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27 novembre 2024
Politique
LE MINISTRE DES FORCES ARMÉES PRÔNE UNE COOPÉRATION RÉGIONALE RENFORCÉE
À l’ouverture du colloque sur la sécurité en Afrique de l’Ouest, le général de brigade aérien Birame Diop a plaidé pour une coopération renforcée au sein de l’UEMOA et de la CEDEAO, associant aspects politiques et économiques.
”Une approche régionale et internationale placée sous le sceau de la coopération” représente la réponse appropriée face aux défis sécuritaires de plus en plus ‘’croissants et complexes’’ en Afrique de l’Ouest, a affirmé le ministre des Forces armées, le général de brigade aérien, Birame Diop.
”Une approche régionale et internationale placée sous le sceau de la coopération est nécessaire pour venir à bout de ce ces défis sécuritaires croissants et complexes tels que le terrorisme, les conflits intercommunautaires, les crimes transfrontaliers, auxquels la sous-région est aujourd’hui confronté”, a-t-il déclaré.
Le ministre des Forces armées s’exprimait à l’ouverture du colloque scientifique organisé par l’Amicale sénégalaise de la communauté du Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA) sur le thème : ”La démocratie à l’épreuve des nouveaux défis sécuritaires en Afrique de l’Ouest”.
”Ce sujet d’une actualité brûlante et d’une importance capitale intervient dans un contexte où l’Afrique de l’Ouest est confrontée à une convergence de défis sécuritaires conjugués aux difficultés économiques et environnementales qui sapent les fondements de la démocratie et de l’Etat de droit”, a-t-il relevé.
Selon lui, la sous-région ouest africaine ”fait face à des menaces multiformes alimentées par des réseaux criminels qui exploitent la porosité des frontières et la vulnérabilité de certaines populations”.
Le général Diop a signalé que ”l’expansion de l’insécurité et l’incapacité de nos forces de défense et de sécurité à contrôler ces vastes zones montrent à suffisance que la réponse militaire n’est pas la solution”.
Fort de ce constat, Birame Diop est d’avis qu’une approche globale qui prend en compte les aspects politiques, sociologiques et économiques, prenant en compte la démocratie en considération comme pilier, ainsi que le renforcement de nos institutions de sorte qu’elles puissent rassurer nos populations, est nécessaire.
”La coopération au sein de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine) et la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) est aussi indispensable pour mutualiser nos moyens dans le respect de la dignité et de la souveraineté de chaque Etat membre, mais aussi élaborer une vision intégrée au service d’une paix durable centrée sur l’humain, pour une Afrique de l’ouest et un Sahel plus sûr et démocratique”, a-t-il ajouté.
9E JOUR DE CAMPAGNE, DES CARAVANES EN MOUVEMENT ET PÈLERINAGES SPIRITUELS
Au terme de cette première semaine de campagne, les coalitions montrent une mobilisation sans relâche, cherchant à convaincre les Sénégalais du bien-fondé de leurs programmes et des solutions qu’elles proposent.
En ce neuvième jour de campagne pour les élections législatives anticipées, les différentes coalitions poursuivent leurs tournées à travers le Sénégal avec un dynamisme inébranlable. Tandis que certaines continuent leurs caravanes dans les régions pour présenter leurs programmes, d’autres privilégient des visites de proximité dans la capitale, Dakar, et ses environs. Toutefois, cette journée a également été marquée par la triste nouvelle du décès de l’ancien ministre des Finances et du Budget, Mouhamadou Moustapha Ba. Cette perte a poussé Amadou Bâ, chef de file de la coalition Jàmm Ak Njariñ, à suspendre temporairement sa campagne.
Amadou Bâ, leader de la coalition Jàmm Ak Njariñ, a exprimé sa profonde tristesse suite à la disparition de Mouhamadou Moustapha Ba, avec qui il avait partagé de nombreuses années de collaboration étroite au ministère des Finances. En signe de respect, il a suspendu toutes les activités de sa campagne pour la journée, afin de se recueillir et de présenter ses condoléances à la famille du défunt ainsi qu’à toute la nation sénégalaise.
Les caravanes des différentes coalitions continuent de sillonner les routes du pays. La caravane de Pastef a organisé un grand meeting à Tambacounda avant de poursuivre son itinéraire vers l’est du pays. Elle a fait escale à Goudiry, Bakel, Kanel et Ourossogui, et prévoit un autre rassemblement massif au stade régional de Matam. Ce déploiement témoigne de l’engagement de Pastef à atteindre toutes les régions, y compris les plus reculées, pour partager son programme électoral.
La caravane de Jàmm Ak Njariñ, menée par Amadou Bâ, a fait étape dans les localités de Guinguinéo, Gossas, Diourbel et Bambey, en mettant l’accent sur la paix et la solidarité. Cette coalition mise sur le dialogue direct avec les populations, apportant un message de rassemblement et de prospérité pour un Sénégal unifié.
À Kaolack, la coalition Gokh Yu Bess a rencontré le Khalife de Médina Baye, renforçant ainsi son lien avec les leaders religieux de la région. Elle a ensuite organisé un meeting, en adoptant une approche de proximité pour mobiliser les électeurs.
De son côté, Amadou Ly, leader de la coalition Wareef, s’est rendu à la mosquée de Medina Gounass, où il a prié en compagnie du Khalife Thierno Amadou Tidiane Bâ. La coalition Dundu Lénéne, sous la direction de Mouhamadou Madana Kane, était à Rufisque pour un échange de proximité avec les populations locales.
La Grande Coalition Farlu a marqué un moment fort de la journée en se rendant au poste frontalier de Keur Ayip, après une tournée en Gambie. Cette initiative internationale reflète le désir de la coalition de tisser des liens solides au-delà des frontières sénégalaises. Pendant ce temps, la coalition Jubanti Sénégal a tenu un meeting à Gueule Tapée, tandis que la coalition Ensemble pour le Sénégal a fait escale dans les localités de Kaffrine, Koungheul, Koumpemtoun, Sinthiou Malem et Malem Niani.
