SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 novembre 2024
People
«LE PBS, AU-DELÀ D'AWADI, DOUG E TEE EST UNE PHILOSOPHIE DE VIE »
Il fait partie des hérauts de notre jeunesse. Didier Awadi, rappeur connu pour son engagement, reconnu pour ses positions tranchées, est un patrimoine musical
Il fait partie des hérauts de notre jeunesse. Didier Awadi, rappeur connu pour son engagement, reconnu pour ses positions tranchées, est un patrimoine musical. Vêtu d’un tee-shirt blanc, le rappeur emprunte les «Marches du Quotidien» avec la même assurance, qui le caractérise sur la scène musicale qu’il fréquente depuis 30 ans. C’est l’âge du Positive Black Soul, qui va fêter cet anniversaire cette année. Ça ne le rajeunit pas, mais cette longévité sur les plateaux est due à son engagement pour le développement du continent. De la question du franc Cfa en passant par les Ape, les contrats pétroliers et gaziers, Awadi ouvre ces différents dossiers à la manière dont il arpente une à une les «Marches du Quotidien». Le style est décontracté, mais les mots ont toujours un écho révolutionnaire.
Quel est votre avis sur les révélations de la Bbc à propos des contrats gaziers et pétroliers qui mobilisent une partie du pays ?
Je suis ce débat comme tout le monde en me disant qu’il y aura une justice sur cette affaire qui doit pousser à ouvrir une enquête sérieuse, si on veut qu’il y ait de la sérénité dans le pays. Le cafouillage médiatique au sommet de l’Etat nous pousse à penser qu’il faudrait qu’une enquête sérieuse soit ouverte afin de clarifier cette situation parce qu’il s’agit de notre avenir, de celui des générations futures. Donc, on ne peut pas banaliser cela, on ne peut pas laisser cela entre les mains des politiciens.
Le président de la République a demandé l’ouverture d’une enquête. Le procureur a fait un appel à témoins. Est-ce assez ?
Vous savez, s’il y a un problème, il faut dire qu’il a un problème et non qu’il faudrait qu’il y ait un problème, c’est différent. Et à partir de là, il faut clarifier les choses.
Vous croyez en la justice sénégalaise ?
Je suis un optimiste, toute justice est perfectible. Est-ce que la justice est partout dans le monde irréprochable ? Mais je me donne l’espoir de croire en la justice de mon pays.
Malgré les affaires Khalifa Sall…
Bien sûr qu’il y a des affaires qui permettent d’avoir des doutes. Mais c’est le combat de tout un chacun, de tous les jours, de faire en sorte d’avoir une justice qui soit à l’attente des laissés-pour-compte.ous sommes à quelques jours du 23 juin (Ndlr : l’entretien a eu lieu le vendredi). Quand vous voyez ce qui s’est passé le 23 juin 2011, la montée populaire qu’il y a eu … Maintenant, on a l’impression que c’est une petite couche de pays qui s’intéresse à la situation, mais la grande masse ne s’y
intéresse pas. Ne connaissons-nous pas quelque part une certaine régression ?
Non moi ce que j’apprends de l’histoire des Peuples, particulièrement africains, c’est qu’à chaque fois que nous sommes dans une sorte d’accalmie, c’est là que ça explose. Si vous reprenez le cours des quatre dernières semaines, on parlait de dialogue national, le frère du Président faisait une émission sur une grande télé, tout allait bien. Tout à coup, tout explose. Aujourd’hui, à l’heure où nous parlons, les gens ont rempli les Allées du Centenaire (marche de la coalition Aar li ñu bokk). Donc, ne croyez pas que le Peuple dort ! Nous nous sommes des «Sankariste» et nous savons que quand le Peuple se met debout, l’impérialisme tremble. Le Peuple, tôt ou tard, se met debout. Les dirigeants ont un temps compté, ils ont un mandat. Ce que je respecte. Mais tôt ou tard, le Peuple se lève. Ça peut venir du pain qu’on a augmenté, de la question de l’eau, du pétrole ou du gaz, selon que le Peuple est indiqué, et il a le droit de s’indigner. Mais il ne faut pas attendre un deuxième 23 juin. Le 23 juin, c’était une certaine année, c’est passé. Il y a d’autres dates dans le calendrier. Chaque date a une ou des causes qui la provoquent. Je ne souhaite à aucun Président d’avoir un 23 juin. On n’est pas là pour le feu. Il faut créer les conditions d’un non 23 juin, c’est-à-dire la justice. Elle est la vraie démocratie. Le reste des intérêts du Peuple, c’est ça qui fait qu’il n’y aura pas un autre 23 juin. Vous pensez que les gens qui ont manifesté, qui ont pris des lacrymogènes, le font de gaieté de cœur ? Ce n’est pas une fête. Ce n’est pas un «khawaré».
Et les interdictions de marche ?
Les interdictions de marche, c’est un manque de sérénité. Quand quelqu’un demande une autorisation, tu mets les conditions sécuritaires, surtout que les gens ont voulu manifester pacifiquement. Si on ne manifeste pas de façon pacifique, on ne laisse aux gens que l’alternative de la violence. Et ce n’est pas ce qu’on souhaite. On a bien vu quels peuvent être les fruits de la violence autour de nous. Donc, ce n’est pas quelque chose à souhaiter. Par contre, quelle que soit la violence du propos, on doit laisser les gens s’exprimer. Il faut que les propos puissent s’entrechoquer. Il ne faut pas qu’il y ait seulement une seule personne qui décide. C’est là et seulement qu’on peut parler de la démocratie.
Est-ce qu’aujourd’hui on a les contre-pouvoirs qu’il faut pour contrôler le fonctionnement de l’Etat ?
Pour moi, le contre-pouvoir c’est chacun de nous. Chacun de nous doit prendre ses responsabilités. Soit on prend notre responsabilité, soit on la fuit. Nous sommes de la jeunesse. On ne délègue pas notre responsabilité. Nous la prenons, nous l’assumons. Il ne faut pas qu’on attende qu’un Sankara qui revienne. Moi, j’ai beau être un «Sankariste», je n’attends pas que Sankara revienne pour me faire ma révolution. Ma révolution je la mène chez moi dans mon endroit. Et puis, j’élargis. Et chacun doit accepter d’être le leader de sa révolution et pas les autres, la société civile. C’est qui la société civile ? C’est tout le monde. Moi je n’attends pas que quelqu’un vienne porter le drapeau pour que je vienne lui dire je suis derrière toi. Je ne suis pas un suiveur. Je ne veux pas suivre qui que ce soit. Je veux que chacun de nous soit leader et qu’on soit ensemble. Et quand on est ensemble, ça doit être sincère pour avancer.
Il y a une certaine révolution dans votre musique. Mais est-ce que vous êtes vraiment compris dans ce que vous faites dans votre monde ?
En tout cas j’aurais fait ce qui rend la paix, avec mon âme. Je dois être compris avec mon âme. Compris ou pas, je pense qu’à l’échelle de l’histoire beaucoup de gens qui ont pu impacté leur temps n’ont pas été compris quand ils faisaient des choses. Et très souvent, c’est bien après qu’on dise ‘’Ah, je comprends’’, merci pour ce que vous aviez fait. En tout cas, je n’attends pas des bravos, je n’attends pas des médailles.
Mais qu’est-ce qui vous motive alors ?
Ce qui me motive, c’est cet amour pour ce continent. J’ai eu la chance de faire 44 pays. Et dans ces 44 pays, je n’ai parfois que la preuve qu’on a le devoir de se battre parce qu’il est tellement beau, mais il y a tellement de challenges devant nous et c’est tellement beau de faire partie d’une génération qui aura mis une pierre à l’édifice de ce qu’on appelle l’Afrique libre, indépendante et souveraine et parce qu’on a bien vu qu’on a encore du travail à faire par rapport à notre souveraineté, qu’elle soit monétaire, militaire, économique ou énergétique. Il y a du travail. Donc si on croit à ce continent, on croit forcément à notre pays. On a le devoir de se battre pour ce pays et ça c’est pour moi la meilleure motivation qu’on peut avoir. En tout cas, moi c’est mon moteur. Et chaque fois, je n’ai que la preuve qu’on doit continuer.
En parlant de souveraineté économique, militaire ou énergétique, êtes-vous un militant de France dégage ?
Je ne suis militant de rien moi. Est-ce que tu m’as vu militant de quelque chose ? Je suis militant de l’Afrique. Je suis militant de l’abolition du franc Cfa
Pourquoi ?
C’est inquiétant qu’un Africain ose demander pourquoi. Aujourd’hui, aucun Africain ne devrait demander pourquoi on doit sortir du franc Cfa. C’est comme si tu demandes à un prisonnier pourquoi est-il important de sortir de prison. Nous avons une monnaie que nous utilisons, qui n’est pas la nôtre. Et nous avons tellement pratiqué le truc que nous sommes convaincus que c’est notre monnaie. Et quand nous voulons en parler, on nous dit non, c’est une discussion technique. Comme si nous ne sommes pas assez intelligents pour comprendre que cet argent ce n’est pas une monnaie que nous avons fabriquée, ce n’est pas une monnaie dont nous contrôlons la fluctuation, une monnaie que nous ne contrôlons pas. Nous n’avons pas la souveraineté monétaire financière. Eh bien, comment allons-nous faire de vrai business ? Si tu n’as pas la souveraineté dans ta poche, tu n’as pas la souveraineté dans ta maison. Et la main qui te donne à manger, c’est celle qui contrôle aussi tes volontés.
Il y en a qui disent aussi qu’on peut contrôler la monnaie, mais si on n’a pas une économie saine, on ne pourra rien faire...
