SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
30 novembre 2024
Politique
VIDEO
HAMIDOU DIOP SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CONSEIL NATIONAL DU PATRONAT À CŒUR OUVERT
Le Secrétaire général du CNP magnifie l’attitude et la politique souverainiste du nouveau pouvoir. Cependant, il alerte le régime sur les conséquences dramatiques du régime fiscal punitif.
Le Secrétaire général du Conseil national du patronat magnifie l’attitude et la politique souverainiste du nouveau pouvoir. Cependant, il alerte le régime sur les conséquences dramatiques du régime fiscal punitif. La politique fiscale dissuasive à l’investissement privé n’est pas une bonne chose pour nos Etats qui sont dans une logique d’émergence afin de résoudre le problème du chômage des jeunes. «Concernant notre système fiscal, il faut que l’on évite d’avoir une fiscalité punitive et dissuasive à l’investissement privé », averti l’invité du jury du dimanche.
Le patronat solutionne la voie de la prévention et de la compréhension des nouvelles autorités. Il se dit comprendre la démarche de l’administration qui cherche à arbitrer le budget et à équilibrer le budget. Mais à ses yeux aucune administration n’a intérêt à tuer les entreprises parce que «Les impôts et les douanes sont les premiers actionnaires de l’entreprise. Donc, aucune administration n’a intérêt à tuer les entreprises. Si vous tuez les entreprises, c’est des revenus en moins », solutionne-t-il.
L’homme se veut d’anticiper sur les solutions d’autant plus que le Sénégal est devenu un pays pétrolier et gazier. Hamidou tire la sonnette d’alarme sur la capacité de la ville de Saint-Louis. Pour lui, l’ancienne capitale n’est pas encore prête à accueillir le futur monde avec son boom démographique et les investissements des capitalistes du secteur du pétrole. Hamidou Diop pense que Saint-Louis de par ses anciens bâtiments n’est pas prête. Mais aussi l’étroitesse de la ville lui pose un problème.
AMINATA TOURÉ COMMENTE LES NOUVELLES FONCTIONS DE MACKY SALL
«Qu’un président de la République africain se retrouve envoyé spécial de son ancien collègue français, ancienne puissance coloniale, moi ça me met mal à l’aise. Je ne l’aurais jamais envisagé », a déclaré l'ancienne Première ministre.
Le président Macky Sall a tourné la page de la présidence sénégalaise. À présent, il se consacre pleinement à ses fonctions d’envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète. Une nouvelle fonction que son ex première Ministère, Mimi Touré, trouve bizarre.
«Qu’un président de la République africain se retrouve envoyé spécial de son ancien collègue français, ancienne puissance coloniale, moi ça me met mal à l’aise. Je ne l’aurais jamais envisagé. C’est son choix. Mais ça présente très bizarrement», a déclaré Mimi Touré sur les ondes de la Rfm.
L’invitée du "Grand Jury" estime que l’ex président sénégalais aurait pu rester sur le continent pour joueur ce rôle : «Je l’aurais plus vu dans une posture africaine où il aurait beaucoup à faire ici sur le continent. Mais si en plus il est le chef de l’opposition exilé à Paris, ça c’est des incompatibilités de positionnement», martèle-t-elle.
LA DIPLOMATIE DU RÉALISME
La visite de Diomaye à Paris tranche avec "la mode, aujourd'hui, d'être sur le ring avec tous ceux que l'on n'aime pas ou que l'on déteste", estime Jean-Baptiste Placca. Selon lui, "les États peuvent faire affaire sans s'aimer d'amour fou !"
(SenePlus) - Dans un monde interconnecté où "aucun peuple ne se suffit à lui-même", comme le souligne Jean-Baptiste Placca dans son éditorial sur RFI samedi, la visite à Paris cette semaine du nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye marque une étape importante pour les relations apaisées et mutuellement bénéfiques entre le Sénégal et l'un de ses partenaires traditionnels.
Lors de ce déplacement, sa première sortie hors d'Afrique depuis son élection, M. Faye a participé au Forum mondial pour l'innovation et la souveraineté vaccinales, un sujet crucial pour son pays et le continent. Mais c'est sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron qui a retenu l'attention.
