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24 avril 2025
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LE FRANC CFA NE VA PAS PORTER NOTRE DÉVELOPPEMENT…
L'EXPERT EN DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL RENÉ LAKE : UNE MONNAIE DÉCONNECTÉE DES RÉALITÉS DE L’ÉCONOMIE NATIONALE TUE LE DYNAMISME INTERNE NÉCESSAIRE À LA CROISSANCE
Alors que des voix en Afrique s'élèvent de plus en plus pour demander la suppression du franc CFA, SenePlus.com a décidé de publier une interview de René Lake réaliséée par le magazine RÉUSSIR et déjà publiée il y trois ans, le 25 janvier 2014.
Depuis Washington où il réside depuis plus 20 ans, notre compatriote René Lake soutient que si notre objectif est de développer le Sénégal par la croissance économique, cela ne pourra pas se faire dans la Zone franc.
Vous soutenez la nécessité pour le Sénégal et les pays de la région de sortir de la Zone franc. Pourquoi ?
J'ai envie de vous répondre par une question : qu'est-ce que la parité fixe du Cfa avec le franc français, et maintenant avec l'euro, a-t-elle rapporté au Sénégal et aux pays de la Zone franc ? Pas grand-chose, à part la garantie de la convertibilité qui n'est pas essentielle dans notre problématique de développement. Ma perspective est celle d’un développement durable et non d’une dépendance économique perpétuelle, basée sur une supposée “coopération internationale”.
Le Franc CFA, du fait de sa parité fixe avec l'euro, facilite les importations. C’est un avantage en particulier pour l'élite africaine qui a des besoins de consommation extravertis. Cela n'apporte rien à la création de richesses au plan intérieur. Au contraire, cela rend les coûts des produits locaux bien plus élevés qu'ils ne devraient l'être pour être compétitifs au plan national et à l’international.
Une monnaie nationale ne serait-elle pas trop faible ?
Une monnaie faible n’est pas, en soi, un problème. Bien souvent, c’est une grande opportunité surtout si l’on veut stimuler les investissements venant de l’étranger. Les Etats-Unis, sous Bush, ont bénéficié de la faiblesse du dollar pour financer l’effort de guerre et maintenir l'expansion de leur économie.
La Chine ne cesse de profiter de sa monnaie faible au point que les Usa et l’Europe sont en train de leur mettre une pression terrible pour qu’ils réévaluent le Yuan. À contrario, l’euro trop fort est un handicap majeur pour les économies européennes, sauf l’Allemagne, la seule à pouvoir supporter son taux élevé de change sur le marché monétaire international, voire y tirer un réel avantage.
Vous pensez qu'une monnaie locale ou régionale va booster l'économie des pays de la Zone CFA ?
Le dynamisme du marché intérieur se crée par des réformes. D’abord, il faut une monnaie qui corresponde à la réalité du marché intérieur ; puis, réformer les lois sur le domaine national pour permettre une monétarisation de la terre par le biais des titres fonciers. Cela permettra aux paysans et grands fermiers d’accéder au crédit bancaire pour s’équiper et exploiter la terre.
Après la dévaluation du FCFA, nos marchés internes n’ont jamais été aussi dynamiques. Nous avons battu tous les records de croissance. C'est la preuve qu'une monnaie, déconnectée des réalités de l’économie nationale, tue le dynamisme interne. Comment voulez-vous qu'une monnaie d'un pays pauvre soit arrimée à une autre monnaie d’un pays développé et que cela soit favorable à la création de richesses ? Franchement, il s'agit là d'une question de bon sens…
Un avantage au maintien dans la Zone franc est la rigueur dans la politique monétaire que nous impose l'existence du franc Cfa. Qu'en pensez-vous ?
Une monnaie nationale ou régionale, gérée par un ou des gouvernements responsables et engagés dans la bonne gouvernance politique et économique, permet d’utiliser la planche à billets pour stimuler l’économie, dans certaines situations. C’est ce qu’Obama et, avant lui, Bush ont fait pour relancer l'économie américaine et maintenir des taux d'intérêt très bas pour stimuler les investissements, renforcer la production et accroître les exportations. De même, François Hollande fait des propositions audacieuses dans le contexte de l'UE, sur la Banque centrale européenne.
Sans un contrôle des mécanismes d’émission monétaire, on se prive d’un instrument financier essentiel au développement. C’est comme si une entreprise voulait se développer sans accès au crédit.
Il faut donc se débarrasser du FCFA au plus vite ?
Oui ! Pour enfin valoriser la production locale et créer de la richesse intérieure. Les investissements venant de l’extérieur (y compris de la Diaspora) vont se multiplier et il n’y aura pas de limite aux opportunités d’investissements. Il n’y a rien de nouveau dans mon propos. C’est une question de bon sens, basé sur l’expérience des autres. Je ne connais aucune économie au monde, viable et qui soit basée uniquement sur la capacité d’importation du pays. Le seul véritable avantage du FCFA, c’est faciliter les importations et c’est bien là le problème ! Une économie de croissance ne peut pas être centrée autour d'une politique d'importation.
NON AU FRANC CFA!
Une manifestation contre cette monnaie héritée de la période coloniale est prévue ce samedi à travers plusieurs capitales du continent et d’Europe
Abidjan, 6 jan 2017 (AFP) -- Une manifestation contre le franc CFA, une monnaie commune à 15 pays francophones d’Afrique de l’ouest et du centre, est prévue samedi à travers plusieurs capitales du continent et d’Europe, ont annoncé vendredi les organisateurs dans un communiqué.
"Les panafricains organisent pour la première fois, de Paris à Dakar en passant par Abidjan, Ouidah, Londres et Bruxelles, une journée internationale de mobilisation sur le thème du franc CFA et la nécessité de se défaire de cette monnaie postcoloniale", selon le communiqué transmis à l’AFP à Abidjan.
