Avec la suspension du paiement d’une partie de sa dette extérieure, le Ghana semble amorcer une préoccupante descente aux enfers : 40% d'inflation, une dette extérieure frôlant 80% du produit intérieur brut, une monnaie en chute libre… Qu’est-il donc advenu à ce Ghana que vous nous avez tant de fois vanté, ici, comme un modèle irréversible de réussite économique et démocratique ?
Certains trouveraient bien commode, à Accra, de s’abriter derrière les contrecoups de la guerre en Ukraine. Mais, le Ghana n’est pas plus affecté que d’autres États africains. Et depuis son accession à la magistrature suprême, il y a six ans, le président Akufo-Addo s’est construit, en Afrique et dans la diaspora, une image de leader d’envergure, capable d’audace, de franchise, et ses propos ont souvent impressionné. C’est donc, pour lui, le moment de mériter cette gloire acquise auprès des Africains par le verbe, en admettant comme un échec personnel ces contreperformances économiques. Ce serait tellement plus simple que de se raccrocher à un conflit lointain, fût-il avec un fumet de guerre mondiale.
En juillet 2017, le président Akufo-Addo, aux affaires depuis tout juste six mois, congédiait, avec une surprenante assurance, le FMI. Il estimait alors avoir déjà donné à l’économie nationale l’impulsion nécessaire pour se passer des concours extérieurs. Le voir, aujourd’hui, négocier avec le même FMI, des mesures de restructuration dans un programme de 3 malheureux milliards de dollars, pourraient amener ses concitoyens à s’interroger sur la consistance de sa posture d’alors.
La situation économique et budgétaire de nombreux pays africains est porteuse de grands risques sociaux, politiques et sécuritaires. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme pour rappeler les pays riches à leurs responsabilités
Après la Zambie, le Ghana a fait défaut de paiement de sa dette extérieure. La semaine dernière, le pays de Kwame Nkrumah a annoncé la suspension du paiement d’une partie des euro-obligations alors qu’il est en pleine négociation avec le Fonds monétaire international (FMI). Cette décision a été prise dans un contexte de grave crise économique marquée par une inflation à plus de 50 % avec un doublement des prix à la pompe et une dévaluation de 50 % du cedi (la monnaie du pays) par rapport au dollar. L’État ghanéen qui consacrait la moitié de ses revenus au service de la dette est dorénavant lesté de 6 milliards de dollars supplémentaires avec la dévaluation du cedi. La situation du Ghana n’est pas isolée. Dans les semaines et mois à venir, 19 pays africains en situation de surendettement risquent de connaître le même sort.
Selon l’économiste bissau-guinéen, Carlos Lopes, il y a trois raisons à cette situation d’assèchement de liquidités comme vient de le connaître le Ghana : la guerre commerciale opposant la Chine et les États-Unis, les conséquences de la pandémie de la COVID-19 et de la guerre en Ukraine. La guerre commerciale lancée unilatéralement par l’administration Trump a ralenti la demande mondiale notamment celle des matières premières qui sont les principales pourvoyeuses de ressources aux pays africains. En Afrique subsaharienne, si la pandémie à COVID-19 n’a pas eu un impact épidémiologique comparable à celui qu’a connu l’Europe ou de l’Amérique du Nord, ses conséquences économiques sont catastrophiques. Selon les estimations de la Banque mondiale, l’activité économique s’est contractée (-2,6 % en 2020). La pandémie a plongé la région dans sa première récession depuis plus de 30 ans. Le PIB par tête a connu une baisse plus marquée en raison de la croissance de démographique (- 4,7 %). La pauvreté, mesurée par le seuil international de pauvreté, a augmenté en 2020 pour la première fois depuis 1998. On compte 26 à 40 millions de personnes pauvres supplémentaires. La Banque mondiale rapporte que « les femmes et les jeunes ont souffert de façon disproportionnée du manque d’occasions et d’un accès inégal aux filets sociaux de sécurité » Des millions d’emplois ont été détruits dans le secteur informel qui occupe plus de 80 % des actifs dans la majorité des pays.
Il y a eu trois causes à cette récession. La première est la chute du cours des matières premières extractives qui procurent à plus de la moitié des pays de la région une bonne part de leurs recettes d’exportations et budgétaires. Durant l’année 2020, le cours de l’or noir a atteint à la baisse un niveau inégalé depuis 2004. Dans le sillage de l’effondrement des cours du pétrole, ceux de certains métaux (aluminium, étain, zinc et plomb) ont connu le même sort. À la baisse des cours de ces ressources minérales, il faut associer la diminution des volumes exportés en rapport avec la baisse de la demande mondiale. La deuxième cause est liée aux restrictions à la circulation des biens et des personnes (fermeture des frontières) pour éviter la propagation du virus qui ont entraîné des conséquences importantes sur les recettes en devises et sur l’approvisionnement des pays. Le tourisme et le transport ont été les secteurs les plus touchés par la suspension des vols à destination de l’Afrique. Il est à noter également que la diminution des transferts des migrants (-20 %) qui représentent 4 % du PIB du continent a entraîné des conséquences sur les recettes en devises. Les mesures de confinement prises dans certains pays, notamment en Afrique du Sud, ont eu un fort impact sur l’activité économique. Dans le reste de la région, les mesures telles que la fermeture des écoles, les couvre-feux et interdictions de rassemblement qui ont été prises ont influé de manière importante sur l’activité productive et porté de rudes coups au secteur de l’économie dite informelle. En l’absence de mécanismes de sécurité sociale dans beaucoup de pays, la consommation des ménages a fortement baissé.
Les mesures prises pour lutter contre la propagation du virus ont contraint les États, notamment les plus riches, à augmenter la dépense publique en accordant des aides aux entreprises et en soutenant la consommation des ménages. Les mesures budgétaires découlant de ces initiatives ont représenté 2,5 % du PIB de la région. Mais la majorité des pays subsahariens, comme on pouvait s’y attendre, a rencontré des difficultés à mettre en place ces politiques contracycliques. À l’augmentation des dépenses publiques qui a touché tous les pays s’est ajoutée une diminution drastiques des recettes budgétaires, conséquence de la baisse de l’activité. Dans le même temps, le continent a connu d’importantes sorties de capitaux (4 milliards de dollars). Face aux difficultés induites par la pandémie, les ministres des Finances et les banques centrales du G20 ont décidé le 15 avril 2020 de suspendre le remboursement de la dette de 76 pays à travers le monde, dont 40 en Afrique. La Chine a pris des mesures similaires pour soulager les finances publiques des pays africains. La pandémie de COVID-19 a apporté une preuve supplémentaire des inégalités mondiales des termes de l’échange, les bases de productions et d’exportations trop étroites, la vulnérabilité aux chocs exogènes (y compris aux fluctuations des flux de capitaux) des pays africains. La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine a entraîné des conséquences qui se sont ajoutées à celles qui sont mentionnées plus haut. Elle a entraîné une augmentation des prix notamment celles des denrées alimentaires, une montée des taux d’intérêt et la dépréciation des monnaies. L’ensemble de ces conséquences a entraîné des tensions budgétaires qui rendent la dette insoutenable pour de nombreux pays.
La situation économique et budgétaire de nombreux pays africains est porteuse de grands risques sociaux, politiques et sécuritaires. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme pour rappeler les pays riches à leurs responsabilités, mais également d’en appeler à une plus grande justice dans le système économique mondiale. Au cours de la pandémie, des changements avaient été promis par les pays du G7. Emmanuel Macron avait juré, la main sur le cœur, que la France prendrait sa part pour ce changement de paradigme. Hélas, le mercredi 14 décembre 2022, au cours du vote de l’Assemblée générale des Nations unies de la résolution pour un nouvel ordre économique mondial, la France a joint sa voix aux pays de l’OCDE et aux paradis fiscaux pour s’y opposer. Cette résolution a été néanmoins adoptée par 123 voix contre 50. Elle fait dorénavant partie du corpus juridique et politique de lutte contre les inégalités dans le monde. Cette une avancée que nous avons le devoir de concrétiser. Les communistes devront être à la pointe de ce combat.
Par Cheikh Ndiaguene Gueye
LE PRÉSIDENT TRAHIRA !
Et quand le Président trahit, c’est le pays qui trahit son image, qui se trahit moralement, le pays tout entier qui trahit son histoire. Personne ne reconnaîtra plus une autorité, puisque l’autorité suprême a trahi
Le Président trahira forcément ! Il trahira son camp et ses partisans qui comptent sur lui pour qu’il se sacrifie sur l'autel de leurs intérêts et de privilèges dont ils se gavent depuis plus d'une décennie. Sinon, il trahira ses principes religieux, moraux, républicains supposés, qui lui avaient donné l'assurance sincère de ne jamais être pris au piège des flagorneries partisanes au point de se dédire sur la question des mandats.
