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30 novembre 2024
Opinions
PAR Mamadou Lamine Kamara
LA PREMIÈRE DÉCENNIE DE LA JEUNE RÉPUBLIQUE SÉNÉGALAISE
La frilosité du contexte politique de cette décennie, avec des marqueurs qui ne rassuraient guère, faisait que les États africains devaient relever un défi majeur qui était un gage de fiabilité des nouveaux dirigeants
1960, si, après des années d’attentes faute de réunion du jury, Cheikh Anta Diop, avec brio, après pas moins de six tours d’horloge, soutenait sa thèse de doctorat le 9 janvier, à la Sorbonne portant sur le thème Etude comparée des systèmes politiques et sociaux de l’Europe et de l’Afrique, de l’Antiquité à la formation des Etats modernes sous la supervision du président de jury, le professeur André Aymard, spécialiste de l’Antiquité grecque, avec la présence de l’anthropologue Georges Balandier, de ses amis dont Amady Aly Dieng entre autres proches, le début des années 1960 fut symbolique avec l’accession à l’indépendance de la plupart des pays africains : le jour de l’an pour le Cameroun, 4 avril pour le Sénégal, 27 avril pour le Togo, Madagascar le 26 juin, au Bénin le 1er août, le Niger, 3 août ; 5 août pour le pays des hommes intègres, le 5 août pour la Côte d’Ivoire, etc. c’est pas moins de 17 pays dont 14 anciennes colonies françaises qui sortaient du joug colonial. Ainsi, le Sénégal, très jeune République, après un bref passage dans la fédération du Mali, devait se prendre en charge.
Deux hommes pour asseoir une nation
La frilosité du contexte politique de cette décennie, avec des marqueurs qui ne rassuraient guère, faisait que les États africains devaient relever un défi majeur qui était un gage de fiabilité des nouveaux dirigeants : la construction des nations prospères, de liberté et de justice. Le choix de ceux qui allaient chapeauter les pays semblait être tourné vers l’élite africaine, majoritairement formée chez l’ancien colon. Mais entre les dérives autoritaires, les pouvoirs despotiques, l’instabilité politique, les massacres des citoyens, certains auraient souhaités que les indépendances attendent. C’est dans ce contexte que la jeune République sénégalaise vivait une première décennie post colonie tempétueuse. Ainsi, Léopold Sédar Senghor devenait le premier président du Sénégal. Mais le régime politique bicéphale adopté par le pays faisait qu’il partageait le pouvoir avec son acolyte, son ami, Mamadou Dia, président du Conseil. Senghor, chantre de la Négritude, homme de Lettres, façonné par la douceur de la poésie, revendicateur de ses filiations avec le colon, militant de la primauté de l’intellect, à ses côtés, Maodo, rigoureux et très pragmatique, sobre mais très exigeant dans la gestion de l’Etat dont la clarté de la vision politique séduisait.
Cependant, les deux hommes, aux tempérances différentes, mais à la belle charpente intellectuelle, étaient dans l’obligation d’éviter tout enchevêtrement idéologique et programmatique au risque de plonger le pays dans une crise comme l’était jadis certains Etats africains. Toutefois, très tôt, le rendez-vous raté avec les destinées du pays entrainait une décennie de crise pour les premières années du Sénégal indépendant.
Contexte tempétueux, la république Sénégalaise vacillait
Si la première année d’après 1960 peut être considérée comme une période d’état de grâce pour la jeune République sénégalaise, les prémices de la fraction ne tarderont pas. 1962, le duo de choc Dia-Senghor, qui cristallisait tous les espoirs des autochtones volait en éclats avec fracas. La crise tint ainsi le pays en inanition.
Le 18 décembre 1962, le président du Conseil Mamadou Dia et quatre de ses ministres sont mis aux arrêts par l’armée, résultat d’une crise institutionnelle qui opposait ainsi les deux dirigeants. Cette tragédie politique désastreuse dont les séquelles poursuivront longtemps le pays fut un symptôme d’une fragilité institutionnelle, d’une absence d’outils cohérents de gouvernance et d’un modèle politique fiable. Le divorce du couple Dia-Senghor donna au second les pleins pouvoirs pour diriger le Sénégal d’une main de fer que la farouche résistance de la classe politique et des populations fera les frais au prix des vies humaines.
1963, les choses ne s’apaisent point mais elles s’empirent. Senghor, seul maitre à bord, nourris une volonté d’installer les jalons d’un Etat fort qui brocardera toutes voix discordantes. En mai, Dia, accusé de fomenter un sordide coup d’Etat sera jugé, condamné et embastillé à la prison de Kédougou dont il fut le promoteur.
Outre ce télescopage au sommet de l’Etat, la deuxième halte sera très vite observée : une fraude massive notée lors des élections de cette année et une vaste campagne de traque d’opposants et contestataires du pouvoir, les têtes débordantes sont poursuivis et arrêtés par une administration sécuritaire aux reflexes coloniaux. L’environnement politique fut brouillant. Le pouvoir en place, hostile à toute idée de multipartisme, cherche d’une part à se consolider et d’autre part à décapiter vaille que vaille les partis politique clandestins, généralement manageaient par une certaine élite que Senghor, par le compagnonnage depuis l’hexagone, était conscient de la teneur intellectuelle. C’est ainsi que le PAI, organisation souverainiste, panafricaine, teigneuse et séduisante par ses thèmes et la beauté de ses idées sera pourchassé, jusque dans le maquis où il peaufiné ses stratégies, pour être détruit par le pouvoir.
Après le PAI, c’est au tour de PRA-S d’en prendre pour son grade. La méthode reste la même : disloqué les partis politiques en neutralisant les têtes fortes qui avaient fini de gagner une respectabilité et une notoriété auprès de leurs pairs. Ainsi, Fadilou Diop et Abdoulaye Ly sont coffrés. Le pouvoir maintient sa volonté de départ qui était simple, pas question de multipartisme dans cette jeune République dont Senghor restait l’homme fort.
1964, Abdoulaye Ly, leader incontesté du PRA-S, arrêté en 1963, sera condamné. N’en déplaise à ses camarades de parti et aux démocrates du pays. L’arbitraire et la récurrence de la violence exercée sur l’opposition clandestine détonnent. Le PRA-S, le parti du téméraire Abdoulaye Ly est affaibli mais demeure et résiste. Il bénéficiera d’une grâce présidentielle au cours de l’été 1966.
La brume des événements de mai 1968 sont visibles dès 1967. La rigidité de la situation globale du pays semble donner une fertilité à toutes formes de violence. Les grèves s’enveniment. La contestation s’accélère. Les étudiants et les élèves désertent les amphithéâtres et les salles de classe. Les syndicats des travailleurs s’organisent et se radicalisent. Le choix est fait : la rue. Les amertumes et les frustrations emmagasinées explosent : nous entrons dans la tempête de 1968.
1968, le vent de contestation qui souffle un peu partout dans le monde, à Prague, à Paris, à Rome, à Chicago, d’Europe aux Etats-Unis, est le même vent qui souffle en Afrique. La convergence des vagues de lutte et l’ampleur des contestations font vaciller la fine République et jettent le pouvoir de Senghor dans la rue. Sur la première ligne de front de ces contestations se dressent les pensionnaires de la 18ème université française (actuelle université Cheikh Anta Diop) avant d’être rejoint par les autres couches sociales. Le 30 mai, l’état d’urgence est décrété. Une violente répression du peuple, comme en 1963, est alors organisée. Plusieurs morts et blessés sont enregistrés du côté du peuple. Et Senghor enrichit son palmarès macabre.
Ces événements avaient comme conséquences le retrait ou la trêve des activités politiques et de militantisme d’une bonne partie des générations précédentes car pour eux, le comportement de Senghor était de trop et inacceptable. Plusieurs démissions seront reçues par le pouvoir dont celle de Fadilou Diop de son poste de député, mais aussi, les camarades de l’avocat quitteront le navire de Senghor.
C’est dans cette atmosphère de terreur que le Sénégal fêtera l’anniversaire de sa première décennie post-indépendance. Avec ces tragiques événements, constatant la fragilité de son pouvoir, Senghor obtempérera et optera pour le dialogue mais la récidive ne tardera pas avec la mort à Gorée du normalien Omar Blondin Diop qui constitue un marqueur principal des années 1970.
