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2 décembre 2024
Opinions
par Cheikh Tidiane Gadio
DE QUOI MOMAR DIENG EST-IL LE NOM ?
Monsieur Momar Dieng, les injures, les noms d’oiseau, le manque de tenue et de retenue dans le style et dans les envolées ne sont pas dignes de vous et de votre parcours
J’ai lu avec surprise et tristesse le papier que Momar Dieng a commis sur mon intervention à l’assemblée nationale à propos de “mon petit frère et ami Pape Alé Niang”! Il est de mes habitudes d’ignorer superbement les écrits de mauvaise foi contre ma personne. Je n’ai pas un ego démesuré qui m’handicape dans l’acceptation du droit des autres à la critique de mes opinions et analyses, même si la critique m’appert sans aucun fondement rationnel ou factuel.
La sortie de M. Momar Dieng relève visiblement, non du registre de la critique, mais de celui de l’attaque préméditée, peut-être longtemps ruminée, avec des caractérisations infondées et imméritées contre ma personne: « lâcheté pure et simple», « parallèle grotesque, vicieux et impertinent », « manipulation honteuse d’un contexte », « démarche malhonnête qui ne fait pas honneur à son auteur ». Pas de place pour le doute : toutes ces infamies conceptuelles et ces boules puantes sont plus destinées à faire mal qu’à convaincre de la validité de son argumentaire. Plus grave, ils renseignent plus sur leur auteur que sur leur destinataire !
En agissant avec une telle hargne et une telle immaturité, M. Dieng m’oblige à lui appliquer le beau titre de Alain Badiou : « De quoi Sarkozy est-il le nom ?» afin de mieux réfléchir la question « De quoi Momar Dieng est-il le nom ? »
Si M. Dieng s’autorise de fabriquer en toute liberté une pseudo-comparaison que j’aurai faite entre « Trump et Pape Alé », je suis tout aussi fondé à comparer une telle démarche à à la suffisance et à l’extrême arrogance d’un Sarkozy. Du reste le comparer à un Chef d’état spécieux n’est « sûrement pas une absurdité sans nom » !
Je suis franchement bouleversé de voir que le style méprisable du langage des réseaux sociaux fait d’insultes, d’injures, de platitude et d’inintelligence des faits et des concepts a métastasé chez certains professionnels des médias que j’ai grandement estimés dans le passé.
Monsieur Momar Dieng, les injures, les noms d’oiseau, le manque de tenue et de retenue dans le style et dans les envolées ne sont pas dignes de vous et de votre parcours. Ils me ramènent à la triste question : « De quoi êtes-vous le nom ? » si ce n’est celui de l’incarnation de notre époque où toute décence déserte le champ lexical de tous ceux qui n’argumentent désormais que par l’insulte facile, la haine assumée, les contre-vérités toxiques maquillées en certitudes, bref par l’adhésion aux fléaux de la nouvelle culture façonnée par les Réseaux sociaux.
Vous en administrez la preuve dès le titre vulgaire à plus d’un titre de votre article. Votre conversion langagière est déprimante car vous aviez valu des satisfactions à vos compatriotes, dans le passé ! Contrairement à votre langage « Réseaux sociaux », je vais démontrer et déconstruire vos contrevérités… Voici une transcription fidèle de mon propos que tout lecteur pourra vérifier sur Youtube : https://youtu.be/7f4oAydic6g « Je vais dire un mot rapidement sur le cas Pape Alé Niang. Pape Alé est un petit frère, est un ami. Je suis personnellement très malheureux de ce qui est arrivé. Mais en même temps vous avez vu ce qui est arrivé aux états-Unis, ils sont sur le point de juger et peut-être d’emprisonner leur Président parce qu’il a déplacé des documents confidentiels, des documents « Secret défense » et les amenés dans un espace privé chez lui.
C’est des questions importantes. Il y’a des frères qui se sont prononcés ici en disant que c’est pas important « les secrets d’État ». Si ces questions ne sont pas réglées, il n’y a plus d’état au Sénégal.
Maintenant moi je propose qu’un Conseil des sages de la profession essaye d’aller régler ce problème (de Pape Alé), de faire une médiation pour qu’on applique la clémence, la bienveillance et essaye de trouver une solution ! »
Voilà mon propos que vous avez falsifié à dessein en me faisant dire autre chose : « Cheikh Tidiane Gadio soutient avec certitude que Donald Trump « a déplacé » des documents confidentiels et secret-défense « dans un espace public ». Il nous aurait plu qu’il précisât quel est cet « espace public» qui a accueilli les dits documents. Son propos est donc factuellement faux. »
Où est-ce que j’ai parlé de Trump qui « a déplacé des documents confidentiels et secret défense dans « un espace public ». Le lecteur aura détecté la manipulation délibérée de ce que j’ai dit réellement : «qu’il a déplacé des documents confidentiels, des documents « Secret défense » et les amenés dans un espace privé chez lui. »
M. Dieng, c’est vous donc qui avez des problèmes avec « le privé et le public », puisque là où j’ai parlé « d’espace privé » c’est-à-dire « chez lui », vous avez voulu lire « un espace public » et avez par conséquent construit tout un argumentaire qui ne vous honore pas non plus ! Êtes-vous donc prêt, en guise de mea culpa, à reformuler votre accusation ainsi : « Ayant mal lu ou mal compris ce qu’a dit monsieur Gadio, c’est mon propos qui est donc factuellement faux ! » Je doute que vous le fassiez: l’honnêteté intellectuelle et l’intégrité journalistique ne sont plus les valeurs les mieux partagées à l’ère des réseaux sociaux !
En outre, en écrivant « l’ex-ministre semble nous dire que Pape Alé a « déplacé des documents confidentiels, des documents Top Secret » quelque part, un acte qui mettrait en danger l’état du Sénégal », la précaution « semble » ne vous absout pas d’une manipulation sans éthique du propos d’un concitoyen que vous teniez à descendre en flammes coûte que coûte quitte à lui mettre des propos dans la bouche. Là encore vous devez des excuses à vos lecteurs. Visez la suite !
Pourquoi ai-je convoqué le cas Trump à l’assemblée nationale du Sénégal ? Je voulais m’opposer aux points de vue exprimés par des collègues députés lors du passage la veille du Ministre de la Communication. Ils ont parlé de l’Affaire Pape Alé et certains d’entre eux ont rejeté comme non-pertinente la question « des documents Secret défense ou des documents estampillés Secrets ». Ils ont même cité Mediapart en France qui publie de tels documents sans être inquiété. Ceci m’a choqué et comme ma prise de parole avait été annulée faute de temps, j’ai profité de ma sortie le lendemain sur les thèmes: le CESTI, l’impérieuse nécessité de la formation des journalistes, les dérives dans les réseaux sociaux et le Cas pape Alé Niang pour inviter mes collègues députés à savoir raison garder car sans « les documents Secrets défense et les documents confidentiels et secrets », il n’y a plus d’état. Ou est-ce que j’ai dit ici que « Pape Alé a « déplacé des documents confidentiels, des documents Top Secret » quelque part, un acte qui mettrait en danger l’État du Sénégal » ?
Si un grand pays comme les USA nomme un Procureur spécial contre son ancien Président pour avoir violé les lois sur les documents « Secret Defense », rien ne m’empêche dans ma défense de la sacralité des « documents confidentiels et secrets ou des documents Secret Defense » dans la marche d’un état de convoquer « le cas Trump ».
