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10 avril 2025
Politique
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LES ENNEMIS DE L'ÉGALITÉ AU POUVOIR
Edwy Plenel évoque les connexions entre le régime de Poutine, l'administration Trump et l'extrême droite européenne. Il rappelle les crimes coloniaux commis par la France dont l'héritage pèse encore sur le présent
Dans une interview percutante accordée à TV5 Monde ce jeudi 6 mars 2025, Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart, a dressé un tableau sombre des défis géopolitiques actuels, établissant des liens entre les crises en Ukraine, à Gaza, et la montée de l'extrême droite mondiale.
"Monsieur Poutine c'est monsieur Trump", a affirmé Plenel, dénonçant l'émergence d'un "pacte des oligarques" et d'un "capitalisme mafieux à la face du monde". Le journaliste a qualifié le président russe de "mafieux", dirigeant "un régime criminel" qui menace "non seulement son propre peuple mais les libertés du monde".
Concernant la réponse européenne au conflit ukrainien, le cofondateur de Mediapart s'est montré particulièrement critique: "Ce qu'a dit monsieur Macron hier, c'est à la fois trop tard et trop peu". Selon lui, l'Europe aurait dû "mettre le paquet" dès le début de l'agression russe contre l'Ukraine, "un peuple souverain agressé par un impérialisme".
Plenel a également dénoncé l'application à "géométrie variable" du droit international, soulignant le paradoxe d'une défense des principes en Ukraine tout en soutenant "inconditionnellement monsieur Netanyahou dans sa guerre de vengeance avec ses crimes de guerre" à Gaza.
L'interview a pris une dimension particulière lorsque le journaliste a établi des liens entre ces conflits et les dynamiques politiques intérieures: "Monsieur Poutine et monsieur Trump, c'est l'extrême droite européenne, c'est Orban, c'est nos extrêmes droites", a-t-il déclaré, évoquant une "droite trumpisée" en France qui "parle comme l'extrême droite".
La France face à son passé colonial
Évoquant son livre "Palestine notre blessure", Plenel a développé une analyse qui replace le conflit israélo-palestinien dans la continuité du colonialisme européen. Il n'a pas hésité à aborder frontalement l'histoire coloniale française, rappelant que "la France avait commis en Algérie des dizaines de milliers de crimes".
"Le laboratoire des crimes européens a été la colonisation", a-t-il affirmé avec force, en élargissant son propos aux autres territoires colonisés par la France. "C'est le cas des Kanaks", a-t-il précisé, mentionnant également la pratique consistant à couper les têtes des colonisés et à les conserver.
Le journaliste a évoqué des épisodes particulièrement violents de l'histoire coloniale, citant notamment le cas d'un responsable français qui aurait préconisé "d'exterminer tous" les habitants au-dessus de sept ans dans certaines situations, allant jusqu'à utiliser "des chiens mangeurs d'esclaves" importés de Cuba.
Sur la situation actuelle du débat public, Plenel a dénoncé les tentatives de censure visant ceux qui rappellent ces faits historiques, évoquant le cas récent de son confrère Jean-Michel Aphatie, "banni pour quelques jours d'une antenne de radio privée pour avoir simplement fait le propre du métier de journaliste, c'est-à-dire énoncer des vérités de fait".
Face à ces défis multiples et à ces héritages douloureux, Edwy Plenel a lancé un appel solennel: "Nous sommes dans un moment où il faut être au-dessus de nous-même. Nous avons rendez-vous avec notre humanité."
GRAND MALAISE AU TRÉSOR
Entre les révélations du rapport de la Cour des comptes, l'affaire des 125 milliards de francs de transactions suspectes, et les critiques acerbes des experts-comptables, l'administration du Trésor fait face à une crise de confiance majeure
Acculés de toutes parts, dans le viseur de Dame Justice sur certains dossiers, les comptables publics avaient prévu d'organiser un point de presse, avant d'y sursoir, en raison, soulignent-ils, “d'impératifs de dernière minute”.
Le cout est déjà très amer pour la population. Il l'est presque autant pour les fonctionnaires du Trésor public, voués aux gémonies par beaucoup d'observateurs, qui trouvent que leur responsabilité est pleine et entière dans les différents scandales qui secouent la République.
Dans un communiqué, le Syndicat unique des travailleurs du Trésor (SUTT) informait vouloir organiser un point de presse. La structure prévoyait ainsi une mise au point sur le rapport de la Cour des comptes. “Cette rencontre avec la presse est une occasion pour le SUTT de faire une mise au point, suite à la publication du rapport de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques”, pouvait-on lire dans le document.
Contre toute attente, la rencontre, initialement prévue hier à 15 h dans un hôtel de la place, a été reportée jusqu'à lundi, “en raison d'impératifs de dernière minute”, informe la source qui a tenu à présenter ses excuses pour les désagréments. Mais qu'avez donc à dire les agents du Trésor sur le rapport de la Cour des comptes ? Jusqu'où ces fonctionnaires vont-ils se délier de l'obligation de réserve qui les tient pour laver l'honneur de leur corps gravement souillé par les derniers scandales sur la gestion des deniers publics ? L'histoire va-t-elle se répéter comme dans l'affaire Tahibou Ndiaye en 2012-2013 ?
