SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
23 avril 2025
Politique
LES SALAIRES DES DIRECTEURS D'AGENCES CONNUS
Les salaires des directeurs ont été échelonnés en 4 catégories. En première catégorie se trouvent les directions les plus importantes de l’État comme l’ARTP, ADIE avec un salaire de 5 millions.
Dans une perspective d’une gestion transparente, le nouveau régime a publié les salaires des directeurs généraux, Présidents de Conseil d’Administration (PCA) et président de conseil de surveillance. Selon un communiqué publié, les salaires des directeurs ont été échelonnés en 4 catégories. En première catégorie se trouvent les directions les plus importantes de l’État comme l’ARTP, ADIE avec un salaire de 5 millions. La deuxième catégorie, ARM, ADPME dont les directeurs touchent 4 millions par mois. Les directeurs des agences de troisième catégorie touchent 3 millions par mois. Et enfin ceux de la quatrième catégorie touchent 2 millions par mois.
Les membres du conseil de surveillance de la première catégorie perçoivent 300.000 FCFA par session et non un salaire. Ceux de la deuxième catégorie 250.000 FCFA par session. Les membres du conseil de surveillance des troisième et quatrième catégorie perçoivent respectivement 200.000 FCFA et 150.000 FCFA par session.
À noter que le journal officiel a publié ce 29 juillet la déclaration de patrimoine du chef de l’État fait au Conseil constitutionnel. On peut y voir le montant du salaire du Président Bassirou Diomaye Faye qui est à un peu moins 5 millions de FCFA.
LE FRAPP DÉPOSE UNE LETTRE POUR LA DÉCOLONISATION DES RUES DE DAKAR-PLATEAU
Le Front pour une Révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaniste avait déposé, le 15 avril 2022, une demande pour que le conseil communal rebaptise les avenues portant des noms de colonisateurs, mais en vain.
Le Front pour une Révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaniste (FRAPP)/France-dégage annonce dans un communiqué qu’il va déposer des lettres auprès des mairies de Dakar-plateau ce mardi 30 juillet à partir de 10 heures
Ce, pour demander la décolonisation des rues, avenues et places publiques portant des noms de colons.
A part l’avenue Macky Sall qui a été rebaptisé, bon nombre des rues de Dakar-plateau portent le nom de colons et autres hommes politiques français.
Pour rappel, le FRAPP avait déposé, le 15 avril 2022, une demande à la mairie de Dakar Plateau pour que le conseil communal rebaptise toutes les rues et avenues portant des noms de colonisateurs, mais en vain.
« Nous ne voulons plus qu’il y ait des noms de tortionnaires français et européens pour nos rues. Nous avons suffisamment de fils sénégalais et africains qui ont fait beaucoup de choses pour leur pays et à qui nous pouvons donner le nom de ces rues et avenues », a déclaré le coordonnateur de FRAPP Dakar.
LES JEUX, LE VACARME, NOTRE LASSITUDE
La cérémonie d’ouverture des Jo, par sa célébration du métissage et du progressisme, a été une réponse intelligente et fine aux fantasmes morbides d’un pays fermé, vieillot et rabougri
Les Jeux Olympiques d’été célèbrent tous les quatre ans les valeurs de l’Olympisme, que sont l’excellence, le respect et l’amitié. Des athlètes de tous les coins du monde se retrouvent pour des compétitions à travers lesquelles on promeut la tolérance, l’ouverture et le respect de l’autre. Je suis un spectateur attentif des Jeux depuis toujours, car j’aime le sport, la magie qu’il véhicule et aussi parce que j’admire le dépassement de soi des athlètes, les belles histoires qui accompagnent certaines destinées ainsi que la célébration de l’universel.
Cette année, le Comité d’organisation de Paris 2024 a réussi une belle prouesse, digne des plus grands moments festifs de l’histoire. Le choix opéré par l’organisation de rompre avec la tradition des festivités dans un stade a été une idée de génie. La Seine dont la beauté et le cours silencieux sont parmi les trésors de Paris, a servi de cadre à un spectacle féérique. Paris 2024 fera date, comme en témoignent les recensions de la presse internationale, qui n’a pas tari d’éloges devant une si belle organisation.
Suiveur attentif des grands événements sportifs et des célébrations festives qui les ponctuent, j’ai rarement vu quelque chose d’aussi beau que la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris.
