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24 novembre 2024
Opinions
Par Yakhya DIOUF
LA CONSANGUINITÉ ENTRE JOURNALISTES ET POLITIQUES FRAGILISE LA DÉMOCRATIE
Le crédit des journalistes n’a jamais été aussi bas. Alors que leur utilité, incontestablement, n’a jamais été aussi grande. La salubrité même de la démocratie est en jeu
Voici bientôt six mois que le nouveau régime est en place. On n’a rien oublié de leurs discours sur les rapports tumultueux que leurs prédécesseurs entretenaient avec la presse. La « normalité » qu’ils avaient promise est déjà contestée et mise à rudes épreuves.
Le crédit des journalistes n’a jamais été aussi bas. Alors que leur utilité, incontestablement, n’a jamais été aussi grande. La salubrité même de la démocratie est en jeu.
Le Président de la République et son premier ministre avaient promis une rupture dans la manière d’exercer, d’une manière générale ces responsabilités, d’appliquer la gouvernance, mais aussi de manière particulière, de communiquer, d’assainir les relations traditionnellement tumultueuses avec la presse. Aujourd’hui que constate-t-on ? La rupture avec celle-ci a bien eu lieu.
C’est un constat : Dans le système politique sénégalais et même au-delà, disons dans la société moderne, les concepts, les rhétoriques, les postures s’usent très vite, trop vite. En l’occurrence, l’« assainissement » que l’actuel régime avait promis est remis en cause, notamment , de manière disproportionnée par une persécution fiscale, difficile à supporter par les organes de presse.
Pour autant, et c’est justement l’opinion la mieux partagée, le pouvoir en place et plus globalement la coalition, ne sont pas exempts de reproches, d’erreurs et de responsabilités car, ils peinent à communiquer, à convaincre au sens fort du terme. Oui communiquer, c’est -à-dire construire un lien avec le pays.
Le « silence » gouvernemental est relativement apaisant mais il perturbe une opinion publique qui, particulièrement dans un contexte de crise et de grandes incertitudes – le premier ministre qui parle de « pays en ruine », « difficultés de la presse » - a besoin de connaitre et de comprendre les changements en cours. Y compris pour se les approprier et accorder sa confiance à ceux qui les pilotent. La politique, c’est toujours un exercice d’explication, de mise en perspective – Déclaration de politique générale (DPG) – et nous attendons de nos nouveaux gouvernants qu’ils en façonnent une forme inédite, sinon où est la rupture ? En tout cas par rapport à la presse, il n’y a aucun changement, au contraire les difficultés avec le pouvoir se sont exacerbées. Toutefois, peut-on décemment juger l’action d’un gouvernement en place depuis quelques mois lorsqu’on lui laisse douze (12) années d’un bilan discutable ?
Il y a crise du pouvoir avec la presse. Une certaine presse. C’est incontestable ! En situation de crise, « on » veut un grand capitaine. Pour l’heure le tandem au pouvoir n’en porte pas les habits. Mais peut-être le sera-t-il un jour, peut-être se révélera-t-il un style performant…
Méfions-nous des jugements hâtifs, ils font partie de cette « idéologie » de la vitesse qui d’ailleurs permettra, avec la même certitude, de dire le contraire de ce qui a été prononcé. En ce qui concerne le tandem, son parcours appelle à la prudence. Aucun des deux qui le compose n’a jamais été ministre ; c’est cela, peut-être qui explique certains atermoiements, mais c’est eux aujourd’hui les dirigeants de ce pays.
C’est ce « statut de bleu » en matière d’exercice du pouvoir qui peut-être explique les vives critiques de la presse de « gauche », d’opposition, je veux dire, contre la politique du gouvernement actuel.
Contrairement à ce que certains éditorialistes expriment, parfois de manière incisive, ce déferlement ne traduit pas une maturité. Tous les journalistes ne se valent pas. Cela est valable dans toutes les catégories socio-professionnelles. Les cabris se promènent ensemble, mais ils n’ont pas le même prix.
L’analyse, à mon sens, est plus triviale : le pouvoir médiatique ne sait plus s’arrêter, ne connait plus ses limites, se croit légitime à tout juger, tout examiner, tout critiquer, tout revendiquer. Or franchir cette ligne pourrait lui être fatal – c’est le cas actuellement avec le fisc – car le public, même s’il est parfois voyeur ou en accord idéologique ou partisan, ne souscrit pas à cette outrance dans l’anathème qui décrédibilise l’information et discrédite la posture.
Oui à l’information, la critique, et au contre-pouvoir de la presse. Non au mythe de l’auto-institution de la presse en quatrième (4ième) pouvoir. Seuls les politiques ont la redoutable responsabilité de l’action ! D’ailleurs, il faut nuancer. Cette dérive, ici au Sénégal, comme ailleurs, ne concerne pas tous les médias comme je l’ai insinué plus haut, mais surtout une partie de la hiérarchie journalistique et éditorialiste.
A l’heure d’une crise de confiance sans précédent à l’égard des journalistes et des producteurs d’informations mesure-t-on réellement les dégâts sur les crédits journalistiques et politiques que cette porosité et ces collusions provoquent dans l’opinion publique ?
On ne le mesure pas parce que ce n’est pas visible – taux d’analphabétisme élevé – C’est comme la question très compliquée de l’opinion publique, à savoir les mutations lentes et invisibles avec les sondages dans les pays développés – France et USA par exemple.
Dans un passé relativement récent, le contre-pouvoir médiatique – dans les démocraties évidemment et non dans les régimes autoritaires – a tendance à ne plus savoir où sont ses limites. Il exagère ! Et c’est cela qui provoque l’ire du pouvoir en place.
D’ailleurs, on observe trop ce glissement dangereux : Faire croire que partout la liberté de la presse est menacée et que dictatures ou démocraties ce sont finalement les mèmes enjeux. Non ! les immenses difficultés de la presse dans les dictatures ne peuvent pas cautionner les dérives de celle-ci dans les démocraties.
D’autant que le pouvoir politique, avec la visibilité justifiée critique les médias – le premier Ministre qui, du haut de sa tribune profère des menaces à l’endroit de la presse – la rigidité de nos sociétés et les difficultés de la mondialisation, devient de plus en plus fragile.
La baisse de prestige de la politique ne doit pas faire oublier sa spécificité : La grandeur et les risques de l’action. Mais comme la collusion presse-politique, est dans son comble dans notre pays, trop forte, en tout cas, cela ne donne plus confiance aux citoyens. Surtout en ces temps de crise.
Aussi, en tant qu’acteur du système éducatif sénégalais depuis plusieurs décennies, je m’inquiète que survienne le pire danger pour l’éducation dont les notions de liberté, la capacité critique qu’elle enseigne pourraient en souffrir par la tentation à l’autocensure.
Dans une démocratie digne de ce nom, le syndrome de la pensée, de la parole et de la plume uniques doit être banni « ñep menuñu bok xalat ». Evitons à tout prix ceci : « Tout le monde dit la même chose, donc personne n’ose dire autre chose » ; alors que la diversité exceptionnelle des canaux aurait dû assurer une extrême diversité de l’information, des points de vue, des idées, des prises de position.
Et donc renforcer la légitimité des journalistes comme empêcheurs de tourner en rond. C’est hélas tout le contraire : Tout se ressemble, l’information souffre de son uniformité et du sentiment de connivence avec les politiques – Consanguinité – son champ se rétrécit par rapport au nombre de supports. Et les journalistes, parce que l’enquête coute cher, font le tour de l’ordinateur là ou autrefois ils faisaient le tour du monde.
Enfin, peut-on bien y croire ? Nombre de médias n’ont-ils pas « oublié » que leur vocation est d’éveiller et d’éduquer les consciences, de faire grandir la capacité critique, l’autonomie, la contribution citoyenne de chacun et non de se livrer à de la politique partisane.
Par Amadou Lamine SALL
QUELLE VISITE D’ÉTAT EN CHINE DE DIOMAYE FAYE ?
Nous ne savons pas qui est du voyage avec vous, sauf deux invités de marque : les deux meilleurs élèves du Sénégal au Concours Général ! Bravo et fort bien joué !
Monsieur le Président, bon voyage au pays de Kongzi, « Maître Kong », latinisé en Confucius par les Jésuites !
