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7 avril 2025
Politique
ENJEUX GEOPOLITIQUES ET ECHEC DE LA DIPLOMATIE DANS LA CRISE UKRAINIENNE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce conflit, par ses répercussions globales, met en lumière l'urgence pour le continent africain de renforcer son unité interne et de développer une vision géopolitique commune face aux grandes puissances
Dans un contexte international où les relations entre nations sont de plus en plus marquées par des tensions géopolitiques et une compétition de puissance, la crise ukrainienne, qui dure désormais depuis plus de trois ans, illustre d'une manière poignante l'incapacité de la communauté internationale à instaurer un ordre mondial stable, respectueux des principes de souveraineté et d'intégrité territoriale.
Depuis son éclatement en 2014, ce conflit n'a pas seulement déstabilisé l'Ukraine, mais a également déclenché des répercussions profondes et imprévisibles qui continuent de perturber l'équilibre de l'ordre international tel que nous l'avons connu.
Le 28 février 2025, une rencontre historique entre Donald Trump, le vice-président JD Vance et le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche a mis en lumière les profondes fractures dans les relations internationales : une rencontre censée favoriser la paix s'est rapidement transformée en un affrontement public, symbolisant l'ampleur de la division entre les grandes puissances et la divergence de leurs visions du futur. Ce rendez-vous a cristallisé un changement majeur dans les rapports de force mondiaux, mettant en exergue l'inefficacité de la diplomatie traditionnelle face à des enjeux géopolitiques de cette ampleur.
Le conflit ukrainien, devenu l'un des plus complexes et dévastateurs du XXIe siècle, alimente les tensions géopolitiques mondiales et redéfinit les rapports de puissance entre les nations.
Véritable mosaïque de causes historiques, ethniques et géopolitiques, il dépasse largement les frontières de l'Ukraine, affectant la stabilité régionale, mais aussi mondiale. Notre analyse article propose de saisir la portée de cette crise en explorant ses origines, ses tentatives de règlement et les conséquences géopolitiques qu'elle engendre.
La genèse du conflit : Un péril géopolitique aux racines multiples
Les origines du conflit ukrainien sont marquées par une série de facteurs géopolitiques, ethniques et historiques profondément ancrés.
En 2014, la Russie, sous la direction de Vladimir Poutine, a procédé à l'annexion de la Crimée, une région stratégique de la mer Noire, au moment même où l'Ukraine subissait un bouleversement politique majeur avec la chute du président pro-russe Viktor Ianoukovytch.
La Crimée, à majorité russophone, était perçue par Moscou comme un territoire stratégique essentiel à ses intérêts militaires et géopolitiques. Bien que la Russie ait justifié son action par la protection des Russes de Crimée et la nécessité de contrer une Ukraine de plus en plus orientée vers l'Occident, l'annexion a été fermement condamnée par l'ONU et l'Occident, exacerbant ainsi une rupture sans précédent dans les relations internationales, en violation flagrante des principes d'intégrité territoriale.
Toutefois, la question de la Crimée n'était que le point de départ d'un conflit bien plus vaste. L'intensification de la guerre dans le Donbass, où des séparatistes prorusses ont pris les armes contre le gouvernement ukrainien, a plongé la région dans une guerre de tranchées, marquée par des milliers de victimes et un déplacement massif de populations. Cette guerre hybride, marquée par des frontières floues et un soutien militaire occulte, a non seulement redéfini les rapports de force en Europe de l'Est, mais a également installé un nouveau type de conflit, où l'usage de la force est couplé à des manipulations géopolitiques complexes.
Tentatives de Résolution : L'échec des initiatives diplomatiques
Malgré plusieurs tentatives de règlement, telles que les accords de Minsk (2014 et 2015), la situation demeure figée et sans issue.
Ces accords, bien qu’ils aient été conçus pour instaurer un cessez-le-feu et amorcer une solution politique, ont en réalité exacerbée les tensions entre l'Est et l'Ouest, tout en divisant encore davantage l'Ukraine elle-même.
Les sanctions économiques imposées par les États-Unis et l'Union européenne à la Russie, ainsi que les pressions exercées sur l'Ukraine pour parvenir à une solution politique, ont mis en lumière l'incapacité des grandes puissances à imposer un règlement durable.
L'échec des négociations a permis à la Russie de renforcer son emprise sur le Donbass et de s'opposer fermement à l'intégration de l'Ukraine à l'OTAN et à l'Union Européenne, rejetant ainsi l'élargissement de l'Occident à ses frontières.
L'Ukraine, quant à elle, se trouve prise en étau entre un Ouest résolument pro-européen et un Est prorusse, ce qui accentue les fractures internes du pays et déstabilise profondément sa structure politique et sociale. L'échec de la diplomatie a ainsi révélé la profonde fracture qui déchire le pays et son incapacité à dépasser ses divisions internes.
Répercussions géopolitiques : La mutation du paysage mondial
Les répercussions de la guerre en Ukraine vont bien au-delà de ses frontières et ont des implications majeures pour l'ordre mondial.
En ravivant les tensions d'un monde bipolaire à la guerre froide, la crise ukrainienne a ouvert une nouvelle phase de confrontation entre la Russie et l'Occident. Les sanctions économiques imposées à la Russie ont montré leurs limites, n'affectant que marginalement les choix politiques de Moscou, tout en renforçant sa posture défiant l'ordre mondial établi.
En revanche, la guerre a permis à la Russie de se réorganiser stratégiquement et de renforcer ses liens avec des puissances émergentes, comme la Chine, consolidant ainsi une alliance qui pourrait redéfinir l'équilibre mondial dans les années à venir.
La réorganisation des rapports de sécurité en Europe de l'Est s'est traduite par une augmentation des dépenses militaires et une coopération accrue au sein de l'OTAN, entraînant un redéploiement stratégique de l'Alliance. Cette évolution s'accompagne de nouveaux « conflits gelés » en Moldavie, en Géorgie et ailleurs, redéfinissant le paysage géopolitique de l'ex-Union Soviétique.
Conclusion : L'Ukraine, symbole d'un ordre mondial en pleine transformation
La crise ukrainienne, épicentre de tensions géopolitiques mondiales, met en exergue l'incapacité de la communauté internationale à répondre aux défis d'un monde multipolaire en constante évolution. L'échec de la diplomatie, l'escalade des rivalités géopolitiques et l'instabilité persistante soulignent les obstacles majeurs qui se dressent sur la voie de la réorganisation de l'ordre mondial. Si la résolution du conflit ukrainien demeure incertaine, il est évident que ses conséquences redéfiniront durablement les rapports de force internationaux pour les décennies à venir.
Cette situation met en lumière la nécessité impérieuse pour les puissances européennes de repenser leur position et leur rôle sur la scène internationale. L'Union européenne, malgré ses divisions internes et la montée en puissance d'acteurs comme la Chine, est-elle en mesure de consolider sa place dans le concert des nations mondiales ? Parviendra-t-elle à surmonter ses désaccords internes pour affirmer une politique étrangère et de défense commune, ou se retrouvera-t-elle marginalisée dans un monde de plus en plus polarisé où les rapports de force redéfinissent sans cesse les règles du jeu ?
Dans un contexte international multipolaire et de plus en plus instable, marqué par des tensions géopolitiques croissantes et une remise en question des fondements de l'ordre mondial traditionnel, l'Europe se trouve à un carrefour stratégique.
