Sénégal-Bénin, ‘’c’est la rencontre de ce que je suis’’, déclare le rappeur sénégalais d’origine béninoise Didier Awadi, au sujet du match devant opposer les deux pays pour les quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2019.
‘’Cette rencontre, c’est la rencontre de ce que je suis. C’est avec beaucoup de plaisir que je vais vivre cette rencontre des deux pays qui sont en moi’’, dit-il dans un entretien avec l’APS.
Sollicité pour un entretien à ce sujet, deux jours plus tôt, l’artiste avait ri aux éclats, informant que le coup de téléphone du reporter de l’APS était le énième qu’il recevait de la part d’amis et de proches, après la confirmation de la confrontation entre le Sénégal et le Bénin, après la victoire des deux équipes aux huitièmes de finale.
Né à Thiès (ouest) d’un père béninois adopté en Casamance, dans le sud du Sénégal, à Djignaky précisément, l’artiste rencontré dans ses bureaux ‘’Studio Sankara’’, sis à la Sicap Amitié 2, à Dakar, souligne être ‘’le seul qui, dans tous les cas, va sortir victorieux de ce match’’.
Le rappeur dit avoir été assailli par ses amis le sommant de choisir son camp, entre le Sénégal et le Bénin, depuis la qualification des deux équipes pour les quarts de finale de la CAN 2019, mais Didier Awadi refuse d’avoir une ‘’position tranchée’’.
Il note pourtant avoir ‘’forcément (…) beaucoup plus de +thiébou dieun+ (plat national sénégalais) que de +gari+ (plat national du Bénin)’’ en lui.
‘’Tout le monde m’appelait en me demandant quelle équipe j’allais choisir maintenant ? Cela m’a fait rigoler, j’ai reçu des messages de partout, ici au Sénégal et de l’extérieur. Ceux qui savent que j’ai les deux pays en moi, veulent savoir ma position. Pour certains, je suis un traître’’, s’amuse l’artiste, dont la gaîté plonge son interlocuteur dans une ambiance d’avant-match.
Choisir entre le Sénégal et le Bénin est ‘’très compliqué’’ pour lui, mais en même temps ‘’c’est très plaisant’’, relève-t-il.
‘’J’espère que je n’aurai pas d’attaque cardiaque ce jour-là (mercredi 10 juillet)’’, lance-t-il. Awadi compte de toutes les manières suivre ‘’avec beaucoup de pression’’ cette rencontre, ‘’mais pour des raisons de politique et de diplomatie correcte, dit-il, je vais faire pour une fois dans la langue de bois’’
Le producteur audiovisuel et musical vibre ‘’naturellement’’ pour les deux équipes, mais il laisse entendre que la balance semble pencher vers le Sénégal.
Didier Awadi évoque par exemple le ‘’grand respect’’ qu’il éprouve pour Aliou Cissé, le sélectionneur national du Sénégal.
« Evidemment, par rapport à l’équipe du Sénégal, rien que pour Aliou Cissé, j’ai envie qu’elle gagne, parce que j’aime cet homme, j’aime son +diom+, son attitude. Il ne parle pas beaucoup, il avance malgré les polémiques et montre ses résultats’’, souligne l’artiste.
S’y ajoute ‘’la forte personnalité’’ du technicien sénégalais, qui avance inexorablement vers ses objectifs, malgré les critiques et les avis des 16 millions d’‘’entraîneurs’’ sénégalais, ‘’lui, il avance et j’aime cela, il a une forte personnalité et je sens que ses joueurs le respectent, la fédération aussi, j’ai énormément de respecter pour lui’’.
‘’Je le (Aliou Cissé) connais, j’ai beaucoup d’admiration pour cet homme et aussi pour les joueurs évidemment. Je connais mieux cette équipe sénégalaise’’, lâche finalement Didier Awadi.
Toujours est-il que Didier Awadi est accusé d’être un ‘’fayot’’, relativement à son soutien à l’équipe béninoise. ‘’C’est la fibre paternelle qui parle’’, justifie le rappeur.
‘’Dans ce match, la vérité est que dans tous les cas, moi je gagne. Je suis un +Sénégalo-Gnak+ comme dit la rappeuse Mouna. Je suis le seul qui peut jubiler des deux côtés avant, pendant et après le match’’, fait valoir l’interprète du disque ‘’Présidents d’Afrique’’ (2010).
Il concède avoir ‘’beaucoup d’estime’’ pour des pays comme le Bénin qu’il n’attendait pas à ce niveau de la compétition. ‘’Cela a été une belle surprise. Et quand tu regardes le match avec le Maroc, tu te dis ouah !’’ dit-il, presque stupéfait par la performance des Ecureuils.
Aussi souhaite-t-il que des équipes comme le Bénin ou Madagascar aillent loin dans cette CAN 2019, ‘’parce que c’est beau ce qu’elles font, personne ne les attendait, mais elles arrivent à y être avec la manière.’’
Concernant Sénégal-Bénin de ce mercredi, le panafricaniste Awadi, qui s’entoure des portraits de Thomas Sankara, Sékou Touré, Mandela, Léopold Sédar Senghor, Juluis Nyerere, Cheikh Anta Diop, Amílcar Cabral, entre autres, aimerait surtout que le Sénégal gagne pour que Sadio Mané puisse remporter le Ballon d’or africain.
‘’Mais j’aimerais voir les petits Ecureuils bouffeurs de lions aller loin aussi’’, dit-il tout de suite. C’est dire que le rappeur est partagé entre les deux équipes. Didier Awadi conseille tout de même aux Lions du Sénégal de prendre ‘’très au sérieux’’ ce match contre le Bénin.
‘’Il faut faire attention parce que Les lions de l’Atlas (l’équipe du Maroc) sont passés à la casserole, les Lions indomptables (l’équipe du Cameroun) ont été tenus en échec [par le Bénin]. Ce sont de petits Ecureuils, mais attention, car on dirait qu’ils sont venimeux’’.
‘’Je suis mort, car tous les copains vont m’attaquer et m’imposer de faire un choix. Il y a juste des moments où tu ne peux pas faire le choix, ce sont les joueurs sénégalais que je connais, c’est l’entraineur sénégalais qui est mon ami, c’est clair qu’il y a une partie qui penche… Mais des deux côtés, je gagne. Là, c’est on gagne ou on gagne’’, avance-t-il.
Didier Awadi, qui se rend souvent au Bénin pour renouer avec ses racines dont il se dit fier, affiche sa joie d’être la somme de beaucoup de pays africains, du Bénin au Nigeria, du côté de son père, et du Cap-Vert à la Guinée-Bissau pour la partie maternelle.
‘’J’ai beaucoup de sang très différent dans mon corps, et c’est cela ma fierté panafricaniste : savoir que j’ai toutes ces origines en moi. C’est toutes ces origines que j’assume pleinement, et donc je suis fier. Elles m’ont enrichi et ouvert l’esprit. Je ne les renie pas’’, confie Awadi.
A l’image de la famille Awadi, qui vit au Sénégal depuis des générations, de nombreux Béninois d’origine n’ont plus rien de Béninois, si ce n’est la consonance de leur nom : Akibodé, Agboton, Baguidi, etc.
L’artiste fait observer que ces familles sont implantées pour la plupart à Dakar, dans les quartiers Sicap Karack et Sicap Amitié, à Thiès aussi, mais également en Casamance. A ce titre, l’expression ‘’à la Dahomey’’, du nom de l’ancien nom du Bénin, pour qualifier quelque chose de demi teinté, symbolise le mieux pour Didier Awadi la part culturelle des Béninois dans la société sénégalaise et le profond entre les deux pays.
WALY SECK TRADUIT IMAM KANTÉ EN JUSTICE
Les propos de l’imam Kanté à l’encontre de Waly Seck n’ont vraiment pas plu au jeune chanteur qui, lors du dernier match du Sénégal avait porté un tee-shirt à l’effigie du drapeau de la communauté homosexuel pour animer un concert.
Les propos de l’imam Kanté à l’encontre de Waly Seck n’ont vraiment pas plu au jeune chanteur qui, lors du dernier match du Sénégal avait porté un tee-shirt à l’effigie du drapeau de la communauté homosexuel pour animer un concert. Selon les Echos, l’artiste qui est loin de passer l’éponge dans cette affaire qui, selon lui, porte atteinte à son image et à sa réputation, compte saisir la justice. En clair, Wally Seck va traduire en justice le chef religieux. D’après le journal, le chanteur va servir une citation directe à Imam Kanté, via son avocat.
Pour rappel Imam Kanté avait fait une sortie dénonçant le comportement du fils de Thione. Il l’accusait d’être un acteur de la propagande de la communauté LGBT, un levier de la morale et de la déviance qui prépare toujours son « ma ngi djegelu (je m’excuse). »
«J’AI REFUSÉ DE PORTER PLAINTE»
L’obstination de son conjoint divorcé à vouloir présenter ce dossier comme une cabale politique dirigée contre sa personne a convaincu Aminata Diack de sortir de son silence pour remettre les pendules à l’heure
Si cela n’avait tenu qu’à elle, on ne parlerait pas d'Aminata Diack dans les médias. Alors que le contentieux matrimonial qui l’oppose à son ancien mari Abdoul Mbaye entretient les causeries dans les chaumières, la dame s’est pendant longtemps emmurée dans le silence. Néanmoins, l’obstination de son conjoint divorcé à vouloir présenter ce dossier comme une cabale politique dirigée contre sa personne et elle comme un instrument politique destiné à l’abattre, l’a convaincue de sortir de son silence pour remettre les pendules à l’heure.
Votre nom a été cité dans une affaire de divorce vous opposant à votre ex-mari, M. Abdoul Mbaye. Jamais depuis l’éclatement de cette affaire, on ne vous a entendu en parler. D’ailleurs, vous ne vous êtes déplacée qu’une seule fois au Tribunal lors de la première audience. Pourquoi avoir choisi de briser le silence aujourd’hui ?
