SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
7 avril 2025
People
VERS LA REVISION DU CODE DE PROCEDURE PENALE
Le secrétaire d‘Etat auprès du ministre de la Justice, chargé des Droits humains et de la bonne gouvernance, est sorti de la Mac de Saint-Louis avec un visage moins crispé.
Le secrétaire d’Etat auprès du garde des Sceaux, chargé des Droits humains et de la bonne gouvernance, qui est passé hier à la Mac de Saint-Louis, a salué les bonnes conditions de détention et invite les autres pénitenciers à s’inspirer de Saint-Louis. En même temps, il a annoncé la révision du Code de procédure pénale qui permettra l’intégration du port du bracelet électronique.
Le secrétaire d‘Etat auprès du ministre de la Justice, chargé des Droits humains et de la bonne gouvernance, est sorti de la Mac de Saint-Louis avec un visage moins crispé. Il a salué de «bonnes conditions» de détention qui l’incitent à inviter les autres Mac du Sénégal «à s’inspirer de l’exemple de Saint-Louis». De manière générale, il a annoncé que le gouvernement est en train de faire des efforts en rappelant que «l’indemnité journalière dans les prisons est passée à 1 100 francs Cfa contre 600 francs en 2012». Alors qu’avec la prison de Sébikotane, 500 nouveaux lits sont disponibles là où des réhabilitations ont été faites à Rebeuss et Koutal. «Des efforts qui, s’ils sont maintenus, feront changer positivement les choses», dit-il.
Par ailleurs, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Justice, chargé des Droits humains et de la bonne gouvernance, Mamadou Salif Sow, a annoncé que le gouvernement est en train de «mettre en œuvre des mesures pour la révision des textes du Code de procédure pénale pour donner corps aux instructions du Président Macky Sall de désengorger les prisons». Ce sera une manière de permettre le port de bracelets électroniques tant réclamé par les défenseurs des droits de l’Homme choqués par les conditions de détention dans les prisons sénégalaises qui étouffent à cause du surpeuplement.
Avant de visiter la Mac de Saint-Louis, le secrétaire d’Etat aux Droits humains et à la bonne gouvernance a ouvert l’atelier régional d’échange sur la gestion des ressources minérales. Cette rencontre avait pour objectif de faire le point sur les différentes initiatives et réformes en matière de gouvernance des ressources naturelles pour mettre en place un plan d’action harmonisé et réfléchi sur les mécanismes de concertation au niveau local pour instaurer un dialogue interactif. Il s’agissait aussi, selon Mamadou Saliou Sow, de partager avec les différents acteurs et les populations l’ensemble des mécanismes instaurés par l’Etat «pour une bonne gouvernance des ressources minérales afin d’éviter les polémiques de ces derniers mois, dues surtout à un déficit d’information».
Il estime que malgré les «rumeurs alimentées sur ce sujet, le Sénégal a mis en place un environnement juridique parfait, afin que ses ressources minières, pétrolières et gazières profitent largement aux populations sénégalaises».
L’EMOTION NE RETOMBE PAS APRÈS LE DRAME DE L'ÎLOT SARPANT
C’est le temps du deuil à Soumbédioune : Un calme plat, des activités au ralenti, un nombre important de pêcheurs préférant garder le silence
Suite au chavirement d’une pirogue qui revenait des îles de la Madeleine, tard dans la nuit du lundi à mardi, et qui a fait au moins 4 morts, le Centre de coordination des opérations (Cco) de la Marine nationale, dans un communiqué, a annoncé l’ouverture d’enquêtes judiciaire et administrative pour connaître les raisons de cette tragédie.
C’est le temps du deuil à Soumbédioune : Un calme plat, des activités au ralenti, un nombre important de pêcheurs préférant garder le silence pour la presse étaient assis tout au long d’une tente en forme carrée avec des discussions caractérisées par une timidité extrême. C’est le décor à Soumbédioune, d’habitude enfiévré et plein d’activités, au lendemain du chavirement d’une pirogue qui quittait les îles de la Madeleine pour retourner sur la terre ferme, avec à bord plus de 40 personnes. Le bilan provisoire fait état de 4 morts et 37 rescapés.
Durant toute la matinée d’hier, le gouvernement, dont certains ont fait le déplacement sur la Corniche dans la nuit du lundi au mardi, a organisé les opérations de secours. Les pompiers et les agents du parc ont réussi à exfiltrer les personnes prises au piège à l’îlot Serpent où elles ont passé la nuit à cause du mauvais du temps qui serait à l’origine de la tragédie. «C’est vers 20h (lundi) qu’on nous a informés de l’excursion de touristes qui voulaient se rendre aux îles de la Madeleine. Par le vent d’hier très violent et la pluie qui s’en est suivie, il était difficile pour eux de s’en sortir», informe le lieutenant-colonel Michel Diatta, commandant du groupement incendie et secours n°1 de Dakar. En attendant les conclusions de l’enquête, c’est la thèse retenue pour justifier cette tragédie. La lumière sera faite sur l’accident. Selon le Centre de coordination des opérations (Cco) de la Marine nationale, des enquêtes judiciaire et administrative ont été ouvertes pour connaître les raisons qui ont conduit au chavirement de la pirogue.
Interrogé par Iradio, le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, détaille les péripéties de cet accident : «Il ya beaucoup de spéculations, mais ce qui est constant, c’est que hier, vers 20h (lundi), les sapeurs ont été avisés. Ils ont
été très tôt sur place. Moi même j’ai été appelé par le général, commandant du Groupement national des sapeurs-pompiers. Et c’est de là-bas que j’ai appelé le président de la République qui a bien voulu se déplacer lui même, de même que beaucoup d’autres autorités qui sont venues participer aux opérations de secours (...). A l’arrivée, au décompte final, nous avons 37 rescapés et 4 corps sans vie... Je confirme que le bilan définitif est de 37 rescapés et pas plus de quatre corps sans vie, dont deux agents du ministère de l’Environnement et deux autres filles.»
Quid du retard lié à l’organisation des secours ? «Vers 22h-23h (lundi), les gens étaient déjà sur l’île. Il y avait des conditions assez difficiles d’accès... Les pompiers et les Eaux et forêts étaient déjà sur l’île. C’est le responsable des Eaux et forêts qui a d’ailleurs fait le premier décompte physique des personnes et pris les noms des rescapés. Mais nous avons jugé utile de les laisser là-bas, surtout qu’il n’y avait aucune urgence absolue de les faire quitter la nuit», répond Aly Ngouille Ndiaye, en évoquant les conditions climatiques et le traumatisme vécu par les victimes pour justifier la décision d’attendre le lendemain du drame.
En tout cas, les blessés ont été admis à l’hôpital Principal de Dakar alors que les corps des victimes ont été acheminés à la Marine nationale qui avait mobilisé deux patrouilleurs et une vedette pour secourir les survivants, composés de 28 Sénégalais, 6 Français, 2 Suédois et 2 Allemands.
Suite à cet incident survenu dans la soirée du lundi 16 septembre 2019, le président de la République Macky Sall a tweeté pour appeler les Sénégalais à plus de prudence et au respect des normes de sécurité. «J’invite les Sénégalais à la plus grande prudence et au respect des normes de sécurité en vigueur, surtout en cette période d’intempéries», a-t-il tweeté. Le chef de l’Etat a également présenté ses «condoléances aux familles des victimes de la foudre et celles des personnes décédées» avant hier «lors du chavirement d’une pirogue au large de Dakar». A noter que «parmi les personnes décédées figure Yaye Kaba, nièce du ministre des Forces armées Sidiki Kaba» qui était en vacances pour 10 jours.
VIDEO
LE STADE DE MBACKÉ VANDALISÉ
Les choses deviennent de plus en plus sérieuses à Mbacké suite à la visite du Khalife Général des Mourides au niveau du stade
Les choses deviennent de plus en plus sérieuses à Mbacké suite à la visite du Khalife Général des Mourides au niveau du stade et l'expression de son souhait de voir l'infrastructure délocalisée et le site attribué à Serigne Touba.
Tard dans la nuit d'hier, des personnes ont débarqué saccageant les installations et prétextant que l'Odcav a eu totalement tort d'organiser des matches de football sur les lieux quelques heures seulement le ndigël du Patriarche de Darou Miname.
L'homme (Ibrahima Diop) qui ne cache pas son identité avouera son forfait par le canal d’un enregistrement diffusé à travers les réseaux sociaux.
Revendiquant son appartenance à l'association ''Mbacké Sama Gokh '', il lancera un défi à la police non sans signaler être au courant que cette dernière s'y est déjà rendue pour faire le constat...
DIOP DECROIX NIE EN BLOC
Mamadou Diop Decroix n’a pas apprécié la sortie d’un certain Des fourneaux, faisant état de sa proximité avec le chef de l’Etat Macky Sall.
Mamadou Diop Decroix n’a pas attendu trop longtemps pour répondre à un nommé Des fourneaux, qui l’accusait d’être en connivence avec le président de la République macky Sall, pour une éventuelle entré dans le gouvernement. Dans un texte posté sur les réseaux sociaux, le patron de and Jëf/pads a nié en bloc, avant de s’attaquer à ce fameux Des fourneaux.