Malgré ses divergences internes, l'Union européenne possède un potentiel indéniable pour redéfinir ses relations internationales et renforcer sa coopération interne, si elle parvient à transcender ses différences.
L'Europe peut-elle réellement prendre l'initiative de renforcer son autonomie stratégique, notamment en matière de défense, de technologie et de gestion des crises, tout en réduisant sa dépendance vis-à-vis des États-Unis ? Peut-elle surmonter des enjeux complexes, tels que la politique migratoire, la souveraineté nationale et les tensions économiques internes, pour s'unir autour d'une politique étrangère cohérente ?
Dans le même temps, la montée en puissance de l'Asie, et en particulier de la Chine, associée à l'incertitude quant à l'engagement des États-Unis sous certaines administrations, impose une réflexion sur l'impératif d'une recomposition européenne.
Cette dynamique sera-t-elle suffisamment solide pour surmonter les obstacles géopolitiques internes et externes, ou l'Europe risque-t-elle de se retrouver marginalisée dans un monde de plus en plus divisé ?
En définitive, bien que l'Union européenne dispose des ressources et du potentiel nécessaires pour redéfinir son rôle sur la scène internationale, elle se trouve confrontée à des défis d'une ampleur considérable. Les divergences internes, les questions de souveraineté nationale et l'ascension d'autres puissances mondiales comme la Chine compliquent sérieusement toute tentative d'unité. La réduction de la dépendance aux États-Unis et la construction d'une véritable autonomie stratégique soulèvent de nombreuses interrogations quant à la capacité de l'Europe à évoluer de manière cohérente face aux menaces globales.
L'Europe, bien qu'elle soit en mesure de renforcer son influence sur la scène mondiale, devra surmonter des obstacles redoutables pour parvenir à une coopération interne solide et à une stratégie internationale cohérente. Pour devenir un acteur véritablement clé, elle devra surmonter ses fractures internes et faire preuve d'une volonté politique commune, une condition indispensable mais encore fragile à réaliser.
Le cas de la crise ukrainienne offre au continent africain de nombreuses leçons essentielles qu’il peut tirer pour renforcer sa position dans un monde géopolitique de plus en plus complexe.
Tout d’abord, la situation actuelle met en évidence l’importance capitale de l’unité et de la solidarité régionale. Dans un monde multipolaire, la force d’un groupe d’États unis par des objectifs communs est incontestable. L’Ukraine, bien qu’elle se trouve au centre des tensions internationales, incarne cette nécessité d'une alliance solide face à des crises mondiales. L'Afrique, en tant que continent riche de diversité, doit poursuivre ses efforts d'intégration régionale à travers des organisations comme l’Union africaine ou les communautés économiques régionales. En renforçant la coopération intra-africaine, le continent peut jouer un rôle plus influent dans la définition des relations mondiales.
Une autre leçon importante de la crise ukrainienne concerne la nécessité de diversifier ses partenariats stratégiques. La guerre en Ukraine a montré à quel point certains pays peuvent se retrouver dépendants d’un nombre restreint de partenaires géopolitiques, une vulnérabilité que l'Afrique ne peut se permettre. En diversifiant ses relations avec des puissances émergentes telles que la Chine, la Russie ou l’Inde, tout en maintenant des liens avec les États-Unis et l’Europe, l'Afrique peut préserver son autonomie et éviter d’être subordonnée à un seul acteur majeur. Cette diversification géopolitique est un levier pour garantir une influence plus équilibrée dans le concert des nations.
La crise a également mis en lumière l’importance de la gestion des ressources naturelles et énergétiques, un domaine où l'Afrique dispose d'un potentiel inestimable. La dépendance des pays européens aux importations d’énergie a montré la fragilité de systèmes énergétiques trop centralisés et vulnérables aux conflits. Dans ce contexte, l'Afrique, riche en ressources naturelles, doit impérativement développer ses infrastructures énergétiques internes, promouvoir les énergies renouvelables et améliorer sa gestion des ressources naturelles pour renforcer son indépendance et assurer une résilience face aux crises mondiales. Cela passe par une gestion plus durable de ces ressources, mais aussi par une plus grande intégration énergétique au sein du continent.
Parallèlement, la crise ukrainienne met en évidence l'importance d'une diplomatie proactive et indépendante. L'Afrique doit renforcer son rôle sur la scène internationale en devenant un acteur diplomatique plus actif, capable de défendre ses propres intérêts. Cela implique la capacité à s'engager dans des négociations mondiales tout en préservant ses priorités, telles que le développement économique, la sécurité et la lutte contre les inégalités mondiales. La crise en Ukraine a montré qu’un continent peut se retrouver marginalisé si ses voix ne sont pas suffisamment fortes dans les grandes discussions internationales. L'Afrique doit donc mettre en place des mécanismes pour affirmer sa diplomatie et sa souveraineté face aux puissances mondiales.
L’Afrique pourrait également tirer des enseignements sur la gestion des conflits internes. La guerre en Ukraine a mis en exergue l'impact dévastateur des conflits internes non résolus, mais aussi des ingérences extérieures. Pour l'Afrique, cela souligne l'importance de trouver des solutions pacifiques et diplomatiques aux conflits internes, plutôt que de se laisser déstabiliser par des tensions politiques. Le renforcement des institutions de gouvernance, la promotion de la réconciliation nationale et l’établissement de processus de paix durables sont essentiels pour éviter l’escalade des conflits et garantir la stabilité régionale.
Un autre aspect fondamental est la prise de conscience de la vulnérabilité face aux dynamiques mondiales. La guerre en Ukraine a démontré que les crises géopolitiques peuvent rapidement affecter tous les continents, y compris l'Afrique, notamment en termes d’augmentation des prix des matières premières, de perturbation des chaînes d'approvisionnement ou d’instabilité alimentaire. L'Afrique doit être prête à anticiper ces effets et à mettre en place des stratégies de résilience, notamment en matière de sécurité alimentaire et d'indépendance économique. Cela nécessite une diversification de ses économies et le renforcement de ses infrastructures locales.
Enfin, l'une des leçons majeures que l’Afrique peut tirer de la crise ukrainienne est la nécessité d’une vision commune pour son avenir face aux bouleversements mondiaux. Le continent doit se doter d’une stratégie géopolitique claire et cohérente qui repose sur des principes de coopération, de souveraineté et de solidarité intra-africaine. Cela passe par une volonté politique forte de surmonter les défis mondiaux, qu’il s’agisse du changement climatique, des migrations ou de la sécurité mondiale. Pour que l’Afrique puisse véritablement jouer un rôle clé sur la scène internationale, elle devra dépasser ses divisions internes et adopter une vision partagée de son développement et de son influence dans le monde.
En somme, la crise ukrainienne offre à l'Afrique une occasion unique de réfléchir à son rôle dans un monde en constante évolution. Si elle réussit à renforcer son unité interne, à diversifier ses partenariats, à gérer ses ressources de manière durable et à affirmer sa diplomatie, elle pourra non seulement préserver sa souveraineté, mais aussi s’imposer comme un acteur incontournable dans la réorganisation de l’ordre mondial à venir.