Voilà ce que mes collègues de tout bord à l’assemblée ont compris et que vous avez refusé de comprendre. Il faut vraiment s’acharner dans la recherche de la petite bête pour m’accuser de comparer Pape Alé et Trump, ou de comparer le cas Pape Alé et « les ennuis judiciaires de Trump ». J’ai trop d’estime et de respect pour Pape Alé pour ne pas le comparer au phénoménal et inénarrable Donald Trump. Pape est « mieux disant » à tout point de vue.
M. Momar Dieng m’accuse aussi de soutenir « avec certitude » que Donald Trump « a déplacé » des documents confidentiels et secret défense… » Dans le paragraphe suivant, il essaye de limiter les documents emportés par Trump à des documents ayant les mentions « Top secret » ou « Confidentiel ». Une façon à peine subtile de remettre en cause mes propos sur les documents « Secret défense » emportés par Trump.
Pourtant ma source, c’est du béton puisqu’il s’agit du Département américain de la Justice lui-même (cité par France 24 et l’AFP le 8 août dernier) : « Selon les documents rendus publics par le ministère américain de la Justice, la police fédérale américaine (le FBI) a saisi des documents classés secret défense lors de sa perquisition au domicile floridien de Donald Trump. »
Toute ma déconstruction de votre violente sortie contre ma personne prouve à l’envie que vous étiez strictement dans une vendetta personnelle et non dans une quelconque défense de Pape Alé.
En conclusion, puisque je ne « cherche à plaire ni au Prince ni aux roturiers », n’ayant aucune familiarité avec la culture des laudateurs, des flagorneurs et des parvenus, mon engagement politique depuis 1976 étant exclusivement pour la cause du peuple sénégalais et des peuples africains, je le réaffirme haut et fort, l’arrestation et l’incarcération de mon petit frère Pape Alé Niang m’affectent profondément !
En revanche, je suis pleinement conscient qu’il est difficile voire impossible d’affronter un état dans un bras de fer ou un face à face frontal. Que la vérité soit de votre côté ou pas! C’est pour cela que j’ai proposé le recours à nos valeurs fondamentales de médiation pour obtenir la libération de Pape Niang dont la place est aux côtés de sa famille et de tous ceux qui l’estiment et lui souhaitent tout le bonheur du monde. Je récuse le bras de fer car je sais de quoi je parle pour avoir fait la très amère expérience de la force brutale et abusive de l’état le plus puissant du monde par le biais d’accusations infamantes et infondées, le tout couronné par l’arrogance d’un retrait pur et simple de sa plainte sans conséquence aucune pour lui.
Même si au demeurant, M. Dieng, dans la conclusion de sa diatribe, s’en délecte avec malice en essayant d’enfoncer le couteau et d’élargir la plaie d’une grave injustice subie par un compatriote. Mais c’est son droit le plus absolu !
Me plaçant à l’opposé d’une telle attitude, j’ai décidé de m’impliquer avec d’autres sages de la profession afin d’obtenir la libération sans délai de notre confrère Pape Alé. La vraie bataille est celle-là, pas celle des injures et des fabrications qui, encore une fois, déshonorent toujours plusieurs auteurs. Le temps est à l’union sacrée des cœurs et des esprits pour mettre fin au calvaire de Pape Alé Niang. Que Dieu veille sur lui !
Par Abdoul Aly KANE
LA CRISE ECONOMIQUE MONDIALE, HANDICAP OU OPPORTUNITE POUR L’AFRIQUE ?
Les indépendances qualifiées de « formelles » accordées à des Etats africains non viables économiquement ont pour la plupart débouché sur des échecs
Réfléchissant à la situation de l’Afrique dans l’actuel contexte géopolitique, qui n’a jamais été aussi chaotique depuis la 2ème guerre mondiale, il est tentant de se dire qu’une nouvelle opportunité de libération de ce rôle accessoire et périphérique attribué à l’Afrique se profile, et que les leaders africains devraient s’en saisir avec hardiesse.
Les indépendances qualifiées de « formelles » accordées à des Etats africains non viables économiquement ont pour la plupart débouché sur des échecs. La raison est qu’elles avaient été octroyées dans la perspective de perpétuer une domination économique par la « balkanisation » et le cantonnement de nos pays dans l’approvisionnement en matière premières pour les industries occidentales, et dans la dépendance alimentaire via les importations de produits alimentaires et industriels.
60 ans après, la problématique du développement économique reste posée dans les mêmes termes sauf que ce développement est désormais pris en charge par les institutions financières multilatérales, la participation de l’ex-puissance coloniale se limitant à l’aide publique au développement versée dans les budgets des Etats.
Au finish, après ajustements structurels et dévaluation, la situation n’a guère évolué. Elle s’est même aggravée avec la hausse du croît démographique dans un contexte de non création d’emplois.
L’ouverture de l’économie a favorisé les importations au détriment de la production locale peu compétitive en matière de coûts salariaux, énergétique, de productivité et de taux de change.
L’agro-industrie locale a été terrassée par les importations asiatiques, et les opérateurs économiques se sont tournés vers l’importation sans risque de produits alimentaires au détriment de la transformation industrielle locale.
Près de 40 ans après les fameux ajustements structurels, la situation de l’industrie locale demeure encore précaire.
La tâche n’est pas facile et il faut, en effet, reconstruire une armature de PME agricoles et industrielles.
Cette reconstruction nécessite l’implication du secteur bancaire, lui-même confronté à une politique monétaire et des lois et règlementations bancaires répressives.
Au-delà de la question du financement bancaire se pose celui de la construction d’une compétitivité forte pour nos entreprises. Celle-ci induit à tout le moins une politique de protection sectorielle et de promotion du « consommer local ».
Faute pour les promoteurs industriels de pouvoir maîtriser tous les éléments de la chaine, de l’idée du produit jusqu’à sa commercialisation, comment impulser un développement industriel ?
Faute de promouvoir l’initiative locale via la maîtrise de ces éléments, il devient quasi impossible de créer une armature industrielle nationale. C’est pourquoi l’objectif du PSE de faire émerger un « secteur privé national fort » devient un vœu pieux.
Le retard pris dans le développement d’une économie créatrice d’emplois et d’amélioration de la qualité de vie est le soubassement principal des révoltes de la jeunesse africaine, en particulier dans la zone francophone.
La jeunesse africaine s’en prend aux symboles forts qu’elle identifie comme les causes du non-développement, en particulier le FCFA
Le caractère extraverti d’une politique monétaire accrochée à celle en vigueur dans la zone euro est avéré dans la mesure où les configurations économiques entre l’Europe et l’Afrique sont dissemblables.
Il reste par conséquent à concevoir un système monétaire sous régional adossé à une monnaie commune ou à des monnaies nationales distinctes, et tenant compte des complémentarités mais aussi des disparités économiques des pays le composant.
La situation actuelle de la zone euro doit renseigner sur les difficultés à construire une politique monétaire commune pour des enjeux économiques structurels différents.
Dans son souci de ramener l’inflation à des niveaux conventionnels, l’Allemagne, leader économique, pousse à un relèvement des taux directeurs de la Banque Centrale européenne (à la base des taux de base bancaire et du marché financier) quitte à freiner son économie.
D’autres Etats de la zone euro, très endettés sur le marché obligataire, ont intérêt au maintien de taux directeurs bas afin de payer des charges d’intérêts sur leurs émissions d’obligations à faible impact sur leurs dépenses budgétaires.
Il en ressort que le niveau d’endettement des pays est un facteur de dispersion par rapport à leur politique monétaire commune.