Les organisateurs qualifient l’événement de "mobilisation inédite et historique" et expliquent aussi que le "front contre le franc des Colonies Françaises d’Afrique (CFA)" se fera à travers des conférences pour dénoncer "les effets pervers de cette monnaie postcoloniale" et réclamer "la fin de la servitude monétaire".
Le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao), l’Ivoirien Tiémoko Koné Meyliet avait affirmé le 23 novembre dernier que le franc CFA "pouvait continuer à servir les économies" des 15 pays qui l’utilisent, rejetant les critiques sur son caractère "désuet".
Créée en 1939, la zone Franc est un espace économique et monétaire d’Afrique subsaharienne, où vivent 155 millions d’habitants. Elle comprend 14 pays d’Afrique subsaharienne (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, Centrafrique et Tchad). Le quinzième membre est l’archipel des Comores.
La monnaie commune à cette zone est depuis 1945 le "franc CFA", qui signifie "franc de la communauté financière africaine" dans l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine) et "franc de la coopération financière en Afrique centrale" dans la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale).
Le "CFA", autrefois arrimé au franc français, dispose d’une parité fixe avec l’euro. Ce lien fort est considéré par beaucoup comme un gage de stabilité.
LENA GUEYE, LA NOUVELLE FRAISE DU LION DE GUEDIAWAYE
Balla Gaye 2 prend de court ses nombreux fans qui se focalisent sur un montage éventuel de son combat contre gris Bordeaux. En effet, les imams de la mosquée de ouest Foire ont scellé hier son mariage avec la belle et séduisante Léna Guèye.
Exit Boury Bathily. Léna Guèye a réussi à déchirer le coeur de l’ancien Roi des arènes. Ce dernier a fini par perdre la tête devant cette belle nymphe qui tournerait la tête de plus d’un homme. Balla Gaye 2 a fini par demander la main de Léna malgré ses problèmes conjugaux avec sa dulcinée Boury Bathily.
Hier, Balla Gaye et Léna Guèye de la série Mbettel qui passe sur la RTS se sont dit oui. Terrassé par la beauté de cette fraise si juteuse, Balla Gaye 2 a ainsi craqué. Devant les hommes, le mariage a été scellé, pour le meilleur et pour le pire. L’ancien Roi des arènes qui n’a plus noué son nguimb depuis sa défaite contre Eumeu Sène le 5 avril 2015 a défrayé la chronique ces derniers jours avec son ancienne épouse Boury Bathily avec qui il est en instance de divorce. Maintenant qu’il a réussi à mettre la corde sur Léna Guèye, Balla Gaye 2 devrait pouvoir se consacrer tranquillement à sa préparation.
Son retour est fortement attendu cette semaine. Sachant qu’il n’a plus droit à l’erreur sur le plan sportif, son prochain combat sera celui de tous les dangers. Une troisième défaite successive pourrait avoir des conséquences désastreuses sur sa carrière.
SADIO MANÉ DANS LE TRIO DE TÊTE
L’attaquant sénégalais de Liverpool en troisième position du classement du Ballon d'Or
Dakar, 22 dé (APS) – Sadio Mané, l’attaquant sénégalais de Liverpool (élite anglaise), figure parmi les joueurs désignés par un jury mis en place par la Confédération africaine de football (CAF) pour décerner le Ballon d’or africain 2016.
L’attaquant sénégalais, l’Algérien Riyad Mahrez et le Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang (Dortmund, Allemagne) sont arrivés en tête du vote des sélectionneurs ou directeurs techniques nationaux des associations nationales affiliées à la CAF, du Comité des médias, du comité technique et du comité de football, ainsi que d’un groupe d’experts des médias
Pierre-Emerick Aubameyang avait été élu meilleur footballeur africain 2015.
Pour le joueur africain de l’année (basé en Afrique), le gardien de but ougandais est en lice avec l’attaquant zimbabwéen, Khama Billiat, et le milieu de terrain zambien, Rainford Kalaba.
Les lauréats seront connus le 5 janvier prochain lors d’un gala prévu à Abuja, au Nigeria.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS BOUBACAR BORIS DIOP
MACKY, QUE CHERCHE-T-IL ?
EXCLUSIF SENEPLUS - A la différence de Wade qui nous avait tous rendus un peu fous par ses provocations répétées, Macky Sall a réussi à endormir le pays en donnant à tous ceux qui auraient pu l’importuner une excellente raison de se taire
PROPOS RECUEILLIS PAR FRÉDÉRIC ATAYODI DE SENEPLUS |
Publication 05/01/2017
Suite à une série de meurtres au Sénégal, le débat sur la peine de mort a refait surface dans l’espace public. Que vous inspire ce débat ?
Ces meurtres ont été parfois si atroces qu’il est normal que l’opinion s’en soit émue même si une aussi forte réaction prouve, paradoxalement, que Dakar n’est ni Johannesburg ni Mexico. Cela dit, il est beaucoup trop simpliste de prétendre qu’il suffirait de tuer les criminels pour en finir avec de tels drames. Les arguments classiques contre la peine de mort ont été rappelés et je me contenterai d’insister sur l’un d’eux, le plus décisif à mes yeux : le risque de tuer des innocents au nom de la loi. Toutes les études laissent apparaître de ce point de vue une réalité effarante. Aux Etats-Unis les tests ADN font souvent libérer in extremis des condamnés à mort et en trente ans, 150 personnes y ont été exécutées puis finalement… disculpées. Que je sache, le système judiciaire sénégalais n’est pas plus performant que celui de l’Amérique, nous allons nous aussi commettre l’irréparable. Et pour être franc, ce débat me paraît quasi surréaliste dans un pays où seuls deux condamnés ont été fusillés en soixante ans d’indépendance... Le dernier, Moustapha Lô, l’a été en 1967. En somme, alors qu’il ne s’est rien passé pendant un demi-siècle, des voix se sont soudain élevées de partout pour exiger que soit rétabli un châtiment aboli depuis 2004. Beaucoup de nos compatriotes sont sincèrement convaincus du pouvoir dissuasif de la peine capitale, s’ils la proposent c’est plus par souci de notre sécurité collective que par goût du sang. Malgré tout le respect que l’on peut avoir pour cette opinion, je tiens à souligner à quel point elle me paraît dangereuse. La logique du ‘yaka’’, peu soucieuse de la complexité des phénomènes sociaux, conduit souvent au désastre. Mieux vaut travailler sur les causes au lieu de se laisser fasciner par les effets. Il se pourrait bien aussi que ce débat en cache un autre. Derrière ce qui se présente comme une suggestion ponctuelle, se profile un projet de réforme sociale bien plus vaste et ambitieux. Il n’y a aucune raison de remettre en question sa légitimité mais peut-être faut-il savoir raison garder. À force de vouloir enjamber ses repères, on risque de se retrouver face au vide.