LA FONCTION PUBLIQUE EN ÉBULLITION
Pendant que les licenciements tous azimuts alimentent le débat public, les nouveaux dirigeants recrutent leurs militants sans grand bruit, malgré la situation difficile des finances publiques
Les alternances sont généralement synonymes d'espoir. Celle de 2024 a fini de plonger des milliers de travailleurs dans une grosse désillusion. Lors de la rencontre tripartite gouvernement, syndicats et patronat, la semaine dernière, les secrétaires généraux des différentes centrales syndicales s'étaient insurgés contre cette pratique. D'habitude, regrettait Cheikh Diop de la CNTS/FC, les Sénégalais se pressaient d'aller dans l'Administration, en particulier pour la sécurité et la stabilité que cela offrait. “C'est dans le privé que nous étions confrontés à des problèmes de licenciement, de violation des droits des travailleurs... Aujourd'hui, on a l'impression que la tendance s'est renversée. Il y a énormément de licenciements et ce n'est pas acceptable”, soulignait le syndicaliste, non sans rappeler que le mouvement syndical usera de la revendication pour faire face.
À ceux qui indexent leur bonne foi et la motivation de la levée de boucliers dans les différentes organisations, il prévient et avertit de manière ferme : “Les responsables syndicaux du Sénégal, j'allais dire les syndicalistes du monde, ont choisi un combat : le combat du progrès social. Le mouvement syndical n'utilisera comme arme que la revendication, parce que nous sommes convaincus que la revendication est un facteur de progrès social. Nous sommes dans la revendication, nous ne sommes dans rien d'autre. Considérez que même si on ne se comprend pas, nous ne sommes que dans la revendication”, répétait-il s'adressant au Premier ministre.
Dans son intervention, le chef du gouvernement a averti sur le caractère clientéliste de ces recrutements concernés par les plans sociaux. Pour lui, il y a des gens qui ont été recrutés alors que ça ne correspond à aucun besoin. “La Fonction publique n'est pas une crèche pour caser la clientèle politique. Nous aussi nous avons nos militants. Si chaque pouvoir qui arrive crée des postes sans aucun besoin, juste pour caser la clientèle, on ne va pas en sortir. Un État responsable doit pouvoir l'évaluer et ça, on l'assume”, fulminait-il face aux syndicalistes qui semblent en faire une condition centrale dans les futures négociations, estimant que l'État, à travers ses démembrements, a procédé à ces violations en toute violation de la législation sociale.
Mody Guiro : “On ne défend pas des bras cassés ou des gens qui sont chez eux et qui ne travaillent pas.”
Interpellé à la fin de la rencontre par ‘’EnQuête’’ sur les propos du Premier ministre, le secrétaire général de la CNTS avait préféré surtout mettre en évidence la disponibilité à dialoguer dont il a fait montre. Sur les recrutements politiques, il avait tenu à réagir de manière ferme. Pour lui, il n'a jamais été question, pour les syndicalistes, de défendre des gens qui sont payés à ne rien faire. “Je le dis de manière claire et nette : on ne défend pas des bras cassés ou des gens qui sont chez eux et qui ne travaillent pas ; ce n'est pas notre logique. Ce que nous voulons, c'est que ces travailleurs qui ont bénéficié de contrats en bonne et due forme, qui sont dans les entreprises que leurs droits soient respectés comme cela s'est toujours passé”, s'était-il défendu.
À Sonko qui mettait en garde contre les pressions, il disait : “Les revendications vont continuer d'exister tant qu'il y aura un gouvernement et un patronat. Ce que nous voulons, c'est une écoute attentive de nos préoccupations. Nous ne demandons pas l'impossible. Si le dialogue s'établit sur la base de relations de confiance basées sur la transparence et la justice sociale, il n'y aura aucun problème. En tant que Sénégalais et en tant que partenaires sociaux, nous saurons assumer nos responsabilités, parce que nous sommes aussi des responsables.”
Mais ce qui fait le plus mal chez certains travailleurs licenciés, c'est qu'au moment où des Sénégalais sont limogés à gauche et à droite en raison de leur supposée appartenance politique, d'autres sont en train d'être recrutés un peu partout.
Ainsi, ‘’EnQuête’’ a appris de source sûre que dans de nombreuses structures concernées par ces licenciements, les recrutements continuent, malgré la situation difficile des finances publiques. On peut en citer le Port autonome de Dakar où Waly Diouf Bodian procède à des recrutements de profils qui n'ont d'autres mérites que d'appartenir au parti Pastef ; l'AIBD SA qui menace de licencier plus de 500 travailleurs alors qu'au même moment, Cheikh Bamba Dièye recrute de nouveaux agents. La liste est loin d'être exhaustive.
Des directions licencient le jour et recrutent la nuit des agents issus de leur famille politique
Tout le monde peut se rappeler d'ailleurs la gaffe du ministre de la Santé et de l'Action sociale qui avait clairement montré sa préférence pour les gens de Pastef dans les recrutements de son département. “... Mon staff m'est témoin : je fais la part belle aux militants du parti. Quand je reçois un CV, je regarde d’abord si le demandeur d'emploi est un membre ou pas du Pastef, car ma priorité est pour ceux qui sont du Pastef”, assumait-il sans ambages dans une rencontre avec ses militants. Acculé et critiqué de toutes parts, il avait essayé de se rattraper en s'enfonçant. À son avis, “à compétences égales” entre deux candidats, c'est tout à fait normal de privilégier le membre du parti. “Je ne pense pas que cela soit un délit de promouvoir un cadre de Pastef qui est aussi un Sénégalais bien méritant”, ajoutait-il, essayant de montrer que la compétence prime dans toutes les nominations.
Le minimum syndical face à un gouvernement austère
Au-delà des licenciements, les syndicalistes demandent aussi que cessent toutes formes d'injustice. C'est le souhait, en tout cas, formulé par le responsable de la CSA Elimane Diouf. En sus de la question des licenciements abusifs, il invite l'État à prendre les dispositions idoines pour aider les secteurs en difficulté à sortir du gouffre. Monsieur Diouf est revenu sur les maux qui gangrènent des secteurs comme les BTP, la presse, avec des milliers de travailleurs qui sont menacés.
Il s'est dit, en revanche, rassuré par le discours du PM. “Le discours peut être apaisant par rapport à ce qu'on avait l'habitude d'entendre de lui. Il a montré l'ouverture du gouvernement à dialoguer et à trouver des solutions. S'il y a des questions sur lesquelles nous ne nous entendons pas, on constatera le désaccord et chacun prendra ses responsabilités”, avait-il annoncé.
Une chose est sûre : pour les prochains mois, voire les années à venir, les organisations syndicales devront plus s'employer à préserver des acquis qu'à se battre pour l'amélioration des conditions des travailleurs. Ce qui constituerait un minimum syndical face à un État en ajustement structurel. Cheikh Diop le constate avec une belle formule. “Nous ne demandons pas à notre père une maison aux Almadies. Nous lui demandons d'aider à atteindre notre maison de banlieue qui prend feu. La situation du pays, nous en sommes conscients, mais nous voudrions aussi que la situation des travailleurs soit parmi les priorités”, disait-il.
Encore que même là, c'est trop demander. D'après le PM, là, c'est tout le quartier qui est en train de prendre feu et que le père ne saurait s'occuper d'une seule maison. “Ce n'est pas la maison qui brûle, c'est tout le quartier. Vous ne pouvez donc vous occuper que de votre maison en oubliant le reste. Cette conception de moi et de ma maison, il faut qu'on travaille à la dépasser”, rétorque-t-il au syndicaliste.