J’ai gardé le silence parce que pour moi, un divorce est une affaire privée, qui n’a donc pas vocation à se retrouver sur la place publique. J’ai surtout voulu préserver mes enfants et mes proches. Mais j’ai entendu et je continue d’entendre des déclarations non conformes à la réalité, je vais donc m’exprimer une fois, pour retracer les fait set espérer sortir de ce feuilleton médiatique de mauvais goût, dont je suis devenue actrice à mon corps défendant.
Vous auriez exprimé votre refus à votre époux alors qu’il vous avait fait part de son désir d’adopter un enfant avec sa seconde épouse. Qu’est-ce qui motivait votre opposition à son projet ?
Quel parent responsable ne se serait pas opposé à ce projet ?Je me suis renseignée et J’ai compris que même la première adoption qu’il avait faite quelques années au paravent avait été formalisée avec des documents corrompus, notamment un certificat de mariage avec une deuxième épouse, certificat qu’il n’aurait pas dû détenir. L’option du régime monogamique, au-delà du choix à vie d’une seule épouse, impliquait qu’il ne pouvait pas adopter sans mon consentement, consentement que je n’avais évidemment pas donné, et qui n’avait d’ailleurs même pas été sollicité.
Je me suis donc opposée à la seconde adoption en cours de procédure, en introduisant simplement une requête en annulation de placement d’un enfant. Je continue de penser qu’aucun parent responsable ne peut laisser à ses enfants le soin de régler derrière lui, pareille situation.
Votre mari a répliqué en demandant le divorce, arguant qu’il ne pouvait vivre sous le même toit qu’une femme qui a «porté plainte» contre lui. Est-il exact que vous aviez porté plainte contre lui ?
C’est inexact, en réalité c’est en réaction à mon opposition à l’adoption, qu’il a saisi la justice aux fins de divorce et non suite à une plainte de ma part. Le choix d’un divorce au Tribunal était donc le sien. J’avoue que moi, je n’aurais pas opté pour cette voie de règlement, compte tenu de ce que j’avais découvert. J’ai subi cette procédure de divorce, sans aucune intention de faire de vagues et je m’y suis tenue. Pourtant, les choses auraient été beaucoup plus simples pour moi si j’avais porté plainte, parce qu’il y avait de quoi faire : la bigamie, et plus grave, la détention et l’utilisation d’un deuxième certificat de mariage, le faux sur les adoptions : 3 délits pour lesquels j’étais en droit de porter plainte et je ne l’ai pas fait, pas par faiblesse, mais parce que je n’ai pas perdu de vue que c’est le père de mes enfants. Je vous fais observer que personne n’en a entendu parler, ce qui traduit bien l’absence de plainte.
Qu’est-ce qui a alors déclenché la procédure pénale ?
Ce sont les documents que lui a joints à sa requête de divorce. En effet, au cours de cette procédure de divorce, il a produit le livret de famille dont le régime sur les biens était modifié en séparation, que lui détenait, et moi un certificat de mariage récent délivré par l’état-civil, sur lequel nous étions toujours en communauté des biens. Les deux documents étant discordants sur le régime des biens, la présidente du Tribunal a estimé devoir saisir le procureur de la République pour enquête. Après enquête, le Procureur a décidé de le poursuivre. Je dois préciser que je n’ai pas bénéficié de régime de faveur, j’ai moi-même été convoquée à la Dic et entendue par le Doyen des juges d’instruction.
S’agissant de ce certificat, votre ex-époux a déclaré que c’est d’un commun accord que vous aviez décidé en 1994, de modifier la«communauté de biens»pour la «séparation de biens», parce qu’il voulait effectuer des investissements à risques et cherchait à protéger votre patrimoine. Est-ce exact ?Pourquoi dénoncer ce certificat aujourd’hui ?
Peu importe le motif servi pour cette demande, elle a été formulée, j’ai signé la requête conjointe qu’il avait préparée : il avait fait le choix d’une communauté au moment de notre mariage, j’étais étudiante, et quand il a, des années plus tard, souhaité le modifier, je n’ai pas vu d’inconvénient à le lui concéder. Je précise toutefois que je n’ai été associée à aucune démarche, je n’ai jamais été entendue ni même convoquée par aucun juge, jusqu’au jour où il a m’a remis un livret où le régime était modifié en séparation des biens.
Je n’ai pas qualité, moi, pour apprécier la conformité d’un tel document, mais le Parquet en conteste la conformité parce que d’après ce que j’ai compris, l’ordonnance qui aurait servi à modifier le régime des biens avait été rendue par un juge qui n’avait pas compétence pour le faire, et en violation des procédures. Je ne dis pas que lui savait cela, mais j’ai quand même été surprise d’apprendre qu’il se serait renseigné sur la faisabilité de ce changement auprès de ce juge rencontré dans les instances du football, sachant qu’il pouvait aller à la source, son père a tout de même rédigé le code de la famille. J’ai également été surprise parce que l’ordonnance qui a servi pour cette modification, il ne l’a jamais produite, il déclare même ne l’avoir jamais détenue. Or lorsque vous faites la demande d’un document, il vous est normalement remis si on accède à votre requête. Il aurait ainsi conservé notre demande conjointe et non l’ordonnance qui en serait issue?
Votre ex-époux vous accuse d’être coupable de complicité de faux en écritures publiques authentiques, usage de faux en écritures authentiques et tentative d’escroquerie, et il vous a servi une citation directe. Qu’en-a-t-il résulté ?
Oui en effet, il a porté plainte contre moi sur ces faits, sa plainte ayant été classée sans suite par le Parquet, il m’a effectivement servi une citation directe qui m’a valu de comparaitre à ses côtés en 1ère instance. Sur cette citation directe, j’ai été relaxée et il n’a pas fait appel de cette décision.
Vous-même, vous avez eu à consentir à un prêt en votre nom et à la banque vous avez présenté un certificat de mariage avec la mention «séparation de biens»…
Toutes les fois que vous faites une transaction immobilière, le notaire vous demande un acte de mariage ; j’ai utilisé en toute bonne foi le livret que nous détenions ; cela ne fait de moi ni complice ni acteur, je n’avais aucun doute sur la régularité des documents, d’autant qu’un autre membre de leur famille avait bénéficié du même changement de régime sur les biens.
Pourquoi cette volonté de M. Abdoul Mbaye de donner une dimension politique à l’affaire qui vous oppose ? Il agit comme si c’est le pouvoir en place qui vous utiliserait comme bras armé...
C’est de bonne guerre, mais cette affaire relève simplement d’une succession d’entorses à une option matrimoniale librement choisie ; sans me prononcer sur l’ordonnance contestée en cours de procédure au Parquet, pour laquelle je ne présume pas de l’issue, je peux citer sans être démentie : la bigamie, l’enregistrement dans un même centre d’état civil d’un mariage monogamique, et la délivrance d’un second certificat de mariage sachant que la 1ère option est irrévocable, l’adoption plénière d’un enfant qui a nécessité, c’est la loi, une dispense signée par le président de la République, Me Abdoulaye Wade en l’occurrence. Donner une dimension politique à cette affaire me semble plutôt une stratégie de diversion et aussi me dénier la capacité et le droit légitime de me défendre.
Le procureur a requis 1 an ferme à l’égard de votre ex-époux, souhaitez-vous voir le père de vos enfants derrière les barreaux ?
N’entretenez pas la confusion, c’est justement pour lever toute ambiguïté que j’ai accepté cet entretien. Je rappelle qu’il a choisi d’aller au Tribunal, et je pouvais, si j’avais été animée de la moindre colère, porter plainte dès cet instant. C’est la présidente du Tribunal qui a saisi le procureur, pas moi, pour un document que lui-même a produit dans sa requête de divorce. Tout le monde a entendu comme moi à l’audience, le procureur lui signifier que c’est parce que j’ai refusé de porter plainte qu’il n’a pas pu le poursuivre sur la bigamie et les autres délits. Je n’ai donc posé aucun acte pour le faire condamner.
CETTE INSULTE DE KALIDOU KOULIBALY QUI FÂCHE LA PRESSE SÉNÉGALAISE
Le défenseur Kalidou Kouibaly a provoqué une vague de réactions dans les rangs de la presse sénégalaise pour avoir qualifié des journalistes, présents au Caire pour la couverture médiatique de la CAN 2019, de « menteurs »
Le footballeur professionnel s’est arrêté au micro des envoyés spéciaux en zone mixte, à l’issue de la rencontre Sénégal-Kenya (3-0), lundi soir. Interpellé pour donner ses impressions, le joueur de Naples a attaqué la presse, en lâchant, avant d’être poussé à la sortie par un élément de la BIP : « Vous êtes tous des menteurs ». C'est la petite phrase que tout le monde retient.
Si le contenu de ses propos ne reste guère un mystère, la raison de son courroux n’est pas difficile à deviner. En tout cas, le défenseur des Lions n'a pas été très inspiré lundi, face à cette presse qui l’a révélé au monde. Cette presse qui ne cesse de le mettre sous les projecteurs, les regards de tout le continent africain et de toute la planète. Cette presse qui l'a défendu face aux cris de singe des supporters italiens. Sa déclaration déplacée vient ternir sa réputation d’homme correct. Pas de quoi calmer les journalistes qui, au Caire, perçoivent la sortie de Koulibaly comme une sérieuse maladresse, voire un affront.
Il a été le premier à passer devant les caméras en zone mixte. Mais très vite, il a dérapé. « Je le répète : vous êtes tout simplement des menteurs. Comme si vous n’êtes pas des sénégalais », a encore lancé le colosse, à l’endroit des journaliste-reporters. Il faut dire que le natif de Saint-Dié-des-Vosges, en France, n’a pas forcément apprécié l’article paru dans le journal Le Témoin, dans sa livraison de ce vendredi dernier. Le quotidien sénégalais avait parlé de « Pagaille familiale et bamboula financière » en Égypte, faisant allusion à la délégation sénégalaise. Un peu comme lors de la Coupe d'Afrique de Caire 86.
