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26 novembre 2024
Politique
DIOMAYE FACE À UN CASSE-TÊTE
Le rêve d'un toit décent reste hors de portée de beaucoup de Sénégalais. De nombreux programmes se sont notamment soldés par des échecs et des détournements au profit de quelques privilégiés. Le nouveau régime devra tenir ses promesses
SICAP.SA, SN-HLM, les coopératives d’habitat, Sociétés civiles immobilières (SCI) et programmes «Une Famille – Un Toi», «Zéro bidonville», «100.000 logements» et pôles urbains, en plus des lois et règlements (décrets)etc., les différents régimes qui se sont succédé à la tête du Sénégal indépendant n’ont pas manqué d’imagination et de projets pour promouvoir l’accès à l’habitat. Seulement, au fur du temps, toutes ces politiques ont fini par montrer leurs limites à atteindre les objectifs édictés, face à la croissance démographique, la boulimie et l’accaparement fonciers et aux promoteurs immobiliers dont l’écrasante majorité n’est mue que par le profit. Du coup, l’inaccessibilité du coût d’un logement décent, «excluant» les populations en majorité vulnérables, à revenus faibles ou irréguliers de la propriété à laquelle elles ont pourtant droit, un nombre restreint de privilégiés y trouvent leur compte. C’est pour corriger cette maldonne, le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a donné de nouvelles directives à son gouvernement, en Conseil des ministres qu’il a présidé le jeudi 18 juillet 2024 au Palais présidentiel.
En réunion hebdomadaire du Conseil des ministres qu’il a présidé au Palais de la République, le jeudi 18 juillet 2024, le Chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a donné des instructions au gouvernement pour faciliter l’accès au logement et à la propriété foncière et immobilière au Sénégalais, intégrant des mesures fiscales, foncières et financières incitatives et durables, conformément la nouvelle politique de promotion de l’accès au logement. Non sans rappeler que la gestion de la problématique des loyers et la construction de logements sociaux demeurent des «urgences sociales».
Déjà, moins d’une semaine plutôt, le président de la République, face à la presse le samedi 13 juillet 2024, après plus de trois (3) mois de gouvernance, est revenu sur la gestion et les problèmes fonciers, notamment la situation sur le littoral (Domaine public maritime), les sites de la nouvelle ville de Thiès (Thiès Ville Neuve) et de Mbour 4 dont il venait de recevoir le rapport dans la matinée. «Nous allons reprendre le lotissement et réaffecter équitablement les parcelles aux populations. Ce n’est pas parce que vous êtes proche de l’autorité qu’on doit vous demander votre carte nationale d’identité pour vous octroyer un hectare (ou plus)… Dans la tête, dans le cœur de chaque travailleur, il n’y a qu’une préoccupation : avoir une maison. La maison, c’est la sécurité», a déclaré le président Faye qui a précisé qu’un hectare égale 34 à 35 parcelles voire plus.
En attendant, le casse-tête de l’accès à la propriété bâtie, notamment au logement et à la propriété foncière et immobilière, demeure toujours une angoisse pour les populations au Sénégal. Pourtant plusieurs politiques d’accès à l’habitat ont été mises en place, depuis l’indépendance. Et l’une des dernières en date et toujours en cours, est celle des 100.000 logements. Initié sous le régime de l’ancien président Macky Sall, pour éradiquer les bidonvilles à l’horizon 2035, le programme de construction de 100.000 logements sociaux, prévu au départ sur 5 ans, est une composante du Programme «Zéro Bidonville».
Ce projet intersectoriel et pluri-institutionnel a pour but «l’amélioration du cadre et des conditions de vie de plus de 4.000.000 de personnes ; soit plus de 500.000 ménages habitant dans les bidonvilles avant 2035». Il est motivé par le déficit en logements évalué à 150.000 à Dakar et 350.000 dans tout le pays, avec le constat d’une dynamique démographique et urbaine et de développement de bidonvilles, combinée à l’offre de logements inadaptée aux besoins des ménages à revenus faibles ou irréguliers et les financements peu adaptés (crédit hypothécaire). Il a pour finalité d’accélérer et diversifier l’offre de logements décents et accessibles pour les ménages à revenus faibles et/ou irréguliers. Histoire de rendre accessible les logements à toutes les catégories sociales. Il concerne l’ensemble du territoire, avec 60% des logements à construire sur le triangle Dakar-Mbour-Thiès et les 40% restants sur le reste du pays, explique un document du ministère chargé de l’Urbanisme et du Logement.
A quand la réception officielle des premieres villas et la remise des clefs aux bénéficiaires ?
Pour sa mise en œuvre, une première phase dénommée phase pilote a résulté sur la mise en place du cadre institutionnel et juridique du projet, avec principalement la création de la Société d’Aménagement Foncier et de Rénovation Urbaine (SAFRU.SA). La mission de la SAFRU.SA, c’est «une réforme hautement attendue avec pour objectif d’agir sur le coût du logement mais aussi de prévenir les problèmes d’assainissement que le pays a connu régulièrement et le Fonds pour l’Habitat Social (FHS) pour faciliter l’accès aux financements surtout pour les revenus non documentés».
La SAFRU a démarré des travaux d’aménagement notamment au niveau du Pôle urbain de Daga-Kholpa et sur les sites des promoteurs engagés dans le projet et des travaux de construction de logements par les promoteurs publics et privés que sont la SN HLM, la SICAP SA, la S21, EFT, Les Résidentielles du Sénégal, etc. à Bambilor, Kébémer, Kaolack, Fatick, Diourbel, Notto Diobass Potou, Daga-Kholpa et Diamniadio, Niacoulrab et Ndiakhirate (Dakar). Sur les sites concernés par le programme, les logements sociaux ou économiques, de moyen standing, sont de types F3, F4, F5 et F6, avec titre foncier de 100 m2, 150, 200, 250, 300 et 500 m2 ; c’est selon. Cependant, le coût de ces habitats dits «sociaux», qui peuvent être acquis au comptant ou par crédit bancaire, est toujours jugé exorbitants par beaucoup de Sénégalais, notamment les fonctionnaires/salariés mais également la classe moyenne des travailleurs sénégalais et à la diaspora, sans oublier «goorgoorlu», qui peinent encore à joindre les deux bouts, en ce contexte de vie chère.
En atteste, pour se procurer un logement de moyen standing de type F3, il faut débourser à partir de 14.500.000 FCFA et celui de type F4, une somme de 17.500.000 FCFA ; des villas économiques F3 sont accessibles à partir de 15.000.000 FCFA, et des villas économiques améliorées F4 à partir de 18.000.000 FCFA à Diamniadio et alentour, compte non tenu des frais notariaux et de constitution de dossiers. Ainsi, des années après le lancement de ce programme, en grande pompe, les Sénégalais entendent toujours la mise à disposition des premières maisons. Les assurances des autorités du régime précédent, réitérées chaque fois que de besoin et à l’issue des interminables visites de chantiers à Bamblor, Diamniadio, Kaolack etc. n’y feront rien. Alors que, à la suite du démarrage officiel, le vendredi 20 décembre 2019, de la campagne d’inscription au projet des 100.000 logements sociaux, le ministère de l’Urbanisme a lancé le Guichet Unique de l’Acquéreur, aussi appelé Procédure Simplifiée et Intégrée d’Acquisition de Logement Social, le jeudi 9 juin 2022, au siège du Fonds pour l’Habitat Social (FHS). Et, parallèlement à ces 100.000 logement, le régime sortant a déroulé, à Dakar, celui de la «Cité de l’Emergence» ; un projet immobilier d’envergure s’étalant sur une superficie dépassant les 2 hectares, avec 700 unités en R+11.
Sicap.sa, SN-HLM, coopératives d’habitat, des succès dans le temps, malheureusement non capitalisés
Depuis 1960, avait souligné le gouvernement, justifiant le contexte du lancement du programme 100.000 logements, «les populations les plus vulnérables, ayant des revenus faibles ou irréguliers, sont victimes de la spéculation foncière qui les exclut du droit à la propriété. L’offre de logements décents et accessibles en termes de prix n’est réservée qu’à un nombre restreint de privilégiés, alors qu’obtenir un logement décent et vivre avec sa famille dans un cadre sain constitue une question de dignité humaine pouvant même être élevée au rang de droit humain».
D’ailleurs, avant même les indépendances, la Société Immobilière du Cap-Vert (SICAP, créée en 1950, et devenue une Société Anonyme à Participation Publique Majoritaire, SICAP SA), contribue déjà à la «réussite» des politiques étatiques d’accès aux logements et à moindre coût. Maintenue par le premier président, Léopold Sédar Senghor, la SICAP va poursuivre ses efforts et sera secondée par la Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré (SN HLM), créée des décennies plus tard, par la loi n°1987/46 du 23 décembre 1987, votée sous le règne de son successeur, l’ancien président Abdou Diouf.
