SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 novembre 2024
Politique
LE NOUVEAU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE INSTALLÉ DANS SES FONCTIONS
L’inspecteur Aliou Ciss a promis ”de ne ménager aucun effort pour œuvrer à la sécurisation des établissements pénitentiaires et à la préparation à la réinsertion sociale des détenus”.
Le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a installé, vendredi, l’inspecteur Aliou Ciss dans ses nouvelles fonctions de directeur général de l’Administration pénitentiaire, en remplacement du colonel Abdoulaye Diagne.
La cérémonie s’est déroulée au camp pénal de Liberté 6, en présence de plusieurs autorités militaires, civiles et administratives.
Le nouveau directeur général de l’Administration pénitentiaire a promis ”de ne ménager aucun effort pour œuvrer à la sécurisation des établissements pénitentiaires et à la préparation à la réinsertion sociale des détenus”.
Premier directeur issu du personnel pénitentiaire, Aliou Ciss a indiqué qu’il s’agira pour lui d’inscrire en priorité l’humain au cœur de son action en s’attelant à ”améliorer des conditions de détention et de préparation à la réinsertion sociale, au renforcement des capacités opérationnels du personnel et à la revalorisation de la fonction de pénitentiaire”.
Il a relevé que ”nonobstant les progrès réalisés, le système pénitentiaire sénégalais souffre aussi de problèmes spécifiques liés aux longues détentions provisoires, la surpopulation carcérale, la vétusté et l’inadaptation de l’architecture carcérale et l’inadéquation entre la capacité d’accueil des établissements pénitentiaires et l’effectif carcéral”.
S’y ajoute, a t-il listé, ”la faible application des peines alternatives à l’incarcération et des modes d’aménagement des peines, l’insuffisance du personnel pénitentiaire, ainsi que le manque de personnels spécialisés, conformément à l’ensemble des règles minima pour le traitement des détenus, dénommées Règles de Nelson Mandela”.
Fort de ce constat, le nouveau directeur général de l’Administration pénitentiaire a annoncé la mise en place prochaine d’un plan stratégique qui prendra en compte les réformes juridiques et tous ces aspects, ainsi que l’amélioration des conditions de travail du personnel.
LITIGE FONCIER, LE PREMIER MINISTRE A REÇU UNE DÉLÉGATION VENUE DE NDINGLER
Depuis des années les paysans du village de Ndingler dénoncent « l’accaparement » de leurs terres par le groupe agro-alimentaire Sedima. En 2020 le Président Bassirou Diomaye, à l’époque inspecteur des impôts avait dénoncé cette expropriation des terres.
Le chef du gouvernement Ousmane Sonko a reçu, vendredi, une délégation du village de Ndingler dirigée par le chef de village Abdoulaye Galgor DIONNE en présence du directeur exécutif d’Amnesty International à Dakar.
« Le PM Ousmane Sonko a reçu ce matin une délégation de Ndenglér accompagnée par monsieur Seydi Gassama d'Amnesty et le héros Abdoulaye Galgor Dionne», a-t-on appris.
Depuis des années les paysans du village de Ndingler dénoncent « l’accaparement » de leurs terres par le groupe agro-alimentaire Sedima.
En 2020 le Président Bassirou Diomaye, à l’époque inspecteur des impôts avait dénoncé cette expropriation des terres appartenant à des paysans.
L’entreprise sénégalaise, spécialisée dans l’élevage de volailles, avait acquis en 2019 un titre foncier sur 225 hectares dans la zone pour développer un projet d’agro-business. Mais les paysans de Ndingler protestent toujours, au nom du droit coutumier.
PAR Birane Gaye
LES SÉNÉGALAIS ONT CHOISI LA DÉMOCRATIE
EXCLUSIF SENEPLUS - La vocation du Sénégal n'est pas de suivre les aventuriers de l’AES. Le 24 mars, le peuple a lancé un message clair au nouveau pouvoir. Il faut savoir l’entendre et se méfier des sirènes nationalistes
Le général Mamadi Doumbouya, le colonel Assimi Goïta et le capitaine Ibrahim Traoré devaient être dans leurs petits souliers quand Bassirou Diomaye Faye, président légitimement élu du Sénégal, est venu leur rendre visite. Malgré les tensions qui ont eu cours au Sénégal à la suite des nombreuses « affaires Sonko » et du report de la présidentielle décidé par Macky Sall, le pays a tenu. Le Conseil constitutionnel a censuré l’Exécutif, qui s’est plié aux exigences des Sept Sages. Le peuple sénégalais a fait le reste, en se rendant massivement aux urnes pour élire son président parmi dix-neuf candidats. Le scrutin, marqué par un calme exceptionnel, a été libre, démocratique et transparent en dépit des Cassandre qui, de l’intérieur et de l’étranger, agitaient la menace du chaos généralisé voire de l’effondrement du pays.
Le Sénégal a confirmé son ancrage dans la démocratie libérale et du modèle électoral ouvert qui permettent une compétition entre des projets concurrents avec comme arbitre suprême le peuple souverain.
La présidentielle du 24 mars dernier a été une respiration pour tous ceux qui désespéraient de la démocratie dans une région ouest-africaine engluée dans les putschs, les dérives autoritaires et l’assujettissement à des puissances étrangères, dont certaines envisagent de devenir maîtresses et alliées des nouveaux autoritarismes tropicaux.
En faisant le choix d’élire son président au suffrage universel, ce qui signifie tourner le dos à la tentation du pire, le peuple sénégalais a lancé un message clair au nouveau pouvoir : nous ne voulons pas du modèle illibéral vendu notamment par des puissances conquérantes à leurs nouveaux alliés, mais de la poursuite dans la voie de la démocratie libérale qui seule permet l’alternance au pouvoir et la garantie de l’effectivité des libertés publiques. Il ne faudrait pas que les nouvelles autorités sénégalaises se trompent dans le décryptage du message des électeurs. Celui-ci est éloquent, car il consacre, avec la victoire d’un candidat de l’opposition sans expérience de l’élection ni du gouvernement, la compétition électorale pour choisir librement à qui confier le pouvoir.
Que le président sénégalais fasse la tournée des voisins après son élection est tout à fait normal. Mais il lui faut toujours garder à l’esprit que le Sénégal n’est ni le Mali, ni le Burkina Faso encore moins la Guinée. Aussi, il lui faut se souvenir de la manière dont il est arrivé au pouvoir ; ni par les armes ni par une insurrection. Il a été élu démocratiquement et installé à la suite d'une prestation de serment devant le président du Conseil constitutionnel et d'une passation de service en bonne et due forme avec son prédécesseur. L’heure n’est pas au rapprochement avec des régimes autoritaires dont les dirigeants ont arraché le pouvoir par le fusil sous prétexte que la situation de leur pays était déplorable et que l’armée subissait des défaites face aux bandes armées. Désormais, ils jouissent du confort du pouvoir dans des palais cossus, loin des théâtres d'opérations, se partagent les postes de responsabilité, répriment toute voix discordante et décident de se maintenir au pouvoir sans mandat populaire.