Mamadou Diop Decroix n’a pas apprécié la sortie d’un certain Des fourneaux, faisant état de sa proximité avec le chef de l’Etat Macky Sall. Selon ce dernier, le leader de And Jëf/Pads roulerait pour l’actuel président, mais songerait surtout à intégrer le gouvernement. Des propos que ce dernier a nié en bloc. « Je ne connais pas Monsieur Des fourneaux. Je ne l’ai jamais rencontré et je présume que lui non plus ne me connaît pas. Deuxièmement : Je ne discute avec personne d’une quelconque entrée dans un gouvernement, quelle qu’en soit la nature ou la forme. Cette question, qui n’est pas dans la plateforme du FRN, n’intéresse ni ne concerne notre parti. Troisièmement : Monsieur Des fourneaux dit une contrevérité au sujet d'une prétendue audience avec Macky Sall à la veille de Biarritz. Il devrait indiquer à ses lecteurs à quelle date, à quelle heure et en quel lieu cette rencontre a eu lieu », a posté Mamadou Diop Decroix. «Rencontrer Macky Sall ne peut pas être ensoi un crime, tout comme ne pas le rencontrer n’est pas en soi un quelconque acte d’héroïsme.
Le tout dépend des circonstances et des raisons qui fondent la rencontre. Ensuite, il n’y a pas pour nous, d’un côté, des princes en politique à qui revient le privilège de rencontrer qui ils veulent, y compris le président de la République, quand ils veulent et où ils veulent et se faire applaudir. Et de l’autre coté, des forçats qui, eux, doivent se tenir à carreaux, sous peine d’être présentés comme des traitres », a précisé le patron du FRN.
LA CRISE AU PDS S’INVITE DANS LE DEBAT
Ne se limitant pas seulement à répondre à son interlocuteur, Mamadou Diop Decroix est également revenu sur la profonde crise qui secoue le Parti démocratique sénégalais. «Il est clair que la situation du PDS nous désole, car nous avons connu avec ce parti un long compagnonnage de luttes et de sacrifices, bien avant l’Alternance en 2000. Et depuis lors, nos deux formations sont restées en alliance politique. A cet égard, nous aurions ardemment souhaité voir dans ce parti, l’unité et la cohésion autour du président Wade. Mais nous ne sommes pas du PDS et les situations qui y règnent ne regardent que ses membres au premier chef. Le Président Wade, avec qui nous cheminons depuis 30 ans sans discontinuer (sauf quand il entrait dans le gouvernement de Diouf), occupe une place particulière dans notre cœur et notre vécu politique, que rien ne saurait plus effacer », a-t-il rappelé. Toutefois, le leader politique n’a pas oublié les autres compagnons du Pape du Sopi. Sur un ton ironique, il a répondu à Monsieur Des fourneaux, s’expliquant sur ces liens avec ces personnalités.
« Nous avons aussi croisé dans le combat commun, de nombreux militants du PDS, responsables ou non, pour qui nous avons du respect et de la considération quant à leur engagement, leur courage, leur fidélité et leur abnégation. Parmi eux, il y a Omar Sarr et Amadou Sall, pour ne m’en tenir qu’à ceux qui sont cités par Monsieur Des fourneaux, à qui je voudrai dire qu’à And-Jëf/Pads, on ne nous choisit pas nos amis », détaille-til. Dans sa conclusion, Mamadou Diop Decroix a rappelé la nécessité pour lui et ses camarades d’aller à la conquête du pouvoir à travers des mécanismes bien réfléchis. « Pour And-Jëf/ Pads, l’entrisme n’est pas une option. Les partis sont créés pour la conquête et l’exercice du pouvoir. Même si, de nos jours, la modalité « Front ou coalition » est la figure dominante, nous mettons l’accent sur la repossession de nos immenses ressources, pour un développent inclusif de notre Nation multi ethnique, multiconfessionnelle et multi confrérique.
Nous ne pouvons donc pas nous mettre à courir derrière des strapontins, des postes et des privilèges. Ce que nous voulons par contre fortement, c’est le retour à des règles consensuelles de dévolution démocratique et pacifique du pouvoir dans notre pays. C’est cela l’exigence vitale de l’heure. Je termine en rappelant à monsieur Des fourneaux que dans la plateforme du FRN, figurent en bonne place l’exigence de retour d’exil et la restitution des droits civils et politiques à Karim Meïssa Wade. Nous ne pouvons donc pas être dans des combines ou des manœuvres pour porter quelque tort que ce soit à ce dernier », a-til ajouté.
Adiara Sy est la première femme inspectrice d’académie de la région de Dakar - Cette enseignante de formation a une carrière faste dans ce monde de l’éducation qu’elle a intégré en 1987
Adiara Sy est la première femme inspectrice d’académie de la région de Dakar. Elle a pris fonction, en janvier dernier, et succède à Gana Sène. Elancée, cette enseignante de formation a une carrière faste dans ce monde de l’éducation qu’elle a intégré en 1987. Elle est de ces rares enseignants qui ne se plaignent jamais des conditions de leur métier.
Son milieu naturel, après les études universitaires, est le monde éducatif. Adiara Sy, enseignante de formation, inspectrice d’académie de Dakar, est la première femme à occuper ce poste. Cela peut être considéré comme une récompense de sa dévotion au métier. Depuis le bas-âge à l’école élémentaire, elle adorait ses maitres qui lui ont donné l’envie de devenir enseignante. Elle choisit donc cette vocation de manière naturelle, dès son entrée à l’université de Dakar devenue université Cheikh Anta Diop (Ucad). “Au moment où j’entrais dans l’enseignement, je ne voyais rien d’autre que cela. C’est peut-être dû au fait que j’ai été marquée par mes professeurs. Je n’ai pas pensé à autre chose. J’étais professeur d’anglais et j’avoue que, depuis le lycée, mes professeurs de langues m’ont toujours marquée. Aussi, à l’époque, les études en lettres menaient vers l’enseignement.
Naturellement, après la Maitrise, je me suis dit que je vais faire l’Ecole normale supérieure. Parce qu’en ce moment, l’enseignement était prestigieux’’, partage-telle. Ainsi, c’est après une Maitrise en 1987, au Département d’anglais, qu’elle tente le concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure. Après sa formation, elle est affectée à SaintLouis, sa région natale, sur sa demande, pour rester auprès de ses parents. Ces derniers étaient d’un âge avancé, elle ne voulait se séparer d’eux, vu qu’ils n’avaient pas beaucoup d’enfants.
Fille unique, son jeune frère poursuivait ses études en Algérie. “J’ai eu la chance d’être orientée à Saint-Louis. J’y ai vécu jusqu’en 2019, l’année au cours de laquelle je suis nommée Inspectrice d’Académie de Dakar’’, fait-elle savoir. Pour cette dame, venir à Dakar n’a pas dû être évident. L’essentiel de sa vie, elle l’a passé dans la vieille ville. La cinquantaine révolue aujourd’hui, Adiara Sy a fait ses humanités à l’école élémentaire de son quartier sud à Saint-Louis, communément appelé “Petit lycée’’. C’est là qu’elle obtint son premier diplôme. Elle fut après orientée au lycée des jeunes filles Ameth Fall. Dans ce lycée, il y avait des internes et des externes ; Adiara Sy faisait partie des externes. “De la 6e à la terminale, je suis restée au lycée Ameth Fall. J’ai obtenu mon Baccalauréat en 1982’’, informe-t-elle.
A l’époque, avec la Coopération technique française, beaucoup de professeurs étaient des Français. Lors de son cursus moyen et secondaire, Adiara Sy n’a eu que des proviseurs français. C’est en 1983 que la dernière femme proviseure française a quitté le pays. Elle se rappelle que c’est en ce moment qu’elles ont eu la première Sénégalaise proviseure, Coura Ba Thiam. Elle a été ministre de la Culture du Sénégal et est d’ailleurs décédée cette semaine à Dakar. Elle a été enterrée à Kaolack, sa ville natale. Après le Bac et une Maitrise en anglais, retour donc à Saint-Louis. Jusqu’en 2006, Adiara Sy officiait au lycée Charles de Gaulle de Saint-Louis. Elle s’est retrouvée, en 2007, à l’inspection d’académie de la même région, comme chargée de bureau de l’enseignement moyen secondaire général et du bureau genre chargé de promouvoir l’éducation des filles.
Avant 2000, elle fut aussi la secrétaire exécutive régionale du cadre de coordination de toutes ces interventions pour l’éducation des filles qui a été mise place par le ministère de l’Education nationale. Elle se souvient qu’elle est restée à l’inspection d’académie jusqu’en 2014 où elle a été adjointe. “J’ai été pendant quelque temps secrétaire générale de l’Inspection d’académie de Saint-Louis, avant de postuler pour revenir au lycée Ameth Fall de Saint-Louis comme proviseure titulaire’’. Elle y restera jusqu’à sa nomination en 2019 au poste d’inspectrice d’académie de Dakar. “Là, j’ai répondu à un appel à candidatures et ça a marché. J’ai suivi tout le processus établi pour être nommée à ce poste, en janvier 2019’’, se réjouit-elle.
