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27 novembre 2024
Politique
D’ICI PEU DE TEMPS LES PROBLÈMES DE PASSEPORTS SERONT RÉSOLUS, SELON AMADOU CHÉRIF DIOUF
Secrétaire d’État aux Sénégalais de l’Extérieur a annoncé que de nouveaux centres de production de passeports seront ouverts en Afrique du Sud, au Brésil, en Chine et au Canada.
Amadou Chérif Diouf, Secrétaire d’État aux Sénégalais de l’Extérieur, était l’invité de Dj Prince, ce dimanche, dans son émission « La ca bitim reew». Il est revenu sur sa tournée en Espagne et au Portugal, où il a participé à la conférence afro-diaspora en Espagne. Cette visite lui a également permis de rencontrer la communauté sénégalaise dans le cadre d’un projet pilote de migration circulaire un projet grâce auquel 152 Sénégalais sont actuellement en Espagne pour travailler dans le domaine agricole.
Lors de l’émission, Amadou Chérif Diouf a abordé plusieurs sujets clés. Il a notamment parlé des problèmes liés aux passeports dans les consulats sénégalais et de ses ambitions à la tête de son département. Son premier projet est de recenser les Sénégalais de l’extérieur pour obtenir des statistiques fiables, afin de pouvoir dérouler une politique migratoire claire et cohérente. Il a également mentionné la relance des cartes consulaires, estimant qu’il est temps de rétablir la confiance entre les Sénégalais de l’extérieur et les autorités.
Un audit est en cours au Bureau d’Accueil, d’Orientation et de Suivi des Sénégalais de l’Extérieur pour déterminer la meilleure formule pour prendre en charge les Sénégalais de retour au pays. Lors de son déplacement en Espagne, M. Diouf a examiné les conditions de vie des Sénégalais à l’étranger dans le cadre de la migration circulaire, un projet qu’il soutient et auquel il compte apporter son expertise pour assurer son bon fonctionnement.
Il a également partagé sa vision pour les cinq prochaines années, avec pour objectif de retenir les jeunes au Sénégal en leur offrant plus d’opportunités. Il projette de centraliser les initiatives des Sénégalais de l’extérieur pour les mettre en œuvre avec les structures appropriées, ainsi que de grands projets pour améliorer l’accès à l’habitat pour la diaspora.
Le Secrétaire d’État a également abordé le problème des rendez-vous dans les ambassades, un sujet déjà en discussion avec les collègues de l’Union Européenne pour trouver des solutions. Il a annoncé que de nouveaux centres de production de passeports seront ouverts en Afrique du Sud, au Brésil, en Chine et au Canada.
D’ici la fin de l’année, M. Diouf prévoit de visiter les six ou sept plus grands consulats pour constater les situations sur place et discuter directement avec les Sénégalais de l’étranger. Il a exprimé sa confiance par rapport aux problèmes d’obtention de passeports que rencontre les sénégalais de l’extérieur « d’ici peu de temps les problèmes de passeports seront résolus » a-t-il déclaré.
Amadou Chérif Diouf a annoncé son prochain voyage à Dakhla, au Maroc, où il rencontrera les Sénégalais, écoutera leurs problèmes et tentera d’apporter des solutions appropriées.
Avec ces initiatives, Amadou Chérif Diouf entend renforcer les liens entre les Sénégalais de l’extérieur et les autorités sénégalaises, et améliorer les conditions de vie et de travail de la diaspora sénégalaise.
CE QU’IL FAUT SAVOIR DE LA JOURNÉE DU DIALOGUE NATIONAL
La cérémonie se tiendra ce mardi 28 mai au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio, sous le thème « Réforme et modernisation de la justice ».
Pour la quatrième fois, l’État du Sénégal célébrera la Journée du Dialogue National. La cérémonie se tiendra ce mardi 28 mai au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio, sous le thème « Réforme et modernisation de la justice ». Cet événement, le premier sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye, concrétise l’engagement du Chef de l’État à organiser des assises pour une réforme profonde de la justice, visant une plus grande indépendance.
Les discussions, prévues du 28 mai au 4 juin, auront pour objectif d’examiner en profondeur les forces et faiblesses du système judiciaire sénégalais. Elles visent à identifier les dispositions légales et réglementaires ainsi que les mécanismes institutionnels à améliorer, et à élaborer une feuille de route pour la mise en œuvre des solutions dégagées. Les réformes incluront la mise en place d’un régime de privation de liberté mieux encadré, un système de gestion de carrière des magistrats plus transparent, un dispositif législatif et institutionnel favorisant la célérité des procédures judiciaires, des plateformes dématérialisées, l’amélioration du fonctionnement du système judiciaire par l’allocation de moyens budgétaires suffisants, et un régime financier autonome pour les six cours d’appel.
Au total, neuf thématiques seront abordées :
Le statut des magistrats
L’organisation et le fonctionnement du Conseil supérieur de la Magistrature
La dématérialisation du service public de la justice
Le temps du procès pénal
Le régime de la sanction pénale
Le cadre juridique et institutionnel de l’administration pénitentiaire
Les conditions de détention et la préparation à la réinsertion sociale des détenus
Le régime de la privation de liberté
La prise en charge des enfants en danger ou en conflit avec la loi.
Pour garantir des échanges fructueux, des commissions spécialisées dans la réforme et la modernisation seront mises en place, en plus d’une commission scientifique chargée de synthétiser les travaux.
Le dialogue réunira divers acteurs, notamment du milieu judiciaire, des institutions, des administrations publiques, des universitaires, ainsi que des représentants de la société civile. Pour permettre à tous les Sénégalais de s’exprimer sur le thème, la plateforme « Jubbanti » a été mise en place.
Cette journée marque une étape importante vers l’amélioration et la modernisation du système judiciaire sénégalais, en renforçant son indépendance et son efficacité pour mieux servir les citoyens.