Au Burkina Faso, des opposants et des membres de la société civile sont régulièrement arrêtés s’ils ne sont tout bonnement envoyés au front. En janvier Me Guy Hervé Kam, avocat d’Ousmane Sonko, est enlevé et détenu au secret. Libéré le 30 mai, il a, le même soir, encore été arrêté par la gendarmerie. Récemment, le capitaine Ibrahim Traoré s’est octroyé sans coup férir un mandat « cadeau » de cinq ans.
Au Mali, la junte non seulement refuse de rendre le pouvoir après quatre années de transition, mais Assimi Goïta a suspendu par un décret du 10 avril 2024, les activités des partis et des associations politiques. Les médias ont également reçu l’ordre de ne plus traiter l'actualité politique.
Au Niger, non content de détenir l’ancien président élu démocratiquement Mohamed Bazoum, le régime putschiste empêche toute forme d’expression démocratique. Le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte, déroule le tapis rouge à Niamey à Kémi Séba et Nathalie Yamb, activistes pseudo-panafricanistes, mais en vérité relais propagandistes de Moscou en Afrique francophone. En Guinée, quatre radios et une télévision ont été interdites par le régime au mois de mai.
Les délires anti-impérialistes, qui sont en réalité une manière de masquer ses carences en matière économique et de transformation sociale, masquent mal une incapacité à gouverner dans la transparence et la vertu. Il est attendu des dirigeants de la sous-région une volonté et une ambition pour plonger leurs pays dans la modernité mais pas dans la reconstitution d’un agenda qui fait office de vieilles reliques tiers-mondistes. Les discours enflammés sur la souveraineté, le nationalisme économique et le patriotisme ne sont que leurre face aux vraies urgences qui relèvent de la transformation de l’économie, de l’industrialisation, de la réalisation d’infrastructures modernes et de l’attrait des investissements en vue de générer de la croissance et des emplois massifs. La compétition entre les pays du champ devrait se situer au niveau de savoir qui attire les plus grandes multinationales pour lutter contre le chômage des jeunes et non qui montrerait le plus d’attachement à la milice Wagner pour sécuriser son territoire.
Heureusement que le président Faye a catégoriquement fermé la porte d’une adhésion du Sénégal à l’Association des États du Sahel. Le Sénégal est un leader de la Cedeao et de la zone Franc et devrait l’assumer en pesant de tout son poids diplomatique pour renforcer l’intégration régionale, la monnaie commune et la dynamique d’échanges commerciaux au sein de la communauté régionale.
La vocation du Sénégal n'est pas de suivre les aventuriers de l’AES, mais de rester dans le giron des grandes démocraties de la région, avec le Ghana et le Cap Vert. Il s’agit aussi pour le Sénégal de rattraper le voisin et rival ivoirien dont le miracle économique se réalise sous nos yeux. Dakar doit s’éloigner de la tentation autoritaire et renforcer sa coopération avec des puissances démocratiques comme le Nigéria, l’Afrique du Sud, sur le continent, la France, l’Allemagne et le Brésil, hors de nos frontières. Trêve de fanfaronnades nationalistes ! Le Sénégal a vocation à s’ouvrir à toutes les partenaires économiques qui respectent le principe de non-ingérence et qui apportent de la valeur ajoutée à son ambition économique.
Les Sénégalais votent depuis un siècle et demi. Ils ont expérimenté la presse privée depuis les années 70. Le droit de marche est inscrit dans la Constitution depuis janvier 2001. Nos compatriotes, qui en 2022, ont donné plus de députés à l’opposition au Parlement, ont plusieurs fois réalisé une alternance au sommet de l’État par le biais du suffrage universel. Ce peuple est jaloux de sa liberté et de son pouvoir conférés par la Constitution. Il a, le 24 mars dernier, fait une nouvelle fois le choix de la pérennité d’un modèle démocratique qui connaît ses limites certes mais garantit l’exercice des libertés fondamentales. Les Sénégalais ont choisi la démocratie, il faut savoir l’entendre, se méfier des sirènes nationalistes et faire nôtre le rendez-vous senghorien du donner et du recevoir.
Birane Gaye est enseignant.
par Dija Sow
ET MAINTENANT, QUE FAIT-ON ?
La France est le rêve de ceux qui la visitent, la projection de ceux qui la font, le souhait de ceux qui y résident. De gauche ? de Droite ? Aucune importance. Il est temps d’être à la fois humaniste et démocrate
Encore un matin. Encore un matin où le si mal nommé "Rassemblement National" (RN) est aux portes du pouvoir. Un parti dont les racines puisent allègrement dans le pire vice d’une société : la peur de l’autre, le rejet. L’arbre RN a des racines vivaces dans le négationnisme et le pétainisme, mais son tronc, c’est la petite entreprise familiale des Le Pen. Et puis il y a ses bourgeons, les p’tits gars sympas qui prennent des mairies en sympathisants avec la population et Bardella-belle-gueule qui passe si bien sur TikTok.
Pourquoi je ne veux pas que le RN gouverne le pays ?
D’abord parce qu’il le gouvernera mal. La première victime de la guerre, c’est le plan qu’on établit pour la gagner. Voilà pourquoi aucun parti ne tient ses promesses de campagne. Une fois qu’on a des idées, il faut faire avec les imprévus internationaux : crise économique pour Sarkozy, attentats sur le territoire pour Hollande, crise Covid pour Macron…et donc ils prennent des décisions moins basées sur leur programme que sur leurs convictions.
Et moi ça ne me dérange pas qu’un élu républicain, quel que soit son bord politique, prenne des décisions fortes avec ses convictions lorsque le pays traverse une crise. Mais je ne souhaite pas être gouverné à vue par une personne dont la réponse sera à tout bout de champ : “C’est de la faute de l’Autre ! “, par un xénophobe.
Ce que je propose pour le pays
L’identité est une chose qui évolue en fonction de comment on la projette. La France n’est pas le fruit de son passé - aucun pays ne l’est. Elle est le rêve de ceux qui la visitent, la projection de ceux qui la font, le souhait de ceux qui y résident.
Elle n’est que l’arbre des possibles et il nous appartient de lui donner la direction que nous souhaitons. Celle que je souhaite, c'est une décision cohérente avec l’Histoire du monde, et quelque part aussi dans la droite file d’une certaine Histoire de la nation.