"DANS UNE SOCIÉTÉ SI HABITUÉE À SE MENTIR À ELLE-MÊME ET OÙ TOUT LE MONDE CHERCHE DES RACCOURCIS, C'EST LA RECETTE IDÉALE POUR L'HORREUR"
Pensez-vous que le fait que l'une des victimes était un membre de l'APR, le parti de Macky Sall, à participer à amplifier le débat ?
Très certainement mais il me semble qu’au-delà de cet aspect partisan les Sénégalais ont surtout été choqués par le fait que la victime et son présumé assassin entretenaient des relations de confiance et d’affection. Chacun s’est senti interpellé car chez nous les inégalités sont « absorbées» voire occultées par ce type de lien. Et comment ne pas parler du mobile ? Après tout, c’est aussi l’histoire pathétique d’un jeune homme qui veut se marier sans en avoir les moyens… Dans une société si habituée à se mentir à elle-même et où tout le monde cherche des raccourcis, c’est la recette idéale pour l’horreur.
Quel bilan dressez-vous du magistère de Macky Sall et quelles sont ses chances de rempiler en 2019 ?
À mon humble avis, il n’y a aucun souci à se faire pour l’actuel président. Au train où vont les choses, je ne vois pas qui peut l’empêcher de se succéder à lui-même. Il n’a de toute façon que cela en tête et pour ce qui est de la politique politicienne, il a été à bonne école. Il a sans doute même amélioré la méthode de son maître à penser. Dans la gestion des biens publics, Wade, c’était le fameux « Mamadou bitike » immortalisé par la chanson, ce flambeur si généreux avec l’argent des propriétaires de son magasin. Macky Sall, lui, ferait plutôt penser au discret boutiquier du coin sur qui chacun sait pouvoir compter en cas de coup dur. Il aide à faire bouillir la marmite, est informé de ce qui se passe dans chaque famille et d’une certaine façon contrôle la vie du quartier. C’est ainsi qu’à la différence de Wade qui nous avait tous rendus un peu fous par ses provocations répétées, Macky Sall à réussi à endormir le pays en donnant à tous ceux qui auraient pu l’importuner une excellente raison de se taire. Il a surtout l’habileté de ne pas attendre d’eux des louanges : leur silence lui suffit. Le système fonctionne à merveille parce que notre société est comme plongée dans une douce torpeur. Le lion, lui, ne dort que d'un œil, contrairement à ce qu'il a voulu nous faire croire. Mais au final le réveil pourrait être brutal pour tout le monde.
Macky était attendu principalement sur la bonne gouvernance. Pensez-vous qu'il est à la hauteur de cette ambition populaire ?
Il est vrai qu’il y a moins de scandales financiers que sous son prédécesseur, l’on ne parle plus à longueur de journée de milliards dilapidés à tout va. En outre, de ne presque plus entendre le mot ‘’délestage’’, ça fait du bien, quoi qu’on dise. Le profane que je suis est certes impressionné par les nombreux chantiers et projets d’infrastructures mais ils donnent parfois l’impression que pour nos dirigeants le pays se réduit à ses grands centres urbains, voire à sa capitale. Il n’en reste pas moins que faute d’une vision sur le long terme les engagements du candidat Sall n’ont pas tardé à mourir de leur belle mort. On l’a bien vu avec l’affaire Karim Wade et avec la crise à l’Ofnac. On peut quand même dire aujourd’hui que tout le cirque à propos des biens mal acquis, c’était une machine de guerre contre la famille Wade et contre ceux qui au PDS hésitaient à rendre les armes. Ayant également promis de réduire le train de vie de l’Etat, Sall supprime le Sénat parce que ça fait bien puis crée d’autres institutions complètement bidon, parce qu’il faut bien placer Djibo Kâ, Tanor Dieng et, dans la foulée, une nombreuse clientèle politique.
Venons en à la politique étrangère de Macky Sall. Vous paraît-elle cohérente ? ll semble aller dans tous les sens et s'impliquer dans presque tout.
C’est ce que l’on pourrait peut-être appeler les mystères de sa politique étrangère. Il a par exemple été sur le point de projeter au Yemen 2100 soldats de la modeste armée sénégalaise. Il prétendait ainsi combattre en notre nom une rebellion Houtie dont aucun d’entre nous n’avait entendu parler auparavant. Il n’est pas non plus facile d’expliquer pourquoi c’est le Sénégal qui doit remettre sur le tapis le délicat dossier du Sahara Occidental. Nous avons également accepté d’héberger deux ex-détenus Libyens de Guantanamo que les Américains avaient cherché en vain à ‘’caser’’ dans d’autres pays africains. Et quand il s’est agi de libérer Karim Wade, citoyen sénégalais condamné par les tribunaux sénégalais, il a fallu traiter en secret avec l’Emir du Qatar ! On pourrait de même parler de cet accord militaire signé en mai dernier avec les Etats-Unis et dont la vraie nature n’échappe à personne. Quant à la récente affaire de la résolution du Conseil de sécurité sur les colonies juives dans les territoires occupés, ultime cadeau à Obama, elle ne va sûrement pas faciliter le dialogue avec l’administration Trump. Au final et sans que ce soit il est vrai toujours de la faute de Macky Sall, notre pays est en delicatesse avec l’Iran, l’Algérie, Israël et la Turquie. Que la situation soit tendue avec Banjul et Nouakchott, cela peut s’expliquer même si on doit s’en désoler mais notre profonde implication dans certains dossiers, dangereux et d’une complexité inouie, à mille lieues de l’Afrique subsaharienne, cela reste une énigme.
