Le footballeur sénégalais est recherché pour une affaire de viol en Norvège. Un mandat d'arrêt international a été émis à son encontre.
Sarr, qui a clamé son innocence, est devenu introuvable. Le milieu de terrain sénégalais, devenu célèbre dans le football norvégien, a monnayé son talent en Russie et en Arabie Saoudite.
Il a été un joueur vedette de Molde, un club norvégien de première division qu'il a rejoint en 2016. Il y a joué pendant environ deux ans, sous la direction du technicien Ole Gunnar Solskjaer, l'actuel entraîneur de Manchester United.
"Le moteur de l'équipe"
A Molde, Sarr était "le moteur de l'équipe", déclare Lars Johnsen, journaliste à Josimar, un site internet norvégien.
Mais le footballeur a été confronté à plusieurs allégations de viol. Il a été accusé pour la première fois en 2015, alors qu'il jouait pour une autre équipe norvégienne. Une femme l'accuse de l'avoir violée lors d'un voyage de fin de saison à Stockholm. La police a mené une enquêté, même si une plainte n'avait pas été déposée contre le joueur.
Après son transfert à Molde, Sarr a dû faire face à d'autres accusations de viol, qu'il a toutes niées. En mars 2018, il est accusé pour la première fois d'un viol qui se serait déroulé dans un appartement de Molde en 2017.
Des militants se sont ensuite présentés aux matchs de son équipe, avec des banderoles, pour dénoncer des actes de viol présumés de Sarr. Au terme d'un procès au pénal et au civil, le footballeur a été déclaré non coupable de viol, en août 2018.
Mais il a été condamné à verser à la partie civile une indemnité de 150 000 couronnes norvégiennes (environ 9,5 millions de francs CFA) après que le tribunal a statué en sa faveur sur la plainte civile. Les deux parties ont fait appel du verdict.
Le contrat du joueur avec Molde a ensuite été annulé d'un commun accord en janvier 2019. Selon des journaux norvégiens, Molde avait déploré "une période difficile pour le joueur comme pour le club".
L'audience d'appel contre son acquittement a été fixée à février 2019. Mais elle a dû être reportée, car l'accusé et un témoin n'avaient pas comparu devant le tribunal.
En Norvège, un procès pénal ne peut pas avoir lieu pour des crimes graves, si le suspect n'est pas présent. A ce moment-là, Babacar Sarr était déjà en Russie, à des milliers de kilomètres de la Norvège.
"Une énorme erreur de la police"
En février 2019, Sarr rejoint Yenisey Krasnoyarsk, une équipe de première division russe. En raison d'importants investissements faits par de riches propriétaires de clubs, la ligue russe est désormais la septième ligue de football la mieux payée du monde. Un grand pas en avant dans la carrière du footballeur sénégalais.
Et la procédure d'extradition entre la Russie et d'autres pays est très compliquée. Puis, en juin de l'année dernière, juste avant qu'il ne doive comparaître devant le tribunal norvégien pour l'audience d'appel qui avait été reportée, Sarr a signé avec un club saoudien.
A peu près à la même époque, la justice norvégienne avait émis un mandat d'arrêt international à son encontre, par l'intermédiaire d'Interpol, la police internationale, l'Organisation internationale de police criminelle.
Babacar Sarr a rejoint le Damac FC, une équipe en pleine ascension dans la première division saoudienne. Il s'installe en Arabie Saoudite, un pays qui n'a pas signé de traité d'extradition avec la Norvège.
Mais en janvier dernier, le contrat de Sarr avec le Damac FC est soudainement annulé, avant la fin de la saison.
Le Damac FC n'a pas répondu à la question de la BBC de savoir pourquoi le contrat a été rompu entre le club et le footballeur.
A peu près au même moment, le joueur est accusé d'un second viol, qui se serait déroulé à Oslo, lors de la fête de fin de saison de Molde, en novembre 2018.
Cette deuxième accusation a été récemment abandonnée parce que la police d'Oslo n'a pas informé Babacar Sarr dans les trois mois suivant la demande du procureur, le délai autorisé par la loi norvégienne.
Le bureau du procureur d'Oslo a déclaré à la BBC que la police avait "échoué dans ses tentatives de signifier l'acte d'accusation à M. Sarr". Cela a été décrit par un professeur de droit de l'université de Bergen comme "une énorme erreur de la police".
La police d'Oslo a dit à la BBC qu'elle n'était pas en mesure de commenter une affaire déjà transférées au procureur.
Depuis janvier dernier, on en sait très peu de choses, concernant l'endroit où se trouve le joueur. Aucun autre club ne semble l'avoir recruté.
Aucune nouvelle de lui depuis le dernier de ses 13 matchs avec le Damac FC.
Un tweet que Damac avait posté pour à l'arrivée de Sarr dans le club, l'année dernière, semble avoir été supprimé. La BBC n'a pu trouver aucune autre information le concernant sur le compte Twitter du club.
Le compte Instagram de Sarr, qui était public, est maintenant privé.
"Il est peut-être au Sénégal"
L'histoire du footballeur a fait la une des journaux le mois dernier, après que l'une de ses victimes présumées a déclaré au Daily Telegraph qu'elle pensait que Solskjaer n'était "pas apte à diriger" Manchester United après sa décision de continuer à employer Sarr à Molde après sa première accusation.
Cette plaignante pense que les joueurs de football accusés d'agressions sexuelles ne devraient pas être autorisés à continuer à jouer, tant que l'affaire n'aura pas été jugée.
Manchester United a déclaré au Daily Telegraph que Solskjaer a pleinement respecté la procédure régulière du système juridique norvégien.
En réponse à cette affaire, des militants britanniques ont demandé aux clubs de football de suspendre les joueurs s'ils sont jugés pour des délits sexuels graves.
Aucun club n'ayant de contrat avec Babacar Sarr, on ignore où se trouve le joueur.
La procureure générale de la Norvège, Ingvild Thorn Nordheim, a émis un mandat d'arrêt international à son encontre.
Elle affirme que Sarr et ses avocats n'ont répondu à aucune des correspondances qu'elle leur a envoyées.
La BBC a obtenu des documents selon lesquels la justice norvégienne a demandé sans succès aux autorités saoudiennes de dire où il se trouve.
Selon Lars Johnsen, tout indique qu'il est toujours en Arabie Saoudite. Mais la journaliste dit ne pas en être sûre. "Il est peut-être au Sénégal", ajoute-t-elle.
Ou alors Sarr cherchera à faire rejoindre un nouveau club et pourrait donc bientôt quitter l'Arabie Saoudite s'il ne l'a pas déjà fait, espère Johnsen.
Pour l'instant, sa localisation - ainsi que la question de savoir s'il reviendra en Norvège pour y être jugé en appel - est un mystère.
L'avocat de Sarr, Yvonne Larsen, a déclaré à la BBC que la question du premier viol avait déjà été "tranchée", que le footballeur avait été déclaré non coupable.
L'international sénégalais a continué à jouer au football pendant qu'il était accusé, parce que "tout le monde est innocent jusqu'à ce que la culpabilité soit prouvée par la loi, et M. Sarr est toujours innocent".
"Il n'y a rien d'étrange à cette situation", a soutenu Me Larsen. L'une des victimes présumées a décidé de s'éloigner de Molde. Elle "n'espère pas que l'appel aura lieu" et veut reconstruire sa vie dans une autre ville.
SENEGAL-PRESSE-REVUE
Divers sujets en exergue, dont l’affaire de trafic de visas visant le Djolf Band
L’affaire de trafic présumé de visas dans laquelle de proches de personnalités du showbiz sénégalais continue d’intéresser certains quotidiens, parmi divers autres sujets traités par la livraison de mardi des journaux.
"Au cœur de la mafia du Djolof Band", peut-on ainsi lire à la Une du quotidien L’Observateur, avec au menu des "révélations" sur l’enquête de la gendarmerie ouverte au sujet de cette affaire de trafic de visas.
Selon L’Observateur, cinq personnes "impliquées dans cette affaire" ont été déférés lundi par la section de recherches de la gendarmerie. "Djidiack Diouf, manager de Viviane Chidid, Mamadou Mbaye alias Petit, Abdoulaye Diouf Kébé, Henry Dobatich et Kaly Soumaré sont accusés des infractions d’association de malfaiteurs, trafic de migrants et faux et usage de faux".
"Ils usaient de fausses manifestations avec des cachets de l’orchestre de Viviane pour faire voyager des candidats à l’émigration", indique L’Observateur, selon lequel quotidien la chanteuse Viviane Chidid se trouverait "dans le collimateur des enquêteurs".
"Le parquet ne veut pas s’arrêter à sanctionner des lampions et l’option d’ouvrir une information judiciaire recoupe la crainte que des commanditaires et autres complices sont encore tapis dans l’ombre", écrit le quotidien Kritik’.
Et d’ajouter que pour "percer le secret des cachets diplomatiques monnayés à prix fort, les mis en cause risquent au minimum, en plus du mandat de dépôt, un séjour de six mois en prison".
Une perspective qui a peut-être incité Viviane Chidid et son ex-mari à prendre la parole pour s’expliquer, comme rapporté par le quotidien Tribune. "Ils ont démenti les insinuations, précisant n’avoir rien à voir avec cette affaire de trafic de visas".
Il reste que "le manager de Viviane et sa bande risque gros, très gros même. D’autant plus que depuis l’éclatement de cette affaire, dit-on, c’est le branle-bas de combat dans les ambassades occidentales, surtout celles de la zone Schengen, qui n’entendent pas laisser passer (...)’’, rapporte Vox Populi.
A en croire ce journal, ces ambassades "attendent de pied ferme de voir comment les autorités judiciaires et politiques (...) vont gérer la suite de ce dossier pour mettre un frein aux nombreux cas de trafic de visas constatés dans le monde des artistes".
Le Quotidien s’intéresse à une affaire de drogue ayant viré au drame à Fatick, où un jeune conducteur de mototaxi, âgé de 26 ans, a trouvé la mort "dans une bavure policière".
"Accusant les policiers" d’avoir provoqué la mort de la victime, "la famille exige que la justice fasse toute la lumière sur cette affaire qui a mis hier la capitale du Sine sens dessus-dessous", selon ce journal.
"Violente manifestation de Jakartamen à Fatick", affiche à ce sujet Vox Populi, là où Grand Place s’intéresse à une accusation de spoliation foncière visant Babacar Ngom, patron de la SEDIMA, une entreprise du secteur avicole.
"La commune de Sindia a délibéré 300 hectares au profit de l’homme d’affaires Babacar Ngom. Alors que la zone en question fait partie de la commune de Ndiaganiao. Une situation qui a soulevé le courroux des habitants" de Ndeguéler, un village de ladite commune, indique le journal.