AND JËF/PADS-AUTHENTIQUE DÉNONCE LES MESURES D'AUSTÉRITÉ DU GOUVERNEMENT
Le parti critique les récentes mesures annoncées par le gouvernement, notamment la baisse des salaires, la réduction des effectifs de la fonction publique et l’augmentation des impôts, qu'il juge contraires aux attentes de la population.
Le Parti Africain pour la Démocratie et le Socialisme-Authentique (And Jëf/PADS-Authentique) a exprimé ses préoccupations face à la situation sociale et économique du Sénégal,.
Dans un communiqué de presse, le parti dénonce les mesures d’austérité annoncées par le gouvernement, les jugeant contraires aux attentes de la population et susceptibles d’aggraver les tensions sociales.
And Jëf/PADS-Authentique critique les annonces de baisse de salaires, de réduction d’effectifs dans la fonction publique et d’augmentation des impôts.
Le parti estime que ces mesures, rappelant les plans d’ajustement structurel des années 80, risquent de détruire le tissu économique et d’appauvrir les travailleurs.
Il souligne l’importance de financer le déficit budgétaire par la croissance et non par des économies de dépenses, souvent essentielles au fonctionnement de l’État.
Le parti salue la tenue du forum tripartite de concertation État-Syndicat-Patronat, malgré ses limites, et appelle à un suivi rapide et à l’accélération des concertations sectorielles. Il exhorte le gouvernement à faire preuve d’imagination et d’innovation pour redresser les finances publiques, réduire les importations alimentaires et faciliter l’accès au logement, tout en privilégiant le dialogue et la concertation.
Revendications sociales et enseignement supérieur
And Jëf/PADS-Authentique appelle le gouvernement à « satisfaire les revendications des travailleurs, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation ».
Il insiste sur la nécessité « d’un plan d’urgence pour achever les chantiers en cours dans l’enseignement supérieur et d’organiser une nouvelle concertation nationale (CNAES2) pour apporter les correctifs nécessaires ».
Reddition des comptes et situation internationale
Le parti réaffirme son engagement en faveur de la « reddition des comptes et de la lutte contre la corruption », qu’il considère comme des impératifs pour le développement du pays.
Il appelle à une justice crédible au service de l’intérêt général.
Sur le plan international, And Jëf/PADS-Authentique s’inquiète de la nouvelle gouvernance américaine, de la montée des extrêmes droites en Europe et du populisme dans le monde.
Il dénonce par ailleurs le génocide du peuple palestinien et appelle à un retour aux valeurs de la lutte anti-impérialiste.
Le parti exprime également sa préoccupation face à la situation en Afrique, notamment en RDC et au Soudan, et appelle à un cessez-le-feu et à des concertations nationales inclusives.
TROIS ANS DE SANG ET DE LARMES
Ils étaient mécaniciens, ouvriers, étudiants ou élèves et la plupart avaient moins de 30 ans. Entre mars 2021 et février 2024, ils sont 65 à avoir perdu la vie lors des manifestations qui ont secoué le Sénégal, selon un nouveau décompte minutieux
(SenePlus) - Le collectif CartograFreeSenegal, en collaboration avec Amnesty International, a publié mardi un rapport détaillé établissant à 65 le nombre de personnes tuées lors des violences politiques au Sénégal entre mars 2021 et février 2024. Cette initiative citoyenne lancée en juin 2023 apporte une clarification importante sur le bilan humain de cette période troublée.
Selon le communiqué du collectif cité par l'AFP, « 65 morts ont été recensés, dont 51 tués par balles (soit 81% du total) ». Le document précise que « l'âge moyen des victimes est de 26 ans, la plus jeune ayant 14 ans et la plus âgée 53 ans. Près de la moitié des victimes étaient des ouvriers ou des mécaniciens et un quart étaient élèves ou étudiants ».
Cette publication coïncide avec l'anniversaire du décès de la première victime, un étudiant de 20 ans tué le 4 mars 2021 à Bignona, dans le sud du pays. La contestation qui a mené à ces violences était dirigée par Ousmane Sonko, alors figure de l'opposition et aujourd'hui Premier ministre, contre le président Macky Sall qui a dirigé le pays de 2012 à 2024.
L'AFP rapporte que les précédentes estimations fournies par diverses ONG mentionnaient « des dizaines de morts, sans plus de précisions ». La ministre sénégalaise de la famille et des solidarités, Maïmouna Dièye, avait quant à elle avancé début février le chiffre de 79 victimes. À cette occasion, le gouvernement a annoncé son intention d'accorder 10 millions de francs CFA (environ 15 000 euros) aux familles endeuillées.
Le collectif CartograFreeSenegal explique avoir établi « un lien sûr et direct avec les familles des victimes afin d'authentifier chaque décès ». La méthodologie employée a été particulièrement minutieuse : « Pour chaque cas, au moins un journaliste a été chargé de la documentation, examinant certificats d'autopsie, photos et vidéos, ainsi que témoignages des proches, des témoins oculaires et du personnel médical ».
De plus, « un maillage complet du territoire national a été réalisé » pour documenter ces événements durant lesquels « des dizaines d'autres citoyens ont été tués par les forces de défense et de sécurité », indique le collectif selon l'AFP. L'organisation affirme se tenir « aux côtés des familles endeuillées qui attendent toujours justice ».
Le contexte politique national a considérablement évolué depuis ces événements. Ousmane Sonko, aujourd'hui Premier ministre, a annoncé le 27 décembre dernier que son gouvernement déposerait un projet pour abroger la loi d'amnistie couvrant ces violences. Cette loi avait été initiée par l'ex-président Macky Sall avant l'élection présidentielle qui a conduit fin mars 2024 à la victoire de Bassirou Diomaye Faye.
UNE NOUVELLE ÉTAPE DANS LA LA TRAQUE JUDICIAIRE DE MACKY SALL ?
Une intercommission de l'Assemblée nationale a examiné lundi 3 mars un projet de loi autorisant la ratification d'une convention de transfert de détenus avec le Royaume chérifien, où l'ancien chef d'État a trouvé refuge
(SenePlus) - L'Assemblée nationale a entamé lundi 3 mars l'examen d'un projet de loi autorisant le président de la République à ratifier une convention de transfert de détenus avec le Royaume du Maroc. Cette démarche intervient précisément au moment où le gouvernement a annoncé son intention d'engager des poursuites judiciaires contre l'ancien président Macky Sall, actuellement installé au Maroc. Le calendrier législatif s'accélère puisque ce projet de loi devrait être soumis au vote des députés en séance plénière dès le 10 mars prochain.
La convention entre le Sénégal et le Maroc remonte à 2004 mais n'a jamais été ratifiée par Dakar. Son mécanisme, tel que décrit par RFI, permettrait à "une personne condamnée dans l'un des deux pays de purger sa peine dans son pays d'origine, tout en bénéficiant d'une aide consulaire et humanitaire."
Si un accord d'extradition existe déjà entre les deux pays, cette convention supplémentaire renforcerait l'arsenal juridique à disposition des autorités sénégalaises. Un observateur cité par RFI explique qu'en "dépoussiérant cette convention, les autorités renforcent leurs garanties de pouvoir extrader l'ancien président s'il est un jour poursuivi et condamné."
Le gouvernement, à travers plusieurs déclarations officielles, a clairement exprimé son intention de traduire en justice Macky Sall. Les autorités l'accusent de "graves irrégularités dans la gestion des finances publiques pendant ses mandats, notamment la falsification des données économiques."