Il n’y avait toutefois pas que ça. Kalidou Koulibaly a surtout peu goûté l’information selon laquelle Sadio Mané « bénéficie de tous les privilèges, jusqu'à être seul dans sa chambre d'hôtel ». Mais, il n’y avait pas de quoi avoir la tête des mauvais jours et mettre tout le monde dans le même sac...
LE DIALOGUE NATIONAL TOUJOURS AU POINT MORT
Rien ne bouge au niveau de ce grand raout lancé en grande pompe par le président de la République le 28 mai dernier, en présence de personnalités politiques, économiques, religieuses et de la société civile
Rien ne bouge au niveau du dialogue national lancé en grande pompe par le président de la République le 28 mai dernier. C’était devant un parterre de personnalités politiques, économiques, religieuses et de la société civile. Au même moment, le dialogue politique conduit par le Général Mamadou Niang fait son bonhomme de chemin.
Le dialogue national est-il grippé ? La question mérite d’être posée d’autant plus qu’à quasiment un mois jour pour jour depuis son lancement en grande pompe par le président de la République le 28 mai dernier devant un parterre de personnalités politiques, économiques, religieuses et de la société civile, l’enthousiasme suscité par la désignation unanime de l’ancien ministre des Finances d’Abdou Diouf, Famara Ibrahima Sagna, pour piloter ses assises, est vite retombé. En effet, ce dernier avait donné rende zvous aux participants dans 15 jours. Les différentes entités avaient convenu d’un délai de 15 jours pour désigner leurs délégués et le signifier à Famara Ibrahima Sagna qui, à son tour, allait convoquer une première rencontre pour voir comment organiser les ateliers et les modalités du dialogue. Si certains acteurs sociaux déclarent tout haut qu’ils ont déjà envoyé les noms de leurs délégués au président Famara Ibrahima Sagna, ce qui est étonnant et incompréhensible, c’est le silence radio du côté de ce dernier, près d’un mois après.
AFFAIRE PETRO-TIM, LA POMME DE DISCORDE
En fait, depuis le 3 juin dernier, avec la diffusion de l’enquête de la chaine britannique : «Un scandale à 10 milliards de dollars » faisant état de cas de corruption impliquant Aliou Sall, frère du président de la République, le landerneau politique est en ébullition. Pouvoir et opposition ne se font plus de cadeaux entre accusations de corruption et contre accusations. La plateforme « Aar Linu Bokk» multiplie les marches, tandis que le pouvoir active la machine judiciaire. Un évènement imprévu qui a le malheur de diviser les acteurs politiques et de casser la confiance qui était sur le point de revenir.
Manifestement, sans que les acteurs le disent ouvertement, cette affaire Pétro-Tim semble avoir grippé le dialogue national, aujourd’hui. En revanche, on ne peut pas en dire autant pour ce qui est du dialogue politique, conduit par le Général Mamadou Niang. Même s’il a failli achoppé avec l’exigence de l’opposition qui veut écarter le ministère de l’Intérieur du processus, la raison a prévalu. Mamadou Diop Decroix et Cie ont décidé de prendre part à la réunion de ce matin qu’ils voulaient boycotter. L’opposition traditionnelle qui refuse de rejoindre la rue, attend impatiemment la publication des décrets du chef de l’Etat transformant le dialogue sur le processus électoral en un Comité sur le dialogue politique qui posera le débat non seulement sur le processus électoral, mais aussi sur le financement des partis et le statut de l’opposition. Des questions qui sortent du champ de compétence du ministère de l’Intérieur.
SOULEYMANE NDÉNÉ REVIENT SUR L'INCIDENT DE SON VÉHICULE CAILLASSÉ AU CAIRE
Très remonté, l’ancien Premier ministre juge indigne cet acte de jeunes supporters sénégalais basés en Egypte
Mamadou Salif GUEYE et Bathie GNING |
Publication 25/06/2019
Son véhicule caillassé, au Caire (Egypte), lors du match Sénégal-Tanzanie (2-0) en Coupe d’Afrique, Souleymane Ndéné Ndiaye est revenu sur les circonstances de cet incident. Très remonté, l’ancien premier ministre du Sénégal juge indigne cet acte de jeunes supporters sénégalais basés en Egypte.
« Ils ont pu jeter des pierres et le pare-brise est cassé. On était dans la voiture avec un autre représentant de Orange et un dirigeant de la Fédération. Des jeunes gens qu’on a trouvés sur place, refusé l’accès du stade sous prétexte qu’ils étaient là depuis 16h et qu’ils n’avaient pas reçu leurs billets. Je n’ai rien à faire avec des billets. Ce n’est pas moi qui organise ou qui donne des billets, mais ils n’ont pas voulu comprendre ce que le membre de la Fédération leur disait. Ce sont des étudiants et des gens qui se disent supporter du Sénégal. En tout cas, c’est indigne de supporters », a-t-il déploré, lundi soir, lors de la séance d’entraînement des Lions du Sénégal.
"ON EST DANS LE GROS MENSONGE"
Au front pour réclamer la lumière dans l’affaire Petro-Tim, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a été pourtant acteur au début - Mais il estime que cela ne fait pas pour autant de lui un complice dans le scandale
Au front pour réclamer la lumière dans l’affaire Petro-Tim, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a été pourtant acteur au début. Mais il estime que cela ne fait pas pour autant de lui un complice dans le scandale soulevé par la Bbc. Dans cet entretien accordé à «L’As», l’ex-Premier ministre soutient qu’il a été berné par le faux rapport de présentation du ministre de l’Energie d’alors, Aly Ngouille Ndiaye. Favorable à l’ouverture d’une enquête afin de situer les responsabilités des uns et des autres, il considère qu’il existe des indices susceptibles de prouver l’implication du Président Macky Sall dans cette affaire de corruption. La cacophonie au sommet de l’Etat démontre, de l’avis de Abdoul Mbaye, qu’on est dans le gros mensonge. Il demande la déclassification du rapport de l’IGE sa publication devant le corps diplomatique comme l’avait fait Macky Sall dans le cadre des chantiers de Thiès.
Vous réclamez, aux côtés de «Aar Li Nu book», la lumière dans l’octroi des contrats pétroliers et gaziers à Petro-Tim. Ne craignez-vous pas que ce dossier soit vite oublié par les Sénégalais ?
Abdoul Mbaye : Il faut reconnaitre que les Sénégalais ont la mémoire un peu courte, mais il s’agit cette fois-ci d’une affaire qui a atteint une dimension internationale. C’est aussi la plus grosse affaire de corruption que notre pays ait connue depuis 1960. Très sincèrement, je pense qu’il sera très difficile d’empêcher les Sénégalais de lutter pour l’éclatement de la vérité et de tenter d’étouffer l’affaire comme on l’a fait par exemple avec le rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) depuis 2012. C’est ma conviction. Nous sommes face à un scandale d’une telle importance qu’il sera impossible de l’oublier aussi facilement.
Le chargé de communication de la Présidence, El hadji Kassé, a fait une sortie qui remet en cause les déclarations de Aliou Sall. Comment appréciez-vous cette cacophonie ?
Il ne faut pas se limiter uniquement à la sortie de M .Kassé. Il y a quand même des choses particulièrement troublantes qui constituent des indices susceptibles de prouver que le Président Macky Sall est directement concerné par cette affaire de corruption. Car, très vite, il en a fait une affaire d’Etat et a fait intervenir rapidement le porte-parole du Gouvernement pour tenter de rétablir la vérité avec des oublis incroyables que notre parti a dénoncés dans le cadre d’un contre-mémoire. Ce n’est pas la seule erreur de communication. Il est extrêmement difficile de communiquer sur du mensonge.
L’autre erreur de M. Kassé a été de dire que le rapport n’existe pas et pourtant il a été publié. Il revient pour dire que le rapport existe, mais il n’est pas reçu par le président de la République, sept ans après. Qui peut croire à cela ? Ce même El Hadji Hamidou Kassé est quand même le Monsieur communicant de la présidence de la République qui intervient pour contredire Aliou Sall et dire que les 250 000 dollars ont été bien versés, mais que cette fois-ci pour une activité de consultation en agriculture. Cela fait rigoler et démontre simplement qu’ils ne savent plus où donner de la tête et qu’on est dans le gros mensonge. Et à chaque fois qu’il y en aura, on s’approchera de la vérité. D’abord, le concerné Aliou Sall a dit qu’il n’a rien reçu. Il revient ensuite pour dire que même s’il a reçu, cela se justifie avant que n’intervienne ElHadji Kassé pour dire qu’il a bien reçu de l’argent de la part de Frank Timis, mais pour une question agricole. Vous voyez là qu’ils ont reconnu les 25 000 dollars de salaire par mois. Il faut que les journalistes sénégalais soient attentifs et constatent que dans le reportage de la BBC, il y a été fait mention de 1.500.000 dollars sous forme d’actions dans les sociétés pétrolières de Frank Timis.
Ce point est extrêmement grave. Cela veut dire que l’homme d’affaire roumain a soumis un intéressement par action dans les sociétés pétrolières concernées sous réserve de disposer de la signature du président de la République. C’est ce qu’on appelle non seulement un conflit d’intérêt, mais également de la corruption accompagnée de la complicité du président de la République.
Est-ce que le Président Macky Sall n’a pas été induit en erreur ….
Aly Ngouille Ndiaye a présenté un faux rapport de présentation des projets de décrets qui ont validé les contrats de recherche de partage et de production. Je m’interroge même sur les raisons pour lesquelles Macky Sall tarde à répondre à la lettre que je lui avais adressée en 2016. Ce faux rapport a été signé par Aly Ngouille Ndiaye qui, peut-être, a été trompé par ses services. Seules des enquêtes bien faites peuvent montrer cela. Mais elles sont bloquées depuis 2012.
Donc, Aly Ngouille Ndiaye a une énorme part de responsabilité dans cette affaire ?