Non, pour moi c’est un faux débat. Il y a des pays qui n’ont pas notre niveau d’économie, mais qui s’en sortent très bien avec leur monnaie. Les mauritaniens, vous pensez qu’ils se plaignent ? Les Ghanéens ? Je Didier Awadi, artiste Il fait partie des hérauts de notre jeunesse. Didier Awadi, rappeur connu pour son engagement, reconnu pour ses positions tranchées, est un patrimoine musical. Vêtu d’un tee-shirt blanc, le rappeur emprunte les «Marches du Quotidien» avec la même assurance, qui le caractérise sur la scène musicale qu’il fréquente depuis 30 ans. C’est l’âge du Positive Black Soul, qui va fêter cet anniversaire cette année. Ça ne le rajeunit pas, mais cette longévité sur les plateaux est due à son engagement pour le développement du continent. De la question du franc Cfa en passant par les Ape, les contrats pétroliers et gaziers, Awadi ouvre ces différents dossiers à la manière dont il arpente une à une les «Marches du Quotidien». Le style est décontracté, mais les mots ont toujours un écho révolutionnaire. «Le Pbs, au-delà de Awadi, Doug E Tee, c’est une philosophie de vie, d’un groupe de personnes, qui a cru à un idéal» «Le cafouillage médiatique au sommet de l’Etat par rapport aux contrats pétroliers nous pousse à penser qu’il faudrait une enquête séreuse.» www.lequotidien.sn 9 Le Quotidien n Lundi 24 Juin 2019 N° 4900 LES MARCHES DU QUOTIDIEN vais prendre le cas du Nigeria. Quand vous êtes milliardaire au Nigeria, vous avez des jets privés. Ici quand vous êtes milliardaire, vous avez des voitures. On nous dit que c’est une monnaie de singe. La seule différence, c’est que c’est eux qui contrôlent leur monnaie. Nous, on a une monnaie de singe qu’on ne contrôle pas. Bon ! Nous allons être milliardaires avec nos voitures. Ça fait toute la différence. Même le Cap Vert a sa monnaie. Et donc nous, on refuse de sortir dans la plantation. Parce que le maître nous donne à manger, le maître réfléchit pour nous, fait la monnaie etc. En tout cas, moi, je ne suis pas un «house negro». «I am a free negro», comme dit Malcom X. Il faut qu’on ait le courage quand même.
Est-ce la responsabilité de nos dirigeants ? C’est eux qui décident…
Ce n’est pas la responsabilité de nos dirigeants. C’est à chacun de nous d’assumer sa responsabilité. On met la pression. Quand le Peuple se lève, l’impérialisme tremble. Si nous nous levons et que nous disons ne plus vouloir de cette monnaie-là, tout le support de l’impérialisme tremblera. Et c’est ce qui s’est passé. Depuis 2006, il y a plein de mouvements pour «abolir». Aujourd’hui, la Cedeao commence à dire, «d’ici 2020, on va passer à notre monnaie», mais s’il n’y avait pas une pression populaire, penses-tu qu’elle aurait mis ça sur la table ? Je ne crois pas qu’un Président doit décider pour nous. Un Président, c’est quelqu’un à qui tu donnes un mandat de parler en ton nom. Et à qui tu mets la pression pour qu’il dise ce que tu veux dire. Parce qu’ils sont piégés. S’ils amènent ce débat, comme dit Sankara, la prochaine réunion tu ne les verras pas. Donc, c’est à nous de mettre la pression. Tu ne peux pas développer ton pays quand tu n’as pas 50% de tes ressources à ta disposition. Ce n’est pas vrai. Et tous les pays qui ont quitté le Cfa, (je parle des pays du Maghreb) sont aujourd’hui en réelle voie de développement. Nous, nous nous battons pour être les pays les moins avancés, pays pauvres très endettés. Et quand nous sommes déclarés Ppte, c’est la fête. Et il faut arrêter ces histoires «d’émergence» parce que pour moi, c’est une grosse escroquerie. Vous vous rendez compte que ces mêmes histoires de plan émergent, ce n’est pas nous qui avons décidé. Vous avez vu tous les pays qui ont exactement les mêmes plans. Tous ces pays (Ppte) attendent que le maître dise : «Bon, on avait mis Ppte, maintenant mettez plan émergent.» Et ils (occidentaux) donnent de l’argent au Président. Ils lui donnent des promesses. Et quand le gouvernement arrive pour dire que nous avons mille milliards, quelque temps après, il nous dit qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses de l’Etat. Mais où sont les mille milliards ou bien les deux mille milliards ? Et quand on nous dit il n’y a pas d’argent dans les caisses, c’est vrai. Aujourd’hui, tout monde tire le diable par la queue et réclame ses 400 mille.
Quels 400 mille ?
Les 400 mille dont tout le monde parle. Il suffit d’aller aux Allées du Centenaire pour comprendre (manifestation du mouvement Ar li ñu bokk). En outre, il paraît qu’il y a un business. S’il marche, j’aurai 400 mille F Cfa. Et comme je suis responsable d’une famille, si je prends la part de tout le monde chez moi, je sens que je serai en vacance aux Bahamas.
Vous parlez de la monnaie, c’est un combat. Entre autres combats, vous aviez eu à mener avec d’autres militants panafricains celui contre les Ape…
Les Ape, c’est la même chose. On nous dit, ouvrez vos frontières qu’on vienne vous violer ! Et puis, il y en a qui disent on a qu’à ouvrir, c’est-à-dire nous qui prenons les bateaux et les pirogues, c’est nous qui prenons les chaînes. Et les gens en qui nous avons confiance vendent notre avenir. Comme des gens sont train de dire : «Attention, des chaînes européennes sont en train de s’installer et c’est dangereux pour nos paysans.» Mais oui, ça va être dangereux puisque c’est nous qui ne voulons pas faire de la distribution, nous ne transformons pas nos produits. Nous laissons des produits concurrents subventionnés du nord venir nous violer. C’est nous même qui acceptons ça. Et puis, on est pressé d’aller signer. Pour peut-être individuellement, égoïstement, avoir des dividendes. Donc, nous avons un vrai problème. Les Ape, ça risque d’être la plus grande catastrophe pour des économies aussi faibles que les nôtres. Nous ne pouvons pas être en compétition avec l’Américain, ni avec l’Européen. Parce que notre tissu industriel, économique n’est pas assez fort, assez structuré pour qu’on puisse être en compétition avec eux. Si on avait atteint l’autosuffisance alimentaire … (Et je vois, il y a des choses qui sont en train d’être faites dans la vallée et ce n’est pas mal), mais on n’en est pas encore là. On est encore très faible. C’est une concurrence déloyale. A chacun d’entre nous de prendre pas nos responsabilités. C’est Zongo qui disait que les souris disent que le chat est dangereux, il faut qu’on fasse quelque chose. Alors quand il s’endort, on lui met une cloche pour s’échapper avant qu’il ne vienne. Le gars dit allez on va mettre la cloche sur le cou du chat. Bon, on dit maintenant toutes les souris sont là, qui va lui mettre la cloche, on ne voit personne, on attend les autres. Mais c’est qui les autres, oui les gars, on y va (rires). Il n’y a pas de «les gars on y va», vas-y, mais les gens ne se lèvent pas, mais pourquoi les gens vont se lever, toi déjà est-ce que tu te lèves ? Mais les gars ils ne vont pas à la marche. A la marche, il n’y avait personne. Oui, mais toi tu n’y étais pas allé. Les gens n’ont rien dit par rapport à l’affaire du pétrole, oui mais toi est-ce que tu as dit quelque chose (rires). Vous voyez on attend qu’il y ait de leader. Qu’est-ce qu’a dit Sonko sur le pétrole ? Ah oui, mais les gens ont dit, ce ne sont pas les gens, c’est toi, qu’est-ce que tu dis, ne délègue pas ta responsabilité. On rentre seul au paradis et on rentre seul en enfer aussi.
Les pays africains viennent de mettre en place la Zone de libre-échange (Zlec). Pensez-vous qu’il y a des chances pour que cela marche ?
Oh les libres échanges, ce n’est pas nouveau en tout cas. Dans l’espace Uemoa, Cedeao c’est là hein, libre circulation des personnes et des biens. Tout ça pour le moment ça ne marche pas vraiment. Parce que les réalités aux frontières font que chacun protège son espace d’une manière ou d’une autre ou bien ceux qui sont à nos frontières font du zèle ou excellent dans la corruption et donc ça ne marche pas beaucoup, mais c’est un bon départ. A l’échelle de l’histoire, il faut poser des jalons et nous on applaudit. C’est-à-dire il faut toujours regarder la charge positive ou celle négative.
Pour revenir à ce que vous disiez sur l’émergence, vous ne croyez pas au Pse ?
Moi je crois en moi, en ce Peuple, je ne crois pas qu’il y ait un plan qu’on a dessiné pour moi. Je crois en la lutte pour arriver à l’autosuffisance alimentaire, je ne crois pas à ces réformes-là. Déjà, on a qu’à régler l’autosuffisance alimentaire, la santé, l’éducation. Maintenant qu’on ne nous vante pas des plans dont je ne comprends rien et je ne suis pas sûr que l’argent soit dans les caisses de l’Etat et j’ai des doutes, sinon tous ces chantiers ne seraient pas à l’arrêt.
Quels chantiers ?
Beaucoup de chantiers tels que celui du train-là, il est à l’arrêt, ce n’est pas moi qui le dis c’est dans la presse (rires). Donc, s’il y avait autant d’argent que ça, si on était aussi riche que ça, on n’aurait pas tout ce scandale, il n’y aurait pas des ministères qui ont été ponctionnés tout au long de l’année. Il y a des ministères qui jusqu’aujourd’hui attendent qu’on mette en place leur budget. Renseignez-vous ! Donc le Pse, je me pose de sérieuses questions.
Vous êtes devenu solo, mais vous fêtez les 30 ans d’un groupe qui est emblématique. 30 ans après le PBS, quelle est l’évolution sur le plan de la musique, de votre carrière ?
Positive Black Soul, il faut comprendre, ce n’est pas des individus, ce n’est pas Awadi, Doug E Tee. Seulement audelà, c’est une philosophie de vie, d’un groupe de personnes qui a cru à un idéal de… (il coupe). C’était comme si on voulait à l’époque casser l’échelle mentale, on voulait montrer une autre image du jeune Africain, une autre image de l’Afrique. C’est une philosophie qu’on développe dans tout ce que nous faisons, que ce soit Awadi, Doug E Tee, etc., on est nombreux. Et beaucoup ne sont même pas connus, nous sommes que la partie visible. Mais c’est 30 ans d’une philosophie des jeunes qui ont déliré dans des petites chambres, dans la Sicap au moment où il y avait les évènements maures, et celui des années blanches, des années invalides, on arrivait, on a déliré, on avait une passion c’était la musique, le rap, le reggae, le basket, le football dans les quartiers, la belote. Bref, l’Afrique, Sankara, Kwame Kourouma, Cheikh Anta Diop, euh voilà c’était ça avec des grands frères de la gauche qui nous donnaient beaucoup d’idées, c’est le rêve d’une génération que nous célébrons. Awadi, Doug E Tee, solo, musique, groupe, non ! Nous fêtons l’évènement d’une génération qui s’est affirmée. Aujourd’hui, si tu prends des gens comme Tyson, pour moi c’est la génération PBS, quand tu dis génération «boul falé» c’est tout cela que ça représente. Et il y a beaucoup de gens, dans beaucoup de cadres différents qui sont… même au plus haut niveau de cet Etat. Il y a des membres de PBS, je ne vais pas dire qui, mais qui sont membres.
Ce sont des hommes de la gauche ?
Non, pas forcément
…Les idéaux de la gauche ?