Le Soleil continue pour sa part de s’intéresser aux questions sanitaires déjà abordées dans son édition de la veille, en lien avec l’épidémie de coronavirus. Le journal, évoquant la surveillance des épidémies, ouvre sur des déclarations rassurantes du professeur Amadou Sall, administrateur général de l’Institut Pasteur : "Notre système est performant".
Au sujet du coronavirus justement, comme sur d’autres liés par exemple à la gestion des affaires publiques, L’As donne la parole à la présidente du Conseil économique, social et environnementale (CESE), l’ancienne Première ministre Aminata Touré. "Nous avons encore des progrès à faire en matière de bonne gouvernance", en allusion aux résultats des derniers rapports de la Cour des comptes.
Le Témoin quotidien rappelle qu’il y a huit ans, le président Macky Sall entamait, en février 2012, "sa chevauchée conquérante du pouvoir". Un rappel qui n’empêche pas Walfquotidien de tirer sur les élites disparues et oubliés, citant Mamadou Dia, Cheikh Anta Diop, etc. "Le Sénégal en mal de reconnaissance", affiche le journal.
Le quotidien Enquête souligne à sa Une "le calvaire" des travailleurs du secteur des BTP. "Au-delà des licenciements tous azimuts au CDE", Consortium d’entreprise, une référence dans les travaux publics et le bâtiment, le journal note que "le mal-être gagne le secteur du BTP".
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LA SUPER STAR DE LA NBA KOBE BRYANT EST MORT
DERNIÈRE MINUTE - La légende du basketball Kobe Bryant est décédée dans un accident d'hélicoptère avec sa fille ainée, Gianna elle-même excellente joueuse de 13 ans. Ils étaient en route pour un match où elle devait compétir
Le basketteur américain, ex-star de la NBA, Kobe Bryant est décédé dimanche matin dans le crash de son hélicoptère, intervenu à Calabasas dans le sud de la Californie, selon le site américain d'actualités sur les célébrités TMZ.
Kobe Bryant, âgé de 41 ans, avait notamment évolué pendant 20 ans au sein de la franchise NBA des Los Angeles Lakers. Quintuple champion NBA, il est l'un des sept joueurs à avoir inscrit plus de 30.000 points en carrière.
Une source a confirmé à la chaîne américaine ESPN que Kobe Bryant figurait au nombre des victimes de ce crash.
Selon TMZ, le basketteur, père de quatre enfants, était à bord de son hélicoptère privé avec quatre autres personnes dimanche matin, lorsque celui-ci est brusquement tombé, avant de s'enflammer. Aucune personne n'a survécu au crash. La cause de l'accident n'est pas encore connue.
Retraité des parquets depuis 2016, Bryant était jusqu'à hier le 3e meilleur marqueur de l'histoire de la NBA, avant d'être dépassé par son rival LeBron James, samedi lors de la défaite des Lakers à Philadelphie (108-91).
"Kobe était immortel offensivement du fait de son aptitude (à beaucoup marquer). Et me voilà ici à Philadelphie, portant le (même) maillot des Lakers. L'univers provoque parfois de ces choses... Ce n'est pas censé avoir un sens, mais voilà, cela arrive tout simplement", avait déclaré samedi soir LBJ, ému, après la rencontre.
Le décès de Bryant intervient 25 jours après la mort de David Stern, l'ancien "commissionner" de la NBA qui l'avait fait prospérer et devenir une marque mondiale.
UN PRÊTRE SCHISMATIQUE AU KENYA
La controverse sur le célibat des prêtres a fait rage cette semaine au Vatican. Le camp des « réformistes », s'oppose à celui des conservateurs. Godfrey Shiundu a quitté l’Église catholique pour pouvoir épouser sa compagne et s’occuper de sa fille
La controverse sur le célibat des prêtres a fait rage cette semaine au Vatican. Le camp des « réformistes », s'oppose à celui des conservateurs. Mais certains au sein de l'Église n'ont pas attendu que les choses changent. C'est le cas de Godfrey Shiundu, qui a quitté l’Église catholique pour pouvoir épouser sa compagne et s’occuper de sa fille.
Cette controverse a cependant le mérite de jeter un coup de projecteur sur le célibat des prêtres, sujet épineux s'il en est. C'est du moins l'avis de l'ancien prêtre Godfrey Shiundu, qui a quitté l’Église catholique pour pouvoir épouser sa compagne et s’occuper de sa fille. Il est aujourd’hui « évêque pour l’Afrique » de l'Église catholique œcuménique du Christ, une Église chrétienne qui autorise le mariage des prêtres.
Un prêtre catholique peut-il avoir des relations sexuelles ? Pour beaucoup de prêtres, la réponse n’est pas simple. Lorsque Godfrey Shiundu a été ordonné, en 1994, la plupart de ses collègues, dit-il, avaient des maîtresses.
« En mon for intérieur, je me demandais : c’est vraiment la vie que je veux ? Coucher avec une femme le samedi soir et dire la messe le dimanche matin? C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me poser des questions. »
Les choses se compliquent lorsqu’il rencontre une infirmière qui lui donnera une fille. Le père Shiundu se sent coupable, surtout lorsque la petite finit par réclamer son papa.
« Elle ne cessait de demander à sa mère : " Où est mon père ? Pourquoi il ne vit pas avec nous ? Pourquoi on ne peut pas faire de promenades ensemble ? " C’est à ce moment-là que je me suis dit, ça suffit. »
Le père Shiundu se penche sur l’histoire de l’Église et finit par comprendre que le mariage des prêtres était monnaie courante jusqu’au Moyen-Âge : « Tout à coup, cela m’a frappé : le célibat n’est qu’une règle de vie de l’Église, ce n’est pas un commandement de Dieu. »
En 2003, le père Shiundu décide de mettre fin à sa double vie. Il sera excommunié avant de rejoindre une Église américaine qui, elle, autorise le mariage du clergé. Un prêtre viendra des États-Unis pour célébrer son union et l’accueillir dans sa nouvelle Église. Godfrey Shiundu, aujourd’hui « évêque pour l’Afrique » de l’Église catholique œcuménique du Christ, vit avec sa femme, Stella, et leur fille, Natalia.
«LA VRAIE HISTOIRE DES SIGNARES ET DES MANNEQUINS POUR LA LIBYE»
La célèbre styliste et costumière, Oumou Sy, aime surprendre son monde. Cette frêle dame de soixante- sept printemps continue d’émerveiller par des créations hardies. Elle a encore frappé un grand coup avec l’organisation d’un grand spectacle dénommé « Le Bal des Signares ». La grande première a eu lieu hier jeudi au Grand théâtre. Quarante-huit heures avant cette sortie nous l’avons rencontrée pour échanger sur ce concept inédit tout en revenant sur son parcours et ses projets.
Madame, vous êtes l’initiatrice du spectacle « Bal des Signares » Pourquoi ce choix sur les Signares?
Depuis trente ans je travaille sur les Signares et les colons. Il est arrivé un moment où je voulais tout laisser tomber. Je suis issue d’une famille religieuse et d’obédience chérifienne. Je suis aussi liée aux familles de Ndiassane, de Tivaouane et de Casamance. Je le dis parce que personne ne m’a jamais interrogée sur mes origines. On m’a toujours questionné sur mon travail. De l’autre côté, je suis apparentée à Maba Diakhou Ba parce que la fille ainée de l’Almamy du Rip était mariée à Cherif Younouss et son fils ainé est le père de ma mère. Cela veut dire que je suis vraiment une vraie sénégalaise avec de nombreuses origines. Je suis chérif, peule, sérère, arabe etc. J’ai vraiment des parents partout. Je suis issue du métissage qui ne signifie pas toujours une peau claire. Je disais tantôt qu’il est arrivé un moment où je voulais vraiment tout laisser tomber. Il y a quelques années, j’avais même arrêté de travailler durant trois mois. Mais un jour, en allumant la radio, j’ai entendu Moussa Ngom chanter le titre : « artiste du danu. Artiste bou Fonk ligéyama artiste du danu ». Je l’ai écouté attentivement. a dire vrai, les chanteurs ne sont pas souvent conscients de la portée réelle de leurs messages. Ils peuvent conseiller les gens rien que par la force du verbe. Et ça, c’est vraiment très louable.
Quand j’ai fini d’écouter Moussa Ngom, je me suis levée pour aller au marché et retrouver mes parents vendeurs de tissus. C’était à Saint-Louis. J’ai réalisé une fresque.
Après avoir fini mon travail, j’ai cherché Jacob Yacouba pour le valider. Parce que moi, j’avais treize ans quand j’ai ouvert mes ateliers. Je ne savais pas où irait mon métier. Je ne savais pas également, à quel niveau je me trouvais. Ce qui fait que j’avais toujours recours à Jacob pour recueillir ses conseils. Quand je l’ai trouvé à la chambre de commerce, il m’a fait savoir que ce jour-là, on célébrait les journées culturelles de saint- louis. Il y avait sur place toutes les autorités de l’ambassade de France et ils n’avaient rien à exposer. Ce qui veut- dire que j’avais sauvé la manifestation. Par la suite, Jacob m’a demandé ce que je faisais le soir car il y avait un grand défilé avec l’ensemble des ASC. et on était en train d’aller vers l’année de la célébration du bicentenaire. Je lui ai alors répondu que je n’avais rien à proposer, mais qu’une fois à la maison, j’allais créée quelque chose. Une fois chez moi, j’ai pris une vieille robe que j’avais et je l’ai transformée en habit de Signares. J’ai appelé ma fille maria qui avait 14 ans à l’époque et je lui ai fait porter la robe d’Anne pépin. Elle était seule ainsi habillée parmi tous les autres participants. Finalement, j’ai gagné le marché de la confection des tenus du bicentenaire. J’ai aussi voulu démontrer que les Signares avaient joué un rôle important dans notre histoire. Il n’était nullement question de la fameuse maxime : « sois belle et tais toi ». Pourquoi on a commencé à Joal ? Parce que tout le monde pense que l’histoire des Signares a démarré là-bas, or leur histoire a débuté à Gorée. Cependant la première Signares est Cathy Louet de Rufisque. C’est vraiment elle qui est la mère de toutes les autres Signares. Il y a aussi le fait que l’on parle toujours des Signares sans jamais mentionner les garçons.
