Le bilan du chavirement de la pirogue, qui a eu lieu, ce dimanche dans la localité d’Eloubaline, dans le département d’Oussouye, a évolué.
On fait état de 8 morts dont deux femmes et quatre enfants et 24 rescapés. Il y a encore des portés disparus et les recherches se poursuivent toujours. Les victimes revenaient d’une cérémonie funéraire divinatoire communément appelée «Afouka». Une cérémonie toujours en vogue dans le Moff-Avvi et dans le Essing. C’est au retour de cette manifestation traditionnelle au niveau de la presqu’île d’Eloubaline que la pirogue qui avait à son bord plusieurs passagers venus d’horizons divers s’est chavirée ; occasionnant du coup, huit morts et vingt rescapés. Aux dernières nouvelles les recherches ont été arrêtées avec la découverte du dernier corps.
CHEIKH ET MAT !
Longtemps, il a été un prophète du profane et le Cheikh d’affirmation d’une jeunesse-désespoir - Il vivait trop près du soleil et s’est longtemps cru intouchable - À 80 ans, le guide religieux voit sa vie basculer dans les abysses
Marié à 7 femmes, père de plusieurs enfantas, Cheikh Béthio Thioune a été condamné à 10 ans de travaux forcés par la chambre criminelle Tribunal de grande instance de Mbour. A 80 ans, il est dans les sombres abysses après avoir tutoyé les étoiles.
Il vivait trop près du soleil et s’est longtemps cru intouchable. Pour non-dénonciation de crimes, Cheikh Béthio Thioune a été condamné hier à 10 ans de travaux forcés par la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour. A 80 ans, le guide religieux voit sa vie basculer dans les abysses. Après qu’elle a touché son Everest. Chef d’une entreprise florissante (les thiantacounes), M. Thioune a toujours eu cette attention extrême portée tant à ceux qui l’entourent qu’à ses propres fantasmagories, le laissant étourdi et émerveillé par sa propre personnalité. Où se trouve la frontière entre le réel et l’imaginaire ? Entre sa vie et celle de ses talibés ? Si, ces dernières années, il est au bord de l’effondrement, on a supposé un homme exceptionnel, une divinité en chair fraiche, un puits de dévotion sans fond pour ses disciples, un leader aussi crédible que son marabout mais aussi un Cheikh sans frontières (11 millions de talibés) et surtout un bienfaiteur invétéré. Avec une amusante propension à l’exhibitionnisme. On se souvient de ses séances publiques de Thiant teintées de provocation gothique et de scarifications personnalisées et transformées en show aguichant. L’homme, comme investi d’une mission, est devenu une messe courue par les jeunes.
Face au Béthio d’aujourd’hui, tout se complique : car, il ne cesse de couvrir de boue l’idole qu’il «fut» pour ses (ex) disciples avec ces actes indicibles. Longtemps, il a été un prophète du profane et le Cheikh d’affirmation d’une jeunesse-désespoir. A ce jeu, il a été leur guide suprême pendant plusieurs décennies. Lui aussi a été rattrapé par le côté pervers du pouvoir. Grisé par son aura et son succès, Béthio Thioune contemplait son monde avec mépris et arrogance. Ecartelé entre ses aspirations religieuses, financières et politiques, l’ex-«souverain de Mermoz et de Médinatoul Salam» a chuté de son olympe. De façon tragique. Comme Jekyll ? Fasciné par son pouvoir, sa propre personnalité incarnait pourtant depuis quelques années un succès répugnant. Ces dernières années, Béthio Thioune est devenu un ambivalent, tenté par le bien et le mal : attaques contre les convois des hommes politiques, provocation électorale, religieuse et confrérique, mariages sans consentement parental, scènes de meurtre dans ses propres locaux. Est-il le dieu et le diable ? Il n’aime que les extrêmes et l’intensité qui déchirent. On a longtemps cru que Cheikh Béthio Thioune est une existence sans désaccords. Béthio s’est étalé totalement dans la rue. Une chute aussi spectaculaire que sa notoriété !
Grandeur et décadence
L’histoire est aussi faite de coïncidences. Cette affaire de Médinatoul Salam le rattrape alors qu’il s’était investi dans la campagne de Me Wade. Béthio, qui revendiquait 5 millions de talibés, engagés pour la réélection du Président sortant de 2012, remarquera que sa réputation est surfaite après la défaite de son candidat. Cela sera accompagné par l’érosion de son aura et de sa réputation. Tout s’écroule le 22 avril 2012. Bara Sow, 37 ans et Ababacar Diagne, 40 ans, sont tués de manière abominable à Médinatoul Salam, où il étalait sa toute sa puissance. Fini tout ça ! Le bouillant guide des thiantacounes est ramené à sa position de simple citoyen, de simple justiciable qu’on expédie en prison sans tambours ni trompettes. Les chefs d’inculpation sont lourds :
complicité d’homicide, recel et inhumation de cadavres sans autorisation, détention d’armes sans autorisation et association de malfaiteurs. Exit le puissant guide religieux. Depuis 7 ans, M. Thioune vivait dans un sursis permanent, après avoir réussi à saboter son miracle de ses propres mains. A ses pieds est inscrite désormais une date historique : 6 mai 2019. Le jour où il a été condamné aux travaux forcés avoir été reconnu coupable de non-dénonciation de crimes.