Tabaski Ngom, rapport Cour des comptes, Tahirou Sarr, ces dossiers qui éclaboussent le Trésor
À l'époque, pour défendre un des leurs, c'est tous les syndicalistes de l'administration des impôts qui s'étaient levés pour s'ériger en bouclier. Ousmane Sonko en tête en tant que figure de proue de cette structure. À ceux qui les reprochaient de corporatistes et de pression exercée sur la justice, il répondait : “Un syndicat, il a vocation à défendre les intérêts matériels et moraux de ses membres. Monsieur Ndiaye a été parmi nous pendant 36 ans ; il est membre du syndicat, détenteur d'une carte de membre, cotisant. Même s'il avait commis une faute, nous serions à ses côtés, pour lui témoigner notre solidarité, assister les siens. Mais là, on constate des manipulations de l'institution judiciaire à des fins politiques et nous allons le démontrer.”
Aujourd'hui, les agents des impôts se retrouvent au pouvoir. Leurs cousins du Trésor au cœur de la clameur populaire. Depuis la publication du rapport de la Cour des comptes et surtout l'ouverture de poursuites judiciaires, ils sont l'objet de toutes sortes de critiques. Comment ont-ils pu laisser passer toutes ces malversations et fraudes présumées sur les deniers publics ? La question est sur toutes les lèvres.
Dernièrement, le député Tahirou Sarr est monté au créneau pour interpeller directement le ministre de la Justice, garde des Sceaux.
Selon lui, il faut situer les responsabilités dans les transactions suspectes issues du Trésor public, notamment dans l'affaire Farba Ngom-Tahirou Sarr. “Monsieur le Garde des Sceaux, fulmine le parlementaire dans une question écrite, il a été porté à la connaissance de l'opinion publique, à travers un communiqué du procureur de la République financier, que la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) a transmis un rapport faisant état de transactions suspectes d'un montant total estimé à 125 milliards de francs. Dans cette procédure, il a été aussi relevé des virements du Trésor public au bénéfice d'individus n'occupant aucune fonction officielle, ne disposant d'aucune activité connue justifiant de tels paiements et n'ayant accompli aucune prestation pour le compte de l'État. Face à la gravité des faits rapportés, il est impératif d'établir la chaîne des responsabilités et d'identifier les hautes autorités administratives et politiques qui ont permis ces opérations manifestement irrégulières”.
Mor Dieng Onecca : “On parle du secteur informel, mais la comptabilité publique est aussi informelle”
Tout en soulignant l'obligation du gouvernement à donner des explications au peuple, le député non-inscrit pose une kyrielle de questions sur la responsabilité des comptables publics. Ci-après la liste de ses interrogations : “Le ministre des Finances en fonction à l'époque de ces transactions a-t-il été informé de ces virements massifs ? Si oui, répondra-t-il de ses responsabilités ? Comment ces paiements ont-ils pu être effectués sans pièces justificatives ni prestations en contrepartie ? Qui a signé les ordres de paiement ? Répondront-ils devant la justice ? Ces montants figuraient-ils dans une ligne budgétaire spécifique ? Si oui, laquelle et qui a validé ces engagements ? Quels sont les fonctionnaires de haut rang qui, par leur signature, leur négligence ou leur complicité, ont facilité ces transactions ? Répondront-ils de leurs responsabilités respectives ? Quels mécanismes le gouvernement entend-il mettre en place pour éviter que de tels détournements ne se reproduisent ?”.
À défaut de réponses claires du gouvernement, il a promis “d'introduire une demande de commission d'enquête parlementaire auprès du bureau du président de l'Assemblée nationale, afin de statuer sur la crédibilité du Trésor public et d'établir toutes les responsabilités dans cette affaire”.
Comme si cela ne suffisait pas, les experts-comptables agréés sont venus, il y a quelques jours, en rajouter une couche. Lors de la cérémonie de prestation de serment des nouveaux membres de l'Ordre national des experts-comptables et comptables agréés (Onecca), le président de la structure a jeté de grosses pierres dans le jardin des comptables publics du Trésor. Pour lui, on parle beaucoup de secteur informel, mais avec les révélations du rapport de la Cour des comptes, ils se sont rendu compte que “la comptabilité publique de l'État du Sénégal reste informelle”.
À l'en croire, les griefs décelés dans le rapport de la Cour des comptes pourraient être regroupés en deux catégories. Il y a, d'une part, un problème de système d'information, d'autre part, un problème de comptabilité. “Concernant la comptabilité, c'est le non-respect des dispositions comptables. C'est aussi parce que le Conseil national de la comptabilité ne fonctionne pas. Si le conseil fonctionnait et que les règles ont été respectées, on n’en serait pas là”, soulignait le président de l'Onecca. Ce qui s'est passé, selon lui, est inquiétant. “Si c'est comme ça que les choses se passent, c'est-à-dire que c'est plus informel que les entreprises informelles de la place”, a-t-il renchéri, avant de laisser entendre que tout cela, c'est parce que les experts-comptables ne sont pas impliqués dans cette gestion, alors qu'ils sont les garants de l'information financière fiable.
Les non-dits sur le point de presse reporté du Syndicat des travailleurs du Trésor
Cette sortie a rendu la coupe pleine. Alors que depuis l'éclatement de l'affaire Tabaski Ngom, les agents étaient divisés dans la posture à avoir, entre ceux qui militaient pour la jurisprudence Ousmane Sonko dans l'affaire Tahibou Ndiaye et les légalistes qui estiment qu'il faut laisser la justice faire son travail sans pression.