Par Madiambal DIAGNE
BAH DIAKHATE, LE MIROIR QUE SONKO NE VEUT PAS REGARDER
Le Premier ministre pensait que tout ce qu’il disait des autres leur glissait sur la peau et retournait dans les caniveaux. Et si désormais il pense que sa position de pouvoir ne devrait autoriser des attaques contre sa personne, c’est assurément un aveu
L’arrestation de l’activiste Bah Diakhaté et de l’imam Cheikh Tidiane Ndao, pour avoir tenu des propos abjects, est fort regrettable. On ne peut préjuger du verdict qui sera rendu par le Tribunal des flagrants délits. Cependant, il convient de dire notre gêne devant les propos obscènes tenus à l’endroit de l’homme Ousmane Sonko, père de famille, dont la dignité et celle de ses proches doivent être respectées. La personne du Premier ministre doit être respectée et des égards lui sont dus. J’ai exprimé ma compassion à mon ami Bah Diakhaté, pour les tribulations qu’il subit. Pour autant, je lui ai signifié qu’il a malheureusement donné à ses adversaires le bâton pour se faire battre, pour lui régler quelques petits vieux comptes. Cet épisode de la vie publique sénégalaise est plein d’enseignements. La première leçon est qu’on découvre que Ousmane Sonko est sensible aux attaques ad personam et en dessous de la ceinture. Franchement, je ne pouvais croire qu’une personne qui pouvait se mettre sur la scène publique pour insulter, vilipender, affabuler sur d’autres personnes, souffrirait qu’on lui retourne ses propres armes. Ousmane Sonko a encouragé ses partisans à déverser toutes sortes d’insanités sur des personnes dont ils ignoraient tout de leur vie, de leur parcours et de leur moralité.
Le pari de Pastef était à qui insulte le mieux, le plus salace
Il fallait chercher à faire mal et le pari pour Pastef était à qui profère le plus de grossièretés, les plus salaces. Il n’y avait le moindre égard ou le moindre respect pour le chef de l’Etat, les membres du gouvernement, les autorités administratives, judiciaires, militaires ou religieuses. Ils ne respectaient rien, ni personne. Aucun scrupule, tout était désacralisé, y compris surtout la vie privée de celles et ceux qui ne sont pas de leur bord politique. Le comble a été, le 7 février 2023, jour où le Khalife général des Niassènes, Cheikh Mahi Niass, dira avec une émotion à peine contenue : «Je sais qu’après je vais essuyer une bordée d’insultes, mais pour le bien du Sénégal, je dirai ce que j’ai à dire.» Ousmane Sonko donnait le ton en insultant à chacune de ses sorties, la plus haute autorité du pays, le président de la République. On comprend pourquoi il s’emploie quotidiennement à supprimer certains de ses déclarations et de ses posts des réseaux sociaux. On peut présumer que les cinq années à venir ne suffiront pas à ses équipes pour terminer d’épurer et de dépolluer ses pages et autres murs publics de leurs désormais trop pesantes boules puantes. En effet, depuis qu’il est entré sur la scène publique, il n’existe pas une sortie de Ousmane Sonko, syndicaliste ou homme politique, dans laquelle on ne trouve pas matière à diffamation, injures ou fausses accusations ou contre-vérités proférées contre des personnes et/ou des autorités publiques. Ses détracteurs se font un malin plaisir à faire circuler ses vidéos vieilles de quelques semaines ou mois ou années ! Mais il est amusant aujourd’hui d’observer que si l’on s’en prend à sa personne de la même manière, Ousmane Sonko en souffre tant, jusqu’à pester et ordonner l’arrestation des sales et grandes gueules. Bah Diakhaté en est le parfait révélateur. Peut-être que le nouveau Premier ministre pensait que tout ce qu’il disait des autres leur glissait sur la peau et retournait dans les caniveaux. Et si désormais il pense que sa position de pouvoir ne devrait autoriser des attaques contre sa personne, c’est assurément le meilleur aveu ! «Quand tout va mal, regarde-toi dans le miroir», conseille le proverbe chinois. L’histoire des peuples enseigne que les autocrates ne reculent devant aucune lâcheté pour épargner leur propre personne des sorts cruels auxquels ils soumettraient les autres. Qui n’a pas remarqué que ceux qui cherchent à accabler Bah Diakhaté s’indignent qu’il aurait reçu des libéralités de la part de personnalités proches du régime politique déchu ? Qui organisait la «Mafia kacc kacci» pour collecter des dizaines de millions de francs en vue de suborner des témoins pour faire mentir Adji Sarr qui accusait Ousmane Sonko de viols et sévices sexuels ? Qui avait récompensé par ce moyen un officier de la gendarmerie radié pour avoir publiquement confessé avoir sabordé une enquête judiciaire qu’il dirigeait ? Les initiateurs de l’opération ne semblent pas s’en rendre compte, mais «kacc» signifie mentir de façon invétérée en wolof. Le subconscient joue parfois quelques petits tours rieurs !
Protéger le Premier ministre dit-on, soit ! Que dire d’un président de la République ?