Il ne devait pas ignorer les risques. Administrateur civil de classe exceptionnelle, M. Thioune est un énarque à la retraite. Il a servi dans la haute administration avant d’étrenner son titre de Cheikh en 1987. Mais l'empreinte de M. Thioune se retrouvera bien au-delà de sa vie de fonctionnaire. Il atteint l’Everest dans ses nouveaux habits de guide religieux sans formation coranique. Chambellan de Serigne Saliou Mbacké, cinquième khalife général des mourides, décédé en 2007, qu’il côtoyait à l’âge de 8 ans, Thioune a réussi sa reconversion grâce à cette proximité. Elle lui a apporté la respectabilité et l’influence dans le monde politico-religieux. Son succès l'a installé comme une figure du paysage religieux vénéré et comparé aux hommes sanctifiés du Mouridisme. A la barre du Tgi de Mbour, Adja Déthié Pène, sa septième épouse, a dit que «Cheikh Béthio est Serigne Touba». Grosse provocation ?
«J’ai eu mal quand j’ai entendu l’une des épouses de Cheikh Béthio Thioune dire que Cheikh Béthio, c’est Cheikh Ahmadou Bamba. J’ai dit que là, c’est allé trop. Cheikh Béthio n’est pas Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Ahmadou Bamba n’est pas Cheikh Béthio. Cheikh Ahmadou Bamba était à un autre degré beaucoup plus élevé, beaucoup plus spirituel. Dire que Cheikh Béthio est Serigne Touba, c’est une offense à la communauté mouride, c'est un manque de respect, c’est une offense à Cheikh Ahmadou Bamba, qui n’est pas Cheikh Béthio Thioune, quel que soit le respect et la considération que j’ai pour lui. Cheikh Béthio Thioune ne peut pas être Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Ahmadou Bamba ne peut pas être Cheikh Béthio», réplique Me Khassimou Touré. Jugé par contumace, Cheikh Béthio est sans doute en train d’échafauder un plan pour sortir de cette galère judiciaire, après avoir longtemps carburé pour les honneurs de la vie quotidienne, la propension à profiter de ses opportunités les plus ordinaires jusqu’à en être aviné. Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne.
LES FAMILLES DES VICTIMES DECUES
C’est une grande déception que les familles des victimes ont ressentie au sortir du procès du double meurtre de Médinatoul Salam.
Les sentiments ont été partagés après le délibéré du verdict du procès de l’affaire dite de Médinatoul Salam. Si les familles des victimes ont refusé de se prononcer, pour avoir été déçues d’une justice « à la solde des nantis », l’avocat de la partie civile, Me Khassim Touré, par contre, se réjouit d’avoir eu gain de cause. Et pour la défense, le verdict du procès est amer.
C’est une grande déception que les familles des victimes ont ressentie au sortir du procès du double meurtre de Médinatoul Salam. Les proches parents et amis des deux victimes, Bara Sow et Ababacar Diagne, ont refusé de parler à la presse au sortir de la salle d’audience. Pendant que la presse faisait des interviews, Moussa Sow, le frère de Bara, avait le téléphone scotché à l’oreille alors que les autres membres de la famille ne cessaient de rouspéter contre la décision prise par la chambre criminelle. «Au Sénégal, faire appel à la justice, c’est peine perdue ; surtout lorsqu’on est faible. On fait semblant de rendre justice, mais ce n’est qu’une parodie pour calmer les ardeurs», rouspète un jeune, visiblement très frustré.
Evitant la presse à tout prix, il va demander à Moussa Sow de ne pas accorder une interview aux journalistes. De même que Ndèye Penda Fall, la mère d’Ababacar Diagne qui, après une brève concertation avec des membres de sa famille, a demandé d’être excusée. Mais Me Khassimou Touré tempère en ces termes : «Il faut d’abord rendre grâce à Dieu qui nous a permis de vivre ces moments historiques». Avant de poursuivre : «Nous avons assisté aujourd’hui à une bonne et saine application de la règle de droit; le droit a été dit et bien dit, les coupables ont été condamnés. Ce n’est pas l’argent qui nous intéresse, quel que soit le montant qui serait alloué, même si c’était le franc symbolique. Nous avons aujourd’hui un sentiment de soulagement, un sentiment d’humilité ; un sentiment de satisfaction parce qu’ils ont été sauvagement tués. Ils ont été ensevelis comme des Tutsis ; mais le tribunal dans son impérium, après avoir écouté toutes les parties et le ministère public qui a joué sa partition conformément aux règles de l’art, ce tribunal a décidé du sort des uns et des autres. Le tribunal a fait un tamis», estime l’avocat de la partie civile.
Pour Me Touré, arriver à faire condamner le tout-puissant guide des Thiantacounes est une «décision satisfaisante».Et même si certains condamnés font appel, l’avocat de la partie civile promet qu’il ne va pas lâcher prise. « Nous serons encore là. Nous allons poursuivre ce dossier jusqu’au bout. Ce qui m’intéresse, c’est que la voix des parties civiles soit entendue et à l’occasion de ce procès, la voix des parties civiles a été entendue et c’est l’essentiel. En définitive, la règle de droit a été dite et bien dite. Nous avons gagné le procès, c’est évident, mais pas de triomphalisme béat. Nous avons gagné dans l’humilité. Nous garderons toute notre modestie parce que nous continuons à pleurer nos morts. Aucun centime, aucun montant ne peut remplacer les vies d’Ababacar Diagne et deBara Sow. Mais pour l’essentiel, la décision qui a été rendue est une bonne décision pour les parties civiles parce qu’il y a aussi bien sanction privative de liberté que sanction pécuniaire», ajoute-t-il.