Parce que je pense que la France n’a jamais été aussi belle et aussi grande que lorsqu’elle était le pays des lumières, je veux qu’elle voit naître et croître les Lumières de notre siècle : l’éthique technologique et l’intelligence créative, la redéfinition de la place de l’humain dans les espaces naturels et l’univers technologique.
Pour cela, il faut accueillir tous les humains qui souhaitent participer à la belle aventure française : travailler, étudier, penser, douter, écouter et accueillir puis transmettre à son tour.
Pour cela, il faut la paix dans le monde : elle s’obtient par la lutte active et légitime contre les belligérants : diplomatique ou armée, mais ferme et publique.
Pour cela, il faut la paix en bas de chez soi :
Les préfets doivent prendre en charge la délinquance et le crime. Pas les exilés, pas les victimes de produits et de conduites addictives, pas les activistes sociaux et politiques. Ils doivent en avoir les moyens et ne doivent pas avoir la crainte de les déployer. Il n’existe pas de paix sans sentiment de sécurité.
Une politique ambitieuse de grands travaux transformant l’héritage urbain des années soixante en écoquartiers favorisant la mixité sociale et une vraie pénalisation des mairies qui ne construisent pas assez de logements sociaux.
Proposons un nouveau modèle ambitieux centré autour de la commune et de son centre : réhabilitation urbaines, réflexion et mesure nationale contraignante sur la politique de parking sur la voie publique.
Pour cela, il faut la justice sociale :
Remettre à plat notre système fiscal et notre système d’allocation en le basant sur l’individu plutôt que sur le ménage. C’est le premier pas vers la possibilité d’un capital universel inconditionnel, versé à chaque citoyen à l’âge de 25 ans.
Valoriser le Travail, tous les travaux : éduquer ses enfants, être bénévole au club de foot du quartier…autant d’activités qui comptent pour la société et qui doivent donner lieu à une rétribution sociale, pour la retraite par exemple. L'entrepreneuriat vertueux doit être encouragé, en simplifiant la mise en place des coopératives dans tous les secteurs d’activité.
Pour cela il faut l’education pour tous et par tous :
Renouer avec l’éducation populaire en généralisant l’e-learning certifiant. Pour cela former à l’emploi efficace des outils digitaux - pour tous les âges et tous les milieux.
Pour cela il faut la santé :
Attirer et favoriser l’installation de médecins étrangers sur notre territoire - comme le fait déjà très à profit le Canada - mais aussi l’installation d’aides humaines à la personne et d'auxiliaire de vie.
En finir avec la tarification à l’acte à l’hôpital.
Favoriser l’essor de la silver economy afin de préparer par l’innovation le vieillissement de la population.
Pour cela, il faut la croissance, mais pas celle du PIB, celle de l’indice de développement humain : Pour avancer sur la bonne route, il faut les bons indicateurs. Les euros ne valent que s’ils sont transformés en bonheur pour le plus grand nombre. Notre tissu économique est principalement composé de TPE et de PME : simplifions leur implantation et leur développement. Développer encore la lutte contre l’évasion fiscale.
De gauche ? de Droite ? Aucune importance. Il est temps d’être à la fois humaniste et démocrate. Terriens. Ensemble. Pour le progrès de tous et de chacun sur la voie qu'il choisit librement dans le respect de son voisin.
Alors, pourquoi voterez-vous ?
L'UCAD FACE AU RISQUE D'UN VIDE ADMINISTRATIF
Selon le Sudes, le retard pris dans le processus de nomination du nouveau recteur enfreint la réglementation en vigueur. Si rien n'est fait dans les prochains jours, l'Université pourrait se retrouver sans direction légitime à compter du 20 juillet
(SenePlus) - L'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar est confrontée à une situation préoccupante concernant le renouvellement de son rectorat. Selon le Syndicat Unitaire et Démocratique des Enseignants du Sénégal / Enseignement Supérieur et Recherche (SUDES-ESR) section UCAD, un retard significatif dans le lancement de l'appel à candidatures pour le poste de recteur met l'institution au risque d'un vide administratif à partir du 20 juillet 2024, date d'expiration du mandat de l'actuel recteur Ahmadou Aly Mbaye.
Cette inaction des instances de l'UCAD, notamment le Conseil d'Administration, contrevient au décret n° 2021-846 du 24 juin 2021 relatif aux modalités de nomination du recteur. Dans deux lettres adressées respectivement au ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Abdourahmane Diouf, et au président du Conseil d'Administration, Mamadou Bocar Sy, le 13 juin 2024, le SUDES-ESR a dénoncé ce retard et appelé à des actions urgentes.
Dans sa lettre au ministre, le syndicat rappelle qu'un "comité de validation et de sélection des candidatures doit être mis en place quatre-vingt-dix (90) jours avant le terme du mandat du recteur en fonction". "Or, le mandat actuel du recteur expire le 20 juillet 2024, ce qui signifie que le comité aurait dû être mis en place et l'appel à candidatures lancé il y a déjà cinquante-cinq (55) jours", peut-on lire dans la lettre.
Le SUDES-ESR exprime son "indignation et profonde inquiétude quant aux conséquences potentielles sur la continuité et la stabilité de la gouvernance de l'UCAD". Il exhorte le ministre à "procéder le plus rapidement possible à la mise en place du comité de sélection et de validation" et à "instruire le conseil d'administration de l'UCAD afin de procéder sans délai au lancement de l'appel à candidatures".
Dans sa lettre au président du Conseil d'Administration, le syndicat dénonce "une violation manifeste des dispositions du décret" et pointe un "retard inadmissible". "À moins de quarante-cinq (45) jours de la fin de son mandat, le comité n'est toujours pas mis en place et l'appel à candidatures encore moins lancé", fustige la lettre.
Le SUDES-ESR met en garde contre les risques d'un vide administratif qui "impacterait gravement la gestion quotidienne et les prises de décisions cruciales" à l'UCAD. Il demande au Conseil d'Administration de "procéder sans délai à la rédaction et à la diffusion de l'appel à candidatures".
LES JEUNES REPORTERS RÉCLAMENT LA MISE SOUS CONTRÔLE JUDICIAIRE DES ENTREPRISES DE PRESSE PEU SCRUPULEUSES
L'organisation dénonce le non-paiement des salaires des travailleurs à l'approche de la Tabaski. Elle regrette l'utilisation par certains patrons de presse de « leur situation fiscale comme subterfuge pour se dérober de leurs obligations légales »
La Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) monte au créneau pour réclamer la mise sous contrôle de la justice des entreprises de presse qui ne respectent pas leurs obligations envers leurs employés. Dans un communiqué cinglant publié ce jeudi 13 juin 2024, l'organisation dénonce le non-paiement des droits des travailleurs des médias à l'approche de la Tabaski et exige l'application des procédures prévues par le droit du travail. Celles-ci prévoient notamment qu'une «quand une entreprise n'arrive plus à honorer ses obligations envers ses créanciers y compris les travailleurs, elle doit être soumise à une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens», rappelle la CJRS dans le texte ci-dessous.