J’ai écrit une lettre officielle au président de la République dans laquelle j’ai dit: «Monsieur le Président vous et moi avons été trompés par un faux rapport de présentation de décrets». Le président de la République n’a pas répondu jusqu’à présent. Et c’est son ministre de l’Intérieur qui, devant la presse, dit que moi Abdoul Mbaye j’étais au courant. Mais de quoi suis-je au courant ? Cela veut dire qu’il reconnaît qu’il y a du faux. Il faut que les gens reconnaissent d’abord qu’il y a du vrai ou du faux. Jusque-là rien n’a été fait. Ce qui est extrêmement grave. Vous les journalistes, vous devez demander au ministre de l’Intérieur et à son patron ce qu’en est-il réellement. Moi, je pense que le président de la République est au courant depuis 2012. S’il dit qu’il n’a pas reçu ma lettre, c’est faux. Le Premier ministre d’alors, Mahammad Boun Abdallah Dionne, en avait parlé, mais pourquoi le Président n’a pas déclenché une enquête en ce moment-là. Ce qui est incroyable, c’est que pendant trois ans, il n’a pas ordonné une enquête sur le faux document de présentation des décrets. Et lorsque le trafiquant de faux médicaments a été gracié parce qu’il a été trompé par une fausse information, il a demande une enquête.
Aujourd’hui, les gens ont du mal à comprendre votre démarche. Pourquoi, vous n’avez vérifié avant de signer ?
Il y a deux choses que les gens doivent savoir. Moi, je ne refuse pas l’ouverture d’une enquête et la recherche de ma responsabilité dans cette affaire. Je veux que tout le monde (à savoir Aly Ngouille Ndiaye et le président de la République) fasse comme moi. Quand on contresigne un décret présidentiel, cela veut dire qu’on prend en charge l’ordre donné par le chef de l’Etat. Cela ne veut pas dire qu’on cautionne ou qu’on analyse l’ordre donné par ce dernier . On est là pour exécuter des ordres de son supérieur hiérarchique. Mais un ministre qui présente son rapport de présentation est responsable du contenu du rapport et de l’étude du dossier. Quand il donne une information et qu’il avance que ce qu’il dit est conforme à la loi et à la règlementation, cela veut dire que ce qui est écrit dans le rapport de présentation est vrai.
Mais quand il soumet son rapport au président de la République qui va prendre l’ordre, là sa responsabilité est engagée y compris celle pénale. Mais, si les Sénégalais ne perçoivent pas cela de cette manière, c’est parce qu’ils ne connaissent pas le droit public. Que la Justice s’en charge, c’est ce que je réclame depuis trois ans. Parmi les trois (Aly Ngouille Ndiaye, Macky Sall, Abdoul Mbaye, Ndlr), il y a deux signatures engageantes à savoir celles du ministre qui présente le rapport, du Président qui en donne l’ordre et du Premier ministre qui contresigne. Moi j’ai contresigné, et maintenant je dis que c’est faux, je ne vais pas taire la vérité. Ce n’est pas mon rôle de vérifier. Par exemple, quand le ministre de l’Energie, Thierno Alassane Sall a démissionné, le Premier ministre ne pouvait pas signer le rapport qui donne le permis d’exploitation à Total. Il a fallu qu’il soit nommé ministre de l’Energie pour le faire, parce que c’est ce dernier qui est compétent, mais pas le Premier ministre.
Avez-vous espoir que la vérité sera connue, puisque le procureur a lancé un appel à témoins ?
Je ne fais pas confiance à cette personne, surtout que je subis une persécution de la justice depuis quelques années. L’important, c’est de mettre à sa disposition la vérité et de faire savoir au peuple qu’on l’a fait. Et le peuple jugera ce qui va suivre.
Que pensez-vous de l’enquête sur la fuite du rapport de l’IGE?
Ce n’est pas sérieux du tout. Tout cela contribue à montrer leurs faiblesses. Quand un rapport contient des affaires aussi graves, au lieu de vous intéresser à la gravité de son contenu, vous vous en prenez aux lanceurs d’alerte, ceux qui ont fait fuiter le rapport. Lorsqu’il s’est agi d’un autre rapport comme l’affaire Khalifa Sall, il a été vu. Mais puisqu’il s’agit d’un autre Sall, on refuse de voir. Le président de la République a prêté serment devant Dieu et le peuple sénégalais de respecter la loi et de faire observer la loi. Et là, il a signé un décret qui viole la loi dans le but de servir les intérêts de son frère et d’autres qu’on ne connaît pas encore. Il a violé la loi et fait violer la loi. Cela s’appelle de la haute trahison.
C’est l’ancienne patronne de l’IGE, Nafi Ngom Keita qui est soupçonnée d’être à l’origine de la fuite du rapport de l’Ige sur Petro-Tim….
Je ne sais pas pourquoi ils en veulent à cette dame. Mais, la connaissant comme une vraie professionnelle, elle a eu, sans doute, à échanger avec le président de la République sur le rapport. Je fais aussi une relation entre le scandale Petro-tim et Nafi Ngom Keita qui a vu son mandat à la tête de l’Ofnac écourté, car elle enquêtait sur cette affaire. Dans un pays où on s’en prend, malgré la gravité des faits, à celui qui aurait aidé à la révélation de la vérité, plutôt qu’aux fauteurs du scandale, il faut en pleurer. Cela veut dire que Macky Sall n’est plus capable de gouverner ce pays. Je considère que les deux auteurs du rapport, Gallo Samb et Oumar Sarr, doivent être entendus par un jury d’honneur après avoir juré comme le président de la République.
Certains observateurs souhaitent que le rapport de l’IGE soit déclassifié. quelle est votre position par rapport à cette question?
C’est ce que nous avons toujours réclamé. Il faut déclassifier ce rapport et pousser Macky Sall à le lire comme il l’avait fait avec le rapport de l’IGE sur les chantiers de Thiès devant le corps diplomatique. Aujourd’hui, il n’y a plus de Premier ministre, c’est lui le chef de l’Exécutif qui doit le faire.
Comment la BBC est entrée en contact avec vous pour réaliser cette enquête qualifiée à charge contre Alioune Sall ?
Elle m’a contacté comme vous l’avez fait. Je ne ferme pas ma porte. J’ai accepté de recevoir la journaliste après qu’elle a décliné le sujet sur lequel on devait parler, à savoir l’affaire Pétro-tim
«J’AVAIS DÉCONSEILLE À ALIOU SALL DE SE PRÉSENTER À LA PRÉSIDENCE DE L’AMS»
La traditionnelle cérémonie de levée des couleurs à la mairie de Thiès a été l’occasion pour Talla Sylla de se prononcer sur certains sujets de l’actualité
La traditionnelle cérémonie de levée des couleurs à la mairie de la ville de Thiès a été l’occasion pour Talla Sylla de se prononcer sur certains sujets de l’actualité. Il souligne qu’il avait déconseillé à Aliou Sall de se présenter à la présidence de l’Association des Maires du Sénégal (AMS). Et hier, avant que la démission d’Aliou Sall de la tête de la CDC ne soit rendue publique, Talla Sylla lui demandé de mettre à l’aise le Président de la République.
Le maire de Thiès a présidé hier dans l’Hôtel de Ville, la traditionnelle cérémonie de levée des couleurs. A l’issue de la cérémonie, Talla Sylla s’est prononcé sur certaines questions de l’heure, plus particulièrement le pétrole et le gaz. Il soutient qu’il s’est gardé d’en parler, car, non seulement, il n’est pas un spécialiste, mais aussi il n’en sait pas grand chose. «Et il n’est pas question pour moi de parler de quelque chose, rien que pour plaire à certains. Mais puisqu’il s’agit d’une affaire dont dépend l’avenir de notre pays, chacun a le droit et le devoir de chercher à en savoir davantage, pour en parler utilement le moment venu», affirme Talla Sylla. Selon lui, Aliou Sall (président de l’Association des Maires du Sénégal) a été cité dans cette affaire. Et avant que ce dernier n’annonce sa démission de la CDC, il lui a demandé de mettre à l’aise le Président de la République. «Je ne me permets pas d’entrer dans les accusations qui sont agitées contre lui et sont actuellement entre les mains de la justice ». Il poursuit «au moment de choisir le Président de l’association des Maires du Sénégal, j’avais publiquement pris la parole, pour déconseiller à Aliou Sall de se présenter à la présidence de l’association. Il en avait le droit, mais ce n’était pas joli qu’il occupe le poste de Président de la République décentralisé alors que le Président de la République centralisée.
Je lui avais dit que le Président n’empêchera pas qu’il soit Président, mais cela lui pourrait lui porter préjudice dans l’avenir». Et pour montrer qu’il était contre ce principe, Talla Sylla affirme qu’il s’était présenté contre Aliou Sall, pour que l’histoire retienne son refus de sa candidature pour les raisons évoquées plus haut. Et aujourd’hui se désole Talla Sylla, certains Maires qui soutenaient Aliou Sall à l’époque sont en train de lui jeter des pierres dans le cadre de cette affaire. Selon Talla Sylla, il est clair que ce débat n’est pas soulevé contre Aliou Sall, mais pour atteindre le Président de la République. Revenant sur le débat, il déclare qu’au Sénégal de grands spécialistes du pétrole et du gaz et ils n’ont qu’à parler et que ceux qui n’en savent rien se taisent. Mais de l’avis de Talla Sylla, il y a un autre aspect du problème, qui concerne tous les Sénégalais et relatif au principe du «Aar lignu bokk». A l’en croire, le pétrole et le gaz se situent à la queue de la liste de ce qui appartient à tous et ils ne sont même pas encore disponibles. Pour lui c’est la République, qui est la première appartenance commune et personne ne doit une vision partielle ou parcellaire des principes organisationnels qui fondent son fonctionnement. C’est pourquoi dit-il, ce palier ne doit pas être laissé en rade au profit de ce débat sur le pétrole et le gaz, au point d’inciter les gens à en parler de façon outrancière, comme s’ils étaient actionnés.
De l’avis du Maire de Thiès, les questions que tout le monde doit se poser sont, « pourquoi ce débat aujourd’hui et pourquoi maintenant et pourquoi le seul sujet du pétrole et du gaz». Il s’est par ailleurs interrogé sur le fait que la gestion des ressources dans les collectivités territoriales et les différentes associations n’ait pas suscité autant d’attention. A ses yeux, il urge de protéger toutes les appartenances communes, sans exclusive.