Les Signares n’ont pas fait que des filles. Elles ont aussi fait des garçons. C’est pour cela que l’on retrouve certains noms européens ici au Sénégal. Il faut savoir que la Signares Cathy, la reine Ndatté Yalla et le papa de Senghor ont empêché la vente de nombreuses personnes. Parce que c’est la Signare Cathy qui achetait une partie des esclaves qui arrivaient de la sous-région. L’autre partie était achetée par la reine Ndatté Yalla et le père de Senghor. Après les avoir achetés, ils les laissaient alors libres dans leurs maisons. a l’occasion, ils leur donnaient en mariage à des personnes de passage. C’est ainsi que le Sénégal est devenu un melting pot des peuples et le métissage est très répandu chez nous. Il y a aussi le fait qu’il y a eu de nombreux livres qui ont été écrits sur les Signares, mais il y a très peu d’images. C’est pour combler ce gap que j’ai eu à reconstituer tous ces mulâtres et toutes ces Signares de partout pour faire un livre avec de très belles images. Nous allons également produire un film de cinquante-deux minutes qui va aborder l’histoire de ces Signares, des mulâtres et l’arrivée des colons. Le premier fort qui a été construit en Afrique est celui de Podor. Et moi, je suis née à Podor et c’est pourquoi j’ai tenu à parler à Aba Maal dans cette capsule. Faidherbe a habité à Podor avant que la Gouvernance de saint louis ne soit terminée. et il avait une femme bambara qui s’appelait Dionkounda. Cela veut dire que Faidherbe s’était bien intégré et il allait dans les mariages et les baptêmes. Certains même affirment qu’il s’était converti à l’Islam. Mais sur ce point, les avis divergent car cela n’a pas été écrit. Peut-être que dans le livre, ce point sera éclairci. L’autre célèbre colon, William Ponty, qui a donné son nom à l’école et aussi à la rue, était basé à Sédhiou. C’est un disciple de mon grand-père Cherif Younouss qui était le marabout qui formulait des prières pour William Ponty et il lui a offert sa première femme qui était sénégalaise. Malheureusement, William Ponty n’a eu que des filles. C’est pour cela que le nom de Ponty n’a pas pu s’étendre ici. Voilà en résumé toute l’essence de cet intérêt pour les Signares que je retrace dans le livre et le film à venir.
Avez-vous des partenaires pour mener cet ambitieux projet ?
Je n’en ai presque pas. Mes premiers et uniques partenaires sont le Grand théâtre et le musée des civilisations. Je remercie aussi le ministère de la culture avec la direction de la cinématographie. Il y a également, le ministère de l ’Intérieur qui nous a livrés des autorisations pour pouvoir tourner.
Pouvez- vous nous parler du contenu de ce spectacle ?
Et la chorégraphie sera assurée par Jean tamba. pour le contenu, il faut savoir que j’ai eu à reconstituer les costumes d’époque. le but est de retenir que l’arrivée de tous ces colons n’a pas fait tilt au premier coup. Il a fallu l’arrivée du chevalier de boufflers pour faire tourner la tête à toutes les signares. chaque signare voulait être l’épouse du chevalier de boufflers. mais finalement, c’est anne pépin qui a raflé la mise. auparavant, anne pépin était mariée. mais avec l’arrivée du chevalier, elle a demandé la permission à son ami en lui demandant de la libérer pour qu’elle puisse convoler avec le chevalier. Imaginez-vous cela ? ce qui est sûr c’est qu’aucun sénégalais n’aurait accepté cela de nos jours. C’était une pratique que toléraient certains peuples africains. Il faut donc relativiser tout cela et redorer le blason des Signares. C’est aussi le sens que je donne à cette création. Aujourd’hui, personne ne veut se réclamer Signares car elles avaient une très mauvaise réputation. Pourtant, il faut gommer tout cela et replacer toutes ces pratiques dans un contexte bien particulier
Pourquoi pensez- vous que notre histoire n’est pas toujours bien racontée
Je suis convaincue que notre histoire n’est pas racontée à nos enfants. Dès le départ, tout a été biaisé. on nous parlait de nos ancêtres les Gaulois. Ensuite, on nous a enseignés les parcours de charlemagne, Faidherbe, Victor Hugo et tous ces blancs- là. on ne nous enseigne pas dans nos écoles les véritables raisons de l’exil d’Albouy, les motivations du Jihad de Maba Diakhou. on ne nous dit pas qu’avant de partir, Albouy avait empoisonné les marigots et lacs pour retarder ses poursuivants c’est à l’arrivée de Bouna Albouy que le Walo a pu étancher sa soif. Il faut que nos enfants soient bien imprégnés de tout cela.
Quel apport cette création pourrait apporter à la mode ?
Il faut savoir que la mode est un métier très vaste. Quoiqu’il puisse arriver, les gens vont toujours avoir recours à la mode pour se vêtir. Le fait de s’habiller est intimement lié à la vie de l’homme. Il faut donc savoir que le champ est trop vaste et il faut savoir s’accrocher à la bonne branche de l’arbre. Moi, je suis styliste costumière de cinéma et de théâtre. Pourtant, je ne l’ai appris nulle part. Je n’ai même pas appris à parler français. Parce que je ne suis jamais allée à l’école. Je ne sais ni lire ni écrire. C’est en entendant les gens parler que j’ai pu me former. Quand un mot français sonne mal, il n’est pas beau à entendre. C’est Senghor qui le disait. a force de l’écouter tous les jours à la radio, j’ai vraiment appris à parler français. Je dis souvent que si j’avais été à l’école, Senghor ne serait pas président, ce serait moi qui serais à sa place. Ah, oui car il faut être ambitieux dans la vie. c’est pour cela que je ne suis pas d’accord avec cette philosophie wolof. en éduquant leurs enfants, ils leur serinent toujours que le parent est une pierre et l’enfant un œuf. ce qui fait que ce dernier est craintif et vraiment limité. or chez nous, on te dit que l’enfant est juste un « nawlé » et qu’il doit prendre très tôt ses responsabilités.
Pouvez-vous revenir sur le contenu et le format du livre ?
Ce sera vraiment un livre d’art avec de très belles images. Ça doit être entre trois cent et cinq cents pages. Il y aura des images et aussi des écrits. Mais les images vont dominer. Je ne fais pas un livre pour les intellectuels, mais surtout pour les illettrés et analphabètes comme moi. De ce fait, les images seront bien appréciées car il faut bien que l’on sache lire les images de manière approfondie. Encore une fois, je sors un vrai livre d’art.
Quid du film que vous avez évoqué tout à l’heure ?
Le film sera un documentaire d’une durée de 52 minutes. Il y aura beaucoup d’interviews, car on a voyagé beaucoup. on a fait Gorée, Joal, Dakar, saint louis etc. le fanal de saint louis vient de se terminer et il y a eu le « rindi ségue » 0n va en parler et tout sera bien expliqué.
Qui en est le réalisateur ?
Mais le film sera réalisé et produit par moi-même. Pardi ! Je suis obligée de tout faire toute seule. Je n’ai aucun sponsor. Je n’ai que dieu et le prophète à mes côtés, et cela me suffit. Il y a juste les membres de mon équipe et des partenaires qui me prêtent les salles comme le Grand théâtre et le musée. Il y a aussi les amis qui viennent travailler gratuitement sans oublier les mannequins à qui l’on remet juste le transport de manière symbolique. Il en est de même pour Jean pierre leurs et Jean Tamba. Je n’ai pas d’argent, mais j’ai des amis et c’est la plus grande des richesses.
Peut-on s’attendre à voir des stylistes invités pour le spectacle ?
Je suis costumière et fière de vous dire que je suis la première en Afrique. Il s’agit de mon livre, de mon film, de mes créations, de ma méthode et de ma vision. Je suis seule dans cette aventure. Il s’agit de restituer une recherche de plus de trente ans. Peut-être, qu’il y a des stylistes qui sont plus âgés que moi, mais je suis vraiment ancrée dans ce milieu. Cela fait cinquante-cinq ans que je suis dans le milieu. J’ai eu soixante-sept ans le 18 décembre dernier et je n’ai fait que cela depuis mes débuts à cinq ans. J’ai ouvert mon premier atelier à treize ans et depuis je n’ai jamais arrêté. J’ai très tôt compris que le temps ne m’attend pas. Je suis obligée de courir derrière ce temps. si les autres viennent, ils ne vont certainement pas comprendre ma démarche. Je me dis que le champ est vaste. Je ne suis pas dérangée par la présence massive des chinois. Je suis convaincue qu’il faut créer, creuser sa tête et produire quelque chose que les chinois ne pourront jamais faire. c‘est aussi simple que cela. Il faut toujours créer et ne jamais baisser les bras.
Quels seront alors les artistes invités ?
Il y aura effectivement de nombreux artistes invités. mais durant ce spectacle, ils vont juste danser au cours du bal. Carlo d va danser. Sanekh et les membres de la troupe soleil levant seront aussi des danseurs. Ils ne seront pas des comédiens ou des chanteurs. Viviane sera de la partie et elle mettra le henné. C’est ma fille qui a toujours été à mes côtés. Dj Boubs sera le cavalier de Viviane. on a contacté Wally Seck, mais comme on n’a pas eu sa réponse, on ne va pas trop nous attarder sur ça. tout cela se fera autour d’un repas. Il s’agit de la prise de l’apéro très prisé par les colons. Au menu, il y aura le thiof braisé qui était le repas préféré du chevalier de boufflers. Il y aura du mafé, le plat préféré de William Ponty à sédhiou. et bien entendu, forcément du tiebou dieune. ce sera une occasion de revenir sur cette belle page de notre histoire vécue par les grandes dames du Wallo et le parcours de la reine Ndatté Yalla. la brave femme qui lui concoctait ses repas s’appelle Penda Mbaye et c’est elle qui a créé le fameux plat national le riz au poisson. C’est parce qu’il y avait beaucoup d’invités. un jour qu’elle a été obligée de rajouter de l’eau et de mettre le riz après. C’est ainsi que le thiébou dieune est né. le daim farci était aussi un plat préféré des colons, mais je ne peux pas le garantir car ce n’est pas la période faste pour les daims. Il y aura aussi du couscous et des jus locaux.
Pour organiser cet évènement, il faut un budget. Avez-vous eu l’appui de l’Etat…
Je suis une personne très volontaire. Je ne suis pas du genre à courir derrière les autorités. Je prends toujours le soin d’écrire à tout le monde. Il se trouve que je ne reçois même pas de réponse ou bien on me rétorque toujours que le dossier est dans le circuit. Moi je n’attends pas, car je suis persuadée qu’il y a des embouteillages au niveau des circuits ministériels. Je suis très pragmatique et comme je suis la mère du président, je préfère céder la place aux autres. Je fonce et je déroule mon programme avec mes propres moyens. Il est évident que cela engendre un énorme coût, car les tissus coutent cher. Les mannequins reçoivent leurs frais de transport et tout cela coûte les yeux de la tête. Mais cela ne va pas nous décourager. Je n’ai reçu aucune subvention. Même mes amis m’ont soutenu en nature. Toutefois, je n’ai pas encore reçu de sous venant d’eux. Je suis vaccinée car j’ai toujours fonctionné comme cela. Je ne peux pas donner un chiffre, car cela a pris du temps. C’est un travail de plus de trente ans. Je suis sûre que si on me commandait ces tenues, j’allais réclamer plus de cent millions. mais comme je suis la créatrice et l’épine dorsale de ce projet, je marche à mon rythme.
