En prison en Arabie Saoudite depuis 2012, Alcaly Cissé est décédé hier. Condamné à 6 mois de prison ferme et à payer 1,5 milliard de F Cfa en guise de dommages et intérêts, l’ancien député libéral est retourné en prison, après avoir purgé sa peine parce que n’ayant pas pu payer cette somme. Malgré son état de santé «durablement incompatible avec la prison», M. Cissé n’a pu bénéficier de la clémence des autorités saoudiennes.
Alcaly Cissé est finalement décédé loin des siens. L’ancien député libéral, détenu en Arabie Saoudite depuis 2012, est mort en prison hier. M. Cissé, qui a échappé à la décapitation en voyant sa condamnation ramener à 6 ans de prison ferme en 2018, n’a pas pu rejoindre son pays natal. Cela, malgré l’insistance de ses avocats pour une intervention de l’Etat. Poursuivi au départ pour un délit d’escroquerie, Alcaly Cissé a été jugé après son extradition pour des faits de maraboutage et charlatanisme réprimés par le droit saoudien. Il faut rappeler que M.
Cissé, pour cette affaire d’escroquerie, a été condamné au Sénégal en première instance avant d’être relaxé en appel. C’est à Casablanca, au Maroc, qu’il a été arrêté alors qu’il était en transit en partance pour Dubaï, puis extradé vers l’Arabie Saoudite. A l’époque, Me Assane Dioma Ndiaye, avocat de Alcaly Cissé, avait dénoncé l’attitude des autorités saoudiennes et marocaines qui ont foulé aux pieds une décision de la justice sénégalaise. A ce propos, il soutenait que cela montrait «la faiblesse de notre diplomatie et de notre autorité au niveau international» parce qu’on ne peut pas «juger une affaire deux fois». Lorsqu’il a été condamné en 2018 à 6 ans de prison ferme, Alcaly Cissé devait payer «au plaignant, un homme d’affaires, plus de 1,5 milliard de francs Cfa de dommages et intérêts».
Depuis, le président de la Ligue sénégalaise des droits humains ne cesse d’appeler les autorités sénégalaises «à assumer leurs obligations consulaires et diplomatiques à l’égard des Sénégalais qui sont dans des difficultés à l’étranger». Me Assane Dioma Ndiaye avait fait savoir qu’avec «l’amende ou la condamnation aux dommages et intérêts de 1,5 milliard, si Alcaly Cissé ne paye pas, il ne reviendra pas au Sénégal».
Soulignant ainsi que c’est une sorte de contrainte par corps en réalité. C’est ce qui est finalement arrivé. Sur Dakar Actu, Me Assane Dioma Ndiaye informe que «Alcaly Cissé a été remis en liberté depuis octobre 2018,après avoir purgé sa peine avec une interdiction de sortie du territoire saoudien qui lui avait été imposée». Ensuite, ajoute son
avocat, «il est retourné en prison après une hospitalisation pour non paiement d’un montant de1,5 milliard de francs Cfa de dommages et intérêts». Le plaidoyer des avocats et la pression mise sur les autorités sénégalaises n’ont pas réussi à tirer d’affaire l’ancien député libéral.
Avec un état de santé «durablement incompatible avec la prison», Alcaly Cissé a finalement rendu l’âme en Arabie Saoudite.
BAMBA DAY A DAKAR !
Que dire ? L’attente a été longue, mais il ne reste que quelques heures pour qu’enfin vienne le jour tant attendu : l’inauguration de Massalikoul Djinane.
Massalikoul Djinane, qui sera inaugurée ce vendredi, est une mosquée qui rend fiers les fidèles musulmans et étire davantage la grandeur du Mouridisme.
Que dire ? L’attente a été longue, mais il ne reste que quelques heures pour qu’enfin vienne le jour tant attendu : l’inauguration de Massalikoul Djinane. Les chemins du paradis. Ce vendredi 27 septembre sera marqué dans du marbre, mis en gras dans l’histoire du Mouridisme. A Colobane où est nichée la mosquée, construite sur 6 ha et d’un coût de plus 20 milliards F Cfa, les fidèles, accourus de toutes les contrées du pays, qui trépignaient d’impatience, continuent de rallier la capitale sénégalaise pour assister à la prière de 14 h. En attendant, les Forces de l’ordre, les agents de santé, du privé en passant par la pléthore de Dahiras et associations mourides donnent au quartier Colobane, qui héberge ce rêve lointain (Massalikoul Djinane) de la mouridiyya, cet instant mémorable. Les haut-parleurs laissent échapper les versets du Saint coran, les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba, «qui avait prédit sa venue dans la capitale sénégalaise à travers Serigne Mountakha», l’actuel Khalife général des mourides. Prédiction réalisée, car le guide va inaugurer cette monumentale œuvre, qui attire un monde, qui vient s’abreuver aux sources du Mouridisme.