Mamadou Lamine Kamara est anthropologue à l’université Paul Valéry de Montpellier.
par Birane Diop
DES RESPONSABLES PUBLICS NÉS AVANT LA HONTE
Je condamner les propos terribles et choquants de Mansour Faye, ministre de la République, à l’égard des magistrats de la Cour des comptes. Ce ministre n’a aucune mystique républicaine
Début mars 2020, le Covid-19 menace de ravager les établissements publics de santé, exsangues avant même l’apparition de ce virus insidieux - depuis soixante ans, nos hôpitaux sont des mouroirs à ciel ouvert pour les pauvres. La stupeur était totale. Le stress était intense. La peur se lisait sur les visages. Le pays était dans l’inconnu. Notre rapport à l’autre avait aussi complètement changé. Des murs étaient érigés entre des gens qui vivaient sous un même toit. C’était le temps des gestes barrières, voire, de la distanciation sociale pour s’épargner la mort. Et pour sauver des vies, surtout celles des personnes les plus vulnérables, on avait fait recours à une pratique moyenâgeuse, tristement. Le « semi-confinement !»
Ainsi, face à la gravité de la situation, de fortes mesures ont été prises pour endiguer la propagation de ce monstre invisible, qui hantait nos nuits. Le 23 mars 2020 sur la RTS – « la Pravda », le président de la République, Macky Sall s’adressa à la Nation pour annoncer ses décisions. Et l’une d’elles était l’état d’urgence conformément à l’article 69 de la Constitution, qui permet au président de la République de décréter sur toute l’étendue du territoire national cette mesure exceptionnelle. Dans le même sillage, le chef de l’État avait annoncé son intention de saisir l’Assemblée nationale, seule instance habilitée, à voter les lois, à contrôler l’action du gouvernement et à évaluer les politiques publiques ; de légiférer par ordonnances sans passer par l’Hémicycle, eu égard à l’article 77 de la Constitution. Ce fut chose faite quelques jours après son allocution. Par voie de conséquence, il avait les coudées franches pour mener le combat contre l’ennemi.
Les lieux de culte et de culture, et les écoles étaient fermés. Un fonds de 1 000 milliards de F CFA, dénommé « Force Covid-19 » était mis en place pour soutenir notre économie extravertie, terriblement touchée, à l’aune de cette crise historique.
Eu égard au rapport définitif de la Cour des comptes sur la gestion de cet argent public, la juridiction nous informe que ce gros pactole a été mobilisé par les Partenaires au développement, par l’Etat, et par les citoyens (retraités, vendeuses de poissons, marchands ambulants, tailleurs, cadres, footballeurs, la diaspora, etc.). Ce formidable élan de solidarité n’était pas seulement économique. Les universitaires, écrivains, artistes, journalistes, étudiants, « badiène gox » avaient aussi apporté leur pierre à l’édifice sous différentes formes. L’opposition avait aussi répondu favorablement à l’appel du chef de l’Etat au palais. La solidarité était donc un fait total, malgré les remous politiques.
Mais les magistrats de la Cour des comptes nous disent que pendant que les libertés étaient confinées, des responsables publics sans scrupule, étaient en train de nous extorquer plusieurs milliards de F CFA. C’est tout simplement abject. Ces personnes incriminées par ledit rapport doivent répondre de leurs actes devant la justice. Et qu’ils arrêtent de parader sur les plateaux télé en essayant de justifier l’injustifiable, ou de jeter le discrédit sur les institutions.
A travers ces lignes, j’en profite pour condamner les propos terribles et choquants de Mansour Faye, ministre de la République, à l’égard des magistrats de la Cour des comptes. Un ministre qui accuse des commis de l’Etat, de surcroît, qui ont effectué un travail sérieux, de politiciens encagoulés doit être démis de ses fonctions. Je trouve que ce ministre n’a aucune mystique républicaine. De tels propos fragilisent nos institutions et mettent en danger notre République.
J’espère que le Garde des Sceaux, ministre de la Justice instruira une enquête judiciaire à l’encontre de ces gens dépourvus de générosité et d’éthique, nés avant la honte. Mais peut-on s’attendre à grand-chose de ce gouvernement quand on sait que des rapports sont laissés dans les tiroirs, au bon vouloir du président ?
L’ŒUVRE DE SAFI FAYE ET KHADY SYLLA, PAR rama salla dieng
MULTIPLE PHOTOS
LE JEU DE LA MER : KHADY SYLLA, FAIS TOURNER LA MACHINE À REVER
EXCLUSIF SENEPLUS - Lorsque vous tenez le livre entre vos mains, c’est d’abord cette image en noir et blanc de l'autrice, regard captivant et mystérieux, rouge à lèvres discret, tête rasée et grosses boucles d’oreille créoles, qui retient votre attention
Série de revues sur l’œuvre des réalisatrices Safi Faye et Khady Sylla
Co-éditrices de la série : Tabara Korka Ndiaye et Rama Salla Dieng
Khady Sylla et Safi Faye, des noms qui devraient résonner dans notre imaginaire collectif tant elles ont été pionnières, dans leur art et dans leur vie parce que pour elles, l’art, c’est la vie. Leur vie et leur œuvre nous ont particulièrement ému. Pourtant, elles semblent porter en elles, la marque de celles vouées à être des égéries en avance sur leur temps ! Le tribut en est lourd. Si lourd ! Et si dramatique. On demeure sur sa faim. Sur la promesse d’un potentiel. On reste sur le regret de ce qu’elles auraient pu être, auraient dû être, si célébrées comme le monstrueusement gigantesque Sembène. On reste sur les si…sur la fleur de toute l’œuvre dont elles étaient fécondes.
Safi Faye a en tout réalisé treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Âmes au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricières (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Elle s’est surtout intéressée au monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et au poids des traditions, le tout en pays sérère.
Khady Sylla pour sa part, a été une férue de l’auto-exploration, pour théoriser depuis l’expérience propre. D’abord celle des marginalisés de la société avec Les bijoux (1998), Colobane Express (1999) qui capturent l’expérience du transport urbain avec un chauffeur de car rapide et son apprenti, puis la sienne avec Une fenêtre ouverte (2005) dans lequel elle parle de la santé mentale et enfin Le monologue de la muette (2008) qui parle des conditions de travail des ‘bonnes’. Auparavent, en 1992, Khady Sylla a publié chez L’Harmattan un superbe roman : le jeu de la mer. Les mots, Khady les jongle comme elle s’y accroche car ils la maintiennent en vie. Ainsi qu’elle le reconnaît dans Une fenêtre ouverte : ‘on peut guérir en marchant’.
Dans cette série, nous vous proposons nos regards croisés sur l’oeuvre de Safi Faye et de Khady Sylla, ceux d’une curatrice, créative et chercheuse Tabara Korka Ndiaye dont le projet s’intitule ‘Sulli Ndaanaan’ et celle d’une auteure, créative et universitaire, Rama Salla Dieng, passionnée de documenter la vie et l’oeuvre des oublié.e.s, marginalisée.e.s et silencié.e.s, toutes les deux férues de film, de musique et de littérature.
Le jeu de la mer : Khady Sylla, fais tourner la machine à rêver
Autrice : Rama Salla Dieng
Le jeu de la mer de Khady Sylla est un roman paru dans la collection ‘Encres noires’ de L’Harmattan Paris en 1992. De Khady Sylla, autrice multi-talenteuse, vous vous rappelez aujourd’hui davantage les films que les écrits.
Lorsqu’enfin vous tenez le livre entre vos mains, c’est d’abord cette image en noir et blanc de Khady, regard captivant et mystérieux, rouge à lèvres discret, tête rasée et grosses boucles d’oreille créoles, qui retient votre attention. Vous vous imaginez cette photo en couleur car l’écriture de Khady est pétillante, sublime, inespérée. Quels mots habitent alors cette jeune femme de vingt-neuf ans lorsque son roman paraît ? Au-dessus de la photo, la description promet une histoire, une énigme en réalité, qu’habitent trois noms : autant de personnages : Rama, Aïssa et Assane.
Puis vous promenez votre regard sur la couverture. Vous admirez la sublime photo d’une barque vide face à la mer, prise par Stéphane Weber en Juillet 1990 à Nianing. Le titre poétique et prometteur comme une invite : le jeu de la mer écrit en gros caractères noirs, vous intrigue tout comme cette pirogue qui fait face à l’éternité.
Vous découvrez au fil des pages que Rama et Aïssa, les deux jeunes filles aux mots-mages, habitent une maison au bord de l’océan Atlantique. Leur cour carrée, entourée de filaos, d’eucalyptus et de bougainvilliers qui vivaient leurs oranges, roses et rouges les plus vivaces, est le théâtre de leurs jeux, chants et rires.
Et vous réalisez aussi que la polysémie du mot ‘jeu’ habite toutes les scènes de cette superbe histoire. En effet, le soir venu, face à la mer vive et vivante dont les remous lèchent les fondations de leur abri, Rama et Aïssa jouent au wure (Awalé), ce jeu de stratégie et de calcul s’accompagnant d’une joute oratoire, dans une barque d’ébène. C’est l’heure de vérité : ‘wure wa dem na këŋ, wax i ma dem na ndeeñ taale’. Le jeu peut commencer : ‘Jeu de la mer !’ Et la machine à rêver est mise en marche !