Nous ne savons pas qui est du voyage avec vous, sauf deux invités de marque : les deux meilleurs élèves du Sénégal au Concours Général ! Bravo et fort bien joué ! Sans doute aussi et forcément des hommes d’affaires, les plus aiguisés techniciens et cadres de notre haute administration financière, commerciales, agricoles, touristiques. Des diplomates. Incontestablement. Ils sont l’« air-force one » de votre visite d’État qu’ils ont dû préparer avec le talent reconnu à la diplomatie sénégalaise. Tous nos ministres des Affaires Étrangères devraient ne jamais échouer dans leur mission, toujours être « aux oiseaux », selon l’expression québécoise, pour dire heureux, protégés, préparés et bien servis par des diplomates de très haute voltige et ce, depuis Senghor. Mais à condition d’être écoutés, respectés. Nos premiers soldats les plus avancés au combat dans le monde, ce sont d’abord nos diplomates ! Les ministres doivent être de bons généraux à l’écoute de leur armée au front !
Les voyages d’État se préparent très tôt, si possible six mois à l’avance, si on en connait les dates et il n’existe pas mieux que nos diplomates pour en faire une réussite quelque que soient les impasses !
Avec Senghor, - ceux qui s’essoufflent à vouloir « rendre l’oubli » possible, ne vaincront pas - les premiers qui entraient en action pour préparer ses voyages d’État, étaient le service des archives et de la documentation de la présidence de la République. Il s’agissait, d’abord et avant tout, de tout savoir sur le pays hôte : passé, présent, futur, son histoire, sa géographie, sa culture, sans oublier l’histoire de vie de son dirigeant politique. Les discours de Senghor partaient toujours de la culture pour aller embrasser l’économie et tous les secteurs vitaux de la coopération. Nos premiers échanges économiques avec le Japon et l’Iran, sont sorties de la magie Senghorienne !
Bien sûr, nul n’est obligé d’adopter sa posture et sa vision. A chacun sa cuisine, ses fourneaux. Mais cette aptitude à « capturer » et à « fasciner » les dirigeants politiques étrangers par la culture, la connaissance, l’émotion, mais sans faiblesse, sinon avec grâce, éloquence et vérité, a toujours payé et placé le Sénégal très haut dans l’appréciation et le respect singulier qui lui étaient dus et qui l’ont tant distingué par le monde. Monsieur le président, nous voulions juste vous souhaiter un bon voyage dans un grand, très grand pays dont aucun autre pays de la scène mondiale ne peut ignorer ni l’existence, ni l’exigence, ni la capacité de production de richesses !
Retenez également que le mandarin, la langue officielle de la Chine, ne va plus tarder à supplanter l’anglais dans le monde. Ce n’est qu’une question de temps. Le mandarin fascine ! Les grandes écoles et universités en Amérique comme en Europe, rivalisent dans son apprentissage ! « Le mandarin est parlé par 1,120 milliards de personnes contre 1,268 milliards de locuteurs anglophones. »
Nous espérons que dans votre avion, vous accompagnent notre ministre en charge de la Culture, des artistes, des écrivains. Si le Théâtre Sorano n’est pas du voyage, ne l’oubliez pas la prochaine fois ! Montrez au monde ce que votre pays possède de plus attirant, de plus durable, de plus prodigieux comme culture et productions artistiques !
Ce n’est pas autrement que la Guinée à fasciné et conquis le monde avec les Ballets Africains Keïta fodéba. Il s’agissait, comme pour Senghor qui voyageait, entre autres, avec les Ballets du Théâtre Sorano, de montrer que « l’émancipation politique doit s’accompagner d’une décolonisation culturelle, afin de retrouver les traditions africaines et de leur restituer leur signification sociale et symbolique. »
Par ailleurs, merci Monsieur le président d’étudier la possibilité de faire précéder vos voyages d’État à venir, par une exposition de l’art sénégalais contemporain, que vous visiterez sur place soit avec votre homologue du pays hôte, soit avec son ministre en charge de la Culture. Montrez et vendez votre pays au beau ! Présentez aussi la Biennale de Dakar au monde, par la même heureuse occasion ! Ce n'est pas cher ! Seule la culture est invincible !
Revenez-nous, Monsieur le président, avec des accords de coopération heureux et gagnants où la culture, les arts et les lettres de notre pays pourront, au carrefour des échanges avec la Chine, s’enrichir mutuellement et se féconder mutuellement
Le Sénégal, comme hier, malgré sa fausse constipation artistique et littéraire, peut beaucoup offrir au monde et donner de notre cher pays un visage que seules les expressions culturelles et artistiques ont le secret et le pouvoir ! La peinture et la poésie sont très célébrées en Chine ! Monsieur le Président, vous qui semblez tant aimer le setsétal, planter des arbres, chérir l’environnement, apprenez que « C’est avec la dynastie des Tang, dès 618, que l’art des jardins prend toute son ampleur. C’est l’âge d’or de la civilisation chinoise grâce à la sensibilité artistique des lettrés. »
Tiens, Monsieur le président, et si vous demandiez à Xi Jinping, votre homologue chinois, de vous offrir une copie du « Yuanye », fameux « traité de jardins écrit en 1633 par Ji Cheng, un lettré, redécouvert dans les années 30 et traduit en français. Ce traité est d’une impressionnante modernité. Les conseils de respect de l’environnement, d’intégration au site, de protection des nappes phréatiques. »
Monsieur le président, certains de vos poètes et écrivains ont été honorés par la Chine où des jardins classés patrimoine mondial par l’Unesco, portent leurs noms et leurs écrits.
Bon voyage Monsieur le Président et revenez-nous gagnant dans un Sénégal apaisant et apaisé ! Mais nous savons tous, hélas, que la démocratie n’est pas une femme facile ! Et quand on a fait des enfants avec elle, on ne peut que la chanter ! Septembre 2024.
Par Thierry Beaudet
LA SURPRISE DE MACRON ?
Après de longues semaines d'indécision, Emmanuel Macron aurait décidé de nommer Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental, à Matignon, d'après L'Opinion.
Après de longues semaines d'indécision, Emmanuel Macron aurait décidé de nommer Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental, à Matignon, d'après L'Opinion. Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, également pressentis, sont quant à eux reçus à l'Élysée, lundi 2 septembre.
La longue recherche d'un Premier ministre touche-t-elle enfin à sa fin ? L'Opinion affirme, lundi 2 septembre, qu'Emmanuel Macron s'apprêterait à nommer Thierry Beaudet à Matignon. Il est actuellement président du Conseil économique, social et environnemental (Cese). La situation se serait décantée jeudi, lorsque le chef de l'État l'a contacté pour lui proposer le poste - proposition qu'aurait acceptée l'intéressé. "Il va me falloir des amis fidèles", aurait-il confié à l'un de ses amis à propos de sa nomination, toujours selon L'Opinion.
Son élection au Cese avait été permise par le soutien de l'ancien secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dont il est proche. Ce conseil inclut des représentants des syndicats, du patronat et des associations. Le Cese avait notamment hébergé la convention sur le climat et celle sur la fin de vie. De quoi permettre d'apaiser les relations entre l'exécutif et les syndicats ? Thierry Beaudet est en tout cas vierge de tout parcours politique et peut se targuer du statut de figure de la fameuse "société civile".
Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand reçus à l'Élysée ce lundi
Cette nomination serait une surprise, alors que circulent ces derniers jours les noms du socialiste Bernard Cazeneuve, déjà locataire de Matignon sous François Hollande, et de Xavier Bertrand, figure de la droite et des Hauts-de-France. Tous deux sont conviés à l'Élysée ce lundi.
Les anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy doivent s'y rendre également. Quelques jours plus tôt, après de larges consultations, Emmanuel Macron avait écarté le nom de Lucie Castets, désignée candidate à Matignon par le Nouveau Front Populaire, qui est arrivé en tête des élections législatives de juillet dernier.
Par Mamadou Ndiaye
REGARDS CHINOIS
La Chine, 9,5 millions de km2, reçoit l’Afrique, 30,4 millions de km2. Par cette logique inversée, la puissance détient la raison. En d’autres termes, la valeur de vérité découle de nos jours du rapport de forces.
La Chine, 9,5 millions de km2, reçoit l’Afrique, 30,4 millions de km2. Par cette logique inversée, la puissance détient la raison. En d’autres termes, la valeur de vérité découle de nos jours du rapport de forces.
Que tout un continent se retrouve à Pékin en dit long sur la nature de la relation entre une Chine organisée et disciplinée face à un univers chaotique dont les dirigeants arrivent en ordre dispersé à Pékin pour les besoins de la 9ème édition du Forum économique et… politique !
Au-delà des symboles, cette rencontre, désormais inscrite dans l’agenda international, met en évidence le pouvoir et ses incarnations. Le système politique tel qu’exercé dans l’Empire du Milieu suscite en Afrique une curiosité renouvelée et inspire bien des régimes, militaires notamment, en mal de cohérence et de légitimité.
Xi Jinping, 71 ans, Président de la Chine depuis 2013, accueille indistinctement ses hôtes sans se soucier de leurs parcours respectifs. Il est habité par le réalisme. En outre, il ne regarde pas les Africains avec commisération. Pas naïf pour autant, il privilégie le contact comme une approche pragmatique consistant à jauger avant de juger pour ensuite se projeter.