La tension entre le nouveau pouvoir et l'ancien président a atteint un nouveau palier vendredi dernier lorsque le porte-parole du gouvernement a qualifié le précédesseur de Bassirpu Diomaye Faye de "chef de gang", une déclaration qui a suscité l'indignation dans le camp de l'ancien chef d'État.
En décembre dernier, une haute cour de justice a été rétablie spécifiquement pour pouvoir juger d'anciens présidents. Cette juridiction exceptionnelle constitue un préalable indispensable aux éventuelles poursuites contre Macky Sall.
UNE PRÉTENDUE FAVEUR QUI CRÉE L'INÉGALITÉ
Le Collectif des féministes du Sénégal s'insurge contre la permission accordée aux femmes de quitter leur poste à 15h pendant le Ramadan. Il dénonce une mesure qui, sous apparence de bienveillance, instaurent des discriminations
Le Collectif des féministes du Sénégal dénonce dans le communiqué ci-après, les notes de service permettant aux seules femmes de quitter leur poste à 15h pendant le Ramadan au sein de plusieurs administrations publiques. Il s'agit selon lui, de directives qui sous apparence de bienveillance religieuse, instaurent des discriminations multiples contraires aux principes constitutionnels d'égalité et de laïcité de la République du Sénégal. Face à cette atteinte aux droits fondamentaux, le Collectif appelle à une mobilisation immédiate pour faire respecter l'égalité entre tous les citoyens, sans distinction de genre ou de confession.
"Lii jubul jubentilen ko !
Nous avons pris connaissance, avec stupeur, des notes de service émanant des directions de certains services publics (le Port autonome, la Poste, etc). Il s’agit de notes dans lesquelles le personnel féminin est autorisé à partir à 15h pour cause de Ramadan.
Ces notes de service posent problèmes car elles sont constitutives de diverses discriminations. Au premier rang desquels on note des discriminations entre les agents hommes et les agents femmes des services publics. De surcroit, elles instaurent des discriminations entre hommes musulmans et femmes musulmanes contraires également aux principes islamiques (les musulmanes et les musulmans étant égaux devant leurs devoirs de respect d’un des piliers de l’Islam). S’y rajoutent des discriminations entre personnes de confession musulmanes et personnes d’autres confessions. Enfin elles induisent des discriminations entre agents du secteur public et professionnels du secteur privé.
En l’espèce, ces notes défient le principe de respect des libertés fondamentales et des droits des citoyens qui sont au fondement de la société sénégalaise. Elles défient également la Constitution du Sénégal qui proclame le rejet et l’élimination, sous toutes leurs formes, de l’injustice, des inégalités et des discriminations. Au surplus, ces notes portent atteinte au principe de l’article premier de ladite Constitution qui énonce : « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances. »
Tous les agents des services publics sont fondés à agir en attaquant ces notes par des recours en excès de pouvoir. Elles ne sauraient prospérer et porter atteinte à leurs droits et encore moins au principe d’égalité des citoyennes et des citoyens sénégalais consacré par notre Constitution commune.
Bon Ramadan, bon carême, bons hommages aux ancêtres ou juste bonne journée !
Bien cordialement.
Mbooloo wu jigéenaan yi"
MACKY SALL, LE PARRICIDE DU PJF
Si l'ancien président a ressuscité la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) pour régler des comptes politiques, le Pool Judiciaire Financier (PFJ), qu’il a mis en place avant son départ du pouvoir, est en train de se retourner contre lui
Si Macky Sall a ressuscité la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) pour régler des comptes politiques, le Pool Judiciaire Financier (PFJ), qu’il a mis en place avant son départ du pouvoir, est en train de se retourner contre lui et son entourage. Cette chambre judiciaire pourrait devenir son meurtrier. Un vrai parricide en téléchargement pour l’ancien président de la République.
Tout porte à croire que nous allons assister dans les prochains jours à un ballet de beaucoup d’anciens dignitaires du défunt régime devant les juges du Pool Judiciaire et Financier (PJF). Après les arrestations de Farba Ngom et de Tahirou Sarr pour association de malfaiteurs, d’escroquerie et de blanchiment de capitaux portant sur plusieurs milliards, la liste pourrait s’allonger. Mais c’est l’exChef de l’État, Macky Sall, et de son fils Amadou Sall, dont les noms sont agités, qui risquent de donner une nouvelle tournure à l’exercice de la reddition des comptes enclenché par les nouvelles autorités. L’ancien et non moins tout puissant locataire du Palais, bien que vivant au Maroc depuis la perte du pouvoir de son camp, n’a pas encore échappé à la machine de la justice pour faire la lumière sur les douze années de sa gestion. L’actuel régime, comme promis lors de la dernière campagne présidentielle, ne semble aucunement reculer dans cette promesse devenue une demande sociale. Ce, d’autant plus que des voix s’élèvent pour imputer la responsabilité de la situation économique que traverse le pays à la mauvaise gestion de Macky Sall qui, malgré son immunité présidentielle, pourrait être extradé afin de répondre de ses actes.
Quand Macky se servait de la CREI à des fins politiques...
Le pouvoir du président Abdou Diouf a été marqué, dès son entame en 1980, par une vague de frustrés de certains barrons du PS qui voulaient contester son autorité. Pour les contraindre à se mettre dans les rangs, il a mis en place la CREI (Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite) en 1981 comme épée de Damoclès mais sans jamais la mettre en action. Son successeur, Me Abdoulaye Wade, l’avait à peine agité avant de la remettre dans les tiroirs. Mais c’est sous l’ère Macky Sall que la juridiction a été véritablement réactivée pour, disait-il, lutter contre les biens mal acquis. Sa décision de ressusciter cette très contestée juridiction dépassée et antidémocratique lui avait fait essuyer des attaques de toutes parts. C’est pourquoi beaucoup avaient plaidé poursa suppression ou tout au moins sa conformité aux engagements internationaux du Sénégal. Mais il faut le dire, vu la tournure prise par la CREI, la raison principale de sa réactivation était politique à tout point de vue. Car une fois au pouvoir, piqué par le syndrome de la plupart des Chefs d’État africains, Macky Sall tenait à se faire réélire à tout prix pour au moins un second mandat. Il se lance alors dans des calculs politiciens sans se soucier outre mesure des règles démocratiques ou du respect de la constitution. Le premier acte a consisté à mettre hors d’état de nuire tout opposant susceptible de lui barrer la route. La CREI, mise en branle en 2015, s’abat sans état d’âme sur Karim Wade alors que vingt-cinq autres personnes du PDS, citées par le procureur pour la reddition des comptes, ont fini par rejoindre le parti au pouvoir, seul gage pour échapper aux poursuites. Au terme du procès fortement médiatisé de Wade- fils, le verdict sans appel tonne comme une arme à destruction massive : une condamnation à six ans de prison ferme et une amende de 138 milliards de francs pour enrichissement illicite. Mais le plus écœurant, c’est que malgré tout le tintamarre fait autour de ce procès, Karim Wade a été finalement déporté hors du pays avant même d’avoir purgé toute sa peine dans des circonstances aussi nébuleuses que la vérité sur le recouvrement du montant pour lequel il a été condamné.
Le PJF : le retour du bâton pour Macky Sall...