Cette fois-ci, une bonne partie a jugé nécessaire de monter au créneau pour remettre les pendules à l'heure. Ce, d'autant plus que le rapport de la Cour des comptes a beaucoup contribué à jeter l'opprobre sur cette administration. C'est pour apporter des réponses à ces graves accusations du président de l'Ordre national des experts-comptables qu'il a finalement été décidé d'organiser ce point de presse. “Il faut avouer qu'il y a eu beaucoup de tractations pour que le point de presse ne se tienne pas, comme cela se passe souvent d'ailleurs. Mais je pense que le syndicat est déterminé à le faire. Vous savez, cette administration est dirigée par de très hauts fonctionnaires dont l'honneur est injustement trainé dans la boue. Malheureusement, ils ne peuvent pas se défendre, mais le syndicat, lui, il peut bien rétablir la vérité sur certains points. Il ne s'agit nullement de défendre l'indéfendable”, confie une des sources à ‘’EnQuête’’.
Outre les questions évoquées (sortie de Tahirou Sarr, du président de l'Onecca, rapport de la Cour des comptes), il était aussi question de revenir sur la fameuse confusion relative au compte du trésorier général. “Je pense que parfois, il y a beaucoup d'amalgames. Il faut savoir que le comptable public ne paie que sur pièces. Ce qu'il y a après le paiement, ce n'est pas son problème”, soutient notre interlocuteur revenant sur les questionnements du député Tahirou Sarr.
À propos de la comptabilité de l'État, il rappelle qu'il y a, depuis quelques années, un grand changement de paradigme et les comptables publics ont dû faire des efforts énormes pour se mettre aux normes. Les agents comptables soupçonnent une volonté des experts-comptables de vouloir juste capter de nouvelles parts de marché, ce qui justifierait leurs attaques virulentes.
AMNESTY RECLAME JUSTICE POUR LES VICTIMES DES MANIFESTATIONS POLITIQUES
Les autorités sénégalaises doivent rendre justice, vérité et réparations aux milliers de victimes de la répression violente des manifestations entre 2021 et 2024, a déclaré l'organisation
Les autorités sénégalaises doivent rendre justice, vérité et réparations aux milliers de victimes de la répression violente des manifestations entre 2021 et 2024, a déclaré Amnesty International à l’occasion du premier anniversaire d’une loi accordant une amnistie aux forces de sécurité.
« La justice, la vérité et la réparation exigent que les forces de sécurité présumées responsables d’un usage excessif et illégal de la force lors des manifestations soient poursuivies. La loi d’amnistie constitue un obstacle que les autorités sénégalaises actuelles doivent lever, comme elles s’y sont engagées », a déclaré Marceau Sivieude, directeur régional par intérim d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, dans un communiqué rendu public jeudi.
Ainsi, l’Ong qui milite pour la défense des droits de l’homme, rappelle également qu’elle a dénoncé la loi d’amnistie et a appelé le gouvernement sénégalais à respecter le droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique dans le cadre de sa campagne « Protégeons les manifs ». Il faut noter que la loi d’amnistie, votée le 6 mars 2024, couvre tous les actes susceptibles d’être qualifiés de crimes ou délits relatifs à des « manifestations ou événements à motivation politique », qui ont eu lieu entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024.
Durant cette période, rappelle Amnesty dans sa note, les forces de sécurité ont régulièrement fait un usage excessif et meurtrier de la force contre les manifestants. Selon les chiffres recueillis par Amnesty International et d’autres organisations de la société civile, au moins 65 personnes ont été tuées, la majorité par arme à feu, et au moins 1 000 autres blessées. Environ 2000 personnes ont été arrêtées durant cette période.
« L’aide financière versée en 2024 à certaines des victimes de détention et annoncée en 2025 aux familles de personnes tuées lors des manifestations est un premier pas. Cependant, elle ne répond pas à leur besoin de justice, ni ne constitue une garantie que de tels événements ne se reproduisent pas dans le futur. Les autorités sénégalaises doivent abroger la loi d’amnistie et rendre justice à toutes les victimes de violations des droits humains lors des manifestations », a renchéri le Directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama.
En 2024, Amnesty souligne que les autorités ont fourni une aide financière à certaines victimes de détention arbitraire par l’intermédiaire du ministère de la Famille et des Solidarités. En janvier 2025, l’aide a été étendue aux familles de personnes tuées lors de manifestations et à davantage de victimes de détentions arbitraires. Dans son communiqué, le ministère de la Famille et des Solidarités a estimé à 79 le nombre de morts lors des manifestations et à 2 172 le nombre d’anciens détenus à assister. L’assistance s’est déroulée en dehors du cadre judiciaire, mais en partie en consultation avec les comités de prisonniers politiques et les organisations de la société civile, dont Amnesty International.
CONCERTATIONS RÉGIONALES POUR UNE RÉFORME DU SERVICE PUBLIC
Agents publics et usagers ont exprimé leurs doléances et proposé des solutions pour améliorer le fonctionnement de l’administration lors des concertations régionales clôturées mercredi.