"LE VIEUX NÈGRE ET LA MÉDAILLE"
Macky Sall semblait être aux anges durant sa visite officielle à Paris. Cela ne vous a-t-il pas un peu surpris ?
Ici aussi nous sommes au moins en terrain connu, celui de nos relations avec la France. À propos de cette équipée parisienne, Mame Less Camara a très justement évoqué ‘’Le vieux Nègre et la médaille’’ de Ferdinand Oyono. Moi je me souviens que gamin à la Medina nous chambrions nos copains mauritaniens en détournant leur hymne national : « Ould Daddah dem na Paris ! » Ces jours-ci on a été, avec tout le tapage autour de la visite d’Etat de Macky Sall en France, dans quelque chose d’aussi risible et puéril. On me dira : ‘’Nous sommes en politique et il faut ce qu’il faut, Macky a réussi un joli coup.’’ Cela est bien possible mais je suis loin d’en être sûr.. Je suppose d’ailleurs que l’intéressé n’a été dupe à aucun moment mais au final le malaise est là : personne n’a envie de voir son président traité de haut par un de ses homologues étrangers. C’est très bien d’être reçu avec faste à l’Elysée mais si cela vous gonfle si manifestement de fierté il y a un problème et cela devient embarrassant pour votre propre peuple.
Et l’accueil par une ministre...
Non, cela ne m’a pas trop dérangé. Je pense au contraire que cette affaire n’aurait pas dû susciter un tel tollé. Je ne me souviens en effet pas d’avoir déjà vu Hollande ou un autre président français accueillir un de ses homologues à Roissy ou à Orly. Il est vrai que quand l’Angolais Dos Santos lui a dépêché un ministre à l’aéroport de Luanda, le même François Hollande l’a vécu comme une grosse humiliation… Bon, ce sont les contradictions d’un politicien qui, rappelons-le au passage, ne compte plus de toute façon chez lui.
Sans en avoir l'air, il apparaît que Macky Sall a renforcé les intérêts de la France au Sénégal. Etonnant, non ?
Dans le dispositif de la Françafrique le Sénégal a toujours eu une place un peu spéciale, celle d’un pays dont les élites ont été plus que partout ailleurs formatées par la France. En outre - on s’en rend mieux compte à présent - la Françafrique mafieuse des Bongo et Cie n’a jamais vraiment attiré Senghor et Diouf. Le manque de ressources naturelles nous confinait au rôle de sentinelle de la francophonie, un rôle assumé avec zèle, comme chacun sait, par nos deux premiers présidents. Aujourd’hui qu’on a découvert du gaz et du pétrole en quantité chez nous, la volonté de reprise en main est nette. La manifestation publique d’intérêt de Valls pour ces réserves de gaz et de pétrole avait le mérite de la franchise, elle réaffirmait une sorte de ‘’privilège historique’’ de la France à exploiter nos ressources. De fait, on n’a jamais aussi lourdement senti sa présence dans notre économie. On voit se déployer partout les enseignes de ses multinationales mais aussi celles de compagnies plus modestes qui pourraient, si l’on n’y met vite bon ordre, menacer jusqu’au petit commerce national. Au début de son mandat, Macky a essayé de se donner un peu d’air en traitant avec la Turquie, la Chine, le Maroc, le Brésil etc. Le schéma n’est pas totalement remis en cause mais Paris a vite fait de montrer que lorsqu’il s’agit de son « pré carré » - autrement appelé « les pays du champ » - la Chine et elle ne boxent pas, pour ainsi dire, dans la même catégorie.
"LA FRANCE EST UN PAYS EN DÉCLIN, ELLE SE SAIT EN FIN DE PARCOURS SUR LE CONTINENT AFRICAIN"
Justement du fait de la réalité historique dont vous parlez, l'Etat sénégalais a-t-il vraiment une marge de manœuvre ?
Elle peut sembler de plus en plus réduite mais je suis plutôt optimiste, ce ne sont là que les apparences. La France est un pays en déclin, elle se sait en fin de parcours sur le continent africain. Même si sa capacité de nuisance demeure réelle, nous sommes loin de l’époque où elle pouvait par un petit putsch militaire de derrière les fagots changer radicalement la donne à Bangui, Ndjaména, Niamey ou ailleurs. En d’autres temps Sarkozy n’aurait pas eu à sortir le grand jeu pour se débarrasser de Gbagbo. En vérité les certitudes d’antan ont été balayées par la globalisation. Juste un exemple, ici. Avant la visite d’Etat de Macky Sall dans leur pays, les officiels français ont défilé à Dakar : sept ministres en quatre mois, comme l’a rappelé l’ambassadeur Bigot. Il n’y a pourtant pas de quoi s’exciter, car cela veut dire que la France doit désormais mouiller le maillot pour décrocher des contrats au Sénégal et aider par la même occasion des entreprises comme Alsthom à garder la tête hors de l’eau. Cela ne signifie pas que la partie est terminée, loin s’en faut. Paris va se cramponner à l’Afrique francophone avec l’énergie du désespoir parce que celle-ci est en quelque sorte son bâton de vieillesse.
Mais ne pensez-vous pas que l’ancienneté de ces relations avec l'Afrique est quelque part un atout pour la France par rapport à ses rivaux ?