Sous une tente en face de l’entrée principale de la mosquée, deux tablibés observent la grande exposition réalisée par le Dahira Khidmatoul Khadim. «Serigne Touba avait écrit dans l’une de ses œuvres que c’est à travers Al Mountakha qu’il viendrait à Dakar et cela rendra vaines toutes les stratégies de l’ennemi. C’était en 1895», relate l’un des visiteurs de l’exposition. Qui présente les figures et évènements symboliques de la confrérie mouride notamment la vie et l’œuvre de Serigne Touba, de Mame Cheikh Ibrahima Fall communément appelé Baboul mouridina (la porte du Mouridisme), l’histoire de l’exil du Cheikh au Gabon, son passage à Dakar, la bibliothèque Khadim Rassoul et ses excroissances dans le monde... Rien n’est laissé en hasard, le diable est dans le deuil. «Nous avons réalisé cette exposition en nous basant sur des sources fiables et sûres. Nous avons les informations relatives à l’histoire générale de la mosquée Massalikoul Djinane, de la pose de la première par Serigne Mouhamadou Lamine Mbacké jusqu’à son état actuel», confie Babacar Ndong, membre de la commission chargée de la recherche et des expositions du Dahira Dialibatoul Marahbi, qui s’occupe de la propreté de la mosquée et ses alentours. «Nous faisons tout ce qui est de notre pouvoir pour qu’une personne qui arrive ici, d’où qu’elle vienne, puisse être satisfaite des informations mises à sa disposition. Dieu merci : les visiteurs affichent leur joie», se réjouit M. Ndong. Un autre membre de la commission acquiesce de la tête.
A Colobane, il flotte un sentiment de fierté inexplicable qui emplit les cœurs des visiteurs, guidés simplement par le besoin de savoir l’histoire de leur confrérie. Depuis des jours, le coordonnateur des travaux de la mosquée, est au cœur de toutes les attentions. Un groupe dirigé par Pape Ibrahima Diagne avance vers la police, appuyée par la sécurité mouride, qui s’occupe de l’ordre dans la piste réservée aux véhicules. Le grand Serigne de Dakar, qui s’incline devant cette réalisation : «Par ma voix, la Communauté léboue dit bienvenu à Serigne Mountakha Mbacké. Nous sommes heureux et nous nous retrouvons dans la réalisation de cette grande œuvre qui est la victoire de l’Islam. J’ai dit à Serigne Mountakha que les disciples ici à Dakar suivent vos recommandations. Ils lisent le Coran, les khassaides (écrits de Serigne Touba) et ils travaillent également.» Pape Ibrahima Diagne ajoute : «vous avez amené mbekk mi ou la joie en français», que les talibés chantent depuis l’arrivée de l’actuel khalife à la tête du Mouridisme. M.
Diagne fait un rappel : «lors de l’inauguration de la grande mosquée de Touba, Senghor avait dit la construction de cet édifice démontrait la solidarité nationale. Mais aujourd’hui Massalikoul Djinane renouvelle cette solidarité car tout le monde y a participé à travers les cotisations de 100 F, 1000 F, 5000, etc. Cette mosquée fait la joie de tous les Sénégalais car Serigne Touba ne l’a pas construite au Gabon. Elle reste ici au Sénégal et j’affirme qu’il reste encore d’autres mosquées comme celle ci», conclut le dignitaire lébou. Une prédiction entonnée aussi dans les rues de Colobane, qui ont aussi fait allégeance au Mouridsme.
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DÉCÈS DE GABRIEL FAL
L'expert en ingénierie financière et fondateur de CGF Finance avait 66 ans - Pendant de nombreuses années, il a rayonné sur les marchés financiers africains
(SenePlus.com, Dakar) - L'expert en ingénierie financière Gabriel Fal est décédé, à la suite d'une longue maladie, à Paris dans la nuit du mardi au mercredi 25 septembre 2019. Il avait 66 ans.
Fils de Cheikh Fal, le premier patron d'Air Afrique, Gabriel Fal a opéré depuis de nombreuses années sur les marchés financiers. Il est le créateur de la Bourse régionale des Valeurs mobilières (BRVM) et de son propre cabinet d'intermédiation financière: CGF Finance.
Ce spécialiste des levées de fonds a piloté plusieur emprunts obligataires et monté de nombreux dossiers de grandes entreprises sénégalaises notamment les ICS et la Senelec.
ISMAILA SARR, LE RÊVE ANGLAIS VIRE AU CAUCHEMAR
Contre 35 millions d'euros, il avait rejoint watford avec comme objectif de franchir un nouveau palier dans sa jeune carrière. Mais après six journées, l'international sénégalais se cherche encore
Contre 35 millions d'euros, Ismaila Sarr avait rejoint watford avec comme objectif de franchir un nouveau palier dans sa jeune carrière. Mais après six journées, l'international sénégalais se cherche encore.
DES DEBUTS CATASTROPHIQUE
Classé 11ème lors de la défunte saison et finaliste malheureux de la Cup (meilleure classement de l’histoire du club), Watford connait un début de saison 2019-2020 plus que difficile. Après six journées disputées, les « Hornets » occupent la décevante 20ème place, avec deux maigres points au compteur. La raclée du week-end dernier contre Manchester City (8-0) n'a fait que confirmer la mauvaise période du club. Mais ce début de saison raté n’est que la suite logique de l’exercice précédent. Sur les quatre derniers matchs de la saison 2018-2019, Watford avait enregistré autant de revers, dont un cinglant 6-0 contre Manchester City en FA Cup. Depuis, la situation ne cesse de se dégrader. Après déjà quatre journées, l’équipe avait montré ses limites (3 défaites, 1 match nul). En place depuis 2018, le coach Javi Garcia finira par être remercié.
