus par celles-ci, leur réinsertion dans le système politique, avec comme seule référence, le système socio culturel sénégalais voire africain. Ce féminisme se veut revendicatif des droits des femmes sans aller à l’encontre du culte religieux, sans « déshabiller » les femmes, sans leur ôter les multiples fonctions sociales que la tradition Africaine — Sénégalaise leur assigne, tout en leur reconnaissant une réelle capacité à formuler une pensée, une pensée libre, déconstructrice de préjugés inégalitaires et constructive d’un monde meilleur. Ce féminisme s’identifie partiellement à Simone de Beauvoir — il magnifie sa bravoure, son innovation, il loue la noblesse de son combat mais réfute l’appel à la « dépravation » ainsi que le rejet de l’institution qu’est le mariage. Il en est de même pour la forme de revendication des Femens qui ne saurait être conforme aux valeurs traditionnelles africaines.
Des féminismes, il en existe ! Leurs formes de revendications peuvent diverger ainsi que les fondements théoriques, mais le socle de la dite pensée reste le même, celui de l’établissement d’une société où les femmes et les hommes sont égaux devant les institutions, la grille rémunératrice, la structure juridique, « l’œil socio communautaire ».
25 ans après Beijing 95, des disparités existent toujours au sein de nos communautés. Des avancées sont certes notées mais il persiste un large éventail de gaps à résorber.
Cependant, une nouvelle génération de féministes est née. Une génération qui s’attèle à l’écriture, à la pensée, aux actions et au changement ! Une génération qui s’identifie à une référence féminine africaine, noire, contemporaine, qui s’inspire de Mariama Bâ, Anette Mbaye Derneville, Ndeye Arame Diene, Marie Angélique Savané, Ndioro Ndiaye, Chimamanda Ngozie Adiche etc. Une brand new generation of feminists qui a compris qu’il est possible d’allier ses convictions religieuses avec celles politiques, qui n’hésitent pas à interroger les textes religieux, l’histoire, la realpolitik afin de souscrire à l’exercice de restructuration des sociétés africaines modernes, afin que les générations futures ne souffrent d’aucune discrimination et que l’égalité prime sur tout.
Par Marie-Pierre Rokhayatou Sarr
LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Je vous invite à apprendre de l’histoire qui n’est malheureusement qu’un éternel recommencement. Ne vous laissez pas tromper par les illusions d’optique, un leurre politique déjà vu avec vos prédécesseurs
La situation politique actuelle est très tendue. Notre cher pays est encore à la croisée des chemins. J’ai appris qu’un de vos proches, Moustapha Kane, votre ancien Chef de Cabinet, Président du Conseil de surveillance de l’Asepex, a préféré démissionner de ce poste, démission qui ne peut, j’en suis sûre, vous laisser indifférent. Il justifie son acte «pour être logique dans sa démarche qui consiste à montrer sa désapprobation à votre troisième candidature en 2024».
S’en est suivie celle du Coordonnateur de votre parti au Canada, pour vous manifester lui aussi, dans une lettre ouverte, son opposition à votre éventuelle troisième candidature.
M. le président, vous êtes attendu principalement sur cette question qui est d’ailleurs sur toutes les lèvres, elle est, en effet, au centre de toutes les attentions de nos concitoyens. L’article 27 de la Constitution est pourtant sans équivoque, ses deux alinéas sont bien dissociables. L’alinéa 1er traite de la durée du mandat qui est fixée à cinq ans. Quant à l’alinéa 2 qui fixe le nombre autorisé de mandats, il dispose : «Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs». Cet alinéa a ainsi levé toute équivoque sur le sens des mots utilisés. C’est clair comme l’eau de Roche, on ne peut y perdre son latin, c’est écrit dans un français limpide. Tout le monde est en mesure de comprendre la phrase, on n’a même pas besoin d’être juriste. Un mandat qu’il soit de 7, 5 ou 3 ans est un mandat. Peu importe la durée du mandat qui n’a rien à voir avec le nombre. Les deux alinéas les distinguent bien, l’interprétation n’est donc pas nécessaire. Et puis, vous en êtes le premier interprète, le concepteur. L’obstacle juridique de la troisième candidature est donc bien là. Vous êtes en effet en train d’exercer votre second et dernier mandat, Mr le Président.
Votre prédécesseur a été élu en 2000 sur la Constitution du 7 mars 1963 qui avait supprimé en 1998 la limitation du nombre de mandats présidentiels, contrairement à vous qui avez été élu en 2012 avec la Constitution de 2001 votée par référendum (loi n°2001- 03 du 22 janvier 2001 portant Constitution modifiée (jors n° spécial 5963 du 22 janvier 2001, p.27). Cette Constitution de 2001 avait d’ailleurs déjà verrouillé la limitation des mandats à deux. Il disposait : «…Le mandat est renouvelable une seule fois».
Vous avez toutefois souhaité fortifier la limitation des mandats avec le référendum de 2016 (article 1er loi constitutionnelle n° 2016-10 du 5 avril 2016 portant révision de la Constitution, jors n° spécial 6926 du 7 avril 2016, p.505, article modifiant et remplaçant l’article 27) et c’est tout à votre honneur. La clause d’éternité est même venue pérenniser cette limitation.
Aucune dérogation n’est possible au principe d’interdiction absolue posée par l’alinéa 2, une disposition transitoire pour éviter toute ambiguïté n’est pas prévue. Elle pouvait être rédigée par exemple de la façon suivante : «L’alinéa 2 de l’article 27 ne s’applique pas au premier mandat de 7 ans», ce qui n’est pas le cas.