Les Jo sont un grand moment sportif, mais ils sont aussi, pendant quelques semaines, le prétexte de la monstration de ce qu’un pays a à offrir au monde. On profite de cette fenêtre pour montrer la culture, l’histoire, le patrimoine. A ce sujet, il faut relever que Paris a des atouts. Elle dispute sans doute le titre de plus belle ville au monde à quelques autres dont Rome et Saint-Louis du Sénégal. Il est d’ailleurs dommage que cette dernière soit si mal tenue…
Paris fut donc un magnifique écrin pour la cérémonie d’ouverture. La France a une vieille et riche histoire, faite de moments fastes comme de périodes sombres. Thomas Jolly, metteur en scène du spectacle, et ses équipes ont eu raison de ne pas se censurer et de montrer dans leurs différents tableaux l’histoire de leur pays dans sa complexité. D’ailleurs, aucun pays ne peut se glorifier d’une histoire sans tache, mais il faut du courage et un grand sens de l’honnêteté pour ne pas céder à la réécriture historique qui cache une partie pour n’en valoriser qu’une autre.
Le symbole donne à penser, disait Ricoeur. Les Jo sont organisés au moment où la France traverse une crise de régime, avec une confusion issue d’élections législatives, qui ont fait d’un parti nationaliste et à la souche raciste, antisémite et islamophobe, la première formation politique dans le pays en termes de suffrages et de parlementaires. C’est dans un pays fracturé où les atteintes à la dignité des personnes noires, arabes et musulmanes sont quotidiennes que sont célébrées en ce moment les valeurs d’ouverture et de tolérance prônées par l’Olympisme.
J’ai toujours été convaincu que dans les moments sombres et de doute, la culture et le sport restent des réponses pertinentes à la fermeture des esprits et au rejet de l’autre. La cérémonie d’ouverture des Jo, par sa célébration du métissage et du progressisme, a été une réponse intelligente et fine aux fantasmes morbides d’un pays fermé, vieillot et rabougri ; un pays dont certains voudraient qu’il s’abaisse au tri systématique des hommes et des femmes selon leur origine, leur couleur ou leur religion.
J’ai été touché par la prestation sublime de notre compatriote Guillaume Diop, premier noir à accéder au statut de danseur étoile de l’Opéra de Paris. Celle de Aya Nakamura, sortant du siège de l’Académie française entourée par la Garde républicaine, revêt aussi un sens symbolique particulier tellement cette femme talentueuse subit des insultes racistes depuis des années. Le choix de deux personnes non blanches, Marie-José Pérec et Teddy Riner, pour allumer la flamme olympique constitue le clou d’un spectacle qui a fait rager les racistes et les identitaires partisans d’une France blanche et chrétienne, désormais disparue, à juste titre.
La cérémonie est une claque monumentale à tous les racistes, engoncés dans leur bêtise pour toujours voir l’autre selon le prisme du sectarisme. Je n’ai pu m’empêcher de penser au choix du Comité olympique sénégalais de désigner la sénégalaise d’origine française Jeanne Boutbien comme porte-drapeau du Sénégal à Tokyo. Sur les réseaux sociaux et dans certains médias bruissait la sotte parole sectaire et exclusive. Ceux qui la traitaient vulgairement de toubab pour la délégitimer refusent encore d’accepter que le Sénégal soit un pays dont la vocation est de faire mélange. Celles et ceux qui conspuaient Mlle Boutbien sont ici les pendants de ceux qui là-bas excluent Aya Nakamura et lui refusent d’exister. Ils sont des militants de la sottise et de l’ignorance constante.