Sur le papier, les deux régions pèsent. Elles totalisent plus du tiers de la population mondiale. La Chine vieillit et tente de relancer son quotient familial pour encourager à nouveau un boom démographique. L’Afrique, elle, étonne le monde par la vitalité de sa population si jeune et ses bras valides. Mieux, ses ressources naturelles stupéfient les cercles de pouvoir.
D’ailleurs, nombre de chefs d’Etat qui accourent apprécient d’autant l’attitude chinoise qu’elle ne s’immisce pas dans les « affaires internes » et n’exprime pas ouvertement sa désapprobation ou ses désaccords.
En plus, les Chinois déroulent le tapis rouge, ce qui confère à leur hospitalité toute sa chaleur diplomatique et accrédite en même temps l’idée que les invités sont bien reçus et bien traités « à la hauteur de leur rang et grade…!» Donc silence, on règne !
Les modes de gouvernance, le respect des droits, la démocratie, les règles d’alternance ne figurent pas à l’ordre du jour de ce sommet qui se décompose plutôt en plusieurs rendez-vous bilatéraux.
Preuve s’il en est qu’une Afrique dispersée n’incommode pas Pékin plus enclin à cloisonner ses interventions pour être dans les bonnes grâces des pouvoirs locaux. Lesquels négligent les démarches collectives afin de privilégier les initiatives individuelles qui, une fois couronnées de succès, rejaillissent sur les opinions nationales comme des triomphes issus d’une âpre rivalité.
Le Malien Goïta a exprimé au leader chinois l’insécurité à ses frontières, la pénurie de biens de consommation et le manque de liquidités. Félix Tshisekedi de la RDC, évoque son amitié pour inviter son vis-à-vis à redresser la trajectoire d’une coopération « à sens unique ». Le Sud africain Ramaphosa s’est appesanti sur les déséquilibres de la balance commerciale en faveur de la Chine, la relance économique, l’extension des infrastructures et l’énergie.
A tour de rôle, chaque dirigeant africain a présenté à Xi Jinping son « cahier de doléances » avec l’espoir d’une prise en charge effective de ses préoccupations majeures.
En revanche, aucun d’eux ne s’est improvisé porte-parole du continent pour évoquer des questions transversales ou globales touchant au changement climatique, à l’exploitation frénétique des ressources africaines (mine, minerai, bois, hydrocarbures), à l’endettement massif susceptible de fragiliser davantage des économies déjà vulnérables.
Le Sahel est ignoré alors que les bouleversements climatiques entraînent des pluies diluviennes qui perturbent durablement l’écosystème de la sous-région. Pas même la recherche fondamentale, la technologie, les sciences ou les techniques, les satellites, les fusées, l’espace et les océans afin de préparer les générations futures aux enjeux de savoirs et de connaissances.
Moins ils en parlent, mieux la Chine s’en sort à bons comptes. Naturellement son chéquier en mains, le Président Chinois sait que le retour sur investissement est monstrueusement avantageux pour lui. Il est reproché à son pays, gigantesque à tous égards, de ne pas indexer ses achats massifs en Afrique sur les indices ou les valeurs de référence en cours.
Les paralysies structurelles, lot dans nombre pays africains, favorisent ce comportement de la Chine qui brasse des affaires et embrasse trop de chantiers dans une inversion de proportions qui révèle sa boulimie insatiable. Un tel penchant annonce-t-il des dérives à l’avenir ?
La sphère mercantile s’étend à perte de vue au détriment du besoin de dignité. Des voix s’élèvent pour alerter sur le niveau d’endettement en Afrique. En quittant une tutelle, le continent ploie sous un autre joug. Rien ne change si ce n’est le mode opératoire.
D’où l’intérêt grandissant des investissements chinois avec une extension de sa géographie financière à une échelle plus qu’inquiétante. Devant la Chine, l’Afrique ne parle pas d’une même voix le même langage. Elle se disperse dans des considérations secondaires quand Pékin pénètre en profondeur avec une redoutable efficacité.
Ses entreprises s’installent et rivalisent avec d’autres champions industriels qui considèrent sans gêne le continent noir comme le nouveau vivier de croissance. Il n’y a que les Africains pour ne pas s’en apercevoir. C’est à croire que l’Union Africaine ne représente plus le vecteur (ou le moteur) de l’intégration.
L’institution devient de plus en plus l’ombre d’elle-même. Elle manque de moyens pour financer ses projets, si convaincants soient-ils. L’UA ne parvient à lever des fonds sur les places fortes. Les disputes et les combines de couloirs l’ont affaiblie au point de la rendre peu crédible auprès d’institutions sœurs qui préfèrent s’abstenir de la soutenir de peur de ne pas être emportées par les fréquents tourbillons qui l’agitent.
L’élection prochaine du Président de la Commission constitue un avatar de cette défiguration. La fonction n’attire plus parce que moins prestigieuse. Jaloux de leurs prérogatives, les Chefs d’Etat ne consentent pas à accroître les attributs du Président de la Commission qu’ils considèrent comme un simple collaborateur.
L’épisode de l’ancien président malien, Alpha Oumar Konaré, encouragé par ses pairs d’alors à briguer le poste, s’est transformé en cauchemar quand il a voulu réformer la fonction. Pour l’avoir mal vécue, il l’a quittée, amer, sur la pointe des pieds pour retourner dans son Mali natal. En clair, la présidence de la Commission Africaine ne suscite plus de vocation.
Des hommes et des femmes, il en existe. Mais de grands, une espèce devenue rare de nos jours ! Les Précurseurs dorment du sommeil des Justes. Les œuvres qu’ils ont accomplies survivent certes mais s’empilent dans des dossiers poussiéreux sur des rayons très peu entretenus au siège éthiopien à Addis Abeba, las capitale.
A côté des pères fondateurs, ils ont frayé le chemin en dotant l’institution panafricaine d’une vision et d’une doctrine qui ont transcendé bien des conjonctures. La grandeur ne se mesure pas qu’aux apparences et à un habile usage des médias.
Par Mbégou FAYE
CONTRIBUTION À L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET À L’URBANISME DANS NOS COLLECTIVITÉS LOCALES
Depuis le transfert de ces compétences, l’adoption de règlements d’urbanisme locaux au fil des années reste encore très dérisoire
La loi n° 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, communes et communautés rurales a consacré en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme le transfert de certaines compétences qui relevaient de l’État aux collectivités locales. En 2013, ce processus de décentralisation a été renforcé, via une troisième réforme territoriale et administrative d’ampleur : l’Acte III de la décentralisation. Cette réforme, qui marque une refondation majeure de l’action territoriale de l’État, a pour ambition d’organiser le Sénégal en territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable. Depuis le transfert de ces compétences, l’adoption de règlements d’urbanisme locaux au fil des années reste encore très dérisoire. En effet, les collectivités locales accusent un grand retard dans leurs missions de mise en place d’orientations, de politiques et de règlements d’urbanisme claires et efficaces en matière de planification de leurs territoires. Et s’ils existent, ces orientations, politiques et règlements peinent à être mises en œuvre, faute de ressources humaines, matérielles et financières.
Autrement dit, la pratique de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme au Sénégal fonctionne à l’abri de certains principes habituellement associés au développement urbain durable. À cela s’ajoute, pour la plupart des collectivités locales, une exploitation encore très timide des outils de réglementation qui fixent les règles, les normes et les critères d’évaluation encadrant les constructions et l’usage des bâtiments et des terrains.
Dans un tel contexte, comment peut-on aspirer à avoir des villes fonctionnelles, durables, écologiques et au diapason des meilleures théories et pratiques en aménagement du territoire et en urbanisme?