Il vous appartient donc de respecter notre charte fondamentale, comme mentionné dans l'article 37 de la Constitution qui dispose : «Le Président de la République est installé dans ses fonctions après avoir prêté serment devant le Conseil constitutionnel. Le serment est prêté dans les termes suivants :
Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure…d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution…».
Vous allez exercer finalement le pouvoir pendant 12 ans. Ce qui est assez suffisant pour éviter l’usure du pouvoir.
Une élection présidentielle étant cruciale, vous pouvez présenter un candidat en 2024. Comme l’a si bien dit mon ami le professeur El Hadj Mbodj, lors de l’émission « Face à la Nation » en date du 2 octobre 2022 , en réponse aux questions du journaliste Khalil Guéye (vidéo à la 29ème mn 14 secondes) : «est-ce qu’aujourd’hui si le président de la République du Sénégal décidait de mettre fin à tous ces bruits sur le troisième mandat et ne se présentait pas, est- ce qu’il peut revenir au pouvoir à travers le scénario Medvedev-Poutine… ? Est-ce que le Sénégal est préparé à ça ?»
Sa réponse sans équivoque est la suivante : «on se réfère aux textes et les textes prévoient cette situation. On dit que nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Cela veut dire après deux mandats, faut prendre une pause et c’est tout à fait possible de revenir et faire deux autres mandats… ».
J’ai lu, par ailleurs, le livre du journaliste Vincent Hugeux «Reines d’Afrique» paru en 2016, un chapitre intitulé La Mackysarde de Dakar, est consacré à votre épouse. J’y ai apprécié sa sagesse et sa lucidité, lorsqu’elle dit à la p.175 : «Notre séjour ici aura une fin… car je garde à l’esprit qu’il y aura bien demain un après pouvoir». Elle poursuit et c’est à souligner : «Macky Sall fera deux mandats». Mais l’auteur ajoute : «Reste à savoir si la louable injonction survivra durablement aux poisons du palais et à ses vanités».
Quant au vaudeville politico-judiciaire, je partage tout à fait le point de vue de Mme Penda Mbow, votre représentante personnelle à la Francophonie, qui estime que « pour la première fois dans l’histoire politique du pays, une jeune femme est devenue un instrument manipulé entre les mains d’hommes politiques, transformé en tant qu’objet pour des objectifs purement politiques. Ce qui constitue en effet la plus grave forme de violence exercée sur une femme ». C’est aussi mon intime conviction. Des témoignages parus dans la presse ont aussi retenu mon attention : celui du gynécologue qui a établi le certificat médical (une preuve scientifique) écartant l’existence de tout rapport sexuel dans la période incriminée, attestant donc le non viol, du gendarme qui a conduit l’enquête préliminaire, du rapport interne de la gendarmerie, de la deuxième masseuse, puisqu’elles étaient deux à pratiquer le massage, de la propriétaire du salon de massage, de son mari, de l’ancienne patronne de la jeune femme. Ils disent pratiquement tous qu’ils craignent à présent pour leur vie, ce qui est bien inquiétant. J’ai également écouté mmm sur les réseaux sociaux les audios du marabout de la plaignante.
En revanche, je relève l’absence de preuve pouvant accabler l’accusé et que le juge d’instruction, n’a pas, à ma connaissance, entendu toutes les personnes impliquées pourtant, dans ce prétendu viol, qui a entraîné malheureusement des conséquences dramatiques. Je vous invite, M. le président, à apprendre de l’histoire qui n’est malheureusement qu’un éternel recommencement. Ne vous laissez pas tromper par les illusions d’optique, un leurre politique déjà vu avec vos prédécesseurs.
Mon souhait est de vous voir achever tranquillement votre second et dernier mandat et vous retrouvez, pourquoi pas, dans une organisation internationale. Seul le pouvoir de Dieu est éternel. Je ne vous souhaite pas de sortir par la petite porte, d’autant que notre brave peuple vous a tout donné et mérite une transmission pacifique du pouvoir en 2024.
Comme votre parti s’appelle l’Alliance pour la République, il vous serait facile de prouver, j’ose l’espérer, que vous êtes un républicain dans l’âme.
Mme Marie-Pierre Rokhayatou Sarr est docteur d’état en droit maître de conférences à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar à la retraite une citoyenne qui, toute sa vie, a lutté contre l’injustice et pour le respect de la légalité.
PAR Nioxor Tine
SIKILO, SAKAL, MARQUEURS SANGLANTS DE MAL-GOUVERNANCE
Le conseil interministériel, pour avoir occulté les causes profondes de la crise du secteur du transport, n’a fait qu’enfoncer des portes ouvertes. Plusieurs mesures constituent des redondances et des redites
Il est difficile d’admettre que la série noire d’accidents de la circulation, que nous vivons dans notre pays, depuis plusieurs années et qui a connu une exacerbation ce mois de janvier, soit uniquement le fait d’apprentis désinvoltes, de chauffeurs sous-payés et de transporteurs cupides. Elle est plutôt un exemple supplémentaire des nombreux dysfonctionnements dans la conception et la mise en œuvre par nos décideurs gouvernementaux de politiques publiques dans divers secteurs comme la Santé, l’Éducation, l’assainissement, le secteur primaire ...
Précipitation et amateurisme
C’est bien pourquoi, il est illusoire de croire que le conseil interministériel précipité du 9 janvier dernier puisse épuiser la problématique de la sécurité routière dans notre pays. Bien au contraire, les mesures, qui y ont été annoncées, deux jours seulement après le terrible accident de Sikilo, outre qu’elles sentent le réchauffé, sont assez édifiantes sur l’amateurisme d’un gouvernement qui a toujours privilégié les effets d’annonce spectaculaires à une analyse concrète et approfondie de la situation pour pouvoir déboucher sur des solutions durables et structurelles.