Pendant que les athlètes sénégalais comme Oumy Diop, Yves Bourhis, et leurs camarades honorent, par leur hargne et leur talent, le drapeau national à Paris, le vacarme des pseudo-panafricanistes, antiFrance, en vrai des complexés, nous importune. Leurs complaintes, leurs appels à en découdre avec la France relèvent davantage de la névrose. Ils s’enferment dans une camisole de colonisés, qui refusent de penser en dehors du prisme de l’opposition avec la France alors que le monde est vaste et les opportunités nombreuses. Comme pour ne rien arranger, le fou du village s’en est mêlé. Vraisemblablement peu familier des livres d’histoire, pour ne pas dire pas du tout, il s’invite à...Thiaroye. Heureusement qu’entre l’escrime, la natation et le basket, nos yeux et nos oreilles sont occupés à des choses bien plus dignes d’intérêt…
Post-scriptum : ici s’achève la quatrième saison de «Traverses». Le retour de la chronique est prévu en septembre, sauf changement
BIRAM SENGHOR, LA VOIX DU DEVOIR DE MÉMOIRE
La France ne peut plus ignorer son passé colonial. Le témoignage de Biram Senghor, dont le père a été exécuté à Thiaroye en 1944, résonne comme un appel à la reconnaissance des responsabilités et à la publication des archives
(SenePlus) - À 86 ans, Biram Senghor n'a jamais renoncé à obtenir justice pour son père, M'Bap Senghor, l'un des six tirailleurs sénégalais exécutés à Thiaroye le 1er décembre 1944 par des officiers de l'armée française. Un combat de plusieurs décennies qui vient de connaître une avancée significative, comme le rapporte RFI.
Le 28 juillet 2024, le gouvernement français a reconnu que ces six tirailleurs, dont quatre Sénégalais, étaient "Morts pour la France". Une décision saluée par Biram Senghor comme "une victoire", mais qui n'efface en rien les blessures encore vives laissées par ce drame sanglant de l'époque coloniale.
"En novembre 1944, il restait seulement à leur reverser leur pécule. Ils l'ont réclamé à l'autorité coloniale et le gouverneur général a donné l'ordre de les abattre. C'est comme ça qu'il est mort assassiné par la France parce que les autorités françaises ont donné l'ordre de les tuer", témoigne M. Senghor à RFI avec une émotion palpable.
Depuis le jour tragique où son père, alors âgé de 42 ans, a perdu la vie sous les balles des troupes coloniales, Biram Senghor n'a eu de cesse de réclamer la vérité et la reconnaissance des responsabilités. "Vous savez, la France n'a jamais été tendre avec moi. Depuis cette date de 1944, j'ai suivi cette affaire", confie-t-il à la radio internationale française.
Dès 1948, les autorités coloniales ont tenté de clore le dossier en le convoquant, ainsi que sa mère. Mais Biram Senghor a opposé un refus catégorique à tout classement précipité de cette affaire. "En 1953, ils ont voulu classer et j'ai dit non", affirme-t-il avec fermeté à RFI.
Au fil des décennies, l'obstination de cet homme a fini par payer. Aujourd'hui, il attend désormais que la France aille plus loin en réparant le préjudice subi par sa famille. Mais son combat dépasse son cas personnel.
"La France, dans ses documents, elle sait combien d'individus elle a tué ici à Thiaroye en 1944. Les Français ne peuvent pas ne pas connaître. Je trouve que ça, ce n'est pas sérieux", dénonce-t-il avec force à RFI.
Biram Senghor appelle ainsi à la publication intégrale des archives de l'époque, persuadé que les autorités françaises détiennent des informations cruciales sur l'ampleur réelle du massacre. Une quête de vérité qu'il poursuit inlassablement, porté par la mémoire tenace d'un fils qui n'a jamais pu faire son deuil.
"Leurs corps ont été jetés dans une fosse commune sans la moindre sépulture décente. C'est une insulte suprême à leur mémoire et à leur sacrifice", déplore-t-il avec amertume à RFI, citant les mots d'un survivant de cette tragédie.
À l'instar de nombreuses voix qui s'élèvent aujourd'hui pour demander des comptes à l'ancien pouvoir colonial, Biram Senghor incarne la détermination inflexible à faire reconnaître les souffrances trop longtemps tues. Son témoignage, relayé par RFI, est un puissant rappel des blessures encore à panser et du devoir de mémoire qui incombe à la France.
VIDEO
UN MENSONGE VIEUX DE 80 ANS S'EFFONDRE
La France reconnaît enfin la vérité sur le massacre de Thiaroye. Six tirailleurs, jadis qualifiés de mutins, sont désormais reconnus morts pour la France. Cela ouvre la voie à un procès en révision crucial, comme le révèle l'historienne Armelle Mabon
Dans une interview accordée à TV5 Monde dimanche 28 juillet 2024, l'historienne Armelle Mabon lève le voile sur l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire coloniale française. Le massacre de Thiaroye, longtemps dissimulé sous les apparences d'une mutinerie, refait surface avec la reconnaissance posthume de six tirailleurs sénégalais morts pour la France.
