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30 novembre 2024
Opinions
PAR MAMADOU NDIAYE
OXYGÈNE AU MARCHÉ
Babacar Diagne appartient au monde d’avant. Il n’arrête pas de réviser ses jugements. Avec lui resurgissent les démons anciens : censure, coupure de signal, chape de plomb, interdiction et musellement.
Babacar Diagne appartient au monde d’avant. Il n’arrête pas de réviser ses jugements. Avec lui resurgissent les démons anciens : censure, coupure de signal, chape de plomb, interdiction et musellement.
En décidant la semaine dernière de priver le Groupe E-média de la jouissance d’un droit conquis et acquis, le directeur général du brinquebalant Conseil de régulation, rappelle à l’opinion que son geste, dépourvu de toute crédibilité, a partie liée à une intention mal cachée.
Il s’est encloué dans une situation courtelinesque. L’absurdité gouverne son acte, mélange de forfaiture et de trahison d’un serment. Il esquive la question lorsqu’elle lui est posée sur le manquement et se réfugie dans la gêne pour justifier la punition infligée à notre média dans lequel, semble-t-il, il ne compte que des « amis et des jeunes frères… » Passons.
Pour la postérité, la gloire ne sera pas au rendez-vous. Car les droits de télévision, propriété de la Fifa qui les rétrocède à des sociétés étalonnées, étaient soumis à un appel d’offres pour lequel notre groupe a soumissionné en même temps que la RTS et d’autres organes.
La même procédure a prévalu partout en Afrique à l’exception de l’Afrique du sud. Seul le Sénégal s’est encore illustré de la moins brillante des manières où les perdants gagnent et les vainqueurs perdent. Comprenne qui pourra.
Au plan technique, notre dossier se défendait. E-media avait ainsi remporté l’offre technique, avec des preuves irréfutables l’attestant. Donc la Rts était, à ce stade, éliminée. Dès lors s’ouvrait une période de mobilisation de la caution.
Prévenant et ayant l’anticipation chevillée au corps, Mamoudou Ibra Kane, DG de E-Média INVEST, informe par courrier le régulateur, l’invitant implicitement à aviser l’échiquier médiatique de la nouvelle donne. Babacar Diagne ne daigne pas répondre à la lettre de son « jeune frère ». Il prend son temps. Pourquoi ? Mystère.
Le montage financer était sur le point d’être bouclé côté E-Media quand, de l’autre côté, une agitation tatillonne et furtive s’emparait d’une fuite orchestrée au sujet d’un fallacieux défaut de paiement de la caution par E-Media. L’intention de nuire est manifeste.
Toute la hiérarchie de la finance publique est mobilisée aux fins de « prendre le relais » en payant « dans les quarante huit heures ». Ils l’ont fait. Grave. Pire, ils ont surenchéri, en court-circuitant E-Media.
Passé l’effet de surprise, le Top Management tente de comprendre comment a pu se produire le « hold-up ». Entretemps le Président du Collège du Cnra, Babacar Diagne en l’occurrence, se fend d’un communiqué annonçant l’attribution des droits exclusifs de retransmission de la Coupe du Monde Qatar 2022 à la RTS.
En clair, il se sent à l’aise pour protéger le « butin » de la chaîne publique par un soporifique rappel des dispositifs de répression en cas de violation. Sa rapidité à formuler cette note comminatoire contraste toutefois avec la lenteur de sénateur observée lorsqu’il a été saisi par le patron de E-Media.
A l’école de la différence et même de l’indifférence, Babacar Diagne est passé maître. Son attitude et son penchant dénotent chez lui un parti pris délirant. Sa dévotion ostentatoire et sa maladroite complicité des mauvais desseins lui ôtent l’équilibre dont devrait se prévaloir un régulateur des médias. Son soutien à la Rts le disqualifie puisque sommeille toujours en lui le zèle qui ne se remue qu’au moment des « mauvais coups ».
De « béances en urgences », Babacar Diagne ne perçoit plus les dynamiques en cours dans le secteur des médias. A tout le moins sa lecture reste biaisée par sa permanente quête de confort. Mais songe-t-il au réconfort ? A-t-il écho du monde d’après qui se profile ? Que reste-t-il d’un journaliste qui n’entend ni ne voit ?
En prévision de la présente Coupe du monde de football au Qatar, E-Media s’y était préparé méticuleusement avec un alléchant dispositif de promotion de contenus. Certaines entreprises, moins connues mais très volontaires, nous avaient choisi pour « gommer » leur déficit de notoriété. Notre projet de couverture de l’événement se profilait comme une bonne affaire avec des ventes d’espaces qui affichaient un attrait par des tarifs conséquents.
Nos écrans publicitaires se prêtaient au… jeu avec une grille réaliste et des hypothèses basses à l’appui. Bien entendu, nos simulations s’ajustaient au gré des performances des Lions et notre maîtrise des plateformes digitales ainsi que le positionnement de nos Fan’s zones dans des endroits éprouvés complétaient notre stratégie de proximité pour davantage agréger des publics qui s’identifiaient à notre politique éditoriale.
Le rapport du public à une chaîne de télévision donnée relève d’un choix souverain. Idem pour la fidélité qui se construit sur la longue période pour asseoir des audiences confortables. Né il y a quatre ans, E-Media a très vite gagné la confiance de l’opinion grâce à la diversité de ses offres éditoriales, à la progression de sa grille et à une production soutenue. Couper son signal c’est une atteinte à la liberté de choix du public qui saura s’en souvenir…
Ces facteurs crédibilisent notre approche qui rencontre une attente auprès de publics en quête d’éclairage, de loisirs, de détentes, de découvertes, d’analyses et de clés pour comprendre un monde en perpétuel mouvement. Le public ne veut plus broyer du noir. En clair, il a besoin d’offres alternatives de qualité. C’est à se demander si, par ce désir ardent, il ne décrète pas la fin des complaisances, la routine, en un mot, la médiocrité.
Le secteur privé des médias peut ne plus s’apitoyer sur son sort dès lors que le marché fonctionne avec des règles de transparence qui écartent toutes les connivences pour laisser prospérer la compétition et la performance. Un tournant majeur s’annonce avec la fin des « coins pépères » et d’un cycle lénifiant. Place à l’âpre bataille des contenus.
Déjà les médias occidentaux s’installent chez nous. Ils anticipent l’arrivée des grands groupes industriels dans les secteurs très disputés des hydrocarbures dont regorge le Sénégal.