Les agents publics et les usagers de l’administration ont exprimé leurs doléances et proposé des pistes de réforme pour un meilleur fonctionnement du service public, lors des concertations régionales qui se sont tenues mercredi. Cette séance marque la clôture d’une série de rencontres initiées dans les différentes régions du Sénégal dans le cadre des concertations nationales sur la réforme du secteur public, lancées le 24 février.
Les échanges ont principalement porté sur l’accueil, les politiques de recrutement et la qualité des services publics. Mbaye Sène, président de la cellule de Dakar du Conseil des organisations non-gouvernementales d’appui au développement (CONGAD), a dénoncé le non-respect des horaires dans l’administration, un facteur qui, selon lui, ralentit le traitement des dossiers et impacte la satisfaction des citoyens. Il a également plaidé pour une gestion plus équitable des demandes administratives, affirmant que tous les usagers devraient être traités sur un pied d’égalité, sans nécessiter l’intervention de personnes influentes.
Ndèye Maguette Ndiaye, médecin du service public, a suggéré l’instauration de contrats de performance pour évaluer le travail des agents de santé et les motiver par des récompenses, soulignant que le simple pointage ne suffisait pas à garantir le respect des horaires.
Safiétou Malick Mbaye, députée à l’Assemblée nationale, a dénoncé la cherté des soins médicaux et le manque d’empathie de certains agents de santé envers les patients. Elle a également plaidé pour une décentralisation accrue des services publics et un accès généralisé à Internet dans toutes les administrations afin de fluidifier les démarches administratives.
Dans le secteur de l’éducation, l’enseignant Pape Bouba Badiane a pointé la lourdeur des procédures administratives imposées aux enseignants, les obligeant souvent à s’absenter de leurs classes pour gérer leurs dossiers. Il a également insisté sur les difficultés rencontrées par les parents d’élèves dans l’obtention des actes d’état civil, indispensables pour les examens officiels.
Mamadou Diop, imam à la mosquée de la cité Fadia à Dakar, a exhorté les autorités à repenser la formation et le recrutement des agents de l’État, insistant sur l’importance de l’écoute et du respect des usagers. Selon lui, occuper un poste dans la fonction publique devrait être perçu comme une responsabilité envers la nation, plutôt qu’un simple statut social.
L’adjointe au gouverneur de la région de Dakar, Digou Yala Mathilde Sadio, a salué ces concertations qui ont permis aux citoyens d’exprimer leurs doléances et d’identifier des pistes d’amélioration. Elle a souligné l’importance d’un dialogue inclusif pour construire un service public plus efficace et adapté aux besoins des populations.
Avec ces recommandations, les autorités sont désormais interpellées sur la nécessité d’une réforme profonde du service public, axée sur la qualité, la transparence et l’équité.
par Ibou Fall
L’ABÉCÉDAIRE DU CATASTROPHISME
Lorsque l’on parvient à vendre la haine à une faune en colère, il faut bien lui justifier le pourquoi du comment par qui, n’est-ce pas ? Le catastrophisme a simplement changé de camp, servant désormais d'excuse à ceux qui promettaient la lune hier
Lorsque l’on parvient à vendre la haine à une faune en colère, il faut bien lui justifier le pourquoi du comment par qui, n’est-ce pas ? Le catastrophisme se présente comme l’explication logique au misérabilisme que l’actuel régime distille depuis une dizaine d’années, depuis les réseaux sociaux incendiaires jusqu’aux meetings exaltés d’une opposition définitivement va-t-en-guerre…
L’ennemi du peuple : le régime de Macky Sall, qui ne s’encombre pas de scrupule. La preuve par les embastillements de Khalifa Sall et Karim Wade, tous deux coupables de juste lorgner le fauteuil présidentiel. Si ce n’était que ça : ce gang non seulement verse le sang des Sénégalais, mais il pille le pays, comme dirait l’autre, «il arrose son couscous de leur sueur».
Passons sur ce qui relève de la gnognotte : les partages écœurants de terres à coups de lotissements sauvages, l’avion présidentiel qui fait la navette entre Dakar et La Mecque pour que la Camorra puisse aller y déposer son sac de péchés…
Bref, le train de vie agaçant de ces épicuriens qui nous gouvernent alors… Les scandales à milliards se suivent sans se ressembler, entre les six mille milliards Cfa de Aliou Sall, qui vend notre pétrole avant même le premier forage (devenant de la sorte le débiteur de chaque Sénégalais à hauteur de quatre cent mille francs), et les vingt-neuf milliards de Mame Mbaye Niang, s’intercalent les mille milliards du fonds Covid et les quatre-vingt-quatorze milliards de Mamour Diallo et Tahirou Sarr…
Et quand l’héroïque peuple se rebiffe pour sauver son «Projet», ça le canarde comme un tir aux pigeons de kermesse : cinquante-et-un Sénégalais meurent alors par balles entre mars 2021 et février 2024. La «mackyavélique» ploutocratie est doublée d’une dictature sanguinaire qui charrie des rivières d’hémoglobine. Voilà la catastrophe dont le duo «Sonko môy Diomaye» sauve les Sénégalais par la magie des urnes le 24 mars 2024, une semaine après être sorti de prison par on ne sait quelle pirouette. Bien sûr que ce tandem qui échange les petites attentions l’un envers l’autre est capable de miracles. Il pilote un projet que quatre mille cadres, d’authentiques Sénégalais, peaufinent depuis une décennie. Retrouver notre souveraineté perdue depuis plusieurs siècles, en sortant du Cfa en virant la France, et les bailleurs de fonds ; ils vont faire mieux : rendre à la justice son véritable lustre et jeter en prison toute cette mafia qui suce le sang du pauvre Sénégalais.