"C'est un crime d'État", affirme sans détour Mabon, auteur de "Prisonniers de guerre indigènes : visages oubliés de la France occupée". Selon elle, ce massacre prémédité par l'armée française en 1944 a fait bien plus que les 35 victimes prétendument reconnues. Les estimations parlent de jusqu'à 400 morts, un chiffre dissimulé par la falsification systématique des archives.
Cette reconnaissance tardive ouvre enfin la voie à un procès en révision tant attendu. "Grâce à cette mention 'mort pour la France', le procès en révision va pouvoir aboutir", explique l'historienne. Ce processus juridique pourrait non seulement innocenter les 34 tirailleurs injustement condamnés à l'époque, mais aussi ouvrir la porte à des réparations pour les familles des victimes.
Mabon insiste sur l'importance de ce tournant : "Le garde des Sceaux a maintenant tout pouvoir pour faire le nécessaire afin que le procès en révision aboutisse." Cette avancée, bien que significative, n'est qu'un premier pas. L'historienne appelle à la divulgation complète de la liste des victimes et des rapatriés, ainsi qu'à la reconnaissance officielle du mensonge d'État qui a perduré pendant huit décennies.
Alors que la France commence à peine à affronter ce chapitre douloureux de son passé colonial, l'interview d'Armelle Mabon sur TV5 Monde souligne l'urgence de la vérité et de la justice pour les tirailleurs sénégalais et leurs descendants. Le procès en révision à venir pourrait marquer un tournant décisif dans la reconnaissance et la réparation de ce crime longtemps occulté.
LE PATRIMOINE DE DIOMAYE FAYE DÉVOILÉ
Le président de la République détient notamment une coquette demeure à Mermoz et de vastes terres agricoles. Ses comptes en banque affichent aussi des millions, mais sont grevés de lourdes dettes
(SenePlus) - Dans son édition spéciale n°7750 du 25 juillet 2024, le Journal Officiel de la République du Sénégal a publié la déclaration de patrimoine détaillée du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui a pris ses fonctions le 2 avril dernier. Cette publication fait suite à la décision n°127 du Conseil Constitutionnel, présidé par Mamadou Badio Camara, donnant acte de la déclaration et en ordonnant la publication officielle.
Né le 25 mars 1980 à Ndiandiaye, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, auparavant Inspecteur des Impôts et Domaines, perçoit désormais un salaire mensuel de 4 859 302 FCFA en tant que Chef de l'État. Marié sous le régime de la séparation de biens, il réside à la Présidence de la République sur l'avenue Léopold Sédar Senghor.
Le patrimoine déclaré comprend plusieurs comptes bancaires. À la BICIS, le président dispose d'un compte courant avec 14 776 405 FCFA et un compte épargne avec 2 690 FCFA. À l'UBA, son compte courant affiche un solde de 7 457 852 FCFA.
Concernant ses dettes, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a contracté un prêt auprès de la BICIS avec un solde restant de 6 478 451 FCFA, ainsi qu'un prêt auprès de l'UBA avec un solde de 24 486 162 FCFA.
Sur le plan immobilier, le président possède une maison bâtie sur 200m2 à Mermoz, Dakar, acquise pour 19 millions FCFA et dont la valeur vénale est estimée à près de 135 millions. Cette propriété lui a été attribuée par le syndicat des Impôts en 2020 lorsqu'il était fonctionnaire.
Le chef de l'État est également propriétaire de plusieurs terrains non bâtis : un terrain de 80m2 à Ndiaganiao acquis en 2017, un terrain agricole de 4,3 hectares à Sandiara acheté 15 millions FCFA en 2022 avec 29 millions d'investissements déjà engagés, ainsi qu'un terrain nu de 202m2 à Keur Moussa évalué à 1,7 million FCFA.
Enfin, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a déclaré posséder un véhicule Ford Explorer Platinum acheté d'occasion en 2022.
Le président a certifié sur l'honneur que cette déclaration, comprenant les pièces justificatives requises, reflète exactement sa situation patrimoniale.
L'APR À L'HEURE DES CHOIX EXISTENTIELS
L'ancienne formation au pouvoir peine à se réinventer dans l'opposition. Entre fidélité à Macky Sall et ralliement derrière Amadou Ba, les cadres sont partagés. La perspective d'élections législatives anticipées accentue l'urgence de définir un cap
(SenePlus) - Désormais dans l'opposition après douze ans aux commandes, les cadres de l'Alliance pour la République (APR) de l'ancien président Macky Sall peinent à se réinventer et à s'accorder sur un nouveau leadership. Comme le rapporte Le Monde, certains affichent encore la fidélité à Macky Sall tandis que d'autres se tournent déjà vers son ancien premier ministre Amadou Ba.