En tout cas rappelle-t-il, ce principe de transparence est consacré dans le mode de fonctionnement de la ville de Thiès, qui est la seule mairie en Afrique de l’Ouest, où une audience publique se tient tous les 6 mois pour rendre compte de la gestion, aux populations. Ce qui à ses yeux, lui a valu le prix de la transparence et de la bonne gouvernance. D’ailleurs dit-il, il avait même demandé à ce que cette initiative soit inscrite dans le code des collectivités locales, même si elle y existe déjà en filigrane.
«LE PBS, AU-DELÀ D'AWADI, DOUG E TEE EST UNE PHILOSOPHIE DE VIE »
Il fait partie des hérauts de notre jeunesse. Didier Awadi, rappeur connu pour son engagement, reconnu pour ses positions tranchées, est un patrimoine musical
Il fait partie des hérauts de notre jeunesse. Didier Awadi, rappeur connu pour son engagement, reconnu pour ses positions tranchées, est un patrimoine musical. Vêtu d’un tee-shirt blanc, le rappeur emprunte les «Marches du Quotidien» avec la même assurance, qui le caractérise sur la scène musicale qu’il fréquente depuis 30 ans. C’est l’âge du Positive Black Soul, qui va fêter cet anniversaire cette année. Ça ne le rajeunit pas, mais cette longévité sur les plateaux est due à son engagement pour le développement du continent. De la question du franc Cfa en passant par les Ape, les contrats pétroliers et gaziers, Awadi ouvre ces différents dossiers à la manière dont il arpente une à une les «Marches du Quotidien». Le style est décontracté, mais les mots ont toujours un écho révolutionnaire.
Quel est votre avis sur les révélations de la Bbc à propos des contrats gaziers et pétroliers qui mobilisent une partie du pays ?
Je suis ce débat comme tout le monde en me disant qu’il y aura une justice sur cette affaire qui doit pousser à ouvrir une enquête sérieuse, si on veut qu’il y ait de la sérénité dans le pays. Le cafouillage médiatique au sommet de l’Etat nous pousse à penser qu’il faudrait qu’une enquête sérieuse soit ouverte afin de clarifier cette situation parce qu’il s’agit de notre avenir, de celui des générations futures. Donc, on ne peut pas banaliser cela, on ne peut pas laisser cela entre les mains des politiciens.
Le président de la République a demandé l’ouverture d’une enquête. Le procureur a fait un appel à témoins. Est-ce assez ?
Vous savez, s’il y a un problème, il faut dire qu’il a un problème et non qu’il faudrait qu’il y ait un problème, c’est différent. Et à partir de là, il faut clarifier les choses.
Vous croyez en la justice sénégalaise ?
Je suis un optimiste, toute justice est perfectible. Est-ce que la justice est partout dans le monde irréprochable ? Mais je me donne l’espoir de croire en la justice de mon pays.
Malgré les affaires Khalifa Sall…
Bien sûr qu’il y a des affaires qui permettent d’avoir des doutes. Mais c’est le combat de tout un chacun, de tous les jours, de faire en sorte d’avoir une justice qui soit à l’attente des laissés-pour-compte.ous sommes à quelques jours du 23 juin (Ndlr : l’entretien a eu lieu le vendredi). Quand vous voyez ce qui s’est passé le 23 juin 2011, la montée populaire qu’il y a eu … Maintenant, on a l’impression que c’est une petite couche de pays qui s’intéresse à la situation, mais la grande masse ne s’y
intéresse pas. Ne connaissons-nous pas quelque part une certaine régression ?
Non moi ce que j’apprends de l’histoire des Peuples, particulièrement africains, c’est qu’à chaque fois que nous sommes dans une sorte d’accalmie, c’est là que ça explose. Si vous reprenez le cours des quatre dernières semaines, on parlait de dialogue national, le frère du Président faisait une émission sur une grande télé, tout allait bien. Tout à coup, tout explose. Aujourd’hui, à l’heure où nous parlons, les gens ont rempli les Allées du Centenaire (marche de la coalition Aar li ñu bokk). Donc, ne croyez pas que le Peuple dort ! Nous nous sommes des «Sankariste» et nous savons que quand le Peuple se met debout, l’impérialisme tremble. Le Peuple, tôt ou tard, se met debout. Les dirigeants ont un temps compté, ils ont un mandat. Ce que je respecte. Mais tôt ou tard, le Peuple se lève. Ça peut venir du pain qu’on a augmenté, de la question de l’eau, du pétrole ou du gaz, selon que le Peuple est indiqué, et il a le droit de s’indigner. Mais il ne faut pas attendre un deuxième 23 juin. Le 23 juin, c’était une certaine année, c’est passé. Il y a d’autres dates dans le calendrier. Chaque date a une ou des causes qui la provoquent. Je ne souhaite à aucun Président d’avoir un 23 juin. On n’est pas là pour le feu. Il faut créer les conditions d’un non 23 juin, c’est-à-dire la justice. Elle est la vraie démocratie. Le reste des intérêts du Peuple, c’est ça qui fait qu’il n’y aura pas un autre 23 juin. Vous pensez que les gens qui ont manifesté, qui ont pris des lacrymogènes, le font de gaieté de cœur ? Ce n’est pas une fête. Ce n’est pas un «khawaré».
Et les interdictions de marche ?
Les interdictions de marche, c’est un manque de sérénité. Quand quelqu’un demande une autorisation, tu mets les conditions sécuritaires, surtout que les gens ont voulu manifester pacifiquement. Si on ne manifeste pas de façon pacifique, on ne laisse aux gens que l’alternative de la violence. Et ce n’est pas ce qu’on souhaite. On a bien vu quels peuvent être les fruits de la violence autour de nous. Donc, ce n’est pas quelque chose à souhaiter. Par contre, quelle que soit la violence du propos, on doit laisser les gens s’exprimer. Il faut que les propos puissent s’entrechoquer. Il ne faut pas qu’il y ait seulement une seule personne qui décide. C’est là et seulement qu’on peut parler de la démocratie.
Est-ce qu’aujourd’hui on a les contre-pouvoirs qu’il faut pour contrôler le fonctionnement de l’Etat ?
Pour moi, le contre-pouvoir c’est chacun de nous. Chacun de nous doit prendre ses responsabilités. Soit on prend notre responsabilité, soit on la fuit. Nous sommes de la jeunesse. On ne délègue pas notre responsabilité. Nous la prenons, nous l’assumons. Il ne faut pas qu’on attende qu’un Sankara qui revienne. Moi, j’ai beau être un «Sankariste», je n’attends pas que Sankara revienne pour me faire ma révolution. Ma révolution je la mène chez moi dans mon endroit. Et puis, j’élargis. Et chacun doit accepter d’être le leader de sa révolution et pas les autres, la société civile. C’est qui la société civile ? C’est tout le monde. Moi je n’attends pas que quelqu’un vienne porter le drapeau pour que je vienne lui dire je suis derrière toi. Je ne suis pas un suiveur. Je ne veux pas suivre qui que ce soit. Je veux que chacun de nous soit leader et qu’on soit ensemble. Et quand on est ensemble, ça doit être sincère pour avancer.
Il y a une certaine révolution dans votre musique. Mais est-ce que vous êtes vraiment compris dans ce que vous faites dans votre monde ?
En tout cas j’aurais fait ce qui rend la paix, avec mon âme. Je dois être compris avec mon âme. Compris ou pas, je pense qu’à l’échelle de l’histoire beaucoup de gens qui ont pu impacté leur temps n’ont pas été compris quand ils faisaient des choses. Et très souvent, c’est bien après qu’on dise ‘’Ah, je comprends’’, merci pour ce que vous aviez fait. En tout cas, je n’attends pas des bravos, je n’attends pas des médailles.
Mais qu’est-ce qui vous motive alors ?
Ce qui me motive, c’est cet amour pour ce continent. J’ai eu la chance de faire 44 pays. Et dans ces 44 pays, je n’ai parfois que la preuve qu’on a le devoir de se battre parce qu’il est tellement beau, mais il y a tellement de challenges devant nous et c’est tellement beau de faire partie d’une génération qui aura mis une pierre à l’édifice de ce qu’on appelle l’Afrique libre, indépendante et souveraine et parce qu’on a bien vu qu’on a encore du travail à faire par rapport à notre souveraineté, qu’elle soit monétaire, militaire, économique ou énergétique. Il y a du travail. Donc si on croit à ce continent, on croit forcément à notre pays. On a le devoir de se battre pour ce pays et ça c’est pour moi la meilleure motivation qu’on peut avoir. En tout cas, moi c’est mon moteur. Et chaque fois, je n’ai que la preuve qu’on doit continuer.
En parlant de souveraineté économique, militaire ou énergétique, êtes-vous un militant de France dégage ?
Je ne suis militant de rien moi. Est-ce que tu m’as vu militant de quelque chose ? Je suis militant de l’Afrique. Je suis militant de l’abolition du franc Cfa
Pourquoi ?
C’est inquiétant qu’un Africain ose demander pourquoi. Aujourd’hui, aucun Africain ne devrait demander pourquoi on doit sortir du franc Cfa. C’est comme si tu demandes à un prisonnier pourquoi est-il important de sortir de prison. Nous avons une monnaie que nous utilisons, qui n’est pas la nôtre. Et nous avons tellement pratiqué le truc que nous sommes convaincus que c’est notre monnaie. Et quand nous voulons en parler, on nous dit non, c’est une discussion technique. Comme si nous ne sommes pas assez intelligents pour comprendre que cet argent ce n’est pas une monnaie que nous avons fabriquée, ce n’est pas une monnaie dont nous contrôlons la fluctuation, une monnaie que nous ne contrôlons pas. Nous n’avons pas la souveraineté monétaire financière. Eh bien, comment allons-nous faire de vrai business ? Si tu n’as pas la souveraineté dans ta poche, tu n’as pas la souveraineté dans ta maison. Et la main qui te donne à manger, c’est celle qui contrôle aussi tes volontés.