On a beaucoup glosé sur l’épisode du charter libyen. Qu’en est-il réellement ?
C’est très simple ! le Sénégal était invité d’honneur. le président Wade allait être empêché, car il devait être à Durban tout en nous disant qu’il fallait que le pays montre les facettes de sa culture. en ce moment, il y avait un problème très politique entre le Sénégal et les Etats-Unis. Colin Powell (secrétaire d’état de Georges W. bush) avait fait le tour de l’Afrique sans poser le pied au Sénégal. Bush s’est justifié par le fait que c’est Kadhafi, qu’il considérait comme un terroriste, qui avait financé la campagne de Wade (présidentielle 2000). Il fallait un incident diplomatique pour faire les yeux doux aux Etats-Unis et c’est tombé sur moi. J’ai servi de bouc-émissaire et jusqu’à présent, je n’ai été réhabilitée ni moralement ni financièrement.
Une dernière question. Qu’est- ce qui fait courir Oumou Sy ?
Ce qui me fait courir ? Je veux monter l’immense potentiel du Sénégal et de l’Afrique. J’aime dire que je viens toujours en retard car quand Senghor était là pour aider les artistes, j’étais vraiment trop jeune. Je n’ai pas eu la chance de l’approcher. J’aimais aller l’admirer quand il venait à saint louis à la place Faidherbe. Je ne l’ai finalement rencontré qu’une fois. C’était à l’occasion du bicentenaire à la Galerie nationale. J’allais partir et on m’a dit que c’est Senghor qui devait venir présider. Très vite, je me suis rapidement préparée et je suis allée à l’accueil. Quand est venu le moment de lui serrer la main, je l’ai longuement serrée. Je l’ai retournée à deux reprises et je l’ai longuement serrée. Ensuite, j’ai lâché sa main avant de le fixer du regard très longuement. C’était un message. Je voulais lui faire comprendre qu’il m’avait appris beaucoup de choses grâce à son combat pour la négritude. Il s’attendait à ce que je parle, mais je n’ai rien dit. Finalement, j’ai atteint mon objectif, car on m’a fait comprendre que dans la voiture qui l’amenait, il a demandé qui était cette dame très chaleureuse qui m’a salué d’une manière très profonde et affectueuse. on lui a dit que c’est moi qui avais réalisé l’exposition. Il leur a répondu ceci : « Je suis sûr qu’il ira loin, car elle a une profondeur extraordinaire que personne ne peut soupçonner. Mais moi, je l’ai bien saisie. cela me suffit amplement. Il faut savoir qu’après le Métisicana et Internet, j’ai créé le mardi Gras au Sénégal et cela a fini par faire tache d’huile. c’est cela le sens de mon combat.
«TOUT LE MONDE TIRE SUR LE NOIR EN TOUS LIEUX ET EN TOUTES CIRCONSTANCES»
La grande star du Reggae jamaïcain Antony B a séjourné à Dakar où il a animé un spectacle à la Place du Souvenir le soir du 31 décembre. Nous l’avons rencontré pour échanger sur le sens et la portée de son engagement. L’homme à l’éternel turban n’a pas fui le débat et a répondu avec une forte conviction à nos questions.
Quel sentiment vous anime en retrouvant le Sénégal pour la deuxième fois ?
Je suis toujours habité par le sentiment de revenir chez moi. En ce qui me concerne, la Jamaïque est juste une étape créée par les aléas de l’histoire. Mais mon vrai « chez moi « se trouve ici et partout ailleurs en Afrique. Nous avons été transportés de force en Jamaïque en tant que fils d’esclaves. C’est pourquoi l’Afrique est la place la plus importante sur terre pour moi. Je suis vraiment heureux de venir me ressourcer et apprendre beaucoup de choses ici en Afrique.
Vous êtes très politique et quelquefois virulent dans vos analyses. Pourquoi avez-vous choisi cette voie ?
Je suis engagé et volontaire, car dans ce monde, les plus grandes victimes sont les Noirs. Nous avons été traités pire que des animaux, pire que des captifs, pire que des esclaves. Pourtant tout le monde sait que l’Afrique est le berceau de l’humanité et toutes les grandes civilisations ont pris naissance, ici même, en Afrique. C’est la civilisation africaine et la civilisation noire qui sont les premières et cela tout le monde le sait sans pour autant l’accepter. Tout ce que nous avons aujourd’hui provient d’Afrique. Que ce soit au niveau du savoir, de la pensée et de toutes les disciplines, l’apport de l’Afrique est primordial. Nous sommes la plus grande famille de l’humanité. Pourtant tous les destructeurs incarnés par les grandes religions, que ce soit le Christianisme ou l’Islam, tentent toujours de nier cette évidence et de nous reléguer au second plan. Toutes les différentes nations et les races comme les Blancs, les Asiatiques ou les Arabes exploitent encore le continent africain. Partout où nous allons, on veut nous reléguer en dernière position et piétiner notre intelligence et nos droits. C’est la seule raison qui me pousse à tenir ce discours. Je ne suis pas un homme en colère. Je ne prône pas la violence, que je déteste par ailleurs. Je ne suis pas pour la guerre, car je crois foncièrement en l’homme dans toute sa dimension humaine et réfléchie. Je n’ai pas d’arme avec moi. Je ne dispose pas de l’arme nucléaire ou de fusils d’assaut. Je suis seulement un militant conscient qui veut et souhaite que les choses changent. Je ne crois pas non plus en une révolution par les armes ou le combat physique, mais je suis pour une révolution des états d’esprit et- des manières de voir les choses. Il faut que les mentalités changent. A l’heure où je vous parle en Jamaïque où je suis né, personne n’aime entendre, nous les Noirs, évoquer notre rapport à l’Afrique. C’est toujours un sujet très sensible. On veut toujours occulter ce lien fort. C’est pourquoi il faut toujours se battre pour imposer sa vision d’homme Noir, de Rasta et d’homme engagé tout simplement. On veut toujours nous monter des œillères pour nous empêcher de faire face à la réalité et cela fait plus de quatre cents ans que cela dure. En tant que Rasta man, on est toujours marginalisé. vous pouvez être un avocat, un professeur ou un médecin, mais il n y a jamais de boulot pour un Rasta man en Jamaïque dans mon propre pays. De ce fait, pour survivre, le Rasta man se contente de petits boulots comme vendre de l’Ital, vendre de l’herbe dans la rue ou encore se tourner vers la musique. C’est vraiment difficile et il ne faut pas croiser les bras pour combattre cela. Dans mon pays 10% de la population détiennent tous les leviers. C’est contre tout cela que je m’insurge. Il y a aussi le fait que le Noir est attaqué et tué de partout. Le Noir tue le Noir, le Blanc tue le Noir, le Jaune tue le Noir. En réalité, tout le monde tire sur le Noir en tous lieux et en toutes circonstances.
Qu’est-ce qui justifie tout cela ?
Pour parler de manière plus terre à terre, en prenant l’exemple de l’Afrique ; entre des pays africains comme le Nigéria, l’Afrique du Sud ou encore le Botswana, il y a tellement de barrages pour séparer les frères Africains. Pourtant c’est le fait de nous autres Africains. Il est très difficile de circuler entre deux pays africains tellement les tracasseries sont nombreuses. Pourtant en Europe, ils ne font pas cela encore moins en Amérique et en Asie. C’est encore une fois cette situation absurde qui m’écœure. Je ne suis pas en colère contre les personnes mais contre les systèmes qui les divisent. Surtout cet odieux système qui veut toujours maintenir le peuple Noir dans l’indignité et la souffrance. Malheureusement l’Africain, et l’homme Noir en général, est le plus grand bourreau de l’homme noir. J’ai voyagé partout à travers le monde. A chaque fois que j’arrive dans un aéroport, il y a une file pour les hommes Noirs et les autres passent sans difficulté. J’ai aussi vu la même chose en Afrique et cela m’a vraiment choqué. Tous les agents en charge de l’émigration dans le monde entier voient toujours d’un œil soupçonneux l’arrivée d’un homme Noir et cela doit cesser. Alors, je ne peux m’empêcher de me poser tout le temps cette question qui me taraude l’esprit : dans quel pays ou partie du monde sommes nous les bienvenues en tant que Noir ? J’avoue que je n’ai pas encore trouvé la réponse. J’ai rencontré les peuples de toute la terre. J’aime tous les êtres humains sans aucune distinction.
Pourquoi cet attachement à l’Afrique car vous semblez être seul contre tous ?
Je suis un militant et je vais le rester. Regardez un peu notre histoire africaine. Très tôt, nous avons été agressés de toutes parts. C’est le peuple qui a le plus été spolié et torturé dans l’histoire. Pourtant, il n y a aucun doute, l’Afrique est le continent le plus puissant et pourvu du monde. C’est mon intime conviction. Et pourtant les Juifs racontent partout qu’ils ont été exterminés par Hitler et chaque année, ils nous le font savoir par tous les canaux possibles. Ils nous forcent à nous le rappeler tout le temps. Ils disposent de moyens colossaux pour nous imposer cela. Pourtant il n y a pas de peuple plus agressé que le peuple Noir. Je ne suis pas un homme en colère, mais juste un homme Noir soucieux du sort de son peuple. Je ne veux pas que la souffrance de mon peuple ne soit pas passée par pertes et profits. Les Africains ont vraiment subi toutes les injustices et les souffrances de cette terre. Nous avons une seule chose à demander aux Africains : Il faut qu’ils commencent et apprennent à aimer et respecter le frère Africain. C’est insensé de tuer son frère pour des intérêts occultes. C’est insignifiant !
Vous parlez souvent de Bob Marley et Peter Tosh. Pourtant on a constaté que la relève n’a pas vraiment assuré le relais en perpétuant cet héritage. Comment expliquez-vous cette perte de vitesse ?