Depuis quelques semaines, tous ses proches se sont donnés le mot pour appuyer leur communication sur les arguments allant dans le sens de le pousser vers l'abime de la trahison de son engagement pris urbi et orbi, de lui forcer la main, voire de lui tordre le bras ou même de le noyer dans l’eau boueuse du bannissement de la grande Histoire.
Ils s'en foutent de savoir s'il y aura la violence et la déstabilisation attachées aux choix de tenter le diable du troisième mandat partout en Afrique, si le Sénégal tombera dans l'ère des coups d'Etat ou de révoltes dans un contexte plus inflammable que jamais avec l'inflation, le chômage et le désespoir des jeunes, le grand banditisme armé, etc. Chacun veut aller encore plus loin que l'autre dans la pression pour la trahison alors que lui réserve encore sa réponse. Il n'y a pas de doute !
Toutes ces personnes sont saisies par le doute du lendemain de la perte du pouvoir, du manque par rapport à l'argent facile, aux voitures rutilantes, aux postes juteux et glorieux. Chacun veut être celui qui lui donne le courage de sa honte prochaine que l'histoire retiendra jusqu'à ses petits-enfants. Chacun veut l'aider à s'inscrire dans les livres d'histoire et dans les récits du futur comme celui qui se sera dédit, qui aura commis la plus grande trahison de son serment de l'histoire des Présidents Sénégalais.
S’il ne trahit pas ses faux partisans, il trahira les sénégalais en général à qui il a promis avec la solennité de la parole qui s'envole pour pénétrer partout, (voir les VAR) et l'écriture qui reste pour l'éternité, que lui, sera le Président qui en finira avec la question des mandats et qui le verrouillera de manière définitive quel que soit les circonstances. Il sera le Président qui après avoir créé et financé la Commission Nationale de Réforme des Institutions pour une réflexion approfondie et inclusive avec de larges catégories d’acteurs de la Nation pour qu’on en finisse avec ces problèmes de nombre de mandat, a trahi sa décision. Il trahira l’esprit et la lettre du référendum de 2016 sur la Constitution après avoir parcouru le pays en long et en large pour faire voter les sénégalais.
Il trahira la parole donnée avec force et engagement devant Dieu et devant les hommes. La parole donnée aux citoyens qui l'ont cru et soutenu, aux chefs religieux et coutumiers à qui il a fait croire à sa foi et à la sincérité de son engagement entier pour la préservation de l'héritage, à ses alliés qui ont partagé avec lui les combats épiques et mortels contre l'idée même du troisième mandat. Il trahira le leadership du Sénégal dans le concert des démocraties du continent, il trahira son leadership personnel comme Président exemplaire de l'Union Africaine sur les questions de démocratie, il trahira sa moralité républicaine, il salira son nom, ses valeurs de halpular qui ont fait la fierté et l’honneur de toute son ascendance, il rompra le serment des « gorr », ces hommes dignes qui sont capables de mourir pour leur parole.
Et quand le Président trahit, c’est le pays qui trahit son image, qui se trahit moralement, le pays tout entier qui trahit son histoire. Personne ne reconnaîtra plus une autorité, puisque l’autorité suprême a trahi. Personne ne pourra plus dire à ses enfants que la trahison est criminelle et qu’un croyant ne trahit pas. Il trahira Alboury Ndiaye, Lat Dior, Maba Diakhou, Bour Sine et tous les rois qui ont résisté à la colonisation, à ses violences extrêmes et multiformes et qui ont donné leurs vies pour que nous vivions dans un pays libre et pacifique, inspiré par l’éthique de refus. Il trahira Galandou Diouf, Blaise Diagne, Lamine Guèye, Senghor, Mamadou Dia et toute la génération qui a construit l’Etat du Sénégal. Il trahira Cheikh Oumar al Foutiyou, Cheikhoul Khadim, El Hadj Malick Sy, Seydina Limamou, Mame Abdallahi Niasse, et toutes les grandes figures religieuses du Sénégal ainsi que leurs descendances qui ont rendu aux sénégalais leur dignité et construit à travers des sacrifices incroyables une nation sénégalaise plurielle et unique. Il trahira ! Il trahira
par Charles Faye
BOULLABAISSEMENT
J’ai vite capté que le synchronisme de deux évènements ne relève pas forcément du hasard. Prenons pour exemple, la Déclaration de politique générale du Premier ministre lundi 12 décembre, et la publication le même jour, du rapport sur le Fonds Covid
On m’a une fois dit que la bouillabaisse est le seul plat français permettant de facturer la rouille au prix du fer forgé.
Qu’il n’y a pas de truands, mais que des naïfs toujours ferraillés par un attrape nigaud marchant à tous les coups. Je saurais vite fait de quel bord je suis.
De l’école senghorienne, abonné permanant á la buissonnière, non pas par réformisme, mais pour les blouses bleu-ciel de Jeanne d’Arc, j’ai vite capté que le synchronisme de deux évènements ne relève pas forcément du hasard.
Prenons pour exemple, la Déclaration de politique générale du Premier ministre Amadou Ba, lundi 12 décembre, et la publication le même jour, du rapport définitif de l’audit portant sur les dépenses faites en 2020 et 2021 sur le Fonds de riposte contre les effets du covid-19.
Rapport, qui, précisons-le, a été bouclé par la Cour des comptes, quatre mois plus tôt, le 19 août 2022.
Ce rapport aurait pu être publié en septembre, voire en octobre, ou encore en novembre, mais il a fallu le 12 décembre pour l’emballer et le vendre.
On me dira que les bailleurs, qui ont contribué à la mobilisation des 740 milliards de francs CFA, y tenaient, reste que ce tout-arrivesque du 12 décembre me semble plus être provoqué, qu’hasardeux.
Même si, comme dit l’autre, le hasard fait si bien les choses qu’il les fait arriver tout court, donnant toujours l’impression, qu’elles n’auraient pu avoir lieu autrement.
Il n’empêche, que les faits restent ce qu’ils sont. Même s’il en est qui soutiennent que la dérobade tourne autour de 6 milliards, soit moins d’un pourcent du magot. Et que par ailleurs, les épinglés sont présumés innocents jusqu’à ce que verdict s’en suive.
Mieux, les faits seraient effacés si l’amnistie épongeait l’ardoise au terme d’une visite de courtoisie bouclée le 31 décembre 2022.
Un lavage à grande eau en perspective pour une prospective présidentielle ouverte à tous. Sauf le Macky, qui verrait d’un bon œil un successeur blanc comme neige prendre sa suite à l’avenue Roume en 2024.
Ce n’est peut-être pas le son de cloche que scanderont, dès ce vendredi, les matines du séminaire présidentiel de Benno Bokk Yakaar en quête d’appareil repensé et organisé, mais rien ne dit non plus que Goor Mariem ne prendra pas le maquis pour une station plus reposante. Loin des mains baladeuses.
Reste à savoir qui a-t-il sous le coude. Autrement dit, pour qui travaille-t-il, si ce n’est pour lui.
L’intelligence de la vie étant un blanc-seing donné au hasard, l’intelligence politique devrait forcément s’en inspirer.
par Ndeye Fatou Ndiaye Blondin Diop
TOK LENE SEN KEUR, ÑOU NGUI SATHIE ALALOU REWMI
Le régime de Macky Sall ne nous épargne rien pour assouvir sa soif de pouvoir. Le combat pour la reddition des comptes des fonds de la Covid rejoint celui pour les milliards de l’assainissement, des contrats d’armement, de la prédation du foncier
Il semble que Macky Sall soit déterminé à se représenter pour un 3ème mandat malgré tout. Persuadé que les citoyens oublient vite, il ignore sciemment la clameur du peuple qui gonfle au fil des scandales qui émaillent sa gouvernance depuis 2012.
Le dernier et, à mon avis, le pire des ignominies nous est livré dans le rapport sur la gestion des fonds de la Covid-19. Le contenu de ce document doit être porté à la connaissance de chaque citoyen. Il nous montre le degré de métastase du cancer dont le Sénégal est atteint.