Il y en a qui disent aussi qu’on peut contrôler la monnaie, mais si on n’a pas une économie saine, on ne pourra rien faire...
Non, pour moi c’est un faux débat. Il y a des pays qui n’ont pas notre niveau d’économie, mais qui s’en sortent très bien avec leur monnaie. Les mauritaniens, vous pensez qu’ils se plaignent ? Les Ghanéens ? Je Didier Awadi, artiste Il fait partie des hérauts de notre jeunesse. Didier Awadi, rappeur connu pour son engagement, reconnu pour ses positions tranchées, est un patrimoine musical. Vêtu d’un tee-shirt blanc, le rappeur emprunte les «Marches du Quotidien» avec la même assurance, qui le caractérise sur la scène musicale qu’il fréquente depuis 30 ans. C’est l’âge du Positive Black Soul, qui va fêter cet anniversaire cette année. Ça ne le rajeunit pas, mais cette longévité sur les plateaux est due à son engagement pour le développement du continent. De la question du franc Cfa en passant par les Ape, les contrats pétroliers et gaziers, Awadi ouvre ces différents dossiers à la manière dont il arpente une à une les «Marches du Quotidien». Le style est décontracté, mais les mots ont toujours un écho révolutionnaire. «Le Pbs, au-delà de Awadi, Doug E Tee, c’est une philosophie de vie, d’un groupe de personnes, qui a cru à un idéal» «Le cafouillage médiatique au sommet de l’Etat par rapport aux contrats pétroliers nous pousse à penser qu’il faudrait une enquête séreuse.» www.lequotidien.sn 9 Le Quotidien n Lundi 24 Juin 2019 N° 4900 LES MARCHES DU QUOTIDIEN vais prendre le cas du Nigeria. Quand vous êtes milliardaire au Nigeria, vous avez des jets privés. Ici quand vous êtes milliardaire, vous avez des voitures. On nous dit que c’est une monnaie de singe. La seule différence, c’est que c’est eux qui contrôlent leur monnaie. Nous, on a une monnaie de singe qu’on ne contrôle pas. Bon ! Nous allons être milliardaires avec nos voitures. Ça fait toute la différence. Même le Cap Vert a sa monnaie. Et donc nous, on refuse de sortir dans la plantation. Parce que le maître nous donne à manger, le maître réfléchit pour nous, fait la monnaie etc. En tout cas, moi, je ne suis pas un «house negro». «I am a free negro», comme dit Malcom X. Il faut qu’on ait le courage quand même.
Est-ce la responsabilité de nos dirigeants ? C’est eux qui décident…
Ce n’est pas la responsabilité de nos dirigeants. C’est à chacun de nous d’assumer sa responsabilité. On met la pression. Quand le Peuple se lève, l’impérialisme tremble. Si nous nous levons et que nous disons ne plus vouloir de cette monnaie-là, tout le support de l’impérialisme tremblera. Et c’est ce qui s’est passé. Depuis 2006, il y a plein de mouvements pour «abolir». Aujourd’hui, la Cedeao commence à dire, «d’ici 2020, on va passer à notre monnaie», mais s’il n’y avait pas une pression populaire, penses-tu qu’elle aurait mis ça sur la table ? Je ne crois pas qu’un Président doit décider pour nous. Un Président, c’est quelqu’un à qui tu donnes un mandat de parler en ton nom. Et à qui tu mets la pression pour qu’il dise ce que tu veux dire. Parce qu’ils sont piégés. S’ils amènent ce débat, comme dit Sankara, la prochaine réunion tu ne les verras pas. Donc, c’est à nous de mettre la pression. Tu ne peux pas développer ton pays quand tu n’as pas 50% de tes ressources à ta disposition. Ce n’est pas vrai. Et tous les pays qui ont quitté le Cfa, (je parle des pays du Maghreb) sont aujourd’hui en réelle voie de développement. Nous, nous nous battons pour être les pays les moins avancés, pays pauvres très endettés. Et quand nous sommes déclarés Ppte, c’est la fête. Et il faut arrêter ces histoires «d’émergence» parce que pour moi, c’est une grosse escroquerie. Vous vous rendez compte que ces mêmes histoires de plan émergent, ce n’est pas nous qui avons décidé. Vous avez vu tous les pays qui ont exactement les mêmes plans. Tous ces pays (Ppte) attendent que le maître dise : «Bon, on avait mis Ppte, maintenant mettez plan émergent.» Et ils (occidentaux) donnent de l’argent au Président. Ils lui donnent des promesses. Et quand le gouvernement arrive pour dire que nous avons mille milliards, quelque temps après, il nous dit qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses de l’Etat. Mais où sont les mille milliards ou bien les deux mille milliards ? Et quand on nous dit il n’y a pas d’argent dans les caisses, c’est vrai. Aujourd’hui, tout monde tire le diable par la queue et réclame ses 400 mille.
Quels 400 mille ?
Les 400 mille dont tout le monde parle. Il suffit d’aller aux Allées du Centenaire pour comprendre (manifestation du mouvement Ar li ñu bokk). En outre, il paraît qu’il y a un business. S’il marche, j’aurai 400 mille F Cfa. Et comme je suis responsable d’une famille, si je prends la part de tout le monde chez moi, je sens que je serai en vacance aux Bahamas.
Vous parlez de la monnaie, c’est un combat. Entre autres combats, vous aviez eu à mener avec d’autres militants panafricains celui contre les Ape…
Les Ape, c’est la même chose. On nous dit, ouvrez vos frontières qu’on vienne vous violer ! Et puis, il y en a qui disent on a qu’à ouvrir, c’est-à-dire nous qui prenons les bateaux et les pirogues, c’est nous qui prenons les chaînes. Et les gens en qui nous avons confiance vendent notre avenir. Comme des gens sont train de dire : «Attention, des chaînes européennes sont en train de s’installer et c’est dangereux pour nos paysans.» Mais oui, ça va être dangereux puisque c’est nous qui ne voulons pas faire de la distribution, nous ne transformons pas nos produits. Nous laissons des produits concurrents subventionnés du nord venir nous violer. C’est nous même qui acceptons ça. Et puis, on est pressé d’aller signer. Pour peut-être individuellement, égoïstement, avoir des dividendes. Donc, nous avons un vrai problème. Les Ape, ça risque d’être la plus grande catastrophe pour des économies aussi faibles que les nôtres. Nous ne pouvons pas être en compétition avec l’Américain, ni avec l’Européen. Parce que notre tissu industriel, économique n’est pas assez fort, assez structuré pour qu’on puisse être en compétition avec eux. Si on avait atteint l’autosuffisance alimentaire … (Et je vois, il y a des choses qui sont en train d’être faites dans la vallée et ce n’est pas mal), mais on n’en est pas encore là. On est encore très faible. C’est une concurrence déloyale. A chacun d’entre nous de prendre pas nos responsabilités. C’est Zongo qui disait que les souris disent que le chat est dangereux, il faut qu’on fasse quelque chose. Alors quand il s’endort, on lui met une cloche pour s’échapper avant qu’il ne vienne. Le gars dit allez on va mettre la cloche sur le cou du chat. Bon, on dit maintenant toutes les souris sont là, qui va lui mettre la cloche, on ne voit personne, on attend les autres. Mais c’est qui les autres, oui les gars, on y va (rires). Il n’y a pas de «les gars on y va», vas-y, mais les gens ne se lèvent pas, mais pourquoi les gens vont se lever, toi déjà est-ce que tu te lèves ? Mais les gars ils ne vont pas à la marche. A la marche, il n’y avait personne. Oui, mais toi tu n’y étais pas allé. Les gens n’ont rien dit par rapport à l’affaire du pétrole, oui mais toi est-ce que tu as dit quelque chose (rires). Vous voyez on attend qu’il y ait de leader. Qu’est-ce qu’a dit Sonko sur le pétrole ? Ah oui, mais les gens ont dit, ce ne sont pas les gens, c’est toi, qu’est-ce que tu dis, ne délègue pas ta responsabilité. On rentre seul au paradis et on rentre seul en enfer aussi.
Les pays africains viennent de mettre en place la Zone de libre-échange (Zlec). Pensez-vous qu’il y a des chances pour que cela marche ?
Oh les libres échanges, ce n’est pas nouveau en tout cas. Dans l’espace Uemoa, Cedeao c’est là hein, libre circulation des personnes et des biens. Tout ça pour le moment ça ne marche pas vraiment. Parce que les réalités aux frontières font que chacun protège son espace d’une manière ou d’une autre ou bien ceux qui sont à nos frontières font du zèle ou excellent dans la corruption et donc ça ne marche pas beaucoup, mais c’est un bon départ. A l’échelle de l’histoire, il faut poser des jalons et nous on applaudit. C’est-à-dire il faut toujours regarder la charge positive ou celle négative.
Pour revenir à ce que vous disiez sur l’émergence, vous ne croyez pas au Pse ?
Moi je crois en moi, en ce Peuple, je ne crois pas qu’il y ait un plan qu’on a dessiné pour moi. Je crois en la lutte pour arriver à l’autosuffisance alimentaire, je ne crois pas à ces réformes-là. Déjà, on a qu’à régler l’autosuffisance alimentaire, la santé, l’éducation. Maintenant qu’on ne nous vante pas des plans dont je ne comprends rien et je ne suis pas sûr que l’argent soit dans les caisses de l’Etat et j’ai des doutes, sinon tous ces chantiers ne seraient pas à l’arrêt.
Quels chantiers ?
Beaucoup de chantiers tels que celui du train-là, il est à l’arrêt, ce n’est pas moi qui le dis c’est dans la presse (rires). Donc, s’il y avait autant d’argent que ça, si on était aussi riche que ça, on n’aurait pas tout ce scandale, il n’y aurait pas des ministères qui ont été ponctionnés tout au long de l’année. Il y a des ministères qui jusqu’aujourd’hui attendent qu’on mette en place leur budget. Renseignez-vous ! Donc le Pse, je me pose de sérieuses questions.