C’est la faute des mass médias. En entendant le mot vous voyez qu’il s’agit bien de masse et de médias. Ils ont tout fait pour stigmatiser et marginaliser le Reggae. Parce que cette musique essaye de livrer des messages forts et de conscientiser le peuple. Ce qui n’arrange pas du tout les intérêts des grands capitalistes. Pourtant dans la musique hip hop, on entend toujours des refrains du genre : « shoot the nigger, kill the nigger « Abattez le nègre, tuez le nègre ndlr) et cela ne semble déranger personne. C’est ce message de violence qu’ils veulent que nos enfants entendent. Nous vivons dans un monde très violent et ce n’est pas toujours le fait des rastamen. Le message conscient du Reggae dérange et les grands médias ne veulent pas de cette forme de discours. Je vais vous faire remarquer une chose. vous n’entendrez jamais dans la vie un artiste Blanc dire : « tuez le Blanc » .Cela ne va jamais arriver. Le reggae a été une musique combattue de toutes parts. Ils ont réussi à faire croire que le Reggae se limite juste à fumer du chanvre indien et à prôner la violence. Ce qui est archi faux. Pourtant tout le monde sait que la musique électro est la plus polluée. Car au cours de leur concert, on y vend de la drogue et de l’ecstasy. Mais personne ne trouve rien à y dire parce que ce sont des artistes Blancs. Il faut oser le dire et le dénoncer. Le Reggae ne fait jamais l’apologie de la violence. Ils ont diabolisé cette musique et ses artistes. Le Hip Hop est beaucoup plus violent dans son essence. C’est une musique qui prône la violence pourtant cela ne semble déranger personne. Le Reggae dérange et on nous fait payer cher notre combat qui consiste à éveiller les masses.
Vous condamnez tout le temps les religions et pourtant vous êtes Bobo (sorte de prêtre rasta ndlr) et Rasta comment expliquez-vous ce qui semble être un contraste ?
Effectivement car je considère que la religion est juste un gros business. Il y a beaucoup d’argent en jeu aussi bien à Rome qu’à La Mecque. Le Mouvement Rastafarian a démarré par une vision éclairée de Marcus Garvey. Au début, il ne s’appelait pas rastafarian mais bien Mouvement Back to Africa (Retour en Afrique). C’est ainsi que le Rastafarisme a démarré. Il était question de retrouver nos ancêtres africains. C’est ainsi qu’on a compris qu’un jour, nous allons rentrer en Afrique. C’est le concept de « Rappatriation » (Rapatriement ndlr). Il faut savoir que Rome dirige l’Europe depuis deux mille ans. Nous avons été opprimés durant quatre cents années. Je suis convaincu que la situation va évoluer au bénéfice de l ’Afrique. Dans moins de six cent ans, l’Afrique va dominer le monde. C’est à dire, moins de temps que l’Europe a mis pour asseoir sa domination.
Vous êtes toujours Bobo ? Qu’est –ce que cela représente-t-il aujourd’hui ?
Effectivement car je considère que la religion est juste un gros business. Il y a beaucoup d’argent en jeu aussi bien à Rome qu’à La Mecque. Le Mouvement Rastafarian a démarré par une vision éclairée de Marcus Garvey. Au début, il ne s’appelait pas rastafarian mais bien Mouvement Back to Africa (Retour en Afrique). C’est ainsi que le Rastafarisme a démarré. Il était question de retrouver nos ancêtres africains. C’est ainsi qu’on a compris qu’un jour, nous allons rentrer en Afrique. C’est le concept de « Rappatriation » (Rapatriement ndlr). Il faut savoir que Rome dirige l’Europe depuis deux mille ans. Nous avons été opprimés durant quatre cents années. Je suis convaincu que la situation va évoluer au bénéfice de l ’Afrique. Dans moins de six cent ans, l’Afrique va dominer le monde. C’est à dire, moins de temps que l’Europe a mis pour asseoir sa domination. Vous êtes toujours Bobo ? Qu’est –ce que cela représente-t-il aujourd’hui ? Le Bobo est comme un prêtre du mouvement rastafarien. Un prêtre qui prie pour la « salvation », qui respecte le jour sacré du Sabbat. De vendredi à 6h du matin jusqu’au lendemain, il se retire du monde et consacre son temps au Plus Haut. C’est un homme qui va à la recherche et qui consacre son énergie à prier ce jour-là. Dans le mouvement rasta, beaucoup de gens acceptent les philosophies, mais ne se plongent pas plus profondément dans les racines, la tradition. Dans toutes traditions, il y a un aspect spirituel et c’est ce que représentent les Bobos pour le mouvement rastafarien. Les « Twelve Tribes » sont plus l’aspect gouvernemental, à voyager sur toute la planète, à pousser les portes et franchir les barrières pour que les rastas puissent se déplacer partout et soient reconnus à l’étranger. Les « Nyahbingh » sont ceux qui se retirent dans les collines et jouent du tambour. Le Bobo est un prêtre qui respecte le Sabbat, qui maintient les principes spirituels. Il montre la voie, comment s’habiller quand on prie. Ce n’est pas différent de ce que Bob Marley faisait. C’est un homme qui essaie de prendre du recul sur le monde.
Mais vous n’êtes pas prêtre…
Anthony B, Junior Reid, Capleton, Sizzla, tous ces « Bobos Shantis » sont des ambassadeurs du mouvement. Nous sommes ceux qui viennent jusqu’ici pour faire connaître le mouvement Bobo Shanti. Parce que le prêtre ne doit pas se déplacer. Il doit être disponible 24 heures sur 24 pour un conseil, une prière.
Ne devriez-vous pas porter le turban de manière permanente ?
Je porte toujours le turban. Nous le portons pour prier. Comme un chef qui va dans sa cuisine et qui se couvre la tête. C’est un objet de prière. Mais nous le portons tous les jours parce qu’on peut avoir envie de prier n’importe quand. Si tu es sur l’autoroute, tu veux prier et tu ne veux pas t’arrêter... Ce n’est pas quelque chose qu’il est obligé de porter partout et tout le temps. C’est un choix que nous faisons. La prière est la meilleure protection dans le monde actuel, alors, tu peux avoir envie de prier n’importe quand.
Monteriez-vous sur scène sans votre turban ?
Oui. Je pourrais. Parce que ce n’est pas une partie de moi. Le Sabbat a été fait pour l’Homme, pas l’inverse. Les règles sont pour les idiots et la discrétion pour les sages. C’est un commandement. Il nous a montré le chemin, mais il n’a pas énoncé d’interdiction.
Connaissez-vous des artistes sénégalais ?
A dire vrai, je n’en connais presque pas. Il se trouve que pour nous autres Jamaïcains, il est très difficile de nous habituer aux noms africains et c’est encore le fait de la colonisation. Cependant, je connais Baba Maal car il a été le premier artiste à nous montrer un autre visage de la culture africaine. Il nous a fait découvrir les magnifiques tenues africaines et la richesse des belles mélodies africaines. Il est venu jusqu’en Jamaïque et il est très connu chez nous. Baba Maal est une grosse star en Jamaïque et nous le voyons beaucoup à la télévision. Il y a aussi Alpha Blondy et Tiken Jah qui font presque partie du mouvement là-bas.
Quel est vraiment le sens de votre message ?
Je prône l’amour et le rapprochement entre tous les peuples de la terre. Rien ne vaut l’expérience et nous devons apprendre de nos erreurs. Pour moi, nous avons essayé de régir le monde par la religion et cela n’a pas réussi. On a aussi essayé en passant par la guerre et cela n’a pas donné de résultat probant. On fait de la politique depuis toujours sans que cela ne change. Maintenant, il est temps d’essayer le remède de l’Amour. Donnons une chance à l’Amour c’est vraiment le sens de mon message. L’Amour est la seule et unique solution. Je demande à tout le monde de délivrer un message positif et plein d’amour.
Avez-vous une idole dans le domaine de la musique ?
Ah oui ! Et c’est Peter Tosh car je l’ai toujours dit.
Pourquoi lui ?
Parce qu’il a été très conscient et il m’a appris beaucoup de choses. Il m’a fait comprendre qu’en tant qu’être humain, j’ai existé bien avant la colonisation et l’esclavage. J’ai été heureux et libre en Afrique. Il nous a tous fait comprendre que nous sommes tous des Africains. Il n’a ménagé aucun effort pour nous faire comprendre que nous disposons d’une grande force. Il l’a ailleurs dit et répété que tous les hommes Noirs sont des Africains. On parle souvent des Indiens et des Juifs, mais aucun peuple n’a subi autant de brimades que nous autres Noirs. A ce sujet je vous rappelle la théorie de William Lynch qui a parlé du syndrome de l’esclave. Il a écrit que pour avoir un esclave docile, il fallait juste éclater la structure familiale. En gros, voilà ce qu’il disait : « J’aimerais vous dire que la méfiance, le manque de confiance en soi, est plus efficace que le respect ou l’admiration. L’esclave Noir, après avoir reçu ce lavage de cerveau, perpétuera de lui-même et développera ces sentiments qui influenceront son comportement pendant des centaines voire des milliers d’années, sans que nous n’ayons plus besoin d’intervenir. Leur soumission à nous et à notre civilisation sera non seulement totale, mais également profonde et durable. N’oubliez jamais que vous devez opposer les adultes et les noirs âgés aux plus jeunes, les noirs à peau foncée aux noirs à peau plus claire, la femme noire à l’homme noir. » Il faut aller voir sur Internet pour mieux comprendre cette fumeuse théorie. Il fallait annihiler toutes formes de résistance car si vous ne pouvez plus vous battre, vous allez rentrer dans votre cage en tant que captif et c’est ce qui est arrivé. Peter Tosh m’a permis de comprendre vraiment toute la portée de notre combat de tous les instants. Il m’a permis de me libérer de ces chaines. Il y a aussi Bob Marley qui n’est pas un simple chanteur pour nous autres Jamaïcains. Il a eu beaucoup d’influence sur le reste du monde. C’est pour cela que son histoire est enseignée jusqu’au Japon. C’était un messie à sa manière. Pourtant l’essence de son message tourne autour de l’Amour. Il faut donc poursuivre sur cette voie et prôner l’Amour.
Quels sont les temps forts et les mauvais moments de votre carrière ?
Ce sont des moments comme cela où je rencontre mes frères Africains. Cela me permet de discuter et de beaucoup apprendre sur ma propre histoire. Je me retrouve heureux et libre en Afrique. Cela fait vraiment partie des moments le plus heureux de mon parcours. Pour les mauvais souvenirs, je dois dire que ce n’est pas vraiment lié à la musique. Je suis écœuré quand je vois ces hordes d’Africains qui tentent de rallier l’Europe dans des embarcations de fortune. Une fois à Paris, j’ai vu à la télévision la manière inhumaine dont on les traitait. Il y avait un déploiement surréaliste de moyens militaires avec des hélicoptères et tout le bazar pour les empêcher de débarquer. C’était insoutenable car ils étaient encore une fois traités comme de la m… Je me demande comment des êtres humains peuvent infliger cela à leurs semblables ces pratiques. Cela m’a vraiment choqué.