Après en avoir terminé avec la CREI, Macky Sall entreprend de la remplacer par le Pool Judiciaire et Financier. Son ministre de la Justice d’alors avait soutenu devant les députés que la CREI, décriée du fait de l’inversion de la charge de la preuve ainsi que l’absence du double degré de juridiction, devait être «évaluée et améliorée pour mieux répondre à une demande de transparence et d’efficacité dans le traitement des dossiers économiques». Mais c’est avec l’avènement des nouvelles autorités que la structure judiciaire a été installée. Après un début jugé lent, le rythme de traitement des dossiers du PJF s’accélère depuis quelques jours.
Le placement sous mandat de dépôt de Farba Ngom et de Tahirou Sarr ainsi que le refus du juge de leur accorder la liberté malgré le montant de 442 milliards qu’ils ont proposé comme caution peut participer à mettre la main sur d’autres personnes impliquées dans cette affaire. En attendant, c’est le débat sur la responsabilité de l’ancien président Macky Sall dans cette chaîne de scandales perpétrée par son régime ainsi que son extradition qui sont de plus en plus agitées. Après son fils Amadou Sall dans le collimateur de la CENTIF, c’est le retour de l’exChef de l’État qui est de plus en plus réclamé. Car beaucoup ont le sentiment que les difficultés que nous vivons au plan économique n’est que le résultat de sa mauvaise gestion sur nos ressources. Au cas où on en arrivera à mettre la main sur Macky Sall et son fils, ce serait un véritable retour du bâton pour lui et sa famille. Amadou Sall en tant que fils d’un ancien président de la République va hériter du même sort que Karim Wade tandis que son père deviendra le tout premier ancien Chef de l’État sénégalais sous les liens de la détention.
Il faut cependant noter que seule une commission d’instruction de la Haute Cour de justice, mise en place il y a quelques jours et présidée par le Premier président de la Cour d’Appel, est habilitée à entendre l’ancien Président Macky Sall pour haute trahison. Ce qui n’est pas le cas pour les ministres qui peuvent être entendus par ladite commission pour toutes infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions.
ALIOUNE TINE SEUL CONTRE TOUS
Vérité puis réconciliation ou justice puis vérité ? L'ordre des priorités dans le traitement des violences politiques de 2021-2024 fracture le rang de quelques acteurs des droits humains du pays
L’approche d’une justice transitionnelle dans le cadre du règlement de la question relative aux évènements politiques de 2021 à mars 2024 préconisée par le président fondateur d'Afrikajom center, Alioune Tine ne passe pas chez certains de ses collègues responsables d’organisations de défense des droits humains. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm du dimanche 2 mars dernier, l’ancien président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho), répondant à une interpellation de Baye Oumar Guèye sur le débat relatif à la suppression de la loi d’amnistie avait, en effet, préconisé une approche qui va audelà du traitement judiciaire des événements couverts par cette loi. « Il nous faut une Commission vérité, justice et réconciliation pour qu'on discute et qu’on fasse une très forte introspection d’abord. Qu'on se parle pour savoir la vérité, ce qui s'est passé, une véritable introspection, vider les colères, vider les haines et se pardonner. On prend le temps de la réconciliation, de connaître la vérité. Ensuite, la justice pourra intervenir, si on l'estime tous même si ça prend du temps », avait-il suggéré.
« On n'a pas besoin pour cela de Commission justice et réconciliation »
Seulement, interpelé par Sud Quotidien hier, lundi 3 mars, sur cette proposition, Seydi Gassam, Directeur exécutif de la section sénégalaise d’Amnesty international a été catégorique. « Nous ne partageons pas cette idée de justice transitionnelle. Nous sommes en désaccord total avec cette idée de Alioune Tine pour la simple raison que le Sénégal n’a pas connu une guerre civile », a-t-il martelé avant de poursuivre. « On n'a pas connu des violations de droits humains d'une ampleur qui pourrait amener à emprunter cette voie. Pour les personnes décédées, nous, à Amnesty, nous avons documenté à peu près 65 personnes décédées. Pour toutes ces personnes décédées, les familles ont porté plainte, à travers leurs avocats au niveau des cabinets d'instruction. Et là, on ne peut pas nous dire que les cabinets d'instruction vont être submergés à cause de l’instruction de 65 plaintes des familles de personnes décédées. Donc, il faut aujourd'hui que cette loi d'amnistie soit abrogée et que ces plaintes qui ont été déposées soient instruites et que la vérité soit faite sur les circonstances dans lesquelles elles (victimes) sont décédées. On n'a pas besoin pour cela de Commission justice et réconciliation. On a juste besoin que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles et que l'impunité ne prévale plus dans ce pays ».
« Ce qui s’est passé entre 2021 et 2024 ne doit pas être oublié et effacé ».
Abondant dans le même sens, Alassane Seck, président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, rappelant que son organisation fait partie des premières à dénoncer cette loi d'amnistie, a indiqué lui aussi qu’il est hors de question que ce qui s’est passé entre 2021 et 2024 soit oublié et effacé. « Ce qui s’est passé entre 2021 et 2024 ne doit pas être oublié et effacé. On doit situer les responsabilités et sanctionner tous ceux qui seront reconnus comme acteurs de faits malveillants. Le Sénégal fait partie des premiers pays à ratifier les statuts de Rome qui ont créé la Cour pénale internationale (Cpi). Pour cette raison, notre pays n’a pas le droit de fermer les yeux sur ce qui s'est passé entre 2021 et 2024 ».
« Avant de parler de cette commission, il faut d’abord situer les responsabilités »
Pour sa part, Babacar Ba du Forum du justiciable qui ne rejette pas cette idée de Alioune Tine précise tout de même que l’approche d’une justice transitionnelle dans le cadre du règlement de ce dossier relatif aux évènements politiques de 2021 à mars 2024 doit intervenir après le travail de la justice. « Alioune Tine a certes fondé sa proposition sur son expérience de la sous-région mais ici, au Sénégal, on ne peut pas mettre sur pied cette commission tant que la justice n’a pas encore situé les responsabilités », a assuré le président du Forum du justiciable. « Le premier acte à poser dans le cadre de cette affaire, c’est de laisser la justice faire son travail. La justice doit organiser un procès pour situer les responsabilités. Et si on veut aller dans le sens d'une réconciliation, on peut mettre cette commission dont parle Alioune Tine. Car, cette commission ne peut pas situer les responsabilités parce qu’elle n’a pas cette prérogative. Son rôle, c’est de voir comment installer la paix définitivement en rapprochant les différentes parties pour créer les conditions d’un dialogue, d’écoute et de réconciliation », a encore ajouté Babacar Ba qui insiste. « Avant de parler de cette commission, il faut d’abord situer les responsabilités. Car, sans justice préalable, il sera très difficile de parler de réconciliation sincère. Donc, la justice doit d’abord situer les responsabilités avant de parler de réconciliation. On aura besoin certainement de cette commission dans le sens de réconcilier les Sénégalais mais ça sera après le travail de la justice ».
TRUMP GÈLE L'AIDE MILITAIRE À L’UKRAINE
La Maison Blanche a ordonné lundi la suspension immédiate du soutien militaire américain à Kiev, plongeant son allié dans une situation précaire. Cette décision "affecte plus d'un milliard de dollars d'armes et de munitions en cours d'acheminement"
(SenePlus) - Selon des informations rapportées par le New York Times, le président américain a ordonné lundi la suspension temporaire de toute l'aide militaire américaine destinée à l'Ukraine. Cette décision intervient quelques jours seulement après une confrontation tendue entre Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une rencontre à la Maison Blanche.