Il est plus que temps de repenser nos façons de bâtir nos territoires et d’interagir adéquatement avec eux pour un cadre de vie sain et futuriste
Revoir nos façons de bâtir nos territoires
Prenons juste l’exemple du zonage qui permet de diviser un territoire en zones, en vue de contrôler l’usage des terrains et des bâtiments. Au Sénégal, il est clair qu’il y a un manque d’engagement savant dans le contrôle des usages et des constructions (cadre bâti non homogène). Dans les grands centres urbains comme Dakar, Thiès, Saint-Louis, Kaolack et Fatick, il peut être constater aisément le manque de cohérence dans certaines formes urbaines. Par exemple, un immeuble R+15 peut être construit à côté d’un immeuble R+1. Soit, il y a une absence de zonage qui réglemente la hauteur des bâtiments, soit il est mal pensé ou tout simplement non conforme aux règlements applicables. Le cas des constructions dans le domaine public maritime, notamment au niveau de la Corniche est révélateur du manque de sérieux dans le contrôle des constructions et l’application des règlements d’urbanisme en vigueur. Le cas de l’immeuble de Madiambal Diagne parmi tant d’autres immeubles, qui cachent des vues panoramiques très intéressantes sur la mer et le monument de la renaissance, est inadmissible. Une construction illégale restera toujours une construction illégale, peu importe si l’immeuble a obtenu toutes les autorisations nécessaires. En matière d’urbanisme, la délivrance d’une autorisation de construire non conforme à la règlementation en vigueur par les autorités compétentes ne rend pas conforme une construction illégale. En l’espèce, des recours en démolition doivent toujours être utilisés pour préserver le domaine public maritime. En ce sens, nous félicitons les nouvelles autorités qui ont mis en arrêt toutes les constructions en cours sur la Corniche afin de faire la lumière sur la conformité de ces constructions et sur les conditions d’émission des autorisations de construire pour certains immeubles litigieux.
Le zonage est aussi un moyen efficace pour développer un territoire de façon ordonnée au moyen du contrôle de l’utilisation du sol. N’y a-t-il pas un vide ou une mauvaise application des Plans d’Aménagement de Zone (PAZ) qui réglementent de manière détaillée l’utilisation des sols dans une zone donnée? Par exemple pour construire un terrain au Sénégal, certains règlements d’urbanisme n’exigent pas la présence d’espaces paysagers communément appelés espaces verts. Pourtant, ils jouent un rôle primordial dans l’aménagement et la gestion de l’espace. Au-delà des aspects esthétiques, d’amélioration de la qualité de vie et de la biodiversité et de réduction des îlots de chaleur urbains, les espaces verts contribuent à la purification de l’air en absorbant le dioxyde de carbone et en produisant de l’oxygène. Ils permettent également de limiter l’érosion des sols et de filtrer les eaux de pluie, contribuant ainsi à préserver la qualité de l’eau.
Par ailleurs, il est important de repenser la manière dont les villes du Sénégalse construisent dans leur évolution en optant pour des matériaux durables et respectueux de l’environnement. Dans les villes, tout est construit au béton (du béton partout). Ce matériau, très prisé pour construire des immeubles à bureaux, des logements, des infrastructures publiques et des équipements de transport, augmente la chaleur urbaine et entraine des problèmes d’inondation en limitant l’absorption naturelle de l’eau dans le sol. L’équilibre écologique est gravement rompu sans aucune alternative de canalisation capable de rétablir les routes et autoroutes de l’eau, du vent.
Il est essentiel de mettre en place des politiques de planification urbaine efficaces pour réguler l’occupation et garantir un développement durable et équitable pour tous. L’occupation illégale et anarchique de l’espace public observée à Dakar et dans toutes les villes régionales doit faire réfléchir et agir dans le sens de l’amélioration de l’environnement urbain. C’est l’occasion de féliciter les autorités du Sénégal dans leur effort de libérer certains espaces (Colobane, Rond-point Shell de Keur Massar…). Toutefois, il est important que le masla dans ce domaine cesse et que les collectivités locales entreprennent des actions plus structurantes et durables de déguerpissement sans complaisance. La congestion urbaine, la saturation des infrastructures, la dégradation de l’environnement urbain, l’augmentation des risques d’incendies, d’effondrements de bâtiments et d’accidents, la dégradation de l’image et de la réputation de nos villes sont le résultat de l’occupation illégale et anarchique de l’espace public.
Il est primordial de rationnaliser l’utilisation de nos infrastructures, équipements et espaces publics. Ces dernières années, l’État du Sénégal a investi beaucoup de milliards dans les infrastructures de transport (TER, BRT, autoroutes, routes…), mais le constat est unanime : ces grands projets sont souvent mal finis ou mal aménagés, notamment en ce qui a trait à la présence d’espaces verts attrayants et de mobiliers urbains de qualité. Les thiak thiak, les vendeurs à la sauvette, les mécaniciens de fortunes sous les ponts devraient inspirer les décideurs à contextualiser davantage les projets en aménagement et en urbanisme. Bâtir de telles infrastructures sans les accompagner d’infrastructures vertes (bande végétalisée le long des routes et dans les ronds-points, zones tampons naturelles, et bien d’autres encore) et sans répondre aux besoins de survie des premiers occupants est pour nous un travail précipité ou mal pensé. En plus, tous ces accompagnements jouent un rôle indispensable dans la rétention des eaux de ruissèlement, la réduction des gaz à effet de serre, etc.
Repenser l’assainissement du Sénégal pour agir autrement
L’assainissement et le cadre de vie sont importants dans nos sociétés actuelles, d’autant plus qu’ils peuvent impacter considérablement la sécurité et la santé publiques d’un pays
Les inondations, qui touchent plusieurs villes du Sénégal depuis plusieurs années, ont notamment poussé les autorités à faire de la gestion des eaux de pluie une priorité à l’approche de chaque hivernage. Mais force est de constater que les hivernages se succèdent et passent, mais les problèmes restent, faute de mettre en place de vraies politiques d’assainissement. Pour enrayer ce fléau, il est important que l’État joue un rôle de premier plan et assume ses fonctions régaliennes en la matière, étant donné le manque de ressources financières et techniques des collectivités locales dans la planification et l’aménagement de territoires.
Ce qui est surtout préoccupant, c’est la nature des mesures prises (très limitées) pour résoudre un problème structurel majeur. Il est temps que l’État prenne ce problème à bras le cœur et propose des solutions durables. Dans son blog en date du 23 février 2023, intitulé Les inondations au Sénégal, les bassins de rétention représentent-ils une partie de la solution ? le Programme de gestion du littoral ouest africain relatait les propos de Pape Goumba Lô, professeur à l’Université de Dakar, géologue et environnementaliste, invité de l’émission radiophonique La Voix du Littoral qui mentionnait ceci : on a aménagé et urbanisé sans connaître les zones inondables et non habitables. À Dakar et sa banlieue surpeuplée, il y a des zones basses en termes de cuvettes comme Liberté VI, Castors, Maristes, Dalifort, Pikine, Diamniadio, et des zones hautes comme le Cap Manuel. Il y a de cela des dizaines de milliers d’années, il existait des voies naturelles de passage d’eau, avant la culture de la sédentarisation, avec la construction des habitations et par conséquence, tout travail d’aménagement à Dakar devait tenir compte de cette réalité. Mais en ne voulant pas se plier à cette exigence, la zone de stockage appelée zone de captage, occupée aujourd’hui anarchiquement ainsi Les Maristes, identifiée comme lieu d’écoulement, sont parmi les causes des inondations du moment car ne jouant plus leurs rôles naturels. Vous l’aurez compris, des villes et des quartiers ont été aménagés dans des zones inondables, parfois même sans la présence des services (lots non viabilisées). L’heure est venue de voir l’État et les collectivités locales prendre leurs responsabilités en proposant des solutions à ces populations dans un esprit innovant et constructif (relocalisation, restructuration de quartiers avec l’installation, le renouvellement ou le remplacement d’infrastructures urbaines en matière d’évacuation des eaux pluviales). (…)
Réformer intelligemment nos lois, règlements et plans afin de moderniser la pratique de l’aménagement du territoire
Depuis la mise en application des lois, règlements et plans encadrant l’aménagement du territoire au Sénégal (Code de l’urbanisme, Plans Directeurs d’Urbanisme, Plans de Restructuration et de Régularisation Foncière, Plans d’Aménagement de Zone, etc.) combien de réformes ont été proposées afin de moderniser ces lois, règlements et plans ? Y-a-t-il un monitoring ou un plan d’actions mis en place pour évaluer leur respect, leur mise en œuvre et leur efficacité sur le territoire ?
Je suis convaincu que de nouvelles propositions de lois ou d’amendements de ces lois en matière d’habitat, d’aménagement durable du territoire et d’urbanisme opérationnel doivent être mises en place sans tarder et qu’on veille surtout à leur application.
Aussi, il est une priorité absolue que les agences publiques en aménagement du territoire obtiennent les moyens de leurs politiques pour accompagner les collectivités locales dans l’application des orientations et politiques nationales en la matière. Il convient surtout de penser à relire pour actualisation, l’acte 3 de la décentralisation qui est un processus consistant pour l’État à transférer au profit des collectivités locales certaines compétences et les ressources correspondantes. Il est utile de reconnaitre que les collectivités locales sont des gouvernements de proximité. Elles interviennent en premier plan au niveau local et auprès de leurs citoyens. Pour cela, il importe de renforcer leur autonomie et leurs octroyer davantage de moyens financiers et techniques. Elles ne peuvent pas se développer sans des soutiens financiers significatifs de l’État. Parallèlement, elles pourraient aussi réfléchir à diversifier leurs sources de revenus (rationalisation des taxes foncières et taxes de services, investissements dans l’agriculture, le foncier, etc.). Une autonomie financière des collectivités locales, combinée aux transferts financiers de l’État, permettrait de solidifier leurs assises financières afin de mieux répondre aux besoins de leurs citoyens.