Les éléments de la nature conspirent à rendre le cadre propice au débridement de leur imagination hors normes. Ce jeu de création se fait au gré du jeu de la mer et du jeu du halo de lumière de la lampe qui ‘projetait une ombre démesurée sur la table’ p.9. La mer devient alors le lit où se projettent leurs fantasmes, fruits de leur imagination féconde : ‘La maison saisie d’irréalité, prit l’allure factice d’un décor éclairé par des projecteurs invisibles’ (p.7) ou encore : ‘les draps noirs de la nuit s’étalèrent sur la maison’ (p.9).
Dans la journée, Rama et Aïssa deviennent maîtresses de la parole et créent des contes. Installées sur le bout d’une falaise surplombant l'océan comme au bout de leur monde, elles se dévoilent démiurges par le pouvoir de leur moisson de perles du jeu du soir, à tour de rôle, et selon des règles bien définies. ‘Le lieu favorisait la floraison diurne de la parole. Les contes pouvaient émerger sur cette limite et le jour étendre ses rêves’ (p.24). Dans ce cadre enchanteur aux frontières de l’onirisme, la parole, lien et liant entre Rama et Aïssa, devient la passerelle entre la réalité et le fantastique : ‘La parole libre et pleine voyageait d’une gorge à l’autre, rassemblant d’un fil ténu, les fragments d’un univers pressenti’ (p.12).
De Rama et d’Aïssa, vous ne connaissez rien d’autre sinon leur fascination pour le jeu de la mer. Par ailleurs, leur ressemblance physique surprenante semble donner tout sens à l’expression ‘comme deux gouttes d’eau’. En effet, elles sortent toutes deux du même moule, fugitives statuettes noires. Seul le regard les distinguait'(p.24). Sont-elles jumelles ? Sœurs ? Vous n’en savez rien et n’en saurez pas plus, du moins, pas encore, pas tout de suite car Khady Sylla, poétesse et prophétesse aux allures de Rama et Aïssa, crée un monde où la parole crée des mondes et des êtres au monde. Non, la parole même est, elle est un monde et un personnage à part entière…engendrant d’autres menus personnages, de contes en mythes en farandoles !
Autant de mondes, à l’infini !
Une cosmogonie du roman !
Ah ! Toute une histoire !
Narrée admirablement au tempo de la parole.
Toujours se plaçant face à face, leur pouvoir de création unit leur destinée, elles qui jouent, rient, dansent et vagabondent au gré de leurs histoires. Leur monde tangue sur la crête des mots, contenu tout entier sur le fil ténu pourtant débordant de l’imagination aux rivages larges. Cependant, au-delà de la singularité gémellaire et de ce commun destin, un être au monde différent semblait les séparer et menaçait leur équilibre précaire. Rama respecte les mystères et les questions avec une égale douceur, aime se réfugier par moments dans le monde des souvenirs, suit les règles de la création à la lettre. Pour sa part, Aïssa ne chérit rien autant que de les enfreindre, dans sa quête de clarté et de réponses : le mystère l’exaspère.
Vous ne cessez donc de vous interroger sur Rama et Aïssa, personnages aussi fascinants qu’énigmatiques. Tout comme Assane, détective intrépide et ‘chef du service irréel’, à leurs trousses et n’ayant pourtant comme seul indice que leur beauté. Assane fait des rencontres surprenantes et recueille des témoignages aussi incongrus que déroutants.
Et pourtant, vous découvrez pantoise que les désordres calculés que les jumelles sèment sur leur passage sont un prodrome de confluences entre les protagonistes. Le mystère s’épaissit avant de se résoudre pour les trois êtres aux vies inéluctablement enchevêtrés.
Et de quelle manière !
Vous avez le souffle court et sifflant, les iris dilatés, le cœur qui bat la sarabande, à tout rompre. Puis le dénouement vous libère de manière aussi belle et captivante qu’inattendue.
Vous arrivez à la conclusion ultime que Khady Sylla avait un don : celui de double vision que confère la parole incréée. Mais enceints, Khady, tout comme Assane, ont aussi une emprise sur les mots. La parole libérée, qui les possèdent et dont elles font tout un monde, Rama et Aïssa en ont aussi le don et le pouvoir.
C’est qu’au tournant des mots, existent des mondes, créés par les mêmes mots.
Genèse et génération.
Des prophétesses vivantes et heureuses en ont l’intuition et la vision.
Khady Sylla, fille de l’eau, avait le don de la parole.
Une parole simple.
Voici ce que Khady a eu à dire du jeu de la mer :
‘Après la parution de mon roman Le jeu de la mer en 1992, une amie m’a conseillée de l’envoyer à Jean Rouch. Je l’ai fait et une semaine plus tard, Jean Rouch m’a appelée. J’ai alors entendu sa voix si particulière, cette voix légèrement chantante du grand rêveur. Jean me disait que mon livre l’avait enchanté parce que les deux personnages principaux, les deux jumelles Rama et Aissa étaient des filles de l’eau. J’avais déjà auparavant entendu parler des filles de l’eau. Ma grand-mère m’avait une fois dit que ma mère était une fille de l’eau et qu’on avait eu beaucoup de mal à la garder en vie.’[1]
Plus tard, vous regarderez le film ‘Une simple parole’ de Khady et Mariama Sylla. Vous réaliserez alors la fascination ultime de Khady, de sa sœur Mariama et de leur mère pour la mer. Vous savez donc que Khady se définissait comme une fille de l’eau : une personne pure et introvertie qui n’est pas attachée aux choses matérielles…mais pour Khady, tout comme pour Rama et Aïssa, cette définition est littérale.
Nul autre empire ne les intéresse que celui de la parole. Car elle est la clé du mythe de leur création ; en réalité de toute création.
Khady, ange tragique, restera une fille de l’eau que grandir a rendu malade.
Poète ultime, elle nous a fait le don de la littérature.
De sa simple parole.
Sa sincère parole.
Photos 1et 4 : Stephane Weber
Photos 2,3 et 5 : Rama Salla Dieng
[1] Témoignage recueilli auprès de Mariama Sylla, réalisatrice et sœur de Khady.
C50PN : CLUB 50% DE PREFERENCE NATIONALE
Des entrepreneurs sénégalais ont mis en place le Club 50% de préférence nationale, « C 50% PN », en vue de veiller au respect du mécanisme adopté par les autorités en matière de « local content ».
En cette heure décisive de la marche de notre pays vers la réalisations de ses grandes ambitions, avec le souci de tenir sa place dans un monde en pleine mutation, et plus que jamais rythmé par la globalisation des enjeux économiques, il s’impose à nous l’urgence de la construction d’un dynamique et puissant secteur privé national.
Rassembler des forces éparses, mettre en synergies des volontés et des aspirations pour construire et consolider notre patriotisme économique afin d’en faire un des leviers de l’émergence économique et social du Sénégal nouveau que nous appelons de tous nos vœux.
C’est dans cette volonté de faire du secteur privé national le socle et le fer de lance d’un Sénégal émergent que des entrepreneurs sénégalais ont mis en place le Club 50% de préférence nationale, « C 50% PN », en vue de veiller au respect du mécanisme adopté par les autorités en matière de « local content ».
Ce club, espace de réflexion, de partage et de dialogue entre entreprises crédibles, saines et soucieuses de l’intérêt national, envisage aussi d’accompagner les autorités publiques dans le processus de prise de décision au service de l’intérêt national.
Toutes les initiatives patronales locales, bien que salutaires, font face à des limites objectives. Il convient d’aller plus loin par l’ouverture de concertation avec toutes les parties prenantes en vue d’adopter des mécanismes adéquats et fermes pour contraindre au respect de la préférence nationale a l’instar de ce qui se fait dans quelques pays africains émergents.
Les ressources publiques mobilisées par l’État du Sénégal financent des infrastructures qui sont souvent réalisées par des entreprises étrangères qui, dans l’exécution des marchés, contournent les dispositifs légaux en matière de « local content » et pratiquent la sous-traitance de tâches unitaires au profit des entreprises locales.
Or l’état d’esprit de la loi portant sur la préférence nationale est de concéder des segments importants des marchés aux entreprises sénégalaises afin de permettre leur montée en compétence et en valeur.
Dans le contexte actuel, malgré les efforts de l’État et le dynamisme des entreprises nationales, il est impossible de bâtir une économie solide, résiliente aux divers chocs. Les barrières à l’entrée imposées par les multinationales étrangères ne permettent pas l’éclosion d’un secteur privé sénégalais prospère et pourvoyeur d’emplois et de transformation économique.