"Certains ont conservé le portrait de l'ancien président Macky Sall comme photo de profil sur WhatsApp, quand d'autres ont déjà tourné la page et affichent désormais celui d'Amadou Ba, son ancien premier ministre et candidat malheureux à l'élection du 24 mars", écrit le quotidien français.
L'ombre tutélaire de Macky Sall plane encore sur le parti qu'il a fondé. "Nous vivons un moment de recomposition politique. Quand les cartes sont rebattues, on révise la stratégie commune, mais il faut aussi compter avec les ambitions de chacun", confie un de ses proches cité par Le Monde, voyant en l'ex-chef d'État "le seul à pouvoir faire taire les batailles d'ego au sein du parti".
Mais une frange de l'APR estime que Macky Sall doit passer la main après sa défaite, rejetant notamment sur lui l'échec d'Amadou Ba à la présidentielle malgré ses 36% des voix. "Il a récolté 36 % des voix, ce n'est pas négligeable", souligne ainsi Abdou Latif Coulibaly, ancien ministre de la Culture et partisan d'Amadou Ba.
Ce dernier, réputé pour son profil technocratique et sa discrétion, reste pour l'heure silencieux. "Amadou Ba n'est pas un tribun, il ne faut pas s'attendre à le voir galvaniser les foules. Il a d'autres qualités", nuance un proche dans les colonnes du Monde.
Des "réunions entre amis" sont néanmoins organisées ces dernières semaines par ses soutiens, à l'instar d'Abdou Latif Coulibaly qui a quitté l'APR en juillet. "Amadou Ba est prêt. Il faut juste s'organiser et chercher les meilleures options", assure-t-il au Monde.
La création d'un nouveau parti politique semble ainsi se profiler pour l'ancien PM, une option que le journaliste Mamoudou Ibra Kane, soutien d'Amadou Ba, juge incontournable : "Il peut faire oublier les difficultés de la fin de mandat de Macky Sall et attirer à lui des libéraux et des progressistes de différents horizons".
Quelle que soit la direction choisie, l'urgence sera de bâtir des alliances solides en vue d'éventuelles élections législatives anticipées dès septembre, un scénario redouté par l'ancien ministre Abdoulaye Saydou Sow : "En tout cas, nous ne pouvons pas nous laisser surprendre".
Au-delà des luttes intestines, ce dernier appelle l'APR à se réinventer en profondeur pour ce nouveau rôle dans l'opposition : "L'APR, comme beaucoup de partis, a été pensé pour l'exercice du pouvoir, pas pour l'opposition. Il faudra la transformer. Nous devons aussi rajeunir nos figures et retourner aux bases militantes pour nous réapproprier des questions politiques laissées de côté".
Un défi de taille pour ces anciens du pouvoir, qui devront s'inspirer de la stratégie gagnante des désormais présidents Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, "qui ont fait émerger de jeunes cadres et de nouvelles thématiques avant de conquérir le pouvoir", conclut Le Monde.
Par Madiambal DIAGNE
LE SENEGAL RATTRAPÉ PAR LE COUP DES 450 MILLIARDS DES EUROBONDS
Le décaissement suspendu ou différé de 230 milliards de francs va peser sur la politique financière du Sénégal et rien ne garantit que la situation reviendra à la normale à la rentrée des institutions de Bretton Woods
Le programme conclu entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (Fmi), pour la période 2023-2026, comporte un décaissement de crédits de 1150 milliards de francs Cfa. Deux premiers chèques ont été consentis pour l’année 2023, pour un montant total de 298 milliards de francs Cfa. Il était prévu deux nouveaux paiements pour l’exercice en cours, dont un paiement de 230 milliards en juillet 2024 et un autre de 109 milliards en décembre 2024. La dernière mission de revue du Fmi, qui a séjourné à Dakar du 6 au 19 juin 2024, avait conclu, à la perspective du passage du dossier du Sénégal devant le Conseil d’administration de l’institution internationale, courant juillet 2024. Cette réunion, qui devrait valider le premier décaissement de cette année, avait d’ailleurs était calée pour le 24 juillet 2024. L’instance a été reportée à septembre prochain. Le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, aurait senti la nécessité de mieux se préparer, et pour cause ! «Histoire de mieux préparer son dossier, car les bailleurs ne comprennent pas trop les circonstances du dernier eurobond», souffle un haut fonctionnaire.