LA DEFENSE S’OFFUSQUE
Pour la défense, le verdict a été une déception totale. Selon Me Dieng, un des membres du pool d’avocats, le guide des Thiantacounes ne doit pas être condamné à 10 ans de travaux forcés, du moment qu’il a été acquitté du délit d’association de malfaiteurs. «Je relève avec l'assistance que Cheikh Béthio Thioune a été acquitté du chef d'association de malfaiteurs. Ce qui veut dire qu'il n'y a jamais eu de sa part une entente préalable avec d'autres en vue de commettre des crimes ou des délits. Ensuite, Cheikh Béthio Thioune a été acquitté par le tribunal du chef de recel de malfaiteurs. C'est à dire qu'il n'a pas essayé de soustraire les concernés dans cette affaire à l'action de la justice. Comment ces 2 décisions d'acquittement peuvent cohabiter avec une complicité de meurtre, même si c'est un meurtre simple et non un meurtre avec acte de torture et de barbarie ? Comment deux décisions d'acquittement peuvent cohabiter avec la complicité de meurtre et la complicité de la non dénonciation de crime. A mon avis, la lecture qu'on peut faire de cette décision est que peut être quelque part, en respectant son droit, le juge a mal appliqué les dispositions du code de procédure pénale. J'ajoute, et il l'a dit, que compte tenu de son âge, il n'y aura pas d'exécution de la contrainte par corps.
Mais pour moi, cette décision n'est pas satisfaisante», regrette Me Dieng. C’est pourquoi l’avocat soutient que le condamné Cheikh Béthio dit Cheikh va fouler le sol sénégalais dès qu’il se sentira mieux pour se présenter devant la barre, afin que le tribunal revienne sur sa décision. «Cheikh Béthio Thioune a été jugé par contumace. La procédure de contumace ne m'autorise pas à exercer le droit d'appel. Mais, croyez le bien, Cheikh Béthio Thioune qui est malade, hospitalisé, reviendra immédiatement au Sénégal dès que sa santé le lui permettra et ensemble, devant le peuple sénégalais, nous démontrerons son innocence. Parce que, sauf considération subjective, nous estimons que sa culpabilité n'a jamais été prouvée en l'espèce. Cheikh Béthio Thioune est un homme pacifique et il ne devait pas être condamné à 10 ans de travaux forcés», rassure son conseiller juridique.
DÉCÈS DU PÈRE DE RAMA YADE
L'ancienne ministre française qui depuis quelques mois travaille à la Banque Mondiale à Washington est attendue à Dakar ce samedi matin pour participer aux différentes cérémonies familiales
L’ancienne ministre française du gouvernement de Nicolas Sarkozy, Rama Yade a perdu son père Djiby Yade dans la nuit de jeudi à vendredi. Le défunt sera inhumé ce vendredi 3 mai 2019 à Ouakam.
Djiby Yade était membre du cabinet de Senghor puis de Diouf. Il avait suivi Senghor en France après la retraite du premier Président du Sénégal.
Rama Yade qui depuis quelques mois travaille à la Banque Mondiale à Washington est attendue à Dakar ce samedi matin pour participer aux différentes cérémonies familiales liées au décès de son père.
LA DEFENSE DE BETHIO PLAIDE LA CLÉMENCE ET L’ACQUITEMENT
Lors de leurs plaidoiries, les conseils de la défense ont tenté de disculper leurs clients lourdement chargés par le procureur qui a requis la prison à vie contre le guide des Thiantacounes
Le pool d’avocats des présumés meurtriers de Bara Sowet de Ababacar Diagne a demandé la clémence de la justice, avant-hier mardi. Lors de leurs plaidoiries, les conseils de la défense ont tenté de disculper leurs clients lourdement chargés par le procureur qui a requis la prison à vie contre le guide des Thiantacounes.
Les avocats de la défense ont plaidé pour l’acquittement de leurs clients concernant les délits d’association de malfaiteurs, de recel de cadavre, de recel de malfaiteurs, d’homicide aggravé et de complicité de meurtre avec actes de tortures et barbaries. Toutefois, ils ont plaidé coupable pour l’inhumation sans autorisation administrative. C’est l’avocat de Moussa Diéye poursuivi pour association de malfaiteurs, homicide aggravé, recel de cadavre et inhumation sans autorisation, qui a plaidé le premier en avouant la culpabilité de son client pour le dernier chef d’accusation. Selon Me Adama Fall, la justice ne doit pas suivre la vindicte populaire qui demande à tout prix le sang et le sensationnel. «Cette douleur ne doit pas nous faire sortir des chantiers et des limites de la justice pour appréhender chacun et le condamner à la hauteur de la faute qui a été commise. Certes il y a eu une douleur, mais cette douleur ne doit pas justifier des demandes faramineuses. L’objectif est clair, ce n’est pas d’obtenir une réparation, mais plutôt une demande sans discernement d’une perpétuité», a déclaré Me Fall qui demande au juge d’élaguer certains chefs d’accusation, sauf l’inhumation sans autorisation. A ce sujet, dit-il son client a fait son mea culpa.