Le temps est donc venu de regarder autrement le fonctionnement des médias dans notre pays. Tout l’écosystème est interpellé à cet effet. Si la chaîne publique bénéficie de fonds publics, elle doit renoncer aux ressources privées dédiées, elles, aux médias privés. Faute de quoi, le déséquilibre qui en résulte fausse la concurrence en raison des distorsions engendrées.
Exposée à des déficits chroniques et toxiques, la RTS, par son actuel statut, perturbe les règles du jeu concurrentiel. Elle doit son salut à la perfusion financière qui lui est administrée. Pour autant, elle demeure vulnérable malgré les appuis nombreux et divers.
La RTS doit être sauvée d’elle-même en se recentrant sur son périmètre. Faudra-t-il envisager son démembrement par une rectification de sa mission allégée de charges destructrices. L’ère des liquidités abondantes s’achève. Le nouvel environnement pénalise les groupes dépourvus de vision, de créativité ou d’anticipation. De ce fait, la Rts se montre incapable de s’adapter à la situation ; voilà pourquoi elle se réfugie chez des puissants pour conquérir injustement des parts de marchés.
Ses incursions dans le secteur privé alors qu’elle bénéficie du parapluie étatique irritent fortement les milieux professionnels du journalisme et de la communication. Le CNRA est mort. Vive le HARCA !
Par Baba DIOP
LE MARABOUTEUR
Tata fait partie de la cohorte du douzième Gaindé. Lors de l’élection du bureau, elle avait bataillé ferme pour obtenir le poste de présidente de la commission Khon « Les Affaires mystiques ».
Tata fait partie de la cohorte du douzième Gaindé. Lors de l’élection du bureau, elle avait bataillé ferme pour obtenir le poste de présidente de la commission Khon « Les Affaires mystiques ». Sur sa tablette figurait le pédigré de tous les Karamoko, de tous les Garabou-Garabou. Ceux qui pouvaient retenir le pied de l’adversaire au moment du tir au but, ceux qui pouvaient aveugler un gardien de but en cours de jeu. Ceux qui pouvaient donner au ballon la puissance d’un boulet de canon. Enfin ceux qui pouvaient brouiller le VAR. Pour sa régularité chez les charlatans et autres liseurs de marc de café, Tata avait un tarif préférentiel et même une ristourne. Un appel du pied pour le prochain appel d’offre.
Pour que le Sénégal accède aux huitièmes de finale, Tata y a mis les bouchées doubles. Trouvant insuffisant le budget qui lui est alloué, elle a cassé sa tirelire. Voilà qu’on signale à Tata l’existence dans le pays profond d’un super grand marabouteur. Le marabouteur exigea pour entamer la consultation, un poulet rôti bien dodu destiné au Djinn. Tata se mit aux fourneaux pour un poulet au coco. Le marabouteur se saisit du poulet, arracha une aile accompagnée de «In lafo» puis une cuisse «in podio». Le sang de Tata ne fit qu’un tour. Elle se saisit du restant du poulet pour dire : «In deunno. Bi pour man ak Tons»
*Lafo , podio, deunno : Aile , la cuisse, le blanc de poulet
par Assane SAADA
LE COUP DE MAÎTRE DE « BIYA L’ENTRAINEUR »
Éliminé dès le premier tour, le Cameroun ratait sa Coupe d’Afrique des nations de 1990. Son attaque jugée inefficace. Il fallait une solution en vue de la Coupe de monde en Italie.
« Les tits-pe sont déchaînés/Tous en place sur le corner/Roger Milla/Danse comme Roger Milla… », chante Mohammed Sylla alias MHD dans un tube sorti en 2016. Ce rappeur est né en 1994. L’année où Roger Milla disputait sa dernière Coupe du monde à l’âge de 42 ans et devenait le joueur le plus âgé à inscrire un but dans l’histoire de cette compétition. C’était contre la Russie. Un record honoré par la Fifa jeudi dernier au Qatar. Ainsi, le football apporte des souvenirs inoubliables. Milla dansait le Mokassa sur les points de corner des terrains de football. En 1990, il était Soulier de bronze de la Coupe du monde. Grâce à lui, auteur de deux doublés contre la Roumanie (2-1) en phase de poules et contre la Colombie (2-1) en huitièmes, le Cameroun signait la première qualification d’un pays africain pour des quarts de finale du Mondial. Un coup de maître du président Paul Biya. Il avait réussi à le tirer de sa retraite. Roger avait mis fin à sa carrière internationale et organisé son jubilé en 1988.
Éliminé dès le premier tour, le Cameroun ratait sa Coupe d’Afrique des nations de 1990. Son attaque jugée inefficace. Il fallait une solution en vue de la Coupe de monde en Italie. Des assises convoquées en mars et présidées par le secrétaire général de la présidence. La sélection de Roger Milla imposée. Une difficile intégration sur laquelle l’intéressé s’était expliqué : « Je suis arrivé le dernier avec Nkono (…). Un complot avait été mis en place. C’était très dur à vivre. Le ministre des Sports avait tenu une réunion avec les autres joueurs pour me fracasser ! Le sélectionneur ne me parlait pas. Je ne parlais à personne (…), mais j’étais respectueux. J’ai continué à travailler, avec cette méchanceté qui m’entourait. Tout a changé lors des matches amicaux. Dans les moments sérieux, on voit les gens sérieux et j’ai marqué presque tous les buts. Le sélectionneur m’a alors tout dit. Il avait des consignes et il était très fier de mon travail car je lui avais prouvé que j’étais le meilleur. Le ministre qui voulait me virer est venu me voir pour dire qu’il me donnerait une prime de 200 000 francs CFA à chacun de mes buts… Il n’en était pas question. Je jouais pour mon pays. On dit souvent que quand vous êtes un génie, vous le restez. (…) Et j’ai vu que les gens qui étaient contre moi au départ, dans l’équipe, étaient les premiers à me féliciter. Après la Colombie, des jeunes sont venus me voir dans ma chambre et s’excuser (…). »
Quelles déesses ont soufflé sur leur vie
La dernière Coupe du monde de Roger Milla était celle de l’exclusion du « gamin en or » de la compétition. Diego Maradona, de retour de grâce en sélection, était contrôlé positif à l’éphédrine. Empêtré dans des affaires de stupéfiants « El pibe de oro » n’était plus ce dieu dont la main punissait l’Angleterre en quarts de finale de la Coupe du monde de 1986. Le ballon rebondissait « gauchement sur le pied du coéquipier du pibe, le défenseur anglais Steve Hodge, dépassé par la vitesse de l’échange, renvoie en cloche la balle à son gardien. C’est alors que surgit le petit Maradona à hauteur des gants du géant Peter Shilton pour effleurer, en tendant son bras gauche, le ballon de la main et l’amener au fond des filets britanniques. (…) L’arbitre tunisien Ali Bennaceur, n’ayant pas vu la main de l’Argentin, valide ce premier but. (…) Trois minutes plus tard (…), Maradona démarre en trombe une folle chevauchée depuis le milieu du terrain et dribble avec fulgurance une demi-douzaine de joueurs anglais aussi débordés qu’affolés pour inscrire un magnifique second but synonyme de qualification de l’Argentine en demi-finale… ».