Il faut certes, reconnaître les efforts sur le plan des infrastructures routières, qui remontent à 1990, année au cours de laquelle fut adoptée la première lettre de politique sectorielle des transports, qui va déboucher sur le programme d’ajustement sectoriel des transports (PAST), suivi par le projet sectoriel des transports (PST2), entré en vigueur en 2000. Ce dernier va mettre en œuvre un programme de construction des routes neuves, qui va privilégier les grands axes et les voies conduisant vers les pays limitrophes, en insistant sur la réhabilitation et l’entretien périodique, en vue d’améliorer la qualité routes et éviter les réparations fréquentes et prématurées.
Néanmoins, le conseil interministériel, pour avoir occulté les causes profondes de la crise du secteur du transport, n’a fait qu’enfoncer des portes ouvertes. Plusieurs mesures constituent des redondances et des redites comme le port obligatoire du casque pour les "deux roues", le passage des véhicules au contrôle technique, la mise en place de fourrières, la délivrance de certificats médicaux...
On note également un manque de vigilance des autorités en charge du transport, qui ont fait preuve de permissivité, en fermant les yeux sur les transformations des véhicules (porte-bagages, places supplémentaires...) pour pouvoir transporter plus de passagers et plus de bagages. Pourtant ces pratiques sont intrinsèquement liées à l’histoire du transport dans notre pays.
Le relèvement de l’âge d’obtention de permis pour conduire des véhicules de transport interurbain de personnes et de marchandises, le plombage des compteurs de vitesse des véhicules de transport et l’interdiction de circuler à certaines heures de la nuit sont des mesures, qui en plus d’être discriminatoires, semblent infantiliser les acteurs du secteur transport par rapport aux autres citoyens.
D’autres mesures annoncées en grande pompe sont plutôt révélatrices des carences et manquements du gouvernement actuel et de ceux qui l’ont précédé, incapables de simplement faire respecter la loi. De fait, le contrôle du respect des codes de la route et du travail semble être, pour nos autorités, une tâche insurmontable essentiellement à cause du clientélisme politicien et de la corruption routière.
Mal-gouvernance et autoritarisme
On ne peut s’empêcher de sourire, quand on voit que la première mesure pour résoudre la problématique de la sécurité routière consiste à mettre en place une structure autonome multisectorielle, dirigée par un officier supérieur, chargée de l’application rigoureuse des dispositions du code de la route.
Il est vrai que depuis 2012, la Justice et les forces de sécurité sont instrumentalisées dans tous les domaines de la gouvernance despotique en cours, là où des initiatives de concertations auraient été mieux indiquées.
Pour autant, les autorités politiques de notre pays, pourtant responsables de la conception et de la mise en œuvre des politiques publiques, continuent à promouvoir un traitement médiatique déséquilibré de ces douloureux événements phare de l’actualité nationale, en se défaussant sur des lampistes.
Mais le congédiement du ministre en charge de la Santé, après l’épouvantable drame dans l’EPS Abdoul Aziz Sy de Tivaouane avait ouvert les yeux au peuple sénégalais. Il était d’autant plus justifié, comme le sont les appels au limogeage de l’actuel ministre des Transports, que la plupart des catastrophes qui rythment la vie publique découlent de l’imprévoyance et de l’absence de discernement de nos autorités gouvernementales ou alors carrément d’une malhonnêteté notoire, dont on a pu avoir un aperçu, à travers le récent rapport de la Cour des comptes sur la gestion des fonds Covid-19, pour ne citer que l’exemple le plus récent.
Il faut dire que, dans notre pays, les hommes politiques privilégiés bénéficiant de décrets présidentiels de nomination en Conseil des ministres, sont évalués, non pas sur la base des politiques publiques qu’ils mettent en œuvre, mais sur leurs performances politiciennes. Pas étonnant dès lors que le silence sur leurs activités en marge de la légalité leur soit garanti, grâce à une puissante cuirasse d’impunité contrastant avec l’extrême vulnérabilité des activistes et hommes politiques de l’Opposition. C’est pour toutes ces raisons que nos décideurs doivent rompre avec leur style de management directif et autoritaire et mener des concertations fructueuses avec les partenaires sociaux.
C’est, en effet, la seule voie pour une mise en œuvre optimale des politiques publiques, en particulier celles ayant trait au transport routier, devant se traduire par une diminution graduelle des accidents meurtriers sur nos routes et une paix sociale durable au niveau de ce secteur névralgique.
L’idée de syndicat n’est pas nouvelle au Sénégal, le SAS a mis le justiciable au cœur de ses préoccupations en militant pour une justice plus saine, plus démocratique et plus humaniste.
Le dernier congrès du syndicat des Avocats de France SAF qui s’est tenu dans l’enceinte des bâtiments datant de l’ère médiévale de la prestigieuse faculté de droit de la ville de Montpelier, m’a convaincu de la nécessité de la création d’un syndicat d’avocats au Sénégal ;
Si on devait mesurer la réussite ou le succès d’un évènement à l’aune de la participation, de l’affluence et de la qualité desdits participants, on pourrait affirmer sans risque de nous tromper et d’être démenti que ce 49ème congrès du SAF organisé par la Section locale de Montpellier aura tenu toutes ses promesses.
‘JUSTICE SABORDEE, CHANGEONS DE CAP’
On n’aurait pas trouvé meilleur slogan si on devait procéder à un état des lieux de notre milieu judiciaire sans complaisance pour ne pas dire sans circonstances atténuantes.