Ces deux structures (qui s’activent dans l’immobilier jusqu’à nos jours d’ailleurs), grâce à la promotion de la location-vente, à côté de l’achat au comptant, avaient permis à beaucoup de Sénégalais, notamment des salariés, de devenir propriétaires de maisons à Dakar et dans plusieurs grandes villes de toutes les régions du pays, dans des quartiers et cités portant aujourd’hui leurs noms (SICAP, HLM, Parcelles Assainies…). En outre, les coopératives d’habitat montées par des travailleurs de plusieurs sociétés et entreprises des secteurs publics et privés, avec l’appui de l’Etat mettant à disposition le foncier presque gratuitement, a permis à beaucoup d’autres salariés de disposer d’un toit.
Ainsi, tout comme SICAP SA et SN HLM, l’avènement de ces coopératives qui viabilisent et morcellent en parcelles d’habitation le foncier acquis auprès du ministère de l’Urbanise et du Logement, pour les distribuer à leurs membres, a aussi été salutaire. Certes ! Mais, le problème semble rester entier, vu la poussée démographique et la problématique de l’accès au foncier, avec l’arrivée de nouveaux acteurs dans le secteur notamment des promoteurs privées et Sociétés civiles immobilières (CSI).
Conçus pour des sinistrés des inondations, «jaxaay» et «tawfekh» logent une clientèle politique et autres nantis
Quid des programmes nés des inondations à Dakar ? Après les inondations du mois d’août 2005, ayant affecté et rendu inhabitables certaines zones de la banlieue défavorisée de Dakar, envoyant plus de 20.000 personnes soudainement dans la rue, le gouvernement de l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, avait lancé un Plan d’urgence de construction de 4000 logements sociaux modernes et accessibles, d’un montant de 52 milliards de FCFA (104 millions de dollars américains, à l’époque). Les logements de ce «plan spécial» qu’il a proposé d’appeler «le Plan Jaxaay» étaient cédés à partir de 4 millions de FCFA aux bénéficiaires. Toutefois, si nombre de familles démunies victimes des inondations ont pu être relogées grâce à ce projet décliné en deux phases (Jaxaay 1 et Jaxaay 2), beaucoup d’autres ont été laissées en rade, l’objectif du projet étant détourné et ayant servi à loger une clientèle politique et même des nantis.
Son successeur au pouvoir, Macky Sall, ayant été également confronté au problème des inondations, mettra en place un programme similaire dénommé la cité «Tawfekh», dans la commune de Tivaouane-Peulh – Niague. Tawfekh connaîtra le même sort, ou presque, puisque des pontes du régime sortant ont été bien servi, au détriment des populations expulsées définitivement de leurs maisons par les eaux de pluies. Tout comme des logements et terrains de la cité APIX, située dans la même commune, initialement réservés aux impactés directs des projets d’infrastructures de l’Etat, comme l’autoroute à péage.
«Une famille – un toit», toujours un rêve
La promotion des logements sociaux, c’est aussi le projet «Une Famille – Un Toit» de l’ancien président Abdoulaye Wade, lancé vers la fin de son premier mandat. Le président Macky Sall ressuscitera ce programme, constituant un des principaux leviers du volet habitat du Plan Sénégal émergent (PSE) ; un projet d’accès à l’habitat dont il a décliné, en mai 2015, les contours : «faciliter l’accès à un logement décent aux Sénégalais à faibles moyens et revenus. Un programme de 2850 logements est prévu, pour un investissement global de 37 milliards». Une première livraison de 222 logements avait fait l’objet de réception officielle, avec une remise de clefs en présence de sa majesté le Roi Mohamed VI du Maroc, aux 8 premiers acquéreurs. Depuis lors, aucune information sur la suite du projet.
Auparavant, dans le cadre de la diversification de l’offre de logements, des SCI et des promoteurs immobiliers privés ont investi le secteur. Bénéficiant d’assiettes foncières mises à disposition par l’Etat, souvent à des conditions favorables, ces privés ont bien joué leur partition dans la politique d’accès à l’habitat et au logement des Sénégalais. Seulement, force est de reconnaître, pour le regretter, qu’elles sont également largement à l’origine de la spéculation et du renchérissement actuel du prix des logements. En plus des coûts des matériaux de constructions et autres intrants décriés souvent.
FRONT UNI DERRIÈRE GUY MARIUS SAGNA
Le Sénégalais menacé de destitution au parlement de la CEDEAO, reçoit le soutien de plus de 20 organisations de la société civile togolaise. Elles dénoncent une manœuvre visant à faire taire un élu critique envers les dérives autoritaires de l'institution
(SenePlus) - Plus de 20 organisations de la société civile togolaise ont apporté leur soutien au député sénégalais Guy Marius Sagna, menacé d'une motion de destitution au Parlement de la CEDEAO. Dans un communiqué publié le 24 juillet 2024, le front "Touche Pas A Ma Constitution" condamne fermement cette initiative lancée par un député togolais.
Pour ce collectif regroupant diverses associations de défense des droits humains et mouvements citoyens, le député Guy Marius Sagna incarne "le prolongement des positions du Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye" en faveur d'une CEDEAO respectueuse de l'ordre constitutionnel dans les pays membres. Lors du dernier sommet, le chef de l'Etat sénégalais avait appelé à éviter les "manoeuvres constitutionnelles à but électoraliste", sources de contestation et de déstabilisation selon lui.
En pointant publiquement les "défaillances" et le "comportement de syndicat des chefs d'Etat" au sein de l'organisation ouest-africaine, le député sénégalais dérange certains de ses collègues, souligne le communiqué. D'où cette motion de destitution lancée contre lui par un élu togolais, non respectueuse selon le front citoyen "des règles démocratiques" en vigueur au Parlement communautaire.
Le mouvement Freedom Togo-Mouvement de Libération Nationale (MLN) a également réagi dans un second communiqué publié le 22 juillet. Il salue "l'action de certains parlementaires qui tentent d'élever le niveau du débat" à la CEDEAO, trop souvent "inexistant" par le passé. Toutefois, l'organisation déplore que cette dynamique soit "contrecarrée" par d'autres élus, "intimes des chefs d'Etat" et en "conflit d'intérêts manifeste".
Elle pointe notamment du doigt l'attitude de la présidente et de la 2ème vice-présidente du Parlement, coupables selon elle d'avoir transformé les débats en "pétaudière" en muselant la liberté d'expression ou en cherchant même "à en découdre physiquement" avec un député critique. Freedom Togo-MLN appelle dès lors les dirigeants de la CEDEAO à plus d'éthique dans le choix de leurs représentants au sein des institutions communautaires.
Ces réactions illustrent le soutien manifeste d'une partie de l'opinion ouest-africaine en faveur du combat mené au Parlement par le député sénégalais Guy Marius Sagna en faveur d'une CEDEAO plus respectueuse des principes démocratiques et des intérêts des peuples.
par Bamba Niakhal Sylla
LE CHEMIN DE LA TRANSFORMATION, LE PASTEF À L’ÉPREUVE DE LA GOUVERNANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Si les premiers pas des nouvelles autorités s'inscrivent dans une logique de prudence compréhensible, la mise en perspective d'une vision claire de leur politique demeure une attente légitime des citoyens
Au moment où les observateurs politiques se livrent à une analyse rétrospective des 100 premiers jours du nouveau régime, sur fond de scepticisme grandissant ou de trompette glorifiant, il parait opportun de verser aux échanges un regard constructif mais sans complaisance, fondé sur des considérations factuelles, qui semblent imprimer quelques orientations de la politique gouvernementale.
Par ailleurs, si l’espace démocratique autorise l’examen critique des politiques publiques, l’honnêteté intellectuelle exige en retour de considérer les limites de cet exercice dans le contexte d’une gouvernance qui n’a duré que trois mois.
Toutefois, il est loisible d’affirmer, sur la base de l’examen des déclarations politiques et des productions intellectuelles disponibles, que la rhétorique qui servait de leitmotiv à la vulgarisation du Projet était sans conteste d’inspiration révolutionnaire, au sens de la remise en cause radicale des pratiques de gestion et de gouvernance antérieures. En effet, en prétendant renforcer l’intégration africaine dans la lignée des pères fondateurs du panafricanisme et sortir le pays de l’opacité de la Françafrique et ses instruments d’asservissement et de prédation (présence militaire, domination monétaire, contrats léonins, accaparement des ressources nationales, etc.), le Pastef annonçait haut et fort les contours de la future politique gouvernementale. Cette intention de remise en cause des rapports internationaux s’accompagnait, sur le flanc intérieur, de la volonté d’instaurer une gouvernance vertueuse, de combattre avec opiniâtreté la corruption endémique et de promouvoir une presse et une justice libre et indépendante. Le discours était résolument disruptif et trouvait ses sources d’inspiration et son incarnation dans le refus de la servitude de Sankara, la restauration de la conscience historique africaine de Cheikh Anta Diop, et l’exaltation de la grandeur des civilisations négro-africaines, s’inscrivant ainsi dans le sillage des luttes pour une « renaissance » continentale. Derrière le discours, se tenait la promesse d’un avenir radieux, où les richesses nationales seraient abondamment et équitablement redistribuées, à l’image de la prospérité des monarchies arabiques.