Le basket, sa seconde passion, après la lecture
Adiara Sy a été une fille studieuse. Son environnement familial le lui permettait. Elle dit avoir eu une enfance heureuse et riche en expériences entre l’école coranique et celle française. Ses parents n’avaient pas beaucoup de moyens, mais ils ont pu lui donner une excellente éducation. “Lorsque j’étais toute petite, mon père était dans l’Administration sénégalaise. Il bougeait beaucoup’’. Saint-Louisienne bon teint, sa mère est de Guet-Ndar et son père de Sindone. Elle a d’ailleurs vécu entre ces deux quartiers traditionnels séparés par le fleuve Sénégal. “Je ne garde que de bons souvenirs de mon enfance. Il n’y avait pas d’outils numériques à l’époque. On n’avait pas de smartphones. On ne faisait qu’étudier et nos moments de détente, on les passait à faire du sport’’. Adiara Sy a titillé le basket au lycée. Avec son 1m70, elle était un as de la balle orange. Elle n’a cependant pas pu faire carrière dans ce domaine, car son père tenait à ce qu’elle termine ses études. C’est ainsi qu’il lui a demandé d’arrêter le sport, alors que le lycée Ameth Fall était le grenier de l’équipe nationale féminine de basket du Sénégal. Le basket était donc sa passion avec la lecture. Elle passait le plus clair de son temps au centre culturel français de Saint-Louis. Elle était une habituée des lieux et avait presque toute la collection de la bibliothèque des petits, alors qu’elle était en classe de 5e. Ses lectures lui permettaient de parfaire son niveau de langue. Ce qui lui a permis de suivre un cursus assez brillant et de devenir professeur plus tard.
« Le système éducatif vit un changement »
Aujourd’hui, Adiara Sy a quitté les classes, certes, mais reste dans le milieu. De loin, elle observe et analyse les mutations. C’est ainsi qu’elle s’est rendu compte que beaucoup de choses ont changé, aujourd’hui, dans le monde, et le système éducatif n’échappe pas à cette règle. Elle admet que “plus qu’un changement, le monde vit un bouleversement’’. L’enfant peut, par exemple, rester à la maison et étudier, si les parents en ont les moyens. Il peut donc se passer d’aller à l’école. Les mutations concernent également l’enseignant. “L’on peut être enseignant et avoir un élève qui en sait plus que vous ou bien qui a vécu mieux que vous. Il y a des élèves qui voyagent, qui parlent anglais, qui ont eu la chance de faire des pays anglophones, alors que le professeur n’a jamais quitté son pays pour aller dans d’autres où ces langues sont des moyens de communication’’. Cela, rapporte-t-elle, est un état de fait. En plus de la facilité qu’ils ont à avoir accès aux outils numériques, lesquels certains professeurs ne disposent pas toujours. “Les enfants d’aujourd’hui ont une chance, parce qu’il y a les technologies qui facilitent les études. Mais aussi qui peuvent vous dévier de l’essentiel. Ça dépend de quel usage on en fait’’, soutient-elle. En outre, pour elle, pour changer la donne, l’enseignant doit être un éternel curieux. Il doit s’adapter au monde actuel et apprivoiser les technologies de l’information et de la communication. C’est impératif, car “quand l’élève en sait plus que l’enseignant, il ne peut pas le respecter’’, analyse-t-elle.
Artiste, peintre et collectionneur, Bara Diokhané est l’initiateur de la galerie Wuruss. Appelez-le également maître, car avant d’être tout ce qu’on vient de citer, il est d’abord avocat. Mais sa passion pour les arts le poursuit partout, même au barreau. Il est surnommé, au début des années 1990, par le journaliste Adama Gaye, “avocat des artistes’’. Un sobriquet qui le poursuit jusqu’à ce jour, même s’il réclame sa casquette de défenseur des droits humains. Ila été, dans une autre vie, manager, conseiller juridique, ami et disons “porte d’entrée’’ de Youssou Ndour. Il acheminé avec l’homme pendant près de 10 ans. Comme lui-même le dit, son compagnonnage avec You est fait de hauts, de bas, de moments forts ou tendus. Ils ont connu ensemble toutes les émotions. Il vous les raconte ici, dans le Grand’Place d’«EnQuête».
Comment êtes-vous passé de la robe noire au pinceau ?
J’ai prêté serment pour devenir avocat très jeune. C’était en 1977. Je crois que j’étais le plus jeune de la promotion constituée de 7 avocats. On m’appelait d’ailleurs le ‘benjamin du barreau’’. J’étais le plus jeune avocat du Sénégal, à l’époque. Après un stage de 3 ans auprès de Me Doudou Ndoye, ancien ministre de la Justice, j’ai eu l’insigne honneur d’être nommé premier secrétaire de la conférence du stage. Elle était une cérémonie qui clôturait la fin des stages. Le barreau organisait, à cette occasion, une sorte de procès fictif où on choisissait ceux qui étaient supposés être les deux meilleurs avocats de leur promotion. Autour d’un sujet, on demandait à l’un de défendre une thèse et l’autre devait plaider la thèse contraire. Ce sont ces avocats qu’on appelait les secrétaires de la conférence du stage. C’est un titre très peu connu, mais très prestigieux mais à l’interne. Il permet de distinguer les majors des promotions. J’ai fait mes études de droit à l’université de Dakar. Après mon stage d’avocat, je me suis inscrit au barreau et, depuis 1980, je me suis installé à mon compte. Je me rappelle avoir commencé à acheter des œuvres d’art, dès que j’ai commencé à avoir un salaire, en tant que jeune avocat. J’ai toujours une pièce qui date de 1977, d’un artiste sénégalais qui s’appelle Momar Guèye.
Est-ce à ce moment que votre intérêt pour l’art est né ?
Mon intérêt pour l’art a débuté quand j’étais étudiant en droit à l’université. Sur mon chemin, puisque j’habitais le Plateau, il y avait l’Ecole des arts et le Village des arts sur la Corniche. Je passais donc devant en allant à l’université sur ma mobylette. Très tôt, j’ai eu des amis qui étaient élèves à l’Ecole des arts. J’y allais pour les voir et les regarder travailler. C’est comme ça qu’a commencé ma passion pour la collection d’art, c’est-à-dire par d’abord le contact personnel, le vécu avec des artistes de mon âge, de ma génération. Je peux citer parmi eux El Hadj Sy, Aly Samb qui est à Orléans, Moussa Tine. Petit à petit, je me suis fait d’autres amis.
Vous n’avez jamais été tenté, à l’époque, d’intégrer l’Ecole des arts ?
Non, non ! J’étais intéressé par ce que faisaient les artistes. Je fréquentais leurs studios. Des fois, on sortait ensemble. J’allais souvent au Village des arts. La création de ce village était une merveilleuse expérience de la société sénégalaise, artistique à Dakar. C’est une belle histoire qui a malheureusement mal finie. Je ne pense pas qu’il y ait, après un foisonnement pareil, un tel dynamisme culturel et artistique de manière permanente au Sénégal que ceux notés à l’époque. Je ne pense pas, par exemple, que le nouveau village que certains appellent “Campement chinois’’ ait pu remplacer vraiment l’ancien village des arts. Il était mieux placé. Il était en centre-ville, donc plus accessible et il s’y passait beaucoup de choses. Il était ouvert. Cela s’expliquait peut-être par le fait qu’entre 1975, 1976 et 1977, c’était la fin du parti unique. L’ancien village des arts a joué son rôle dans la libre expression. C’était un lieu de rencontres de beaucoup de gens. Tout le monde y venait. C’était un lieu très intellectuel, mais aussi dynamique où se tenaient des conférences, des projections de films, etc. Il n’y avait pas que la peinture. On y trouvait beaucoup de choses. Il y avait des performances dans la cour. Un jour, après une soirée avec Joe Ouakam et d’autres artistes, en rentrant vers 5 h du matin, Joe a insisté pour qu’on fasse un tour au village des arts. Je n’y trouvais pas d’inconvénients. Mais une fois sur place, il a commencé à réveiller les gens sur place en leur disant “Sortez, il y a ici un avocat aujourd’hui. Il est certes votre ami, mais il est maintenant un avocat. Venez échanger avec lui’’. D’un coup, je me suis retrouvé autour d’un groupe d’artistes. Il me demandait ce que le droit a prévu pour eux. J’improvisais. Cette conférence n’était pas préparée.
Vous avez été avocat de ces artistes, quand ils ont été chassés du village. Comment êtes-vous venu à leur secours ?
C’est quelques mois après cette conférence improvisée que les artistes sont venus me voir à mon cabinet pour me demander de les défendre, parce qu’ils ont été expulsés et brutalisé par le nouveau régime d’Abdou Diouf. C’était en février ou mars 1982, je crois. A l’époque, on a beaucoup parlé de “désenghorisation’’. Avec le recul, l’on se rend compte que c’était un passage très difficile pour les arts et les artistes. Il y a non seulement cette expulsion des artistes du village des arts, mais il y a eu aussi la démolition de l’Ecole des arts qui était en face. Plus tard, il y a la fermeture du Musée dynamique et tout cela, ce sont des symboles forts senghoriens. On a parlé de la chasse aux barons, en parlant de la “désenghorisation’’, mais on n’a pas parlé de cette “désenghorisation culturelle’’ qui a fait beaucoup de torts et ce jusqu’à présent. Pendant 30 ans, il ne s’est rien passé au Sénégal, avant que la biennale n’arrive. Il y avait de bon et du moins bon. Je pense que cette agression, après le départ de Senghor, contre les arts et la culture, n’était pas bien. Il y a même eu une dépréciation du poste de ministre de la Culture qui était très prestigieux, à l’époque. Maintenant, tous les trois mois, vous entendez la nomination d’un nouveau ministre. On a eu ici un ministre sous Senghor qui s’appelait Alioune Sène. Il pouvait être à la hauteur d’un André Malraux, quand il visitait le Sénégal. Il pouvait tenir la conversation avec lui sur différents sujets.