"La Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS) constate avec une très grande désolation l'attitude irrespectueuse des entreprises de presse à l'égard de leurs personnels. Cette situation est d'autant plus désolante et grave qu'elle intervient en cette veille de fête de la Tabaski qui est très importante pour ces pères, mères et soutiens de familles.
La CJRS trouve dommage que certaines entreprises de presse utilisent leur situation fiscale comme subterfuge pour se dérober de leurs obligations légales envers les journalistes et techniciens des médias. Il est temps que les autorités, au-delà de la fiscalité, insistent sur le nécessaire respect des droits des travailleurs. Conformément aux dispositions pertinentes du droit HADA, en particulier de l'acte uniforme portant Code des procédures collectives, quand une entreprise n'arrive plus à honorer ses obligations envers ses créanciers y compris les travailleurs, elle doit être soumise à une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens.
L'Etat n'a pas le droit de laisser ce statuquo perdurer au détriment des travailleurs. Si l'objectif est vraiment de faire respecter la loi, il n'a qu'à aller jusqu'au bout de la logique.
La CJRS demande également à l'autorité de veiller au respect strict du Code de la presse sur les conditions relatives à la gouvernance transparente des entreprises de presse, condition sine qua non pour des entreprises viables et une meilleure administration de l'appui au secteur de la presse.
Enfin, la CJRS appelle les patrons de presse à revenir à la raison en respectant scrupuleusement la législation en matière de droit du travail."
LA PAROLE RELIGIEUSE PÈSE-T-ELLE ENCORE ?
Avec 62% des Sénégalais favorables à leur intervention en politique, leur influence reste indéniable. Néanmoins, une majorité croissante, particulièrement parmi les jeunes, appelle à une séparation plus nette entre religion et politique
(SenePlus) - Le Sénégal, nation réputée pour sa diversité culturelle et religieuse, a toujours entretenu des relations étroites entre les sphères religieuse et politique. Une étude menée en décembre 2023 par l’Institut Timbuktu en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer, intitulée “Perceptions de la place et du rôle des acteurs religieux dans le jeu électoral du Sénégal,” éclaire de manière détaillée l’influence et les défis auxquels font face les acteurs religieux dans le contexte électoral sénégalais.
Depuis les indépendances, le Sénégal a vu se développer une imbrication significative entre ses dirigeants politiques et religieux. Historiquement, les leaders religieux ont joué un rôle de stabilisateurs dans les moments de crises, comme ce fut le cas lors des événements de mars 2021 où des interventions religieuses ont contribué à apaiser les tensions politiques et sociales. Cet héritage se manifeste encore aujourd’hui, alors que les guides religieux continuent d’être des acteurs influents dans la régulation des conflits et la médiation politique.
L’étude révèle que 62% des Sénégalais estiment que les guides religieux doivent intervenir dans le jeu politique. Cette opinion est partagée autant par les jeunes que par les plus âgés, soulignant l’importance perçue de ces figures religieuses comme médiateurs et influenceurs dans le processus électoral. Leur soutien peut conférer une légitimité et une crédibilité supplémentaires à certains candidats ou partis politiques, en renforçant la mobilisation électorale et en influençant les décisions des dirigeants politiques.
Cependant, cette influence n’est pas sans controverse. Une majorité de 58% des répondants, en particulier parmi les jeunes et dans certaines régions comme Tambacounda, exprime une réticence vis-à-vis de l’implication des acteurs religieux dans le processus électoral. Certains leaders politiques et sociaux suggèrent que les religieux devraient se concentrer sur leur rôle spirituel et éducatif, plutôt que de s’engager activement dans la politique électorale.
La question de la laïcité reste centrale dans ce débat. Le Sénégal, bien que majoritairement musulman, est une république laïque où la séparation entre l’État et la religion est constitutionnellement établie. Cependant, dans la pratique, les frontières sont souvent floues. L’étude souligne la complexité de dissocier entièrement la religion de la politique dans un pays où l’imaginaire religieux est profondément enraciné dans la conscience nationale.
À l’approche des élections de 2024, les perspectives d’une implication accrue des religieux dans le jeu politique restaient incertaines. L’étude suggère que leur rôle pourrait évoluer vers une fonction de pacificateurs et de médiateurs, plutôt que d’influenceurs directs sur les choix électoraux. La jeunesse sénégalaise, en quête de sens et de changement, pourrait également redéfinir cette dynamique, en privilégiant des leaders politiques autonomes des consignes religieuses.
En somme, les acteurs religieux au Sénégal continuent de jouer un rôle crucial dans la stabilité politique et la cohésion sociale. Toutefois, leur influence dans le domaine électoral est de plus en plus contestée, reflétant une société en mutation où les jeunes générations aspirent à une séparation plus nette entre le sacré et le politique.
Cette étude offre un éclairage précieux sur ces dynamiques et ouvre des perspectives sur l’évolution du rôle des religieux dans les futures échéances électorales du pays.
LA COLÈRE GRONDE À EMEDIA
Depuis des mois, les salaires ne sont pas payés, selon les travailleurs. Et l'annonce du non-versement d'une avance Tabaski fait déborder le vase. La grogne est maximale au sein du groupe de presse
(SenePlus) - Les tensions sont vives au sein du groupe de presse Emedia Invest. Dans un communiqué incendiaire, le Syndicat des travailleurs a dénoncé avec véhémence les conditions de travail dégradantes et le non-paiement des salaires depuis des mois.
Citant le secrétaire général du Synpics-Emedia, le texte rappelle que "des travailleurs courent encore et toujours derrière leur salaire des mois d'avril et de mai. On ne parle plus de retard de salaires. Mais plutôt d'arriérés de salaires."
Cette situation perdure depuis plus de trois ans selon le Syndicat, qui s'insurge : "Ces pères, mères et responsables de familles peuvent se passer d'avances s'ils recevaient correctement leur dû à la fin de chaque mois."
Le point de discorde est l'absence d'avance sur salaire pour la fête de Tabaski, annoncée plus tôt dans la journée par la Direction dans un communiqué. Celle-ci a évoqué "les difficultés que traverse l'entreprise en ce moment" avec "la rareté de la ressource, les aléas du recouvrement et l'affaiblissement de nos marges opérationnelles."
Mais pour les délégués syndicaux, c'est une diversion qui occulte le véritable problème : "Qui a demandé cette avance ? Diversion !" Le Syndicat campe sur sa ligne de conduite : "Nous ne cessons de le rappeler : le salaire est avant tout une question de dignité."