Le « C 50% PN » part d’un constat. Le Sénégal bénéfice d’une excellente réputation auprès des partenaires bilatéraux et multilatéraux. Notre pays dispose également d’une signature crédible sur le marché international. Ceci au regard de sa stabilité et de son ancrage dans la mondialisation et au respect de ses engagements internationaux. Aussi, le Sénégal demeure ouvert à l’investissement privé local et international. En somme, nous sommes un pays attractif, et à ce sujet, nous accueillons un volume de fonds massifs de diverses sources. Il s’y ajoute que notre pays a lancé une ambition vers l’émergence basée dans une large part dans l’investissement privé. Une partie des fonds alloués au Sénégal le sont dans le cadre de la dette que les Sénégalais ont à rembourser sur plusieurs générations.
Afin de poursuivre notre dynamique de croissance en phase avec notre volonté d’arriver à l’émergence nous devons asseoir les bases d’une économie dont la locomotive sera le secteur privé sénégalais. Il convient de le rendre fort et compétitif par la valeur ajoutée et l’accès sans contrainte aux marchés publics.
Nous sommes un pays ouvert sur le monde, et à ce titre, nous acceptons les règles communautaires et internationales de concurrence. Mais l’objectif du Club « C 50% PN » est de placer l’entreprises sénégalaise au cœur de l’économie nationale. Il s’agit de travailler à la création de champions nationaux qui relèvent le défi de l’émergence par la croissance, l’emploi et l’inclusion sociale.
Abdoulaye SYLLA
Fondateur du C50PN
par Alasaan Joób At-Tijaani
RETOUR SUR LE GAMMU ANNUEL DE LA DAAHIRATUL TAL ATUL HAQ
Réhabiliter Cheikh Umar demeure ainsi une mission de salut public dans cette Tijanya plus que jamais en proie à toutes sortes d'attaques
Ce samedi 24 décembre 2022, la Citée Commico de la commune de Yëmbël s'est délectée de psalmodies à l'honneur du Prophète Mohamed PSL, de Cheikh Ahmed Tijaani (Qu'Allah sanctifie son précieux secret) et de Cheikh Seydi Elhadj Malick Sy (Paix à son âme). Gàmmu annuel de la Daahiratul Tal Atul Hàq oblige.
L'arrivée du tandem Cheikh Mohamed Diop At Tijaani « Sàng bi » et Cheikh Abdul Hamid Sarr « Muhiidiin » a ressemblé aux cérémonials hollywoodiens. Poésie des lieux : décorum princier, harmonie des couleurs et tapis rouge dans un environnement à l'éclat vif et berçant l'ouïe de l'assistance de chants à la gloire du Phénix du Maghreb.
La ferveur montante annonçait l'instant capital nous rappelant l'arrivée du Prophète PSL et son fidèle compagnon Abubakrin Sadiiq à Médine la Sainte. Comme signe de continuité de l'islam que constitue la Tijanya, le refrain Talaa'aalal badru fit place à celui de Abul Àbbaas Cheikhu Tiijaan. Le moment est grave. Cheikhu Tiijaan est délicieux. Il sent bon. Il est beau. Plus que de simples mots, son état civil soulage les maux, contente le malheureux, rassasie l'affamé, désaltère l'assoiffée, réveille l'endormi, égaye le mélancolique et consacre le méritant. Ses flux ramènent les égarés sur le droit chemin, sa voie est débroussaillée de toutes embûches. Sa voix céleste vibre au tréfonds de l'âme de l'aspirant. Par sa quiddité mactomienne, il est le garant de l'équilibre cosmique. L'univers tout entier s'est construit par son intermédiaire selon Elhadj Malick Sy Djamil de Paris (Cf poème Tidjani, mon amour, paragraphe 3, lignes 10 et 11 ; https://www.asfiyahi.org/TIDJANI--MON-AMOUR_a4121.html).
Indéniablement, l'écume des vagues se constate. L'utile se joint à l'agréable d'autant plus que nécessité fait loi. Aux grands seigneurs, les grands honneurs. C'est le moment de l'hommage à l'infatigable défenseur de l'Islam et de la Tijanya, en l'occurrence Mawlaayaa Cheikh Abdul Hamiid SAAR qui, comme à son habitude, délivre un cours magistral alliant nombre de champs de connaissances : jurisprudence, histoire, gnose, fiq de la Tijanya... Révélation de taille venant de lui : Cheikh Umar est le parrain de Sang bi Jóob. Ce système de parrainage dans le Royaume divin est gage de grande ouverture. Sa mission, il en eut entre autres confirmations de validation, bien des années après l’entame, à travers un rêve à Ceenéen, dans le Jolof. Le natif de Halwaar s'y retrouve dans une chambre, affamé et s'y voyant nourri par son filleul. Morale de l'histoire : une absence notoire de Cheikhu Umar dans les causeries de la voie. Rendons donc à César ce qui lui appartient, ce vade-mecum de la confrérie, annonciateur des symboles du Serignat en terre sénégalaise. Sa mise sous silence a corrodé nombre de foyers religieux.
Réhabiliter Cheikh Umar demeure ainsi une mission de salut public dans cette Tijanya plus que jamais en proie à toutes sortes d'attaques autant dehors que dedans.
Le défi de l'époque pour la jeunesse Maalikit demeure un retour dans les assemblées de wazifa selon l'enseignement de Sëriñ Aadama Kan : « Jamonoy Séydil Haaji Maalig, kenn ñemewul jéggi mbalaanu wazifa. Ñaan wérd ak ñàkk a ñaan wérd a ci yem. » et Paab Bachiir Ñaŋ, fils de Soxna Faatumata SI bint Safyétu Ñaŋ de raconter qu'un jour, alors qu'il était à bas âge, il manqua une assemblée de wazifa. De retour à la chambre de son grand-père où il vécut en sa compagnie pendant des années, il l'informa de son omission du jour et ce dernier s'attela à l'y accompagner autour du Mbalaan. Autant d'anecdotes pour rétablir la vérité sur une prétendue réserve de Mawdo à voir les jeunes s'adonner à ce rituel quotidien que racontent fabulateurs, diffamateurs et autres suppôts de santan.
Boroom Njàrnde a de quoi être fier de cet intraitable défenseur de sa cause, ce modèle de disciple achevé qui a sacrifié sa vie sous l'autel de la préservation du legs des illustres devanciers.
Il se dégage une complicité on ne peut plus visible entre les deux guides au service de l'idéal de la Charia et de la Sunnah de même qu'une réciproque générosité chevaleresque qui nous rappelle ce marqueur historique qu'a constitué la nature des relations entre les premiers compagnons du meilleur des créatures. Relations empreintes de cordialité.
Dès l'entrée de la tente, une dichotomie des deux sexes est rigoureusement observée et scrupuleusement respectée par organisateurs et visiteurs.
La 12e édition du Gàmmu de la Daahiratul Tal Atul Hàq a vécu. La moisson a été fructueuse telle une véritable fête des âmes. Nos félicitations aux organisateurs en tête de qui se trouve le Président Baabakar Ndoom.
Voilà une communauté soufie dont la conduite s'apprécie à l'aune de cette propension quasi-obsessionnelle à assurer les cinq prières canoniques à la mosquée et à remplir les assemblées de wazifa d'aurore et de crépuscule.
plume citoyenne, par Marem Kanté
FORCE COVID ET FOSSOYEURS DE L’EFFORT COLLECTIF
EXCLUSIF SENEPLUS - Des citoyens sans états d’âmes ont toujours usé de tous les stratagèmes possibles pour vivre du bien commun.Ce mal restera incurable et incontrôlable sans « ndeupeu collectif »
Il est intolérable de toujours vouloir chercher un bouc émissaire dans un situation qui n’honore pas une nation.
Aujourd’hui, tout le monde est au courant du rapport de la Cour des comptes. Plus d’un Sénégalais se sont indignés du comportement de ceux qui ont utilisé le bien commun de la « Force Covid-19 » à leur fin personnelle.
Au moment où le monde entier traversait une grave crise sanitaire sans précédent, obligeant les populations à rester chez eux sur une longue et douloureuse période de confinement, quitte pour certains de perdre la vie et pour d’autres des emplois et toutes sources de revenus ; au moment où les gouvernements se sont mobilisés pour venir en aide aux populations en mettant en place un fonds d’urgence et de solidarité ; au même moment, des citoyens voyous de la nation, tels des rapaces autour d’une proie, ont mutualisé leurs forces malsaines et dévastatrices, pour aller à l’assaut, sucer la collecte de la solidarité.
Aujourd’hui, après la publication du rapport de la Cour des comptes, tout le monde s’indigne et accuse le gouvernement en tenant pour responsable morale de cette situation honteuse, le président de la République. Pauvre président !
Oui je n’en disconviens pas ! La responsabilité de l’autorité administrative est engagée. La nation sénégalaise attend des sanctions et corrections.