Au demeurant, Ousmane Sonko reconnait ainsi qu’il avait tout faux et avait totalement tort de parler des autres comme il le faisait. En outre, les poursuites pénales contre Bah Diakhaté et Cheikh Tidiane Ndao viseraient à protéger le «Premier ministre», dans l’esprit de protéger de l’offense «toute personne détentrice de tout ou partie des pouvoirs du chef de l’Etat». On peut applaudir le trait de génie des excellents parquetiers qui ont eu l’ingéniosité d’éplucher le Code pénal sénégalais pour sortir cette «nouvelle» arme d’emprisonnement massif ! Et cela renseigne alors qu’il était de bon escient de poursuivre toutes les personnes qui promettaient de réserver au président Macky Sall le sort de l’ancien président libérien Samuel Doe, qui avait été découpé, le 9 septembre 1990, en menus morceaux par les hordes du chef de guerre Prince Johnson. Faudrait bien admettre qu’à l’échelle des ignominies, ce sadisme ne dépasse pas les propos portés par Bah Diakhaté. Il semble donc qu’il était légitime et opportun de poursuivre toutes les personnes qui appelaient publiquement à l’insurrection et au coup d’Etat militaire, ou qui insultaient copieusement le président de la République, les autorités judiciaires, les hauts gradés de l’Armée, de la gendarmerie, de la police ou les hommes et femmes membres du gouvernement ou des autres institutions républicaines. Toutes personnalités et fonctions protégées par la loi, comme elles le sont toujours du reste ! Encore une fois, dans ces colonnes, le 26 février 2024, je m’interrogeais : «Pardonner à Ousmane Sonko ? Oui, mais le Sénégal serait digne d’un repentir !» C’était, il faut le rappeler, quand Macky Sall s’était assis sur son orgueil et la dignité des siens, pour s’accorder avec Ousmane Sonko sur le «pacte de Cap Manuel». Pourrait-on espérer un geste de grandeur quand on note que dans les premières nominations à de hautes fonctions publiques, le gouvernement s’est évertué à récompenser les insulteurs qui étaient les plus en verve ? Au point que, considérant être oublié dans les nominations, un hâbleur installé aux Etats-Unis d’Amérique, Ousmane Tounkara, multiplie les vidéos, pour exiger sa récompense, de la part du nouveau régime. Il exhibe ses hauts faits d’armes qui sont d’avoir insulté, brisé des ménages et financé l’insurrection armée. C’est lui-même qui l’avoue, comme pour narguer les victimes de crimes graves ! J’allais oublier, gagné par une grande magnanimité, Macky Sall a fait amnistier tous ces sordides faits ! Tounkara peut bien se permettre la revendication, car on a vu par exemple le tandem Diomaye-Sonko nommer, au poste de Directeur général d’une entreprise publique, une personne qui montrait sur des plateaux de télévision comment confectionner des cocktails Molotov et comment les balancer contre les Forces de sécurité ! Vous pouvez toujours effacer vos posts, Monsieur Sonko, les gens n’oublieront pas pour autant, tant que vous n’aurez pas l’honnêteté de reconnaître vos turpitudes et de vous en excuser ! On peut aussi espérer que vous en apprendrez la leçon, pour daigner enjoindre vos partisans de cesser d’insulter leurs opposants. Ce serait les supplicier sans fin, que vous les insultiez du temps où vous étiez dans l’opposition et que vous continuez de plus belle, depuis que vous êtes arrivé au pouvoir. C’est véritablement plus que la double peine que vous leur infligez si, de surcroît, vous vous mettez à utiliser l’appareil judiciaire pour les punir quand ils vous retourneront vos mots. Pire, c’est une quadruple peine, certaines sentinelles auto-proclamées du régime pastéfien promettent désormais de régler physiquement leurs comptes à tout impertinent qui manquerait de respect à Ousmane Sonko ! Un facile raccourci pour séduire et se rappeler au souvenir des signataires des décrets de nomination ? «Les belles âmes ne sont pas sans tâches et les meilleurs d’entre nous sont ceux qui regrettent dans la seconde moitié de leur vie, de n’avoir pas mieux employé la première» (Franz Liszt).
Bah Diakhaté, éligible au statut de détenu politique, selon les critères Tine-Gassama
Toutes choses égales par ailleurs, celui qui insulte un Premier ministre doit être considéré comme un détenu politique au Sénégal. N’a-t-on pas vu les plus grands dirigeants des organisations de la Société civile, notamment Alioune Tine et Seydi Gassama, revêtir de la grande dignité de détenus politiques, des personnes poursuivies et arrêtées pour avoir insulté un président de la République, appelé à l’insurrection, au coup d’Etat militaire, d’avoir accusé de hautes autorités publiques d’homosexualité ou de pratiques franc-maçonniques ? Lors d’un point de presse, le 3 juin 2022, Ousmane Sonko a attaqué, bille en tête, le président de la République sur la question de l’homosexualité. «On est à l’ère de la tragédie de l’homosexualité. Dieu a puni des sociétés entières à cause de ces pratiques. Je veux que ça soit clair dans la tête des Sénégalais : Macky Sall porte l’agenda Lgbt. (…) Après, on aura des défilés de gays comme des Gay pride. C’est ça le programme de Macky Sall.» On devine que le président Sall avait fait sienne cette conviction que «la manie de la justification est commune à ceux qui n’ont pas la conscience tranquille». Du reste, n’a-t-on pas vu des personnes arrêtées pour avoir jeté des cocktails Molotov dans un bus bondé de passagers et calciner des mômes, saboter des centrales électriques, brûler des stations-services, piller des commerces et des domiciles privés, et y mettre le feu, et qui se retrouvent à être considérées comme des détenus politiques ? N’a-t-on pas vu des personnes accuser publiquement le chef de l’Etat Macky Sall de meurtres et d’assassinats, et se retrouver avec le respectable statut de détenus politiques ? Il est sidérant de voir des tartuffes se demander si le chroniqueur ou «liver» de «Baatu Dëg» n’était pas dans la provocation pour chercher à aller en prison, et par ce moyen ternir l’image du nouveau régime ! Cynisme ou volonté d’absoudre à tout prix ceux qui n’ont jamais tort ? Par ailleurs, on a vécu des situations où des personnes ont délibérément bouché des conduites d’égouts pour provoquer des inondations, afin de révéler les carences du régime de Macky Sall. Elles ont été comptées dans le lot des détenus politiques ! C’est pour cela qu’on ne peut pas se garder de sourire, en entendant le Premier ministre Ousmane Sonko mettre en garde les populations sur des difficultés à contenir les inondations redoutées pendant le prochain hivernage, parce que, dit-il, «les Sénégalais sont indisciplinés !». Un camionneur a été arrêté le 20 mai 2024, pour avoir dégradé la voie du BRT. Quid des sauvageons qui saccageaient les installations du Ter et du Brt pour que le régime de Macky Sall ne puisse présenter de bilan positif ? Le peuple de Pastef les applaudissait ! «Les amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable !» Bah Diakhaté n’a pas été aussi ignoble, devrait-on convenir et encore une fois, «qui peut le plus peut le moins !». Alors, Messieurs Tine et Gassama, ne pas le considérer comme un détenu politique, et donc le traiter comme tel, serait, à l’aune de vos critères, porter atteinte à ses droits inaliénables ; ce serait aussi considérer la personne de sa cible Ousmane Sonko, comme au-dessus de l’Etat et plus sacrée que toutes les institutions républicaines, et surtout que Ousmane Sonko aurait droit à plus de dignité que tout autre Sénégalais. Le président de Pastef aurait le droit divin de s’autoriser par exemple à clamer le «gatsa-gatsa» (loi du Talion), et donc d’insulter à tout bout de champ, menacer, appeler à la sédition ou à mettre à sac les domiciles privés et enjamber des cadavres (plus de 40 morts) pour arriver au pouvoir ! Gageons qu’on ne savait pas si bien dire, le 13 juin 2022, quand on écrivait : «Au pouvoir, les dirigeants de Pastef n’aimeraient certainement pas se voir réserver le traitement qu’ils appliquent à Macky Sall et à son régime.» Il paraît que j’avais raison, avant l’heure, en écrivant, le 14 janvier 2019 : «Monsieur Sonko, quelqu’un qui veut devenir Président du Sénégal ne doit pas faire ça...» Pourrais-je risquer, avec ces mots, d’être passible du crime de «lèse-Majesté» ou de «lèse Premier ministre», non je voulais dire de «lèse Ousmane Sonko» ? Je saurais, le cas échéant, pouvoir compter sur le soutien de Alioune Tine !