Mais un projet de droite ne peut pas réussir en Afrique. La droite ça n’a pas de sens (rires). C’est pourquoi on ne peut pas réussir un projet imposé de droite quand on est en Afrique avec ses réalités, pas pour le moment en tout cas. Ça n’a pas de chance en tout cas. En Afrique, être de droite, c’est voilà quoi (rires).
Quelles sont les étapes qui vous ont marqué durant ces 30 ans là ?
Il y en a beaucoup. Il y a l’étape ou tu ne crois pas en toi, ou quand tu arrives dans une boîte tu veux chanter, on te dit, non, il n’y a pas de rap aujourd’hui. C’est quoi le rap d’ailleurs, et tu essaies d’expliquer c’est quoi le rap, on te dit, non, il y a des spectacles de danse, il n’y a pas de rap. Est-ce qu’on peut rentrer, on nous dit non, samedi prochain. Donc, tu te faisais virer partout. Même dans le studio, personne ne pouvait enregistrer parce qu’il ne comprenait pas. Déjà, tu viens on te demande tu fais quoi, tu réponds le rap, et on te dit c’est quoi le rap ? Ah c’est le truc des Américains là et vous, vous faites ça. Donc, c’est la période où on te vire et après celle où tu commences à cartonner dans les écoles, les petites boîtes de nuit, les spectacles etc. Il y a eu «Il y a de ministères qui jusqu’aujourd’- hui attendent qu’on mette en place leur budget, renseignez-vous. Donc, pour le Pse, je me pose de sérieuses questions.» 10 Le Quotidien n Lundi 24 Juin 2019 LES MARCHES DU QUOTIDIEN N° 4900 www.lequotidien.sn beaucoup d’étapes jusqu’au moment où tu sors un titre où tu parles un peu wolof. Et les gars disent ah ok donc c’est ça le rap, et on commence à t’écouter jusqu’au jour où on va en France en 1992 et les habitants de notre quartier nous entendent sur Rfi. Là, on était devenu des stars et je pense que c’est pour cela qu’on n’a jamais su vivre en Europe. Parce qu’on était pressé de revenir pour être vu comme des stars au quartier. Notre problème c’était revenir au quartier, c’était ça quoi. Parce que les gars nous ont entendus sur Rfi, tu te racontes, mais «teki nagn». Parce qu’il y avait Malick Boli Ba de Sound Système, l’autre venait de décéder et après c’est Claudy Siar qui a continué. Mais il y a eu plein d’étapes comme ça. L’étape où Baba Maal tenait un rapport avec les gens de Island records et on te fait voyager en première classe sur Air France, tu réalises qu’il n’y a que des toubabs et que toi tu es là on t’a prêté une veste pour passer parce qu’il fait froid à Londres voilà. Mais il y a eu plein de bons souvenirs. Il y a des souvenirs plus douloureux, mais tout ça on va le raconter dans un film. On est en train de faire un documentaire sur l’histoire de Positive Black Soul. Parce qu’on s’est dit que ça vaut quand même le coup d’être raconté. Parce que, on s’est rendu compte que l’impact n’était pas seulement au Sénégal, c’était partout en Afrique. Parce que c’est le premier groupe qui signait dans une grosse maison de disque africain, premier groupe africain et qui faisait le tour du monde. Nous, on ne s’est pas rendu compte, on a suivi la vague, c’est arrivé, c’est tombé sur nous, on a suivi. C’est peut-être cette jeunesse qui a fait qu’à un moment on a été obligé d’arrêter parce que chacun avait une personnalité, mais celle du groupe était beaucoup plus forte et plus importante aujourd’hui pour nous. Il y a eu beaucoup d’étapes. PBS c’est beaucoup d’étapes avec des moments où on a beaucoup rigolé, ceux où on a beaucoup pleuré. Mais c’est ça qui fait une vie d’homme, c’est tout cela qu’on célèbre quoi. Quand on te dit qu’on célèbre les 30 ans, c’est tout cela qu’on célèbre. Parce qu’au-delà de tout, il y a eu nos hauts et nos bas, mais la fraternité qu’il y a entre lui et moi, personne n’a su jamais toucher à ce socle. Et pour nous, c’est ça qui est le plus important.
Il ne me semble pas que malgré tout ce que vous racontez la star system ait pris le dessus sur vous, que vous restez le même gars de Sicap…
J’habite au même endroit, dans la même maison depuis 1980, et j’ai les mêmes copains. Pour eux malheureusement, je n’arrive pas à être une star encore j’ai tout essayé, mais je n’y arrive pas. Donc, quand je veux faire la star, ce sont les premiers à me dire tu arrêtes de faire le c**, donc, tu es obligé de rester toi-même. Non je ne crois pas en ça, je pense que quand on descend de scène le show est terminé. Quand on est sur scène on peut faire le malin des fois quand je monte sur scène les gars me disent boy on dirait que tu as bu, je dis j’ai fait le show, ça c’est sur scène, en dehors de la scène, le show est terminé. Eh donc, je ne crois pas en ça. Ceux qui sont dans ce système je les respecte, mais ce n’est pas mon truc. Je viens d’une culture plus reggae, plus panaf, non ce n’est pas mes codes.
Peut-être c’est l’éducation familiale ?
C’est peut-être l’éducation, mais aujourd’hui pour ceux qui me connaissent, qui connaissent la maison, ils savent que la mère est toujours là et je n’ai pas le droit de déconner. Et cela je pense que ça m’aide beaucoup et je remercie Dieu d’avoir cette maman qui, jusqu’aujourd’hui à chaque fois qu’elle estime que je déconne, me tire les oreilles. Quand j’écris des choses elle a peur. Par exemple quand Ndiaye sort, c’est la première à paniquer. Qu’est-ce qu’il va encore dire, j’espère que tu ne vas pas dire des bêtises, j’ai dit, ce n’est pas moi c’est Ndiaye (rires). Moi je ne suis que le maillon véhiculaire de la pensée de Ndiaye.
On a l’impression que vous produisez plus à l’étranger qu’à Dakar…
Je produis beaucoup au Sénégal, je produis à Dakar aussi. Hier (jeudi dernier) déjà, je me suis produis. Demain (samedi), je me produis. J’ai fait beaucoup de régions ces temps-ci. J’ai fait Matam, Podor Linguère, Ziguinchor, Joal. J’ai fait un peu tout, mais je n’ai pas craché dessus parce que dehors on m’appelle beaucoup. C’est parce que ça marche qu’on m’appelle ailleurs chaque fois que je suis là. En tout cas, j’essaie de jouer au maximum.
Est-ce que vous n’êtes pas plus une icône à l’étranger que chez vous ?
En tout cas je sais qu’à l’étranger je ressens beaucoup d’amour, mais on me le rend bien ici quand même. Je dois me dire que je remercie Dieu.
Vous n’êtes pas une star au Sénégal ?
Je ne me verrai pas comme une star nulle part. Je veux être un artiste respecté partout.
Peut-on parler de l’identité du rap sénégalais ?
Le rap sénégalais commence à avoir une identité. Il y a une langue dans le flow, et un certain rythme. On utilise beaucoup nos mélodies même dans la musique aujourd’hui. Il y a un nouveau son que la nouvelle génération est en train d’amener. Chaque génération amène un nouveau son. Le rap sénégalais est respecté pour ce qu’il est, pour ce qu’il a contribué en aidant l’histoire du rap mondial. Quand on parle de galsen hip-hop aujourd’hui, les mecs sénégalais sont respectés pour une contribution, pour un son. En tout cas moi, je sais que je tourne beaucoup et je tourne pour représenter mon pays. Et c’est justement parce que je viens avec un son différent, des influences locales. Même dans la mélodie par exemple, j’ai fait une reprise de Omar Pène Ndanan. C’est pour avoir cette mélodie locale que j’ajoute au reggae. C’est avec ça qu’on arrive à avoir une couleur locale. Aujourd’hui si vous regardez on a un nouveau beat qui est créé à base d’afro-pop avec des «tamas». Et tout ça commence à être un son nouveau pour les Sénégalais et ça commence à être très intéressant et la nouvelle génération a compris ça.
Il y a un Européen qui a dit que le rap sénégalais est comme celui polonais ?
Un Européen qui dit ça c’est qu’il n’a pas compris. Tu sais, il n’est pas donné à tout le monde d’être intelligent.
Est-ce que le wolof peut constituer une barrière pour celui qui veut faire une carrière solo ?
Nous on ne parle pas youruba, on danse des morceaux youruba. Donc la langue n’est pas un problème. C’est ce qu’on fait de la langue et comment on pose la mélodie sur la musique. Youssou Ndour a fait une carrière mondiale, il n’a pas chanté en anglais, mais en wolof. On l’appelle partout, Salif Keïta n’a jamais chanté en anglais ou en polonais. Il le fait en bambara et puis il cartonne. Il faut bien utiliser nos langues et nos mélodies pour faire de la belle musique et qu’elle soit respectée. Il n’y a pas de raison que ça n’explose pas partout dans le monde.
Est-ce qu’il y a toujours de l’engagement dans le rap sénégalais avec cette nouvelle génération ?
Non, je ne demande à personne d’être engagé. Si tu as envie d’être engagé, tu t’engages et tu assumes. Le fait d’être engagé veut dire que quand il y aura des bons business par exemple, les soirées de gala, ce n’est pas toi qui va venir. C’est ça être engagé. Moi j’ai fait mon choix, mais si je n’avais pas créé les conditions de mon indépendance, je me demande si j’aurais pu rester engagé 5mn. C’est très difficile, mais je pense que chacun fait son propre cheminement dans la vie et décide de s’engager ou pas. Mais dans les deux cas, je respecte celui qui veut être engagé ou celui qui ne veut pas. Mais je reste persuadé qu’au Sénégal, qu’on soit dans le rap ou dans les autres musiques, on a toujours un engagement social fort. Chaque fois qu’on a besoin que les artistes soient au côté du Peuple, qu’ils le veuillent ou pas, ils sont amenés à être porte-voix ; donc je ne désespère pas.
Les artistes musiciens réclamaient les droits d’auteur à la Sodav. Est-ce que c’est le cas chez vous les rappeurs ?
J’ai entendu cette polémique stérile. Au Sénégal on a eu la chance d’avoir un superbe texte de lois sur les droits d’auteur et sur les droits voisins. Et ce texte va changer la vie de tout le monde. Ce n’est pas seulement les auteurs qui auront des droits. C’est magnifique ce qui se passe. Maintenant la Sodav est en restructuration ; donc il y a eu des camarades qui n’ont pas compris un peu tout le processus et qui sont un peu pressés d’avoir les rétributions. Quand on faisait la distribution des droits avant, c’était sur des cassettes et Cd. Aujourd’hui, c’est plus digital. Ceux qui gagnent plus ce sont les dalal tones des religieux. Ils gagnent beaucoup plus que nous. On n’a pas vu venir. Ils ont compris que cela allait se passer. Pendant longtemps on l’a refusé. Mais je comprends. Ce débat est stérile parce qu’on aurait pu juste aller à la source de l’information. Mais je pense que la Sodav fait un excellent boulot et ce texte est une référence.