Vous êtes devenu solo, mais vous fêtez les 30 ans d’un groupe qui est emblématique. 30 ans après le PBS, quelle est l’évolution sur le plan de la musique, de votre carrière ?
Positive Black Soul, il faut comprendre, ce n’est pas des individus, ce n’est pas Awadi, Doug E Tee. Seulement audelà, c’est une philosophie de vie, d’un groupe de personnes qui a cru à un idéal de… (il coupe). C’était comme si on voulait à l’époque casser l’échelle mentale, on voulait montrer une autre image du jeune Africain, une autre image de l’Afrique. C’est une philosophie qu’on développe dans tout ce que nous faisons, que ce soit Awadi, Doug E Tee, etc., on est nombreux. Et beaucoup ne sont même pas connus, nous sommes que la partie visible. Mais c’est 30 ans d’une philosophie des jeunes qui ont déliré dans des petites chambres, dans la Sicap au moment où il y avait les évènements maures, et celui des années blanches, des années invalides, on arrivait, on a déliré, on avait une passion c’était la musique, le rap, le reggae, le basket, le football dans les quartiers, la belote. Bref, l’Afrique, Sankara, Kwame Kourouma, Cheikh Anta Diop, euh voilà c’était ça avec des grands frères de la gauche qui nous donnaient beaucoup d’idées, c’est le rêve d’une génération que nous célébrons. Awadi, Doug E Tee, solo, musique, groupe, non ! Nous fêtons l’évènement d’une génération qui s’est affirmée. Aujourd’hui, si tu prends des gens comme Tyson, pour moi c’est la génération PBS, quand tu dis génération «boul falé» c’est tout cela que ça représente. Et il y a beaucoup de gens, dans beaucoup de cadres différents qui sont… même au plus haut niveau de cet Etat. Il y a des membres de PBS, je ne vais pas dire qui, mais qui sont membres.
Ce sont des hommes de la gauche ?
Non, pas forcément
…Les idéaux de la gauche ?
Mais un projet de droite ne peut pas réussir en Afrique. La droite ça n’a pas de sens (rires). C’est pourquoi on ne peut pas réussir un projet imposé de droite quand on est en Afrique avec ses réalités, pas pour le moment en tout cas. Ça n’a pas de chance en tout cas. En Afrique, être de droite, c’est voilà quoi (rires).
Quelles sont les étapes qui vous ont marqué durant ces 30 ans là ?
Il y en a beaucoup. Il y a l’étape ou tu ne crois pas en toi, ou quand tu arrives dans une boîte tu veux chanter, on te dit, non, il n’y a pas de rap aujourd’hui. C’est quoi le rap d’ailleurs, et tu essaies d’expliquer c’est quoi le rap, on te dit, non, il y a des spectacles de danse, il n’y a pas de rap. Est-ce qu’on peut rentrer, on nous dit non, samedi prochain. Donc, tu te faisais virer partout. Même dans le studio, personne ne pouvait enregistrer parce qu’il ne comprenait pas. Déjà, tu viens on te demande tu fais quoi, tu réponds le rap, et on te dit c’est quoi le rap ? Ah c’est le truc des Américains là et vous, vous faites ça. Donc, c’est la période où on te vire et après celle où tu commences à cartonner dans les écoles, les petites boîtes de nuit, les spectacles etc. Il y a eu «Il y a de ministères qui jusqu’aujourd’- hui attendent qu’on mette en place leur budget, renseignez-vous. Donc, pour le Pse, je me pose de sérieuses questions.» 10 Le Quotidien n Lundi 24 Juin 2019 LES MARCHES DU QUOTIDIEN N° 4900 www.lequotidien.sn beaucoup d’étapes jusqu’au moment où tu sors un titre où tu parles un peu wolof. Et les gars disent ah ok donc c’est ça le rap, et on commence à t’écouter jusqu’au jour où on va en France en 1992 et les habitants de notre quartier nous entendent sur Rfi. Là, on était devenu des stars et je pense que c’est pour cela qu’on n’a jamais su vivre en Europe. Parce qu’on était pressé de revenir pour être vu comme des stars au quartier. Notre problème c’était revenir au quartier, c’était ça quoi. Parce que les gars nous ont entendus sur Rfi, tu te racontes, mais «teki nagn». Parce qu’il y avait Malick Boli Ba de Sound Système, l’autre venait de décéder et après c’est Claudy Siar qui a continué. Mais il y a eu plein d’étapes comme ça. L’étape où Baba Maal tenait un rapport avec les gens de Island records et on te fait voyager en première classe sur Air France, tu réalises qu’il n’y a que des toubabs et que toi tu es là on t’a prêté une veste pour passer parce qu’il fait froid à Londres voilà. Mais il y a eu plein de bons souvenirs. Il y a des souvenirs plus douloureux, mais tout ça on va le raconter dans un film. On est en train de faire un documentaire sur l’histoire de Positive Black Soul. Parce qu’on s’est dit que ça vaut quand même le coup d’être raconté. Parce que, on s’est rendu compte que l’impact n’était pas seulement au Sénégal, c’était partout en Afrique. Parce que c’est le premier groupe qui signait dans une grosse maison de disque africain, premier groupe africain et qui faisait le tour du monde. Nous, on ne s’est pas rendu compte, on a suivi la vague, c’est arrivé, c’est tombé sur nous, on a suivi. C’est peut-être cette jeunesse qui a fait qu’à un moment on a été obligé d’arrêter parce que chacun avait une personnalité, mais celle du groupe était beaucoup plus forte et plus importante aujourd’hui pour nous. Il y a eu beaucoup d’étapes. PBS c’est beaucoup d’étapes avec des moments où on a beaucoup rigolé, ceux où on a beaucoup pleuré. Mais c’est ça qui fait une vie d’homme, c’est tout cela qu’on célèbre quoi. Quand on te dit qu’on célèbre les 30 ans, c’est tout cela qu’on célèbre. Parce qu’au-delà de tout, il y a eu nos hauts et nos bas, mais la fraternité qu’il y a entre lui et moi, personne n’a su jamais toucher à ce socle. Et pour nous, c’est ça qui est le plus important.
Il ne me semble pas que malgré tout ce que vous racontez la star system ait pris le dessus sur vous, que vous restez le même gars de Sicap…
J’habite au même endroit, dans la même maison depuis 1980, et j’ai les mêmes copains. Pour eux malheureusement, je n’arrive pas à être une star encore j’ai tout essayé, mais je n’y arrive pas. Donc, quand je veux faire la star, ce sont les premiers à me dire tu arrêtes de faire le c**, donc, tu es obligé de rester toi-même. Non je ne crois pas en ça, je pense que quand on descend de scène le show est terminé. Quand on est sur scène on peut faire le malin des fois quand je monte sur scène les gars me disent boy on dirait que tu as bu, je dis j’ai fait le show, ça c’est sur scène, en dehors de la scène, le show est terminé. Eh donc, je ne crois pas en ça. Ceux qui sont dans ce système je les respecte, mais ce n’est pas mon truc. Je viens d’une culture plus reggae, plus panaf, non ce n’est pas mes codes.
Peut-être c’est l’éducation familiale ?
C’est peut-être l’éducation, mais aujourd’hui pour ceux qui me connaissent, qui connaissent la maison, ils savent que la mère est toujours là et je n’ai pas le droit de déconner. Et cela je pense que ça m’aide beaucoup et je remercie Dieu d’avoir cette maman qui, jusqu’aujourd’hui à chaque fois qu’elle estime que je déconne, me tire les oreilles. Quand j’écris des choses elle a peur. Par exemple quand Ndiaye sort, c’est la première à paniquer. Qu’est-ce qu’il va encore dire, j’espère que tu ne vas pas dire des bêtises, j’ai dit, ce n’est pas moi c’est Ndiaye (rires). Moi je ne suis que le maillon véhiculaire de la pensée de Ndiaye.
On a l’impression que vous produisez plus à l’étranger qu’à Dakar…
Je produis beaucoup au Sénégal, je produis à Dakar aussi. Hier (jeudi dernier) déjà, je me suis produis. Demain (samedi), je me produis. J’ai fait beaucoup de régions ces temps-ci. J’ai fait Matam, Podor Linguère, Ziguinchor, Joal. J’ai fait un peu tout, mais je n’ai pas craché dessus parce que dehors on m’appelle beaucoup. C’est parce que ça marche qu’on m’appelle ailleurs chaque fois que je suis là. En tout cas, j’essaie de jouer au maximum.
Est-ce que vous n’êtes pas plus une icône à l’étranger que chez vous ?
En tout cas je sais qu’à l’étranger je ressens beaucoup d’amour, mais on me le rend bien ici quand même. Je dois me dire que je remercie Dieu.
Vous n’êtes pas une star au Sénégal ?
Je ne me verrai pas comme une star nulle part. Je veux être un artiste respecté partout.
Peut-on parler de l’identité du rap sénégalais ?
Le rap sénégalais commence à avoir une identité. Il y a une langue dans le flow, et un certain rythme. On utilise beaucoup nos mélodies même dans la musique aujourd’hui. Il y a un nouveau son que la nouvelle génération est en train d’amener. Chaque génération amène un nouveau son. Le rap sénégalais est respecté pour ce qu’il est, pour ce qu’il a contribué en aidant l’histoire du rap mondial. Quand on parle de galsen hip-hop aujourd’hui, les mecs sénégalais sont respectés pour une contribution, pour un son. En tout cas moi, je sais que je tourne beaucoup et je tourne pour représenter mon pays. Et c’est justement parce que je viens avec un son différent, des influences locales. Même dans la mélodie par exemple, j’ai fait une reprise de Omar Pène Ndanan. C’est pour avoir cette mélodie locale que j’ajoute au reggae. C’est avec ça qu’on arrive à avoir une couleur locale. Aujourd’hui si vous regardez on a un nouveau beat qui est créé à base d’afro-pop avec des «tamas». Et tout ça commence à être un son nouveau pour les Sénégalais et ça commence à être très intéressant et la nouvelle génération a compris ça.
Il y a un Européen qui a dit que le rap sénégalais est comme celui polonais ?