L'avenir s'annonce des plus orageux pour la Direction générale d'Emedia Invest, qui dit espérer "une rapide inversion des circonstances". Mais les travailleurs, eux, réclament avec force le paiement des arriérés de salaires accumulés, conformément au droit du travail.
Cette crise met en lumière les défis de la presse privée au Sénégal, souvent confrontée à des tensions de trésorerie malgré son rôle essentiel dans une démocratie viable. Elle intervient dans un contexte de forte tension entre l'État et les organes de presse à propos de la dette fiscale.
par Mohamed Lamine Ly
VERS UN RENOUVEAU DÉMOCRATIQUE ?
Retour sur une crise politique majeure ayant agité le pays, lorsque Macky Sall a tenté d'annuler les élections, défiant ainsi le Conseil constitutionnel. Une situation inédite finalement dénouée par la victoire d'une alliance prônant la rupture
Le 24 mars 2024 s’est tenue au Sénégal une élection présidentielle, dont l’issue présage de bouleversements sociopolitiques majeurs sur la scène politique africaine. En effet, des forces politiques prônant la rupture effective d’avec le système néocolonial françafricain ont réussi à accéder au pouvoir, de manière tout à fait légale et pacifique, en se conformant aux préceptes de la bonne vieille démocratie bourgeoise, qui s’avère, malgré tout, impropre à parachever la libération des classes exploitées et des peuples opprimés.
Le Sénégal, grâce au dynamisme de sa classe politique et à son implication précoce dans la vie institutionnelle de la métropole française, a toujours eu une longueur d’avance dans la pratique de cette démocratie de type occidentale, (abstraction faite de la lugubre parenthèse de la glaciation senghorienne), ce qui lui a même valu, une réputation surfaite de vitrine démocratique au niveau du continent africain.
Un pays aux traditions démocratiques mais inféodé à l’Occident
Il faut, quand même, reconnaître, que les traditions démocratiques au Sénégal et plus généralement, dans notre sous-région, remontent à la période précoloniale, avec une révolution politique[1] anti-esclavagiste, antérieure à la celle française, sans parler de la Charte du Mandé[2], contemporaine, voire antérieure à la Magna Carta (1215), considérée par certains comme la matrice des droits de l’Homme dans le monde, adoptée bien avant le Bill of Rights de 1689 en Angleterre, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Par ailleurs, dès le début du 19ième siècle, des représentants de la colonie du Sénégal seront envoyés dans les institutions parlementaires françaises à l’issue de compétitions électorales très disputées.
Le premier président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, poète, chantre de la négritude, voulait faire de son pays, la Grèce de l’Afrique Noire et défendait une thèse plaçant la culture – et non l’économie – au début et à la fin de tout développement.
Sa francophilie débordante l’empêchait de se rendre compte de la pesante tutelle néocoloniale de l’ancienne métropole et allait être à l’origine du premier conflit politique du Sénégal indépendant., en 1962.[3]
Après la mise à l’écart de Mamadou Dia, la voie était ouverte pour la perpétuation de la mainmise de la France, sur l’économie sénégalaise et celles de plusieurs pays de l’ancienne Afrique Occidentale Française, à travers leur système monétaire basé sur le franc CFA. Sur le plan politique, on a également noté une hantise de la France, à vouloir maintenir ses anciennes colonies dans la sphère d’influence du monde occidental.
Pour consolider son pré-carré en Afrique subsaharienne, la France mit en place, dès 1960, un secrétariat général à la présidence de la République pour les affaires africaines et malgaches[4] dirigé par le puissant Jacques Foccart, personnage central d’une politique plus connue sous le vocable de Françafrique, ayant à son actif, outre le sabotage de monnaies nationales[5], des exécutions extra-judiciaires ou des putschs militaires.
Cela va avoir des répercussions sur la vie politique des jeunes nations africaines, surtout, à cette époque de guerre froide entre les puissances occidentales regroupées autour des Etats-Unis et le camp socialiste dirigé par l’Union Soviétique d’alors. Elle était caractérisée par la diabolisation des forces progressistes, selon le modèle du mccarthysme[6] étatsunien, de triste mémoire, avec un ostracisme marqué à l’endroit des partis proches de la mouvance communiste, victimes d’interdiction administrative ou combattus par une répression féroce, pouvant par endroits, aller jusqu’à la lutte armée (Cameroun). De plus, les dirigeants du monde occidental, convaincus que la démocratie représentative pluraliste ou multipartisane était un « luxe pour les pays africains » confrontés aux affres du sous-développement, imposèrent le modèle du parti unique ou unifié.
Ce mode de gouvernance autoritaire allait être à l’origine d’une floraison de coups d’Etat[7], qui devenaient, par la force des choses, la seule voie de résolution des dissensions politiques ou d’accès au pouvoir.
Après la chute du mur de Berlin en 1989, il devenait urgent, pour le camp occidental, revigoré par l’effondrement inattendu du camp socialiste ennemi, de canaliser – à défaut de pouvoir la contrecarrer - l’aspiration universelle des peuples au progrès social et à la liberté.
Le 20 juin 1990 constitue une date repère dans le cadre d’une nouvelle approche stratégique esquissée dans le discours de la Baule du président François Mitterrand[8]. Il y appelait les pays africains à changer de paradigmes, du moment que la menace communiste semblait s’estomper.
Jusque-là, les critères décisifs de soutien aux pays africains étaient la préservation de régimes hostiles au camp socialiste pour faire perdurer la domination économique de l’impérialisme occidental, tout en garantissant la sécurisation des approvisionnements en matières premières. Après le sommet de la Baule, il allait, dorénavant, falloir prendre en compte, le respect des mythes et leurres occidentaux en matière de droits humains et de démocratie, tels que serinés à leurs opinions publiques. Les régimes de parti unique, furent obligés de se plier aux exigences des puissances occidentales, de suivre l’exemple du Sénégal, qui avait pris les devants[9], par l’acclimatation de la démocratie représentative libérale dans leurs pays, dans le souci de préserver la paix civile, tout en laissant intacts les rapports de domination impérialiste.
Apogée du modèle démocratique sénégalais
Le Sénégal, un des rares pays africains à n’avoir pas connu de coup d’état militaire, avait amorcé, très tôt, sa mutation démocratique, après la longue décennie d’hibernation démocratique consécutive à la crise politique entre Senghor et Mamadou Dia (voir plus haut).
En 1980, le président Léopold Sédar Senghor démissionnait de sa fonction, ne supportant plus la pression de syndicats et partis de gauche, puis il faisait de son premier ministre, son dauphin, lui cédant le fauteuil présidentiel, par la grâce d’un artifice tordant le cou aux dispositions constitutionnelles[10].