Mais ce qui m’horripile dans ce rapport de la Cour des comptes, c’est l’attitude hypocrite des vrais malfaisants, ceux qui ont détourné sciemment une partie de ce fonds « force Covid-19 » qui appartient à tout un peuple. Par leurs actes égoïstes et indignes de l’essence humaine, ils ont arraché à leurs concitoyens leur droit de traverser dignement les affres du confinement, en leur privant de pouvoir donner correctement à manger à leurs familles, de soulager leur souffrance. Et pire encore, par ce vol du bien collectif, sans le savoir parce que obnubilés par l’appât de la manne financière, l’acte ignoble de ces délinquants de la nation, a entraîné toutes sortes de maladies chez leurs concitoyens, tout cela a cause du stress du confinement.
Aujourd’hui, sur tous les médias, les débats font rage sur cette malversation financière soulignée dans le rapport de la Cour des comptes. Je les imagine, ces fossoyeurs de la solidarité, devant leurs écrans de télévision, le regard perfide derrière un sourire faux, en train de suivre tous les débats télévisés sur cette chronique de dilapidation financière actionnée par leurs propres mains. Je les imagine, devant leurs concitoyens, tandis qu’ils affichaient un semblant d’indignation en se prenant pour des parangons de la probité et du civisme, leur subconscient faisant rejaillir sur leur conscience le souvenir de leurs actes sangsues sur les dos du peuple.
Chers concitoyens sénégalais ! Arrêtons ce jeu de l’autruche. Nous avons eu toujours l’art d’enfouir notre tête dans le sable, de peur de toucher le fond du problème.
Nous savons tous que ces actes ignobles qui défrayent la chronique, ne datent pas d’aujourd’hui. Chaque régime ayant dirigé ce pays a vécu ces situations de malversations.
Elles ont été décriées sous le magistère des présidents, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade et même du temps du président Léopold Sédar Senghor. Consultez les archives !
Aujourd’hui, ceux qui sont en train de commettre ces actes ignobles de malversation financière sont en fait les dignes héritiers de gros délinquants qui ont commencé à dilapider les ressources collectives de la nation. Et, tant qu’on ne procède pas à un « ndeupeu collectif », c’est à dire un lavage du subconscient nationaliste, le mal restera incurable et incontrôlable.
Oui ! Chers concitoyens sénégalais ! Soyons honnêtes et arrêtons de nous voiler la face ! Arrêtons de toujours vouloir chercher un bouc émissaire. Chaque citoyen dans son subconscient profond et secret sait pertinemment quel rôle il ou elle a eu à jouer dans la gestion du fonds force Covid-19.
Et d’ailleurs, nous savons également que la corruption et la malversation des biens publics ne datent pas d’aujourd’hui. C’est seulement « l‘effet Internet + réseaux sociaux » qui ont permis d’accentuer la portée et l’ampleur de ces dérives auprès des populations qui autrefois n’avaient pas accès à ces moyens d’information.
Depuis que le Sénégal est devenu une République, des citoyens délinquants et sans états d’âmes ont toujours usé de tous les stratagèmes possibles pour vivre du bien commun. Pour arriver à leurs fins, ils ont fait usage de flagornerie, de courtisanerie, de clanisme, de favoritisme, de despotisme pour se faire la part belle dans les ressources de la nation sénégalaise. Et ce, parfois en complicité avec d’autres concitoyens naïfs et totalement dévoués à leur service, prêts à tirer les marrons du feu pour nourrir leurs maîtres.
Quelle tromperie !
En réalité, ce groupe d’individus tapis dans l’ombre, insoupçonnable de toutes malversations, sont ceux-là les véritables fossoyeurs des efforts de développement et de l’émergence du Sénégal.
Comment imaginer qu’un citoyen imbu de foi et d’humanisme puisse agir de la sorte devant le bien commun ? Pensez-vous que des citoyens normaux agiraient égoïstement de la sorte devant ce qui appartient à tout le monde ?
En réalité, ces individus sont les rapaces de la nation. Ils sont avant tout malades d’un nombrilisme boulimique et incurable. Ils sont dépourvus de tout sentiment de service et de loyauté envers leurs concitoyens. Ils sont motivés par l’essence de « se servir d’abord avant de servir leur prochain ». Ils n’ont aucune culture du sens de la probité, du civisme et du partage.
C’est trop facile de vouloir chercher un bouc émissaire. Chaque citoyen est conscient de son rôle dans la société. À plus forte raison ceux, des mains de qui passent les ressources collectives.
Il appartient à chaque citoyen de jouer pleinement son rôle quand il s’agit du bien commun dont nul n’a le droit de l’utiliser à sa guise.
Il nous appartient à tous de jouer pleinement notre rôle afin que la nation sénégalaise devienne plus responsable dans la gestion des ressources collectives et plus égalitaire devant le partage de ces mêmes ressources.
Ensemble, avec toutes les autorités administratives et gouvernementales, il revient aux citoyens de tous bords, qui ont compris la vraie démarche à suivre pour mettre fin à ces dérives, d’aider ces délinquants à mieux reformater leur subconscient individuel face au bien collectif. Car il s’agit bien de les aider puisqu’ils sont malades et ignorants de leurs actes indignes qui impactent négativement l’image du pays et la sécurité du peuple.
Ils nous appartient donc à tous de cultiver dans le subconscient collectif et surtout dans celui de ces délinquants de la nation, ces fossoyeurs de l’effort collectif, la probité et afin de les amener à agir pour tout ce qui est utile à la conscience collective.
Si on ne touche pas le fond du problème, je vous assure qu’aucun magistère ne saura venir à bout de ce mal qui gangrène la nation en privant le peuple de ce qui lui revient de droit. Aux bonnes consciences de veiller à ce que ces maux soient complément éradiqués dans la gestion des ressources publiques afin que la prochaine génération n’en hérite de nouveaux germes.
Joyeux noël à tous les croyants imbus de probité en la bonne gestion et égal partage du bien commun. Telle la bonne parole prêchée par le Saint-Esprit : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert », nous dit Jésus (Luc 22, 27). Alors apprenons tous ensemble à servir au lieu de se servir. Tel a été le crédo de tous ceux qui ont eu à jouer un rôle fondamental dans la construction de notre nation. Ils ont avant tout, mis leur rôle citoyen au service du bien commun. Dans chaque dans chaque famille, communauté, le Sénégal regorge de ce genre de modèle.
One love.
par l'éditorialiste de seneplus, jean-claude djéréké
LA POLITIQUE AFRICAINE DES ÉTATS-UNIS CHANGERA-T-ELLE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Les États-Unis auront attendu 76 ans pour se rendre compte que le format de l’ONU est devenu obsolète et que le monde d’aujourd’hui ne peut pas continuer à fonctionner comme en 1946
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 27/12/2022
Les lampions se sont éteints sur le dernier sommet États-Unis/Afrique à Washington (13-15 décembre 2022). Au cours de ce sommet, Joe Biden a plaidé pour un « partenariat destiné non pas à créer des obligations politiques, à créer de la dépendance, mais à stimuler des succès partagés et à créer de l’opportunité ». Car, « quand l’Afrique réussit, les États-Unis réussissent et le monde entier réussit ». Il est heureux que la première puissance militaire mondiale ait enfin compris que les uns ne peuvent faire leur bonheur en créant le chaos et le malheur chez les autres.
Le président américain a en outre souhaité que l’Afrique puisse être « à la table dans chaque salle où l’on discute des défis mondiaux et dans toutes les institutions comme le Conseil de sécurité de l’ONU et le G20 ». Une prise de conscience qui, selon nombre d’Africains, arrive un peu tardivement car les États-Unis auront attendu 76 ans pour se rendre compte que le format de l’ONU est devenu obsolète et que le monde d’aujourd’hui ne peut pas continuer à fonctionner comme en 1946. Cela fait plusieurs années que les Africains réclament un aggiornamento (mise à jour) du fonctionnement de l’ONU, qu’ils constatent que c’est toujours la France qui parle au nom de ses anciennes colonies aux Nations unies et que l’Afrique reste à la périphérie alors qu’elle « compte 54 États et 1,4 milliard d’habitants et peut se prévaloir d’un PIB de 2,7 billions de dollars ». Or, comme l’a bien souligné Macky Sall, président du Sénégal et président en exercice de l’Union Africaine, pendant son entretien avec le New York Times, « nous devons faire partie des solutions et ne pas être seulement un sujet de discussion ».