GARCIA VIRE, QUIQUEF LORES DE RETOUR
Jadis équipe qui posait d’énormes difficultés à ses adversaires, Watford a perdu du terrain au fil des journées. Un relâchement coupable attribué à Javi Gracia qui ne tardera pas à en payer le prix. Pour trouver un successeur au technicien de 49 ans, le patron des « Hornets » Gino Pozzo ne cherche pas loin. Il jette son dévolu sur Quique Sanchez Flores, une vieille connaissance de la maison. Passé au club durant la saison 2015-2016, ce dernier avait la lourde responsabilité d’arrêter l’hémorragie. Il débute par un nul contre Arsenal à domicile (2-2), avant de se faire écraser par le champion en titre Manchester City (8-0). En deux rencontres sous les ordres du technicien espagnol, Watford a encaissé 10 buts, contre 8 en 4 matchs, du temps de Javi Garcia. Plus faible défense de Premier League (18 buts encaissés), l’équipe n’a marqué que 4 buts depuis le début de la saison. Pourtant des joueurs offensifs, le club n’en manque pas. ISMAILA SARR PAS ENCORE DANS LE BAIN Au terme d’une belle saison 2018-2019, Watford avait jugé nécessaire de se renforcer pour jouer les premiers rôles en championnat. En attaque, les dirigeants des « Hornets » ne lésinent pas sur les moyens. Dans un premier temps, le club boucle la signature de Danny Welbeck, en difficulté du côté d’Arsenal. Mais c’est l’arrivée d’Ismaila Sarr qui matérialisera les ambitions de Watford pour le nouvel exercice. Pour s’offrir la pépite sénégalaise, le club a mis un chèque estimé à 35 millions d’euros (plus de 22 milliards francs Cfa). Ce qui fait du natif de Saint-Louis (Sénégal) le joueur le plus cher de l’histoire du club. En signant à Watford, le joueur formé à Génération Foot (Sénégal) venait ainsi de réaliser un rêve de gamin.
Évoluer dans la très disputée Premier League, le joueur de 21 ans y pensait depuis tout petit. «C’est un réel plaisir de rejoindre ce club. C’était mon rêve de jouer en Angleterre et je suis vraiment excité d’avoir signé à Watford. Cela faisait de nombreuses années que nous rêvions de jouer dans ce pays à cause de l’intensité et de la rapidité du jeu. C’est ma façon de jouer. Donc c’est parfait pour moi », avait indiqué l’international sénégalais, juste après sa présentation. En Angleterre depuis 2014, Sadio Mané connaît bien le championnat anglais. Passé de Southampton à Liverpool, le natif de Bambali avait validé le choix de son jeune frère. « Je suis vraiment heureux pour lui et il a fait le bon choix de venir à Watford », affirmait le numéro 10 des Reds. Réputée pour son exigence, la Premier League fait certes rêver. Pour y trouver sa place et s’imposer, il faudra de gros sacrifices. Sadio Mané qui en savait quelque chose n’avait pas manqué de prévenir l’ancien Rennais. « Même s’il est un très bon joueur, ce n’est pas facile en Premier League. J’avais ce genre de problème. Les fans en particulier doivent le soutenir et lui donner confiance pour un avenir prometteur », avait ajouté le champion d’Europe avec Liverpool.
IL A LE SOUTIEN DU NOUVEL COACH
Arrivé avec une blessure, Ismaila Sarr n’a pas disputé les premiers matchs de Watford. « Il a besoin de temps pour être prêt. Et après un temps de repos, il a besoin de temps pour retrouver sa meilleure condition. J’espère qu’il sera prêt le plus rapidement possible. Je suis certain qu’il va nous aider cette saison », indiquait le coach Javi Gracia, à la veille du déplacement à Everton (défaite contre les Toffes). De retour dans le groupe, Ismaila Sarr n’est pas encore parvenu à s’imposer comme un titulaire dans l’effectif des « Hornets ». Il ne compte que 83 minutes dans les jambes (en championnat). Il avait auparavant disputé 72 minutes en FA Cup contre Coventry, sanctionnées par un but. Pas encore suffisant, pour quelqu’un qui était attendu pour guider Watford. De retour aux affaires, le nouveau coach a eu à suivre le Sénégalais. Et ce qu’il a vu semble le rassurer. « Sarr est un très jeune joueur et nous devons être patients avec lui. Nous devons lui apporter un soutien. Il est très rapide, possède des compétences et est un attaquant moderne. Il a besoin de comprendre plus, même avec la langue. Nous avons un grand cercle autour de lui et nous devons nous soucier de lui », indiquait Quique Sanchez Flores. Contre Arsenal pour son retour (2-2), le technicien espagnol avait donné un temps de jeu à l’international sénégalais. Très disponible, ce dernier avait montré des signes rassurants. « Au début, il était un peu timide. Mais petit à petit, il a retrouvé son rythme, détendu, plus confiant. Il va beaucoup apporter», a ajouté Sanchez Flores qui compte accompagner le Sénégalais
UN SURSAUT CONTRE WOLVERHAMPTON ?