Ça va démarrer au quart de tour après la passation de pouvoir entre l’imberbe rondouillard Macky et le barbu svelte Diomaye. On change de planète, en résumé, mais que d’émotions pour en arriver à ça…
Et puis, patatras, une fois aux commandes du navire Sénégal, qui ressemble de loin à un majestueux yacht, ça se rend compte que l’héritage est un rafiot rafistolé qui prend l’eau de toutes parts.
Alerte : c’est la cata !
Il ne faut pas attendre longtemps pour que le tandem commence à étaler ses états d’âme sur la place publique. Sortez les mouchoirs, snif : c’est le Premier ministre qui ouvre le feu, annonçant urbi et orbi que la mafia qu’ils viennent de virer du pouvoir est de surcroît un repaire de faussaires qui truquent les chiffres comme un compteur de casino, et que la dette crève les plafonds. On ne vous dit pas, les institutions budgétivores à dissoudre dans de l’acide parlementaire, les recrutements fantaisistes dans les sociétés nationales, les salaires mirobolants aux copains…
Bien entendu, le Fmi, qui compte jusque-là poursuivre sa collaboration avec l’Etat sénégalais, est pris subitement d’un doute ; il faudra réfléchir et attendre que les vrais chiffres sortent ; sur les marchés financiers également, la signature du Sénégal devient sujette à caution ; les bailleurs traditionnels deviennent plus regardants, surtout après avoir découvert que l’Etat sénégalais «aura emprunté alors qu’il n’en avait pas vraiment besoin»… Sur cette délicate question, la demande d’explication tarde à obtenir une réponse convenable. Et puisqu’on est dans le redressement de torts, dans la foulée, ça dédommage tous les braves casseurs de mars 2021 à janvier 2024, les rescapés du massacre, tout de même victimes des exactions des Forces de l’ordre. Quant aux proprios des biens saccagés, ils peuvent s’estimer heureux de ne pas être poursuivis pour détention de biens mal acquis.
En attendant, la traque aux Rapetous est lancée avec comme principal repère le délit de sale gueule : ils sont quelques-uns à vite se retrouver au cachot, pour avoir commis l’impardonnable péché d’arborer des mines trop réjouies et de l’embonpoint en ces temps d’austérité.
En attendant que le «chef de gang», comprenez Sa Rondeur Macky Sall, se retrouve devant la Haute cour de Justice ?
LE GOUVERNEMENT ADOUCIT LE TON
Le Premier ministre, qui s'était montré intransigeant jusqu'alors, semble désormais prêt à négocier l'apurement de la dette intérieure. Cette nouvelle orientation vise à rassurer le secteur privé tout en préparant un "Pacte national de stabilité sociale"
Le chef du gouvernement ne cache pas la nécessité d’aboutir à ce qu’il appelle un Pacte national de stabilité sociale avec les partenaires sociaux, en tête desquels les syndicats des travailleurs. Pacte qui permettra d’éviter les grèves et arrêts de travail. Pour le Patronat, l’apurement d’une bonne partie de la dette intérieure devrait l’amener à des bons sentiments.
Après ses sorties martiales envers le Patronat et les syndicats, le Premier ministre, sous l’instigation de son Président ?, a entrepris de mettre du bissap dans son eau. Le communiqué du Conseil des ministres d’hier, nous apprend que «le Premier ministre a pris bonne note des directives du chef de l’Etat, en exhortant le ministre des Finances et du budget à lui soumettre, dans les plus brefs délais, la stratégie d’apurement des engagements financiers de l’Etat vis-à-vis des entreprises». Après avoir longtemps invoqué le besoin pour les différents partenaires de l’Etat d’être résilients au regard de la situation des finances du pays, le chef du gouvernement semble se faire à l’idée qu’il ne pourrait rien obtenir d’une machine à court de carburant.
Sans doute aussi s’est-il rappelé le discours du président du Conseil national du Patronat (Cnp), Baïdy Agne, lors de la rencontre tripartie au Grand Théâtre. M. Agne, dans son langage des plus policés, n’avait pas fait montre d’un grand optimiste, quand il a fait appel aux partenaires techniques et financiers «à maintenir leurs engagements pour permettre le plus tôt possible l’apurement progressif de la dette intérieure». Pour indiquer à quel point la situation dans certaines entreprises était dramatique, le patron des patrons du Sénégal avait souligné la nécessité pour des entreprises d’avoir une idée des échéances de remboursement de leurs créances par l’Etat : «Si l’Entreprise a plus de visibilité sur les échéances de paiement, elle peut se réorganiser en conséquence pour maintenir les emplois et poursuivre ses activités et ses investissements.»
Sans doute qu’avant le prochain Conseil des ministres, des entreprises commenceront à recevoir des notifications de paiement de certaines créances. Les statistiques de l’Etat indiquent que la dette intérieure, à la fin 2024, était de plus de 3000 milliards de F Cfa. Celle due aux banques locales dépassait à l’époque, les 2500 milliards de francs Cfa, menaçant le fragile équilibre de l’économie nationale.