Le Sénégal paie cash ses turpitudes
Le Sénégal se trouve dans la situation assez délicate de ne pouvoir répondre aux interrogations des bailleurs de fonds. Des procédures importantes n’ont pas encore pu être respectées comme le Débat d’orientation budgétaire, mais aussi l’examen et notamment l’adoption d’une Loi de finances rectificative. Les grandes querelles opposant le Premier ministre Ousmane Sonko à l’Assemblée nationale, autour de la Déclaration de politique générale, sont passées par là, empêchant de tenir les séances parlementaires nécessaires pour les procédures de gestion du budget de l’Etat. De surcroît, la Loi de finances rectificative n’est même pas encore adoptée en Conseil des ministres, alors que le cadrage budgétaire initial a considérablement évolué. Mais l’épine la plus difficile reste la documentation sur la question de la dernière opération eurobond. Un manque de transparence remarqué. Le gouvernement du Sénégal est incapable de répondre aux questions concernant les conditions du recours aux marchés financiers internationaux, les 3 et 4 juin 2024, pour lever la bagatelle de 450 milliards de francs Cfa. Edward Gemayel, chef de mission du Fmi, au cours d’une conférence de presse à Dakar, le 19 juin 2024, relevait en outre le surfinancement que cela induisait sur les finances publiques du pays et l’inopportunité de l’opération. Du reste, l’emprunt avait été effectué à l’insu du Fmi (voir notre chronique du 24 juin 2024). Le gouvernement du Sénégal voulait poursuivre sa fuite en avant, ignorant les objections du Fmi. L’opinion publique, par le truchement des médias, de la Société civile et de certaines personnalités politiques, a voulu en savoir davantage, mais le gouvernement n’a daigné fournir la moindre explication. Il se trouve donc rattrapé par la situation et cela risque de constituer une tache noire dans les relations avec les partenaires internationaux.
Le décaissement suspendu ou différé de 230 milliards de francs va peser sur la politique financière du Sénégal et rien ne garantit que la situation reviendra à la normale à la rentrée des institutions de Bretton Woods. Une nouvelle mission du Fmi au Sénégal était déjà prévue, dans le calendrier annuel du Fmi, pour le mois de septembre 2024, et devrait préparer le décaissement attendu pour décembre 2024. Le Sénégal pourrait-il ainsi faire coupler les deux décaissements, ce qui serait une première, mais aucune garantie ne pourrait lui être donnée sur la faisabilité. Il s’y ajoute qu’il restera à vérifier jusqu’où l’injonction publique, faite par le Fmi, d’utiliser les 450 milliards de l’eurobond pour reprofiler la dette, a été respectée. Le Fmi avait alors préconisé de «discuter avec le gouvernement de l’utilisation de ce surfinancement pour effectuer des opérations de gestion du passif». M. Gemayel précisait : «C’est-à-dire racheter des dettes à court terme plus coûteuses avec cette liquidité à plus long terme et moins coûteuse. Le Sénégal a emprunté plus que nécessaire pour ses besoins actuels, créant ainsi des fonds excédentaires disponibles. La gestion du passif implique de réduire les coûts de la dette et d’améliorer la stabilité financière à long terme. Les fonds excédentaires, ayant des taux d’intérêt plus bas et des échéances plus longues, permettraient de rembourser des dettes plus coûteuses à court terme et de bénéficier de coûts d’emprunt plus bas sur une période plus longue. Cette stratégie permettrait d’optimiser la structure de la dette, de réduire le surfinancement et de renforcer la soutenabilité de la dette.».
Au demeurant, comment combler le trou que constituerait, dans les caisses de l’Etat, le non-décaissement des fonds du Fmi ? Des sources proches du ministère des Finances et du budget soutiennent que, pour pouvoir passer le cap, le Sénégal envisage d’essayer de recourir à des crédits relais à souscrire sur le marché intérieur de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa). Une opération qui s’annonce onéreuse car les marchés risquent de se tendre dans une situation où le Fmi ne donnerait pas sa bénédiction. Des institutions internationales comme la Bad, la Bid, la Banque mondiale, l’Afd ou l’Union européenne ne s’engagent guère avec un pays sans un accord formel avec le Fmi. Pendant que le dossier du Sénégal est retiré du menu du Conseil d’administration, d’autres pays du même groupe que le Sénégal, notamment la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin et la République démocratique du Congo, ont vu leur dossier passer comme lettre à la poste.