"N'est-ce pas plutôt surprenant ?" s'interrogeait M. Placca, faisant référence aux "petites inimitiés passées" entre les deux hommes lorsque Diomaye Faye était dans l'opposition. Pourtant, rien d'étonnant selon l'éditorialiste à ce que le nouveau chef d'Etat, "élu par son peuple" et non un imposteur, choisisse d'assumer pleinement son rôle en côtoyant ses pairs sur la scène internationale.
"Toute l'Afrique aime contempler les premiers pas, sur la scène internationale, de ces dirigeants auréolés d'une réelle légitimité du suffrage universel", écrit M. Placca, cité ici mot pour mot.
La visite de Diomaye Faye à Paris tranche en effet avec "la mode, aujourd'hui, d'être sur le ring avec tous ceux que l'on n'aime pas ou que l'on déteste", comme le déplore l'éditorialiste. Une posture contre-productive qui transforme "peu à peu certains peuples du continent en parias".
Faut-il pour autant y voir un "ralliement" ou une "capitulation" du Sénégal ? Nullement selon Jean-Baptiste Placca : "Les États peuvent faire affaire sans s'aimer d'amour fou !" Il prend l'exemple des relations économiques complexes mais pragmatiques entre la Chine et les États-Unis, deux puissances aux prises avec de "permanentes tensions".
"Tant de peuples prospèrent, aujourd'hui, en n'ayant que des amis, quitte à doser leur proximité avec tel ou tel, au gré des circonstances", argumente l'éditorialiste. Une voie de la raison et de l'ouverture que semblent emprunter Diomaye Faye et son homologue Ousmane Sonko, eux qui "viennent du corps de l'État" et "savent tout du déséquilibre, depuis des lustres, de la balance des paiements du Sénégal".
Même si "une frange de leurs militants" pourrait s'étonner de cette "soudaine" conciliation, le président sénégalais, à la différence de l'opposant qu'il était, "se doit de garder, en toutes circonstances, le sens de la mesure, l'esprit de responsabilité". Le communiqué conjoint publié à l'issue de sa rencontre avec Emmanuel Macron "montre que leur président a été traité avec respect, et que l'avenir de la relation se concevra dans un respect mutuel".
Plutôt que les "tensions permanentes" dommageable, M. Placca voit dans ce rapprochement l'opportunité pour le Sénégal de "tirer de nouveaux avantages" de ce partenariat historique, à l'heure où le pays s'ouvre à la "manne pétrolière et gazière". Une diplomatie pragmatique, dans la lignée de ces "peuples [qui] prospèrent" aujourd'hui grâce à des liens apaisés avec leurs partenaires, et non en cédant aux "aventureuses carences de lucidité" qui mèneraient à l'isolement.
VIDEO
JACQUELINE FATIMA BOCOUM, LA VOIX DU SURSAUT
Trente après sa naissance, Sud FM accueille sur son antenne la grande prêtresse des médias sénégalais. Celle-ci livre une analyse percutante de la société sénégalaise, pointant du doigt les maux à combattre collectivement
Dans une interview sur Sud FM ce dimanche, Jacqueline Fatima Bocoum, figure du journalisme sénégalais, a lancé un appel vibrant à la transformation sociale du pays. Trente ans après la naissance de cette radio pionnière, Bocoum dessine les contours d'un Sénégal en pleine mutation.
"Notre société est malade, mais le remède est en nous", déclare-t-elle, pointant du doigt le fossé générationnel et les tabous persistants. Armée de ses 230 000 abonnés Twitter, elle utilise les réseaux sociaux comme un scalpel pour disséquer les maux sociétaux.
Bocoum met en lumière la montée discrète mais puissante des femmes dans les sphères décisionnelles, tout en exhortant la nouvelle génération à s'affirmer davantage. "Le slogan 'Goor de projet' (Homme de projet) doit céder la place à 'Jigeen de projet' (Femme de projet)", insiste-t-elle.
Face aux défis économiques et à la tentation de l'exil, elle appelle à une fonte de l'éducation et à une mobilisation collective. "Chacun doit jouer sa partition pour reconstruire le pays", affirme-t-elle.
Dans un monde en ébullition, de la France aux pays voisins, Bocoum prône la prudence diplomatique tout en affirmant la souveraineté sénégalaise. Son message est clair : le Sénégal doit forger son propre destin, fort de sa diversité et de sa démocratie.