C’est ce qui se dit ici et là mais peut-être ne faudrait-il pas aller trop vite en besogne. Nous parlons d’un lourd passé colonial, ces relations charrient donc beaucoup de rancœur. Celle-ci s’exprime du reste si fréquemment de nos jours que l’on peut parler d’un sentiment anti-français diffus et marginal mais que l’on aurait tort de sous-estimer. Pensez donc : dès qu’une entreprise française remporte un marché, on lui jette à la figure les horreurs de la colonisation ! Ça ne sera pas tenable, à la longue. Ce n’est pas non plus un hasard si la mobilisation contre le franc CFA a pris une telle ampleur, avec l’adoption d’une date-repère de protestation, le 7 janvier, dans tous les pays concernés. Macky Sall a même cru devoir défendre le CFA sous le regard suspicieux de Hollande. Ce n’était sûrement pas l’endroit le plus indiqué pour un tel plaidoyer et tout le monde a bien perçu la gêne présidentielle. Il n’avait sans doute pas le choix mais nous sommes déjà en train de sortir de cette époque où un chef d’Etat sénégalais n’a d’autre choix que d’en passer par où veut l’Elysée. Ce n’est bien sûr pas demain la veille, cela pourrait encore prendre une ou deux décennies mais je crois que cette logique d’émancipation est irréversible.
LA UNE DU QUOTIDIEN DE CE JEUDI
MAME MBAYE NIANG OBTIENT LA TETE DE JEAN PIERRE SENGHOR
Depuis hier, le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) a tourné la page Jean Pierre Senghor. En effet, le ministre de la Jeunesse, de l’emploi et de la construction citoyenne, Mame Mbaye Niang, a obtenu la tête du coordonnateur national du Prodac, hier en Conseil des ministres. Un limogeage qui suscite moult interrogations.
Jean Pierre Senghor n’est plus le coordonnateur national du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac). La décision a été prise hier lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. Mamina Daffé, biologiste, titulaire d’un Dess en aquaculture, qui était précédemment Directeur technique du Prodac, remplace au poste de coordonnateur national de la même structure, Jean Pierre Senghor, qui est «appelé à d’autres fonctions». Sur la même lancée de nominations au Prodac, il faut aussi retenir celle de Abdoulaye Seydou Sow, Administrateur civil, comme président du Conseil d’orientation de la même entité. Le limogeage contre toute attente de celui qui a porté depuis sa nomination, le 23 juillet 2014, ce programme si cher au chef de l’Etat suscite des interrogations. Qu’est-ce qui a dû pousser la tutelle du Prodac – le ministre de la Jeunesse Mame Mbaye Niang – à se débarrasser du coordonnateur national de ce programme, au moment où la structure est en pleine phase d’expérimentation des domaines agricoles communautaires dans diverses localités du pays profond ? Les domaines agricoles communautaires d’Itato dans la région de Kédougou, de Séfa dans la région de Sédhiou, de Keur Samba Kane dans la région de Diourbel et tout prochainement celui de Sangalkam, entre autres, l’illustrent à souhait.
La courbe empruntée par le Prodac n’était pas mauvaise. La preuve aussi avec les nombreux financements à coup de plusieurs dizaines de milliards de francs Cfa obtenus auprès de plusieurs bailleurs de fonds dont la Banque islamique de développement (Bid). Les questionnements ne s’estompent pas pour autant. Le Prodac n’a-t-il pas fini de susciter des convoitises au niveau de certaines sphères insoupçonnées de l’Etat ? Toujours est-il que de nombreuses zones d’ombre entourent ce limogeage du coordonnateur national du Programme des domaines agricoles communautaires.
VIDEO
MULTIPLE PHOTOS
LE HARGNEUX MARCHAND
À 105 ans, Robert Marchand, le plus vieux cycliste du monde continue de taquiner le vélo. Cette année encore, ce vieux-jeune, devenu célèbre grâce à sa passion, compte s'offrir un nouveau record. Toujours dans la gaieté et la bonne humeur
A 105 ans, le hargneux Robert Marchand, le plus vieux cycliste du monde, n'est pas prêt de sortir de la piste. Ce cycliste hors-pair, passionné de sa discipline, continue de participer à des compétitions avec des concurrents bien plus jeunes qu'il défie sans complexe aucun.
Cette année encore, ce vieux-jeune veut encore s’offrir un nouveau score. Sympathique et joyeux, il est adulé et applaudi par le public et ses concurrents.
Ces exploits en cyclisme en dépit de son grand âge, sont soutenus par l’activité physique intense combinée à une hygiène de vie saine et rigoureuse.
Le vieux Marchand qui ne jure que par le vélo, revoyez-le sur la piste dans la vidéo-ci-dessus.
C’est à croire que tout Dakar s’était donné rendez-vous au Grand bal de Youssou Ndour. Mais des gens venus faire la fête et qui avaient déjà payé leurs tickets étaient obligés de rebrousser chemin, car n’ayant pu accéder au Cices, lieu du spectacle. Et ceux qui ont pu le faire ont souffert. Mais à l’arrivée, le show a été assuré par le roi du Mbalax et son orchestre.
Une longue file de voitures, du rond-point principal du quartier Nord-Ford à celui de la Cité Sipres. Un embouteillage monstre sur la voie de dégagement nord (VDN) de 22h à 4h du matin. Des embouteillages, il y en avait aussi sur la voierie. Ceux qui avaient pris des taxis en sont descendus pour marcher. You a vraiment ‘’fermé’’ la VDN comme il l’avait promis.
Une foule immense a répondu à l’appel du roi incontestable du ‘’mbalax’’. Ce qui a rendu difficile voire impossible l’accès au lieu du spectacle. Tous tenaient quand même à y être, ticket à la main. Certains ont carrément défoncé les barrières de sécurité, à leurs risques et périls, pour entrer. D’autres ont escaladé les murs. On ne faisait plus la différence entre hommes et femmes, grandes dames et demoiselles, grands messieurs et ‘’bad boys’’, détenteurs de tickets Vip et de tickets simples. Tous s’y sont mis.
Les préposés à la sécurité étaient débordés. Ils n’ont rien pu faire pour contenir la meute qui était devant eux. Personne ne pouvait retenir la foule. Ainsi a commencé une série de bousculades, de disputes, de bagarres, etc. Face à cette situation, d’aucuns ont préféré rentrer chez eux, très déçus et très en colère. ‘’Je préfère revendre mon ticket et rentrer, c’est trop ça. Je ne pense même pas continuer. J’avais même du mal à ressortir du Cices’’, dit un spectateur sur un ton dépité.