Par conséquent, la question du Fcfa, loin de se résumer à une sortie qui automatiquement impulserait le développement économique, pose plusieurs problématiques en particulier celle de la complémentarité des économies d’Afrique de l’Ouest (si l’on sait que les flux commerciaux entre les pays de la CEDEAO sont d’environ 15%), la structure des commerces extérieurs respectifs (pays exportateurs ayant besoin d’une compétitivité change, pays importateurs d’énergie).
Il importe donc d’étudier en profondeur les défis inhérents à ces différentes options monétaires, et aussi celui de la complémentarité économique pour accroître les flux commerciaux, pour rendre la future zone monétaire opérationnelle et donner du sens à la Zlecaf.
En réalité, et à notre sens, c’est l’organisation du marché africain qui devrait venir avant la création du signe monétaire.
La question du marché africain renvoie à son tour à celle des infrastructures de désenclavement dont l’érection est une condition nécessaire.
L’étroitesse des marchés nationaux ne favorisant pas les économies d’échelles et la compétitivité, le marché sous régional s’impose comme le lieu le plus approprié du développement économique endogène.
Aussi, le besoin en infrastructures et services de transports ne doit plus se résumer à la seule solution des problèmes de mobilité urbaine intérieure via le TER ou le BRT en cours pour le Sénégal.
Si le droit au confort est indiscutable pour les populations, il faut tout de même convenir que, dans cette configuration, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un transfert intra sectoriel d’activité de transport des « Ndiaga Ndiaye » versle TER et le BRT.
Les problèmes de mobilité urbaine intérieure peuvent être réglés par des mesures internes contraignantes (encourager l’utilisation des « deux roues » comme en Asie, au Burkina et au Bénin, mener une politique de modernisation du matériel roulant des services privés de transport en commun permettant leur renouvellement régulier, décourager l’importation de véhicules de particulier polluants à partir d’un certain âge).
Pour des investissements massifs de désenclavement entre pays !
Tous ces problèmes sus évoqués non seulement ruinent les efforts de désencombrement routiers et rendent obsolètes avant terme les investissements réalisés d’infrastructures et de services, mais encore participent à la hausse de la facture énergétique du pays.
Notre conviction est que la priorité est moins dans la réalisation d’infrastructures de transports urbains, dont l’objectif essentiel est le déplacement des populations (et non de produits) de la banlieue périphérique vers le centre commercial et industriel qu’est Dakar, sans pour autant que la valeur ajoutée à l’ensemble de l’économie n’ait été prise en compte au préalable dans un éventuel calcul économique.
En matière d’investissements de désenclavement, la question de la mobilisation des ressources financières à moyen et long terme est centrale.
Pour poursuivre la réalisation des investissements communs aux pays d’un espace comme la CEDEAO, les capacités financières singulières doivent être agrégées afin de déterminer une capacité d’engagement globale à l’échelle sous régionale. Il est vrai que la Banque Mondiale a consacré près de 13 % de son portefeuille pour l’Afrique aux infrastructures d’intégration régionale.
Les Etats doivent également y consacrer du financement propre, en particulier pour l’entretien et la maintenance des grands corridors routiers que d’aucuns suggèrent de transformer en autoroutes. La question du développement de l’Afrique intervient dans un contexte marqué par la crise géopolitique en cours et la problématique du climat, induisant chez les pays occidentaux une tendance de plus en plus forte d’interdire à terme le recours aux énergies fossiles pour la transformation industrielle. Or, ce recours conditionne à moyen terme le bon fonctionnement de nos économies faute d’investissements préexistants en énergie propre.
Cette orientation vers une industrie « décarbonée » réaffirmée avec force au COP 27, permet de mesurer le risque à moyen terme pour les pays africains détenteurs de ressources fossiles de se voir priver de leur pleine utilisation à terme, alors que le dérèglement climatique n’est pas le fait d’activités industrielles en Afrique.
Le principe équitable « pays pollueur payeur » n’est toujours pas appliqué, finissant ainsi de convaincre du caractère profondément inéquitable du système économique mondial, et de la marginalisation du continent africain.
Au-delà des infrastructures et services de transports régionaux, une volonté politique d’intégration des économies doit être ferme. Les Etats doivent se mettre d’accord sur les cadres à mettre en œuvre en matière économique, commerciale et monétaire.
Les complémentarités économiques doivent être suscitées par les Etats et encouragées à travers des missions économiques et financières organisées par les banques africaines de développement. Un système bancaire et financier intégré doit pourvoir des financements et du conseil pour accompagner les projets privés communs de l’espace géographique.
Le COVID et ses conséquences sur le dérèglement des chaînes d’approvisionnement et la récession mondiales, la guerre russo- ukrainienne et ses conséquences sur l’inflation mondiale et la crise de l’énergie, ont entraîné une récession économique (en Europe en particulier) et conduit à une désorganisation du système monétaire et financier international symbolisé par l’exclusion de la Russie des transactions « swift ».
Cette dernière mesure a suscité en réaction la création s’un système monétaire et commercial alternatif basé sur l’utilisation des monnaies nationales dans les transactions énergétiques pour les pays émergents (Chine et Inde principalement).
Dans ce nouveau contexte, l’Afrique a la possibilité de collaborer avec, comme principe, la transformation industrielle sur place de ses ressources naturelles accompagnées d’un transfert de technologie et de la formation du capital humain.
En effet, face à sa longue marginalisation commerciale, industrielle, scientifique, technologique, l’Afrique n’a d’autre choix que de s’approprier ses ressources et diversifier ses partenaires pour s’ouvrir la voie du développement économique qu’elle ne saurait différer au regard de sa démographie jeune et galopante.
par Moussa Kamara
8 MILLIARDS ET DEFIS SECURITAIRES
Ainsi donc nous sommes 8 milliards sur terre. Sur l’exactitude de ce chiffre, vous me permettrez d’être dubitatif avec les nombreuses failles constatées lors de nos recensements
Ainsi donc nous sommes 8 milliards sur terre. Sur l’exactitude de ce chiffre, vous me permettrez d’être dubitatif avec les nombreuses failles constatées lors de nos recensements. C’est certainement le même cas ailleurs en Afrique dans des pays moins nantis.
M’enfin contentons-nous de ce chiffre généralement bien accueilli et consenti par la planète. Ici au Sénégal avec 17 millions d’âmes, nous roulons, nous rouspétons, nous délirons, nous débattons, nous complotons sans oublier de rêver l’avenir avec cette manne que vont rapporter le pétrole et le gaz. Ces ressources ne peuvent nous apporter que du bien contrairement à ce pensent les Cassandres. Parce que notre peuple est fondamentalement différent des autres.
Notre Etat-Nation est bâti sur du solide depuis l’aube des indépendances. Nos premiers dirigeants étaient de grands intellectuels bien formés à l’Est comme à l’Ouest. Dans ce pays, l’effervescence politique a commencé bien avant l’indépendance.
Nos hommes politiques étaient bien armés mentalement et solidement pour défendre leurs idées. Eux ne trichaient jamais. Aujourd’hui, le monde politique est truffé de gens sortis de nulle part, qui s’autoproclament experts sans jamais le prouver. En plein Covid-19, un faux médecin a été démasqué et récemment un faux professeur de philo arrêté. Avec le nombre impressionnant d’élèves alpagués pour fraude lors des compositions et concours on peut bien se demander où se trouve notre dignité.
Avec 8 milliards d’êtres humains sur terre, toutes les strates de notre société connaissent un développement exponentiel. Les tricheurs et les voyous n’en démordront jamais car c’est dans leur ADN de sortir des clous ou de faire du mal. Aujourd’hui, ils roulent carrosses et sont lourdement armés pour s’en prendre à leurs cibles et aux forces de sécurité.