LA VALSE INFERNALE DES SAISIES DE COCAÏNE
Le Sénégal n'est plus seulement une plaque tournante du transit de la drogue vers l'Europe, mais voit aussi la consommation locale exploser. Un phénomène inquiétant, révélateur des nouvelles routes empruntées par les narcotrafiquants
(SenePlus) - Au Sénégal, les saisies de cocaïne se multiplient à un rythme effréné ces dernières semaines, révélant l'ampleur du trafic qui transite par ce pays d'Afrique de l'Ouest, rapporte La Croix Afrique. En moins d'une semaine, trois cargaisons représentant des centaines de kilos ont été récupérées par les autorités sénégalaises.
Ce phénomène n'est pas nouveau, mais prend une ampleur inédite. "Les saisies de cocaïne ont explosé ces dernières années au Sénégal. Alors qu'elles étaient quasi nulles entre 2016 et 2019, elles ont augmenté à partir de 2020 avec 120 kg saisis, puis à nouveau en 2021 avec 2 706 kg", indique la base de données de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Face à l'intensification des contrôles sur les routes maritimes traditionnelles reliant l'Amérique latine à l'Europe, les trafiquants se tournent de plus en plus vers l'Afrique de l'Ouest comme zone de transit. Comme l'explique La Croix Afrique, "Ils passent notamment par des groupes criminels brésiliens, qui acheminent la drogue vers l'Afrique de l'Ouest. Elle est ensuite récupérée par des organisations criminelles africaines, qui s'occupent de la livrer à la 'Ndrangheta, la mafia calabraise."
L'essor de ce trafic s'explique par plusieurs facteurs selon l'ONUDC : "L'expansion de la culture de la coca, et des progrès dans les méthodes de transformation ont entraîné une augmentation de la consommation mondiale au cours de la dernière décennie." Un marché de la cocaïne en plein boom que note aussi l'Observatoire français des drogues dans un rapport de mars 2023.
Des chiffres éloquents illustrent cette hausse fulgurante de la consommation. L'ONUDC estime qu'en Europe, 0,5% des 15-64 ans consommaient de la cocaïne en 2000, contre 1% en 2020. Sur la même période, le nombre de consommateurs mondiaux est passé de 13,4 à 21,5 millions.
Pour répondre à cette demande croissante, la diversification des routes d'acheminement devient "un enjeu important pour les trafiquants" analysent les experts onusiens. Le rapport mondial sur les drogues 2023 de l'ONUDC décrit ainsi les nouveaux circuits :
"La cocaïne atteint les deux zones d'arrivée : celle de la côte ouest de l'Afrique et le golfe de Guinée. Ensuite, une partie de la cocaïne poursuit sa route vers le nord, le long des côtes de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique du Nord. Une autre partie est envoyée par voie terrestre sur la côte méditerranéenne, via le Sahel, et de là probablement vers l'Europe ou peut-être le Moyen-Orient."
Si le Sénégal constitue une plaque tournante, la consommation locale n'est pas en reste. "Il y a quelques années, seulement 5% à 8% de cette drogue entrant au Sénégal restaient dans le pays. Ce taux se situait entre 10% et 17% en 2022", révèle à La Croix Afrique Amado Philip d'Andrés, responsable de l'ONUDC à Dakar.
Le rapport 2023 de l'ONUDC sur la cocaïne souligne qu'au Sénégal, "des mules seraient utilisées pour importer de petites quantités par voie terrestre pour le marché local, afin de conditionner ou transformer la cocaïne en crack, revendu à une clientèle majoritairement urbaine". Une tendance qui gagnerait désormais l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest et australe.
Face à cette menace multiforme, les défis sécuritaires et sanitaires à relever sont de taille pour les autorités sénégalaises et la communauté internationale.
INSERTION DES JEUNES, MABOUBA DIAGNE ET KHADY DIÈNE GAYE SIGNENT UNE CONVENTION
Cette convention vise à répondre de manière globale aux divers besoins des jeunes et de leurs groupes, en matière de protection sociale, d’employabilité et d’insertion économique.
En prévision des vacances citoyennes, transformées cette année en campagne agricole, le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, ainsi que son collègue de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, ont signé vendredi une convention visant à répondre de manière globale aux divers besoins des jeunes et de leurs groupes, en matière de protection sociale, d’employabilité et d’insertion économique.