Au terme de cette première semaine de campagne, les coalitions montrent une mobilisation sans relâche, cherchant à convaincre les Sénégalais du bien-fondé de leurs programmes et des solutions qu’elles proposent pour répondre aux préoccupations locales. Entre caravanes, visites de proximité et échanges avec des personnalités influentes, les leaders mettent en avant leurs valeurs et leurs visions pour le Sénégal.
L’AMBASSADEUR DU SENEGAL A L’UE PARTAGE SES NOTES
Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Sénégal en Belgique, au Luxembourg et auprès de l’Union européenne, Baye Moctar Diop évoque l’actualité marquée par la migration irrégulière.
Pape Moussa DIALLO (Envoyé spécial à Paris) |
Publication 05/11/2024
Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Sénégal en Belgique, au Luxembourg et auprès de l’Union européenne, Baye Moctar Diop évoque l’actualité marquée par la migration irrégulière. Dans cet entretien, il aborde les relations qu’entretient le Sénégal avec l’Union européenne en matière de coopération, tout en revenant sur certains projets phares qui ont été financés grâce à l’accompagnement de l’Ue pour lutter contre les causes profondes de la migration irrégulière, promouvoir l’emploi, entre autres. Aussi revient-il sur les accords de coopération qui lient le Sénégal à l’Ue en lien avec la migration, sur la mobilité africaine avec des instruments de l’Union africaine comme le protocole de libre circulation et celui de la Cedeao relatif à la libre circulation des personnes et des biens. Il n’a pas manqué de revenir sur les bons liens qui existent entre les Sénégalais de sa circonscription et les autorités consulaires, mais aussi le travail des autorités consulaires au profit des Sénégalais de l’étranger, notamment ceux de Belgique et Luxembourg. Avec quel regard analysez-vous la propension des jeunes Africains, notamment Sénégalais, qui partent des côtes sénégalaises pour tenter de rejoindre l’Europe par la mer ?
Je constate cette vague de départs avec beaucoup d’amertume parce que, de mon point de vue, rien ne justifie les risques que ces jeunes prennent pour tenter de rallier l’Europe. Le Sénégal n’est pas un pays en guerre, leur vie n’y est pas menacée et des opportunités d’emplois ne manquent pas. Je suis convaincu que s’ils mobilisaient autant d’efforts et de risques pour aller en Europe que pour se donner les moyens de réussir au Sénégal, la situation serait autre.
Je souhaite qu’il y ait une vraie mobilisation nationale autour des enjeux et défis de la migration irrégulière. Car il urge de faire comprendre à ces jeunes que par la persévérance et la force de leurs bras, ils peuvent réussir et s’épanouir au Sénégal ; qu’ils constituent notre atout-maître pour le développement économique et social du pays ; que l’idée qu’ils se font de la réussite en Europe ne correspond pas à la réalité ; que pour en arriver à ce niveau de réussite, les jeunes européens eux-mêmes n’ont jamais, par le passé, pris autant de risques dans leur quête de mieux-être ailleurs ; qu’ils ont plutôt besoin d’être formés aux métiers de leurs terroirs, de développer leurs capacités d’auto-emploi et d’auto-entrepreneuriat afin de tirer profit des politiques et programmes publics mis en place par le gouvernement en réponse à leurs préoccupations.
Certains estiment que c’est un échec des politiques, notamment des relations de coopération qu’entretiennent le Sénégal et l’Ue. Quel est votre avis en votre qualité de représentant du Sénégal auprès de l’Ue ?
C’est inexact de dire cela. Pour moi, la raison qui pousse les jeunes à partir par tous les moyens, c’est la quête d’un mieux-être ailleurs qu’au Sénégal. Répondre à une telle préoccupation est de la responsabilité du gouvernement qui le fait, du reste, avec les atouts et contraintes de divers ordres du moment. La coopération peut certes aider à cet effet. Cependant, on ne saurait lui imputer une quelconque responsabilité dans la recrudescence de ce phénomène.
En visite à Dakar en octobre dernier, la Commissaire de l’Union européenne en charge des Partenariats internationaux a informé d’un financement de 30 millions d’euros au Sénégal, s’inscrivant dans le cadre de la prévention de la migration irrégulière. Le gouvernement du Sénégal semble ne pas avoir été au courant d’un tel financement. En votre qualité de représentant permanent au sein de la Commission de l’Ue pour le compte du Sénégal, avez-vous été informé ?
Le gouvernement est forcément au courant puisque l’annonce a été faite à Dakar. Un tel appui financier est fort utile dans le contexte actuel qui voit le gouvernement accentuer ses efforts de lutte contre la migration irrégulière, notamment par la montée en puissance du dispositif mis en place par nos Forces de défense et de sécurité pour combattre le trafic de migrants. A cet égard, tout appui, de quelque nature qu’il puisse être, destiné à renforcer nos équipements de surveillance de nos côtes et de patrouilles en haute mer, est le bienvenu. J’ignore la destination exacte de ces 30 millions d’euros, mais si c’est pour accompagner le Sénégal dans la réalisation de tels objectifs, alors il faut s’en féliciter.
Quelle est la nature des relations entre le Sénégal et l’Ue ?
La coopération entre l’Union européenne et le Sénégal est présentement régie par une stratégie conjointe dont la première phase de mise en œuvre a couvert la période de 2018-2023. La stratégie conjointe sert de cadre de référence pour accompagner le Sénégal vers la réalisation de projets structurants qui relèvent des priorités de politique publique du Sénégal. Il y a ensuite l’Accord de coopération en matière de pêche durable signé en 2019 et dont le terme est fixé à la fin de ce mois de novembre. Il y a enfin un régime commercial préférentiel spécifique faisant du Sénégal le deuxième plus grand bénéficiaire du régime «tout sauf les armes» sur le continent africain. Ce régime commercial préférentiel permet à notre pays de pouvoir exporter sur le marché européen ses produits libres de droits et sans limitation.