«LES ARTISTES SENEGALAIS DE LA MUSIQUE URBAINE SONT TRES ENGAGES»
Palabres avec … MYRENE GOMIS, ARTISTE FRANCO- SENEGALAISE
Artiste franco-sénégalaise ayant évolué en France avant de s’établir au Canada, Myrène a des influences très variées. Elle vogue du Hip Hop au Trap en passant par le Pop/Afrobeat et le R&B. Mais avant tout, elle reste une professionnelle de l’industrie musicale car ayant travaillé pour des artistes de renom depuis l’obtention de son Master en Communication. Cette double casquette lui vaut d’être tout aussi active en gestion business en tant que consultante marketing/experte en développement d’affaires. Myrène séjourne présentement à Dakar pour communier avec ses fans et se ressourcer. Pour renouer avec le public de son pays d’origine, elle a trouvé le bon filon en assurant les premières parties de Wally Seck. Découverte d’une chanteuse de talent qui ambitionne de devenir prophétesse chez elle
Myrène, vous découvrez le public dakarois avec beaucoup de bonheur. Pouvez vous revenir sur votre parcours musical?
Je suis d’origine Manjiack car mes parents sont de la Casamance. Là, je suis très contente d’être au Sénégal. 2019 a été une excellente année pour moi. Parce que tout simplement, elle a été très bénéfique. J’ai sorti mon premier single en début 2019 et c’était la première fois aussi que le public sénégalais s’intéressait à ma musique. Bien que les gens consomment le «Mbalax », j’ai été bien accueillie par le public qui m’a adoptée avec ma musique qui constitue un cocktail d’afrobeat et de toutes les musiques urbaines du hip-hop. De ce fait, je suis hyper contente et satisfaite de l’accueil positif. Les trois dernières semaines étaient des semaines fastes, puisque toutes les personnes de l’industrie de la musique, les médias m’ont accueilli à bras ouvert.
Comment vous vous êtes retrouvée dans l’univers de la musique ?
J’ai débuté ma carrière dans un groupe basé à Paris et dénommé « Diva ». Nous avons fait pas mal de tournées avec le groupe. On a assuré des premières parties avec des artistes qui sont assez connus. En 2012, j’ai sorti mon premier album intitulé « Fable Urbaine » avant de faire une petite pause musicale. C’est en 2016 que j’ai pris le choix d’émigrer au Canada pour des raisons professionnelles, personnelles et musicales. Car je savais que j’aurais eu beaucoup de chance dès lors que la France est un peu compliquée. Et un an après mon arrivée au Canada, certains morceaux qui étaient sortis en 2012 ont commencé à tourner en boucle dans les radios. Très rapidement, j’ai eu à participer à des concours et à glaner des prix. Ce, à l’instar des « Kilimandjaro Music Awards ». Cerise sur le gâteau, j’ai été nominée dans la catégorie meilleure révélation en Amérique du Nord. Parce qu’un de mes titres de ce premier album avait commencé à être diffusé. Ce qui m’a incité à revenir dans la musique et d’être un peu plus active. En 2018, j’ai sorti un premier single intitulé «Reign ». Et c’est ce dernier qui m’a fait découvrir un peu au public sénégalais. Car moi, je chante en anglais, en français, un peu le wolof même si je maîtrise beaucoup plus ma langue maternelle, le Manjack. En fait, ce single m’a valu aussi une deuxième nomination au « Kilimandjaro Music Awards « dans la catégorie meilleure chanson afro urbaine. Donc j’ai gagné le prix de la meilleure chanson afro- urbaine en 2019. C’était un grand plaisir de gagner ce prix parce que le public du Sénégal a beaucoup voté pour moi. Et j’étais vraiment très touchée de faire partie des artistes qui ont récolté le plus de voix toute catégories confondues. Ce, grâce à mes origines. C’est vraiment touchant et je les remercie du fond du cœur. Le deuxième single, « Tombola », un afrobeat, fait son bonhomme de chemin.
Comment avez- vous confectionné ce « link » avec le public sénégalais?
C’est mon manager Am qui est à la base de cette jonction. Il a vite fait de me mettre dans le bain. Il a réussi à organiser cette tournée que j’ai commencée depuis début décembre à Mbour avec deux dates. On était aussi présent au ‘’show of the year’’ de l’artiste Nitt Doff. Et franchement, je suis hyper contente. Mais aussi, je suis plus qu’honorée de faire partie des artistes qui assurent la première partie de Wally Seck. Il y a deux jour (le 24), on était à Thiès, demain soir (aujourd’hui) on sera en Gambie et le 31 prochain au Grand Théâtre pour assurer la première partie. Cela me touche et me va droit au cœur
Pensez-vous poursuivre la collaboration avec tous ces artistes ?
Pour le moment, je n’ai pas envie de les dévoiler. Mais c’est sûr qu’il y aura des collaborations avec des artistes. On a commencé avec l’entourage de Wally Seck. On a des choses intéressantes qui vont venir en 2020. Quant à Waly Seck, c’est à mes yeux un digne représentant de la nouvelle génération. Il fait certes du « Mbalax ». Mais ce que j’aime chez lui, c’est qu’il prend aussi les codes, dans le port vestimentaire. Même la voix qu’il a n’est pas typiquement traditionnelle. C’est une icône populaire qui peut parler à toutes les musiques. La preuve, il fait des plateaux en France. La jeune génération s’identifie à lui, il est traditionnel, mais aussi il est populaire.
Vous êtes originaire de la Casamance, envisagez- vous d’y faire une tournée ?
Franchement, j’aurai adoré aller même en Guinée Bissau. Car il y a la communauté Manjack qui y vit. Mais honnêtement, comme c’est la première fois que je viens au Sénégal, ce n’est pas évident de jouer partout. Parce que du point de vue logistique, on a voulu vraiment tester le terrain. Mais ce n’est pas encore une grosse production. Du coup, on ne peut pas s’engager tout de suite. J’aurai pu aller à ziguinchor avec une bande son, mais je respecte beaucoup la musique pour ça. Je pense que c’est un projet et ça venir. Pour l’instant, je suis hyper contente de me produire ici et d’aller à la rencontre du public. Car on aura beaucoup plus d’opportunités
A quand le prochain album ?
Ça sera pour l’année prochaine. Et ce sera un EP de 5 titres.
Quel sens donnez-vous à l’engagement dans votre musique ?
En termes d’engagement, personnellement, je le commence d’abord au niveau de ma famille. Car pour pouvoir aider une communauté, il faudra commencer par la famille d’abord et après étendre cela. Je cherche toujours à aider mon prochain. Et dans mes projets, je souhaite faire une tournée dans les écoles. Maintenant tout ce qui est relatif à la cause de la femme, c’est quelque chose qui me tient à cœur. Je suis femme indépendante, mais très fière de ma culture. Dès que je suis à l’intérieur, j’oublie tous les codes occidentaux. Ce sont des choses qui me touchent profondément. Parce que chez les « Manjack », il y a des choses qui sont extrêmement taboues. Il y a une manière d’aborder certaines choses. Je suis pour la cause des femmes. Je suis très engagée pour la lutte contre les violences faites aux femmes, mais aussi sur les enfants. Car ce sont eux le socle de la société.
Envisagez-vous de faire du Mbalax ?
(Eclats de rire). Faire du « Mbalax » oui, mais ça se travaille. Je ne peux pas durant une année pourvoir prétendre faire du « Mbalax », car j’ai écouté cette musique. Maintenant, faire un featuring avec Wally Seck, ce n’est pas à exclure. Mais chaque chose en son temps. Et je n’aime pas faire des choses pour le buzz. Et encore, Wally Seck est connu. Si ça doit se faire, ça sera tout naturellement. Et si cela ne se réalise pas, je suis déjà hyper fière d’avoir joué ses premières parties. Et cela montre encore une fois que tout ce qu’on dit sur lui est vrai. C’est un mec très bien.
Vous avez également abordé l’immigration dans vos chansons ?
L’immigration, c’est une problématique. Parce que moi qui vous parle, j’ai un cousin germain qui vivait à Grand Yoff et il était parti. Il est passé par la Lybie. Il a vécu des choses horribles. Pour vous dire que l’immigration nous interpelle tous. Contrairement à d’autres artistes des pays, ici, les artistes chantent de vrais thèmes. Ils sont hyper engagés. C’est le cas de Niit Doff. Bien vrai que j’ai des chansons qui parlent d’amour, mais il n’y a pas que l’amour qui me touche. Mais des thématiques qui nous parlent aussi nous interpellent par la même occasion.
Prévoyez-vous un retour au Sénégal ?
Ça sera pour bientôt puisque des contacts ont été déjà noués. En 2O2O, j’essayerai de passer six mois au Sénégal et les six ailleurs pour commencer autre chose. C’est un point de vue personnel. Ca n’a rien à voir avec la musique. J’ai déjà commencé des actions concrètes pour pouvoir m’établir ici. Car pour moi l’Afrique, c’est l’avenir contrairement à certains pays. C’est vrai ! Il y a beaucoup d’imperfections. Quand on arrive, ça peut être décourageant. Mais lorsque tu es chez soi, le métissage culturel peut permettre de faire beaucoup de choses dans son pays d’origine.
Mor Talla Guèye alias NIT DOFF est un artiste engagé à sa manière. Le natif de Louga qui a longtemps vécu en France a réussi à se faire accepter du public local grâce à la seule force de sa détermination en imposant son style assez dérangeant même s’il s’est assagi avec l’âge. Cependant il est toujours d’attaque pour tirer sur le régime. Il est revenu sur son parcours et sur ses ambitions à quelques heures de la tenue de la neuvième édition du Show of the year.
Vous tenez ce vendredi 20 décembre, la neuvième édition du Show of the Year ?
Nous en sommes à la neuvième édition, ce qui signifie qu’on est en train de poursuivre notre petit bonhomme de chemin et de marquer notre parcours. Pour moi, neuf éditions, ce n’est pas rien et cela représente quand même quelque chose.
Certains vous reprochent de vous cantonner au Stade Iba Mar Diop?
Depuis toujours nous travaillons selon un plan et une feuille de route bien définis. Cette année encore, on a suivi ce plan. C’est pourquoi nous allons faire deux dates. On a déjà eu à faire deux dates par le passé en jouant au Grand Théâtre et à Iba Mar Diop. Pour cette année, on a décidé d’améliorer l’existant en allant jouer à Iba Mar et à Paris. C’est vraiment cela la spécificité de cette année. Pour la première fois, on fera sortir le Show of the year du Sénégal pour l’amener à Paris. C’est quelque chose de grandiose. Pour l’année prochaine, on est en train de réfléchir et on compte proposer quelque chose de lourd et même mieux que l’Arène Nationale et Dakar Aréna.