On a pu dire :
« c’est une justice de statistiques, dure, expéditive, violente qui n’a pas le temps de juger »
« voilà ce que la chancellerie demande aux juges :
Il faut juger vite et très vite pour faire baisser les stocks et ce par tous les moyens!! »
« Juger n’importe quoi, soulever n’importe quoi pour ne pas avoir à juger, alors qu’on oublie que dans chaque dossier, il y’a dedans ou derrière un homme, une femme, un enfant qui aimerait y croire ».
Lors de ce Congrès, le Syndicat des Avocats de France a incontestablement dressé un constat alarmant mais réaliste du secteur judiciaire : “ Une justice maltraitée devenue maltraitante vis-à-vis des justiciables et des acteurs de justice’’.
POURQUOI UN SYNDICAT D’AVOCATS AU SENEGAL ?
L’idée de syndicat n’est pas nouvelle au Sénégal
D’illustres confrères, comme feu Elimane KANE et tant d’autres l’ont en effet prônée avant moi. Des syndicats d’avocats, il en a toujours existé dans le monde. Au Bénin, Maître Marc GUILLANEUF, avocat honoraire français, ancien président du SAF que j’ai rencontré lors de votre congrès m’a informé qu’il a été l’initiateur du premier syndicat d’avocats béninois. Ce syndicat n’a malheureusement pas survécu après son départ. En France, nous pouvons donner l’exemple du SAF, Syndicat des Avocats de France fondé en 1974 et qui nous a notamment inspiré.
Comme le SAF, le SAS a mis le justiciable au cœur de ses préoccupations en militant pour une justice plus saine, plus démocratique et plus humaniste.
Ainsi donc nous autres avocats nous devons être les premiers défenseurs et garants de cette justice en assumant ainsi pleinement notre rôle.
Cependant beaucoup de nos concitoyens nous reprochent notre passivité pour le moins déplorable dans la mesure où beaucoup de lois votées par notre parlement l’ont été à notre insu.
Un ancien Premier Ministre du Sénégal a ainsi pu dire :
Votre profession est en effet trop absente du débat sur la justice. Elle doit être impliquée dès le projet ou la proposition de loi scélérate parce que remettant en cause des principes fondamentaux du droit et des libertés.
Elle doit être présente dans le débat pour remettre en cause des évolutions contraires enregistrées avec votre passivité »
Quelques exemples
La loi portant modification de la loi pénale au Sénégal
La loi sur le blanchiment de l’argent sale
Ces lois en effet, contiennent des dispositions attentatoires à l’exercice de notre profession d’avocat dans toute sa plénitude
IL est en effet incontestable que le secret professionnel de l’avocat et l’inviolabilité de nos cabinets constituent les piliers essentiels et fondamentaux pour ne pas dire la pierre angulaire de notre profession.
Les dispositions permettant au juge d’instruction de perquisitionner nos cabinets sans notre consentement et sans l’autorisation du Bâtonnier et qui demandent aux avocats de trahir leur serment du respect du secret professionnel, en les obligeant à dénoncer leurs clients, portent en effet atteinte gravement à la dignité et à l’indépendance des avocats.
Ce combat pour une justice plus saine, plus démocratique et plus humaniste est aussi celui de l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS) qui estime que cet objectif ne peut être atteint dans le cadre d’une justice sinistrée.
« Nous, membres de l’UMS, avons choisi une troisième voix : celle de la liberté et de la dignité
Dans l’intérêt des magistrats, des citoyens et de la justice toute entière, l’UMS doit continuer et continuera à faire entendre la voix des magistrats et de tous ceux qui ont fait le choix de faire prévaloir la vérité sur le faux, la justice sur l’arbitraire. »
A l’instar des valeureux juges de l’UMS, nous autres avocats, devons aussi faire entendre notre voix et nous rappeler nos illustres prédécesseurs, à l’image de feu le Bâtonnier Fadilou Diop qui a recueilli ma prestation de serment, de feus Waldiodio Ndiaye, Ogo Kane Diallo, Ely Ousmane Sarr, Babacar Niang malheureusement tous arrachés à notre affection.
Lors de la cérémonie d’hommage 35 ans après la mort de Feu le Bâtonnier Fadilou Diop, l’éminent Professeur Bathily a pu dire : « Il était dans toutes les causes où la liberté et la dignité des hommes étaient bafouées ». Pour le Professeur Bathily, le Bâtonnier Fadilou DIOP était un homme de refus. Il me plait de le citer souvent à l’occasion de mes plaidoiries.
Notre Ordre, aussi ancien que le jour où s’est révélée une liberté à défendre, nous permet d’exercer une profession qui a pour fondement un droit naturel. Appelés à éclairer la justice, vous êtes, chers confrères, héritiers d’une tradition d’honneur et de vertu. Vous, vous êtes imposé des règles de conduite en ne dépendant de personne et en ne rendant compte qu’à votre seule conscience.
Si vous commettez des fautes, c’est un conseil élu par vous-même qui les censure. Et nous ne manquerons jamais d’autorité, pour imposer avec fermeté, le respect dû à notre déontologie qui assure la noblesse de notre profession.
Mais nous ne manquerons pas non plus de ferme détermination pour vous protéger au besoin jusqu’au sacrifice lorsque vous serez injustement attaqués et lorsque l’honneur, la dignité et l’indépendance du barreau seront menacés.
Mes chers confrères, pour pouvoir regarder les autres en face, sans baisser les yeux, il nous faut être « propre ». Et je veillerai donc à ce que notre propreté morale soit sans tâche, car tolérée, la faute de chaque avocat rejaillirait sur le barreau tout entier et ternirait sa réputation.
Dans vos rapports constants avec les magistrats, vous ne devez jamais donner prise à un regard ironique.