Certains sont rentrés en revendant leurs billets. Des tickets de 10 000 F Cfa revendus à 15 000 F et des billets de 20 000 F Cfa cédés entre 25 000 et 30 000 F. Ceux qui achetaient à cette heure-là étaient véritablement courageux et sont des inconditionnels de You. Ils avaient en fait espoir que la foule se disperse pour qu’ils fassent leur entrée. ‘’J’ai revendu mon ticket à 15 000 ; là, je vais à la soirée de Wally Seck. Si ce n’est pas Jean, c’est Paul. C’est l’ambiance qui compte pour moi’’, dit une jeune fille sur un ton taquin. Elle n’a pas été la seule d’ailleurs car beaucoup de personnes ont quitté le Cices pour aller se défouler ailleurs.
‘’Yousou Ndour doit éviter ce genre de situations. Ce n’est pas la première fois qu’il organise son grand bal. Il savait bien que tout le monde n’allait pas y accéder. Il a vendu des milliers de tickets tout en étant conscient que l’espace aménagé était trop petit pour accueillir tout le monde. Ceux qui n’ont pas pu y accéder et qui ont leurs tickets sont beaucoup plus nombreux que ceux qui étaient déjà à l’intérieur‘’, rouspète Oumy Cissé accompagné de ses deux sœurs.
‘’Il n’a qu’à changer de lieu pour la tenue du Grand bal. Il peut le faire au stade mais pas à ici’’, fulmine une spectatrice désespérée. Mais de l’avis de Ndèye Awa Guèye, il est impensable de faire le Grand bal au stade car c’est trop grand et il y a certaines personnes qui ne pourront pas y aller. Ce qu’il devrait faire, c’est plutôt limiter le nombre de billets mis en vente. C’est mieux que de nous faire vivre cette situation. Ce n’est pas intéressant en fin de compte’’, a-t-elle suggéré.
Pour s’excuser du désagrément causé ou pour se racheter, Youssou Ndour donne rendez-vous à ses aficionados samedi prochain au même lieu pour un autre Grand bal. Comme pour dire à ceux qui ont raté la soirée du 1er janvier qu’ils auront le temps de se rattraper. ‘’Ce n’est pas pour rien qu’il propose de jouer samedi prochain. Comment peut-on acheter un billet à 10 000 F CFA ou à 20 000F CFA, se sacrifier pour venir et qu’on te dise que c’est plein. Rien que pour notre sécurité, on ne va pas entrer avec cette bousculade’’, dit un fan sur un air désolant.
Show assuré
Ceux qui ont pu accéder à l’espace où se tenait le concert ne l’ont pas regretté. Car le chanteur et par ailleurs ministre conseiller a assuré du début à la fin de la soirée, comme à ses habitudes, aux côtés de son jumeau Mbaye Dièye Faye. ‘’Birima’’, ‘’Amitié’’, ‘’Africa’’, ‘’Song Daan’’, ‘’Ndakarou’’, ‘’Xadialo’’, ‘’Money money’’, ‘’I love you’’, ‘’Mbeuguel’’, entre autres chansons résonnaient dans tout le Cices. Youssou Ndour était en pleine forme. Le public a aussi dansé sur les rythmes endiablés du Super étoile.
‘’Malgré la souffrance que j’ai endurée aujourd’hui, je serai encore là si c’est à refaire. Je suis un mélomane. J’ai assisté à beaucoup de concerts d’artistes ici au Sénégal mais ce que j’ai vu aujourd’hui, je ne l’ai jamais vu. Et malgré tout ce monde qui est là, chacun se défoule à sa façon et c’est comme si Youssou Ndour ne chantait que pour toi. C’est extraordinaire’’, nous dit un spectateur sur un ton sérieux.
Lui fait partie des chanceux. Il était non loin de la scène. Ceux qui étaient derrière n’ont pu faire la fête comme lui. De la désolation ou du dégoût se lisait sur bien de visages. En effet, au moment où certains se laissaient aller sur la scène, d’autres ruminaient leur colère. Toutes les personnes qui étaient derrière, un peu loin de la scène, n’ont pu voir ni le spectacle ni profiter des écrans géants qui étaient placés dans certains coins du Cices.
La ‘’bonne affaire’’ des vendeurs de sandales et des voleurs
Sapées comme jamais et hautes comme des girafes en arrivant ce 1er janvier au Grand Bal de Youssou Ndour, bien des femmes sont sorties du Cices avec des centimètres en moins. Il s’agit de celles qui ont oublié que des ballerines sont plus confortables lors d’évènements de ce genre. Certaines d’entre elles ont perdu un talon avant même d’accéder à l’esplanade du Cices où se tenait le premier grand spectacle de 2017.
D’autres étaient fatiguées de voir leurs pieds pétris par leurs chaussures. Elles ont alors vite oublié leurs fioritures. La coquetterie, elles n’en avaient cure. Elles ont commencé à enlever leurs chaussures. Mais marcher pieds nus n’est ni sain ni sûr. Heureusement qu’il y avait des vendeurs de sandales à côté. Des tapettes chèrement payées. La bonne affaire pour les businessmen. Profitant de la détresse de ces jeunes filles, ils leur ont vendu des sandales coûtant habituellement 500 F à 1 500 F Cfa ou même 2 000 F CFA.
D’autres que la bousculade et le nombre incalculable de personnes présentes au Cices ont ravi, ce sont les voleurs. Les téléphones portables et les porte-monnaies ne leur suffisaient plus. Ils repéraient les filles qui portaient des perruques et cheveux naturels pour les agresser. Il fallait voir le spectacle. Les perruques volaient comme par magie et des cris de détresse fusaient de partout. On passait de miss monde à la reine des moches en une fraction de secondes. Mais le Grand Bal de Youssou Ndour vaut bien plus qu’une messe.