L’AVENIR D'AMADOU BA EN SUSPENS, L'APR RESSERRE LES RANGS
Alors que la rumeur du départ de l'ex-Premier ministre enfle, l'ex-parti présidentiel multiplie les visites de remobilisation auprès de ses bases. Interpellé sur ce cas épineux, le porte-parole de l'APR Seydou Gueye se montre évasif
L’Alliance pour la République et la coalition Benno bokk yaakaar battent le rappel des troupes en vue des prochaines échéances. Amadou Mame Diop a conduit une délégation à Diourbel avant les étapes de Kaolack, Kédougou entre autres. Le porte-parole de l’Apr, Seydou Gueye s’est exprimé sur le départ annoncé de Amadou Ba de leur parti.
La rumeur enfle dans tout le pays. Elle annonce le départ quasi certain de Amadou Ba, ancien candidat à l’élection présidentielle de la coalition Benno bokk yaakaar. D’ailleurs, l’un de ses lieutenants, en l’occurrence l’ancien député Cheikh Oumar Sy, a indiqué lors d’une émission avec l’ASTV, que Amadou Ba va quitter l’Apr. A Diourbel où il était en compagnie de Amadou Mame Diop, dans le cadre de la tournée de remobilisation et de remerciements des militants, interpellé sur la question, le porte-parole de l’Apr a répondu : «Quand on adhère à un parti, on ne le fait pas par procuration. Je n’ai pas encore entendu le camarade Amadou Ba le dire, même si ça bruit partout. Nous attendons Amadou Ba et sa décision. Il lui appartient de le dire.»
Pour les besoins de cette tournée, Amadou Mame Diop conduisait la délégation composée par composée d’anciens ministres, députés, directeurs généraux et maires dont Mansour Faye, Abdoulaye Diagne, Mamadou Kassé. Et tous ceux qui ont pris la parole ont abondé dans le même sens, à savoir unité, fraternité, loyauté, solidarité et consensus. Les femmes comme les jeunes ont demandé aussi de leur accorder plus de place au niveau du Secrétariat exécutif national. Le président de l’Assemblée nationale, chef de la délégation, a exhorté les responsables à se rapprocher des électeurs, à ne pas regarder dans le rétroviseur. Toutefois, il a averti les tenants du pouvoir en leur assurant qu’ils resteront une opposition républicaine».
Et Seydou Gueye de lancer des piques aux tenants du pouvoir. Il confie : «En réalité, ce que l’opinion constate, et nous à l’unisson avec cet opinion, ceux qui sont au pouvoir, les nouvelles autorités, ne nous rassurent absolument pas ; par leurs actes inauguraux, par leur manque d’expertise et surtout par leur manque de générosité. De ce point de vue, notre posture, est une posture de parti, d’opposition forte. Nous serons une opposition ferme, républicaine, intelligente, qui honorera sa posture d’opposant puisque nous sommes porteurs de l’appui des Sénégalais en termes d’alternative. Nous serons une opposition utile au pays, contrairement à l’opposition qui était là. C’est l’engagement de rester ancrés dans nos valeurs et dans ce que nous voulons bâtir au Sénégal.»
par Edgard Gnansounou
REPENSER L’INTÉGRATION RÉGIONALE EN AFRIQUE DE L’OUEST
Nous nous sommes appropriés une identité nationale qui pourtant nous vient de la colonisation. Nous en jouons avec excès en convoquant un nationalisme étroit, prisonniers d’un conditionnement contraire à nos véritables aspirations
La situation économique et politique en Afrique de l’Ouest appelle à un renouvellement de l’idée de l’intégration régionale. Les tentatives volontaristes visant à fédérer certains de nos pays à la veille et au lendemain des indépendances se sont soldées par des échecs. Le Sénégal était au centre de deux de ces initiatives infructueuses : la fédération du Mali et la Sénégambie. La première était circonscrite à la sphère des anciennes colonies françaises et n’avait pas l’assentiment de la France. La deuxième cherchait à concrétiser une réalité historique entre deux peuples que tout devrait unir : le Sénégal et la Gambie. Les historiens ont beaucoup écrit sur les causes de ces échecs et des enseignements constructifs auraient pu être tirés pour poursuivre la voie vers la fédéralisation. Nos pays sont passés à une autre approche. Mais ont-ils eu raison ?
Houphouët-Boigny et le Groupe de Monrovia ont pris le pas sur Kwame Nkrumah, le groupe de Casablanca, Cheikh Anta Diop, et d’autres panafricanistes de première heure.
Aujourd’hui, nous nous sommes appropriés une identité nationale qui pourtant nous vient de la colonisation. Parfois, nous en jouons avec excès en convoquant un nationalisme étroit et en feignant d’ignorer que nous sommes alors prisonniers d’un conditionnement contraire à nos véritables aspirations.