Nous sommes en mars 2020, le Covid se propage à grande vitesse dans le monde, le président Macky Sall, mimant les propos de son homologue français, se tient devant la nation et parle de situation de guerre et décrète couvre-feu et état d’urgence. Cet appel fait écho chez chaque citoyen mais aussi toute la classe politique ainsi que les autorités religieuses et coutumières. Pour faire face aux conséquences économiques des mesures, un fonds spécial fut créé où on invitait individuels et institutionnels à contribuer. Tout le peuple, dans un élan de solidarité jamais vu, participe en envoyant des petites sommes via des plateformes de collecte de fonds, des centaines de millions voire des milliards pour d’autres. Les entreprises prirent part à ‘effort de guerre. Des initiatives locales de dons en nature naissent un peu partout. L’Etat dégagea une enveloppe spéciale et fit appel aux partenaires étrangers tout en demandant, sans succès, l’annulation de la dette. Ceci permit de récolter près de mille milliards pour répondre aux besoins sanitaires, sociaux, économiques et logistiques. Le matraquage médiatique aidant, les sénégalais furent domptés pour accepter toute action du gouvernement et tous ceux qui ne se faisaient caisse de résonnance des décisions étaient priés de se taire, d’être solidaires et étaient souvent taxés de non patriotes.
Le Sénégal sous Covid : restez chez vous et taisez-vous, Macky travaille !
On se rappelle du rendez-vous quotidien durant lesquels les nombres de cas positifs, graves et de décès sont égrenés à 10h par le ministère de la Santé, suivi d’analyses de spécialistes en maladies infectieuses et gestion d’épidémies qui servaient de caution scientifique de la pertinence des mesures préventives et coercitives prises dans tous les secteurs. Le processus d’achat de mise en place des centres de traitement, lits d’hospitalisation et de réanimation, oxygène, vaccins, tests, masques, surchemises etc…, mais aussi denrées alimentaires et autres nécessités fut enclenché dans ce contexte d’urgence, c’est-à-dire en passant outre le respect du code des marchés publics.
Couvre-feu de 18h à 6h du matin et pays à l’arrêt : plus de rassemblement, de spectacles, de déplacements entre les villes, télétravail, hôtels réquisitionnés pour accueillir les cas contacts, aides alimentaires distribuées.. ! La psychose régnait face au nombre de morts sans parler des conditions d’enterrement des corps…
Tout ceci montre l’étendue des impacts de la pandémie et les sommes astronomiques qu’il fallait pour les compenser. Un comité de suivi et non de pilotage, plus pertinent au regard des enjeux, fut créé.
Le réveil est dur !
Aujourd’hui le rapport de la gestion de ces fonds laisse planer un parfum de scandales sans précédent dans le pays. Pourtant des signes avant coureurs permettaient de douter de l’orthodoxie de la gestion des fonds Covid. L’attribution du marché du riz, gels et masques et leur acheminement avaient fait les gros titres. Nous avons aussi été stupéfaits d’entendre le ministre Mansour Faye envoyer au diable un journaliste qui lui faisait part de la rumeur selon laquelle il n’aurait pas remis des justificatifs dans l’attribution de marchés!
Ce rapport vient nous rappeler que même cette pandémie, qui a emporté tant de citoyens et appauvri beaucoup de secteurs, n’avait pas troublé la classe dirigeante qui en avait profité pour s’enrichir encore et encore. Des ministres, dont celui de la Santé, celui du Développement communautaire et celui de l’Industrie d’alors, ainsi que des agents de l’Etat ont profité de cette période, durant laquelle les codes des marchés ont été suspendus, pour transgresser les règles d’éthique en la matière et s’adonner à des malversations financières via des surfacturations d’une ampleur sans précédent dans ce pays pauvre. Cela a permis d’enrichir toute une chaîne de donneurs d’ordre dont des ministres et des hauts fonctionnaires à travers des sociétés nébuleuses. On y apprend même que les statistiques du ministère de la Santé n’étaient pas fiables. Et plus grave, des vaccins périmés administrés à des citoyens ! La plupart de ces ministres et fonctionnaires sont encore en fonction dans l’exécutif ou planqués dans le corps législatif.
Djoug dakh sathie jotna
Nous sommes fin 2022, année qui a vu naître la guerre russo-ukrainienne. Les impacts énergétiques, alimentaires et sécuritaires de cette crise sont venus s’ajouter aux conséquences du Covid. Manger à sa faim, se loger décemment, se soigner ou étudier est devenu un fardeau pour beaucoup de Sénégalais. Pendant ce temps les remboursements de la dette qui a atteint 75% du PIB grèvent les finances publiques et laissent peu de marge de manœuvre.
La découverte de gisements conséquents de gaz laisse d’heureuses perspectives économiques mais aussi de maintes inquiétudes si elles sont gérées par le régime de Macky Sall. Du reste, ne sont-elles pas déjà hypothéquées par les contrats d’exploitation et la recherche effrénée de cash?
Comme quelqu’un atteint d’autisme, le régime de Macky Sall, loin de faire preuve d’empathie, de compassion ne nous épargne rien pour assouvir sa soif de pouvoir. De nombreux rapports des corps de contrôle restent « sous le coude »; les incriminés sont recyclés voire sont promus, ils nous narguent dans les médias. On peut les voir ces jours-ci organiser des méga meetings à coup de millions, alors que leurs revenus proviennent du Trésor public, et affirmer que rien n’empêchera le président de se représenter en 2024. Pendant ce temps, la présomption d’être un opposant fait de vous un paria et exercer sa liberté d’expression entraine très promptement des poursuites judiciaires avec des motifs d’inculpation aussi loufoques que membre supposé de forces spéciales ou terroriste ou encore jihadiste. Dès lors le mandat de dépôt devient facilement la règle et les flagrants délits instruits sur des longues durées remplissent les prisons.
Quand au procureur, qui a reçu 73 dossiers d’ouverture d’enquête en provenance de l’Ofnac depuis 2019, il reste aphone sur ces sujets et poursuit Pape Alé Niang pour des posts dans les réseaux sociaux !
Un vrai chef : revendiquer le succès et assumer les échecs
Il est inacceptable que seuls des seconds couteaux rendent des comptes quand nous pouvons voir des ministres construire des grands immeubles, acheter des hectares de champ et des appartements en Europe ou aux Etats-Unis, distribuer des millions dans des meetings et à leurs militants. De même, le Macky Sall qui revendique les dividendes du succès de son plan doit en porter les fautes et les échecs. S’il ne prend pas spontanément ses responsabilités, on devra l’obliger à le faire.
Bataille contre la mauvaise gouvernance : non au chaos, focus 2024 rek
Les députés de l’opposition vont inscrire ce sujet dans les questions d’actualité et se battent pour mettre sur pied la Haute Cour de justice, seule instance habilitée à juger ministres et président en fonction. C’est la voie institutionnelle.
Mais c’est à nous, citoyens, d’exiger la lumière sur toute la chaîne de responsabilité, l’application rigoureuse de sanctions aux fautifs et la démission du gouvernement qui porte la responsabilité du projet. Les soubassements de ce combat englobent tous les grands maux de la gouvernance sale que nous inflige BBY dirigée par son chef Macky Sall. Le combat pour la reddition des comptes des fonds de la Covid rejoint celui pour les centaines de milliards de l’assainissement, des contrats d’armement du ministère de l’environnement, de la prédation du foncier, pour ne citer que les dernières chroniques nauséabondes dont on a pris connaissance ces dernières semaines. Le signe le plus marquant de son mépris pour le peuple est symbolisé par le long silence de l’État et la balade diplomatique du président Macky Sall à travers le monde pendant que le pays est secoué par ce séisme et attend des actions claires de sa part.
D’un côté, les scandales financiers et les signes extérieurs de richesse dont fait montre le clan présidentiel, de l’autre, la vie chère, l’angoisse en cas de maladie, les arrestations arbitraires d’une justice à double vitesse et l’incertitude sur les événements qui vont se dérouler d’ici l’élection présidentielle de 2024, ont des conséquences sur l’état physique et mental des Sénégalais. Ils les rendent plus que jamais angoissés et en proie au désespoir et à une colère qui ne cesse de monter. Il est cependant extrêmement important de décrypter les signes qui pourraient compromettre le déroulement démocratique de ce qui sera la troisième alternance du Sénégal. Elle marquera la fin de l’héritage de la gouvernance calquée sur le modèle colonial et répliquée par les socialistes puis, avec une légère différence, par les dits libéraux. Les enjeux politiques se télescopent avec ceux économiques attestés par l’exploitation du gaz. On rêve d’un Sénégal qui serait à l’image de ce que le Qatar est devenu en termes d’infrastructures et en indice de développement humain grâce à la découverte du gaz. Ce qui est sûr et certain c’est que Macky Sall et son équipe nous ont montré qu’ils en sont incapables au regard des rapports produits par les différents corps de contrôle qui épinglent leur gestion dans tous les secteurs.