Il y a trois mois le projet mémorial Thomas Sankara a été présenté ici à Dakar par l’architecte burkinabè Francis Kéré. Et lors de cette cérémonie, il a appelé les Africains à le financer. Est-ce que vous avez pu récolter des fonds ?
Oui, il y a beaucoup de fonds qui sont récoltés. Je n’ai pas les chiffres, mais ce que je peux dire en tout cas, c’est qu’on a repris la statue de Sankara parce qu’on avait des problèmes sur la tête qui ne ressemblait pas à Sankara du tout. Cette semaine, je viens de recevoir une esquisse et cette fois-ci ça ressemble. Avec Kéré, c’est vrai quand on a émis l’idée du mémorial, c’est tout le monde qui est venu bénévolement. Mais il y a toujours un appel à tous ceux qui veulent soutenir. Ils peuvent encore le faire et on n’attend que ça. Il faut que ça soit des contributions volontaires et révolutionnaires.
L’actualité c’est aussi la décision du gouvernement français d’extrader François Compaoré dans l’affaire Norbert Zongo. Quelle est votre réaction ?
On applaudit puisqu’on ne peut pas attraper l’Ivoirien. Si on peut attraper le Burkinabè, eh bien on va le juger. Il faut que la famille de Norbert Zongo puisse faire son deuil, c’est votre collègue. Je rappelle qu’il a été tué, brûlé dans sa voiture. C’est horrible ce qu’on a fait et on n’a jamais ouvert sérieusement ce procès et il est temps que la famille puisse enfin faire son deuil. Qu’on sache qui est coupable et qui ne l’est pas. François Compaoré a été cité plusieurs fois dans cette affaire. Qu’il réponde à la justice ! Voilà c’est tout ce qu’on dit. En tout cas on a été heureux. Maintenant on attend seulement de le voir parce qu’entre ce qu’on dit et ce qui se passe, on attend vraiment qu’il arrive sur le territoire burkinabè.
«JE N’AI PAS TOUCHÉ UN FRANC DE FRANK TIMIS, NI REÇU UNE CRAVATE D’ALIOU SALL»
Pierre Goudiaby Atépa qui a révélé à la Dic avoir mis en contact Frank Timis avec les présidents Wade et Macky Sall, jure n’avoir touché aucun copeck
L’architecte Pierre Goudiaby Atépa a fait face hier aux enquêteurs de la division des investigations criminelles (Dic) dans le cadre de l’enquête sur l’affaire Pétro-tim impliquant Aliou Sall. Le président du mouvement Sénégal Rek, qui a révélé à la Dic avoir mis en contact Frank Timis avec les présidents Wade et Macky Sall, jure n’avoir touché aucun copeck. Il l’a fait par patriotisme. L’architecte demande aux Sénégalais d’arrêter de diaboliser Timis parce que, si les contrats sont mal négociés, on ne doit en vouloir qu’à nos autorités.
Le défilé se poursuit à la Division des investigations criminelles (Dic) qui a en charge l’enquête sur l’affaire Petro-tim. Hier, c’était le tour de l’architecte Pierre Goudiaby Atépa de passer devant les enquêteurs. Ces derniers veulent savoir si le président du mouvement Sénégal Rek a eu à bénéficier de primes de Frank Timis pour l’avoir mis en rapport avec Me Abdoulaye Wade et Macky Sall. «L’audition s’est bien passée et j’attendais cela depuis longtemps. Je me suis réjoui devant les enquêteurs que le Sénégal s’est organisé pour éclairer la lanterne du peuple sur cette affaire. L’affaire est importante et délicate», a confié Pierre Goudiaby Atépa à la sortie de son face-à-face avec les enquêteurs. L’architecte n’a pas caché ses relations avec l’homme d’affaires Romain qu’il a présenté au président Wade et à son successeur. «Je n’ai pas touché un seul franc de Frank Timis pour l’avoir mis en contact avec les deux chefs d’Etat. Non plus, je n’ai pas reçu une cravate d’Aliou Sall, ni de Frank Timis. J’ai fait cela en ma qualité de conseiller spécial du président Wade. C’est moi aussi qui avais présenté Me Wade aux Indiens pour les bus Tata, alors que je ne suis même pas un président de conseil d’administration.
Je l’ai fait par patriotisme», a soutenu l’architecte. Il avoue avoir convaincu l’ancien président Me Abdoulaye Wade de signer l’accord avec Frank Timis. «Je lui avais dit que s’il le laissait partir, il allait aller forer chez nos voisins ; et s’il va siphonner, il ne fera de notre pétrole», a révélé Pierre Goudiaby Atepa.
Interpellé sur la mauvaise réputation de l’homme d’affaire Romain qu’il a présenté aux chefs d’Etat, l’architecte demande aux Sénégalais d’arrêter de le diaboliser. «Sa réputation importe peu dans cette affaire. C’est à nous de savoir bien négocier et de gérer nos ressources naturelles. Il faut voir les rapports de la Banque mondiale et du FMI en 2012 sur Frank Timis. Il avait une société cotée à la bourse de Londres. Les gens racontent du tout. Je ne prends pas la défense de Timis ; mais maintenant que les gens ont mal négocié les contrats, ce n’est pas la faute de Timis», renseigne M. Goudiaby.
«SI TIMIS ARRVE à NEGOCIER DES CONTRATS DE 10 MILLIARDS DE DOLLARS, C’EST QUE NOS AUTORITES SONT DES INcCOMPETENTS…»
Pour dire que si les Sénégalais se sentent bernés dans les contrats pétroliers gaziers, ils doivent en vouloir à nos autorités. «Même si Timis a une réputation sulfureuse, s’il arrive à négocier 10 milliards de dollars, c’est que nous (Ndlr, nos autorités) sommes des «Thiounés» incompétents», fulmine-t-il. Cependant, au-delà de cette agitation sur les contrats pétroliers et gaziers, Pierre Goudiaby Atepa pense que c’est le moment de voir comment réorganiser le secteur des ressources naturelles. «Est-ce qu’il faut se contenter de nos 10% ? je pense que non. Il faut y réfléchir pour voir comment renégocier les contrats pour que l’intérêt du Sénégal prime. Je pense à une coopération approfondie avec par exemple l’Arabie saoudite, le Brésil, etc. je souhaite que les autorités s’approchent de ces pays pour bénéficier de leurs expériences», indique Pierre Goudiaby. Par ailleurs, le président du mouvement Sénégal Rek interpelle le peuple sur la pauvreté dans laquelle se trouve le Sénégal. «Nous avons de l’or, du pétrole, du gaz, du zircon, etc. bref toutes les ressources naturelles, et on est toujours pauvre.
C’est inadmissible. Les Sénégalais ne doivent pas accepter cela. On est très riche, mais on est parmi les plus pauvre de la planète», s’offusque l’architecte. Il pense que le régime de Macky Sall ne doit plus nous parler du Plan Sénégal Emergent(PSE), mais plutôt du plan Sénégal développé (PSD) avec la découverte du pétrole et du gaz. «S’ils ne sont pas capables de développer le pays, ils n’ont qu’à débarrasser LE plancher», déclare l’architecte.
DEUX PÊCHEURS DÉFÉRÉS ET LES DOIGTS DE L’INSPECTEUR BRISÉS
Le bilan de cet accrochage qui est intervenu en haute mer a été lourd.
Le bilan de cet accrochage qui est intervenu en haute mer a été lourd. Deux individus, dont l’inspecteur ont été blessés ; la pirogue des pêcheurs a été fracassée et leur machine a disparu. En effet l’un des pêcheurs pointe un doigt accusateur à l’endroit des gardes. A l’en croire, ces derniers ont aperçu les pêcheurs qui traversaient la zone interdite. «Ils ont donc suivi la pirogue pour nous sommer de nous arrêter, mais nous avons refusé d’obtempérer parce que nous n’avions rien à nous reprocher».
Cette version est confortée par un autre témoin qui soutient mordicus que l’équipage avait dans la pirogue les filets et tout le matériel. A cause de ce refus de suivre les ordres des éléments de la garde de la zone marine protégée, des propos aigres-doux ont été échangés de part et d’autre, poussant les hommes de tenue à passer à la vitesse supérieure. Poursuivant sa narration, l’un des pêcheurs, témoin de l’incident, raconte: «Les gardes marines ont lancé des pierres sur nous et une bagarre a éclaté ». Deux individus seront blessés, dont l’inspecteur Ndao qui a eu les deux doigts cassés ; et le capitaine répondant du nom d’Issa kha aura quant à lui le bras cassé. Par ailleurs les gardes- marines sont accusés d’avoir fracassé la pirogue des pêcheurs, en arrêtant ainsi deux parmi eux, en l’occurrence le capitaine et son lieutenant du nom de Mandir.
Cependant même si du côté des pêcheurs on brandit des photos montrant une pirogue fracassée, la réalité serait tout autre. Les gardes ont trouvé les pêcheurs la main dans le sac. Les autres photos détenues par l’autre camp prouvent que les pêcheurs étaient en train de chercher du poisson avec leurs filets dans ladite zone. Un fait qui y est habituel depuis que cette espace a été classée parmi les zones marines protégées. Ils soutiennent que ce sont les pêcheurs qui, en plus de violer sciemment le code de la pêche, se sont montrés téméraires en attaquant les gardes pour se sauver. C’est pour cette raison que les gardes ont mis leur vatout pour les stopper et les arrêter.
Du côté du service des pêches, on a préféré garder le silence sous prétexte que l’action est pendante devant la justice. De plus, c’est la même position qu’a adoptée la gendarmerie qui ne veut pas se prononcer sur cette affaire.
D’ailleurs, ce phénomène de spoliation des ressources est récurrent dans la zone. Pour la plupart, le « modus opérande » consiste à organiser un déplacement de 10 pirogues, au moins chacune ayant à son bord un équipage de 10 personnes armées de pierres, de bâtons et de couteaux. Nuitamment ou à l’aube, ils s’introduisent dans la zone pour pêcher et repartir tranquillement, s’ils ne rencontrent pas de gardes, sinon c’est la bataille. Cet incident est donc le énième qui vient d’éclater à Ngaparou.