Semer la mort à tout-va et sans regret, tel est le leitmotiv de ces voyous modernes. Ces gens-là veulent s’enrichir sans coup férir. Ils veulent vivre au soleil sans accomplir aucun préalable. Ils agressent, ils tuent et ils mutilent d’autres humains pour satisfaire leurs basses prétentions. Avec 17 millions de Sénégalais sur les 8 milliards d’êtres humains, il nous reste à développer le pays en augmentant notre sécurité et notre bien-être. Le grand défi des villes modernes !
Par Fadel DIA
QATAR 2022, HYPOCRISIES DES PUISSANTS
C'est avec la complicité des dirigeants et des entreprises de leurs pays que le Qatar s’est offert, pour son plaisir, la manifestation la plus regardée du monde, comme jadis en France les puissants se payaient une danseuse de l’Opéra
Depuis des mois, et jusqu’au jour fatidique, on a assisté à un déferlement de critiques formulées par des citoyens ou des collectivités d’Europe et d’Amérique du Nord qui s’élèvent contre la tenue au Qatar de la phase finale du championnat du monde de football.
Mais les mots d’ordre qu’ils préconisent ont-ils des chances d’être observés par tous ceux dont les pays réaliseraient des performances au cours du tournoi ? D’ores et déjà les Français ont boycotté le boycott, dès le premier match opposant leur pays, champion en titre, à l’Australie, qui n’est qu’au 38e rang mondial, plus de 12 millions d’entre eux ont suivi la confrontation, avant de célébrer Olivier Giroud comme un héros national.
Ensuite, et surtout, les contempteurs de Qatar 2022 ne crient-ils pas trop tard leur indignation et ne se sont-ils pas trompés de cible ? La moitié des équipes présentes à Doha viennent de chez eux, le choix du Qatar remonte à douze ans et découle d’une décision d’une organisation qui a son siège au Nord, dont leurs pays qui contrôlent le fonctionnement et auquel ils fournissent ses principaux sponsors, dont certains (Coca-Cola, Mc Donald…) ,soit dit en passant, ne sont pas des modèles en matière de bien être. On peut donc dire en conclusion que c’est avec la complicité des dirigeants et des entreprises de leurs pays que le Qatar s’est offert, pour son plaisir et pour la gloire, la manifestation la plus regardée du monde, comme jadis en France les hommes riches ou puissants se payaient une danseuse de l’Opéra.
A savoir :
1. Que ce petit émirat, à peine plus étendu que la Corse, n’est qu’une protubérance, vénéneuse pour certains, de la péninsule arabique, un pays désertique, avec un climat très chaud et, en été, période pendant laquelle se sont depuis toujours déroulés les championnats du monde de football, la température oscille entre 40 et 50 degrés ;
2. Qu’il n’est pas un pays de vieille tradition footballistique et n’a aucune légitimité pour abriter une manifestation dans laquelle il n’a jamais brillé et qui nécessite des équipements lourds, surdimensionnés à son échelle et dont il n’aura que faire à la fin de la compétition ;
3. Qu’il compte quelque 300 000 citoyens, concentrés à 80 % dans une seule agglomération et qui n’ont aucune envie de servir d’ouvriers pour la construction des infrastructures. Le pays devra donc, comme à son habitude, faire appel à une main-d’œuvre étrangère, laquelle devra, comme c’est le cas dans la région, se soumettre à un assujettissement total, sans garantie de sécurité, avec des risques de pertes humaines dont seule l’ampleur était imprévisible ;
4. Que le Qatar est un pays musulman, conservateur en matière de mœurs, une monarchie peu soucieuse du respect de la démocratie et des droits de l’homme, où la consommation d’alcool est prohibée et l’homosexualité sévèrement condamnée ;
5. Que le Qatar est le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, que sa consommation d’énergie et d’électricité, par habitant est, respectivement, le triple et le quadruple de celle d’un pays développé comme l’Italie et qu’il n’a donc pas une culture d’économie de ressources fossiles. La climatisation, y compris celle des lieux de sports, y est une pratique ordinaire, les voitures y sont gourmandes en carburant et les jets privés, le moyen usuel pour se rendre des riches émirats voisins à sa capitale dont les capacités d’hébergement sont limitées.
On ne peut donc pas stigmatiser la tenue de Qatar 2022 sans reconnaitre que c’est aussi l’illustration de l’hypocrisie dont font souvent preuve les grands de ce monde pour fuir leurs responsabilités et nier leur complicité. Les deux personnalités qui étaient à la manœuvre au moment du choix du pays hôte ont pesé de tout leur poids, qui était grand, sur cette décision et ont sans doute fait pencher la balance. L’un d’eux a reconnu, tardivement, qu’il avait commis une erreur et dénoncé des pressions, l’autre, qui est cité dans une enquête judiciaire sur le vote, a avoué qu’il avait été sensible aux arguments de son pays. Si ce pays, la France, a fait campagne et voté en faveur d’une monarchie arabe, peu ouverte aux droits des minorités, et l’a préférée aux Etats-Unis, dont elle se flatte d’avoir été le premier allié, ce n’était certainement pas pour des raisons d’ordre éthique.
On ne peut donc que s’étonner que la maire de Paris défende le boycott de Qatar 2022, alors que l’entreprise la plus flamboyante de sa ville, le PSG, est la propriété de l’émirat qui l’a achetée, généreusement, pour le triple de sa valeur, comme pour remercier les Français de leur soutien.
On ressent la même incompréhension quand des footballeurs qui s’étaient abstenus de tancer leurs confrères, parmi les plus prestigieux (Beckam, Messi, Zidane… ) lorsque ceux-ci ont servi de VRP à la cause qatari, sillonné le monde et occupé des plateaux de télévision, menacent aujourd’hui de manifester leur mécontentement sur le terrain, acte du reste anodin si on le compare au défi des joueurs iraniens qui ont risqué leur vie en refusant de chanter leur hymne national…
On tire à boulets rouges sur le Qatar parce qu’il est revenu, comme c’était prévisible, sur sa promesse d’autoriser la vente de boissons alcoolisées à proximité des stades, ce qui ne lèse que les fabricants de ce produit, qui le feront payer cher à la FIFA, alors que le pays hôte avait auparavant déchiré sa signature sur un sujet autrement plus sérieux, en remettant en cause le calendrier de la manifestation qui cette année, et pour la première fois, s’est tenue en hiver. Dire que les clubs européens menaçaient de ne plus libérer leurs joueurs africains si la CAN était maintenue en été !
Qatar 2022 nous réserve sans doute d’autres surprises et des anomalies dont certaines sont déjà consommées.
Pour la première fois, un pays organisateur de la Coupe du monde peut accueillir l’ensemble de ses citoyens dans les stades réalisés à l’occasion de l’évènement.