Cela explique d’autant le besoin de l’Etat, comme exprimé dans le compte-rendu du gouvernement, d’associer des entreprises du secteur des Bâtiments et travaux publics (Btp) à la relance de certains travaux d’infrastructures comme les écoles, universités et hôpitaux ainsi qu’au «démarrage des nouveaux chantiers». Ainsi, certainement, on verra des entreprises motivées et encouragées à postuler pour remporter les nouveaux marchés que l’Etat s’apprête sans doute à ouvrir.
Et pour faire bonne mesure, le gouvernement du Sénégal, avec l’approche du 1er mai, veut indiquer qu’il prend compte des revendications du monde du Travail, aux côtés des préoccupations du capital.
S’il veut se pencher avec diligence sur des points de revendications soulevés lors de la Rencontre tripartite et de ceux notés au cours de mouvements d’humeur de certains travailleurs, comme ceux de la Santé et de l’Enseignement supérieur, le gouvernement tient tout de même fort à son Pacte de stabilité. Une sorte de cessez-le feu avec les travailleurs, par rapport à certaines revendications. Le communiqué note : «Le Premier ministre a rappelé l’urgence attachée à un dialogue social inclusif et sincère en vue de la conclusion d’un Pacte national de stabilité sociale, au plus tard le 1er mai 2025, avec l’objectif de parvenir à des décisions équilibrées pour répondre aux revendications tout en prenant en compte la situation économique et financière du pays.» Situation du pays dont ils ne le diront jamais assez, est difficile, et a été «héritée du régime précédent», ainsi que l’a souligné le dernier rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances sous les mandats de Macky Sall.
UN PROCHE DE FARBA NGOM CONDAMNE
Le tribunal des flagrants délits de Dakar a condamné, mercredi, Abdoulaye Ndiaye, chargé de communication du député Farba Ngom, à six mois de prison ferme avec une amende de 200.000 francs CFA pour diffusion de fausses nouvelles...
Le tribunal des flagrants délits de Dakar a condamné, mercredi, Abdoulaye Ndiaye, chargé de communication du député Farba Ngom, à six mois de prison ferme avec une amende de 200.000 francs CFA pour diffusion de fausses nouvelles, discours contraires aux bonnes mœurs et discours de nature à inciter à la discrimination ethnique, a appris l’APS.
Dans une vidéo de 12 minutes, le mis en cause appelait la communauté pulaar à s’en prendre aux diolas tout en diffusant de fausses informations concernant un prétendu scandale lié au gaz et à l’arrestation de Samuel Sarr. Abdoulaye Ndiaye avait aussi soutenu que les peuls étaient systématiquement discriminés dans l’administration sénégalaise.
Des propos qu’il a niés lors de sa comparution devant le tribunal avant de passer aux aveux. Selon lui, c’est dans un live de Kaliphone qu’il a tenu les propos incriminés.
Pour se défendre, Abdoulaye Ndiaye a expliqué qu’il s’agissait plutôt de discours politique prononcé sous le coup de la colère.
Lors de l’audience, il a été recadré par le représentant du ministère public, selon qui, le prévenu est ‘’trop petit pour saper la cohésion sociale dans ce pays’’.
Il a requis une peine d’emprisonnement de six mois dont trois mois ferme.
Le tribunal a reconnu le prévenu coupable des faits qui lui sont reprochés malgré la plaidoirie de son avocat.
DIOMAYE MET UN POINT D'HONNEUR SUR L'AUTONOMISATION ECONOMIQUE DE LA FEMME
Le président de la République a rappelé, mercredi, en Conseil des ministres, l’urgence de finaliser le projet de loi relatif à l’autonomisation économique des femmes.
Le président de la République a rappelé, mercredi, en Conseil des ministres, l’urgence de finaliser le projet de loi relatif à l’autonomisation économique des femmes.
‘’Ce nouveau cadre législatif innovant permettra d’élargir et de mutualiser les opportunités et possibilités de formation, d’encadrement et de financement des activités des femmes’’, indique notamment le communiqué de la réunion hebdomadaire du gouvernement.
D’après le texte, Bassirou Diomaye Faye, a invité le ministre de la Famille et des Solidarités à prendre les diligences pour la finalisation de cette loi qui facilitera notamment l’ancrage national de l’économie sociale et solidaire ainsi que le développement communautaire dans toutes les localités du pays.
A ce titre, souligne le document, il est indispensable d’actualiser le recensement des groupements et organisations féminins dans les 46 départements.
Cette opération permettra au gouvernement de disposer d’une cartographie exhaustive et d’un système d’information fiable et performant pour mieux orienter les interventions de l’Etat envers les cibles.
Au cours du Conseil des ministres, le président Faye a également évoqué la célébration, samedi prochain, de la Journée internationale des droits des femmes, demandant ainsi au ministre de la Famille et des Solidarités de poursuivre et d’intensifier le plaidoyer relatif à la lutte contre les violences faites aux femmes.