Le président Abdou Diouf allait rester aux commandes de l’Etat sénégalais pendant deux décennies, durant lesquelles, deux tendances contradictoires allaient voir le jour. On assista d’une part à un élargissement relatif des espaces politiques et citoyens (multipartisme intégral, émergence de plusieurs syndicats autonomes, pluralisme médiatique…) et de l’autre à une libéralisation débridée des politiques publiques, à travers les plans d’ajustement structurel, selon le mot d’ordre « moins d’Etat, mieux d’Etat ».
Grâce à la lutte soutenue du mouvement national démocratique, on assista à une fiabilisation progressive du processus électoral (identification de l’électeur, secret du vote, fichier mieux maîtrisé…), permettant la survenue de la première alternance démocratique, le 19 mars 2000. Elle avait pour ambition de résoudre l’épineuse question de la demande sociale exacerbée par les plans d’ajustement structurel, du précédent régime socialiste, mais surtout d’approfondir le processus démocratique, en procédant à un rééquilibrage institutionnel et en mettant fin à l’excès de concentration de pouvoirs entre les mains du président de la République. Malheureusement, le président Wade, au lieu de démanteler le système hyper-présidentialiste, allait plutôt augmenter ses prérogatives dans la nouvelle constitution votée lors du référendum du 7 janvier 2001.
Une deuxième alternance sans véritable rupture
En 2012 survint la deuxième alternance démocratique sénégalaise, grâce à la victoire de Macky Sall au deuxième tour des présidentielles sur le président Wade, sanctionné à cause de ses dérives autocratiques. En effet, non content de violer la disposition constitutionnelle de limitation des mandats à deux, il faisait montre de velléités de dévolution monarchique du pouvoir à son fils Karim Wade. Pour contrebalancer la jeunesse et l’immaturité de sa formation politique, l’Alliance Pour la République, le nouveau président était convaincu, que la condition sine qua non de la survie de son nouveau régime était la mise en place d’une vaste Coalition, selon la devise "gagner ensemble et gouverner ensemble".
De fait, la collusion d’intérêts allait conférer à Benno Bokk Yakaar[11] une longévité aussi démesurée que néfaste et en faire l’une des Coalitions les plus massives et les plus unanimistes de l’histoire politique du Sénégal.
On se rendit très vite compte, que le nouveau pouvoir n’avait aucune intention de procéder aux réformes démocratiques consignées dans les conclusions des Assises nationales[12], dans le projet de nouvelle constitution et dans les autres recommandations de la C.N.R.I[13], visant aussi bien à améliorer la gouvernance sociopolitique qu’à instaurer l’équilibre et la séparation des pouvoirs.
Plongée dans les abysses de l’autoritarisme
La gouvernance de la coalition Benno Bokk Yakaar, sous le leadership du président Macky Sall va être marquée par :
La découverte de gisements de gaz et de pétrole, laissant augurer de rentrées de recettes significatives, à l’horizon 2025-2026,
La judiciarisation de la scène politique, ainsi que la criminalisation des acteurs politiques de l’Opposition, abusivement caractérisés comme terroristes,
L’accentuation de l’instrumentalisation des institutions parlementaire et judiciaire, conduisant à des tripatouillages récurrents des textes de lois, voire de la Constitution et à l’embastillement de milliers de militants politiques et d’activistes…
Ces dérives autoritaires allaient se heurter à la résistance de la jeunesse sénégalaise qui, ces dernières années, a été touchée par une lame fond anti-impérialiste cherchant à rompre les amarres avec les anciennes puissances coloniales, particulièrement la France. Cette aspiration au changement est incarnée par plusieurs entités politiques, dont la plus représentative, actuellement, est le Pastef[14], victime d’une persécution impitoyable et catalogué comme ennemi public numéro 1 du régime de Macky Sall. De fait, cette formation politique, qui cristallise les espoirs de larges secteurs de la jeunesse sénégalaise, avait été interdite, le 31 juillet 2023, trois jours après l’embastillement de son leader Ousmane Sonko, qui avait rejoint en prison des centaines de militants de son parti.
Il faut dire que la mise aux arrêts de M. Ousmane Sonko était l’aboutissement d’un long feuilleton politico-judiciaire ayant débuté en février-mars 2021, en pleine crise de la Covid-19. A l’époque, le leader du Pastef était au centre d’une affaire de mœurs avec des accusations de viol proférées par une jeune masseuse. La tentative des autorités judiciaires de l’envoyer en prison, alors que le dossier donnait tout l’air d’avoir été fabriqué de toutes pièces, (il allait d’ailleurs être acquitté le 1er juin 2023, des chefs d’accusation de viol et de menace de mort), allait déclencher des émeutes meurtrières, qui paradoxalement allaient booster la carrière d’Ousmane Sonko, arrivé troisième à l’élection présidentielle du 24 février 2019 et favori incontestable de celle de 2024. C’est bien pour cela, qu’il sera arbitrairement évincé de la compétition électorale et que le Pastef sera obligé de désigner son camarade de parti, Bassirou Diomaye Faye, comme candidat de substitution.
Le putsch constitutionnel du 3 février 2024
Au début du mois de février 2024, le Sénégal était sous les feux de la rampe, a occupé le devant de la scène médiatique et fait la Une des plus grands journaux internationaux. Le 3 février, le président Macky Sall a pris, quelques heures avant l’ouverture de la campagne électorale, un décret pour annuler la convocation du corps électoral, actant ainsi le report sine die de l’élection présidentielle, une première depuis plus de 60 ans.
Tout est parti de la contestation, par plusieurs candidats à la prochaine présidentielle, du processus de validation des candidatures, qui avait donné lieu à beaucoup de controverses liées essentiellement au flou entourant l’évaluation des résultats du parrainage citoyen[15], mais aussi à l’élimination de la course présidentielle de deux candidats ayant plus d’une nationalité[16], dont le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade.
Deux jours plus tard, une majorité de députés va voter une loi pour reporter l’élection présidentielle au 15 décembre 2024. Mais un autre rebondissement spectaculaire allait se produire, le 15 février, quand le Conseil constitutionnel, la plus haute instance judiciaire de notre pays a désavoué le président de la République et les députés de la majorité ainsi que ceux du parti démocratique sénégalais. Le juge électoral suprême avait notamment rejeté, d’une part, le décret présidentiel n°2024-106 du 3 février 2024, portant abrogation du décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 et de l’autre, de la loi portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution, adoptée sous le n° 4/2024 par l’Assemblée nationale, en sa séance du 5 février 2024.