Enfin, cette contribution voudrait attirer l’attention de l’État, des collectivités locales et des citoyens que l’aménagement et l’urbanisme constitue un domaine sérieux et seule la science et la rigueur permettront au Sénégal d’aménager convenablement son territoire et d’urbaniser savamment ses villes.
Par Mbagnick Diop
QUAND LE PEUPLE LEGIFERE, LES ELUS DOIVENT SE PLIER A SA VOLONTE
De bravade en bravade, les députés de la coalition Benno n’ont de cesse de brandir la menace d’une motion de censure contre le gouvernement dont le chef, le Premier ministre Ousmane Sonko, apparaît comme leur bête noire.
Délégataires du pouvoir législatif, les députés ont été rappelés, hier, à l’ordre par le peuple comme ce fut le cas le 23 juin 2011. Le peuple insatisfait de la manière avec laquelle ils accomplissent leur mandat, a fait valoir sa légitimité et envahi l’hémicycle pour relever le défi d’une majorité parlementaire artificielle qui entend vaille que vaille assurer sa survie politique.
De bravade en bravade, les députés de la coalition Benno n’ont de cesse de brandir la menace d’une motion de censure contre le gouvernement dont le chef, le Premier ministre Ousmane Sonko, apparaît comme leur bête noire. A défaut de réussir ce challenge politique, ils ont balayé d’un revers demain la révision constitutionnelle voulue par le président de la République, en vue de la dissolution du Conseil économique et social (Cese) et du Haut Conseil des collectivités territoriales (Hcct). Des institutions budgétivores dont les fonds pourraient être dédiés à la promotion économique des jeunes et des femmes.
Le charivari politique survenu à l’Assemblée nationale n’est que le signe avant-coureur de la dissolution de l’institution. Un acte politique qui s’inscrit dans la logique des réformes envisagées par le président de la République qui jouit d’une confiance populaire dont le Premier ministre est sans aucun doute l’artisan inlassable.
A présent que les dés sont jetés, toutes les formations politiques qui en ont la capacité et la volonté se doivent de reconquérir l’électorat en vue d’asseoir une nouvelle majorité parlementaire. Naturellement, le plus dur et plus décisif revient aux Patriotes africains pour la solidarité, le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), parti au sein duquel milite le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Et dont il était le candidat à l’élection présidentielle du 24 mars dernier. Surtout, le chef de ce parti n’est autre qu’Ousmane Sonko, l’actuel Premier ministre. L’heure est donc aux coalitions intelligentes et à la détermination pour repositionner la démocratie sénégalaise sur la voie du redressement économique et de la justice. Ainsi finira le temps des débats stériles.
Mbagnick Diop
Par Kaccoor Bi - Le Temoin
IL FAUT LES «TUER » !
Vous n’avez pas le sentiment qu’ils sont en train de narguer le nouveau pouvoir qui aurait dû leur fermer définitivement la gueule depuis longtemps ? Par exemple, créer la peur dans leur cartel de brigands en les faisant défiler devant les enquêteurs
Vous n’avez pas le sentiment qu’ils sont en train de narguer le nouveau pouvoir qui aurait dû leur fermer définitivement la gueule depuis longtemps ? Par exemple, créer la peur dans leur cartel de brigands en les faisant défiler devant les enquêteurs de la DIC ou les juges d’instruction du Pool judiciaire financier.
Avec tout le mal qu’ils ont fait subir à ce peuple, en termes de meurtres, d’arrestations et de tortures de manifestants, sans compter le dépeçage ordonné de l’économie, il ne se trouverait personne à se morfondre sur leur funeste sort, tellement leur braconnage au niveau de tous les secteurs demeure flagrant.
Mais plutôt que de les voir trembler devant le sort peu enviable qui les attend, voilà que nos larrons et gredins se sentent suffisamment forts et confiants au point de défier le nouveau pouvoir avec leur Livre Blanc souillé du sang de centaines de jeunes morts sans compter ceux dont la vie a été bousillée en prison. Ils auraient dû l’intituler « Livre Rouge » d’ailleurs… Un livre dans lequel ne figure curieusement pas le bilan immatériel du Chef marqué par des meurtres, des emprisonnements, des actes de torture, des restrictions de libertés...
Avec de tels gens, point de compassion. Il faut la méthode forte et une implacable rigueur dans les sanctions. La plus grande erreur du nouveau pouvoir, c’est d’avoir tardé à mettre en œuvre la reddition des comptes qui devait précéder la suppression de ces institutions inutiles et budgétivores que sont le Cese et le Hcct. Ce qui s’est passé depuis plus de cinq ans dans ce pays relève d’un crime organisé.
L’émergence que l’on nous promettait n’a servi qu’à rendre riches des copains et des coquins. Et c’est là où l’on attend le nouveau pouvoir qui tarde à ordonner la reddition des comptes par les tenants de l’ancien régime. Ce qui aurait permis de « tuer » toutes ces grandes gueules qui commencent à reprendre confiance.
Quand des énergumènes qui ont participé au braconnage de Galsen se permettent de tirer la langue au pouvoir de BDF jusqu’à se mesurer à lui tout en lui promettant la mort, il faudrait que l’Etat leur montre toute sa puissance. A moins que le peuple ne se charge de le faire lui-même. Comme au Kenya où les jeunes avaient lancé il y a quelques semaines l’opération « Occupy Parliament » et envahi l’Assemblée nationale de ce pays-là qu’ils ont brûlée partiellement.
Oui, il faut que les jeunes Sénégalais envahissent Place Soweto et foutent dehors tous ces députés inutiles de Benno qui nous emmerdent ! Les mêmes qui parlent d’une situation de crise alors qu’ils sont les vils artisans de la situation économique dramatique de ce pays. De tels individus, il faut les prendre à la gorge plutôt que de les laisser s’organiser avec leurs rapines. Les laisser s’organiser, ce serait le plus grand danger qui guette le nouveau pouvoir qui a en face de lui des crapules milliardaires. Qui ne reculeront devant rien pour défendre leurs biens mal acquis !
Par Fadel DIA
MULTIPLE PHOTOS
QUAND LES VAINCUS ÉCRIRONT L’HISTOIRE
La commémoration de Thiaroye 44 doit être l’occasion d’une prise de parole pour bien signifier que « le temps de nous-mêmes » est arrivé, celui de nous réapproprier notre passé colonial, sans en occulter les zones d’ombre
«L’Histoire est écrite par les vainqueurs », aurait dit Winston Churchill, et quand le vainqueur a le monopole de ses sources, le risque est énorme qu’elle ne soit pas écrite par les faits. Les hommes et les femmes de ma génération avaient appris à l’école coloniale plus de choses sur le passé de ce qu’on appelait alors la Métropole que sur celui de leur propre pays et ce qu’ils savaient de celui-ci n’avait rien de glorieux.
Samory Touré était un bandit des grands chemins, El hadj Omar un fanatique et l’empreinte de cet enseignement était si prégnante que bien après notre indépendance, il y avait des Sénégalais pour encenser Faidherbe, l’affubler affectueusement du patronyme Ndiaye ou s’offusquer qu’Iba Der Thiam ait décidé de débaptiser le lycée qui portait son nom. Je ne crois pas pourtant qu’il y ait un « Lycée Bismarck » en France et la Place Waterloo est, à ma connaissance, sise au quartier Saint James à Londres et non au cœur des Champs Elysées à Paris.