Un Européen qui dit ça c’est qu’il n’a pas compris. Tu sais, il n’est pas donné à tout le monde d’être intelligent.
Est-ce que le wolof peut constituer une barrière pour celui qui veut faire une carrière solo ?
Nous on ne parle pas youruba, on danse des morceaux youruba. Donc la langue n’est pas un problème. C’est ce qu’on fait de la langue et comment on pose la mélodie sur la musique. Youssou Ndour a fait une carrière mondiale, il n’a pas chanté en anglais, mais en wolof. On l’appelle partout, Salif Keïta n’a jamais chanté en anglais ou en polonais. Il le fait en bambara et puis il cartonne. Il faut bien utiliser nos langues et nos mélodies pour faire de la belle musique et qu’elle soit respectée. Il n’y a pas de raison que ça n’explose pas partout dans le monde.
Est-ce qu’il y a toujours de l’engagement dans le rap sénégalais avec cette nouvelle génération ?
Non, je ne demande à personne d’être engagé. Si tu as envie d’être engagé, tu t’engages et tu assumes. Le fait d’être engagé veut dire que quand il y aura des bons business par exemple, les soirées de gala, ce n’est pas toi qui va venir. C’est ça être engagé. Moi j’ai fait mon choix, mais si je n’avais pas créé les conditions de mon indépendance, je me demande si j’aurais pu rester engagé 5mn. C’est très difficile, mais je pense que chacun fait son propre cheminement dans la vie et décide de s’engager ou pas. Mais dans les deux cas, je respecte celui qui veut être engagé ou celui qui ne veut pas. Mais je reste persuadé qu’au Sénégal, qu’on soit dans le rap ou dans les autres musiques, on a toujours un engagement social fort. Chaque fois qu’on a besoin que les artistes soient au côté du Peuple, qu’ils le veuillent ou pas, ils sont amenés à être porte-voix ; donc je ne désespère pas.
Les artistes musiciens réclamaient les droits d’auteur à la Sodav. Est-ce que c’est le cas chez vous les rappeurs ?
J’ai entendu cette polémique stérile. Au Sénégal on a eu la chance d’avoir un superbe texte de lois sur les droits d’auteur et sur les droits voisins. Et ce texte va changer la vie de tout le monde. Ce n’est pas seulement les auteurs qui auront des droits. C’est magnifique ce qui se passe. Maintenant la Sodav est en restructuration ; donc il y a eu des camarades qui n’ont pas compris un peu tout le processus et qui sont un peu pressés d’avoir les rétributions. Quand on faisait la distribution des droits avant, c’était sur des cassettes et Cd. Aujourd’hui, c’est plus digital. Ceux qui gagnent plus ce sont les dalal tones des religieux. Ils gagnent beaucoup plus que nous. On n’a pas vu venir. Ils ont compris que cela allait se passer. Pendant longtemps on l’a refusé. Mais je comprends. Ce débat est stérile parce qu’on aurait pu juste aller à la source de l’information. Mais je pense que la Sodav fait un excellent boulot et ce texte est une référence.
Il y a trois mois le projet mémorial Thomas Sankara a été présenté ici à Dakar par l’architecte burkinabè Francis Kéré. Et lors de cette cérémonie, il a appelé les Africains à le financer. Est-ce que vous avez pu récolter des fonds ?
Oui, il y a beaucoup de fonds qui sont récoltés. Je n’ai pas les chiffres, mais ce que je peux dire en tout cas, c’est qu’on a repris la statue de Sankara parce qu’on avait des problèmes sur la tête qui ne ressemblait pas à Sankara du tout. Cette semaine, je viens de recevoir une esquisse et cette fois-ci ça ressemble. Avec Kéré, c’est vrai quand on a émis l’idée du mémorial, c’est tout le monde qui est venu bénévolement. Mais il y a toujours un appel à tous ceux qui veulent soutenir. Ils peuvent encore le faire et on n’attend que ça. Il faut que ça soit des contributions volontaires et révolutionnaires.
L’actualité c’est aussi la décision du gouvernement français d’extrader François Compaoré dans l’affaire Norbert Zongo. Quelle est votre réaction ?
On applaudit puisqu’on ne peut pas attraper l’Ivoirien. Si on peut attraper le Burkinabè, eh bien on va le juger. Il faut que la famille de Norbert Zongo puisse faire son deuil, c’est votre collègue. Je rappelle qu’il a été tué, brûlé dans sa voiture. C’est horrible ce qu’on a fait et on n’a jamais ouvert sérieusement ce procès et il est temps que la famille puisse enfin faire son deuil. Qu’on sache qui est coupable et qui ne l’est pas. François Compaoré a été cité plusieurs fois dans cette affaire. Qu’il réponde à la justice ! Voilà c’est tout ce qu’on dit. En tout cas on a été heureux. Maintenant on attend seulement de le voir parce qu’entre ce qu’on dit et ce qui se passe, on attend vraiment qu’il arrive sur le territoire burkinabè.
«JE N’AI PAS TOUCHÉ UN FRANC DE FRANK TIMIS, NI REÇU UNE CRAVATE D’ALIOU SALL»
Pierre Goudiaby Atépa qui a révélé à la Dic avoir mis en contact Frank Timis avec les présidents Wade et Macky Sall, jure n’avoir touché aucun copeck
L’architecte Pierre Goudiaby Atépa a fait face hier aux enquêteurs de la division des investigations criminelles (Dic) dans le cadre de l’enquête sur l’affaire Pétro-tim impliquant Aliou Sall. Le président du mouvement Sénégal Rek, qui a révélé à la Dic avoir mis en contact Frank Timis avec les présidents Wade et Macky Sall, jure n’avoir touché aucun copeck. Il l’a fait par patriotisme. L’architecte demande aux Sénégalais d’arrêter de diaboliser Timis parce que, si les contrats sont mal négociés, on ne doit en vouloir qu’à nos autorités.
Le défilé se poursuit à la Division des investigations criminelles (Dic) qui a en charge l’enquête sur l’affaire Petro-tim. Hier, c’était le tour de l’architecte Pierre Goudiaby Atépa de passer devant les enquêteurs. Ces derniers veulent savoir si le président du mouvement Sénégal Rek a eu à bénéficier de primes de Frank Timis pour l’avoir mis en rapport avec Me Abdoulaye Wade et Macky Sall. «L’audition s’est bien passée et j’attendais cela depuis longtemps. Je me suis réjoui devant les enquêteurs que le Sénégal s’est organisé pour éclairer la lanterne du peuple sur cette affaire. L’affaire est importante et délicate», a confié Pierre Goudiaby Atépa à la sortie de son face-à-face avec les enquêteurs. L’architecte n’a pas caché ses relations avec l’homme d’affaires Romain qu’il a présenté au président Wade et à son successeur. «Je n’ai pas touché un seul franc de Frank Timis pour l’avoir mis en contact avec les deux chefs d’Etat. Non plus, je n’ai pas reçu une cravate d’Aliou Sall, ni de Frank Timis. J’ai fait cela en ma qualité de conseiller spécial du président Wade. C’est moi aussi qui avais présenté Me Wade aux Indiens pour les bus Tata, alors que je ne suis même pas un président de conseil d’administration.
Je l’ai fait par patriotisme», a soutenu l’architecte. Il avoue avoir convaincu l’ancien président Me Abdoulaye Wade de signer l’accord avec Frank Timis. «Je lui avais dit que s’il le laissait partir, il allait aller forer chez nos voisins ; et s’il va siphonner, il ne fera de notre pétrole», a révélé Pierre Goudiaby Atepa.
Interpellé sur la mauvaise réputation de l’homme d’affaire Romain qu’il a présenté aux chefs d’Etat, l’architecte demande aux Sénégalais d’arrêter de le diaboliser. «Sa réputation importe peu dans cette affaire. C’est à nous de savoir bien négocier et de gérer nos ressources naturelles. Il faut voir les rapports de la Banque mondiale et du FMI en 2012 sur Frank Timis. Il avait une société cotée à la bourse de Londres. Les gens racontent du tout. Je ne prends pas la défense de Timis ; mais maintenant que les gens ont mal négocié les contrats, ce n’est pas la faute de Timis», renseigne M. Goudiaby.
«SI TIMIS ARRVE à NEGOCIER DES CONTRATS DE 10 MILLIARDS DE DOLLARS, C’EST QUE NOS AUTORITES SONT DES INcCOMPETENTS…»
Pour dire que si les Sénégalais se sentent bernés dans les contrats pétroliers gaziers, ils doivent en vouloir à nos autorités. «Même si Timis a une réputation sulfureuse, s’il arrive à négocier 10 milliards de dollars, c’est que nous (Ndlr, nos autorités) sommes des «Thiounés» incompétents», fulmine-t-il. Cependant, au-delà de cette agitation sur les contrats pétroliers et gaziers, Pierre Goudiaby Atepa pense que c’est le moment de voir comment réorganiser le secteur des ressources naturelles. «Est-ce qu’il faut se contenter de nos 10% ? je pense que non. Il faut y réfléchir pour voir comment renégocier les contrats pour que l’intérêt du Sénégal prime. Je pense à une coopération approfondie avec par exemple l’Arabie saoudite, le Brésil, etc. je souhaite que les autorités s’approchent de ces pays pour bénéficier de leurs expériences», indique Pierre Goudiaby. Par ailleurs, le président du mouvement Sénégal Rek interpelle le peuple sur la pauvreté dans laquelle se trouve le Sénégal. «Nous avons de l’or, du pétrole, du gaz, du zircon, etc. bref toutes les ressources naturelles, et on est toujours pauvre.
C’est inadmissible. Les Sénégalais ne doivent pas accepter cela. On est très riche, mais on est parmi les plus pauvre de la planète», s’offusque l’architecte. Il pense que le régime de Macky Sall ne doit plus nous parler du Plan Sénégal Emergent(PSE), mais plutôt du plan Sénégal développé (PSD) avec la découverte du pétrole et du gaz. «S’ils ne sont pas capables de développer le pays, ils n’ont qu’à débarrasser LE plancher», déclare l’architecte.