RÉFUGIÉ AU SÉNÉGAL
DERNIÈRE MINUTE - Le président de la Commission électorale indépendante gambienne, Alieu Momar Njie craint pour sa sécurité,
Banjul (Gambie), 4 jan 2017 (AFP) - Le président de la Commission électorale indépendante (IEC) gambienne, Alieu Momar Njie, s'est réfugié au Sénégal voisin par crainte pour sa sécurité, a affirmé mardi soir à l'AFP un membre de sa famille.
Aucun commentaire n'a pu être obtenu de sources sénégalaises. L'AFP a tenté de joindre plusieurs membres de l'IEC jusque tard mardi soir, sans succès.
"Alieu Momar Njie a fui au Sénégal après avoir appris que les autorités gambiennes complotaient contre lui et son équipe", a déclaré ce membre de sa famille sous couvert d'anonymat. "Certains membres de son équipe sont
également partis pour le Sénégal", a-t-il ajouté, déclinant tout commentaire supplémentaire.
On ignorait quand M. Njie avait quitté la Gambie, avec qui, tout comme la nature des menaces à son encontre.
Selon des observateurs, cette fuite au Sénégal du chef de l'IEC pourrait constituer une pomme de discorde entre les deux pays, dont les relations ont toujours été compliquées. A l'exception d'une façade sur l'Atlantique, la
Gambie, ex-colonie britannique, est totalement enclavée dans le Sénégal francophone.
Cette annonce intervient alors que la Gambie est plongée dans une impasse politique après l'élection présidentielle du 1er décembre.
Le scrutin a été officiellement remporté par l'opposant Adama Barrow face à Yahya Jammeh, qui gouvernait sans partage depuis plus de 22 ans.
M. Jammeh avait d'abord reconnu le 2 décembre avoir été battu par M. Barrow, avant de rejeter le 9 décembre les résultats modifiés par l'IEC mais sans incidence sur l'issue du vote. Il a demandé l'annulation du scrutin à la
Cour suprême, qui doit examiner son recours le 10 janvier, soit neuf jours avant l'expiration de son mandat.
Alors que de nombreux pays et institutions le pressent à céder le pouvoir, M. Jammeh soutient que tant que la Cour n'a pas rendu sa décision, il demeurera à la tête du pays. Adama Barrow, lui, a indiqué qu'il se considèrera
président à compter du 19 janvier.
Selon les résultats révisés, Adama Barrow est élu avec 43,2% des voix (contre 45,5% initialement), Yahya Jammeh se classe deuxième avec 39,6% des voix (initialement 36,6%), le troisième et dernier candidat, Mama Kandeh,
étant crédité de 17% (initialement 17,8%).
Le 13 décembre, le siège de la commission électorale avait été fermé par les forces de sécurité et son personnel s'en était vu interdire l'accès, sans explications.
Dans un décret pris le 28 décembre, le président Jammeh a ordonné la réouverture de l'IEC, expliquant que la commission avait été fermée sur la base d'informations selon lesquelles ses locaux seraient incendiés.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, MOMAR SEYNI NDIAYE
MACKY EN FAIT TROP
EXCLUSIF SENEPLUS - A force de trop vouloir communiquer, le Président prend le risque de voir ses messages embrouillés par une surabondance contre-productive
Dans une allocution d’une trentaine de minutes, Le Président Macky Sall s’est adressé aux Sénégalais d’ici et d’ailleurs, de manière convenue, sans grand débordement d’enthousiasme. Devant, un climat politique délétère, il a soigneusement évité les dossiers politiques et du contentieux sur le pétrole, sujets qui fâchent. Pas un mot pipé sur la reddition des comptes, qui, jadis, ponctuait ses discours, de 2012 à 2015. Depuis la libération de Karim Wade dans les rocambolesques conditions que l’on sait, plus un mot pipé, sur ce qui apparaissait comme une demande sociale. Sur le dossier électoral, silence radio, car l’incertitude sur l’organisation des élections, le fichier électoral, empestent encore le climat politique et en polluent l’atmosphère.
Ces non-dits, en disent assez, en réalité sur la délicatesse d’une situation politique chargée. Sur la forme technique, de l’allocution télévisée, encore trop de dysfonctionnements, l’ont émaillée. En effet, la linéarité de la lecture, a plusieurs fois été rompue par des montages hasardeux, qui brusquement projetaient le Président en gros plan, sans assurer les transitions, pour plus de suivi et de cohérence au texte. La posture trop statique du Président n’a pas facilité les choses. L’œil trop rivé sur l’écran témoin, il a singulièrement manqué de naturel. Même si au demeurant, la lecture paraissait impeccable, un tantinet monocorde, il est vrai. Un sérieux exercice sur les intonations, les inflexions de voix et moins de crispation, auraient amélioré la lecture de l’adresse. En rappelant le témoignage de deux maires sur l’impact du PUDC dans leur localité, il a cherché à humaniser son texte.
Mais cette digression paraissait tomber comme un cheveu dans la soupe. Ce genre d’insert ou de référence, s’inscrit mieux dans une interview ou une déclaration n’ayant pas la même solennité que cette adresse du 31 décembre. Cet artifice de communication utilisé dans une déclaration officielle, dépare, quelque peu car cette personnalisation à travers d’illustres inconnus, quand bien même viendraient-ils du pays profond, ne suscite pas un grand intérêt chez le téléspectateur, surpris par cette sortie de route. Et qui plus est, cette illustration gagnerait plus de valeur et de sens, si elle provenait des populations elles-mêmes, plutôt d’élus officiels, appartenant ou non à la majorité présidentielle.