#Focus2024
Diop Blondin Ndeye Fatou Ndiaye est Coordinatrice adjointe de la plateforme Avenir Senegal Bii Ñu Bëgg.
par Jean Pierre Corréa
CHOISIR N’EST PAS UNE OPTION
Le Sénégal a-t-il développé face à tous ces scandales, auxquels nous semblons être habitués, une société de connivence avec cette caste sans foi ni loi, autre que celle du profit ?
Tout dans la vie est question de choix. Elle commence par « la tétine ou le téton », se termine par « le chêne ou le sapin » ou « Percal ou Malikane ». Entre temps, il faut toujours et encore choisir. Entre la bourse ou la vie, fromage ou dessert, la peste ou le choléra, Roux ou Combalusier, la guerre ou la paix…Rebeuss ou l’Onu. L’instant qui met notre Sénégal dans une effervescente expectative est crucial et le place à la croisée de deux routes aux décors et abords totalement dissemblables.
Faire le « Choix de l’histoire »
Tout le pays est suspendu à son choix. Sera-t-il un visionnaire homme d’État ou un simple joueur de bonneteau, ce jeu où l’on mélange les cartes pour restituer les mêmes ? Entrer dans l’histoire ou se vautrer dans les petites histoires ? « Comme ti veux ti choises » ! Sauf votre respect monsieur le président.
Le choix du joueur de bonneteau qui décide de se vautrer dans les « petites histoires » et de nous destiner à un vaudeville politique à la Alpha Condé, serait funeste pour notre pays et le Sénégal tout entier retient son souffle et exprime son dégoût devant certains actes d’une kleptocratie totalement décomplexée, dont les acteurs les plus rustres semblent être nés après la honte, et ont des comportements d’une caste totalement hors-sol et je-m’en-foutiste, en regard des difficultés que traversent les sénégalais, dont les enfants par milliers servent de bouffe aux poissons de la Méditerranée ou de l’Atlantique.
Jamais discours des vœux à la nation sénégalaise par un chef d’État de notre pays n’a été aussi attendu par les citoyens. Il y a eu le « tango » du troisième mandat, les sorties d’innombrables « petits maures » hors de la tente, lestés de ballons de sonde, qui n’ont fait qu’alimenter le manque de visibilité de vie politique future. Le président Macky Sall a l’occasion et la responsabilité d’apaiser ce pays et de libérer les Sénégalais pris en otages par les politiciens et leurs menées, qui continuent à privilégier leurs petits intérêts particuliers, et à se moquer comme de leurs premiers milliards, de l’intérêt général.
Le chef de l’État a l’impérieuse nécessité de nous ouvrir son agenda, après qu’il nous a envoyé dire depuis New York, que sa candidature était un problème privé, pas du tout juridique. Il a d’ailleurs bien pris soin de se rendre incontournable, en ne présentant et en ne préparant personne à l’affrontement avec d’autres candidats, il avance, droit dans ses mocassins à glands, comme le « buffle » qu’il porte en signe astrologique chinois…Et chacun sait qu’un buffle, ben ça avance, ça fonce, jusqu’à temps de percuter un mur. Il a à rassurer les Sénégalais, qui sont abasourdis par le spectacle donné par des députés, qui se battent comme des charretiers, trafiquent des faux billets, des faux passeports, et ce, impunément.
Va-t-il lors de son discours de vœux à la Nation condamner ses proches qui ont pris plus que des libertés avec une gestion orthodoxe de leurs ministères ou Directions générales ? Va-t-il clore le bec de ceux qui sont en train de diffuser une insoutenable petite musique qui tendrait à discréditer les juges de la Cour des Comptes, grands magistrats s’il en est, qui n’ont pas attendu le surgissement au pouvoir de cette caste sans épaisseur, pour prouver leur attachement à la bonne conduite des affaires de l’état et de la Nation ?
Le président va-t-il coller à l’effarement des Sénégalais face à la multiplication des scandales financiers, pointés par la Cour des comptes, et qui sont récurrents depuis une dizaine d’années, et qui poussent les citoyens à croire que les pointés du doigt sont toujours et encore promus, comme pour les récompenser de leurs méfaits ?
Le Prodac est une arnaque, une énorme escroquerie financière réalisée par une bande de délinquants dont Mame Mbaye Niang est l’acteur principal.
Le Prodac est un échec complet en matière de création d’emplois car il avait pour ambition de favoriser l’insertion de 300 mille jeunes dans le secteur agricole en cinq ans. Il devait permettre l’installation de 1 600 GEA « groupements d’entrepreneurs agricoles », la sortie de formation de plus de 90 000 jeunes en milieu rural de centres d’incubation pour créer leur propre exploitation agricole, et la production de 167 400 tonnes de produits agricoles.
Combien parmi ces jeunes spoliés de leur avenir sur leurs terres sont aujourd’hui au fond de la Méditerranée ou de l’Atlantique, ce qui rend ce braquage encore plus ignoble, et leurs auteurs d’autant plus criminels ?
Va-t-il calmer la colère des Sénégalais sidérés par les accusations de corruption et de partage de butin portés par un partisan et proche du président à l’encontre d’une ex-Première ministre qui en est restée coi et sans voix ni même protestations, ne serait-ce que de principe ?
Va-t-il nous éclairer sur le GAP portatif et rempli à ras-bord de Moustapha Diop, en la personne de son chauffeur transformé en convoyeur de fonds ?
Va-t-il expliquer aux Sénégalais au bord de la nausée, ce que ses proches épinglés par la même Cour des comptes, ont fait des 1 000 milliards qui étaient destinés à accompagner leur résilience face à une pandémie du Covid qui a terriblement affaibli notre économie ?
Il est impératif de prendre le temps qu’il faut pour analyser les mécanismes de la roublardise et de l’incurie de fonctionnaires indélicats en cheville avec des affairistes en tous genres qui volent, détournent, bref se sont sucrés sans pudeur sur la misère, la maladie et… les morts du Covid.
Ne nous laissons pas distraire. Le sujet est sérieusement grave. 1 000 milliards sont en jeu. La sanction contre les crimes économiques envers la patrie est urgente, nécessaire et essentielle.
Société de résilience ou de connivence ?
Le Sénégal est-il une société de résilience à laquelle on peut tout faire subir et qui s’en sort toujours, amochée mais fataliste, un peu sonnée, mais toujours debout et vaillante ?
Le Sénégal a-t-il développé face à tous ces scandales, auxquels nous semblons être habitués, une société de connivence, voire de complicité avec cette caste sans foi ni loi, autre que celle du profit, qui nous rend presque indifférents à l’arrestation incongrue en ces temps, d’un journaliste, qu’on n’arrête pas pour avoir dit des mensonges, mais pour savoir comment il avait pris connaissance de l’innommable, l’inconcevable et nauséabond contrat d’armement passé dans des conditions toujours pas éclaircies ?
Enfin, troisième option, oubliée et peu prise en compte par cette caste politique hors sol, c’est celle d’un Sénégal qui sait être aussi un pays de turbulences. Les Sénégalais n’ont pas peur de l’Océan dans lequel ils plongent pour sortir de l’enfer, ils n’auront pas plus peur de forces de répression, armées comme des porte-avions, ou d’une armée dont l’esprit républicain raconte à l’évidence que les hommes qui la composent, ne tireront jamais, au grand jamais, sur leurs frères, sœurs et enfants de leur pays. C’est l’implacable limite d’un coup de force, s’il était envisagé.
Les Sénégalais espèrent au soir du discours du nouvel an, que notre président jouisse si ça lui convient, d’un indéniable bilan positif, quant aux infrastructures qui conditionneront notre émergence, quant à l’amélioration de l’employabilité de notre jeunesse, et qu’il leur propose élégamment de choisir l’homme qui présidera à leur destinée en 2024. Le choix n’est pas une option et 2023 n’est pas 2011, l’air est plus sulfureux, le pays sent le gaz, surtout ne pas laisser des boutefeux jouer avec des allumettes. En outre, même si c’est parfois irrationnel, le président Macky Sall ne bénéficie pas de l’attachement que le peuple sénégalais avait pour Abdoulaye Wade en 2011, avant de le congédier en 2012, tranquillement, sereinement avec un sens aiguisé de leur responsabilité politique.
Il sera toujours préférable de sauver le Sénégal, plutôt que de sauver quelques barons inconscients, irresponsables et suicidaires, d’une demande future, voire d’une exigeante reddition des comptes. A chacun sa Cour… A chacun son « Opération Goxxi »… Cela ne vous rappelle rien ?
A bon entendeur…Joyeux Noël !