C’est pour ces raisons que la décision des autorités sénégalaises de rendre hommage aux victimes de Thiaroye, sans solliciter l’aval, le soutien ou l’appui logistique de l’ancienne métropole, marque un tournant dans nos relations. La dernière fois qu’une cérémonie s’était tenue sur les mêmes lieux et à ce niveau de représentation c’était il y a dix ans, et comme c’était la règle, le représentant de la France était commis aux discours et aux grandes annonces, tandis que le rôle de la partie sénégalaise s’était limité à « potemkiniser » le site pour qu’il ne donne pas l’impression d’inaugurer un champ de pommes de terre. Nous avons toujours été les spectateurs de notre histoire coloniale, c’est l’ancien colonisateur qui donnait le ton, fixait le calendrier, proclamait les vérités, choisissait les héros et distribuait les hommages. Nous l’avons vu « cristalliser » les pensions qu’elle devait aux soldats africains qui avaient combattu dans ses armées, puis décider de les dégeler, avec une pointe de mesquinerie, sans jamais lui demander quel usage elle avait fait des retenues opérées sur les salaires et les primes des mutins de Thiaroye. Elle décerne à une poignée de Tirailleurs le titre glorieux de « mort pour la France », sans se donner la peine de nous dire pour qui étaient morts les dizaines de milliers de nos compatriotes qui gisent, dans des sépultures souvent anonymes, sur son sol ou en Syrie, en Lybie ou dans les Dardanelles. Elle vient seulement de décider d’accorder à ceux d’entre eux qui avaient servi sous son drapeau et qui sont encore en vie, tous plus qu’octogénaires, ce qu’elle présente comme un suprême privilège : ils pourront finir leurs jours près de leurs familles, alors qu’ils étaient jusque-là contraints de séjourner sur son territoire une partie de l’année, dans la solitude et l’ennui, sous peine de perdre le bénéfice de leurs pensions. C’est elle qui décide à quel évènement de notre histoire commune peuvent prendre part nos dirigeants et quelle y sera leur place. Ils ont été exclus de la commémoration du débarquement en Normandie et sont surreprésentés à celle, presque confidentielle, du débarquement en Provence. Si l’argument est que les soldats originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb étaient absents en Normandie alors qu’ils constituaient plus de la moitié des forces françaises débarquées en Provence, qu’on nous explique la présence à Omaha Beach de tous ces chefs d’Etat, rois et reines de pays européens qui n’avaient pas non plus participé au débarquement du 6 juin1944 et celle de l’Allemagne, invitée de marque à la cérémonie, alors qu’elle était de l’autre bord puisque l’ennemi c’était elle !
Cet impérialisme du troisième type n’est évidemment pas une marque française, il est dans la nature de toutes les anciennes puissances coloniales européennes. C’est sur la base de critères et de dates arrêtés par leurs soins qu’elles soldent leur passé colonial, en décidant de se contenter de « reconnaitre » les crimes et les horreurs qu’elles ont commis (François Hollande, en 2012, pour les « souffrances » subies par le peuple algérien ), ou de se résoudre à les « regretter » ( le roi des Belges, en 2022, pour « le rôle » de son pays dans la colonisation du Congo ), ou de concéder des « excuses » en bonne et due forme (le gouvernement des Pays-Bas, en 2018, pour leur « siècle d’or » de colonisation et d’esclavage, ou le Premier ministre belge, en 2022, pour l’assassinat de Lumumba etc.) On aura remarqué que ce sont encore elles qui, une fois déterminé le degré de leur compassion, choisissent l’autorité à laquelle incombe cette insupportable mission : le gouvernement (par une simple et anonyme déclaration), le Parlement, un ministre ou le chef du gouvernement, ou plus rarement, le président ou le roi. Il est en revanche totalement exclu de se prêter à une humiliante repentance, tout comme il est exclu - (à une exception près : l’Allemagne pour le génocide des Hereros) - de promettre des réparations…
Ce qui s’est passé à Thiaroye, il y a 80 ans, n’est pas qu’une banale insurrection de soldats floués, c’est l’acte fondateur de toutes les révoltes qui devaient nous conduire à nous libérer du joug colonial. Sa célébration par ses victimes doit être l’occasion d’une prise de parole pour bien signifier que « le temps de nous-mêmes » est arrivé, celui de nous réapproprier notre passé colonial, sans en occulter les zones d’ombre. On notera au passage que c’est déjà perceptible dans la sémantique : Il y a dix ans François Hollande parlait de « répression sanglante » alors que le communiqué du gouvernement sénégalais évoque un « massacre », ce qui implique un grand nombre de victimes dans l’impossibilité de se défendre.
Cette célébration ne peut pas, ne doit pas, être une commémoration à l’échelle d’un seul Etat, mais en communion avec tous les pays d’où étaient issus les Tirailleurs, qui étaient loin d’être majoritairement Sénégalais et dont même, disait-on, « la langue officielle » était le bambara !
On nous annonce la présence d’Emmanuel Macron ? Chiche ! Mais seulement s’il a la courtoisie d’attendre qu’on l’y invite, au lieu de forcer notre porte comme le font tous les présidents français chaque fois qu’ils sont élus. S’il ne cherche pas à faire de la com et à dénaturer la cérémonie en tirant la couverture sur lui. S’il a du nouveau à apporter, qui soit grand, désintéressé et généreux. S’il est prêt, éventuellement, à y côtoyer les chefs des juntes qui gouvernent le Mali ou le Burkina, sans distribuer des leçons, en spectateur repentant et respectueux des autres, et non plus en maître des cérémonies…
Mais qu’il soit présent ou non la cérémonie nous laisserait sur notre faim si elle n’était pas l’occasion d’affirmer, solennellement, notre volonté de ne plus laisser aux anciens colonisateurs le monopole de nous apprendre notre passé partagé en recourant à des experts et à des commissions dont ils déterminent les objectifs et dont les travaux sont soumis à leur seule appréciation. Ce serait une belle occasion d’affirmer que nous mettrons désormais en place nos propres instances d’investigation, avec le concours de spécialistes reconnus du monde entier, mais surtout avec nos propres experts, et pas seulement des historiens, qui s’appuieraient sur le vécu de nos populations et sur les archives qu’ils devront bien nous ouvrir ou nous restituer.
Alors l’histoire sera aussi écrite par les vaincus…
MEDIAS, RESEAUX SOCIAUX ET JUSTICE : QUI VIOLE LA PRESOMPTION D’INNOCENCE ?
Dans le cadre de la préservation de l’ordre public et de la protection des droits fondamentaux, le rôle du procureur de la République revêt une importance cruciale, en particulier lorsqu’il s’agit de communication publique.
Dans le cadre de la préservation de l’ordre public et de la protection des droits fondamentaux, le rôle du procureur de la République revêt une importance cruciale, en particulier lorsqu’il s’agit de communication publique.
Face à la prolifération d’informations inexactes ou incomplètes qui peuvent compromettre le bon déroulement des enquêtes ou semer la confusion au sein de l’opinion publique, il est parfois nécessaire pour le procureur d’intervenir afin de rétablir une information claire et objective. Toutefois, cette intervention doit être rigoureusement encadrée pour ne pas porter atteinte à la présomption d’innocence, un principe fondamental du droit pénal.
Malheureusement, les chefs de parquets n’ont pas recours de manière systématique aux points de presse, bien que l’article 11 alinéa 3 du Code de procédure pénale les autorise à le faire dans certaines circonstances, notamment pour prévenir la propagation de rumeurs ou apaiser des tensions susceptibles de troubler l’ordre public.
En concertation avec sa hiérarchie, le procureur peut rendre publics certains éléments d'une procédure judiciaire en cours, à condition que cette communication soit strictement limitée aux faits objectifs et qu’elle n’émette aucun jugement sur la culpabilité ou l’innocence des personnes concernées. L’objectif est de fournir une information transparente tout en respectant les droits des personnes impliquées et en préservant l’intégrité de l’enquête. Cette pratique, bien que délicate, vise à concilier la nécessité d'informer le public avec le respect des principes fondamentaux du droit.
La communication du parquet est essentielle, car elle protège l’intégrité de la procédure judiciaire tout en répondant aux besoins d’information du public, notamment lorsque l’ordre public est menacé par des rumeurs ou des informations incorrectes. Elle contribue également à maintenir la confiance du public dans le système judiciaire en assurant une certaine transparence, tout en respectant les droits des personnes concernées. Bien que le procureur ne soit pas tenu de communiquer systématiquement, il peut le faire lorsque cela est nécessaire pour préserver l’ordre public et éviter des perturbations supplémentaires.
I. Consécration et Protection de la Présomption d’Innocence La présomption d’innocence est un principe fondamental du droit pénal, reconnu par de nombreux textes internationaux et nationaux. Selon ce principe, toute personne accusée d’une infraction est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité soit légalement prouvée. Ce principe est protégé par des textes tels que :
A. Les Sources Internationales
• Article 11 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 : «Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées.»
• Article 9 du Pacte International Relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP) : Ce texte réaffirme également la protection de ce principe.
B. Les Sources Nationales
1. En droit français : La violation de la présomption d’innocence est encadrée par l’article 9-1 du Code civil, qui permet à toute personne de demander réparation lorsque ce principe a été violé, par exemple, par la diffusion publique d’informations laissant entendre qu’elle est coupable avant un jugement définitif. Cette infraction peut également être punie pénalement, notamment si elle se manifeste par la diffamation ou l’atteinte à l’honneur, comme le prévoit l’article 226- 10 du Code pénal qui sanctionne la dénonciation calomnieuse.