La puissance du discours, porté par la figure charismatique d’Ousmane Sonko, a fini par convaincre la masse des déshérités et une diaspora nostalgique d’un retour au bercail, convaincue des capacités propres de l’Afrique d’être à l’avant-garde de l’évolution du monde, comme le prédisent les prospectivistes. La trajectoire héroïque de Sonko, émaillée de péripéties invraisemblables, et auréolée d’un zeste de mysticisme religieux, lui conférait une dimension singulière dans le landernau politique. Son discours eut l’effet d’un tsunami, emportant sur son passage toutes les digues de l’ancien régime, au point d’ébranler le « système » dans ses racines les plus profondes. Les mots sont dits : le changement annoncé sera « systémique », « global » et « holistique ». Tous les acteurs sincères et épris de liberté, mus par le désir de progrès, sénégalais et non-sénégalais, ont massivement adhéré au projet patriotique et panafricain promu par le Pastef, qui surgit dans un contexte continental marqué par l’émergence d’une nouvelle conscience africaine émancipée du complexe colonial. Au Sénégal, l’adhésion populaire était mêlée d’une ferveur messianique, au point où le chanteur-troubadour s’interrogeait même sur la sainteté du leader du Pastef. Le peuple vivait un moment épique de son histoire politique, porté par l’allégresse et le sentiment d’être acteur et témoin d’un moment de basculement rare dans la trajectoire des nations.
L’accession triomphale du Pastef au pouvoir, plébiscité dès le premier tour de l’élection présidentielle en mars 2024, allait ouvrir une nouvelle ère de gouvernance prometteuse, mais aussi difficultueuse en raison de l’ampleur des défis à relever et des promesses à tenir.
Les premiers pas marqués par la prudence et la détermination
Dans une large mesure, le redressement du pays envisagé par les nouvelles autorités s’assimile à un double effort d’assainissement de l’espace public national et de redéfinition des rapports internationaux déséquilibrés au détriment des intérêts nationaux.
En plus de la nécessite de disposer d’une vision claire, cette intention induit comme préalable la maitrise des rouages de l’Etat, un ancrage solide dans les institutions et une profonde imprégnation des dossiers par les nouveaux élus. Elle requiert un minimum de temps incompressible auquel ne peuvent se soustraire les nouvelles autorités, au risque d’un dévoiement susceptible de porter préjudice aux réformes envisagées.
Entre-temps, la mise en œuvre de certaines promesses de campagne s’est bien engagée dans le vaste spectre de la politique gouvernementale, qu’il s’agisse de la réduction du prix de denrées alimentaires de première nécessité pour soulager la souffrance des ménages, de la distribution plus équitable des intrants agricoles pour soutenir le monde paysan, de la recherche de l’impartialité dans les nominations aux postes de responsabilité pour une gouvernance transparence ou de l’instauration d’un climat politique plus serein et apaisé pour enfin dissiper l’atmosphère délétère imposée par la dérive autoritaire du pouvoir précédent.
Aussi, les audits initiés dans de nombreux organes de l’Etat devraient mettre en lumière les zones d’ombre de la gouvernance précédente et permettre à la justice de sévir dans les cas d’infractions avérées, en particulier pour les détenteurs de l’autorité publique, conformément aux priorités des nouvelles autorités.
Les conclusions des Assises de la justice devraient, quant à elles, favoriser une réorganisation plus efficace de la magistrature, en garantissant son indépendance dans le cadre des nouvelles orientations retenues.
Cependant, l’existence de nombreux rapports produits sous l’autorité de l’ancien régime par l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), l’Inspection Générale de l’Etat (IGE) et la Cour des Comptes, pointant du doigt une tripotée d’acteurs corrompus, pose la question de leur transmission à la justice pour traitement. Ces rapports émanant de l’ancien pouvoir ne peuvent être soupçonnés de complaisance ou d’être diligentés à des fins politiciennes pour réprimer, comme cela se faisait auparavant, des opposants gênants et récalcitrants.
Au plan international, les propos et décisions en direction de la France et des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) cristallisent l’attention, en raison du primat accordé à la souveraineté dans le programme du Pastef.
La rencontre des présidents Diomaye Faye et Macron à Paris, sans reproduire les clichés coutumiers d’allégeance dégradants de nombreux dirigeants africains, n’a pas non plus été l’occasion d’une clarification franche de la rupture prônée par le Pastef. Le communiqué final commun des deux chefs d’Etat est resté assez convenu, dans la pure tradition de la novlangue diplomatique.
En revanche, en plaçant les pays de l’AES (Mali et Burkina) au bas de la liste de ses premières visites internationales du président, en particulier après celle de Ouattara perçu comme un des piliers de la Françafrique, la présidence sénégalaise semble indiquer par ce choix diplomatique sa distance à l’égard de l’AES. Cela a été plus tard confirmé à Bamako, quand le président Diomaye Faye déclarait que l’adhésion du Sénégal n’était pas à l’ordre du jour. Cette distanciation est-elle destinée à rassurer la France en prévision des prochaines négociations promises sur les contrats déséquilibrés ? ou l’expression d’une politique ancrée dans la continuité ?
Toujours est-il que cette décision reste incomprise par de nombreux Africains qui voyaient dans l’accession au pouvoir du Pastef, l’opportunité de renforcer le « camp du refus » porté par l’AES ; une organisation qui s’attèle à mettre en œuvre une politique courageuse de souveraineté et d’intégration authentique, avec des résultats probants qui confortent la perspective d’une Afrique libre, résolument engagée dans la voie du progrès. A l’opposé, la CEDEAO continue de s’enliser dans l’immobilisme, incapable de porter le destin de la communauté en toute indépendance. La déception de nombreux patriotes de l’AES est à la hauteur de l’absence de solidarité attendue des nouvelles autorités sénégalaises, qui avaient pourtant envisagé, quand elles étaient dans l’opposition, la possibilité d’envoyer des troupes sénégalaises pour défendre les pays de l’alliance menacés d’agression par CEDEAO, en toute vraisemblance sur les injonctions françaises. Aussi, les références fréquentes au sankarisme par le chef du Pastef, toujours arborant le portrait du guide burkinabè en arrière-plan de ses conférences de presse, laissait supposer une proximité idéologique et de larges convergences d’idées sur le destin commun de l’Afrique.
De tout temps et en tout lieu, les modalités de lutte pour la souveraineté se sont accommodées aux contextes nationaux et aux circonstances du moment. A ce titre, on ne peut reprocher au triumvirat de l’AES, acculés de facto, la radicalité de leur posture, qui découle en vérité de l’intransigeance, des menaces et de la farouche adversité manifestées par les forces d’occupation incarnées par la France ; les mêmes menaces qui n’épargneront pas le Sénégal lorsque les autorités du pays décideront réellement d’appliquer leur programme de souveraineté. Sans être une parole sacrée, l’adage ivoirien, entonné dans une chanson célèbre, nous alerte en ces termes empreints d’humour : « Ce qui a tué Maclacla tuera Macloclo ».
Dans la lutte pour l’indépendance réelle de l’Afrique, le destin de l’AES se projette de manière inexorable comme élément central de la géostratégie du continent : la réussite de l’alliance sera un puissant catalyseur pour l’émancipation, alors que sa défaite apportera de la fragilité dans la marche vers la liberté des peuples africains. Derrière cet enjeu continental, il y a la suggestion d’une solidarité à développer, d’une bienveillance à manifester à l’égard de l’AES de la part des pays désireux de conquérir leur indépendance véritable. Ce point de vue est conforté par l’analyse a posteriori des oppositions qui ont prévalu entre les blocs de Monrovia et Casablanca lors de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine, et les conclusions qui en ressortent sur la pertinence des choix stratégiques opérés à l’époque. La sagesse africaine enseigne “ Si tu veux aller vite, marche seul mais si tu veux aller loin, marchons ensemble”. Ce cheminement collectif se fera-t-il avec La CEDEAO qui ne semble pas être en ordre de marche, entravées par ses liens de subordination ou avec l’AES, qui poursuit vaille que vaille son projet de souveraineté ?
L’exigence de visibilité et de perspective de la politique gouvernementale
Même si la période de trois mois d’exercice du pouvoir ne suffit pas à mettre en place une politique gouvernementale, encore moins d’évoquer un bilan, elle demeure néanmoins suffisante pour imprimer une orientation et dégager quelques perspectives. La prudence observée par les nouvelles autorités peut donner l’impression d’une gouvernance hésitante, probablement encalminée par l’ampleur des défis à relever. Est-ce le calme qui précède l’orage fécondant du changement ? l’accalmie imposée par le temps de l’imprégnation des dossiers et de la connaissance des méandres de l’Etat, comme déjà évoqué ? La volonté des autorités de se conformer au Projet sera d’autant plus partagée que la vision qui le sous-tend se déclinera dans ses modalités de mise en œuvre concrète sur les deux axes de la politique nationale et internationale.
La transformation sociale, politique et économique radicale défendue par le Pastef exige pour sa mise en œuvre la conjonction d’au moins quatre conditions incontournables : (1) la détermination à toute épreuve, (2) la connaissance des réalités sociales et politiques, (3) la compétence à travers l’expertise et le leadership et enfin (4) le courage, dans un contexte politique national et international périlleux.