Selon la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Mme Khady Diène Gaye, l’objectif de cette année est de créer pendant les grandes vacances « de véritables entrepreneurs agricoles à travers l’exploitation de fermes agricoles, qui serviront de cadres pour promouvoir l’entrepreneuriat dans le secteur agricole comme un moyen efficace de lutte contre la hausse du coût de la vie et de renforcement du pouvoir d’achat des ménages. »
Pour cette première année de mise en œuvre de cette phase pilote du programme de mobilisation des jeunes et de leurs groupes dans les fermes agricoles, la ministre a précisé : « Nous comptons d’abord nous appuyer sur les ressources existantes, ainsi que sur ceux qui ont toujours voulu et souhaitent s’investir dans l’agriculture. Nous allons ainsi établir quelques fermes modernes. »
Elle a ajouté que la réalisation des objectifs du gouvernement en matière de souveraineté alimentaire, prioritaire selon le président Bassirou Diomaye Faye, repose essentiellement sur la jeunesse dynamique du pays. « Cette jeunesse, la composante la plus représentative de notre société, aux bras forts et généreux, est le moteur de notre développement socio-économique. »
En tant que ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, elle a réitéré son appel à l’engagement et à la participation active des jeunes pour un Sénégal juste, prospère et souverain, et a souligné l’importance de cette contribution pour une Afrique en progrès. « La souveraineté économique de nos pays en développement passera nécessairement par la souveraineté alimentaire. Heureusement, il est bien connu que notre jeunesse a largement contribué à l’arrivée au pouvoir du régime actuel. »
Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mabouba Diagne, a indiqué que cette convention engage les deux ministères à unir leurs efforts pour promouvoir l’insertion socio-économique des jeunes. Il a précisé que plusieurs axes d’intervention ont été définis, notamment :
La facilitation de l’accès à des emplois durables et décents pour tous, en particulier pour les jeunes ;
L’organisation des vacances citoyennes patriotiques ;
La digitalisation du secteur agricole ;
La création de Services agricoles (CSAs) et de Coopératives Agricoles ;
La mise en œuvre du programme d’autosuffisance alimentaire « Une ASC, une Ferme » ;
Le lancement de la campagne nationale de phosphatage des sols ;
La gestion et la valorisation des déchets municipaux par la création de centrales de compostage dans les collectivités territoriales ;
La promotion du développement durable et de l’économie circulaire pour une meilleure santé des sols ;
La campagne annuelle de reboisement « Un citoyen, un arbre ».
Selon le ministre, cette convention représente une approche intégrée et concertée pour relever les défis communs aux deux départements.
« Cette convention symbolise également notre engagement à travailler ensemble, à mutualiser nos ressources et à développer des synergies pour maximiser l’impact de nos actions au bénéfice de la jeunesse sénégalaise », a déclaré Mabouba Diagne.
L'HEURE DES GRANDES RÉFORMES DE LA JUSTICE
Diagnostiquée en péril par les Assises, le système judiciaire va subir de lourdes transformations. Ses textes fondateurs comme son organisation seront repensés afin de rendre aux justiciables une institution qui leur rendra justice
(SenePlus) - Après les troubles politiques ayant secoué le Sénégal, le nouveau Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a fait de la réforme de la justice l'une de ses priorités dès son investiture en avril 2024. Comme il l'a souligné, l'objectif est de voir "la Justice Sénégalaise réconciliée avec le peuple au nom duquel elle est rendue".
Pour atteindre cet objectif ambitieux, les Assises de la Justice ont été lancées le 28 mai 2024, sous le thème "Réformes et Modernisation de la Justice". Cet exercice inclusif a rassemblé diverses voix, des magistrats aux justiciables, en passant par les professeurs de droit et les représentants de la société civile.
Comme l'a expliqué Ahmadou Bamba Kasse, rapporteur de la Commission Réformes, "Le constat est unanime que la Justice sénégalaise est inadaptée à bien des égards, inopérante dans d'autres, trop répressive et inefficace aussi bien dans ses finalités que dans certaines de ses procédures."
Parmi les principales recommandations issues des travaux, figurent la limitation des pouvoirs du procureur, l'instauration d'un juge des libertés et de la détention, ainsi qu'une refonte du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) pour le rendre plus autonome.