Mais qu’est-ce qui avait mené à l’expulsion des artistes du village des arts ?
On a dit qu’un jour, au village des arts, il y a eu une pièce de théâtre, une performance de Joe Ouakam et Seydina Insa Wade. Ce dernier avait composé une chanson sur la mort ou l’assassinat, comme disent certains, d’Omar Blondin Diop. Et pour feu le sculpteur Moustapha Dimé, c’était cela le déclic qui explique l’intervention des forces de l’ordre. Cette histoire, je l’ai lu dans une interview de Moustapha Dimé parue dans un livre publié à New York. Il faut savoir qu’à l’époque, Omar Blondin Diop était un sujet tabou dans ce pays-là. C’est extraordinaire qu’en 2013 ou 2014, qu’on ait pu organiser à l’université Cheikh Anta Diop un hommage à Omar Blondin Diop. J’y ai assisté ainsi qu’un autre à l’île de Gorée où on a même pu accrocher sa photo dans sa cellule. Mais dans les années 1980, les artistes qui abordaient cette histoire était censurée. Seydina avait fait une chanson qui n’a jamais été passée. Et c’est cette musique qui a été utilisée pour la performance théâtrale, en hommage à Omar Blondin Diop. Par ailleurs, il y a un tableau qui matérialise ce qui c’était passé au village des arts. Il a été réalisé par Kalidou Sy, ancien directeur de l’Ecole des arts. On y voyait des bottes de gendarmes massacrant des cultures. C’était un tableau assez illustratif.
Quelle suite a été donnée au dossier, quand il a atterri sur la table du juge ?
Quand on m’a constitué en tant qu’avocat, je me suis dit que la première chose à faire est de constater les dégâts, d’évaluer les dommages. Pour cela, il y a une procédure d’urgence qui s’appelle le référé où le juge ne tranche pas le fond. Il prend juste des mesures provisoires. Donc, j’ai demandé au juge, sur la base de constat que j’ai fait faire par des huissiers, de désigner un expert pour qu’on puisse savoir ce qui s’est passé avant de voir qui a tort et qui n’a pas tort. On a gagné cette première bataille, parce que le juge a pris une ordonnance. J’avais assigné l’Etat du Sénégal devant le tribunal. Le juge a désigné à l’époque un expert, M. Dubosc. Il était un vieux Français qui avait un cabinet d’experts comptables à Dakar. A l’époque, il y avait beaucoup de Français dans les professions libérales, même chez les avocats. Moi, à l’époque, quand j’ai prêté serment, les plus gros cabinets n’étaient pas sénégalais. Il y avait deux problèmes. M. Dubosc était un expert judiciaire comptable. Il n’était pas un expert en art. Il ne pouvait pas estimer à sa juste valeur un tableau déchiré ou une sculpture brisée. On avait un problème de compétences dans ce pays. Et je crois que cela nous manque toujours. Pourtant, cela fait partie du marché de l’art. L’expertise en art est une discipline. La deuxième difficulté était que M. Dubosc réclamait une avance pour commencer à faire son travail. Il demandait beaucoup d’argent. Je ne me rappelle plus de la somme, mais je sais qu’on n’avait pas la somme demandée. On avait prévu de faire des ventes pour réunir la somme, mais cela n’a pu se faire. Finalement, une suite n’a pas été donnée à cette histoire.
Au-delà de ce dossier, vous en avez défendu d’autres pour des artistes ?
Dans ma carrière d’avocat, j’ai représenté Ben Diogoye Bèye dans une affaire entre Ben et la Snpc. J’ai écrit un texte qui est sorti sur Seneplus que j’ai intitulé “Thiaroye 44/ Camp de Thiaroye’’. C’est l’histoire de deux films. J’avais représenté Ben Diogoye Bèye, auteur et réalisateur de “Thiaroye 44’’ contre la Société nationale de promotion cinématographique (Snpc) dont Ousmane Sembène était le Pca. Ce dernier avait soumis son projet de film “Camp de Thiaroye’’, alors que “Thiaroye 44’’ était en pré production. Sembène a fait suspendre le projet de Ben et la Snpc a produit et financé le projet de “Camp de Thiaroye’’ de Sembène avec tout l’argent de la Snpc. On a porté plainte contre la Snpc pour rupture abusive de contrat. Je n’ai pas attaqué Sembène, mais la société. Sembène a été nommé par décret présidentiel. Avant lui, il y avait le cinéaste Mahamma Johnson Traoré. C’est sous la direction de ce dernier que la Snpc avait sélectionné le film de Ben, de manière officielle, après les recommandations du comité de lecture. Johnson Traoré a été viré rapidement et inélégamment. Tout le staff de la Snpc a été changé et Ousmane Sembène a été installé comme Pca.
C’est là que les problèmes ont commencé. C’est un épisode malheureux à plusieurs points de vue. “Camp de Thiaroye’’ est le seul film que la Snpc a financé avant de fermer. Il est également le seul film de Sembène qu’il n’a pas réalisé seul. Son coréalisateur est Thierno Faty Sow sur ce projet-là dont on ne se rappelle même plus d’ailleurs. Il était plus jeune, de la génération de Ben. D’aucuns l’ont pris comme un faire-valoir. Cette histoire a beaucoup peiné Ben qui était sur une pente ascendante. Il venait de remporter un prix au Fespaco avec “Sey, Seyati’’. “Thiaroye 44’’ était son projet majeur, qu’il avait coécrit avec Boubacar Boris Diop. L’histoire était basée sur une pièce de théâtre de ce dernier nommée “Thiaroye, terre rouge’’. C’est cela l’histoire de “Thiaroye 44’’. Ben avait commencé son repérage et même a embauché des acteurs. Il y avait des Algériens qui devaient jouer les rôles de Blancs. Il y avait un accord de coproduction avec la Tunisie. Tout était en place avant que quelqu’un ne décide que ce film ne devait se faire. Au tribunal, il a été facile de montrer qu’il y avait rupture de contrat. On a gagné le procès deux fois. Le tribunal a condamné la Snpc une première fois, je crois que c’était en 1989, à payer à Ben 10 ou 15 millions de F Cfa. La Snpc a trouvé que ce n’était pas normal. Moi, de mon côté, je trouvais la somme insuffisante. Toutes les deux parties ont fait appel. En appel, on a eu 20 millions. Mais ce n’était que de l’argent. Vingt millions ne pouvaient pas réparer tous les dégâts, ni faire un film. C’est ainsi qu’est mortné “Thiaroye 44’’.
Pensez-vous vraiment que quelqu’un ne voulait pas que ce film soit fait ?
Quand on réfléchit sur les causes profondes, il faut peut-être remonter aux contenus des deux textes. Il faut voir les différences et ce qui dérange. Sur ce qui s’est passé à Thiaroye, les gens se posent encore des questions et doutent des chiffres officiels délivrés par la France sur le nombre de morts. Ben décrivait un massacre dans son film. Il y a une thèse qui parle de 300 personnes tuées à Thiaroye et une autre qui parle de 35 personnes. Dans le film de Sembène, c’est le chiffre de 35 qui est repris. C’est peut-être cela qui dérangeait.
Vous assumez cette casquette d’avocat des artistes, comme on vous a surnommé ?