Il est certes prématuré d'enterrer les « Hornets », mais au rythme où vont les choses, la relégation tendrait ouvertement les bras aux coéquipiers de Ismaila Sarr. Après deux matchs difficiles contre Arsenal et Manchester City, Watford retrouve Wolverhampton, une équipe au parcours similaire. Terreur des grands d’Angleterre lors de la saison écoulée, l’équipe coachée par Nuno Espírito Santo occupe la 19ème place, avec 4 points en six journées (4 nuls et 2 défaites). Et c’est cette équipe que Watford défiera le week-end prochain, avec comme objectif de mettre fin à cette triste série. Ismaila Sarr qui attend encore sa première titularisation en championnat pourrait avoir un rôle important à jouer contre les « Loups »
Samba Diabaré Samb, gardien sans concession de la tradition orale sénégalaise, s’est retiré de la vie, dans la nuit du vendredi 20 au samedi 21 septembre 2019 à l’âge de 95 ans. Les témoignages affluent de partout à travers le monde, pour saluer un virtuose du Xalam, un instrumentiste hors-pair dont la vie a été pourtant jalonnée par des drames.
Sur le sable frais de sa tombe à Tivaouane, les témoignages fleurissent comme un jardin d’Eden. Samba Diabaré Samb, baobab tombé sur le vaste champ de la culture, trésor immortel de l’humanité, parti sur la pointe des pieds à 95 ans, ne cesse d’aimanter du beau Xalam autour de lui. «Je voudrais m’incliner devant la mémoire d’un artiste que j’ai beaucoup aimé et dont la voix, les chants, la mélodie, la prestance dans mes voyages à l’étranger, me réveillent toujours le matin en me rappelant qui je suis et d’où je viens», s’est ému Amadou Lamine Sall, poète éclairé. En écho, la documentariste française, Laurence Gavron, qui a réalisé un documentaire intitulé «Samba Diabaré Samb, le gardien du Temple» en 2006, avoue n’être pas sortie indemne de son contact avec l’éminent généalogiste : «Samba Diabaré est sans doute le personnage que j’ai le plus apprécié de tous les griots sur lesquels j’ai fait des films. Il était intègre, honnête, fidèle à ses positions et à son unique épouse. C’était un très grand Monsieur.» Même le président de la République, quoique happé par un agenda démentiel, a pris le temps de se prosterner devant ce monument de la tradition orale africaine, le dernier des mohicans de l’oralité perdu par la grande faucheuse qui est au-dessus des susceptibilités. «Le Sénégal vient de perdre un de ses illustres fils, El Hadj Samba Diabaré Samb. Elevé à la dignité de Trésor humain vivant par l’Unesco, virtuose inimitable du Xalam, il était le symbole de la dignité et du lien social», a twitté le Président Macky Sall. A la suite du chef de l’Etat, le ministre de la Culture Abdoulaye Diop, l’emblématique griot El Hadj Mansour Mbaye, Youssou Ndour et des artistes de tous les genres ont, en chœur, pleuré «Mame Samba», comme l’appelait si affectueusement sa petite-fille et héritière Aïda Samb.
«Mouhamadou Mansour Sy, ma référence…»
Chez Samba Diabaré Samb, le bonheur s’est toujours tenu dans la foi en Dieu, dans la fidélité à soi-même. L’artiste célébré n’a jamais tué l’ascète à cheval sur des principes de vie et de valeurs. Samba Diabaré Samb a toujours allié vertu et charisme, souplesse et goût. Tant d’atouts qui font que l’on pouvait facilement le suspecter de fausse modestie, d’ascétisme poussé. Mais non. Ce griot généalogique réputé est lucide quant à son succès, conscient de sa foi vivifiée par ses valeurs Tidianes. Lui qui revendique une place de choix dans cette grande famille religieuse et une proximité partout clamée à l’endroit de Mouhamadou Mansour Sy, le père de Serigne Mbaye Sy Mansour de Tivaouane. «Ce marabout reste encore l’une de mes références, il m’a éduqué, avait-il avoué à ‘’L’Observateur’’ dans un portrait qui lui était consacré. C’est pourquoi, dans ma carrière musicale, j’ai toujours évité de me mêler des futilités. Je ne courais pas les filles, je n’ai jamais fumé, ni bu la moindre goutte d’alcool. J’ai toujours essayé d’avoir une vie saine et cela me sert beaucoup dans mes années de vieillesse.» Et il le disait en s’excusant presque de rogner sa carcasse. Il n’aimait pas trop parler. Ni de lui, ni des autres. Il a toujours préféré donner la parole à son Xalam. Et à son singulier doigté qui, très tôt, a charmé l’oreille de tous. Que l’on soit «tête couronnée» ou simple roturier.
On est en 1942. Marième Sidy, la fille du roi Sidy Alboury tombée sous le charme de sa belle voix et de sa musique savoureuse, décide de faire découvrir Dakar au jeune musicien de 17 ans. Le jeune Samba tâte de ses yeux surpris les premières lampes électriques, les commodités d’une ville. Ensuite, il fait des séjours réguliers à Tivaouane, Saint-Louis. Son étoile commence alors à briller et à éclairer son chemin à travers le Sénégal. Alassane Ndiaye dit Alou, célèbre journaliste de l’époque qui animait l’émission «Regard sur le Sénégal d’autrefois» sur Radio Sénégal, le prend sous son aile. Lui se charge de déclamer l’histoire et Samba Diabaré de le rendre en Xalam. L’émission fait un tabac. L’artiste n’a que 19 ans et un talent fou, inné. Et tout Dakar est à ses pieds. A l’aune de ses 20 piges, il prend l’avion et son inséparable Xalam pour aller faire découvrir le son traditionnel sénégalais à Lausanne (Suisse), aux Etats-Unis lors du congrès des Américains noirs, en Angleterre, à Helsinki (Finlande), dans les capitales européennes les plus improbables, au Congo Brazzaville, au Maroc. Un quasi-tour du monde dont il avait eu du mal à en revenir. «J’ai été stupéfié par cette merveille qu’est l’avion», avait-il admis plusieurs années plus tard.