La nécessité d'une "refondation de la justice" et d'une "césure avec ses symboliques issues de la colonisation" a fait l'objet d'un large consensus, comme l'a souligné le rapport. L'objectif est de faire en sorte que la justice "soit le reflet de nos valeurs propres pour qu'elle soit plus souveraine".
Sur le plan de l'accès à la justice, les recommandations incluent la digitalisation des procédures, la réforme de la carte judiciaire, une meilleure communication dans les langues nationales et l'adoption de la loi sur l'assistance juridictionnelle.
La célérité de la justice est également une priorité, avec des propositions telles que le recrutement massif de magistrats et de greffiers, la suppression de la double phase de conciliation dans le contentieux social et l'élargissement des compétences des Maisons de justice.
En ce qui concerne les codes et textes juridiques, une révision en profondeur est préconisée, notamment du Code pénal, du Code de procédure pénale et du Code de la famille, afin de les adapter aux réalités sociétales actuelles.
Le rapport souligne également la nécessité d'améliorer les conditions carcérales et le régime pénitentiaire, en construisant de nouvelles prisons, en élargissant l'usage du bracelet électronique et en adaptant le régime aux besoins spécifiques des détenus vulnérables.
Concernant les acteurs de la justice, des réformes sont proposées pour la magistrature, le greffe, les huissiers, les éducateurs spécialisés et les avocats. Pour la magistrature, l'accent est mis sur l'autonomisation du CSM et la clarification de la gestion des carrières des magistrats.
Comme l'a déclaré Mor Ndiaye, rapporteur de la sous-commission "Organisation et fonctionnement de la justice" : "Ces constats généraux, fruits de plusieurs heures de discussions, détaillés par des situations d'analyse et ou des expériences malheureuses vécues et rapportées, ont engagé de la part des participants de ce dialogue, des séries de recommandations destinées à un arbitrage du Chef de l'Etat et de son administration."
PAR Patrick Chamoiseau
POUR FAIRE FRONT POÉTIQUE
Il ne s'agit pas d'opposer une contre-économie au tout-économique capitaliste, de la colère à l'arrogance fasciste ou de la véhémence apeurée à sa haine. Il s'agit de se mettre poétiquement du côté de la vie
En cette angoisse où l'extrême droite se rapproche du pouvoir, il est utile que toute conscience progressiste ajoute à l'idée du Faire Front populaire celle d'un Faire Front poétique. La Gauche française, en quête de ferveur unitaire, invoque un passé glorieux : le Front Populaire (1936), et, en filigrane, l'esprit du Conseil National de la Résistance (1943). Ce dernier a su combiner diverses forces politiques pour jeter les bases très humaines d'un État-providence. Le Front Populaire a, quant à lui, imaginé d'inouïes audaces sociales : congés payés, réduction du temps de travail, droits syndicaux...
Ces moments rappellent aux Français que l'intelligence collective transversale peut sublimer un désastre par des élévations humaines. Cependant, notre monde a changé. Les défis actuels exigent de cultiver sinon la nostalgie, du moins le sel de ces périodes : l'effervescence d'une créativité.
La réponse économique
La Gauche française semble répondre à la montée de l'extrême droite en s'entourant d'économistes. L'économie demeure pour elle solaire. La domination capitaliste (avec son dogme du profit économique maximal) est à l'origine des précarités structurelles, pauvretés et misères, qui nourrissent l'anxiété populaire. Il est urgent d'y répondre par des mesures telles que l'augmentation immédiate du SMIC, la taxation des superprofits, le retour des services publics, l'annulation de la loi sur la retraite... toutes provendes capables d'oxygéner une justice sociale. Cependant, organiser la lutte de fond contre l'extrême droite autour de cette seule dimension matérielle serait une folie. Le néo-libéralisme et l'extrême droite peuvent eux aussi faire preuve de compassion sociale stratégique.