C’est au total une coopération multiforme qui couvre différents secteurs tels que l’éducation, la formation, l’économie, le commerce, l’énergie, les transports, la santé, etc. L’Ue figure parmi les partenaires-clés de notre pays dont elle appuie certains projets, à travers l’instrument Global Gateway lancé en 2021 par la Commission européenne. Grâce à cette initiative, l’Ue a soutenu la réalisation du Bus rapid transit (Brt). Elle accompagne également le Sénégal dans sa transition énergétique, à travers le Jetp dont l’objectif est de porter notre mix énergétique à 40% d’ici à 2030. Une autre initiative phare qui mérite d’être mise en relief est le projet Madiba de l’Institut Pasteur de Dakar (Ipd) pour la construction d’un nouveau site de production de vaccins au Sénégal. Ce projet est soutenu par la «team Europe» regroupant l’Ue, ses Etats membres, leurs agences de développement et la Banque européenne d’investissement (Bei).
Dans le domaine des infrastructures, on peut encore citer la construction du Pont de Rosso sur le fleuve Sénégal dont l’exécution est en cours avec un crédit de 22 millions d’euros de la Bei. La même Bei a accordé en septembre dernier, un prêt de 30 millions d’euros à la Banque agricole pour accompagner les petites et moyennes entreprises sénégalaises dans le développement des chaînes de valeur agricoles. Ces exemples parmi tant d’autres, témoignent du dynamisme de notre coopération avec l’Ue et ses Etats membres.
Quels sont les accords de coopération qui lient le Sénégal à l’Ue en lien avec la migration dans un contexte de volonté manifeste de l’Ue d’externalisation de ses frontières avec les pays tiers et réaffirmée dans son pacte migration et asile qui doit entrer en vigueur en 2026 ?
Notre coopération avec l’Union européenne sur cette question est matérialisée par un dialogue politique et technique confiant. Ce mécanisme nous permet d’échanger régulièrement et d’aborder toutes les questions en lien avec la migration aussi bien au plan technique qu’au plan politique, en vue d’assurer une gestion concertée des flux de migrants quittant les côtes sénégalaises vers l’Europe. Cette question me permet d’ailleurs de revenir sur une précédente, relativement à la prise en compte de la question migratoire par notre coopération avec l’Ue. Il faut le dire en le soulignant avec force, parce que la lutte contre le chômage des jeunes est une priorité de premier ordre pour le Sénégal. L’Ue (la Commission et ses Etats membres) a plusieurs fois accordé un appui technique et financier à des programmes publics mis en place par le gouvernement pour y faire face.
Il en est ainsi du programme d’appui budgétaire jeunesse doté d’une enveloppe financière de 70 millions d’euros de dons. Il vise à soutenir la mise en œuvre du programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes à travers quatre (04) axes dont un concerne la gouvernance de la migration, la réinsertion des migrants de retour et la réadmission. Ce programme lancé en 2022, est en cours d’exécution. Avant ledit programme, il y a eu les nombreux autres réalisés, au titre du fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne pour l’Afrique, tels que le PlaseprI/Pasped avec pour objectif de réduire la migration irrégulière grâce au soutien au secteur privé et à la création d’emplois au Sénégal. Le Projet d’appui à la réduction de l’émigration rurale et à la réintégration dans le bassin arachidier (Parerba) a également été mis en place dans le cadre de la coopération avec l’Ue, en vue de freiner l’émigration rurale en augmentant les opportunités économiques pour les ménages ruraux. Il y a aussi le Peceren, mis en œuvre dans huit régions du Sénégal pour contribuer à la réduction de la migration irrégulière par le soutien à la résilience des populations, la création d’emplois et l’accroissement des opportunités économiques pour les ménages ruraux.
On peut également citer le programme «développer l’emploi au Sénégal-tekki fii» mis en œuvre dans les régions de Ziguinchor, Kolda, Sédhiou et Tambacounda par l’Afd, LuxDev et l’adepme pour optimiser les opportunités économiques de ces localités, valoriser les réussites individuelles et proposer des alternatives à la migration irrégulière. Un dernier exemple et non des moindres est le Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (Paisd) dédié au soutien des actions de développement local et des initiatives de la diaspora sénégalaise établie dans des pays comme l’Espagne, l’Italie, la France ou la Belgique. Il faut aussi souligner l’importance des accords bilatéraux pour promouvoir la mobilité de la main-d’œuvre signés entre le Sénégal et des Etats de l’Ue, notamment avec l’Espagne, ou encore des programmes de mobilité entrepreneuriale, à l’image du projet-pilote Wecco Entreprendre entre le Sénégal et la Belgique.
Au même moment que l’Ue promeut la migration régulière et le respect de la dignité humaine, l’obtention de visa pour les Africains voire Sénégalais relève d’un parcours du combattant d’une part, et d’autre part elle finance des Etats qui utilisent les fonds européens pour commettre des violations sur des personnes. N-est-ce pas un paradoxe ?
Votre question révèle à elle seule toute la complexité du phénomène migratoire. Elle pourrait être ainsi reformulée : comment endiguer la migration irrégulière sans entraver la mobilité ni violer les droits élémentaires des migrants ? L’Europe et ses partenaires sont bien conscients que ce défi reste entier malgré les efforts consentis au sortir du Sommet de la Valette. C’est dire qu’il va falloir continuer la concertation autour de ces problématiques dans un esprit de compréhension mutuelle qui exclut la xénophobie et le reflexe du tout sécuritaire conduisant à la fermeture des frontières. La migration doit être appréhendée comme une opportunité pour les pays de départ et de destination. Elle appelle une gouvernance concertée qui combat les trafics et optimise ses bénéfices.
Quelle est selon vous la meilleure approche pour une meilleure gestion de la migration tenant compte du fait que la migration africaine vers l’Europe est moins importante que celle qui se fait à l’intérieur du continent ?
A mon avis la complexité de la question migratoire dont les causes comme je l’ai déjà indiqué, ne devraient pas faire l’objet d’une analyse réductrice, justifie la nécessité de multiplier les axes d’intervention en vue de rendre effectives les mesures prises pour freiner les vagues de départs. En plus de la sensibilisation, du renforcement de la gestion des frontières et de la lutte contre les trafics de migrants, il faudrait aussi continuer à prendre en charge les aspirations légitimes des personnes tentées par l’aventure. Cela pourrait passer par la mise en place de programmes dédiés à la formation, l’employabilité et l’entrepreneuriat, ainsi que le renforcement de l’équité territoriale. A cet égard, je me réjouis des efforts du gouvernement et la volonté affichée par les autorités sénégalaises de mieux répondre aux préoccupations des jeunes en les plaçant au cœur des priorités de notre pays.