Les questions qui demeurent sans réponse
Le gouvernement avait fait le dos rond devant l’interpellation par Birahim Seck, Coordonnateur général de l’organisation Forum civil, sur les conditions de transparence de l’opération et surtout le recours à l’intermédiaire, la banque anglaise Jp Morgan. Dans ces colonnes, nous prévenions sur les risques de se fâcher avec les marchés financiers formels ou, à tout le moins, de gêner les relations du Sénégal avec ses partenaires. Nous avions exprimé des craintes réelles pour les décaissements futurs du Fmi sous forme de prêt concessionnel. En effet, «il peut apparaître quelque peu incohérent pour l’institution financière de continuer à prêter à un pays dont il a fini de relever, à la face du monde, qu’il se trouve dans la merveilleuse et enviable situation de «surfinancement». Les défenseurs autoproclamés du gouvernement répondaient par des insultes virulentes, mais ce couac semble nous donner raison. Aussi, à la fin de la journée et devant le conseil d’administration du Fmi, il faudra expliquer comment le Sénégal avait emprunté au taux le plus cher de son historique d’endettement, à savoir 7, 75%, adjugé aux investisseurs, sur une maturité aussi courte de sept ans. Quel est le taux définitif si on intègre les commissions et autres frais d’intermédiation gardés confidentiels ? Motus et bouche cousue pour l’heure. Il faudra sans doute finir par expliquer dans quelles conditions la banque intermédiaire Jp Morgan a été choisie, sans aucun appel à la concurrence, et quels sont les liens avec les investisseurs soigneusement ciblés dans l’opération de placement d’obligations directes du Sénégal. Jp Morgan n’a eu à démarcher que ses clients privilégiés, et de nombreux investisseurs traditionnels n’avaient pas été consultés, comme il était de coutume.
Attention, l’économie du pays se relâche
Sur un autre aspect, des diligences doivent être engagées par le gouvernement pour ne pas laisser sombrer l’économie. Les signaux sont inquiétants. Il faut dire que la gestion budgétaire est marquée par une légère progression de la mobilisation des recettes, associée à une exécution prudente des dépenses. Il reste que de façon générale, la situation économique du Sénégal semble s’engager dans une lourde tendance de repli, pour ne pas dire de marasme. La perception est réelle au niveau de l’opinion, mais aussi des voix les plus autorisées relèvent ce phénomène qui devrait désormais constituer une véritable préoccupation. Les dernières notes de conjoncture économique produites par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) du ministère de l’Economie, du plan et de la coopération alertent, chacune de son côté, sur des perspectives de repli sur plusieurs secteurs économiques, et sur lesquels le gouvernement aura intérêt à veiller. Il est de notoriété publique que le secteur informel, qui concentre l’essentiel de l’économie du pays, traverse une mauvaise passe. Aussi, le déficit commercial du Sénégal s’est largement creusé. Des secteurs économiques et sociaux, qui occupent un grand nombre de personnes, sont en berne. Par exemple, l’activité de négoce s’est ralentie, en liaison avec le fléchissement du commerce de gros. De même que l’activité de transports s’est ralentie, dans le sillage du transport ferroviaire et de l’activité d’entreposage et d’auxiliaire de transport. La situation de faible trafic au niveau du Port de Dakar est éloquente. S’agissant des services d’hébergement et de restauration, la crainte s’installe du fait des contreperformances de l’hôtellerie. D’ailleurs, les médias ont décrit des baisses de recettes au niveau du secteur de la restauration. On notera une autre constante dans les rapports de la Bceao et de la Dpee, que l’emploi salaríe du secteur moderne s’est replíe sous l’effet de la baisse des postes pourvus dans le secteur tertiaire. En revanche, les effectifs dans le secteur secondaire ont connu une petite hausse.