Maradona naissait quand Milla signait sa première licence. Leur destin en a fait des légendes. Leur aura chantée. Comme avec le roi Pelé qui étalait ses merveilles quand Roger s’essayait au ballon. Les mêmes déesses n’ont pas soufflé sur leur vie. Edson Arantes do Nascimento, « fils d’un ancien joueur qui a dû abandonner sa carrière suite à diverses blessures, il aurait juré en voyant pleurer son père le jour du Maracanaço de remporter une Coupe du monde en son honneur ». Chez lui, le football n’est pas un simple jeu. Mais « une profession à part entière, un statut pour s’échapper du déterminisme social et racial de la société brésilienne. Il passe alors l’ensemble de ses heures libres à s’entraîner afin de devenir un athlète complet ». Lors de sa première Coupe du monde, le psychologue de l’équipe nationale, João Carvalhaes, le jugeait « incontestablement infantile. (…) Il lui manque l’esprit de combat nécessaire et il ne possède pas le sens des responsabilités indispensable à tout jeu d’équipe ». Il survolait cette compétition qu’il débutait comme remplaçant.
par l'éditorialiste de seneplus, jean-claude djéréké
TITRES RONFLANTS ET MISÈRE HUMAINE
EXCLUSIF SENEPLUS - Écrire sur Ruben Um Nyobè et accepter 37 ans plus tard, 50 millions d’euros de ses boureaux pour le lancement d’une fondation pour la démocratie en Afrique, c'est tuer doublement le Mpodol et trahir l’Afrique combattante
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 28/11/2022
Jésus disait à ses disciples qu’ils connaîtraient la vérité et que la vérité les rendrait libres (Jn 8, 32). Ce qui préoccupe l’intellectuel exotique ou pseudo-intellectuel, ce n’est ni de connaître la vérité ni de résoudre les problèmes que lui imposent la vie et les relations avec autrui mais de « s’intégrer dans les circuits où se stockent et se redistribuent les biens rares, les honneurs et les plaisirs » (Fabien Eboussi, « Lignes de résistance », Yaoundé, Clé, 1999).
Le philosophe camerounais avait créé ce concept d’intellectuel exotique pour se gausser de ces Africains qui se gargarisent de titres ronflants : professeur agrégé, professeur titulaire, maître de conférence, docteur, etc. Pour Eboussi, ces titres sont creux car ceux qui y sont attachés ne sont connus que par leurs étudiants, n’ont de publication que leur thèse de doctorat, sont les premiers à chanter la gloire des dictateurs, à trouver à des médiocres des qualités qui n’existent point, ne sont capables ni « d’inquiéter qui que ce soit en quoi que ce soit » (Pierre Bourdieu), ni de prendre position sur des sujets aussi importants que le franc CFA, les bases militaires françaises en Afrique, l’ingérence de la France dans nos affaires internes, le tribalisme, le détournement des fonds publics par des vauriens, etc.
Feu Norbert Zongo, assassiné parce qu’il enquêtait sur la mort d’un chauffeur du frère de Blaise Compaoré, les appelait « la race des égoïstes myopes » parce qu’ils laissent prospérer le mal et le faux « pourvu que leur salaire tombe, pourvu qu’ils n’aient pas d’ennuis, pourvu que rien n’arrive à leur famille, pourvu que rien n’entrave leur carrière ».
Écrire sur Ruben Um Nyobè et ses camarades qui luttaient pour la vraie indépendance et accepter, 37 ans plus tard, que le pays qui les massacra vous octroie 50 millions d’euros pour le lancement d’une fondation pour la démocratie en Afrique (une démocratie qu’Emmanuel Todd et d’autres penseurs européens jugent morte en Occident), ce n’est pas seulement manquer de cohérence mais tuer doublement le Mpodol et trahir l’Afrique combattante.
Enseigner la philosophie et être philosophe sont deux choses différentes. Le philosophe et l’intellectuel authentique en général résistent « aux séductions de l’intégration, refusent de se renier » devant des billets de banque, se caractérisent par la simplicité et le courage de parler haut, fort et clair, acceptent de subir « tracas, ratonades et privations » pour que triomphent la justice et la liberté, ne font pas partie des « adorateurs du sexe, de l’argent, du vin et du sang », se battent pour que l’Afrique soit debout, ne se laissent ni distraire ni berner par n’importe quel petit bonimenteur français.
par Oumou Wane
MACKY SALL TROP AUTORITAIRE ?
L'arrestation de Pape Alé Niang n’est pas un acte qui fait avancer notre pays. Il remet en cause le respect de l’État de droit. L’État laisse ainsi la cause pour s’acharner sur les effets
Il est le garant des institutions et incarne l’autorité de l’État. Aussi lorsque ce rôle central de père de la nation est mis en difficulté par le contexte politique, il doit prendre ses responsabilités et par son arbitrage, continuer à cimenter notre vivre-ensemble.
Mais la tâche est ardue, car où est la limite en démocratie et à quel prix doit-on préserver la sécurité d’un pays ? Où commence et où finit la liberté de chacun ? N’est-ce pas la République qui en est la frontière ?
Dans le cas du Sénégal, si la classe politique est un désastre pointé, la société, elle, sauve nos liens fédérateurs qui sont sabotés quotidiennement par des intérêts partisans et qui finissent par rendre impossible l’arbitrage de l’État en son intime conviction. Mais, sommes-nous parfaits, chacun d’entre nous dans nos comportements et exempts de tout reproche ? Et surtout, sommes-nous prêts à accepter l’autorité que nous nous sommes désignés ?
Bien sûr, c’est notre rôle de critiquer nos dirigeants, nous les avons élus pour cela. Ainsi, nous ne comprenons pas quand les autorités de l’État poursuivent un journaliste pour une information contraire « à la sécurité nationale ». Et là se trouve le vrai problème ! L’État ne soigne plus la cause mais s’acharne sur les effets pour punir la cause qui va engendrer des effets néfastes en chaine contre la cause !