La politique restrictive de l’Ue avec l’externalisation de ses frontières dans certains Etats africains ne semble pas favoriser une meilleure gouvernance migratoire et ouvre la porte à toutes sortes de trafics. N’est-il pas temps de changer de pratique avec une gestion inclusive de cette problématique, prenant en compte les intérêts de chaque partie ?
Chacun peut avoir un point de vue sur l’externalisation des procédures d’admission et il est évident que le sujet est controversé, même pour les Etats membres. C’est dire que la bonne formule n’est pas encore trouvée. D’où la nécessité de poursuivre le dialogue avec tous les acteurs. Toujours est-il que la prise en charge efficace du phénomène ne pourrait se faire en l’absence de solutions adaptées tenant compte des causes profondes et des défis d’ordres économique, politique, sécuritaire, environnemental qui poussent ces jeunes à prendre tous les risques pour rejoindre l’Europe.
La libre circulation pose problème même en Afrique et au sein de régions comme la Cedeao malgré l’existence du protocole 1979. Cela n’est-il pas dû à un manque de volonté politique ?
Les textes fondateurs de la Cedeao consacrent la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux. De plus, l’organisation continue de renforcer son arsenal juridique pour consolider cet acquis et en faire une des pierres angulaires de l’intégration sous-régionale. D’abord par des instruments tels que le Protocole A/P1/5/79 portant sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement, le Protocole A/P/3/5/82 portant code de citoyenneté de la Communauté et les protocoles additionnels relatifs à l’exécution de ces mesures. Ensuite, par l’institution d’un passeport Cedeao avec la Décision A/Dec.1/5/2000 et l’introduction, depuis 2014, d’une carte d’identité nationale biométrique. En somme, la Cedeao a créé, d’un point de vue légal et réglementaire, les conditions pour assurer la libre circulation des personnes sur toute l’étendue de l’espace communautaire.
Si maintenant avec tous ces instruments, la libre circulation des personnes n’est pas encore une réalité en Afrique de l’ouest, alors il est légitime de se poser des questions. Le cadre pour faciliter la libre circulation des personnes existe déjà. Ce qui veut dire qu’à priori rien ne s’oppose à la mobilité des citoyens dans l’espace Cedeao. Il faudrait peut-être continuer à sensibiliser les populations sur les opportunités que représente ce large marché d’environ 400 millions de consommateurs et multiplier les initiatives transfrontalières en vue de mieux assurer l’application effective de certaines dispositions communautaires relatives à la libre circulation des personnes.
L’Union africaine à certes un cadre de gouvernance de la migration. Néanmoins, elle ne dispose pas d’une politique migratoire autour de laquelle s’accordent les Etats africains. Au regard de votre expérience professionnelle, quelle est la meilleure approche pour pallier cela et permettre une meilleure mobilité des Africains en Afrique et que les Etats africains ne négocient pas séparément avec les autres organisations du monde ?
L’Union africaine, beaucoup l’ignorent, dispose d’un Protocole sur la libre circulation des personnes. Ledit protocole a été soumis à la signature des Etats membres en 2018 à Kigali lors du Sommet extraordinaire sur la Zone de Libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Le fait que le Traité instituant la Zlecaf soit entré en vigueur et que le Protocole sur la libre circulation des personnes qui l’accompagne peine à rassembler le minimum de signatures pour entrer en vigueur, est un énorme problème. Cela démontre que le reflexe sécuritaire et le protectionnisme économique ont une certaine prégnance sur les relations interafricaines. Sur cette question, il serait pertinent de renforcer la voix des peuples africains, leur permettre de parler et d’agir pour eux-mêmes sur les sujets touchant la libre circulation des personnes. L’Ua gagnerait également à s’inspirer de l’expérience des communautés économiques régionales sur la question, tout comme il lui serait utile d’interagir plus fréquemment avec elles sur le sujet en vue d’une prise en charge coordonnée et harmonieuse de la question migratoire.
Souvent les Sénégalais établis à l’étranger se plaignent de l’inaccessibilité de leurs autorités à l’étranger. Est-ce le cas en Belgique ?
Les ambassades et consulats du Sénégal sont investis d’une mission de service public. Ce qui veut dire qu’ils ne sauraient faire l’objet, sans raisons justifiées, d’inaccessibilité pour nos concitoyens. Pour le cas de Bruxelles, mes collaborateurs et moi œuvrons à être le plus proche possible des Sénégalais résidant en Belgique et au Luxembourg. Nous continuons également à travailler pour faciliter davantage l’accès à des services de qualité par l’utilisation des outils digitaux afin de permettre aux Sénégalais vivant dans la juridiction de disposer des toutes les informations pertinentes depuis leur lieu de résidence, sans nécessairement avoir besoin d’effectuer un déplacement.
Nous recueillons aussi les avis partagés sur les différentes plateformes de l’ambassade pour améliorer la qualité du service, mais aussi pour corriger les éventuels manquements soulevés par les usagers. L’ambassade entretient de très bons rapports avec les Sénégalais vivant en Belgique et au Luxembourg. Nous sommes en contact permanent avec toutes les associations qu’elles soient à caractère social, religieux ou autre. L’ambassade soutient les initiatives de nos compatriotes de la Belgique et de Luxembourg, et nous participons, à chaque fois que notre agenda le permet, aux activités organisées par les Sénégalais de la juridiction.
Ils sont au nombre de combien, et bénéficient-ils des initiatives étatiques en leur faveur pour favoriser leurs investissements et/ou leur retour au pays ?
La Communauté sénégalaise en Belgique est estimée à près de 7500 personnes selon les dernières données officielles dont dispose l’ambassade. Nos compatriotes résidant en Belgique, au même titre que les autres Sénégalais de la diaspora, ont accès aux initiatives du gouvernement qui leur sont dédiées. L’ambassade met à leur disposition toutes les informations pertinentes concernant par exemple le Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur ou le Fonds femmes de la diaspora. Nous travaillons également en étroite collaboration avec les autres services du ministère de l’Intégration africaine et des affaires étrangère pour assurer une prise en charge diligente des dossiers transmis à nos services.