Pour la première fois, un pays accueille une Coupe du monde dans des stades qui tous, plus exactement 7 sur 8, se trouvent dans un rayon de 20 km à partir du centre de sa capitale
Pour la première fois, le pays organisateur est battu au match d’ouverture du tournoi…
Enfin, Qatar 2022 est aussi l’occasion de se reposer cette question : pourquoi les Euro-américains auraient –ils, seuls, le droit d’imposer leur culture et leur mode de vie aux autres quand ceux-ci séjournent chez eux, et le droit de s’abstenir de respecter les us et coutumes de ceux auxquels ils rendent visite ? En 2010, ils voulaient que, pour la Coupe du monde de football, l’Afrique du Sud interdise dans ses stades l’usage des vouvouzélas, que leurs oreilles délicates ne pouvaient pas supporter. En 2015, ils avaient fait pression sur la Chine pour qu’elle suspende la vente de la viande de chien pendant la durée du championnat du monde d’athlétisme. Même si aucun des deux pays n’a obtempéré à leurs ordres, ce comportement discourtois, qui n’est pas propre au sport, traduit leur propension à ne pas mettre en accord leurs paroles avec leurs actes. Le hasard de calendrier a fait que Qatar 2022 démarrait au moment où se clôturait la COP, et à la fin de ce happening, qui en est à sa 27e édition, ils nous ont joué une nouvelle fois le jeu qu’ils jouent dans toutes les grandes occasions : ils renvoient leurs promesses aux calendes grecques, ou les remplacent par d’autres encore plus mirifiques, et surtout, ils refusent que le casseur, et en l’occurrence, ici, le pollueur, soit le payeur !
par Siré Sy
LA VICTOIRE TACTIQUE DE MACKY SUR SONKO
Birame Souleye Diop aura-t-il la stature d'un numéro deux ? La dernière structuration du bureau politique de Pastef va-t-elle résister à la lutte des places et la guerre des ego ? Le ver serait-il dans le fruit ?
Pastef va-t-il vers une implosion ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que Pastef connaît actuellement une crise de croissance. La preuve, la bourde de son numéro deux, Birame Souleye Diop, sur le cumul des mandats (maire et député). S’il y a un gain (le seul d’ailleurs) que Macky Sall a pu tirer de l’affaire Sweet Beauté (Adji Sarr), c’est sa victoire tactique sur Ousmane Sonko. La victoire tactique de Macky aura été de charger et d’étouffer Ousmane Sonko, au point qu’il n’a pas eu le temps de structurer lui-même son parti (Pastef) au sortir de la présidentielle de 2019.
Conséquence, autant que je m’en rappelle, le Pastef de 2014, ce Pastef des bandes de copains (Sonko, Birame Souleye, Diomaye, etc.) que nous avions reçus au Forum Civil du temps de feu Mohamed Mbodj, pour échanger avec nous sur leur désir d’entrer en politique après le combat syndical, ce Pastef-là, a muté et a bien grandi.
En 2014, Pastef était un (simple) parti politique de l’opposition. En 2022, Pastef est devenu bien plus qu’un (simple) parti politique de l’opposition. Pastef est devenu non seulement le principal parti politique de l’opposition ; Pastef s’est radicalisé dans l’intervalle et mieux, Pastef est devenu dans la perspective, un mouvement révolutionnaire national sénégalais selon certains, un mouvement populiste-nationaliste selon d’autres. Dans l’un comme dans l’autre, Pastef est en même temps et dans le même rapport, porteur de tous les espoirs au sens marxiste du terme et de tous les esperanto au sens hellénistique du terme. D’une part et d’autre part, Pastef inquiète parce qu’on ne sait pas encore si sa "révolution" prendra les allures de la Révolution française de 1789 ou celles de la révolution bolchevik de 1917...
Ainsi, Sonko empêtré dans l’affaire Adji Sarr, n’a pas eu, peut-être, tout le temps et la latitude pour structurer le Pastef, au sortir de son excellent résultat de la présidentielle de 2019. Pour une première élection présidentielle, Sonko arrive troisième sur cinq candidats, avec un score de 15% de l’électorat. Et c’était prévisible que le Pastef allait être la plus grande menace pour Macky et son régime, en perspective de 2024.
Pastef était parti pour être la direction, la destination et le réceptacle de toute une génération de Sénégalais.es (les natifs de la décennie 90 et 2000, majoritaires au Sénégal) dont les "mindset" ne sont plus en phase avec les ceux du clan libéral (Wade et Macky sont sur scène depuis l’an 2000). Sans compter ceux qui pensent que la génération de Macky (les natifs des années 50 et 60) a fait son temps et qu’elle devrait passer le témoin à la génération des Sonko (les natifs des années 70 et 80).
La question de fond qui se posera au sein de Pastef sera de savoir si Birame Souleye Diop aura-t-il la stature, la carrure, l’envergure et la posture pour être le numéro deux d’un "grand"’ parti, le Pastef, passé d’un parti national à un parti panafricain ? La dernière structuration du bureau politique de Pastef va-t-elle tenir face à la lutte des places et la guerre des ego ? L’avenir nous dira…
Il nous a semblé que la dernière restructuration entérinée par Ousmane Sonko que Macky Sall a su intelligemment et subtilement isolé (la victoire tactique de Macky sur Sonko) des structures de son parti aurait été menée de main de maître par Birame Souleye Diop et Diomaye Faye. Ces derniers auraient mis en pole position, ceux et celles qui les sont favorables. Au détriment d’une vraie démocratie en interne.
Or, c’est cette absence de démocratie en interne, qui hélas, pourrait perdre Pastef et son formidable projet. Et la fronde pourrait venir de la Diaspora, le poumon et les mamelles de Pastef.
En (science) politique, il est extrêmement difficile, voire impossible, pour une organisation politique de masse, de conserver un fonctionnement interne démocratique conforme à son projet. Selon Roberto Michels, l’institutionnalisation progressive conduirait inexorablement à la bureaucratisation de l’organisation et à l’émergence d’une classe plus ou moins autonome de dirigeants. Convaincus d’être indispensables, ceux-ci développeraient des intérêts propres, distincts à la fois de ceux de l’organisation et de ceux de leurs soutiens. La loi d’airain de l’oligarchie ainsi formulée traduit une certaine déception à l’égard du projet, qui trahirait en quelque sorte leur promesse démocratique. Roberto Michels considérait en outre que la démocratie interne était la condition sine qua non d’un système politique démocratique.
Alors, le ver serait-il dans le fruit ? C’est-à-dire la dernière structuration du bureau politique de Pastef.
Par Momar Dieng
LA LACHETE DE GADIO…
Alors que Pape Alé Niang est en prison, Cheikh Tidiane Gadio a cru souhaitable de l’enfoncer à la tribune de l’Assemblée nationale, au détour d’un parallèle avec les ennuis judiciaires de Donald Trump.
Cheikh Tidiane Gadio, le coup irrégulier dans le dos de son « « frère et ami » Pape Alé Niang, le journaliste Pape Alé Niang, en prison depuis le 9 novembre 2022.
Alors que Pape Alé Niang est en prison, Cheikh Tidiane Gadio a cru souhaitable de l’enfoncer à la tribune de l’Assemblée nationale, au détour d’un parallèle avec les ennuis judiciaires de Donald Trump. Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères, qui se dit « personnellement très malheureux de ce qui est arrivé »à notre confrère en prison depuis le 9 novembre 2022, « il faut noter qu’aux Etats-Unis, ils sont sur le point de juger ou d’emprisonner leur ex-président Donald Trump parce qu’il a déplacé des documents confidentiels, des documents secret défense et les a amenés dans un espace public. »
A ses yeux, « si les questions de secret d’Etat ne sont pas réglées, il n’y a plus d’Etat au Sénégal. » De nombreux médias ont rapporté les propos que voilà.
Il n’est pas certain que Pape Alé Niang, du fond de sa cellule de la prison de Sébikhotane, apprécie ce parallèle grotesque, vicieux et impertinent qui est établi entre lui et Donald Trump. Au moins trois considérations sont à relever par rapport aux certitudes de M. Cheikh Tidiane Gadio.