D'après de hauts responsables de l'administration et des militaires s'exprimant sous couvert d'anonymat, cette directive "affecte plus d'un milliard de dollars d'armes et de munitions en cours d'acheminement et de commande". La décision résulte d'une série de réunions tenues lundi à la Maison Blanche entre M. Trump et ses principaux conseillers en matière de sécurité nationale.
Selon ces mêmes sources citées par le quotidien new-yorkais, "la directive sera en vigueur jusqu'à ce que M. Trump détermine que l'Ukraine a démontré un engagement de bonne foi envers les négociations de paix avec la Russie."
Cette suspension représente une escalade dramatique dans la rupture entre Washington et Kiev, à un moment critique du conflit. Le principal bénéficiaire immédiat de cette mesure est le président russe Vladimir Poutine. Si la suspension se prolonge, il pourrait utiliser ce temps pour obtenir de nouveaux gains territoriaux et pourrait même décider de se retenir de toute négociation, estimant que tout différend prolongé entre Trump et Zelensky ne fera que renforcer sa position.
Le NYT souligne que "la décision de M. Trump a peu de précédents directs dans l'histoire américaine récente". Si les États-Unis ont déjà suspendu le transfert de systèmes d'armes spécifiques à des alliés, comme la décision du président Biden de suspendre les livraisons de bombes de 2 000 livres à Israël, une interruption complète représente un ultimatum. Cette mesure "force M. Zelensky à accepter un cessez-le-feu selon les conditions dictées par M. Trump, ou condamne le pays à subir des pertes plus importantes sur le champ de bataille."
Cette suspension place également les États-Unis en opposition directe avec leurs principaux alliés de l'OTAN. D'après le New York Times, "la plupart des grandes nations européennes, dirigées par la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, se sont engagées à intensifier leur aide à l'Ukraine ces derniers jours, prenant parti pour M. Zelensky dans son différend avec l'administration Trump." Cependant, ces pays "ne disposent tout simplement pas des stocks nécessaires pour compenser la différence à court terme."
La directive de Trump interrompt également les livraisons d'équipements provenant des stocks du Pentagone et l'aide fournie par l'Initiative d'assistance à la sécurité de l'Ukraine. Comme le rapporte le journal américain, les conditions exactes que M. Zelensky devrait remplir pour que M. Trump reprenne l'assistance militaire restent floues.
Les tensions entre les deux dirigeants ont éclaté au grand jour vendredi, lors d'une rencontre à la Maison Blanche. Alors qu'ils devaient signer un accord permettant à l'Ukraine de céder des droits sur des minéraux rares pour rembourser l'aide militaire américaine des trois dernières années, "M. Trump et le vice-président JD Vance ont réprimandé M. Zelensky devant les caméras pour ne pas avoir été assez reconnaissant du soutien américain", indique le NYT.
Lundi, M. Trump a déclaré aux journalistes qu'il ne pensait pas que l'accord sur les minéraux était compromis, le qualifiant de "formidable pour nous", mais qu'il attendait une chose de M. Zelensky pour reprendre les négociations : "Je pense simplement qu'il devrait être plus reconnaissant."
Plusieurs membres du cabinet de M. Trump ont continué à suggérer que M. Zelensky était responsable de la rupture diplomatique. Le secrétaire au Commerce Howard Lutnick a notamment déclaré lors d'une interview sur CNN que les exigences de M. Zelensky concernant "des réparations", la restitution des terres saisies par la Russie et des garanties de sécurité allaient "beaucoup trop loin". Selon lui, M. Zelensky devrait dire : "Nous aimons l'Amérique, nous apprécions l'Amérique, nous voulons que vous soyez à nos côtés, et si vous pensez que nous devrions avoir la paix, nous devrions avoir la paix." M. Lutnick a ajouté : "Ce n'est pas un artisan de la paix, c'est un fauteur de troubles."
Cette décision intervient à un moment critique dans la guerre que mène l'Ukraine contre l'agression russe. Selon le New York Times, grâce à sa propre production d'armes et aux livraisons en provenance d'Europe, "l'Ukraine pourrait résister à un arrêt américain pendant quelques semaines, voire quelques mois." Cependant, si l'arrêt des livraisons se prolongeait, l'Ukraine perdrait son approvisionnement en armes avancées, notamment des systèmes de défense aérienne, des missiles balistiques surface-surface et de l'artillerie à longue portée.
Le président Zelensky a déclaré que l'arrêt de l'aide militaire serait un coup dévastateur, mais ne mettrait pas fin aux combats. "La contribution des États-Unis à la capacité défensive et à la sécurité de l'Ukraine représente actuellement environ 30 %", a-t-il déclaré lors d'une interview le mois dernier. "Vous pouvez imaginer ce qui nous arriverait sans ces 30 % cruciaux."
L'aide militaire américaine à l'Ukraine avait déjà été interrompue l'année dernière pendant plusieurs mois, lorsque M. Trump avait fait pression sur ses alliés républicains au Congrès pour qu'ils retiennent l'assistance. Le NYT rappelle que les effets s'étaient d'abord fait sentir lors des bombardements aériens nocturnes que la Russie dirigeait contre les infrastructures énergétiques à travers le pays. Sans les systèmes de défense aérienne américains, les équipes de défense ne pouvaient pas faire grand-chose contre les missiles sophistiqués russes qui détruisaient les centrales thermiques du pays.
LA RACINE DU MAL
Après Babacar Ngom sur les terres de Ndingler, Tahirou Sarr est l'autre homme d'affaires sénégalais poursuivi par la clameur, pendant que les étrangers, eux, jouissent sans grand bruit de milliers d'hectares
Après Babacar Ngom sur les terres de Ndingler, Tahirou Sarr est l'autre homme d'affaires sénégalais poursuivi par la clameur, pendant que les étrangers, eux, jouissent sans grand bruit de milliers d'hectares.
L'affaire Tahirou Sarr a eu le mérite de remettre sur la table la lancinante question de la gestion du foncier au Sénégal. Placé sous mandat de dépôt, notamment pour escroquerie sur les deniers publics et blanchiment de capitaux, l'homme d'affaires réputé être proche de l'ancien régime aurait proposé au juge un cautionnement estimé à plusieurs dizaines de milliards, dont un titre de 8 000 ha, qui a suscité une vive controverse. Comment une seule personne peut bénéficier d'une superficie aussi importante ? Avant Tahirou Sarr, un autre homme d'affaires sénégalais, en l'occurrence le PDG de la Sedima, Babacar Ngom, avait lui aussi fait l'objet de vives critiques de la part des populations. Leur tort, souvent, c'est de bénéficier de quantités importances de terres, au moment où nombreux sont les Sénégalais qui peinent à disposer même d'un petit lopin à usage d'habitation. Mais pourquoi seuls les investisseurs nationaux sont-ils victimes de ces contestations ? Sont-ils les seuls à profiter de ces hectares de terres arables ? La loi interdit-elle d'attribuer autant d'hectares à une seule personne ? ‘’EnQuête’’ fait le point.