L’étymologie du nom par lequel nous sommes appelés, révèle ce que nous sommes.
L’Avocat est « ad -vocatus », c’est-à-dire celui qui est appelé au secours.
Plus que le magistrat, parce que plus près du justiciable, nous avons le devoir d’être humanistes, c’est-à-dire de comprendre et d’être émus par tout ce qui touche à l’homme, donc à ses biens.
Or, le premier bien de l’être, c’est sa liberté.
Ces valeurs fondamentales de liberté et de dignité, nous devons par conséquent les ressusciter pour mettre fin à cette passivité ou à cette léthargie qui ne dit pas son nom en assumant pleinement notre rôle de défenseurs et de garants et pour ce faire refuser et résister contre le tout répressif et faire aussi entendre notre voix en combattant avec nos moyens que sont la défense et les recours les condamnations d’opposants, de journalistes, bref de tous les justiciables dont les droits sont menacés.
Faire entendre notre voix c’est exercer des recours contre les décisions du Conseil Constitutionnel.
Faire entendre notre voix c’est exercer des recours contre les décrets ou toutes les décisions pouvant porter atteintes aux droits fondamentaux.
Faire entendre notre voix c’est aussi analyser les projets de lois et faire connaitre nos positions notamment par la rédaction de contributions sur les projets de réformes, des auditions par les parlementaires ou encore des communiqués de presse ou des lettres ouvertes sur les sujets d’actualité qui touchent au fonctionnement de la justice, aux libertés et la défense de la profession.
Ces objectifs certes ambitieux mais louables et légitimes ne pourront évidemment se faire qu’avec l’adhésion de tous les avocats et ce sans exclusive.
Pour ce faire le SAS, le Syndicat des Avocats du Sénégal devra refléter toutes les sensibilités de nos confrères. Car c’est seulement ensemble que nous réussirons tel est notre crédo.
Faire entendre notre voix, c’est enfin susciter et mettre en place avec l’ensemble de nos confrères un rapport de forces significatif pour jouer pleinement et efficacement notre rôle de garants d’une bonne justice.
En effet, nous ne réussirons qu’avec l’adhésion de tous nos confrères tel est notre credo.
« Ensemble nous réussirons »
Ainsi les statuts du SAS prévoient :
Le syndicat s’engage à accepter en son sein tous les avocats de l’un ou de l’autre sexe, sans distinction quelles que soient leurs opinions politiques, philosophiques ou religieuses, désireux de défendre leurs intérêts individuels et collectifs, matériels, économiques et professionnels. La démocratie syndicale assure à chaque avocat la garantie qu’il peut, à l’intérieur du syndicat, défendre librement son point de vue sur toutes les questions intéressant la vie et le développement de la société sénégalaise.
Aucun adhérent ne saurait être inquiété pour la manifestation de ses opinions en dehors de l’organisation syndicale, exception faite pour la xénophobie, le racisme
La liberté d’opinion et le jeu de la démocratie, prévus et assurés par les principes fondamentaux du syndicalisme, ne sauraient justifier ni tolérer la constitution d’organismes agissant dans le syndicat comme fraction, dans le but d’influencer et de fausser le jeu de la démocratie dans son sein.
Le syndicat qui, par sa nature même et sa composition, rassemble les avocats d’opinions diverses, fait preuve de l’esprit le plus large pour maintenir son unité.
Aucun syndiqué ne saurait être inquiété pour les mandats politiques et électifs qu’il détient de la confiance des citoyens. Partant de ce principe, tous les membres peuvent accéder aux différentes fonctions de direction syndicale »
On peut conclure en accord avec notre cher confrère, Claire DUJARDIN Présidente du SAF que « la justice est l’affaire de toutes et tous, et ne peut être laissée aux seuls politiques mais il est parfois difficile de se faire entendre. Il devient pourtant urgent de redresser la barre, car il serait illusoire de croire comme l’a énoncé Jean-Marc SAUVE “ que la justice seule peut préserver son office et garantir son indépendance ’’».
Ousseynou FALL
Diplômé de l’OMPI et l’OAPI, Docteur en droit
Avocat à la Cour
Par Abdoul Aly KANE
DIALOGUER POUR DECRISPER
Jamais la situation politique du Sénégal n’avait été aussi crispée et porteuse d’un avenir chargé de violences que ces temps-ci. Notre pays sort des rails posés par ses présidents successifs.
Jamais la situation politique du Sénégal n’avait été aussi crispée et porteuse d’un avenir chargé de violences que ces temps-ci. Notre pays sort des rails posés par ses présidents successifs. L’esprit de dialogue pacifique qui caractérisait le champ politique et social a cédé le terrain au monologue et à la confrontation.
Sous Macky Sall, la prison est devenue un lieu de passage que les politiciens les plus en vue ne craignent plus de fréquenter. Nous avons le sentiment que, sous Abdou Diouf puis Abdoulaye Wade, l’emprisonnement politique était l’exception. A présent, la privation de liberté est devenue la règle. Les leaders et militants de l’opposition qui se succèdent dans nos geôles à un rythme jamais atteint auparavant, commencent à en connaître les moindres recoins.
Abdou Diouf, qui gouverna le Sénégal durant une vingtaine d’années, n’aura pas eu la main aussi lourde que Senghor, adepte du monopartisme et du présidentialisme. Rappelons qu’avec la liquidation politique de Mamadou Dia et l’ingestion du PRA Sénégal, Senghor avait fait entrer notre pays dans une période de glaciation politique d’une dizaine d’années, durant laquelle le parti UPS régnait en maître.