Quel message adressez-vous aux jeunes et familles des jeunes qui pensent que l’Europe est la solution en risquant leur vie ?
Comme message, permettez-moi de relayer les propos du président de la République suite au drame survenu au large de Mbour, le 11 septembre dernier. Sur les lieux du drame et s’adressant aux jeunes Sénégalais tentés par l’aventure, il avait dit : «Il n’y a pas de miracle. Tous les pays sont construits par des êtres humains. Les gens ont connu la guerre, la dictature, la famine, la pauvreté, mais ils sont restés et se sont serré la ceinture pour travailler et changer le visage de leur pays. Ceux qui étudient (les jeunes) doivent avoir la patience et savoir qu’il y a un temps de formation, d’apprentissage, d’acquisition d’expérience, de recherche du travail, avant de considérer qu’il faut aller dans ce péril de l’émigration irrégulière qui en dernier ressort ne doit pas être la solution. Patriotisme, confiance en soi et en son pays, patience, persévérance sont les maître-mots qui se dégagent des propos du président de la République. Je ne saurais leur recommander plus que ça comme viatique pour une vie harmonieuse.
AMADOU BA SUSPEND SA CAMPAGNE ET REND HOMMAGE A SON «JEUNE FRERE»
A Kaolack où il était en train de battre campagne, la tête de liste nationale de la coalition «Jamm Ak Njariñ», Amadou Ba, a décidé de suspendre sa campagne électorale pour la mémoire de Moustapha Ba, ancien ministre des Finances et du Budget
A Kaolack où il était en train de battre campagne, la tête de liste nationale de la coalition «Jamm Ak Njariñ», Amadou Ba, a décidé de suspendre sa campagne électorale pour la mémoire de Moustapha Ba, ancien ministre des Finances et du Budget, décédé hier en France. une manière pour l'ancien Premier ministre de rendre hommage à son ami et jeune frère Moustapha Ba, originaire de Nioro du rip.
La tête de liste nationale de la coalition «Jamm Ak Njariñ», Amadou Ba, observe une pause de sa campagne électorale à cause de la disparition de l’ancien ministre des Finances Moustapha Ba. Selon le candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2024, le Sénégal a perdu un fonctionnaire de l'Etat émérite. «Je viens d'apprendre avec tristesse le décès de Moustapha Ba, ancien ministre des Finances et du Budget. Un homme que j'ai connu depuis plusieurs années puisque je suis un produit du ministère des Finances. Il a rendu des services inestimables à l'Etat du Sénégal. C'est l'un des fonctionnaires les plus compétents et les plus rigoureux dans son travail. Nous avons eu à cheminer ensemble dans la conception du Plan Sénégal Émergent. Nous avons travaillé ensemble dans la mobilisation des ressources financières tout comme dans la gestion budgétaire. Nous avions des liens personnels», a indiqué le leader de la Nouvelle Responsabilité.
Annonçant la suspension de sa campagne : «J'ai décidé de suspendre ma campagne électorale pour retourner à Dakar dès que j'ai entendu la mauvaise nouvelle. La fois passée, j'étais à Nioro où il est originaire, j'ai fait des témoignages sur sa personne pour dire à sa communauté à quel point il est un brillant travailleur. Malheureusement, aujourd'hui, on nous apprend le rappel à Dieu de notre frère Moustapha Ba. Je présente mes condoléances à toute la famille, aux Sénégalais et à l'Etat du Sénégal», a déclaré Amadou Ba à Koalack.
Rappelons que l'ancien ministre des Finances et du Budget, Moustapha Ba, est décédé hier lundi à la suite d'une courte maladie à Paris.
OUSMANE SONKO ET LE DISCOURS DE LA METHODE AU POLE SUD
Feu le président Léopold Sédar Senghor, au langage poétique, avait mis l’accent, en 1974, sur la sénégalité de la Casamance. Son successeur Abdou Diouf disait en 1993 au stade Aline Sitoé Diatta :si vous voulez rester sénégalais, votez PS
Dussé-je me tromper, vous avez gagné ma confiance. De mémoire de Sénégalais, jamais un homme politique n’a tenu un discours aussi convaincant que celui du Premier ministre Ousmane Sonko, à l’occasion du meeting organisé par le Pastef, à Ziguinchor, pour les législatives du 17 novembre 2024
Feu le président Léopold Sédar Senghor, au langage poétique, avait mis l’accent, en 1974, sur la sénégalité de la Casamance. Son successeur Abdou Diouf disait en 1993 au stade Aline Sitoé Diatta :si vous voulez rester sénégalais, votez PS.
A son avènement au pouvoir en l’an 2000, le Président Abdoulaye Wade promettait de mettre fin, sans tarder, à la rébellion. Quant à Macky Sall, son option militariste a fait bouger les lignes certes, mais il n’en demeure pas moins que la situation de ni guerre ni paix continue de compromettre l’essor économique de la région.
Et comme pour boucler la boucle, mettre un terme aux soupçons et accusations, le Premier ministre Ousmane Sonko a battu en brèche toutes les vues de l’esprit tendant à le présenter comme un complice des maquisards.
Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, nous sommes un État unitaire, où les mêmes réalités vont s’appliquer sur chaque portion du territoire national, a-t-il déclaré d’un ton ferme. L’intégrité territoriale restera donc intacte.
Son intervention au meeting de Ziguinchor peut être assimilée au discours de la méthode dans le Pôle Sud (la Casamance naturelle) constitué des régions administratives de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou. Il a décliné, en des termes cohérents, les axes fondamentaux d’une politique territoriale de laquelle résulteront les indicateurs fiables du développement économique et social durable de la Casamance, à l’instar des processus qui seront déroulés dans les autres terroirs avec leurs particularités.
Au Pôle Sud, l’Agence nationale pour la reconstruction de la Casamance (Anrac) sera la cheville ouvrière dotée de moyens financiers et matériels conséquents. Cependant, l’Anrac, version plan Diomaye pour la Casamance, doit être une structure exempte de tout tâtonnement, tant dans ses interventions techniques que dans la gestion des ressources financières.
L’espoir est permis !