C’est le moment de revenir à l’essentiel ! L'arrestation de Pape Alé Niang n’est pas un acte qui fait avancer notre pays ! Il remet en cause le respect de l’État de droit, car, aurait-il même publié un document sensible, le Sénégal est un pays respectueux en matière de liberté de la presse. C’est Macky Sall lui-même qui disait qu’il n’enverrait jamais un journaliste en prison. Les journalistes n’ont aucun risque au Sénégal, proclamait-il en 2015.
Macky Sall considère peut-être que la sécurité du pays ainsi que son développement économique exigent la stabilité politique que seul un régime sévère peut véritablement assurer avec efficacité. Il voudrait sûrement que la croissance économique engendre une amélioration générale de la vie matérielle de chacun, mais l’obtiendra-t-il au prix de la stabilité sociale ?
Soyons d’accord, le gouvernement doit faire face aux enjeux sanitaires, climatiques, économiques ou encore migratoires qui sont les nôtres, et la tâche est énorme. Mais nous attendons de nos gouvernants qu’ils nous parlent, et surtout qu’ils nous écoutent.
Depuis quand Macky Sall n’a pas déclaré sa flamme à la jeunesse, dit aux Sénégalais qu’il les aimait ? Aucune autorité ne peut s’exercer sans pédagogie, sans concertation ni explication.
Qu’il cesse donc d’écouter tous ces conseillers du désordre et cet entourage désinformé et qu’il nous reparle enfin avec son cœur et son instinct. Qu’il se remette à échanger avec nos jeunes sur un terrain de sport et qu’il court encore vers son peuple à côté de sa voiture blindée !
Nous avons pourtant des choses à nous dire et à fêter aussi parfois ! Les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2026 à Dakar par exemple, devraient être le prétexte à un grand chantier d’investissements tous azimuts à travers le pays, vers les jeunes, où il sera question, d’infrastructures, d’emplois, de créations d’entreprises, de financements de projets…
L’avenir d’un pays c’est sa jeunesse. Nos jeunes seront bien plus utiles chez nous que sur les mauvais chemins de l’émigration à entretenir des drames humains.
Je le dis donc ici comme je le pense. Non Macky Sall n’est pas toujours irréprochable et je considère que cette dureté inutile détruit son image. Son devoir d’humanité doit aussi s’exercer envers son peuple et envers sa jeunesse, à qui il doit transmettre sa foi dans la possibilité de changer les choses. C’est urgent !
Par Madiambal DIAGNE
LE QATAR AURAIT MEME SOUDOYÉ LE CIEL
Le Qatar s’est vu éliminé au premier tour de sa Coupe du monde, mais il aura parfaitement réussi son organisation. Il a fait taire toutes les critiques
Les dirigeants qataris n’ont pas fait mystère de leur mégalomanie ou ne se sont pas cachés quant au montant du budget alloué à l’accueil de la Coupe du monde 2022 : 220 milliards de dollars. A titre de comparaison, la Russie avait déboursé 11,6 milliards de dollars pour la précédente édition, 15 milliards de dollars ont été dépensés en 2014 au Brésil et moins de 7 milliards de dollars pour les éditions précédentes.
Les Qataris ont construit six nouveaux stades et le pays a visé, à travers cette Coupe du monde, une continuité dans le programme de développement du pays. Outre les stades, ce sont d’innombrables infrastructures qui ont vu le jour dont des lignes de métro, des hôtels, des aéroports, des routes. Le Qatar a voulu montrer, à travers cet événement, la puissance mondiale qu’il est en train de créer ou que le pays voudrait se mesurer à ses voisins et non moins concurrents comme les Emirats arabes unis ou l’Arabie Saoudite. C’est un Mondial de la démesure et le Qatar a essuyé toutes les critiques pour cette arrogance, des critiques venant essentiellement du continent européen. Reste à se demander si toutes les critiques, qui semblent parfois dénoter une certaine condescendance, ont été justifiées.
Le Qatar accusé de tous les péchés
Les conditions dans lesquelles l’organisme du football mondial, la Fifa, avait décidé en 2010 d’attribuer l’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar, ont été vivement décriées. De fortes suspicions de corruption ont fait les choux gras des médias. De grosses sommes d’argent auraient été distribuées à des personnalités influentes de la Fifa. Les différents acteurs ont fait dans la négation et au gré des postures, certains hauts dirigeants de la Fifa à l’époque, comme le Suisse Sepp Blatter (remplacé par Gianni Infantino à la tête de la Fifa), ont attendu par exemple la dernière semaine de l’ouverture du Mondial au Qatar, pour regretter le choix fait sur ce pays.
Des accusations de corruption ont aussi été évoquées sur le plan sportif. Des détracteurs de l’organisation de la Coupe du monde au Qatar avaient accusé les autorités de cet émirat pétrolier et gazier d’avoir cherché à soudoyer des joueurs de l’Equateur, premier adversaire du Qatar au match d’ouverture. On a bien vu que les Equatoriens avaient parfaitement respecté l’équité sportive et ont livré un match franc pour finir par battre le Qatar devant son public et leur Emir sur le score de 2 buts à 0. Leur autre adversaire du Groupe A, le Sénégal, n’a pas non plus fait dans la dentelle, battant lui aussi le Qatar sur le score de 3 buts à 1. Peut-être que s’il y aurait une équipe à acheter par le Qatar, ce serait celle des Pays-Bas pour le dernier match de leur groupe ce mardi 29 novembre 2022. A moins que seuls les joueurs et coaches des équipes du tiers-monde seraient corruptibles !
Pour les préparatifs de la Coupe du monde, le Qatar avait fait venir sur son sol plus de 1,7 million de travailleurs migrants provenant d’Inde, du Bangladesh, du Népal, de l’Ouganda, de la Zambie, entre autres. Ces travailleurs migrants voyaient ainsi une opportunité s’offrir à eux pour échapper à la situation de pauvreté dans leurs propres pays. Les conditions de travail inhumaines ont été dénoncées ainsi que le bas niveau de salaires payés à ces catégories de travailleurs. Les médias ont mis en exergue une «hécatombe», avec un nombre de 15 000 morts parmi ces travailleurs, en l’espace de douze ans. L’annonce n’a pas manqué de susciter un énorme émoi. Seulement, on ne peut pas ne pas relever que ce chiffre brut, rapporté à la population totale des travailleurs migrants, est de l’ordre de 17 morts pour 1000 personnes sur une période de douze années soit moins de 1,5 décès pour 1000 habitants par an. Le taux moyen de mortalité au Qatar est de 1,6 décès pour 1000 personnes. Allez voir les taux de mortalité en Inde, au Népal, au Bengladesh, qui sont quatre fois supérieurs !