L'AFRIQUE DU SUD VENT DEBOUT CONTRE KOFFI OLOMIDÉ
Les deux établissements censés accueillir les prochaines performances de l'artiste sur place, ont fait marche arrière, après qu'un collectif de lutte contre les violences faites aux femmes a lancé une pétition en ligne et saisi le gouvernement
Jeune Afrique |
Katia Dansoko Touré |
Publication 19/06/2019
« N’accueillez pas Koffi Olomidé. Aidez-nous à endiguer les violences faites aux femmes. » C’est avec ce message que les instigateurs de la pétition, mise en ligne le lundi 17 juin, et intitulée « Empêchez l’agresseur reconnu coupable Koffi Olomidé de se produire en Afrique du Sud » ont convaincu deux établissements sud-africains d’annuler les concerts de la star du ndombolo Koffi Olomidé.
Ce dernier devait se produire le 28 juin à Johannesburg, au Gallagher Convention Centre, mais aussi au Cap, le 29 juin, au Shimmy Beach Club, dont la direction a assuré avoir décidé d’annuler le concert la semaine dernière.
La pétition s’adressait non seulement aux propriétaires des deux endroits mais encore au ministère sud-africain des Affaires intérieures. « Nous, les signataires, demandons au ministère d’empêcher Koffi Olomidé d’entrer sur le territoire sud-africain », peut-on notamment lire parmi les doléances du collectif Stop Koffi Olomidé composé de 39 organisations féministes et associations de la société civile sud-africaine dédiées à la lutte contre les violences faites aux femmes et les violences liées au genre.
« Nous avons, par ailleurs, adressé une lettre à la présidence, aux ministères des Affaires intérieures, de la Police, de la Justice mais aussi des Arts et de la culture », indique Bunie Matlanyane Sexwale, porte-parole du collectif à l’origine de la pétition et membre fondatrice de l’organisation Lesaka La Basadi (« Cercle de solidarité pour les femmes », en sotho).
« Nous avons très rapidement obtenu une réponse de la présidence qui nous a indiqué prendre l’affaire très au sérieux et nous a assuré que des mesures seront prises afin que le ministère des Affaires intérieures empêche l’arrivée de Koffi Olomidé sur le territoire sud-africain. »
Condamné en France, expulsé du Kenya
La pétition ne manque pas de rappeler le lourd passif de l’étoile de la rumba. En février 2012 – année où il avait été jugé coupable d’agression sur son producteur en RDC -, il avait été mis en examen en France pour viols aggravés après les accusations de quatre de ses danseuses portant sur des faits commis en région parisienne entre 2002 et 2006.
Lors du procès, le ministère public avait requis sept ans de prison à l’encontre de la star pour « atteintes sexuelles avec violence, contrainte, menace ou surprise par personne ayant autorité » et pour « séquestrations » sur les quatre victimes.
En mars 2019, il a finalement été condamné par la justice française, à deux ans de prisons avec sursis pour « atteintes sexuelles sur mineure » de moins de 15 ans – en l’occurrence une des quatre plaignantes. Il a également été contraint de verser 5 000 euros à cette dernière au titre de préjudice moral. Pour les trois autres parties civiles qui l’accusaient de viol, le chanteur a obtenu la relaxe.
Le collectif Stop Koffi Olomidé demande également aux autorités sud-africaines d’expulser le chanteur congolais de 62 ans vers la Zambie, dans le cas où il serait arrêté sur le sol sud-africain. « En 2012, il a agressé une photojournaliste en Zambie alors qu’il était en pleine tournée », rappelle Bunie Matlanyane Sexwale.
En juillet 2018, alors qu’Antoine Christophe Agbepa Mumba, de son vrai nom, devait retourner en Zambie pour deux concerts, les autorités zambiennes ont indiqué qu’il serait arrêté à la minute où il poserait le pied dans le pays. L’ambassade de France en Zambie avait également appelé à son arrestation.
Deux mois plus tard, la Zambie émettait un mandat d’arrêt contre l’artiste. « Combien de temps Koffi Olomidé va-t-il continuer à sillonner le monde sans être inquiété par ses agissements ? », s’interroge Bunie Matlanyane Sexwale.
En Afrique du Sud, 110 viols par jour
À ce jour, la pétition sud-africaine Stop Koffi Olomidé a recueilli plus de 760 signatures. Mais c’est surtout l’étroite collaboration entre ces associations et le gouvernement sud-africain qui ont accéléré les choses. « Depuis l’organisation de la marche contre les violences faites aux femmes qui a eu lieu dans toute l’Afrique du Sud mais aussi au Lesotho, en Namibie et au Swaziland, en août 2018, nous travaillons avec le gouvernement sud-africain sur ces sujets d’importance capitale », explique Bunie Matlanyane Sexwale. « En novembre 2018, Cyril Ramaphosa a permis l’organisation, à Pretoria, d’un sommet national sur les violences sexistes et les féminicides.
Il faut rappeler que, d’après les statistiques dévoilées par le Parlement sud-africain le 11 septembre 2018, près de 3 000 femmes ont été tuées entre avril 2017 et avril 2018 – soit cinq fois plus que la moyenne mondiale. De plus, 40 035 viols ont été rapportés à la police, soit 110 femmes violées par jour. Des chiffres alarmants qui, selon de nombreuses associations, sont encore loin de la réalité…
ABDOUL MBAYE ENCOURT 1 AN FERME
L’ancien Premier ministre n’est pas encore au bout de ses peines dans le différend qui l’oppose à son ex-épouse Aminata Diack.
Abdoul Mbaye comparaissait hier devant la barre de la Cour d’appel de Dakar pour faux et usage de faux, complicité d’usage de faux et escroquerie dont il a été relaxé par le premier juge. En appel, le Parquet général a demandé de requalifier les faits en obtention indue d’un document administratif, a requis 1 an ferme. Il sera édifié le 23 juillet prochain.
L’ancien Premier ministre n’est pas encore au bout de ses peines dans le différend qui l’oppose à son ex-épouse Aminata Diack. Alors que le juge l’avait relaxé des chefs de faux et usage de faux, complicité de faux et escroquerie en première instance, son ex-épouse et le Parquet ont interjeté appel. Com - paraissant hier devant la Cour d’appel pour les mêmes chefs, il s’est sans doute bouché les oreilles en entendant le réquisitoire de l’Avocat général : 1 an ferme même s’il a demandé la requalification des faits de faux et usage de faux initialement reprochés à Abdoul Mbaye en obtention indue d’un document administratif.
«Ce sont les conditions d’obtention dudit document qui posent problème car les choses ne se sont pas déroulées dans les règles de l’art», dit il. Quid de son cop revenu Adama Thiam ? Le Parquet général estime qu’il n’a rien fait. «Cet agent de l’état civil a agi sur instruction de son supérieur en l’occurrence le juge du Tribunal départemental de l’époque. Le prévenu n’avait pas l’intention manifeste de commettre du faux, il a agi sur la base de l’ordre donné par ses supérieurs», dit-il en demandant sa relaxe.
A la barre, Abdoul Mbaye a contesté les faits. «Depuis 3 ans, on me poursuit pour complicité de faux et on ne m’a jamais présenté de documents attestant que j’aurais commis un tel faux. Je les ai réclamés mais on ne me les a jamais produits. Je n’ai pas reçu entre les mains le document allégué de faux que j’aurais commis. Nul ne peut produire un écrit par lequel j’aurais essayé de soustraire à la dame Aminata Diack des biens, que ce soient des biens immobiliers ou des avoirs», énumère-t-il. Il persiste pour se blanchir : «Je n’ai jamais cherché à avoir un franc de la part de mon ex-épouse. Dans les liens du mariage, elle n’a jamais contribué le moindre franc aux dépenses quotidiennes.»
A propos du changement du régime de la communauté de biens initialement signé lors de son mariage en séparation des biens, Abdoul Mbaye a fait savoir que son épouse et lui avaient signé une requête conjointe adressée au Tribunal départemental hors classe de Dakar pour opérer ce changement. «J’ai déposé le dossier que nous avons signé ensemble. On a pris la décision après un consentement mutuel. C’est moi qui ai engagé la procédure parce que je voulais faire des investissements et je voulais protéger ces biens. Et cette ordonnance du juge n’a jamais été contestée depuis 20 ans», justifie-t-il son acte. A la sortie du procès, le patron de l’Acta dénoncé un acharnement. Il dit : «Il y a quelque chose qui ressemble à de l’acharnement. On vient de passer six heures de temps au Tribunal. Je n’ai jamais essayé verbalement ou par écrit de retirer des biens appartenant à Mme Aminata Diack, mon ex épouse, or ce sont les chefs pour lesquels je suis poursuivi. C’est vraiment dramatique.»
«Le réquisitoire du Parquet général est scandaleux»
Dans la même veine, il a dénoncé le réquisitoire du Parquet général. «Un an ferme, c’est scandaleux comme l’a dit mon avocat. Vous avez un procureur de la République qui demande un an d’emprisonnement en se trompant de nature de document. Le document même s’il était faux, ce n’est pas un faux administratif. Si c’est un faux, c’est un faux d’acte authentique. Et lui-même n’est pas attaqué, ce qui est attaqué, c’est la décision de justice qui a conduit à établir le document authentique. Je n’ai pas le droit de qualifier ça mais ils avaient le droit d’interjeter appel. Mais, l’importance c’est que la vérité soit dite pour ce cas mineur qui ne m’ébranle pas»,rassure l’ex-Premier ministre.
LE MAIRE RICHARD TOLL REJETTE EN BLOC ET S’EXPLIQUE
Depuis quelque temps, une polémique sur l’installation d’un parcours sportif par la Fondation Marie Louise Mimran pollue l’atmosphère à Richard Toll
Depuis quelque temps, une polémique sur l’installation d’un parcours sportif par la Fondation Marie Louise Mimran pollue l’atmosphère à Richard Toll. Accusé de s’être délibérément opposé à ce projet pour avoir fait arrêter les travaux, le maire Mame Diop rejette en bloc et explique sa décision par sa volonté de défendre les intérêts des populations.
Cette affaire à suffisamment fait débat dans la capitale du sucre pour mériter d’être inscrite comme seul point à l’ordre du jour du Conseil municipal extraordinaire convoqué samedi dernier par le maire de la ville de Richard Toll. Tout est parti d’un point de presse organisé par un groupe de personnes dont des conseillers municipaux dirigés par un homme d’affaires au cours duquel elle sont craché du feu sur le maire de Richard Tall, Mame Diop, suite à sa décision de faire arrêter les travaux de réalisation d’un parcours sportif que la Css veut offrir aux jeunes par le biais de la Fondation Marie Louis Mimran. Elles avaient accusé leur maire d’avoir arrêté le projet, sans avoir donné d’explications valables et en imposant à la Css (Compagnie sucrière sénégalaise) des conditions qu’elle ne pouvait pas satisfaire.