Plus de 60 ans après ces fameuses indépendances, nous savons maintenant que Houphouët et le Groupe de Monrovia avaient eu tort de nous pousser à la fragmentation. Mais les autres, aussi vénérables soient-ils, avaient-ils pour autant raison ? Une fédération africaine centralisée était-elle, est-elle la bonne solution ? Tout semble démontrer qu’aujourd’hui, cette perspective nourrit davantage un activisme sympathique mais impossible à opérationnaliser à moyen terme.
Nous avons besoin de solutions durables à nos problèmes
Alors que nos nationalismes empruntés nous condamnent à l’impuissance de nos micro-états, la fuite en avant vers l’idéal d’un fédéralisme continental ressemble davantage à la politique de l’autruche. Nous devons donc être innovants et développer une approche graduelle mais effective, une approche qui intègre les réalités historiques inscrites dans les entités que sont nos pays et l’Afrique de l’Ouest.
Pour répondre aux besoins socio-économiques d’une population jeune et dont le taux de croissance est l’un des plus élevés au monde, nous devons nous industrialiser. Certes, ceci peut se faire avec nos très petites entreprises, nos petites et moyennes entreprises, l’import-export en nous insérant dans les chaînes de valeurs globales. Mais c’est bien ce à quoi nous nous essayons depuis des décennies avec des résultats mitigés, tant nos besoins sociaux sont prégnants et les termes de l’échange inégaux.
La croissance économique insuffisante et mal répartie, ne permet pas de valoriser un potentiel humain riche et foisonnant. Par ailleurs, la dépendance aux marchés globaux et la perpétuation d’un modèle multiséculaire qui fait de nos économies des exportateurs de biens à faibles valeurs ajoutées nous appauvrissent continuellement au profit des économies avancées. L’aide au développement censée combler nos balances commerciales structurellement déficitaires a fait long feu et participe d’une indignité que nous sommes de plus en plus nombreux à réprouver.
Nos organisations d’intégration économique régionale malgré quelques acquis, n’ont pas atteint leurs objectifs. Les échanges économiques intra-communautaires restent très loin des attentes. Dans notre région, la CEDEAO connait une cerise importante avec le départ en cours du Burkina Faso, du Mali et du Niger qui se dirigent vers la création de la confédération des Etats du Sahel. Mais en réalité, cette crise va bien au-delà de la scission en cours et il serait vain de chercher à faire revenir ces trois pays dans la CEDEAO telle qu’elle nous est servie, une organisation régionale à vocation économique mais à fonctionnement fortement dépendant de facteurs géopolitiques liés aux intérêts de ses donateurs.
Alors que faire ?
Une nouvelle vision de notre intégration régionale
Nous devons construire des économies industrielles robustes, comprenant certes des TPE et PME, mais aussi de grandes entreprises à dimension régionale, des économies bénéficiant de vrais tissus industriels, des économies résilientes aux chocs des chaines de valeurs globales, donc des économies associant de fortes chaines de valeurs régionales nous permettant de réduire nos vulnérabilités. Ceci ne peut se faire sans une intégration politique car les accords de partenariat économique existant entre nos micro-états et les économies avancées font bénéficier ces dernières des avantages prévus dans nos projets d’unions économiques continentales et en limitent les effets.
Mais au-delà de la pertinence économique, nous avons aussi le devoir de dépasser les frontières héritées de la colonisation afin de permettre aux nouvelles générations de recouvrer la plénitude de leur épanouissement, dans un espace géographique et géopolitique qui sera véritablement le leur et qui permettra de réunifier des groupes socioculturels séparés par des frontières artificielles.
La nouvelle vision de notre intégration régionale cherche à créer à terme une Confédération des Etats de l’Afrique de l’Ouest incluant les 15 Etats actuels de la CEDEAO et ceci, de manière progressive, en trois étapes.
Etape 1
Favoriser une plus grande décentralisation de la fédération nigériane, une fédération de 36 Etats mais dont le gouvernement fédéral détient la souveraineté sur l’ensemble des ressources naturelles du pays.
Créer une deuxième fédération, la Fédération Sahélo-Guinéenne (FSG), avec les 14 autres Etats de la CEDEAO, une fédération décentralisée dans laquelle, chaque Etat gardera la souveraineté sur ses propres ressources naturelles mais où l’espace territorial, la défense, la sécurité collective, la diplomatie seront mutualisés et l’économie sera coordonnée avec le souci d’une meilleure complémentarité et d’une valorisation rationnelle des ressources naturelles dans un marché intérieur de taille critique.
Etape 2
Réformer profondément la CEDEAO en la transformant en une organisation de coopération entre les 50 Etats de l’Afrique de l’Ouest (36 Etats du Nigéria et 14 de la FSG) avec une chambre pour chaque fédération et une délibération consensuelle entre les deux chambres.
Etape 3
Transformer la CEDEAO réformée en une confédération entre les deux fédérations, la Confédération des Etats de l’Afrique de l’Ouest avec un parlement et une présidence élus par les peuples selon des modalités à définir.
Le rôle potentiel du Sénégal
Le Sénégal peut jouer un rôle d’avant-garde dans la promotion de cette nouvelle vision et en faveur de sa concrétisation graduelle. Le pays est ressorti potentiellement plus fort des péripéties politiques qui ont conduit au dénouement du 24 mars 2024. Mais il a besoin d’une vision régionale innovante et mobilisatrice qui donne une plus grande portée à la volonté politique actuelle et une espérance à la jeunesse.
Un préalable au rôle de locomotive que pourraient saisir les nouveaux dirigeants du Sénégal, est une clarification de concepts tels que « patriotes, patriotisme économique », « le Sénégal d’abord » qui structurent les discours politiques et semblent heurter leurs engagements panafricanistes pourtant sincères. L’extrême droite française s’est appropriée les premiers termes, depuis des décennies et en fait son chou gras électoral, contre le fédéralisme européen. Il y a donc le risque d’une confusion politique à se prévaloir de ces concepts même s’ils sont énoncés dans un contexte différent de celui de la France.