Par Assane Guèye
LA RACAILLE SÈME LA PAGAILLE
Beaucoup de nouveaux riches en redingote ont utilisé des méthodes de voyous pour siphonner l’argent du contribuable qui tire le diable par la queue. Promenons un simple regard sur ces bâtiments qui fleurissent dans la capitale
« Derrière chaque grande fortune, se cache un crime ». L’affirmation prêtée à Balzac peut paraître excessive. Mais la facilité déconcertante et la vitesse d’exécution dans la manière d’accumuler fortune et contingences matérielles sont de nature à soulever toutes les suspicions. En plus, certaines choses se voient mieux les yeux totalement fermés. Le dépeçage en règle est écœurant. Beaucoup de nouveaux riches en redingote ont utilisé des méthodes de voyous pour siphonner l’argent du contribuable qui tire le diable par la queue. Promenons un simple regard sur ces bâtiments qui fleurissent dans la capitale pour ne prendre que cet exemple. Ce sont souvent les fleurs et les fruits du mal.
Pour le cas d’espèce du covid qui a été hystérique à dessein, la prévention la plus élémentaire n’a pas été observée. C’est l’accumulation d’usines à gaz qui a ouvert toutes les boîtes de Pandore. On s’est même arrangés pour que la santé vaille mieux que le salut. Les crises sont toujours des opportunités. Certains s’en servent pour trouver des remèdes pour le soin du monde. En revanche, la racaille en profite pour les bassesses vulgaires et les ignominies. Le mot est faible.
Ignominie
La lacération opérée sur les fonds covid est un énorme pas en avant dans la mauvaise direction qui mène au gouffre. Un éternel recommencement de l’histoire en somme. À l’époque déjà, Mamadou Dia a essayé à ses dépens de placer un cordon sanitaire pour sécuriser le bien commun et lutter contre les biens malhonnêtement acquis. Il a été vite désarmé et débranché. Les premiers trous dans la raquette ont ouvert les vannes et libéré les comportements de kleptomanes. Les bâtiments de l’Etat sis à Fann Résidence ont été les premiers à être spoliés. Dans la marche scabreuse de notre pays, le système oligarchique s’est davantage servi qu’il n’a servi. Celui-ci n’a jamais fait du service une servitude. Les socialistes ont des braquages sordides.
Les libéraux ont perpétré des carnages immondes. Il faut les renvoyer dos à dos parce qu’ils ont rempli de cactus le chemin des générations futures. La gouvernance a de tout temps été pestilentielle. Les Sénégalais sont en colère et désabusés. Leur pays ne va pas bien. Il est en guenilles et se délabre. Le pays-pilote des indépendances était bien parti. Aujourd’hui, il ne ressemble plus à rien. L’intérêt général a eu un enterrement de première classe depuis belle lurette. Un climat d’anarchie s’est installé sur un terrain fertile qui n’est autre que la crise d’autorité.
Émergence comportementale
L’émergence économique est un canular et un os à ronger. Il en faut beaucoup plus et beaucoup mieux pour que l’hémorragie s’arrête. Une nouvelle philosophie comportementale s’impose. Sinon, le remède sera pire que le mal. Ne nous fourrons pas le doigt dans l’œil. Aucune transformation n’est possible sans un vrai conservatoire de la citoyenneté. De Doha à Delhi, de Praia à Paris, partout, l’éducation et la culture sont traitées comme des biens de première nécessité. Le monde avance à grands pas et ne nous attend pas. Le Sénégal encourt le risque du déclassement s’il ne change pas de fusil d’épaule. On devra s’ajuster et faire l’effort incontournable de se cultiver, de se discipliner. Ceux qui ont une propension à subtiliser nos pauvres ressources manquent d’abord et avant tout de culture. L’inculture est une épidémie dans le pays. En grande déshérence, on tombe bien bas pour en être au niveau des réseaux sociaux où la médiocrité règne en maître absolu.
Image détruite
Dans cette ambiance délétère, le seul qui n’a rien à y gagner, c’est le président de la République. Un châtiment exemplaire doit être appliqué aux bandes de malfaiteurs. Ça doit être sa seule réponse. Les dégâts qu’ils ont faits sont irréparables. Non seulement, l’image de la présente gouvernance est écornée. Mais de tels agissements sont de nature à menacer la sécurité et la stabilité qui restent la prunelle de nos yeux. Dernier ratage et pas le moindre, il n’y a aucune communication officielle sur la crise. On fait le mort. Et en règle générale, le mort ne communique pas. C’est un manque de respect. Et c’est encore plus désastreux. En attendant, chapeau bas à la Cour des Comptes qui vient de faire la preuve de sa grande utilité.
Par Abdoul Aly KANE
L’AVENIR DE L’AFRIQUE DANS UN MONDE MULTIPOLAIRE EN PERSPECTIVE
La situation internationale actuelle enseigne, en particulier aux économistes, que la mesure de la puissance des pays ne saurait se réduire à leur niveau de Produit Intérieur Brut (PIB).
La situation internationale actuelle enseigne, en particulier aux économistes, que la mesure de la puissance des pays ne saurait se réduire à leur niveau de Produit Intérieur Brut (PIB).
Depuis une vingtaine d’années, le poids et le pouvoir de dissuasion militaires apparaissent, in fine, comme le seul critère assurant une sorte de pérennité aux Etats qui en disposent en ce qu’ils leur permettent de disposer de leur propre force pour dissuader d’éventuels Etats assaillants, ou alors exercer une force de prédation sur les richesses d’Etats plus faibles. Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts (dixit Charles de Gaulle, ancien chef de l’Etat français). Le conflit géopolitique actuel entre la Russie et l’Ukraine a révélé au grand jour que les ressources énergétiques sont au centre des enjeux économiques du monde, et qu’en garder le contrôle est synonyme de puissance politique et économique.
Les Etats n’ont pas d’amis mais des intérêts. Cette expression hautement cynique permet de comprendre qu’au nom de ces mêmes intérêts, un État peut s’attaquer à un autre au nom de ses stricts intérêts économiques. Dès lors, les justifications de course aux armements pour dissuader l’autre de vous attaquer, alors qu’elles cachent des objectifs de prédation, perdent leur sens. Comme disait l’autre, la géopolitique c’est la puissance. Elle prime sur la puissance économique. La Corée du Nord n’est pas crainte pour sa puissance économique mais pour ses capacités nucléaires exhibées en toute occasion. Les performances économiques de la Corée du Sud (10ème place dans l’économie mondiale) menacée au nom de la réunification s’en trouvent fragilisées. Le poids économique des pays est fragilisé par les crises systémiques tenant aux finances et à l’inflation.
La situation géopolitique que nous vivons depuis le début de ce nouveau siècle nous rappelle que la géopolitique prime sur tout le reste. La condition d’un développement est la croissance dans la durée. Cette durée est conditionnée par la capacité de résistance à une agression extérieure. Libye, Irak, Syrie, Afrique avec Boko Haram. Avons-nous la capacité de déployer sans entraves nos activités économiques et protéger nos frontières et nos populations lorsque des groupes comme Boko Haram sévissent depuis 20 dans le bassin du lac Tchad, soient le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad, mais aussi au Mali, au Burkina, et, dans une moindre mesure, en Côte d’Ivoire et en Mauritanie sans riposte adaptée aux dommages subis ?
Comment comprendre que l’ensemble de ces pays puissent subir les méfaits du terrorisme sans capacités propres de réaction ?
Avons-nous la capacité de protéger nos ressources halieutiques ?
S’agirait-il alors de choix décisionnels erronés des Etats de privilégier l’endettement pour le financement d’infrastructures au détriment de l’éradication de la menace sécuritaire qui tue l’économie ?
Le PNUD, dans rapport, intitulé «Measuringthe Economic Impact of Violent Extremism Leading to Terrorism in Africa» (2020), estime que 16 sur 18 des pays ciblés par le terrorisme en Afrique (Nigéria, Tanzanie, République centrafricaine, Niger, Ouganda, Kenya, Éthiopie, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Tchad, Cameroun, Tunisie, Maroc, Mauritanie et Libye)perdent environ97milliards de dollars par an dans l’activité économique informelle depuis 2007. Ce montant équivaut en ordre de grandeur aux 100milliards de dollars attendus par l’Afrique en provenance du FMI dans le cadre de la relance post Covid.
Dans un contexte mondial devenu multipolaire, et pour faire face à ses sérieux problèmes sécuritaires, l’exigence est que l’Afrique se constitue en un seul bloc, fort du poids de ses ressources, pour ensuite s’allier à d’autres pôles à l’aune de ses seuls intérêts.