Partout dans ces pays, ses titres fétiches Niani, Lagg Ya, Galayabé, Touti Diara… sont des hymnes à l’amour, à la grandeur et à la bravoure. Puis, une fois l’indépendance acquise, le Président Léopold Sédar Senghor, féru d’art, décide de monter l’Ensemble national lyrique du Sénégal. Porté par l’insubmersible Xalam de Samba Diabaré, l’ensemble instrumental enchante le continent africain, fait courir l’Europe. Mais au bout de 5 ans, le neveu du Président, Sonar Senghor, qui aimait les ballets plus que ses instrumentalistes traditionnels, sabote la douce symphonie. Samba Diabaré Samb, le jeune rebelle, démissionne avec fracas. Suivront Lalo Kéba Dramé, puis Soundjoulou Cissokho, ensuite tous les grands maîtres. Ensuite, ils mettent sur pied la Case. Et Samba Diabaré et son sourire stellaire continuent de briller au firmament de la musique locale, malgré les drames personnels qui ont jalonné son existence.
«Les décès de mes deux épouses sont les événements les plus tristes de ma vie»
A l’âge de 32 ans, il se marie avec une dame du nom de Saly Ndiaye. L’idylle dure le temps d’une rose. Puis, l’artiste Samba Diabaré trouve l’amour auprès de Aïda Mboup, une parente à Sokhna Mboup Ndour, maman de la méga-star Youssou Ndour et homonyme de sa petite-fille Aïda Samb. Après quelques années de vie en commun, la grande faucheuse emporte Aïda Mboup. Samba Diabaré Samb est inconsolable. «Son décès m’a marqué. Je l’ai même évacuée en France, mais elle est décédée là-bas», confiait-il. Le temps passe, un ange aussi. L’artiste convole à nouveau avec Tanta Mbaye, mais elle aussi meurt après quelques années de mariage. Ses drames donnent à sa musique un air de mélancolie, une tristesse émotive extrême, son Xalam laisse exprimer une sensibilité à fleur de peau. «Les décès de mes deux épouses sont les événements plus tristes de ma vie», disait-il, d’une voix gagnée par l’émotion. Mais ses trois filles, dont la mère de l’artiste Aïda Samb, lui renvoient tout l’amour porté à ses épouses disparues. «C’est un sage avec beaucoup d’éthique. Il est calme, posé, ne fait pas le malin comme certains griots de son époque. Ce qui m’a surtout frappée chez lui, c’est que c’est un homme du patrimoine», témoigne Laurence Gavron. Sans aucune once de fanfaronnade, Samba Diabaré faisait juste remarquer qu’«Abdou Diouf (l)’appelait Belle Voix».
Depuis le mois de décembre 1972, Samba Diabaré Samb partageait sa vie de couple avec Seynabou Mbaye, petite sœur de son épouse disparue Tanta Mbaye. Le couple n’a pas eu d’enfant, mais il savait trouver son bonheur ailleurs. Seynabou Mbaye : «Samba Diabaré m’a toujours témoigné respect et amour. C’est un homme d’une grande bonté, d’une grande piété. Nous vivons ensemble depuis une quarantaine d’années et nous ne nous sommes jamais chamaillés.» Parce que, comme l’ont témoigné plusieurs de ses connaissances après son rappel à Dieu, il était quasi-impossible de prendre à défaut cet homme d’une rare intégrité, dont la vie a été réglée comme du papier à musique. Une vie monacale qui poussait sa petite-fille Aïda Samb à comparer son grand-père à un soufi. «C’est parce qu’elle a vu comment je me comporte avec ma famille et pour cela, je rends grâce à Dieu», expliquait humblement l’intéressé. Qui n’a pas de fils, donc d’héritier pour reprendre son Xalam et perpétuer son œuvre colossale. «Entendre la voix de ma petite-fille Aïda Samb suffit à mon bonheur», nous avait-il lâché dans un sourire figé. Statufié comme un legs du lourd patrimoine Gawlo qui, porté par Aïda et d’autres artistes plus ou moins illustres, continuera à fleurir comme dans un jardin d’Eden.
LA FARCE DE L’ANNÉE
Lionel Messi a remporté hier à la surprise générale le trophée de « Meilleur joueur FIFA 2019. » Mais la grosse incompréhension demeure dans l'absence des joueurs comme Sadio Mané, Kalidou Koulibaly ou encore Mohamed Salah.
Lionel Messi a remporté hier à la surprise générale le trophée de « Meilleur joueur FIFA 2019 », devant virgil van Dijk et Cristiano Ronaldo. Mais la grosse incompréhension demeure dans l'absence des joueurs comme Sadio Mané, Kalidou Koulibaly ou encore Mohamed Salah.
Lionel Messi succède a Luka Modric au palmarès de « Meilleur joueur FIFA » de l'année 2019. L'international argentin du FC Barcelone a remporté hier le prix, devant le Néerlandais Virgil Van Dijk (Liverpool) et son rival Cristiano Ronaldo (Real Madrid). Une distinction qui vient sanctionner la belle saison de la Pulga (51 buts, 22 passes décisives en 50 matchs) avec le Barca.