Le capitalisme protéiforme a réduit l'humain à son pouvoir d'achat. Partis, syndicats, comités, médias libres, instances de médiations ou de service public, ont été dégradés. La chaîne d'autorité vertueuse qui animait les vieux tissus sociaux (depuis les institutions jusqu'au cadre familial) s'est vue invalidée sous les priorités du Marché. Le travail, autrefois source d'accomplissement individuel par un arc-en-ciel d'activités, a été réduit à un "emploi" monolithique, besogne maintenant précaire, dépourvue de signifiances, qui avale sans ouvrage les exaltations de la vie. Dès lors, cet affaiblissement de l'imaginaire (noué aux précarités existentielles) abîme les individuations en individualismes. Il entretient une peur constante de la déchéance sociale. Il cherche des boucs émissaires, et nourrit des réflexes du rejet de l'Autre, du repli sur soi, de crispations inamicales dessous les vents du globe, avec des hystéries racistes, sexistes, antisémites ou islamophobes, habitant de grands désirs devenus tristes... A cela s'ajoute une raréfaction de la rencontre avec de puissantes stimulations culturelles qui ne relèveraient pas de la simple consommation. Ces involutions néo-libérales génèrent un obscurantisme diffus, sans rêves, sans combats, sans idéaux. Les prépotences moyenâgeuses, les trumpismes démocratiques et les boursouflures de l'extrême droite, y fleurissent. Ce maelstrom hallucinant ne saurait se conjurer sur le long terme par des mesures d'économistes, ni être minoré face aux immanences écologiques.
La nouvelle gauche
Edgar Morin a perçu la complexité de ce défi et appelle à une Gauche plus exaltante1 . Celle-ci embrasse les dimensions éco-sociales, mais enveloppe, de manière tout aussi intense, les aspirations culturelles, symboliques, spirituelles. Elle est laïque et déserte l'écueil du rationalisme, du technocratisme ou de l'économisme, pour une humanisation continue de l'Humain. Elle œuvre aux solidarités des "Nous" qui se rejoignent dans du commun, aux reliances mutualistes de la diversité acceptée, à l'écologie intégrale, à la justice sociale sans frontières, et à la quête de sens ontologique... Elle propose une métacivilisation, riche de toutes les civilisations, où la qualité de la vie prime les entassements consuméristes ; où l'épanouissement humain devient le cœur du Politique ; où la Terre s'exalte en "Patrie fragile et partagée" d'un tragique sublimé. Le capitalisme ne dispose que de valeurs sommaires. Il n'a rien à opposer à celles tout aussi sommaires de l'extrême droite. Cette Gauche nouvelle (post communautés, post colonialiste, post capitaliste, post hégémonie occidentale) disposerait, elle, d'une éthique complexe, vaste, permettant à chacun de s'accomplir dans l'en-commun d'un monde ouvert qui ne serait plus à craindre. Elle porterait bien mieux qu'un souffle. Une poétique de la Relation.
Le poétique humain
Depuis nos terres antillaises, encore échouées sous des vestiges coloniaux2 , nous entendons cet appel. Une telle Gauche ne saurait tolérer que des peuples-nations soient encore déresponsabilisés dans un sigle "Outremer". Le passé de nos pays, marqué par le génocide Kalinago, les plantations esclavagistes, la réification du vivant, nous offre l'archive glorieuse de nos ancêtres. Tombés de l'Afrique, tombés du monde, ils ont opposé à cette domination existentielle (aussi totale que celle du capitalisme d'aujourd'hui), le couperet sans concession du marronnage, mais ils l'ont soutenu par une effervescence poétique, créative et joyeuse... Dessous la mort symbolique de la négation, ils ont projeté l'enthousiasme du vivre, la danse, la musique, la joie, l'amitié, le manger, le boire, la parole individuelle et collective dans de longues veillées nocturnes et des rondes ingénieuses. Ils ont ainsi donné naissance à Césaire, à Fanon, à Glissant... et largement ouvert la voie aux esthétiques contemporaines.
Les plus créateurs d'entre eux auraient auréolé tous les moments de la démocratie d'une couronne poétique. Ils en auraient fait des lieux politiques vivants, où le Boléro de Ravel pourrait côtoyer le So What de Miles Davis ; où les glossolalies des slameurs viendraient se nouer aux lectures des poètes ; où les banquets républicains (appelés de nos vœux) rassembleraient toutes les humanités envisageables. Les moments de vote, les lieux de réunions, ne seraient plus des espaces sévères, mais l'occasion d'une fête multiculturelle sacralisante. Le temps du geste démocratique deviendrait (à l'instar de la Fête de la musique), un moment d'enthousiasme créateur. Car il ne s'agit pas d'opposer une contre-économie au tout-économique capitaliste, de la colère à l'arrogance fasciste ou de la véhémence apeurée à sa haine. Il s'agit de se mettre poétiquement du côté de la vie, dans un monde de culture et de Beauté que les fascistes ne peuvent même pas imaginer.