En somme, comme l’année dernière, la forme du discours a affecté quelque peu, le fond. Sans doute la sur-communication des activités présidentielles, fait baisser l’intérêt que cette allocution aurait dû avoir. Son long texte ressemblait à du déjà entendu. Cette impression de redondance a été accentuée, par un excès de communication, en permanence servie à tout bout de champ, tous médias confondus. Sans doute aussi, par l’extrême multiplication des occasions de rencontres (tournées économiques, conseils des ministres délocalisés, retours de voyages, interviews accordés aux médias étrangers.) Sans aucun souci de dosage, des flots d’images et de discours ont essaimé dans la presse privée et publique, reprenant en boucle, la moindre déclaration du Président. Campagnes d’affichages inappropriés, reportages ronflants, pages spéciales fleuves et dithyrambiques, jingles répétitifs, rien n’a été laissé de côté dans l’attirail de la propagande politique classique. La RTS a, de ce point de vue, battu tous les records d’incantation suscitant manifestement un sentiment de saturation et forcément de rejet. Ou tout au moins d’indifférence.
Le Président Macky Sall se plaint souvent des déficiences communicationnelles dont seraient victimes son image et sa visibilité. Il aurait tout à gagner à moduler ses sorties médiatiques pour éviter l’effet de saturation que ne manquerait pas de susciter ce déploiement continu d’images saupoudrées à longueur de temps. Au bout du compte, l’adage selon lequel, trop lumière finit par éblouir, s’appliquera bien à la gestion de sa communication. En m’absence d’une véritable sélectivité sur les messages-clés, ses réalisations sont enfouies dans ce magma de propagande, repoussant et contre-productif.
Qui plus est, cette agressivité irrite tout le monde, et finit par provoquer des réactions d’hostilité chez les contradicteurs. Surtout que cette démentielle propagande politique, constitue des atteintes au principe de pluralisme et d’équité dans l’accès aux médias publics, transformés en médias d’état, dans le sens le plus péjoratif du terme.
L’engouement qu’aurait dû susciter le message présidentiel, ce 31 décembre a été largement atténué par cette incroyable débauche communicationnelle. Faute de messages innovants, le discours a été en partie « sauvé » par l’annonce sur la baisse du prix de l’électricité. Les prémisses avaient été d’ailleurs tracés, car le Président lui-même en avait jeté les bases, contrairement au Directeur Général de la SENELEC qui avait commis d’avoir trop tôt décrété son improbable occurrence. L’arbitrage du président a été en apparence décisif. Personne ne comprendrait qu’avec le niveau actuel du prix du baril, que le Sénégal, à l’instar des pays voisins ne procédât pas à une décroissance de l’ordre de 10 %.
Certes, comme l’on si attendait, il a promis une baisse du prix de l’électricité. Il l’a annoncée, sans envolée lyrique, car il sait que les consommateurs sénégalais s’attendaient à bien plus. Le prix du baril du pétrole étant passé de 140 à moins de 30 dollars, depuis plus de sept ans. Il est vrai que 700 000 foyers vont devoir bénéficier de cette baisse, pour un pactole de 30 milliards. L’incidence de la baisse n’est donc pas négligeable. Mais, tout de même, le prix de 120 FCFA le kW reste un des plus élevés dans la sous-région. Toutefois, une révision du régime tarifaire aurait pu permettre aux Sénégalais de consommer plus d’électricité, à moindre coût.
En effet, la structure tarifaire est telle que plus que le consommateur consomme, plus il paie. Une inversion de la courbe aurait été davantage bénéfique. D’un autre côté plus de la moitié des Sénégalais ne pourra pas en tirer profit, car privée d’électricité. Le chapelet de performances égrené par le Président ne constitue pas en soi une nouveauté. Devant les institutions de Brettons Woods, et les partenaires financiers, devant la clientèle, lui-même et le Ministre des finances, ont clamé haut fort, l’atteinte d’un taux de croissance de 6,6 %. Il confirme effectivement un certain frémissement, à l’image du taux de croissance de plus 6 % une moyenne dans la sous-région. La Côte d’Ivoire qui taquine la croissance à deux chiffres se place dans l’orbite de la croissance inclusive. Le Sénégal est tout de même sorti de la léthargie de 2012 (avec 4,5 %). Et ce bond réalisé est assez appréciable, même si les données conjoncturelles prédominent à présent sur une visibilité structurelle. A preuve, en un an, notre croissance n’a progressé que de 0,1 %, insuffisant à relancer véritablement l’économie nationale, encore moins a créer des emplois.
Le rapide survol de la création d’emplois, dans le discours présidentiel, prouve qu’à ce niveau, les performances sont ridiculement basses. On pourrait pu en dire autant de la pêche et du tourisme en stagnation permanente, en dépit des investissements consentis dans la construction de quais de pêche et d’espaces de production. Quid de l’agriculture, qui malgré une augmentation des surfaces emblavées et des productions (riz, céréales, horticulture), les filières restent malades de leurs irrationalités structurelles. Pas plus d’ailleurs que dans l’industrie où malgré de fortes hausses de production (phosphates, acide phosphorique, or, zicron), notre tissu reste essentiellement extractive, avec tout ce que cela inclut comme perte de valeur ajoutée. Bon point en revanche, sur les investissements en infrastructures routières et ferroviaires, même si des priorités essentielles comme le désenclavement routier des régions sud, est laissé en rade. Le volet social est en marché et donne des résultats probants en termes de lutte contre la pauvreté.
Cependant, la persistance des déserts administratifs dans les zones frontalières (abris provisoires, absence de structures de santé, de la poste, d’électricité, de réseaux d’eau et de téléphone), constitue un tissu de frustrations très mal vécues par des milliers de villages frontaliers. Le programme de réalisation de 300 forages s’exécute et le président a également annoncé, un élargissement du PUDC sur le volet énergie avec un investissement de 60 milliards.
En somme, si la baisse du prix de l’électricité, et l’annonce d’une vaste campagne d’électrification rurale restent de bonnes nouvelles, l’autosuffisance en riz ne serait pas atteinte en 2017, comme promis. Il n’en sera pas également de même pour la création des 300 .00 emplois. Pour l’heure, le pilotage du Plan Sénégal Emergent laisse entrevoir de réels espoirs, mais il ne faut que les effets d’annonce aux allures politiciennes tuent soient les sources de rendez-vous ratés. A force de trop vouloir communiquer, le Président prend le risque de voir ses messages embrouillés par une surabondance contre-productive