Vous savez, c’est votre collègue Adama Gaye qui m’avait collé ce sobriquet. J’ai encore l’article qu’il avait fait sur moi en 1991, je crois, dans “Jeune Afrique économie’’. Il avait intitulé son texte “L’avocat des artistes’’. Je suis allé le voir à Rebeuss, avant-hier. J’en parle, parce que, malgré mon étiquette “avocat des artistes’’, j’étais et je reste un avocat des droits humains. J’y tiens vraiment. C’est aussi important, sinon plus important. C’est un travail de fond que j’ai fait dans ce pays et ailleurs. Quand je suis allé rendre visite à Adama Gaye, cela m’a rappelé toutes ces obligations. J’organisais des visites dans toutes les prisons du Sénégal. J’étais, à l’époque, président de l’Association des jeunes avocats sénégalais. Avant, j’ai été secrétaire général de la même association. Je suis fier de dire que cette association a été l’une des deux ou trois premières associations des droits humains dans ce pays, avant toutes celles dont on parle actuellement et qui font du bon travail. C’est Amnesty International qui existait et qui s’occupait de liberté d’opinions. Il y avait une Association sénégalaise d’études et de recherches juridiques et l’Association des jeunes avocats sénégalais. J’avais l’annuaire de toutes les organisations des droits humains du monde. Au Sénégal, il n’y avait que ces trois-là qui y étaient inscrites à une époque. Je ne savais pas qu’on était connu. On avait déjà été remarqué. Alors, après une tournée d’Amnesty International sur les droits humains avec Youssou Ndour, j’ai pensé à une tournée au Sénégal et autour des droits humains. C’est comme ça que j’ai visité toutes les prisons du Sénégal. Au début, on était un groupe de cinq avocats. Des fois, il y avait des obstacles liés à la langue, parce qu’on voulait faire des conférences publiques sur les droits humains. Dans chaque région, on essayait d’identifier le problème de droit humain qui y est le plus récurrent pour échanger avec les populations autour de ça. On avait commencé par Tambacounda et le problème identifié à l’époque là-bas était l’état civil. Cela suscitait de l’intérêt, et plus on avançait, plus le groupe grossissait. On parlait de nous à la radio. Au-delà des conférences publiques, quand on arrivait dans une région, toutes les personnes qui devaient être jugées au cours de notre séjour, on plaidait pour elles gratuitement. Chaque fois qu’on passait dans une région, on libérait 30 ou 40 personnes qui dormaient dans les prisons. On appelait cela “Le tour juridique du Sénégal’’. Donc, chaque mois, on allait dans une région. Cela a attiré l’attention de la Fondation Ford. Ils ont voulu voir ce que nous faisions sur le terrain et nous sommes allés avec eux à Saint-Louis où on a été bien accueilli par feu Me Babacar Sèye, ancien membre du Conseil constitutionnel. On avait mangé du bon “cëbu jën’’ là-bas chez lui. Et le gars de la Fondation Ford, quand il a vu notre programme avec, en sus, les cliniques juridiques, il était impressionné. Ce programme était un grand succès national et international. La Fondation Ford a voulu nous aider. On leur a dit que la meilleure manière serait de nous aider à reproduire la même expérience dans les pays voisins. Pour l’étape finale à Dakar, on a invité des avocats du Mali, du Togo, du Bénin, etc. La Fondation Ford avait donné 75 mille dollars à cet effet. On a donc organisé ici une semaine des Droits de l’homme. On a invité les autres avocats à venir dans les prisons avec nous et plaider gratuitement pour des détenus. Nos invités sont rentrés chez eux et ont créé la même chose. Nul ne peut mesurer cet impact. Toute cette période correspond aux transitions démocratiques en Afrique. Ce fut notre contribution. Je veux aussi rappeler qu’aux Usa, j’avais défendu 14 jeunes Sénégalais qui avaient réussi la prouesse de traverser l’Atlantique sur un catamaran, après 47 jours de voyage, et qui s’étaient retrouvés en prison dans l’Etat de New Jersey. Après leur avoir rendu visite en prison, j’avais fait circuler une pétition en leur faveur et organisé un mouvement de soutien et de pression qui avait abouti à leur libération et rapatriement.
En tant que défenseur des droits humains, que pensez-vous de ce qui se passe au Sénégal, avec ces séries d’arrestations jugées arbitraires par certains dont celle d’Adama Gaye ?
Je déplore totalement l’arrestation d’Adama Gaye. Il est d’abord un ami de longue date. Nos familles se connaissaient bien avant notre naissance. Nous sommes liés par des rapports familiaux anciens. Ensuite, comme un militant des droits humains, je pense qu’arrêter un journaliste, sur la base d’écrits parus sur Facebook, relève d’une frilosité démocratique. Le Sénégal, le monde, a dépassé ces choses. Ce qu'Adama Gaye a écrit n’est rien par rapport à ce que certains chefs d’Etat entendent. Ils n’ont même pas le temps de lire ça pour réagir. Il faut qu’on arrête ça. Le crime de lèse-majesté n’existe pas dans une démocratie majeure. Je ne souhaite à personne de mettre les pieds dans cet endroit. Même le pire des criminels mérite un minimum légal dû à sa dignité humaine et à sa présomption d’innocence. Il ne faut pas oublier que Rebeuss est une maison d’arrêt et non un camp pénal. En principe, ce sont des gens qui n’ont pas encore été jugés qu’on met là-bas. Imaginez que certains meurent avant d’être jugés. On a tous entendu parler des conditions de détention et vu ce qui s’est passé dernièrement.
Vous avez vu Adama Gaye, vous lui avez parlé. Comment se porte-t-il ?
Il se porte très bien. Il était étonné qu’on dise qu’il est malade. Pour lui, c’est de la manipulation. Il m’a dit : “Regarde-moi. Ai-je l’air de quelqu’un qui est malade ?’’ Il y a deux jours (l’entretien est réalisé jeudi), il était en super forme. Il avait bon esprit. Il ne sait pas d’où vient cette information. De la même façon, il dit qu’une partie de son post Facebook n’est pas de lui. Ça aussi, il me l’a dit. Il dit être l’auteur d’une partie et que l’autre a été rajoutée.
Comment avez-vous connu Youssou Ndour ?
Je suis une fois sorti dans le journal “Le Soleil’’ accompagné des membres du célèbre groupe américain Kool and the Gang. J’étais leur contact au Sénégal, parce que je les avais rencontrés à New York. J’ai commencé très tôt à voyager. J’allais aux Usa ou en Europe très souvent. Quand ils sont arrivés ici, je les ai accueillis et j’avais fait en sorte qu’ils rencontrent le président Abdou Diouf et accueillent la rédaction du “Soleil’’. Je suis sorti dans la presse avec Kool. Quelques semaines après, l’ancien manager de Youssou au Sénégal, Latyr Diouf, m’a appelé. Je ne connaissais pas Youssou. C’est Latyr qui m’a approché pour me dire qu’il aimerait bien travailler avec moi. A l’époque, Youssou était sur le point de signer son contrat de premier album international. Je pense qu’il cherchait quelqu’un qui connaissait un peu le milieu de la musique et qui parlait anglais. On lui avait envoyé un document de 44 pages, tout en anglais. On est allé après ensemble à Londres pour finaliser le contrat avec Virgin. J’ai rempli plein de rôles à ses côtés. J’étais son conseiller. Je parlais à la presse ou lui arrangeait des interviews. J’ouvrais des portes sur l’international. Je l’assistais à fond, parce qu’il le méritait. Quand je le connaissais, il était connu ici et un peu en France, mais n’était pas encore star planétaire. Et même ici, son public était restreint au Miami, Balafon et Thiossane. Il m’arrivait d’amener des copains libanais, français ou américains au Thiossane juste pour leur faire découvrir la musique de Youssou Ndour. Quand il venait à New York, j’appelais mes amis. Donc, je mettais des ponts. Avec Youssou Ndour, on a une longue histoire avec des moments forts, tendus, des hauts et des bas. Pendant presque 10 ans, on était vraiment très proche jusqu’à l’obtention de son disque d’or. On se voyait tous les jours. Nos femmes se connaissaient. Quand il n’était pas là, quand il y avait un problème dans la famille, c’est moi qu’on appelait. J’étais là pour tout le monde. Quand il a monté Saprom, je l’ai accompagné dans ses relations avec les impôts, les banques. Il y avait un autre expert-comptable qui l’assistait beaucoup. C’était Aziz Dièye.
Qu’est-ce qui s’est passé après et qui a fait que vous n’avez pas continué votre collaboration ?
Tout allait bien jusqu’en 1995. Quand j’ai vu l’effet du succès après le disque d’or, je voyais quelqu’un d’autre. J’étais de moins en moins dans le bain. Dieu a fait qu’en 1996, j’ai quitté le Sénégal. Je n’ai pas eu le temps de terminer cela. Je l’avais quand même présenté à un avocat américain qui comprenait bien les droits liés à la musique, qui comprenait parfaitement le français et qui vivait à New York. Après, j’ai vu qu’ils faisaient tout ensemble. Ils m’ont écarté. Je suis allé en Amérique et je n’ai plus entendu parler d’eux. Il y a eu des concerts de Youssou au New York que je découvrais en même temps que tout le monde. Mais cela ne me dérangeait pas. Je n’avais pas de regrets, même si je me disais que c’était inélégant de terminer une relation comme ça. On n’avait donc plus aucune relation jusqu’au jour où quelqu’un m’appelle pour me dire qu’il m’a vu dans un film. Il m’a dit que c’était un film sur Youssou Ndour. Je me suis dit “Aah non, il ne peut me faire ça. Lui qui m’a mis écarté de son business sans même faire le point ne serait-ce que pour dire je te dois quoi ?’’. Avec ce film, je me suis dit, c’est une bonne occasion de lui rappeler que je ne suis pas mort. Je n’avais pas envie d’être dans ce film. J’ai saisi le réalisateur, le producteur et le distributeur du film. Je n’ai pas saisi Youssou. J’ai envoyé une mise en demeure à tous ces gens-là. Je leur ai dit que j’habitais à New York et que je ne voulais pas être dans ce film. Le thème du film était vicieux. Il racontait une histoire qui, pour moi, ne tient pas debout. Il dépeint les Sénégalais sous un jour qui me dérange. Le documentaire dit que quand Youssou Ndour a sorti l’album “Egypte’’, tout le monde a crié au blasphème. On l’a opprimé, menacé, traité de tous les noms. Après, il gagne le Grammy Awards et revient accueilli en star chez lui. Dans le film, ils utilisent même les images de l’attentat du 11 septembre. Qu’estce que cela à avoir avec l’islam du Sénégal ? Je n’ai pas aimé cela en sus des problèmes éthiques que j’avais avec You à cause de notre compagnonnage. Ils ont pris des vidéos de scène de liesse qui dataient de plus longtemps. C’était après que Youssou a gagné le disque d’or. Quand j’ai saisi les gens qui s’occupaient du business du film, Youssou m’a appelé alors que je suis resté 8 ou 10 ans sans nouvelles de lui. La procédure, en Amérique, était très complexe. Mais je suis arrivé à avoir mon jour d’audience. Chaque partie était représentée par un avocat. En Amérique, le juge demande d’abord aux parties d’essayer de régler leur différend à l’amiable. Quand on est sorti pour cela, je leur ai dit que je voulais qu’on enlève toutes les parties du film dans lesquelles on me voyait. Ils m’ont dit oui, on peut le faire. Je leur dis : vous m’avez causé un tort, je demande une compensation de 3 millions de dollars. Ils m’ont dit que c’était impossible, que c’était un film avec un budget d’un million 500 mille dollars. Je ne voulais rien entendre. On a plaidé après devant le juge. C’était très émotionnel. Le juge a, après, désigné un autre médiateur. J’ai fait cela par principe.