Le patriotisme économique au Sénégal est sans doute dirigé contre ceux qui profitent des richesses économiques du pays au détriment du peuple sénégalais. Le patriotisme économique de l’extrême droite française est xénophobe et très protectionniste. Mais hélas, malgré cette différence importante, la sémantique alerte gravement surtout dans la perspective d’une fédéralisation innovante et décentralisée en Afrique de l’Ouest.
En proposant une nouvelle vision d’intégration politique et économique en Afrique de l’Ouest, nous sommes conscients des difficultés de sa réalisation. C’est à une véritable révolution pacifique que nous appelons pour nous sortir de la zone de confort stérile dans laquelle nous nous sommes installés et qui silencieusement nous consume.
Edgard Gnansounou est Professeur honoraire de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPPFL), président du Mouvement des Fédéralistes Sahélo-Guinéens (MFSG).
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GRAND JURY AVEC ABDOULAYE MAKHTAR DIOP
Le Grand Serigne de Dakar dresse un réquisitoire sévère contre Macky Sall, l'accusant d'avoir "perdu le sens de l'État". Il appelle le pouvoir en place à oublier certaines promesses de campagne pour se concentrer sur la gouvernance
Dans son intervention lors de l'émission "Grand Jury" de la radio privée RFM le dimanche 26 mai 2024, Abdoulaye Makhtar Diop, la plus haute autorité de la puissante confrérie des Lébous à Dakar, a dressé un réquisitoire sévère contre la gestion du le président déchu Macky Sall, tout en adressant une mise en garde au nouveau régime de Bassirou Diomaye Faye.
Revenant sur la dernière présidentielle, le Grand Serigne de Dakar a accusé l'ancien chef de l'État d'avoir "perdu le sens de l'État" et d'avoir manqué de respect aux institutions en voulant reporter l'échéance. "C'est extrêmement grave", a-t-il martelé, saluant au passage la position du Conseil constitutionnel qui a préservé le Sénégal "d'un coup d'État".
S'il se félicité de la victoire de Bassirou Diomaye Faye avec plus de 54% des voix, Abdoulaye Makhtar Diop a néanmoins pointé du doigt les motivations troubles de Macky Sall à s'être rapproché dans les dernières semaines de son successeur et d' Ousmane Sonko. Une attitude dictée selon lui par des "considérations personnelles" et la volonté de se "protéger".
L'ancien ministre d'État appelle le nouveau pouvoir à être réaliste et à oublier certaines de ses promesses électoralistes pour se concentrer sur la bonne marche de l'État. Il a insisté sur la nécessité pour le président et le Premier ministre de bien connaître les rouages de l'administration avant de lancer des réformes.
Abdoulaye M. Diop s'insurge contre les dérives dans la gestion des finances publiques, se disant "choqué" par le comportement de certains fonctionnaires et élus révélés par les corps de contrôle dans leurs rapports sur l'utilisation des fonds Covid.
Enfin, fort de son statut de principale autorité coutumière de la capitale, le Grand Serigne de Dakar a réclamé une réforme du foncier, appelant à clarifier le régime juridique des terrains pour mettre fin aux attributions opaques et à l'accaparement des terres par certains privilégiés .
LES NOUVEAUX MAÎTRES DE LA COMMUNICTAION POLITIQUE
Assane Diouf, Ousmane Tounkara et le rappeur Mollah Morgun... Des influenceurs gagnent en notoriété sur les réseaux sociaux avec un style provocateur et transgressif. Cette forme de militantisme suscite un débat de société sur la liberté d'expression
L’intrusion de ‘’pseudo-activistes’’ ou d’‘’activistes 2.0’’ dans la sphère politique semble marquer un changement dans le paysage politique sénégalais de plus en plus clivant et polarisé. Ainsi, des blogueurs ou tiktokeurs comme Assane Diouf, Ousmane Tounkara et le rappeur Mollah Morgun apparaissent, au gré de leur succès sur la toile, comme des acteurs centraux dans la formation de l’opinion publique et le suivi de l’actualité politique.
C’est un monde où l’outrance, la vulgarité et l’offense riment avec bonne visibilité sur la toile. L’intrusion d’insulteurs publics ou de “pseudo-activistes” affiliés à une organisation ou association dans le jeu politique a atteint son apogée avec l’emprisonnement de l’activiste et influenceur Bah Diakhaté, entraînant une mobilisation de l’APR. Celui qui se présente comme le président des activistes républicains et qui anime la page “Baatu Degg (la voix de la vérité)” sur le réseau social Facebook, a accusé le nouveau chef du gouvernement d’être proche des pro-LGBT. Cet activiste très remuant sur la toile s’est vanté dans plusieurs de ses vidéos d'être le défenseur de Macky Sall et de l’ancien régime contre les manipulations et les contrevérités propagées par les partisans de Pastef sur le Net. Il sera jugé en flagrant délit le 27 mai prochain, informe son avocat, Me Amadou Sall.
Pour rappel, l’activiste est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles et offense envers une personne exerçant tout ou partie des prérogatives du président de la République.
Cette arrestation a provoqué une levée de boucliers chez les républicains qui affirment qu’aucun des faits ainsi évoqués et prouvés n’est constitutif ni d’injures publiques ni d’offense, encore moins de diffusion de fausses nouvelles, comme l’indique l’APR dans un communiqué publié le 22 mai dernier.
Ce regain d’activité du parti de Macky Sall autour d’un activiste présent sur le web semble indiquer l’importance des insulteurs publics dans la sphère politique. L’un des pionniers de cette nouvelle tendance de communication est Assane Diouf, depuis les États-Unis.
Ce dernier, à travers ses différentes vidéos postées sur Facebook ou YouTube, s’en prenait vertement au chef de l’État Macky Sall et à son gouvernement à travers des propos insultants et outrageants dès 2016. L’activiste 2.0, porteur d’un discours antigouvernemental, va rapidement gagner en notoriété sur la toile en provoquant avec des révélations chocs non fondées, saupoudrées d’une rhétorique outrancière et injurieuse envers plusieurs personnalités du régime de Macky Sall. Une forme de communication qui allie activisme politique et divertissement.