par Ndongo Samba Sylla et Jomo Kwame Sundaram
LA DETTE PUBLIQUE EST UN SYMPTÔME, PAS UNE CAUSE
L'endettement chronique de la plupart des pays en développement et les crises qui en découlent sont des manifestations de la nature inégalitaire et injuste du système économique et financier international
Ndongo Samba Sylla et Jomo Kwame Sundaram |
Publication 22/06/2024
Les gouvernements des pays en développement sont accusés d'avoir trop emprunté et de manière irresponsable. Le stress de la dette qui en résulte a bloqué les investissements et la croissance dans cet ordre économique mondial inégal et injuste.
La monnaie comme dette
Les mythes sur la dette publique sont légion. Les plus pernicieux considèrent les gouvernements comme des ménages. Par conséquent, un gouvernement "responsable" doit essayer de dégager un excédent comme un chef de famille exemplaire ou d'équilibrer son budget.
Cette analogie est simpliste, infondée et trompeuse. Elle ne tient pas compte du fait que les gouvernements et les ménages ne sont pas des entités monétaires équivalentes. Contrairement aux ménages, la plupart des gouvernements nationaux émettent leur monnaie.
Comme la monnaie est largement utilisée pour les transactions économiques, la dette et les engagements financiers des gouvernements influencent les revenus et l'accumulation de richesse des ménages et des entreprises.
Cette analogie ignore également les principes de la comptabilité en partie double, car les dépenses d'une entité sont les revenus d'une autre, les débits d'une entité sont les crédits d'une autre, et ainsi de suite. Le déficit public est égal à l'excédent du secteur non gouvernemental, qui comprend les ménages, les entreprises et le "reste du monde".
Ainsi, lorsqu'un budget public est déficitaire - les dépenses sont supérieures aux recettes - le gouvernement a créé une richesse financière nette pour le secteur non gouvernemental. Les déficits publics augmentent donc l'épargne privée et la masse monétaire.
Étant donné que seul le gouvernement émet la monnaie nationale, ses dépenses n'évincent pas celles du secteur privé, mais les complètent. La monnaie étant une dette émise par l'État, il ne resterait plus d'argent dans une économie si le gouvernement remboursait toute sa dette !
L'hystérie médiatique autour de la dette publique est donc injustifiée. Il convient plutôt de s'intéresser aux impacts macroéconomiques et distributifs des dépenses publiques. Par exemple, ces dépenses vont-elles générer de l'inflation ou avoir un impact négatif sur la balance des paiements ? Qui en bénéficiera ou qui y perdra ?
Inutile : le ratio dette/PIB
Un autre mythe très répandu soutient que la dette publique au-delà d'un certain niveau n'est pas soutenable ou qu'elle a un impact négatif sur la croissance économique. Des études soutenant ce point de vue ont été discréditées à de nombreuses reprises, y compris par des recherches menées au sein du FMI. Pourtant, le mythe persiste.
Imitant les critères de la zone euro, de nombreux gouvernements d'Afrique de l'Ouest ont fixé des objectifs de politique économique tels des déficits publics inférieurs à 3 % du PIB et des ratios dette/PIB inférieurs à 70 %.
Le ratio dette/PIB indique sans aucun doute les niveaux relatifs d'endettement. Mais, pour le reste, ce ratio n'a aucune utilité analytique. Après tout, la dette publique est un "stock", alors que le PIB ou la production est un "flux".
Supposons qu'un pays ait un revenu annuel de 100 dollars et une dette nulle. Supposons que son gouvernement émette une dette de 50 dollars sur 25 ans, avec des remboursements annuels de 2 dollars. Son ratio dette publique/PIB augmentera soudainement de 50 %.
Cela ne pose aucun problème car le PIB augmentera probablement grâce au regain d’investissements réalisés en même temps que le remboursement de la dette de 50 dollars. Avec un taux de croissance économique annuel de 3 % en moyenne, le PIB fera plus que doubler au cours de cette période.