Primo. Les mots ayant leur sens, l’ex-ministre semble nous dire que Pape Alé Niang a « déplacé des « documents confidentiels, des documents secret-défense » quelque part, un acte qui mettrait en danger l’Etat du Sénégal. Or, les documents concernant Trump – jusqu’à preuve du contraire – n’ont absolument rien à voir avec des messages radio de la police ou des sapeurs pompiers dans le contexte d’une « affaire privée » dont l’un des protagonistes allait être entendu par un juge d’instruction.
Secundo. Cheikh Tidiane Gadio soutient avec certitude que Donald Trump « a déplacé » des documents confidentiels et secretdéfense « dans un espace public ». Il nous aurait plu qu’il précisât quel est cet « espace public » qui a accueilli les dits documents. Son propos est donc factuellement FAUX.
Ce que l’on savait jusqu’ici, c’est que le FBI a perquisitionné la résidence privée de Trump à Mar-aLago (Floride) le 8 août 2022 pour récupérer plusieurs boîtes de documents ayant les mentions « TOP SECRET » ou « CONFIDENTIEL ». Selon le ministère de la Justice, Donald Trump n’aurait même pas dû emporter ces documents. Et après avoir quitté la Maison Blanche, il n’a pas daigné les rendre en dépit des demandes du FBI. Cela explique la descente spectaculaire menée à sa résidence privée. Un espace privé, ce n’est pas un espace public !
Tertio. Pape Alé Niang est un journaliste, Donald Trump ne l’est pas – sauf indication contraire. La tentative de comparaison est d’une absurdité sans nom car ces deux-là ne font pas le même métier. C’est une manipulation honteuse d’un contexte et d’une réalité qui n’ont absolument aucune sorte de lien avec l’embastillement autoritaire d’un confrère dont le travail éclabousse certaines forfaitures ici au Sénégal.
Convoquer donc les problèmes judiciaires de Donald Trump pour culpabiliser Pape Alé Niang est une démarche malhonnête qui ne fait pas honneur à son auteur. Le mémorandum rendu public par la Coordination des associations de presse du Sénégal (CAP) a démontré l’extrême abus de pouvoir dont l’Etat a fait preuve pour coffrer un journaliste dans l’exercice de sa profession. Vouloir coûte que coûte plaire au prince en attaquant aussi vilainement un homme privé de liberté relève de la lâcheté pure et simple. Après, on peut bien emprunter l’habit du bon samaritain pour aller quémander une « clémence ».
Cela s’appelle hypocrisie.
Oui, Pape Alé Niang n’est pas enfermé dans une résidence privée sous surveillance de la police, bracelet électronique au pied,sanstéléphone. Il est en prison ! Et ça, nous ne l’oublions pas.
Par Baba DIOP
DJINN EUREKA
Tata « d’un bon s’est élevée » criant à tue-tête « Eureka, j’ai trouvé ! Eureka, J’ai trouvé ! ». Tons écarquilla des yeux et s’interrogea, si cet Eureka-ci n’était pas ce Djinn, dont on lui avait parlé et qui viendrait hanter le sommeil de Tata
Tata « d’un bon s’est élevée » criant à tue-tête « Eureka, j’ai trouvé ! Eureka, J’ai trouvé ! ». Tons écarquilla des yeux et s’interrogea, si cet Eureka-ci n’était pas ce Djinn, dont on lui avait parlé et qui viendrait hanter le sommeil de Tata. Il empoigna sous le lit sa bouteille de safara(1), qu’il agita énergiquement, la débouchonna et s’approcha de Tata qui le stoppa sans s’embarrasser de précaution. Sous l’effet de la surprise, Tons resta coi.
Tôt le matin, Tata ouvrit large les battants de son armoire. Elle en tira un lafa (2) aux couleurs nationales, puis un faaru mbam (3) vert -jaune-rouge frappé de l’étoile verte et en dessous, elle mit un tiaya(4) peul, des bas et crampons de même couleur
. Tata avait les allures du drapeau national sur courtes pattes, quelque peu ventru. La voici déguisée en Yaye Fall, calebasse et mégaphone en main, remontant la grand-rue. Elle se disait envoyée spéciale de Djinné Eureka pour la victoire des Lions de la Teranga contre le Pays-Bas.
Les pièces et les billets tombaient dans la sébile. Elle rentra à la maison aussi vite qu’elle en était sortie. Tons de hurler : « Akassa Djinné ! Euréka dil gneuwe goudi gou nek » (5)
1- Safara : Eau bénite
2- Lafa : bonnet
3- Faru Mbam : habit sans couture sur les cotés
4- Tiya : pantalon bouffant
5- Merci Djinn Eureka, reviens tous les soirs
Par CHEIKH MBACKE KEBE
LE SÉNÉGAL TOUJOURS FACE À SON DESTIN
Dans un Groupe A qui a fini de révéler le tiers de ses vérités, Après ses deux premières rencontres qui ont retenu la plus grande attention de nombreux supporters et passionnés de football, le Groupe A affiche sa nouvelle physionomie.
Après ses deux premières rencontres qui ont retenu la plus grande attention de nombreux supporters et passionnés de football, le Groupe A affiche sa nouvelle physionomie. Jusqu’au coup d’envoi de la rencontre PAYS-BAS/SENEGAL d’avant-hier, ces deux équipes étaient considérées comme les favorites du Groupe A devant l’EQUATEUR et le QATAR pays organisateur.
Depuis lors, le constat est le suivant : 2 équipes l’EQUATEUR ET LA HOLLANDE ont réussi leur entrée dans la compétition avec le même score et se sont de fait arrogées le statut de favorites devant deux championnes continentales qui ont raté pour des raisons différentes peut-être leur entrée : le QATAR, champion d’Asie en titre (on ne le rappelle pas assez souvent), et le SÉNÉGAL, nouveau champion d’Afrique qui était très attendu par beaucoup pour cette raison.
QUELLES LEÇONS TIRER DE LA 2ème RENCONTRE DU GROUPE A?
Cette rencontre promettait beaucoup assurément. Et en vérité, le SENEGAL, en dépit d’erreurs individuelles difficilement pardonnables n’a pas fait piètre figure. J’en viens même à me dire avec le recul, qu’aucune des deux équipes n’aurait dû ressentir une honte à signer pour un match nul et un score vierge avant la sortie maladroite et hasardeuse de notre goal keeper national-pensionnaire du club londonien de Chelsea qui a facilité ce premier but batave assassin! En écoutant attentivement les uns et les autres (autorités, sélectionneurs, sélectionnés, supporters) avant cette importante rencontre, on ne pouvait manquer de déceler qu’en dépit du meilleur lot des Néerlandais dans le classement mondial FIFA, nous étions en face de deux équipes qui se respectaient et se craignaient mutuellement. Les PAYS-BAS ont un passé glorieux avec un catalogue de joueurs de renom comme l’inoubliable Johan CRUIYF, l’élégant Marco VAN BAStEN ; pour ne citer que ces deux-là qui ont suffi à faire du pays du football total une terre du ballon rond même si les résultats n’ont pas toujours suivi. Le SENEGAL est désormais attendu pour son fighting spirit (depuis METSU et la joyeuse bande décomplexée des Pape Bouba DIoP qui avaient donné une leçon mémorable en 2002 aux champions du monde en titre hexagonaux!), et craint aussi pour l’imprévisibilité de son jeu dû à son jeune et riche effectif qui se renouvelle en permanence.