De retour au Sénégal en 2018, ses vidéos vont se faire plus rares et l’ancien émigré goûtera rapidement aux geôles de Macky Sall à la suite de quelques sorties considérées comme injurieuses envers le régime.
Après de nombreuses péripéties avec la justice, Assane Diouf apparaîtra sur les plateaux télévisés et deviendra, au fil du temps, une personnalité médiatique qui n’hésite pas à donner son opinion sur les faits politiques.
Sur le plan politique, cette outrance ne semble pas lui avoir nui et il figurera même sur la liste proportionnelle de la coalition Wallu Sénégal pour la ville de Pikine, lors des municipales de janvier 2022. Il s'impliquera dans l’élection présidentielle de 2024 en apportant son soutien à Khalifa Sall.
L’agenda politique caché des ‘’pseudo-activistes’’
Selon Ibrahima Bakhoum, la notoriété de ces ‘’activistes politiques’’ peut s’expliquer par la volonté des Sénégalais de satisfaire leur instinct primaire de vouloir épier leur voisin et par la liberté de ton dans leurs déclarations, n'étant soumis à aucune contrainte en matière d’éthique et de déontologie. ‘’Les médias classiques sont trop lents dans la diffusion des informations, car ils doivent fournir au citoyen une information juste et vraie. Tandis que les activistes 2.0, qui peuvent être utilisés par les lobbies, sont à la solde d’un projet politique qu’ils veulent promouvoir. Souvent porteurs d’un discours antigouvernemental, ils sont prêts à toutes les manipulations et contrevérités pour régler des comptes politiques. Ils bénéficient de la culture de l’instantanéité qui marque désormais notre mode de consommation de l’information’’, affirme le journaliste.
Ce mode d’action de l’activisme politique sera copié par des influenceurs tels que le rappeur Mouhamadou Niasse dit ‘’Mollah Morgun’’ basé au Canada et Ousmane Tounkara qui vit aux États-Unis. Ces derniers, sur le même procédé qu’Assane Diouf, ont réussi, au fil du temps, à se constituer une bonne communauté de suiveurs sur la toile autour d’un discours virulent anti-régime de Macky Sall fait de dénonciations, d’attaques personnelles, d’appels à l’insurrection et de propos radicaux et injurieux contre des personnalités politiques.
Ce procédé s’est beaucoup accentué depuis les émeutes de mars 2022 et la forte défiance envers Macky Sall dans un contexte de fortes tensions avec le parti Pastef d’Ousmane Sonko. Ces présumés activistes, qui s’inscrivent dans la dynamique de défendre Ousmane Sonko alors poursuivi pour viol, puis pour atteinte à la sûreté de l’État ont été accusés. Ousmane Tounkara a même avoué avoir acheté des cocktails Molotov et contribué à hauteur d’un million de dollars (environ 603 millions F CFA) pour soutenir les combats de Pastef.
Des activistes 2.0 à l’aune d’une polarisation exacerbée de la scène politique
Cet attrait du public sénégalais pour ces pseudo-activistes reflète une certaine fascination pour les commérages publics et la médisance. ‘’Les Sénégalais dans leur ensemble aiment la médisance’’, avait fait remarquer le journaliste Cheikh Yérim Seck. D’où le succès des journaux de faits-divers ‘’Mœurs’’ et ‘’Tract’’, sans oublier le site people Face Dakar, qui est l’un des sites Internet les plus visités du pays.
Ce succès est aussi un exutoire pour des Sénégalais face à un pouvoir sourd à leurs revendications et à leurs difficultés.
Ce discours anticonformiste prôné par ces pseudo-activistes trouve son efficacité dans la volonté de rompre avec les normes de l’espace public sénégalais régies par un ensemble de règles mieux connu sous le nom de la culture du ‘’masla’’ (NDLR : Capacité de bien vivre avec les gens ou la recherche permanente du compromis) ou du ‘’kersa’’ (pudeur). Internet, de par son caractère anonyme, a libéré la parole citoyenne qui se soucie de moins en moins des contraintes morales et culturelles dans les relations humaines. La seule constante est de choquer au maximum par des propos choquants et clivants pour attiser les passions et susciter des débats enflammés afin de maximiser la monétisation de leurs contenus et vidéos.
Le risque d’une forte polarisation de la vie politique n’est pas exclu avec l’essor de ces activistes 2.0 et le recrutement d’une armée de tiktokeurs ou de youtubeurs par des partis politiques dans le seul but de discréditer le camp adverse.
En outre, l’ancien directeur de publication de ‘’Sud Quotidien’’ informe que ‘’ces activistes politiques’’ bénéficient ainsi d’une capacité de nuisance et d’influence dans la sphère politique, ce qui constitue, à terme, un danger pour la démocratie sénégalaise. ‘’Le citoyen se présentant comme activiste peut désormais participer à la formation de l’opinion en propageant la désinformation et en diffamant des personnalités. Cette capacité de nuisance, reprise dans les médias et les réseaux sociaux par les adversaires politiques de la personne visée, peut réussir, à terme, à ternir l’image publique d’une personne’’, conclut-il.
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DES DÉBATS SOUS INFLUENCE
La récente polémique sur "l'homosexualité" cache en réalité de lourds enjeux politiques. Tandis que l'opposition tente de fragiliser le pouvoir par des manœuvres de détournement, les experts alertent sur les véritables défis de gouvernance à relever
Dérapages nuisibles et manœuvres politiques obscurcissent les réels enjeux de gouvernance au Sénégal. C'est l'analyse des experts de "Décrypter l'Afrique" sur Le Média à propos de la récente polémique sur "l'homosexualité" visant à fragiliser le pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye.
L'arrestation d'un activiste pro-Macky Sall pour propos qualifiés d'orduriers envers le Premier ministre Sonko n'est qu'un "prétexte" pour l'opposition décriée, souligne le spécialiste Félix Atchadé. Une manœuvre de détournement visant à « cacher les enjeux » comme les nombreux rapports véritablement accablants sur la gestion controversée des fonds publics sous l'ère Macky Sall.