Le Qatar a aussi été accablé pour des manquements ou des dégâts contre l’environnement du fait des méga-constructions prévues pour accueillir l’événement. Tout autre pays qui organise un événement de cette envergure construirait des stades, des routes, des autoroutes, des aéroports. Pour donner des gages, le Qatar a fait construire certains stades avec des matériels recyclés et des constructions démontables. Les critiques liées aux conditions climatiques, avec un niveau de chaleur ambiante qui dépasse en moyenne les 40 degrés Celsius, ont poussé à l’installation de climatiseurs dans les stades. Mais les Qataris ont trouvé une parade imprévue ou réussi une prouesse, celle de soudoyer les cieux pour que les thermomètres baissent à 24 degrés. Il n’était alors plus nécessaire de faire tourner les climatiseurs géants. N’en auraient-ils pas les moyens et le manque de scrupule ?
Le Qatar a été critiqué pour des violations des droits humains. C’est un secret de polichinelle que la monarchie qatarie est implacable contre ses adversaires ou tous objecteurs de conscience. Le pays est aussi connu pour ne tolérer aucune pratique sexuelle jugée déviante, et de lourdes sanctions sont prononcées contre les auteurs. Les droits de femmes qataries ont aussi été un sujet de préoccupation, surtout qu’elles ne pourraient voyager à l’étranger sans l’autorisation d’un tuteur mâle. C’est un archaïsme d’un autre âge, même si le Qatar ferait mieux que nombre de pays arabes ou musulmans sur le registre des droits des femmes. Seulement, sur ce registre de la démocratie, des libertés et des droits humains, peut-on dire qu’un pays comme la Russie par exemple, qui avait accueilli la Coupe du monde 2018, donnerait de meilleurs gages que le Qatar ? Assurément non ! Il reste que si cette logique de parangon des droits de l’Homme et des libertés devrait être suivie, il serait bien difficile, à travers les différentes régions du monde, de trouver des pays éligibles pour accueillir une Coupe du monde. Au demeurant, l’idée de bannir l’organisation de la Coupe du monde du Qatar pour un motif de pratiques anti-démocratiques et liberticides équivaudrait à ouvrir une boîte de Pandore. En effet, ils sont nombreux, les pays qualifiés à cette présente édition de la Coupe du monde et qui ne font pas mieux que le Qatar en termes de pratiques démocratiques, de respect des droits des femmes ou des personnes Lgbt ou de l’application de la peine de mort ou des droits des travailleurs migrants, ou en matière de discriminations liées au sexe, à la race ou à la religion.
Les belles réponses du Qatar à ses contempteurs
Les associations des alcooliques anonymes et autres organisations qui luttent contre l’alcoolisme devraient une fière chandelle au Qatar. L’interdiction de la vente d’alcool aux abords des stades a fini par être acceptée par tous les spectateurs. Peut-être que cela a participé à une certaine bonne ambiance, même festive et l’absence de débordements dans les stades. Sans doute que les visiteurs du Qatar ont bien compris qu’on ne va pas chez quelqu’un en lui exigeant de changer les règles d’accueil. A la vérité, personne n’a été obligé d’aller au Qatar. Pour autant, le public a assurément été au rendez-vous. Les préposés à la sécurité n’ont pas été trop éprouvés. Il faut dire que le déroulement de la compétition est jusqu’ici très paisible. Mieux, à chaque fois que leur équipe a été battue, les supporters qataris sont rentrés dignement et ont participé à la fête aux côtés des vainqueurs. La liesse de la célébration par les supporters saoudiens de leur victoire contre l’Argentine (2-1) à travers les rues de Doha suffit pour témoigner du bel état d’esprit, quand on connaît la mauvaise qualité des relations diplomatiques entre le Qatar et son grand voisin. Aurait-on déjà oublié le chaos de la finale de la Champion’s League européenne entre Liverpool et le Real Madrid l’année dernière au Stade de France à Paris ?
L’affluence est très forte. Les menaces de boycott du public n’ont pas eu d’effets. Les stades sont toujours bien garnis avec des supporters enthousiastes. Aussi, la compétition continue de battre tous les records de téléspectateurs. Mais c’est sur place qu’on mesure mieux combien le Qatar a parfaitement réussi son organisation. De nombreuses critiques sont ainsi apparues injustes ou relevant de fantasmes. Souligner cela pourrait apparaître aux yeux de certaines personnes comme d’avoir été acheté par le Qatar, qui n’aurait aucune vertu que de payer des satisfecit avec ses pétrodollars, mais force est de dire que les visiteurs du Qatar à l’occasion de cette Coupe du monde de football ont eu droit à une autre réalité sous leurs yeux. Les deux aéroports civils de Doha n’ont jamais été débordés par l’afflux des milliers de supporters. Le voyageur qui débarque à Doha ne passe pas plus de 10 minutes entre le débarquement, la police des frontières et le tapis des bagages. J’ai déjà eu à expérimenter les conditions à l’enregistrement au départ et à l’embarquement. Tout se passe également sans encombre et dans des délais très courts. Jamais on ne trouve une meilleure prise en charge dans un aéroport. Qui ne se rappelle pas les tracasseries dans les aéroports moscovites en 2018 où les passagers restaient de nombreuses heures en zone internationale avant de pouvoir entrer dans le pays ? Combien d’heures des passagers perdent encore d’ordinaire dans les aéroports internationaux français, américains, anglais ou allemands, pour des procédures et formalités de voyage ?
L’accès aux différents stades est aussi fluide, aucun embouteillage n’est déploré. Les routes élargies ont facilité ou rendu fluide la circulation, et le nouveau métro de Doha a permis de transporter gratuitement les grandes foules de supporters. Aux alentours des stades, des agents préposés au guidage du public sont disponibles. L’accueil est sympathique et l’atmosphère bon enfant. Les hôtels ont offert une qualité de service qui fait honneur au pays.
Le Qatar s’est vu éliminé au premier tour de sa Coupe du monde, mais il aura parfaitement réussi son organisation. Il a fait taire toutes les critiques. Les stades ont été des plus modernes et fonctionnels et aucune équipe n’a eu à se plaindre d’un quelconque avatar des pelouses et autres aires de jeu ou d’entraînement. L’animation des stades a été diversifiée et multiculturelle et la sonorisation impeccable.