Si la détermination du pouvoir actuel ne souffre véritablement d’aucune contestation, il importe toutefois qu’elle soit constamment nourrie, entretenue et préservée des forces corruptrices du « système ». Or la perception répandue du système à travers les individus et les lobbies qui le composent est potentiellement trompeuse. Ceux-ci ne sont que la face émergée de l’iceberg. Par sa nature composite, le système est structurant et se décline tous azimuts. Il se manifeste dans la rigidité des protocoles, dans l’obséquiosité des conseillers présidentiels, dans la flagornerie des courtisans facétieux, du jour comme du soir. Il est tapi dans le décorum et les lambris dorés des palais de la république. Il est dans les pas cadencés de la garde républicaine, qui vous sublime au point de vous déifier. Il est dans les salons feutrés des palaces visités, les sièges douillets des Maybachs présidentiels, les vrombissements stridents des longs cortèges républicains. Il est dans l’hyper présidentialisme de notre constitution monarchisant, héritée de l’ancien colonisateur ; il est encore plus insidieux lorsqu’il se propage dans le corps social telle une métastase, en altérant les repères éducatifs et les bases culturelles, notamment en promouvant la réussite facile au détriment de l’effort et de la persévérance ou en concevant favorablement la richesse illicite issue de la prévarication ; Toutes choses qui ont la puissance de transformer l’individu, parfois à son corps défendant, en un abject monarque en république bananière. « On ne pense ni aux mêmes choses ni de la même façon selon que l'on vit dans une chaumière ou dans un palais », aimait à répéter Sankara, empruntant à Karl Max cet aphorisme mainte fois vérifié. En être conscient est le premier rempart à dresser pour s’en prémunir, en s’entourant sans doute de rituels protecteurs, en s’aménageant des moments de recueillement et de méditation, des retraites spirituelles régulières, mais aussi à travers la promotion et l’animation d’un espace démocratique propice à la critique, aux échanges et à l’expression libre des idées.
En vérité, le « système » dont il est question est encore plus complexe, car il n’est que l’incarnation locale d’un « Système » plus englobant, conçu et élaboré au niveau international, auquel il est assujetti. Par conséquent, combattre le Système, c’est d’abord l’appréhender dans sa totalité : sa dimension locale et ses ramifications internationales.
Pour être efficace, la détermination doit s’inscrire dans une démarche de mobilisation sociale et citoyenne organisée à l’échelle du pays, à l’instar des expériences mondiales de politique de transformation sociale d’envergure. La révolution culturelle et agraire chinoise s’est organisée autour de mouvements de jeunesses, les gardes rouges, qui avaient pour mission de lutter contre les forces réactionnaires et d’accélérer l’aggiornamento culturelle en luttant contre les « quatre vieilleries » : vielles coutumes, vieilles idées, vieilles cultures et vieilles habitudes, considérées comme autant d’obstacles à l’avènement du socialisme populaire. La révolution bourgeoise française a engendré, quant à elle, des clubs politiques, des structures d’incubation d’idées réformistes inspirées des clubs Jacobins, où se distinguera plus tard la figure emblématique de Robespierre. La révolution bolchevik de 1917 s’est accompagnée d’une campagne d’instruction des adultes portée par des organisations de masses affiliées au parti communiste. A Cuba, la révolution avait pour fer de lance les Comités de Défense de la Révolution (CDR) qui œuvraient à la promotion des acquis de la révolution dans l’agriculture, l’éducation, la santé, etc. et qui ont à leur actif la percée fulgurante de la méthode d’alphabétisation « Yo, Si Puedo » universellement reconnue pour son efficacité et ses résultats. Cette forme d’organisation inspira plus tard Thomas Sankara lors de son accession au pouvoir.
Ces expériences diverses de mobilisation populaire, nonobstant leur efficacité et parfois leurs carences, illustrent l’importance de l’inclusion et de la participation des masses laborieuses et de la jeunesse prédominante dans les processus de développement ambitieux, de changements radicaux à l’échelle des nations. Dans le contexte spécifique du Sénégal, outre la redéfinition nécessaire des missions des démembrements de l’administration centrale en vecteurs du changement, l’urgence revient au déploiement de la coalition des partis porteurs du Projet sur l’ensemble du territoire national. Dans cette perspective, il serait sans doute indiqué de réfléchir sur des formes d’organisation populaires innovantes, adaptées aux réalités sociales, culturelles et anthropologiques du pays.
La connaissance des réalités sociales et politiques est la condition préalable de l’efficacité de l’action politique. Le mimétisme des élites africaines est la tare congénitale qui a pendant longtemps brimé l’esprit d’initiative et de créativité sur le continent. Il s’explique en grande partie par la perte de la confiance en soi voulue et entretenue par l’africanisme européocentriste, fer de lance idéologique du néocolonialisme occidental. Le dénigrement systématique de toute pensée révolutionnaire africaine, la falsification de l’histoire du continent à coup de publications tendancieuses, de matraquage idéologique et de propagande médiatique, avec la complicité de certaines élites du continent, ont pendant longtemps exercé une influence négative dans les productions intellectuelles africaines, sciemment orientées vers des problématiques banales et insipides, sans intérêt véritable pour le destin de l’Afrique. On assiste aujourd’hui à un renversement de paradigme avec la prise de conscience massive de la jeunesse africaine acquise à l’influence des penseurs réformistes africains et diasporiques.
Les politiques économiques et sociales appliquées sur le continent ne peuvent plus continuer à faire abstraction des réalités locales, en répétant de manière psittacique le catéchisme apocryphe du développement économique. Ces politiques conçues de l’extérieur pour les Africains, avec la complicité des organisations multilatérales, ont contribué au maintien voire à la consolidation de la main mise extérieure sur les ressources du continent.
La compétence : si la détermination et la connaissance sont nécessaires à l’action politique, elles ne sont pas pour autant suffisantes. La compétence à travers l’expertise et le leadership, sont le pendant de la détermination dans l’action politique. La compétence existe, à condition de savoir la dénicher, non pas dans la logique perverse de la transhumance, mais plutôt dans une approche purement utilitaire, technique voire technocratique, débarrassée des considérations partisanes. Elle est disponible à l’échelle du pays, dans le continent, en diaspora voir à l’échelle mondiale, à la seule condition qu’elle concoure à la préservation et à la défense des intérêts nationaux et au développement du pays. La compétence peut aussi se trouver dans les camps adverses de l’échiquier politique. Elle peut être sollicitée dans le cadre d’une politique d’ouverture, probablement nécessaire pour relever ensemble les défis immenses du développement. Le consensus qu’induit cette ouverture est aux antipodes de la pratique dégradante et avilissante de la transhumance politique, car il reposerait sur l’adhésion à un projet et à des principes, et non à l’infame débauchage de personnalités politiques et intellectuelles aux convictions volatiles, promptes à renier leurs idéaux pour des strapontins ministériels ou des positions de sinécure.
Enfin, le courage est la véritable locomotive du changement, en particulier dans le contexte africain, où les velléités d’indépendance réelles manifestées dans le passé ont très souvent été réprimée dans le sang par l’ancien maitre colonial, avec la complicité de leurs agents locaux, comme l’illustre le tableau de chasse macabre de la Françafrique : Ruben Um Nyobée, Sylvanus Olympio, Patrice Lumumba, Barthélemy Boganda, Hamani Diori, Thomas Sankara, Mouammar Kadhafi, etc., tous assassinés pour le seul tort d’avoir voulu accéder à une pleine souveraineté de leur pays. Avoir l’ambition de défendre sa souveraineté c’est assurément s’exposer à des manœuvres de déstabilisation criminelles. Outre la nécessité de se protéger et de renforcer le renseignement étatique, notamment par la diversification des partenaires internationaux, le meilleur rempart à la déstabilisation demeure le soutien massif de la population à la politique gouvernementale. A cet égard, la confédération des pays de l’AES a démontré que l’union des Etats pouvait constituer un puissant bouclier protecteur face aux velléités d’agression. La menace d’invasion qui pesait sur le Niger par les troupes de la CEDEAO s’est rapidement dissipée face à la solidarité inconditionnelle des deux autres pays de l’alliance, conformément aux dispositions de la charte du Liptako-Gourma.
Le discours moins incisif des nouvelles autorités en responsabilité des affaires de l’Etat contraste avec la verve révolutionnaire entretenue durant la phase de conquête du pouvoir. Cela peut aisément se comprendre. Aussi, le rythme des réformes engagées peut paraitre peu soutenu par rapport à l’ampleur des urgences et à l’étendue des défis, pendant que certaines déclarations, particulièrement à l’endroit de l’AES, sont simplement incomprises. Ces préoccupations légitimes ne doivent pas pour autant se traduire en un soupçon de renoncement ou en des invectives désobligeantes, car aucun élément palpable ne conforte l’idée d’un quelconque renoncement. Au contraire, l’heure est plutôt à la solidarité et à la mobilisation, à la réflexion et à la créativité, pour soutenir les reformes promues par le Pastef, qui ont suscité l’adhésion de millions de Sénégalais et d’Africains. Le rappel des engagements aux autorités est une exigence démocratique mais aussi un acte patriotique, car la réussite du Projet sera une fierté nationale et continentale. Ce qui peut apparaitre comme des hésitations peut aussi être compris comme le temps de la réflexion et de l’apprivoisement du nouvel environnement du pouvoir.