ACQUITTEMENT
Pour sa part, Me Souleymane Diallo a fait recours à la même procédure de défense. A l’en croire, Ali Diouf ne peut être poursuivi que pour avoir aidé Khadim Ndélla à cacher l’arme du meurtre. «Durant toute la procédure, aucun témoin ne l’a désigné comme ayant pris part à la bataille. Pour ce qui est de Mame Balla Diouf, il a reconnu avoir participé à l’inhumation». Djibril Wélé, avocat de Serigne Saliou Barro, Me Mame Tiaba Ba, conseil de Cheikh Faye, Me El hadj Amadou Ndiaye, avocat de Mohamet Sène, Me Bassirou Samb, avocat de Mamadou Hann dit Pape, Me Boubacar Ndéne, conseil de Pape Ndiaye, Me Faty, avocat de Cheikh Faye, Me Abderrahmane Sow alias Lénine, avocat de Cheikh Faye et Serigne Khadim Seck, Me Moustapha Dieng, avocat de Serigne Saliou Barro et Ali Diouf ont unanimement rejeté les délits d’association de malfaiteurs, homicide aggravé, recel de cadavre. Pour Me Mamadou Moise Ndior, on entend par association une pyramide de malfaiteurs qui s’est constituée, dont le guide des thiantacounes est au sommet, et suivie par Cheikh Faye son chambellan et enfin le reste de la troupe. Or, explique l’avocat, «c’est une bataille rangée, instantanée, qui s’est passée au soir du 22 avril à Médinatoul Salam».Allant plus loin, Me Abderrahmane Sow dit que le jour des faits «les éléments de la gendarmerie ont posé des questions à Béthio auxquelles Cheikh Faye a répondu. Mais au moment des faits, Cheikh Faye n’était pas au courant ; car le gendarme a demandé s’il y avait des blessés, et non des morts. Malheureusement, les gens ont tendance à faire une mauvaise traduction du wolof car «ganiou» en wolof peut signifier blessé ou mort».
ATTAQUE CONTRE LE PARQUET
Me Abderrahmane Sow, qui défend Cheikh Faye et Serigne Khadim Seck, s’en est pris au procureur en l’accusant de tenter d’influencer l’opinion publique dans son réquisitoire. «L’option du parquet est d’amener le tribunal à capituler face à une demande sociale qui a été empestée par la presse qui a su utiliser les mots émotionnels pour qualifier la perte de vie de Bara Sow et de Ababacar Diagne », s’indigne-t-il. En matière criminelle, argue Me So, la responsabilité est individuelle. «Donc c’est malheureux pour le procureur de dire que tous ont participé, donc ils seront tous condamnés. Il appartient à la justice de dire qui a fait quoi et de déterminer le rôle de chacun avant de sanctionner. A l’en croire, le présumé tireur n’est pas l’auteur de la mort de Ababacar Diagne. «Dans le certificat médical, il est établi que 3 balles de diamètre 3mm ont été extraites au niveau de l’avant-bras droit du sieur Diagne. La balle d’1mm qui n’a pas pu traverser la peau, ne peut en aucun cas traverser la chair et les os pour arriver au niveau des poumons. Ce sont les coups ayant fracturé sa tête qui ont causé la mort de la victime. La cause directe, c’est la fracture de la boite crânienne», a plaidé Me Sow.
«CERTAINS JEUNES MUSICIENS SONT PARTISANS DE MOINDRES EFFORTS »
«Autour de minuit », initié par le choriste Abdoulaye Cissokho se déroule à l’Ici sur l’ile Saint-Louis, dans le quartier Nord.
Saint-Louis est depuis quelques jours le lieu de convergence des artistes, musiciens, compositeurs et producteurs. ils sont nombreux à rallier la capitale du nord pour les besoins de la vingt-septième édition du festival international de jazz de Saint-Louis à la place Faidherbe, d’After jazz au Tennis club ou «Autour de minuit» à l’institut culturel et linguistique ex ccf. Pour ce dernier lieu, un vibrant hommage a été rendu à Habib Faye. Fallou Dieng a servi une belle prestation lors des oFF du Festival de Jazz 2019. Sur un autre registre, il demande aux acteurs politiques, culturels, de montrer la bonne voie aux jeunes générations en « perte de repères».