Samedi dernier, le premier magistrat de Richard Toll, à cause de l’ampleur que cette affaire, a convoqué le Conseil
municipal pour en discuter sous la présidence du préfet de Dagana. Au terme des débats qui ont été par moments houleux, le maire s’est lui aussi confié à la presse pour s’expliquer et donner sa version des faits. Selon Mame Diop qui a rejeté en bloc les accusations de ses détracteurs, le contrat qui lie la commune de Richard Toll à la Css est très clair. Seulement, explique-t-il, la Fondation Marie Louise Mimran ou ses représentants n’ont pas voulu respecter les
préalables posés par le Conseil municipal.
Par ailleurs, le premier magistrat de la ville a fait savoir que la compagnie lui a soumis une proposition de convention dans laquelle elle propose, entre autres, que le terrain de 16 hectares que la commune a décidé de lui attribuer pour l’installation du parcours sportif lui soit cé dépendant une période de 10 ans. Pour Mame Diop, le parcours sportif peut bien servir aux jeunes de la commune, mais il ne sera pas construit sous la pression de qui que ce soit. Dans la même logique, il indique que jamais il ne signera de convention entre quatre murs, mais il se donnera toujours du temps pour partager avec son Conseil municipal. Mame Diop, qui a souligné que la mairie veillera à sécuriser le foncier de la ville, a aussi révélé que la Compagnie sucrière sénégalaise a des ambitions ina vouées. Pour lui, elle aurait apparemment l’intention, en choisissant le site sur lequel il veut implanter son projet, de dégager une zone tampon entre le reste de la ville et la cité des cadres de l’entreprise pour éviter le contact entre ces derniers et le reste de la population. Ce qui est inacceptable.
Par ailleurs, le maire reproche aussi à la Css de lui avoir envoyé un projet de protocole dans lequel elle pose plusieurs conditions pour faire du parcours un don pour la mairie de Richard Toll. Ce qui également est inacceptable. Malgré tout, Mame Diop qui s’est félicité du soutien que lui a apporté le Conseil municipal qui veut y voir plus clair sur les intentions de la Compagnie sucrière sénégalaise a souligné que la commune de Richard Toll est disposée à poursuivre le partenariat avec la Css et la Fondation Marie Louise Mimran, mais à la condition que ces dernières respectent leurs engagements liés à la réalisation des aménagements sur l’assiette de substitution, après l’octroi par la commune de 16 hectares pour le projet et surtout que la Css octroie à la commune un acte de donation sans condition.
Pathé Sèye, préfet du département de Dagana, qui présidait la réunion, a souligné que malgré les débats houleux et même parfois la passion qui les a entourés, le Conseil municipal a adhéré à toutes les décisions prises par le maire. Il a rappelé que la compréhension que lui comme le ministre de tutelle ont du projet est que c’est un projet de la commune de Richard Toll et que le partenaire qu’est la Css ne peut rien faire sans son aval. Il a toute fois invité le maire et ses collaborateurs à poursuivre la réflexion et les discussions autour du projet.
ABDOUL AZIZ KEBE SERMONNE LES PÈLERINS
Le délégué général au pèlerinage a rencontré ce samedi des pèlerins et les neuf voyagistes privés de la région de Thiès dans le cadre d’une tournée nationale de sensibilisation sur les préparatifs du Hajjaux Lieux saints de l’islam.
Le délégué général au Pèlerinage a rencontré ce samedi des pèlerins et les neuf voyagistes privés de la région de Thiès dans le cadre d’une tournée nationale de sensibilisation sur les préparatifs du Hajjaux Lieux saints de l’islam. Une occasion pour Pr Abdoul Aziz Kébé des indigner des récriminations et autres plaintes et critiques des pèlerins lors des étapes de Mouna et Arafat.
Il n’a pas été diplomatique : Le délégué général au Pèlerinage est très remonté contre les récriminations et autres plaintes et critiques des pèlerins lors des étapes de Mouna et Arafat. Pr Abdoul Aziz Kébé, qui présidait ce samedi à Thiès une tournée de sensibilisation sur les préparatifs du Hajj aux Lieux saints de l’islam demande aux pèlerins de se «préoccuper de la philosophie du Hajj, plutôt que de se soucier d’attributs, de privilèges et de commodités de l’hôtellerie, des bons plats ou des retards de service». Il enchaîne : «Nous nous sommes rendu compte que d’année en année, il y a des récriminations et des critiques qui sont exprimées par les pèlerins. Et toutes les critiques sont exprimées à Mouna. Au niveau du transport aérien, il n’y a pas problème à Médine également. Alhamdoulilah à la Mecque, les gens sont plus ou moins satisfaits. Et à Mouna, Arafat, les problèmes commencent à jaillir.»
L’islamologue pense que si le problème persiste, c’est parce que «la communication sur Mouna n’a pas été faite». Toutes raisons de la décision de la délégation générale au Pèlerinage de «mettre l’accent cette année sur le sens
de notre résidence à Mouna et à Arafat pour que la retraite qui nous est demandée par Allah soit véritable». Il explique : «Nous avons pensé que c’est nous qui avons commis l’erreur de ne pas suffisamment communiquer sur Mouna qui n’est pas un hôtel encore moins un espace touristique. Mouna c’est le désert.»«Et là-bas, poursuit-il, on enjoint les musulmans de se départir des attributs vestimentaires, sociaux, titres, de sortir des villes, pour revenir à l’état primordial, adamique, au milieu des pierres, revêtus d’une petite étoffe.
Dieu veut qu’ils se souviennent de leur état minéral. Nous revenons dans le désert, nous nous couchons sur terre et nous retournerons dans la terre lorsque nous mourrons», explique-t-il. Selon lui, «le pèlerin devrait se préoccuper de cet esprit». Et d’ajouter : «Le message donc délivré cette année à la communauté du pèlerinage est axé sur la philosophie du Hajj. Et l’objectif est de permettre aux pèlerins de se préparer moralement, mentalement et spirituellement. Nous les invitons donc à s’armer de positivité et à comprendre le sens de cette retraite spirituelle qu’est le Hajj.» Aussi, Pr Kébé a surtout insisté sur cette «communication de proximité» parce que, relève-t-il, les pèlerins, une fois à la Mecque, «restent toujours attachés à leur société par leurs smartphones, via les réseaux sociaux, non pas dans la positivité requise par le Hajj, mais dans la négativité, en mettant en exergue les petites choses qu’ils diffusent et partagent.
Ce n’est pas de mauvaise foi que ces pèlerins le font, mais par ignorance».Au-delà, le coordonnateur régional des neuf voyagistes privés agréés pour le pèlerinage aux Lieux saints de l’islam,El Hadji Idrissa Gaye, assure qu’ils sont fin prêts et n’attendent que le départ prévu à partir du 28 juillet.
MES AMPOULES NE SONT PAS ENCORE GRILLÉES
Après son acquittement qui a suscité un tollé, Thione Ballago Seck prévoit de revenir en force avec les projets avec un projet international qu’il a initié et qui réunit des artistes africains, particulièrement issus des pays de la CEDEAO, mais aussi des
Après son acquittement qui a suscité un tollé, Thione Ballago Seck prévoit de revenir en force avec les projets avec un projet international qu’il a initié et qui réunit des artistes africains, particulièrement issus des pays de la CEDEAO, mais aussi des artistes européens. Trouvé dans un hôtel à la station balnéaire de Saly, le leader du Raam-Daan est en plein tournage de 30 clips. Dans cet entretien accordé à « L’As », le père de la star Wally Seck revient sur sa carrière, ses relations avec son fils non sans oublier d’évoquer le chapitre de son procès.
L’As : Vous avez été blanchi par la justice. Quel est votre sentiment ?
Thione Seck : D’abord, je remercie infiniment Dieu, le Tout-Puissant parce que c’est lui seul qui a pu me décharger de ce lourd fardeau, ma famille se réjouit aussi de cette décision judiciaire. Il y avait beaucoup de bruits qui entourait cette histoire, c’était difficile mais cela fait partie de mon destin, ce que j’accepte avec philosophie.
Comment est venu le nom de votre orchestre ? Je me suis inspiré du mois de Ramadan pour le nom. C’est au cours d’un mois de ramadan que j’ai reçu mon tout premier matériel musical que j’ai acheté pour créer le groupe. J’ai voulu nommer le groupe ramadan, mais les gens m’ont dit que c’était un peu lourd de prendre le nom du mois béni pour le donner au groupe. Alors j’ai pris le soin de séparer le nom ramadan en deux syllabes ou j’ai ajouté à chacune un « a » avec un trait-d ‘union, entre les deux syllabes.
Ce qui fait que on peut lire Raam Daan. Dans ma tête et dans mon esprit je sais que c’est ramadan que je veux dire. Mon procès s’est déroulé durant le mois de ramadan, mais aussi mon acquittement a été prononcé par la justice sénégalaise durant le mois de ramadan pour dire qu’il n’existe pas de hasard dans la vie. Le mois de ramadan est le mois le plus béni en Islam.
Je remercie infiniment mon Seigneur, car sans lui rien de tout cela ne serait possible. Ensuite, je savais que ça n’irait pas bien, si cette lourde épreuve ne s’abattait pas sur moi. Toute peine que Dieu te fait subir est quelque chose de bien. Quand j’étais là-bas, j’ai eu l’intime conviction que la prison était la meilleure chose qui pouvait m’arriver en ce moment de ma vie.
Votre libération est source de polémique dans la justice sénégalaise. Que répondez-vous?
Vous savez, je suis profane, concernant les lois et le fonctionnement de la justice de notre pays. J’ai entendu les gens dire l’article 5 de l’UEMOA, mais en toute franchise j’ignore ce qu’il en est réellement. Tout ce que je sais, c’est que je remercie et je ne cesserai de remercier infiniment mon Seigneur. C’est dommage, mais si je ne voulais pas la polémique. Il y a un avocat qui m’a appelé pour me dire que je suis entré dans l’histoire, et que ma libération a créé une nouvelle jurisprudence dans l’histoire de la justice sénégalaise.
Et on va l’appeler : «La jurisprudence Thione Seck ». Il m’a dit que maintenant, on ne peut emprisonner plus une per- sonne sans pour autant respecter au préalable les règles que le Sénégal a signé avec tous les pays de l’UEMOA. L’avocat d’ajouter que si ce cas était arrivé à un autre peut-être que ça allait passer inaperçu ou bien personne n’allait en parler, mais comme c’est tombé sur Thione Seck qui est une célébrité.