Au total, on peut affirmer que les 49 chefs d’État africains ont eu droit à un joli discours, lors de leur rencontre avec Biden. Mais que vaut un beau discours s’il n’est pas suivi d’actes ? Seules des actions concrètes contre le terrorisme, la pauvreté, la confiscation de l’État depuis 30 ou 40 ans par certains dirigeants et le changement climatique montreront que les États-Unis ont vraiment changé de regard sur l’Afrique et d’approche ou non. Certains soutiennent que, si Biden a organisé ce sommet, c’est uniquement pour contrer l’influence de la Chine qui, depuis quelques années, construit des stades, des autoroutes et des aéroports ou pour freiner la montée en puissance de la Russie accusée, à tort ou à raison, de violer les droits humains, de créer l’insécurité et de priver de richesses minières les pays africains où le groupe Wagner s’est installé. Pour eux, Washington n’a pas renoncé à imposer la démocratie occidentale, la reconnaissance des LGBT et la bonne gouvernance. Certes, les populations africaines ont envie de vivre dans des pays moins exposés à la dictature et à la corruption, mais la découverte d’un million et demi d’euros par la police belge chez la vice-présidente du parlement européen, Eva Kaili, pourrait les conduire à penser que l’Occident devrait se garder de donner à l’Afrique des leçons que lui-même peine à appliquer chez lui.
Le sommet de Washington marque-t-il une vraie rupture avec des pratiques détestables ou bien doit-il être considéré comme un sommet de plus ? Le temps nous le dira.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
VOLEZ JUSQU’À HAUTEUR DE 0,7 % ET PLUS SI AFFINITÉS
Alors que l’on s’attendait à ce que le président annonce des poursuites contre les personnes épinglées par la Cour des comptes, il nous oppose le mépris. Ne lui parler surtout pas de ces détournements de quelques milliards
Ce qu’ils peuvent donc être ingrats et chiants, ces Sénégalais ! Des gens difficiles à satisfaire et qui n’ont assurément pas la reconnaissance du ventre, voilà ce qu’ils sont. Voilà donc 17 millions d’hommes et de femmes que l’on aide à traverser presque sans encombre la terrible pandémie de Covid-19, qui a fait tant de ravages sanitaires et économiques ailleurs avec des dizaines de milliers voire des centaines de milliers de morts selon les pays, contre à peine un millier dans ce Sénégal béni des dieux. Dix-sept millions d’hommes et de femmes pour qui l’on se décarcasse pour trouver 1000 milliards de francs en pleine tourmente sanitaire mondiale et les aider à faire face aux conséquences sanitaires mais aussi économiques de la pandémie, à être résilients donc, comme on dit, et qui trouvent à redire pour quelques malheureux milliards de francs perdus en cours de route dans les poches ou les comptes bancaires des agents publics chargés de gérer cette manne.
Plus exactement, 6.686.784. 410 francs seulement qui manquent à l’appel et les voilà en train de brailler, de faire un raffut de tous les diables, de tympaniser la République alors qu’ils devraient se confondre en remerciements et exprimer chaque jour que Dieu fait, au réveil, leur reconnaissance infinie à un si bon président et à de si dévoués ministres de les avoir sauvés de la famine et de la mort et leur pays, de la récession. Mais enfin, on ne sait pas ce qu’ils veulent finalement ces gens qui nous font chier. Ils ne vont quand même pas demander au bon Dieu sa barbe pendant qu’on y est ! Vous vous rendez compte : 6,7 milliards (arrondissons), ça ne représente que 0,7 % de la fabuleuse somme débloquée par le président de la République pour soigner les gens malades de la pandémie, effectuer des tests, créer des centres de traitement des épidémies, acheter des médicaments et des réactifs, venir en aide aux ménages vulnérables, aux entreprises en difficulté, aux secteurs économiques impactés parla crise, subventionner le prix du carburant, soutenir les monde sportif et culturel etc. Une « déperdition » de 0,7 % seulement et ça hurle comme des démons. Vous nous emmerdez à la fin ! » Ainsi peut-on résumer la réaction du Gouvernement à ce très gros scandale révélé par le rapport d’audit de la Cour des comptes sur l’utilisation du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19 (ou Force-Covid 19)
Un rapport qui a fait apparaître un véritable carnage, un pillage en règle des ressources publiques débloquées à l’occasion de cette pandémie. Un véritable « tong-tong » des finances publiques où l’on a vu des gestionnaires surfacturer allègrement, dépenser sans justificatifs, procéder à des détournements d’objectifs — comme par exemple « production de bacs à fleurs et travaux d’aménagement et de sécurisation » à hauteur de 239 millions de francs !, donner des marchés à des copains et des coquins — des coquines surtout! — sous forme de partage de l’hyène à des entreprises « Bouki », « Ndiour » et « Samba » appartenant à la même personne pour mieux capter les ressources publiques etc. En tout, on l’a dit, et pour se contenter du chiffre admis par le gouvernement (alors que le montant du préjudice subi parles pauvres Sénégalais est de loin supérieur à ce chiffre), 6,7 milliards environ détournés. Et pendant que le peuple s’indigne, s’étrangle, rue dans les brancards, réclame à très juste titre des comptes mais aussi que les voleurs soient pendus haut et court ou passent devant un peloton d’exécution, le président de la République, qu’un si petit détournement ne saurait émouvoir, voyons, lui qui vient de serrer la pince à l’homme le plus puissant du monde, le président des Etats-Unis d’Amérique, Joe Biden, de se rendre au pays du Soleil levant et de faire ami-ami avec le sultan ottoman Erdogan en sa qualité de président de l’Union africaine, le président Macky Sall, donc, ne saurait se rabaisser à parler de détournement portant sur six milliards de francs seulement. Il a donc demandé presque avec mépris à son Premier ministre d’éclairer les Sénégalais sur ce rapport de la Cour des comptes dont il a entendu parler. Comme si les Sénégalais avaient besoin de la lanterne de Diogène d’Amadou Ba pour voir clair dans cette histoire de détournement à grande échelle ! Diogène étant ce philosophe grec qui se promenait en plein jour avec une lanterne allumée. A ceux qui l’interrogeaient sur cette incongruité, il répondait : je cherche l’Homme !
Un point de détail !
Amadou Ba, prié d’éclairer les Sénégalais sur cette histoire, a jugé à son tour ne devoir pas condescendre à parler d’une affaire aussi minable qu’un détournement de moins de sept milliards de francs et a donc demandé à son ministre des Finances flanqué de son homologue du Commerce d’aller entretenir le bon peuple de ce sujet qui distrait le Gouvernement ! Voyez-vous donc, on leur parle de 1000 milliards et ils viennent nous embêter avec six malheureux milliards qui, au pire, relèvent de la Cour de discipline budgétaire et ne méritent même pas des poursuites pénales. Encore une fois, un détournement portant sur une somme aussi minable — pour un pays qui va être un producteur de gaz et de pétrole, et va donc tutoyer le richissime Qatar dans quelques mois — c’est un péché véniel, un pet de lapin. Un « point de détail » pour paraphraser l’homme politique français Jean-Marie Le Pen, fondateur du parti d’extrême droite Front national, à propos des chambres à gaz dont il avait dit que c’est « un point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». Des propos qui lui avaient valu plein de condamnations judiciaires.
Alors que l’on s’attendait à ce que le président de la République lui-même montât au créneau pour annoncer des poursuites judiciaires contre les personnes épinglées par les vérificateurs de la Cour des comptes en martelant qu’un seul franc des deniers publics ne saurait être détourné impunément, voilà qu’il nous joue le coup du mépris. Lui, il est juché sur son Olympe et ne venez surtout pas lui parler de ces affaires mesquines de détournement de quelques milliards. Et tant pis si ces milliards ont été soustraits d’une manne acquise à force de « mastata » sur le plan national et de « fi sabililahi » à l’international, le Sénégal étant l’un des plus grands mendiants de la planète. Circonstance aggravante, ils ont été détournés en période de guerre puisque le président de la République lui-même était monté au créneau pour déclarer la guerre à la pandémie de covid-19. Il ne s’agit donc pas d’un détournement de deniers publics ordinaire mais bien d’un crime de guerre car intervenant à un moment où des gens mouraient dans les hôpitaux et centres de traitement d’épidémies souvent par manque d’oxygène ou de médicaments, le plus souvent les deux, où les populations étaient confinées chez elles sur fond d’état d’urgence, où toutes les activités économiques étaient arrêtées ou singulièrement ralenties. Mais bon, les gestionnaires de deniers publics savent au moins une chose désormais : ils pourront détourner jusqu’à hauteur de 0,7 % des sommes qui leur seront confiées, ce sera passé par pertes et profits il ne leur arrivera absolument rien dans ce pays de Cocagne !
Par Mamadou Ndiaye
LES MASQUES TOMBENT
Dans ce Sénégal, si singulier, si particulier, tout semble revêtir une signification bien sénégalaise. Le soupçon est vite aiguisé, la lecture biaisée, les conclusions attisées et tout finit par s’enflammer avec des coupables désignés à l’apostrophe
À quoi sert un rapport ? Il fait le point d’une situation donnée. Il éclaire la voie à suivre et souligne les manquements non sans relever les bonnes conduites dans une activité sujette à examen et à caution.