Mais d’ores et déjà, la résistance victorieuse portée contre la folle dérive autocratique de l’ancien régime, avec ce qu’il charriait d’arbitraire, de tyrannique, d’impunité, de mauvaise gouvernance, de népotisme, de clientélisme, somme toute, de mépris du peuple, ouvre des perspectives crédibles vers une gouvernance sobre et intègre de la politique intérieure du pays.
Sur le plan international, la visibilité de la politique gouvernementale se pose, notamment sur les questions de souveraineté économique, militaire et politique, qui ont une incidence majeure sur la politique intérieure de redressement économique et social. Là également les interrogations légitimes ne doivent pas se traduire en un procès en renoncement en tout état de cause prématuré, car le temps des négociations diplomatiques, c’est aussi le temps de la discrétion, qui s’accommode difficilement des tambours médiatiques.
Une bonne communication gouvernementale sera sans doute nécessaire pour aplanir les incompréhensions, mais aussi pour soutenir la mobilisation et animer la dynamique du changement promu. Pour le reste, le temps nous édifiera.
DES MOUVEMENTS CITOYENS TOGOLAIS APPORTENT LEUR SOUTIEN À GUY MARIUS SAGNA
Le front ''Touche Pas A Ma Constitution'' condamne les menaces proférées au Parlement de la CEDEAO à l’encontre du député sénégalais. Ce dernier est visé par un projet de pétition de destitution lancée par un député du Togo.
Le collectif des organisations citoyennes du Togo rassemblées autour du mouvement « Touche Pas A Ma Constitution », a apporté son soutien, dans un communiqué parvenu à Walfnet, au député sénégalais Guy Marius Sagna menacé d’une pétition de destitution au parlement de la CEDEAO par un député togolais.
Le front « ‘Touche Pas A Ma Constitution’ apporte son soutien ferme au député Sénégalais qui défend les peuples de la communauté au sein de ce Parlement, particulièrement le peuple togolais qui exprime sa reconnaissance au peuple sénégalais. Le front Touche Pas A Ma Constitution » condamne vivement les menaces proférées au Parlement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à l’encontre du député sénégalais Guy Marius Sagna. Ce dernier est visé par un projet de pétition de destitution lancée par un député togolais », lit-on dans le document.
Le prolongement des positions que le Président de la République du Sénégal
Selon le front, lors de la première session ordinaire de l’année 2024, tenue du 1 au 24 juillet, « Monsieur Sagna a eu le courage d’exposer les maux que dénoncent les citoyens de la Communauté, et il pointe du doigt les dérives des Chefs d’Etat et de Gouvernement qui se comportent comme dans un syndicat », rappelle-t-il.
« En mettant en lumière les dysfonctionnements et les travers de l’organisation, certains de ses collègues semblent effarouchés, au point de vouloir le faire taire et même de chercher à l’exclure du Parlement, comme cela pourrait se passer dans leur pays non respectueux des règles démocratiques, à l’exemple du Togo », ont-ils soutenu.
Pour l’avènement de la CEDEAO des peuples
Le mouvement de souligner que la lutte que mène le député Guy Marius Sagna au Parlement de la CEDEAO apparait comme le prolongement des positions que le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a exprimées lors du 65eme sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO.
« C’est pourquoi le front « ‘Touche Pas A Ma Constitution’ encourage les autorités sénégalaises à poursuivre leurs efforts pour l’avènement de la CEDEAO des peuples », appellent-il.
LE NÉPOTISME, UNE TRADITION BIEN ANCRÉE AU SÉNÉGAL
De Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, l'histoire politique du Sénégal indépendant témoigne de la banalisation du népotisme au plus haut niveau de l'Etat, malgré les promesses de rupture
Le népotisme, défini par le Larousse comme ‘’l’abus de quelqu'un qui use de son autorité pour procurer des avantages aux gens de sa famille’’, est une pratique qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps au Sénégal. Plusieurs nominations récentes ont ravivé les débats autour de cette question, divisant les opinions et suscitant de vives polémiques.
Au cours des derniers jours, de nombreux journalistes et citoyens ordinaires ont utilisé le terme "népotisme" à tort et à travers, allant jusqu'à en donner des définitions étendues. La cause de cette confusion ? La nomination de plusieurs personnes, soit par décret présidentiel, soit par arrêté ministériel. La plus notable est celle réalisée par le ministre de l’Industrie et du Commerce Serigne Guèye Diop. Il est accusé de népotisme, pour avoir recruté plusieurs de ses proches, y compris sa fille Daba Diop, son gendre ainsi que deux anciennes collaboratrices, Seynabou Kébé Ndiaye et Yacine Diakhaté, avec qui il avait travaillé chez Nestlé.
Toutefois, l'ex-maire de Sandiara a démenti ces accusations en publiant un arrêté datant du 11 juillet 2024. Le document présente les membres nouvellement nommés dans son cabinet.
Cependant, quelques minutes plus tard, la liste a été retirée du site web du ministère, ce qui a alimenté des débats interminables sur les réseaux sociaux et dans la rue.
Sophie Nzinga Sy, la nomination controversée
L'une des nominations les plus controversées est celle de Sophie Nzinga Sy, nouvelle directrice de l’Agence pour la promotion et le développement de l’artisanat (Apda). Sophie Nzinga Sy est la fille de la ministre des Affaires étrangères et de Jacques Habib Sy, professeur en sciences de l'information et de la communication. Sa nomination a provoqué des réactions mitigées : certains Sénégalais crient au népotisme, tandis que d’autres estiment qu’il n’y a pas lieu de polémiquer, soulignant ses compétences et son expérience.
Les défenseurs de Sophie Nzinga Sy mettent en avant ses contributions à des projets d'envergure nationale et sous-régionale promouvant la mode et le design africains. Ils insistent sur le fait qu'elle a été nommée par le président Diomaye et non dans le cabinet de sa mère, ce qui, selon eux, élimine toute suspicion de favoritisme familial.
Le porte-parole de la présidence, Ousseynou Ly, a pris sa défense (Sophie Nzinga Sy) lors de l’émission "Moment de vérité" sur Walf TV. Il a déclaré : ‘’On ne sera jamais d’accord avec le népotisme. Ce qu’on défendait quand on était dans l’opposition, on va continuer de le défendre. Mais pour le cas de notre sœur…, ce n’est pas du népotisme. C’est le président de la République qui l’a nommée et ils n’ont aucun lien de parenté, que je sache. Ce n’est pas sa mère (la ministre Yacine Fall) qui l’a nommée. Elle n’a pas été nommée dans le même département que sa mère. Elle est compétente dans ce domaine. Elle y excellait bien avant le pouvoir.’’
Les accusations contre Jacques Habib Sy
En outre, ceux qui avancent que son père, Jacques Habib Sy, a récemment été coopté comme conseiller spécial du Premier ministre Ousmane Sonko, se trompent, confirme la primature. ‘’Jacques Habib Sy ne fait pas partie de la liste des membres du cabinet d’Ousmane Sonko’’, bien qu'il soit membre du cabinet politique du Pastef depuis la réorganisation de ce parti.
Cette clarification n'a toutefois pas suffi à apaiser les esprits et la polémique continue de se propager sur la toile.
D'autres observateurs tentent de distinguer le népotisme du clientélisme politique, arguant que les acteurs politiques ont avant tout besoin de travailler avec des personnes de confiance et avec ceux qui les ont soutenus dès les premiers jours de leur engagement.
Le népotisme, une tradition sénégalaise
Le népotisme n'est pas un phénomène nouveau, au Sénégal. Il trouve ses racines dès les premières années de l'indépendance et a persisté à travers les différents régimes.
Léopold Sédar Senghor et son neveu Adrien Senghor
Le premier président de la République, Léopold Sédar Senghor, avait confié à son neveu, Adrien Senghor, le ministère du Développement rural. Les résultats de ce dernier ont, semble-t-il, plu au premier président-poète qui lui a, par la suite, confié le département de l’Équipement, avant de faire de lui un ministre d’État.
Cette pratique a posé les bases d'une tradition de népotisme dans la pratique républicaine.
Toutefois, Pierre Senghor, qui a été le premier maire de Bambey, n’a jamais eu de fonction nominative. Il était le frère du président-poète Senghor.
Abdou Diouf et Maguette Diouf
Sous la présidence d'Abdou Diouf, cette tradition a perduré. Bien que Diouf n'ait eu qu’un membre de sa famille dans son gouvernement, ce dernier, Maguette Diouf, a occupé des postes clés. Il avait la charge de la Modernisation de l’État, une fonction visant à rendre l’Administration plus performante. Convaincu par les travaux de son frère, Abdou Diouf lui a ensuite confié l’Énergie, les Mines et l’Industrie.
Après la chute du régime socialiste, il est resté discret, mais il a refait surface sous l’ère Macky Sall en refusant de céder son logement de fonction.