Et cette histoire avec Kabou Guèye dans laquelle vous avez joué un rôle important ?
Ça, c’est quand je suis revenu à Dakar. Kabou Guèye a été la première personne à m’avoir contactée. Il m’a dit qu’il a été exploité, depuis 30 ans, et qu’on a abusé de ses droits. Youssou et Thomas Rome étaient derrière. J’ai joué un rôle de médiateur dans cette affaire. On n’est pas allé au tribunal et Youssou n’a pas pris d’avocat. Je me suis dit que Kabou est venu me voir, parce que j’avais porté plainte avec l’affaire du film. J’ai demandé à Kabou pourquoi il n’avait jamais réagi, alors qu’il savait qu’il était exploité. Il m’a dit que c’est parce que je n’étais pas là et qu’il n’avait pas confiance en moi Il avait des droits sur plusieurs albums. De fausses déclarations ont été faites sur les chansons à l’international. Aujourd’hui, je suis encore médiateur dans une affaire de droits opposant encore Youssou Ndour et un autre auteur. Il s’agit d’Habib Faye. Il est venu avant son décès à New York me voir et m’a dit estimer que ses droits ont subi le même sort que ceux de Kabou Guèye. Il m’a chargé de le défendre. Après sa mort, j’ai vu avec sa veuve qui souhaite que j’entame une médiation.
Parlons de votre carrière de peintre. Quand avez-vous commencé à peindre ?
Il y a deux dates intéressantes. J’ai commencé à peindre avec l’avènement du nouveau millénaire. A New York, il y a de grands magasins de fournitures de matériels pour artistes. J’allais dans l’un d’entre eux et j’achetais des choses pour des amis artistes du Sénégal. Il y en a un ou deux qui, après l’étape du village des arts, étaient déprimés. Ils ne voulaient plus peindre. A chaque fois que j’allais dans ce magasin, il leur achetait des choses. Il s’agit d’Ibou Diouf et de Seydou Barry. En l’an 2000, je voulais faire autre chose pour accompagner le nouveau millénaire. Je suis allé au magasin habituel et pour une fois, j’ai acheté pour moi. Quand j’ai fait cela, j’ai senti des choses extraordinaires, mystérieuses, intéressantes. Pendant au moins deux ans, je créais tous les jours quelque chose. Cela a étonné. Quand je me suis retrouvé à New York, j’avais trouvé beaucoup d’amis artistes. Ils ont vu ce que je faisais et l’ont trouvé intéressant. Il y en a un qui venait tous les jours voir ce que je faisais. Je peignais pour les nouvelles sensations que cela me procurait. Cela correspondait à une fin de cycle chez moi. Je venais de quitter les Nations Unies où j’ai travaillé comme conseiller juridique au siège du Pnud à New York. En 2003, il y a eu un ami musicien qui vient chez moi et y trouve une de mes pièces. Il me dit qu’il y a un festival de Charlie Parker Jazz Festival. Il me fait savoir qu’il y a une galerie qui organise à chaque édition une exposition. J’avais un tableau en hommage à Charlie Parker. Il a proposé le tableau et ce fut ma première exposition. L’essentiel de mes expositions s’est tenu à New York. Il y a une autre date qui marque mes débuts. Un jour, j’ai reçu un mail d’une dame qui s’appelle Fabienne Kâ. Elle m’a dit qu’on était dans la même classe au lycée Van Vo en seconde. Elle venait de France et nous a rejoints cette année. Elle me dit, dans son mail, que quand les garçons la fatiguaient, je la protégeais et que pour la consoler, je lui ai offert un dessin. Il est signé et daté 1973. Elle m’en a fait une copie qu’elle m’a envoyée. J’y ai reconnu mon écriture et ma signature. C’est une caricature qui représente le président Nixon avec une colombe blanche dans sa bouche en sang. C’était l’époque de la guerre du Vietnam. Alors que je disais que j’ai commencé en l’an 2000, elle me dit que c’était bien avant.
Vous peignez toujours ?
Oui, je peins toujours. Moins quand je suis à Dakar. Je ne sais pas pourquoi. Ici, je fais beaucoup d’esquisses. J’ai un carnet et quand je ne peins pas, je dessine. Des fois, je prends beaucoup de photos. Elles me servent après de base.
Vous avez des artistes préférés ?
Oui, beaucoup ! Il faut savoir qu’au Sénégal, il y a beaucoup de générations d’artistes.
Votre collection vaut combien aujourd’hui ?
Une collection n’a pas de prix. Elle vaut zéro en ce moment, parce qu’elle n’est pas sur le marché. Elle n’est pas chez un galeriste. Ma collection n’est pas à vendre. Si je voulais la vendre aujourd’hui, il n’y a pas un expert qui peut estimer la valeur de ces tableaux. J’ai la plus grande collection d’œuvres de Mor Faye et je le promeus depuis 25 ans. J’ai travaillé sur la question des problèmes de la culture très longtemps. J’avais même trouvé des financements de la Banque mondiale qu’ils ont mal utilisés, sans même me payer mes commissions. Cet argent devait servir à restructurer, développer les ressources culturelles du Sénégal. C’est un dossier que j’ai personnellement défendu devant un panel d’experts de la Banque mondiale. C’était entre 1995 et 1998. Pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, en 1998, une délégation de la Banque mondiale s’asseyait avec des gens du ministère de la Culture. La Banque mondiale ne traitait qu’avec le ministère de l’Economie. Quand Youssou Ndour a gagné son disque d’or, il m’a appelé pour qu’on aille ensemble chez le président Abdou Diouf qui devait le recevoir. En cours de route, il m’a dit que c’était moi qui devais prendre la parole. Il y avait lui, Habib Faye et le chef d’orchestre Pape Oumar Ngom, je crois. C’est là-bas que j’ai commencé à plaider pour les artistes et en disant au président toutes les chances que le Sénégal a, mais n’exploite pas. Je lui ai dit que Youssou a eu un disque d’or, mais le Sénégal n’en profitera pas parce que le producteur n’est pas sénégalais, etc. Je prends également le cas de Djibril Diop Mambety qui était sélectionné au festival de Cannes. Diouf m’a demandé de lui faire une note de tout cela. Je lui ai dit que je le ferai s’il me le demande officiellement. Plusieurs mois après, il m’a envoyé une lettre de mission. Son secrétaire m’a cherché une audience à la Banque mondiale où j’ai été reçu et je leur ai présenté un dossier. Je leur dis qu’on a la culture, mais on n’a pas une industrie derrière. Les gars étaient impressionnés. Ils sont venus au Sénégal. C’est de là qu’est venu le financement de la construction des centres culturels régionaux et bien d’autres choses. La Banque mondiale a donné 15 millions de dollars. Quand Wade est venu, je lui ai dit que j’ai bossé et je veux être payé. Il m’a demandé de le justifier. J’ai apporté toutes les preuves de cela. Mais ils ne m’ont pas payé.
Vous plaidez encore ?
La dernière affaire que j’ai eue, c’était ici, si je peux appeler cela ainsi. Je n’ai pas fait d’argumentation orale, mais c’était tout de même une affaire judiciaire. C’était pour le compte des habitants de la rue Mass Diokhané à Dakar-Plateau. C’était en 2014. Cette affaire me concernait directement parce que Mass Diokhané est mon père et mon cabinet était là-bas. Il était décidé de déguerpir le marché de Sandaga et la mairie de Dakar avait décidé d’envoyer les déguerpis dans un petit terrain de cette rue. J’ai recueilli des centaines de pétitions. J’ai fait faire des constats sur les lieux. J’ai utilisé une procédure qui je pense n’avait jamais été utilisée au Sénégal. C’est une disposition cachée dans la loi que beaucoup de gens ignorent. C’est grâce à cette dernière que j’ai pu obtenir gain de cause. C’est une jurisprudence. J’ai saisi la Cour suprême directement sans passer par le tribunal. Il fallait justifier cela. Il y a une disposition de la loi organique sur la Cour suprême où il est dit que lorsqu’un des droits fondamentaux risque d’être atteint de manière irréparable, on peut s’adresser à une section de la Cour suprême pour qu’elle désigne un expert. Ce qui a été fait afin d’évaluer l’impact social et environnement de l’installation sauvage de 400 marchands ambulants sur une rue d’à peine 200 m. J’ai mis en avant que la loi sur l’environnement exige que les lieux commerciaux doivent être à 500 m des habitations. Des avocats m’ont appelé après pour me demander comment j’ai fait, c’est quelle disposition j’ai évoquée. Ici, il y a un réel problème de lecture et d’exploitation des lois. Il y a une façon de lire les lois. On peut viser un article qui peut avoir des similitudes ou trouver son complément dans un autre article. J’ai gagné ce procès en 2014 et quand j’entends que c’est la Constitution de 2016 qui a établi le droit à l’environnement, je dis non.