C’est la raison pour laquelle cette jurisprudence a été créée. Le tollé suscité par cette libération et la liaison que certains en ont faite avec le cas de Khalifa Sall m’attriste. Khalifa Sall est mon ami de très longue date. Je prie Dieu pour qu’il recouvre au plus vite la liberté. Je suis impatient même de le voir libre et de vaquer à ses occupations.
Où en êtes-vous avec votre grand projet musical?
Pour ce projet, on est arrivé à mi- chemin. On avance lentement, mais sûrement. Il y a certaines versions qui doivent sortir. Je me suis entendu avec l’Union des marchands ambulants du Séné- gal qui doit se charger de la vente des albums du projet. J’espère que notre collaboration avec l’Union des marchands ambulants nous aidera à ne pas souffrir du problème de la piraterie.
Je suis actuellement à Saly Portudal pour faire une trentaine de clips parce que je suis en retard par rapport aux autres artistes qui ont été invités qui ont déjà chanté et tourné leurs clips dans ce pro- jet. Si je reste à Dakar, je ne pour- rai pas les réaliser parce que, je suis tout le temps au studio du matin jusqu’à 2h du matin. C’est la raison pour laquelle je suis venu ici à Saly pour essayer de rattraper ce retard. Je vais couronner le tout par une tournée internationale est prévue.
Pourquoi le choix de faire un tel grand projet « la CDEAO en chœur (Thione Seck à gogo)» ?
J’ai décidé de le faire parce que je suis Thione Seck. Je ne peux plus me permettre de faire de petites choses. Je suis dans l’obligation de créer un grand projet où tout le monde pourrait trouver sa place. Quand tu décides de faire chanter vingt artistes de chaque pays de la CDEAO c’est trop, et pour chaque artiste il faut lui faire trois clips déjà. Concernant les clips, par rapport à ceux des artistes Sénégalais qui sont dans le projet tourne autour de mille clips. Le choix s’est fait naturelle- ment. Tout artiste qui entend cela vient donner son adhésion pour participer au projet. On a payé personne un franc pour le mo- ment.
Est-ce le choix de faire toujours le mbalax sénégalais n'a pas trop freiné votre reconnaissance internationale ?
Je ne peux faire que du mbalax parce que je suis né et je vis dans un pays où l’on ne fait que du mbalax, où l’on ne danse que du mbalax. Dans un tel contexte, je suis obligé de faire du mbalax. On disait souvent que le mbalax n’était pas exportable, mais ce projet prouve le contraire. Tous les artistes qui ont chanté dans ce projet qu’ils soient des Africains ou des Sénégalais l’ont fait avec la musique mbalax. Même les blancs ont chanté sur des mélodies mbalax.
Au moment où tout le monde reconnaît la richesse de vos textes, votre fils Wally Ballago Seck est critiqué pour faire des chansons dénuées de sens que répondez vous à cela ?
D’abord Wally est jeune. En tant que jeune, il joue la musique de sa génération. Lui et moi, ne vivons pas les mêmes réalités. Aussi, il faut admettre qu’on ne puisse pas partager les mêmes visions, mais il faut reconnaître que ces critiques ne concernent pas tous ses textes, parfois on tombe sur certains de ses textes très sensés qui signifient tous quelques choses. Ce n’est pas que j’essaie de le laver à grande eau, mais avec cette nouvelle génération Wally, comme les autres doivent redoubler d’efforts avec les textes qu’ils chantent.
Maintenant Wally n’a plus rien à prouver, parce que c’est Dieu qui l’a mis dans le cœur des gens. Parfois, je le taquine en lui disant que tu as les succès du poisson et de l’hyène. Le poisson vient de la mer, mais il fait partie des aliments de base commune à tout le monde. Je pense qu’il est sur le bon chemin. J’écoute certains de ses albums qui ont beaucoup de sens. Sa principale chance c’est qu’il est le fils de Thione Seck, en- suite quand il démarré sa carrière il a trouvé que tout était déjà prêt, donc c’est DIEU qui lui a tracé ce chemin, et lui a atténué certaines peines que moi son père j’ai endurées.
Et je profite de cet entretien pour dire aux Sénégalais que Wally est un fils que je remercie beaucoup très sincèrement. Je suis très fier de lui parce qu’il ne veut pas que je manque de quelques choses ou que je de- mande quelques choses.
Est ce que vous lui écrivez des textes ?
Malheureusement je ne lui ai jamais écrit de textes et il ne m’a jamais demandé de lui écrire un texte. Ensuite, il n’est jamais venu me dire papa corrige moi, ce texte ou autre chose. Je le laisse faire son chemin. Peut-être un jour, viendra où l’on travaillera ensemble sur des textes.
Son succès phénoménal ne vous a-t-il pas trop surpris ?
Non. Cela ne m’a pas surpris parce que c’est une chose possible. Thione Seck peut avoir un fils qui sait très bien chanter. Mais, j’ai un autre fils qui s’appelle Lamine Nar Seck, il joue au clavier et vit en Italie, mais il chante aussi. D’ailleurs il doit sortir bientôt un album.
Quel conseil donneriez-vous à Wally pour la suite de sa carrière ?
C’est de poursuivre son chemin. Qu’il continue à venir en aide à ceux qui en ont besoin. Il ne doit pas dormir sur ses lauriers aussi. Il doit respecter les répétitions. Qu’il sache que rien ne lui sera offert parce qu’il est le fils de Thione Seck.
Que répondez vous à ceux qui disent que Thione Ballago Seck est un éternel contestataire ?
Quand je vois quelque chose qui est anormale, je le dénonce tout haut. La seule différence est ce que les gens disent tout en bas ce qu’il pense, en rouspétant. Je ne suis pas hypocrite. Si c’est cela qui fait de moi un contestataire alors je serai un éternel contestataire.
Thione Seck est apolitique, quels sont vos rapports avec les Chefs d’Etats Sénégalais ?
Le Président Abdou Diouf m’a reçu quatre fois. Le président Abdoulaye Wade m’a reçu deux fois. Quand il partait à l’UNESCO, j’étais l’artiste qu’il avait amené. Le Président Macky Sall nos relations sont antérieures à son accession à la magistrature suprême. On se connaît bien et on a un vécu commun lui et moi. Il m’a reçu aussi.
Donc, j’ai pu m’entretenir avec eux tous et leur donner mon avis, prendre des photos avec eux. Il faut souligner que j’ai pu bénéficier des plus hautes décorations de l’Etat du Sénégal, j’ai été décoré du Chevalier de l’Ordre Nationale du Lion, j’ai aussi la décoration de Chevalier de l’Ordre National du Mérite. J’ai aussi celle du Chevalier de l’Ordre National des Arts et des Lettres.
Vous êtes quelqu’un qui fait beaucoup référence au Prophète (PSL) dans vos textes. Alors, quand irez vous à La Mecque pour faire le pèlerinage ?
Sincèrement, c’est mon vœu. Même Wally m’avait offert un billet pour que je puisse faire le Haj l’année dernière. Mais je lui ai dit non, je ne suis pas encore prêt. Cette année encore, il a insisté. Je suis en train de voir, parce que le pèlerinage ne dure que dix jours. Vraiment, je suis en train d’y penser. Je souhaite que cela se passe cette année ci Inshaa-Allah.
Quels sont vos pires et meilleurs souvenirs dans la musique ?
Je commence par le meilleur c’est quand j’ai reçu le disque d’or d’honneur de la famille Jackson. Le premier africain à recevoir cette distinction, je pense que c’est le Président Abdou Diouf, je suis le second à le recevoir. Le Président Diouf c’était sur le plan politique, moi c’était sur le plan musical. La famille quand ils sélectionnent un pays, ils choisis- sent des albums venant de ces pays et après ils font un choix.
C’est une chance pour le Sénégal. Mais, il faut noter qu’El-Hadj Fall un Sénégalais marié à une cou- sine de Mickael Jackson a pesé de tout son poids pour que la famille Jackson choisisse le Sénégal. Le jour où j’ai acheté mon premier matériel de musique fait partie de mes plus beaux souvenirs, le premier album de l’orchestre Raam Daan qui était «Ballago». Le plus dur dans ma carrière c’est qu’elle n’a pas été rose par rapport à ce que les gens croient. Les épreuves étaient beaucoup plus nombreuses de loin.
BBY PARLE DE CONSPIRATION
Réunie ce 8 juin 2019, autour de son président, la coalition Bennoo Bokk Yaakaar a évoqué le reportage de la bbC sur la cession des licences de pétrole et du gaz, éclaboussant Aliou Sall
Réunie ce 8 juin 2019, autour de son Président, la coalition bennoo bokk Yaakaar a évoqué le reportage de la bbC sur la cession des licences de pétrole et du gaz, éclaboussant Aliou Sall. Pour les leaders de la mouvance présidentielle, cette affaire est «une conspiration» menée par une certaine opposition revancharde.
«Se prononçant sur la question d’actualité relative au reportage tendancieux de la BBC sur le pétrole découvert dans notre pays, la conférence des leaders dénonce avec la dernière énergie la conspiration, l'amalgame et la tentative de manipulation développés par une frange de l’opposition aigrie et revancharde », déplore la conférence des leaders de BBY dans un communiqué parvenu à Toutinfo.net
« Elle rappelle pour mémoire toutes les initiatives prises par le Président Macky Sall à l’effet de promouvoir la transparence et l’équité dans la gouvernance des ressources minières et pétrolières : -l’adoption par référendum de la disposition faisant de ces ressources une propriété de l’ensemble du peuple sénégalais, -l’adhésion volontaire du Sénégal à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), -la publication de tous les contrats relatifs aux domaines indiqués, -la tenue d’une concertation publique inclusive sur l’utilisation des ressources issues de l’exploitation du pétrole et du gaz et l’ouverture du Cos-Pétro gaz à la société civile et à l’opposition, etc. », poursuit à ce propos la même source qui ajoute : « La Conférence des Leaders appuie fortement cette option inclusive de Monsieur le Président de la République et l’encourage pour sa décision de faire ouvrir une information judiciaire sur la question afin que toute la lumière soit faite et que l’opinion nationale comme internationale soit définitivement édifiée ».
Sur cette affaire toujours, la conférence des leaders appelle les militants et sympathisants, les populations sénégalaises, à faire preuve d’une vigilance aigue devant les tentatives de déstabilisation de notre pays orchestrées depuis l’extérieur, et à se mobiliser pour accompagner le gouvernement du Président Macky Sall dans la réalisation de ses politiques de construction d’un Sénégal émergent et inclusif : un Sénégal de tous, un Sénégal pour tous.