Abdoulaye Wade et sa famille
Avec Abdoulaye Wade, pionnier de la première alternance, des questions de sécurité l'ont poussé à s'entourer de son neveu Lamine Faye, qu'il a promu au rang de capitaine de la gendarmerie. Plus tard, Wade a nommé sa fille Sindiely comme conseillère principale, avant de lui confier la présidence du comité d’organisation du 3e Festival des arts nègres (Fesman).
Pendant ce temps, son fils Karim Wade occupait le poste de ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire et des Infrastructures, gérant également le Sommet de l’Anoci et ses milliards de dépenses, au point où certains analystes le qualifiaient de "ministre de la Terre et du Ciel".
Macky et la dynastie Faye-Sall
Après la chute de Wade en 2012, Macky Sall a promis de ne jamais nommer son frère par décret, adoptant le slogan ‘’La patrie avant le parti’’.
Cependant, il a fini par confier à son frère Aliou Sall, alors maire de Guédiawaye, la Caisse des dépôts et consignations. Quelques mois après, il a jeté l’éponge avec le scandale de Petro-Tim lié à la gestion des hydrocarbures du Sénégal.
Mansour Faye, le frère de l’épouse du chef de l’État, est également un exemple de népotisme, nommé délégué général à la Protection sociale et à la solidarité nationale avant de devenir ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement du Sénégal.
Cette pratique ne se limite pas à l'Exécutif ; elle a atteint son paroxysme dans les mairies et d'autres institutions de l'État, parfois même dans les concours de la Fonction publique et les recrutements, rapporte un secrétaire municipal. Il ajoute que certains maires abusent de cette pratique malsaine et suggère l'adoption de lois pour réduire ce phénomène qui sape le mérite.
La pratique du népotisme au Sénégal semble être une constante à travers les différents régimes, avec chaque président utilisant son pouvoir pour favoriser ses proches. Bien que certaines nominations puissent être justifiées par les compétences des personnes concernées, la perception de favoritisme continue de ternir l’image de la gouvernance au Sénégal. Les autorités devront peut-être revoir leur approche pour rétablir la confiance du public et assurer une gouvernance plus transparente et plus équitable.
L'OFFENSIVE SÉNÉGALAISE À PARIS
En plus du président, environ une dizaine de structures publiques, dont deux ministères, seront en France pour vendre la destination Sénégal et s’inspirer des bonnes pratiques de Paris-2024 pour une meilleure préparation des Jo de la jeunesse de 2026
C’est l’artillerie lourde qui a été déployée par le Sénégal en France. Une dizaine de structures publiques mobilisées pour vendre le Sénégal aux Jeux olympiques Paris-2024. Ce mercredi, le président de la République va lui aussi effectuer le déplacement pour, d’une part, répondre à l’invitation de son homologue français Emmanuel Macron pour participer à la cérémonie d’ouverture, d’autre part, participer à des conférences sur le développement du sport et la promotion de la destination Sénégal. Dès demain, Bassirou Faye entre en scène en participant, aux côtés d’Emmanuel Macron et de Thomas Bach, au Sommet international ‘’Sports pour le développement durable’’. Le lendemain de cette activité, le chef de l’État est annoncé à Saint-Denis pour prendre part, avec le président du Comité national olympique et sportif sénégalais Mamadou Diagna Ndiaye, à une rencontre autour du thème ‘’Des Jeux de Paris-2024 aux Jeux olympiques de la jeunesse de Dakar-2026 : quels enjeux ?’’.
Au-delà des enjeux sportifs et de la préparation des JOJ-2026 à Dakar, le Sénégal vise surtout à saisir l’opportunité des Jeux de Paris pour promouvoir sa destination. Dans ce cadre, un programme alléchant a été concocté tout au long du plus grand événement sportif de la planète.
C’est dans ce cadre que le ‘’Week-end du Sénégal’’ va se tenir les samedi 27 et mercredi 28 juillet, avec un riche programme. Entre animation culturelle, artistique et sportive, la délégation sénégalaise n’a pas lésiné sur les moyens pour mettre en exergue les richesses du pays. Au menu, il y a l’atelier de maquillage et de tresses organisé par Les Routes du Futur ; la fabrication de percussions et l’initiation au ‘’sabar’’ animées par l’association Médiaquar qui est également aux manettes pour mettre en valeur les contes traditionnels sénégalais ; les danses afros par Humanitaria et enfin Solidarité Sénégal avec l’association Biodiversity for Peace.
Sont annoncés dans le cadre de ce ‘’Week-end du Sénégal’’ plusieurs démembrements de l’État, dont l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix) ; l’Agence sénégalaise de promotion touristique (ASPT) ; le Conseil exécutif des transports urbains de Dakar ; le Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3FPT) ; l’Agence pour la promotion et le développement de l’artisanat, entre autres. Sans oublier, d’une part, le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture ; d’autre part, celui du Tourisme qui seront également au rendez-vous, qui pour promouvoir le tourisme sénégalais, qui pour nouer des partenariats et s’inspirer de Paris-2024 pour mieux préparer Dakar-2026.
Chargée de la promotion des investissements à l’ambassade du Sénégal à Paris et du Club Dakar-2026, Fatimata Diaw confiait lors de l’ouverture de la station Afrique : ‘’L’objectif, c’est de promouvoir le Sénégal, sa culture et son artisanat. Nous profiterons de ces trois semaines de présence pour présenter la destination sous toutes ses coutures. C’est également une possibilité de mettre en avant les artisans sénégalais basés en France et de mettre en avant leur savoir-faire.’’
Mme Diaw est aussi revenue sur l’importance de cette participation qui va permettre aux différentes parties prenantes aux Jeux de 2026 – aux plans sportif, culturel, des transports, etc. - de pouvoir vivre les Jeux dans leur technicité, pour voir comment parer à toutes les éventualités.
Malgré donc les remises en cause, l’axe Paris - Dakar continue d’être assez fructueux, aussi bien sur les plans politique, économique, culturel que sportif. En un mois, c’est la deuxième fois que le président Faye se rend en France pour animer avec son homologue français des conférences internationales. Au mois de juin, c’était sur la santé et les vaccins et cette fois, les présidents Diomaye et Macron vont parler de sport et de développement. Les deux présidents vont sans nul doute aborder également les questions relatives aux relations bilatérales entre la France et le Sénégal.
Parmi les questions sur lesquelles ils sont le plus attendus, il y a les bases militaires françaises au Sénégal. À ce propos, le président Diomaye Faye disait récemment : ‘’Je ne veux pas qu’on se focalise sur un pays, que ça soit la France, la Russie, la Chine ou un autre pays. Ce à quoi nous travaillons aujourd’hui avec les hauts officiers militaires, c’est d’avoir deux choses : une loi sur la défense et la sécurité nationale, compte tenu de l’évolution du contexte.’’
Le défi du Sénégal, disait Diomaye, c’est ‘’de définir une doctrine par rapport à la coopération militaire de façon générale’’ en vue de faire face aux défis. ‘’Maintenant, tout le monde sait que nous sommes des souverainistes. Et dans cette quête de ces souverainetés, qu’elle soit économique, alimentaire, pharmaceutique, numérique, militaire et tout ce qu’on veut, dans cette conquête, on ne ménagera aucun effort’’, avait-il insisté, non sans reconnaitre que la question avait déjà été évoquée lors de sa précédente visite.
‘’Mais il se trouve que depuis quelques années, on a institué un séminaire intergouvernemental entre la France et le Sénégal. Les parties sont en train de travailler sur tous les accords qui nous lient. On verra ensemble ce qu’il faut continuer et ce qu’il faut revoir. Pour ce qui est de la doctrine sur la coopération militaire, elle est définie par nous et pour nous et elle sera présentée. Nous allons travailler avec tous les partenaires, dans l’intérêt du Sénégal’’.
LA LENTE AGONIE D'AKON CITY
Face à l'immobilisme du chantier, les autorités ont adressé une mise en demeure, menaçant de récupérer les terres concédées à l'artiste. Un avertissement qui pourrait sonner le glas de l'ambitieux projet de 6 milliards de dollars
(SenePlus) - Près du village de Mbodiène, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar, la vision grandiose du chanteur américain d'origine sénégalaise Akon semble se dissiper. Comme l'écrit Le Monde, "concédées en 2020 au chanteur américain d'origine sénégalaise Akon pour y construire une grande ville futuriste à son nom, ces terres broussailleuses devraient pourtant être un vaste chantier."
Lancé en 2020 avec l'appui de l'ancien président Macky Sall, le mégaprojet "Akon City" promettait l'édification d'une ville futuriste digne du Wakanda, le royaume africain fictif des films Black Panther. "A l'origine, le projet Akon City, dont le budget annoncé avoisinait les 6 milliards de dollars, promettait l'achèvement d'une première phase de travaux fin 2023, reportée à 2025", rapporte le quotidien français.
Aujourd'hui, "les herbes folles poussent, les troupeaux de zébus les ruminent, mais pas l'ombre d'une grue, d'un marteau-piqueur ou d'un ouvrier", constate le quotidien. Seule émerge la structure incurvée du supposé "Welcome Center". Le 28 juin, "la Société d'aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal (Sapco), rattachée au ministère du tourisme, a adressé une mise en demeure à l'artiste", poursuit Le Monde. Un coup de semonce qui pourrait enterrer le projet pharaonique.