ALY NGOUILLE VEUT Y VOIR PLUS CLAIR
Le passage du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye ce week-end à Diourbel n’est pas sans effet.
Le passage du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye ce week-end à Diourbel n’est pas sans effet. Lors d’une Assemblée générale des anciens du Collège d’enseignement moyen (Cem) de Diourbel (ex-Cemt), l’ancien élève de cet établissement a annoncé l’existence d’un virement de 50 millions de F Cfa pour la réhabilitation de cette école. C’est la polémique et le monde enseignant se pose des questions sur l’utilisation de cet argent.
C’est une question qui est sur toutes les lèvres : où est passé l’argent du Cemt ? En marge d’une Assemblée générale avec ses anciens camarades du Collège d’enseignement moyen technique (Cemt) de Diourbel, Aly Ngouille Ndiaye est largement revenu sur l’investissement qu’il avait annoncé pour la réhabilitation de son ancienne école, qui est dans un état de décrépitude très avancé. Il dit : «Je suis venu ici il y a plus ou moins 2 ans. J’avais demandé à une entreprise, dans le cadre de la responsabilité sociétale (Rse), de vous faire une enveloppe de 50 millions. L’entreprise avait donné son accord en promettant de faire cet investissement en deux tranches. Une première enveloppe de 25 millions en 2017 et une autre en 2018. Je dois quand même le dire, l’inspecteur qui gérait ce projet n’a pas été diligent. Il fallait que je l’appelle pour lui demander où il en était avec le projet.» Il précise : «Les premiers 25 millions ont été effectivement virés, j’avais donné la preuve au gouverneur sortant Mouhamadou Moustapha Ndao.
J’ai vu les ordres de virement et je vais vérifier si le deuxième est venu ou pas. J’ai demandé au gouverneur de vérifier ce qui a été fait avec les premiers 25 millions et engagé les autres 25 millions car l’argent est disponible donc prenez vos dispositions pour le prendre.» Le ministre de l’Intérieur réagissait à une interpellation du principal du Cemt, qui lui demandait d’apporter des réponses par rapport à cet argent qui était destiné à réhabiliter cet établissement. «C’est 15 millions qui ont été décaissés et engagés. Le terrain basket que vous voyez et quelques réfections dont ce bâtiment ont été faits avec cet argent. M. le ministre aidez-nous pour qu’on puisse décaisser les 10 millions restants», a-t-il dit.
Une interpellation qui a jeté le froid dans les rangs des anciens élèves et de la communauté éducative. Les membres de l’Intersyndicale des enseignants de Diourbel ont fait une sortie pour déplorer «la situation qui prévaut au Cemt de Diourbel». Selon le porte-parole de cette intersyndicale, par ailleurs secrétaire général du Sels authentique, «ce dossier a été géré par l’inspecteur d’Académie sortant, M. Gana Sène, et le Gouverneur sortant Mouhamadou Moustapha Ndao». Il avance qu’ils avaient décidé de gérer ce dossier à leur manière. «Aucun partenaire n’était impliqué dans le processus ni de près ni de loin. Ils avaient démarré les travaux avec leur entrepreneur en nous faisant savoir qu’ils avaient juste reçu une enveloppe de 15 millions de F Cfa. A notre très grande surprise, Aly Ngouille Ndiaye qui était là le week-end a clairement déclaré qu’une enveloppe de 25 millions de F Cfa a été versée dans le compte de l’Ia», dit-il.
Par conséquent, le syndicaliste interpelle l’actuel gouverneur et le nouvel Ia pour qu’ils rétablissent la «vérité d’autant plus que l’administration est une continuité. Cet établissement, qui date de plus de 50 ans, a beaucoup souffert de la vétusté de ses locaux au point que la protection civile avait même isolé des salles de classe et un bâtiment pour des raisons de sécurité. Nous voulons des réponses dans les plus brefs délais sinon nous n’excluons pas de saisir les plus hautes juridictions de ce pays à savoir l’Ofnac et le procureur de la République»
LE LEGS DE MANDELA SOUILLÉ
Des violences xénophobes ont éclaté en Afrique du Sud depuis le 1er septembre
Des violences xénophobes ont éclaté en Afrique du Sud depuis le 1er septembre. Elles visent notamment les Nigérians qui sont accusés par les Sud Africains d’être la cause du chômage galopant dans le pays qui est, somme toute, la première économie du continent. Qui plus est, la nation arc-en-ciel est envié pour l’histoire peu commune de son héros Nelson Mandela. Mais l’héritage de celui que l’on surnommait «L’Africain du 20e siècle» qui a combattu au prix de sa vie l’apartheid n’est-il pas en train d’être souillé avec ces actes xénophobes.
«Toute ma vie, je me suis consacré à la lutte pour le peuple africain. J'ai combattu contre la domination blanche et j'ai combattu contre la domination noire. J'ai chéri l'idéal d'une société libre et démocratique dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie et avec les mêmes opportunités. C'est un idéal pour lequel j'espère vivre et agir. Mais, si besoin est, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir», disait le prévenu Nelson Mandela le 20 avril 1964. Cette conviction a guidé ses pas durant ses 27 années de prison. Devenu le premier Président de la Nation arc-en-ciel post apartheid, il s’est évertué à gouverner en gardant intact son idéal pour une Afrique du Sud prospère et tolérante. Ce qui a fait davantage briller son aura planétaire.
C’est pourquoi, la flambée de violences xénophobes constatée depuis quelques jours à Pretoria et Johannesburg constitue une tache noire dans l’héritage des Mandela, Winnie et autres Steve Biko. En effet, d’après le journal français «L’Observateur», la vague de violences et de pillages a débuté dimanche 1er septembre après la mort de trois personnes dans l’incendie encore inexpliqué d’un bâtiment du centre-ville de Johannesburg, la principale ville du pays. «Lundi, le centre de Johannesburg a été envahi par des centaines de personnes armées de gourdins et de pierres qui ont incendié et pillé de nombreux magasins, souvent tenus par des commerçants étrangers. Les immigrés africains, notamment nigérians, sont la cible principale de ces violences», renseigne le journal. En plus de ces violences, on a noté les déclarations incendiaires de certains leaders syndicaux qui accablent les étrangers et brisent davantage le rêve panafricain de Mandela et de Thabo Mbeki. «Le peuple sud africain a faim, mais il reste à la maison, alors que des entreprises du pays préfèrent employer des étrangers payés moins cher», accuse Sipho Zungu, représentant d’un syndicat de routiers. Dans la journée d’hier encore, deux corps carbonisés ont été retrouvés dans le Township d’Alexandra.
LA ROUTINE DE LA XENOPHOBIE
Par ailleurs, même si le Président sud africain Cyril Ramaphosa a réagi pour condamner ces violences en affirmant surtout que rien ne peut justifier qu'un Sud Africain s'en prenne à des gens d'autres pays, force est de signaler que le pays Arc-en-ciel n’est pas sa première montée de violences pour xénophobie. En 2015, sept personnes ont été tuées au cours de pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg et à Durban. Sous les attaques de Sud Africains, plusieurs milliers de migrants originaires de tout le continent étaient contraints d’abandonner leurs commerces et leurs habitations précaires pour trouver refuge dans des camps montés à la hâte, ou en attendant que les services de rapatriement vers leurs pays d’origine soient mis en place. Ces violences avaient surtout éclaté, selon certains observateurs, après la déclaration du roi des zoulous, la tribu de Mandela. Ce dernier avait appelé les étrangers à prendre leurs affaires et rentrer chez eux, même s’il précisera plus tard que ses propos ont été sortis de leur contexte. Pendant ce temps, les violences s’étaient propagées dans le pays. L’Afrique du Sud avait connu aussi des violences xénophobes en 2008 avec des émeutes qui ont fait plus 62 morts.
Ces émeutes sont, pour beaucoup d’observateurs, la résultante de ce que la jeune génération reproche à Mandela. Celle-ci pense surtout que «Mandela n'a pas tenu les promesses qu'il avait faites. L'ANC avait une Charte de la Liberté disant que la terre devait appartenir au peuple, ce n'est pas le cas aujourd'hui, et il y a encore beaucoup d'inégalités, de nombreux Noirs sont toujours pauvres». Les jeunes Sud africains reprochent à l’Etat son laxisme. Pour eux, le gouvernement accorde trop de faveurs aux entreprises étrangères qui n’emploient que des étrangers. Est-ce cela qui justifie cette xénophobie ?
«ON A BESOIN DE CONSTRUIRE UNE LAÏCITÉ MODÈLE SÉNÉGALAIS»
Qu’est-ce qui peut expliquer d’un seul coup la propension au communautarisme dans le pays ? C’est à cette question que le sociologue Djiby Diakhaté a tenté de répondre dans un contexte où la tolérance religieuse prend un sacré coup au Sénégal
Qu’est-ce qui peut expliquer d’un seul coup la propension au communautarisme dans le pays ? C’est à cette question que le sociologue Djiby Diakhaté a tenté de répondre dans un contexte où la tolérance religieuse prend un sacré coup au Sénégal. Il estime qu’on a besoin de construire un modèle sénégalais de laïcité.