Dénouement pacifique de la crise politique
Au lieu de se plier aux injonctions du Conseil constitutionnel, le président allait se lancer dans une fuite en avant, en convoquant un prétendu dialogue national, le 26 février 2024, à Diamniadio[17]. Mais ce dialogue aussi illégal qu’illégitime, cherchait à repousser la date du scrutin de plusieurs mois, au lieu de fixer – dans les meilleurs délais - une nouvelle date pour l’élection présidentielle, seule voie de résolution de la crise politique profonde et inédite, qui mettait à mal le modèle démocratique sénégalais.
C’était sans compter avec la détermination du Conseil constitutionnel à faire respecter les dispositions de la loi électoral en sortant une décision en date du 5 mars 2024 et rendue publique le lendemain. Dans celle-ci, la feuille de route issue des travaux du prétendu dialogue national et qui proposait de remanier la liste des candidats et de reporter l’élection présidentielle au 2 juin 2024, a été rejetée, sans autre forme de procès, car elle aurait eu pour conséquence, de prolonger le mandat du président Sall, au-delà du 2 avril. C’est finalement la date du 24 mars 2024 qui sera retenue. Face à l’inéluctabilité de la victoire du candidat Bassirou Diomaye Faye, attestée par d’innombrables sondages, il ne restait plus au président Macky Sall, inquiet pour son propre devenir et celui de ses proches, qu’à faire voter, le 6 mars 2024, une loi d’amnistie et à faire libérer, la semaine suivante, les centaines de militants Pastef arbitrairement détenus. Parmi ces derniers figuraient le candidat officiel et le président d’un parti en pleine ascension, un parti, qu’on avait fini par dissoudre[18], en invoquant les motifs les plus fallacieux, ce qui ne s’était plus produit depuis le début des années 60.
La réalité des faits démentait formellement cette mesure administrative de dissolution du Pastef, qui pouvait être considéré comme un des partis les plus dynamiques, les mieux structurés, ayant de remarquables capacités en termes de mobilisation de ressources internes. De plus, il a joué les premiers rôles, fait preuve de résilience, de constance et a payé un lourd tribut dans cette confrontation politique épique avec le régime du Benno-APR, dont il a mis à nu les tares que sont la mal-gouvernance illustrée par de multiples scandales à répétition et le soutien à la dépendance néocoloniale.
C’est donc, en toute logique, que le « duo présidentiel » Sonko-Diomaye du Pastef auréolé d’un parcours prestigieux voire héroïque, a remporté l’éclatante victoire électorale du 24 mars 2024 acquise, dès le premier tour, en devançant le candidat de Benno, son adversaire et suivant immédiat de près de 20 points.
[1] La révolution torodo de Thierno Souleymane Baal
[2] La charte charte du Mandé est la transcription du contenu oral, qui remonterait au règne du premier souverain Soundiata Keita qui vécut de 1190 à 1255.
[3] Il s’agissait d’un conflit ouvert entre le président Senghor bénéficiant de milieux d’affaires de la métropole et le président du Conseil, Mamadou Dia, réputé être plus nationaliste. La crise conduisit à l’emprisonnement de Dia, pendant une douzaine d’années
[4] Elle deviendra, plus tard, la cellule africaine de l’Elysée
[5] Dans le cadre de l’opération « Persil », les services secrets français introduisent, en Guinée, une grande quantité de faux billets de banque guinéens dans le but de déséquilibrer l’économie.
[6] Politique de persécution menée aux Etats-Unis, dans les années 1950, à l’encontre de personnalités soupçonnées d’avoir des sympathies communistes.
[7] Le Sénégal faisait figure d’exception, car n’ayant jamais connu de putsch militaire et ayant reconnu en 1974, le premier parti d’opposition
[8] François Mitterrand, président de la France d du 21 mai 1981 au 17 mai 1995
[9] Au Sénégal, Senghor reconnaît le premier parti d’opposition en 1974 et instaure le multipartisme limité en 1976, qui deviendra intégral en 1981, à l’accession d’Abdou Diouf à la magistrature suprême
[10] L’article 35 al2 (loi constitutionnelle n° 76-27 du 6 avril 1976) stipulait, qu’en cas de vacance du pouvoir, le premier ministre –Mr Abdou Diouf, en l’occurrence, termine le mandat présidentiel
[11] Benno Bokk Yakaar, abrégé en BBY (Unis par l'espoir), est une coalition politique sénégalaise fondée en 2012 par le parti de l’Alliance pour la République (APR), en soutien au président Macky Sall.
[12] Les Assises nationales du Sénégal ont rassemblé, entre le 1er juin 2008 et le 24 mai 2009, de nombreux acteurs de la vie publique, représentants de partis politiques, de la société civile et personnalités diverses. Elles avaient pour ambition de « trouver une solution consensuelle, globale, efficace et durable à la grave crise multidimensionnelle qui sévit dans le pays »
[13] Commission nationale de réforme des institutions : structure mise en place par le Président Sall, à la suite des Assises nationales, visant à organiser une large concertation nationale sur les réformes à mettre en œuvre à court, moyen et long terme, pour doter le pays d’une armature institutionnelle moderne, à la mesure de son ambition de devenir et de rester une grande nation de démocratie.
[14] Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) est un parti politique sénégalais fondé en 2014 par Ousmane Sonko.
[15] Le parrainage électoral, institué par la loi constitutionnelle n°2018-14 du 11 mai 2018, est un mode de présélection des candidats par des électeurs (dont le nombre est compris entre 0,6% et 0,8% du fichier électoral), qui signent des fiches de parrainage.
[16] Les candidats Karim Wade et Rose Wardini ont été éliminés de la liste des candidats, car selon la Constitution de notre pays, tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise.
[18] Le parti politique dénommé « Patriotes du Sénégal pour le Travail, l'Ethique et la Fraternité » (PASTEF) a été dissous par décret n° 2023-1407 pour manquement à ses obligations en vertu de l'article 4 de la Constitution et de l'article 4 la loi n°81-17 du 06 mai 1981 relative aux partis politiques, modifiée par la loi n° 89-36 du 12 octobre 1989.
par Abdou Gueye
QU’ATTENDRE DE L’ARRIVÉE DU FIRST OIL ?
Une analyse fine des dépenses déclarées comme "coûts pétroliers" s'impose pour éviter tout déséquilibre préjudiciable aux intérêts du Sénégal
En Afrique, les industries extractives (IE) présentent des enjeux et défis particuliers tant pour les Etats fragiles que pour les nations en voie de développement[1]. Selon Augé (2014), un Etat qui fait des découvertes pétrolières ou gazières aura de grandes difficultés de gestion sur le long terme si le même régime politique décide de tout et qu’aucune alternance n’est possible[2]. Aujourd’hui l’alternance est encore offerte au Sénégal, avec l’arrivée d’un nouveau régime dirigé par le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, âgé de 44 ans.