C’est à cette condition qu’une oreille attentive sera tendue vers le continent, et non par une quelconque présence au Conseil de sécurité de l’ONU dans la division voire l’émiettement.
Les conditions de la création d’une puissance en Afrique
Le principal facteur de production et de développement, c’est l’armement. C’est grâce à lui qu’on conquiert des espaces, qu’on s’approprie indûment les sols et sous-sols de pays faibles, qu’on impose des schémas de développement autocentrés et inscrits dans la durée. Les concepts économiques doivent, d’ailleurs, être revisités sous ce rapport. L’Afrique c’est de petits trios de jazz face à de larges ensembles harmoniques de musique classique. L’Afrique doit s’asseoir d’égal à égal avec les pays partagent cette vision du monde multipolaire.
Géopolitique et développement
La géopolitique et l’économie sont les deux faces d’une même médaille. Il est fréquent de présenter l’économie comme l’explication de la variation des situations géopolitiques. Les interventions militaires de l’occident dans le Golfe Persique, en1992, et en Irak, en 2003, et en Libye en 2011, sont généralement considérées comme des opérations visant à faire main basse sur les richesses pétrolières de ces pays.
On fait la guerre pour prendre le contrôle de ressources pétrolières (ou de terres fertiles),mais aussi pour que les pays concernés ne puissent utiliser ces ressources pour leur propre compte, de sorte à altérer la puissance du pays dominant.
Le conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine traduit pour les uns la volonté russe d’étendre son influence sur les pays de l’ancienne URSS, et, pour la Russie, une opération pour conjurer la menace de l’Otan avec l’Ukraine de Volodymyr Zelensky comme bras armé.
Dans le cadre du rapport inégal entre l’Occident et le reste du monde, l’Afrique en particulier, l’exploitation à moindre coût des matières premières et leur transformation à haute plus-value est le modèle économique en vigueur depuis 1885. Pour aller dans le sens du renversement de ce modèle au profit de l’Afrique, le continent doit mettre en avant sa propre vision du monde qu’elle traduira dans ses plans et programmes économiques.
C’est cette problématique qui est importante et non un rattrapage économique dans un contexte de chocs exogènes suscités pour conserver le dit modèle.
La géopolitique c’est la science de la puissance ; et cette puissance est donnée parla dimension génératrice de liberté décisionnelle et d’orientation du développement. L’histoire nous montre qu’un pays comme la Russie est classé comme pays émergent au plan économique, derrière les pays d’Europe occidentale, alors qu’elle est la 2ème puissance économique militaire du monde.
C’est dire que les immenses ressources énergétiques de ce pays n’ont pas été utilisées dans la transformation industrielle mais plutôt dans l’armement considéré en dernier ressort comme l’arme économique déterminante. La Corée du Nord se situe dans le même sillage que la Russie. La mesure du développement ne saurait être une question d’indicateurs de richesse comparant les revenus nationaux annuels mais plutôt la puissance militaire, la capacité de dissuasion qui n’ont cessé de modeler les rapports entre les nations.
Avec la crise russo-ukrainienne, les blocs militaires se reforment.
L’OTAN se renforce et des pays comme l’Allemagne, qui s’était assignée après la seconde guerre mondiale l’objectif majeur de retrouver sa puissance économique, réfléchit à son armement propre. Les pays émergents, ne se sentant plus à l’abri, se regroupent pour endiguer les risques. La marche du monde n’a jamais été linéaire ; elle a toujours été interrompue par des chocs de toutes natures provoqués par des agents économiques (crises financières, conflits avec usages d’armes militaires, chimiques, bactériologiques etc.).
L’Afrique s’inscrit dans la perspective de « l’Agenda 2063 » qui parle d’accélération de la croissance économique du continent, avec comme projets « phares » la mise en place d’un réseau de trains à grande vitesse reliant toutes les capitales africaines, la création d’une zone de libre-échange, d’un passeport africain, la création d‘un grand musée africain pour promouvoir une culture commune et d’initiatives dans l’éducation, la culture, la science, la technologie.
La place d’une Afrique unie dans le concert des nations et intégrée dans des blocs qui vont décider de l’avenir du monde, n’est pas expressément évoquée. Les chefs d’Etat aux commandes présentement doivent prendre leurs responsabilités comme le font les dirigeants des pays émergents pour définir la place que l’Afrique est en droit d’occuper au regard de sa contribution au développement économique mondial, qui jusque-là ne lui a apporté que marginalisation et pauvreté.
Une géopolitique africaine doit être au centre des réflexions de ces chefs d’Etat du continent, et non la poursuite d’objectifs économiques à atteindre sous l’ombre tutélaire des autres nations dont l’intérêt est de garder le continent comme un « réservoir de matières premières » et un « déversoir de produits finis » comme disait l’autre.
Conclusions
Dans un contexte de quête de multipolarité après une mondialisation unipolaire, l’Afrique revient en force dans la géopolitique mondiale. Les sommets Afrique/pays occidentaux et Afrique/BRICS redoublent de fréquence et d’intensité.
Sont annoncées des érections d’infrastructures d’interconnexion, des postes de représentants au Conseil de sécurité de l’ONU et la nomination d’un représentant des BRICS pour l’Afrique de l’Ouest, sans pour autant que les actions ne soient résolument dirigées vers l’unité réelle du continent.
C’est l’heure pour les chefs d’Etat et les intellectuels africains de barrer la route aux seules initiatives nationales d’Etats issus d’une balkanisation et qui, jusque-là, ont permis la perpétuation de la domination de l’Occident, au profit d’une unité réelle du continent grâce à une vision partagée.
Cette vision doit nécessairement mettre en avant la nécessité pour l’Afrique d’assurer sa propre sécurité face à la montée du terrorisme, dont l’objectif est la déstructuration de nos Etats.
L’ŒUVRE DE SAFI FAYE ET KHADY SYLLA, PAR Tabara Korka Ndiaye
MULTIPLE PHOTOS
MOSSANE DE SAFI FAYE, UNE TRAGÉDIE AMOUREUSE ET UNE QUÊTE SPIRITUELLE EN TERRE SEREER
EXCLUSIF SENEPLUS - Safi Faye souligne ici le dur traitement infligé aux mères, la culpabilité que l’on a tendance à leur mettre sur le dos. L’on serait tenté de se demander : et les pères dans tout cela ?
Série de revues sur l’œuvre des réalisatrices Safi Faye et Khady Sylla
Co-éditrices de la série : Tabara Korka Ndiaye et Rama Salla Dieng
Khady Sylla et Safi Faye, des noms qui devraient résonner dans notre imaginaire collectif tant elles ont été pionnières, dans leur art et dans leur vie parce que pour elles, l’art, c’est la vie. Leur vie et leur œuvre nous ont particulièrement ému. Pourtant, elles semblent porter en elles, la marque de celles vouées à être des égéries en avance sur leur temps ! Le tribut en est lourd. Si lourd ! Et si dramatique. On demeure sur sa faim. Sur la promesse d’un potentiel. On reste sur le regret de ce qu’elles auraient pu être, auraient dû être, si célébrées comme le monstrueusement gigantesque Sembène. On reste sur les si…sur la fleur de toute l’œuvre dont elles étaient fécondes.
Safi Faye a en tout réalisé treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Âmes au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricières (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Elle s’est surtout intéressée au monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et au poids des traditions, le tout en pays sérère.
Khady Sylla pour sa part, a été une férue de l’auto-exploration, pour théoriser depuis l’expérience propre. D’abord celle des marginalisés de la société avec Les bijoux (1998), Colobane Express (1999) qui capturent l’expérience du transport urbain avec un chauffeur de car rapide et son apprenti, puis la sienne avec Une fenêtre ouverte (2005) dans lequel elle parle de la santé mentale et enfin Le monologue de la muette (2008) qui parle des conditions de travail des ‘bonnes’. Auparavent, en 1992, Khady Sylla a publié chez L’Harmattan un superbe roman : le jeu de la mer. Les mots, Khady les jongle comme elle s’y accroche car ils la maintiennent en vie. Ainsi qu’elle le reconnaît dans Une fenêtre ouverte : ‘on peut guérir en marchant’.
Dans cette série, nous vous proposons nos regards croisés sur l’œuvre de Safi Faye et de Khady Sylla, ceux d’une curatrice, créative et chercheuse Tabara Korka Ndiaye dont le projet s’intitule ‘Sulli Ndaanaan’ et celle d’une auteure, créative et universitaire, Rama Salla Dieng, passionnée de documenter la vie et l’œuvre des oublié.e.s, marginalisée.e.s et silencié.e.s, toutes les deux férues de film, de musique et de littérature.