Il y a seulement quelques jours, le ministère de l'Agriculture, Dr Mabouba Diagne, publiait sur sa page Facebook un MOU signé avec la société italienne Boniface Ferraresi International. “Ce partenariat ambitieux s’inscrit dans la mise en œuvre du Plan Diomaye pour la Casamance, avec pour objectif de transformer la région de Sédhiou en un pôle agricole intégré. Sur plus de 10 000 ha, ce projet vise à développer l’agriculture, l’élevage et la pisciculture”, informent les services de Dr Mabouba Diagne.
Pour justifier la signature de cet accord, le ministère invoquait la “nécessité impérieuse” de réduire les 1 070 milliards F CFA dépensés chaque année par le Sénégal en importations de denrées alimentaires. Soulignant que l'investissement devait tourner autour de 134 millions d'euros, le ministre relevait que la collaboration devait commencer ”immédiatement”.
Avant les Italiens, d'autres investisseurs étrangers ont eu à bénéficier de l'octroi de milliers de terres dans la zone des terroirs. Mais à la différence des attributions faites en faveur des nationaux, cela passe très souvent comme lettre à la poste. C'est le cas des 20 000 ha attribués à la société Sen Huile Sen Ethanol devenue Les Fermes de la Teranga et qui est passée entre plusieurs mains avant d'atterrir dans celles du sulfureux homme d'affaires roumain Franck Timis, nous informait le journaliste Abdoulaye Cissé dans une enquête publiée en janvier 2021. Là également, on parlait d'un projet agricole, plus précisément de culture de luzerne destinée principalement à nourrir le bétail dans les marchés arabes. La liste des investisseurs ayant bénéficié de ces attributions est loin d'être exhaustive. Et c'est loin d'avoir commencé sous le régime du président Macky Sall ou de son prédécesseur Abdoulaye Wade.
D'ailleurs, à propos des 8 000 ha de Tahirou Sarr, il se dit qu'il les aurait acquis de l'écrivain et ancien ministre du Plan sous le régime socialiste Cheikh Hamidou Kane. Activiste proche des milieux de l'Alliance pour la République, Bah Diakhaté rapporte : “Il convient de préciser que ces terres ont été vendues publiquement par Cheikh Hamidou Kane, auteur de ‘L'aventure ambigüe’. Elles ont été achetées publiquement par Tahirou Sarr. Cela n'a donc pas été fait en cachette.”
Une longue tradition d'accaparement des terres
Dans un article publié au cœur de l'affaire Ndingler, feu Amadou Tidiane Wane, ancien conseiller du président Abdou Diouf en développement rural, par ailleurs ingénieur agronome, confiait à ‘’EnQuête’’ qu'il avait tellement souffert de ce problème, surtout dans le delta. L'État, selon lui, avait pris 25 000 ha en son temps pour les donner à des inspecteurs généraux, des gouverneurs, des hauts fonctionnaires, des ministres, des gens qui n’étaient même pas de la région. Quand il a été président du Comité après-barrage, il a demandé à l'autorité de tout récupérer et de les rendre aux populations. Car, soulignait-il, ces terres n’appartiennent même pas à l’État, mais aux communautés. “En Conseil des ministres, le président nous avait donné raison et toutes les terres ont été restituées à qui de droit”, informait l'ancien président du comité ayant en charge les 240 000 ha du delta du fleuve.
Pourtant, le génie sénégalais avait trouvé, selon lui, une solution “géniale” pour concilier modernité et tenure coutumière de la terre par les populations. Par la loi 64-46 du 17 juin 1964, le Sénégal prenait la décision historique d’inscrire sous le régime du domaine national plus de 95 % de ses terres. De son vivant, M. Wane, également ancien maire de Kanel, s'est toujours positionné en défenseur invétéré de cette loi cible de nombreuses agressions et menaces. Il a toujours insisté sur l'inaliénabilité des terres du domaine national. ‘’Comme on dit : les terres du domaine national sont imprescriptibles et inaliénables. Il est totalement impossible de prendre une délibération au profit d’un particulier, de la transformer en bail en vue de donner un titre définitif à ce même particulier. Sur les terres du domaine national, on ne peut disposer que de l’usufruit en vue de l’exploitation. Et il y a des conditions pour en être bénéficiaire. Il faut, d’abord, habiter dans la commune ; ensuite, il faut une mise en valeur des terres. Enfin, on ne peut en faire un titre foncier. C’est strictement interdit par la loi 64-46 sur le domaine national ainsi que le décret 78-12’’.
Trouver le juste milieu entre préserver les terres et le besoin d'exploitation
Cela dit, la loi n'interdit pas l'attribution des terres à des particuliers capables de les mettre en valeur. Ce qui est formellement interdit, c'est de céder ces terres à des gens qui vont en faire leurs titres privés. Dans la pratique, l'État foule aux pieds cette interdiction et procède de manière abusive à l'immatriculation des terres à son nom. C'est ainsi la porte ouverte pour procéder ensuite à des attributions à des particuliers, souvent au détriment des communautés. L’esprit du domaine national, aimait dire Amadou Tidiane Wane, est surtout de réserver ces terres au bénéfice exclusif des communautés.
L’État, soulignait-il, ne doit pouvoir les immatriculer à son nom que s’il justifie d’un intérêt public. ‘’Si l’Administration a immatriculé ces terres en vue de les donner à un quelconque particulier, elle a outrepassé la législation. L’État ne peut immatriculer les terres du domaine national que pour un projet d’intérêt public : une route, un hôpital, une école, quelque chose qui va appartenir à l’ensemble de la population. On ne peut immatriculer pour un intérêt privé’’, confiait-il à ‘’EnQuête’’.
À la question de savoir si un projet ayant des retombées économiques ne pourrait pas être considéré comme un projet d’intérêt général justifiant la soustraction des terres au domaine national ? Il répondait trois fois non, avant de donner quelques exemples qu'il avait eus à gérer quand il était aux affaires. La solution qui avait été trouvée à l'époque, c'était de donner l'usufruit à l'investisseur et de l'obliger à associer les communautés au projet.
Quid de la responsabilité des fonctionnaires impliqués dans le processus d'attribution ?
Si certains spécialistes comme feu Amadou Tidiane Wane sont catégoriques sur l'impossibilité pour l'État d'immatriculer les terres du domaine national pour ensuite les attribuer à des privés, dans la pratique, les exemples font florès. Au cœur de cette procédure d'attribution, il y a la Commission de contrôle des opérations domaniales (CCOD) qui est tenue de se prononcer sur l'opportunité, la régularité et les conditions financières de toute attribution, rappelait l'éminent spécialiste professeur Abdoulaye Dièye.
De l'avis de nombreux spécialistes, au cœur de la plupart des scandales fonciers, réels ou présumés, se trouve cette instance, où siègent un représentant du ministre des Finances qui préside la commission, le directeur de l'Enregistrement et des Domaines, le directeur des Affaires civiles et du Sceau pour le compte du ministère de la Justice, le directeur de l'Urbanisme et de l'Architecture, le DG de l'Anat, le directeur du Cadastre, le contrôle financier de l'État et la Dscos, entre autres. Après la validation de cette commission, le directeur des Domaines établit une attestation et le chef du bureau des Domaines se chargera des autres formalités qui seront approuvées par l'autorité administrative compétente.
Selon de nombreux observateurs, l'État ne saurait sanctionner Tahirou Sarr dans l'affaire le concernant sans sanctionner ceux qui ont été impliqués dans le processus d'attribution.