Si certains observateurs avaient déjà déploré les absences de Sadio Mané et de Mohamed Salah (champions d'Europe avec Liverpool), d'autres ne tarderont pas à déchirer le onze type de l'année dévoilé par la FIFA. A la surprise générale, aucun de ces deux joueurs n'y figure. Champion d'Europe avec Liverpool, Mané (tout comme Salah) avait réalisé une saison réussie. Vice champion d'Angleterre, il avait terminé la saison avec 22 buts, faisant de lui le meilleur buteur de Premier League (à égalité avec Salah et Aubameyang). Et ne pas retrouver ce joueur dans l'équipe type de l'année serait incompréhensible.
Plus ridicule, la présence d'un certain Eden Hazard, joueur qui s'est contenté de la Ligue Europa, au moment où Mané et autres faisaient des merveilles dans la plus prestigieuse compétition de clubs en Europe. Interrogé lors de cette cérémonie de remise de trophée, Samuel Eto'o n'a pas caché son amertume. « Mes favoris, Sadio Mané ou encore Mohamed Salah... mais ils ne sont pas là », a tonné l'ancien international camerounais.
En défense, la présence de Virgil Van Dijk semble être une évidence, tellement le Néerlandais a brillé tout au long de la saison. Mais que vient faire Sergio Ramos dans cet axe? Certes régulier avec le Real Madrid, mais est-il plus méritant que Kalidou Koulibaly, considéré comme l'un des meilleurs à son poste? Et que dire de Marcelo, retenu comme meilleur latéral gauche, alors qu'il a connu une saison moyenne avec le Real? Autant d'incohérence, pour un onze de départ qui semblait pourtant évident.
«LES PAGES CONSACRÉES À MAME MOR ANTA SALY SONT DES PAGES DE GLOIRE»
Iba Der Thiam fait savoir, concernant la sortie du porte-parole de Touba, que la partie consacrée à Mame Mor Anta Saly est écrite «avec suffisamment de précaution pour ne gêner personne»
A l’émission «Jury du Dimanche» sur Iradio, Pr Iba Der Thiam a fait savoir, concernant la sortie du porte-parole de Touba, que la partie consacrée à Mame Mor Anta Saly est écrite «avec suffisamment de précaution pour ne gêner personne». S’agissant des critiques, le coordonnateur du comité de rédaction de l’«Histoire générale du Sénégal» (Hgs) informe que le comité est disposé, «là où il y a des contestations, à rechercher les bases d’un accord conciliant».
Je ne veux pas engager de polémique avec Serigne Bass Abdou Khadre qui est une autorité religieuse à qui je porte un profond respect.» C’est la réponse du Pr Iba Der Thiam sur la sortie du porte-parole du khalife général des Mourides sur l’Histoire générale du Sénégal qui a demandé que les erreurs sur Serigne Touba soient rectifiées. Invité du «Jury du Dimanche», le Pr Thiam a tenu à préciser que les pages consacrées à «Mame Mor Anta Saly sont des pages de gloire, de succès, de sainteté et de responsabilité parce qu’il a été le père d’une des figures les plus marquantes de notre histoire».
Apportant des explications sur le malentendu à l’origine de la sortie du petit-fils de Serigne Touba, Iba Der Thiam renseigne que dans le livre, quand il parle de «la période pendant laquelle il (Mame Mor Anta Saly) était placé sous l’ordre d’un certain nombre d’autorités temporelles», c’est dit «avec suffisamment de précaution pour ne gêner personne». Revenant sur les propos objet des critiques, il précise : «Nous avons simplement dit le fait qu’il était cadi, s’occupant de tous les problèmes de la société quotidiennement et qu’il soit également obligé d’avoir son centre d’enseignement, le plaçait dans une situation où il ne pouvait pas consacrer tout son temps à l’enseignement». Une question qui, selon le Professeur agrégé, est simple à comprendre. D’après M.
Thiam, «ça ne veut pas dire que Mame Mor Anta Saly n’a pas le temps d’enseigner». Il ne s’agit aucunement, précise-t-il, d’un «jugement de valeur» ou de «caractérisation». Sur ce chapitre, le coordonnateur du comité de rédaction de l’Hgs informe qu’il s’est déplacé jusqu’à Touba pour aller les informer de leur «volonté de travailler sur la vie et l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba». A la question de savoir s’il a fait de même pour toutes les familles maraboutiques, M. Thiam déclare qu’il n’a pu le faire parce que n’ayant «pas le temps de le faire en même temps d’écrire l’Histoire générale du Sénégal».
Le comité est disposé, «là où il y a des contestations, à rechercher les bases d’un accord conciliant»
S’agissant des divergences, le Pr d’Histoire n’en doute pas. Pour Iba Der Thiam, leur «travail n’est pas parfait». Et le coordonnateur du comité de rédaction de l’Hgs d’expliquer : «Je ne suis pas moi-même quelqu’un qui est imbu de la science, Dieu seul sait tout. Il y a des choses que je sais et d’autres que je ne sais pas. Si nous avons été obligés de nous ouvrir aux traditionnalistes, c’est parce qu’eux aussi détiennent un savoir dans leurs terroirs respectifs…» Dans la même veine, il soutient que «l’histoire c’est par définition la discipline de la controverse». Avec des ouvrages à l’appui en Afrique et en France, M. Thiam montre que «ce n’est pas la première fois qu’il y a des polémiques sur une histoire quelle qu’elle soit». Toutefois, comme il l’avait déjà dit depuis le début des contestations, lui et son équipe sont disposés à recueillir les critiques.