Selon certaines indiscrétions pour la dixième édition, il sera question d’organiser un festival…
Effectivement ! L’événement a grandi et on ne va plus se contenter d’organiser un seul concert. C’est devenu une grosse demande. Il faut forcément s’adapter. C’est pratiquement devenu le rendez-vous ponctuel de tout le mouvement. Rien que pour cela, il faut que l’on essaye de le rendre beaucoup plus large pour que tout le monde puisse y trouver son compte. Et effectivement, l’année prochaine, ce sera autre chose. Un autre « level » inch Allah.
Pourquoi avoir choisi la date du 20 décembre ?
Il s’agit juste d’une date choisie au hasard. A la base, les Shows se déroulaient les samedis. Il se trouve que pour cette année, la date était déjà prise le samedi et on s’est rabattu sur le vendredi. Mais ce n’est pas très grave car nous serons en période de vacances. C’est juste pour cela que l’on a choisi la date du 20 décembre.
Pour la date 29 vous irez en France et vous allez collaborer avec Shym. Pouvez-vous nous parler de ce nouveau partenariat ?
De la première à la huitième édition, c’était H Guns Art et Buzz Events. On a réussi à faire prendre la sauce. Mais on a toujours voulu faire voyager le concept. Nous avions pour ambition d’inviter de nombreux artistes et de représenter le drapeau du hip hop Galsen aux quatre coins du monde. C’était vraiment ça l’idée. Quant à Shym, il a toujours soutenu toutes mes initiatives. C’est après avoir positivement apprécié l’énorme travail abattu que nous avons décidé de collaborer avec lui. A dire vrai, je suis très satisfait et je n’ai pas regretté d’avoir franchi le pas. Grace à son dynamisme et son entregent, nous avons réussi à réaliser notre fameux rêve de faire voyager le Show of the Year à Paris à la Bellevilloise. Cela, on le doit à Shym.
L’année dernière avec Domou Djoloof, vous et Shym, vous n’aviez pas réussi à organiser des évènements à Paris faute de visas. Comment avez-vous vécu cela ?
C’était juste une injustice. Ce sont des choses que l’on ne peut même pas expliquer. On ne peut pas concevoir que des artistes qui ont réussi à bâtir quelque chose de solide au Sénégal et qui y vivent soient ainsi interdits de voyager pour faire leur travail. Au même moment, leurs ressortissants viennent ici quand ils veulent sans aucun problème. Cela m’avait vraiment révolté et je ne me suis pas fait prier pour le dénoncer. C’est inadmissible. Heureusement que tout est rentré dans l’ordre et il n y a pas eu de problèmes cette année. C’est une occasion pour exhorter les gens qui travaillent dans les ambassades d’accorder plus de respect aux artistes car ils doivent voyager pour travailler. Il faut qu’ils fassent un peu d’efforts. Et encore une fois, qu’ils respectent un peu plus les artistes qui sont appelés à sillonner le monde pour leur boulot.
Quel répertoire allez-vous revisiter pour ce vendredi ?
On a l’embarras du choix car on a cinq albums sur le marché. Mais après tout, ce qui va être le plus important dans l’histoire, c’est la participation de tout le monde. C’est tout le mouvement qui sera à l’honneur et à la fête. Je veux dire par là, la crème, ceux qui viennent d’émerger, des révélations qui n’ont pas encore sorti d’albums. Ce, sans oublier les anciens qui ont tracé la voie et les artistes de ma génération. Comme d’habitude, on va offrir un bon spectacle. Nous voulons qu’il y ait un vrai spectacle et que les gens soient éblouis. Il ne s’agit pas de venir juste pour assister à un concert et de rentrer. Il faut que les gens soient émerveillés et que le lendemain au réveil, ils se disent : « Waaw, j’ai vécu quelque choses de fabuleux !». Il faut créer du rêve et que le spectateur soit surpris et étonné
Peut-on s’attendre à des innovations ?
Je préfère ne pas trop m’épancher la –dessus, mais il y aura beaucoup de surprises. Il y aura des invités inscrits sur mon conducteur. Je suis sûr que le spectacle livré va chambouler le public. Je m’en arrête là.
En dix ans de carrière vous avez sorti cinq albums. Quel est celui qui vous a le plus marqué ?
C’est une question qui revient souvent. Il est vraiment difficile d’y répondre car ce sont tous mes bébés. Les émotions ne sont pas les mêmes, mais les premières sensations et les premiers frissons sont toujours les meilleurs. Le retour que j’ai eu sur mon premier album reste le plus fort. Cela reste mon meilleur souvenir
Quels sont les artistes qui vous inspirent ?
Michael Jackson et Bob Marley. J’ai commencé par la danse et Michael est un as dans ce domaine. Sa voix est aussi sublime. J’écoute aussi Bob Marley qui m’inspire beaucoup. J’écoute Tupac même si ce n’est pas pour me calmer
Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?
J’ai commencé par la danse. A l’époque, il y avait Michael Jackson et MC Hammer et tout le monde voulait faire de la danse. Par la suite, il y a eu l’avènement du rap wolof avec plus de punch. C’est ce qui nous a fait basculer vers la musique. Avant d’intégrer le milieu, j’aimais le rap et j’en écoutais souvent. J’écoutais beaucoup Iam, NTM, Pac, Biggy et tant d’autres. Avec l’essor du rap wolof, j’ai également aimé le Pee Froiss, Daara J, Rapadio etc... Tous ces gens m’ont vraiment donné envie de faire du rap.
Durant cette période, vous avez eu à faire des choses que vous regrettez et que vous n’allez jamais refaire ?
Effectivement, il y a eu des erreurs. Je suis un homme avec ses faiblesses et il peut arriver que je commette des erreurs. Cependant, je ne vais pas regarder dans le rétroviseur et revenir sur des choses blâmables que j’ai dû vivre dans mon parcours. Sur les douze ans, il y a eu certainement des erreurs de comportement et des mots de travers. C’est vrai et c’est humain. Je ne vais pas tous les citer
Quelle a été la plus grande difficulté à laquelle vous avez dû faire face à vos débuts ?
C’était sans doute le fait de m’imposer et de prendre ma place. Ce n’était pas facile ni évident de venir s’imposer dans un milieu où il y avait déjà des gens bien installés. Il fallait se battre d’autant plus que je ne vivais pas ici. Il fallait s’imposer. Et comme j’étais à l’extérieur, il y avait des barrières et il fallait se battre. C’est pourquoi j’ai dû m’incruster et m’installer pour arriver à imposer mon style.
Comment voyez-vous l’évolution du rap sénégalais ?
Il y a du positif et des acquis. Cependant, on constate un manque d’engagement au niveau des textes et de la musicalité. Les gens sont obnubilés par le buzz et le nombre de vues. Ce qui fait qu’ils ont laissé de côté ce qui faisait le charme du rap sénégalais avec la profondeur de ses textes et cette belle musicalité. Il y a aussi beaucoup à faire sur l’implication sur la vie des sénégalais. Le rappeur sénégalais jouait un important rôle de conscientisation au sein de la société et surtout de la jeunesse. Maintenant pour la recherche du profit et du buzz, on a tendance à négliger cet important aspect et je trouve cela dommage. Au niveau des vidéos, de la gestion de l’image et de la carrière de l’artiste, ils ont accompli d’énormes progrès. Ils parviennent aussi à jouer dans les grandes salles et à faire bouger les foules. Pour moi, tout ça c’est bien, mais il ne faut pas qu’ils laissent tomber le peuple. Les rappeurs s’imprégnaient vraiment des galères des Sénégalais. Ils se faisaient un combat et je trouve dommage qu’ils aient décidé de ramer à contre -courant et de ne plus en faire une priorité
Vous leur conseillez quoi alors?
Il faut qu’ils croient en leurs potentialités. Il faut aussi marcher sur les traces de nos ainés et éviter de tomber dans certains travers. Nous vivons dans une société qui nous inculque certaines valeurs et nous fixe des limites à ne pas franchir. La recherche effrénée de vues ou le buzz et de la notoriété ne doit pas nous pousser à dépasser certaines limites. On a un rôle à jouer dans cette société. Nous avons toujours été respectés et il faut éviter de se focaliser sur certains comportements répréhensibles qui commencent à prendre de l’ampleur
En parlant de comportements déviants, vous pensez surement à DIP qui vous a « clashé ». Pourtant vous disiez qu’il ne franchirait jamais cette barrière
Je n’ai jamais dit qu’il ne fera pas un « Clash » contre moi. Chacun a le droit d’interpréter les choses à sa manière, mais je suis un simple humain. Je ne suis pas un intouchable et je fais partie du « Game ». Cela fait partie du hip hop. Ce ne sont pas des choses méchantes. Ce qu’il a dit sur moi n’engage que lui, mais moi je n’ai rien de spécial à dire sur lui. Je suis en train de faire des choses beaucoup plus importantes pour le Game. C’est à ce niveau que m’attend la société. C’est à dire essayer de fédérer, de faire plus et mieux, d’organiser des choses extraordinaires et de relever le niveau. C’est cela mon rôle actuel et je dois aussi essayer d’ouvrir la voie à ces jeunes et leur faire profiter de ma position et de mon expérience. Je ne suis pas au stade où je vais me chamailler et rendre les coups. Je ne peux pas refuser cela, car cela fait partie du Game et j’ai déjà eu à en faire. Cependant, j’ai dépassé ce niveau et je vise plus haut. Je ne suis plus dans cette dynamiquelà. Quand on m’attaque, je laisse la rue répondre à ma place et ces gens-là le font très bien.
On va revenir au Show qui est devenu un évènement d’une grande dimension et très attendu. Est-ce que l’Etat vous a appuyé pour cette édition ?
(Gros éclats de rires) Non ! Franchement, je n’ai reçu aucun soutien de l’Etat ou de l’autorité de maniéré générale. C’est un peu à l’image de nos dirigeants. Il faut que tu sois leur larbin ou que tu deviennes leur pantin, sinon ils te boycottent et te ferment des portes. Mais cela ne peut nullement nous ébranler. Nous sommes des croyants et nous croyons en nous et en notre peuple. Nous n’avons jamais dépendu d’eux pour réussir nos évènements. Nous en sommes à notre neuvième édition et nous n’avons rien obtenu de ces gens-là. Pour rien au monde, on va changer. On restera nous-mêmes car c’est cela qui nous a construit. Je trouve juste dommage que pour un évènement de cette envergure, envié de toute l’Afrique, que nos autorités nous ignorent de cette façon. Je ne suis pas du genre à pleurnicher, car je suis un fonceur. S’elles viennent, c’est tant mieux car on a tous besoin d’être soutenu. Si elles ne viennent pas aussi, on va poursuivre notre chemin. Je profite de l’occasion pour remercier le public qui a toujours été présent à nos côtés. On est en train de réussir sans retourner notre veste ou changer notre discours. Et c’est ça qui fait notre force pour l’instant.