Il faut rendre à César ce qui appartient à César, notre démocratie politique telle que nous la vivons, au-delà des entités politiques comme le PRA/Sénégal, le PAI, les syndicats et les mouvements de jeunes à l’avant-garde de la lutte pour l’indépendance, a été ancrée dansla pratique politique de notre pays par la volonté d’hommes politiques comme Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, mais aussi avec la participation des leaders politiques de gauche.
Arrivé au pouvoir en 1981, Abdou Diouf se garda bien de revenir au parti unique, et, l’eût-il voulu, Abdoulaye Wade avait bien fermé la porte à un tout repli démocratique par sa stratégie efficace, voire exceptionnelle, de mobilisation des masses, son sens de la communication politique et sa souplesse dans la mise en œuvre de ses principes.
Parlant de souplesse, n’oublions pas qu’Abdoulaye Wade a, si l’on peut dire, « dribblé » Senghor en présentant le PDS comme un parti de contribution et non d’opposition (au pouvoir de Senghor), ce qui a certainement mis le président Senghor dans une confiance qui le poussera par la suite à étendre l’ouverture démocratique à d’autres partis, avec la réforme instituant la « loi sur les courants de pensée ». C’est au congrès de l’OUA à Mogadiscio, en 1974, que l’avocat avait fait part au poète-président de sa volonté de créer un parti politique.
Les présidents Diouf et Wade ont permis l’instauration du multipartisme intégral au Sénégal, dans un contexte qui n’était pas forcément favorable, si l’on se rapporte à ce qui prévalait à l’époque en Afrique où les allers/retours démocratiques, ponctués de coups d’Etat étaient, et deviennent hélas depuis quelques années, encore la règle.
Le duo DIOUF/WADE a été une grande avancée dans la consolidation de la démocratie politique au Sénégal. Ces deux hommes politiques ont été aidés en cela par des leaders de gauche comme Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Landing Savané qui avaient gardé une liberté de ton apte à leur assurer l’oreille attentive du duo.
Ils n’hésitaient donc pas à servir d’interface lorsque la situation politique devait être décrispée pour le bien du pays.
Ces leaders de gauche étaient vraisemblablement les visiteurs du soir dont parlait François Mitterrand, ayant pour rôle de dire la vérité au Prince sur l’état réel du pays et aider à l’identification et à la formulation de solutions.
Pour être efficaces, ceux-là ne devaient donc pas appartenir au premier cercle réunissant courtisans et autres laudateurs, ni tenir à la conservation de leurs privilèges en cas de désaccord.
Malgré les violences et emprisonnements qui ont ponctué le déroulement de leurs mandats, Diouf et Wade ont tenu à ne pas franchir les lignes rouges de leur propre gré.
Sous leurs magistères, on avait le sentiment qu’un mouvement de balancier permettant un retour à l’équilibre s’opérait dès que les bords du précipice étaient atteints. Ce balancier, on a le diffus sentiment de l’avoir perdu, ce qui nous fait entrevoir le précipice. Ces temps-ci, le « jusqu’au boutisme » prend le dessus sur la préoccupation de préserver l’essentiel.
Abdoulaye Wade savait, en son temps, « poser des bombes » et les désamorcer en cas de nécessité. On a souvenance du fameux mot d’ordre d’accueillir Abdou Diouf, devant rentrer de voyage et atterrir à l’aéroport, tout le long du parcours Yoff/Palais de la République, que les jeunes avaient décidé d’appliquer à la lettre.
Informé des dangers encourus, Abdoulaye Wade aurait annoncé l’annulation du mot d’ordre pour cause de discussions avec Abdou Diouf sur des modalités de partage du pouvoir, ce que Abdou Diouf démentira par la suite.
L’entrée d’Abdoulaye Wade dans le gouvernement de majorité présidentielle élargie d’Abdou Diouf porta un coup au parti présidentiel que les caciques eurent du mal à accepter. Le sens du repli stratégique de Wade, la volonté d’Abdou Diouf de s’entourer d’une majorité lui permettant de partager le poids social de la politique d’ajustement structurel, vieille d’une dizaine d’années, créèrent les conditions de la participation du PDS, de la LD et du PIT au gouvernement d’Abdou Diouf.
La proximité des deux hommes dans la gestion du pouvoir expliquera par la suite les inflexions dans la tendance à l’affrontement qui caractérisait leurs rapports, et le caractère pacifique de la passation de pouvoir en 2000.
Abdoulaye WADE avait d’entrée de jeu agité la menace de la prison pour les dirigeants du PS vaincu, mais on comprit plustard que l’objectif était plutôt de s’appuyer sur eux pour élargir les bases politiques d’un PDS en réalité minoritaire dans le pays.
Les « transhumants », non seulement migrèrent du PS vers le nouveau pouvoir mais encore durent mettre la main à la poche pour financer les campagnes politiques. Le revers de cette stratégie fût le dévoiement de la rupture politique attendue et le retour aux affaires de ceux qui symbolisaient les affres de la gestion PS.
Avec l’arrivée de Macky Sall, la radicalité dans le traitement de l’opposition aura primé sur toute autre considération. Nul n’est besoin de s’y appesantir. Il faut juste constater la propension effrénée du pouvoir actuel à conduire ses opposants en prison.
Le dialogue politique, notre marque de fabrique, est jeté aux oubliettes. Il est remplacé par le fameux « Force restera à la loi ».
Réduire les opposants par la force et non par la conviction est devenu la règle. Une opposition qu’il faut réduire à sa plus simple expression.
Les institutions comme l’Assemblée nationale sont devenues des lieux d’invectives, de bagarres, de tractations politiques pour faire basculer des majorités acquises par les urnes
Présentement, la question qui interpelle est celle du sort réservé à la candidature d’Ousmane Sonko à la présidentielle de 2024 au regard de sa situation judiciaire, et la position définitive du Président actuel sur sa propre candidature.