Précisant par la même occasion qu’il y a des critiques justes et fondées et d’autres qui procèdent de malentendu dans l’interprétation des termes. Par conséquent, le comité de rédaction de l’Hgs est donc disposé, «là où il y a des contestations, à rechercher les bases d’un accord conciliant». Partant de cela, le Pr Iba Der Thiam estime qu’il n’y a pas de raison à renoncer à ce projet. Selon lui, «il doit se poursuivre parce qu’il intéresse le Sénégal» et «comble un vide».
Soulignant que «notre intelligentsia et notre jeunesse sont soumis à un matraquage, un formatage intellectuel, psychologique» qui les empêchent de retrouver leur propre conscience, de se décomplexer pour faire face à tous les défis, M. Thiam estime que ce projet doit se poursuivre. D’après lui, il faut donner à la jeunesse le moyen «de pouvoir, devant n’importe qui, se comporter avec dignité et d’avoir des références à opposer à ceux qui leur proposent leur propre vision».
FSL À BERLIN, LE BILLET DE SAXEWAR
SORTIR DU POTENTIEL POUR LE RÉEL
EXCLUSIF SENEPLUS - Oui l'Afrique a un potentiel énorme - Comment transformer ce continent pour le développer dans une logique qui lui soit propre ? Comment repenser la notion même de développement ?
Saxewar Diagne de SenePlus |
Publication 21/09/2019
(SenePlus.com - Berlin) - Cette troisième et dernière journée du Forum de Saint-Louis prolonge la conversation sur le type de développement qui pourrait convenir à ce continent au potentiel incommensurable.
Oui, le potentiel est énorme. Le PIB de l'Afrique avec son milliard d'habitants qui tourne autour de $2 trillons, dans 30 ans sera multiplié par 15 pour atteindre $30 trillions. A elle seule, elle possède un tiers des ressources naturelles de la planète. Ces 10 dernières années, 6 des économies à la croissance la plus rapide étaient africaines.
Les facteurs qui supportent cet immense potentiel sont de 5 ordres.
La démographie d'abord. En 2050 un humain sur 5 sera Africain. L'âge moyen sur le continent est de 18.6. Que de jeunes pour booster l'économie mais aussi les idées et la pensée. En 2040, l'Afrique comptera la plus large population adulte active dans le monde.
La gouvernance ensuite. Les pas de tortue restent des pas quand même. Il y a 20 ans, seulement 7 pays organisaient régulièrement des élections démocratiques. Aujourd'hui, il y en a 2 sur 3.
Deux autres facteurs, l'urbanisation et la technologie. 40% d'Africains vivent dans les villes aujourd'hui. En 2050, ils seront 60%. Entre 2000 et 2011, l'utilisation d'Internet a augmenté sur le continent de 2527%. Aujourd'hui l'Afrique compte 120 millions d'internautes.
Cinquième élément qui porte la croissance en Afrique, le commerce. Un indicateur particulièrement marquant. Il y a 22 ans, les 4 BRICs, Brésil, Russie, Inde et Chine comptaient pour seulement 1% du commerce africain. Aujourd'hui, ils en sont à 22% et en 2030, ils en seront à 50%.
Oui, le potentiel est énorme. L'Afrique va t-elle pour autant se développer ? C'est la grande interrogation de cette dernière journée du Forum de Saint-Louis à Berlin. Les acteurs présents sont tous des optimistes et c'est cela qui explique leur infatigable engagement au quotidien. Mais tous comprennent que le processus de développement passe par une décolonisation des esprits, de la pensée. Il passe par une sortie de la posture de victime pour emprunter celle d'un acteur en charge et seul responsable de son propre destin. Il passe par une réappropriation de soi qui mène à une ouverture à l'autre pour un nouveau vivre ensemble avec moins d'inégalités, moins de préjugés, moins d'antagonisme.
La route est encore longue mais le Forum considère que "l'urgence décoloniale trace son chemin dans la pensée contemporaine africaine". Comment achever sous toutes ses formes cette décolonialité ? La question est ouverte, elle reste ouverte, et chacun par son engagement apportera une parcelle de réponse.
EXCLUSIF SENEPLUS - Au Forum de Saint-Louis à Berlin, la parole se libère sur ce qu'est l'Afrique, sur ce que sont les Africains, sur ce que pensent les Africanistes et ce que veulent les acteurs de ce continent qui se redresse
Saxewar Diagne de SenePlus |
Publication 20/09/2019
(SenePlus.com - Berlin) - C'est parti, le Forum de Saint-Louis s'est bien installé à Berlin. Africains et Africanistes s'engagent dans une réflexion collective sur les ambitions de savoir et de pensée. Ici on cherche les contours d'une véritable philosophie de l'action et de l'engagement.
A l'heure du capitalisme triomphant, de la guerre du climat et des replis identitaires, des jeunes, beaucoup de femmes, quelques hommes grisonnants, la communauté du Forum de Saint-Louis s'interroge sur les constructions d'un monde capable de réinventer "une humanité plus riche et ouverte avec une conscience écologique plus aigue et une économie plus juste".