Faudrait-il rappeler que c’est après 72 ans de recherche pétrolière que le Sénégal vient de sortir son premier baril de production dans le gisement offshore de Sangomar dirigé par Woodside Energy avec 82% des parts d’investissement et Petrosen 18%. Face à ce contexte, la question principale à poser est la suivante : quels enjeux et défis pour le pays ?
Le Premier ministre actuel ne peut pas être exclu de la réflexion vu son intérêt majeur pour la souveraineté nationale et énergétique. En 2016, nous nous sommes rencontrés à Saly pour discuter sur les contrats pétroliers à l’occasion d’un atelier organisé par Oxfam Sénégal. En 2017, une occasion est offerte par Pape Alé Niang, pour son émission « Décryptage » à l’époque sur 2STV avec la participation du président actuel du Sénégal, monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, pour encore aborder les contours des contrats pétroliers avec d’autres groupes d’acteurs. Les propos avancés justifient les enjeux que représentent le développement des projets pétroliers au large du Sénégal.
Ainsi, 10 ans après ces découvertes d’hydrocarbures, le grand public se pose toujours des questions pour comprendre quel serait l’impact de ces projets pétroliers sur la vie des sénégalais notamment les pollutions environnementales, les conflits et l’avenir du secteur de la pêche notamment artisanale.
Le dimanche 9 juin 2024, le chef du gouvernement, monsieur Ousmane Sonko, lors de la conférence politique de son parti est revenu sur la volonté de l’Etat de renégocier les contrats pétroliers. Cette volonté manifeste du leader de Pastef mais aussi du chef du gouvernement est-elle réaliste ? si Oui, quels sont les risques et les avantages ? Ces questions formulées nous poussent à encore à poser d’autres questions pour comprendre davantage à qui profite les projets pétroliers au Sénégal ? Doit-on renégocier les contrats ? Si Oui, qu’est-ce qu’il faut spécifiquement renégocier ?
Selon les termes du contrat de Sangomar, l’Etat bénéficiera de 20% des parts si la production journalière est inférieure ou égale à 100 000 barils/jour. Alors que dans la communication de l’Opérateur principal, une production journalière de 100 000 barils/jour est attendue pour le gisement de Sangomar. Si cette pratique est appliquée sera-t-elle profitable à l’Etat dans le moyen ou le long terme ? La part des 20% sur le profit oil est-elle rentable pour le Sénégal ? La grille de répartition sur la production journalière devrait-elle faire l’objet de renégociation ?
Certes, une correction de cette logique est apportée dans le nouveau code pétrolier de 2019 pour faire appliquer le facteur « R ». Au niveau du profit oil, l’Etat ne peut plus avoir moins de 40%. Ceci sera applicable pour les contrats futurs. Existera-t-il une autre découverte d’hydrocarbure dans le bassin sédimentaire sénégalais ? Cette incertitude devrait amener le nouveau régime à se concentrer davantage sur l’existence marquée par son potentiel de réserves.
Nous rappelons que la renégociation des contrats dans les projets extractifs n’est pas un phénomène nouveau et c’est toujours possible quand un nouveau régime s’installe. En guise d’exemple, le Libéria peut être cité comme un cas d’école. Selon Raja Kaul et Antoine Heuty, le gouvernement de la présidente Ellen Johnson Sirleaf a effectué une régociation des contrats extractifs entre 2006 et 2008. De même, Paul Seagel, souligne que le Liberia disposait de 102 contrats extractifs, avant l’arrivée du nouveau régime. Une fois l’installation du gouvernement les 52 ont été acceptés, les 36 annulés et les 14 renégociés. Et maintenant quelle leçon à tirer pour le Sénégal ?
Par rapport au principe coût-avantage d’un projet, des inquiétudes se posent déjà du côté des projets pétroliers. Dans la négociation des contrats, nous avons l’impression que les externalités négatives ne sont pas bien prises en compte et cela ne sera pas profitable au pays hôte. Le milieu marin offre un cadre approprié pour bénéficier des ressources renouvelables et non renouvelables. Un manque à gagner sera certainement constaté dans le secteur de la pêche maritime. De même, le prêt obtenu par le gouvernement du Sénégal en 2018 dans le cadre de l’Assistance technique sera-t-il déductible dans les coûts pétroliers ? Ce projet a permis de réaliser une évaluation environnementale et sociale stratégique et d’autres études stratégiques mais aussi le renforcement des capacités du personnel de l’administration. A cet effet, la question est la suivante : comment ce prêt sera remboursé et avec quelle ressource et quel moyen ? Par contre, les dépenses effectuées pour réaliser les études d’impact environnemental et social des projets pétroliers sont considérées comme des coûts pétroliers. Je veux juste préciser que la balance sur le « cost oil » et le « profit oil » doit être équilibrée pour permettre aux deux parties (Etat & Contractant-s) de garder les mêmes avantages sur le partage des ressources.
Face aux défis, le président de la République et le Premier ministre devraient inviter le gouvernement à se préparer pour aller vers des modèles de transformation structurelle et durable des secteurs productifs du pays. Mais avant d’y arriver, ils devraient inviter au ministre de l’Energie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop d’effectuer une revue critique sur les dépenses liées au « cosl oil » pour savoir concrètement qu’est-ce qui est considéré dans le « cost oil » afin de pouvoir réduire les risques liés à l’exagération financière dans les dépenses liées aux projets pétroliers. Généralement le « cost oil » est souvent associé à des termes complexes et techniques comme : explo, opex, capex ; abex etc. Mais en réalité qu’est-ce cela représente ?
Le président de la République est attendu pour que la ressource et la rente renforcent davantage les pratiques du secteur primaire (agriculture, élevage et pêche). Il se doit de : veiller rigoureusement sur la protection des intérêts du secteur de la pêche artisanale. De mettre en place des mécanismes pour la prévention et la gestion des conflits. De renforcer la dynamique de recherche pour connaitre davantage le milieu récepteur et surtout de diversifier l’économie pour éviter le syndrome hollandais et la malédiction des ressources extractives.
Dr. Abdou Gueye est Environnementaliste spécialisé en gouvernance des industries extractives.
[1]Groupe interagence des nations unies pour les actions préventives (2012). Guide pratique pour la préservation et la gestion des conflits liés à la terre et aux ressources naturelles : Industrie extractives et conflits. 52p.
[2]Benjamin AUGÉ (2014) Chercheur à l’INSTITUT FRANCAIS DES RELATIONS INTERNATIONALES (IFRI)/Programmes Afrique subsaharienne/ Energie. Cours sur la géopolitique des activités extractives. 90p.