L’indicateur du climat des affaires apparaît également morose. Selon les enquêtes réalisées par les experts et dont les rapports sont publics, cette dégradation reflète l’orientation défavorable des opinions des industriels, des entrepreneurs des «Bâtiments, des Travaux Publics» et des prestataires de services. Cette situation semble avoir une lourde incidence sur les banques qui traversent une période de relative morosité avec des dépôts qui se rétrécissent, tandis que de plus en plus de retraits des liquidités, pour des montants élevés, sont observés. Les gros déposants semblent garder leurs numéraires hors du circuit bancaire, de crainte d’éventuelles saisies inopinées ordonnées par les services fiscaux. Commencerait-on à perdre confiance au circuit économique ? Un climat d’insécurité ou de psychose s’installe dans le landernau des affaires. Les activités financières et d’assurance sont en repli, sous l’effet de la contraction des services financiers. Les transactions immobilières sont stoppées net et les cabinets notariaux ne voient plus de clients. «L’argent n’aime pas le bruit.»
Post Scriptum : Comme à l’accoutumée, cette chronique part en vacances pour tout le mois d’août 2024. A très bientôt.
PUMA, UN EXAMEN DES DÉPENSES RÉVÈLE UNE GESTION PROBLÉMATIQUE ET DES DETTES EN CROISSANCE
Les salaires ont connu une hausse vertigineuse en 2021 passant de 444 148 millions 097 FCFA en 2019 à 491 millions millions 294 mille 628 FCFA en 2020 et 504 millions 600 mille 184 FCFA en 2021, selon Yoor-Yoor qui cite un rapport de la Cour des comptes.
Le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et territoires frontaliers (PUMA) est au bord du gouffre, selon le journal Yoor-Yoor, qui revient ce lundi sur le rapport de la Cour des Comptes qui a épinglé le Coordonnateur, Moussa Sow.
Selon le journal, le rapport fait état de “l’examen des dépenses de personnel et d’acquisition de biens et services qui a fait ressortir de nombreux cas d’inefficience dans l’emploi des ressources financières” .
Les salaires ont connu une hausse vertigineuse en 2021 passant de 444 148 millions 097 FCFA en 2019 à 491 millions millions 294 mille 628 FCFA en 2020 et 504 millions 600 mille 184 FCFA en 2021. Soit une hausse de 42% en valeur relative et 203 millions 373 mille 737 FCFA en valeur absolue.
Nos confrères affirment également que Moussa Sow a endetté le PUMA en signant des contrats extra budgétaires non inscrits dans les plans de travail et les budgets annuels. Avec une dette de plusieurs milliards sur des marchés de construction de pistes et d’électrification sans que le projet ne soit concrétisé, il a créé des difficultés dans la mobilisation des crédits, selon le rapport.
Le PUMA doit aussi des factures impayées de 7 milliards à des entreprises ayant fourni des équipements ou réalisé des prestations de service. Presque toutes les constructions sont a l’arrêt a cause des factures impayées, indique le journal. Qui ajoute: de surcroît, le coordonnateur refuse de reverser l’impôt sur les revenus des agents du PUMA. Ce, de 2017 à 2024.
Le chef du bureau de recouvrement a même adressé une mise en demeure au coordonnateur pour lui faire savoir qu’il doit au trésor public 800 millions 002 milles 660 FCFA, souligne Yoor-Yoor.
BIRAHIM SECK DEMANDE AU PRÉSIDENT DE SE PENCHER SUR LE SYSTÈME DE RÉGULATION DES MARCHÉS
Selon le membre de la société civile, les vielles techniques des anciens régimes qui jusque là perdurent peuvent altérer sa démarche de rupture.
Le coordonnateur du Forum civil ne lâche toujours pas le chef de l’État concernant la reddition des comptes et la transparence dans la gestion des fonds publics.
Après plusieurs interpellations, Birahim Seck revient à la charge pour lui demander de mettre l’accent sur le système de passation de marché. Selon le membre de la société civile, les vielles techniques des anciens régimes qui jusque là perdurent peuvent altérer sa démarche de rupture.
“M. le Président Diomaye Faye, le système de passation, d’exécution, de contrôle et de régulation des marchés publics gangréné depuis des années par l’opacité, la dérégulation et l’absence de redevabilité est perpétué jusque-là. Le régime peut en être la victime si rien n’est fait” , écrit-il sur son compte X.
A noter que Birahim Seck a aussi demandé au Président Bassirou Diomaye Faye de publier les rapports de l’IGE comme il l’avait annoncé.