«Autour de minuit », initié par le choriste Abdoulaye Cissokho se déroule à l’Ici sur l’ile Saint-Louis, dans le quartier Nord. L’initiateur est lui aussi orphelin de son ami Habib Faye avec qui il avait monté le projet « Autour de minuit». Il a tenu à jouer à la mémoire du regretté bassiste sénégalais. Mais, le clou a été la prestation de Fallou Dieng. « L’ambianceur » de la musique sénégalaise a égayé le public, venu nombreux assister à sa prestation empreinte de tristesses, mais aussi de dignité et de joie. Joie d’entendre ces belles mélodies bercer le public. L’ancien lead-vocal du Groupe Lemzo-Diamono n’a pas tari d’éloges sur le défunt Habib Faye. « Je suis venu à Saint-Louis pour rendre hommage à Habib Faye et soutenir Abdoulaye Cissokho. Je suis très content d’être à Saint-Louis, une ville chargée d’histoire et de civilisation. Cet hommage est à la dimension de l’homme qui constitue une grande perte pour la musique sénégalaise et africaine. Habib Faye a marqué de son empreinte le festival. Nous nous réjouissions de cette belle initiative d’Abdoulaye Cissokho. Il est une légende et est l’un des meilleurs bassistes du Sénégal et de l’Afrique. C’est un monument de la musique sénégalaise. La jeunesse doit perpétuer son œuvre», a déclaré Fallou Dieng, précisant qu’Habib avait une « idée progressiste ». Se prononçant sur la musique sénégalaise, il estime que les jeunes musiciens doivent œuvrer pour maintenir le cap. Selon lui, les choses ne marchent pas comme il se doit. « La musique sénégalaise est en perte de vitesse. Il n’y a plus de marché, ni de producteur. La technologie a tout gâché. Les jeunes doivent travailler davantage pour exporter notre musique comme les autres de la sous-région. Les Maliens croient en leur tradition et leurs sonorités. Leur album local constitue celui international. Ils vendent bien leur musique contrairement aux jeunes sénégalais qui n’ont même pas encore franchi le seuil de la porte. Ils doivent redoubler beaucoup d’efforts», a martelé Fallou Dieng. Pour lui « il faut aller vers l’autre : Enracinement et ouverture ». Dépité, il dénonce la nonchalance de certains artistes. « La musique sénégalaise est bloquée du fait du manque de volonté des jeunes dont certains sont des Partisans de Moindres Efforts (Pme) et des Partisans de Moindres Intelligences (Pmi) », se désole-t-il. Parlant du mbalakh, il déclare : « Notre musique nationale a perdu de son élan. Il faut trouver des palliatifs. Le mbalah nous appartient ».Leader d’opinion, Fallou Dieng pense que les parents doivent prendre leur responsabilité. « Ils doivent éduquer leurs enfants qui sont obnubilés par internet. Jadis, tout était naturel. L’éducation de base est importante. Les politiciens doivent être des références pour les jeunes générations. Tout doit être revu au Sénégal car tout est bloqué », a déploré Fallou Dieng pour qui, l’avenir de la musique est « compromis » du fait du laxisme des acteurs
«OUI, JE SUIS FÉMINISTE ET ALORS ?»
Artiste engagée, celle qui se considère comme une Sénégalaise Gnak, Moona, n’a pas sa langue dans sa poche. Elle sera en concert demain au CCF et nous l’avons rencontrée pour échanger. Propos d’une jeune dame qui se livre sans mettre de gants
Je suis une artiste chanteuse qui fait du rap. C’est le rap qui est la ligne directrice de ma musique. Mais il y a beaucoup d’ambiances qui tournent autour. Sinon, c’est de la traq, de l’afro traq, du rap beaucoup plus classique et aussi tout ce qui est ambiance africaine. Il y a aussi des sonorités qui sont très jazzy et très soul. Bref, je m’amuse dans ma musique et je m’y éclate beaucoup. Cependant, la ligne directrice reste et demeure le rap.
Demain vous serez en concert à l’Institut Français Léopold Sedar Senghor…
Oui ! Et je suis impatiente de retrouver le public samedi prochain. Ce sera un show cent pour cent live. Je vais jouer avec mes musiciens avec lesquels je travaille depuis des années et j’espère que les gens vont venir très nombreux. Ce qui nous permettra de partager ensemble et de communier ensemble. Et c’est vraiment une date à retenir
Que représente alors pour vous cette date ?
C’est quand même quelque chose de très important pour moi. Parce que, mis à part quelque festivals que je fais à l’extérieur et où il y a plusieurs têtes d’affiche, pour ce concert, il s’agit vraiment de mon vrai premier concert. Celui de Moonaya à Dakar. Ce sera sans première partie. Mais du Moonaya et vous aurez mon répertoire décliné dans son ensemble. C’est vrai que j’ai beaucoup joué dans des bars -restos et piano- bars. Mais là, je viens sur une scène pour un spectacle sons et lumières. Ce sera vraiment mon premier vrai concert à Dakar et c’est une date vraiment importante à mes yeux. C’est aussi une consécration parce que cela fait des années et des années que je suis dans ce milieu et que je travaille. Pour moi, c’est l’aboutissement de quelque chose même si ce n’est qu’une étape parce qu’on espère aller encore et encore plus loin. C’est vraiment l’aboutissement d’un travail de longue haleine qui s’est fait dans les coulisses.
Qu’en sera- t-il pour le spectacle?
Je vais vous présenter avant tout de la bonne musique parce que j’adore la formule « Live ». C’est vrai que le rap a une configuration qui lui est propre. A savoir : micro platine Dj et quelquefois des danseurs. Mais en ce qui me concerne, j’aime vraiment le son des instruments. Ainsi vous aurez de la musique. Je vais vraiment partager mon monde avec les gens. Et mon monde, c’est quoi ? C’est beaucoup de militantisme. C’est beaucoup d’amour et aussi beaucoup de doute car on ne peut pas s’empêcher de nous poser des questions sur l’éventualité d’un succès ou d’un échec. C’est aussi beaucoup d’espoir. C’est vraiment tout cela qui constitue mon monde. C’est l’être humain que je suis. C’est la sœur, la mère, l’amie que je suis. Et c’est tout cela que l’on va retrouver dans mon spectacle. Tout cela enrobé dans des ambiances musicales.
Et beaucoup de surprises certainement sur scène…
Oui, mais je préfère garder les choses et vous faire la surprise. Forcément, ma scène pourra être partagée avec tous ces hommes qui m’ont accompagnée durant ces quinze dernières années que je suis dans le hip hop et qui vont prendre le micro. Je vais forcément les inviter sur scène. Je le fais car il faut rendre à César ce qui appartient à César. Je ne peux pas trop m’épancher la -dessus. Mais ce que je peux dire pour l’instant, c’est que ce sera au top et il faudra y être. On aura rarement vu des spectacles de cette qualité- là à Dakar.