De plus, la dette publique est toujours soutenable lorsqu'elle est émise et détenue en monnaie nationale et que la banque centrale contrôle les taux d'intérêt.
Avec un ratio dette/PIB de 254 %, le gouvernement japonais ne manquera jamais de moyens pour rembourser sa dette. Contrairement aux pays en développement qui s'endettent en devises à des taux qu'ils ne maîtrisent pas, il sera toujours solvable. Ainsi, le Pérou a fait défaut en 2022 avec un ratio dette/PIB de 33,9% !
Le "mur de Berlin" monétaire
Il existe donc une différence significative entre les gouvernements du Nord - principalement endettés dans leur propre monnaie - et ceux du Sud, dont la dette est au moins en partie libellée en devises étrangères.
Mais les gouvernements du Sud ne sont pas endettés en devises étrangères en raison d'une épargne insuffisante.
Ils peuvent toujours financer toute dépense nécessitant des ressources locales, y compris la main-d'œuvre, la terre, l'équipement, etc. Objectivement, aucun pays émetteur de monnaie ne peut manquer de "financement" pour ce qu'il a la capacité technique et matérielle de faire.
L'endettement chronique de la plupart des pays en développement et les crises qui en découlent sont donc des manifestations de la nature inégalitaire et injuste du système économique et financier international.
Les pays du Sud sont obligés d'accumuler des "devises fortes" - généralement des dollars - pour effectuer leurs transactions internationales. Ce "mur de Berlin" monétaire sépare deux types de pays en développement.
Premièrement, les pays exportateurs nets qui accumulent "assez" de dollars qu’ils investissent généralement dans des bons du Trésor américain à faible rendement, ce qui permet aux États-Unis d'importer des biens et des services de manière quasi gratuite.
Deuxièmement, ceux qui ne gagnent pas "assez" de devises fortes ont recours à la finance transnationale, ce qui accroît généralement leur endettement extérieur. La plupart d'entre eux finissent par se tourner vers le FMI pour obtenir une aide d'urgence, ce qui ne fait qu'aggraver leur situation.
Cependant, comme ils doivent faire face à des conditions prohibitives pour accéder au financement étranger d'urgence, il est difficile d'échapper aux pièges de la dette extérieure.
Paradoxalement, les pays du Sud qui enregistrent des déficits chroniques de dollars sont souvent riches en ressources naturelles. Les institutions de Bretton Woods exigent généralement une austérité budgétaire prolongée et une dénationalisation de l'économie, ce qui compromet les chances des pays en développement d'obtenir une juste rémunération de leurs ressources et de leur travail.
Les abus et la mauvaise gestion peuvent aggraver l'endettement des gouvernements du Sud en devises étrangères, mais ils doivent toujours être compris dans le contexte d'un ordre économique et financier mondial inégal.
Journalistes, sociologues et experts dressent un scénario noir en cas d'accession au pouvoir du RN, mettant en garde contre les menaces pour la démocratie et les plus vulnérables
Dans une émission spéciale aussi captivante qu'alarmante, Médiapart a réuni un panel d'experts pour décrypter les conséquences potentielles d'une arrivée au pouvoir du Rassemblement National (RN) en France. Journalistes, libraires, psychiatres, réalisateurs, sociologues et économistes ont uni leurs voix pour mettre en garde contre ce qu'ils considèrent comme une menace imminente pour la démocratie française.
À dix jours d'échéances électorales cruciales, l'émission a brossé un tableau sombre de ce que pourrait devenir la France sous un gouvernement d'extrême droite. Au cœur des débats : la remise en cause du droit du sol et l'instauration d'une "préférence nationale", deux mesures phares du programme du RN qui, selon les intervenants, menaceraient directement le tissu social du pays.
Les experts ont souligné les impacts potentiellement dévastateurs sur le plan économique et social, avec une attention particulière portée aux populations les plus vulnérables. La suppression de l'Aide Médicale d'État (AME) et la restriction des droits des femmes et des minorités ont été citées comme des exemples concrets des dangers qui guettent.
L'émission a également mis en lumière la stratégie médiatique du RN, pointant du doigt une couverture jugée trop complaisante par certains médias mainstream et l'utilisation habile des réseaux sociaux par le parti pour diffuser ses idées. Les intervenants ont appelé à la vigilance face à ce qu'ils considèrent comme une manipulation de l'opinion publique.