Le chef de l’Etat a en outre magnifié le rôle fondamental des femmes dans le développement économique et social du Sénégal et salué l’organisation de la Semaine nationale de la femme, lancé Samedi à Thiès sous le thème : ‘‘Les femmes, droits – équité et autonomisation au cœur de la vision Sénégal 2050 : les femmes s’engagent et mobilisent les communautés”
LE SENEGAL EST UN PAYS A RECONSTRUIRE
Serigne Abdou Khadre Kéké, président du mouvement Taxaw Jonn ngir Mbaax et membre actif du projet Pastef et figure politique influente à Touba, livre son analyse sur la situation actuelle
Un an après l’accession au pouvoir du duo Bassirou Diomaye Faye – Ousmane Sonko, le Sénégal se trouve à la croisée des chemins. Entre un lourd passif économique hérité du régime précédent et la nécessité de réformes structurelles, les défis sont immenses. La gestion de la dette, la relance économique et la justice sociale figurent parmi les priorités du gouvernement. Serigne Abdou Khadre Kéké, petit-fils du regretté 5e khalife général des Mourides, Serigne Saliou Mbacké par ailleurs président du mouvement Taxaw Jonn ngir Mbaax et membre actif du projet Pastef et figure politique influente à Touba, livre son analyse sur la situation actuelle, les erreurs à éviter et les solutions possibles pour remettre le pays sur la voie du progrès.
Serigne Abdou Khadre, vous êtes un membre du Projet de Pastef pour lequel vous vous êtes battu à Touba. Après près d’un an de magistère, quelle est votre appréciation du duo Diomaye-Sonko ?
Nous avons identifié plusieurs problèmes. Pastef est arrivé au pouvoir après un long combat marqué par une résistance farouche pour contraindre Macky Sall à quitter la Présidence. Sur le plan économique, l’ancien régime a laissé une situation très préoccupante. L’économie du pays a été fragilisée par une mauvaise gestion et une dette publique qui a explosé. Certes, Macky Sall a réalisé des infrastructures comme des autoroutes et le Train Express Régional (TER), mais ces projets ont souvent été entachés de malversations et de surfacturations qui ont aggravé la dette du pays. Il a hérité d’une dette inférieure à 3 000 milliards de francs CFA, et avant son départ, elle a atteint 18 000 milliards. Le Sénégal est un pays à reconstruire sur tous les plans. Le rapport de la Cour des comptes est un élément éloquent de cette situation et doit servir de base pour refonder une gouvernance saine.
Quelle est votre analyse de la situation économique actuelle et quelles sont les solutions pour sortir de la crise, selon vous ?
L’état actuel de l’économie s’avère catastrophique en grande partie à cause de la gestion du précédent régime. Toutefois, accuser continuellement Macky Sall ne constitue pas une stratégie viable. Pastef a été élu pour résoudre les problèmes des Sénégalais. Il est donc crucial de se focaliser sur des solutions concrètes. Actuellement, l’économie repose essentiellement sur les recettes de la Douane et les impôts. L’assiette fiscale demeure trop restreinte, et l’éventuelle fin des subventions risque d’entraîner une récession.
Il est urgent d’opérer un changement de paradigme économique. Le Sénégal doit investir dans des secteurs porteurs afin de diversifier ses sources de revenus. L’exploitation des ressources naturelles, la création d’usines de transformation et le développement d’autres secteurs stratégiques pourraient significativement booster l’économie. De plus, l’agriculture reste un secteur clé : bien organisé, il pourrait générer un nombre considérable d’emplois et renforcer l’autosuffisance alimentaire.
Il est également primordial d’engager des discussions avec les bailleurs internationaux pour réévaluer la dette et tenter de l’alléger. La priorité doit être accordée au paiement de la dette intérieure, car le non-paiement des salaires et des créances dues aux entreprises locales risque d’entraîner une stagnation économique. En tant qu’entrepreneur, j’ai été contraint de suspendre mes activités, une situation que partagent de nombreuses entreprises, notamment dans le secteur du BTP.
Les licenciements massifs projettent une image négative de l’État. Il est donc nécessaire de repenser l’économie et éviter les tensions inutiles. Par ailleurs, la réduction du train de vie de l’État annoncée par le Premier ministre Ousmane Sonko est une mesure pertinente. Cependant, lorsque El Malick Ndiaye, Président de l’Assemblée nationale, évoque l’achat de nouveaux véhicules pour les députés, cela démontre un certain décalage avec les réalités budgétaires du pays. Il est essentiel de supprimer ou de réduire considérablement les fonds politiques et la caisse noire pour éviter des dépenses inutiles. Il est également crucial d’apaiser le climat politique et économique. Les menaces et les intimidations ne sont pas productives. Macky Sall, malgré ses erreurs, possède une solide expérience en gestion politique et économique, tout comme Karim Wade, qui maîtrise les rouages financiers des pays du Golfe, et Amadou Ba, un technocrate reconnu. Collaborer avec de telles figures pourrait être bénéfique pour le pays. Nous devons aller au-delà des clivages politiques et privilégier l’intérêt national.
L’État est actif et, malgré les difficultés héritées, les salaires continuent d’être payés et il n’y a pas de délestages énergétiques. Le rapport de la Cour des comptes et les audits entrepris sont encourageants et illustrent une volonté de transparence. Il est indispensable de dire la vérité à Ousmane Sonko et de l’encourager à adopter une gouvernance inclusive, notamment en associant des figures influentes de Touba et en sollicitant l’appui du khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké.
La reddition des comptes doit-elle être priorisée au détriment des urgences économiques ?