S’agissant du lancement du Dialogue national, la Conférence des leaders se félicite de la réussite de celui-ci avec la présence remarquable des représentants de toutes les forces vives de la Nation et appelle l’ensemble des acteurs à œuvrer pour la recherche de consensus forts sur les questions d’intérêt national. « Dans le même esprit, la Conférence des leaders félicite le Président de la République pour le choix judicieux et consensuel porté sur la personne de Famara Ibrahima Sagna en tant que président du comité de pilotage du Dialogue national et se réjouit tout autant du consensus réalisé autour de l’équipe de direction de la commission cellulaire dont les travaux portent sur le dialogue politique.
Evaluant l’état de préparation par la coalition du dialogue national, la conférence des leaders accueille favorablement la note de synthèse présentée par le comité préparatoire ad hoc de BBY et l’encourage à finaliser le travail afin de tenir dans les meilleurs délais un séminaire de partage avec l’ensemble des leaders de la coalition », lit-on dans le communiqué des leaders de BBY, réunis samedi dernier autour de Macky Sall.
«CERTAINES SCÈNES NE SONT PAS BELLES À VOIR À LA TÉLÉVISION»
Pape Faye jette un regard critique et lucide sur l’évolution du théâtre sénégalais - Avis d’expert qui ne cache pas qu’il y a des choses à revoir dans le secteur
Heureux récipiendaire du « Torodo d’honneur », une distinction octroyée par le Centre de recherche sur le patrimoine intellectuel africain Bajordo, Pape Faye, le comédien à l’aise dans plusieurs registres, est un homme comblé. Nous l’avons rencontré pour échanger avec lui. A travers cet entretien, il jette un regard critique et lucide sur l’évolution du théâtre sénégalais. Avis d’expert qui ne cache pas qu’il y a des choses à revoir dans le secteur…
Vous avez été distingué par « Le Torodo». Quel sentiment vous anime ?
J’ai dû remonter aussitôt mon parcours quand, le jour de mon sacre au Grand théâtre, j’ai vu en face et autour de moi d’éminents universitaires et anciens ministres prendre part à la cérémonie avec des communications de très haute facture. Dans ma carrière de comédien, j’ai porté dans mes tripes et sur ma carapace d’acteur pratiquement tous les personnages héroïques qui ont marqué l’histoire de mon pays. Aujourd’hui, je suis dans la mise en chantier d’une œuvre colossale retraçant la vie de Cerno Sileymaan Baal pour laquelle on a donné un avant- goût sur scène à plusieurs reprises à Sorano, au Warc, au Grand Théâtre et lors des dernières Recidak au Magic Land. C’est eu égard donc à toutes ces actions concrètes posées et qui sont des temps forts dans ma carrière que le Centre de recherche sur le patrimoine intellectuel africain a jugé utile de me décerner le titre de « Torodo » d’honneur. Nous allons, à ce titre, nous engager dans une dynamique de partenariat durable pour réaliser ensemble des actions concrètes dans le sens de la sauvegarde du patrimoine intellectuel sénégalais.
Dans votre carrière, vous êtes beaucoup illustré dans le théâtre historique. Est-ce un choix ?
Un choix ? C’est à la fois un sentiment de fierté et une reconnaissance de mon engagement pour la valorisation de notre patrimoine culturel africain. C’est pour avoir incarné les personnages les plus audacieux de l’histoire du Sénégal qu’on a bien voulu me décerner le trophée Torodo d’honneur. Mais également pour mon engagement pour la promotion de la paix et de la valorisation du patrimoine africain. C’est pourquoi j’ai dit que ce titre- là, c’est la main de Dieu. Et aujourd’hui, nous sommes en train de mettre en chantier l’œuvre de Cerno Sileymaan Baal. Nous allons mieux valoriser le parcours de nos érudits. Et ça, c’est un travail qui doit être porté par les comédiens. Je lance un appel au comité d’écriture de l’histoire générale du Sénégal et au Président de la République d’aider ce secteur. Car ce n’est pas facile de créer, ça demande beaucoup de moyens.
Justement, quelles sont vos attentes par rapport à la politique culturelle de l’Etat ?
Nous sommes dans une dynamique d’octroi de ce qu’on appelle un fonds spécial destiné à la promotion du Théâtre mais surtout du théâtre historique. Mais c’est déjà le théâtre d’inspiration historique qui sera privilégié pour revaloriser le patrimoine et donner un peu de Savoir aux jeunes qui sont soit dans le circuit scolaire ou dans l’espace universitaire. L’autre question est relative au souhait exprimé par le Pr Iba Der Thiam, qui avait saisi le Comité d’organisation de Dekheulé 2018, pour voir comment nous pourrions intégrer le programme. Evidemment, nous étions à Dekheulé et nous avions joué cet extrait de Lat Dior. Je voyais pour la première fois de ma vie des gens pleurer à chaudes larmes à la vue d’un spectacle. Ce dernier épisode de la vie de Lat Dior était très émouvant et les gens ont beaucoup pleuré. C’était trop fort et je ne suis pas prêt de rejouer cet épisode car je n’aime pas voir les gens pleurer.
Ma question reste entière…
Je pense qu’il est vraiment temps de mener le combat pour l’érection d’un fonds spécial pour le théâtre. A cet effet, je souhaite que les journalistes nous aident à porter ce combat. Quand j’avais émis ce vœu, cela avait suscité un énorme tollé. Qu’est- ce que j’avais dit ? Et d’ailleurs ce n’était même pas moi car c’est un journaliste qui avait posé la question au ministre de la Culture de l’époque, M. Mbagnick Ndiaye, lors d’une cérémonie de la Journée mondiale du Théâtre. Dans son discours, ce dernier avait dit sa disponibilité de doter l’Arcots nationale d’une subvention de quatre millions. Vous vous rendez compte ? L’Arcots nationale qui dispose de plus de cinq mille membres se voit octroyée quatre millions. Après son discours des journalistes sont venus me voir en me demandant comment appréciez -vous le fait que le ministre ait parlé d’une subvention de quatre millions pour l’Arcots nationale qui regroupe plus de cinq mille comédiens et au même moment le cinéma est doté à hauteur d’un milliard ? J’ai juste répondu ceci : « appréciez vous-même ! ». Cela avait fini par créer des problèmes et le ministre m’en a voulu et tant d’autres. Et pourtant c’est la triste réalité. Avec quatre millions, on ne peut même pas monter un sketch digne de ce nom. Vraiment une association aussi importante que la nôtre mérite un peu plus de soutien et de respect. Mais je pense qu’avec le Président de la République, les choses vont bouger. D’ailleurs cela avait fait tellement de bruit ce jour- là que le lendemain, comme il y avait Conseil des ministres, le Président avait demandé aux décideurs de s’impliquer un peu plus pour encourager la création théâtrale d’inspiration historique. Il avait également instruit les gens à aider Sorano. Il en avait aussi profité pour parler des séries ramadan. Il disait que les gens devaient faire attention à ce qu’ils présentaient dans ces sketchs très prisés en mois de ramadan. Comme quoi, il faut vraiment faire attention à tout ce que l’on propose car les autorités nous suivent.
Les séries actuelles sont très critiquées et pourtant, certaines accueillent des comédiens expérimentés. N’est-ce pas une manière d’encourager un peu la médiocrité ?
Il faut avant tout retenir que le théâtre est un art comme la peinture, la danse ou la musique. Est-ce que la vocation de la musique est d’éveiller les consciences ? Non, à mon avis car à l’origine, il s’agit avant tout de combiner les sons d’une manière agréable à l’oreille. Mais cela donne des sensations et de l’émotion. On peut en dire autant de la peinture et de toutes les autres formes d’art. Le théâtre aussi véhicule les mêmes effets. C’est comme l’architecture. Au risque de surprendre des gens, je vais vous dire que sa vocation première n’est pas d’éduquer. Maintenant, il y a le théâtre de commande. En ce moment, il est question de proposer des pistes de réflexion qui permettent de faire prendre conscience au grand public de certaines choses comme comment prendre ce médicament ou utiliser ce service. Cela est prescrit et commandé et il est joué sur une certaine durée.
Aujourd’hui c’est la série, « Maitresse d’un homme marié » qui fait beaucoup de bruit. Que pensez-vous de tout ce tollé autour ?
Je dois reconnaitre qu’il me manque du temps pour la suivre. Mais il m’arrive de visionner quelques épisodes sur Youtube. Quelle que soit le reproche fait à ce téléfilm, je ne peux cautionner la censure. J’encourage la création artistique car le scénariste a pris le temps de créer et cogiter. La création est vraiment très difficile et il faut le reconnaitre. C’est comme un état de grossesse. C’est ça l’acte de création. Je respecte donc le travail des scénaristes car étant également un scénariste. Je respecte aussi les réalisateurs et les comédiens car je suis à la tête de leur association. Ce qui fait que j’insiste toujours sur la formation. Pourtant je ne cesse de les exhorter à faire attention pour ne pas être rattrapé par l’histoire. Ce qu’on a joué aujourd’hui peut être ressorti plus tard et vous nuire. Pour cette série, j’ai vu des séquences et j’avoue que si c’était moi, je ne l’aurais pas écrit parce qu’il y a cette vulgarité. Je ne le dirais pas comme ça, mais on peut toujours éviter certaines situations. On peut juste évoquer et les spectateurs vont bien comprendre le sens de votre pensée. Il y a vraiment des dérives que personne ne peut cautionner. Certaines paroles ou actes peuvent choquer. Cà, je le concède…Cependant, il ne faut pas confondre car il s’agit de série et non de théâtre. Tout cela est aussi favorisé par le fait que les gens n’écrivent pas. Dans la plupart des cas, c’est l’acteur qui improvise.
Est-ce que ces jeunes viennent vers vous pour solliciter des conseils ?
Nous, on allait souvent vers les anciens pour solliciter leurs conseils. Mais actuellement, les gens se lèvent un beau jour et commencent à écrire et réaliser. C’est vrai que certains sont venus me voir pour des conseils, mais s’en vont après avoir fait autre chose. C’est pour cela qu’ils vivent ce genre de situation. Il y a vraiment des scènes qui ne sont pas belles à voir à la télévision et notre pays n’en a pas besoin. On peut bien faire du cinéma et de la télévision sans choquer ou blesser l’amour propre de quelqu’un. Il y a de nombreuses voies de contournement pour arriver à livrer un message fort et aseptisé sans heurter. Les jeunes ont tendance à dire qu’ils ont une autre vision et une nouvelle manière de penser, mais ils se trompent lourdement. Il faut revenir à l’orthodoxie et éviter de tomber dans la vulgarité. Il faut que les gens restent humbles en se remettant perpétuellement en question car tout est éphémère. Il faut toujours se dire que l’on ne connait rien et solliciter les anciens en bénéficiant de leurs conseils. Cela pourrait éviter aux jeunes de vivre certaines situations déplorables et condamnables.