Mossane de Safi Faye, Une tragédie amoureuse et une quête spirituelle en terre Sereer
Autrice : Tabara Korka Ndiaye
Safi Faye est une grande cinéaste Sénégalaise en plus d'être anthropologue et ethnologue. Ses talents de chercheure se reflètent grandement dans ses films documentaires et de fiction. La fiction a tout particulièrement imprégné son œuvre. En effet, Safi Faye s'y intéresse dès 1990 dans la réalisation de son film Mossane sorti en 1996. La réalisatrice se heurtera à d’énormes peines avant de voir Mossane fini et montré. En 1990, elle se retrouve dans une bataille juridique avec les producteurs français du film et il lui faudra attendre six ans pour que juridiquement le film lui revienne. Mossane sera présenté dans la section ‘Un certain regard’ au Festival de Cannes à l’année de sa sortie pour sa première mondiale.
Safi Faye s’inscrit dans une recherche de lumières et de couleurs avec son fabuleux cameraman Jürgen Jürges pendant les deux ans précédant le tournage du film. Mossane est tourné en pays Sereer, dans le village de Mbissel. Les histoires de Safi Faye se déroulent toujours en monde rural et ses films dont Kaddu Beykat reviennent sur les problématiques auxquelles les paysans font face.
Dès sa naissance, Mossane se retrouve être la promise de Diogoye, un émigré trouvant fortune au cinéma Concorde Lafayette à Paris. Ses parents ignorant sa capacité à choisir librement, s'empressèrent à sceller et célébrer son mariage. Le pire se produira.
Safi Faye dira de Mossane que :”Les esprits ont entendu que la plus belle fille était née. Ils ont rivalisé avec les humains pour l’amener. Les ancêtres jeunes, partis trop tôt sont venus la chercher”. La réalisatrice fait ici une grande démonstration de son génie créatif. En fait, l’histoire de Mossane est tellement prenante qu’elle a des airs d’une légende. Dans ce film, Safi Faye s’emploie à créer non seulement de nouvelles images mais surtout à pousser les limites de la représentation sous plusieurs angles. D’abord, la représentation à l’image des anciens saints et esprits ancestraux du peuple Sereer du Sénégal, les Pangool est forte et osée. Ils ne seront visibles qu’aux yeux de certains dans le film. Et la capacité à supporter leur image et/ou présence est rare. Ensuite, le choix d’une actrice de cette noirceur est aussi un pari osé. Combien de personnes noires sommes-nous à avoir internalisé que la peau noire n’est pas belle ? Combien d’enfants ont subi les moqueries car de teint noir foncé comme Mossane ? En faisant le choix d’une actrice à la couleur de peau “noire, noire jusqu’à être bleue” comme elle le dit, Safi Faye célèbre la peau noire et montre à ses pairs qu’il est bien possible de filmer une peau noire en se donnant les moyens en termes de recherche de couleurs et de lumières. Elle brise ici tout espace de stéréotypisation ou de moquerie envers les personnes de teint très noires.
En allant puiser dans l’imaginaire Sereer, Safi Faye nous offre une entrée dans la pratique de la religion Sereer (sujet de son mémoire à EPHE en 1976) en communauté. La vie au village est ponctuée de pratiques religieuses propres à la culture Sereer. Hommes, femmes et enfants se dirigent tous vers le grand arbre Beep pour la cérémonie d’offrandes et de prières en faveur d’un bon hivernage.
“Ô Tout puissant, Ô Meïssa Waly Dione, notre premier monarque, Ô Beep arbre ancestral, Acceptez nos offrandes.
Beep arbre ancestral, aide-nous et donne-nous de la pluie.”
Une icône Sereer de la musique chante et nous souffle le destin de Mossane. Il s’agit de Yandé Codou Sène, voix importante de la culture Sereer et griotte du Président Léopold Senghor. Dès les premières minutes du film, elle chante : “ À marée basse, quand Mossane se baigne, dans les eaux de Mamangueth sur les rives des bras de mer, les Pangools disparus en pleine jeunesse, depuis la nuit des temps, viennent contempler leur élue, admirer leur favorite”.
Mossane est tellement belle qu’elle attire amour, jalousie et convoitise. Elle est admirée de tous et de toutes. Sa beauté ne cesse de faire l’objet de discussions dans les espaces privées comme publiques. À 14 ans, elle se voit le centre de l’attention dans le village et doit partager la lourde responsabilité de la guérison de son frère. L’oncle en profitera pour déclarer que la situation entre les enfants proviendrait d’un rêve de leur mère Mingue pendant l’une de ses grossesses, renforçant ainsi la répandue culpabilité des mères et la cruauté de notre société envers elles. À chaque fois que le malheur arrive aux enfants, la première personne vers qui les regards se tournent est la mère. Safi Faye souligne ici le dur traitement infligé aux mères. Elle nous aide à saisir de manière vive la culpabilité que l’on a tendance à mettre sur le dos des mères et nous invite à réévaluer notre position et nos attentes envers elles. Tout ce qui peut arriver à l’enfant incombe toujours aux mères, enlevant toute responsabilité individuelle à qui que ce soit, surtout à l’enfant. L’on serait également tenté de se demander : et les pères dans tout cela ? Le père de Mossane est l’illustration parfaite du père-chef de famille qui se désengage de tout et ne s’exprime que pour scander le dernier mot.
De même, l’oncle Baak conseillera à Mingue de vite donner Mossane en mariage et continue ses grandes déclarations : “ Sa beauté ne créera que des conflits et désaccords. Il faut lui trouver un mari au plus vite.” Et c’est ainsi que le destin de Mossane se décide. Elle est condamnée à un mariage précoce car sa beauté perturbe les hommes, même les proches.
Pendant ce temps, Mossane est en train de faire l'expérience de l’amour en tombant pour Fara. Fara est un jeune étudiant en agronomie à l’Université et est revenu au village avec son ami Ndiack, cousin de Mossane, à cause des grèves à l’université. À la vue des deux garçons et particulièrement Fara, nous retrouvons une Mossane joyeuse, son visage brille et elle a l'air enthousiaste de le voir. La salutation qu’elle lui adresse est bien particulière. Fara appelle Mossane du diminutif Moss suggérant ainsi une relation quelque peu spéciale entre eux deux. L’amour crève les yeux du spectateur. Mossane pourrait sembler timide de prime abord, mais nous pensons qu’en fait, Mossane est très déterminée, libre d’esprit et sait exactement ce qu’elle veut.
Les rumeurs courent vite dans le village, arrivée à la maison, sa mère lui reproche de trop traîner quand elle l’envoie.
Mossane ne cesse de recevoir des remarques sur le fait qu’elle ait grandi vite. Fara comme ses prétendus beaux-parents sont férus de telles remarques. Seulement, son amie Dibor, mariée et ayant une vie sexuelle active, lui dévoile les secrets du plaisir sexuel féminin grandement taboue et pourtant d’une importance capitale. En effet, lorsque Mossane lui demande “comment s’y prendre avec Fara sans en arriver au pire ?” Dibor partage les secrets d’une sexualité féminine de jouissance. Safi Faye prend ici le parti du plaisir sexuel féminin longtemps tabou dans le monde et encore plus dans nos sociétés où il existe une sorte de négation au plaisir sexuel pour les femmes. Dibor continue son prêche en lui disant “ l’important, c’est d'être prudent, toi surtout.'' Maligne, Dibor sait toujours quoi répondre. Elle est cette amie qui nous sortirait de toute galère.
Grâce à un plan ingénieux de Fara et la discrétion du petit cousin de Mossane, Rémy, elle arrivera à rejoindre son amoureux dans la case de son cousin, Ndiack.
Fara fait une déclaration d’amour à Mossane et cette dernière de rétorquer : ” Je sens battre mon cœur qui t’aime.”
Qui s’opposerait à l’union de ces deux amoureux et au nom de quoi ? Malheureusement Mingue est déterminée : ”Ma décision finale se prendra sans son avis. Aux questions“ Que diront tes père et mère ? Que pensera le village ? “ Mossane se présente engagée pour sa cause maintenant plus que jamais : ”Je suis prête à l’irrespect. Je refuse d'être l'hyène qui mange des cadavres."
Déterminée, digne et prête à dire ses vérités et à crier son amour pour Fara, Mossane confronte ses parents et ne manque de signer son indignation. Sa détermination est vraiment remarquable venant de la jeune fille qu’elle est. Elle est engagée dans son expression d'elle-même et de ses désirs. Érigée ici en championne de la désobéissance, Mossane devient une vraie source d’inspiration.