Le match PAYS-BAS/SENEGAL était également un match de coach! Le septuagénaire et rusé Louis VAN GAAL qui avait annoncé à qui voulait l’entendre que Memphis DEPAY ne jouerait pas, a manifestement pris le dessus hier sur “El tactico” A.CISSE puisque c’est ce même DEPAY qui allait offrir à la 99ème minute le deuxième but hollandais à l’autre remplaçant KLAASSEN !
QUELLE ATTITUDE LE SENEGAL DEVRAIT-IL ADOPTER FACE À CES DEUX PROCHAINS ADVERSAIRES?
Il me semble qu’il est temps de cesser de rabâcher à longueur de journée l’absence de Sadio MANÉ d’autant plus qu’il a fait l’objet d’un remplacement! La non-participation de Sadio ne doit en aucun être considérée comme une excuse. Souvenons-nous que le 16 juin 2002 au Stade d’OITA, deux pièces maîtresses du dispositif de METSU-le “gaucher magique” K. FADIGA, et Salif DIAO n’étaient pas disponibles en rencontre de huitième de finale contre la SUEDE et pourtant notre pays avait pu se qualifier pour les quarts de finale en gagnant 2 buts à 1. Ceux qui sont présents à DOHA doivent faire le job pour mériter leurs places. Des joueurs offensifs comme Ismaïla SARR et Crépin DIATTA doivent pouvoir faire plus et mieux. Vis à vis de nos adversaires, le respect doit davantage prévaloir. Je refuse de croire que le QATAR, pays organisateur, qui a dû battre des pays comme le JAPON pour être champion d’ASIE, ait joué à son véritable ou meilleur niveau avant hier. Ils ont pu rater leur entrée dans la compétition pour différentes raisons dont la plus probable peut être ce phénomène connu d’inhibition lié souvent à la pression que peuvent ressentir les équipes qui jouent à domicile. Aujourd’hui qu’ils n’ont plus d’autre choix que gagner ou passer à la trappe, notre tâche ne sera pas facile face à eux vendredi! Et que dire de l’EQUATEUR qui a fait étalage de son savoir-faire lors du match d’ouverture. Nous devons vraiment être sur nos gardes devant une telle équipe. Les équipes latino-américaines ne nous réussissent pas en général!
Pour rappel le 11 juin 2002, à l’occasion de notre dernier match de phase de Groupe, nous avions mené en première mi-temps 3-0 contre l’URUGAY avant de nous faire remonter en deuxième partie entre la 46ème et la 88 ème minutes par MORALES, le talentueux Diègo FORLANE, et le non moins brillant Alvaro RECOBA alias EL Chino! 3buts à 3! Nous étions tous pressés d’entendre le coup de sifflet final de l’arbitre! Plus près de nous lors du Mundial russe de 2018, nous avions perdu contre la COLOMBIE en match de phase de groupe 0 but à 1. Ces deux adversaires sont à notre portée, mais nous ne serions pas bien avisés de rêver de deux parties de plaisir! Nous devons prendre notre destin en main.
CHEIKH MBACKE KEBE
Administrateur Directeur Général HOLDING KEBE S.A
par Amadou Demba Baldé
YÉRO SARR, FIGURE MONTANTE DE L’ÉCOLOGIE AU SÉNÉGAL
L’engagement de Yéro et ses actions font écho sur la fenêtre internationale. C’est avec une grande sérénité que ce fils du Sénégal participe aux différentes tables rondes sur le climat pour se faire entendre devant les décideurs du monde
Alors que la COP 27 s’est terminée ce vendredi 18 novembre à Charm el-Cheikh en Égypte, l’heure est au bilan des échanges des différents acteurs présents pour l’évènement. Il est connu que ceux qui attirent plus l’attention parmi ces derniers sont les présidents et les représentants diplomatiques des États et institutions. En atteste le bruit autour de l’absence des dirigeants chinois et américains au début de cette COP. Cependant, une frange émergente d’acteurs de la société civile africaine qui milite pour l’écologie et mène une lutte tant en paroles qu’en actes contre le réchauffement climatique y était fortement représentée. Parmi ces militants pour l’écologie, un jeune sénégalais de 21 ans du nom de Yéro Sarr fait figure de proue dans ce combat pour l’environnement, une sorte de Greta Thunberg sous les tropiques.
Yéro Sarr est né en début de l’année 2001 à Yamoussoukro en terre ivoirienne. De parents d’origine sénégalaise, c’est tout naturellement qu’il est initié à la culture et aux racines du pays de la Teranga. C’est sur le terroir d’Houphouët Boigny qu’il passe une partie de sa scolarité et de son adolescence.
En 2014, sur l’initiative de ses parents, Yéro rejoint le Sénégal. Il posera ses valises au Fouta, plus précisément dans la ville de Ranérou pour y poursuivre ses études au collège. Loin de sa famille certes, mais attaché à la terre de ses ancêtres, Yéro parvient sans difficultés à s’intégrer. Il réussit avec brio le BFEM et se verra attribuer une bourse d’étude au Lycée Yavuz Selim Bosphore. C’est donc à Dakar qu’il fera une partie du secondaire avant d’aller à Dagana où il obtiendra son Bac S en 2018. Début 2019, il revient à Dakar et s’inscrit au département physique Chimie de l’Université Cheikh Anta Diop.
Convaincu d’un idéal de vie et aspirant à une société qui tient compte du legs aux générations futures, Yero Sarr commence à s’intéresser aux questions climatiques. Les constats sont sans appel. Tout d’abord, il estime que l’Afrique qui pollue le moins, subit le plus les conséquences du réchauffement climatique. Ensuite, selon lui, l’écologie n’est pas au centre des préoccupations de nos gouvernants. Dès lors, pour Yéro, il devient primordial de s’engager en faveur de cette lutte pour se faire entendre et apporter un changement.
En ce sens, il fonde en 2019 la branche sénégalaise de « Fridays for future » et sous sa houlette s’organisent quelques actions qui vont du « Set Setal » aux manifestations et marches notamment à Thiès. Ces dernières donneront lieu à quelques intimidations sans effet face à la détermination de Yéro.
Afin d’étendre ce combat pour défendre l’environnement au-delà de nos frontières, il fonde « Act on Sahel » et intègre dans la même foulée les « Young Afro Climate Warriors ».
Ses positions et ses sorties médiatiques lui ont valu d’être convié à la COP 27 où il a porté la voix des jeunes africains et a participé à la proposition de solutions pour faire barrage au réchauffement climatique. À cette occasion, il a pris part aux différentes conférences et négociations comme celles portant sur « les pertes et dommages ». Par ailleurs, il a mis en place avec l’Allemande Luisa Neubauer de Fridays for future Germany, une nouvelle alliance dénommée « Senegal Germany people’s Alliance for Climate Justice » afin de mutualiser leurs efforts dans la lutte pour la justice climatique dans les deux pays.
L’engagement de Yéro et ses actions ont fait écho sur la fenêtre internationale et occasionné quelques distinctions. Parmi lesquelles sa nomination par Forbes Africa dans le top 30 des jeunes (parmi les moins de 30 ans) qui impactent et influencent le développement du continent africain et la nomination dans le top 10 des jeunes qui changent le monde par Greenpeace International. Actuellement, Yéro est en lice pour l’Africa Green Person Awards qui se tiendra au Nigéria.
« Les distinctions ne sont que secondaires, la priorité demeure la lutte contre le réchauffement climatique et la sensibilisation à grande échelle pour en faire un sujet central du quotidien de nos dirigeants et des citoyens », confie le jeune militant écologique à l’allure d’optimiste.