De prime abord, l’Agence gagnerait à faire l’évaluation de l’ensemble des opérations qu’elle a réalisées pendant ses dix premières années.
Ensuite elle tirera à nouveau les enseignements des expériences de l’ensemble des structures qui ont opéré dans la région. Il s’agit principalement de la société de mise en valeur agricole de la Casamance (Somivac), du Projet intégré de développement agricole de la Casamance (Pidac), du Projet rural de Sédhiou (Prs), du Projet intégré de la moyenne Casamance (Primoca) et de la société de développement agricole et industriel (Sodagri). Cette dernière est la seule survivante de la fameuse nouvelle politique agricole, des années 80, qui a conduit à l’appauvrissement du monde rural. Toutefois, la Sodagri doit faire montre de plus d’expertise technique et d’habileté sociologique, pour surmonter, voire balayer les obstacles qui retardent la mise en valeur de 16000 hectares disponibles pour la diversification des cultures. Les barrages de confluence et de garde construits respectivement en 1984 et 1995, sur la Kayanga et à Niandouba dans le département de Velingara sont bien structurés pour atteindre les objectifs de production agricole. S’il est nécessaire de les reconfigurer, les investissements prévus au Pôle Sud y apporteront sans doute le complément.
Pour en revenir à l’Agence nationale pour la reconstruction de la Casamance, elle peut à partir des acquis capitalisés et des échecs qui éclaireront sa voie, disposer d’arguments techniques assez consistants pour dérouler efficacement sa lettre de mission.
Le développement escompté sera réalisé avec l’exploitation et la transformation des potentialités économiques du pôle Sud.
L’agriculture, l’agroforesterie, la pêche, les gisements de zircon et phosphate et le pétrole dans le département d’Oussouye constituent des atouts qui favoriseront la réalisation d’unités de transformation et bien d’autres infrastructures structurantes. Avec autant de perspectives, les populations de la Casamance auront sans doute les moyens de se hisser au rang d’opérateurs économiques performants.
L’espoir est permis dans un pays où la volonté de reconstruction et la probité dans la gouvernance des ressources naturelles et humaines sont portées par des Sénégalais tout aussi déterminés que ceux qu’ils ont portés au pouvoir le 24 mars 2024.
MACKY SALL, UN VOTE EN SUSPENS
Tête de liste aux législatives mais absent de la campagne, l'ancien président pourrait ne pas participer au scrutin. Son installation au Maroc et l'impossibilité de changer son lieu de vote l'empêchent de remplir son devoir citoyen depuis l'étranger
Toujours absent dans la campagne électorale des législatives anticipées, l’ancien président de la République, Macky Sall, candidat investi tête de liste de la coalition Takku-Wallu pourrait également priver ses compagnons de son bulletin de vote, le 17 novembre prochain. En effet, inscrit sur les listes électorales de la commune de Fatick, Macky Sall qui ne semble pas pressé de revenir au bercail ne pourra pas voter au Maroc du fait de la non-tenue de la révision exceptionnelle des listes électorales devant lui permettre de procéder au changement de son lieu de vote.
L’ancien président de la République, Macky Sall, file tout droit vers un nouvel exploit dans son parcours politique après avoir voté sans carte d’électeur en 2007 et reporté une élection présidentielle au Sénégal, en février 2024. Investi tête de liste de la coalition Takku-Wallu pour les législatives anticipées, Macky Sall pourrait, en effet, devenir, le 17 novembre prochain, le premier ancien président de la République du Sénégal à ne pas voter lors d’une élection générale non pas à cause d’une radiation des listes électorales mais de son propre gré. Et pour cause, établi depuis son départ du pouvoir, le 2 avril dernier, dans l’ancienne cité impériale de l'ouest du royaume Chérifien, Marrakech, Macky Sall ne pourra pas accomplir son devoir au Maroc. Inscrit sur les listes électorales de la commune de Fatick, l’ancien président ne pourra voter que dans le bureau de vote n°3 du Collège Thierno Mamadou Sall où il avait d’ailleurs sacrifié à ce devoir citoyen, il y a environ sept mois lors de la présidentielle du 24 mars dernier.
Avec la non-tenue de la révision exceptionnelle des listes électorales dans le cadre du processus électoral de ces législatives anticipées conformément à la décision n° 2/C/2024 du Conseil constitutionnel, aucun changement de données électorales n’est possible sur le fichier. En effet, dans cette décision rendue le 12 juillet dernier en réponse à la lettre confidentielle n° 000349/PR/CAB du Président de la République le 5juillet2024, le Conseil constitutionnel avait indiqué que certaines dispositions du Code électoral dont la révision exceptionnelle des listes électorales ne sont pas applicables aux législatives anticipées.
A cela, s’ajoute l’absence dans le Code électoral de privilèges accordés aux anciens chefs d’état dans le cadre du processus de vote. Les seuls aménagements prévus par le législateur dans l’article L69 du Code électoral concernent entre autres, les membres des bureaux de vote, les délégués de la Cour d’Appel de Dakar, les journalistes en mission de reportage le jour du scrutin ainsi que les chauffeurs requis pour le transport du matériel électoral. Ces derniers sont autorisés à voter hors de leur bureau originel munis d’un ordre de mission s’ils sont régulièrement inscrits sur une liste électorale.
Les gouverneurs, préfets, sous-préfets ainsi que leurs adjoints qui sont régulièrement inscrits sur une liste électorale hors de leur circonscription sont également autorisés à voter le jour du scrutin dans un des bureaux de vote de leur circonscription. Il en est de même pour les militaires et paramilitaires en opérations sur le territoire national et ceux préposés à la sécurisation du scrutin, régulièrement inscrits sur une liste électorale. Au regard de toutes ces considérations, l’ancien chef de l’Etat qui ne semble pas pressé de revenir au bercail comme en témoigne son absence actuelle sur le terrain de la campagne électorale, pourrait ne pas participer aux opérations de vote, le 17 novembre prochain, dans le cadre de ces législatives anticipées à moins qu’il ne décide de prendre son courage à deux mains pour revenir au pays.