2. En droit sénégalais : La présomption d’innocence est un droit fondamental protégé par la Constitution ainsi que par les conventions internationales ratifiées par le Sénégal. Ce principe stipule qu’une personne accusée d’un crime ou d’un délit est considérée comme innocente jusqu’à ce que sa culpabilité soit légalement établie. Toute atteinte à ce droit peut entraîner des sanctions civiles et pénales, notamment lorsque cette atteinte nuit à l’honneur ou à la réputation de l’individu concerné. La diffamation, régie par le Code pénal sénégalais, fournit un cadre juridique pour sanctionner les atteintes à la présomption d’innocence lorsqu'elles prennent la forme de déclarations fausses ou malveillantes qui portent préjudice à une personne. Les peines encourues pour diffamation peuvent inclure des amendes et, dans certains cas, des peines d’emprisonnement.
Ainsi, la garantie de la présomption d’innocence, renforcée par les sanctions prévues en cas de diffamation, est essentielle pour le respect des droits fondamentaux et pour la protection de la dignité humaine dans le cadre juridique sénégalais.
II. Les Sanctions de la Violation de la Présomption d’Innocence
Les conséquences juridiques de la violation de la présomption d'innocence peuvent inclure :
1. Sanctions civiles : Dommages et intérêts pour réparer le préjudice moral subi par la personne concernée.
2. Sanctions pénales : Lorsque la violation prend la forme de diffamation ou de dénonciation calomnieuse.
Exemples Jurisprudentiels en Droit Français :
• Affaire «Outreau» (2004) : Cette affaire a mis en lumière les dangers d’une atteinte à la présomption d’innocence en raison de la médiatisation excessive. Plusieurs médias ont été condamnés pour avoir présenté les accusés comme coupables avant le jugement définitif.
• Cass. civ. 2ème, 16 juillet 1992, n° 91-12.897 : La Cour de cassation a confirmé la condamnation d'un journal pour avoir publié un article laissant entendre qu’une personne était coupable de fraude fiscale avant toute condamnation judiciaire.
• Affaire «Le Pen c. France» (2005) : La Cour Européenne des Droits de l’Homme a condamné la France pour violation de la présomption d'innocence à la suite de déclarations publiques des autorités judiciaires contre Jean-Marie Le Pen.
Exemples Jurisprudentiels en Droit Sénégalais : Bien que les exemples de jurisprudence sénégalaise concernant la violation de la présomption d’innocence ne soient pas aussi documentés que ceux en droit français, le droit sénégalais prévoit des sanctions similaires.
• Affaire Karim Wade (2015) : Avant son jugement pour corruption et enrichissement illicite, Karim Wade a fait l'’objet de déclarations publiques et d’articles de presse laissant entendre sa culpabilité, soulevant des questions sur le respect de la présomption d’innocence.
• Affaire Cheikh Yérim Seck (2012) : Accusé de viol, Cheikh Yérim Seck a été présenté comme coupable par certains médias avant son procès, soulevant des discussions sur les limites de la presse dans le respect de la présomption d'innocence.
III. Recommandations pour mieux Protéger la Présomption d’Innocence ; Pour prévenir les violations de la présomption d’innocence, les autorités peuvent adopter une approche combinant des mesures législatives, judiciaires et médiatiques :
1. Renforcement du cadre législatif et encadrement de la communication judiciaire : Il est possible de renforcer les lois contre la violation de la présomption d'innocence en introduisant de nouvelles incriminations dans le Code pénal pour sanctionner les auteurs, y compris les médias. Les autorités judiciaires peuvent communiquer sur les affaires en cours, mais cette communication doit être encadrée pour éviter toute atteinte à la présomption d’innocence. Par exemple, les procureurs peuvent rendre publics certains éléments de la procédure pour éclairer le public tout en s’abstenant de tout commentaire sur la culpabilité ou l’innocence des personnes concernées.
2. Encadrement de la communication publique : Les autorités doivent mettre en place des protocoles stricts pour les déclarations publiques sur les affaires en cours, afin d'éviter tout commentaire préjudiciable.
3. Régulation des médias : La conciliation entre le droit à l’information et la protection de la présomption d’innocence est un exercice délicat qui nécessite un équilibre soigneusement mesuré. D’une part, le droit à l’information est un pilier fondamental de toute démocratie, permettant aux citoyens d’accéder à des informations cruciales, notamment en matière de justice, afin de garantir la transparence et le contrôle citoyen des institutions. D’autre part, la présomption d’innocence est un droit fondamental qui protège les individus accusés d’un crime de toute atteinte à leur dignité et à leur réputation avant qu’une culpabilité ne soit établie par une décision de justice définitive. Les autorités de régulation de la presse doivent imposer des sanctions contre les médias qui violent la présomption d’innocence et promouvoir des pratiques journalistiques éthiques.
4. Responsabilité des réseaux sociaux et éducation du public :
La présomption d’innocence est un pilier essentiel de tout système judiciaire équitable, garantissant que toute personne accusée bénéficie d’un traitement juste et impartial jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée. La violation de ce principe, que ce soit par les médias, les réseaux sociaux ou des communications judiciaires non encadrées, peut avoir des conséquences graves non seulement pour les individus concernés mais aussi pour la crédibilité du système judiciaire dans son ensemble. Il est donc impératif de renforcer les dispositifs législatifs et réglementaires pour protéger ce droit fondamental, en veillant à ce que la communication publique et médiatique respecte scrupuleusement les limites nécessaires pour ne pas porter atteinte à la présomption d'innocence. Les autorités doivent non seulement encadrer la communication judiciaire mais aussi sensibiliser les médias et le public sur l’importance de ce principe, afin de prévenir les dérapages et de garantir une information responsable et équilibrée.
At last but not least, la protection de la présomption d’innocence est un enjeu crucial pour le maintien de la justice et de la dignité humaine. Elle nécessite un engagement collectif, tant des acteurs institutionnels que des médias et du grand public, pour assurer un équilibre entre le droit à l’information et le respect des droits fondamentaux.
El Amath THIIAM
Juriste-Consultant Président, «Justice Sans Frontière»
Courriel : justice100f@gmail.com
Par Diagne Fodé Roland
QUESTION NATIONALE PANAFRICAINE : LE CAS DE LA MAURITANIE
Les impérialistes n’ont jamais cessé d’instrumentaliser les contradictions réelles mais secondaires entre panarabisme, voire panislamisme et panafricanisme et/ou panurgisme pour diviser et régner sur tous.
Le racisme subi par les candidats d’Afrique noire à l’émigration vers l’Europe forteresse raciste dans les pays du Maghreb, l’éclatement du Soudan en deux États, les tensions aux frontières nord et nord-ouest du Mali depuis la libération de Kidal et le racisme d’État en Mauritanie sont à analyser dans le contexte de l’actuelle seconde phase de libération nationale en Afrique du point de vue des processus internes aux États multinationaux et de la solidarité panafricaine.
Les impérialistes n’ont jamais cessé d’instrumentaliser les contradictions réelles mais secondaires entre panarabisme, voire panislamisme et panafricanisme et/ou panégrisme pour diviser et régner sur tous. Ainsi face à la montée des critiques et exigences des réparations contre les crimes contre l’humanité que sont la traite des noirs, l’esclavage transatlantique du capitalisme impérialiste françafricain, eurafricain et usafricain, voilà que pullulent et sont médiatisés des ouvrages, des études académiques sur « la traite et l’esclavage transsaharien ».
Les années 79/80 avaient vu pulluler et médiatiser les « Moudjahids Afghans » contre le Communisme soviétique puis l’apologie du « tourisme du désert » avec le « Paris-Dakar » et les enturbannés « hommes bleus de désert » avant le revirement à 180 degrés vers la « lutte contre le terrorisme » en application des théories « du choc, des guerres des religions, des cultures, des civilisations » dans un contexte d’application mondialisée de la pensée unique libérale résumée par la formule « there is no alternativ ».
Comment éviter dans cette seconde phase de libération les pièges diviseurs de l’impérialisme et régler les contradictions réelles mais secondaires au sein du front de libération nationale, panafricain et internationaliste des luttes des peuples d’Afrique ?
Comme l’explique les Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM), « c’est en novembre 1946 que commence la construction politique… Les Mauritaniens sont appelés à voter pour élire leurs représentants : un député à l’Assemblée nationale française, un sénateur et un conseiller au Grand Conseil de l’Union de l’Afrique de l’Ouest. Ces élections symbolisaient le début d’une individualisation politique et territoriale par rapport au Sénégal » (Site des FLAM). En effet, « En 1945, l’annonce des prochaines élections avait suscité des hostilités entre Maures et Noirs. Les documents d’archives (Sous – série 2 G 45 : 134, Archives Nationales du Sénégal) indiquent cette unanimité chez les Maures que « le représentant de la Mauritanie ne saurait être un Noir »; et qu’ils commençaient à manifester une volonté de renouer avec le monde Arabe, évoquant un « éveil de la race Maure …… et le désir d’être rattachés de fait au Maroc ». Les Noirs de la vallée du Fleuve Sénégal et du Hodh, qui se sentaient très attachés à leurs frères de sang du Sénégal et du Soudan (actuel Mali), estimaient que « seule une candidature européenne pourrait partager les voix en Mauritanie » (idem).