Il reste à savoir ce qu’il faudra faire de toutes ces infrastructures au soir du 18 décembre 2022, date de la finale de la compétition. Le pays ne compte que quelque 2 millions 600 mille habitants, avec 80% d’étrangers, et ces infrastructures 5 XL apparaitront surdimensionnées. Des stades démontables sont promis à être offerts à d’autres pays et certains autres transformés en centres commerciaux.
Post-scriptum : «J’ai refusé de solliciter le Président Macky Sall pour les impôts sur mon projet de Mamelles.»
Suite à ma chronique de la semaine dernière intitulée : «Je ne cède pas au chantage au smartphone», un ami responsable du parti Pastef m’a interpellé pour souligner que j’aurais occulté la fiscalité de mon projet immobilier en cours de réalisation aux Mamelles. Je lui ai indiqué que je suis à l’aise pour évoquer cette question car j’avais effectivement bénéficié d’une exonération délivrée par l’Agence de Promotion des Investissements (Apix) après examen de mon dossier, comme c’est d’ailleurs le cas avec tout investisseur satisfaisant à certains critères.
Seulement, au moment de la mise en œuvre de cette exonération, il m’a été signifié que j’aurais besoin d’une décision spécifique du ministre des Finances et du budget. Le ministre Abdoulaye Daouda Diallo rechignait à donner son accord car il estimait devoir contrôler de manière parcimonieuse les exonérations. Ainsi, me demandait-il de solliciter le «Patron» (Macky Sall) pour l’instruire dans le sens de me faire bénéficier de l’exonération. Je lui avais clairement dit que ce ne sera pas nécessaire car je refuse de solliciter le président de la République pour cela. Ainsi, je n’ai pas pu profiter de ladite exonération et il est loisible à chacun de pouvoir le vérifier. Les banquiers et l’entreprise chargée des travaux ne pouvaient comprendre mon attitude. Qu’à cela ne tienne !
par Ousseynou Nar Gueye
LES AVIONS, CES CASERNES VOLANTES
Fumer dans un avion : les moins de 25 ans n'auront jamais connu cela. A l'époque, il y avait même des sièges fumeurs. Et en contrepartie aujourd'hui ? Il n'y a même pas le WiFi dans les aéronefs de nos companies aériennes subsahariennes...
Ce dimanche 27 novembre, je me trouve à l'aéroport international Diori Hamani de Niamey. Bientôt en vol pour rentrer à Dakar. Les compagnies aériennes sont des organisations militaires à tendances autoritaristes, comme toutes les armées. Ce n'est pas un hasard que leur personnel navigant porte des uniformes et que leurs pilotes qu'on appelle commandants se couvrent la tête de képis. Ils ont une chaîne de commandement stricte. Les hôtesses et stewards, malgré leurs sourires automatiques à même d'épuiser les zygomatiques, sont formés à toujours garder l'ascendant sur les passagers, en toute circonstances et à le faire débarquer en cas de récalcitrance persistance à leurs injonctions.
En Afrique subsaharienne francophone jusqu'ici, les décisions (de report d'arrivée et de départ) de la hiérarchie aéroportée tombent du ciel, sans préavis. À cela, on doit obtempérer sans murmures, ni maugréements. Le passager reste alors détenu dans l'aérogare, incapable de tout mouvement à plus de 200 mètres pendant plusieurs heures. À bord, le menu est imposé comme pour la gamelle du militaire. Au mieux, pour la graille, c'est une alternative : poulet ou poisson ? On doit rester à sa place tout comme le pioupiou de base ne doit pas outrepasser les prérogatives de son grade.
En cas de turbulences, vous êtes priés de supporter et de ne pas vomir ailleurs que dans le sac fourni. Pour les cas heureusement rarissimes de catastrophes, c'est "chacun s'assoie, Dieu nous pousse" : prenez votre masque à oxygène, enfilez votre gilet de flotaison, et sauvez-vous tout seul. Les annonces au micro, au début et à la fin de ces voyages couleur kaki, sont la plupart du temps des mises en garde à tonalité de menaces, avec représailles possibles à la clé.
Non, la liberté n'est plus ce qu'elle était, et non, là je ne parle pas de Pape Alé Niang en prison : en effet, je me rappelle avec nostalgie de mon dernier vol fumeur. C'était en juillet 1999, sur Air France. Et au milieu de l'avion, entre deux rideaux, on tirait sur nos cigarettes. Il y avait là le désormais exilé-pour-cause-de-Qarim-économique Vieux Aïdara, le mannequin métisse Yacine Diaw à présent chanteuse de Yé, et bien d'autres. Tout ça est fini.
Et tous les vols du monde qui décollent font annoncer désormais par leur mbindaanou avion (hôtesses de l'air) qu'on vous poursuivra en justice si vous fumez dans les toilettes. C'est dire qu'ils savent que nous en avons la tentation. Un homme prévenu en vaut la moitié, challah. Et à l'aéroport, les agents de contrôle vous chourent déjà tous vos briquets avant l'embarquement. Quelle affaire de miskines..
Tout ça, c'est la faute aux attentats du 11 septembre 2001 qui ont détruit les deux tours du World Trade Center. Mais ce ne sont pas les briquets, les allumettes et les magnifiques volutes couleur immaculée comme les nuages du ciel (Dieu qui fume ?) du tabac qui crashent les avions : ce sont les islamistes-terroristes-fascistes qui le font. Fumer dans un avion : les moins de 25 ans n'auront jamais connu cela. A l'époque, il y avait même des sièges fumeurs, au fond de l'avion. Et en contrepartie aujourd'hui ? Il n'y a même pas le WiFi dans les aéronefs de nos companies aériennes subsahariennes...
Le 20e siècle, lui au moins, était civilisé. Je suis content d'avoir eu 20 ans en ce siècle-là et durant ce deuxième millénaire passé, qui fut très appréciable. Ce siècle actuel de la dictature du Wi-Fi et des données mobiles tout puissants, je préfère qu'il me trouve déjà en âge très mûr.
EXCLUSIF SENEPLUS - Le journaliste emprisonné Papa Alé Niang est victime du système politique en place au Sénégal depuis Léopold Sédar Senghor et qui s’est perpétué
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 27/11/2022
Le journaliste Papa Alé Niang a été arrêté et incarcéré depuis le 6 novembre 2022 pour « divulgation d’informations de nature à nuire à la défense nationale, « recel de documents administratifs et militaires » et « diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques ».