La reddition des comptes est essentielle dans un État de droit, car elle renforce la démocratie et la bonne gouvernance. Cependant, elle ne doit pas prendre le pas sur les urgences économiques. Actuellement, certaines personnes assimilent cette démarche à un règlement de comptes politique. Nombreux sont ceux qui estiment que l’arrestation du maire des Agnam, Farba Ngom, s’inscrit dans une dynamique de vengeance, alors qu’il s’agit en réalité d’une procédure judiciaire normale. Le pouvoir aurait dû attendre trois ans avant de lancer cette campagne de reddition des comptes, afin de prioriser les problèmes quotidiens des Sénégalais. Les détournements de fonds doivent être sanctionnés, mais la gestion économique et la relance du pays doivent être la priorité absolue. De plus, la criminalisation des délits d’opinion doit être abandonnée pour garantir un débat démocratique serein. En somme, le gouvernement doit adopter une posture pragmatique en conciliantjustice et développement économique. L’heure est à la construction, etseule une gouvernance efficace permettra de relever le Sénégal.
POUR UNE ADMINISTRATION PUBLIQUE SAINE
Lancé le 23 janvier 2025 par le ministre de la Fonction publique, Olivier Boucal, les concertations nationales sur la réforme du service public se sont poursuivies à travers un vaste programme d’échanges déroulés dans les 14 régions du Sénégal
Après plusieurs semaines d’échanges à travers le pays, l’adjoint au Gouverneur de la région de Dakar chargé du Développement et le Directeur de la Transformation et du Service public, ont clôturé hier, mercredi 5 mars 2025 à Dakar, les concertations régionales sur la réforme du service public. Cette dernière étape, tenue à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (CCIAD), marque la fin d’un processus visant à recueillir les contributions des citoyens pour une administration plus efficace, transparente et adaptée aux besoins des usagers.
Lancé le 23 janvier 2025 par le ministre de la Fonction publique, Olivier Boucal, les concertations nationales sur la réforme du service public se sont poursuivies à travers un vaste programme d’échanges déroulés dans les 14 régions du Sénégal. L’objectif principal était de recueillir les avis des citoyens, des élus, des fonctionnaires et des partenaires, pour diagnostiquer l’état des services publics et proposer des réformes adaptées.
Ce round-up de la situation dans les régions a été clôturé par l’étape de Dakar, la capitale, où l’adjoint au Gouverneur et le Directeur de la Transformation et du Service public, ont présidé hier, mercredi 5 mars 2025, à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (CCIAD) les concertations régionales sur la réforme du service public.
Selon le Directeur de la Transformation et du Service public, Mamadou Abdoulaye Touré, ces concertations s’inscrivent dans une vision plus large du gouvernement visant à replacer l’usager au cœur des services publics. «Nous avons discuté, écouté les populations et recueilli leurs propositions. Désormais, nous allons approfondir ces réflexions avec des concertations thématiques axées sur la participation citoyenne», a-t-il déclaré.
LES DEFIS MAJEURS DU SERVICE PUBLIC IDENTIFIES
Lors de la séance de clôture, Madame Yala Digou Mathilde Sadio, gouverneur adjoint de Dakar chargé du Développement, a souligné les principales difficultés relevées par les citoyens. Celles-ci ont trait à : Une «Lourdeur des procédures administratives», une «Lenteur dans le traitement des demandes», un «Manque d’accessibilité et d’informations», et des «Problèmes d’accueil et de prise en charge des usagers». Madame Sadio a insisté sur la nécessité de moderniser l’administration, pour améliorer la satisfaction des usagers, pour «remettre l’usager au centre du service public». «Aujourd’hui, on parle du client roi. Il faut développer des mécanismes qui nous permettent de prendre en charge les besoins des populations. Ces mécanismes peuvent passer par la digitalisation, par la simplification des procédures, l’amélioration des politiques d’accueil, développer des politiques de qualités tout au long des chaînes, à tous les niveaux de management afin que toute l’activité, l’action de l’administration, du service public soit tournée vers l’usager», a-t-elle recommandé.
VERS UNE ADMINISTRATION PLUS EFFICACE ET TRANSPARENTE
Le Gouverneur de Dakar, dans son discours d’ouverture, a rappelé que ces concertations ont donné la parole aux citoyens afin d’établir un diagnostic clair sur le fonctionnement du service public. «C’était une occasion pour les populations de s’exprimer, d’exprimer leurs inquiétudes par rapport au service public. Et aussi de montrer des pistes de solutions pour qu’ensemble, nous puissions améliorer le service public qui soit à l’usage des populations», a-t-elle dit.
Digou Yala Mathilde Sadio a souligné que l’administration souffre de contraintes diverses, allant du manque de moyens aux problèmes de ressources humaines. «Le service public sénégalais n’est pas parfait, il est à parfaire. Parce que les difficultés ne sont pas forcément liées au service directement. Ceci peut être un problème de moyens, ça peut être lié au problème de ressource humaine», a-t-elle déclaré.
L’objectif est désormais de transformer ces recommandations en actions concrètes pour une administration plus performante et réconciliée avec ses usagers. Le gouvernement prévoit ainsi de mettre en place un Agenda national de Réforme du Service public, basé sur les conclusions de ces concertations régionales. Avec cette dynamique, le Sénégal ambitionne de bâtir un service public plus accessible, efficace et au service des citoyens.