L’étude, puisque c’en est une, s’évertue à décortiquer son objet et, au final, à rédiger une note circonstanciée permettant de mieux appréhender le sujet dans une approche dite contradictoire.
Dans ce Sénégal, si singulier, si particulier, tout semble revêtir une signification bien sénégalaise. Le soupçon est vite aiguisé, la lecture biaisée, les conclusions attisées et tout finit par s’enflammer avec des coupables désignés à l’apostrophe sans autre forme de procès.
Très peu connaissent le rapport au moment de sa conception ou de son élaboration. Mais dès qu’il est moulé, le voilà « jeté en pâtures » souvent sans les précautions d’usage qui vont avec. La circonspection et la retenue étaient jadis de rigueur dans les démarches d’inspection si feutrées fussent-elles.
En revanche, par les temps qui courent, les rapports se suivent et ne se ressemblent pas. On en commande à la pelle. Et, chemin faisant, ils s’enchaînent pêle-mêle et s’amoncellent dans des bureaux où s’estompent les spéculations en attendant d’autres missions pour relancer à nouveau la jactance et la vindicte populaire. L’effet de saturation se fait sentir de même qu’une certaine lassitude gagne nos compatriotes.
La récente publication du rapport de la Cour des comptes remet au goût du jour les délicatesses de la gouvernance publique. Par la sensibilité du sujet, en l’occurrence la pandémie du Covid-19, tout le monde aurait dû s’abstenir de piocher dans les fonds réunis aux fins inavouables de s’enrichir sans cause et, plus grave, sans gêne aucune.
Moralement parlant, un tel comportement est abjecte, honteux, puisque du malheur des uns (qui s’attendaient à être soulagés), d’autres tiraient leur bonheur propre en subtilisant des deniers dans une avilissante complicité qui en dit long sur leur probité douteuse. Mais que savaient-ils que d’autres ignoraient pour se comporter de la sorte ?
Certains, parmi eux, avaient-ils eu vent que la pandémie en question, loin d’avoir une « cause naturelle » serait le fruit d’une « manipulation humaine » ? Un accident de laboratoire ?
Pour consoler tout le monde et atténuer les dissensions en pleine tragédie, un consensus s’était dégagé pour avaliser la thèse de la transmission par le méchant pangolin de Chine. Pour une fois, les grands laboratoires, eux-mêmes prolongements des grandes multinationales pharmaceutiques, s’accordaient pour retenir une version à servir au monde médusé.
Il n’y avait que l’Américain Donald Trump pour réfuter cette thèse en parlant à tue-tête d’un « virus chinois ». D’ailleurs le Président des Etats-Unis d’alors, grande gueule, en avait voulu à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), complice, selon lui, de la Chine dans la fuite du Covid-19 d’un laboratoire de Wuhan, l’épicentre de la pandémie et une des plaques tournantes de la mondialisation.
En clair, l’Amérique n’y croyait plus et commençait à distiller ses réticences auxquelles ont été sensibles de grands noms de la médecine mondiale : universitaires, chercheurs, praticiens, décideurs, investisseurs et quelques médias notoirement influents.
Nos acteurs locaux, certains parmi les plus réputés, étaient eux de mèche avec « l’air du doute » qui flottait pour deviner l’issue du combat contre ce prétendu « mal du siècle » ? Les lenteurs observées dans l’acheminement des aides multiformes ont indigné plus d’un au Sénégal où mécaniquement on a reproduit le contestable slogan : « Restez chez vous » ! La suite est connue : dans l’affolement et la précipitation, tout et son contraire ont été observés. Dépensez, puis justifiez après ! avait-on entendu...
D’où provient l’énorme quantité de vaccins inutilisables parce que périmés ? Qui a commandé ? Qui a livré ? Qui a réceptionné ? A quel coût ce vaccin « périmé » nous est-il revenu ? La dissimulation, c’est un métier. Ceux qui s’y adonnent subissent la loi de décideurs très perméables à des groupes de pression. Or ces derniers sont présents au Sénégal et arrosent à coups de milliards de factices officines chargées de la « sale besogne ».
A intervalles réguliers, ces officines se livrent des guerres sans merci, oubliant ou feignant d’oublier qu’elles obéissent à l’index aux désirs et aux caprices des multinationales dont les croisements d’intérêts assez fréquents justifient « la paix des braves » qu’elles signent momentanément pour prospérer sur des marchés émergents.
Les impératifs du grand capital, osons le dire comme ça, dictent leur conduite (et leurs lois) aux relais le plus souvent placés sur orbite à des postes de non moins grandes responsabilités dans nos pays. Les conflits d’intérêts fleurissent à tout bout de champ. Ministres, Directeurs Généraux, Conseillers attitrés, Professeurs titulaires de chaires, et une escouade d’intermédiaires aussi influents qu’inutiles, peuplent cet univers où règne une indescriptible opacité. La transparence, connaît pas !
Or que constate-t-on à l’échelle du monde ? Une recrudescence de foyers endémiques dans des pays pourtant vaccinés et qui se croyaient à l’abri, donc protégés. Autrement dit les thèses à l’origine des ripostes enclenchées s’effondrent comme des châteaux de cartes.
Les certitudes craquèlent. Et la vérité éclate au grand jour. La Chine cherche à se dédouaner pour avoir infligé au monde une épreuve catastrophique. Son aveuglement l’a conduite à ce niveau d’antagonisme dont les résultats lui ôtent de sérieux points de crédibilité. Ceux qui avaient raison très tôt ou trop tôt, en un mot avant tout le monde, ont été écartés au motif qu’ils empêchaient la fraude et la concussion de fonctionner à plein régime.
L’économie mondiale, durement affectée, s’en remet difficilement. Les actifs, prudents, tardent à se réintroduire, apeurés qu’ils sont par la fragilisation de l’écosystème planétaire. Il se trouve encore des adeptes du confinement chez nous-mêmes, aussi étonnant que cela puisse paraître. Sans doute, après avoir goûté aux délices de l’enrichissement sans cause, ils ne se satisfont pas des fortunes amassées en si peu de temps.
La récente publication du rapport de la Cour des Comptes et la vive polémique qu’elle entretient ne les émeuvent pas outre mesure. Ces gens, peu importent « leurs rangs et qualités », devront rendre gorge, parce que les fonds dilapidés viennent de tous les Sénégalais qui se sont ainsi privés de leur épargne ou de leur consommation potentielle pour les fonds de la Force Covid-19, pilotée par un officier supérieur de l’armée.
L’altruisme des Sénégalais n’est pas qu’une banale hypothèse. Elle est une certitude traduite par une générosité sans faille à l’égard des plus faibles à l’appel du devoir citoyen. Rien ne doit briser cet élan justement.
Ceux qui gouvernent aujourd’hui et ceux qui y aspirent, demain, doivent s’apercevoir que la démocratie constitue un patrimoine politique qu’aucune chapelle ne peut domestiquer. Au contraire, elle est une œuvre en constante évolution pour s’adapter aux contextes qui l’environnent. Le peuple veille.
Collectif Fonk Sa Reew
MANIFESTE CONTRE LE PÉRIL QUI NOUS MENACE
EXCLUSIF SENEPLUS - La confrontation en cours entre le pouvoir et l’opposition risque de basculer dans un déchaînement de violence funeste. Le peuple demande un changement définitif du paradigme de gouvernance
Wara wax, wax ; wara def, def ! |
Collectif Fonk Sa Reew |
Publication 26/12/2022
Le Sénégal est sous tension. La confrontation en cours entre le pouvoir d’État et l’opposition ainsi que des segments dynamiques et patriotiques de la société civile, risque de basculer dans un déchaînement de violence funeste et destructive. Les signes sont nombreux et inquiétants. Parmi ceux-ci, les interdictions de manifester et les arrestations intempestives, les disparitions et les morts non élucidées, auxquelles s’ajoutent un système d’impunité évident, autant pour les crimes de sang que pour les crimes économiques. Un tel basculement se ferait au détriment des intérêts et des traditions démocratiques des sénégalais et de leur profond désir de paix et de justice.
Face aux responsabilités des acteurs politiques dans cette évolution exécrable, des observateurs et commentateurs ont pris la fâcheuse habitude de renvoyer pouvoir et opposition dos à dos en se disant neutres et républicains. Ceci est une grave erreur. Pourquoi se perdre dans des discussions hypocrites interminables sur les origines multiples du conflit, quand la responsabilité primordiale revient, dans une démarche de résolution pacifique, à celui qui concentre entre ses mains les moyens de le résoudre ? Dans toute société démocratique, c’est l’État qui donne le ton et qui donne l’exemple. D’autant que, depuis les événements tragiques de décembre 1962 et l’avènement de la Constitution de 1963, le Sénégal a sombré dans un présidentialisme où quasiment tous les pouvoirs sont entre les mains du président de la République. C’est lui qui nomme aux responsabilités civiles et militaires et qui chapeaute la hiérarchie judiciaire en tant que président du Conseil supérieur de la magistrature.