"L'opposition est en train de s'engouffrer dans cette brêche pour éviter de parler des vrais problèmes, du bilan de la période Sall en terme de détournements", renchérit l'analyste Fabrice Wuimo. Une opposition "au tapis", minée par les dissensions et incapable d'autocritique après 12 ans de pouvoir.
Face à ce défi, le président Diomaye et sa majorité devront tenir leurs promesses de rupture et d'alternance réelle. "Leur échec créerait une nouvelle opposition", prévient Bernard Houdin. Une mise en garde partagée par Jean-François Akandji Kombé : "Le vrai enjeu, c'est de criminaliser les crimes économiques énormes sous Macky Sall."
Signe d'espoir cependant, l'émergence dans l'opposition d'une "jeune garde" plus progressiste, qui pourrait "renouveler le débat démocratique" avec le pouvoir. Une évolution que le professeur Kombé juge "intéressante pour l'avenir du Sénégal et de l'Afrique".
LE LEGS D’UNE AFRIQUE UNIE DOIT ÊTRE CONSTAMMENT VIVIFIÉ, SELON YACINE FALL
La cheffe de la diplomatie sénégalaise a invité les États africains à poursuivre les efforts d’intégration à l’échelle continentale et au sein des communautés économiques régionales, à travers la mise en place d’initiatives et de politiques communes.
Dakar, 26 mai (APS) – La ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères du Sénégal, Yacine Fall, a souligné, samedi, à Dakar, la nécessité de vivifier constamment l’idée d’une Afrique unie afin de stimuler une intégration plus poussée des peuples et États africains.
‘’Ce legs de nos illustres devanciers, forgé et consolidé au fil des décennies jusqu’à la naissance de l’Union africaine, le 9 juillet 2002, à Durban, en Afrique du Sud, doit être constamment vivifié pour aboutir à l’objectif d’une intégration plus poussée des peuples et États africains’’ a-t-elle déclaré.
Yacine Fall intervenait lors d’une cérémonie de célébration du 61e anniversaire de la Journée de l’Afrique, commémorant la naissance, le 25 mai 1963, à Addis-Abeba, en Ethiopie, de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA), devenue Union africaine (UA).
Cette rencontre, placée sous le thème : ‘’Éduquer et Former l’Afrique du 21e siècle’’, s’est déroulée en présence de plusieurs représentants de pays africains membres du groupe des ambassadeurs accrédités à Dakar.
La cheffe de la diplomatie sénégalaise a invité les États africains à poursuivre les efforts d’intégration à l’échelle continentale et au sein des communautés économiques régionales, à travers la mise en place d’initiatives et de politiques communes et convergentes, qui mettent l’accent sur des projets continentaux structurants.
Devant les nombreux diplomates accrédités à Dakar, Yacine Fall est revenue sur la nouvelle orientation de la politique étrangère du Sénégal, dont ‘’le renforcement du bon voisinage et le panafricanisme sont les piliers fondamentaux’’.
‘’Il s’agira de réorienter davantage la diplomatie sénégalaise pour l’atteinte des objectifs d’intégration à travers la mise en œuvre du deuxième Plan décennal 2063 de l’UA et des programmes phares tels que la Zone de libre-échange continental (ZLECAf), la création d’institutions financières africaines, la libre circulation des personnes, la question de la paix et de la prospérité ‘’ a-t-elle indiqué.
‘’Le Sénégal travaillera sans relâche pour la paix et la sécurité sur le continent, en luttant, de concert avec les autres pays, contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la criminalité’’, a-ajouté la cheffe de la diplomatie sénégalaise.
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LE SÉNÉGAL FACE À SES FONDAMENTAUX
À en croire Cheikh Gueye et Dame Babou, seule une refondation constitutionnelle permettant une véritable indépendance de la justice et des changements économiques favorisant la production nationale seront à même de résoudre les maux du pays
Dans une intervention remarquée sur iRadio ce dimanche 26 mai 2024, le docteur Cheikh Guèye, chercheur à l'IPAR et secrétaire général du réseau sénégalais des think tanks, et Dame Babou, journaliste sénégalais basé à New York, ont sonné la charge pour une refonte en profondeur des institutions judiciaires et économiques du Sénégal.
Selon Guèye, il est impératif de "refonder complètement la justice" au lieu de se contenter de réformes superficielles. Il préconise une nouvelle Constitution qui décoloniserait le système judiciaire en l'adaptant aux réalités culturelles sénégalaises. "Nous avons besoin d'une justice qui fasse sens pour toutes les composantes de la nation", insiste-t-il, appelant à la représentation des traditions musulmanes et coutumières.
L'indépendance réelle des magistrats est aussi une priorité pour couper le cordon avec le pouvoir politique. "Tant que la carrière d'un juge dépendra de la signature de quelqu'un, on n'aura pas une vraie justice indépendante", renchérit Babou.
Baisse du coût de la vie : produire local
Sur la très attendue baisse du coût de la vie promise, les deux intervenants restent dubitatifs quant aux leviers d'action du gouvernement. Selon eux, seules des réformes en profondeur pour augmenter la production locale et la richesse nationale permettront une baisse durable des prix. "Arrêtons les promesses politiques de baisses conjoncturelles, plaide Babou. Il faut des réformes profondes de la production de richesses adaptées à notre pays."
Nouvelle diplomatie : Le leadership panafricain
Concernant la nouvelle stratégie diplomatique axée sur le voisinage et le leadership panafricain, les avis divergent quelque peu. Guèye la voit comme "une vraie rupture" et "une très bonne nouvelle" pour asseoir l'influence du Sénégal. Babou nuance en appelant à ne pas donner de leçons de démocratie, mais à privilégier la sécurité nationale face aux risques régionaux.
En somme, un plaidoyer vigoureux pour des réformes de fond afin de refonder une justice crédible et de doper l'économie nationale. Le nouveau pouvoir est appelé à appliquer réellement les conclusions du dialogue national sur la justice. Le Sénégal de l'après 2024 se jouera sur ces chantiers cruciaux, selon les deux invités d'Alassane Samba Diop.