Cette consultation électorale va intervenir dans un contexte défavorable pour le parti au pouvoir, marqué par la hausse insupportable du coût de la vie consécutive à aux crises alimentaire et énergétique mondiales, à l’échec des politiques d’emplois et d’auto-emploi jusque-là mises en œuvre, à l’origine de la radicalité de la jeunesse et à la mal gouvernance ambiante faite de scandales financiers de tous ordres demeurés impunis. S’ils ne sont pas encouragés.
Concernant le 3ème mandat, il faut convenir qu’au-delà des réformes constitutionnelles engagées à son initiative, le président Macky Sall s’est clairement exprimé en tous lieux pour préciser que son dernier mandat est celui qui va de 2019 à 2024.
Dans notre société traditionnelle, la parole donnée est sacrée, et on ne peut que s’y fier
A mon humble avis, la parole du président de la République prime sur les dispositions de la Constitution, dont il a été prouvé que le champ des interprétations pouvait être vaste, au vu des commentaires des spécialistes sur la question.
Aussi, faudrait-il laisser au président Macky Sall le choix du moment approprié qui, de toutes façons, ne saurait aller au-delà des délais requis en matière électorale.
Pour ce qui concerne Ousmane Sonko, il faut déplorer la lenteur de la machine judiciaire qui, telle un sablier, prend son temps pour boucler son cycle. Le revers d’une telle lenteur est que le dossier est devenu public.
Le peuple s’en est emparé avec ses propres procureurs, juges, enquêteurs, avocats, ses influenceurs, s’appuyant sur des audios, des publications d’informations sensibles ou secrètes comme des rapports d’enquêtes, déclarations d’avocats, déclarations de médecin etc.
Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’avec cette procédure populaire, cette affaire qui empoisonne la vie du pays depuis près de deux ans a fini par forger, chez chacun d’entre nous, une intime conviction qu’aucune décision judiciaire ne pourra effacer ou modifier.
La jeunesse a pris fait et cause pour Sonko si l’on en juge par la détermination, la capacité de mobilisation, le suivi de mots d’ordres, les levées de fonds dont elle fait montre.
Pour sortir de l’embrouillamini actuel, il faut restaurer le dialogue et mettre la force de côté. Les adversaires politiques doivent se rencontrer
Des hommes de valeur crédités d’un haut sens de la vertu et du patriotisme doivent s’impliquer pour arriver à des consensus forts et éloignés de la compromission.
Par ailleurs, les discours politiques doivent être vidés de leur virulence et les attaques ad hominem bannies. La vie privée d’autrui doit être respectée.
Laisser filer les choses selon la formule politicienne « on va suivre… » ne ferait que reculer l’échéance. Il n’y a aucun intérêt à gérer le pouvoir dans le chaos ou sur des décombres. Le Sénégal vaut mieux que cela.
Nous sommes au bord du précipice, il faut reculer et se parler pendant qu’il est encore temps !
PAR MAHMOUDOU IBRA KANE
LA DÉMOCRATIE DES BOULES PUANTES
« Viol et menaces de mort ». Après avoir instruit à charge et à décharge la célèbre affaire Sweet Beauty, le doyen des juges a décidé. Pour Oumar Maham Diallo, les charges contre Ousmane Sonko sont suffisantes pour le renvoyer devant une chambre criminell
« Viol et menaces de mort ». Après avoir instruit à charge et à décharge la célèbre affaire Sweet Beauty, le doyen des juges a décidé. Pour Oumar Maham Diallo, les charges contre Ousmane Sonko sont suffisantes pour le renvoyer devant une chambre criminelle pour jugement. Il s’agit, pour être précis, de la Chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance hors classe de Dakar, la seule juridiction hors classe du pays. Ainsi donc, le président du parti, Patriotes africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité, ira fatalement en procès avec son accusatrice, Adji Sarr. L’ordonnance de renvoi du juge d’instruction est en effet insusceptible de recours en appel pour l’inculpé. Autrement dit, dans le cas d’espèce, Ousmane Sonko ne pourra pas saisir la chambre d’accusation de la Cour d’Appel aux fins d’annulation de la décision du juge Diallo. Le procès étant désormais inévitable, place aux enjeux pour l’opposant.
Le premier enjeu, et c’est une curiosité pour l’opinion, est lié à la stratégie du silence adoptée par Monsieur Sonko notamment sa posture face aux questions qu’il juge infamantes. A titre d’exemple, devant le procureur comme devant le magistrat instructeur, Ousmane Sonko a systématiquement refusé de répondre aux interrogations sur les relations sexuelles qu’il aurait entretenues avec la masseuse Adji Sarr. Il n’a pas non plus accepté de se soumettre à un test ADN. Un silence pour l’instant non payant pour l’inculpé parce qu’il ne lui a pas permis d’obtenir ce qu’il voulait : un non-lieu. La parole est d’argent, le silence est d’or. Tout l’enjeu est de savoir si l’adage jouera en faveur ou en défaveur du chef de l’opposition devant la Chambre criminelle.
Un autre enjeu, et non des moindres, c’est l’ampleur de la publicité qui sera faite autour du procès. La Chambre criminelle qui a remplacé la Cour d’Assises, va-t-elle ou non organiser un procès public ? La décision appartient à la juridiction, et à elle seule. Dans un procès où il sera question de sexe, de sodomie et de toutes les salacités liées à une histoire de massage qui aurait mal tournée, on devine aisément que la décision du président de la Chambre criminelle sera lourde de conséquences. Dans le scénario d’un procès public, si la jeune masseuse de Sweet Beauty a tout à gagner, l’accusé Ousmane Sonko a, en revanche, tout à perdre. Son image, sa crédibilité et son crédit pèseront lourd sur la balance de la justice. D’où l’enjeu de la candidature déjà déclarée du leader de Pastef à l’élection présidentielle de 2024.