Nit Doff est toujours pro Sonko ?
Ah oui et à 1000%…
Qu’est- ce qui vous a précipité dans le champ politique ?
Franchement, je ne suis pas dans une démarche de politique politicienne. Mais je ne me suis jamais éloigné du champ politique car tout ce qui parle des affaires de la cité me concerne. Je suis un citoyen envoyé par son peuple pour défendre ses intérêts. Je dois prendre des positions s’il le faut. Je l’ai toujours fait avant que Sonko ne soit connu. J’ai toujours pris des positions à chaque fois que le besoin s’est fait sentir. Donc j’ai toujours mené ce combat citoyen bien avant l’avènement de Sonko et de son parti. Il se trouve que s’il y a un leader qui défend les mêmes principes et qui partage le même combat que moi. Alors, je défends les mêmes valeurs. Et comme j’ai vu quelqu’un qui aspire à défendre les mêmes intérêts que moi, je ne vais jamais hésiter à être à ses côtés. D’autant plus que je sais parfaitement où ces gens-là veulent mener notre pays. Tout ce qui m’intéresse, c’est qu’il faut que le Sénégal change. Je suis convaincu que le système actuel et nos gouvernants du moment ne sont pas bons pour notre pays. J’en suis convaincu et il faut que cela change et que ces gens-là dégagent. Je ne suis pas le seul à avoir cette vision. Tout le monde sait que rien ne marche dans ce pays. Tous les secteurs sont malades. Que ce soit la santé, l’éducation, le chômage, l’émigration clandestine, le coût de la vie. Rien ne fonctionne. Au même moment, on voit des gens qui sont épinglés par des rapports, libres de tout mouvement. On les voit s’accuser de tous les noms d’oiseaux. Ils blanchissent de faux billets et détournent nos milliards pendant que d’autres se livrent à un spectacle de manière éhontée. Pendant ce temps, il y a une justice sélective qui emprisonne selon la tête du client. Les grands prédateurs de notre économie et voleurs de la République se pavanent. Il faut que la République cesse d’être le nid de grands voleurs. Cela ne peut plus continuer. Concernant l’électricité, Il faut que chacun prenne ses responsabilités. Et si on voit que certains partagent cette vision et qu’ils sont prêts à mener le combat, on sera à leur côté sans hésiter un seul instant. Il s’agit de sauver le Sénégal et rien que pour cela, on ne va jamais hésiter. Quand j’en parle, je suis trop fier de dire que je donne de la force à ce brave M. Sonko qui a été victime de toutes sortes d’injustice. Il a été radié injustement parce qu’il dénonçait des personnes qui pillaient les biens de notre peuple. Je suis trop fier de lui donner de la force.
Juste qu’on ne vous voit pas dans les différentes manifestations?
Pourtant je suis toujours en phase avec eux. Je participe à leur manifestation même si je ne suis pas en première ligne. Je ne peux pas me dérober face à ce genre de situation qui prend en charge les intérêts du Sénégal. Quel que soit le courant qui combat cette injustice, je suis toujours à leurs côtés. Ceci, tant que cette lutte est justifiée et est surtout menée pour le compte du peuple sénégalais. C’est pour cela que je suis de tout cœur avec Guy Marius Sagna qui est juste un otage du président Macky Sall. Nous exigeons sa libération immédiate car il n’a rien fait qui puisse justifier son arrestation. Les vrais coupables sont connus de tous et ils ne sont pas inquiétés. Il s’agit de ces gens-là qui ont volé nos six mille milliards issus de l’argent du pétrole. Il y a les trafiquants de faux billets et les détourneurs épinglés par des rapports de l’IGE et qui continuent de se pavaner et de narguer le peuple à bord de leurs grosses cylindrées, eux et leurs enfants. Au même moment, on embastille un pauvre innocent qui ne fait que dénoncer la vie chère. Guy est un prisonnier politique et un otage du Président Macky Sall. Ils ont intérêt à le libérer, sinon ils seront responsables de tout ce qui arrivera.
DANS LA PERSPECTIVE DU PROCÈS DE TRUMP
L'invité de VOA, René Lake, revient sur l'impeachment voté la nuit dernière et entrevoit une période politique houleuse entre Démocrates et Républicains, avec en toile de fond, le procès du président américain au Sénat
Après la mise en accusation de Donald Trump, s'ouvre une période politique tendue et incertaine aux États-Unis entre camp démocrates et républicains. Ces derniers qui disposent de la majorité au Sénat, ont l'intention d'exonérer le président américain, au grand dam de la présidente du Congrès Nancy Pelosi.
À quoi peut-on s'attendre dans la perspective du procès du locataire de la Maison Blanche ? Les Démocrates parviendront-ils à rallier les voix républicaines nécessaires pour destituer Donald Trump ? Quid de l'opinion publique, toujours autant divisée sur cette affaire ?
Éléments de réponse avec l'analyste politique, René Lake, au micro de VOA.
TRUMP IMPEACHED
Mise en accession du milliardaire républicain de 73 ans à l’issue d’un débat acrimonieux entre deux camps aux vues irréconciliables reflétant les profondes divisions de l’Amérique
AFP |
CHARLOTTE PLANTIVE ET JEROME CARTILLIER |
Publication 19/12/2019
Le président américain Donald Trump a été mis en accusation mercredi soir lors d’un vote au Congrès synonyme de procès en destitution pour l’ex-homme d’affaires qui a immédiatement dénoncé la « haine » des démocrates.
La Chambre des représentants, dominée par les démocrates, s’est prononcée en faveur de l’impeachment du milliardaire républicain de 73 ans à l’issue d’un débat acrimonieux entre deux camps aux vues irréconciliables reflétant les profondes divisions de l’Amérique.
Il appartiendra désormais au Sénat de juger Donald Trump, sans doute en janvier. Les républicains, qui contrôlent la chambre haute, ont déjà prévenu qu’ils avaient la ferme intention d’acquitter leur président.
Ce vote à la Chambre, qui intervient à moins d’un an du scrutin présidentiel, est en tout point historique. Seuls deux autres présidents – Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998 – ont vécu une mise en accusation. Le républicain Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate, avait préféré démissionner en 1974 avant de subir telle avanie.
Dans un spectaculaire télescopage, la décision est tombée au moment même où Donald Trump était à la tribune pour une rencontre de campagne à Battle Creek, dans le Michigan, à environ 1000 km de Washington.
Avant son départ de la Maison-Blanche, ce dernier avait laissé éclater sa colère sur Twitter, assurant n’avoir « RIEN FAIT DE MAL », et dénonçant « UNE AGRESSION CONTRE L’AMÉRIQUE ».
« C’est tragique, mais les actes irresponsables du président rendent sa mise en accusation nécessaire », a rétorqué Nancy Pelosi, la chef des démocrates au Congrès. « Il ne nous a pas laissé d’autre choix », a-t-elle ajouté.
Le 45e président des États-Unis, qui entend briguer un deuxième mandat en novembre 2020, était visé par deux articles de mise en accusation – abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès – parce qu’il a demandé à l’Ukraine d’enquêter sur un de ses rivaux potentiels à la présidentielle.
« Protéger la démocratie »
Le vote a suivi, à une poignée de voix près, de strictes lignes partisanes.
Pour les républicains, la procédure de destitution est « une blague absolue », une « supercherie », qui ne s’appuie sur « aucun fait » et est motivée par l’aversion des démocrates pour un président qui brise les codes.
« Ils ne détestent pas seulement Donald Trump, ils détestent les 63 millions d’Américains qui ont voté pour ce président », a lancé l’élu républicain Steve Scalise.
Faux, ont répondu à l’unisson les parlementaires démocrates. Les poursuites contre le président n’ont rien à voir avec des considérations personnelles ou des divergences politiques, ont-ils assuré. Il s’agit, selon eux, de « protéger la Constitution », « la démocratie » ou encore « l’état de Droit » menacés par un président qui se croit « au-dessus des lois » comme « un monarque ».
Un seul point d’accord a émergé entre les deux camps : cette « triste » journée entrera dans les livres d’Histoire.
« Tas d’absurdités »
Le tempétueux président septuagénaire veut transformer cette épreuve en victoire politique. Objectif affiché ? Utiliser cette procédure pour galvaniser sa base et, grâce à la réussite de l’économie américaine, arracher sa réélection dans onze mois.
Il affirme, et les républicains avec lui, que la procédure de destitution est de moins en moins populaire auprès des Américains.
Mais les sondages montrent que les lignes ont peu bougé. Selon une étude NBC News/Wall Street Journal rendue publique quelques heures seulement avant le vote de la chambre basse, 48 % des Américains sont favorables à la destitution de Donald Trump et… 48 % des Américains y sont opposés.
À Battle Creek, dans le Michigan, ses supporteurs affichaient une foi inébranlable dans leur président. « Un homme innocent est en train d’être jugé sur un tas d’absurdités », regrettait une de ses fans Wendy Timmerman. « Je n’ai aucun doute : c’est une escroquerie ! », renchérissait un autre, Joe Bontrager.
« Il a été pris »
Mais pour les démocrates, l’ancien homme d’affaires a trahi le serment de sa fonction.
« Il était prêt à sacrifier notre sécurité nationale […] pour améliorer ses chances de réélection », a accusé Adam Schiff, qui a supervisé l’enquête contre le milliardaire républicain.
« Il a essayé de tricher et il a été pris », a-t-il ajouté depuis la tribune, en assurant que « le danger persistait ».
En cause, un chantage auquel Donald Tump et quelques-uns de ses proches auraient soumis le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le 25 juillet, un échange téléphonique entre les deux dirigeants met le feu aux poudres.
Donald Trump demande à ce président novice en politique, en proie à un conflit armé avec la Russie, d’annoncer une enquête anticorruption contre le démocrate Joe Biden et son fils Hunter, ex-membre du conseil d’administration d’une entreprise gazière ukrainienne.
Ancien vice-président, Joe Biden mène la danse dans la primaire démocrate pour l’élection présidentielle et apparaît comme l’adversaire le plus dangereux pour le sortant républicain.
Un faisceau d’informations concordantes et de témoignages semble de plus attester qu’un lien avait été établi entre une annonce éventuelle de ces investigations et le déboursement d’une aide militaire américaine pour l’Ukraine.