À la fête de célébration du mariage entre Mossane et Diogoye, Safi Faye nous fait sentir la précipitation sur la préparation du mariage. La cérémonie bat son plein. Safi Faye nous montre toutefois une image de Mossane qui contraste avec l’ambiance festive de la célébration du mariage où le griot Samba loue surtout les bienfaits de Mbiné. Mossane n’a pas l’air heureuse. Ses yeux fixent un ailleurs lointain. Elle a l’air absente. Sa tristesse est d’autant plus grande qu’elle se rappelle d’autres injustices subies : “Père et mère ont arrêté mes études qui m’auraient permis de vivre seule et d’attendre l’homme que j’aime.” Elle se désintéresse des biens matériels que son prétendant a envoyés de France.
Mossane va jusqu'à une prise de parole devant l’assemblée au milieu de la célébration du mariage. Armée de courage et déterminée à se faire entendre, elle ira jusqu’à défier ses parents devant tout le monde. Elle se sera battue pour ce qu’elle veut jusqu’au bout. Elle fait la plaidoirie de son amour et de sa liberté de choisir et conteste le mariage publiquement. Son père se positionne en décideur et rappelle avoir donné sa parole et ne manque pas de rappeler, lapidaire : ”L’honneur est au-dessus des sentiments.”
Son mariage sera scellé par une assemblée d’hommes comme le veut la tradition. Les représentants des futurs mariés donnent pourtant le consentement non obtenu des deux parties. L’argent de la dot est passé entre plusieurs mains avant d’arriver entre les mains du griot, comme pour situer les responsabilités et la complicité des uns. Mossane n’étant pas consentante, la volonté de ses parents prima sur la sienne.
À la tombée de la nuit, Mossane accoure vers la case de son cousin, Ndiack, son lieu de rendez-vous habituel avec Fary à la recherche de celui-ci. Rémy son petit cousin lui annonce le retour des garçons à l'université puisque la grève est finie. Mains posées sur les contours d’un puits, le reflet de la lune a dû inspirer quelque chose en elle, peut-être plus d'espoir et de courage. Elle prit une pirogue qu’elle pagaie seule dans la nuit noire. Elle se retrouve seule avec les esprits qui ne tarderont pas à la conquérir.
Fugue ou mythe de l’émancipation par la disparition ? La fin de Mossane offre la possibilité de plusieurs interprétations sur le sort de la jeune fille. Et c’est heureux qu’une pluralité d’horizons du possible soit laissée à notre libre appréciation.
Au milieu de la confusion, la sage Maam de Dibor rappelle :”souvenez-vous. Siga, fille de Léona. Yacine de Diofior. Toutes sont parties avant de se marier. Toutes sont parties emportant avec elles leur vertu. Mossane est partie.”
À Mossane, perle de Mbissel, Yandé Codou chante : ”Roog avait prédit que tu n’aurais que 14 hivernages”.
Les esprits sont réputés pour habiter à Sangomar, un lieu important de la religion Sereer. Terre sacrée, elle accueille offrandes, prières et pèlerinages. Sangomar fait également l’objet de convoitises capitalistes comme le projet d’installation de la première unité de production pétrolière offshore du Sénégal pour laquelle la compagnie pétrolière et gazière australienne Woodside vient d’achever la phase de construction de l’installation flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO).
Les représentations mythiques et mystiques Sereer qui peuplaient les imaginaires de Safi Faye,il y a 32 ans lors du tournage de Mossane semblent être aujourd’hui encore plus en danger. La designer et cinéaste Sénégalaise Selly Raby Kane, dans son court-métrage Jant Yi se déroulant dans un Dakar dystopique, dans lequel les humains doivent produire de l'électricité à partir de l'énergie dépensée par leur propre corps, convoque le personnage de Sangomaam inspirée de Sangomar. La figure mythique et mystique de Sangomaam prévient Masaké que “Sangomar et Xochimilco (au Mexique) sont les derniers protecteurs du visible et de l’invisible” avant de scander “Sango Must Live”.
Mossane est un hymne osé que Safi Faye nous offre pour célébrer le courage, la détermination, l’indépendance d’esprit, la résistance et la liberté de toutes les filles et les femmes pour l’émancipation de tous les peuples.
Par Moustapha DIAKHATE
L’EFFET D’EVICTION ET L’EFFET RATTRAPAGE
La masse salariale des agents de l’État représente une part importante des dépenses publiques au Sénégal. L’Etat, premier employeur du Sénégal avec plus 120 000 fonctionnaires – de vrais privilégiés- qui se partagent 1.273 milliards de FCFA i
La masse salariale des agents de l’État représente une part importante des dépenses publiques au Sénégal. L’Etat, premier employeur du Sénégal avec plus 120 000 fonctionnaires – de vrais privilégiés- qui se partagent 1.273 milliards de FCFA inscrits dans le budget général 2023 selon le PM qui le déclarait hier durant sa DPG. On en déduit ainsi une allocation de 20% du budget annuel à la fonction publique ou encore 10% du PIB national.
La croissance brusque de la masse salariale de nos administrations contraste avec un rythme de taux de croissance réel presque négatif depuis 2019. La masse salariale explose, déjà en 2021 le projet de loi de Finances fixait la masse salariale à 904,9 milliards de FCFA, contre 817,7 milliards de FCFA en 2020. Le saut de 400 milliards de Fcfa entre 2019 à 2023- 20% en glissement sur 3 ans- montre une progression des charges du personnel de l’État insoutenable.
Nos fonctionnaires sont-ils plus performants et plus productifs par rapport aux missions de service public, en tout cas dans nos écoles et universités, dans nos hôpitaux et pour notre sécurité publique ; nous sommes très loin des minima de qualité de service rendu alors que selon le PM nous continuons de recruter de nouveaux fonctionnaires et d’augmenter les indices, les indemnités ou primes
Nous payons plus de salaires et de dette que nous investissons pour l’avenir de ce pays. L’emploi compétitif correspond à un besoin économique de l’administration ou d’une entreprise du secteur privé. Sa création obéit ainsi à la règle immuable de l’offre et de la demande, contrairement aux nouveaux postes de l’administration publique au Sénégal qui répondent plus à des logiques d’insertion et de partage de revenus en faveur d’une partie de la population active inoccupée
Il n’existe pas de lien systématique entre la part de l’emploi public dans l’emploi total et les performances du marché du travail. Les constats empiriques suggèrent même, qu’à terme, les effets de la création d’emplois publics sur l’emploi et le chômage sont fonction des caractéristiques des emplois créés(nature de l’emploi, secteur d’activité...) et des spécificités structurelles des économies. Nous clamons une transformation structurelle de notre économie ainsi par exemple avons nous plus de chercheurs industriels, plus d’enseignants de qualité; plus d’ingénieur et technicien agricole ; etc le recrutement d’agents de sécurité de proximité et d’auxiliaires des eaux et forêts sans formation adéquate ni statut clair avec souvent des salaires mieux que le technicien de bâtiment dans une entreprise privée de BTP déclenche le mécanisme de base de l’éviction exercée sur le marché du travail avec une pression sur les salaires du secteur privé qui doivent forcément augmenter pour rattraper les salaires de la fonction publique hors dans le sphère privée le salaire est corrélé à la productivité réelle. En conséquence le secteur privé – créateur de richesse véritable- voit sa productivité globale baisser du fait des travailleurs qui sont tentés de migrer vers le secteur public ou l’administration pour profiter des postes créés et surtout des salaires qui augmentent plus rapidement.
Le marché de l’emploi est ainsi déstructuré par les recrutements non économiques de l’État et par sa masse salariale. L’intensité de l’éviction accentue les disparités entre le public et le privé à travers l’attrait du secteur public pour les demandeurs d’emploi, du degré de substituabilité des productions publique et privée, de la pression fiscale exercée et du type d’emplois publics in fine.
La logique keynésienne encouragerait le recrutement tous azimuts pour stimuler la demande locale dans un contexte de baisse de l’activité économique cependant cet enchaînement est valable pour les économies productrices de biens de consommation, malheureusement l’effet multiplicateur de la dépense n’est pas observable dans nos économies non – industrialisées ou peu transformatrice, en effet toutes les denrées sont importées, l’oignon, l’huile etle riz viennent de la hollande et l’inde etc…
La fluidité du marché du travail est essentielle pour notre pays ou le chômage est massif et le taux d’activité de notre population active de 8 000 000 d’adultes dépasse rarement 40% tout secteur confondu. L’état doit articuler son intervention autour de l’efficacité de sa régulation à travers une fonction publique performante capable d’infuser vigueur et dynamisme dansle tissu socio- économique global.
Moustapha DIAKHATE
Ex Cons. Spécial PM Expert et Consultant Infrastructures