Par Vieux SAVANÉ
AUX ÉTATS-uNIS, LA DÉMOCRATIE À L'ÉPREUVE
La seule certitude est que nous avons affaire à une élection fortement polarisée et d’une violence inouïe avec le candidat Donald Trump complétement désinhibé, se livrant à toutes sortes d’outrances
Alors que plus de 75 millions d’Américains ont voté par correspondance et de manière anticipée, notamment dans les sept Etats-pivots (le Nevada, la Pennsylvanie, le Michigan, le Wisconsin, la Georgie, la Caroline du Nord, l’Arizona), c’est aujourd’hui que les électeurs et grands électeurs américains vont décider qui sera le prochain ou la prochaine présidente des Etats-unis d’Amérique. Si l’on en croit les sondages, le scrutin sera très serré.
La seule certitude est que nous avons affaire à une élection fortement polarisée et d’une violence inouïe avec le candidat Donald Trump complétement désinhibé, se livrant à toutes sortes d’outrances.
D’ores et déjà, Donald Trump affirme avec un étonnant aplomb que s’il perd l’élection, c’est tout simplement qu’il aura été battu par la triche. Rien d’étonnant du reste puisque, sans preuve aucune, il a refusé et refuse toujours de reconnaître sa défaite contre Joe Biden lors de leur confrontation en 2020 alors qu’il était président de la République. On est en face d’une posture noyée dans le complotisme et les «fake news» avec un candidat autoritaire qui donne l’impression d’être plutôt entouré par des groupies, en somme des gens tombés en fascination, installés dans une adhésion totale, bien loin du recul que nécessite l’usage de la raison.
En face, il y a Kamala Harris, une ancienne procureure habituée à se confronter aux faits, à les disséquer pour démêler le vrai du faux. Dans cette élection qui a lieu dans un pays dont on vante la force des institutions, il est surprenant de constater qu’il est rarement question de confrontations programmatiques mais de « fake news », de suspicions de fraudes non documentées.
Dans toute cette confusion où le souvenir de l’invasion du Capitole est encore vivace, ce jour d’élection est visité par la crainte de troubles voire de déferlement de violences incontrôlables. L’Amérique retient son souffle, tant l’issue de cette élection est incertaine et grosse de dangers. Redoutant le pire, la capitale Washington se barricade
PAR Fadel Dia
LE SYNDROME FAHRENHEIT 451
Dans son film intitulé « Fahrenheit 451 »; François Truffaut conte une société imaginaire, située dans un avenir proche, où le savoir et la lecture sont considérés comme un danger pour le pouvoir
L ’annonce de la présentation dans une librairie de la place d’un ouvrage consacré à l’histoire coloniale de la Casamance a provoqué une bruyante levée de boucliers, suscitée principalement par des membres de l’ancien parti au pouvoir, et avait poussé deux éminents professeurs d’histoire à s’élever contre ce qu’ils avaient appelé la « mise à l’index » d’un travail qui est, selon eux, le fruit d’une investigation scientifique.
Ils avaient donc pris la défense de leur métier commun, le « métier d’historien. Ils avaient porté un témoignage élogieux sur les qualités et le professionnalisme de son auteure et tancé vertement les responsables de la cabale montée contre elle, en s’en prenant directement à l’ancien parti au pouvoir et à ses dirigeants. Ils avaient enfin interpellé directement le président de la République et son Premier ministre et, se fondant sans doute sur l’engagement qu’ils avaient pris, avant d’arriver au pouvoir, de ne pas céder aux « pratiques d’un autre temps », ils avaient exprimé leur conviction qu’ils ne se laisseront pas entraîner dans ce qui ressemble à un bâillonnement de la recherche historique.
La réponse n’a pas tardé, vite relayée par la presse. Elle vient du Premier ministre qui s’est prévalu du soutien du président de la République. Ce n’était certainement pas la réponse qu’ils attendaient. Loin d’être rassurante, elle est même, d’une certaine manière, plus inquiétante que les prises de position des parties qu’ils avaient mise en cause !
Passons sur le fait que le Premier ministre ait servi sa réponse, sur une question aussi sensible, au cours d’un meeting électoral, qui n’est pas précisément le lieu le mieux indiqué pour délivrer un message empreint de sérénité et de mesure. Sa prise de position publique est d’autant plus surprenante que c’était probablement la première fois qu’il s’exprimait aussi clairement sur ce sujet brûlant et qu’il prenait le risque de se mettre à dos un mouvement qui en avait fait son dogme et, qu’à tort ou à raison, certains supposaient plutôt favorable à sa cause. Passons sur le fait que même si l’histoire n’appartient pas qu’aux historiens, il n’est pas la personne la mieux placée pour juger du contenu d’un livre d’histoire, surtout s’il n’a pas pris la peine de le lire méticuleusement. Sa réaction est en tout cas un désaveu de la qualité et des compétences des historiens sénégalais qui, en la matière, auraient dû lui servir de référents et de caution. On aurait mieux compris que, tenant compte de ses limites sur ce sujet et surtout du pouvoir que lui confère la loi, qu’il choisisse de faire appel à la justice pour qu’une enquête préliminaire soit lancée , s’il juge que l’auteure de l’ouvrage s’est « drapée dans une dignité qui n’est pas la sienne, celle de la science historique », comme Robert Badinter l’avait reproché au négationniste Robert Faurisson, que son livre est plus polémique que scientifique, qu’il occulte ou travestit la vérité, qu’il propage des thèses complotistes ou qu’il met en danger la cohésion nationale. Interdire la diffusion et la commercialisation d’un livre, sur la seule base d’une impression personnelle, est un acte de censure qu’on n’attendait pas de quelqu’un qui s’était retrouvé lui-même, il n’y a guère longtemps, sous la menace d’une telle mesure.
Passons sur l’accusation, gratuite jusqu’à preuve du contraire, portée sur l’auteure du livre, dont pourtant la probité et l’expérience avaient été vantées par ses collègues sénégalais, mais qui, selon le Premier ministre, ne serait qu’un maillon du réseau de manipulateurs dont se servirait la France, qui aurait saisi l’occasion pour se venger de sa déconvenue après le travail d’investigation mené par un autre historien.