Jusqu’aux élections législatives de 2022, il bénéficiait, en outre, d’un parlement captif par le biais – et l’abus – du fait majoritaire. Pour la première fois, en 2022, un parlement relativement équilibré a vu le jour grâce à l’expression du suffrage des sénégalais. Toutefois, cette avancée ne devrait pas masquer le déficit démocratique que constitue son fonctionnement chaotique et le fait que plus de 5 millions de citoyens en âge de voter ne l’ont pas fait. Le parlement doit impérativement en élucider les raisons avant l’élection présidentielle de 2024. Ceci permettrait de sécuriser et de fiabiliser l’expression populaire manifestée par le vote, un droit constitutionnel inaliénable qui devrait être automatiquement octroyé à tout citoyen en âge de voter et jouissant de ses droits civiques.
La responsabilité du régime du président Macky Sall est totalement engagée. Présentement, des dizaines de Sénégalaises et de Sénégalais croupissent en prison pour leurs opinions politiques et sont en attente de jugement. Les opposants et activistes sont réprimés et emprisonnés souvent sans respect de l’esprit des lois ou des règles de procédure judiciaire. La liberté d’opinion et de manifestation, ainsi que les droits à l’information et à la justice, sont bafoués de façon routinière, alors même qu’ils sont inscrits dans la Constitution. Contrairement à l’engagement pris par le président devant l’opinion internationale, des journalistes sont arrêtés et emprisonnés, voire persécutés. C’est le cas désormais emblématique de Pape Alé Niang. Le président de la République dit ouvertement avoir mis des dossiers de corruption « sous le coude » pour des raisons qu’il est le seul à connaître ; des membres ou proches de la coalition au pouvoir sont protégés et leurs délits impunis, au moment où des lanceurs d’alerte, des activistes et des militants de l’opposition sont arrêtés et emprisonnés pour des motifs qui peinent à convaincre. La perte de confiance dans la neutralité et le caractère régulateur des institutions de l’État se généralise.
L’abus du discours alarmiste sécuritaire, ainsi que l’inflation d’accusations sans grande vraisemblance venant de hautes autorités du gouvernement et de la magistrature et relayées par les partisans de la coalition au pouvoir font craindre le pire. En effet, le recours à un vocabulaire catastrophiste, essayant sans cesse de lier les activités ou des figures de l’opposition à des « forces » dites « occultes », « spéciales », « rebelles » ou « terroristes », font craindre la possibilité d’actions désespérées – « sous faux drapeau », comme disent les spécialistes. Nous espérons que le Sénégal n’en arrivera jamais là.
Toutefois, pour éviter que des pratiques criminelles risquées s’installent dans notre pays, il faudra surveiller étroitement tout abus du type de langage ou de mauvaise foi pouvant nous y conduire. Pour le moment, les bases très légères présentées aux Sénégalais pour expliquer les disparitions et autres évènements tragiques survenus depuis mars 2021 n’ont pas convaincu grand monde. Un État ne joue pas avec le feu et avec la sécurité du pays. Il n’affaiblit pas les institutions en les politisant et en s’affranchissant de façon outrancière des normes et des formes que lui impose l’État de droit. Un État responsable et patriote s’attelle à créer les conditions de confiance et de stabilité pour un large consensus de développement transformateur auquel les Sénégalais pourront adhérer sur 20, 30 ou 40 ans, indépendamment des partis ou régimes qui pourront se succéder. Cela doit se faire en briguant de façon loyale et encadrée les suffrages des sénégalais.
Au Sénégal, toutes les grandes avancées démocratiques sont issues des luttes du peuple. Mais c’est l’État, à chaque fois, qui a consacré les conditions d’apaisement en reconnaissant dans la loi et dans son propre comportement, la légitimité des revendications et de la souveraineté du peuple. Par exemple en 1980, le nouveau régime d’Abdou Diouf a créé de telles conditions, en reconnaissant « tous les partis qui en font la demande », une des principales revendications du RND dirigé par le Professeur Cheikh Anta Diop.
Ainsi, au lieu de continuer à souffler sur les braises et à étaler sous nos yeux – et avec notre argent - les signes extérieurs de la puissance d’État et d’une militarisation outrancière et partisane des forces de sécurité, le régime actuel ferait mieux d’utiliser les énormes moyens à sa disposition pour apaiser le pays et donner des gages au peuple qu’il respectera la parole présidentielle sur la fin du dernier mandat de M. Macky Sall en 2024.
FONK SA REEW, Wara wax, wax ; wara def, def ! Empruntée à Cheikh Anta Diop, cette expression veut dire qu’il y a des moments dans l’histoire d’un peuple où il n’est plus possible d’observer passivement ou de se taire. Prenant ses racines dans l’histoire mal connue du mouvement national démocratique et populaire sénégalais qui a contribué de façon centrale à l’avènement d’un Sénégal démocratique, à la sortie de la période sombre de la clandestinité, des arrestations arbitraires et de la torture dans les années 60 et 70, Fonk Sa Reew s’est constitué autour de ce manifeste. Il entend, par ce marqueur, contribuer à empêcher la terrible régression que constituerait pour le Sénégal le reniement de la parole présidentielle par la recherche d’un 3ème mandat en 2024. Il en est de même de tout changement non constitutionnel pouvant découler d’affrontements violents dans le pays. Ces éventualités ne sont pas acceptables.
FONK SA REEW, wara, wax wax ; wara def, def ! est un souffle qui répond à une aspiration et à un mouvement irrépressible du peuple sénégalais pour l’affermissement de sa souveraineté sur ses ressources et le rejet de certaines tendances oppressives et autoritaires de notre État. Le Mouvement inscrit son action dans le continuum des traditions de luttes populaires et démocratiques depuis les années 50 et fonde ses principes sur la solidarité panafricaine, le soutien aux luttes des peuples et les valeurs cardinales de dignité en politique, de respect de la parole donnée publiquement, d’engagement politique et citoyen au service exclusif de l’intérêt supérieur du peuple. Le Mouvement est ancré dans le refus de l’arbitraire, de l’injustice et du non-respect des règles de l’État de droit. Il est né pour contribuer à l’avènement d’un Sénégal nouveau, véritablement indépendant au sein d’une Afrique libre et forte ; un Sénégal économiquement souverain, maitre de son destin et de ses ressources, notamment ses ressources naturelles agricoles, hydrauliques, éoliennes, minières, pétrolières et gazières.
Après deux alternances au pouvoir en 2000 et en 2012, en dépit d’investissements chiffrables en milliers de milliards de francs CFA, notamment dans les infrastructures, la situation socio-économique des sénégalais n’a pas fondamentalement changé. Le pouvoir d’achat des ménages s’effondre sous la pression de la flambée inédite du prix des denrées de consommation courante. Les services sociaux de base tels que l’éducation, la santé, l’assainissement, l’accès à l’eau potable et à l’électricité restent des défis, malgré des progrès réalisés dans certains secteurs. Le chômage endémique, les emplois précaires et le sous-emploi sont le lot de la jeunesse dont 69%, selon l’ANSD, ont moins de 30 ans.
Au lieu de s’atteler à régler les questions structurelles et les problèmes cruciaux des sénégalais, certains tenants du pouvoir semblent surtout préoccupés par l’accaparement de ressources, de positions et de prébendes. La corruption est endémique et d’une ampleur inégalée dans notre histoire. La malgouvernance, le népotisme, la concussion, l’impunité et le clientélisme semblent être érigés en système de gouvernance. Le rapport de la Cour des comptes relatif à la gestion nébuleuse des Fonds Covid-19, pour la période 2020-2021, en est une dernière illustration.
Le peuple demande un changement définitif du paradigme de gouvernance économique, politique et sociale du pays. Celui-ci sera fondé sur le respect des droits des citoyens, la transparence et la fin de la corruption au sein de nos administrations, la souveraineté économique, qui en sera l’assise, avec des choix populaires forts sur la culture et les langues, les sciences et l’innovation, la monnaie et l’énergie, l’agriculture, l’alimentation et l’industrialisation, profitant directement au peuple et au pays tout entier.
Le champ du défi est grand. Il est aussi incompatible avec certains comportements actuels de nos dirigeants. Nous exigeons qu’ils se ressaisissent et qu’ils ne tentent surtout pas de briser ces aspirations profondes des Sénégalais. Les honneurs, les privilèges et même tout l’argent du monde ne le valent pas ; ni l’illusion de puissance que donne l’ampleur des ressources mises à leur disposition par le peuple, ainsi que le mode dépassé d’exercice du pouvoir d’État au Sénégal :