L'Afrique est-elle en mesure de reconfigurer son destin et celui de l'humanité ? Le monde tel qu'il est, est le résultat de choix. Les choix auraient pu être différents. Aujourd'hui, quels sont les choix qui peuvent être les nôtres pour que le monde lui soit enfin différent ?
Ce questionnement est vital pour ce continent partagé, envahi, blessé, déchiré, divisé. Il est la grande victime du développement de l'économie capitaliste depuis plusieurs siècles. Il reproduit contre lui-même les exactions qui lui ont été faites pendant bien longtemps. Il est et sera encore plus, la première victime de la guerre du climat qui verra dans quelques années plus de 140 millions de femmes et d'hommes quitter les zones équatoriales pour tout simplement survivre. Mais leurs déplacements encore et encore feront face au repli identitaire de ceux qui sont pourtant le plus à l'origine de ce réchauffement de la planète.
Le continent n'a pas d'autre choix que de chercher à faire autrement, ici et maintenant. Il n'est plus question de rester dans la posture de victime. Des dynamiques internes doivent créer des mouvement endogènes pour se relever de ses blessures faites par d'autres mais aussi faites par lui-même.
S'agit-il pour l'Afrique de subir son avenir ou de déterminer elle-même son destin voulu ? Où va t-elle puiser son énergie pour se penser et se transformer ? Comment va t-elle se convaincre et convaincre les autres que la mobilité est un élément fondateur de notre humanité et de nos progrès collectifs ?
Que de questions posées à cette troisième édition du Forum. Ce Forum qui, faisant référence à Saint-Louis et Berlin, lance : "plus de mur, construisez des ponts". Pour cette deuxième journée, les Africains, les Africanistes se lancent dans l'esquisse de passerelles qui doivent aider à penser différemment. A penser autrement. A penser sans complexe. A décoloniser les esprits. A répondre à la question clé posée lors de la cérémonie d'ouverture : "qui somme-nous" ?
Ainsi, le Forum de Saint-Louis poursuit sa réflexion sur une reformulation de la conscience africaine.
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Forum de Saint-Louis s'ouvre à Berlin pour rappeler l'espoir que suscite un mur qui tombe - Pointe ainsi l'ambition de repenser l'Afrique, de partager son savoir, ses ambitions, ses luttes et ses victoires avec le reste du monde
Saxewar Diagne de SenePlus |
Publication 19/09/2019
(SenePlus.com, Berlin) - Ce jeudi 19 septembre 2019, c'est un Berlin sans mur depuis 30 ans qui ouvre ses portes à la troisième édition du Forum de Saint-Louis.
Le Forum de Saint-Louis, cette idée de l'ouverture de la ville multiculturelle du Sénégal. Cet espace de réflexion pour les humanistes qui veulent décoloniser la pensée africaine. Ce moment entre la réflexion, les arts, la culture et l'entreprenariat économique. Cet esprit du "domu ndar" qui veut dans la finesse être lui-même mais vivre avec d'autres le partage du savoir, de la beauté, de l'intelligence et du vivre ensemble. Cette rencontre d'Africains, d'Africanistes qui vivent dans leur quotidien leur désir de progrès pour tous. Ce rendez-vous panafricaniste et universaliste qui repousse le temps du repli identitaire. Et c'est aujourd'hui l'arrivée au centre de cette Europe qui a tant besoin de voir le monde et ses habitants autrement.
Le fondateur Amadou Diaw rappelle que le Forum prêche la solidarité entre tous les citoyens du monde et encourage le partage et la collaboration."Le Forum prône l’humilité, le renoncement juste et responsable, l’équilibre entre les avancées technologiques indispensables d’une part et, d’autre part, le bien-être des hommes, le respect de l’univers, animal ou végétal. Le Forum nous invite à nous libérer des artifices de l’ego et de l’individualisme étriqué. Bref, le Forum de Saint-Louis nous invite à tout voir autrement et à tout faire différemment".
La rencontre de Saint-Louis et de Berlin, c'est celle de l'Afrique et de l'Europe. C'est une plongée à la fin du XIXè siècle. C'est le rappel d'une autre tragédie du continent noir : la fameuse conférence de Berlin qui s'est tenue entre novembre 1884 et février 1885. C'est la phase du "New Imperialism" comme disent les anglo-saxons. A l'initiative de Bissmarck, l'Afrique est divisée et partagée, à la règle et au compas, par les plus puissants de l'Occident.
Mais Berlin c'est aussi la matérialisation physique par le Mur du conflit qui durera un demi-siècle entre l'Est et l'Ouest. Après avoir été le réceptacle périphérique de la plus effroyable des guerres dans l'histoire humaine, là encore l'Afrique est une aire de jeu de la guerre froide. Le Mur, ce fameux Mur de Berlin symbole de la division pourtant disparaitra en 1989 et cela redonnera l'espoir d'un vivre ensemble, d'un progresser ensemble d'une Allemagne réconciliée avec elle-même et le reste du monde.
Le Forum aujourd'hui s'ouvre à Berlin pour rappeler l'espoir que suscite un mur qui tombe. Un mur qui s'effondre. Pointe ainsi avec cet espoir l'ambition de repenser l'Afrique, de partager son savoir, ses ambitions, ses luttes et ses victoires avec le reste du monde.