C’est avec une grande sérénité que ce fils du Sénégal participe aux différentes tables rondes sur le climat pour se faire entendre devant les décideurs du monde. Il compte poursuivre ce combat qu’il qualifie de « nécessaire » pour la survie de l’être vivant et de notre planète.
Par Mamadou Ndiaye
CONNIVENCES
Les Sénégalais connaissent par cœur l’administration. Mais en chœur, ils déplorent les pratiques peu orthodoxes qui y ont cours et à une vaste échelle. Elle se déconnecte et se désincarne. Les traditions de l’écrit se perdent.
Les Sénégalais connaissent par cœur l’administration. Mais en chœur, ils déplorent les pratiques peu orthodoxes qui y ont cours et à une vaste échelle. Elle se déconnecte et se désincarne. Les traditions de l’écrit se perdent. Des décisions majeures se prennent ailleurs que sous le registre de la traçabilité. Confusion.
Jadis performante, elle devient aujourd’hui l’ombre d’elle-même avec l’évanescence du sacerdoce, du « don de soi » et de l‘attachement « à la grandeur ». En lieu et place des actes qui la personnifiaient, l’administration centrale (qui inclut la Justice) s’enlise dans un sablier de poussière.
Elle s’éloigne de plus en plus des usagers, autrement dit des administrés qui s’étonnent, et pire, s’inquiètent du trop de mal fait à ce corps, pourtant un des piliers de notre fierté républicaine.
Le Building administratif, sans doute le symbole achevé de cette administration, à peine rénové à coups de milliards, puis réceptionné, prenait feu à un étage. Etrange. Depuis, le vénérable bâtiment à nouveau vidé de ses occupants, trône sur les hauteurs du Plateau comme un temple hanté. Les services centraux sont éparpillés, à l’image des archives dont la délicatesse de conservation commande de veiller à leur préservation avec la plus grande vigilance.
Notre histoire commune s’y trouve condensée... Pour autant, ce segment de notre patrimoine ne s’isole pas de l’ensemble de l’entité administrative auquel il se rattache au plan fonctionnel. Les carences se multiplient, de même que l’absentéisme ou les vacances courantes. Sans compter bien évidemment les congés qui se prolongent indéfiniment. On a hâte de les prendre mais on traîne les pieds pour une reprise effective de service.
Ce simple constat dénote une crise de vocation aggravée par l‘indifférence d’agents véreux uniquement préoccupés par l’appât du gain. Croient-ils au modèle d’une administration au service des citoyens ? Non. Ils sont légion à « territorialiser » leur domaine de compétence pour le monnayer contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Depuis la fin de la décennie 80, avec les ajustements structurels préconisés alors par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, le Sénégal progressait à reculons avec le départ massif de fonctionnaires et l’arrivée tout aussi massive d’auxiliaires recrutés sans trop de discernement pour occuper des postes auxquels ils n’étaient pas préparés.
Rappelons-nous les « ailes de dinde » dans l’enseignement composés pour l’essentiel de naïfs, de besogneux, de tâcherons, de paresseux et, plus navrant, d’aveuglés sans choix, tous venus sans le désirer dans ce noble métier. De cette époque date le déclin de l’école sénégalaise, une descente aux enfers qu’aucune politique hardie n’est venue enrayer pour remettre à l’endroit ce bel atelier de fabrique de l’esprit républicain.
La santé n’est pas en reste. Elle concentre en elle les fâcheux travers de la société sénégalaise : indolence, irresponsabilité, cupidité (même devant la mort), indifférence, formation au rabais, agents véreux, soins hasardeux, la médisance ou l’irrespect des règles de protocoles sanitaires.
C’est pourtant dans ce même secteur de la santé que se trouvent également les meilleurs praticiens : de l’infirmier au professeur de rang titulaire de chair. Cette cohorte de talents se retrouvent esseulés au sein des structures où prévalent des usages peu orthodoxes que réprouve la morale. Dans la plupart des hôpitaux, s’engouffrent des intermédiaires qui, à force de fréquenter les lieux, finissent par ressembler aux praticiens professionnels et à se confondre avec eux.
Le comble est ailleurs dans une administration qui ne prend plus conscience du danger de son propre dépérissement. Elle se politise à outrance. En son sein se mènent d’âpres luttes feutrées pour la conquête de position de pouvoir. Des moyens colossaux sont en jeu. Ils cristallisent les attentions et les appétits au point que ceux qui occupent les postes les plus en vue ne lâchent rien et ceux qui les contestent font feu de tout bois pour les en déloger.
Certains directeurs généraux, plus nantis que leur tutelle, occultent la hiérarchie pour s’adresser directement à « l‘Autorité » et jouissent ainsi d’une « immunité » qui accentue leur autonomie, donc leur puissance. La charge lucrative secrète des prébendes qui confèrent à « l’aumônier » reconnaissance et admiration dans son fief politique occasionnel.
Ses visites de terrain ou le « retour au pays natal » constituent toujours des moments forts de démonstration de l’opulence : distributions de ressources, inauguration, poses de pierre, coupure de ruban, agapes, fêtes foraines, meeting, louanges à tue-tête, convoi et escorte dans un indescriptible vacarme qui cache mal les desseins envisagés.
Sous la houlette de l ‘émotion règne une confusion savamment entretenue pour dissocier les « bons fils » du terroir des « mauvais » et conforter dans l’opinion une divine mansuétude et une « mère bénie des Dieux ». Cette pratique se répand. La vulgarité et l’insolence fleurissent dans des psychodrames qui ressemblent fort à des règlements de compte ou des revanches « sociales » à prendre.
A l’évidence, l’administration sénégalaise se dégrade. Désormais tout se règle par des chuchotements, des murmures, des apartés, des connivences ou des « ententes cordiales » entre corps constitués, sublimées par des affinités qui en disent long sur l’accaparement d’avantages indus.
D’ailleurs les « nouveaux riches » issus des rangs de l’administration ne se cachent plus pour vivre dans l’ostentation et l’alignement de biens. Ils s’imposent par l’opulence et volent la vedette « aux âmes bien nées » en s’érigeant en de « nouveaux acteurs » sans réel parcours.
L’ancien Président du Conseil, Mamadou Dia vivait sobrement. Sa famille -notamment ses enfants-, subissait ses foudres quand il observait le moindre écart de conduite.
Les premières générations d’inspecteurs des impôts et des domaines n‘avaient que de modestes maisons à l’opposé de leurs lointains successeurs propriétaires de somptueuses villas et détenteurs de précieux titres fonciers.
Au-delà de cette boulimie d’acquisitions, que veulent les « nouveaux acteurs » en gestation ? Ressentent-ils le besoin irrépressible d’asseoir une domination basée sur l’accumulation ? Ce Sénégal des années 20 est-il le leur ?
Il est tentant, dans une société travaillée par l’argent et le clinquant, d’ordonner sa vision sous le prisme de l’avoir en négligeant ou en occultant d’autres dimensions de la vie.
Quel socle de valeurs se profile alors dans un tel état de dérives de légèreté ? Ses adeptes s’associent pour compter et par ricochet pour exister. Cette profusion d’émotions teintées de naïveté mal dissimulée colonise des esprits dépourvus de retenue et du sens du jugement.
Le service public du Sénégal se meurt. Devons-nous nous hâter de le sauver de l’oubli, de la déshumanisation, de la vétusté en l’abandonnant à son sort peu enviable ?
Née sous l’emprise du monde d’avant, notre administration a eu un âge d’or qui la prédispose à vivre le monde d’après gouverné par des tumultes et des turbulences en vue…