Vous avez également produit tout récemment un single…
C’est un morceau qui va faire partie de l’album que je vais sortir bientôt InchAllah! Il est tiré d’un célèbre discours de Malcom x qui s’intitule « Who to teach to hate youself ». C’est un discours qui a été prononcé il y a plus de cinquante ans, mais qui est toujours d’actualité. C’est vraiment ce qui est grave. Car en un demi-siècle, les choses sont toujours les mêmes. On est toujours dans le rejet de ce que nous sommes vraiment. Que ce soit notre couleur de peau ou la forme de notre nez. On établit des critères de beauté qui sont occidentaux, qui sont caucasiens et qui ne sont pas du tout les nôtres. Il faut qu’on arrête de regarder dans les yeux des gens. C’est également la dénonciation d’un système qui est là. Celui-ci t’a appris à te détester. Il faut vraiment se battre contre certaines réalités du système. Moi, il y a des phrases « bateau » que je n’aime pas du tout. Du genre, c’est le noir l’ennemi du noir etc. Qui vous a appris à détester la nature de vos cheveux ? Qui vous a appris à détester la couleur de votre peau au point que vous vous éclaircissez la peau pour ressembler au Blanc ? Qui vous a appris à détester la forme de votre nez et de vos lèvres ? Qui vous a appris à vous détester vous-même de la tête aux pieds ? » Ce sont ces interrogations qui rythment les paroles de mon texte.
Vos thèmes sont souvent forts.
Je suis musicienne depuis mon enfance. Mon père était mécène et mélomane. Il m’a fortement encouragée avant de nous quitter. J’ai toujours baigné dans la musique même si cela m’a un peu surprise. Je remarque qu’on nourrit des complexes qu’on laisse à nos enfants. En un moment, il faut qu’on arrête. On m’a éduqué à faire ce qui me plait. J’ai été fortement encouragée par mon père qui m’a donné sa bénédiction avant de nous quitter.
On vous catalogue également de militante- féministe ?
Waaw !!!! C’est une bonne question. C’est vrai que je suis estampillée artiste militante et féministe. Quand on se penche sur mes deux singles sortis, cela renvoie bien à cela… Parce que je suis militante car je dis ce que je pense, il y a beaucoup de choses à régler sur ce continent. C’est le jugement des autres sur ma personne qui fait de moi une féministe. Mais à mon avis, ce n’est pas péjoratif. Une mise sous tutelle permanente. Naitre femme dans certains pays, quand tu es un enfant hors mariage, on peut te lapider. Etre femme, c’est mourir suite à des violences conjugales. Aujourd’hui être femme, c’est être victime de beaucoup d’injustices. Je connais la frontière entre le manque de respect et le respect. Mais ce n’est pas pour autant que je ne vais pas en parler. Je vais en parler tant que je peux. Oui, je suis féministe et alors ? Si vous remarquez bien, les hommes sont jaloux quand on commence à draguer leurs filles, mais cela ne les empêche pas de faire du tort à d’autres femmes. Ce sont les femmes avec les hommes pour que demain, on vive dans une société égalitaire. La femme est victime de beaucoup d’injustice. Même si ce ne sont pas des choses que je vis. Mon père nous a tous poussées pour que l’on fasse des études supérieures. Et je sais qu’il y a beaucoup qui n’ont pas cette chance. Je connais la frontière entre le manque de respect et le respect ….Mon féminisme, ce n’est pas les femmes contre les hommes. Mais les femmes avec les hommes pour que nous soyons mieux respectées. Les hommes devraient aussi être des féministes.
Comment définissez-vous votre rap ?
Mon rap est engagé parce que je me sens concernée par ce qui se passe dans la société dans laquelle je vis. Je me sens concernée par les enjeux et défis auxquels font face les jeunes et surtout les femmes de mon continent, l’Afrique. Mon rap se veut humaniste dans la mesure où il s’intéresse à l’individu quel qu’il soit dans son ressenti, ses échecs, succès et craintes... Mon rap est également intimiste car j’y aborde des sujets personnels. Je m’y mets à nu en me présentant telle que je suis : un être humain doté d’imperfections mais avec des qualités et des valeurs que je tente de transmettre à qui le voudrait bien. Avec des rêves, en proie aux incertitudes mais avec des convictions solides.
Dans quelle langue chantez-vous ?
Je chante essentiellement en français parce que malheureusement, nous sommes le fruit de notre histoire. Le fait de chanter en français aujourd’hui me permet de parler à un Béninois, à un Gabonais, un Ivoirien. J’adore le côté poétique du lingala
Vous évoluez dans un milieu difficile où les femmes font souvent face à des propositions indécentes …
Quand tu es femme, jeune et attirante, forcément les hommes vont venir vers toi. Je ne fais pas que de la musique. Dans tous les milieux, quand tu es une femme, c’est normal qu’un homme te fasse la cour. Des propositions indécentes, il y en a partout. Ce n’est pas inhérent à la musique. Mais il faut savoir se défendre et ne pas se laisser faire. Je pense que je suis claire avec les gens sur ce pourquoi je suis là. Et même ceux qui ont tenté ne l’ont plus essayé. Je ne vais pas m’attarder sur cela, mais je sais bien faire la part des choses. Il faut que les gens sachent que ce n’est pas parce qu’on est une femme que l’on va jouer avec ses atours. C’est une question d’individu, mais il y a beaucoup de femmes qui reçoivent des propositions décentes. Il faut cesser de donner tous les pouvoirs aux hommes. Surtout qu’ils pensent qu’ils ont tous les droits.