"Pour l'instant, nous gardons espoir que le projet débute, souffle Marcel Diome, le chef du village de Mbodiène. Jusqu'à présent, tout ce qu'il avait promis, Akon l'a fait. Nous croyons donc en lui même si c'est un peu lent", cite le quotidien du soir. Le notable salue les réalisations modestes du chanteur comme un terrain de basket.
Lors de son lancement en 2018, Akon City se voulait pourtant une cité ultramoderne "green et high-tech", avec tours futuristes, centres commerciaux démesurés, studios de cinéma, universités de pointe et même sa propre cryptomonnaie, l'"akoin". "Je veux que mes bâtiments ressemblent à des sculptures", lançait alors Akon, galvanisé par les comparaisons avec le blockbuster Marvel, d'après Le Monde.
Las, "l'akoin a vu son cours s'effondrer en quelques mois, passant d'une valeur de 0,15 dollar à 0,00035 dollar aujourd'hui, selon le site BitMart", relève le journal. Et le financement du projet, annoncé à 4 milliards de dollars par la société KE International, n'a jamais été concrétisé selon d'anciens collaborateurs cités par Le Monde : "Akon a dépensé plusieurs millions sur fonds propres pour ce projet. Mais il n'a pas réussi à confirmer les promesses d'investissement alors qu'il n'est pas en mesure de tout financer seul."
Certains médias locaux n'ont pas hésité à évoquer une possible "escroquerie", même si rien n'a été démontré, note Le Monde. Face aux critiques fin 2023, Akon assurait que son projet était "en marche à 100 000%" et que les sceptiques "auraient l'air stupide". Un an plus tard, le mirage d'Akon City semble bel et bien se dissiper dans les terres broussailleuses de Mbodiène. Comme l'indique Le Monde, "la demande d'hébergement pour les prochains Jeux olympiques de la jeunesse en 2026 pourrait d'ailleurs pousser d'autres investisseurs à convoiter ces terres promises au chanteur, pour des projets sans doute moins ambitieux mais plus réalistes."
DIOMAYE A REÇU UNE INVITATION DE XI JINPING POUR UNE VISITE D’ÉTAT EN CHINE
Le renforcement de la confiance politique mutuelle entre les deux pays, ainsi que l’intensification des échanges de haut niveau et de la coopération, ont été abordés lors de l’invitation, a assuré le vice-ministre chinois des Affaires étrangères.
Dakar, 24 juil (APS) – Le président Bassirou Diomaye Faye a reçu des mains du vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Chen Xiaodong, une invitation de son homologue Xi Jinping pour une visite d’Etat en Chine, a annoncé la présidence sénégalaise.
‘’Le président de la République a reçu mardi dans la soirée le vice-ministre chinois, M. Chen Xiaodong, porteur d’une invitation officielle du président Xi Jinping pour se rendre en République populaire de Chine dans le cadre d’une visite officielle’’, rapporte la Présidence dans un message publié sur le réseau social X.
‘’Nous avons eu des discussions sur sa prochaine visite d’Etat en Chine et sur sa co-présidence avec le président Xi Jinping au sommet du forum sur la coopération sino africaine de la confédération sino africaine’’, a confirmé à la télévision publique (RTS), le diplomate chinois au sortir de sa rencontre avec le président Faye.
Le renforcement de la confiance politique mutuelle entre la Chine et le Sénégal, l’intensification des échanges de haut niveau et du renforcement de la coopération pragmatique entre les deux pays, ont été abordés, a assuré le vice-ministre chinois des Affaires étrangères.
M. Xiaodong a en même temps fait part de la volonté de son pays de travailler à la consolidation de la synergie des stratégies de développement dans le domaine des infrastructures, des affaires régionales et internationales.
lettres d'amérique, Par Rama YADE
L’AFRIQUE ATLANTIQUE : ENTRE MENACES ET OPPORTUNITES
Alors que l'Otan célébrait ses 75 ans autour de questions sécuritaires, une conférence au Maroc plaçait l'Atlantique africain au cœur du développement économique du continent, avec le projet d'unir par des infrastructures les pays sahéliens à l'océan
Au moment où l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan) célébrait ses 75 ans à Washington D.C. en présence de 37 chefs d’Etat ou de gouvernement sur fond de bruits de bottes en Ukraine, une conférence s’ouvrait du côté de Dakhla, au Maroc : «Vision d’un Roi, l’Afrique atlantique, pour une région inclusive, intégrée et prospère» par le groupe media Le Matin. Le ton y était moins sécuritaire qu’à Washington et pointait clairement cet Atlantique africain trop souvent négligé dans l’agenda diplomatique, alors que les enjeux y sont gigantesques. On s’y enthousiasmait pour la nouvelle initiative de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, dévoilée en novembre 2023 et dont l’essentiel consiste à offrir un accès à l’Atlantique à quatre «pays frères» sahéliens : le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso. Les populations de ces pays durement frappés par le terrorisme depuis plus de vingt ans, souffrent également de l’impact des sanctions. La mise à disposition des infrastructures routières, ferroviaires et portuaires devrait leur offrir des perspectives économiques nouvelles. Bien sûr, il faudra aller dans les détails, redoutables comme la définition des priorités stratégiques, l’intégration de projets déjà en cours comme le projet de gazoduc Nigeria-Maroc, la Grande Muraille Verte, l’harmonisation des mécanismes de gouvernance maritime et bien sûr, la question des financements pour soutenir la modernisation des infrastructures.
C’est pour cela que l’initiative atlantique marocaine est à la fois un plan de développement et un plan de paix.
On se souvient de l’avertissement de Macky Sall, ancien Président du Sénégal, qui sait ce qu’il coûte de protéger la frontière sénégalaise des incursions terroristes : «Leur objectif, avait-il dit dans un entretien sur Rfi le 23 février 2021, est d’atteindre l’atlantique.» C’est le vieux projet terroriste, de la mer Rouge à l’Atlantique. Et pour cause : l’Atlantique est un espace stratégique de piraterie où, avec les 4000 bateaux qui passent chaque jour, la connexion se fait avec les réseaux sud-américains de trafic de drogue, indispensables pour s’enrichir et équiper leurs troupes. Dès lors, il ne faut pas s’étonner des attaques sur la côte du Golfe de Guinée, au Togo ou en Côte d’Ivoire. L’Atlantique, il faut donc y arriver avant eux.
Au-delà de la géographie, il y a aussi l’histoire et ses leçons. Les Africains de l’intérieur ne peuvent s’en sortir sans accès à l’Atlantique. Ils connaissent le prix de l’océan. En témoigne l’histoire de l’Empire toucouleur de El Hadj Omar et de l’Empire Wassoulou de Samori. Les deux héros africains du XIXème siècle, face à l’inéluctable avancée de la conquête coloniale européenne, auront tout fait pour «capter, avant qu’il ne fût trop tard, l’initiative politique et la conserver entre des mains africaines», selon les mots de l’historien Joseph KiZerbo dans son Histoire générale de l’Afrique (Hatier, 1972). Asphyxiés, ils auront cherché désespérément à dépasser la continentalité de leurs territoires par une ouverture sur l’océan. Ils avaient compris que l’Atlantique était leur seul salut. El Hadj Omar Tall dont l’empire couvrait une partie des territoires actuels du Sénégal, de la Guinée, la Mauritanie et du Mali, et qui avait pour ambition de libérer les opprimés de la tutelle de l’aristocratie et de la traite négrière tout en unifiant le Soudan d’alors, va se heurter dans sa progression aux troupes de Faidherbe avant d’échouer à Matam et de disparaitre dans les falaises de Bandiagara en 1869. Son fils et successeur à la tête de l’empire, Ahmadou, échouera pour les mêmes raisons : en refusant l’alliance offerte par Samori, fondateur de l’Empire Wassoulou, un autre espace enclavé couvrant une partie des territoires actuels de la Guinée, du Mali et le nord de la Côte d’Ivoire, il précipite sa défaite. Seul face aux Français à partir de 1880, Samori, malgré sa ténacité, illustrée par la bataille de Woyo-Wayankô, le 2 avril 1882, est pourchassé alors qu’il n’aura de cesse de se diriger vers la côte jusqu’à sa capture le 29 septembre 1898 par le commandant Gouraud et son exil final au Gabon.
L’échec de ces héros ouvrira la voie à la colonisation. L’importance stratégique de l’Atlantique telle qu’enseignée par l’histoire demeure.
L’Atlantique, c’est toujours le deuxième des cinq océans en taille, après le Pacifique. Elle couvre 17% de la surface de la terre et un quart de l’espace maritime mondial. Plus d’une centaine de pays sur trois continents bordent l’océan, et parmi lesquels la première puissance mondiale (les Etats-Unis), d’autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (dont le Royaume-Uni et la France), des puissances latino-américaines (comme l’Argentine et le Brésil). Du côté africain, l’Atlantique abrite 23 nations côtières, du Maroc à l’Afrique du Sud en passant par le Sénégal, pointe la plus occidentale du continent africain, le tout constituant 46% de la population du continent, 55% de son produit intérieur brut et 57% de son commerce. La zone contient également une grande quantité de ressources naturelles dont le pétrole. D’espace à civilisation atlantique, comme a fini par le devenir l’Otan dont les pays membres sont unis par un sentiment de solidarité militaire, il y a tout de même un monde. C’est pourtant le défi que doivent relever les pays de l’Atlantique africain.