Pour comprendre cette accusation et l’arrestation du journaliste, il faut les placer dans le contexte actuel et le situer dans le cadre de l’histoire politique du Sénégal.
Ce qu’on reproche au journaliste
Ce sont les interventions du journaliste et directeur du site Dakar-Matin relatives à la procédure judiciaire en cours pour viol contre Ousmane Sonko, le principal opposant du régime du président Macky Sall qui sont la cause de son arrestation. Il lui est reproché en particulier d’avoir porté à la connaissance du public un rapport interne de la gendarmerie faisant état d’irrégularités dans la procédure judiciaire pour incriminer Ousmane Sonko.
Il lui est reproché également d’avoir diffusé des messages confidentiels des forces de défense et de sécurité sur le dispositif sécuritaire mis en place en vue de la comparution de Sonko le 3 novembre dernier.
Le contexte politique …et économique
L’arrestation intervient dans un contexte politique spécifique caractérisé à la fois par l’affaiblissement du régime du président Macky Sall et par la volonté de plus en plus affichée du président de briguer un troisième mandat malgré la limitation constitutionnelle.
Le contexte politique est particulièrement marqué par la montée en puissance des partis d’opposition qui ont fait perdre la majorité à l’Assemblée nationale à Beno Bokk Yakar, la coalition qui soutient le président Macky Sall au sortir des élections législatives de juillet dernier.
Or c’est le parti Pastef (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité) dirigé par Ousmane Sonko qui est la charnière de la principale coalition de ces partis d’opposition.
Il y a aussi la situation économique préoccupante pour le gouvernement avec l’augmentation considérable du coût de la vie, la persistance du chômage de masse particulièrement au sein de la jeunesse et la montée des revendications sociales qui gagnent toutes les couches de la société, des étudiants et enseignants aux travailleurs de la santé jusqu’aux paysans.
Il y a également le durcissement autocratique du régime du président Macky Sall qui s’était donné pour mission il y a plusieurs années déjà « de réduire l’opposition à sa plus simple expression » et a procédé depuis lors à réduire l’espace démocratique en mettant en prison sous des motifs divers des opposants politiques les plus en vue à l’époque à savoir M. Barthelemy Diaz alors figure de premier plan du Parti socialiste puis M. Khalifa Sall député et maire de Dakar.
Des lois désuètes pourtant soigneusement conservées dans le Code pénal, « Apologie du terrorisme », « atteinte à la sureté de l’État » et « offense au chef de l’Etat » et la sulfureuse Direction des Investigations Criminelles (DIC) sont régulièrement sollicitées pour jeter en prison tantôt des animateurs de médias sociaux comme « l’insulteur public » Assane Diouf extradé des Etats-Unis, tantôt des personnalités politiques comme l’honorable député de Touba Abdou Mbacké Bara Doly Mbacké, tantôt des lanceurs d’alerte comme le célèbre journaliste Adama Gaye, détenu avant d’être contraint ensuite à l’exil.
Le régime du président Macky Sall est en fait devenu au fil des années de plus en plus autocratique, grâce à une Assemblée nationale à sa totale dévotion jusqu’aux dernières élections législatives, un contrôle étroit sur la justice par le biais du Conseil supérieur de la magistrature qu’il préside avec son ministre de la Justice et qui décide de la carrière des juges et magistrats.
La longue lutte pour la liberté d’expression et le droit d’informer
Il faut se rappeler que de la proclamation de l’indépendance en 1960 à l’établissement de la IIème République sous la présidence de Léopold Sédar Senghor en 1963 et jusqu’en 1976, sous le règne du Parti-Etat UPS, la liberté de la presse et la liberté d’expression n’existaient pas dans les faits.
La liberté de la presse pourtant proclamée par l’article 8 de la constitution de 1963 n’est appliquée qu’à minima, la définition du statut des journalistes leur intimant d’« être dévoués aux idées du parti et de l’État»
Le président Senghor détenait alors tous les leviers du pouvoir et contrôlait tous les médias publics, Dakar-Matin qui deviendra Le Soleil en 1970, l'Agence de Presse Sénégalaise (L'APS), Radio-Sénégal et plus tard de l’Unité africaine, organe de propagande de l’UPS.
La presse indépendante n’existait pas et toute tentative d’expression médiatique ou simplement publique était vigoureusement réprimée. Les partis politiques d’opposition étant interdits, leurs journaux, Momsarew du PAI, puis Xarabi de And Jeff et Taxaw du RND sont d’abord réduits à la clandestinité et pourchassés puis mis sous surveillance policière constante et harcelés judiciairement.
Ce sont les luttes des élèves, des étudiants et des travailleurs enclenchées dès les années 1966/1967, puis la création de nouveaux syndicats d’enseignants et de travailleurs qui amèneront à la révision constitutionnelle de 1976 introduisant le multipartisme limité et de fait la liberté d’expression.
C’est seulement en 1979 que la loi autorise enfin la création de journaux d’information « sans autorisation préalable et sans dépôt de cautionnement » ce qui n’empêchera pas du reste les promoteurs des journaux indépendants comme Mame Less Dia, le Directeur de publication de Le Politicien, Boubacar Diop de Promotion et Abdourahmane Cissé de La lettre Fermée d’être harcelés régulièrement par la police quand ils n’étaient pas jetés en prison sans jugement.
Auparavant Sidi Lamine Niasse, directeur Walfadjri L’aurore avait été interpellé en 1978 d’abord, puis en 1982 pour ses « orientations idéologiques ».
Le président Abdou Diouf on le sait, consacra dès son arrivée au pouvoir en 1980 le multipartisme intégral et autorise la création du journal puis de la radio du groupe Sud Communication.
Mais la liberté de la presse reste sous surveillance et est constamment agressée. Ainsi maitre Abdoulaye Wade en sa qualité de directeur de Le Sopi l’organe du PDS est accusé de publication de fausses nouvelles et « désobéissance civile » et mis en prison pour avoir contesté dans un article les résultats officiels de l’élection présidentielle de février 1988 et publié « les véritables résultats ». Ce qui provoqua de violentes émeutes à Dakar.
On se souvient qu’en octobre 1996, Sud Quotidien est condamné pour diffamation de la Compagnie Sucrière Sénégalaise et condamné à une amende de 500 millions FCFA et à un mois de prison pour cinq de ses journalistes.