LA FÉDÉRATION JAPONAISE CONFIRME LE SÉNÉGAL
L’affaire de la fraude sur l’âge introduite par le Sénégal contre deux joueurs de la sélection cadette guinéenne, dans le cadre de la Can U17 qui se joue présentement en Tanzanie, connaît une nouvelle tournure
Attendue depuis lundi, la réponse de la Fédération japonaise, sur la fraude sur l’âge des deux joueurs guinéens, est finalement tombée hier. Selon une source fédérale, la Fédé japonaise a confirmé la participation des deux joueurs à leur tournoi avec comme année de naissance 2001.
L’affaire de la fraude sur l’âge introduite par le Sénégal contre deux joueurs de la sélection cadette guinéenne, dans le cadre de la Can U17 qui se joue présentement en Tanzanie, connaît une nouvelle tournure. Selon une source fédérale, la Fédération japonaise a finalement réagi à la demande de la Confédération africaine de football (Caf), sur les éléments de recours déposés contre les deux joueurs guinéens. «Le Japon a écrit aujourd’hui (hier) pour confirmer que les deux joueurs guinéens ont joué dans leur tournoi avec comme année de naissance 2001», a confié notre interlocuteur. Des éléments suffisants qui devraient permettre à l’instance africaine de réagir sur la question, après avoir rejeté le recours introduit par la Fédération sénégalaise de football contre les deux joueurs, juste après la défaite, synonyme d’élimination, contre cette même équipe guinéenne, dimanche dernier. Face à la réaction tardive des responsables japonais, la Caf avait finalement fait savoir qu’elle prenait en compte les résultats des tests IRM effectués par son institution.
La Fédé saisit la Caf
La position de l’instance africaine devait changer puisque, selon toujours la source, la Fédé lui a dressé un courrier dans ce sens. «L’avocat Suisse de la Fédé a écrit aujourd’hui à la Caf pour leur demander de se prononcer», informe la source. Et cette dernière de préciser : «Nous sommes prêts à saisir le Tribunal arbitral du sport si c’est nécessaire.»
Pour les deux joueurs guinéens incriminés, il s’agit de Aboubacar Conté et Ahmed Tidiane Keïta, soupçonnés d’avoir changé d’identité entre le tournoi «Dream Club» abrité par le Japon en 2017 et la Can des U 17. Les deux jeunes joueurs avaient pris part au tournoi du Japon avec des passeports sur lesquels l’année de naissance mentionnée était 2001, avant de rejoindre la Tanzanie avec des passeports différents.
En attendant donc, la réponse très attendue de la Caf, la Guinée qui a disputé hier sa demi-finale contre le Nigeria, vient de se qualifier pour la finale et affrontera le Cameroun qui a pris le dessus sur l’Angola.
LES ACCUSÉS SANG RETENUE
Les familles de Bara Sow et Ababacar Diagne, qui réclament justice, ont revu les images insoutenables des derniers instants de leurs enfants.
On ne saura peut- être jamais le degré d’implication de Béthio Thioune dans le drame de Médinatoul Salam. Absent du Tribunal, il a entendu les accusés le disculper tour à tour. Khadim Seck a reconnu avoir tiré quatre balles sur la foule cornaquée par Bara Sow et Ababacar Diagne dont les parents ont assisté à la diffusion de la vidéo sur l’exhumation Des corps. Glaçant !
Il fallait se boucher les oreilles et fermer les yeux. Les familles de Bara Sow et Ababacar Diagne, qui réclament justice, ont revu les images insoutenables des derniers instants de leurs enfants. Le procureur près le Tribunal de grande instance de Mbour, où se tient le procès du double meurtre de Médinatoul Salam, a projeté quelques images de l’exhumation des corps de Bara Sow et Ababacar Diagne. Ila aussi donné les détails de l’autopsie, qui dit que les corps étaient criblés de balles. Des images que le public et les parents des victimes ont du mal à regarder.
Dans sa démarche de confondre les accusés, le ministère public a également sorti des objets mis sous scellés qu’il a montrés au public. Des habits dont l’un des boubous appartenant à Demba Kébé tacheté de sang qu’il portait lors de la tuerie. Il a également montré des habits des victimes, un pistolet, un chargeur trouvé chez Samba Ngom ainsi que des barres de fer et une manche de pelle saisie sur les lieux du crime.
Hier, l’audition de Demba Kébé, cité comme celui qui a incité ses camarades à attaquer la bande à Bara Sow, était très attendue. Mais, il s’est confondu en dénégations à la barre : «Je n’ai demandé à personne d’attaquer (Bara Sow et Ababacar Diagne). Cheikh Béthio n’a jamais ordonné de tuer Bara Sow et n’a jamais remis d‘arme pour tuer qui que ce soit.» Aly Diouf reconnaît avoir envoyé un Sms à Cheikh Faye, chambellan de Béthio, pour lui annoncer la venue de Bara Sow et compagnie.
Aliou Diallo, lui aussi a admis qu’il a participé à la bagarre durant laquelle Bara Sow et sa bande ont utilisé des gourdins pour se défendre. Il a avoué qu’il fait partie du «commando» et confirmé que «c’est Cheikh Béthio qui a ordonné de bannir les victimes de sa demeure».