Attardons-nous en revanche sur une autre partie de la péroraison du Premier ministre, celle où il affirme que l’auteure de l’ouvrage, par le seul fait qu’elle est de nationalité française, n’a pas « à écrire sur le Sénégal » et devrait consacrer son métier d’historienne à parler de la Corse ou de la Nouvelle Calédonie ! C’est faire fi de cette règle qu’un historien, un bon historien, n’est lié sérieusement que par les lois de sa discipline et qu’il est un juge juste et étranger à tous. C’est aussi suggérer que la Grèce ou l’Allemagne auraient le droit d’interdire à Souleymane Bachir Diagne de parler de Platon ou de Kant !
L’Histoire a certes ses faussaires, mais elle n’a pas de patrie
Dans son film intitulé « Fahrenheit 451 » François Truffaut conte une société imaginaire, située dans un avenir proche, où le savoir et la lecture sont considérés comme un danger pour le pouvoir. Leurs principaux vecteurs, les livres, ne sont pas seulement prohibés mais détruits systématiquement et le rôle des pompiers est de les brûler et non plus d’éteindre les incendies. On n’est pas dans la même situation et nous n’en sommes pas heureusement là, mais la décision prise par la deuxième personnalité de notre pays apparait, volontairement ou non, comme une manière d’empêcher les Sénégalais en général, et ceux d’entre eux qui ont accès à la lecture en particulier, de réfléchir, de juger par eux-mêmes sur un sujet qui est au cœur de notre vie politique et sécuritaire, et c’est sans précèdent dans notre histoire récente.
Les résistants de « Fahrenheit 451 » avaient trouvé comme solution pour sauver les livres de les apprendre par cœur, les Sénégalais que les propos du Premier Ministre ont mis en appétit se passent le livre dont il a interdit la vente par la toile, et gratuitement ! On peut dire que, par ses propos incendiaires, il n’a pas seulement fâché les défenseurs du droit à l’expression et les passionnés d’histoire locale, il a aussi fait à cet ouvrage qui, nous dit-on, a provoqué chez lui une colère noire, une énorme publicité dont on peut se demander si elle est méritée!
par Ndongo Samba Sylla et Peter Doyle
LES PROJECTIONS IMPOSSIBLES DU FMI CONCERNANT L’INflATION AU SÉNÉGAL
Des taux impossibles sont avancés pour 2025 et 2026, sans aucun fondement logique ou historique. Cette situation est d'autant plus préoccupante que le pays s'apprête à négocier un nouveau programme avec l'institution.
Financial Afrik |
Ndongo Samba Sylla et Peter Doyle |
Publication 05/11/2024
Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment lancé en grande pompe ses Perspectives del’économie mondiale (World Economic Outlook en Anglais, WEO) à Washington. Compte tenu de l’influence majeure que cette institution exerce en matière de formulation des politiques publiques dans la plupart des pays du monde, il est important d’être vigilant quant à la qualité de ses analyses.
En effet, comme nous le savons tous, les vies de milliards de personnes sont affectées par les programmes du FMI et les conditionnalités et prescriptions politiques qui y sont attachées. Les erreurs d’analyse du FMI peuvent donc avoir des conséquences dévastatrices.
Au Sénégal, le FMI est revenu au devant de l’actualité à la faveur des débats en cours sur les finances publiques du pays. Un nouveau programme est en train d’être négocié avec les autorités sénégalaises.
Dans ce court article, nous souhaitons attirer l’attention sur les erreurs grossières dans les projections du FMI pour le Sénégal, notamment en ce qui concerne l’inflation.
Comme le montre la base de données du WEO, le FMI prévoit un taux d’inflation moyen d’environ 2 % chaque année entre 2025 et 2029. Ces estimations sont globalement conformes à la version d’avril 2024 du WEO (voir figure 1), bien qu’elles puissent être considérées comme optimistes pour la période 2024-2026, compte tenu de la réduction attendue des subventions à l’énergie. Jusque-là, tout va bien.
Cependant, les récentes projections du FMI concernant l’inflation en fin de période sont tout simplement impossibles. Le WEO d’octobre 2024 prévoit une inflation en fin de période (ou sur 12 mois) de -13,4 % en 2025 et de 41,9 % en 2026 (voir figure 2).
Ces projections ne reposent sur aucune base logique ou factuelle. Elles contredisent même les propres projections du FMI concernant l’inflation annuelle moyenne pour les années 2025 et 2026. La seule fois où l’inflation en fin de période a atteint plus de 20 %, c’était en 1994, l’année où le franc CFA a été dévalué de 50 % par rapport au franc français. L’inflation de fin de période s’est élevée à 37,5 % au cours de cette année exceptionnelle (voir figure 3). Et même alors, le taux d’inflation de fin de période de l’année précédente, c’est à dire 1993, n’était certainement pas un nombre négatif au-delà de 10 %.
Des erreurs aussi flagrantes de la part du FMI pour le Sénégal, dans son analyse la plus récente et la plus en vue, sont très préoccupantes si, comme c’est souvent le cas, elles constituent la partie émergée de l’iceberg en termes d’erreurs ailleurs dans les projections du FMI dans lesquelles ces chiffres sont incorporés.
Dans ce cas, il existe un risque évident d’imposer au Sénégal des conditionnalités inappropriées. Et il ne s’agit pas d’un risque théorique. Des erreurs dans les conditionnalités résultant d’erreurs de calcul du FMI ont été constatées récemment dans d’autres programmes du FMI en Afrique, y compris dans la dernière revue du programme du FMI pour le Kenya. Là, non seulement les projections d’inflation du FMI en fin de période pour 2024 sont tout simplement impossibles, mais en plus, ses projections en ce qui concerne la dette publique ne parviennent pas à réconcilier les flux fiscaux (emprunts) avec les stocks fiscaux (dette).
Il est essentiel, ne serait-ce que par respect pour la souveraineté de ses pays membres, que le FMI s’assure que ses projections répondent aux normes professionnelles les plus élevées. Dans le cas des projections d’inflation au Sénégal, à l’heure actuelle, cette exigence n’est tout simplement – et manifestement – pas respectée.
Ndongo Samba Sylla est économiste sénégalais, Directeur de Recherche à l’International Development Economics Associates (IDEAs).
Peter Doyle est économiste américain, ancien cadre du FMI et de la Banque d’Angleterre.