Aujourd’hui comme hier autour de l’Atlantique, les enjeux sont autant des menaces que d’opportunités. La maritimité demeure en effet une affirmation de puissance comme en atteste la violence des zones de tension où se jouent les questions de souveraineté maritime, comme entre le Nigeria et le Cameroun au sujet de la presqu’île de Bakassi jusqu’en 2008, entre le Ghana et la Côte d’Ivoire jusqu’en 2017, le Sénégal et la Guinée-Bissau jusqu’en 1995 ou encore entre le Gabon et la Guinée équatoriale au sujet de l’île de Mbanie. Cette lutte d’influence se joue essentiellement autour du contrôle des zones exclusives maritimes, des détroits, des caps et des canaux, entre Etats qui rivalisent pour l’exploitation de gisements énergétiques. Le droit de la mer, issu de la Convention des Nations unies de Montego Bay sur le droit de la mer de 1982, ne suffisant pas toujours pour les abriter, c’est un espace stratégique qui n’échappe pas à la militarisation par les Etats désireux d’y étendre leur souveraineté.
Pour un pays comme le Sénégal, les pratiques de pêche illégale qui épuisent les stocks halieutiques sont le principal défi. Le règlement de cette question, cruciale pour les 600 000 Sénégalais qui vivent de la pêche, est d’ailleurs l’un des principaux engagements du Président Diomaye Faye pour renégocier les accords et sanctionner les chalutiers étrangers, notamment chinois et turcs, qui, sous pavillon sénégalais, cherchent à échapper à la réglementation. Selon le rapport 2022 de l’Environmental Justice Foundation, «la flotte chinoise de haute mer -de loin la plus grande au monde, capture environ 2,35 millions de tonnes de fruits de mer chaque année -selon certaines estimations, environ la moitié du total des captures en eaux lointaines de la Chine- évaluées à plus de 5 milliards de dollars»
Les zones indépendantes, considérées comme un «bien commun», apparaissent également comme le foyer d’une nouvelle mobilisation à travers la sauvegarde de la biodiversité. Ainsi, c’est après deux décennies de négociations qu’a été adopté le 19 juin 2023 l’accord «historique» sur la protection de la biodiversité marine au-delà des zones de juridiction nationale par la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine.
Conscientes de ces atouts, les institutions africaines ont élaboré un cadre d’action autour de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, de la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050 et la Charte africaine sur la sûreté, la sécurité maritime et le développement, proclamé «2015-2025, Décennie des mers et des océans d’Afrique» et décidé que le 25 juillet serait désormais «Journée africaine des mers et des océans». C’est que les enjeux autour de l’économie bleue sont capitaux en Afrique alors que la transition énergétique maritime, la révolution portuaire et les transports maritimes, les activités halieutiques et énergétiques avec de nombreuses découvertes (notamment au Sénégal, Côte d’Ivoire, Ghana) et les câbles sous-marins bouleversent les économies africaines maritimes de manière spectaculaire. La gouvernance de l’océan est un défi majeur qui reste encore à relever pour les Etats africains au moment où la première puissance navale du monde, les Etats-Unis, viennent de lancer, le 18 septembre 2023 à l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations unies, un nouveau Partenariat pour la coopération atlantique. Près de la moitié (15) des 32 pays atlantiques membres de ce Partenariat sont africains au moment de son lancement : Angola, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Liberia, Mauritanie, Maroc, Nigeria, République du Congo, Sénégal, Togo. Ce Partenariat pour la coopération atlantique ne doit cependant pas être un simple instrument au service de la rivalité entre les grandes puissances. Il peut soutenir les Etats africains qui sont à la tâche pour maximiser la coopération portuaire, le déploiement des ports intelligents, les leviers touristiques, au moment où le continent lance la plus grande zone de libre-échange au monde. Sur le plan politique, l’Atlantique africain, ce sont 20% des voix à l’Onu, mais sans coordination entre ces pays côtiers, l’Atlantique africain est un lion sans dents.
Là encore, l’histoire nous enseigne que l’Atlantique n’a pas toujours été une promesse
Nous qui avons grandi sur la corniche sénégalaise, l’Atlantique et sa belle côte ont d’abord été des espaces de jeux pour les enfants insouciants que nous étions, un marché pour nos mamans qui venaient s’approvisionner en poissons, un espace professionnel pour nos familles issues de générations de pêcheurs. En arrière-fond, toujours l’île de Gorée pour nous rappeler que l’Atlantique a englouti bien des nôtres, épicentre d’une traite qui a déshumanisé l’Afrique pendant cinq siècles. Pour faire communauté, l’Atlantique doit devenir un espace de coopération mémorielle, avec les diasporas du Brésil aux Caraïbes au premier plan, et pourquoi pas entre musées côtiers porteurs de cette mémoire, du Musée des civilisations noires de Dakar au nouveau Musée international afro-américain de Charleston (Etats-Unis), au Mémorial à l’abolition de l’esclavage de Nantes (France). Alors que demain, 25 juillet, la communauté internationale célèbre la «Journée africaine des mers et des océans», tout, de l’histoire à la géographie, rappelle la centralité de l’Atlantique.
Rama Yade est Senior Director, Africa Center Atlantic Council.
L’ASSEMBLEE NATIONALE ACCELERE LA CADENCE
La quatorzième législature est apparemment partie pour donner droit à la tenue de la Déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko devant l’hémicycle.
La quatorzième législature est apparemment partie pour donner droit à la tenue de la Déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko devant l’hémicycle. C’est en effet ce jour, mercredi 24 juillet, que les présidents des trois groupes parlementaires et le représentant des députés non-inscrits qui tenaient un groupe de travail à Saly sur la réactualisation du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale comptent déposer leurs conclusions sur la table d’Amadou Mame Diop, le président de la représentation parlementaire. A charge pour ce dernier de diligenter la procédure jusqu’à la plénière pour réintégrer la charge primatoriale dans les textes et dispositions qui régissent le Règlement intérieur de l’Assemblée. Une chose que le nouveau chef du gouvernement exigeait avant d’envisager tout Grand oral devant l’hémicycle.
Après le bras de fer entre la majorité parlementaire et le nouveau Premier ministre du Sénégal à propos de la tenue de la Déclaration de politique générale, le temps de l’apaisement et/ou de l’accalmie semble progressivement s’installer pour permettre à Ousmane Sonko de sacrifier à cette tradition républicaine du Grand oral devant la représentation parlementaire. Et pour cause !
L’Assemblée nationale, sous pilotage de son président Amadou Mame Diop, est en train de mettre en place les derniers rouages pour le passage du nouveau chef de gouvernement à l’hémicycle. Une Déclaration de politique générale, consacrée par la Constitution et encadrée par l’Assemblée nationale, dans un délai englobant les trois mois suivant la nomination du Premier ministre mais que Ousmane Sonko a menacé de ne pas faire devant la quatorzième législature si celle-ci ne mettait pas à jour le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Et cela, avant le 15 juillet. A défaut, Ousmane Sonko s’était engagé à tenir sa DPG devant une assemblée populaire regroupant toutes les sensibilités et couches sociales du pays.
De fil en aiguille, les deux parties étaient revenues en de meilleurs sentiments après la « médiation » du chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, incitant le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, à rabibocher les positions des groupes parlementaires pour la correction du Règlement intérieur.
Dans le même temps, le Premier ministre Ousmane Sonko était convié à suspendre la tenue de son Grand oral «populaire» afin de laisser du temps à l’Assemblée nationale pour le réajustement des textes et dispositions en question. Du coup, suite à plusieurs réunions tenues entre les présidents des Groupes parlementaires, et sur instruction du Président de l'Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, un groupe de travail pour la réactualisation du Règlement intérieur a été mis sur pied. Et après deux jours de réunion (22 et 23 juillet 2024), à Saly, ledit groupe de travail composé des représentants de trois Groupes parlementaires et du représentant des Non-inscrits, assistés par l'administration de l'Assemblée nationale a informé, via une note, que «Les conclusions du groupe de travail seront déposées sur la table du président de l'Assemblée nationale ce mercredi 24 juillet 2024 ».
De suite, Abdoul Mbow, président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, Mouhamed Ayib Salim Daffé, président du groupe parlementaire Yewwi Askan wi, Mamadou Lamne Thiam, président du groupe parlementaire Liberté Démocratie et Changement, Sanou Dione, représentant des Noninscrits, qui ont achevé leur conciliabule, vont présenter au dernier titulaire du perchoir sous Macky Sall leurs appréciations sur la procédure touchant la réactualisation du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Reste à espérer que ces conclusions permettront de sublimer toute menace de crise institutionnelle entre pouvoir législatif et pouvoir exécutif.