Pour la séquence Abdoulaye Wade, rappelons ici l’arrestation en 2004 de M. Madiambal Diagne, directeur de publication du Quotidien pour « publication de documents secrets », « diffusion de fausse nouvelles », « manœuvres compromettant la sécurité publique » en vertu de l’article 80 du Code pénal. Ce sont pratiquement les mêmes accusations, sur les mêmes bases juridiques qui sont portées contre Pape Alé Niang.
Les journalistes et les défenseurs de la liberté d’expression s’attendaient à ce que le président Macky Sall rompit avec les pratiques de ses prédécesseurs, lui qui déclarait en octobre 2015 : « Vous ne verrez jamais, sous ma gouvernance, un journaliste mis en prison pour un délit de presse. Le délit de presse n’est pas dépénalisé, mais les journalistes n’ont aucun risque au Sénégal, je le dis clairement et je ne serai pas démenti. »
Mais la nature oligarchique du régime avec ses accointances mafieuses et les malversations financières de ses responsables au sein de l’appareil d’État nécessitaient d’intimider les journalistes et de les réduire au silence.
De ce fait en 2013 déjà, Sidi Lamine Niasse était placé en garde-à-vue par la Section de recherches de la gendarmerie sous l’accusation d’« offense au chef de l’Etat » et de « troubles à l’ordre public ».
Puis ce fut le tour du journaliste Adama Gaye arrêté suite à des publications à travers les réseaux sociaux et accusé lui aussi « d’offense au chef de l’Etat » en sus « d’écrits contraires aux bonnes mœurs ».
Et maintenant ?
Papa Alé Niang est donc victime du système politique en place au Sénégal par Léopold Senghor et qui s’est perpétué d’Abdoulaye Wade à Abdou Diouf et à Macky Sall.
Aussi en plus de demander la libération immédiate et sans condition de Papa Alé Niang, il faudrait s’attaquer à certains des fondements de ce système pour établir durablement la liberté d’expression
On doit ainsi demander la suppression des lois liberticides, notamment celles relatives à l’offense au chef de l’Etat qui a été expurgée des législations des grandes démocraties depuis longtemps. L’article 80 du Code pénal doit en ce sens être supprimé. Quant aux lois sur le secret défense, elles doivent être formulées de manière à ne pas compromettre la liberté d’expression et les droits des journalistes.
Les journalistes et les défenseurs de la liberté d’expression doivent continuer à exiger l’adoption d’une loi d’accès à l’information qui existe maintenant dans nombre de pays africains.
Ils doivent aussi réexaminer le Code de la presse pour non pas dépénaliser les délits de presse (car les journalistes ne sont bien entendu pas au-dessus des lois) mais pour les décriminaliser. De ce fait, le délit de presse (la diffamation, l’injure publique et l’incitation au trouble de l’ordre public notamment) sera formulé de sorte qu’il ne soit qu’exceptionnellement sanctionné par une peine de prison
PAR Jean-Baptiste Placca
POUR SIMPLEMENT BRILLER
Les désillusions qui guettent l’Afrique dans ce Mondial commandent une réflexion de fond. Pourquoi les fédérations nationales révulsent tant de footballeurs parmi les meilleurs originaires de leur pays ?
Pourquoi donc les sélections africaines peinent tant à briller à l'édition 2022 de la Coupe du monde de football ? Et comment expliquer que, plutôt que de jouer pour la sélection de leur pays d'origine, tant de footballeurs talentueux d'origine africaine préfèrent leur « autre pays » ou patrie d'adoption ? Que faire, pour que ceux qui choisissent de jouer sous le maillot d’une nation africaine trouvent un cadre propice, pour rehausser le niveau des sélections africaines ?
Avec sa victoire sur le Qatar, le Sénégal semble s’être quelque peu rassuré. Peut-on, du coup, estimer qu’elles sont exagérées, les inquiétudes quant aux chances des équipes africaines de se qualifier à l’issue de la phase de groupe ?
Ce n’est, certes, pas que parmi les seules nations d’Afrique engagées dans cette compétition que l’on a vécu de retentissantes contreperformances. Mais, si l’on est inquiet, c’est parce que certaines équipes africaines nous ont donné l’impression de jouer en division inférieure. Par lucidité, il nous faut l’admettre : ce ne sera pas facile. Ce sera même très dur, et il est à craindre que toutes les nations africaines rentrent au bercail, sans atteindre la phase à élimination directe. Tel président de fédération peut toujours clamer urbi et orbi qu’il est au Qatar pour rapporter la Coupe dans son pays, vanité et auto persuasion n’y changeront rien.
Chaque Africain, d’où qu’il soit, vibre pour chacune des équipes africaines présentes au Qatar. Tous souffrent avec les joueurs, lorsque ceux-ci balbutient leur football. La peine de ceux qui prendraient au sérieux les rêves grandiloquents de tel dirigeant ne sera que plus grande, en cas d’un retour prématuré à la maison…
Le Mondial de TATA - Quand arrive le vendredi, Tata s’endimanche. Elle met son boubou blanc fortement amidonné qui lui donne l’air d’un paon quand elle se déplace.
Tata est une habituée du vendredi. Une place lui est réservée dans le carré des femmes. Une place que personne n’oserait occuper.
Le coup qu’elle avait fait à Khoudia Ndiaye qui voyait elle une rivale a servi d’avertisseur aux autres affidées de la mosquée ocre du quartier Niet bount.
Quand arrive le vendredi, Tata s’endimanche. Elle met son boubou blanc fortement amidonné qui lui donne l’air d’un paon quand elle se déplace. Son pagne à carreaux noirs et blancs, ses babouches jaune cousues main agrémentent son allure. Cerise sur le gâteau, elle n’oublie jamais le Diéré et les deux Louis d’or, bijoux de famille qui ont traversé les siècles.
Au moment où Tata s’apprêtait à enfiler son boubou, sa petite fille en maillot des Lions et sifflet en bouche annonça que le match Lions de la Teranga contre les Faucons du Désert allait démarrer dans une quinzaine de minutes en même temps que l’appel à la prière. Ce qui perturba fort Tata. Prière ou foot, foot ou prière ! Tata était écartelée dans son choix.
Louper le début du match était sacrilège pour qui ne respire que par l’équipe nationale. Louper, la prière du vendredi était sacrilège pour une musulmane. Et sa petite fille de la tirer d’embarras en lui proposant de procéder au tirage au sort. « Oh ! peteulaw. C’est le match qui triomphe. Et Tata de dire : « Supporter son pays ci diamou yalla la bokk. Talal télé bi » (1)
1 Supporter son pays est une dévotion. Alors allumemoi la télé