Bien sûr, il a nié le fait que cette injonction «ait été à l’origine des affrontements». Al Demba Diallo n’a pas réfuté sa participation à la bagarre qui a été fatale à MM. Sow et Diagne. «J’ai participé à l’inhumation en tant que membre du commando», dit-il. Il reste une question, qui a son pesant d’or dans ce procès : où était Béthio Thioune le jour des faits ? «Il était dans ses appartements en train de suivre le combat de lutte entre Balla Gaye 2 et Yékini et n’a en aucune façon ordonné de s’attaquer à Bara Sow et Ababacar Diagne», répètent sans se lasser les thiantacounes. Lesquels ont néanmoins reconnu qu’il leur avait demandé de chasser leurs excamarades au cas où ils remettraient les pieds dans sa maison.
«Le quatrième tir m’a échappé et la balle a atteint Ababacar Diagne»
Attraction de la journée, Khadim Seck n’était pas à sec de révélations. Agé de 41 ans, il a reconnu sans ambages avoir tiré quatre coups de feu dont une dans la foule. Il refait le film de cette sinistre journée à Médinatoul Salam : «C’est Cheikh Béthio Thioune qui m’a remis l’arme qui a tué Ababacar Diagne. J’admets que je n’avais pas l’intention de le tuer. Quand le problème a commencé, j’ai tiré trois coups de sommation en l’air pour disperser la foule. Le quatrième tir m’a échappé et la balle a atteint Ababacar Diagne qui, malheureusement, est passé de vie à trépas. C’est après la bagarre que j’ai vu deux corps sans vie gisant à même le sol, et je n’avais pas identifié le corps qui a reçu la balle. Je n’ai pas assisté à leur inhumation. J’ai tiré par erreur avec le fusil chargé que m’avait donné Cheikh Béthio pour sécuriser les bœufs (Sic).»
Après son acte, Khadim Seck et Serigne Saliou Barro ont caché l’arme du crime sous un tas de gravats. Ils ont été aidés dans cette tâche par «Samba Ngom et Mamadou Ann qui ont effacé les traces de sang qui recouvraient les portières arrières et la malle de la voiture de Cheikh Béthio Thioune». Mamadou Guèye alias «Pape Malaka» voulait jouer au médiateur ce jour-là, «en essayant de calmer les différents protagonistes comme le faisait Serigne Saliou Barro, mais je ne fais pas partie de ceux qui ont enterré les corps». C’est le tour des témoins…
BETHIO THIOUN ÉCHAPPE À LA PRISON
C’est la décision prise par la chambre criminelle de Mbour qui a ouvert le procès concernant l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam
Le procès des Thantacounes dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam a démarré hier à Mbour sans le principal accusé Cheikh Bethio Thioune retenu en France pour des raisons de santé. Au delà de la décision du juge de le juger par contumace, il faut dire que quel que soit le verdit rendu par la chambre criminelle, en vertu de l’article 711 du Code de Procédure Pénale (Cpp), le guide des Thiantacounes ne retournera pas en prison.
Cheikh Béthio Thioune va être jugé par contumace. C’est la décision prise par la chambre criminelle de Mbour qui a ouvert le procès concernant l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam. En effet, le guide des Thiantacounes ainsi que 16 de ses coaccusés ont été appelé devant la barre du tribunal. Ils sont poursuivis pour meurtre avec barbarie, association de malfaiteurs, recel de cadavre, inhumation sans autorisation administrative, non dénonciation de crime, détention illégale d’armes etc…Toutefois, le principal mis en cause, Cheikh Béthio a brillé par son absence. Pour le disculper, ses conseils, Mes Ousmane Seye et Moustapha Dieng, ont demandé à ce que le tribunal sursoie au jugement de leur client qui est absent du territoire national depuis le mois de janvier pour des raisons médicales. Devant la barre, Me Ousmane Seye a soutenu que son client est un citoyen ordinaire respectueux de la justice de notre pays. Pour preuve, poursuit-il, «le document confectionné par des professionnels indique clairement que le Cheikh est malade et son état de santé ne lui permet pas d’assister à ce procès». Pour son confrère Me Moustapha Dieng, le fait de sursoir au procès ne pourra pas entraver la bonne tenue du procès des coaccusés du chef des thiantacounes.
Seulement, le ministère public représenté par Youssou Diallo a battu en brèche ces arguments. De l’avis du procureur, il est inacceptable qu’un citoyen sous quelque prétexte que ce soit, échappe au glaive de la justice pendant que ses coaccusés sont en train de comparaitre. Evoquant le dossier médical de Cheikh Bethio Thioune, le procureur dit ne pas être au courant d’un tel document qui prétexte la maladie de l’accusé. Abondant de la même sens, Me Khassimou Touré représentant la partie civile estime qu’il ne peut y avoir «de citoyen ordinaire et de citoyen nanti devant la justice». «Cheikh Bétio restant le principal acteur de cette affaire, il doit être jugé même à son absence», affirme-t-il.
En définitive, la chambre a décidé que le guide des Thiantacoune va être jugé par contumace. Cependant Cheikh Bethio peut s’estimer heureux, puisqu’en vertu de la loi, il ne peut plus retourner en prison. D’après des sources dignes de foi, le Code de Procédure Pénale en son article 711 soustrait des rigueurs carcérales toute personne âgée de plus de 70 ans.