Si ce n’est pas le renvoi d’élèves voilées de l’Institution Sainte Jeanne D’Arc, c’est l’interdiction, dans un passé récent, de prière à la pharmacie Guigon ou à l’Institut Européen des Affaires (Iea Dakar), une école française de management. D’un autre côté, on assiste à des querelles de bas étages entre disciples de confréries religieuses sur les réseaux sociaux. Un ensemble de pratiques qui repose la question de la cohabitation religieuse au Sénégal, jusque-là donnée en exemple partout dans le monde. «L’amour, le respect, la tolérance et le culte de la paix.» Ces principes généraux de toutes les religions sont souvent relégués au second plan pour mettre en avant le communautarisme et le sectarisme religieux. Les germes de la division sont en train d’être posés dans un pays où malgré les différences, les communautés ont toujours vécu dans la paix et la stabilité.
Revenant en profondeur sur la question, le sociologue Djiby Diakhaté soutient d’emblée qu’on a besoin de construire une laïcité modèle sénégalais. A l’en croire, la perception que les Sénégalais ont de la laïcité renvoie plutôt au modèle des Français qui ont été nos colonisateurs. Or, dit-il, ces pays ont leur histoire et leur culture différentes des nôtres. «Dans nos lointaines traditions, la temporalité et la spiritualité faisaient très bon ménage. Alors, aujourd’hui, sous l’influence du modèle de la laïcité française, nous voulons quelque part séparer totalement le temporel du spirituel en disant que celui-ci n’a pas à interférer dans le fonctionnement du temporel. Or, cela n’est pas notre histoire, ni notre tradition», tranche-t-il.
Pour le sociologue, il doit y avoir une gestion intelligente de la question religieuse qui suppose encore une fois l’ouverture, la tolérance et l’utilisation de la religion à des fins de progrès et de bien-être. Il estime que jusqu’à présent, on a tendance à manipuler la religion et à l’utiliser à des fins politico-politiciennes. «On n’a pas jusque-là compris que la religion peut avoir une dimension économique et sociale. Donc, ces aspects de la religion devraient être mis en exergue. A Tivaouane par exemple, vous trouvez des marabouts qui ont mis en place des écoles pour former les gens à la citoyenneté, à la spiritualité ; mais aussi pour booster le développement économique avec des champs emblavés par des marabouts. C’est le cas aussi de Xelcom avec Serigne Saliou Mbacké», souligne Djiby Diakhaté qui propose de voir comment orienter la religion vers des considérations plutôt sociales et économiques. «Jusque-là, on a des difficultés par rapport à ça. Parce que tout simplement, on a adopté une perception de la laïcité qui n’a absolument rien à voir avec nos traitions», explique-t-il.
FACTEURS EXPLICATIFS DU COMMUNAUTARISME RELIGIEUX
Au par avant, Djiby Diakhaté, joint au téléphone par «L’As» est largement revenu sur les facteurs explicatifs du communautarisme religieux au Sénégal. Au-delà de la crise des valeurs, dit-il, un des facteurs explicatifs de ce communautarisme religieux, c’est la tendance à s’éloigner de plus en plus de l’orthodoxie. Il s’agit notamment des principes canoniques qui organisent le fonctionnement de la religion. «Certains groupes ont tendance à s’écarter des principes pour permettre à certains individus et à certaines familles d’acteurs de pouvoir se positionner et de pouvoir accéder à certains privilèges. Je veux dire tout simplement que quand quelqu’un a besoin de certains privilèges, il a besoin de manipuler les adeptes et de les éloigner de l’orthodoxie, des textes fondateurs de la religion, de manière à mettre en place sa propre interprétation qui lui permet d’exploiter certains acteurs, de se positionner et d’accéder à certains privilèges», analyse-t-il. L’autre élément qui explique ce phénomène, de l’avis de Djiby Diakhaté, c’est la montée en puissance du spectaculaire et de la recherche de buzz qui son en train de gagner du terrain. «Ce qui se manifeste à travers les «Ganalé» et plusieurs autres formes du genre : un marabout a fait telles prédictions ; il a proféré tels propos ; il a osé prendre telle position. Et donc à la recherche du spectaculaire, on est tenté de prendre des positions dont on sait qu’elles ne sont pas raisonnables pour tout simplement être visible ou être une identité remarquable», relève-t-il avant d’ajouter : «Je pense qu’il faut ravailler à entretenir les traditions que les ancêtres nous ont léguées qui est une tradition d’ouverture, de respect et d’acceptation de l’autre.
Amadou Hampâté Ba affirmait que ce qui fait la beauté d’un tapis, c’est la variété de ses couleurs. Donc, on peut être différent ; mais une gestion intelligente de nos émotions et de la différence permet de construire quelque part une paix durable et non pas une paix séquentielle ou une paix conjoncturelle. Cela a toujours été la marqué déposée du Sénégal. Il faudrait bien la conserver. Mais cela suppose bien entendu un système de socialisation et d’éducation en phase avec les valeurs et les principes qui sont de nature à promouvoir la paix et la coexistence en parfaite intelligence entre les différentes composantes de la société», déclare en définitive le sociologue
LE PROCUREUR DIT NIET À LA LIBÉRATION PROVISOIRE D’ADAMA GAYE
Au cours de l’interrogatoire ce mercredi, le journaliste-consultant resté constant dans ses écrits, a répété que les propos «insultants et rédigés dans un mauvais Français» ne sont pas de lui
Le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye s’est opposé à la demande de liberté provisoire introduite par les conseils de Adama Gaye le 29 Août 2019. La décision a été notifiée au Doyen des juges d’instruction (Dji) peu de temps avant la première audition sur le fond hier, 4 Septembre 2019. Au cours de l’interrogatoire, le journaliste-consultant resté constant dans ses écrits, a répété que les propos «insultants et rédigés dans un mauvais Français» ne sont pas de lui. Ce qui lui a fait dire que son compte a été piraté. Dès la fin de l’audience, son collectif d’avocats a introduit une seconde demande de liberté provisoire.
Le 29 Août 2019, il y a exactement une semaine, lorsque le Doyen des juges d’instruction (Dji) Samba Sall a renvoyé l’audition dans le fond, sine die, les conseils du journaliste Adama Gaye (qui n’a pas été extrait) ont introduit au cours de la journée une demande de liberté provisoire qu’ils avaient bien ficelée. Le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye qui s’est autosaisi dans le cadre de cette procédure, s’est opposé à cette requête le 03 Septembre 2019. Peu avant l’audition dans le fond du journaliste-consultant Adama Gaye, dans la journée d’hier, il a notifié sa décision au Dji. Selon le maître des poursuites, il y a un risque de récidive et de trouble à l’ordre public. Sans tarder, Samba Sall a statué en suivant le parquet dans son refus. Au lieu de faire appel de ce rejet, les avocats ont préféré, face à cette nouvelle donne, introduire une autre demande de liberté provisoire, dès la fin de l’audience.
Face au Dji, hier, les avocats Mes Cheikh Khoureychi Ba, Kory Sène, Cheikh Amadou Ndiaye, Christian Faye, Seydou Diagne et Ndèye Coumba Diop ont plaidé les garanties de représentativité et la bonne foi de leur client. Selon nos sources, l’audition s’est déroulée sans incident de 13 h à 16, en présence du collectif. En tenue décontractée (jean et chemise), Adama Gaye n’a pas varié dans ses déclarations qu’il a toutes maintenues. Il a soutenu que pour les «propos insultants rédigés dans un mauvais Français», il s’agit d’un piratage de son compte. Ces déclarations répétées devant le juge, ont été tenues durant l’enquête préliminaire.
POUR LES PROPOS «INSULTANTS ET DANS UN MAUVAIS FRANÇAIS» ADAMA GAYE DIT QUE SON COMPTE A ETE PIRATE
Les questions portaient sur ses publications sur Facebook concernant le Président Macky Sall. Pour rappel, Adama Gaye, arrêté par la Division des investigations criminelles (Dic), est en prison depuis le 31 Juillet 2019. Il a été interpellé chez lui, au 6ème étage de l’immeuble Kébé, à 5 h 11, mais les hommes du Commissaire Ibrahima Diop n’ont commencé à l’entendre qu’à 10 h 55. Les enquêteurs ont fini à 16 h et l’ont conduit dès le lendemain devant le Procureur qui a transmis le dossier au Dji après un retour de parquet.
Dans un communiqué signé le 05 Août 2019, le Procureur avait estimé que les propos du journaliste-consultant sur le président de la République, d’une «indécence inouïe, ont conduit à son inculpation sur la base de l’article 80 du Code pénal pour atteinte à la sûreté de l’Etat et pour offense au chef de l’Etat». Par ailleurs, toujours dans le cadre de cette procédure, un des conseils du journaliste, Me Khoureychi Ba avait annoncé une saisine de la Chambre d’accusation pour une violation relative à la présomption d’innocence. C’était suite à une réaction du garde des Sceaux Me Malick Fall qui avait soutenu au cours de la garde-à-vue du journaliste qu’il assume sa totale responsabilité dans cette affaire.