L’opposant Sonko le sait mieux que quiconque : une condamnation ferme, un sursis ou même un acquittement au bénéfice du doute ruinerait ses chances de participation ou de succès à l’échéance électorale majeure prévue dans 12 mois. A l’inverse, un acquittement pur et simple lui ouvrirait grand les portes du palais présidentiel. Entre la prison et le palais, on le sait, il n’y a qu’un pas. Scénario surréaliste en direction de la prochaine Présidentielle au Sénégal : incertitude sur le sort judiciaire d’Ousmane Sonko, incertitude sur les inéligibilités de Khalifa Sall et Karim Wade, incertitude sur la candidature ou non du président sortant Macky Sall lui-même. En un mot, incertitude sur tous, incertitude sur tout.
Le Sénégal, pour conclure, donne l’image d’un pays qui a réinventé la démocratie en une transformation nauséabonde : la démocratie des boules puantes. Un grand homme d’Etat du siècle dernier avait prévenu : « Ceux qui lancent les boules puantes, finissent par sentir plus mauvais que ceux qui les reçoivent ».
par Amadou Tidiane Wone
L'ART DE S’ÉGARER AVEC UNE BOUSSOLE
La cacophonie qui tient lieu de débat public dans notre pays où ont vécu et survivent tant de fins lettrés, dans toutes les langues disponibles sur terre, est navrante. Mais que nous arrive-t-il donc ?
« O vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait. » - Le Saint-Coran, Sourate 49 Verset 6
Au vu de la légèreté avec laquelle nous partageons, diffusons et amplifions toutes sortes de médisances et de calomnies disponibles au supermarché du mensonge et de l'affabulation que sont devenus les réseaux sociaux, il est temps de retrouver notre sens de l’orientation en retournant au sens du Divin.
Car, quant au fond, les réseaux sociaux que nous vouons tous aux gémonies ne sont que des contenants. Ce sont les nouveaux moyens de transport de nos idées, de nos pensées et, hélas, de nos mauvaises pensées. Les nouveaux medias sont les révélateurs des haines diffuses et des perfidies jusque-là enfouies. Oui, la ligne de fracture, entre la bonne et la mauvaise foi est désormais visible. La volonté de nuisance gratuite s’étale au grand jour. Et pourtant le verset 6 de la Sourate 49 cité à l’entame ce premier billet de Baaba de l’année 2023 est suffisamment explicite depuis 14 siècles !
Qu’arrive-t-il donc aux soi-disant 95% de musulmans du Sénégal ?
« O vous qui avez cru ! Evitez de trop conjecturer [sur autrui] car une partie des conjectures est péché. Et n'espionnez pas ; et ne médisez pas les uns des autres. L'un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? (Non !) vous en auriez horreur. Et craignez Allah. Car Allah est Grand Accueillant au repentir, Très Miséricordieux. » Sourate 49 Verset 12
Que nous arrive-t-il donc ? De nos grand-place, animés de rumeurs colportées, jusqu’à la mode des influenceurs intempestifs, la mauvaise parole dégouline de baves incendiaires. La cacophonie, qui tient lieu de débat public dans notre pays où ont vécu, et survivent, tant de fins lettrés, dans toutes les langues disponibles sur terre, est navrante et interpelle notre conscience collective. Cela ne peut plus, ni ne doit plus durer !
La crétinisation, voulue ou subie, de notre jeunesse par l’abus de confiance, et de conscience, orchestrée par des gourous ignares et irresponsables, sous le regard indifférent des pouvoirs publics est une hypothèque sérieuse sur le futur de notre nation, l’avenir de nos enfants !
La promotion du jeu, de la danse et du travail musculaire, comme leviers d’élévation sociale, accentue la désaffection pour la quête du savoir qui libère et élève.
Pendant ce temps, le Trésor public est dilapidé par ceux qui étaient sensés en assurer la bonne garde. Le dernier rapport de la Cour des comptes a levé un coin du voile. Il ne s’en suivra rien ! Comme d’habitude… j’aimerais tant être démenti par les faits et les poursuites !
Mais que nous arrive-t-il donc ?
Il est de tradition, à l’orée d’une nouvelle année, de souhaiter le meilleur à tous ceux que l’on aime. J’aime mon pays ! Et je prie ardemment afin que chacun d’entre nous se réveille à ses responsabilités individuelles et les assume. Que chacun d’entre nous se regarde, dans le miroir de son âme, et décide de mieux se servir de la boussole des livres saints et de nos valeurs ancestrales pour retrouver le droit chemin !
Pour être encore plus clair : musulman, je suis un pur produit de l’enseignement privé secondaire catholique. Je compte certains de mes meilleurs amis dans cette communauté, dans une belle acceptation de nos différences cultuelles. C’est ainsi que nous avons toujours vécu dans le Sénégal hérité de nos pères, une nation en perpétuelle construction. Transmettons-la intacte à nos enfants et petits-enfants. Juste pour parer aux compréhensions tronquées de mon interpellation à partir des citations coraniques. Je sais ce que parler veut dire ! Dans ce pays, on se sait !
Toute vie a une fin. Une finalité. Pour ce qui me concerne je choisis, définitivement, de ne pas jouer à paraître ce que je ne souhaite pas être ! Dans ce dernier virage vers la vérité …