La Mauritanie est donc une création coloniale française pour éviter « un grand Makhzen marocain » qui s’étendrait jusqu’à la frontière avec la colonie du Sénégal. Création coloniale d’un État tampon soutenue par l’élite politique néocoloniale sénégalaise attestée par le fait que « Horma Ould Babana, interprète, engagé en politique en 1944 en adhérant au Bloc Africain de Lamine Guèye et L.S. Senghor. Ce parti, affilié à la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO)... A l’occasion de la campagne électorale d’août 1946, Lamine Guèye et Senghor parcoururent toute la vallée, et partout ils présentèrent Horma comme un chérif, un descendant du Prophète à qui devrait revenir de fait la députation d’un territoire dont les habitants sont des musulmans » (idem).
C’est ainsi qu’en 1960 naissait l’État Mauritanien rassemblant trois grandes nationalités : au nord les Maures Beydanes, les Haratines des noirs esclaves des Maures arabo-berbères et au sud les Puulars, les Soninkés, les Wolofs et les Mandés. Ainsi « Le 28 novembre 1960, notre pays accède à l’indépendance nationale avec d’importantes réserves de cuivre et de fer surtout. Le minerai de fer de Fort – Gouraud (Zouerate) était estimé à 100 millions de tonnes d’un minerai titrant de 63 à 67% de fer, exploité par la société Française des Mines de Fer de Mauritanie (MIFERMA) dont l’État Français était actionnaire principal depuis juin 1952. Quant au cuivre d’Akjoujt, il est exploité par la Société Française des Mines de cuivre d’Akjoujt (MICUMA) depuis 1953 » (idem).
Cet État néocolonial s’est très vite érigé en État Beydane oppresseur des autres nationalités mauritaniennes par le maintien du statut d’esclaves des Haratines noirs et par l’arabisation forcée imposée aux noirs du sud.
Consécutive à l’intégration renforcée de la néo-colonie mauritanienne dans la « mondialisation libérale » par le biais des recettes libérales du FMI et de la Banque mondiale est lancée la « réforme foncière » de 1983 dont les FLAM disent : « Après avoir accaparé le pouvoir politique (voir Manifeste du négro-mauritanien opprimé) et étendu sa domination sur le plan culturel (arabisation presque totale du pays au mépris de l’identité culturelle des Négro-africains), il ne lui restait plus, compte tenu des perspectives alléchantes de l’après barrage, qu’à exproprier les paysans noirs de la vallée de leurs terres. C’est à cette fin qu’à été édictée l’ordonnance 83 127 du 5 juin 1983 » (idem). En effet, « Derrière ces motivations apparemment pertinentes, se cache un objectif, déjà appréhendé par le Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé d’avril 1986 : – Procurer aux hommes d’affaires Beydanes du Système une nouvelle source d’enrichissement, confortant ainsi leur emprise sur tous les secteurs de la vie économique et, corrélativement, empêcher l’émergence d’une bourgeoisie agraire noire dont la puissance financière aurait remis en cause la suprématie politique des maures blancs. – Susciter des contradictions au sein de la communauté noire du pays en orientant les revendications économiques et sociales des Harmonies, par ailleurs légitimes, vers les terres du waalo. Ce dernier objectif a d’ailleurs été provisoirement atteint par la déportation au Sénégal et au Mali de villages entiers de la vallée et le remplacement, sur ces mêmes villages, des paysans Haal-pulaar, Soninké et Wolof par des Haratines » (idem).
Cette réforme foncière a été engendrée par les besoins de la bourgeoisie bureaucratique Beydane de se convertir en propriétaires terriens le long du fleuve Sénégal utilisant comme main d’œuvre taillable et corvéable à merci des Haratines Maures noirs sous prétexte de la « mise en valeur individualisée de terres mortes, vacantes, etc du waalo (terres de décrues) ou du jeeri (hautes terres éloignées) ». L’appropriation étatique du foncier est ainsi un moyen d’expropriation et de redistribution raciste des terres agricoles du sud.
L’oppression raciste de l’État Beydane a été aussi combattue par les Haratines organisés dans un mouvement anti-esclavagiste dénommé El Hor (Liberté) qui, à l’occasion de ses 40 ans, déclarait : « Oui, il y a plus de quarante ans que les pères fondateurs de la lutte inlassable et juste contre le plus vil et le plus abject des maux qu’ait connu l’humanité toute entière ont mis sur pied EL HOR, ce cadre pacifique mais ferme et courageux... De la fameuse loi dite loi Haidalla, avec ses défauts et ses insuffisances, cette première reconnaissance officielle et sans ambages de la pratique de l’esclavage, ... pour arriver à la célèbre et courageuse loi discriminant et pénalisant l’esclavage en 2007 et puis celle de 2015 complétant cette dernière et caractérisant davantage le délit et le portant au degré de crime contre l’humanité, des progrès ont été réalisés, comme la création de département au sommet de la pyramide étatique, des institutions publiques et judiciaires auxquelles il a été confié le traitement de ce mal…
Quand au XXIème siècle encore, on se garde d’appeler le chat par son nom pour se donner bonne conscience, en tournant le dos à ses engagements envers ses partenaires, militants des droits de l’homme nationaux et envers la communauté internationale, il nous est permis de douter de la sincérité de nos dirigeants à s’adonner à une réelle lutte contre le phénomène. Les lois élaborées, la feuille de route largement diffusée puis corrigée et adoptée, la volonté politique affichée et criée sur tous les toits, si tout cela se résume à de la poudre aux yeux, l’avenir de la Mauritanie ne peut qu’être sombre et précaire…
Nous militants d’EL HOR, auteurs de cette déclaration, exprimons à l’occasion de cette auguste et mémorable journée :
- notre regret par rapport à certaines attitudes négationnistes, réactionnaires et réfractaires à toutes actions visant à faire avancer notre pays dans la solution du phénomène anachronique de l’esclavage et autres maux sociaux gangrenant notre tissu social d’où qu’elles viennent ;
- notre rejet énergique de l’hypocrisie érigée en méthodes et moyens d’anéantir toutes tentatives internes ou externes d’éradiquer cette tare d’un autre temps ;
- notre peur de voir la lutte pacifique que nous avions toujours menée supplantée par une autre aux contours et contenus imprévisibles du fait de la gestion très en-deçà et parfois en contradiction parfaite avec nos attentes et celles de toutes les victimes et défenseurs des droits de l’homme ;
- notre volonté sans faille de collaborer avec toutes les volontés soucieuses d’œuvrer en vue de dépasser de façon juste, constructive et patriotique cette tare dans les faits, gestes, paroles et mentalités.
Que vive EL HOR et ses vaillants militants et militantes ! Que vive la Mauritanie, comme pays de droit, démocratique, unie et indivisible dans la paix, la prospérité, la concorde, la complémentarité et la compréhension bénéfiques entre ses diverses et riches composantes ! Qui sème le vent ne récolte que la tempête mais qui sème le bien ne récolte que l’amour ! » (Déclaration d’El Hor, 5 mars 2019).
De la période coloniale à l’actuelle période néocoloniale, le peuple Mauritanien a lutté pour l’indépendance puis pour l’égalité des droits entre toutes les nationalités qui composent ce pays né, comme les autres États, de la double balkanisation de l’Afrique : le partage de Berlin de 1884/85 et la « loi cadre » de 1956 qui a porté un coup diviseur décisif au projet initial d’indépendance dans l’unité de l’ex-AOF du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) puis du Parti Africain de l’Indépendance (PAI).
La Mauritanie tout comme le Soudan sont des pays trait d’union entre les deux Afriques du nord et du sud. Il en est de même du Tchad, du Mali et du Niger.
La question nationale est au fond une question agraire, donc une question paysanne (au sens de la campagne, de la ruralité) qui pose la question fondamentale de l’égalité citoyenne entre toutes les nationalités des États multinationaux.
En Mauritanie, c’est l’unité des nationalités opprimées Haratines, Pulaars, Soninkés, Wolofs, Mandés soutenue par les démocrates Beydanes qui est la clef pour ouvrir la porte d’une Mauritanie dé-esclavagisée et dé-racisée et d’un panafricanisme fondé sur l’union libre des peuples libres du nord au sud et de l’est à l’ouest de notre cher continent berceau de l’humanité.
31/08/24